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LA SUBORDONNÉE TEMPORELLE

La subordonnée temporelle met en rapport le procès exprimé dans la proposition


principale avec un autre procès exprimé dans la proposition subordonnée. Les deux procès
peuvent etre simultanés ou non simultanés (antériorité ou postériorité). Rem : En parlant
d'antériorité ou de postériorité, le repère est toujours la proposition principale. Le VR évoque
donc un procès antérieur à celui de la proposition subordonnée, ou un procès qui lui est
postérieur. Ces différents rapports se traduisent soit par le choix de l'élément de relation
(conjonction ou locution conjonctive), soit par le choix de la forme verbale, soit par les deux
procédés cumulés.
 La structure de simultanéité
L'action de la subordonnée a lieu en même temps que l'action de la proposition
principale. Cette simultanéité s'accompagne d'une vision d'effectivité exprimée par l'Indicatif.
Les relateurs employés sont: quand, lorsque, comme, pendant que, en même temps que,
aussi longtemps que, tant que, depuis que, tandis que, alors que, maintenant que, chaque fois
que, toutes les fois que, à mesure que.
1.QUAND: Quand tu viendras me voir, je t'expliquerai comment ça marche.
2.LORSQUE (lit.): Lorsqu'il a fait son apparition, tout le monde s'est enfui.
3.COMME (variante intensive de quand + imparfait): Nous arrivâmes comme il partait.
4.PENDANT QUE (souligne la continuité de l'action de la proposition principale):
Asseyez-vous un instant pendant que je téléphone.
5.EN MÊME TEMPS QUE (marque le parallélisme temporel des actions):
La rue devient plus étroite en même temps qu'elle monte.
6.AUSSI LONGTEMPS QUE } (marquent la coïncidence totale des
7.TANT QUE } deux procès):
Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.
8.DEPUIS QUE (oriente les deux procès vers le passé):
Nous sommes sans nouvelles depuis qu'il est parti.
9.TANDIS QUE } (valeur temporelle
10.ALORS QUE } et /ou oppositionnelle):
Tandis que je travaille pour vous, vous vous amusez !
11.MAINTENANT QUE (valeur momentanée):
Maintenant que j'ai réussi, je peux me reposer.
12.CHAQUE FOIS QUE } (caractère discontinu
13.TOUTES LES FOIS QUE } des deux procès):
Toutes les fois que je le rencontrais, il avait un air triste.
14.A MESURE QUE (marque la progression des deux procès):
A mesure qu'il lisait, Colomba se rapprochait de la table. (Mérimée)
 La structure de postériorité
L'action de la proposition principale a lieu après l'action de la subordonnée. Celle-ci étant
envisagée comme déjà réalisée et effective dans son accomplissement s'exprime par l'Indicatif.
La structure de postériorité se réalise par deux procédés:
1) Elément de relation neutre (1.quand, 2.lorsque) + combinaison de formes verbales
spécifiques du décalage temporel: temps simple dans le VR / temps composé dans le Vr:
Quand elle a terminé l'arrangement, elle lève les yeux sur le voyageur pour voir s'il est
satisfait. (ap. T. Cristea)
2) Elément de relation spécifique qui exprime la postériorité: après que, dès que, aussitôt
que, sitôt que, une fois que, à peine ... que:
3.APRÈS QUE: Après que vous aurez parlé, il parlera.
Rem: L'usage conversationnel (et même écrit) actuel emploie le subjonctif après la conjonction
après que. Cet emploi est contradictoire avec la position de postériorité, mais il s'explique par analogie
avec avant que, qui exige le subjonctif:
Autrefois - longtemps même après qu'elle m'ait quitté - j'ai pensé ... (Sartre)
4.SITÔT QUE, 5.AUSSITÔT QUE, 6.DÈS QUE, 7.A PEINE... QUE sont des
variantes sémantiques de après que, précisant que l'intervalle qui sépare les deux actions est très
réduit:
Dès qu'on entend la cloche, le vieux Dick sort de son refuge. (Duhamel)
Dès que la servante timide m'eut ouvert, je lui glissai une pièce d'or dans la main. (A.
