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Introduction : la petite histoire des hormones

Introduction :
La petite histoire des hormones

On vise, on tire... mais la cible,


c’est quoi au juste ?

Il était une fois... les géants pharmaceutiques Searle, Up-


john et Wyeth-Ayerst, qui décidèrent de retenir les services
d’un dénommé Robert A. Wilson, M.D., pour écrire un livre
dans le but de faire valoir les vertus de la supplémentation
en œstrogène pour les femmes ménopausées. Le message du
livre qu’écrivit le docteur Wilson fut essentiellement le sui-
vant : « à la ménopause, les femmes qui ne prennent pas de
suppléments d’œstrogène sont condamnées à devenir laides
et à mourir prématurément. » Évidemment, les femmes
n’ont pas du tout apprécié l’idée qu’elles pouvaient ratatiner
et mourir avant leur temps à cause d’un manque
d’œstrogène, et leurs médecins ne voulaient pas être respon-
sables d’une telle catastrophe. Cette stratégie des laboratoi-
res pharmaceutiques a bien fonctionné : le nombre des or-
donnances d’œstrogène oral dont ce laboratoire détenait le
brevet d’invention s’est mis à grimper sans relâche. Malheu-
reusement, le docteur Wilson avait négligé de mentionner un
détail : il n’y avait pas tellement de recherche prouvant les
présumés bienfaits de l’œstrogène oral, surtout des œstrogè-
nes provenant d’une autre espèce (l’urine de jument gravide
représentait la majorité des œstrogènes prescrits). Ce qui
ressort de cette histoire c’est que ce sont les laboratoires
pharmaceutiques qui ont pris les devants pour faire accepter
les thérapies hormonales de substitution (THS) dans les an-

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

nées 60, et les médecins leur ont volontiers emboîté le pas.


C’est un cas classique faire feu avant même d’avoir une ci-
ble clairement en vue.
Après avoir prescrit aux femmes des doses assez éle-
vées d’œstrogènes non bio-identiques pendant un certain
temps, nous avons découvert que cette approche avait en-
traîné une augmentation des risques de cancer de
l’endomètre (la membrane qui tapisse l’intérieur de
l’utérus). Nous aurions eu la possibilité, à ce moment-là, de
prendre un certain recul et d’évaluer ce que nous faisions.
Nous pourrions avoir ajouté de la progestérone, l’hormone
produite naturellement par les ovaires pendant le cycle
menstruel, pour contrebalancer l’effet stimulant des œstro-
gènes équins. Nous aurions pu nous poser des questions sur
le bien-fondé d’administrer des œstrogènes de cheval à des
humains. Nous aurions pu nous demander si c’était une
bonne idée d’avaler les hormones, qui normalement sont
déversées dans le sang directement à partir des glandes telles
que les ovaires. Au lieu de cela, nous avons retenu l’usage
de l’œstrogène équin, et ajouté l’acétate de mé-
droxyprogestérone (MPA), une molécule synthétique et bre-
vetable, qui est semblable mais non identique à la progesté-
rone que fabrique notre corps. Bien sûr, le MPA fonctionne
pour éviter une surstimulation de l’endomètre pouvant me-
ner au cancer, mais en rétrospective, c’était probablement le
pire partenaire pour l’œstrogène équin, tel nous le verrons
plus loin.
Le temps a passé et les ventes ont continué de grimper.
Le Premarin® (œstrogènes conjugués provenant de l’urine
de juments gravides) devint le médicament d’ordonnance le
plus vendu en Amérique du Nord, et la thérapie hormonale
de substitution (THS) est devenue une industrie rapportant
des sommes faramineuses aux sociétés pharmaceutiques.

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Introduction : la petite histoire des hormones

Dans le monde de la recherche, des nuages apparaissaient


cependant à l’horizon, mais peu de médecins y portaient at-
tention. Les unes après les autres, les études montraient que
l’œstrogène oral était probablement associé à une augmenta-
tion faible mais certaine du cancer du sein, et que l’addition
du MPA au cocktail d’hormones augmentait ce risque. Qui
plus est, des études sur les primates indiquaient que même si
l’œstrogène avait des effets positifs sur le système cardio-
vasculaire, le MPA contrecarrait ces bienfaits chez les fem-
mes qui le prenaient. Les études ont également montré que
le MPA, administré seul comme contraceptif, avait un im-
pact négatif sur la densité osseuse. Les nuages à l’horizon
s’amoncelaient et laissaient présager un orage !
À la fin des années 80, de nombreuses études avaient été
menées sur les effets des hormones sur les animaux, les cel-
lules humaines et le corps humain. Les rapports de recherche
ainsi rédigés pourraient facilement remplir votre salle fami-
liale. Il y avait de plus en plus d’évidence que la THS aug-
mentait les risques de cancer du sein et de maladies cardio-
vasculaires, mais il y avait en même temps suffisamment de
données indiquant que l’œstrogène était bénéfique pour les
os, le cerveau, le système urogénital et la peau. Donc, per-
sonne ne s’inquiétait outre mesure.
Éventuellement, pour résoudre les contradictions appa-
rentes dans les données émanant des recherches, on a entre-
pris des études à vaste échelle avec des milliers de
participantes et on a analysé avec soin les divers résultats
pour déterminer si les bienfaits de la THS l’emportaient sur
les risques. Pendant l’été 2002, l’orage a finalement éclaté.
L’étude « Women’s Health Initiative », portant sur 16 000
femmes, a examiné la THS combinée et a constaté que les
bienfaits escomptés de la prise d’œstrogène équin et de
MPA ne justifiaient tout simplement pas les risques. Une

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

vague anti-THS, dont les effets pourraient être ressentis à


très long terme, déferlait sur le monde médical.

L’ÉTUDE « WOMEN’S HEALTH INITIATIVE »


Points saillants
Volet Premarin® et Provera®
L’ÉTUDE
• 16,608 femmes post-ménopausées âgées entre 50 et
79 ans, ayant leur utérus intact.
®
• Les femmes ont reçu soit Premarin 0.625mg et Prove-
®
ra 2,5mg chaque jour (8 506 femmes) ou un placebo
(8 102 femmes).
• Les effets mesurés comprennent les cardiopathies, le
cancer du sein envahissant, le cancer colorectal, les
fractures de la hanche, le cancer de l’endomètre, les
accidents cérébrovasculaires et les caillots sanguins
dans les poumons (embolies pulmonaires).
Un index global pour mesurer les risques par rapport aux
bienfaits a également été utilisé.
RÉSULTATS
L’étude a été stoppée avant terme car l’index global indi-
®
quait que, tout compte fait, l’utilisation du Premarin et du
®
Provera entraînait plus de conséquences négatives que
positives.
®
• Comparé au placebo, les femmes utilisant Premarin
®
plus Provera ont eu :
o 41 % d’augmentation des ACV
o 29 % d’augmentation de crises cardiaques
o Deux fois plus de caillots sanguins
o 26 % d’augmentation du cancer du sein
o 37 % de diminution du cancer colorectal
o 33 % de diminution des fractures de la hanche
o 76 % d’augmentation des démences de type Alzhei-
mer
L’étude WHI a démontré que l’administration orale
d’hormones synthétiques non humaines sous forme de
® ®
Premarin et de Provera est plus nocive pour les fem-
mes que l’administration d’un placebo.

iv
Introduction : la petite histoire des hormones

Ceci nous amène à la raison d’être du présent ouvrage.


La réaction contre la THS occasionne des souffrances inuti-
les à bien des femmes ménopausées. Notre objectif est de
mettre au clair la confusion qui existe en ce qui concerne la
THS, d’offrir trois stratégies simples pour déterminer si une
femme retirerait des bienfaits de la substitution hormonale
et d’examiner les options à retenir pour la THS à la lumière
de ce que les récentes études nous apprennent. Nous som-
mes prêts : nous avons maintenant une cible clairement dé-
finie – Feu !

v
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

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Introduction : la petite histoire des hormones

PARTIE UN

Santé hormonale

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

viii
CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ?

CHAPITRE UN

Les hormones... aident-elles ou


nuisent-elles ?

Les hormones ont fait couler bien de l’encre en 2002 lors-


qu’on a appris qu’au lieu d’apporter aux femmes l’aide
promise, elles ont créé des problèmes sérieux pour un bon
nombre d’entre elles. Depuis plusieurs décennies, on disait
aux femmes que l’hormonothérapie devait les conserver
jeunes et en santé. Maintenant on les avise que certaines
formes d’hormonothérapie peuvent plutôt augmenter leurs
risques de cardiopathies ou de cancer du sein. L’arrêt pré-
maturé du volet de l’étude Women’s Health Initiative
(WHI), portant sur l’hormonothérapie combinée à base
d’estrogènes conjugués et de progestines synthétiques (voir
l’encadré à la page iv) a amené bien des femmes à se préci-
piter chez leur médecin pour savoir si elles pouvaient arrêter
de prendre leurs hormones. Les médecins, dont les connais-
sances étaient limitées aux produits d’officine « prêts à ven-
dre » mis en marché par les laboratoires pharmaceutiques,
n’avaient aucune alternative à offrir. En fait plusieurs mé-
decins se sont retrouvés désemparés devant les résultats de
cette étude. Au lieu de démontrer les bienfaits de ce type
d’hormonothérapie substitutive, le WHI faisait état d’une
augmentation de cardiopathies, de cancers du sein,
d’accidents cérébrovasculaires et de coagulation anormale
du sang chez les femmes faisant usage de Premarin® et
Provera®. Ceci a amené un bon nombre de femmes et leurs

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

médecins à abandonner l’hormonothérapie substitutive com-


plètement, avec des conséquences assez malheureuses pour
certaines.
Les deux cas suivants sont un exemple typique de
l’impact des résultats de l’étude WHI sur la vie des femmes
ménopausées.
Jeanne
Jeanne est une femme rendue à la post-ménopause qui a su-
bi une hystérectomie complète (ablation des ovaires et de
l’utérus) il y a dix ans, après quoi on lui a prescrit le timbre
transdermique à l’œstrogène. Étant donné qu’elle n’avait
plus son utérus, on lui a dit qu’elle n’avait pas besoin de
progestérone. Dès que les résultats de l’étude WHI ont été
publiés, elle a cessé d’utiliser cette thérapie œstrogénique
par crainte d’augmenter ses risques de maladies du cœur et
de cancer du sein. Et maintenant, elle a des problèmes : « Je
souffre de sécheresse vaginale extrême, j’ai de la difficulté à
dormir, je suis déprimée et je ne me reconnais plus » dit-
elle. Jeanne croit que les bienfaits escomptés de la thérapie
hormonale de substitution ne justifient pas les risques, mais
elle subit maintenant tous les symptômes de la déficience
œstrogénique. Jeanne est-elle vraiment à risque en conti-
nuant d’utiliser le timbre à l’œstrogène ? Probablement pas.
Jeanne utilise un timbre qui contient un œstrogène appelé
œstradiol, qui est une copie exacte, produite en laboratoire,
de l’œstradiol que le corps produit naturellement.
L’administration des hormones par la peau (transdermique)
est préférable à l’administration orale car l’absorption par
voie transdermique est plus efficace et s’apparente davan-
tage à la façon dont les hormones circulent naturellement
dans le corps. Jeanne n’a aucun antécédent familial de can-
cer du sein, et elle utilise une très faible dose d’œstrogène.
C’est probablement une bonne stratégie à long terme pour

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CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ?

Jeanne de continuer à utiliser le timbre à l’œstradiol tout en


faisant contrôler régulièrement ses niveaux d’œstradiol et
d’autres hormones. Cependant, Jeanne devrait penser à uti-
liser de la progestérone bio-identique pour équilibrer son
œstradiol, tel que son corps le faisait quand elle avait ses
ovaires. La progestérone aide le corps à faire un meilleur
usage des œstrogènes et prévient les symptômes provoqués
par l’excès d’œstrogène. Certaines études suggèrent que la
progestérone pourrait aider à réduire le risque de cancer du
sein et qu’elle confère également des bienfaits au niveau
cardiovasculaire. Jeanne s’est mise inutilement dans un état
de détresse en laissant de côté son timbre à l’œstrogène.
Monique
Monique utilise le Premarin® et le Provera® depuis le dé-
but de sa ménopause il y a cinq ans. Elle a encore ses ovai-
res et son utérus, et elle a des antécédents familiaux de
cardiopathies. Monique affirme : « Je me fous de ce que
l’étude dit. Je n’arrête pas de prendre mes hormones. J’ai
assez souffert de bouffées de chaleur et de problèmes de
sommeil avant que mon médecin me donne finalement des
hormones. Je ne reviens pas en arrière. » Monique n’a pas
besoin d’abandonner sa thérapie hormonale, mais seulement
de changer le type d’hormones qu’elle prend. La progestine
synthétique « MPA » est impliquée dans l’augmentation du
risque de cardiopathie chez les femmes ménopausées. Le
médecin de Monique ne veut pas vraiment qu’elle continue
le Premarin®, mais ne sait pas quoi d’autre suggérer. Il se-
rait grandement préférable que Monique utilise de la pro-
gestérone identique à celle que son corps produit, au lieu du
MPA, surtout étant donné ses antécédents familiaux de ma-
ladies du cœur. Monique devrait aussi utiliser une forme
transdermique d’œstradiol, plutôt que des œstrogènes oraux
conjugués. Les hormones appliquées sur la peau

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

s’apparentent à la production de l’œstrogène par les ovaires,


et posent moins de risque de provoquer des caillots sanguins
que la forme orale.
Nombre de femmes composent avec des problèmes non
diagnostiqués. Elles ont des symptômes multiples reliés à
des déficiences et déséquilibres hormonaux, et même si el-
les soupçonnent que leurs hormones sont en cause, il leur
est difficile d’en être certaines. Les médecins mesurent ra-
rement les niveaux hormonaux de leurs patientes, et même
si un test révélait une déficience, ils hésiteraient probable-
ment à prescrire des hormones. Pourquoi ? C’est qu’ils ont
un dilemme : d’une part la pub des laboratoires pharmaceu-
tiques affirme que les hormones comme Premarin® et Pro-
vera® aident les femmes, et d’autre part la recherche
démontre que le risque de cancer du sein et de cardiopathies
augmente considérablement pour les femmes qui prennent
ces hormones. Ce conflit a créé une sorte de paralysie chez
beaucoup de médecins : ils ont peur de prescrire les hormo-
nes de n’importe quelle sorte, même dans des cas de défi-
cience démontrée ! Les médecins sont également hésitants à
déroger aux lignes directrices établies par divers groupes
d’experts car ils ne veulent pas être accusés de ne pas se
conformer aux normes de la pratique médicale. Les méde-
cins de famille reçoivent très peu d’éducation sur les hor-
mones, et la plupart n’ont pas le temps d’élaborer leurs
propres stratégies basées sur leur étude de la littérature
scientifique. Donc, pour une variété de raisons, des milliers
de femmes se retrouvent sans renseignements fiables sur
leurs options en matière d’hormonothérapie, et recherchent
maintenant des solutions à leurs problèmes en désespoir de
cause.
La bonne nouvelle est que de l’aide dans ce domaine est
possible : il s’agit d’utiliser les bonnes hormones, à la bonne

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CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ?

dose et avec la bonne méthode d’administration. Cette mé-


thode est la thérapie hormonale substitutive bio-identique
ou THS « bio » (voir page 6). Malheureusement, les méde-
cins ne reçoivent pas beaucoup de renseignements au sujet
des thérapies hormonales en général, et encore moins au su-
jet des hormones bio-identiques. Ainsi, il y a un nombre
étonnant de médecins, chercheurs et pharmaciens qui ne
comprennent toujours pas que la progestine synthétique
« MPA » (acétate de médroxyprogestérone) n’est pas de la
progestérone. Beaucoup de professionnels de la santé utili-
sent le terme « progestérone » pour décrire le MPA, malgré
le fait que les études ont constamment démontré que les
progestines n’ont pas les mêmes effets que la progestérone
(nous reviendrons sur ce point plus loin). Le docteur John
Lee a rendu un grand service aux femmes en attirant
l’attention du public sur la recherche menée sur la progesté-
rone (lisez son livre Tout savoir sur la préménopause). Le
livre de Suzanne Somers « The Sexy Years » a également
accru la visibilité de l’hormonothérapie bio-identique
comme alternative pratique aux THS conventionnelles.
Nous discuterons de certains points touchant le livre de Mme
Somers au chapitre 4.
Il n’y a aucune raison pour qu’une femme qui traverse la
ménopause ait à souffrir. Il y a des solutions ! Les hormones
bien dosées peuvent soulager les symptômes incommodants
et peuvent même aider à prévenir certaines maladies. Dans
bien des cas, les stratégies axées sur la nutrition et le style de
vie sont suffisantes pour soulager bon nombre de symptô-
mes. Mais pour certaines femmes, ces approches n’arrivent
pas à contrôler des symptômes qui s’intensifient. Il est impé-
ratif que les femmes et leurs médecins soient mieux rensei-
gnés sur les avantages de l’hormonothérapie bio-identique.

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Nous voulons aider à dissiper la confusion qui entoure


les thérapies hormonales, et expliquer comment la THS bio-
identique peut aider à soulager les symptômes tout en mini-
misant les risques associés aux autres formes de THS. La
bonne sorte d’hormones, utilisées de la bonne façon et bien
dosées, sont aptes à améliorer la santé et à soulager les
symptômes incommodants. Il est temps de tirer des leçons
des erreurs du passé et d’aller de l’avant avec des nouvelles
stratégies hormonales.
Nous avons développé une simple stratégie en trois éta-
pes pour aider les femmes et leurs médecins à décider si la
substitution hormonale est nécessaire, et le cas échéant dé-
terminer la meilleure approche à cette thérapie. Bien en-
tendu, ce ne sont pas toutes les femmes qui ont besoin
d’hormonothérapie, mais nombreuses sont celles qui ont bé-
néficié d’un remplacement hormonal judicieux. L’ennemi,
c’est l’ignorance – et non pas les hormones.

La thérapie hormonale substitutive « bio » se réfère à


l’usage d’hormones qui sont identiques en tous points
aux hormones produites naturellement par le corps. Les
hormones bio-identiques utilisées dans la THS « bio »
sont l’œstradiol, l’œstrone, l’œstriol, la progestérone et
la testostérone. La DHEA et l’androsténédione sont
également des hormones bio-identiques, mais ne sont
pas disponibles au Canada. On peut donner du cortisol
de remplacement en cas de déficience de cette hor-
mone, mais ceci ne fait pas normalement partie de la
THS « bio ».

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CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

CHAPITRE DEUX

Notions de base sur les hormones

Avant de chercher à résoudre les questions de remplacement


hormonal, il serait important de bien comprendre le rôle les
hormones. Pour mettre les choses au plus simple, les hor-
mones sont des messagers chimiques qui voyagent dans le
sang, pénètrent dans les tissus et régulent la fonction cellu-
laire. Les hormones peuvent influencer l’activité cellulaire
sans que les récepteurs hormonaux soient directement en
cause, mais nous parlerons ici surtout des effets directs des
hormones, qui découlent de l’interaction avec des récepteurs
spécifiques. Les hormones agissent sur les récepteurs un peu
comme une clef dans une serrure (voir la Figure 1).
L’hormone est la clef qui s’insère dans la serrure du récep-
teur hormonal, et contrôle ainsi certaines fonctions cellulai-
res. Si la clef est quelque peu différente (c.-à-d. s’il s’agit
d’une hormone non bio-identique), elle pourra peut-être
s’insérer dans la serrure, mais elle n’ouvrira pas les mêmes
portes que la clef conçue par la nature (l’hormone naturelle).
Les hormones non bio-identiques peuvent aussi laisser la
porte ouverte trop longtemps ou la refermer trop tôt. De
plus, les hormones peuvent avoir une interaction à la fois
avec les récepteurs hormonaux et les unes avec les autres.
Chaque hormone peut avoir une action polyvalente. Il existe
des douzaines d’hormones dans le corps humain et souvent,
il faut plusieurs hormones pour obtenir une réponse hormo-
nale particulière. Par exemple, quatre hormones sont néces-

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

saires pour stimuler la libération de l’œuf lors de


l’ovulation. Étant donné que les hormones sont très interdé-
pendantes et que leurs interactions sont complexes, il est es-
sentiel de maintenir les hormones dans le bon équilibre et
d’utiliser les bonnes clefs (les hormones bio-identiques)
pour activer les serrures des récepteurs.

hormone-clef qui s’insère


dans le récepteur cellulaire

récepteur TISSU récepteur


CIBLE

hormone-clef qui s’insère


dans le récepteur cellulaire

Figure 1

OÙ SONT FABRIQUÉES LES HORMONES ?


Les œstrogènes, les androgènes, la progestérone et le corti-
sol font partie d’un groupe d’hormones qu’on appelle les
hormones stéroïdes. Les hormones stéroïdes sont fabriquées
par le corps à partir du cholestérol, qui constitue la matière
première pour la formation de toutes les hormones stéroïdes.
Bien des gens ne savent pas que les hommes et les femmes
ont les mêmes hormones. Les quantités relatives de chaque
hormone sont différentes, bien sûr, mais le fait est que les
deux sexes ont besoin de toute la panoplie des hormones sté-
roïdes pour leur survie. Ces hormones se classent en dif-

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CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

férentes catégories : les œstrogènes, les androgènes, la pro-


gestérone et les glucocorticoïdes. Les œstrogènes sont une
catégorie d’hormones ou un groupe de molécules ayant une
structure similaire. Les œstrogènes, qui sont perçus comme
des hormones exclusivement femelles, sont quand même es-
sentiels aux hommes. Par contre, les androgènes et leurs
précurseurs (les molécules dont ils sont dérivés), qui sont
considérés comme des hormones « mâles », sont également
essentiels aux femmes. L’androgène le mieux connu est la
testostérone. Quant à la déhydroépiandrostérone (DHEA) et
à l’androsténédione, ce sont des précurseurs androgéniques.
La progestérone est seule dans sa catégorie, mais elle peut
servir de précurseur au cortisol. Le cortisol est une des hor-
mones primaires dans la famille des glucocorticoïdes.
Chez les femmes, les hormones sexuelles sont produites
surtout par les ovaires et les glandes surrénales. Les hormo-
nes produites par les ovaires sont illustrées à la Figure 2 ci-
dessous.

Figure 2
OVAIRE

Testostérone
aromatase

Progestérone Œstradiol

Œstrone 2-hydroxyestrone

Œstriol
Sulfate d’œstrone

Les glandes surrénales sont des petites glandes situées au-


dessus des reins – on pourrait dire qu’elles « coiffent » les

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La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

reins. Les surrénales produisent les hormones du stress,


l’adrénaline et le cortisol, ainsi que le précurseur androgé-
nique, la DHEA. L’androsténédione est fabriqué à partir de
la DHEA, et il est à son tour un précurseur de la testosté-
rone et des œstrogènes. La Figure 3 est un schéma simplifié
des voies de biosynthèse des hormones surrénaliennes
Figure 3

GLANDES
SURRÉNALES

Dehydroépiandrostérone
Cortisol (DHEA)

Androsténédione
aromatase

Œstriol Œstrone Testostérone


aromatase

Sulfate d’œstrone Œstradiol


Œstriol

La conversion de chaque hormone en une autre dans les


voies de biosynthèse exige des enzymes spécifiques, qui à
leur tour ont besoin de vitamines et de minéraux spécifiques
pour fonctionner. Par conséquent, les carences en vitamines
et minéraux peuvent avoir un effet marqué sur l’équilibre
hormonal. La production hormonale est également affectée
par d’autres facteurs. L’aromatase, une enzyme très impor-

10
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

tante qu’on trouve dans les cellules adipeuses, convertit les


androgènes en œstrogènes. Les femmes qui ont un excédent
de poids fabriquent davantage de cette enzyme et par
conséquent convertissent plus d’androsténédione en
œstrone. C’est pourquoi les femmes obèses ont souvent
moins de symptômes de déficience en œstrogène. Par
contre, les femmes minces risquent davantage d’avoir de
tels symptômes.
Le rôle crucial des glandes surrénales
On ne peut trop insister sur l’importance des glandes surré-
nales dans la production hormonale. Les surrénales produi-
sent des hormones sexuelles toute notre vie durant, mais
elles deviennent la principale source de ces hormones après
la ménopause..
Préménopause : Avant la ménopause, les œstrogènes et la
progestérone sont fabriqués en majeure partie par les ovai-
res. Cependant, il faut dire que même à ce stade les glandes
surrénales produisent presque 40 % des œstrogènes. Une pe-
tite quantité d’œstradiol ou d’œstrone est secrétée direc-
tement par les surrénales, mais c’est surtout la conversion
de l’androsténédione en œstrogènes par l’enzyme aromatase
qui permet d’atteindre ce pourcentage. Chez les femmes,
environ la moitié de la production de testostérone provient
de la conversion de la DHEA surrénalienne. Les surrénales
produisent également de la progestérone, mais la presque to-
talité de cette production est convertie en cortisol.
Post-ménopause : Une fois la ménopause installée, les
glandes surrénales deviennent les principales sources
d’œstrogènes et de testostérone. Les ovaires continueront à
produire des petites quantités d’œstradiol et de testostérone,
mais la plus grande partie sera dérivée de la conversion de
la DHEA et de l’androsténédione (voir la Figure 3). Les
femmes qui ont eu une hystérectomie totale (voir l’encadré)

11
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

sont dans la même situation que les femmes post-


ménopausées en ce qu’elles doivent se fier entièrement à
leurs glandes surrénales pour la production des hormones.

PETIT GUIDE SUR LES CHIRURGIES


GYNÉCOLOGIQUES
Hystérectomie : ablation de l’utérus.
Ovariectomie : ablation d’un ovaire ou des deux ovaires.
Hystérectomie totale : terme désignant l’ablation des
deux ovaires et de l’utérus. On utilise aussi le terme
« ménopause chirurgicale » pour décrire cette procédure.

Les femmes post-ménopausées et celles qui sont en mé-


nopause chirurgicale doivent se fier complètement à leurs
glandes surrénales pour produire des hormones stéroïdes, et
tout ralentissement de cette production peut accélérer le dé-
veloppement de déficiences hormonales. Le stress, une
mauvaise alimentation, le manque de sommeil et la
consommation excessive de caféine sont autant de facteurs
qui peuvent affecter négativement les surrénales. Le stress
déclenche une production importante de cortisol, et pour ré-
pondre à cette demande, les surrénales diminuent la produc-
tion de DHEA. Le stress chronique et élevé peut également
affecter les niveaux de progestérone car cette hormone est
un précurseur du cortisol. La nutrition est un autre facteur
important. Un régime alimentaire où abondent les glucides
simples et les sucres raffinés exige un apport supplémen-
taire en vitamines et minéraux dont les glandes surrénales
ont besoin pour fabriquer des hormones. Les glandes surré-
nales dépendent de niveaux adéquats de vitamines et miné-
raux pour fonctionner de façon optimale. La caféine
prolonge la réaction surrénalienne au stress, ce qui aggrave

12
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

encore le déficit en hormones surrénaliennes. Autrement dit,


si vous avez des niveaux élevés de cortisol et que vous bu-
vez du café, les effets du cortisol vont perdurer. La produc-
tion soutenue de quantités excessives de cortisol aboutiront
à l’épuisement des surrénales. En bout de ligne,
l’épuisement surrénalien conduira à des déficiences en
DHEA et en androsténédione, les précurseurs indispensa-
bles des œstrogènes et de la testostérone
Dans sa sagesse, la nature a doté les femmes de plu-
sieurs centres de production des hormones sexuelles, princi-
palement les ovaires et les glandes surrénales. Étant donné
que la production ovarienne des hormones diminue drama-
tiquement à la ménopause, les femmes doivent prendre soin
de leurs glandes surrénales. Bien s’alimenter, pratiquer la
relaxation, éviter la caféine sont autant de démarches impor-
tantes pour avoir des surrénales en santé. Les hormones sont
essentielles à la vie et les déficiences ou déséquilibres dans
ce domaine peuvent avoir des effets dévastateurs sur la san-
té féminine.

QUE FONT LES HORMONES ?


Nous avons établi que les hormones s’insèrent dans la
« serrure » des récepteurs cellulaires, mais où donc se trou-
vent ces récepteurs et que font les androgènes, les œstrogè-
nes, la progestérone et le cortisol lorsqu’ils arrivent aux
cellules ? Nous examinerons chaque groupe d’hormones et
parlerons du rôle de chacune et de leur interaction entre el-
les. Le chapitre 3 discute plus spécifiquement du cycle
menstruel et de la façon dont les changements hormonaux
font démarrer la ménopause.
Les œstrogènes
Les récepteurs d’œstrogène se retrouvent partout dans le
corps, notamment dans les os, le cerveau, les vaisseaux san-

13
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

guins, la vessie, les seins, la glande thyroïde et les organes


reproducteurs. Les œstrogènes sont responsables du déve-
loppement des caractéristiques sexuelles secondaires chez
les femmes, telles que le développement mammaire, et
jouent un rôle de premier plan dans le cycle menstruel.
Il y a une panoplie d’œstrogènes produits naturellement
par le corps, mais les mieux connus sont l’œstradiol,
l’œstrone et l’œstriol. Tous les œstrogènes peuvent activer
les récepteurs œstrogéniques, mais pas nécessairement au
même degré. Chaque œstrogène possède une affinité parti-
culière pour ces récepteurs. Plus l’œstrogène est puissant,
plus grande est son affinité pour le récepteur et plus stimu-
lant sera l’effet qu’il aura sur la cellule.

ŒSTROGÈNES CONJUGUÉS
Les œstrogènes circulent librement dans le courant sanguin,
mais sont également « conjugués », c’est-à-dire transformés
par le foie. La « conjugaison » est un processus par lequel les
œstrogènes sont transformés en formes plus hydrosolubles
par la fixation de molécules de glucose ainsi que de molécules
telles que le sulfate et le glutathion. Bien que les œstrogènes
conjugués ne soient pas considérés comme étant des œstro-
gènes actifs, ils peuvent de fait être reconvertis en formes ac-
tives.

L’œstradiol
L’œstradiol est le plus puissant des œstrogènes et c’est le
principal œstrogène fabriqué par les ovaires. L’œstradiol est
également produit via l’androsténédione provenant des
glandes surrénales. L’œstradiol est l’œstrogène primaire du
cycle menstruel et il agit directement sur l’endomètre
(membrane qui tapisse l’intérieur de l’utérus).
L’œstrone
L’œstrone vient au deuxième rang, après l’œstradiol, pour
son potentiel de stimulation cellulaire. Il est produit à partir

14
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

de l’androsténédione venant des glandes surrénales.


L’œstradiol libéré par les ovaires peut également être
converti en œstrone. L’œstrone est le principal œstrogène de
la post-ménopause et le corps peut le transformer en œstriol
ou en œstradiol au besoin.
Le sulfate d’œstrone (E1S)
Le sulfate d’œstrone est l’œstrogène le plus abondant dans
le corps. Plus de la moitié de tout l’œstrogène endogène ou
exogène chez les deux sexes est stocké par le corps sous
forme de sulfate d’œstrone. De fait les niveaux de sulfate
d’œstrone chez les hommes est très semblable à celui des
femmes post-ménopausées. La forme sulfatée de l’œstrone
ne peut agir directement sur les cellules et ne peut s’insérer
dans les récepteurs cellulaires. Cependant, elle peut être
convertie par le corps en œstradiol, qui est l’œstrogène le
plus puissant.
2 Hydroxyestrone (2OHE1)
Le 2-hydroxyestrone n’est pas habituellement considéré
comme une forme active d’œstrogène mais il s’agit d’un
sous-produit de l’œstrogène et on lui attribue un rôle pour
contrebalancer l’action des œstrogènes plus puissants. Il y a
des indications que le 2-hydroxyestrone pourrait avoir un
rôle protecteur contre le cancer du sein. De fait, la progesté-
rone et le indole-3-carbinol, qui sont généralement considé-
rés comme des facteurs de protection contre le cancer du
sein, favorisent tous deux la synthèse du 2-hydroxyestrone.
Plusieurs praticiens de la santé préconisent l’analyse du
ratio entre le 2-hydroxyestrone et le 16-hydroxyestrone
(16OHE1) dans le sérum ou l’urine. Ils sont d’avis qu’un
faible ratio de 2OHE1 par rapport au 16OHE1 pourrait être
un facteur de risque accru pour le cancer du sein. Ceci sup-
pose que le 16OHE1 est cancérogène pour le sein; cepen-

15
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

dant, il y a peu d’évidence scientifique que tel soit le cas.


De plus, le ratio de 2OHE1 par rapport au 16OHE1 change
non seulement pendant le cycle menstruel mais tout au long
de la vie. De fait, un ratio élevé de 2OHE1 par rapport au
16OHE1 chez les femmes à la préménopause pourrait être
faiblement associé à une incidence moins élevée de cancer
du sein. Par contre, ce même ratio élevé chez les femmes à
la post-ménopause est associé à une incidence accrue de
cancer du sein. En bout de ligne, il n’y a pas de preuves so-
lides qu’un ratio élevé et soutenu de 2OHE1 par rapport au
16OHE1 offrira une protection contre le cancer du sein. Ce-
pendant, il est probable qu’un niveau élevé de 2OHE1, quel
que soit le niveau de 16OHE1, offrira une certaine protec-
tion contre ce cancer.
L’œstriol
Comparé à l’œstradiol et à l’œstrone, l’œstriol est le plus
faible des principaux œstrogènes, mais les études indiquent
qu’il est quand même assez actif pour produire des effets
œstrogéniques. L’œstriol est dérivé de l’œstrone tel que le
montre la Figure 2. Les niveaux d’œstriol sont très élevés
pendant la grossesse, ce qui suggère que l’œstriol n’est pro-
bablement pas toxique étant donné que le fœtus est exposé à
de hauts niveaux de cette hormone.
La progestérone
Comme son nom l’indique, la progestérone est promotrice
de la gestation (grossesse). De fait, la progestérone est es-
sentielle au maintien de la grossesse. C’est également la
principale hormone produite pendant la seconde moitié du
cycle menstruel, la phase lutéale. Qu’on parle de progesté-
rone naturelle, de progestérone bio-identique ou de proges-
térone tout court, on se réfère à la progestérone telle qu’elle
est produite par le corps. À l’instar des récepteurs

16
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

d’œstrogène, les récepteurs de progestérone se trouvent par-


tout dans le corps : dans le cerveau, les os, les seins, la ves-
sie, les vaisseaux sanguins, la glande thyroïde et les organes
reproducteurs. À la suite d’une hystérectomie, on prescrit
souvent aux femmes une thérapie de remplacement de
l’œstrogène, mais on leur dit qu’elles n’ont pas besoin de
progestérone car elles n’ont plus leur utérus ! Cette notion
est complètement erronée. Tous les tissus du corps ont be-
soin d’être exposés aux deux hormones pour maintenir une
santé optimale.
La progestérone est produite naturellement par les ovai-
res, et en petite quantité par le cerveau. Les glandes surréna-
les produisent également de la progestérone, bien que la
majeure partie de cette production soit utilisée pour fabri-
quer du cortisol. Les progestines synthétiques telles que le
MPA (acétate de médroxyprogestérone) ne s’insèrent pas
dans les mêmes « serrures » cellulaires que la progestérone.
Le MPA a été élaboré en laboratoire spécifiquement pour
prévenir l’épaississement de l’endomètre chez les femmes
qui prennent de l’œstrogène, mais possèdent peu d’autres
caractéristiques de la progestérone. Seule la progestérone
bio-identique peut activer toutes les « serrures » cellulaires
prévues par la nature.
Les androgènes et les précurseurs androgéniques
La testostérone
Chez les femmes, la testostérone aide à produire un senti-
ment de mieux-être, améliore la libido, et contribue à la san-
té de la muqueuse vaginale et des os. Elle a également un
rôle à jouer dans la santé du cœur, ainsi que dans l’élasticité
de la peau et le maintien de la masse musculaire. La quanti-
té de testostérone produite par les femmes est 1/5 à 1/10 de
la quantité produite par les hommes, ce qui explique évi-

17
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

demment pourquoi les hommes ont une masse musculaire


bien plus importante que les femmes. La testostérone peut
se convertir en œstradiol via l’enzyme aromatase. Cette
conversion est particulièrement prononcée chez les femmes
ayant un pourcentage élevé de graisse corporelle puis-
qu’elles fabriquent plus de cette enzyme dans leurs cellules
adipeuses.
La DHEA
La déhydroépiandrostérone (DHEA) est l’hormone stéroïde
la plus abondante dans le corps et constitue le principal pré-
curseur des androgènes. Le DHEA est produite par les glan-
des surrénales et circule dans le sang principalement sous
forme de sulfate conjugué, la DHEAS, qui est une forme
« stockable » de DHEA, tout comme le sulfate d’œstrone
l’est pour l’œstrone. La figure 3 montre comment la DHEA
peut servir de matière première pour la fabrication de
l’œstradiol, de l’œstrone, de l’œstriol et de la testostérone.
L’androsténédione
L’androsténédione est fabriqué par les glandes surrénales à
partir de la DHEA. Cette hormone sert de matière première
pour la fabrication des œstrogènes et de la testostérone, et
en tant que telle, joue un rôle de premier plan dans la pro-
duction des hormones stéroïdes après la ménopause.

