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introduction

La trésorerie, un rôle centralisateur dans la gestion de l’entreprise

Le monde économique qui nous entoure est devenu particulièrement mouvementé. Le contexte international a pris
de plus en plus d’importance et les évolutions monétaires et financières sont devenues très volatiles et quasi
imprévisibles. Sous l’effet des fluctuations de prix des matières premières, des indexations de salaires et de la
concurrence exacerbée sur les prix de ventes lorsque des blocages institutionnalisés ne sont pas instaurés, la
comptabilité doit pouvoir se remettre en question. Elle ne peut plus se contenter de rendre des comptes, mais doit
pouvoir offrir aux gestionnaires de l’entreprise les moyens de prendre les décisions financières les plus opportunes.
Dans cette voie, les outils théoriques de l’analyse financière se sont considérablement développés et permettent de
dégager des diagnostiques intéressants pour la conduite des affaires et l’appréciation financière des entreprises.

La sophistication du contexte économique et financier rend cependant cet outil inadapté dans les domaines de la
gestion budgétaire et de la gestion de tresorerie qui forment les deux autres piliers d’investigation pour le
responsable financier. Des informations nouvelles ou formulées différemment sont à présent nécessaires pour
répondre aux défis de la gestion efficace sur le plan financier.

Des logiciels de simulation, de modélisation et d’aide à la décision sont venus renforcer l’arsenal mis à la disposition
du manager chargé de gérer les finances de la société. Dans cette perspective, de nouveaux outils de collecte
d’information et de suivi des flux financiers ont été mis au point et permettent d’améliorer considérablement la
gestion de tresorerie. pour se faire, il sera nécessaire d’extraire la tresorerie de son carcan comptable où elle est
enserrée jusqu’à présent et l’affranchir de sa position d’annexe de la comptabilité pour en découvrir toutes les
facettes originales et mettre en lumière les gains financiers non négligeables qu’elle peut réaliser lorsqu’elle est
utilisée avec rigueur, intelligence et créativité.

Loin de représenter une activité secondaire, la trésorerie est désormais, une fonction vitale pour les entreprises, les
institutions mais aussi les administrations publiques dont l’enjeu premier est d’honorer les engagements à bonne
date, c’est-à-dire, la trésorerie ne s’intéresse qu’aux flux de recettes et de dépenses réels. Elle vise à garantir la
continuité financière de l’entreprise c'est-à-dire assurer chaque jour l’exécution des dépenses et des recettes dans
des conditions de sécurité maximales et au meilleur cout.

La trésorerie est en fait, constituée par l’ensemble des mouvements financiers exécutés par les comptables.ces
mouvements concernent tout d’abord les opérations des dépenses de fonctionnement et d’investissement ainsi que
les opérations liées à la dette ou de la trésorerie (émission ou remboursement de titres, paiement d’intérêts,
souscriptions d’emprunts et placement des disponibilités.

DEFINITION ET SPECIFITE

Ces trois particularités militent en faveur d'une gestion autonome de la trésorerie en dehors de tout carcan
comptable. Les bases de données comptables doivent être élargies aux critères nécessaires à la gestion de trésorerie
pour que les flux financiers de recettes et de dépenses soient traités de manière spécifique et approprié.

L'approche du trésorier est fondamentalement originale par rapport à celle de la comptabilité. Ces deux disciplines
ne se contredisent pas. Elles se complètent et enrichissent la perception de la réalité financière pour le directeur
financier. Il faut donc beaucoup plus mettre en valeur la trésorerie au sein de l'entreprise en tant que discipline
spécifique et autonome afin de combattre l'idée fausse et préconçue d'une fonction annexe qui ne serait qu'un
appendice des opérations de comptabilisation. La gestion financière pourra s'articuler valablement autour de 3
disciplines :
- la comptabilité : pour l'enregistrement des mutations du patrimoine de l'entreprise et l'évaluation de ses résultats
durant l'exercice,

- la gestion budgétaire : pour l'établissement de prévisions de résultat et de modification de la structure du


patrimoine pour le ou les exercices à venir,

- la gestion de trésorerie : pour l'enregistrement des flux financiers des recettes et dépenses en date de valeur et
leur gestion optimale en fonction des conditions du marché.