France)
Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse.
(Montesquieu)
En ce qui concerne les temps employés dans la subordonnée, qui concourent à marquer
l'antériorité du procès (et donc la postériorité du procès principal), on enregistre habituellement
les combinaisons suivantes:
Proposition subordonnée (Vr) Proposition principale (VR)
Passé composé Présent
Après qu'il a travaillé, il se repose.
Passé antérieur Passé simple
Dès qu'il eut pénétré dans la cour, il vit que les volets étaient fermés.
Passé simple Passé simple
Aussitôt qu'elle entra, il se leva.
Futur antérieur Futur
Dès que vous aurez terminé, vous vous reposerez.
 La structure d'antériorité
L'action de la proposition principale a lieu avant l'action de la subordonnée. Ce rapport
temporel, tout comme celui de postériorité, s'exprime par deux procédés:
1) Elément de relation neutre (quand, lorsque) + décalage de formes verbales:
temps composé dans le VR / temps simple dans le Vr:
Quand il revint elle était déjà partie.
2) Elément de relation spécifique : avant que, jusqu'à ce que, en attendant que.
L'action de la subordonnée, étant envisagée comme non encore réalisée, est mise en
perspective étant donc exprimée par le Subjonctif.
1.AVANT QUE: Partons avant que la nuit (ne) soit tombée.
Rem: Avant que peut se construire, à un niveau de langue recherché, avec un ne explétif "que l'on peut
considérer comme la trace d'une véritable négation à un autre niveau de l'énonciation: Finis tes devoirs avant que
ton père (ne) revienne (= au moment où tu les finiras ton père ne sera pas encore revenu)." (Riegel et al., 1994 : 511)
2.JUSQU 'À CE QUE (l'action du Vr représente la limite finale de l'action du VR):
J'insisterai jusqu'à ce qu'elle prenne une décision.
3.EN ATTENDANT QUE (insiste sur l'idée de durée): Ils jouèrent aux cartes en
attendant que la bourrasque se calmât. Rem: A avant que, en attendant que + subjonctif correspondent avant le
moment où, en attendant le moment où + indicatif :
Il en était ainsi bien avant le moment où j'ai fait la connaissance d'Ernest Himer. (Duhamel)
Jusqu'à ce que est lui aussi fortement concurrencé par jusqu'au moment où:
Cela a duré jusqu'au moment où il est revenu (au lieu de jusqu'à ce qu'il soit revenu).
PROPOSITION SUBORDONNÉE CAUSALE
Les propositions causales énoncent "la cause, le motif du contenu de la proposition
principale". (Wagner et Pinchon, 1991 : 626)
Par une relation causale on met en rapport deux procès réels, ou un procès réel avec un
autre irréel. Les principales conjonctions et locutions conjonctives se répartissent en fonction de
l'opposition cause réelle / cause irréelle. A l'intérieur de cette distinction il en existe bien d'autres,
réalisées au moyen des relateurs et des formes modales.
 La cause réelle se réalise à l'aide des relateurs: parce que, puisque, étant donné que, du
moment que, vu que, attendu que, en considération de ce que, comme, c'est (parce) que,
maintenant que, surtout que, d'autant que, d'autant plus que, d'autant moins que, selon / suivant
que.
Le mode employé dans la subordonnée est l'Indicatif.
1. PARCE QUE sert à exprimer la cause neutre.
Généralement parce que est postposé et introduit l'information nouvelle dans la phrase (il
appartient donc au propos), alors que la principale représente le fait connu:
Il n'est pas venu parce qu'il est malade.
D'ailleurs parce que est la seule conjonction causale à pouvoir introduire la réponse à un
pourquoi: - Pourquoi as-tu fait cela ? - Parce qu'il le fallait.
Rem: Parce que peut apparaître seul, comme réponse à un pourquoi ? pour marquer le
refus de donner ses raisons: - Père, pourquoi mangez-vous du vilain pain ? - Parce que, ma fille.