Les glucocorticoïdes
Le cortisol
Le cortisol est produit par les glandes surrénales en réponse
au stress physique et émotif. Le cortisol facilite la libération
du glucose dans le courant sanguin et joue un rôle essentiel
pour mobiliser les défenses corporelles contre l’infection et
l’inflammation. Les niveaux de cortisol sont plus élevés le
matin pour aider le corps à combattre le stress du jeûne noc-
turne et l’énergiser pour les activités de la journée. Bien

18
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

qu’il ne soit pas impliqué directement dans le processus de


la ménopause, le cortisol est d’une importance capitale
comme régulateur des effets des autres hormones.

LES INTERACTIONS HORMONALES


Les interactions entre les divers groupes d’hormones sont
aussi importantes que l’action des hormones individuelles.
L’interaction du cortisol avec les différentes hormones
sexuelles illustre bien jusqu’à quel point le stress peut avoir
un impact sur l’équilibre hormonal de la femme. Le cortisol
joue un rôle dans les interactions suivantes :
Les œstrogènes et le cortisol
Les œstrogènes sont dérivés de l’androsténédione et de la
testostérone par l’action de l’enzyme aromatase. Le cortisol
stimule l’activité de cette enzyme, qui à son tour stimule la
production d’œstrogène. Le cortisol encourage également
l’accumulation de la graisse autour de la taille, où
l’aromatase est en plus grande concentration ! C’est très
simple : un excès de cortisol crée inévitablement un excès
d’œstrogène.
La progestérone et le cortisol
La progestérone a une interaction directe avec le cortisol au
niveau des récepteurs. Ces deux hormones peuvent se faire
concurrence pour les mêmes récepteurs, comme deux per-
sonnes qui essaieraient de franchir un seuil de porte en
même temps. Lorsqu’une femme très stressée produit beau-
coup de cortisol, le cortisol peut éventuellement bloquer
l’action de la progestérone. Ce phénomène s’appelle la
« déficience fonctionnelle ». Dans ces conditions, les ni-
veaux de progestérone peuvent être normaux, mais le sys-
tème se comporte comme s’il y avait une déficience car le
cortisol trop élevé entrave l’action de la progestérone sur les
récepteurs cellulaires. C’est pourquoi les femmes qui subis-

19
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

sent beaucoup de stress peuvent avoir besoin d’un supplé-


ment de progestérone.

La DHEA et le cortisol
Le cortisol et la DHEA ont des effets opposés sur la fonc-
tion immunitaire et la régulation du glucose sanguin. Par
exemple, la DHEA peut sensibiliser les cellules à l’insuline,
ce qui aide à faire diminuer les niveaux de glucose sanguin.
Par contre, le cortisol augmente les niveaux de glucose san-
guin. Lorsque les niveaux de cortisol sont élevés, il faut plus
de DHEA pour contrebalancer les effets du cortisol. Par
conséquent, des niveaux chroniquement élevés de cortisol
peuvent entraîner une déficience en DHEA. Quand on fait
analyser les niveaux d’hormones, il est important d’inclure
le cortisol et la DHEA (ou la forme sous laquelle cette hor-
mone est entreposée dans le corps, le sulfate de DHEA ou
DHEAS) pour obtenir un tableau complet.
Les androgènes et le cortisol
Le bon ratio entre le cortisol et les hormones androgènes est
essentiel pour maintenir la masse musculaire. Les an-
drogènes aident à bâtir la musculature, alors que le cortisol
a l’effet contraire. Au fur et à mesure que nous vieillissons,
nous avons tendance à avoir plus de cortisol que
d’androgènes, ce qui entraîne une perte nette de masse mus-
culaire et de tissu osseux. Ce même déséquilibre peut être la
conséquence du stress chronique, et peut contribuer au vieil-
lissement prématuré. Le cortisol et les androgènes peuvent
agir sur le même gène de façon antagoniste, de sorte que le
cortisol peut directement opposer le message que les andro-
gènes tentent d’apporter aux cellules. Des niveaux élevés de
cortisol peuvent avoir le même effet sur les androgènes
qu’ils ont sur la progestérone. Plus spécifiquement, un ni-
veau élevé de cortisol peut causer une déficience fonction-

20
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

nelle en androgènes. Et, si le niveau de cortisol demeure


élevé pendant trop longtemps, il entravera alors la produc-
tion des androgènes, surtout de la testostérone. Cela aura
pour effet de causer une déficience réelle plutôt que fonc-
tionnelle en testostérone.
La thyroïde et le cortisol
Il est probable que vous avez maintenant saisi le message :
le cortisol est un intervenant clé dans le bon fonctionnement
d’un bon nombre d’hormones. Ceci s’applique de façon
spéciale aux hormones thyroïdiennes. Leur relation avec le
cortisol en est une d’interdépendance : une certaine quantité
d’hormones de la thyroïde est nécessaire pour le bon fonc-
tionnement du cortisol, et une certaine quantité de cortisol
est nécessaire au bon fonctionnement des hormones thyroï-
diennes. Par conséquent, il arrive que les symptômes de ca-
rence d’une de ces hormones puissent de fait signaler une
carence de l’autre. De même, un excès d’hormones de la
thyroïde peut empêcher le fonctionnement normal du corti-
sol et vice versa.
Il y a plusieurs interactions importantes entre les hormo-
nes et il est essentiel de maintenir l’équilibre entre les hor-
mones suivantes si l’on veut prévenir ou soulager plusieurs
symptômes communs de la ménopause :
La progestérone et les œstrogènes
Ce n’est pas par accident que les récepteurs d’œstrogène et
de progestérone se trouvent dans les mêmes tissus. La pro-
gestérone et les œstrogènes sont comme les deux côtés op-
posés d’une balançoire à bascule. Si les deux sont en
équilibre, la balançoire est de niveau. Si une hormone est en
dominance, la balançoire frappe le sol du côté plus lourd.
Les femmes qui ont un excès d’œstrogène par rapport à la
progestérone peuvent se retrouver avec une multitude de

21
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

problèmes, notamment un gain de poids aux hanches, la ré-


tention d’eau, les seins sensibles, les seins fibrokystiques,
des migraines et de l’irritabilité, pour ne mentionner que
ceux-là. L’ajout de progestérone quand il y a un excès rela-
tif d’œstrogène normalise le ratio entre ces deux hormones.
Maintenir le bon équilibre entre l’œstrogène et la progesté-
rone peut aider à prévenir l’accumulation de graisse corpo-
relle, faire disparaître la fibrose kystique et la sensibilité des
seins, promouvoir le sommeil et avoir un effet calmant et
stabilisateur sur les humeurs. Par contre, s’il y avait trop de
progestérone par rapport à l’œstrogène, ce dernier devien-
drait moins efficace et il pourrait y avoir des symptômes tels
que : nausée, dépression, somnolence, difficulté de concen-
tration et congestion mammaire.
Un facteur qui complique le maintien du bon équilibre
entre les œstrogènes et la progestérone est la pollution par
les xénoestrogènes. Les xénoestrogènes sont des produits
chimiques inventés par les humains (voir l’encadré à la page
24) qui peuvent s’insérer dans la serrure des récepteurs
d’œstrogènes. Les femmes qui sont très exposées aux xé-
noestrogènes peuvent éprouver des symptômes d’excès
d’œstrogène même si les analyses en laboratoire indiquent
des niveaux normaux.
Les œstrogènes et les hormones thyroïdiennes
Il y a une relation étroite entre les œstrogènes et les hormo-
nes thyroïdiennes. Bien des femmes se retrouvent avec des
tests normaux pour la thyroïde, alors qu’elles ont toutes sor-
tes de symptômes d’hypothyroïdie. Il s’agit là d’une
« déficience fonctionnelle ». La progestérone est efficace
pour appuyer l’action des hormones de la thyroïde. C’est
pourquoi l’excès d’œstrogène, la carence en progestérone et
les symptômes d’hypothyroïdie sont souvent présents simul-
tanément, alors que les tests de laboratoire pour la thyroïde

22
CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones

peuvent s’avérer normaux.


EN BREF...
Les messagers chimiques que sont les hormones sont un
élément essentiel de la vie – sans hormones, nos cellules ne
sauraient quoi faire, ni quand le faire ! Les hormones non
bio-identiques n’ont pas le même effet sur les cellules que
les hormones bio-identiques, qui sont des copies conformes
des hormones que notre corps fabrique. Les interactions en-
tre les hormones sont cruciales à tous les aspects de la santé,
et les déséquilibres ont des conséquences fâcheuses.
Les symptômes de la ménopause sont essentiellement
une conséquence des déséquilibres hormonaux qui résultent
du ralentissement de la production ovarienne, exacerbés par
d’autres changements hormonaux qui accompagnent le
vieillissement. Dans le prochain chapitre, nous examinerons
de plus près les symptômes de la ménopause pour mieux
comprendre ce que ces symptômes cherchent à nous révéler
au sujet des hormones et de l’équilibre hormonal.

23
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

LES XÉNOESTROGÈNES
Les herbicides, pesticides et sous-produits du pétrole peu-
vent agir comme des xénoestrogènes. Ils sont très liposo-
lubles, et par conséquent peuvent s’accumuler facilement
dans les tissus adipeux. Les xénoestrogènes peuvent
également s’accumuler dans la chaîne alimentaire. Par
exemple, les grains traités aux herbicides sont consommés
par le bétail et la volaille, qui à leur tour sont consommés
par les humains. Les produits laitiers sont une autre source
habituelle de xénoestrogènes. Les polluants pétrochimi-
ques dans l’eau contribuent à l’accumulation des xénoe-
trogènes dans le poisson. Le fait d’entreposer ou de
réchauffer les aliments dans des contenants en plastique
crée une autre source potentielle de xénoestrogènes. Les
xénoestrogènes ont plusieurs effets possibles sur les ré-
cepteurs d’œstrogène :
• Ils peuvent produire un effet oestrogénique ;
• Ils peuvent causer une surproduction de récepteurs
d’œstrogène ;
• Ils peuvent entraver la capacité du foie d’éliminer les
œstrogènes ;
• Certains peuvent bloquer l’effet des œstrogènes sur
les sites récepteurs.
L’effet net est d’augmenter l’exposition aux œstrogènes. Il
existe des tendances alarmantes pour la santé qui pour-
raient être dues à la prévalence des xénoestrogènes :
• Les cancers hormonodépendants ont augmenté de fa-
çon dramatique au cours des dernières décennies.
• Chez les hommes, la quantité de spermatozoïdes a
diminué de 50 % depuis 1940.
• Chez les filles, les premières règles arrivent au moins
deux ans plus tôt qu’il y a à peine vingt ans.
Voilà quelques indices que quelque chose affecte notre
santé hormonale de façon négative. Les changements ob-
servés dans la santé hormonale ont suivi de près l’usage
plus répandu des herbicides, pesticides et autres produits
pétrochimiques. Est-ce une coïncidence ou non ?

24
CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ?

CHAPITRE TROIS

La ménopause, c’est quoi au juste ?

Vous savez que la ménopause est arrivée quand vous vous


réveillez la nuit et que vous croyez être dans votre bai-
gnoire ! Cependant, vous êtes officiellement ménopausée
lorsque vous n’avez pas eu de règles pendant douze mois.
Ceci arrive en moyenne à 51 ans, mais la ménopause peut
s’installer n’importe quand entre 40 et 60 ans. On parle de
ménopause prématurée lorsqu’elle survient avant l’âge de
40 ans. La ménopause peut aussi être induite artificiellement
par radiation, ablation chirurgicale des deux ovaires ou par
des moyens chimiques.
Une connaissance des actions et interactions hormonales
au cours des règles est essentielle pour comprendre com-
ment les déficiences ou excès d’hormones peuvent survenir
durant la ménopause. Voici une brève discussion du rôle des
hormones pendant le cycle menstruel afin d’aider à établir
les bases d’une discussion de la gestion des symptômes de
la ménopause.
LE CYCLE MENSTRUEL
Une discussion de la ménopause ne serait pas complète sans
jeter un coup d’œil sur le rôle des différentes hormones au
cours du cycle menstruel. Pendant le cycle, les hormones
sexuelles féminines montent et baissent selon un rythme
précis, et une interaction complexe a lieu entre les divers
groupes d’hormones. La cessation des menstruations au
moment de la ménopause change ce rythme ainsi que les

25
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

quantités d’hormones produites. On peut examiner le cycle


menstruel sous différents angles. Commençons par considé-
rer les changements dans l’activité hormonale au cours d’un
cycle moyen de 28 jours.

La phase folliculaire
La phase folliculaire commence le jour 1 du cycle, qui est le
jour où les menstruations se déclenchent, et se poursuit jus-
qu’à la veille de l’ovulation, vers le jour 13 ou 14 du cycle.
Au cours de la phase folliculaire, plusieurs follicules com-
mencent à mûrir ou à se développer. Les ovaires peuvent
contenir jusqu’à un million de follicules à la naissance, mais
seulement un follicule est choisi chaque mois pour libérer
un ovule. Quelques jours avant l’ovulation, l’hormone sti-
mulante des follicules (FSH) est secrétée en plus grande
quantité par l’hypophyse (glande située dans le cerveau)
pour permettre au follicule dominant d’arriver à maturité.
Les niveaux d’œstradiol et d’œstrone commencent égale-
ment à augmenter. Quand un des follicules devient domi-
nant vers le jour 9, les niveaux d’œstradiol montent
rapidement et continuent cette ascension jusqu’au jour 13
environ, créant ce que l’on appelle le « pic d’œstradiol ».

La phase ovulatoire
Le « pic » d’œstrogène, qui a lieu vers le jour 13, déclenche
la production de l’hormone lutéinisante (LH), qui stimule la
libération de l’ovule du follicule dominant. C’est ce que
l’on appelle l’ovulation. Le but de l’ovulation est de libérer
un « œuf » qui pourra être fertilisé par le sperme. La phase
ovulatoire dure environ 72 heures. La libération de l’ovule
du follicule dominant signale le début de la phase lutéale.

26
CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ?

La phase lutéale
Après la libération de l’ovule, le follicule dominant devi-
ent le « corps jaune » (corpus luteum). Le corps jaune est
responsable de la production de la progestérone pendant
la phase lutéale. Les niveaux de progestérone montent en
flèche jusqu’au jour 21 environ. Les niveaux d’œstradiol
et d’œstrone augmentent également pendant la phase lu-
téale, mais à un degré moindre que dans la première par-
tie du cycle. S’il n’y a pas eu fertilisation, les niveaux des
trois hormones commencent à chuter vers le jour 25 et les
règles se déclenchent vers le 28e jour. La Figure 4 montre
les niveaux hormonaux aux différents stades du cycle
menstruel.
Niveaux hormonaux pendant le cycle menstruel

1 5 12 14 16 28 jours
E2 = Œstradiol FSH = Hormone stimulante des follicules
P = Progestérone LH = Hormone lutéinisante
Figure 4

Phases proliférative et sécrétoire


Une autre façon de décrire le cycle menstruel est
d’examiner l’endomètre ou muqueuse de l’utérus. D’une
certaine façon on pourrait comparer cela à une maison. La
phase proliférative serait comme la phase de construction

27
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

d’une maison, où l’endomètre épaissit, préparant un nid en


vue de la réception d’un ovule fécondé. Après l’ovulation
(la libération de l’ovule) la muqueuse de l’utérus change
sous l’influence de la progestérone, et crée des secrétions
qui permettront la grossesse. Si l’ovule n’a pas été fertilisé,
il y a desquamation de la muqueuse de l’utérus, déclenchant
ainsi les règles. En d’autres mots, la maison est démolie et
le processus recommence.

LA PÉRIMÉNOPAUSE
Le terme « périménopause » veut dire littéralement « autour
de la ménopause » et désigne les années qui précèdent im-
médiatement la ménopause. Les changements dans la régu-
larité du cycle menstruel et/ou l’apparition des symptômes
(voir Tableau 1) signalent généralement le début de la péri-
ménopause. Les premiers signes que la ménopause approche
se manifestent souvent quand une femme est dans la quaran-
taine. Au fur et à mesure que les femmes avancent en âge, le
nombre de follicules ovariens diminue. Il devient de plus en
plus difficile de stimuler suffisamment les follicules qui res-
tent pour libérer un ovule. Néanmoins, le corps essaie d’y
arriver en augmentant la production de FSH et de LH. Oc-
casionnellement, la FSH et la LH arriveront à mener un fol-
licule à maturité et l’ovulation se produira. Cependant, avec
l’approche de la ménopause ces efforts sont de moins en
moins fructueux et les ovaires ont des ratés. La deuxième
moitié du cycle, la phase lutéale, devient plus courte et par
conséquent les règles deviennent irrégulières à cause des
cycles anovulatoires qui se multiplient. Les ovulations ra-
tées font baisser les niveaux de progestérone car le corps
jaune n’est pas au rendez-vous pour produire la progesté-
rone ovarienne. L’autre aspect de la périménopause est que
le corps commence à produire plus d’œstradiol pendant la

28
CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ?

phase folliculaire (la première moitié du cycle). Les ratés


ovulatoires, une phase lutéale plus courte et des niveaux
élevés d’œstradiol par rapport à la progestérone créent un
état que le docteur John Lee a appelé « la dominance en
œstrogène).

SYMPTÔMES DE LA PÉRIMÉNOPAUSE

Fatigue Règles irrégulières


Plus vulnérable au stress Seins fibrokystiques
Gain de poids Fibromes utérins
Maux de tête Rétention d’eau
Sautes d’humeur Dépression
Perte de libido Irritabilité

Tableau 1

Les symptômes de dominance en œstrogène tels que les


maux de tête, la rétention d’eau et l’irritabilité apparaissent
chez bon nombre de femmes pendant la périménopause. La
baisse des niveaux d’œstrogène et de progestérone change
la fréquence, la longueur et le volume des règles. (Nota : les
règles irrégulières ou abondantes peuvent être un signe d’un
problème plus sérieux. Consultez votre médecin si vous
avez ces symptômes.) Les changements dans l’équilibre
hormonal peuvent entraîner une variété de symptômes. Fi-
nalement, les derniers follicules sont trop épuisés pour ré-
agir à la stimulation de la FSH, et les menstruations cessent
complètement. Le changement a commencé !
SUIS-JE ARRIVÉE À LA MÉNOPAUSE ?
Quand les règles ont des ratés, les femmes se demandent si
c’est la ménopause qui commence. Dans de tels cas, les mé-

29
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

decins font souvent vérifier les niveaux de FSH et de LH.


Malheureusement, ce genre de test est fort peu fiable. Des
niveaux élevés de FSH et de LH sont des signes que le
corps cherche à stimuler l’ovulation, mais ces données
n’indiquent pas si ces efforts aboutissent ou non à des ovu-
lations. Si l’ovulation a lieu, et que la progestérone est pro-
duite par le corps jaune, des règles peuvent se présenter. En
d’autres mots, des niveaux élevés de FSH et de LH peuvent
signifier qu’une femme approche de la ménopause, mais ces
niveaux peuvent également être élevés chez les femmes à la
périménopause qui ont des cycles menstruels irréguliers.
Plusieurs médecins croient à tort que les niveaux de FSH
augmentent en réaction au manque d’œstrogène, et que des
niveaux élevés de FSH indiquent qu’une supplémentation
œstrogénique est nécessaire. De fait, la production de la
FSH est liée de beaucoup plus près à une hormone appelée
« inhibine ».
Lorsque l’ovulation s’arrête complètement, la produc-
tion d’œstrogène et de progestérone diminue également car
les ovaires se mettent à fonctionner au ralenti. Sans corps
jaune, la production ovarienne de progestérone tombe à zé-
ro. Les ovaires continuent cependant à produire des petites
quantités de certaines hormones, mais les glandes surrénales
deviennent la source principale d’hormones à la post-
ménopause, tel que nous l’expliquions au chapitre précé-
dent. Bien des femmes se tirent très bien d’affaires avec les
hormones surrénaliennes, et ne sont pas incommodées par
les symptômes de carences ou de déséquilibre hormonal.
D’autres ne sont pas aussi chanceuses.

30
CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ?

CHANGEMENTS HORMONAUX À LA MÉNOPAUSE


Les œstrogènes
Malgré le fait que les œstrogènes sont communément pres-
crits pour la ménopause, pour bien des femmes la supplé-
mentation n’est pas nécessaire. De fait, il y a des femmes
ménopausées qui ont plutôt une dominance en œstrogène
car leur niveau d’œstrogène est trop élevé par rapport à la
progestérone. La dominance en œstrogène peut être due à la
diminution de la progestérone et à l’accumulation des pro-
duits chimiques à effets œstrogéniques appelés xénoestro-
gènes (voir le chapitre 2). Dans son livre, What Your Doctor
May Not Tell You About Menopause, le docteur John Lee
mentionne plusieurs symptômes associés à la dominance en
œstrogène : perte de libido, dépression, fatigue, seins fibro-
kystiques, confusion mentale, maux de tête, irritabilité, perte
de mémoire, rétention d’eau, etc. Si vous avez l’impression
d’avoir vu cette liste auparavant, c’est qu’il s’agit de symp-
tômes communs de la ménopause. Ce qui veut dire que de
prendre de l’œstrogène pourrait exacerber ces symptômes
pour certaines femmes ! L’effet équilibrant de la progesté-
rone constitue la clef pour résoudre les problèmes causés
par la dominance en œstrogène.
Par contre, il y a des symptômes qui sont clairement liés
au manque d’œstrogène. La sécheresse vaginale et
l’incontinence sont deux indices communs de déficience
œstrogénique. La confusion mentale et la dépression sont
également des signes de manque d’œstrogène étant donné
que le principal œstrogène, l’œstradiol, est nécessaire au
transport du glucose vers le cerveau. Sans ce combustible, le
cerveau travaille au ralenti. Parfois, l’ajout d’un peu de pro-
gestérone peut aider à soulager ces symptômes car la pro-
gestérone sensibilise les récepteurs d’œstrogène. Cependant,
il y a des femmes qui ont besoin d’un peu d’œstrogène pour

31
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

soulager les symptômes associés à la déficience œstrogéni-


que. Ceci s’applique en particulier aux femmes qui sont
minces, c.-à-d. ayant un faible pourcentage de graisse cor-
porelle, car celle-ci est la principale source d’œstrogène
après la ménopause.
La progestérone
La production de progestérone chute dramatiquement à la
ménopause. Les autres tissus produisent encore des quanti-
tés minuscules de progestérone, mais la source principale, le
corps jaune, n’existe plus. L’abondance des xénoestrogènes
dans notre alimentation contribue probablement aux symp-
tômes de dominance en œstrogène / déficience en progesté-
rone que l’on observe à la ménopause. Les symptômes de
déficience en progestérone rappellent ceux de l’excès
d’œstrogène : perte de libido, dépression, fatigue, seins fi-
brokystiques, confusion mentale, irritabilité, perte de mé-
moire, rétention d’eau. Restaurer l’équilibre entre la
progestérone et les œstrogènes est essentiel si l’on veut
contrôler ces symptômes, et peut également aider à prévenir
certaines maladies.
Les androgènes
Souvenez-vous que la testostérone est le principal andro-
gène, et que la DHEA et l’androsténédione sont des précur-
seurs androgéniques. Les précurseurs androgéniques sont
des hormones qui ont la capacité de se convertir en andro-
gènes (p. ex. la testostérone).
La testostérone
Les niveaux de testostérone peuvent diminuer de façon si-
gnificative à la ménopause si les glandes surrénales ne fonc-
tionnent pas de façon optimale. Les faibles niveaux de
testostérone chez les femmes sont associés à un manque de
libido, des relations sexuelles moins satisfaisantes et une

32
CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ?

diminution du sentiment de bien-être. Restaurer les niveaux


de testostérone à des niveaux normaux arrive souvent à
améliorer ces symptômes. La normalisation des niveaux de
testostérone peut également aider à prévenir la perte de
masse osseuse et même accroître la densité des os. La baisse
de testostérone à la ménopause peut affecter dramatique-
ment l’humeur, la libido et le niveau d’énergie des femmes.
La DHEA
La déficience en DHEA n’est pas associée avec un ensem-
ble précis de symptômes, mais les femmes ayant de faibles
niveaux de sulfate de DHEA ont indiqué qu’avec une sup-
plémentation en DHEA elles avaient un sentiment accru de
bien-être, moins de dépression et d’anxiété, plus de libido et
une plus grande satisfaction lors des relations sexuelles. Des
niveaux faibles de DHEA sont également associés avec cer-
tains problèmes de santé chroniques, notamment la fatigue
chronique, l’hypertension, la résistance à l’insuline et
l’hypothyroïdie. Les niveaux de DHEA diminuent avec
l’âge et pour bien des femmes une supplémentation en
DHEA aide à restaurer l’énergie, améliore la fonction im-
munitaire et accroît l’acuité mentale.
L’androsténédione
La déficience en androsténédione entraîne une réduction des
niveaux de testostérone et d’œstrogènes puisque
l’androsténédione est la principale source de la production
de ces hormones à la post-ménopause. On n’a pas identifié
de symptômes de déficience de cette hormone, mais il est
probable qu’une carence en œstrogène ou en androgènes en
résulterait.
Le cortisol
La production du cortisol par les glandes surrénales aug-
mente en réaction au stress. Des niveaux élevés de cortisol

33
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

sont associés à toute une panoplie de symptômes y compris


le gain de poids, la « fatigue agitée », des problèmes de
mémoire, la dépression et la perte de masse osseuse. Cela
peut mener à des niveaux instables de glucose sanguin, la
fatigue et la plus grande susceptibilité aux infections. Si le
stress est assez élevé ou prolongé, les glandes surrénales
deviennent épuisées et ne pourront plus produire assez de
cortisol.
L’épuisement des surrénales à cause du stress chroni-
que peut entraîner une production inadéquate de cortisol,
de DHEA et d’androsténédione. Les faibles niveaux de
cortisol sont associés à la fatigue, de faibles niveaux de
glucose sanguin, les allergies, une température corporelle
sous la normale, des douleurs musculaires et un manque
de tolérance à l’exercice. Les femmes qui n’ont plus leurs
ovaires sont particulièrement à risque de subir les consé-
quences de l’épuisement surrénalien étant donné qu’elles
dépendent complètement de ces glandes pour la produc-
tion de bon nombre d’hormones.
Trouver le bon équilibre
La production ovarienne d’œstradiol, de progestérone et de
testostérone diminue quand une femme arrive à la mé-
nopause et que les surrénales deviennent les principales
sources de ces hormones. Il y a cependant des femmes qui
arrivent à traverser la ménopause sans symptômes in-
commodants tout en ayant des niveaux réduits d’hormones.
Qu’est-ce qui distingue donc celles qui ont des symptômes
de celles qui n’en ont à peu près pas ? Il est clair que la di-
minution des niveaux hormonaux n’explique pas tout. Tel
que discuté au chapitre deux, un point crucial est de mainte-
nir l’équilibre hormonal. Un niveau trop élevé d’une hor-
mone par rapport aux autres peut entraîner des symptômes

34
CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ?

désagréables. Sachant cela, il devrait aller de soi que les


médecins fassent une évaluation des symptômes, trouvent
les déséquilibres et aident leurs patientes à rétablir
l’équilibre hormonal. Mais il est évident que telle n’est pas
l’expérience de la majorité des femmes.
D’autres facteurs qui entrent en jeu dans les symptômes
de la ménopause sont le style de vie et le régime ali-
mentaire. Les femmes dont les glandes surrénales sont sai-
nes et qui maintiennent un bon équilibre hormonal, qui
s’alimentent bien et qui ont un style de vie actif ont en géné-
ral une expérience positive de la ménopause. Il est bon éga-
lement d’avoir une attitude d’acceptation vis-à-vis du
processus de vieillissement. Le livre de Christiane Northrup
« La sagesse de la ménopause » constitue une excellente
ressource sur les aspects mental, émotionnel et spirituel de
la ménopause.

EN BREF…
Sachant que sur le plan hormonal, les excès et les défi-
ciences sont des situations très communes à la ménopause,
il faut s’attendre à ce que certaines femmes aient besoin de
rééquilibrer leurs hormones à l’aide d’une thérapie hormo-
nale de substitution (THS). Les études telles que celle du
WHI ont montré que certaines approches ne sont pas aussi
bénéfiques qu’elles devraient l’être. La question qui se pose
est la suivante : comment la THS a-t-elle fait fausse route ?
Un enjeu clé est le type d’hormones qui ont été utilisées. Le
chapitre suivant examine comment l’usage d’hormones bio-
identiques (identiques à ce que le corps produit naturelle-
ment) diffère des stratégies conventionnelles concernant la
THS. Le chapitre 4 jette également un coup d’œil sur les in-
dications pour le recours à la THS, quelles erreurs ont été

35
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

commises par le passé et quelles leçons nous pouvons en ti-


rer pour aller de l’avant.

36
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

CHAPITRE QUATRE

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec


la THS ?

Pendant des millénaires, les médecins ont utilisé des traite-


ments développés par « essai et erreur », en s’appuyant sur
des anecdotes et des impressions générales. Les traitements
utilisés avaient subi le test du temps, et étaient transmis de
praticien à apprenti, de génération en génération. La méde-
cine moderne des dernières décennies, quant à elle, se veut
une médecine basée sur l’ « évidence » scientifique. Dans ce
modèle, toutes les actions d’un médecin, depuis le diagnos-
tique jusqu’au traitement, devraient reposer sur des preuves
préférablement sous forme d’importantes études randomi-
sées et contrôlées contre placebo. C’est un objectif louable
puisqu’on estime que seulement 20 à 30 % des protocoles
médicaux actuels sont basés sur de telles preuves. Par
exemple, il n’y avait aucune preuve que l’œstrogène équin
serait bénéfique pour les humains quand on a commencé à
l’administrer aux femmes dans les années 60, mais ça ne
nous a pas empêchés de le prescrire, et maintenant on se
pose toutes sortes de questions sur le bien-fondé des théra-
pies de remplacement hormonal. Ceci dit, il faut garder nos
perspectives sur la question de la « preuve » en médecine.
Chaque être humain est différent, avec des besoins uniques.
L’hormonothérapie doit refléter cette réalité. Quand on fait
l’évaluation des thérapies hormonales, il est essentiel de te-
nir compte de ce qui suit :

37
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Les résultats d’essais randomisés peuvent ne pas être


applicables à la population en général
Les études sont menées selon des critères stricts concernant
la participation ou l’exclusion des sujets. Il y a des restric-
tions basées sur les habitudes de vie, les antécédents médi-
caux, les médicaments utilisés et d’autres paramètres.
Pourtant, dans la réalité on ne peut « caser » les patients de
la sorte : chacun a ses particularités et son historique. Donc,
quelles que soient les conclusions d’une étude contrôlée, le
médecin aura quand même à juger comment les appliquer à
chaque cas. Il lui incombe de se demander comment les ris-
ques et les bienfaits constatés dans les études s’appliqueront
à la personne qu’il a devant lui. Les études devraient réduire
l’incertitude, mais pour chaque question à laquelle on a
trouvé réponse, d’autres questions ont été soulevées. Il est
naïf de penser que les essais cliniques peuvent aboutir à des
protocoles médicaux parfaits. De fait, la principale contribu-
tion des études est de déterminer le coût global d’une théra-
pie pour la société. Malheureusement, cela ne nous dit pas
comment chaque patient(e) va en bénéficier.
Les preuves devraient émaner de sources multiples
La collecte des données devrait se faire à partir de sources
multiples : des études contrôlées à petite et à grande échelle
effectuées sur les humains, des essais non contrôlés sur les
humains, des faits anecdotiques, et des études sur les ani-
maux et les cellules. Si l’évidence pointe toujours dans la
même direction, on peut en conclure que la thérapie en
question est bien étayée par les preuves. Dans le cas des
THS, plusieurs études avaient indiqué que la combinaison
du MPA et des œstrogènes conjugués augmentait le risque
de cardiopathies et de cancer du sein. Il n’était pas néces-
saire d’attendre dix ans pour que les conclusions de l’étude
WHI nous le prouvent. Dans la même veine, il y a proba-

38
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

blement suffisamment d’évidence pour justifier


l’application de nouvelles approches aux THS. Nous ne di-
sons pas que nous avons des preuves irréfutables que ces
autres approches fonctionnent, mais que nous avons assez
d’indices pour nous engager prudemment dans de nouvelles
voies.
Des résultats contradictoires
« Une étude récente montre que le café est nocif (ou bon)
pour vous » ; « La vitamine C peut sauver votre vie / aug-
menter vos risques de cancer », etc. La réalité dans la re-
cherche est que différentes études peuvent donner des
résultats à l’opposé les uns des autres à moins que tous les
facteurs critiques aient été isolés. Trouver tous les facteurs
critiques prend du temps, en supposant que ce soit même
possible ! Par conséquent, les conclusions d’études scienti-
fiques semblent souvent contradictoires. S’il faut attendre
d’avoir des réponses définitives quant à la meilleure appro-
che concernant le remplacement hormonal, bien des années
pourraient s’écouler et peut-être n’y arriverons-nous jamais.
Entre temps, que doivent faire les femmes et leurs méde-
cins ? Peut-on justifier l’inaction ou les tergiversations à
n’en plus finir ?
Sources de financement des études sur les hormones
Il est malheureux que la majorité des médecins ne soient pas
conscients qu’il existe d’autres options en matière de THS
que celles dont on leur a parlé à l’école de médecine. La
principale raison de l’existence d’une telle lacune est que les
hormones bio-identiques ne sont pas facilement brevetables.
Les laboratoires pharmaceutiques sont intéressés à dévelop-
per des hormones synthétiques et brevetables sur lesquelles
elles peuvent avoir des droits exclusifs de mise en marché.
Les critiques de l’étude WHI se sont demandé pourquoi la

39
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

progestérone naturelle n’avait pas été inclue dans cette


étude. La réponse est simple : suivez la piste de l’argent !
Bien que l’étude WHI ait été menée par le National Institute
of Health des É.-U., un organisme public, les produits utili-
sés avaient été fournis par le géant pharmaceutique Wyeth-
Ayerst. Considérant les influences en jeu et la question du
financement, il est fort peu probable qu’une étude impartiale
à vaste échelle sera entreprise pour étudier le remplacement
hormonal bio-identique.
L’objectif de la substitution hormonale est d’aider les
femmes à vivre plus longtemps et en santé. Pourtant, la
principale conclusion de l’étude WHI a été que l’œstrogène
équin conjugué, combiné au MPA, ne les aideront pas à cet
égard. En résumé, depuis plus de 40 ans se poursuit une ex-
périence à vaste échelle où les femmes servent de cobayes,
et nous voilà maintenant revenus à la case de départ. Mais y
a-t-il une lueur au bout du tunnel ? Le remplacement hor-
monal bio-identique est dénigré à cause d’un manque
d’études à long terme, mais il y a quand même plusieurs
études d’une certaine envergure (regroupant jusqu’à plu-
sieurs centaines de femmes), menées sur une période d’un
ou deux ans selon des protocoles scientifiques, qui ont exa-
miné les effets de l’œstriol oral et de la progestérone orale
micronisée. Évidemment, il ne faut pas oublier qu’il n’y a
aucune étude à long terme qui démontre l’innocuité de
n’importe quel type de remplacement hormonal. Les don-
nées que nous avons sur l’hormonothérapie « bio » ne sont
certainement pas irréfutables, mais elles semblent au moins
pointer dans la bonne direction. Pour comprendre pourquoi
la THS « bio » pourrait être une meilleure option, il est im-
portant de comprendre comment les hormones bio-
identiques diffèrent des hormones utilisées dans la THS
conventionnelle.

