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ORPAILLAGE DANS LE CONTEXTE PRECIS DU BURKINA :

ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES POUR UNE GESTION EFFICIENTE ET RATIONNELLE


Préparé et présenté par ROMBA Abdou Gafard
Géologue/Administrateur civil
Ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières

Août 2016
Plan de la présentation
INTRODUCTION

I. GENERALITES

II. ETAT DES LIEUX

III. INCONVENIENTS DE L'EXPLOTATION ARTISANALE

IV. APPORTS DE L'EXPLOITATION ARTISANALE

V. PERSPECTIVES DE L'EXPLOITATION ARTISANALE

CONCLUSION
INTRODUCTION
Le secteur minier burkinabé connait un développement régulier depuis les
années 1980 avec des booms, qui ont vu arriver de grandes compagnies
minières. Ce développement s'est accompagné de celui de l'exploitation
artisanale de l'or communément appelée "orpaillage" avec son corollaire
d'effets néfastes sur le plan environnemental et social.
Depuis quelques années, on assiste à une explosion du nombre de sites
artisanaux, gênant énormément les activités des mines industrielles. Comme
conséquence, cette activité est globalement mal perçue et certaines
sensibilités semblent en faveur de son éradication.
Pourtant, sur le terrain, il est de plus en plus certain qu'il est impossible de la
supprimer, au regard du nombre élevé d'acteurs impliqués qui en ont fait leur
principale source de revenus.
C'est pourquoi, les autorités s'attèlent à mettre en place des textes
réglementaires et des structures visant à mieux encadrer et mieux gérer
l'exploitation artisanale de l'or, afin de la rendre moins destructrice de
l’environnement et lui permettre de mieux participer au développement du
pays.
I. GENERALITES
I.1. Contexte historique
Selon le Professeur J-B KIETHEGA, archéologue, l’orpaillage a
commencé au Burkina Faso depuis au moins le 15è siècle.
Après les fortes sècheresses de 1973 et 1984 et les deux
invasions de criquets de 1974 et 1975 qui ont détruit les
cultures, l’orpaillage est devenu une activité de secours
surtout dans le Nord du pays.
Ainsi, poussée par la nécessité, la population rurale, au fil des
ans, a appris à rechercher et à exploiter les gîtes d'or.
Cependant ces activités d'exploitation étaient inorganisées,
entraînaient la destruction de l'environnement et
provoquaient des accidents graves sur le terrain.

C'est alors que l'Etat est intervenu en créant des structures


d'encadrement afin de collecter l'or et le faire passer par un
circuit légal et donner aux exploitants miniers un rudiment de
formation sur la sécurité au travail. On peut citer le "Comptoir
Burkinabè des Métaux Précieux" (CBMP), la "Compagnie
d’Exploitation des Mines d’Or du Burkina" (CMOB) et la "Filière
Or".
Avec la mise en place des Programmes d'Ajustements Structurels
(PAS), ces structures d’encadrement ont été supprimées et cette
organisation se fera à travers la libéralisation du secteur minier
et l'élaboration de textes réglementaires prenant en compte
l’exploitation minière à petite échelle.