(Hugo)
2.PUISQUE, 3.ÉTANT DONNÉ QUE, 4.DU MOMENT QUE, 5.VU QUE,
6.ATTENDU QUE, 7.EN CONSIDÉRATION DE CE QUE expriment la cause justifiante et
impliquent la notoriété du procès invoqué comme cause d'un autre procès.
Comme le remarque Le Goffic (1993 : 414), puisque se distingue nettement de parce que,
en ce qu'il marque une relation logique de consécution, une causalité déduite; il justifie une
énonciation et non pas un état de faits:
Puisque vous insistez, sachez que ma décision sera rendue publique.
Puisqu'il pleut, prends donc ton parapluie !
La figure ABCD est bien un carré, puisqu'elle a deux côtés égaux et un angle droit. (= il
est nécessaire, évident que ...)
Les locutions attendu que, vu que, étant donné que, en considération de ce que
appartiennent au langage administratif ou juridique:
Il faut renoncer à cette dépense, vu que les crédits sont épuisés.
Étant donné qu'il désapprouvait cette décision, il a donné sa démission.
Elles peuvent apparaître aussi dans la langue littéraire:
Cependant, reprit-il, je n'accepterai pas votre offre, vu que je ne sais pas monter à
cheval. (Vigny)
8.COMME exprime toujours la cause notoire, ayant une valeur d'insistance. La
subordonnée précède obligatoirement la principale:
Comme elle arrive demain, il faut préparer une chambre. (Robert)
9.C'EST (PARCE) QUE se combine avec une proposition introduite par SI pour
exprimer la cause explicative: S'il réussit c'est qu'il travaille beaucoup.
10.MAINTENANT QUE est une locution temporelle qui peut s'employer avec une
valeur causale. Elle exprime la relation causale entre deux événements qui se succèdent:
Maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. (Robert)
11.À MESURE QUE et 12.AU FUR ET A MESUE QUE ajoutent à l'idée de temps
celle de cause progressive: On s'aime à mesure qu'on se connaît mieux. (Robert)
13.SURTOUT QUE, 14.D'AUTANT QUE, 15.D'AUTANT PLUS QUE,
16.D'AUTANT MOINS QUE expriment la cause adjonctive, une cause qui vient s'ajouter à une
cause précédente:
Il a des inquiétudes sur sa santé surtout que l'hiver s'annonce rude. (DFC)
La chaleur était suffocante, d'autant plus qu'on ne sentait pas l'espace et le vent de la
mer. (Daudet)
17.SELON QUE et 18.SUIVANT QUE expriment la cause alternative, qui varie en
fonction d'un autre procès:
La pluie, la neige, la gelée, le soleil devinrent ses ennemis ou ses complices, selon qu'ils
nuisaient ou qu'ils aidaient à sa fortune. (Mauriac)
C'est curieux comme le point de vue diffère suivant qu'on est le fruit du crime ou de la
légimité. (Gide)
19.QUE s'emploie pour éviter la répétition d'une conjonction:
Faites cela parce que le devoir le commande et que l'honneur l'exige. (Grevisse)
Cette conjonction apparaît dès l'ancienne langue, surtout après une principale
interrogative:
Holà, es-tu aveugle, que tu ne me vois point ? (Molière)
 La cause irréelle se réalise avec les relateurs: soit que...soit que (et var.), ce n'est pas
que, non que, pas que, point que, faute que (suivis du Subjonctif), sous prétexte que (suivi de
l'Indicatif).
1.SOIT QUE...SOIT QUE, SOIT QUE...OU QUE, QUE...QUE introduisent la cause
alternative: si l'on admet une cause, on exclut l'autre. On l'appelle aussi “cause indifférente”
(Deloffre, 1979 : 92): Soit qu'il ait été imprudent, soit qu'on l'ait mal informé, il est tombé dans
le piège.
La même nuance pouvait être rendue, dans l'ancienne langue, par le subjonctif seul:
Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit. (Villon)
2.CE N'EST PAS QUE, NON QUE, PAS QUE, NON PAS QUE, POINT QUE
expriment la cause négative (ou écartée).