40
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

LES HORMONES BIO-IDENTIQUES


Les hormones sont des substances puissantes qui affectent
tous les tissus de notre corps, soit directement ou in-
directement. Étant donné que nous ne comprenons pas en-
core tous les mystères du corps humain, nous ne savons pas
quelles portes (récepteurs hormonaux) devraient demeurer
fermées ou lesquelles devraient rester ouvertes. Il y a des
portes qui ouvrent et ferment au gré des allées et venues des
occupants. Quand il s’agit d’hormones ce n’est pas une
bonne idée de barrer certaines portes et d’en forcer d’autres
à rester ouvertes à l’aide d’hormones non bio-identiques. Ça
pourrait créer des conflits, un peu comme si quelqu’un
cherchait à ouvrir la porte de la salle de bain quand il y a
quelqu’un à l’intérieur. De même, l’incidence élevée des ef-
fets secondaires avec la combinaison Premarin® et Prove-
ra® est une façon pour le corps de manifester sa détresse.
Malheureusement, ces cris de détresse semblent avoir été
ignorés pour ne pas nuire aux profits de l’industrie pharma-
ceutique.
Les œstrogènes
Les thérapies conventionnelles de remplacement hormonal
sont communément basées sur des œstrogènes extraits de
l’urine de jument gravide (œstrogènes équins conjugués ou
Premarin®). Bien qu’environ la moitié des œstrogènes pro-
venant des juments gravides soit identique aux œstrogènes
humains, il y a des douzaines, sinon des centaines
d’hormones et de sous-produits dans le Premarin® qui sont
étrangers au corps humain. Plusieurs de ces éléments persis-
tent dans le corps pendant des semaines ou des mois car les
êtres humains ne sont pas équipés pour métaboliser les hor-
mones de cheval. Ceci peut causer des problèmes à long
terme. On ne donne pas de la nourriture de chat aux pois-
sons, et on ne donne pas des graines d’oiseaux aux chiens –

41
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

alors pourquoi donner des hormones de cheval aux hu-


mains ?
Depuis la parution de la première édition (en langue an-
glaise) du présent ouvrage, les résultats du volet Premarin
seulement de l’étude WHI ont été rendus publics. Il vaut la
peine de discuter de ces données plus en détail pour ajouter
à nos connaissances sur la THS. Somme toute, l’étude WHI
a démontré que la combinaison de Premarin et de Provera
augmentait façon évidente les risques de cardiopathies, de
cancer du sein, d’accidents cérébrovasculaires (ACV), de
caillots sanguins et de démence. Par contre, avec Premarin
seulement, il n’y a que le risque d’ACV qui a augmenté de
façon significative, alors que l’augmentation du risque de
caillots sanguins et de démence n’a augmenté que légère-
ment. En dernière analyse, il semblerait qu’une bonne partie
(mais pas la totalité) des problèmes causés par la THS serait
attribuable au Provera®
Ces derniers renseignements émanant de l’étude WHI
cadrent avec notre perception des interactions entre les hor-
mones et les récepteurs cellulaires. Les hormones synthéti-
ques (non bio-identiques) telles que le Provera semblent
être les vrais « imposteurs » dans la THS car elles n’activent
pas les serrures des récepteurs de la même façon que les
hormones naturelles. Les hormones humaines possèdent la
bonne clé pour activer les serrures cellulaires, et par consé-
quent elles peuvent ouvrir les bonnes portes. Étant donné
que les œstrogènes équins conjugués contiennent à la fois
des œstrogènes semblables aux œstrogènes humains et des
œstrogènes spécifiques aux chevaux, il y a certaines serrures
qui seront activées. Il n’est donc pas surprenant que le volet
Premarin seulement de l’étude ait donné des résultats
moins négatifs que le volet Premarin plus Provera .

42
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

L’ÉTUDE WOMEN’S HEALTH INITIATIVE


(WHI) Points saillants
Volet Premarin® seulement
L’ÉTUDE
• ≈ 11 000 femmes ayant subi une hystérectomie
• Groupe d’âge : 50-79 ans
• 0,625 mg Premarin contre placebo
• 6,8 années de suivi
• Terminé un an prématurément
• 3 à 4 % d’abandon dans le groupe sous hor-
monothérapie et le groupe témoin.
RÉSULTATS
• L’étude a été stoppée prématurément car on a dé-
terminé qu’aucune nouvelle donnée sur la THS et
son rôle préventif n’émanerait de l’étude même si on
la poursuivait jusqu’au bout.
®
• Comparé au placebo, le Premarin a causé :
o 40 % plus d’accidents cérébrovasculaires
o Aucun changement dans le risque de car-
diopathies
o Aucun changement ou réduction éventuelle
dans le risque de cancer du sein
o Une augmentation possible de caillots san-
guins
o Une augmentation possible de risques de
démence du type Alzheimer
o Une réduction de 40 % de fractures de la
hanche
Dans l’ensemble, ce volet de l’étude WHI a prouvé que
®
la prise orale du Premarin seul était moins nocif pour
® ®
les femmes que le Premarin plus Provera , mais plus
nocif que le placebo.

43
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Cependant, il y a quand même un risque substantiel


d’accident cérébrovasculaire associé avec le Premarin oral,
et il est important de ne pas perdre ceci de vue. Il y a plu-
sieurs raisons pour lesquelles le Premarin oral peut aug-
menter le danger d’ACV de façon significative :
Tout d’abord, le Premarin contient des œstrogènes pro-
pres à une autre espèce, et ces hormones non humaines
n’apportent pas le même message à nos récepteurs cel-
lulaires que les hormones humaines bio-identiques.
Deuxièmement, à cause du manque d’efficacité des hor-
mones administrées par voie orale, bien des femmes
prennent probablement des doses d’œstrogène beaucoup
plus élevées que nécessaire.
Finalement, la prise du Premarin par voie orale dé-
range le métabolisme naturel des protéines, dont les fac-
teurs de coagulation sanguine, au niveau du foie. Une
augmentation des facteurs de coagulation augmente les
risques d’ACV.
Vous trouverez plus loin dans le présent chapitre une dis-
cussion plus approfondie des désavantages de prendre des
œstrogènes par voie orale.
L’étude WHI révèle également que l’administration
d’œstrogènes équins oraux seuls n’augmente pas le risque
de cancer du sein. De fait, le volet Premarin seulement de
l’étude a démontré une légère diminution du risque de can-
cer du sein sur la période de sept ans qu’a duré l’étude. À
première vue, cela pourrait paraître surprenant puisque nous
en sommes venus à nous attendre que l’œstrogène pouvait
causer le cancer du sein. Le fait est qu’une quantité appro-
priée d’œstrogène est probablement une bonne chose pour
les seins, tout comme l’œstrogène est bon pour les tissus du
vagin et de la vessie s’il est bien dosé. Le risque de cancer
du sein augmente quand on administre trop d’œstrogène ou

44
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

qu’on l’administre en combinaison avec des progestines


synthétiques telles que le Provera.®
En dernière analyse, l’étude WHI nous indique que la
thérapie de substitution hormonale n’est pas complètement
mauvaise ; l’étude met plutôt en relief l’importance
d’utiliser les bonnes hormones, dans les dosages appropriés
et selon le mode d’administration approprié. En d’autres
mots, pour mettre en application les leçons que l’on peut ti-
rer de l’étude WHI, il faudrait prescrire des hormones bio-
identiques, administrées par voie transdermique et selon la
dose minimale requise pour prévenir les symptômes.
Il y a plusieurs sortes d’hormones bio-identiques sur le
marché en ce moment, et certaines de celles-ci sont très bien
adaptées à une thérapie de remplacement hormonal « bio ».
Le chapitre 7 et l’annexe A donnent des détails sur les pro-
duits disponibles. L’œstradiol, l’œstrone et l’œstriol sont
des œstrogènes naturels qui sont maintenant disponibles
sous forme bio-identique. Les hormones « bio » ne sont pas
les ennemis du tissu humain si elles sont dosées et adminis-
trées de façon appropriée.
L’œstradiol
Étant donné que l’œstradiol est la principale hormone pro-
duite par les ovaires avant la ménopause, elle constitue un
excellent choix pour l’hormonothérapie « bio ». Le corps est
habitué de transformer l’œstradiol en d’autres hormones au
besoin. La recherche sur l’œstradiol démontre clairement
que cet œstrogène a un effet positif sur les os, les vaisseaux
sanguins, les cellules qui tapissent la paroi vaginale, la peau
et la vessie. En ce qui concerne l’effet de l’œstrogène sur le
cerveau, on a constaté une légère augmentation (sans signi-
fication statistique) de la maladie d’Alzheimer chez les par-
ticipantes au volet Premarin seulement de l’étude WHI.
Cependant, la recherche avait précédemment indiqué que

45
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

l’œstradiol pouvait avoir un effet protecteur pour le cerveau.


Le fait que le Premarin contient des œstrogènes non hu-
mains en plus de l’œstradiol pourrait expliquer pourquoi
l’étude WHI n’a pas pu nettement démontrer de bienfaits
pour le cerveau suite à la prise de Premarin .
L’œstrone
Une bonne partie de l’œstradiol produit naturellement par le
corps est converti en œstrone. L’œstrone à son tour peut être
transformé en un sous-produit appelé « sulfate d’œstrone »,
qui peut être stocké dans les cellules. On a constaté que les
cellules mammaires cancéreuses avaient tendance à accu-
muler de grandes quantités de sulfate d’œstrone, qui peut
être reconverti en œstrone puis en œstradiol au besoin. En
d’autres mots, le sulfate d’œstrone agit comme un
« fertilisant » à libération lente pour les cellules cancéreuses
des seins qui sont œstrogénodépendantes. De fait, parmi les
traitements pour le cancer du sein, on cherche actuellement
à élaborer des inhibiteurs de sulfatase pour bloquer la
conversion du sulfate d’œstrone vers l’œstrone. De plus, les
indices se multiplient à l’effet qu’un métabolite (sous-
produit) de l’œstrone, appelé « 4-hydroxyœstrone » joue un
rôle dans le développement du cancer du sein. Donner trop
d’œstrone aux femmes pourrait mener à une accumulation
de niveaux plus élevés que normal des sous-produits de
l’œstrone, tels que le sulfate d’œstrone et le 4-hy-
droxyœstrone, qui peuvent être cancérogènes dans certaines
circonstances (p. ex. en combinaison avec des progestines
synthétiques comme le Provera®). De toute évidence, il est
sage d’éviter de donner aux femmes de fortes doses
d’œstrone. Certaines femmes, surtout celles qui ont peu de
graisse corporelle, pourraient avoir besoin d’un peu
d’œstrone si un test révèle de faibles niveaux de cette hor-
mone. Pour la plupart des femmes, cependant, il n’est pro-

46
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

bablement pas indiqué de prendre de l’œstrone à cause des


préoccupations concernant l’accumulation du sulfate
d’œstrone et du 4-hydroxyœstrone, et l’impact qu’ils peu-
vent avoir sur la croissance des cellules mammaires cancé-
reuses.
Étant donné que le sulfate d’œstrone est l’œstrogène le
plus abondant et la forme d’œstrogène que le corps peut
stocker, mesurer cette hormone par un test sanguin ou sali-
vaire peut être utile pour déterminer les niveaux
d’œstrogène dans le corps de la femme. En d’autres mots,
cette analyse peut être utilisée pour déterminer si une
femme prend trop d’œstrogène ou pour décider s’il y a lieu
de prescrire de l’œstrogène de remplacement. Le sulfate
d’œstrone peut également être un autre marqueur utile du
risque de cancer du sein. En théorie, les femmes ayant une
plus grande réserve d’œstrogène pourraient courir un plus
grand risque de développer le cancer du sein.
L’œstriol
Beaucoup de médecins hésitent à prescrire l’œstriol en par-
tie à cause du fait qu’il n’est pas commercialisé par les labo-
ratoires pharmaceutiques et aussi parce qu’il n’est pas
discuté dans les écoles médicales sauf dans le contexte de la
grossesse. C’est pourquoi il est important d’examiner plus
en détail ici ce que nous savons sur l’œstriol.
L’utilisation de l’œstriol se répand en Amérique du
Nord depuis 15 à 20 ans, et en Europe il est utilisé depuis
plus longtemps encore. Il a fait l’objet de recherches assez
poussées en Europe, au Japon et à un moindre degré, en
Amérique du Nord. Un chose qui ressort de ces études est
que l’œstriol a des effets œstrogéniques. L’œstriol contrôle
les bouffées de chaleur, fait diminuer le cholestérol, combat
la sécheresse vaginale, restaure la flore vaginale et peut ap-
porter un soulagement dans les cas d’infections chroniques

47
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

du tractus urinaire. On a également constaté que l’œstriol


aide à dilater les vaisseaux sanguins, tout comme le fait
l’œstradiol. Par contre, on ne possède pas encore de preuve
solide que l’œstriol par lui-même peut stimuler la régénéra-
tion du tissu osseux.
Plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’œstriol car il
ne cause pas un épaississement de l’endomètre comme le
font l’œstradiol et l’œstrone. Dans une étude sur l’œstriol
qui a duré un an, on n’a pas constaté de différence dans
l’épaisseur de l’endomètre entre les femmes qui utilisaient
l’œstriol et celles qui recevaient un placebo. Toutefois, le
groupe utilisant l’œstriol a semblé avoir une plus grande
tendance à développer des polypes (tumeurs non cancéreux)
que le groupe de contrôle. La densité du tissu mammaire,
décelé par mammographie, est considéré comme étant un
facteur de risque pour le cancer du sein. Une étude compa-
rant l’œstriol avec les autres œstrogènes a montré que
l’œstriol causait le moins d’augmentation de la densité du
tissu mammaire, bien qu’une légère augmentation fut cons-
tatée. Ces résultats confirment le fait qu’aucun œstrogène ne
devrait être administré sans progestérone pour le contreba-
lancer, et que l’on devrait faire très attention à la dose pres-
crite.
En examinant les Figures 2 et 3, vous aurez constaté que
l’œstriol est l’aboutissement des voies de biosynthèse des
œstrogènes : l’œstradiol est transformé en œstrone et
l’œstrone peut se transformer en œstriol. En général,
l’œstriol demeure de l’œstriol, bien que certains tissus
(l’utérus en particulier) peuvent convertir l’œstriol en
d’autres œstrogènes. Étant donné que l’œstriol pris sous
forme orale demeure dans cette forme, on peut l’administrer
de cette façon sans crainte.

48
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

Si nous essayons de demeurer le plus près possible des


niveaux naturels d’hormones, comment intégrer l’œstriol
dans un régime de remplacement hormonal bio-identique ?
Après tout, les niveaux d’œstriol ne sont élevés que pendant
la grossesse, alors pourquoi administrer de l’œstriol à la
ménopause ? Certains chercheurs ont suggéré que des ni-
veaux élevés d’œstriol sont prévus par la nature pour proté-
ger le fœtus de l’œstradiol de la mère. Des niveaux élevés
d’œstriol relativement à l’œstradiol bloquent l’accès de cette
hormone aux récepteurs d’œstrogène. La grossesse protège
contre le cancer du sein et l’œstriol joue un rôle important
dans cet effet protecteur. Quand on a administré à des rats
de l’œstriol ainsi qu’une substance reconnue comme cancé-
rogène pour les tissus mammaires, l’œstriol a réduit le ris-
que de ce cancer. Ainsi, il y a un nombre d’indices qui nous
portent à croire que l’œstriol est probablement un choix sé-
curitaires dans la THS « bio ».
En Amérique du Nord, l’œstriol est habituellement
combiné avec l’œstradiol et parfois avec l’œstrone dans les
crèmes magistrales. La combinaison œstradiol-œstriol est
appelée « BiEst », et la combinaison œstradiol-œstrone-
œstriol est appelée « TriEst » (voir l’Annexe A). Étant don-
né l’association possible entre le sulfate d’œstrone, le 4-
hydroxyœstrone et le cancer du sein, il serait préférable
d’utiliser le « BiEst » pour éviter l’accumulation d’œstrone.
Cependant, aucune étude sur les humains n’a encore été
menée avec le TriEst ou le BiEst. Cette absence de recher-
che rend beaucoup de médecins réticents à prescrire ces
combinaisons d’hormones qu’ils considèrent comme n’étant
pas « prouvées ». Cependant, tel que mentionné auparavant,
il y a plusieurs petites études, qui ont duré un ou deux ans,
qui ont été menées sur l’œstriol seul. L’ajout d’un peu
d’œstradiol à une crème hormonale contenant de l’œstriol

49
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

offre les effets bénéfiques de l’œstrogène tout en retenant le


potentiel protecteur de l’œstriol.
La progestérone
Quelque part entre le temps où ils étudiaient la biochimie au
collège et lorsqu’ils ont complété leur formation médicale,
certains médecins ont développé une sorte d’amnésie
concernant la progestérone. Ils ont appris qu’elle jouait un
rôle dans le cycle menstruel et qu’elle était indispensable à
la grossesse, mais ils ont oublié la différence fondamentale
qui existe entre la progestérone et les progestines synthéti-
ques. Parmi les progestines, les plus connues sont le MPA
(acétate de médroxyprogestérone), l’acétate de noréthin-
drone et le levonorgestrel. De fait le mot « progestine » a été
inventé pour désigner une classe de médicaments qui ont le
même effet sur l’endomètre que la progestérone. Mais les
progestines n’ont pas le même effet que la progestérone sur
tous les tissus. Par exemple, alors que la progestérone est
indispensable à la grossesse, les progestines sont considé-
rées comme dangereuses pour le fœtus. Même pour un non
initié, cela suggère que les progestines et la progestérone
sont deux choses bien différentes ! Malheureusement, plu-
sieurs professionnels de la santé et chercheurs utilisent en-
core les termes « progestérone » et « progestine » de façon
interchangeable.
Cette négligence, voulue ou non, dans l’utilisation de
ces termes a eu pour effet de donner l’impression aux mé-
decins que les progestines synthétiques comme le MPA
étaient l’équivalent de la progestérone bio-identique. Ce
manque de précision dans la terminologie médicale a pro-
bablement fait plus de tort à la cause du remplacement hor-
monal que tout autre facteur. Plusieurs grandes études sur la
THS ont utilisé la progestine synthétique MPA et démontré
que les risques associés à cette thérapie l’emportaient sur les

50
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

bienfaits ! La combinaison du MPA et de l’œstrogène oral


augmente le risque de cancer du sein au-delà du risque
constaté avec l’œstrogène seul. L’étude WHI et bon nombre
d’études qui ont précédé ont prouvé que de combiner les
œstrogènes oraux avec le MPA augmente aussi le risque de
cardiopathies. On sait tout cela depuis longtemps. Le MPA
fait obstacle aux effets vasodilatateurs de l’œstradiol, autant
chez les animaux que chez les humains. La progestérone ne
fait pas obstacle aux effets vasodilatateurs de l’œstradiol.
Le MPA administré seul augmente le risque de coagulation
anormale du sang. La progestérone n’a pas d’effet sur la
protéine C-réactive, un marqueur de l’inflammation liée aux
cardiopathies, alors que le MPA augmente les niveaux de
protéine C-réactive. La progestérone ralentit la prolifération
des cellules musculaires lisses dans les artères, qui est une
étape dans la progression des maladies du cœur, alors que le
MPA encourage cette prolifération.
En définitive, le MPA était probablement le pire par-
tenaire qu’on aurait pu donner à l’œstrogène. Bien entendu,
les laboratoires pharmaceutiques ont élaboré d’autres pro-
gestines, et il y en a encore d’autres en voie de développe-
ment. Il faut dire que certaines des nouvelles progestines
(par ex. l’acétate de noréthindrone) ne semblent pas avoir
les mêmes effets négatifs sur le cœur et les vaisseaux san-
guins que le MPA. Néanmoins, le contraste dramatique en-
tre la progestérone et le MPA illustre bien pourquoi il vaut
mieux s’en tenir à ce que la nature a mis au point et utiliser
seulement des hormones bio-identiques pour les thérapies
de remplacement hormonal..
Mais pourquoi donc la progestérone bio-identique n’a-t-
elle pas reçu plus d’attention dans le monde médical ? Pen-
dant bien des années, le consensus a été que la progestérone
administrée par voie orale ne s’assimilait pas bien. On a

51
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

trouvé la solution à ce problème avec la micronisation, un


processus par lequel la progestérone est moulue très fine-
ment afin d’en augmenter la surface d’absorption. Diverses
études ont démontré que la progestérone orale micronisée
réussit à stabiliser et à protéger l’endomètre en présence
d’œstrogène. L’étude la plus récente dans ce domaine a été
l’étude « PEPI », au cours de laquelle on a directement
comparé la progestérone orale micronisée avec le MPA, en
présence d’œstrogène. Les femmes qui ont reçu la progesté-
rone ont eu moins d’hémorragies utérines intermittentes que
celles qui ont reçu le MPA, et il n’y a pas eu de différence
dans les taux de cancer utérin entre les deux groupes.
En 2003, une étude d’une durée de trois mois sur
l’usage de la progestérone orale micronisée (Prometrium®)
par des femmes postménopausées a conclu que cette forme
de progestérone n’a aucun impact négatif sur les indicateurs
importants de cardiopathie comme la tension artérielle, le
cholestérol ou la capacité de dilatation des artères.
Il y a une panoplie de produits hormonaux bio-identi-
ques présentement sur le marché, dont certains sont très
bien adaptés aux besoins d’une hormonothérapie « bio ».
Nous passerons ces produits en revue au chapitre 7, où nous
traiterons du rétablissement de l’équilibre hormonal. Le
point important à retenir, encore une fois, est que les hor-
mones humaines bio-identiques ne se comportent pas en en-
nemi du tissu humain. Ceci étant dit, il reste à nous assurer
de maintenir l’équilibre entre les différentes hormones en
donnant les bonnes doses et en les administrant de la bonne
façon.

MODES D’ADMINISTRATION DES HORMONES


Toute thérapie axée sur le remplacement hormonal devrait
essayer d’imiter jusqu’à un certain point le rythme quotidien

52
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

de hausse et de baisse des hormones. Les ovaires ne fabri-


quent pas au lever tout l’œstradiol dont le corps aura besoin
pour la journée – cette production est constante. Le rempla-
cement de l’œstradiol devrait par conséquent être administré
de la même façon : par une méthode de libération lente dans
le système. Le niveau de testostérone est typiquement plus
élevé le matin et diminue dans le cours de la journée. Une
thérapie de remplacement de cette hormone devrait donc
chercher à en faire augmenter le niveau tôt le matin. Il est
également important de se rappeler que les niveaux hormo-
naux changent au cours du cycle menstruel. Ainsi, la pro-
gestérone est plus élevée pendant la phase lutéale (deuxième
moitié) du cycle menstruel – par conséquent l’usage d’un
supplément de progestérone avant la ménopause devrait te-
nir compte de cette réalité. Le corps se repose des hormones
pendant les menstruations – ils faudrait donc imiter ce repos
quand on utilise des hormones de remplacement. Cette
pause peut ne pas être indispensable pour toutes les femmes,
mais pour certaines cela peut être très important.
L’exposition constante à la même dose d’hormones peut
diminuer la réceptivité des récepteurs aux messages appor-
tés par les hormones. Cette résistance des récepteurs peut
réduire l’efficacité de la thérapie hormonale.
Quelle est la meilleure façon d’imiter la libération
continue et la circulation naturelle des hormones dans le
corps ? Est-il préférable de prendre les hormones par voie
orale ou y a-t-il une autre méthode qui se rapproche davan-
tage de la façon de procéder de la nature ? Les deux modes
d’administration les plus usités pour les hormones sont la
voie orale et la voie transdermique (topique). Une discus-
sion des propriétés de chacune de ces méthodes suit.
L’annexe A donne plus de détails sur les particularités des

53
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

hormones bio-identiques et des options disponibles aux


femmes pour l’administration des hormones.

Administration par voie orale


Toute hormone ou médicament que nous avalons est modi-
fié dans les voies digestives et pour être ensuite acheminé
vers le foie avant d’atteindre les tissus cibles. Le système
digestif et le foie transforment la plupart des hormones qui
s’y trouvent en des formes conjuguées hydrosolubles pour
qu’elles puissent être plus facilement éliminées du corps.
Donc si l’on cherche à administrer les hormones le plus na-
turellement possible, la voie transdermique est préférable.
Que les hormones fassent leur entrée dans le courant san-
guin à partir de la peau ou à partir des ovaires, la différence
pour le corps est minime à comparer à ce qui se passe quand
on administre les hormones par voie orale. Une discussion
de l’administration par voie orale aidera à comprendre les
avantages de l’application par voie topique ou transdermi-
que.
Les œstrogènes
L’administration orale de l’œstrogène peut facilement créer
une fausse impression. Plusieurs médecins et pharmaciens
croient à tort que le corps absorbe seulement 10 % d’une
dose orale d’œstrogène et que l’autre 90 % est immédia-
tement éliminé. De fait, la presque totalité d’une dose orale
d’œstrogène est utilisée par le corps. Songez à ce qui suit :
un médecin apprend à l’école médicale que seulement 10 %
de la dose d’une pilule d’œstradiol devient disponible aux
tissus. Ainsi, il ou elle croira que si une dose de 2 mg est
administrée à la patiente, son corps n’absorbera en réalité
que 10 % de cette dose, soit 0,2 mg d’œstradiol. C’est faux !
Quand ce médecin prescrit 2 mg d’œstrogène à une patiente,
10 % demeurera sous forme d’œstradiol. Le reste, soit 1,8

54
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

mg, sera transformé en sous-produits ou métabolites de


l’œstrogène. La recherche dans les années 80 a montré que
plus de la moitié de l’œstradiol ou de l’œstrone ingéré se
change en sulfate d’œstrone. Le sulfate d’œstrone est la
forme stockable de l’œstrogène, et en tant que tel peut servir
à alimenter les cellules cancéreuses des tissus mammaires
qui seraient œstrogénodépendantes. C’est l’évidence même :
les femmes ne devraient prendre que la quantité
d’œstrogène nécessaire pour répondre à leurs besoins im-
médiats. La substitution hormonale ne devrait pas accroître
le niveau d’œstrogène stocké au-delà des niveaux qui exis-
tent avant la ménopause. Tel que mentionné précédemment,
une bonne façon de juger si une femme reçoit trop
d’œstrogène est de mesurer ses niveaux de sulfate
d’œstrone.
Plusieurs études ont montré que l’œstrogène oral dans
les dosages prescrits autrefois affectait la production des
protéines hépatiques. Ces protéines jouent un rôle dans la
coagulation du sang, la régulation de l’insuline et la capacité
de l’insuline et du cortisol d’agir sur les tissus. Ainsi, don-
ner de l’œstrogène par voie orale peut théoriquement aug-
menter la tendance à la coagulation du sang, rendre plus
difficile le contrôle de l’insuline et entraver la fonction thy-
roïdienne. L’étude WHI a confirmé ce fait puisque le volet
où les femmes prenaient seulement le Premarin® par voie
orale a révélé une augmentation du risque d’ACV et de cail-
lots sanguins.
Nous avons mentionné que seulement 10 % d’une dose
orale d’œstradiol est absorbée par le corps sous forme
d’œstradiol, et que plus de la moitié de la dose totale de-
vient du sulfate d’œstrone. On croit que ce qui reste de cette
dose, dont on perd plus ou moins la trace, se convertit sur-
tout en œstrone. Lorsque des doses orales d’œstradiol ou

55
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

d’œstrone sont administrées, il en résulte un excès


d’œstrone par rapport à l’œstradiol. Ceci dérange l’équilibre
normal entre ces deux hormones. Par exemple, avant la mé-
nopause, une femme a une ou deux fois plus d’œstradiol que
d’œstrone dans son sang. (ratio œstradiol / œstrone >1).
Après la ménopause, une femme a moins d’œstradiol que
d’œstrone (ratio d’œstradiol / estrone entre 0,3 et 0,5).
Quand on administre de l’œstradiol ou de l’œstrone à une
femme postménopausée, ce ratio diminue encore davantage.
Si la substitution hormonale est supposée avoir un effet ra-
jeunissant pour la femme, pourquoi donc s’éloigner de
l’équilibre hormonal qui existe avant la ménopause ? Don-
ner de l’œstradiol ou de l’œstrone oralement perturbe
l’équilibre entre ces deux hormones et on aboutit à un profil
sanguin hormonal qui se rapproche de celui d’une femme
beaucoup plus vieille.
Il semblerait par conséquent que plusieurs des problè-
mes liés jusqu’à maintenant au remplacement des œstrogè-
nes soient dus à l’administration de suppléments oraux.
Quand nous avalons des œstrogènes, nous n’obtenons pas le
profil hormonal naturel qui devrait découler de leur métabo-
lisation, nous donnons des doses dix fois plus élevées que
nécessaire et nous surchargeons le foie. (L’exception est
l’œstriol, qui ne peut pas être facilement transformé en
d’autres œstrogènes.)
La progestérone
La situation concernant la progestérone orale est semblable
à celle des œstrogènes oraux : environ 90 % de la progesté-
rone que nous avalons se transforme en sous-produits ou
métabolites de cette hormone. Le corps produit environ 20 à
25 mg par jour de progestérone pendant les deux semaines
qui précèdent les menstruations. La dose habituelle de pro-
gestérone orale micronisée qui est prescrite est en moyenne

56
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

de 200 mg par jour. De cette dose, seulement environ 20 mg


de progestérone non transformée se retrouveront dans le
sang. Contrairement aux œstrogènes oraux, toutefois, les
métabolites de la progestérone orale ne semblent pas être
nuisibles. Plusieurs ont des propriétés sédatives, ce qui peut
offrir des avantages. Par exemple, une femme qui a des pro-
blèmes d’anxiété et d’insomnie éprouve souvent du soula-
gement après avoir pris de la progestérone par voie orale.
Certains de ces métabolites de la progestérone sont présents
pendant la grossesse lorsque les niveaux de progestérone
sont très élevés, et typiquement cela confère aux femmes
une plus grande sérénité et égalité d’humeur pendant le
troisième trimestre.

Administration par voie transdermique


Les humains savent depuis des millénaires que la peau cons-
titue une excellente voie d’administration des remèdes. De
fait, on pourrait dire que les cataplasmes sont les précur-
seurs des timbres transdermiques actuels. L’administration
par voie transdermique permet aux hormones ou aux médi-
caments absorbés par les vaisseaux sanguins de la peau de
se rendre directement au cœur pour ensuite être distribués à
tous les tissus. (à l’exception des hormones appliquées sur
l’abdomen, qui iront directement au foie.) Les hormones fa-
briquées par les ovaires et les glandes surrénales passent
aussi directement dans le sang, vont vers le cœur pour être
ensuite distribuées à tous les tissus du corps, généralement
sans passer par le foie. Ainsi, si le but visé est de distribuer
les hormones dans tout le corps d’une façon aussi naturelle
que possible, l’option à privilégier est de les appliquer sur la
peau. On peut dire d’ailleurs que l’évidence en faveur de
l’administration transdermique des hormones s’accumule de
plus en plus.

57
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

La dose d’œstradiol libérée par un timbre varie entre 25


microgrammes (0,025 mg) à 100 microgrammes par jour.
Pour les crèmes magistrales, la dose moyenne d’œstradiol
peut aller de 100 à 200 microgrammes (0,1 to 0,2 mg) par
jour. Il a été démontré que seulement 50 microgrammes
d’œstradiol par jour administrés par le biais d’un timbre
peuvent aider à régénérer la masse osseuse et soulager les
bouffées de chaleur alors qu’il faut au moins 500 micro-
grammes (0,5 mg) d’œstradiol oral pour arriver au même
but. De plus, l’administration transdermique des œstrogènes
ne semble pas avoir les effets négatifs sur les protéines hé-
patiques constatés avec les œstrogènes oraux. Les œstrogè-
nes oraux augmentent la tendance à la formation de caillots
sanguins alors que l’œstradiol transdermique n’a pas cet ef-
fet sur la coagulation du sang.
Si l’œstradiol appliqué sur la peau est très efficace, on
peut certainement en dire autant pour la progestérone, mal-
gré ce que le monde médical a tendance à croire. De toutes
les hormones stéroïdes, la progestérone est la plus liposolu-
ble, et par conséquent celle qui a la meilleure capacité
d’absorption par la peau. De fait, une communication pré-
sentée à la réunion annuelle de 2004 de la American Society
for Clinical Pharmacology and Therapeutics faisait état d’un
projet de recherche comparant l’administration de progesté-
rone orale (200 mg par jour) ou transdermique (40 mg deux
fois par jour). On a constaté qu’une quantité identique de
progestérone était libérée dans le sang sur une période de 24
heures.
Une autre étude a montré que l’application de progesté-
rone sur la peau des rats a causé une accumulation de pro-
gestérone dans les tissus des poumons, des glandes
salivaires, du cerveau et de l’utérus. En particulier, le niveau
de progestérone dans l’utérus était huit fois plus élevé que

58
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

ce qui avait été mesuré dans le sang. Dans une étude d’une
année pendant laquelle 43 femmes ont utilisé de la crème à
la progestérone, on a démontré que cette dernière était plus
efficace qu’un placebo pour le soulagement des bouffées de
chaleur. Ce qui ressort de ces études est que la crème à la
progestérone apporte des bienfaits démontrables aux fem-
mes.
Cependant, dans les milieux médicaux on avance sou-
vent l’argument que la progestérone n’empêche peut-être
pas la muqueuse de l’utérus d’épaissir sous l’effet de
l’œstrogène, et que ceci augmente le risque de cancer de
l’endomètre. Une étude examinant cette question a été pu-
bliée en 2003. Vingt participantes prenant du Premarin ont
utilisé soit de la crème à la progestérone ou une progestine
(Provera ). Après six mois, l’analyse des biopsies obtenues
a montré qu’il n’y avait aucune différence dans l’état de
l’endomètre des deux groupes de femmes, ce qui a prouvé
que la progestérone était tout aussi efficace que la proges-
tine (Provera ) pour protéger l’endomètre. Le docteur Hé-
lène Leonetti, un des auteurs de cette étude, est une
obstétricienne-gynécologue qui prescrit de la crème à la
progestérone à ses patientes. S’appuyant sur son expérience
avec plus de 3 000 patientes, elle rapporte que cette théra-
pie est sécuritaire, bien tolérée et efficace pour la prévention
du cancer de l’utérus et de l’hyperplasie de l’endomètre.
Une étude publiée en 1995 a constaté que la crème à la pro-
gestérone appliquée sur les seins dans le cadre d’une THS
comprenant de l’œstradiol a efficacement éliminé la stimu-
lation cellulaire qui se produit avec l’œstradiol seul. Ces
études, et plusieurs autres du genre, confirment le fait que la
crème à la progestérone est bien absorbée par la peau et a un
effet significatif sur les tissus.

