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Jean-Pierre Laurent - Le Problème de René Guénon PDF
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Résumé
L'œuvre de René Guénon a provoqué couramment deux types de réactions : soit les faiblesses et les contradictions de
l'argumentation enlevaient toute signification à la pensée, soit la vie et l'œuvre illustraient, conformément aux besoins de notre
temps, la Vérité une et acquise par Guénon dès son adolescence. Notre propos est de montrer les liens étroits existant entre
l'évolution de la vie et l'élaboration de la pensée. Différents cercles de « moi » se sont constitués dans le temps autour du
Guénon des sociétés occultistes (1905-1912), du catholicisme (entre 1912 et 1927), de la Franc-Maçonnerie, de l'Hindouisme,
de l'Islam (surtout de 1930 à sa mort en 1950) ; une étude critique peut permettre de définir leur point de recoupement et, de ce
« lieu commun », saisir la réalité profonde de la démarche guénonienne. Les textes inédits ou peu connus de la période 1906-
1912, les témoignages de ceux qui l'ont connu à Paris jusqu'en 1930, enfin les réponses écrites données du Caire aux
questions de ses lecteurs apportent déjà, en les confrontant à l'œuvre publiée, des précisions non négligeables.
Laurant Jean-Pierre. Le problème de René Guénon ou Quelques questions posées par les rapports de sa vie et de son œuvre.
In: Revue de l'histoire des religions, tome 179, n°1, 1971. pp. 41-70;
doi : 10.3406/rhr.1971.9664
http://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1971_num_179_1_9664
1) Ibid., p. 34,35.
2) Fonds Vulliaud, bibliothèque de l'Alliance israélite universelle ; une
analyse portant sur une partie de l'ouvrage a été faite par M. Robert Amadou
dans L'initiation', elle se compose de correspondances ou notes inédites sur
Willermoz, Geille, Saint- Yves d'Alveydre, Papus et l'abbé .1. A. Petit, le passage
sur l'Ordre du Temple de Guenon se trouve p. 100 et 101.
3) René Guenon se plaignit d'ailleurs, des années plus tard, d'être victime
d'attaques psychiques venant de Teder, du Patriarche gnostique J. Bricaud et
de Guillebert des Essarts, collaborateur de la Revue internationale des Sociétés
secrètes. Cette forme de « manifestation du mal » a tenu une grande place tant
dans sa vie que dans sa ■ pensée.
LE PR0I5LÈME DE RENÉ GUENON 47
« Etre1) Repris
et non-Etre
notamment
» formedans
le chap.
L'homme
Ill des
et son
Etalsdevenir
multiples
selondeleГ être
Vedanla
(1932)(1925),
; Les
principes du calcul infinitésimal (1946), à partir d'articles de La gnose, en 1909-
1911.
2) Matîhoi, La voie rationnelle, ch;\\). V ; « La délivrance finale », chap. XXIII
de L'homme et son devenir selon le Vedanla.
3) Repris dans Le règne de la quantité et le signe des temps ( 194Г>}, chap. XXI,
Caïn et Abel, Le voile d'Isis, janvier 1932.
4) Sheht, dans Le voile d'Isis, octobre 1931, repris dans Symboles
fondamentaux de la science sacrée, p. 157.
Г>) Repris notamment dans La Grande Triade, chap. XV ; La lettre (r. et le
Swastika, dans Eludes traditionnelles, juillet-août 1950, repris dans Symbol, fond,
de la se. sacrée, p. 137.
fi; Principes du calcul infinitésimal déjà cité .
V>1 REVUE DE L HISTOIRE DES RELIGIONS
« 18e conférence.
« Grande année (période de précession des
Equinoxes) = 25 765 ans. La moitié (12 882) = durée de
l'évolution d'une race humaine terrestre. Manvantara = 432 000 ans.
« — Durée totale de l'humanité terrestre :
12 882 x 7 = environ 90 000 ans
« — Le cycle de 12 882 se divise en 7 sous-cycles de
1 840 ans eux-mêmes divisés en 3 périodes de 613 ans.
« Donc = 21 périodes pour durée totale d'une race -f- une
période de transition de 78 ans (mais pas à tenir en compte
pour durée totale de l'humanité, car dernière période d'une
race coïncide avec lre période d'une autre).
« Le déluge se produit à la fin de la 22e période.
« — La Terre n'est pas la seule planète physique où vivent
des êtres humains.
« A) L'origine de la race blanche, et par conséquent de
la première apparition de l'homme sur la terre doit être fixée
à 62 500 ans avant notre ère. La fin de cette race date de
49 618 ans avant notre ère (race В.).
« В) La race jaune : les premiers hommes de cette race
provenaient de l'air (planète Vénus) d'où : fils du Ciel,
écriture de haut en bas. Habitait le continent Pacifique, dont
ne reste que la Polynésie.