Ces conjonctions relèvent d'une orientation argumentative ou même polémique, opposant
la réalité des faits à une perspective attendue:
Il est resté dans son coin, non qu'il soit boudeur de nature, mais parce qu'il ne
connaissait personne. (ap. Riegel)
La cause est écartée comme une simple supposition à laquelle on oppose la cause réelle
(non que...mais): Les voyages, d'ailleurs, n'ont qu'un temps; non qu'on se lasse de courir les
routes, mais parce qu'on les sent plus longues que la vie. (Gide)
Deloffre (p.91) distingue entre non que et non parce que:
Non que + Subjonctif nie l'existence même d'un fait envisagé comme cause possible:
Il s'arrêta; non pas qu'il fût à bout d'arguments. (Fromentin)
Non parce que + Indicatif admet la réalité d'un fait, mais exclut qu'il agisse en tant que
cause:
Il fut arrêté, non parce qu'il avait volé, mais parce que ses papiers n'étaient pas en
règle.
3.SOUS PRÉTEXTE QUE sert à exprimer la cause fictive:
Donner une situation pareille à un bon à rien, sous prétexte qu'il sait l'anglais.
(Adamov)
LA PROPOSITION CONSÉCUTIVE
L'action de la subordonnée est la conséquence de l'action principale.
Le rapport consécutif est fondé sur le rapport logique cause / conséquence, mais cette
fois-ci, à la différence de la proposition causale, c'est le processus "conséquent" qui est exprimé
par la subordonnée. La subordonnée consécutive a aussi un sens voisin de la proposition finale,
le but étant toujours une conséquence, mais voulue, intentionnelle:
Je parle fort de manière que tous peuvent m'entendre. (conséquence)
Je parle fort de manière que tous puissent m'entendre. (but)
La conséquence peut être effective (conséquence réalisée, actuelle) ou seulement
envisagée (conséquence virtuelle). La conséquence peut également faire intervenir une idée de
quantité (intensité) ou de qualité. Toutes ces valeurs de contenu se réalisent à l'aide de locutions
spécialisées et de la forme modale.
 Conséquence actuelle
Conséquence actuelle neutre
. La subordonnée exprimant la conséquence actuelle neutre est introduite par les relateurs:
DE MANIÈRE / FAÇON QUE, DE / EN SORTE QUE, SI BIEN QUE suivis de
l'Indicatif:
Le train avait du retard de sorte que j'ai manqué le rendez-vous.
La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle
droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève. (Balzac)
Conséquence actuelle marquée [+ qualité]
La conséquence marquée par une idée de qualité se réalise par l'intermédiaire des
relateurs:
DE TELLE MANIÈRE QUE, DE TELLE FAÇON QUE, DE TELLE SORTE QUE
TEL (TELLE, TELS, TELLES) QUE + Indicatif:
Il a crié de telle manière qu'il m'a réveillé.
Les relations entre eux sont telles qu'ils ne pourront jamais se mettre d'accord
Conséquence marquée [+ intensité]
La conséquence marquée par une idée d'intensité se réalise par deux types de relateurs:
a) AU POINT QUE, À TEL POINT QUE
La nuit était d'une pureté de cristal à tel point qu'on entendait le petit train des halles.
(Simenon)
Elle le regardait de ses prunelles fixes, sans broncher, au point qu'il se demanda si elle
entendait ses paroles. (Simenon)
b) des formants discontinus:
SI...QUE, TANT...QUE, TELLEMENT...QUE
- si...que s'applique à des adjectifs ou des adverbes:
Cet exercice est si difficile qu'on ne peut pas le faire.
- tant...que s'applique à des substantifs et des verbes:
Il a tant de livres qu'il ne sait plus où les mettre.
Il a tant insisté que j'ai fini par céder. (= tellement)
- tellement...que s'applique indifféremment soit à des adjectifs ou des adverbes, soit à des
noms et des verbes:
La douleur devint tellement violente que je ne pus plus la supporter. (= si)
Il s'est donné tellement de mal qu'il a fini par réussir. (= tant)
 Conséquence virtuelle
La conséquence virtuelle est seulement envisagée, se présentant comme une limite à
atteindre.