59
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

D’autres façons d’administrer la progestérone compren-


nent les suppositoires et les gels vaginaux. L’application de
gel vaginal donne des niveaux sanguins plus élevés et plus
stables de progestérone, sans la conversion vers les métabo-
lites de la progestérone qui se produit avec l’administration
orale. Le vaporisateur nasal est un autre moyen efficace
d’administrer la progestérone – une application de 30 mg
par jour équivaut à 200 mg de progestérone orale. Les étu-
des confirment que la progestérone est facilement absorbée
par ces différents sites, dont la peau, le vagin et même les
muqueuses des voies nasales.
Bien qu’il n’y ait pas encore eu d’étude de la progesté-
rone de l’envergure de l’étude WHI, qui a duré dix ans et
regroupé 16 000 femmes, l’évidence s’accumule que la
crème à la progestérone est bien absorbée par les tissus. La
principale préoccupation est de savoir si elle est en mesure
de prévenir l’épaississement de l’endomètre chez les fem-
mes sous œstrogénothérapie. Il n’y a pas de réponse défini-
tive sur ce point, mais tel que mentionné auparavant, des
études sur les rats ont démontré que les niveaux de proges-
térone dans l’utérus augmentent de façon significative avec
l’utilisation d’une crème à la progestérone.
Une mise en garde s’impose ici car il y a des femmes
qui utilisent des crèmes à l’igname sauvage (Dioscorea Vil-
losa) croyant qu’elles en retireront les mêmes bienfaits
qu’avec la crème à la progestérone. De fait, les composantes
de l’igname sauvage, notamment la diosgénine, ne se
convertissent pas en progestérone dans le corps. La confu-
sion vient probablement du fait que les laboratoires qui fa-
briquent la progestérone se servent de l’igname sauvage
comme point de départ pour la fabrication de la progesté-
rone, et certains fabricants ajoutent également un extrait
d’igname sauvage à leur crème à la progestérone. En der-

60
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

nière analyse, une crème à l’igname sauvage ne fonctionne


pas de la même façon qu’une crème à la progestérone. Si
vous recherchez les bienfaits de la progestérone il faut vous
assurer que la crème que vous utilisez contient bien de la
progestérone.
Bien des praticiens de la santé s’inquiètent de la qualité
variable des formulations à base de progestérone. La crème
à la progestérone est disponible sans ordonnance aux États-
Unis et certaines de ces crèmes en vente libre se retrouvent
au Canada (où la crème à la progestérone n’est pas en vente
libre). À l’analyse, on sait que certaines de ces crèmes ne
contiennent pas du tout de progestérone, mais par contre il y
en a d’autres qui contiennent une concentration adéquate de
progestérone, sont de bonne qualité et ont été utilisées avec
succès par des milliers de femmes. La qualité des crèmes
hormonales préparées en pharmacie (crèmes magistrales)
peut aussi varier selon le degré de connaissance et de com-
pétence du pharmacien (Voir Annexe A – Produits hormo-
naux bio-identiques). Il vaut mieux faire affaire avec un
pharmacien préparateur qui se spécialise dans la préparation
des crèmes hormonales dispensées sous ordonnance..
DOSES D’HORMONES
Souvenez-vous que les œstrogènes oraux sont bien absor-
bés, mais que seulement 10 % de ce que vous avalez de-
meure dans sa forme originale. Le reste est transformé en
d’autres œstrogènes comme le sulfate d’œstrone. Malheu-
reusement, les cellules mammaires cancéreuses accumulent
le sulfate d’œstrone et l’utilisent pour nourrir les tumeurs.
Afin d’éviter une accumulation d’œstrone ou de sulfate
d’œstrone, il est donc évident que la plus petite dose possi-
ble d’œstradiol ou d’œstrone devrait être utilisée pour sou-
lager les symptômes et rétablir l’équilibre hormonal.
L’œstradiol administré par voie transdermique, à la plus pe-

61
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

tite dose efficace, aidera à réduire les risques associés à


l’œstrogénothérapie.
La flexibilité dans les dosages est un autre point impor-
tant. La recherche révèle que la fidélité à la THS augmente
lorsque les femmes participent à la prise de décision quant
au mode d’administration et au dosage des hormones. Les
formulations de crèmes hormonales bio-identiques faites sur
mesure par un pharmacien préparateur offrent cette flexibili-
té car les dosages peuvent facilement être ajustés à des frac-
tions de milligrammes près.

POURQUOI PRENDRE DES SUPPLÉMENTS


D’HORMONES ?
La substitution hormonale n’est-elle pas une contradiction ?
Après tout, il est naturel que les niveaux d’hormones bais-
sent après la ménopause. Nos arrière-grand-mères n’ont ja-
mais utilisé d’hormones de remplacement, et elles se sont
tirées d’affaire. Pourquoi devrions-nous intervenir ? Pour-
quoi ne pas laisser faire la nature ? Bien sûr, les femmes de-
vraient faire tout en leur pouvoir pour maintenir l’équilibre
hormonal naturellement grâce à un régime alimentaire sain,
en faisant de l’exercice, en évitant les toxines et en faisant
usage de plantes et de suppléments alimentaires. Mais
même les femmes qui font toutes ces choses peuvent avoir
besoin de suppléments hormonaux. Notre environnement et
notre approvisionnement alimentaire sont bien différents de
ce qu’ils étaient il y a un siècle. En général, les femmes de
nos jours consomment moins de légumes et autres végétaux
(et par conséquent moins de plantes à effet hormonal) et
plus de produits chimiques d’invention humaine que les gé-
nérations précédentes. Les femmes de nos jours ont égale-
ment à faire face à des stress différents et leur style de vie
est beaucoup plus trépidant, avec moins d’heures de som-

62
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

meil, des aliments pauvres en nutriments, trop de caféine et


pas assez de temps de relaxation. Tout ceci peut contribuer à
l’épuisement surrénalien. Bien des femmes ont subi une
hystérectomie ou d’autres chirurgies qui affectent l’état
hormonal et par conséquent ne fabriquent plus assez
d’hormones sexuelles. Si la supplémentation hormonale
peut aider à rétablir l’équilibre, alors pourquoi s’en passer et
souffrir inutilement ?
Malheureusement, l’équilibre hormonal est encore quel-
que chose qui ne préoccupe pas beaucoup de gens. Bien peu
de médecins effectuent des suivis sur les niveaux hormo-
naux, et même s’ils le font, ils ne mesurent en général que
l’œstradiol ou la progestérone dans le sérum du sang. Mais
l’œstradiol n’est qu’une des pièces du casse-tête de
l’œstrogène, et les niveaux d’œstradiol ne reflètent pas
l’accumulation du sulfate d’œstrone. La progestérone séri-
que (suite à une analyse du sang) capte non seulement la
progestérone, mais également les métabolites de la proges-
térone. Par conséquent, la progestérone sérique peut ne pas
donner une idée exacte de l’équilibre entre les œstrogènes et
la progestérone. Au chapitre 6 vous trouverez une discus-
sion approfondie de l’importance de l’analyse des hormones
pour contrôler et rétablir l’équilibre hormonal.
Plusieurs chercheurs et médecins croient que la meil-
leure stratégie de substitution hormonale est d’administrer
les hormones de façon naturelle et logique, en harmonie
avec les processus et rythmes corporels. Jonathan Wright,
un pionnier respecté de la médecine naturelle, faisait remar-
quer que des visiteurs d’une autre planète seraient proba-
blement étonnés de nous voir prendre des œstrogènes d’une
autre espèce. Le docteur Wright a osé suggérer que nous
respections les processus naturels qui sont en place depuis
qu’il y a des humains sur la terre. En d’autres mots, il fau-

63
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

drait donner des hormones humaines aux humains, les ad-


ministrer pour qu’elles soient métabolisées de la même fa-
çon que si le corps les produisait, garder le bon équilibre
entre les hormones et surtout, ne pas donner des doses qui
excèdent ce dont le corps a besoin.
Au début de 2004, le livre de Suzanne Somers « The
Sexy Years » a été publié. Mme Somers a rendu un grand
service aux femmes en mettant les THS bio-identiques en
évidence. L’attention dont a bénéficié son livre a habilité
bien des femmes à chercher de l’aide en vue de régler leurs
problèmes hormonaux. Toutefois, le livre de Mme Sommers
soulève la controverse sur deux points mis en évidence dans
son entrevue avec le docteur Schwarzbein (chapitre cinq de
The Sexy Years), notamment que les femmes devraient avoir
des règles lorsqu’elles prennent des hormones et que la THS
continue est nocive pour les glandes surrénales.
Le docteur Schwarzbein avance l’argument que les
femmes ménopausées devraient continuer à être menstruées
car l’absence de règles constitue un état similaire à la gros-
sesse, et la grossesse entraîne des risques pour la santé. No-
tre position est que sur le plan biologique il y a de très
bonnes raisons pour lesquelles les femmes ménopausées
n’ont plus de règles. La ménopause est le stade de la vie où
le corps peut enfin se reposer des années d’exposition à
l’œstrogène qui ont précédé. On sait que les femmes qui
n’ont jamais donné naissance à un enfant ou qui ont eu leur
premier enfant assez tard dans leur vie, sont davantage à
risque de cancer du sein à cause de leur exposition prolon-
gée aux œstrogènes. Bien que le docteur Schwarzbein sug-
gère que les femmes enceintes sont plus à risque de cancer
du sein, l’évidence du contraire est absolument claire. En
2004, une communication scientifique intitulée Breast can-
cer: the protective effect of pregnancy affirme ce qui suit :

64
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

« Il a été fermement établi par le biais d’études épidémiolo-


giques qu’une grossesse menée à terme tôt dans la vie
confère une protection permanente contre le développement
du cancer du sein. » Cette protection contre le cancer du
sein offerte par la grossesse peut être réduite si une femme
souffre d’insulinorésistance (voir l’encadré), mais la gros-
sesse n’est pas la cause de ce problème – ce sont les régimes
alimentaires riches en glucides raffinés qui seraient plutôt à
blâmer.

LA RÉSISTANCE À L’INSULINE
L’insuline est une hormone secrétée en réponse à
une augmentation du glucose dans le sang. Le glu-
cose provient de la désintégration des aliments
dans le système digestif, et les glucides raffinés font
augmenter les niveaux de glucose très rapidement.
Dans le cas d’insulinorésistance, les niveaux d’insu-
line demeurent élevés car les tissus ne répondent
pas au message que l’insuline essaie d’apporter
aux cellules. Des niveaux élevés d’insuline sur une
longue période de temps augmentent le stockage
du gras, et peuvent accroître le risque de diabète et
de cancer chez les femmes.
Des niveaux élevés de DHEAS et de testosté-
rone sont souvent présents chez les femmes ayant
une insulinorésistance.

En dernière analyse, il n’est pas normal pour les fem-


mes dans la cinquantaine d’avoir des règles. Faire en sorte
que les femmes continuent à être menstruées dans la cin-
quantaine et la soixantaine suppose l’administration d’assez
d’œstrogène pour faire épaissir la muqueuse de l’utérus et
déclencher un saignement (à cause de la desquamation de
l’endomètre). Pourquoi alors donner autant d’œstrogène et
potentiellement accroître le risque de cancer du sein dans

65
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

une période de la vie où le risque est déjà élevé ?


L’approche rationnelle est de donner la plus petite dose
d’œstrogène qui puisse arriver à soulager les symptômes.
Le but ne devrait pas être de transformer les femmes de
soixante ans en jeunes de vingt ans. Le corps de la femme
n’est pas fait pour avoir des règles au-delà du début de la
cinquantaine, et nous devons respecter cette disposition de
la nature et ne pas chercher à prolonger indûment l’état
hormonal des années reproductives.
Le docteur Schwarzbein soutient également qu’une
pause dans la prise d’hormones est nécessaire chaque mois
car le traitement au Premarin® et Provera® crée un stress
pour les glandes surrénales. Nous ne savons pas vraiment si
tel est le cas, mais le fait est que le protocole standard pour
la THS « bio » met en pratique cette recommandation du
docteur Schwarzbein, car une pause mensuelle de cinq à
sept jours dans l’application de la progestérone et de
l’œstrogène est suggérée. Cependant, la THS « bio » ne peut
se comparer à la thérapie continue avec le Premarin® et le
Provera®. La différence d’approche est essentiellement liée
au dosage des hormones. Le docteur Schwarzbein prescrit
des doses plus importantes d’hormones pour produire un
saignement de retrait (une menstruation), alors que nous
préconisons la plus petite dose possible qui soit en mesure
de soulager les symptômes. Qui plus est, les doses élevées
d’œstrogène nécessaires pour déclencher un saignement de
retrait vont très probablement augmenter les réserves de sul-
fate d’œstrone. Tel que discuté précédemment, le sulfate
d’œstrone peut agir comme une sorte d’ « engrais » pour les
cellules mammaires cancéreuses.
Le but ultime de la THS bio est d’aider les femmes à se
sentir mieux, et d’y arriver de façon efficace et sécuritaire.

66
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

Les points suivants constituent les fondements de la thérapie


hormonale bio-identique.
(1) La THS bio-identique à court terme (moins de cinq
ans) pour faciliter le passage du début de la méno-
pause. La THS « bio » à court terme semble être bien
tolérée et soulage efficacement les symptômes de la
ménopause. Toutefois, si la durée de la thérapie est res-
treinte à seulement 2 ou 3 ans, alors la THS convention-
nelle pourrait être une option acceptable pour les
femmes et leurs médecins, compte tenu du soulagement
qu’elle peut apporter et des risques modérés d’une utili-
sation à court terme.
(2) La THS bio-identique à long terme (plus de 10 ans)
pour combler les déficiences hormonales créées par
la chirurgie gynécologique (p. ex. l’hystérectomie
et/ou l’ovariectomie). À noter que même si les ovaires
sont épargnés, ils vont souvent cesser de fonctionner
dans les mois ou les années qui suivent l’ablation de
l’utérus. Les femmes à qui on enlève les ovaires avant la
ménopause vieillissent plus rapidement et courent un
plus grand risque de maladie de cœur et de perte de
masse osseuse si les hormones ne sont pas remplacées.
(3) La THS bio-identique à long terme (plus de 10 ans)
pour la postménopause, dans le but d’améliorer la
santé, réduire les risques de maladies chroniques tel-
les que les cardiopathies, l’ostéoporose et les démen-
ces. Bien que l’on n’ait pas de données absolument
claires sur l’usage à long terme de la THS « bio », il y a
quand même des indications intéressantes que les hor-
mones bio-identiques devraient aider à prévenir les car-
diopathies, la perte de masse osseuse et la démence à la
post-ménopause. Si quelque chose est sécuritaire pour le

67
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

long terme, ce sera également sécuritaire pour le court


terme. Malheureusement, il n’y a en ce moment aucune
étude qui confirme l’innocuité à long terme de
n’importe quelle forme de remplacement hormonal.
EN BREF…
Il y a bien des scientifiques et des médecins de nos jours qui
croient que la science connaît tout, qu’elle peut faire mieux
que la nature, et que nous pouvons nous amuser à modifier
le système hormonal malgré sa complexité inimaginable et
ses interactions avec tous les systèmes du corps. Mais
qu’en est-il de l’approche logique à la THS qui n’est pas en-
seignée aux étudiants en médecine ? Cette approche est reje-
tée comme n’étant pas « scientifique », mais en réalité elle
fait beaucoup plus de sens que de chercher à introduire des
hormones synthétiques non bio-identiques dans le corps
humain. L’étude WHI avait pour but de prouver aux fem-
mes qu’elles pouvaient vivre plus longtemps et en santé
avec la THS, mais au lieu de cela elle a démontré que
l’œstrogène équin conjugué et le MPA font clairement
échec à cet objectif. Malheureusement, bien des femmes et
leurs médecins se méfient maintenant de toutes les formes
de THS.
Nous sommes devant une impasse concernant le rem-
placement hormonal. Bon nombre de professionnels de la
santé choisissent d’abandonner ce concept pour l’instant et
attendre (potentiellement en vain) pour que l’évidence soit
plus claire ou encore ils acceptent la manipulation médiati-
que qui a suivi l’étude WHI et continuent à prescrire les
mêmes hormones mais avec plus de restrictions. Il y a pour-
tant une autre option : on pourrait examiner cette question
sous un angle nouveau, en s’appuyant sur des principes fon-
damentaux. Tel est le raisonnement qui sous-tend la THS
bio-identique. Il est vrai que l’évidence pour la THS bio

68
CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS

n’est pas infaillible. Nous ne savons pas encore si cette


forme de THS sera 100 % sécuritaire pour toutes les fem-
mes pendant toute leur vie suivant la ménopause. Par contre,
le gros bon sens combiné à l’évidence que nous avons jus-
qu’à maintenant suggère que les hormones bio-identiques,
administrées d’une façon qui s’apparente de près aux pro-
cessus et rythmes naturels du corps, s’avérera plus sécuri-
taire et efficace que tout ce que nous avons inventé en
laboratoire jusqu’à maintenant.

69
PARTIE DEUX

3 Simples étapes

1) Évaluation des symptômes


2) Dépister les déséquilibres hormo-
naux avec le test salivaire
3) Rétablir l’équilibre hormonal

71
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

CHAPITRE CINQ

ÉTAPE 1
Évaluation des symptômes

Dans le dernier chapitre, nous avons discuté des raisons


pour envisager l’utilisation de la thérapie hormonale de
substitution (THS) bio-identique à court ou à long terme.
Bien des femmes se demandent si c’est vraiment nécessaire
de prendre des hormones si le seul problème qu’elles ont
sont des symptômes incommodants. En réponse, on peut
poser la question : « À quel point les symptômes sont-ils in-
commodants ? » Pour bien des femmes, les symptômes as-
sociés au déclin hormonal à la ménopause ont un impact sur
leur capacité de fonctionner normalement et de poursuivre
leurs activités quotidiennes. Dans de tels cas, une forme
quelconque d’intervention devient une nécessité. Il n’est pas
nécessaire de souffrir en silence. En plus d’avoir un impact
sur la qualité de vie, les déséquilibres hormonaux peuvent
être un facteur dans le développement les maladies chroni-
ques, de sorte qu’il vaut mieux examiner les symptômes et
voir à régler les problèmes avant que cela ne se produise.
Les symptômes peuvent être associés avec des déficien-
ces ou des excès de chacune des principales catégories
d’hormones stéroïdes : les œstrogènes, la progestérone, les
androgènes et leurs précurseurs, et les glucocorticoïdes
(spécifiquement le cortisol). L’évaluation des symptômes,
ainsi que les tests hormonaux sont une excellente façon de

73
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

cerner les problèmes hormonaux. L’abandon prématuré du


volet Premarin®-Provera® de l’étude WHI a rendu bien des
médecins hésitants à prescrire les thérapies hormonales de
substitution (THS). Ils se rendent compte qu’il faut prendre
le temps de discuter avec les patientes des buts à viser avec
la THS et clairement définir les raisons d’y avoir recours.
Documenter les symptômes et les relier à des niveaux hor-
monaux identifiés par des tests aide à justifier l’utilisation
de la THS auprès des patientes. Les médecins découvrent
aussi que le déséquilibre entre les groupes d’hormones peut
expliquer certains symptômes.

LES SYMPTÔMES DE LA MÉNOPAUSE


Les récepteurs hormonaux sont présents dans presque tous
les tissus, de sorte que lorsqu’il y a une baisse du niveau des
hormones, les effets se font sentir partout dans le corps. Les
récepteurs des hormones sexuelles sont particulièrement
nombreux dans le cerveau, les vaisseaux sanguins, les orga-
nes du système reproducteur, l’urètre (canal de sortie de la
vessie) et les os. Plusieurs symptômes sont reliés à la méno-
pause, et bien que certains puissent être expliqués par un
état de déficience ou de déséquilibre hormonal, d’autres ne
tombent pas dans cette catégorie. Ce qui suit est une brève
description des symptômes les plus communs de la méno-
pause et la façon dont ils sont reliés à l’état hormonal.
L’anxiété : L’anxiété est fréquemment associée à un excès
d’œstrogènes par rapport à la progestérone. L’œstradiol et la
progestérone exercent des effets opposés sur les neurones
du cerveau : la progestérone est calmante alors que
l’œstradiol est stimulant. Il arrive qu’à la ménopause la pro-
gestérone baisse plus rapidement que l’œstradiol, ce qui
mène à un état anxieux et excitable.

74
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

Problèmes de vessie : La vessie contient beaucoup de ré-


cepteurs d’œstrogène, et la baisse du niveau d’œstrogène
peut causer un amincissement ou une atrophie de l’urètre (le
canal d’évacuation de l’urine), ce qui entraîne des infections
du tractus urinaire et/ou de l’incontinence. L’incontinence
urinaire est la perte involontaire d’urine qui se produit sou-
vent au cours de certaines activités, comme rire ou éternuer,
ce qui accroît la pression dans la région abdominale et fait
s’ouvrir le sphincter de l’urètre. Des petites doses
d’œstrogène peuvent souvent aider à régler ce problème.
Ballonnements : La rétention d’eau est fréquemment la
cause des ballonnements. Avoir trop d’œstrogène ou pas as-
sez de progestérone peut causer une accumulation de fluide
dans les tissus. La progestérone agit comme diurétique natu-
rel et aide à éliminer les fluides et à réduire les effets de
l’excès d’œstrogène.
Sensibilité des seins : Comme on peut s’y attendre, les tis-
sus mammaires sont également dotés de beaucoup de récep-
teurs hormonaux. La sensibilité des seins est le résultat d’un
excès relatif d’œstrogènes par rapport à la progestérone. Ce-
la peut être attribuable à trop d’œstrogène ou trop peu de
progestérone ou les deux à la fois. De plus, l’utilisation d’un
excès de progestérone peut occasionner un gonflement des
seins. (L’excès de progestérone se convertit en déoxycorti-
costérone, un métabolite qui peut faire gonfler les seins.)
La dépression : Les déficiences en œstrogènes ou en an-
drogènes peuvent contribuer à la dépression. Le cortisol
élevé le soir et l’utilisation d’un excès de progestérone sont
également associés à la dépression. Les femmes qui ont un
historique de dépression clinique avant la ménopause sont
davantage à risque de souffrir de dépression pendant la mé-
nopause. De multiples facteurs sont en cause dans la dépres-

75
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

sion, mais corriger les déséquilibres hormonaux est un bon


point de départ pour régler les problèmes d’humeur.
Bouffées de chaleur et sueurs nocturnes : Chez certaines
femmes les « chaleurs » sont un phénomène puissant ! Une
bouffée de chaleur produit habituellement une transpiration
abondante pendant une à cinq minutes et peut se produire
seulement à quelques reprises dans l’année ou encore à tou-
tes les heures du jour. Environ les trois quarts des femmes
ont des bouffées de chaleur pendant la ménopause. Pour 15
à 25 % des femmes, les bouffées de chaleur peuvent avoir
un effet débilitant, entraîner la dépression et, dans le cas des
sueurs nocturnes, l’insomnie chronique. Les bouffées de
chaleur persistent typiquement pendant environ deux ans,
bien que certaines femmes disent en avoir pendant des dé-
cennies après la ménopause.
Bien que la cause précise des bouffées de chaleur soit
encore inconnue, il est évident qu’il ne s’agit pas stricte-
ment d’un symptôme de manque d’œstrogène. Les femmes
à qui nous prescrivons de l’œstrogène ont souvent un
soulagement de leur bouffées de chaleur, mais nous savons
que les femmes dont le niveau d’œstrogène est élevé
peuvent aussi avoir des bouffées de chaleur. En d’autres
mots, un faible niveau d’œstrogène n’est pas la seule
explication des bouffées de chaleur. Pour compliquer les
choses, au sein de certaines cultures ce problème n’existe
pas. Sachant que la biologie humaine est la même pour tou-
tes les femmes, pourquoi y en a-t-il qui ont des bouffées de
chaleur alors que d’autres n’en ont pas du tout ?
Le type corporel est un facteur qui peut jouer un rôle.
Les femmes minces risquent davantage d’avoir des bouffées
de chaleur car elles ont moins de cellules adipeuses et par
conséquent fabriquent moins d’aromatase pour convertir les
androgènes en œstrogènes. Les femmes qui ont atteint la

76
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

puberté avant l’âge de 12 ans, les femmes avec des cycles


irréguliers et celles chez qui la ménopause arrive avant l’âge
de 52 ans semblent avoir davantage de bouffées de chaleur.
De plus, il y a un certain nombre de facteurs reliés au
style de vie et à l’alimentation qui peuvent contribuer à la
probabilité d’avoir des bouffées de chaleur. Ainsi, on a éta-
bli un lien entre les bouffées de chaleur et le tabagisme, la
consommation d’alcool et le niveau de scolarité (p. ex. des
études secondaires non complétées). De plus, le diabète est
associé aux bouffées de chaleur et la consommation de su-
cre peut les faire augmenter en nombre et en intensité. Un
autre facteur important est le stress. Pour certaines femmes,
les bouffées de chaleur ne sont apparues qu’à la suite d’un
stress majeur. Chez les populations qui consomment beau-
coup de phytoestrogènes tels que le soja, les femmes ont
moins de bouffées de chaleur. Les facteurs culturels jouent
également un rôle. Les sociétés occidentales ont générale-
ment une attitude négative devant le vieillissement car les
personnes âgées sont considérées comme moins utiles à la
société, ce qui entraîne des conséquences psychologiques
pour les femmes qui arrivent à la ménopause.
L’irritabilité : L’irritabilité peut être causée par différents
facteurs hormonaux. L’excès d’œstrogène par rapport à la
progestérone est un déséquilibre hormonal qui produit sou-
vent une augmentation de l’irritabilité. D’autres facteurs
dans l’irritabilité peuvent être le manque d’androgènes ou
l’excès de cortisol. Si l’irritabilité est le symptôme prédo-
minant, il serait sage de faire analyser les hormones pour
mieux diagnostiquer le problème. Le chapitre 6 décrit ce
genre d’analyse en détail.
Manque de concentration et confusion mentale :
L’œstradiol est nécessaire au transport du glucose vers le
cerveau, ce qui veut dire que trop peu d’œstradiol peut ré-

77
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

duire l’énergie disponible aux cellules du cerveau et causer


la confusion mentale. L’utilisation d’une dose excessive de
progestérone peut aussi contribuer à ce problème. D’autre
part, le cortisol trop élevé ou un manque de testostérone
peut nuire à la mémoire. Si la confusion mentale est un pro-
blème majeur pendant la ménopause, il vaut mieux faire ef-
fectuer une analyse pour confirmer quelle hormone pourrait
être en cause.
La peau : Plusieurs femmes se plaignent d’une perte impor-
tante d’élasticité de la peau quand la ménopause arrive. On
sait que l’œstrogène aide à maintenir l’apparence et
l’élasticité de la peau. Pour certaines femmes, ceci est raison
suffisante pour prendre un supplément d’œstrogène. Mais il
est important de se souvenir que les œstrogènes doivent tou-
jours être contrebalancés par la progestérone et qu’il faut
utiliser la plus faible dose possible d’oestrogène.
Problèmes de sommeil : La déficience œstrogénique peut
contribuer directement ou indirectement aux problèmes de
sommeil. L’œstrogénothérapie s’est avérée efficace pour
améliorer le sommeil chez les femmes qui ont des symptô-
mes de la ménopause. Le manque d’œstrogène peut aussi
affecter le sommeil indirectement à cause des sueurs noc-
turnes. La supplémentation avec la progestérone, surtout par
voie orale, peut également améliorer la qualité du sommeil.
Sécheresse vaginale : Si la cause des bouffées de chaleur
n’est pas toujours évidente, on sait par contre que la séche-
resse vaginale est une conséquence directe de la baisse des
œstrogènes. Quand les niveaux d’œstrogène diminuent, il
faut quelques années pour que les effets se fassent sentir,
mais éventuellement cette baisse produit un assèchement et
un amincissement des tissus du vagin et de la région géni-
tale. Des niveaux réduits d’androgènes contribuent égale-

78
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

ment à la sécheresse vaginale car les hormones mâles aident


à maintenir la santé et l’intégrité des tissus.
Gain de poids : Le gain de poids à la taille peut être associé
à des niveaux élevés de cortisol. Une élévation de cette
hormone du stress peut aussi causer une instabilité du glu-
cose sanguin et des fringales de sucre. Le gain de poids aux
hanches peut survenir lorsqu’il y a un excès relatif
d’œstrogènes par rapport à la progestérone. La dominance
en œstrogène peut également entraver le fonctionnement
des hormones de la thyroïde et favoriser un gain de poids,
même si les tests de cette glande sont normaux. Rétablir
l’équilibre des différentes hormones peut faciliter la perte de
poids. Toutefois, n’oublions pas que plusieurs facteurs peu-
vent influencer la prise de poids à la ménopause.

GROUPES DE SYMPTÔMES
Toute une panoplie de symptômes peut accompagner
l’arrivée de la ménopause, et bien que les symptômes pris
individuellement puissent aider à comprendre ce qui se
passe au niveau de l’équilibre hormonal, il en va de même
pour les groupes de symptômes. Chez certaines femmes,
les symptômes donnent une idée exacte de la situation. Par
exemple, un excès d’œstrogène par rapport à la progesté-
rone peut habituellement être facilement identifié à partir
des symptômes. Dans certains cas cependant, le schéma des
symptômes est moins clair et un test hormonal sera requis
pour confirmer la nature du déséquilibre. Voici quelques
schémas de l’état hormonal de la ménopause.
Les œstrogènes
Les symptômes associés à la dominance en œstrogène figu-
rent au Tableau 2. Plusieurs médecins et leurs patientes se
créent des problèmes avec des dosages trop élevés
d’œstrogène. Il faut une quantité appropriée d’hormones

79
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

pour obtenir une réponse optimale des cellules. En présence


d’un excès d’hormones, les cellules chercheront à se proté-
ger en diminuant le nombre de récepteurs hormonaux. En
anglais on parle de « down-regulation », c’est-à-dire d’une
réduction de la réponse cellulaire. La réduction de la ré-
ponse cellulaire peut produire des symptômes de déficience
œstrogénique même si on administre de l’œstrogène en
quantité plus que suffisante. L’œstrogène est présent, mais
les cellules ne reçoivent pas son message. La solution est de
diminuer la dose d’œstrogène et donner au corps la chance
de se réajuster. D’autre part, l’excès d’œstrogène produit
plusieurs symptômes qui peuvent être associés à
l’hypothyroïdie. Un excès d’œstrogène dans le système en-
trave l’action des hormones thyroïdiennes dans le noyau de
la cellule, même si les niveaux de ces hormones sont nor-
maux.

Les oestrogènes
Déficience Excès
Bouffées de chaleur Sautes d’humeur
Sueurs nocturnes Sensibilité des seins
Sécheresse vaginale Rétention d’eau
Confusion mentale Confusion mentale
Blancs de mémoire Irritabilité
Incontinence Anxiété
Larme à l’œil Seins fibrokystiques
Dépression Gain de poids - hanches
Sommeil perturbé Changements menstruels
Palpitations Maux de tête
Perte osseuse Fibromes utérins
Basse température corp.
Fatigue
Tableau 2

80
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

La progestérone
Le Tableau 3 donne la liste des symptômes reliés aux défi-
ciences et aux excès de progestérone. Si on compare ce ta-
bleau au tableau précédent, on s’aperçoit que les symptômes
de la carence en progestérone sont les mêmes que les symp-
tômes de l’excès d’œstrogène ! La raison est que ces deux
hormones sont si étroitement interreliées que l’une ne peut
fonctionner adéquatement sans l’autre. Une certaine quanti-
té de progestérone est nécessaire pour activer les récepteurs
d’œstradiol. Sans cette quantité de base de progestérone, il
faudrait beaucoup plus que la quantité normale (et sécuri-
taire) d’œstrogène pour obtenir le même effet.

La progestérone
Déficience Excès
Sautes d’humeur Somnolence
Sensibilité des seins Gonflement des seins
Rétention d’eau Nausée
Confusion mentale Dépression
Irritabilité Confusion mentale
Anxiété Peau huileuse
Seins fibrokystiques Augmentation de l’acné
Gain de poids – hanches Pilosité faciale
Changements menstruels
Maux de tête
Fibromes utérins
Basse température corporelle
Fatigue
Tableau 3

Les symptômes de l’excès de progestérone ne se voient pra-


tiquement jamais sauf dans le contexte de la supplémenta-
tion de cette hormone. L’excès de progestérone se rencontre
plus fréquemment avec la progestérone orale parce que le

81
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

foie convertit cette dernière en métabolites solubles qui


continuent à agir sur les récepteurs de progestérone. Les
crèmes à la progestérone évitent ce surplus de métabolites
issus du « premier passage » dans le foie qui se produit avec
les hormones prises par voie orale. Il faut également prendre
en considération que certaines femmes convertissent plus
facilement la progestérone en testostérone, et que par
conséquent chez elles l’utilisation de la progestérone peut
créer des effets androgéniques.
L’équilibre entre l’œstrogène et la progestérone
Il est très important de se soucier de l’équilibre entre ces
deux hormones plutôt que de penser seulement en termes de
déficiences ou d’excès. Ainsi, un niveau normal ou légère-
ment élevé d’œstradiol, combiné à un niveau faible ou un
peu en bas de la normale de progestérone peut donner des
symptômes d’excès d’œstrogène sans que les niveaux de
chaque hormone aient besoin d’être excessivement élevés
ou faibles. C’est pourquoi les résultats d’analyses et un re-
censement des symptômes peuvent aider à comprendre
exactement ce qui se passe.
Les androgènes et leurs précurseurs
Avant la ménopause, environ la moitié de la testostérone qui
circule dans le corps est dérivée de la DHEA, hormone pro-
duite par les glandes surrénales. Le déséquilibre des glandes
surrénales et les maladies chroniques peuvent faire diminuer
les niveaux de DHEA et ainsi contribuer à une carence en
testostérone. Bien des femmes ménopausées ont tendance à
avoir ce problème. De plus, les femmes qui se font enlever
les ovaires sont privées de cette source de testostérone. Les
activités de recherche sur la substitution des androgènes
chez les femmes se sont intensifiées ces dernière années car

82
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

ces hormones sont importantes à l’équilibre hormonal glo-


bal.
Le cortisol est une hormone qui joue un rôle clé dans le
fonctionnement des androgènes. Des études indiquent que la
testostérone active les mêmes gènes, mais en sens inverse.
Ainsi, une femme ayant un niveau normal de testostérone
mais un niveau élevé de cortisol pourrait avoir des symptô-
mes de manque de testostérone. Ceci est un exemple de dé-
ficience fonctionnelle. Le niveau d’une hormone peut être
normal, mais le système se comporte comme s’il y avait une
déficience de cette hormone. De là l’importance d’analyser
toute la gamme des hormones afin de déceler les problèmes
sous-jacents.

Les androgènes
Déficience Excès
Dépression Acné
Fatigue Peau huileuse
Perte osseuse Pilosité excessive
Sécheresse vaginale Prise de poids
Perte de libido Résistance à l’insuline
Troubles de sommeil Ovaires polykystiques
Perte de masse osseuse Irritabilité
Incontinence Perte de cheveux
Perte de mémoire
Douleurs/raideurs musculaires
Confusion mentale Tableau 4

Le cortisol
Bien peu de médecins pensent au cortisol, sauf s’il s’agit de
déficience sérieuse (p. ex. la maladie d’Addison) ou d’excès
pathologique (Syndrome de Cushing). En réalité il y a toute
une gamme de variantes entre ces deux extrêmes, et

83
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

l’équilibre hormonal ne peut être atteint à moins de se sou-


cier de cette hormone. Il est important de noter que les ni-
veaux de cortisol montent et descendent dans le courant de
la journée. La production de cortisol est à son maximum
dans la première heure après le réveil, puis diminue graduel-
lement pendant la journée pour atteindre son niveau le plus
bas pendant le sommeil. Cette variation du niveau de corti-
sol au cours de la journée peut être facilement documentée
au moyen d’un test salivaire des hormones. Quatre échantil-
lons de salive sont recueillis : un le matin (dans la première
heure après le réveil), un avant le déjeuner (le midi), un au-
tre avant le dîner et finalement un au coucher. On établit un
graphique à partir des données de l’analyse.

Profil du cortisol salivaire

Durée (heures)

Figure 5

La figure 5 montre une configuration normale du cortisol en


quatre prélèvements. La partie ombragée illustre le mode
normal de libération du cortisol. Si un point ou l’autre tom-
bait à l’extérieur de la partie ombragée, cela pourrait signi-

84
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

fier qu’il existe un problème au niveau des glandes surré-


nales.
Les personnes ayant un profil de cortisol plat (pas de
montée de cortisol le matin), souffrent généralement de fati-
gue surrénalienne. Ces personnes souffrent de léthargie le
matin, de fatigue, d’hypoglycémie, de perte de capacité de
penser quand elles sont stressées, de manque de tolérance à
l’exercice, d’un sentiment de burnout et d’incapacité de
composer avec la vie en général. Un autre profil qu’on voit
communément est le cortisol qui monte normalement le ma-
tin, mais demeure élevé l’après-midi et le soir. Les person-
nes qui ont ce profil ont souvent de la difficulté à dormir,
éprouvent de la « fatigue agitée » et peuvent avoir une gly-
cémie instable. Le cortisol chroniquement élevé peut entraî-
ner une perte de masse osseuse. Une légère élévation
chronique du cortisol est également associée avec
l’hypertension et le diabète et de plus constitue un trait
qu’on retrouve souvent chez les femmes diagnostiquées
avec le cancer du sein. Une discussion complète de tous les
profils de cortisol ne peut être offerte ici, mais le livre de
James Wilson Adrenal Fatigue: The 21st Century Syndrome
est une excellente ressource sur le sujet. Le tableau 5 ci-
dessous contient une liste des principaux symptômes asso-
ciés aux déséquilibres du cortisol. Étant donné que des
glandes surrénales en santé sont essentielles à la production
des hormones de la postménopause, tout signe de déficience
ou d’excès de cortisol devrait immédiatement faire l’objet
d’une vérification approfondie.

