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Le verbe : valeurs temporelles, aspectuelles, modales ; la

concordance des temps


Lorsque celui qui s’exprime utilise un verbe, il peut envisager l’action ou l’état (le
« procès ») désignés par le verbe de trois façons :

- Il peut envisager la position du procès (action ou état) dans le temps.

Les trois grandes catégories, en ce qui concerne le temps vécu, sont le passé, le
présent et le futur. Il existe des temps (sens grammatical) du passé, du présent et du
futur correspondant à chacune de ces catégories, mais l’ensemble des conjugaisons
disponibles permet en réalité de multiples nuances et de multiples combinaisons.

- Il peut indiquer la façon dont il envisage la durée, le caractère accompli ou non


du procès, son « aspect ».

Les temps grammaticaux peuvent aussi de donner des renseignements permettant de


savoir si l’action est accomplie ou non (« Je mange »/ « J’ai mangé »). Le choix d’un
temps permet de savoir si l’action se situe dans un secteur bien délimité du passé
ou si, au contraire, ses limites sont imprécises (« Il tua l’homme »/ « Il tuait le
temps »). Ces renseignements sont du domaine de l’aspect.

- Il peut renseigner son interlocuteur ou son lecteur sur son attitude vis-à-vis de lui
et vis-à-vis de ce qu’il énonce (nuance, hypothèse, politesse, etc.). Cette attitude se
nomme « modalité ».

Je voulais vous demander un petit service (imparfait de politesse) ; Il tousse, ce sera


son asthme (futur hypothétique). L’emploi des temps peut nous renseigner sur
l’attitude de l’énonciateur par rapport à son énoncé, ce qu’on appelle des
modalités.

I) les modes verbaux :

Ils traduisent la façon dont le locuteur envisage l'action ou l’état (le procès) que le
verbe exprime.

Le Français compte trois modes personnels :

-L'indicatif: l'action peut être présente, future ou passée, l'indicatif reste le mode de la réalité.

-Le subjonctif: c'est le mode du possible, de l’incertitude. Il peut exprimer l'ordre, le souhait

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dans les propositions indépendantes ou principales: "qu'il revienne demain".
-L'impératif: c'est le mode de l'injonction qui traduit l'ordre, la prière, le souhait: "rentrez
chez vous".

Le Français compte deux modes impersonnels :

-L'infinitif: il n'y a aucun processus temporel avec l'infinitif. C'est la forme nominale du
verbe.

-Le participe: le participe passé traduit une action achevée (aspect accompli) et se rapporte à
un nom ou un pronom, par exemple, le château hanté.
Le participe présent se rapporte à un nom et à une action en train de se dérouler (aspect
inaccompli), "les années passant".
Le gérondif permet de préciser les circonstances de l'action principale: "en allant à
l'école, j'ai croisé une amie".

II) Les temps verbaux :

A. L’INDICATIF

1) Les temps simples :

Le présent :

Le présent de l’indicatif permet au locuteur d’évoquer une action qui se passe ou un état qui
se constate au moment où il parle, mais aussi avant ou après

Le présent d’énonciation exprime une action qui se déroule au moment où l'on parle. Il
rapporte des faits passés au présent, par exemple "Je suis sûr que c'est lui".
-Le présent historique en est une variante: "Les parisiens prennent la Bastille le 14 juillet
1789".
-Le présent de vérité générale (ou gnomique) exprime une idée universelle. Le procès est
valable en tout temps et pour tous, par exemples "les hommes sont mortels".

- Le présent peut exprimer un futur proche. Katy arrive de Brest dans deux heures.

- Présent de caractérisation. Katy a les yeux marron. Simple fait qui n’a pas de raison de
changer.

- Présent itératif (dit d’habitude) Katy quitte Brest une fois par an/ Tous les jours, je fais
une promenade de deux heures.

- Présent hypothétique. S’il fait beau, Lionel et Paola rejoindront Katy à Brest. Action
soumise à condition.