Les relateurs employés sont: pour que et les formants discontinus trop...pour que, assez...
pour que, suffisamment...pour que, suivis du Subjonctif.
POUR QUE est une locution qui exprime aussi la finalité. Dans le cas de la
conséquence, toute idée d'intentionnalité est exclue:
Que t'a-t-il dit pour que tu sois ainsi bouleversé ?
Il suffisait qu'elle pensât d'une façon pour qu'il se portât à une décision inverse.
(Aragon)
TROP...POUR QUE, ASSEZ...POUR QUE, SUFFISAMMENT... POUR QUE
Il m'a fait trop de bien pour que j'en dise du mal.
Le souvenir des souffrances endurées restait trop vif pour qu'elle ne ressentît pas
quelque soulagement d'être délivrée de ces épreuves. (R. M. du Gard)
EMPLOI DU MODE DANS LES CONSÉCUTIVES ACTUELLES ET
VIRTUELLES
Le choix du mode dans la subordonnée consécutive est fonction des facteurs suivants: le
relateur employé; l'idée exprimée; le statut de la proposition principale.
L'Indicatif s'emploie:
- avec les locutions de la conséquence actuelle neutre, considérée comme acquise: de
manière que, de façon que, de (en) sorte que, si bien que:
Il est parti tôt de sorte qu'il est arrivé tôt.
- avec les locutions de la conséquence marquée: [+qualité]: de telle manière que, de telle
façon que, de telle sorte que, tel que et [+intensité]: au point que, à tel point que, si...que,
tant...que, tellement...que, après une principale affirmative. L'indicatif marque alors l'assertion
d'un résultat:
Il faisait si (tellement) chaud qu'on s'est baigné.
Il s'est mis dans une telle colère qu'on ne pouvait plus lui parler.
Le Subjonctif s'emploie:
- avec les locutions de la conséquence marquée: au point que, si...que, tant...que,
tellement...que, après une principale négative ou interrogative, car le processus qui y est exprimé
est automatiquement rejeté:
Cet exercice n'est pas si difficile qu'on ne puisse pas le faire.
La situation n'est pas telle qu'il faille s'inquiéter.
Il n'est pas habile au point qu'il soit sans rival. Est-il si habile qu'il soit sans rival ?
- avec les locutions de la conséquence virtuelle: pour que, assez ... pour que,
suffisamment … pour que, trop ... pour que:
Le convalescent était assez vigoureux pour qu'on lui permette une promenade.
LA SUBORDONNÉE FINALE
La subordonnée finale exprime un processus visé, non atteint. Il s'agit soit d'un but positif
(à atteindre), soit d'un but négatif (à éviter). Les locutions conjonctives qui servent à construire
les propositions finales entraînent l'emploi du mode subjonctif dans la mesure où elles explicitent
l'idée d'intention.
 Le but positif
Les locutions conjonctives servant à construire une subordonnée finale qui exprime le but
positif sont: pour que, afin que, de (telle) manière que, de (telle) façon que, de (telle) sorte que,
en sorte que, que, suivies du Subjonctif.
POUR QUE: Vous devez vous arranger pour que tout soit prêt dans deux jours.
(...) je faisais de mon possible pour qu'aucun bruit ne vînt rappeler ma présence.
(Benoit)
AFIN QUE (lg. littéraire): Plus Emma s'apercevait de son amour, plus elle le refoulait,
afin qu'il ne parût pas, et pour le diminuer. (Flaubert)
DE (TELLE) MANIÈRE QUE, DE (TELLE) FAÇON QUE, DE (TELLE) SORTE
QUE, EN SORTE QUE Faites en sorte que tout soit prêt à l'heure.; Chaque copie d'examen
sera corrigée par deux profeseurs de sorte qu'il n'y ait pas de notes injustement attribuées; Il
avait soin quand j'approchais de parler bas de façon que je n'entende point ce qu'il disait. (A.