85
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Le cortisol
Déficience Excès
Fatigue Irritabilité
Allergies Fatigué mais sur les nerfs
Muscles endoloris Gain de poids - taille
Sentiment d’avoir froid Perte de masse musculaire
Raideur au cou Perte de masse osseuse
Infections fréquentes Hypertension
Léthargie matinale Résistance à l’insuline
Sentiment de burn-out Peu de libido
Peu de libido Troubles de la mémoire
Ne peut faire face aux Sentiment de burn-out
situations Perte de cheveux
Dépression
Tableau 5

Les hormones de la thyroïde


L’hypothyroïdie fonctionnelle est un problème très commun
qui affecte des milliers de gens au Canada. Dans les cas
d’hypothyroïdie fonctionnelle, les tests de la thyroïde sont
normaux, mais tous les symptômes d’un ralentissement de
la glande, ou hypothyroïdie, sont présents. Plusieurs fac-
teurs peuvent contribuer à l’hypothyroïdie fonctionnelle, no-
tamment les déficiences en nutriments tels que le sélénium
et le zinc, un excès relatif d’œstrogène, un manque de pro-
gestérone et un excès ou un manque de cortisol. Voici un
exemple typique d’hypothyroïdie fonctionnelle : une femme
de 35 ans s’est fait enlever l’utérus et les ovaires, et son mé-
decin lui a prescrit de l’œstrogène administré par voie orale.
Elle ne reçoit pas de progestérone car son médecin croit
qu’elle n’en a pas besoin puisqu’elle n’a plus son utérus !
Quelques mois plus tard, elle a engraissé de 15 kilos, elle est
continuellement fatiguée, elle a toujours froid et ses che-

86
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

veux commencent à devenir clairsemés. Les tests de la thy-


roïde sont normaux et son médecin dit qu’il n’y a rien qu’il
peut faire de plus. Cette femme souffre d’une déficience
thyroïdienne fonctionnelle à cause de l’effet de l’œstrogène
non contrebalancé par la progestérone. La solution à son
problème est simple : il faut lui donner de la progestérone !
Même si elle n’a pas son utérus, le reste de son corps, y
compris tous les tissus sensibles à l’œstrogène, a besoin de
cet équilibre entre l’œstrogène et la progestérone.
Il s’agit ici de seulement quelques exemples de la
gamme complexe de symptômes associés aux déséquili-
bres hormonaux. Il arrive que les déséquilibres hormo-
naux peuvent causer le développement d’un problème
particulier, par exemple l’hypothyroïdie fonctionnelle ou
la déficience androgénique fonctionnelle. Occasionnelle-
ment, un ensemble de symptômes signale le début d’une
maladie chronique. Il y a plusieurs maladies qui préoccu-
pent les femmes ménopausées, et ce qui suit est une dis-
cussion du rôle des hormones dans le développement de
ces maladies.
LES MALADIES
La perte de masse osseuse (ostéoporose) ou amincisse-
ment des os, est une préoccupation majeure chez les fem-
mes à la postménopause. Les fractures de la hanche sont une
cause fréquente d’hospitalisation des femmes âgées et elles
sont associées à une réduction de l’espérance de vie.
Comme pour les bouffées de chaleur, il y a des facteurs re-
liés au style de vie et à la physiologie qui contribuent à la
perte de masse osseuse. Les facteurs de risque compren-
nent : avoir de petits os, fumer, consommer trop peu de cal-
cium, faire peu ou pas d’exercice contre résistance, avoir la
peau blanche, et boire beaucoup de café.

87
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Les hormones jouent aussi un rôle significatif dans le


développement de l’ostéoporose car les récepteurs hormo-
naux sont abondants dans les os. Les déficiences en œstro-
gènes et en testostérone (un androgène) ainsi qu’un excès de
cortisol peuvent tous être des facteurs dans la perte de
masse osseuse. Pour les femmes qui ont déjà perdu beau-
coup de masse osseuse, l’administration d’œstrogène et/ou
de testostérone combinée à la réduction du stress peuvent
être indiqués. Le choix des hormones à prescrire devrait être
basé sur un inventaire des symptômes et des tests hormo-
naux qui confirmeront le diagnostic. Le rôle de la progesté-
rone pour le maintien de la masse osseuse est toujours sous
étude, mais l’évidence que nous avons à date suggère que la
progestérone seule n’augmente pas la densité osseuse. Tou-
tefois, la progestérone peut augmenter l’efficacité d’autres
hormones régénératrices des os (p. ex. l’œstradiol).
Le cancer du sein est une préoccupation majeure pour les
femmes de tout âge. Les œstrogènes peuvent être à l’origine
du cancer ou accélérer la croissance des cellules cancéreu-
ses. Tel que mentionné précédemment, il y a des inquiétu-
des relativement à l’excès de métabolites de l’œstrogène,
tels que le sulfate d’œstrone ou le 4-hydroxyestrone. Ce-
pendant, les hormones ne sont pas toutes équivalentes lors-
qu’il s’agit du risque de cancer du sein. L’œstriol, le plus
faible des œstrogènes, peut avoir un effet protecteur contre
le cancer du sein. La progestérone peut également réduire le
risque de développer le cancer du sein car il peut inactiver
l’effet stimulant de l’œstrogène. Par contre, il a été démon-
tré que la progestine synthétique MPA (Provera®), aug-
mente le risque de cancer du sein.
Le cancer du sein est un domaine où il est d’une impor-
tance critique d’avoir la bonne clé hormonale pour la
« serrure » du récepteur cellulaire. Une étude britannique a

88
CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes

démontré que les femmes souffrant du cancer du sein qui


avaient un niveau adéquat de progestérone au moment de la
chirurgie avaient de meilleures chances de survie. La pro-
gestérone est requise pour contrôler une catégorie
d’enzymes appelées « métalloprotéinases ». Les cellules
cancéreuses utilisent ces enzymes pour envahir les tissus et
développer leur approvisionnement sanguin. La capacité de
la progestérone de réguler les métalloprotéinases pourrait
vouloir dire que la progestérone peut protéger des cancers
en général. Les femmes qui cherchent plus d’information
sur le rôle que jouent les hormones dans le cancer du sein
devraient lire le livre des docteurs John Lee et David Zava
Tout savoir sur le cancer du sein dans lequel ils discutent le
rôle des hormones dans le cancer du sein, et ce que les
femmes peuvent faire pour évaluer et modifier leur risque
de ce cancer.
Les cardiopathies augmentent de façon significative quand
les femmes arrivent à la ménopause. Personne ne sait exac-
tement pourquoi, mais on croit que c’est le résultat d’une
combinaison de facteurs tels que la baisse des hormones, le
stress cumulatif, le style de vie et la nutrition. L’œstrogène
est essentiel pour le bon fonctionnement des vaisseaux san-
guins et on a émis la théorie que la baisse d’œstrogène à la
ménopause est partiellement responsable du risque accru de
maladie de cœur. Cependant, diverses études, en particulier
l’étude WHI, ont indiqué que des doses élevées d’œstrogène
administrées par voie orale et accompagnées de progestines
synthétiques ne sont pas bonnes pour le cœur. Par contre,
les études examinant l’effet des hormones bio-identiques
sur les tissus appuient l’hypothèse que les hormones humai-
nes (bio-identiques) administrées par voie transdermique ne
sont pas l’ennemi des femmes ménopausées.

89
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Le syndrome des ovaires polykystiques est un ensemble


de symptômes accompagnés de niveaux élevés
d’androgènes. Les femmes atteintes de ce syndrome peu-
vent avoir des règles irrégulières ou une aménorrhée com-
plète, en plus des symptômes d’un excès d’androgènes
comme la pilosité faciale et l’hirsutisme. Bien des femmes
qui ont les ovaires polykystiques ont des problèmes
d’obésité et de résistance à l’insuline.

EN BREF…
Les symptômes constituent une excellente base d’évaluation
de l’état hormonal, mais cette évaluation ne devrait pas
s’arrêter là. Les hormones agissent en synergie et ce n’est
qu’en faisant passer des tests appropriés que l’on peut dépis-
ter les problèmes. De plus, les surdoses d’hormones peuvent
être difficiles à déceler, et l’accumulation des métabolites
nocifs peuvent ne pas causer de symptômes dans
l’immédiat. Toutefois, ils augmentent le risque de problè-
mes de santé à long terme. Les tests hormonaux peuvent
aider à identifier les surdoses potentielles d’hormones, et
clarifier la confusion que peuvent créer certains groupes de
symptômes. À la suite de l’étude Women’s Health Initiative
(WHI), le besoin se fait sentir d’utiliser une approche mé-
thodique aux THS et de bien documenter la raison d’être de
leur usage. Bien analyser les renseignements recueillis sur
les symptômes fait du sens médicalement. Faire la synthèse
des symptômes à la lumière des résultats de tests hormo-
naux est une bonne stratégie pour atteindre le but visé avec
la substitution hormonale.

90
CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones

CHAPITRE SIX

ÉTAPE 2
Analyser les hormones pour découvrir
les déséquilibres hormonaux

À l’étape 1, nous avons souligné l’importance d’étudier


les symptômes pour déterminer s’il y a un déséquilibre
hormonal. La deuxième étape pour rétablir l’équilibre
hormonal consiste à confirmer les déséquilibres par des
analyses. Dans le présent chapitre, nous discuterons des
options disponibles pour l’analyse des hormones et com-
ment elles peuvent aider à déceler les déséquilibres hor-
monaux.
LES TESTS HORMONAUX
La médecine de laboratoire a commencé à évoluer il y a en-
viron 50 à 60 ans, mais les percées majeures dans ce do-
maine datent des 30 dernières années. Auparavant, les tests
de laboratoire étaient des procédures très simples que les
médecins faisaient eux-mêmes dans leur cabinet. À cette
époque, il n’y avait pas de distance entre le patient et le la-
boratoire, car le médecin était le laboratoire, il connaissait
bien son patient et pouvait immédiatement appliquer les ré-
sultats du test qu’il avait effectué au problème du patient.
De nos jours, la situation concernant la chimie clinique a
bien changé. Pour la majorité des gens, le laboratoire a pour
seul rôle de fournir des données, et de le faire avec précision
et efficacité.

91
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Considérez ce qui se passe quand les tests de laboratoire


sont effectués isolément des patients. Typiquement, on met
au point des paramètres de normalité basés sur la moyenne
des résultats de tests effectués sur un grand nombre de cas.
L’écart des résultats est analysé et les marges ou plages
normales sont dérivées statistiquement. Cette approche ne
tient pas nécessairement compte des variations individuel-
les. Pour certaines personnes, un résultat au milieu de la
plage de variation dénote une carence et pour d’autres il
pourrait être normal que le résultat soit à la limite inférieure
de cette même plage. Cela dépend des besoins particuliers
de chacun en matière d’hormones et sur l’équilibre entre
plusieurs facteurs, notamment l’interaction entre les diffé-
rentes hormones, l’activité enzymatique et les cofacteurs
nutritionnels.
Quand nous effectuons une analyse des hormones, nous
voulons surtout savoir quelle est la signification de tel ou tel
résultat pour ce patient ou cette patiente en particulier. À la
réception des résultats, le médecin qui prescrit le test peut
certainement arriver à dresser un bilan de l’état hormonal de
la patiente en étudiant son dossier, en relisant ce qui y est
consigné concernant ses symptômes, l’utilisation de sup-
pléments et d’autres aspects d’intérêt médical. Malheureu-
sement, la plupart des médecins n’ont pas le temps
d’effectuer ce genre d’analyse approfondie. C’est alors que
le laboratoire peut combler cette lacune en faisant la col-
lecte d’information clinique avec chaque échantillon qui est
recueilli et en interprétant les résultats des tests par rapport
aux symptômes de la patiente. Tel que mentionné au chapi-
tre précédent, cette approche est particulièrement pertinente
à la lumière des résultats de l’étude WHI (voir
l’Introduction). La documentation appropriée de chaque cas

92
CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones

et une approche réfléchie aux THS sont de rigueur pour tout


médecin qui prescrit des hormones.
Une discussion du succès de cette approche holistique à
la médecine de laboratoire, qui considère les niveaux hor-
monaux à la lumière des symptômes, suit ci-après. Mais
d’abord, nous allons comparer les principales modalités
d’analyse hormonale, le sang, l’urine et la salive, sur le plan
de la pertinence, de la facilité et d’autres considérations pra-
tiques.
LE TRANSPORT DES HORMONES
L’analyse des hormones est une affaire compliquée. La
structure moléculaire des différentes hormones stéroïdes se
ressemble, et cela peut rendre leur identification difficile.
Les hormones voyagent dans le sang sous au moins trois
formes : libres, liées à des protéines et « à cheval » sur les
globules rouges. Les quantités de certaines formes sont in-
fimes, mesurées en un billionnième de gramme par spéci-
men. Les chercheurs ne comprennent pas encore
complètement le rôle de ces différentes formes et chaque
type de test de laboratoire mesure une combinaison diffé-
rente de ces formes. Pas surprenant que ces tests soient
source de confusion pour le public puisqu’ils le sont même
pour les techniciens de laboratoire !
De fait, le transport des hormones peut être expliqué de
façon assez simple. Les hormones stéroïdes sont des lipides,
et les stéroïdes libres sont comme des gouttelettes d’huile
suspendues dans la matrice aqueuse du sang. Il y a aussi
dans le sang des agrégats spongieux de ces gouttes d’huile.
Ces agrégats sont des protéines telles que l’albumine et la
globuline de liaison des hormones sexuelles (SHBG). Fina-
lement, il y a les gros navires citernes – les globules rouges
– qui peuvent transporter une grosse charge d’huile sur leur

93
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

surface spongieuse, ou entreposée dans leur coque (la mem-


brane cellulaire).
Pendant longtemps, la plupart des chercheurs ont cru
que seulement la forme libre des hormones (les gouttelettes)
était biodisponible pour agir sur les tissus. Nous en sommes
venus à réaliser, cependant, que toutes les formes sont bio-
disponibles, selon le tissu cible dont il s’agit et selon que les
hormones sont produites par le corps ou proviennent de
l’extérieur (suppléments). Les différents tests examinent les
différentes formes d’hormones (libres, liées à une protéine
ou « à cheval » sur les globules rouges). Par conséquent, les
réponses ne sont pas toujours exactement les mêmes quand
nous comparons les résultats en utilisant les différentes mé-
thodes.

LES MODALITÉS D’ANALYSE


Le sang
Les tests sanguins peuvent être divisés en deux catégories :
l’analyse du sérum et l’analyse du sang entier. L’analyse du
sérum requiert de se rendre au laboratoire pour une prise de
sang. Un petit tube de sang est prélevé et le sérum aqueux
jaunâtre est séparé du sang et envoyé au laboratoire pour
être analysé. Pour l’analyse du sang entier, le prélèvement
peut se faire à domicile à l’aide d’une lancette. On fait sortir
une goutte de sang sur le bout du doigt, semblable à la pro-
cédure qu’emploient les diabétiques pour mesurer le glu-
cose sanguin. La goutte de sang est transférée sur un papier
filtre et on la laisse sécher afin de l’envoyer au laboratoire
par la poste.
L’analyse du sérum mesure surtout les hormones entiè-
res : la forme qui est liée à une protéine ainsi que la forme
libre, en gouttelettes. On pourrait mesurer seulement les
hormones libres, mais ce test n’est disponible qu’auprès de

94
CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones

laboratoires spécialisés aux Etats-Unis. Selon la façon dont


la goutte de sang séché est traitée, toutes les composantes
hormonales peuvent être mesurées. Cependant, en ce mo-
ment seules les hormones liées à une protéine sont mesurées
dans le sang séché, ce qui revient au même que l’analyse du
sérum. L’analyse des hormones à partir du sang séché est
disponible aux É.-U. depuis peu de temps, et n’est pas en-
core disponible au Canada.
Toutes les hormones stéroïdes peuvent être mesurées
dans le sérum bien que l’analyse des œstrogènes soit limi-
tée : le sulfate d’œstrone n’est pas disponible et l’œstriol ne
peut se mesurer qu’aux niveaux très élevés qu’on trouve
chez les femmes enceintes. Pour ce qui est de l’analyse du
sang séché, on peut tester seulement une gamme limitée
d’hormones, encore une fois à cause de la nouveauté de
cette méthode.
L’avantage du sang séché est qu’on peut faire la collecte
de l’échantillon à la maison, et de multiples échantillons
peuvent être recueillis dans la même journée si nécessaire.
Par contre, l’analyse du sérum exige une prise de sang, ce
qui est moins pratique, surtout lorsqu’il est nécessaire de
faire la collecte dans l’heure qui suit le lever (p. ex. pour
analyser le cortisol).
Toutefois, le test de sérum est le plus répandu, en partie
par défaut. Bien des médecins ne savent même pas que les
autres tests existent ! De plus, l’analyse du sérum est cou-
verte par les régimes gouvernementaux d’assurance, du
moins pour l’instant. Dans le climat actuel de réduction des
coûts, il est assez probable que l’analyse du sérum sera
éventuellement considérée comme médicalement non né-
cessaire.
Un dernier point : avec les analyses de sérum, vous
obtenez seulement des données numériques comme résul-

95
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

tats car le laboratoire ne reçoit aucun renseignement sur


vous sauf votre nom, sexe et date de naissance.
L’urine
L’urine a été analysée avec succès pendant des décennies
pour l’évaluation des hormones stéroïdes. Typiquement, on
effectue les analyses sur une petite partie de toute l’urine re-
cueillie sur une période de 24 heures. Cette pratique a des
avantages et des désavantages. D’une part, une collecte éta-
lée sur 24 heures égalise les fluctuations dans la production
hormonale et donne un bon indicateur de la production
moyenne de la journée, mais la collecte sur 24 heures est
malcommode pour le patient.
En majeure partie les hormones qui apparaissent dans
l’urine ont été conjuguées, c’est-à-dire métabolisées par le
foie pour les rendre plus solubles. Les hormones liées aux
protéines porteuses et aux globules rouges, ainsi que les
hormones libres, ne sont pas conjuguées. Par conséquent,
l’analyse d’urine peut porter à confusion car elle capte les
hormones en voie d’élimination du corps, plutôt que les
hormones en route vers les tissus. Par contre, les niveaux
hormonaux détectés dans l’urine reflètent la production to-
tale d’une hormone donnée, et on peut mesurer toute une
gamme d’hormones. L’analyse urinaire différencie égale-
ment entre les différents métabolites similaires, alors que
l’analyse sanguine peut amalgamer deux, trois ou vingt mé-
tabolites semblables et donner un résultat beaucoup plus
élevé qu’il devrait l’être.
En ce moment, seul le test de cortisol est effectué à par-
tir de l’urine et il est couvert par le régime gouvernemental
d’assurance. Plusieurs laboratoires spécialisés aux É.-U.
analysent toute la gamme des hormones à partir de l’urine,
mais tout comme c’est le cas pour les analyses du sérum, le
laboratoire ne reçoit que peu de renseignements sur le pa-

96
CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones

tient. Une évaluation des symptômes n’accompagnant pas le


résultat du test, l’information peut être plus ou moins vala-
ble.
La salive
Les chercheurs ont commencé à étudier la salive comme
véhicule pour l’analyse des hormones il y a plus de 20 ans,
mais cette forme d’analyse des hormones stéroïdes ne fait
que commencer à être largement acceptée. Pour les drogues
toxicomagènes, le test salivaire a surpassé le test urinaire
comme choix pour la collecte d’échantillons.
Le test salivaire a plusieurs avantages : les échantillons
peuvent être recueillis à domicile, on peut faire la collecte
de multiples échantillons au cours de la journée, et les
échantillons peuvent être postés au laboratoire. Une plus
vaste gamme d’hormones est présente dans la salive que
dans le sang ou le sérum. Bien que le test salivaire ne soit
généralement pas couvert par les régimes publics
d’assurances, il le sera parfois par les régimes privés.
Afin de comprendre la différence essentielle entre le test
salivaire et le test sanguin, il est nécessaire de comprendre
comment les hormones se retrouvent dans la salive. Les
hormones mesurées dans la salive ont d’abord dû
s’échapper du courant sanguin, passer à travers les parois
capillaires et migrer vers les membranes des cellules qui ta-
pissent le canal salivaire. Puis une petite quantité
d’hormone quittera la membrane cellulaire pour se retrouver
dans la salive qui se forme dans le canal salivaire. Cela veut
dire que le test salivaire mesure les hormones qui sont dis-
ponibles aux tissus, c’est-à-dire les hormones biodisponi-
bles. Souvenez-vous que les hormones sont présentes en
trois formes principales dans le sang, et que les trois formes
sont disponibles aux tissus. La salive semble rassembler les
trois formes d’hormones, et contrairement aux tests d’urine

97
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

et de sang, on peut y déceler les hormones transportées par


les navires citernes, les globules rouges. Ceci est particuliè-
rement important lorsque les tests sont effectués pour des
personnes qui utilisent les crèmes hormonales.
L’administration transdermique des hormones enrichit
jusqu’à un certain point le contenu hormonal des globules
rouges. Ces cellules voyagent ensuite rapidement (en quel-
ques secondes) à d’autres parties du corps et déchargent leur
cargaison d’hormones. Cela se produit tellement vite que la
partie aqueuse du sang ne peut emboîter le pas. Ainsi, lors-
que les hormones sont administrées par voie transdermique,
il en résulte des augmentations considérables dans les ni-
veaux salivaires, mais les changements correspondants dans
le sang sont minimes. Plusieurs médecins ont utilisé cette
disparité apparente pour dénigrer à la fois la valeur du test
salivaire et de l’administration transdermique des hormones.
Toutefois, au chapitre 4, nous avons discuté des preuves que
nous avons que les hormones administrées par la peau attei-
gnent les tissus cibles. Le test salivaire est présentement la
seule méthode qui peut déceler les hormones transportées
par les globules rouges, qui semble être le mode de trans-
port favori des hormones administrées par voie transdermi-
que. Plusieurs praticiens de la santé qui ont utilisé les trois
types de tests (sang, urine et salive) affirment que le test sa-
livaire tend à correspondre davantage à la réalité clinique.
Cela s’accorde avec l’idée que les niveaux d’hormones dans
la salive reflètent fidèlement les niveaux dans les tissus sa-
livaires. Le chapitre 4 parle d’un essai où l’on a administré
de la crème à la progestérone à des rats, puis on a mesuré
les niveaux de progestérone dans divers tissus. Il y avait
deux fois plus de progestérone dans les tissus salivaires que
dans le sang, et 8 fois plus de progestérone dans le tissu uté-
rin que dans le sang. Cela renforce la notion que les niveaux

98
CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones

salivaires reflètent beaucoup mieux les niveaux hormonaux


des autres tissus du corps, bien qu’il sera nécessaire de faire
plus de recherche dans ce domaine. En d’autres mots, les
niveaux salivaires des hormones donnent une bonne idée
des niveaux d’hormones dans tous les tissus du corps puis-
que les hormones doivent traverser les tissus pour se retrou-
ver dans la salive.
Le meilleur test
Une question que se posent les médecins et les patientes qui
ont peu d’expérience avec la THS bio-identique est : quel
est le meilleur test ? La réponse honnête est qu’il n’y a pas
de meilleur test. Aucun test ne peut dire à un médecin quelle
dose précise d’hormones une patiente devrait prendre initia-
lement ou quels ajustements apporter à une dose existante.
Le praticien doit prendre des décisions en se basant sur sa
propre expérience et les symptômes de la patiente. Cepen-
dant les tests sont extrêmement utiles pour déceler les désé-
quilibres hormonaux et pour alerter le praticien qu’un
ajustement est requis au dosage des hormones. Administrer
des hormones avant d’avoir identifié le problème est une fa-
çon risquée de pratiquer la médecine. L’analyse des hormo-
nes aide à identifier les problèmes.
Il y a une interaction d’une grande complexité entre les
hormones au niveau de l’ADN dans le noyau de chaque cel-
lule. L’analyse des hormones nous permet d’avoir un aperçu
de ce système seulement à distance. Ainsi, analyser les
hormones dans le sang c’est comme se cacher derrière un
buisson et observer un amas de paquets empilés à
l’extérieur d’une maison. On ne sait pas lesquels seront
transportés dans la maison, et ce qu’on en fera un coup à
l’intérieur. Analyser les hormones dans l’urine, c’est
comme examiner les déchets qui sortent de la maison tout
en essayant de comprendre ce qui se passe à l’intérieur. Fi-

99
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

nalement, analyser les hormones dans la salive c’est comme


se rapprocher d’une fenêtre, ce qui permet de voir à
l’intérieur d’une seule pièce. La vue est encore restreinte,
mais, mais on a quand même une meilleure idée de ce qui se
passe à l’intérieur.
Il est possible d’obtenir une meilleure perspective en re-
cueillant des renseignements cliniques avec chaque spéci-
men. Cela comprend l’âge, la taille, le poids, des détails sur
l’état du cycle menstruel, sur l’historique des chirurgies gy-
nécologiques et sur les suppléments hormonaux, nutrition-
nels et pharmaceutiques, ainsi qu’un inventaire détaillé des
symptômes reliés aux hormones. Les laboratoires qui re-
cueillent des renseignements cliniques détaillés (voir Res-
sources) utilisent cette information pour obtenir une
perspective plus globale de l’état hormonal de la patiente.
Le rapport d’analyse fait le lien entre les niveaux hormo-
naux et le profil des symptômes et peut contenir des sugges-
tions pour rétablir l’équilibre hormonal. Mesurer une
gamme d’hormones donne souvent un aperçu de la cause
des symptômes, et montre davantage les interactions com-
plexes entre les hormones. Malheureusement, peu de
laboratoires prennent le temps de recueillir l’information
clinique indispensable pour assister dans l’interprétation des
résultats des tests hormonaux.
Le test salivaire donne probablement la meilleure pers-
pective des interactions hormonales, mais les praticiens de-
vraient examiner la situation à partir de divers angles,
recueillir autant d’indices que possible, et intégrer
l’information pour arriver à la meilleure solution. Il est im-
portant que les praticiens se servent des analyses hormona-
les pour que leur approche au remplacement hormonal soit
aussi objective que possible. Les praticiens de la santé doi-
vent donc acquérir une nouvelle expertise : celle de com-

100
CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones

prendre l’analyse des hormones et les thérapies hormonales


de substitution faites sur mesure. Le travail du laboratoire
est d’assister les praticiens de leurs connaissances plutôt que
seulement fournir des données numériques. Dans les mots
d’une praticienne qui avait fait faire son propre test salivaire
par un laboratoire qui recueille des informations cliniques,
« le rapport est exactement ce que je pressentais avant de
faire le test, et les résultats m’ont rassurée que je n’ai pas
perdu la tête… Le format du rapport est très utile et je vais
certainement recommander ce test à mes amies et patien-
tes. » Clairement, les praticiens et les laboratoires peuvent
travailler ensemble pour donner aux femmes les renseigne-
ments dont elles ont besoin pour pouvoir gérer leur méno-
pause de façon aussi sécuritaire et efficace que possible.

101
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

CHAPITRE SEPT

Étape 3
Rétablir l’équilibre hormonal

Une évaluation des symptômes étayée par un test hormonal


donne une idée utile, mais encore incomplète de ce que les
hormones font dans les tissus. Rétablir l’équilibre hormonal
n’est pas toujours simplement une question de donner des
suppléments d’une hormone ou l’autre. Quelquefois, les dé-
séquilibres hormonaux peuvent être rectifiés en faisant des
meilleurs choix en matière de style de vie et d’alimentation.
Pour d’autres femmes, la solution sera d’utiliser des hormo-
nes naturelles (bio-identiques) au lieu des hormones non
bio-identiques. Il arrive aussi que le déséquilibre hormonal
puisse entraîner des problèmes de santé ou en être le signe.
Par exemple, le syndrome des ovaires polykystiques et la
résistance à l’insuline sont associés à des déséquilibres
hormonaux spécifiques. Rétablir l’équilibre hormonal est
souvent complexe, mais peut améliorer de façon significa-
tive la santé des femmes qui y arrivent.
Il est impossible de décrire toutes les combinaisons pos-
sibles de déséquilibres hormonaux, mais les cas suivants il-
lustrent certaines tendances qui se dégagent de l’analyse des
symptômes et des hormones.

TINA
Tina est une femme de 58 ans qui a subi une hystérectomie
dans la quarantaine, après quoi elle a pris du Premarin®. On
lui a dit qu’elle n’avait pas besoin de progestérone puis-

103
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

qu’elle n’avait plus son utérus. Après la publication des ré-


sultats de l’étude WHI, Tina a arrêté de prendre le Prema-
rin® sans faire de sevrage, ce qui a eu des conséquences fort
désagréables. Les bouffées de chaleur sont revenues, elle
s’est sentie déprimée et avait de la difficulté à se concentrer.
Un test salivaire a indiqué que les niveaux d’œstradiol et
de testostérone de Tina étaient très bas. Son médecin de fa-
mille a recommandé qu’elle utilise Estrogel®, un gel à
l’œstradiol, à raison de deux coups de pompe par jour. Cela
représentait une dose quotidienne de 1,5 mg d’œstradiol,
presque la même dose que ce qui serait prescrit par voie
orale. Il faut se souvenir que seulement 10 % de l’œstradiol
oral demeure sous forme d’œstradiol, car le reste est dé-
composé en métabolites par le foie. Par contre, l’œstradiol
administré par voie transdermique atteint les tissus avant
d’aller au foie, ce qui peut facilement créer une surdose.
Heureusement, Tina a parlé à quelqu’un qui s’y connaissait
dans le domaine et elle opta d’appliquer seulement ¼ de
coup de pompe d’Estrogel® par jour, ou 0,188mg. Elle a
également commencé à utiliser une crème à la progestérone
à raison de 20 mg par jour.
Les symptômes de Tina se sont immédiatement amélio-
rés. Un test salivaire de suivi a montré que son œstradiol
était un peu élevé et on lui a conseillé d’appliquer
l’Estrogel® aux deux jours. Un autre test de suivi confirmera
si son niveau d’œstrogène s’est stabilisé. Un supplément de
testostérone pourrait être une option lorsque l’équilibre en-
tre la progestérone et l’œstradiol sera bien établi.
SUZANNE
Historique
Suzanne est une femme d’affaires de 55 ans, en bonne
forme physique et qui essaie de traverser la ménopause au
naturel. Ses règles ont cessé il y a deux ans, mais elle souf-

104
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

fre de bouffées de chaleur, de blancs de mémoire, de séche-


resse vaginale, de confusion mentale et de perte de libido.
Elle a également des problèmes d’incontinence et de som-
meil ! Susanne a un emploi très stressant. Elle n’a pas
d’antécédents familiaux de cancer du sein, de cardiopathies
ou d’ostéoporose. Elle n’a pas subi de test de densité os-
seuse.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Suzanne indiquent que son niveau
d’œstrogène est faible (bouffées de chaleur, sécheresse va-
ginale, confusion mentale) et que la testostérone est égale-
ment basse (peu de libido, fatigue, sécheresse vaginale,
incontinence).
Résultats d’un test salivaire des hormones
Œstradiol : <1.5 pg/ml (faible)
Progestérone : 30 pg/ml (normal pour la ménopause)
Testostérone : 15 pg/ml (faible mais dans les limites)
Cortisol AM : 10 ng/ml (élevé)
DHEAS : 4.5 ng/ml (faible mais dans les limites)
Interprétation du test salivaire
Le faible niveau d’œstradiol contribue aux symptômes de
carence en œstrogène, notamment la sécheresse vaginale,
les blancs de mémoire, les bouffées de chaleur et
l’incontinence. La progestérone est nécessaire pour que
l’œstradiol fonctionne de façon optimale. Elle est nécessaire
également au bon fonctionnement des hormones de la thy-
roïde. La supplémentation avec de la progestérone bio-
identique seule peut aider à soulager les symptômes de Su-
zanne. Par exemple, une étude contre placebo a démontré
l’efficacité de la crème à la progestérone pour le contrôle
des symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur). (Leon-
etti HB, Longo S, Anasti JN. Transdermal progesterone

105
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

cream for vasomotor symptoms and postmenopausal bone


loss. Obstet Gynecol. 1999 Aug;94(2):225-228). Après la
ménopause, la testostérone provient de la DHEA d’origine
surrénalienne. Donc le faible niveau de testostérone est relié
au faible niveau de DHEAS. Il pourrait valoir la peine que
Suzanne utilise de la testostérone bio-identique pour régler
ses problèmes de libido et d’incontinence. Le cortisol élevé
le matin est souvent causé par le stress et en général fait op-
position à l’action des autres hormones. Le cortisol élevé
combiné à des faibles niveaux d’œstradiol et de testostérone
mettent cette personne à risque d’ostéoporose. Un test de
densitométrie osseuse serait à considérer.
Recommandations pour Suzanne
Le test salivaire a confirmé les soupçons du médecin que le
niveau d’œstrogène et de testostérone étaient bas. Le faible
niveau de DHEAS combiné au cortisol élevé le matin a éga-
lement indiqué qu’il y avait un problème au niveau des
surrénales. À la réception du rapport du laboratoire, un
médecin ayant de l’expérience avec la THS bio-identique,
pourrait entreprendre la démarche qui suit :
• Conseiller à Suzanne de réduire son niveau de stress.
• Lui suggérer des suppléments pour renforcer les glandes
surrénales ou la référer à un naturopathe.
• Lui faire passer un test de densitométrie osseuse pour
obtenir des données de référence qui serviront de
contrôle par la suite.
• Suggérer une mammographie et/ou une thermographie
pour obtenir des données de référence afin de contrôler
les effets à long terme de l’œstrogène sur la densité et
les propriétés thermiques des seins.
• Lui prescrire de l’œstrogène transdermique 25 jours par
mois, sous forme de timbre à libération lente, de gel ou

106
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

de crème magistrale. (Elle pourrait avoir besoin d’une


plus forte dose au départ, qui pourrait être réduite au
bout d’un mois.)
• Lui prescrire également de la progestérone transdermi-
que 25 jours par mois, débutant 2 semaines après avoir
commencé l’œstrogène. Cela donne le temps à
l’œstrogène de préparer le corps en augmentant la pro-
duction de récepteurs de progestérone.
• Répéter l’analyse salivaire de l’œstradiol et de la pro-
gestérone après deux mois pour s’assurer que
l’œstrogène n’est pas trop élevé et pour confirmer que la
progestérone est bien absorbée par les tissus.
• Évaluer le besoin de testostérone après 3 mois
d’application des autres thérapies. La réduction du stress
à elle seule peut améliorer la libido. S’il n’y a pas eu
d’amélioration, une crème à la testostérone bio-
identique (0,5 à 1,0 mg par jour) pourrait être prescrite.
• Voir la patiente à deux mois d’intervalle pour le reste de
la première année.
• Répéter le test de densité osseuse, le test de dépistage du
cancer du sein et le test salivaire au bout d’un an.

ALEXANDRA
Historique
Alexandra est une femme de 47 ans, un peu grassette, qui
éprouve plusieurs symptômes désagréables de la méno-
pause. Elle se plaint d’irritabilité, de confusion mentale, de
sautes d’humeur, d’anxiété, de ballonnements et de maux de
tête. Elle a plusieurs petits kystes fibreux ou bosses aux
seins. Elle commence à prendre du poids autour des hanches
et a remarqué que ses règles sont devenues irrégulières et
abondantes. Son médecin lui a dit récemment qu’elle a des
fibromes utérins ou des « nœuds » dans le muscle de
l’utérus, ce qui peut causer des règles plus abondantes et des

107
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

crampes. Tel que discuté au chapitre 5, les symptômes


d’Alexandra correspondent à ceux de la dominance en œs-
trogène.
Résultats du test salivaire
Œstradiol 5 pg/ml (élevé, mais dans la limite)
Progestérone 85 pg/ml (faible mais dans la limite pour
la phase lutéale)
Testostérone 40 pg/ml (élevée)
Interprétation du test salivaire
Les niveaux d’œstradiol et de progestérone sont à l’intérieur
des limites normales, cependant les symptômes tels que les
seins fibrokystiques, les fibromes, le gain de poids et les
maux de tête indiquent un excès relatif d’œstradiol (c’est-à-
dire qu’il n’y a pas assez de progestérone pour équilibrer
l’œstradiol). La supplémentation avec de la progestérone
bio-identique pendant la phase lutéale pourrait être bénéfi-
que. Il y a une association entre un niveau élevé de testosté-
rone et la résistance à l’insuline. La résistance à l’insuline
est à son tour associée à une augmentation du risque de car-
diopathies et de diabète. De l’exercice régulier, y compris
l’entraînement aux poids et l’élimination des glucides raffi-
nés du régime alimentaire pourraient aider. Il pourrait être
prudent de réduire l’exposition à l’œstrogène en évitant la
consommation du bœuf et de la volaille d’élevage commer-
cial.
Recommandations pour Alexandra
Il est clair d’après les symptômes d’Alexandra et les résul-
tats de son test salivaire qu’une intervention sur le plan
hormonal serait indiquée. Une partie de son problème est
due au fait que ses règles sont irrégulières et qu’elle a des
cycles anovulatoires. Quand l’ovulation ne se produit pas,
aucune progestérone n’est produite par les ovaires et la do-

108
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

minance en œstrogène s’en suit. Étant donné que les symp-


tômes d’Alexandra sont causés par un excès relatif
d’œstrogène et qu’elle a encore des règles, elle n’a pas be-
soin de plus d’œstrogène. Elle aura un soulagement de ses
symptômes avec une supplémentation en progestérone (p.
ex. une crème à la progestérone bio-identique à raison de 15
à 30 mg par jour, deux ou trois semaines par mois). La pro-
gestérone agit comme diurétique naturel et peut aider
Alexandra à perdre le poids qui est dû à la rétention d’eau.
La dominance en œstrogène est également associée au gain
de poids aux hanches, ce qui veut dire qu’une supplémenta-
tion en progestérone l’aidera à perdre quelques centimètres
à cet endroit. La perte de poids va à son tour aider à faire
diminuer la quantité d’œstrogène qu’Alexandra produit à
partir des cellules adipeuses via l’enzyme aromatase. La
plupart des femmes trouvent que la progestérone a un effet
calmant, et par conséquent Alexandra devrait constater
qu’elle a moins d’anxiété et d’irritabilité quand elle com-
mencera à utiliser la crème à la progestérone. Les petits fi-
bromes utérins et les seins fibrokystiques peuvent
également bien répondre à la supplémentation en progesté-
rone. La possibilité qu’il y ait une résistance à l’insuline est
une autre préoccupation soulevée par les résultats du test
d’Alexandra. Avec la résistance à l’insuline, le corps com-
mence à résister aux effets de l’insuline et doit donc pro-
duire plus d’insuline pour contrôler les niveaux de glucose
sanguin. La résistance à l’insuline est un signal
d’avertissement que le diabète pourrait être à l’horizon. La
trop grande consommation de sucre et de farines raffinées
est un facteur dans ce processus. À part les corrections qui
s’imposent au niveau alimentaire, l’exercice avec des poids
aidera son corps à absorber le glucose pour répondre aux

109
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

besoins des muscles, ce qui va faire diminuer la production


d’insuline.