Aujourd'hui l'exploitation artisanale touche des millions de


burkinabé avec des conséquences néfastes sur plusieurs plans, ce
qui interpelle l’Etat sur la nécessité de développer de nouvelles
approches.
I.2. Définitions
Selon la loi n° 036 -2015/CNT du 26 juin 2015 portant Code minier au Burkina
Faso, on distingue :
-l’exploitation minière à petite échelle : la petite mine, l'exploitation semi-
mécanisée, l'exploitation des haldes et terrils et l'exploitation artisanale.
- l’exploitation semi-mécanisée : l‘exploitation en utilisant quelques moyens
mécaniques dans la chaîne des opérations.
- l’exploitation artisanale de substances de mine : l'exploitation en utilisant
des méthodes et procédés traditionnels et manuels. Elle n’utilise pas
d’équipements, ni d’énergies mécaniques et n’est pas fondée sur la mise en
évidence d’un gîte ou d’un gisement.
Le dictionnaire "Le Petit Larousse illustré édition 2010" donne les définitions
suivantes :
- orpaillage : exploitation artisanale d'alluvions aurifères.
- orpailleur : personne qui lave les alluvions aurifères pour en retirer les
paillettes d'or.
C'est donc abusivement que le terme ''orpaillage" est utilisé pour désigner
l’ensemble de l'exploitation artisanale d'or au BF.
II. ETAT DES LIEUX
II.1. Pratique de l'activité
L'exploitation artisanale telle que définie par le code minier ci-dessus
cité n'existe pratiquement plus car elle s'est relativement modernisée
avec :
l’arrivée sur le marché d’équipements importés surtout d'Asie
(moulins, concasseurs, broyeurs, groupes électrogènes, motopompes, compresseurs, détecteurs de métaux,
convoyeurs, machines de levage, tables à secousses, etc) ;
la capacité des artisans locaux à de reproduire la plupart de ces
machines ;
l’introduction des procédés chimiques de traitement tels que
l'amalgamation au mercure et la lixiviation au cyanure.
La seule différenciation est l'usage des produits chimiques qui est
autorisée dans l'exploitation semi-mécanisée et interdite dans
l'exploitation artisanale.
Ph 01 : Remontée de minerai sur un site d'orpaillage à l'aide d'une poulie
Ph 02 : Concassage de minerai sur site d'orpaillage ; à l'arrière des rejets entassés après
Ph 03 : Poulie motorisée
Ph 04 : Broyeurs à boulets fabriqués localement ; on voit les boulets d'acier dans le panier et le minerai dans les sacs à l'arrière
Ph 05 : Lavage du minerai broyé
La nature de l’exploitation artisanale ne permet pas d’avoir des
statistiques fiables sur la production des orpailleurs et leurs revenus en
termes de gains sur les sites aurifères.
En chiffres :

- près de 400 autorisations d'exploitation artisanale (AEA) ;


- 38 permis d'exploitations semi-mécanisée (PESM) ;
- plus de 400 "sites sauvages" ou "sites clandestins" ;
- plus de 1.000.000 de personnes travaillent sur les sites;

- les quantités d’or déclarées par les AEA et les PESM


varient entre 0,5 et 0,9 tonne par an, alors que des
enquêtes menées au BF et dans les pays voisins révèlent
que cette production atteint 5 à 10 tonnes par an.
II.2. Organisation du secteur

Les acteurs sur les sites


Sur les sites, les acteurs intervenant sont principalement :
- les ouvriers qui exécutent les différentes tâches manuelles ou
manient les machines ;
- les propriétaires de trous ;
- les bailleurs qui financent les propriétaires de trous ;
- les acheteurs qui sont le plus souvent affiliés à un comptoir d'achat
agréé ;
- le détenteur du site qui gère le site, organise les installations, assure
la sécurité et joue le rôle d'arbitre en cas de litiges entre acteurs ;
- les commerçants, les fournisseurs de biens et services et les artisans
(mécaniciens, menuisiers, etc).
Le secteur
Des associations et syndicats professionnels :
- le Syndicat National des Orpailleurs Artisanaux et Traditionnels du Burkina
(SYN.OR.AR.TRA.B) qui regroupent les ouvriers et les propriétaires de trous dont il
est chargé de défendre les intérêts ;
- l'Union des Travailleurs de l'Exploitation Artisanale d'Or (UTEA-OR) qui regroupe
surtout des ouvriers et qui lutte contre l'usage des produits chimiques prohibés et la
consommation de stupéfiants et pour la promotion de comportements responsables
sur les sites ;
- la Corporation Nationale des Petits Exploitants Miniers (CONAPEM) créée en 2003,
qui regroupe des promoteurs d'exploitations minières à petite échelle ;
- de nombreuses coopératives, groupements et associations locales d’orpailleurs.

Des organisations de la société civile :


- "l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement
(ORCADE)" ;
- "l'Association des Femmes du secteur Minier du Burkina (AFEMIB)";
- le "Réseau Africain des Journalistes pour l'Intégrité et la Transparence (RAJIT)" ;
Des sociétés minières œuvrant dans le domaine de l’exploitation
artisanale :
- les sociétés "SAV'OR Sarl" et "SOTEXMI Sarl" ;
- les sociétés "SOMIKA Sarl" et "CMP Sarl" ;
- la société "Burkina Or Métal" ;
- la société "Petites Opérations Minières" ;
- la société "SALMA INTERNATIONAL Sarl" .