France) QUE: La simple conjonction que s'emploie après un verbe principal à l'impératif
ou après une proposition principale à la forme interrogative: Où habite-t-il que j'aille le voir
? Descends, animal, que je te parle ! (Stendhal)
 Le but négatif
Le but négatif s'exprime par les relateurs: DE PEUR QUE, DE CRAINTE QUE, PAR
CRAINTE QUE, DANS LA CRAINTE QUE, suivis du subjonctif:
Hâtez-vous de crainte qu'il ne soit trop tard. ; Elle ne discutait jamais avec sa mère et la
taquinait peu de crainte que cela ne tournât à la dispute. (Ph. Hériat) Rem: Un ne explétif est
de mise après ces locutions. Une véritable négation rétablit le but positif: Je lui ai envoyé un mot
de peur qu'il (n')ait oublié mon invitation. (but négatif) (= pour qu'il ne l'oublie
pas)
Je lui ai envoyé un mot de peur qu'il ne se soit pas souvenu de mon invitation. (but positif
(= pour qu'il s'en souvienne)
LA SUBORDONNÉE HYPOTHÉTIQUE
 Le système hypothétique introduit par SI (si “conditionnel”)
La réalisation du fait exprimé par la proposition principale dépend d'un autre fait conçu
comme éventuel. La proposition subordonnée traduit un acte de l'esprit par lequel ou bien l'on
recrée le passé autrement qu'il n'a eu lieu, ou bien on révoque une actualité présente, ou bien on
construit l'avenir en imagination. (Wagner et Pinchon : 636)
La conjonction si symbolise l'hypothèse d'une manière indifférenciée, s'y rattachant
diverses valeurs (virtualité, éventualité et potentiel, virtualité annulée). Les emplois
hypothétiques de si s'opposent à ses emplois temporels itératifs et implicatifs:
S'il venait, il nous ferait plaisir. (hypothèse)
S'il venait, on lui faisait fête. (= quand il venait, toutes les fois qu'il venait...) (emploi
temporel itératif)
Si l'on boit beaucoup au cours d'un repas, alors le taux d'alcoolémie augmente. (fait
vérifié ou vérifiable) (implication)
Dans l'implication, l'existence de l'assertion de base P1 ne fait pas de doute (il suffit que
P1 s'actualise pour que P2 s'actualise). C'est pourquoi, dans l'implication P1, apparaît d'habitude
un présent de l'indicatif et dans P2 un présent ou un futur, c'est-à-dire des temps qui permettent
l'actualisation.
Dans l'hypothèse l'assertion de base P1 est mise en doute. C'est pourquoi, dans
l'hypothèse P1, est présent l'imparfait ou le plus-que-parfait de l'indicatif et, dans P2, un
conditionnel (futur hypothétique).
Dans les emplois temporels itératifs, sont présentes d'habitude les mêmes formes verbales
en P1 et en P2, fait qui souligne la concomitance des actions.
La conjonction si est toujours suivie de l'Indicatif.
Voilà les principales combinaisons des formes verbales en P1 et en P2, ainsi que les
valeurs sémantiques exprimées:
Valeur Temps de la subordonnée Temps dela principale
1. Si + présent présent
a) éventualité:
Si tu as soif, il y a de la bière dans le frigidaire.
b) valeur temporelle itérative:
S'il pleut, je reste à la maison. (=quand il pleut)
2. Si + présent futur, présent à valeur de futur/
impératif
virtualité (hypothèse envisagée comme probable)
S'il vient, nous sortirons.
S'il pleut demain, je reste à la maison.
S'il part, préviens-moi.

3. Si + passé composé présent / impératif


valeur d'accompli dans le monde présent (éventualité)
Si je vous ai fait tort, je vous présente toutes mes excuses. (=
pour le cas où...)
Si vous avez terminé, remettez-moi la copie.
4.
Si + imparfait conditionnel présent
a) supposition irréelle du présent
Si j'étais riche (mais ce n'est pas le cas), je me ferais construire
une maison.
Rambert dit que (...) s'il partait, il aurait honte. (Camus)
b) potentiel (par rapport à l'avenir)
Si j'étais riche (un jour), je me ferais construire une maison.
S'il revenait (un jour), tout pourrait changer.

5. Si + imparfait conditionnel passé


supposition irréelle du présent + supposition irréelle du passé
Si je m'y étais pris autrement, je n'en serais pas (maintenant)
là.