JEANNE
Historique
Jeanne est une femme de 42 ans qui a subi une hystérecto-
mie l’année dernière à cause de fibromes utérins. Elle a en-
core ses ovaires. Elle a commencé à avoir des bouffées de
chaleur quelques mois après la chirurgie. Elle en a parlé à
son médecin qui lui a dit que ce n’était pas hormonal puis-
qu’elle avait encore ses ovaires. Elle souffre de fatigue, ses
allergies ont empiré, et elle a tous les mêmes symptômes
que Suzanne en plus de souffrir de dépression. Elle a tou-
jours froid et elle se sent léthargique le matin. Son médecin
vient de lui prescrire un antidépresseur.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Jeanne suggèrent un faible niveau
d’œstradiol (bouffées de chaleur, dépression), de testosté-
rone (fatigue, manque de libido) et de cortisol (fatigue, plus
d’allergies, léthargie le matin) ainsi qu’une hypothyroïdie
(fatigue, sentiment d’avoir froid).
Résultats du test salivaire
Œstradiol : 1,5 pg/ml (faible)
Progestérone : 20 pg/ml (faible)
Testostérone : 17 pg/ml (faible mais dans les limites)
Cortisol AM : 2,5 ng/ml (faible)
DHEA-S : 6 ng/ml (normal)
Interprétation du test salivaire
Le faible niveau d’œstradiol, de progestérone et de testosté-
rone suggèrent une défaillance des ovaires, qui est com-
mune après une hystérectomie. Cette défaillance peut
contribuer aux symptômes de déficience en œstrogène y

110
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

compris la sécheresse vaginale, les blancs de mémoire, les


bouffées de chaleur et l’incontinence. Le faible niveau de
testostérone biodisponible peut être associé à la baisse de li-
bido, l’humeur dépressive, la diminution dans la jouissance
de la vie et la sécheresse vaginale. Dans une récente étude
par Orozco, il y avait une corrélation entre la progestérone
salivaire et la densité osseuse. (Orozco P et al. Eur J Epi-
demiol 2000;16-907-912.) Par ailleurs, la fatigue et les al-
lergies qui s’aggravent indiquent que le cortisol reste bas le
matin. Des problèmes au niveau du fonctionnement des sur-
rénales sont communs après un stress majeur comme la chi-
rurgie. Le cortisol est nécessaire au bon fonctionnement des
hormones de la thyroïde – par conséquent une déficience en
cortisol peut être accompagnée de symptômes
d’hypothyroïdie même si les tests de cette glande sont nor-
maux.
Recommandations pour Jeanne
Ce cas, typique de l’expérience de bien des femmes, illustre
bien l’interaction complexe entre les hormones et les symp-
tômes qui peuvent se produire. Même si Jeanne a ses ovai-
res, ils sont faits pour fonctionner en synergie avec l’utérus.
L’ablation de l’utérus entraîne souvent une défaillance ova-
rienne, même si cela n’est pas reconnu officiellement en
médecine. Jeanne se retrouve donc avec le profil hormonal
d’une femme à la postménopause et elle est à risque
d’ostéoporose. De plus, le stress de la chirurgie pourrait
avoir eu un impact sur ses glandes surrénales, menant ainsi
à des symptômes d’hypothyroïdie à cause du manque de
cortisol. Jeanne a besoin d’une intervention en deux volets
qui consiste à donner du renfort à ses surrénales et à lui
prescrire de l’œstradiol et de la progestérone. Il y a égale-
ment une préoccupation au sujet de la testostérone, mais ses
symptômes pourraient s’améliorer si la fonction surréna-

111
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

lienne (dont le niveau de cortisol est une indication) revient


à la normale. Elle devra réévaluer ses symptômes et ses ni-
veaux hormonaux dans quelques mois. Si ses niveaux
d’œstradiol, de progestérone et de testostérone n’ont pas
augmenté et qu’elle a encore des symptômes, des ajuste-
ments au dosage pourraient être requis. Elle pourrait aussi
considérer une supplémentation en testostérone. Jeanne a
également besoin de passer un test d’ostéodensitométrie os-
seuse. Quand Jeanne aura réussi à rééquilibrer ses hormo-
nes, elle n’aura probablement pas besoin d’antidépresseurs.
THÉRÈSE
Historique
Thérèse a 45 ans, elle a des menstruations régulières mais
elle se plaint d’un manque de libido, de dépression et de fa-
tigue depuis son divorce il y a six mois. Elle est végéta-
rienne.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Thérèse ne sont pas typiques d’un état
particulier de déséquilibre hormonal.
Résultats du test salivaire
Œstradiol : 3,7 pg/ml (normal)
Progestérone : 120 pg/ml (normal Jour 19, phase lutéale)
Testostérone : 30 pg/ml (normal)
Cortisol AM : 15 ng/ml (élevé)
DHEAS : 10 ng/ml (normal)
Interprétation du test salivaire
Le cortisol du matin est élevé, et cela est souvent indicateur
de stress chronique. Le cortisol peut interférer avec l’action
d’autres hormones telles que la testostérone, ce qui mène à
des symptômes de déficience fonctionnelle.

112
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

Recommandations pour Thérèse


Les principaux problèmes de Thérèse semblent être le stress
et la dépression. Son niveau élevé de cortisol n’est pas né-
cessairement lié à la dépression, mais plutôt au stress qui
coexiste avec la dépression. Son régime végétarien rend le
risque de dépression encore plus grand. Certains végétariens
ne consomment pas suffisamment de protéines. Les protéi-
nes sont décomposées par le corps en acides aminés, qui
sont les matières premières pour la production des neuro-
transmetteurs tels que la sérotonine et la noradrénaline, des
messagers chimiques dont les neurones du cerveau se ser-
vent pour communiquer entre eux. Des déficiences en neu-
rotransmetteurs peuvent mener à la dépression et à l’anxiété,
ainsi qu’à l’obésité. Thérèse pourrait penser à faire effectuer
une analyse des niveaux urinaires de neurotransmetteurs,
car ce test pourrait aider à déterminer une supplémentation
avec des acides aminés particuliers pour en augmenter les
niveaux naturellement.
MARTHE
Historique
Marthe a 52 ans, et elle a environ 35 livres (17 kilos)
d’excédent de poids. Elle n’a pas de règles depuis deux ans,
mais elle ne souffre pas de bouffées de chaleur ou d’autres
symptômes évidents de ménopause. Elle a des antécédents
de seins fibrokystiques et sa mère a eu un cancer de l’utérus.
Elle consomme beaucoup de poulet et de dinde d’élevage
commercial, et un peu de viande rouge. Marthe se plaint de
fatigue, de constipation, de gain de poids et de perte de che-
veux.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Marthe (fatigue, gain de poids, etc.)
suggèrent un problème d’hypothyroïdie.

113
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Résultats du test salivaire


Œstradiol : 8 pg/ml (élevé)
Progestérone : 25 pg/ml (faible)
Testostérone: 22 pg/ml (normal)
Cortisol AM : 5,3 ng/ml (normal)
DHEAS : 4,5 ng/ml (normal)
Interprétation du test salivaire
L’œstradiol est plus élevé que ce à quoi on pourrait
s’attendre pour une femme à la postménopause qui n’est pas
sous œstrogénothérapie. Il y a un excès relatif d’œstradiol
par rapport à la progestérone. Les symptômes typiques
comprennent la sensibilité des seins, la rétention d’eau, les
maux de tête et l’irritabilité. Dans le cas présent, l’excès
d’œstrogène peut interférer avec la fonction thyroïdienne.
Les symptômes de l’hypothyroïdie comprennent la fatigue,
l’impression d’avoir toujours froid, les cheveux qui devien-
nent clairsemés et la constipation. La supplémentation avec
la progestérone bio-identique peut aider à équilibrer
l’œstradiol et améliorer la fonction thyroïdienne. En même
temps, une augmentation de l’apport en fibres, la perte de
poids et une moins grande consommation de viande et de
volaille d’élevage commercial aidera à réduire le niveau
d’œstrogène.
Recommandations
Marthe s’est bien tirée d’affaires pendant la ménopause car
elle fabrique encore plein d’œstrogène à partir de
l’aromatase dans sa graisse corporelle, et peut-être parce
qu’elle est exposée aux œstrogènes dans son alimentation
(on ajoute de l’œstrogène à la nourriture du bétail et de la
volaille d’élevage commercial pour les faire engraisser plus
rapidement). L’excès des œstrogènes relativement à la pro-
gestérone a probablement occasionné une déficience fonc-

114
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

tionnelle de la thyroïde, qui peut être contrôlée avec


l’administration d’une crème à la progestérone. Le test a été
très bénéfique dans ce cas car les symptômes de Marthe
n’auraient pas ordinairement été associés à un déséquilibre
des hormones stéroïdes. La progestérone devrait permettre
de soulager les symptômes de l’hypothyroïdie et aider Mar-
the à réduire ses risques de développer un cancer de
l’utérus.
DANIELLE
Historique
Danielle a 52 ans et elle utilise une crème à la progestérone,
à raison de 60 mg/jour depuis deux mois. Initialement, elle a
eu du soulagement de ses bouffées de chaleur et de ses
sueurs nocturnes, et une augmentation de libido, mais der-
nièrement ses bouffées de chaleur ont commencé à revenir.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Danielle suggèrent une déficience
en œstrogène
Résultats du test salivaire
Œstradiol : 3,5 pg/ml (normal)
Progestérone : 50 000 pg/ml (élevé)
Interprétation du test salivaire
L’œstradiol est normal ; toutefois, la progestérone est plus
élevée que ce à quoi on s’attendrait avec l’usage de proges-
térone par voie transdermique.
Recommandations pour Danielle
Tel que nous avons déjà indiqué, le bon fonctionnement de
toute hormone dépend du bon équilibre entre les hormones.
Ici, le niveau salivaire de progestérone est plus élevé que ce
qui serait normalement observé et les symptômes de défi-
cience en œstrogène sont revenus. Quand il y a un excès de

115
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

progestérone par rapport à l’œstradiol, cela rend les récep-


teurs d’œstradiol moins réceptifs au message de cette hor-
mone. Il s’agit encore une fois d’une déficience
fonctionnelle – le niveau d’œstradiol est normal, mais le
message n’est pas capté par les cellules. Il s’est avéré que
Danielle avait utilisé la crème à la progestérone sans faire
de pause pendant deux mois. Il aurait été préférable qu’elle
fasse une pause d’au moins 5 jours par mois. Elle a donc ar-
rêté sa crème pendant 10 jours, puis elle a repris à la moitié
de la dose, faisant une pause à chaque mois. Il y a mainte-
nant six mois qu’elle utilise la crème et tout va très bien.

FAIRE LA TRANSITION DU PREMARIN® ET DU


PROVERA® VERS LA THS BIO-IDENTIQUE
Tel que discuté auparavant dans le présent ouvrage, les ré-
sultats de l’étude WHI ont causé des inquiétudes chez les
femmes qui utilisent la combinaison d’œstrogènes équins
conjugués et une progestine (MPA). Bien des femmes et
leurs médecins ont à juste titre pris la décision, sans même
se préoccuper des symptômes ou faire analyser les hormo-
nes, de faire une transition vers des hormones plus naturel-
les. Malheureusement, il y a peu d’information disponible
aux femmes pour faire cette transition, c’est pourquoi nous
vous offrons l’exemple suivant pour illustrer comment gérer
une telle transition.
SARAH
Historique
Sarah a 63 ans et elle prend du Premarin® et du Provera®
(MPA ou acétate de médroxyprogestérone) depuis 11 ans.
Elle a décidé qu’elle veut aller vers une thérapie à base
d’hormones bio-identiques et ne sait pas trop comment s’y
prendre. Elle se sent bien sauf pour une sensibilité occa-

116
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

sionnelle des seins et de la rétention d’eau. Sa libido est


normale. Elle a encore son utérus et ses ovaires.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Sarah (la sensibilité des seins, la réten-
tion d’eau) suggèrent qu’elle pourrait avoir un excès relatif
d’œstrogène par rapport à la progestérone.
Résultats du test salivaire
Œstradiol : 15 pg/ml (élevé)
Progestérone : 20 pg/ml (faible)
Testostérone : 23 pg/ml (normal)
Cortisol AM : 6 ng/ml (normal)
DHEAS : 5 ng/ml (normal)
Interprétation du test salivaire
L’œstradiol est plus élevé que ce à quoi l’on pourrait
s’attendre chez une femme sous œstrogénothérapie. Le Pro-
vera® n’a pas la même structure moléculaire que la proges-
térone, et n’est pas identifié comme de la progestérone dans
ce test. Il y a des symptômes de dominance en œstrogène.
La progestérone bio-identique pourrait être une option à
considérer au lieu du Provera®.
Recommandations pour Sarah
Sarah va raisonnablement bien avec ce qu’elle prend actuel-
lement, bien qu’elle ait des symptômes de dominance en
œstrogène. Si elle désire aller vers des hormones bio-
identiques, il lui faudra un peu de temps et de patience. Son
niveau salivaire indique un niveau d’œstradiol un peu trop
élevé, et combiné à la prise de Provera®, elle s’est retrouvée
avec une prépondérance des œstrogènes. La première chose
à faire est d’arrêter le Provera® et d’utiliser de la progesté-
rone bio-identique, soit sous forme orale ou transdermique,
25 jours par mois. En même temps, Sarah peut commencer

117
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

à réduire sa dose d’œstrogène oral. Cela peut s’accomplir en


prenant un comprimé tous les deux jours ou la moitié d’un
comprimé par jour. Si après 2 à 4 semaines Sarah n’a pas de
symptômes de carence en œstrogène, elle peut réduire la
dose de Premarin® encore de moitié. Si tout va bien, elle
peut continuer à réduire graduellement l’œstrogène jusqu’à
l’arrêt complet. Elle pourrait avoir de bons résultats seule-
ment avec la progestérone, 25 jours par mois. Si elle décide
de prendre la progestérone seule, Sarah aura besoin de pas-
ser des tests pour vérifier sa densité osseuse de façon régu-
lière.
Il arrive souvent que les femmes qui veulent réduire la
dose de Premarin® ont des problèmes. Le foie s’habitue à
métaboliser les œstrogènes oraux, et il produit même des
enzymes spécialisées à cette fin. Si l’œstrogène oral est ar-
rêté, le foie a besoin de temps et d’aide pour revenir à la
normale. Cela se manifeste par des symptômes de défi-
cience œstrogénique, tels que la confusion mentale, les
bouffées de chaleur et la dépression. Il y a plusieurs options
dans cette situation. À l’aide de certains traitements natu-
rels, qui peuvent comprendre l’usage de plantes, de vitami-
nes et de minéraux ou des médecines douces telles que
l’homéopathie ou l’acupuncture, le foie peut se réadapter à
la vie sans œstrogène oral.
Une autre option est d’administrer une petite dose
d’œstradiol par voie transdermique, assez pour garder les
symptômes sous contrôle, tout en continuant à réduire la
dose d’œstrogène oral. Quand la prise d’œstrogène oral a
cessé, la dose transdermique peut être ajustée selon les be-
soins ou selon le résultat d’un test de contrôle. La prise de
phytoestrogènes dans l’alimentation ou comme supplément
peut également aider à ce stade.

118
CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal

Faire cette transition du Premarin® et Provera® à la THS


bio-identique exige de la patience, mais les bienfaits à long
terme justifient l’effort. La combinaison d’œstrogènes
équins conjugués et de MPA est clairement associée avec
des risques accrus de cardiopathies et de cancer du sein. Des
alternatives potentiellement plus sécuritaires existent, et
peuvent être explorées avec un peu de patience.

EN BREF…
Grâce à ces divers exemples, nous espérons avoir pu illus-
trer comment l’étude des symptômes appuyée par des tests
hormonaux (dans ce cas des tests salivaires) peut aider à
trouver une solution à toute une panoplie de problèmes de
santé. Bien entendu, il y a des situations où les résultats des
tests ne concordent pas avec la situation clinique, ce qui si-
gnifie qu’il y a d’autres facteurs en jeu. Dans le cas de Thé-
rèse, par exemple, nous devrions considérer d’autres
problèmes tels qu’une consommation inadéquate de protéi-
nes qui pouvait mener à des déficiences en neurotransmet-
teurs.
Ces trois simples étapes : l’évaluation des symptômes,
l’analyse des hormones et le rétablissement de l’équilibre
hormonal constituent la base d’un excellent dialogue
d’ouverture entre une femme et son médecin. Les préoccu-
pations au sujet de la substitution hormonale ont rendu les
médecins beaucoup plus prudents quand il s’agit de pres-
crire ou de poursuivre une thérapie hormonale de substitu-
tion. Mesurer les niveaux d’hormones et documenter les
renseignements sur les symptômes constitue simplement
une pratique médicale bien fondée. Ce livre offre aux fem-
mes et à leurs médecins une approche logique à la THS en
ces temps incertains.

119
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

CHAPITRE HUIT
Appel à l’action

Nous avons écrit ce livre parce que les femmes méritent de


connaître la vérité au sujet des hormones. Elles ont besoin
de savoir si elles ont des déséquilibres hormonaux, et le cas
échéant, quelles sont leurs options en matière de substitution
hormonale. Les laboratoires pharmaceutiques ont leurs ten-
tacules fermement implantés dans les écoles médicales et
les médecins subissent leur influence tout au long de leur
carrière. Ce n’est pas entièrement négatif puisqu’il y a bien
des médicaments qui sauvent des vies. Mais lorsqu’il s’agit
des thérapies hormonales, il semble que les intérêts des
femmes ont été sacrifiés au profit des grosses sociétés
pharmaceutiques. Ces dernières financent la majorité des
études et les approches logiques basées sur l’utilisation
d’hormones bio-identiques sont oubliées quand vient le
temps de planifier ces études.
Il y a cependant un rayon d’espoir qui apparaît au bout
du tunnel. Considérons les mots d’un médecin canadien qui
écrivait récemment dans la revue The Medical Post : « Je
m’adresse aux académiciens et à ceux qui financent leurs
travaux : De grâce, recueillons les preuves dont nous avons
besoin. Faisons des études bien conçues pour demander des
questions utiles et mesurer des résultats qui intéressent les
sujets concernés – et assurons-nous d’étudier les hormones
humaines. De plus, jusqu’à ce que nous ayons des essais
randomisés avec les hormones humaines, ne confondons pas
l’absence d’évidence avec l’évidence d’absence. » En

120
CHAPITRE HUIT: Appel à l’action

d’autres mots, parce que l’évidence en faveur de la THS


bio-identique est incomplète, ne tenons pas pour acquis
qu’elle n’existe pas !
C’est votre corps, et vous avez le droit d’accéder à des
thérapies hormonales bio-identiques basées sur les principes
même de la physiologie humaine. Nous avons tous les jours
des appels de femmes qui sont frustrées parce que leur mé-
decin refuse de leur prescrire des hormones bio-identiques.
Nous vous encourageons à persévérer en continuant de vous
éduquer et d’éduquer votre médecin au sujet des hormones
et de l’équilibre hormonal.
Nous croyons qu’il y a bien des médecins qui sont prêts
à écouter, à modifier leurs façons de faire et à aller de
l’avant malgré les incertitudes, si ont peut leur donner
l’heure juste sur les THS.
La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada
(SOGC) et l’Association canadienne des pharmaciens
(CphA) ont publié un livret intitulé « À l’assaut des my-
thes : l’hormonothérapie substitutive – Réponses à vos
questions ». Dans ce livret, on retrouve les conclusions du
Comité de la Conférence canadienne de consensus sur la
ménopause et l’ostéoporose que nous citons en mettant en
évidence les sections qui se réfèrent à votre droit de choisir :
• Les modifications des habitudes de vie, notamment un
meilleur régime alimentaire, de l' exercice régulier, la
réduction du stress et l' abandon du tabac, peuvent
grandement contribuer à la santé affective et physique
de la femme au milieu de sa vie.
• À moins qu' il n'
y ait une raison médicale particulière
pour utiliser une certaine voie d'administration de la
THS, c'est à la femme de choisir la voie d'adminis-
tration qu' elle préfère.
• Si elle le désire, la femme peut jouer un rôle impor-
tant dans la prise de décisions sur sa THS et sur
d'autres questions de santé liées à cette période de sa
vie.

121
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

• Vu que la THS peut légèrement augmenter chez la


femme le risque de développer un cancer du sein, les
femmes qui décident de suivre une THS devraient
se soumettre à des examens de suivi réguliers.
• Les décisions touchant la santé de la femme méno-
pausée devraient se fonder sur une évaluation indi-
viduelle des symptômes et des facteurs de risque,
et sur les risques et avantages que comportent di-
vers traitements. La femme et son médecin devraient
réévaluer les décisions prises quand de nouvelles
connaissances médicales sont acquises.

http://sogc.medical.org/pub_ed/tearDownMyth/page15_f.shtml

Tout ce que nous avons suggéré et discuté dans ce livre est


en accord avec les recommandations du Comité du Consen-
sus canadien sur la ménopause et l’ostéoporose. Les femmes
devraient pouvoir choisir des crèmes ou des timbres plutôt
que des pilules. Les femmes devraient pouvoir jouer un rôle
majeur dans les décisions relatives aux soins de santé
qu’elles reçoivent. C’est vous qui vivez dans votre corps,
vous êtes le meilleur juge de ce dont vous avez besoin ! Les
femmes devraient pouvoir évaluer leurs symptômes, tester
leurs niveaux hormonaux et avoir l’heure juste sur leur ris-
que de développer des maladies associées à la ménopause. Il
y a des critères sur lesquels on s’entend pour déterminer si
la thérapie hormonale de substitution est nécessaire. Il est
vrai qu’il y a des controverses sur le type d’hormones à uti-
liser et les risques et bienfaits de la THS à long terme. Il de-
vrait être apparent que les hormones bio-identiques ou
humaines constituent un choix logique, mais ce type
d’hormones a été relégué au second plan principalement
parce que les sociétés pharmaceutiques ne pouvaient les
breveter. Mais tout cela est en train de changer et il y a des
hormones bio-identiques sur le marché maintenant. À tout le
moins insistez pour qu’on vous prescrive celles-là ! Si votre
médecin coopère, demandez des hormones sous forme de

122
CHAPITRE HUIT: Appel à l’action

crème bio-identique préparée en pharmacie spécifiquement


pour vous. Les pharmaciens préparateurs ont des connais-
sances approfondies des hormones bio-identiques, peuvent
suggérer des tests hormonaux et peuvent constituer une res-
source très précieuse pour vous dans votre démarche de san-
té à la ménopause.
Il y a plusieurs excellents ouvrages sur le sujet et nous
en avons inclus une liste dans la section « Ressources ».
Plus vous en saurez sur les hormones, plus vous serez en
mesure d’insister que votre médecin vous aide à explorer les
questions reliées à l’équilibre hormonal. Il y a de
l’incertitude de toutes parts. Tout ce que nous savons avec
certitude est que l’approche conventionnelle utilisée jusqu’à
maintenant comporte des risques inacceptables, qui peuvent
probablement être évités si nous respectons la façon dont la
nature fonctionne. Nous vous avons montré une piste de so-
lution plus efficace et sécuritaire : à vous de la suivre !
Bonne chance, et ne lâchez pas !

123
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

CHAPITRE NEUF

L’équilibre hormonal
pour les hommes

Le présent chapitre constitue notre réponse à toutes les


femmes qui se demandent si les hommes qui font partie de
leur vie pourraient avoir un déséquilibre hormonal. Pour ci-
ter une femme frustrée : « Maintenant que j’ai pu régler
mon problème hormonal, y a-t-il moyen de faire quelque
chose pour mon mari ? » Mesdames, nous sommes à
l’écoute et nous comprenons votre frustration ! Plusieurs
femmes étaient d’avis que nous avions négligé un gros mor-
ceau du casse-tête hormonal en ne traitant pas de l’équilibre
hormonal pour les hommes dans la première édition de cet
ouvrage. Nous voulons donc remédier à cette situation. Ce
chapitre a pour but de vous guider pour aider les hommes
dans votre vie à comprendre comment leur santé est affectée
par l’équilibre hormonal.
La plupart d’entre nous pensons automatiquement à la
testostérone quand il est question d’androgènes. Cependant,
comme vous avez appris dans les chapitres précédents de ce
livre, la santé hormonale implique invariablement plus
qu’une hormone. Nous voulons attirer votre attention sur la
façon dont l’interaction entre les différentes hormones a une
incidence sur la santé des hommes.
MÉNOPAUSE MÂLE OU ANDROPAUSE?
L’expression ménopause mâle nous fait peut-être penser aux
postiches et aux voitures sport de luxe, mais la crise du mi-

124
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

tan de la vie peut se manifester de d’autres façons ! Les


termes ménopause mâle et andropause désignent tous deux
les symptômes physiques et psychologiques associés à une
baisse des niveaux d’androgènes, le groupe d’hormones au-
quel la testostérone appartient. Aux fins du présent chapitre,
nous retiendrons le terme andropause, bien que technique-
ment il n’y a pas de pause dans la production des hormones
androgènes : il s’agit plutôt d’un ralentissement graduel.
La Société internationale pour l’étude du vieillissement
chez les hommes définit l’andropause comme suit : “Syn-
drome clinique et biochimique associé au vieillissement et
caractérisé par une déficience dans les niveaux sériques
d’androgènes. Il peut en résulter des changements significa-
tifs dans la qualité de vie et avoir une incidence négative sur
plusieurs systèmes. » En d’autres mots, la baisse des ni-
veaux d’androgènes associée avec le vieillissement peut
avoir un impact négatif sur la santé des hommes.
L’expérience des hommes relativement au déclin de la
production hormonale est très différente de celle des fem-
mes. Lorsque les femmes atteignent la ménopause, leurs ni-
veaux hormonaux sont en chute libre. Pour les hommes, il
s’agit plutôt d’une glissade sur une pente douce. Par consé-
quent, les symptômes du changement hormonal apparaissent
beaucoup plus graduellement pour les hommes, et souvent
ce sont les femmes dans leur vie qui s’en aperçoivent avant
eux. Les symptômes psychologiques peuvent inclure
l’anxiété, la mauvaise humeur, la perte d’intérêt dans les ac-
tivités qu’ils aimaient auparavant, et des troubles de mé-
moire. Les symptômes physiques peuvent inclure la perte de
masse osseuse, la perte de force musculaire et la dysfonc-
tion érectile. L’apparition graduelle des symptômes a pour
conséquence fâcheuse que bien des hommes se font dire que

125
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

leurs doléances sont simplement des problèmes associés au


vieillissement.
Alors, pourquoi la testostérone est-elle si importante, et
quel impact les autres hormones ont-elles sur la testostérone
et la santé masculine ? Une discussion des androgènes et
des changements dans l’équilibre hormonal qui se produi-
sent à l’andropause offre un aperçu de cette question.
CHANGEMENTS HORMONAUX AU MOMENT DE
L’ANDROPAUSE
Le mot androgène veut dire « d’origine masculine ». En
d’autres mots, les hormones androgènes sont les hormones
qui donnent au corps humain des caractéristiques mâles. Les
androgènes les mieux connus sont la testostérone et la dihy-
drotestostérone (DHT). La présente section se concentre
principalement sur le rôle de la testostérone dans
l’andropause, et par conséquent les autres hormones andro-
gènes ne seront pas discutées autant en détail. Il y a plu-
sieurs excellents ouvrages (voir Ressources à la fin) qui
examinent plus en détail le rôle des androgènes chez les
hommes vieillissants.
La figure 6 montre ce qui arrive à la testostérone pro-
duite par les testicules. En particulier, il est important de no-
ter comment la testostérone peut être « siphonnée » ou
perdue à cause d’une conversion vers l’œstrogène. Cela peut
se produire autant avec la testostérone qui vient des testicu-
les que celle qui est prise en supplément. L’importance de
cette conversion deviendra plus évidente lorsque la relation
entre la testostérone et les œstrogènes sera discutée plus tard
dans ce chapitre.

126
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Les androgènes
La testostérone
Chez les hommes, les testicules produisent environ 95 % de
la testostérone, le reste venant des glandes surrénales (voir
Figure 3, chapitre 2). La testostérone est principalement
responsable des caractéristiques mâles secondaires telles
que : pilosité faciale et corporelle, ton de voix grave, pro-
duction du sperme, capacité de maintenir une érection,
poussée de croissance du pénis, de la prostate et du scrotum
à la puberté. La testostérone dans les mâles adultes aide à
conférer un sens de bien-être, contrôle le glucose sanguin,
améliore la libido, joue un rôle dans la santé du cœur, aide à
maintenir l’élasticité de la peau et la masse musculaire. La
testostérone est plus active sur les récepteurs d’androgènes
qui se trouvent dans le cerveau, le cœur et les muscles du
squelette.

TESTICULES

testostérone

5-alpha reductase
androsténédione aromatase
dihydrotestostérone (DHT)
aromatase

œstrone œstradiol
Figure 6
Plusieurs facteurs contribuent au déclin des androgènes
au moment de l’andropause. D’abord, la production testicu-
laire de testostérone peut diminuer à cause d’un déficit dans

127
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

le nombre de cellules de Leydig (cellules qui produisent la


testostérone dans les testicules) qui s’accentue avec l’âge.
Un autre facteur important dans la progression de
l’andropause est une augmentation des niveaux de globuline
de liaison des hormones sexuelles (SHBG) (voir l’encadré
ci-contre). Les niveaux de SHBG augmentent avec l’âge et
avec l’accroissement des niveaux d’œstradiol. La SHBG se
lie aux molécules de testostérone et les empêche d’activer
les récepteurs de cette hormone. Cela signifie que les ni-
veaux totaux de testostérone peuvent paraître normaux dans
un test, mais la quantité de testostérone qui est disponible
aux cellules est grandement réduite.

Globuline de liaison des hormones


sexuelles (SHBG)
Ce n’est pas toute la testostérone présente dans le corps
qui est disponible pour activer les récepteurs d’androgènes.
Il y a de la testostérone qui est fortement liée à une protéine
appelée Globuline de liaison des hormones sexuelles. Les
hormones liées à la SHBG sont trop volumineuses pour en-
trer dans les cellules et par conséquent ne peuvent activer
les récepteurs. Environ 50 % de la testostérone totale est
fortement liée à la SHBG.
Plusieurs facteurs influencent la production de la SHBG.
La SHBG augmente avec :
la cirrhose alcoolique
d’autres maladies graves du foie
des niveaux élevés d’oestrogène
des niveaux très élevés d’hormones de la thyroïde
l’âge
Un niveau élevé de SHBG a pour effet de réduire la
quantité de testostérone libre.

128
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Par « testostérone totale », on entend la quantité mesu-


rable de testostérone dans le sang. Cependant, tel que men-
tionné plus haut, toute la testostérone détectée n’est pas
disponible aux tissus. Environ 2 % de la testostérone totale
existe sous forme libre dans le sérum, alors qu’un autre
48 % est faiblement lié à une protéine appelée albumine.

Testostérone totale
T libre

Testostérone liée à l’albumine Testostérone liée à la SHBG

Testostérone biodisponible Figure 7

La figure 7 montre les quantités relatives de chaque


forme de testostérone, et la combinaison de testostérone li-
bre et de testostérone liée à l’albumine, que l’on appelle la
testostérone biodisponible (voir l’encadré ci-après).

La testostérone libre ou biodisponible


La testostérone libre est de la testostérone qui n’est pas
liée à une protéine et peut activer les récepteurs.
Une partie de la testostérone est faiblement liée à
une protéine nommée albumine. L’albumine est présente
en grandes quantités dans le sang, et la testostérone qui
se lie à elle peut facilement s’en détacher et devenir li-
bre. En d’autres mots, l’albumine sert en quelque sorte
de camion citerne pour la testostérone. On désigne la
testostérone ainsi liée comme biodisponible car elle est
disponible aux tissus où l’on trouve des récepteurs de
testostérone.

129
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Le déclin à la fois de la testostérone libre et de la testos-


térone biodisponible avec l’âge est bien documenté. La tes-
tostérone bio-disponible baisse d’environ 1 % par année
après l’âge de 40 ans. À l’âge de 40 ans, seulement un
homme ou deux sur 100 ont des niveaux de testostérone
sous la normale, mais à 60 ans, un sur cinq a un niveau de
testostérone sous la normale. Comparant les niveaux de tes-
tostérone libre des jeunes adultes et des hommes âgés révèle
que les hommes de 70 ans ont moins de la moitié des ni-
veaux de testostérone libre qu’ils avaient à 25 ans.
De plus, certains hommes peuvent souffrir d’un manque
relatif de testostérone. Il s’agit d’hommes qui avaient des
niveaux plus élevés que la moyenne de testostérone quand
ils étaient jeunes et qui ont des niveaux normaux (à compa-
rer à leurs pairs) de testostérone libre ou biodisponible plus
tard dans leur vie, mais leur corps réagit comme si ces ni-
veaux normaux étaient trop bas. Leur corps est habitué à des
niveaux plus élevés de testostérone et perçoit la baisse de
testostérone (même si elle est toujours dans les limites nor-
males) comme une déficience. On dit alors qu’ils souffrent
d’un manque relatif de testostérone car ils ont trop peu de
testostérone relativement aux niveaux de leur jeunesse.
Les symptômes d’un faible niveau de testostérone bio-
disponible ou d’une déficience en androgènes comprennent
la fatigue, une perte de libido, un manque de qualité érectile,
et une diminution dans la performance athlétique, la force et
l’endurance. D’autres symptômes peuvent être une perte
d’estime de soi, la dépression, l’irritabilité, la perte de moti-
vation et une diminution générale de jouissance de la vie.
Les symptômes d’excès d’androgènes comprennent
l’acné, l’irritabilité et la peau huileuse. La progestérone ra-
lentit l’activité de l’enzyme qui convertit la testostérone
vers une forme plus puissante, la dihydrotestostérone ou

130
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

DHT. Certains hommes utilisent la progestérone pour ré-


duire la formation de la DHT et réduire les symptômes de
l’excès d’androgènes.
La dihydrotestostérone (DHT)
L’enzyme 5-alpha-reductase convertit la testostérone en di-
hydrotestostérone (voir Figure 6, page 127). La DHT est
environ dix fois plus active que la testostérone. Cela veut
dire que la DHT active dix fois plus les récepteurs androgè-
nes que la testostérone au niveau de la peau, de la prostate et
des glandes séminales. La DHT a relativement peu d’effet
sur les tissus du cerveau. Cependant, on blâme souvent cette
hormone pour les problèmes d’excès d’androgènes comme
l’alopécie séborrhéique masculine, l’acné et la pilosité.

