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Annales d'histoire économique et

sociale

Mr Huvelin, Études d'histoire du droit commercial romain (Histoire


externe. Droit maritime), ouvrage publié après la mort de l'auteur
par H. Lévy-Brühl
André Piganiol

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Piganiol André. Mr Huvelin, Études d'histoire du droit commercial romain (Histoire externe. Droit maritime), ouvrage publié
après la mort de l'auteur par H. Lévy-Brühl. In: Annales d'histoire économique et sociale. 4ᵉ année, N. 13, 1932. pp. 94-95;

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Document généré le 28/04/2017


94 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
L'ouvrage de Mr Calderini représente un travail considérable, apporte
beaucoup de données neuves, et sera reçu avec reconnaissance. S'il était
accompagné de plans, de photographies d'objets typiques du musée, il
acquerrait plus de valeur. Quiconque étudiera Aquilée ou même l'économie romaine
devra le consulter. Mais il reste beaucoup à faire pour tirer de ces textes et
de ces collections tout ce qui y est contenu.
A. P.

Le droit commercial romain. — Mr Huvelin n'a pas publié lui-même


les notes qu'il avait rédigées sur l'histoire du droit commercial de Rome,
mais, malgré leur caractère inachevé et fragmentaire, il faut savoir beaucoup
de gré à Mr H. Lévy-Вг! hl de nous les donner1. La première partie, assez
brève, est intitulée « Histoire externe du droit commercial romain ». L'auteur
étudie les grandes périodes de l'histoire économique de Rome et les caractérise
très heureusement. Il n'existe pas en notre langue d'esquisse aussi claire et
aussi juste. Huvelin n'hésite pas à parler du caractère capitaliste de l'économie
romaine dès la fin de la République, ou bien encore il écrit que, sous l'Empire,
«l'économie agricole a pris une forme tout à fait capitaliste» (p. 40). Il est
particulièrement attentif, comme on pouvait le prévoir d'après ses recherches
antérieures, à l'organisation des foires et marchés. Chemin faisant, il donne
une critique minutieuse et exemplaire de certains textes fondamentaux, par
exemple des traités conclus entre Rome et Carthage.
La deuxième partie annonce une « Histoire interne du droit commercial
romain », mais ne traite, en réalité, que des transports maritimes. C'est cette
étude du droit maritime de Rome qui forme l'essentiel du présent ouvrage,
la partie vraiment originale et neuve. Nous ne saurions suivre l'auteur dans
le détail des discussions juridiques. Mais constamment elles s'éclairent par
la considération des faits sociaux. Mr Huvelin prouve, par exemple, que la
responsabilité des marins est beaucoup plus lourde que ne le comporterait le
droit commun. « Le nauta répondait originairement même des cas de force
majeure, tels que le naufrage et les actes de piraterie.» Si l'on impose aux
marins cette responsabilité exorbitante, c'est qu'on les considère comme des
gens douteux. La même suspicion frappe, et plus lourdement encore, les
aubergistes, dont la responsabilité est régie par les mêmes règles de droit que
celle des marins. Huvelin distingue très minutieusement la responsabilité du
propriétaire du navire, celle de l'armateur, celle du chargeur. Regrettons
seulement qu'il n'ait pas fait appel aux papyrus : ils lui auraient fourni un grand
nombre de types de contrats et l'auraient invité à préciser son étude. Il a dû
se contenter de l'analyse des cas concrets que lui fournissaient de trop rares
textes du Digeste. Enfin Huvelin observe avec soin la date à laquelle
apparaissent les règles juridiques qui fixent les obligations des transporteurs о a qui
précisent la solidarité des chargeurs en cas d'avarie commune, et il montre
l'origine hellénique d'une partie importante de ces institutions.
La dernière partie de l'ouvrage, sous le titre « Aspects religieux de
l'obligation romaine», reproduit le texte de deux mémoires anciennement publiés

1. Études d'histoire du droit commercial romain (Histoire externe. Droit maritime),


ouvrage publié après la mort de l'auteur par H. Lévy-BrUhl. Paris, Recueil Sirey, 1929 ;
in-8°, 298 p.
ANTIQUITÉ CLASSIQUE 95
par Huvelin et devenus introuvables : Les tablettes magiques et le droit romain
(1900), Stipulaiio, stips et sacramentum (1906), travaux remarquables qui
éclairent des notions juridiques primitives et obscures par la collaboration de
l'histoire des religions, des analyses étymologiques et du droit comparé.
A. P.

Les relations commerciales entre Rome et l'Inde. — Nous devons


à Mr Warmington un ouvrage excellent où sont étudiés avec une précision
presque surprenante les itinéraires du commerce oriental, les objets d'échange,
les prix1. La courte étude que Mr A. Sarasin consacre à ces problèmes2 dérive
presque uniquement de l'ouvrage de Mr Warmington. L'auteur déclare
d'ailleurs qu'il n'a voulu que résumer l'œuvre de ses devanciers. Il est évident,
par exemple, que l'esquisse cartographique qu'il nous donne n'est qu'une
édition simplifiée de la précieuse carte de Mr Warmington. Pour qui n'aura pas
le loisir de lire l'ouvrage de ce dernier, le résumé de Mr Sarasin pourra rendre
quelque service ; certainement l'auteur ne prétend lui-même qu'à cet éloge
modeste.
A. P.

La vie économique de la Dacie rcmaine. — L'impulsion donnée


par Mr Parvan aux études d'histoire ancienne en Roumanie demeure féconde
même après sa mort. A Histria, au Sud des bouches du Danube, Mr Lambrino
poursuit, selon les méthodes du maître, les fouilles auxquelles on a dû tant de
documents singuliers sur la vie économique de la Dobroudja antique. Les
richesses économiques de la Dacie romaine sont inventoriées avec méthode et
minutie par Mr V. Christescu. L'ouvrage3 qu'il nous présente utilise surtout
les inscriptions et l'archéologie ; il précise la topographie des mines et carrières
et donne une carte utile. Les découvertes nouvelles prendront place dans le
cadre qui est ici tracé. Mais l'intérêt du livre dépasse cet objet étroit. Les
méthodes d'administration des Romains en Dacie soulèvent des problèmes
très délicats, qui, à vrai dire, se sont déjà posés dans d'autres régions de
l'Empire. Dans quelle mesure a-t-on pratiqué la régie directe, et dans quelle
mesure l'adjudication et le fermage ? Les salines, les pâturages faisaient partie
du patrimoine impérial et on affermait à de grands capitalistes la perception
de leurs redevances.
Pour les mines d'or, au contraire, l'exploitation aurait été répartie entre
un grand nombre de petits fermiers. La perception des douanes, confiée
d'abord à des fermiers, aurait été, à la fin du ne siècle, mise à la charge des
fonctionnaires d'État. Également pour l'étude des collèges d'artisans, la
Dacie fournit des documents précieux. Il paraît certain que les conclusions
proposées par Mr Ghristescu devront en certains cas être révisées. Nous ne
pouvons en juger que par le résumé français, très incorrect et obscur, qui est
mis en appendice à l'ouvrage ; mais assurément le commentaire de tel docu-

1. The commerce between the Roman Empire and India, 1928. Cf. Annales, t. I, 1929,
p. 298.
2. Der Handel zwischen Indien und Rom zur Zeit der rômischen Kaiser. Bâle, 1930,
Heîbing et Lichtenhahn ; in-8°, 37 p.
3. Viata economica a Daciei romane, avec un résumé français. Pitesti Mitu, 1929 ;
in-8°, 171 p., 7 pi.

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