Dans ce contexte nouveau, nous pouvons présenter une définition de la trésorerie plus objective et mieux accordée
aux transactions réelles qui sont gérées. Nous pouvons considérer la trésorerie comme «l'expression de la situation
financière nette de l'entreprise découlant, à une date déterminée, des comptes de caisses et banques établis grâce à
l'enregistrement sur bases de leur date de valeur de tous les flux de recettes et dépenses effectivement réalisées».

2. OBJECTIFS ET MOYENS
La direction de l'entreprise devra assigner au trésorier une série d'objectifs à réaliser dont les plus
importants peuvent être résumés comme suit :

- mettre tout en œuvre pour assurer à l'entreprise, les liquidités suffisantes pour : faire face à ses échéances
impératives, maintenir son activité sans interruption et mener à bonne fin ses plans d'investissement et de
développement.
- gérer les flux financiers de manière optimale,
- minimiser les charges financières,
- maîtriser le risque de change.

Pour atteindre les objectifs qui lui ont été assignés, le trésorier pourra mettre en œuvre une série de
techniques et engager différentes démarches :

2.1. Pour assurer les liquidités suffisantes


- Négocier un allongement des délais de paiement des factures des fournisseurs et des créanciers divers.
- Négocier un raccourcissement des délais de paiement des factures par la clientèle et les débiteurs divers.
- Optimiser le niveau global des stocks compatibles avec les impératifs commerciaux, les contraintes de
production ou d'approvisionnement et la structure financière de l'entreprise.
- Se faire accorder par les banques les lignes de crédit nécessaires.
- Recourir au factoring.
- Utiliser les possibilités du leasing dans le cadre des investissements.
- Augmenter le capital social.
- Faire appel aux crédits spécialisés (investissement, de campagne, acheteur, financier, ...).
- Recourir au marché international des capitaux.

2.2. Pour gérer les fonds de manière optimale


- Gérer la trésorerie sur base des mouvements en dates de valeur et non en dates d'enregistrement.
- Utiliser au maximum les moyens modernes de paiement et d'encaissement.
- Mettre en concurrence différents banquiers pour bénéficier des conditions les plus favorables en matière de
taux d'intérêt, dates de valeur des opérations, cours de change, commissions et frais, ...
- Anticiper les mouvements du marché (taux d'intérêt, cours de change) et prendre les dispositions
appropriées pour ne pas les subir mais profiter de leur dynamique.

2.3. Pour minimiser les charges financières


- Agir sur les composantes du cycle d'exploitation (clients - stocks - fournisseurs) tant sur le plan du niveau de
l'encours que de la vitesse de rotation de ces postes pour atteindre une situation de trésorerie moyenne
équilibrée ou positive.
- Ici également mettre en concurrence les différents établissements financiers.
- Privilégier le recours au capital social.
- Utiliser les différentes formes d'aides publiques dans le cadre de nouveaux investissements.

2.4. Pour maîtriser les risques de change


- Analyse approfondie des fluctuations du marché des changes et essai d'interprétation en vue de la prise de
décision de couverture.
- Utiliser les techniques de couverture adéquates : comptant, terme, options, leads and lags, ...
- Couvrir sur base de cours «limites».

3. FONCTIONS

Le trésorier sera chargé d'assumer un certain nombre de fonctions soit par lui-même, soit à l'aide de
collaborateurs directs. Celles-ci sont différentes parfois d'une société à l'autre en raison de l'importance
accordée ou non au rôle de la trésorerie au sein de l'entreprise. Néanmoins, les points suivants nous paraissent
dignes d'intérêt dans le cadre d'une gestion efficace de la trésorerie :

- procéder aux encaissements sous quelque forme que ce soit (liquidités, chèques, encaissements
documentaires, lettres de change, billets à ordre, ...) tant sur le plan local qu'en provenance de l'étranger,

- exécuter les paiements sur le plan domestique ou vers l'étranger par espèces, transferts, chèques, traites, etc.,

- gérer de manière optimale les soldes journaliers en dates de valeur en procédant aux nivellements appropriés
entre les comptes de la société, en assurant le financement des besoins en fonds ou en plaçant les disponibilités
aux meilleures conditions du marché,

- réaliser les opérations de change opportunes tant au comptant qu'à terme ou sous forme d'option,

- enregistrer tous les mouvements de caisses, CCP ou banques dans les journaux financiers suivant les règles
comptables en vigueur,

- appliquer rigoureusement les formalités de la réglementation du change pour les mouvements de fonds en
provenance ou à destination de l'étranger, ainsi que pour les mouvements en devises au niveau local,

- établir les prévisions de trésorerie à court terme et à moyen terme en fonction des prévisions de ventes,
d'approvisionnements, de productions, de stocks, d'investissements, ...