Les androgènes
Déficience Excès
Manque de libido Irritabilité
Sentiment de burnout Agressivité accrue
Moins d’endurance Peau grasse
Fatigue Augmentation de l’acné
Muscles endoloris/raideur Risque accru d’ACV
Dépression Cholestérol élevé
Perte de masse osseuse Proportion accrue de
Diminution de masse musculaire globules rouges
Diminution des érections (hématocrite)
Perte d’érection matinale
Diminution du volume de pénis
Perte du sens de l’humour
Mauvaise humeur
Transpiration accrue
Manque d’enthousiasme
Tableau 6

131
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

La DHEA et l’androsténédione
La déhydroépiandrostérone (DHEA) est l’hormone stéroïde
la plus abondante dans le corps et la matière première pour
la production des androgènes. Les niveaux de DHEA dimi-
nuent avec l’âge et ce déclin peut être lié à une perte géné-
rale de qualité de vie. Des symptômes comme la réduction
d’énergie et de motivation, l’incapacité de faire face aux si-
tuations, les troubles émotifs et la tristesse peuvent être as-
sociés avec un faible niveau de DHEA et/ou de sulfate de
DHEA (qui est la principale forme de DHEA qui circule
dans le sang). Des niveaux trop bas de DHEA peuvent éga-
lement avoir un rôle dans les maladies chroniques telles que
le lupus, l’arthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, le
SIDA et l’hépatite.
La DHEA et le cortisol ont des effets opposés sur la
fonction immunitaire et le contrôle du glucose sanguin. Par
exemple, la DHEA peut améliorer la réponse cellulaire à
l’insuline, ce qui aide à normaliser le niveau de glucose
sanguin. Par contre, le cortisol augmente les niveaux de glu-
cose sanguin. Un excès de cortisol par rapport à la DHEA a
également été lié à une piètre performance sur les tests qui
évaluent la mémoire et le jugement (tests des fonctions co-
gnitives). Quand les niveaux de cortisol sont trop élevés, la
DHEA doit venir à la rescousse pour équilibrer les effets du
cortisol. Par conséquent, des niveaux chroniquement élevés
de cortisol peuvent entraîner une déficience de DHEA. Un
test hormonal devrait inclure à la fois le cortisol et la DHEA
ou DHEAS afin de déterminer si les deux sont en équilibre.
L’androsténédione est fabriqué à partir de la DHEA
dans les glandes surrénales et constitue un précurseur à la
fois des œstrogènes et de la testostérone. Bien que les an-
drogènes soient habituellement le principal point de mire de
toute discussion sur l’andropause, il est très important

132
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

d’examiner l’interaction entre les œstrogènes et les andro-


gènes. La compréhension de la relation entre ces deux hor-
mones est essentielle à toute discussion des problèmes de
l’andropause.
Les œstrogènes
Maintenir l’équilibre entre les androgènes et les œstrogènes
est indispensable à la bonne santé. Chez les hommes, on
trouve des récepteurs d’œstrogène dans les tissus des testi-
cules, des os, du cerveau, des vaisseaux sanguins, de la ves-
sie, de la glande thyroïde et des glandes mammaires. Bien
qu’il y ait trois principaux œstrogènes : l’œstradiol,
l’œstrone et l’œstriol, ce chapitre ne discutera que de
l’œstradiol, le plus puissant des trois. Les testicules produi-
sent approximativement 20% de l’œstradiol que l’on re-
trouve dans le corps des hommes, presque tout le reste
venant de la transformation des androgènes en œstrogènes
dans la graisse corporelle via l’enzyme aromatase. La Fi-
gure 6 illustre la conversion de deux androgènes,
l’androsténédione et la testostérone en œstrogène. Vu que
l’aromatase se trouve dans les cellules grasses, les hommes
obèses ou ceux qui ont beaucoup de graisse autour de la
taille ont un surplus de cette enzyme et par conséquent ont
le potentiel de fabriquer plus d’œstrogène.
Les autres facteurs qui favorisent l’excès d’œstrogène
comprennent la déficience en zinc, la consommation exces-
sive de bœuf et de volaille d’élevage commercial (voir xé-
noestrogènes, page 24), la constipation (réduit l’élimination
des œstrogènes) et la consommation excessive d’alcool. Les
suppléments tels que la DHEA, les sécrétagogues de
l’hormone de croissance humaine, et le bore peuvent égale-
ment élever les niveaux d’œstrogène. Le tableau 7 donne
une liste des symptômes associés avec un niveau élevé
d’œstrogène chez les hommes.

133
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Les oestrogènes
Déficience Excès
Bouffées de chaleur Développement mammaire
Sueurs nocturnes Gain de poids (hanches)
Perte osseuse Manque de libido
Troubles de mémoire Hypertrophie de la prostate
Besoin accru d’uriner
Débit urinaire réduit
Basse température du corps

Tableau 7

Les œstrogènes peuvent faire concurrence à la testosté-


rone pour occuper les récepteurs cellulaires, ce qui affaiblit
l’effet de la testostérone, même si le niveau de testostérone
est normal. Les niveaux plus élevés d’œstrogène augmen-
tent également la SHBG, ce qui lie la testostérone de sorte
qu’elle ne peut avoir d’effet sur les tissus.
Les déficiences nutritionnelles peuvent également
contribuer à l’élévation des niveaux d’œstrogène. Au fur et
à mesure que nous vieillissons, nous perdons la capacité de
libérer et d’absorber les oligo-éléments provenant des ali-
ments. Le zinc est un minéral d’une importance critique
pour les hommes, car il aide à bloquer la conversion des an-
drogènes en œstrogène – donc une déficience en zinc peut
créer des symptômes de manque de testostérone.
Le cortisol
Le rôle du cortisol dans la physiologie normale a été discuté
au chapitre deux. Bien qu’il ne soit pas directement impli-
qué dans l’évolution de l’andropause, le cortisol est crucial
pour deux raisons : il peut entraver l’action de plusieurs au-
tres hormones (p. ex. les androgènes et les hormones de la
thyroïde) et il peut stimuler la conversion de la testostérone

134
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

en œstradiol. Le stress mal géré augmente le cortisol, ce qui


active l’enzyme aromatase.
Le cortisol augmente également l’accumulation de gras
autour de la taille, ce qui augmente la capacité de « l’usine »
où l’aromatase fabrique de l’œstrogène. Plusieurs symptô-
mes incommodants chez les hommes sont causés par une
déficience ou un excès de cortisol. Les symptômes associés
à l’excès ou à la déficience en cortisol sont les mêmes pour
les hommes et les femmes, et bien qu’on en trouve la liste
ailleurs dans cet ouvrage, on les donne au tableau 8 ci-
dessous.

Le cortisol
Déficience Excès
Fatigue Irritabilité
Allergies Fatigué mais agité
Douleurs musculaires Gain de poids – taille
Sensible au froid Perte de masse musculaire
Raideur du cou Perte osseuse
Infections + fréquentes Hypertension
Léthargie matinale Résistance à l’insuline
Sentiment de burnout Perte de libido
Perte de libido Troubles de la mémoire
Incapable de faire face Perte de cheveux
aux situations Sentiment de burnout
Dépression
Tableau 8

INTERACTIONS HORMONALES
Les androgènes, les œstrogènes et le cortisol
L’équilibre entre la testostérone, l’œstradiol et le cortisol
chez les hommes est d’une importance vitale. Les déséquili-
bres hormonaux peuvent créer des symptômes de manque
de testostérone, même si le niveau de testostérone est nor-

135
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

mal. On donne le nom de « déficience fonctionnelle » à ce


type de problème. Le niveau de testostérone peut être nor-
mal, mais le système fonctionne comme si le niveau de tes-
tostérone était bas. Les déficiences fonctionnelles en
testostérone peuvent se produire lorsque les niveaux de cor-
tisol ou d’œstrogène sont plus élevés que normalement.
L’œstradiol et le cortisol font concurrence à la testostérone
pour occuper les récepteurs cellulaires.
L’œstradiol et la testostérone essaient d’occuper les
mêmes récepteurs, un peu comme si on voulait insérer deux
clés dans la même serrure. Quand les niveaux d’œstradiol
sont élevés, ils occupent davantage de récepteurs et empê-
chent la testostérone d’activer le récepteur, même si la tes-
tostérone est présente en quantité suffisante.
Eventuellement, le cerveau peut interpréter l’excès
d’œstradiol comme s’il s’agissait d’un excès de testosté-
rone, et chercher à réduire la production de cette dernière,
ce qui peut produire une déficience réelle en testostérone.
Le cortisol et la testostérone livrent aux récepteurs des
messages opposés. Tel que discuté au chapitre deux, la tes-
tostérone augmente la masse musculaire alors que le cortisol
la fait diminuer. Ainsi, le cortisol excessif peut s’opposer
aux effets de la testostérone. La recherche sur les recrues
militaires a montré qu’en présence d’un stress aigu,
l’élévation du cortisol s’accompagnait d’une diminution
importante de testostérone. Ainsi, ce qui est à l’origine une
déficience fonctionnelle peut devenir une déficience réelle
et mesurable de testostérone. Le message à retenir ici est
que les hommes peuvent avoir des niveaux normaux de tes-
tostérone, mais l’excès d’œstradiol et de cortisol crée un dé-
séquilibre par rapport à la testostérone.

136
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Ratio de testostérone par rapport à l’œstradiol


Une bonne façon d’évaluer le risque de se retrouver avec
une déficience fonctionnelle est d’examiner le ratio de tes-
tostérone par rapport à l’œstradiol. Prenons par exemple
Maurice, un homme de 50 ans qui se plaint de manque de
libido et de fatigue. Il a récemment fait effectuer un test sa-
livaire avec les résultats suivants :
Niveau de Testostérone (T) : 50 pg/ml (normal)
Niveau d’œstradiol (E2) : 3,5 pg/ml (normal)
Malgré le fait que la testostérone et l’œstradiol sont à
l’intérieur des limites normales, Maurice souffre des symp-
tômes classiques de déficience en testostérone. C’est qu’il
faut regarder le rapport entre les deux hormones. Une ana-
lyse des données de laboratoire chez un groupe d’hommes
de moins de 35 ans a montré que neuf sur dix avaient un ra-
tio de testostérone par rapport à l’œstradiol entre 20 et 40.
Dans le cas de Maurice, son radio de T à E2 est de 14, donc
en bas de la normale. Ce ratio chez Maurice indique qu’il a
trop d’œstrogène (œstradiol) par rapport à la testostérone ou
pas assez de testostérone par rapport à l’œstradiol, même si
les deux hormones sont dans les limites normales.
Il s’avère que Maurice est dans une situation très stres-
sante au travail, pèse 35 livres (17 kilos) de trop, est friand
de viande rouge, boit trois ou quatre bouteilles de bière cha-
que soir et a beaucoup de graisse autour de la taille. Il est
assez probable que ce sont ces facteurs reliés au style de vie
qui ont créé le déséquilibre entre la testostérone et
l’œstradiol chez Maurice.
La consommation excessive d’alcool et la consomma-
tion fréquente de bœuf d’élevage commercial ont tous deux
le potentiel d’accroître les niveaux d’œstrogène. De plus,
Maurice est stressé et le stress augmente le niveau de corti-

137
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

sol, ce qui est un facteur dans l’accumulation de gras et


l’activation de l’enzyme aromatase qui convertit la testosté-
rone en œstradiol. Un test salivaire supplémentaire a de fait
confirmé que le cortisol matinal de Maurice est bel et bien
plus élevé que normal.
En dernière analyse, Maurice a besoin de perdre du
poids, manger moins de viande rouge, de choisir de la
viande biologique (sans hormones), et de réduire sa
consommation d’alcool afin de faire diminuer son niveau
d’œstrogène. Il faut également qu’il apprenne à gérer son
stress pour réduire son niveau de cortisol. La supplémenta-
tion en testostérone a peu de chance d’aider Maurice étant
donné qu’une bonne partie de sa testostérone se convertit en
œstradiol. En d’autres mots, la supplémentation en testosté-
rone pourrait exacerber ses symptômes de déficience en tes-
tostérone !
Interactions des hormones de la thyroïde
L’importance des hormones de la thyroïde est souvent né-
gligée dans les discussions de l’équilibre hormonal chez les
hommes. Les niveaux de testostérone libre peuvent être in-
fluencés par les hormones thyroïdiennes. Par exemple, une
glande thyroïde trop active (hyperthyroïdisme) peut faire
baisser les niveaux de SHBG, se traduisant par une augmen-
tation de la testostérone libre (voir encadré page 129). Par
contre, si la thyroïde fonctionne au ralenti (hypothyroï-
disme), cela peut faire augmenter le niveau de SHBG et ré-
duire le niveau de testostérone libre.
L’excès d’œstrogène peut également affecter négative-
ment la fonction thyroïdienne et entraîner des symptômes
d’hypothyroïdisme. Dans de tels cas, les niveaux
d’hormones de la thyroïde peuvent être normaux, mais la
présence d’un excès d’œstrogène entrave leur action.

138
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Et finalement, une composante critique du bon fonc-


tionnement des hormones de la thyroïde est le cortisol. Le
cortisol et les hormones de la thyroïde ont une relation mu-
tuellement dépendante : une certaine quantité d’hormones
thyroïdiennes est nécessaire au bon fonctionnement du cor-
tisol et vice versa. Un excès ou une carence de l’une peut
donc nuire au fonctionnement de l’autre.
L’interaction complexe entre les hormones peut rendre
difficile le maintien de l’équilibre hormonal. Si cet équilibre
n’est pas maintenu, certains des symptômes et maladies as-
sociés à l’andropause pourraient se manifester. La prochaine
section offre un aperçu des relations entre les symptômes,
les états pathologiques et les déséquilibres hormonaux.
LES SYMPTÔMES
Il y a un nombre de symptômes caractéristiques associés au
déséquilibre hormonal chez les hommes. Ce qui suit décrit
les symptômes les plus communs, et donne une brève expli-
cation des déséquilibres hormonaux qui peuvent contribuer
à ces symptômes.
Développement mammaire : Les hommes qui ont une ac-
cumulation de graisse autour de la taille fabriquent davan-
tage d’aromatase et par conséquent convertissent plus de
testostérone en œstradiol. L’excès d’œstrogène peut provo-
quer un développement des seins chez les hommes.
Dépression ou mauvaise humeur : Le cerveau est riche en
récepteurs d’androgènes, ce qui signifie que de faibles ni-
veaux d’androgènes auront un effet sur le fonctionnement
du cerveau. La dépression, la mauvaise humeur et/ou le
manque d’intérêt dans les choses nouvelles sont des symp-
tômes de la baisse de testostérone.
Dysfonction érectile : La testostérone joue un rôle impor-
tant dans l’excitation sexuelle. Un manque de testostérone

139
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

peut réduire cette réaction et rendre l’érection difficile. Bien


que la testostérone soit seulement un des facteurs dans la
production et le maintien d’une érection, c’est un facteur clé
dans le processus. Un faible niveau de testostérone peut être
associé à une plus longue période préparatoire à l’érection.
Cela peut également affecter le muscle qui entoure l’urètre
et la vessie. Un manque de testostérone peut réduire
l’efficacité des contractions de ce muscle, ce qui peut mener
à une diminution de la qualité érectile et à une perte de vo-
lume du pénis.
Perte de masse musculaire : La testostérone est l’hormone
responsable pour générer et maintenir la masse musculaire,
de sorte qu’un faible niveau de testostérone peut aboutir à
une dégénérescence musculaire. Des niveaux élevés de cor-
tisol peuvent également avoir cet effet.
Perte de mémoire : La présence de récepteurs de testosté-
rone dans le cerveau veut dire qu’une baisse de testostérone
affectera le cerveau. Cela se manifeste souvent sous forme
de perte de mémoire.
Gain de poids : Il y a un nombre de problèmes hormonaux
associés avec le gain de poids. Les hommes qui ont des ni-
veaux élevés de cortisol tendent à avoir un surplus de
graisse abdominale. Il est ironique que certains hommes
pensent que c’est macho d’avoir un « bedaine de bière »,
mais de fait cela les effémine ! Plus ils sont obèses, plus leur
niveau d’aromatase est élevé et plus la testostérone se
convertit en œstradiol. Cela contribue à la perte de masse
musculaire et devient un cercle vicieux, car la tendance à
accumuler la graisse à la taille augmentera. L’obésité abdo-
minale augmente également les risques de développer des
cardiopathies et le diabète.

140
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

LE DÉSÉQUILIBRE HORMONAL ET LES


MALADIES
Cardiopathies et diabète : La figure 8 illustre comment les
déséquilibres entre la testostérone, l’œstradiol et le cortisol
peuvent contribuer au développement des cardiopathies et
du diabète.
De faibles niveaux de testostérone libre sont associés à
ces deux types de problème. Des niveaux élevés d’œstradiol
sont un facteur dans les cardiopathies alors que le diabète
exacerbe le problème en contribuant à l’élévation de
l’œstradiol.

CARDIO- DIABÈTE
PATHIES

FAIBLE TAUX DE
Augmentation TESTOSTÉRONE Augmentation
de l’œstradiol LIBRE de l’œstradiol

Résistance Augmentation
à l’insuline du Cortisol

Obésité
abdominale
« Bedaine »

Figure 8

C’est la raison pour laquelle les hommes diabétiques sont


plus à risque de développer des maladies de cœur. Les ni-
veaux élevés de cortisol contribuent également à

141
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

l’augmentation de l’œstradiol, qui peut contribuer à


l’obésité abdominale, laquelle augmente le risque de car-
diopathie.
La figure 8 illustre l’importance de maintenir l’équilibre
entre les différentes hormones afin de prévenir les maladies
de cœur et le diabète. Cependant, il y a certaines autres ma-
ladies sur lesquelles le déséquilibre hormonal a un impact.
L’hypertrophie bénigne de la prostate : Ce problème est
extrêmement commun chez les hommes qui prennent de
l’âge. La plupart des hommes de plus de soixante ans ont
des signes d’hypertrophie de la prostate. Certains cher-
cheurs croient que l’hypertrophie bénigne de la prostate
pourrait être le résultat d’un manque de testostérone et d’un
excès d’œstradiol. Cette théorie est basée partiellement sur
le fait que les hommes dont le niveau de testostérone est à la
baisse ont la plus grande incidence de ce problème alors que
les hommes qui sont au sommet de leurs années de produc-
tion de cette hormone ont très peu de problèmes de prostate.
De plus, étant donné que la prostate a été formée à partir du
même tissu embryonnaire que l’utérus, les chercheurs
croient que l’exposition excessive à l’œstrogène peut être
une cause de cette hypertrophie.
Cancer du sein : Bien que le cancer du sein chez les hom-
mes soit rare, les hommes ayant trop d’œstrogène par rap-
port à la testostérone sont plus à risque de développer cette
maladie. Tant l’obésité que les maladies du foie peuvent
contribuer à l’excès d’œstrogène chez les hommes.
L’ostéoporose : Un faible de niveau de testostérone ou
d’œstradiol peut contribuer à l’ostéoporose. La testostérone
est l’hormone la plus impliquée dans le développement de la
masse osseuse chez les hommes. D’autre part, le cortisol
trop abondant peut accélérer la dégradation des os.

142
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Cancer de la prostate : Le taux de survie des hommes


ayant un niveau normal de testostérone au moment du dia-
gnostic de cancer de la prostate est plus élevé que celui des
hommes ayant un faible niveau de testostérone. Cependant,
une fois le cancer diagnostiqué, on ne devrait pas adminis-
trer de supplément de testostérone car cela pourrait accélé-
rer la croissance de la tumeur. Des niveaux faibles de DHT
relativement à la testostérone ont également été associés au
cancer de la prostate.

ANTIGÈNE PROSTATIQUE SPÉCIFIQUE (PSA)


Le niveau de PSA, ou antigène prostatique spécifique, dans
le sang est une mesure utilisée comme marqueur pour
évaluer le risque de cancer de la prostate. Quand les
niveaux de PSA s’élèvent au-delà d’un certain seuil, on
soupçonne un cancer de la prostate et une biopsie devient
justifiée.

Étant donné que le déséquilibre hormonal peut être un fac-


teur dans plusieurs des principales causes de décès chez les
hommes, il va donc sans dire que le rétablissement de
l’équilibre approprié est essentiel si l’on veut rétablir et
maintenir une santé optimale. Cependant, il est impossible
de rétablir l’équilibre hormonal sans d’abord savoir ce qui
est en déséquilibre. L’analyse des hormones est la seule fa-
çon certaine de découvrir si un déséquilibre hormonal est
présent.
TESTS HORMONAUX POUR LES HOMMES
Un facteur clé dans les analyses hormonales est la nécessité
de mesurer la quantité de testostérone biodisponible, et non
seulement la testostérone totale (voir encadré page 129). Tel
que décrit auparavant dans le présent chapitre, le niveau de
testostérone totale peut porter à confusion car il peut demeu-

143
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

rer relativement constant au cours de la vie même si la


quantité de testostérone disponible aux cellules baisse cons-
tamment. Tant les analyses sanguines que salivaires sont
utilisées pour analyser la testostérone. Voici les avantages et
désavantages de chaque méthode.
Analyse sanguine
Certains laboratoires offrent un test appelé l’Index des an-
drogènes libres (Free Androgen Index / FAI). Ce test ne
mesure pas les niveaux d’hormones, mais effectue un calcul
qui donne la quantité approximative de testostérone biodis-
ponible dans le sang. Pour générer cette donnée, la labora-
toire mesure la testostérone totale et le SHBG (voir
l’encadré page 129). La formule suivante est ensuite utilisée
pour calculer la quantité de testostérone disponible aux tis-
sus :
Androgènes libres = Testostérone totale x 100
Index SHBG

La testostérone biodisponible dans le sang peut également


être mesurée par le biais d’une technique connue sous le
nom de « dialyse à l’équilibre », que l’on considère
comme la norme, c’est-à-dire façon la plus largement ac-
ceptée de mesurer la testostérone biodisponible.
La testostérone libre (qui n’est pas liée à l’albumine
ou à la SHBG) peut être mesurée séparément dans le sang
par diverses méthodes qui ne sont disponibles que dans
certains laboratoires.
En bout de ligne, l’index des androgènes libres, la dia-
lyse à l’équilibre et le test de testostérone libre exigent
tous une visite à un laboratoire pour une prise de sang, ce
qui n’est pas toujours pratique. Par contre, les tests san-
guins peuvent être couverts par les régimes publics
d’assurances, du moins pour le moment. Vu les pressions

144
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

qui s’exercent actuellement pour réduire les coûts, cette


situation pourrait changer car certains sont d’avis que les
analyses hormonales ne sont pas médicalement nécessai-
res.
Tests salivaires
Étant donné que les hormones doivent passer par les tissus
(les glandes salivaires) pour se retrouver dans la salive, le
test salivaire donne une excellente mesure de la quantité de
testostérone absorbée par les tissus. Le test salivaire se
compare favorablement à la dialyse à l’équilibre pour analy-
ser la testostérone biodisponible dans le sang.
Un autre facteur à considérer est que les niveaux de tes-
tostérone sont plus élevés le matin et baissent dans le cou-
rant de la journée. Un échantillon de sang prélevé plus tard
dans la journée peut indiquer un niveau plus faible de
testostérone par rapport à un échantillon prélevé tôt le
matin. Étant donne qu’avec le test salivaire le prélèvement
se fait à domicile, on peut facilement obtenir un échantillon
prélevé tôt le matin, ce qui n’est pas toujours possible avec
une prise de sang.
De plus, le test salivaire devient rapidement la norme
pour analyser le cortisol. La prise de sang en elle-même
peut créer un stress qui fera monter le cortisol, ce qui peut
fausser les résultats. Les œstrogènes sont également bien
captés dans la salive.
LA SUBSTITUTION HORMONALE POUR LES
HOMMES
Si l’analyse des hormones révèle un déséquilibre, une inter-
vention quelconque sera requise. Il est évident que les
hommes chez qui un test révèle un faible niveau de testosté-
rone auront besoin d’un supplément de cette hormone. S’il y
a des problèmes tels qu'un niveau trop élevé d’œstradiol et

145
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

de cortisol, des changements dans le style de vie


s’imposeront. Un régime d’exercice, une alimentation saine,
la gestion du stress sont autant d’objectifs importants au ni-
veau du style de vie. Des problèmes de sommeil parfois non
diagnostiqués, tels que l’apnée du sommeil, peuvent égale-
ment avoir un impact sur l’équilibre hormonal. On a consta-
té que les hommes souffrant d’apnée du sommeil avaient un
niveau plus faible de testostérone – ce qui signifie qu’une
évaluation du sommeil est essentielle lorsqu’un homme se
plaint de symptômes qui semblent liés à l’andropause.
En dernière analyse, quand les tests révèlent un faible
niveau de testostérone, il est à espérer que leurs médecins
verront le bien fondé de prescrire un supplément de cette
hormone.
Il y couramment une gamme de produits disponibles
pour une thérapie de substitution utilisant de la testostérone
bio-identique, produits qui peuvent être soit prêts à vendre
ou préparés sur ordonnance dans l’officine du pharmacien.
Le tableau 9 donne une liste de ces produits.

Préparations
Produits prêts à vendre
magistrales
Testostérone
®
Andriol micronisée
Oraux (undéconate de testostérone) capsules, dragées,
gouttes sublinguales
®
Delatestryl
Injectables n/a
(cypionate de testostérone)
®
Timbres Androderm n/a

Produits ® Crème ou gel à la


topiques Androgel
testostérone
Tableau 9

146
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Tel que discuté au chapitre quatre, l’administration des


hormones par voie topique est la plus efficace. La dose de
testostérone administrée demeure inchangée (demeure sous
forme de testostérone) beaucoup plus longtemps quand cette
hormone est administrée de façon topique, ce qui évite
qu’elle se décompose ou se convertisse en d’autres hormo-
nes telles que l’oestradiol. Les timbres à la testostérone sont
une excellente façon d’administrer la testostérone. Leur
principal inconvénient est que les timbres ne sont disponi-
bles qu’en deux dosages, ce qui rend difficile d’adapter la
dose aux besoins particuliers de chaque patient. La testosté-
rone sous forme de crème magistrale est le choix que privi-
légient bien des patients et des praticiens à cause de la
possibilité de contrôler précisément le dosage qui peut être
aussi peu que 0,1 ml. L’Androgel®, un gel commerciale-
ment disponible qui se vend en sachets de 5 grammes, pré-
sente certains inconvénients à cause de la quantité de gel à
appliquer (approximativement 1 cuiller à thé).
Les injections de testostérone produisent des variantes
prononcées dans les niveaux de testostérone disponible : le
niveau sera trop élevé ou adéquat immédiatement après
l’injection, mais trop bas avant l’injection suivante. De plus
la testostérone est normalement plus élevée le matin, et di-
minue au fil la journée. Ce rythme physiologique peut être
imité avec la testostérone administrée par voie orale ou per-
cutanée, mais non avec les injections périodiques.
Un jeune homme produit naturellement environ 5 mg de
testostérone par jour. Par conséquent, pour la testostérone
administrée par voie transdermique, le dosage devrait être
entre 2 et 5 mg par jour. Tel que décrit au chapitre 4, pren-
dre des hormones par voie orale est très inefficace, de sorte
qu’il faut utiliser des doses beaucoup plus élevées.

147
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Il est tentant pour les praticiens de traiter les symptômes


reliés au manque de testostérone au moyen de doses tou-
jours plus fortes de testostérone. Cependant, si les doses
physiologiques de testostérone ne soulagent pas les symp-
tômes, le praticien, le pharmacien et le patient devraient ré-
évaluer la situation : changer la voie d’administration pour-
rait être une piste de solution et on pourrait aussi examiner
de plus près les niveaux d’œstrogène et de cortisol.
Contrairement aux femmes, dont la production hormo-
nale varie pendant le mois, les hommes produisent essen-
tiellement la même quantité de testostérone chaque jour. Par
conséquent, en théorie, la testostérone devrait être adminis-
trée chaque matin. Cependant, pour éviter la perte
d’efficacité de la réponse hormonale, des pauses devraient
être incorporées au protocole d’administration. Par exemple,
six jours d’application, un jour de pause ; ou encore trois
semaines d’application, trois jours de pause, etc.
Le surdosage peut également causer une perte
d’efficacité, car les récepteurs cellulaires deviendront
« sourds » au message de l’hormone si le signal est trop
puissant. Si une dose qui a été efficace cesse de fonctionner,
on peut essayer soit de réduire la dose, soit de changer le ca-
lendrier d’administration ou encore de faire une pause de
deux à quatre semaines pour permettre au corps de se resen-
sibiliser à la supplémentation hormonale.
ÉTUDES DE CAS
Les études de cas suivantes illustrent quelques-uns des
problèmes les plus communs associés à la substitution
hormonale chez les hommes.

148
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

RAYNALD
Historique
Raynald a 64 ans et se plaint d’une baisse graduelle
d’énergie, d’une apathie croissante et d’une perte de désir
sexuel. Il est aussi un peu déprimé et irritable. Sa femme a
constaté qu’il y a une diminution dans la taille de ses testi-
cules et de son pénis. Son taux de PSA (voir encadré page
143) est normal et un examen physique indique que sa pros-
tate est normale.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Raynald suggèrent une déficience en
testostérone.

Résultats du test salivaire


Œstradiol : 2 pg/ml (normal)
Testostérone : 35 pg/ml (bas mais dans les limites)
T/E2 : 17,5 (bas) 20 à 40 désirable
DHEAS : 5 ng/ml (normal)
Cortisol : 5,3 ng/ml (normal)
Interprétation du test salivaire
La testostérone est basse mais dans les limites normales. Le
ratio de testostérone à œstradiol (T/E2), est bas. Raynald
représente un cas classique d’une baisse de testostérone
alors que les niveaux des autres hormones sont normaux. La
production des hormones surrénaliennes est normale.
Recommandations pour Raynald
Étant donné que l’examen clinique et les tests de laboratoire
ne donnent aucun indice de cancer de la prostate, et du mo-
ment qu’il n’y a aucune autre contre-indication médicale
telle qu’une maladie du foie ou des problèmes de coagula-
tion sanguine, Raynald pourrait être un bon candidat pour
une thérapie de substitution de la testostérone, avec une

149
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

dose de départ de 1 à 2 mg par jour, appliqués par voie


transdermique le matin. Son PSA (voir encadré page 143),
l’hématocrite, les lipides sanguins et la fonction hépatique
devront être surveillés périodiquement par son médecin de
famille. (Il n’y a aucune évidence que des doses physiologi-
ques de testostérone transdermique ont un effet négatif sur
la fonction hépatique. Cependant, l’usage prolongé de
« stéroïdes anabolisants » synthétiques, comme ceux que les
athlètes et les culturistes utilisent, peut être nocif pour le
foie.)
MAURICE
Historique
Nous avons discuté du cas de Maurice en détail auparavant
dans le présent chapitre. Il s’agit d’un cas typique de défi-
cience fonctionnelle de testostérone. Le test indique que son
niveau de testostérone est normal, mais ses symptômes sont
principalement dus à l’interférence causée par une élévation
d’œstrogène et de cortisol. Ce sont des changements dans
son style de vie qui offriront à Maurice la meilleure piste de
solution. Dans un cas comme celui de Maurice, certains
médecins prescrivent des inhibiteurs d’aromatase tels que
Femara® (commençant avec des doses très faibles comme
0,5 mg deux fois par semaine) afin de bloquer la conversion
de la testostérone en œstradiol.
DAVID
Historique
David est un homme de 52 ans qui a commencé à utiliser
une crème magistrale à la testostérone il y a six ans, après
qu’un test de sang et un test salivaire eurent confirmé une
carence en testostérone biodisponible. Tout allait bien jus-
qu’à récemment, alors que sa femme a commencé à utiliser
de la progestérone topique, à raison de 100 mg par jour. Elle

150
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

applique habituellement la progestérone sur les seins le soir.


Mais voilà que David se met à avoir des bouffées de cha-
leur, à transpirer davantage et à avoir une baisse de libido.
Analyse des symptômes
Les symptômes de David suggèrent une déficience en tes-
tostérone.
Résultats du test salivaire
Œstradiol : 3 pg/ml (normal)
Testostérone : 800 pg/ml (normal avec une crème topique)
Progestérone : 3350 pg/ml (élevé)
Interprétation du test salivaire
Voici un cas intéressant. David est exposé à la progestérone
par contact avec sa femme ! Étant donné que la progesté-
rone entrave la conversion de la testostérone vers son méta-
bolite plus puissant, la dihydrotestostérone, l’exposition à la
progestérone peut donc réduire l’efficacité de la thérapie de
remplacement de la testostérone.
Recommandations pour David
Il faudra que David et sa femme Jocelyne prennent des me-
sures pour éviter qu’il s’expose à la progestérone qu’elle
applique sur son corps. Ainsi, Jocelyne pourrait appliquer la
progestérone plus tôt dans la soirée, et prendre sa douche
avant de se coucher. Elle devrait également réévaluer le do-
sage car 100 mg est une dose excessive pour la progestérone
transdermique.
LARRY
Historique
Larry a 48 ans et il a entrepris, il y a deux mois, une théra-
pie de remplacement de la testostérone avec Androgel®, à
raison d’un sachet par jour. Cela a bien fonctionné initiale-
ment, mais dernièrement il a l’impression que ça ne fonc-

151
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

tionne plus. Il a également constaté un développement


mammaire.
Analyse des symptômes
Les symptômes de Larry suggèrent un excès d’œstrogène.

Résultats du test salivaire


Œstradiol : 8 pg/ml (élevé)
Testostérone : >1200 pg/ml (élevé)
Interprétation du test salivaire
À la fois l’œstradiol et la testostérone sont au-dessus des ni-
veaux normaux. Un sachet d’Androgel® contient 50mg of
testostérone, 10 fois plus que la quantité moyenne produite
chaque jour par un jeune homme de 18 ans ! L’excès de tes-
tostérone se convertit en œstradiol. De plus, les récepteurs
cellulaires de testostérone de Larry n’entendent plus le mes-
sage de cette hormone car ils sont surchargés.
Recommandations pour Larry
Larry a besoin d’interrompre sa thérapie à la testostérone
pendant un ou deux mois, pour donner à son corps le temps
de se resensibiliser. La thérapie à la testostérone pourra en-
suite être reprise, mais en utilisant des doses physiologiques
qui se rapprocheront davantage de la production quoti-
dienne normale de 5 mg. Il pourrait également songer à
faire des arrêts périodiques, par exemple d’un jour par se-
maine ou quelques jours consécutifs par mois.
CONCLUSION
On a estimé que plus d’un million de Canadiens souffrent
d’une déficience en testostérone et que seulement 5 % sont
couramment traités pour ce problème. Les déséquilibres en-
tre les différentes hormones sexuelles peuvent causer des
problèmes considérables de santé chez les hommes tout
comme c’est le cas pour les femmes.

152
CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes

Il y a des preuves convaincantes que des niveaux adé-


quats de testostérone offrent une protection contre les mala-
dies du cœur et des vaisseaux sanguins, et plusieurs
chercheurs ont suggéré que cette hormone protège égale-
ment contre le cancer de la prostate. De faibles niveaux de
testostérone ont été associés à la dépression, alors que des
quantités excessives de testostérone ont été reliées à
l’agression. Des niveaux faibles de testostérone et élevés
d’œstradiol ont été associés à un risque accru de diabète. La
recherche démontre également que l’équilibre hormonal est
essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire. Il
est clair que les hormones ont un rôle très significatif à
jouer dans le maintien de la santé masculine !
Malheureusement, certains critiques ont utilisé la publi-
cité négative qui a entouré les thérapies hormonales de
substitution (THS) pour les femmes pour condamner la thé-
rapie hormonale pour les hommes. Ils prétendent que les ré-
sultats négatifs constatés chez les femmes qui utilisent des
hormones synthétiques démontrent que c’est une mauvaise
idée de donner de la testostérone aux hommes. En réalité, ce
que les études sur la THS ont prouvé est que
l’administration d’hormones non bio-identiques (non hu-
maines) ne confère pas tous les avantages escomptés. La
thérapie hormonale pour les hommes comporte en partant
un énorme avantage par rapport à la THS qu’on administre
aux femmes : les hommes reçoivent presque toujours des
suppléments de testostérone bio-identique. En 2003, le doc-
teur Alvaro Morales, éminent urologue canadien, déclarait :
« Des inquiétudes récentes relativement aux THS prescrites
aux femmes postménopausées ont été extrapolées de façon
inappropriée aux hommes par la presse populaire. Une telle
extrapolation est non seulement inappropriée mais dénuée
de toute validité scientifique. » En d’autres mots, il n’est ni

153
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

raisonnable ni scientifique de prétendre que le résultat


d’études sur des THS à base d’hormones non bio-identiques
conçues pour les femmes s’appliquent également aux théra-
pies hormonales conçues pour les hommes et que par
conséquent ces derniers devraient s’abstenir de ce genre de
traitement.
Bien qu’il soit impossible dans l’espace d’un chapitre de
couvrir tous les aspects du remplacement hormonal pour les
hommes, nous espérons avoir donné autant aux femmes
qu’aux hommes un point de départ pour mieux comprendre
l’équilibre hormonal si important aux deux sexes. Comme
nous l’avons préconisé auparavant pour les femmes, la col-
laboration entre patient, médecin et pharmacien préparateur
offre la meilleure chance de succès. Les femmes sont tradi-
tionnellement celles qui se soucient de la santé familiale. En
étant bien renseignées sur l’équilibre hormonal, elles peu-
vent non seulement s’aider elles-mêmes, mais aider les
hommes de leur entourage. Il faut faire de l’équilibre hor-
monal une affaire de famille !