Des structures d'accompagnement de l'Etat :


- la Direction des Exploitation Minières Artisanales et Semi-mécanisées (DEMAS)
ancienne Direction des Exploitations Minières à Petites Echelles (DEMPEC) qui a en
charge le suivi des activités ;
- la Brigade Nationale Antifraude de l'or (BNAF) qui s'occupe de la répression de la
fraude de l'or à l'exportation ;
- l'Office National de Sécurisation des Sites Miniers (ONASSIM) qui est chargé de
coordonner les actions de sécurisation des sites miniers de tous les types ;
- l'Agence Nationale d'Encadrement des Exploitations Minières Artisanales et Semi-
mécanisées (ANEEMAS) qui a pour principales missions :
• l’encadrement technique dans le domaine des exploitations aurifères ;
• le suivi-contrôle des circuits de commercialisation de l’or et la régulation par l’achat sur tous les
• réduire la part de l’informel et responsabiliser les orpailleurs ;
• l’aménagement d’infrastructures ;
• la surveillance environnementale et la restauration des sites dégradés.

III. INCONVENIENTS DE L'EXPLOTATION ARTISANALE


III.1. Sur le secteur minier
L'exploitation artisanale d'or entraîne de nombreuses perturbations sur le secteur
minier du BF.
A ce jour, la majeure partie des gîtes d'or est couverte par des permis de recherche
et des permis d'exploitation industrielle.
Les orpailleurs dans leur recherche de gisements riches et de faibles profondeurs,
qui sont précaires, finissent par envahir les permis de recherche et même les
permis d'exploitation industrielle. Ils écrèment les gisements, gênent les activités
des sociétés minières et sont souvent difficiles à déloger.
Cela a fini par créer la méfiance entre les orpailleurs et les sociétés minières qui
rechignent à donner leur accord pour l'exploitation artisanale sur leurs permis.
C'est en partie pourquoi, la majorité des sites d'exploitation artisanale d'or sont des
sites sauvages ou clandestins.
III.2. Sur le plan environnemental, social, sanitaire et sécuritaire
On peut noter que l'exploitation artisanale d'or peut avoir des répercussions
fâcheuses sur l'environnement dues principalement :
- à l'occupation de zones forestières parfois protégées ;
- à la coupe du bois pour confectionner les hangars, les outils de travail et les
soutènements des trous et galeries ;
- à l'usage abusif et anarchique des produits chimiques tels que les explosifs, les
acides, le mercure et le cyanure.
Ph 09 : Cyanuration sauvage ; les bassins sont enduits d'une mince couche de béton et recouverts de vielles bâches
de camions
Sur le plan social, sanitaire et sécuritaire, on retiendra :
- le renchérissement du coût de la vie (spéculation et forte demande en biens et
services) ;
- la désintégration du tissu social par le départ massif de jeunes vers les sites ;
- le développement du commerce et de la consommation des stupéfiants ;
- le développement de la prostitution surtout juvénile ;
- les pires formes de travail des enfants ;
- la déscolarisation des enfants et la délinquance juvénile ;
- l'insécurité due aux convoitises créées par l'activité et aux querelles ;
- l'insalubrité et le manque d'hygiène (péril fécal lié au manque de toilettes, manque d'eau
ou eau chère d'où un manque d'hygiène corporelle, croyances) ;
- les risques sanitaires liés à l'usage des produits chimiques et à la consommation des
produits de contrefaçon (eaux minérales, huiles, boissons, cigarettes, etc) ;
- les risques sanitaires liés aux poussières (bronchites, pneumopathies, tuberculose,
méningites, silicose, etc) ;
- les blessures et les pertes en vies humaines liées à la manipulation des explosifs, aux
chutes dans les tous et aux éboulements (de 2010 à 2016, la DEMAS a enregistré plus de
300 victimes dont plus de 200 morts; ces chiffres ne représentent pas la réalité car
beaucoup d'incidents sont camouflés ).
Sur le plan social, sanitaire et sécuritaire, on retiendra :
- le renchérissement du coût de la vie (spéculation et forte demande en biens et
services) ;
- la désintégration du tissu social par le départ massif de jeunes vers les sites ;
- le développement du commerce et de la consommation des stupéfiants ;
- le développement de la prostitution surtout juvénile ;
- Les pires formes de travail des enfants ;
- la déscolarisation des enfants et la délinquance juvénile ;
- l'insécurité due aux convoitises créées par l'activité et aux querelles ;
- l'insalubrité et le manque d'hygiène (péril fécal lié au manque de toilettes,
manque d'eau ou eau chère d'où un manque d'hygiène corporelle, croyances) ;
- les risques sanitaires liés à l'usage des produits chimiques et à la consommation
des produits de contrefaçon (eaux minérales, huiles, boissons, cigarettes, etc) ;