- Présent impératif. Tu cesses de pleurer et tu viens te baigner avec Katy/ Vous me donnez
un déca/ Vous me donnez un déca ? L’interrogative dans le dernier cas atténue le côté un peu
brutal de la formulation.

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L'imparfait :

Il nous renvoie à une action passée sans en préciser le début ou la fin. Il exprime une durée
inachevée mais peut aussi traduire une habitude : "chaque jour, il rendait visite à son ami".
C'est le temp de la description dans le récit et aux actions de second plan par opposition au
passé simple.

- L'imparfait marque une action passée : Avant mon accident, j'habitais à la campagne et je
me rendais au travail en voiture.
- L'imparfait marque un fait en train de se dérouler dans la durée (au passé), qui n'est pas
achevée, donc une action imparfaite : Comme le soir tombait, l'homme arriva.
- L'imparfait est le temps de la description d'un tableau ou d'une scène : "L'arbre de couche
était couvert de poussière et le grand chat maigre dormait dessus" (Alphonse Daudet).
- L'imparfait peut indiquer aussi des faits habituels : "Le dimanche, nous allions aux moulins
par bandes" (Alphonse Daudet).
- L'imparfait peut traduire aussi un fait présent ou futur après un 'si' marquant l'hypothèse ou
la supposition c'est-à-dire : si + imparfait de l'indicatif = conditionnel présent: Si j'étudiais, je
réussirais.
- On utilise l'imparfait pour exprimer qu'une action aurait été sur le point de se produire :
Un pas de plus et je tombais.
- L'imparfait peut impliquer un présent que l'on veut atténuer : J'allais vous demander la
permission de sortir.
- L'imparfait peut avoir une valeur itérative : Il toussait (il toussait plusieurs fois).

Le passé simple :

C'est le temps de la narration du fait détaché de la réalité présente. Il désigne un procès


révolu, accompli.

- Le passé simple peut traduire un fait complètement achevé à un moment déterminé du


passé : L'autre jour, je vis un beau paysage.
- Le passé simple marque la succession des faits, c'est le temps du récit par excellence ou le
passé simple de narration : La jeune fille écrivit la lettre. Mais elle se plaignit d'être fatiguée et
elle monta dans sa chambre.
- Le passé simple exprime une action soudaine dans le passé : Je me promenais dans le bois,
je vis surgir devant moi un chien.
- Le passé simple peut marquer une action brève dans le passé, cette action ne dure pas : Je
fis mon devoir.
- Par rapport à l'imparfait, le passé simple exprime une action qui dure moins longtemps
que celle de l'imparfait : Les cartes s'étalaient sur la roche et chacun étudiait un itinéraire
possible. Paul, qui connaissait la région, nous proposa un sentier qui évitait les éboulis trop
dangereux. Nous approuvâmes sans réserve.

Le futur simple :

Il exprime une action à venir qui a valeur de vérité générale "Paris sera toujours Paris", il peut
toutefois exprimer un ordre "tu feras tes devoirs".

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- Le futur simple indique une action qui se fera dans l'avenir par rapport au moment où l'on
parle : Je finirai mes devoirs demain.
- Le futur peut prendre la valeur du présent pour atténuer le ton de certains propos ou
marquer la politesse : "En ce cas, monsieur, je vous dirai franchement que je n'approuve point
votre méthode" (Molière).
- Le futur simple peut aussi avoir la valeur de l'impératif pour atténuer l'ordre : Vous
voudrez bien me faire parvenir au plus vite les résultats du laboratoire.
- Le futur simple peut exprimer un fait constaté de tous les temps (vérité générale) : "Qui
vivra, verra".

- Le futur proche s'exprime avec le verbe aller au présent de l'indicatif suivi de l'infinitif : Je
vais essayer de garder mon sang froid.
- Devant le 'si' de condition, le futur se met à la proposition principale devant le présent de la
proposition subordonnée : si + présent = futur simple : si tu étudies, tu iras au cinéma.

Le conditionnel :

Il traduit l'hypothèse et dans le système de la concordance des temps, le futur par rapport à
une action passée : "il a dit qu'il repassait le lendemain". Enfin, il peut mettre en avant le
caractère incertain d'un énoncé : "il serait sur le point d'être licencié".