154
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

ANNEXE A

Produits à base d’hormones


bio-identiques

Le pharmacien préparateur joue un rôle primordial dans


l’accès à la substitution hormonale basée sur les hormones
bio-identiques. La préparation personnalisée des ordonnan-
ces est essentiellement ce en quoi consiste l’art de
l’apothicaire tel qu’il se pratiquait autrefois. Les origines de
la profession de pharmacien remontent effectivement à la
préparation « sur mesure » de remèdes, de pommades et de
toutes sortes de préparations à base de plantes. L’avènement
des médicaments « préfabriqués » et synthétiques mis en
marché par les laboratoires pharmaceutiques a grandement
réduit le besoin de ces préparations magistrales. Quand les
médecins ont commencé à prescrire l’hormonothérapie, les
hormones bio-identiques n’étaient pas disponibles commer-
cialement à cause de problèmes d’absorption. Cependant,
grâce à l’évolution dans les procédés de fabrication, ces dif-
ficultés ont été surmontées et les hormones bio-identiques
sont maintenant disponibles non seulement sous forme de
préparations magistrales mais aussi de produits « prêts à
vendre ». Les timbres et gels à l’œstradiol sont des exem-
ples de produits de fabrication commerciale qui contiennent
des hormones bio-identiques.
Les doses et les modalités de transport des hormones
dans les produits de fabrication commerciale peuvent ne pas
donner des résultats satisfaisants dans certains cas. Avec les

155
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

préparations magistrales, il est plus facile d’obtenir un do-


sage sur mesure et d’adapter le mode de transport des hor-
mones à chaque cas particulier. En consultation avec votre
médecin (voir Ressources), un pharmacien préparateur peut
personnaliser une ordonnance d’hormones pour répondre à
vos besoins uniques. La plupart des pharmaciens prépara-
teurs appartiennent à des organisations qui se consacrent à
l’éducation permanente de leurs membres et à l’excellence
dans l’exercice de leur art, en particulier en ce qui a trait
aux préparations d’hormones bio-identiques.

Les œstrogènes
Le TriEst (ou triple œstrogène) est un produit préparé en
pharmacie qui contient différentes proportions d’œstradiol,
d’œstrone et d’œstriol. Le TriEst a été originalement formu-
lé en se basant sur des recherches qui suggéraient que
l’œstriol est dix fois plus abondant que l’œstradiol dans le
corps. On en a déduit que, dans une formulation similaire, il
pourrait avoir des effets œstrogéniques sans augmenter le
risque de cancer. Malheureusement, cette recherche man-
quait de rigueur, et cette théorie n’a pu être validée. Par
conséquent, la quantité de chaque œstrogène dans une for-
mulation magistrale devrait être déterminée principalement
par les symptômes de la patiente et son historique pour éva-
luer les risques (p. ex. de cancer du sein ou d’ostéoporose).
La dose ou la puissance de la préparation de TriEst est ex-
primée en milligrammes d’œstrogène (soit la combinaison
œstriol / œstrone / œstradiol), et la quantité de chaque hor-
mone est indiquée. La préparation magistrale peut prendre
la forme de capsules ou de crème topique. Les concentra-
tions les plus usitées sont 1,25 mg, 2,5 mg et 5,0 mg. Plu-
sieurs ratios sont possibles, mais selon les pharmaciens
préparateurs, les plus souvent prescrites sont :

156
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

• 80:10:10 Capsule de 1,25mg = 1mg œstriol +


0,125mg œstrone + 0,125 mg œstradiol
• 70:20:10 Capsule de 1,25 mg = 0,875 mg œstriol +
0,25mg estrone + 0,125mg œstradiol
• 90:5:5 Capsule de 1,25 mg = 1,125 mg œstriol +
0,0625 mg œstrone + 0,0625mg œstradiol
Le BiEst est une formule sans œstrone, contenant donc seu-
lement de l’œstriol et de l’œstradiol. Étant donné que le
corps peut facilement fabriquer de l’œstrone à partir de
l’œstradiol, il est rare qu’un supplément d’œstrone soit né-
cessaire. Si une trop grande quantité d’œstrone est prise en
supplément, cela pourrait créer un excès de sulfate
d’œstrone et d’autres métabolites potentiellement dangereux
tels que le 4-hydroxyestrone, qui est fortement impliqué
dans le cancer du sein. Tout comme pour le TriEst, le BiEst
est exprimé en milligrammes totaux d’œstrogènes, habituel-
lement 1,25 mg, 2,5 mg ou 5,0 mg, et la quantité de chaque
hormone est indiquée. Les ratios les plus usités sont :
• 80:20 80 % d’œstriol et 20 % d’œstradiol
1,25mg = 1,0mg d’œstriol + 0,25mg d’œstradiol
L’œstriol est également prescrit seul. L’œstriol dans un gel
vaginal est très efficace pour l’incontinence urinaire, et,
bien entendu, pour la sécheresse vaginale. Des capsules
d’œstriol à libération prolongée sont également prescrites
pour aider à soulager les symptômes de la ménopause chez
les femmes ayant un risque élevé de cancer du sein ou qui
en sont atteintes. La dose quotidienne d’œstriol varie de 0,5
mg aux deux jours jusqu’à 5 mg par jour dans certains cas.
Les tests salivaires indiquent que l’œstriol peut s’accumuler
à la longue chez beaucoup de femmes car cette hormone est
à l’aboutissement des voies de biosynthèse – c’est-à-dire
qu’elle ne se transforme pas en d’autres hormones. En Eu-

157
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

rope, les doses d’œstriol tendent à ne pas dépasser 0,5 mg


par jour ou aux deux jours.
L’œstradiol se retrouve sous différentes formes dans les
préparations magistrales, y compris des capsules à libération
prolongée, des timbres, gels ou crèmes transdermiques ou
topiques, et des comprimés sublinguaux (à dissoudre sous la
langue) ou buccaux (à dissoudre dans la joue). Les timbres
à l’œstradiol qui se vendent sous une marque de commerce
sont également une excellente façon d’administrer des ni-
veaux stables d’hormones. Tel que décrit auparavant dans le
présent ouvrage, l’administration des hormones par voie
transdermique imite de plus près le mode naturel de distri-
bution des hormones dans le corps.

La progestérone
La progestérone est communément incorporée à des crèmes
transdermiques ou topiques. On la trouve également dans
des capsules à libération prolongée ou des suppositoires va-
ginaux. Les formulations transdermiques ou topiques peu-
vent contenir différentes concentrations de progestérone,
qui vont de moins de 1 % (1 gramme par 100 ml) jusqu’à
plus de 40 %. La dose habituellement prescrite aux femmes
se situe entre 20 et 40 mg par jour. Une crème à la progesté-
rone de 2 % contient 20 mg de progestérone par ml, c’est
pourquoi cette concentration est très usitée. (Des crèmes
contenant jusqu’à 1,5 % de progestérone sont disponibles
aux É.-U. sans ordonnance, mais leur qualité peut varier
grandement. Certaines crèmes en vente libre qui prétendent
contenir de la progestérone n’en contiennent même pas du
tout.) Pour permettre l’application d’une dose exacte d’une
crème magistrale, la plupart des pharmaciens fourniront une
cuiller ou une seringue à mesurer avec le produit. La crème
à la progestérone peut être appliquée n’importe où sur le

158
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

corps, sauf sur l’abdomen car les hormones seront alors ab-
sorbées par le foie et métabolisées avant de pouvoir attein-
dre les tissus. La progestérone appliquée sur les seins peut
aider à soulager l’inconfort causé par les seins fibrokysti-
ques et la dysplasie mammaire.
La progestérone est disponible commercialement sous la
marque Prometrium® en capsules de 100mg. Des capsules à
libération prolongée en préparation magistrale sont habituel-
lement formulées en concentrations de 100 mg et de 200
mg. La progestérone est libérée lentement sur une période
d’environ 12 heures. Prise oralement, la progestérone est
métabolisée par le foie, qui la décompose en sous-produits
(métabolites). C’est pourquoi les doses orales doivent être
d’au moins 100 mg alors que les doses topiques ne sont que
de 1/5ième ou 1/10ième de cette quantité. Les métabolites de la
progestérone causent de la somnolence chez certaines fem-
mes, et ils ont également un effet tranquillisant. C’est pour-
quoi la progestérone par voie orale peut avoir des effets
secondaires qui soient désirables pour certaines femmes.

Les androgènes et les précurseurs androgéniques


La testostérone peut être incorporée par un pharmacien pré-
parateur à divers gels et crèmes, habituellement dans une
concentration allant de 0,2 % à 2 %. La testostérone est dis-
ponible en préparation commerciale sous forme de timbre
transdermique et de gel. Cependant, le timbre Androderm®
est seulement disponible en dosages de 2,5 mg et de 5 mg
alors que les femmes ont besoin de seulement d’une force
moindre, soit entre 0,5 et 1,0 mg. L’AndroGel® est disponi-
ble en concentration de 1%, mais il est beaucoup plus dis-
pendieux que la testostérone en préparation magistrale. Les
capsules d’Andriol® contiennent une forme modifiée de tes-
tostérone : l’undécanoate de testostérone. Tel que discuté au

159
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

chapitre 4, l’administration orale des hormones n’est pas


idéale car toute hormone est modifiée par le foie avant
d’arriver aux tissus.
La DHEA Au moment où nous écrivons ces lignes, la
DHEA n’est pas encore homologuée comme produit naturel
au Canada. Toutefois, des modifications à la réglementation
permettent d’obtenir la DHEA par le biais du Programme
d’accès spécial de Santé Canada. Les demandes présentées
en vertu de ce programme doivent être faites par un prati-
cien de la santé pour un médicament particulier, à un dosage
précis, pour un(e) patient(e) en particulier, pour traiter une
maladie grave.
Les glucocorticoïdes
Le cortisol : Les déficiences sévères en cortisol sont rares.
Les cas de ce genre peuvent être d’origine génétique ou être
la conséquence d’une autre maladie ou de chirurgie. Le
stress chronique peut également entraîner une déficience en
cortisol. Une supplémentation en cortisol peut être utile
pour permettre aux glandes surrénales de se reposer au dé-
but d’une thérapie pour la fatigue surrénalienne (voir chapi-
tre 2). Le cortisol est disponible commercialement sous
forme de comprimés, et également sous forme d’onguent
topique à la cortisone pour traiter les éruptions cutanées mi-
neures. Il est possible d’absorber assez de cortisol (ou corti-
sone) à partir de produits topiques pour affecter la
production de cette hormone par le corps. Par conséquent,
on devrait éviter l’usage excessif de crèmes ou gels à base
de cortisone.
MODES D’ADMINISTRATION DES HORMONES
Il y a plusieurs formes de dosage des hormones. Ces formes
de dosage sont appelées « modes d’administration » des
hormones et ils déterminent la voie qu’empruntent les hor-

160
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

mones pour atteindre les tissus. Nous discuterons ici des


modes d’administration les plus usités pour les thérapies
hormonales de substitution à base d’hormones bio-
identiques, ainsi que les avantages et désavantages de cha-
cun.

La voie orale
Une des raisons qui ont motivé le développement des hor-
mones synthétiques (outre le profit !) est que l’on croyait
que les hormones bio-identiques étaient mal absorbées. Cela
n’est plus le cas et il existe des formulations orales
d’hormones bio-identiques qui sont efficaces et facilement
disponibles. Parmi les préparations commerciales
d’hormones bio-identiques orales, il y a Estrace® (œstra-
diol), et Prometrium® (progestérone orale micronisée). Le
Prometrium® est formulé dans une base d’huile d’arachide,
qui peut avoir un potentiel allergène pour certaines femmes.
Ogen® (qui est de l’estropipate, une forme de sulfate
d’œstrone) est également disponible, mais il faut éviter de
s’exposer à des quantités excessives de sulfate d’œstrone.
Les formes orales d’hormones bio-identiques de fabrication
commerciale ont tendance à être rapidement éliminées par
le corps. Ceci a poussé les pharmaciens préparateurs à met-
tre au point des formulations à libération lente pour les
hormones, ce qui peut être accompli en les incorporant à
une substance gélatineuse appelée « hydroxypropyl-
méthylcellulose ». L’ajout de cette substance assure une li-
bération lente des hormones pendant toute la journée. En
théorie, cet effet de libération prolongée donne des niveaux
hormonaux plus constants sur 24 heures, et les tests hormo-
naux confirment cette hypothèse.
Il a été démontré que l’œstradiol oral aug-
mente le cholestérol HDL (le bon cholestérol). Plusieurs uti-

161
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

lisatrices trouvent les capsules plus pratiques que les gout-


tes, les dragées ou les crèmes. Les médecins ont souvent
plus confiance de prescrire des produits commercialement
disponibles.
Les études montrent que l’œstrogène oral
affecte la production naturelle des protéines hépatiques. Ces
protéines ont un rôle dans la coagulation du sang, la régula-
tion de l’insuline et la réponse des tissus au cortisol et aux
hormones de la thyroïde. Ainsi, l’administration
d’œstrogène par voie orale peut théoriquement accroître la
tendance du sang à coaguler, des problèmes de contrôle de
l’insuline et un ralentissement de la fonction thyroïdienne.
Toutes les hormones administrées par voie orale sont
d’abord attaquées par l’acidité gastrique, puis par l’action
métabolisante du foie. Jusqu’à 80 % de la progestérone
orale est convertie en sous-produits (métabolites) dans le
tractus digestif et le foie, un processus connu sous le nom de
« métabolisme de premier passage ». Il arrive que les sous-
produits des hormones soient utiles. Par exemple, les méta-
bolites de la progestérone, qui sont la pregnanolone,
l’allopregnanolone et l’hydroxypregnanolone, peuvent cau-
ser la somnolence. Ainsi, prise au coucher, la progestérone
orale micronisée (Prometrium®) peut aider les femmes qui
souffrent d’insomnie reliée à leur état hormonal. Les prépa-
rations magistrales ont tendance à agir plus longtemps et
risquent moins de causer de la somnolence.
L’importance de l’effet de premier passage dans le foie
est en bonne partie responsable de l’attrait qu’exercent les
formes non orales de substitution hormonale.
L’administration transdermique se rapproche davantage de
la façon dont les hormones circulent naturellement dans le
corps, permettant aux hormones d’atteindre les tissus avant
d’être métabolisées par le foie.

162
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

L’administration transdermique
Les membranes qui entourent les cellules de la peau
contiennent des lipides, ou gras, qui aident à contrôler
l’accès des substances externes aux cellules. Les hormones
sont des substances lipophiles, c’est-à-dire qui ont une affi-
nité pour les matières grasses, et c’est pour cette raison
qu’elles peuvent facilement traverser l’épiderme. Pour que
les hormones aillent porter leur message aux récepteurs
hormonaux qu’il y a dans les tissus, la crème hormonale
doit traverser les différentes couches de la peau. La pre-
mière couche, appelée stratum corneum forme une barrière
protectrice et constitue généralement le plus grand obstacle
à la pénétration des produits topiques. Les hormones pas-
sent ensuite à travers le reste de l’épiderme et du derme.
Après avoir atteint le derme, les hormones peuvent être
stockées par les cellules adipeuses (grasses) ou pénétrer
dans le sang par le biais des capillaires. Le circuit que fera
l’hormone dépend du mode d’administration utilisé.
Il y a deux façons d’administrer les hormones par la
peau : transdermique et topique. Les crèmes ou gels aux-
quels on mélange les hormones sont les « bases ».
L’absorption transdermique exige l’ajout d’ingrédients acti-
vateurs qui rehaussent la capacité d’absorption de la crème
de base pour qu’elle puisse pénétrer profondément dans le
derme et être captée par les capillaires.
Par contre, les crèmes topiques ne contiennent pas
d’activateurs et les hormones séjournent plus longtemps
dans les cellules adipeuses. D’aucuns soutiennent que les
activateurs dans les crèmes transdermiques peuvent mener à
une élimination des hormones plus rapide que dans les crè-
mes topiques. On croit que l’application transdermique
permet une pénétration rapide des hormones dans les vais-

163
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

seaux sanguins du derme et que par conséquent


l’élimination est plus rapide.
Les timbres transdermiques
Les timbres de fabrication commerciale font pénétrer les
hormones dans la peau à l’aide d’un gel qui assure la libéra-
tion contrôlée des hormones qu’ils contiennent. Cela assure
la libération des hormones à un taux constant sur plusieurs
jours. Il y a plusieurs timbres transdermiques à l’œstradiol
sur le marché canadien. Estraderm®, Estradot®, Estalis®,
Oesclim® et Climara® sont tous en mesure de faire pénétrer
une quantité précise d’œstradiol à travers la peau. La plupart
exigent l’usage de deux timbres par semaine à l’exception
de Climara®, qui ne requiert qu’un timbre par semaine. Des
études ont montré que l’œstradiol administré par voie trans-
dermique donne des niveaux sériques et salivaires constants
sur une période de temps. Certains timbres à l’œstradiol
contiennent également des progestines synthétiques. Il vaut
mieux éviter ce genre de timbre car les progestines ne sont
pas identiques à notre propre progestérone. Si vous utilisez
des timbres, tenez-vous en aux timbres ne contenant que de
l’œstradiol bio-identique.
L’administration topique respecte la distribu-
tion naturelle des hormones dans le corps.. Le principal
avantage de l’application topique est qu’elle évite la méta-
bolisation par le foie. Contrairement à la forme orale, qui est
transformée par le foie avant d’atteindre les tissus, les hor-
mones dans les crèmes hormonales apportent leur message
directement aux récepteurs cellulaires. Le plus grand avan-
tage du timbre transdermique est qu’il libère les hormones
de façon constante sur une période de temps.
L’administration transdermique de l’œstradiol n’a pas été
associée à l’accroissement des triglycérides qu’on a constaté
avec l’œstradiol administré par voie orale.

164
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

Pour bien des gens, l’application d’une


crème ou d’un gel est une tâche ennuyeuse. Les timbres ne
sont appliqués qu’une ou deux fois par semaine, ce qui
exige moins d’effort que l’application d’une crème ou d’un
gel une ou deux fois par jour. Par contre, il y a des patientes
qui réagissent à l’adhésif sur le timbre ou il arrive que le
timbre se décolle de lui-même. Les timbres transdermiques
ne sont disponibles que pour l’œstradiol et la testostérone, et
ces derniers sont formulés en dosages appropriés pour les
hommes, et non pour les femmes. Étant donné que les dosa-
ges sont fixes dans les timbres, ils n’ont pas la flexibilité des
crèmes et des gels à cet égard. (Couper le timbre le rend
inefficace.) L’administration transdermique de l’œstradiol
n’augmente pas le bon cholestérol HDL, comme c’est le cas
avec les œstrogènes oraux.
Si la décision est prise d’administrer les hormones par
voie percutanée, la décision d’utiliser un timbre transdermi-
que ou encore une crème transdermique ou topique dépend
de la préférence des patientes et de leur réaction à la théra-
pie. Il est important de faire un contrôle à cet égard en éva-
luant les symptômes régulièrement et en étant à l’affût de
problèmes potentiels (p. ex. une réaction à l’adhésif sur le
timbre). Malheureusement, nous n’avons pas de données
comparant le taux et l’efficacité des méthodes transdermi-
ques d’administration des hormones par rapport à
l’application topique.

Nous discuterons maintenant de certaines bases com-


munément utilisées pour les crèmes hormonales bio-
identiques, et leurs propriétés particulières. Il ne s’agit ici
que de quelques exemples, car il y en a des centaines de
disponibles.

165
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

Les bases transdermiques


Les bases transdermiques contiennent des activateurs chi-
miques qui aident à faire pénétrer les hormones plus pro-
fondément dans le derme que les crèmes topiques.
L’activateur le plus utilisé est le liposome. Les liposomes
sont des microscopiques gouttelettes circulaires qui agissent
comme transporteurs de médicaments ou d’hormones à tra-
vers la peau. La surface externe du liposome est lipophile et
par conséquent il traverse les couches de la peau sans diffi-
culté. Une fois qu’il a traversé la peau, le liposome déverse
son contenu dans les capillaires (petits vaisseaux sanguins)
pour qu’il soit distribué aux tissus. Il faut toutefois noter
que les liposomes ne sont pas les seuls activateurs de péné-
tration des hormones. D’autres agents, tels que les esters, les
acides gras, les amides, les alcools, les polyols, les sulfoxy-
des et même l’eau peuvent agir comme intermédiaires dans
l’absorption percutanée des hormones.
Le gel PLO (organogel de lécithine Pluronic ou Poloxamer
F127). Préparé de façon appropriée, le gel PLO crée des li-
posomes qui permettront aux hormones de traverser effica-
cement la peau. Cependant, il y a des problèmes reliés à
l’usage du gel PLO pour l’administration des hormones. La
lécithine dans le PLO est dérivée du soja, et certaines fem-
mes peuvent avoir des réactions allergiques à cette subs-
tance. Le gel PLO a également peu d’attrait sur le plan
cosmétique et peut laisser la peau collante. Ces facteurs,
auxquels s’ajoutent une odeur d’alcool et une texture désa-
gréable, ont mené au développement de d’autres crèmes
transdermiques.
Vanpen®, venant de l’anglais « vanishing penetrate » qui
veut dire crème pénétrante évanescente, cette crème est une
autre base très utilisée pour la préparation de crèmes hor-
monales appliquées sur la peau. Elle a une texture et une

166
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

odeur plus agréables que le gel PLO, et garde quand même


ses qualités comme activateur transdermique. En plus de
l’organogel de lécithine, qui crée des liposomes, Vanpen®
contient un ester et un amide. L’ester a un rôle dans la for-
mation des liposomes pour aider les hormones à traverser la
peau. L’urée, qui est un amide, est également ajoutée pour
aider à hydrater la peau et augmenter sa perméabilité aux
hormones. Ces activateurs agissent ensemble pour assurer
une bonne pénétration des hormones dans les couches de la
peau et les capillaires du derme. Bien que ce soit rare, il y a
des personnes qui peuvent réagir à certains ingrédients du
Vanpen®. Si une réaction allergique se produit, une base
hypoallergénique appelée HRT Base® est disponible dans
les pharmacies qui appartiennent au groupe PCCA ou Wi-
ler-PCCA (PCCA : Professional Compounding Centers of
America; Wiler-PCCA est la succursale canadienne – voir
Ressources).
Les bases topiques
Les crèmes topiques ne contiennent aucun activateur chimi-
que pour aider à la pénétration des hormones. Étant donné
que les hormones sont des substances lipophiles (elles ai-
ment le gras), elles ont tendance à pénétrer très facilement
dans la peau. Il y a un double argument en faveur de
l’utilisation de bases topiques. Premièrement, elles ne
contiennent pas d’allergènes potentiels sous forme
d’activateurs chimiques. Deuxièmement, les bases topiques
semblent assurer la pénétration des hormones seulement
jusqu’à la couche des cellules adipeuses (grasses) dans le
derme. Les cellules adipeuses stockent les hormones, qui
sont liposolubles, et les libèrent lentement au besoin. Ainsi,
on croit que les crèmes topiques pourraient assurer une libé-
ration plus soutenue des hormones que les crèmes
transdermiques. Il faut cependant noter qu’il n’y a aucune
étude qui prouve que les crèmes topiques ont vraiment un
167
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

prouve que les crèmes topiques ont vraiment un effet de li-


bération prolongée. Néanmoins, plusieurs pharmaciens pré-
parateurs et médecins qui prescrivent les hormones bio-
identiques ont rapporté que leurs patient(e)s ont un soula-
gement plus constant de leurs symptômes sur une période
de temps avec l’administration topique plutôt que
transdermique des hormones.
Cosmetic HRT Base®, cette marque de commerce se traduit
« Base cosmétique pour la THS ». C’est probablement la
crème de base la plus utilisée car elle est hypoallergénique,
c’est-à-dire elle ne contient aucun produit chimique qui
pourrait provoquer des allergies. Elle contient les ingré-
dients que l’on retrouve généralement dans les crèmes de
type « cold-cream », mais avec l’addition de vitamine E na-
turelle, ainsi que des dérivés de vitamine C et A. Cette base
est tolérée par presque tout le monde. L’eau dans le Cosme-
tic HRT Base® aide à faire gonfler les cellules de la peau, et
cette modification entre les lipides et l’eau dans la cellule de
la peau aide les hormones à pénétrer.

PETITS CONSEILS POUR APPLIQUER LES


CRÈMES HORMONALES
Les crèmes pénètrent mieux dans la peau humide que la
peau sèche, donc c’est une bonne idée de l’appliquer
après le bain ou la douche (et s’être essuyé à la ser-
viette).
Les crèmes pénètrent dans la peau mince mieux que
dans la peau épaisse, c’est pourquoi il vaut mieux choi-
sir les endroits où la peau est mince, comme l’intérieur
des bras. Les parties du corps où la peau rougit quand
on a chaud sont à privilégier.
Il est préférable d’appliquer la crème sur une large su-
perficie du corps.

168
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

N’appliquez pas les crèmes hormonales sur l’abdomen


car les hormones pourraient aller directement au foie et
former des métabolites avant d’arriver aux tissus.
N’appliquez pas les crèmes à la testostérone à l’intérieur
des cuisses car cela pourrait activer la pousse de poils à
cet endroit.
L’application occasionnelle de crème à la progestérone
sur les seins pourrait aider à réduire la densité du tissu
mammaire.
Effectuez une rotation entre trois ou quatre endroits du
corps pour éviter de saturer les tissus.
Les femmes devraient faire une pause de trois à cinq
jours dans l’application de la crème à la progestérone
chaque mois pour éviter de développer une tolérance à
ses effets. Effectuer une courte pause chaque mois
maintient l’efficacité de la progestérone.
L’application vaginale et rectale
Les hormones appliquées dans le vagin sont bien absorbées
au niveau systémique (elles se rendent dans tous les tissus
du corps) et elles sont décelables autant dans le sang que
dans la salive. Cependant, règle générale, l’application in-
travaginale est choisie spécifiquement en vue d’obtenir des
effets sur le tissu vaginal. Ainsi, les œstrogènes sont utilisés
vaginalement pour aider à soulager la sécheresse vaginale et
la progestérone pour aider à maintenir la grossesse.
L’œstriol peut également être utilisé pour aider à régler des
problèmes d’incontinence. Les produits pour l’application
vaginale peuvent être sous forme de crèmes, onguents, gels
ou suppositoires. Les crèmes vaginales n’ont pas besoin
d’activateurs de pénétration des hormones car la paroi du
vagin est une muqueuse, laquelle est considérablement plus
mince et perméable aux hormones que les surfaces exposées
de la peau. Les produits vaginaux de commerce compren-

169
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

nent, entre autres, les comprimés vaginaux à l’œstradiol


Vagifem® et le gel vaginal Crinone® qui contient 8 % de
progestérone.
Les hormones peuvent également être administrées par
voie rectale sous forme de suspensions ou suppositoires.
Des niveaux décelables d’hormones sont également atteints
par cette méthode, mais la plupart des gens la considèrent
salissante et peu pratique.
HRT Base®, base décrite en détail sous la rubrique des crè-
mes topiques. Elle s’utilise également pour l’application va-
ginale. Elle ne contient aucun activateur chimique et elle est
hypoallergénique.
Emollient Cream® est une crème contenant 50 % d’eau
ajoutée à un onguent anhydride (déshydraté). Un agent
émulsifiant est ajouté pour s’assurer que l’onguent et l’eau
forment un mélange homogène et stable. Cette crème ne
contient pas d’activateurs chimiques et elle est hypoallergé-
nique.
Les hormones sont bien absorbées par voie
rectale ou vaginale. La voie vaginale est particulièrement
utile en présence de problèmes vaginaux et urinaires.
Cette voie d’administration peut être sa-
lissante et peu pratique.

Les voies sublinguale et buccale


Dans l’administration sublinguale, le médicament est absor-
bé en le plaçant sous la langue. L’administration buccale
exige de placer le médicament entre la gencive et la joue.
Parmi les formes de dosage sublingual et buccal il y a les
pastilles (également appelées dragées), les gouttes, les com-
primés triturés ou à dissolution rapide. Autant pour les for-
mes sublinguales que buccales, l’absorption rapide des

170
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

hormones peut vouloir dire que les doses devront être prises
plusieurs fois au cours de la journée afin de maintenir des
niveaux thérapeutiques d’hormones.
Les gouttes sublinguales peuvent être en solution dans
l’alcool ou la glycérine, en suspensions aqueuses ou oléagi-
neuses. Afin de réduire le volume au minimum, les hormo-
nes présentes dans de telles solutions sont très concentrées
et par conséquent la solution a un goût très amer, même si
des arômes ont été ajoutés.
Le comprimés triturés sont très petits et conçus pour se dis-
soudre rapidement quand ils sont placés sous la langue ou
entre les gencives et la joue. La taille du comprimé limite la
quantité d’hormone que l’on peut y incorporer, et leur fabri-
cation est laborieuse.
Les comprimés à dissolution rapide sont ultra-minces puis-
qu’ils sont conçus pour se dissoudre rapidement sous la lan-
gue ou dans la cavité buccale. Ils fondent en aussi peu que
10 secondes. On peut facilement les aromatiser pour camou-
fler leur goût amer, mais ils sont très fragiles et difficiles à
manier.
Pastilles (dragées) prennent beaucoup plus de temps à se
dissoudre : jusqu’à 30 minutes selon les ingrédients de base
utilisés. Les pastilles à base de gélatine fondent plus lente-
ment que celles qui sont à base de polyglycol, mais la géla-
tine réussit mieux à camoufler le goût amer des hormones.
Les comprimés à dissolution rapide et les
gouttes sublinguales peuvent évider l’effet de « premier
passage » au foie et la destruction des hormones dans
l’acidité gastrique.
Les formes sublinguales et buccales ont
une action de courte durée et peuvent avoir besoin d’être
prises jusqu’à trois fois par jour pour que les hormones se
maintiennent à des niveaux thérapeutiques. Étant donné que

171
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

les pastilles (dragées) se dissolvent très lentement, les pa-


tient(e)s peuvent en avaler une partie, et les hormones se-
raient alors soit détruites par l’acidité gastrique ou
métabolisées par le foie. Les comprimés triturés ne peuvent
renfermer qu’une petite dose d’hormones et leur fabrication
est onéreuse. Avec l’exception des comprimés à dissolution
rapide, les formes sublinguales et buccales ne peuvent mas-
quer le goût désagréable des hormones.

Les injections et les implants


Des niveaux thérapeutiques d’hormones peuvent être at-
teints par le biais d’injections. Cependant, des injections
quotidiennes seraient requises pour obtenir des niveaux
constants d’hormones sur une période de temps. Par consé-
quent, des hormones injectables à forte dose ont été mises
au point, mais il n’en demeure pas moins que les niveaux
hormonaux vont en décroissant au fil des semaines. À
l’instar des injections, les implants contiennent des doses
élevées d’hormones. Dans le cas d’implants, une bille
contenant des hormones est placée sous la peau par chirur-
gie, où elle libère des hormones graduellement sur une pé-
riode de 3 à 6 mois.
Le principal avantage de la forme injectable
ou implant est l’aspect pratique : le dosage est plus espacé
(tous les mois, 3 mois ou 6 mois).
Le principal désavantage des injections et
des implants est qu’une dose considérable d’hormones est
administrée d’un seul coup. Les patient(e)s ont des niveaux
très élevés d’hormones initialement puis la quantité diminue
graduellement jusqu’à la prochaine injection ou au rempla-
cement de l’implant – alors qu’il reste peu ou pas
d’hormones. Cette méthode d’administration ne reflète en
aucune façon le rythme naturel de production hormonale et

172
ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques

les patient(e)s ont souvent des effets secondaires immédia-


tement après l’injection ou l’insertion de l’implant, puis de
nouveau lorsque les effets s’atténuent. La bille (pellet) doit
être extraite par chirurgie s’il y a un problème de tolérance
ou d’efficacité.

EN BREF…
Choisir un mode d’administration des hormones est une
étape très importante dans la THS « bio ». Il est générale-
ment préférable de choisir des modalités qui libèrent les
hormones de la façon qui se rapproche le plus du mode de
fonctionnement de notre corps. Il est également important
d’utiliser les bonnes hormones, en se basant sur l’évaluation
des symptômes et un test salivaire des hormones. Les fem-
mes qui décident d’utiliser des préparations magistrales de-
vraient les obtenir d’un pharmacien préparateur qui possède
des bonnes connaissances et de l’expérience dans ce genre
de préparation. Les pharmacies de fabrication sont généra-
lement dotées d’un équipement spécialisé pour créer ces
modes d’administration uniques. Par exemple, les hormones
qui sont intégrées aux crèmes de base arrivent sous forme
de poudre qui est parfois granuleuse. La crème pourrait
donc être granuleuse si cette poudre n’est pas d’abord mou-
lue plus fin avec un moulin spécial. Voilà une autre bonne
raison de faire affaire avec une pharmacie spécialisée dans
la préparation des ordonnances. Les crèmes ne sont pas tou-
tes d’égale qualité, surtout en ce qui a trait à leur capacité de
transporter les hormones.

173
RESSOURCES

Lectures recommandées
Lee, John What Your Doctor May Not Tell You About
Pre-Menopause (Disponible en français : Tout savoir sur la
préménopause, Éditions Sully)
Lee, John What Your Doctor May Not Tell You About Menopause
(Disponible en français : Guérir la ménopause)
Lee, John and Zava, David What Your Doctor May Not Tell
You About Breast Cancer (Disponible en français : Tout savoir sur le
cancer du sein)
Northrup, Christiane Women’s Bodies, Women’s Wisdom
Northrup, Christiane The Wisdom of Menopause (Disponible en
français : La sagesse de la ménopause)
Shippen, Eugene and Fryer, William The Testosterone
Syndrome: The Critical Factor for Energy, Health, &
Sexuality – Reversing the Male Menopause.
Wilson, James Adrenal Fatigue: The 21St Century Syndrome
Wright, Jonathan and Lenard, Lane Maximize Your Vitality and
Potency For Men Over 40

Pharmacies de fabrication
Pharmacie Pearson & Alter
5025 rue Sherbrooke ouest, Montréal, QC H4A 1S9
Tél.: 514-484-2222
Site web : www.montrealpharmacy.com

Wiler PCCA
744 Third Street
London, ON N5V 5J2
Tél.: 800-668-9453
Vous pouvez appeler PCCA pour trouver le nom d'
un pharma-
cien préparateur dans votre région.

175
La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible !

International Academy of Compounding Pharmacists


(Académie internationale des pharmaciens préparateurs)
Site web : www.iacprx.org
Permet d’effectuer une recherche à partir du code postal pour
trouver une pharmacie de fabrication dans votre région.

Laboratoires pour les tests salivaires


Les laboratoires suivants recueillent les données sur les symp-
tômes avec chaque test salivaire et donnent une interprétation
des résultats basés sur les niveaux hormonaux et le profil des
symptômes.

CANADA
Rocky Mountain Analytical
Unit A, 253147 Bearspaw Road NW
Calgary, Alberta T3L 2P5
Téléphone : 403-241-4513

Site web: www.rmalab.com

ÉTATS-UNIS
ZRT Laboratory
1815 NW 169th Pl., Suite 505
Beaverton, Oregon 97006
Tél. : 503-466-2445

Site web : www.salivatest.com

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