- les risques sanitaires liés aux poussières (bronchites, pneumopathies,
tuberculose, méningites, silicose, etc) ;
- les blessures et les pertes en vies humaines liées à la manipulation des explosifs,
aux chutes dans les tous et aux éboulements (de 2010 à 2016, la DEMAS a
enregistré plus de 300 victimes dont plus de 200 morts ; ces chiffres ne
représentent pas la réalité car beaucoup d'incidents sont camouflés ).
Ph 10 : Fouilles pour retrouver des victimes d'un éboulement sur un site sauvage ; le sol est
argileux si bien que les éboulements y sont fréquents.
IV. APPORTS DE L'EXPLOITATION ARTISANALE
IV.1. Au plan social
Création d'emplois
L'exploitation artisanale d'or mobiliserait plus de 1.000.000 de personnes travaillant
sur les sites, la majorité étant des jeunes avec ou sans qualification.
Elle contribue à la création d'emplois et partant à la réduction du chômage des
jeunes qui est une préoccupation majeure pour le BF.
De plus en plus, on voit des jeunes diplômés s'intéresser à l‘activité, ce qui offre des
perspectives heureuses.
Accroissement de l'offre en biens et services et urbanisation
L'implantation d'un site entraîne l'accroissement de la demande puis de l'offre en
biens et services. On voit arriver dans des contrées rurales et parfois démunies, une
multitude d'activités à telle enseigne que certains sites sont devenus pratiquement
des villes où l'on peut se procurer tout ce dont on a besoin.
Par ailleurs le besoin d'infrastructures scolaires, sanitaires et d'approvisionnement en
eau potable augmente. Cela amène l'Etat, les collectivités territoriales, les
partenaires financiers et les organisations de la société civile à réaliser des
infrastructures au profit des habitants du site et des environs.
De nombreux détenteurs de sites, des groupements d'orpailleurs ont réalisé ou
réfectionné des écoles, des dispensaires, des forages d'eau, ou fourni des
équipements et des consommables à ceux qui existaient.
Enfin, on assiste à un brassage des peuples et des cultures souvent bénéfique.
IV.2. Au plan économique
Entrée de devises/accroissement du pouvoir d'achat
Si l'on se réfère aux enquêtes, entre 5 et 10 tonnes d'or sont produits annuellement
par les artisans miniers. Cela donne une valeur monétaire de 100 à 200 milliards de
FCFA encaissés et injectés dans l'économie nationale. Cette somme va, non
seulement aux personnes vivant sur les sites mais aussi à toutes les personnes
entretenues par celles-ci.
La conséquence directe est l'accroissement du pouvoir d'achat de tous les acteurs
directs ou indirects, qui va se répercuter sur la consommation et l'épargne.
Il s’en suit un développement prodigieux des activités commerciales et cela se
ressent sur les villes environnantes où s'installent les grossistes.
Développement des villes environnantes
L'exploitation artisanale de l'or entraîne un développement prodigieux des activités
commerciales et les collectivités territoriales qui perçoivent les taxes et patentes
sur les commerces peuvent également s'organiser pour le faire directement sur les
sites.
La conséquence est que le budget des communes ayant des sites, le plus souvent se
Lorsque la vie d'un site se prolonge, progressivement les artisans miniers et les
commerçants construisent leur maison mais également des bâtiments commerciaux
(location, auberges, hôtels, débits de boissons, ateliers, etc) dans les villes
environnantes.
C'est ainsi que certains chefs-lieux de province et de département sont devenus des
villes prospères.
V. PERSPECTIVES DE L'EXPLOITATION ARTISANALE
V.1. Au niveau structurel
a. Opérationnalisation de l'ONASSIM
Plusieurs rencontres tenues en Août et Septembre 2016 devront permettre de
rendre opérationnelle cette structure.
Il a été décidé :
- que désormais l'ONASSIM sera l'interface unique avec les opérateurs miniers pour
toutes les actions de sécurisations des sites miniers (sécurité sur les sites miniers,
déguerpissement des occupants illégaux des permis et prévention des actes de
vandalisme) ;
- de la création d’une régie d’avance, l'adoption d’un modèle type de contrat de
prestation de service adapté à chacune des catégories d’exploitation et de
recherches minières et l'adoption d’une tarification des prestations offertes aux
opérateurs miniers.
b. Opérationnalisation de l'ANEEMAS
L’ANEEMAS est de création plus récente et est dans la phase d’installation de ses
organes de gestion.
Par ailleurs, le département a entrepris l’élaboration d’un projet de loi portant
encadrement de l'exploitation artisanale de l'or, qui précisera les modalités
d'intervention de l'ANEEMAS et des autres acteurs publics ou privés et permettra de
mettre en œuvre les nouvelles orientations en matière de gestion de l'exploitation
artisanale d'or.