2) Les temps composés

Le temps composés DANS TOUS LES MODES expriment le caractère accompli du procès
désigné par le temps simple équivalent (présent/passé composé, imparfait/plus que parfait,
passé simple/passé antérieur, futur simple/futur antérieur, subjonctif présent/subjonctif passé,
participe présent/participe passé, infinitif présent/infinitif passé, etc.

B. LE SUBJONCTIF

Le mode subjonctif comprend quatre temps : deux temps simples et deux temps composés : le
présent du subjonctif, l'imparfait du subjonctif, le passé du subjonctif et le plus-que-parfait du
subjonctif.

Le subjonctif présent exprime les mêmes valeurs que l’indicatif présent mais les soumet à
l’incertitude.
Le subjonctif imparfait exprime les mêmes valeurs que l’indicatif imparfait mais les soumet
à l’incertitude.
Les formes composées du subjonctif expriment l’aspect révolu et l’antériorité par rapport
aux formes simples équivalentes : subjonctif présent/subjonctif passé, subjonctif
imparfait/subjonctif plus-que-parfait

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III. LA CONCORDANCE DES TEMPS

La concordance des temps est la relation entre le temps de la proposition principale et celui de
la subordonnée.

Cette relation peut être d’antériorité, de postériorité ou de simultanéité.

Cinq cas sont possibles :

1) La subordonnée exprime une action ou un état qui se produit en même temps que
l’action de la principale : dans ce cas, on utilise le même temps dans les deux
propositions :

Ex : il croit que je mens/Il croyait que je mentais

2) La subordonnée exprime une action ou un état qui se produit avant l’action de la


principale : dans ce cas, on utilise dans la subordonnée un temps antérieur à celui de
la principale

Ex : il croit que j’ai menti/il croyait que j’avais menti

3) La subordonnée exprime une action ou un état qui se produit après l’action de la


principale : dans ce cas, on utilise dans la subordonnée un temps postérieur à celui de
la principale

Ex : il croit que je mentirai/il croyait que je mentirais (le conditionnel présent est le
« futur du passé »)

4) La subordonnée évoque un fait qui se déroule pendant que l’action de la principale


se déroule (deux actions disjointes)

Quand un fait a lieu pendant qu'un autre se passe, on utilise le couple imparfait / passé
simple (narration) ou imparfait / passé composé. L'imparfait s'occupe du décor, de
l'arrière-plan, tandis que le passé simple (narration) s'occupe de l'action, du premier
plan.

Ex : comme je regardais la télévision, Pierre entra (est entré)

5) Subordonnées hypothétiques :

- Présent/futur : Si je mange, je serai rassasié (quasi certitude)

- Imparfait / conditionnel présent : Si je mangeais, je serais rassasié (hypothèse)

- Plus-que-parfait/ conditionnel passé : Si j’avais mangé, j’aurais été rassasié


(hypothèse non réalisée)

CONCORDANCE DES TEMPS AU SUBJONCTIF :

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On emploie le subjonctif pour exprimer un doute (craindre, douter), une obligation (vouloir,
exiger, falloir), une possibilité.

- Verbe de la principale au présent ou au futur : verbe de la subordonnée au


subjonctif présent (non accompli) ou au subjonctif passé (accompli)

Ex : il faudra qu’il fasse/ Il faut qu’il fasse/ Il faudra qu’il ait fait/ Il faut qu’il ait
fait

- Verbe de la principale au passé : verbe de la subordonnée au subjonctif


imparfait (non accompli) ou plus-que-parfait (accompli)

Ex : il fallait qu’il fît. Il fallait qu’il eût fait

- Verbe de la principale au conditionnel : verbe de la subordonnée au


subjonctif imparfait (non accompli) ou plus-que-parfait (accompli)

Ex : il faudrait qu’il fît. Il faudrait qu’il eût fait. Il aurait fallu qu’il fît. IL aurait
fallu qu’il eût fait

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