Je n'en parlerais pas si vous n'aviez pas réveillé de mauvais
souvenirs. (Duhamel)
6. Si + plus-que-parfait conditionnel passé
supposition irréelle du passé (virtualité annulée)
Si vous étiez venus, nous aurions fait une promenade en
bateau.
Rem: La langue littéraire archaïsante emploie souvent le plus-que-parfait du subjonctif
(appelé aussi conditionnel passé 2-e forme) dans la principale, dans la subordonnée ou dans les
deux à la fois: S'il avait pu, il fût venu.
S'il eût pu, il serait venu.
S'il eût pu, il fût venu.
S'il eût cessé de voir M. de Rênal, en huit jours il l'eût oublié.
(Stendhal)
7. Si + plus-que-parfait conditionnel présent
supposition irréelle du passé + supposition irréelle du présent
Si je l'avais trouvé, je ne serais pas ici, à le chercher.
Rem: Ce qu'on appelle dans la grammaire scolaire traditionnelle "la règle du si
conditionnel" se ramène au fait que les formes verbales en -r- (futur, futur antérieur, conditionnel
présent et passé) sont incompatibles avec le si conditionnel.
 Système hypothétique à deux propositions subordonnées
a) Les deux propositions introduites par si sont juxtaposées. Ce type de construction a
pour effet de conserver à chacune des hypothèses son indépendance:
Si le bailli n'avait pas sur le champ averti le commandant, si on n'avait pas couru après
la troupe joyeuse, c'en était fait. (Voltaire)
b) Si l'on veut indiquer que la seconde hypothèse dépend en quelque manière de la
première, on substitue à si la conjonction de reprise que. Les deux hypothèses sont alors
coordonnées par et, dans la construction: si ... et que + subjonctif:
Si Pierre téléphone et qu'il fasse allusion à mon voyage, dis-lui que tu n'es pas au
courant.
 Autres conjonctions introduisant un système hypothétique
Les diverses conjonctions et locutions introduisant la subordonnée hypothétique
explicitent plus nettement la condition, l'éventualité, la supposition et d'autres valeurs et nuances.
Les plus employées sont:
a) conjonctions + Subjonctif
1.À (LA) CONDITION QUE (condition pure et simple)
Il est très aimable à condition qu'on fasse ses quatre volontés.
2.POUR PEU QUE (condition suffisante): Il le fera pour peu que vous lui en parliez.
3.POURVU QUE (condition exclusive positive):
J'accepte qu'elle sorte le soir avec des copains pourvu que je sache où ils vont.
4.A MOINS QUE (+ ne explétif) (condition exclusive négative)
Je viendrai demain chez toi à moins qu'il ne pleuve.
5.SOIT QUE ... SOIT QUE, SOIT QUE ... OU QUE (condition alternative, envisage
deux éventualités mutuellement exclusives): Soit qu'il parle ou qu'il écrive…
Soit qu'elle ne comprît pas ou qu'elle ne voulût pas comprendre. (Th. Gautier)
b) autres conjonctions
6.AU CAS OÙ, POUR LE CAS OÙ, DANS L'HYPOTHÈSE OÙ + conditionnel
(supposition, comme probabilité aléatoire):
Je te donne cet argent pour le cas où tu aurais à t'en servir.
Au cas où il y aurait du verglas, je retarderais mon départ en voiture.
7.QUE + conditionnel
Cette conjonction s'emploie dans une construction de "subordination inverse" (Le Goffic
: 400), le fait sémantique essentiel étant celui qui est contenu dans la subordonnée:
Vous me le diriez cent fois que je ne le croirais jamais.
Il aurait bu que je n'en serais pas surpris.

 Le tour inversif
Ce tour est très fréquent en français parlé, avec le conditionnel, sans conjonction:
L'emporterais-tu, il faudrait te montrer modeste.
Avec les verbes avoir, être, devoir, vouloir, le verbe est au subjonctif imparfait ou plus-
que-parfait (langue écrite):
Eût-il raison, il devrait garder la mesure. Fût-il riche, il ne donnerait rien.