A terme, l'ANEEMAS permettra de réguler l'exploitation artisanale et de la rendre


plus rentable pour l'Etat et les communautés riveraines.
c. Le fonds de réhabilitation et de sécurisation des sites miniers artisanaux
Un des facteurs qui suscitent le mépris pour l'exploitation artisanale de l'or est la
désolation des espaces laissés par les orpailleurs qui deviennent impraticables,
inutilisables par les exploitants agricoles et dangereux pour les hommes et les
animaux.

La mise en œuvre de ce fonds à travers la réhabilitation de terrains jadis perdus,


permettra d'améliorer l'image assez négative portée sur l'exploitation artisanale de
l'or et la réticence voire l'opposition de certaines populations.
V.2. Les nouvelles orientations
Les groupements/coopératives d'orpailleurs
La gestion de l'exploitation artisanale d'or telle qu'expérimentée jusqu'à présent a
montré ses limites à la faveur des troubles de 2011 et de 2014. Les sites étaient
gérés par des personnes physiques ou morales qui imposaient leurs règles aux
orpailleurs, sans aucune commodité et aucun investissement au profit des
orpailleurs en retour. Cela nourrissait de la colère et de la méfiance des orpailleurs
à l'endroit des détenteurs de sites.
L'alternative à cette situation est la mise en place de groupements et d'associations
d'orpailleurs qui prennent en main la gestion des sites. Ce sont eux qui fixeront les
règles de vie, de gestion et d'exploitation sur leurs sites conformément à leurs
règlements intérieurs et aux textes en vigueur.
Les centres de traitement mutualisé
Ce seront des unités de traitement chimique du minerai et des rejets d'orpaillage
gérés par les coopératives d'orpailleurs.
Leur mise en place part du constat qu'il y a une méfiance entre les orpailleurs et les
détenteurs de permis d'exploitation semi-mécanisée au sujet du prix des rejets. Cela
amène les orpailleurs à pratiquer la cyanuration sauvage dans la nature avec les
Les zones/couloirs d'orpaillage
C'est une idée qui est en gestation au regard du fait que de nombreux sites
d'orpaillage sont sur des permis de recherche et d'exploitation, créant des
problèmes aux promoteurs. Comme nous l'avons développé plus haut, il devient de
plus en plus difficile de trouver des zones libres ou d'avoir l'accord d'un détenteur
de permis pour faire de l'exploitation artisanale d'or.
C'est pourquoi, il est envisagé la création de zones ou de couloirs réservés à cette
activité.
V.3. Les opportunités d'investissements
V.3.1. Pour les nationaux
Plusieurs opportunités d'investissement s'offrent aux nationaux puisqu'ils peuvent intervenir sur les tous les
maillons.
L'exploitation artisanale
Les burkinabé qui souhaitent exploiter des sites artisanaux peuvent le faire soit
individuellement ou en coopératives. Les procédures d'obtention des AEA sont
relativement simples et peu coûteuses. Le problème est de trouver un site ayant du
minerai de bonne teneur, de profondeur raisonnable et mettre en place un système
de gestion concerté avec les orpailleurs tout en apportant le plus possible de
L'exploitation semi-mécanisée
Bien que plus coûteuse, elle peut se révéler rentable si le promoteur maîtrise les
procédés de traitement.
Le permis d’exploitation semi-mécanisée peut contenir ou pas un site
d'exploitation artisanale. Certaines unités font uniquement le traitement chimique
des rejets d’orpaillage et d’autres font les traitements mécanique et chimique de
minerai brut. Dans le premier cas, il s'agira de trouver une zone où il y a plusieurs
sites artisanaux afin de s'assurer de la disponibilité du minerai et établir des
relations de confiance avec les orpailleurs.