« Tradition ultérieurement reconstituée par Fo-Hi.
« Fin de cette race en 36 735 avant notre ère.
« C) Race noire. Lémurie. Tirée du feu. Ecriture de bas
en haut. Déluge en 23853 avant notre ère. Extension en
Afrique, sud de l'Asie, Pacifique, Europe, d'où nombreux
survivants.
« D) Race blanche, Atlantide (entre Afrique et Amérique).
Langue Watan : Amérique, Afrique du Nord, Europe, Egypte,
Inde. Déluge en 10370 avant notre ère. Restes : Antilles,
Canaries, Açores, îles du Cap- Vert.
Г)4 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
;
d'une vérité supérieure qui échappe au vulgaire ; dans L'erreur
spiritě, il est appliqué; à des personnages bien douteux2.
1) L'homme et son devenir selon le Vedanta, p. 139, 200 et 206 (éd. 1941).
La note de la p. 200 est la plus explicite : « Nous ne pouvons développer
présentement une théorie générale de l'efficacité des rites ; nous dirons simplement
pour en faire comprendre le principe essentiel, que tout ce qui est continrent
en tant que manifestation (à moins qu'il ne s'agisse de déterminations purement
négatives) ne l'est plus si on l'envisage en tant que possibilités permanentes et
immuables, que tout ce qui a quelque existence positive doit ainsi se retrouver
dans le non-manifesté, et que c'est là ce qui permet une transposition de
l'individuel dans l'universel, par suppression des conditions limitatives (donc
négatives) qui sont inhérentes à toute manifestation. »
2) L'ésolérisme de Danle, p. 7 de l'éd. 1949 : « C'est pourquoi les anciens:
initiés participaient indistinctement à tous les cultes extérieurs, suivant la
coutume établie dans les divers pays où ils se trouvaient. »
■
LE PROBLÈME DE RENÉ GUENON 61
1) Le voile ďlsis, mars 1933, repris dans Elud. sur la f.-m. el le сотр., t. I,
p. 218. Dans le même sens la lettre que cite M. R. Maridort du 29 avril l'.i.'ï.'î
(p. 311, éd. 1970 du Symbolisme de la croix, coll. « 10/18 ») est marquée par la
volonté de justifier et d'unifier après coup. En mai 1948, il affirmait à M. M.
Lepage n'avoir jamais fait aucune avance à l'Eglise catholique.
2) Cependant il écrivit au Dr flranirier qu'il s'était fait musulman sans
parler d'un rattachement datant de 1912.
3) Des rites initiatiques 'Le voile ďlsis, mars 1933), forme le chap. XV des
Aperçus sur V initiation.
4) Eludes traditionnelles, mars 1940, chap. XXIII des Aperçus sur Vini-
liation; ibid., janv. 1936, chap. XXIV; ibid., janv.-févr. 1950, chap. VIII de
L'initiation et réalisation spirituelle.
5) Nécessité de l'exotérisme traditionnel, dans Etudes traditionnelles,
déc. 1947, forme le chap. VII de Initiation et réalisation spirituelle.
LE PROBLÈME DE RENÉ GUENON 63
1) Les qualifications initiatiques, ibid., avril 1936, chap. XIV des Aperçus
sur Г initiation...
2) Mystères christiques, ibid., juillet-août 1948.
3) Christianisme et initiation, ibid., sept, et déc. 1У4У.
4) « Ce n'est pas que l'influence spirituelle, en elle-même, puisse jamais être
dans un état de potentialité, mais le néophyte, la reçoit en quelque sorte d'une
manière proportionnée à son propre état », Initiation et réalisation spirituelle,
chap. V, p. 44.
64 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
*
* *
Ainsi donc les accidents de la vie ne préjugent pas de la
valeur de l'intuition ni de la justesse du raisonnement ;
inversement l'intuition intellectuelle n'a pas donné à Guenon
une règle de vie une fois pour toutes. De leur côté, certaines
faiblesses de l'argumentation n'infirment pas la valeur de
l'intuition ; ni la vérité de celle-ci ne peut faire passer pour
justes des raisonnements qui ne le sont pas. L'intuition, le
raisonnement et le genre de vie prennent leur signification
globalement par rapport à une recherche d'unité.
L'analyse dans les grands thèmes abordés par Guenon de
ce qui revient à chacun de ces aspects permettra de
reconstituer sa démarche et par là de mesurer une exemplarité qui,
lorsque l'on se contente de l'affirmer au niveau des
conclusions, ne fait que poser de nouveaux problèmes et créer des
contradictions : les innombrables mises au point que Guenon
dut faire à la fin de sa vie et la dispersion des directions de
recherche de ceux qui l'ont suivi en sont le témoignage.
Jean-Pierre Laurant.