Le voulût-il, il ne pourrait vous aider.
PROPOSITION SUBORDONNÉE CONCESSIVE
Les subordonnées concessives se distinguent entre elles selon: a) l'incidence de la
concession: b) la valeur modale réel / irréel.
 Concession incidente au verbe
a) Réel
Les conjonctions et les locutions conjonctives qui introduisent la concession réelle sont:
quoique, bien que, encore que, malgré que + Subjonctif
QUOIQUE (employé surtout dans la langue parlée)
Quoique le film fût bon, la soirée ne lui parut pas agréable.
BIEN QUE (langue écrite)
Bien que la diligence fût immobile, personne ne descendait. (Maupassant)
ENCORE QUE
Quand je me retirai, ma décision était prise d'emmener l'enfant (...) encore que je ne me
fusse pas demandé ce que je ferais d'elle. (Gide)
MALGRÉ QUE (l'emploi de cette locution est proscrit par les puristes)
Il avait chaud malgré qu'il eût rouvert tout grand la porte-fenêtre à cause de la fumée.
(P. Vialar)
Rem: Ces conjonctions peuvent figurer dans des structures qui présentent la réduction de
verbe être: Quoique riche, il s'ennuyait.
b) Irréel
Les locutions employées pour exprimer la concession irréelle: même si, quand (bien)
même, alors même que ajoutent à la concession la nuance d'une supposition.
MÊME SI + indicatif
Même s'ils ne s'étaient pas connus jusque-là, ils deviendraient de grands amis. (J.
Romains)
QUAND BIEN MÊME, ALORS MÊME QUE + conditionnel
Alors même que vous insisteriez, je ne vous communiquerais pas ce document.
Quand bien même il avouerait, le doute continuerait de planer.
 Concession incidente à un autre élément de la phrase
a) Réel
Ce type de concession se réalise au moyen de formants discontinus.
TOUT ... QUE + indicatif
Cette locution est incidente à un attribut constitué d'un adjectif ou d'un nom sans
déterminant. Tout est invariable avec un nom masculin pluriel, mais varie avec un nom féminin
et avec les adjectifs féminins à initiale consonantique:
Tout roi qu'il est, il est un pauvre homme comme les autres. (Montherlant)
Tout petit qu'il sera (un pays), il fera beaucoup de fautes parce qu'il sera composé
d'hommes. (Voltaire)
La Grèce, toute polie et toute sage qu'elle était... (Bossuet)
Toute femme qu'elle est... Toutes raisonnables qu'elles sont ...
b) Irréel
Les formants discontinus quelque ... que, si... que, pour ... que + subjonctif ajoutent une
idée de quantité (intensité). Ils sont incidents à un adjectif ou à un adverbe. La proposition
concessive est une phrase attributive (en particulier une phrase à verbe être).
QUELQUE ... QUE
Quelque étrange que fût cette musique, elle m'était cependant agréable.
SI ... QUE
Si intelligent qu'il soit, il doit encore travailler.
Rem: Le tour inversif (postposition du pronom sujet) remplace souvent la construction
si...que: Si intelligent soit-il, il risque de ne pas réussir.
POUR ... QUE (langue écrite et soutenue)
Ce tourment, pour impérieux qu'il fût, ne me privait pas de sommeil. (Duhamel)
D'autres formants ajoutent une idée d'identité. Ils sont obligatoirement suivis du
Subjontif.
QUELQUE(S) ... QUE est incident à un nom:
Quelques efforts que vous fassiez, vous ne rejoindrez pas vos amis.
QUEL QUE, avec variation de genre et nombre, suivi d'un verbe (être, pouvoir être), se
substituant à l'attribut: Quelle que soit votre opinion...
(...) la réponse qu'il recevait, quelle qu'elle fût (...) (Camus)
QUI QUE se rapporte à un nom [+personne]: Qui que vous soyez, entrez.
QUOI QUE se rapporte à un nom [-personne]: Je lui pardonne, quoi qu'il fasse.
OÙ QUE se rapporte à un circonstant spatial: Où que j'aille, je rencontre des amis.

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