La commercialisation de l'or
Il faut posséder un agrément délivré par l'Administration des mines qui permet
d'acheter l'or sur le territoire national et de l'exporter. Près d'une centaine
d'agréments ont été délivrés à ce jour.
C'est une activité assez rentable mais les marges bénéficiaires sont faibles car les
orpailleurs connaissent en temps réels le cours mondial de l'or.
Le financement des activités d'exploitation artisanale
L'activité d'exploitation artisanale étant mal perçue et ayant un caractère
saisonnier et risquant, les institutions rechignent à la financer.
Pour remédier à ce problème, les orpailleurs se tournent vers des particuliers qui
financent contre un remboursement par le partage de la production.
Notons que ces appuis peuvent se faire en espèces ou en nature par la fourniture
d'outils de travail.
Cette activité peut être rentable mais elle présente des risques élevés ; il faut bien
connaitre le milieu.
V.3.2. Pour les étrangers
Les étrangers peuvent investir dans l'exploitation artisanale d'or au niveau des
permis d'exploitation semi-mécanisée et des comptoirs d'achat, de vente et
d'exportation de l'or en créant des sociétés de droit burkinabé.
A ce jour près de 30% des permis d'exploitation semi-mécanisée et 20% des
comptoirs d'achat agréés appartiennent à des expatriés. De nombreux autres sont
ouverts sous le couvert de burkinabé mais appartiennent à des étrangers.
Dans tous les cas les ententes entre partenaires doivent être dûment constatées
par des actes écrits certifiés par les autorités compétentes. Le BF a ratifié des
conventions internationales et mis en place des instruments efficaces qui
garantissent la sécurité des investissements.
CONCLUSION
L’exploitation artisanale de l’or, communément appelée « orpaillage », a connu
un développement prodigieux ces dernières années.
Jadis informel et mal connu du grand public, ce secteur draine de nos jours plus
de 1.000.000 de personnes dont la plupart en ont fait leur gagne-pain.
Cet engouement a entraîné des heurts avec les sociétés industrielles dont les
permis sont envahis et des tensions internes notamment entre les « orpailleurs »
et les promoteurs.
Ces développements ont mis à nu les impacts négatifs de l’exploitation artisanale
au niveau environnemental, social, sanitaire et sécuritaire, qui ont fini par ternir
son image et susciter de la réticence voire même de la répulsion de la part du
citoyen lambda. L’on oublie souvent que cette activité a précédé toutes les
autres formes d’exploitations.
Pourtant l’activité a beaucoup évolué et s’est modernisée ; de nos jours on
assiste à l’introduction massive de technologies qui permettent d’avoir de bons
rendements et des profits élevés.
Par ailleurs, l’exploitation artisanale entraîne l’augmentation du pouvoir d’achat
des acteurs, ce qui influence positivement la consommation et l’épargne.
C’est pourquoi des structures d’accompagnement et d’encadrement ont été mises
en place et sont en phase d’opérationnalisation.

Enfin, la loi portant encadrement de l'exploitation artisanale de l'or au Burkina


Faso permettra de mettre en œuvre les nouvelles orientations en matière
d'exploitation artisanale de l'or, qui rendront le secteur plus moderne, plus
sécurisé et plus rentable pour les orpailleurs et pour les communautés riveraines.
Cela facilitera également les investissements nationaux et étrangers.
L’équation à résoudre pour les autorités en charge des mines, sera de trouver un
équilibre entre les activités industrielles et artisanales.
MERCI DE VOTRE
ATTENTION !!!!

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