- compléter le tableau de bord qui reprend les chiffres-clés de la trésorerie et les paramètres importants de son
environnement,

- veiller au respect rigoureux des règles de contrôle interne et de sécurité pour les transferts de fonds
(signatures autorisées, camionnettes blindées, ...);

- conseiller la direction sur le plan des décisions stratégiques en matière financière,

- sélectionner les banquiers offrant des services compétitifs et négocier avec eux les conditions de crédit et
d'opérations.

Cette énumération ne constitue certes pas un énoncé limitatif, mais devrait rencontrer les préoccupations
principales des moyennes et grandes entreprises. Les sociétés de taille modeste verront certaines de ces
fonctions intégrées dans leurs activités administratives et financières plus générales réparties sur un nombre
réduit de personnes. C'est la relation coûts - opportunités qui guide le trésorier.
Le choix de la formule la plus adéquate, car de petites entités peuvent parfois manipuler des agrégats financiers
très importants pour lesquels la gestion de trésorerie doit être assurée par un spécialiste: c'est le cas des
opérations d'intermédiation : trading de commodités, services financiers, gestion de porte- feuilles, etc.).

4. ORGANISATION

Les moyens humains à mobiliser pour assurer une gestion efficace de la trésorerie de l'entreprise
seront proportionnels au volume des affaires, à la complexité de la structure organisationnelle et à
l'importance des risques à gérer. D'une manière générale, le service de la trésorerie devra se
structurer en fonction de 5 grands axes principaux :

- la centralisation des opérations d'encaissement tant pour les clients que pour les débiteurs divers ;

- la centralisation des opérations de paiement tant pour les fournisseurs que pour les créanciers divers
;

- la gestion du risque de change et du financement en devises;

- la gestion de la trésorerie au jour le jour et le financement des opérations à moyen terme et long
terme;

- les prévisions de trésorerie et la rédaction des rapports de synthèse pour le suivi des chiffres-clés de
trésorerie.

Sur le plan de l'information, il est indispensable de prévoir une structure qui puisse permettre un
accès rapide à l'information financière tant au niveau de la société qu'au niveau de l'environnement.

Le trésorier doit pouvoir récolter facilement toutes les données indispensables à l'appréciation de la
situation financière de l'entreprise tant sur le plan de l'endettement que sur le plan du risque de
change. Les programmes informatiques devront donc être mis au point en tenant compte non
seulement des besoins de la comptabilité ou de la gestion budgétaire mais également de ceux de la
trésorerie en fournissant les données opérationnelles dans une forme appropriée (répartition par
devises, par dates d'échéances, par dates de valeur).

L'information externe est également fort importante, qu'il s'agisse de l'évolution des cours de change,
des taux d'intérêt, des soldes de comptes bancaires, des risques de faillite ou des protêts d'effets de
commerce, sans oublier l'évolution économique, la conjoncture, les taux d'inflation, l'endettement
des pouvoirs publics,... Toutes ces informations devront être digérées et présentées dans une forme
qui puisse être d'un accès aisé et permettre la prise de décision sur des bases judicieuses.

Les moyens techniques devront aussi être modernes et performants, car la rapidité de l'information
est indispensable pour éviter les pertes ou réaliser les gains. Il n'est pas démesuré de voir à l'avenir le
trésorier d'une entreprise moyenne être gratifié d'un environnement bureautique capable de
répondre à ses besoins tant dans le domaine de la téléphonie (contacts rapides avec salles d'arbitrage
des banques) que de la télématique (terminal pour échanger des informations avec les banques ou
réaliser des paiements et des encaissements), de la vidéo (informations on-line sur les cours de
Bourse, de change, les taux d'intérêts, les cours des matières premières, ...), de l'informatique
(utilisation du Personal Computer pour les simulations de trésorerie, les graphiques de devises, les
rapports de chiffres- clés, utilisation du Web...).

Cette description ne manquera pas de surprendre quelque peu le lecteur. Il est pourtant un élément
d'appréciation qu'il ne faut pas oublier, le coût d'un bon trésorier et de son matériel est dérisoire par
rapport aux gains que l'entreprise peut réaliser par une gestion efficace de ses flux financiers.

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