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Droit de la

distribution

Introduction :
Une entreprise qui fabrique un produit, le vend rarement de manière directe aux
consommateurs, car elle passe par des intermédiaires plus ou moins nombreux pour mettre le
produit à la disposition du consommateur final. Le producteur avec ou sans le recours à
d’autres institutions, réalise diverses activités (transport, stockage, manutention…) dont la
finalité est de présenter le produit sous les formes et dans les qualités correspondantes aux
besoins du consommateur final.
Dans notre époque la distribution est devenue une fonction fondamentale de l’économie
et du commerce et le moindre dérèglement dans cette fonction entraîne des pénuries
ponctuelles, source de tensions.
Selon Claude Demeure «la distribution comprend l’ensemble des opérations qui
permettent d’acheminer un produit du lieu de production jusqu ‘à la mise à disposition du
consommateur ou de l’utilisateur ».
Pour ce qui est de Lovelock et Weindberg «la distribution comprend les différents
moyens disponibles pour assurer l’accessibilité du produit aux clientèles, à l’endroit et au
moment appropriés : « ….the right product at the right time in the right place ».

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Première partie
Les contrats de distribution

Le terme de renvoie dans la sphère économique à l’étape intermédiaire entre les


activités de production et de consommation. Cette étape est devenue essentielle avec le
développement de la production de masse. Le rôle des distributeurs, qui n’était au départ
qu’un simple maillon dans la chaine allant du producteur au consommateur, s’en est retrouvé
fortement accru, à un point tel qu’ils sont devenus aujourd'hui incontournables.
Envisagé sous un angle juridique, la distribution peut se réaliser de différentes manières.
Les commerçants qui achètent des marchandises en vue de les revendre, peuvent avoir avec
leurs fournisseurs d’autres relations juridiques que celles résultant des contrats de vente eux-
mêmes.
Reste que les fournisseurs peuvent souhaiter instaurer avec leurs clients revendeurs des
relations durables, relations qui vont permettre un approvisionnement plus régulier et, de fait,
une pénétration plus efficace du marché. Ces relations durables se nouent au travers d’accords
de distribution. Il s’agira alors d’une distribution « contrôlée ». il demeure toutefois possible
d’assurer la distribution de produits ou de services en ayant recours à des intermédiaires. C’est
alors une distribution par intermédiaire.

Chapitre 1- Le contrat de
concession exclusive :
Dans le cadre contractuel, une stipulation, une clause, peut conférer au revendeur le
droit exclusif de vendre les produits du fournisseur. Ce revendeur bénéficie d’un monopole,
nommé exclusivité de fourniture. Ce monopole peut ou pas être limité territorialement. Dans
cette hypothèse, le fournisseur se retrouve totalement dépendant du distributeur. En effet, il
est totalement isolé du marché. Le contrat n’est donc pas ici de distribution. Il peut en
revanche survenir qu’un fournisseur octroie à des revendeurs une exclusivité de distribution,
qui sera limitée à un territoire déterminé. Le fournisseur, en concédant plusieurs territoires à
des distributeurs revendeurs exclusifs et placés sous son contrôle, va créer un réseau de
distribution de ses produits.

On peut donc définir le contrat de concession comme la convention par laquelle un


commerçant, appelé, va mettre son entreprise de distribution au service d’un
commerçant ou d’un industriel, appelé.Cette mise à disposition de son entreprise va
permettre d’assurer de manière exclusive sur un territoire déterminé pendant une

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période limitée et sous surveillance du concédant, la distribution de produits dont le
monopole de revente lui a été concédé.

Juridiquement, le contrat de concession est singulier car c’est un contrat qui organise les
relations entre concédant et concessionnaire, mais des contrats successifs de vente vont venir
se greffer sur ce contrat cadre. Si bien que les contrats de vente ne sont que la mise en oeuvre
de ces contrats cadre.
Il ressort deux éléments indispensables pour qu’il y ait un contrat de concession
exclusive. Le premier est l’exclusivité territoriale. Il est nécessaire et indispensable que le
concédant s’engage à ne contracter qu’avec le concessionnaire dans un secteur déterminé. Il
s’agit d’une condition de validité du contrat de concession exclusive, mais encore d’un critère
d’existence du contrat de concession exclusive. En l’absence de cette exclusivité, le contrat
prétendument de concession exclusive pourrait donc être disqualifié, en contrat d’agréation,
c'est-à-dire une convention par laquelle le soi-disant concédant autorise un revendeur à
distribuer ses produits en fonction de critères qualitatifs, mais pas un monopole.
Le concessionnaire doit en outre bénéficier d’une indépendance juridique et
économique. L’indépendance juridique signifie que le concessionnaire ne peut être
subordonné dans un acte de subordination avec le concédant. Il bénéficie donc d’une marge
de manoeuvre dans la gestion de son affaire. Il revêt donc la qualité de commerçant
indépendant. Cela suppose donc que le concessionnaire achète des produits pour lui-même,
mais encore à ses propres risques, histoire de les refourguer à sa clientèle. L’indépendance
doit être également économique. Son indépendance est alors relative. Les juges vérifient que
le concessionnaire bénéficie d’une certaine autonomie patrimoniale. Il apparaît libre de ne pas
contracter, ne pas acheter les produits. Ces conditions sont nécessaires. Il n’est pas vital que
l’exclusivité soit réciproque. Il n’est pas obligatoire que le concessionnaire s’oblige à se
fournir uniquement auprès du concédant. Il peut théoriquement se fournir là où bon lui
semble. On s’en doute, en pratique, les concessionnaires s’engagent à ne se fournir que chez
leur concédant. Il y a donc réciprocité.

Section 1- la formation du contrat :


Le contrat de concession est assez présent dans la vie économique. Il est très proche du
contrat de franchise. Le contrat de concession est « le contrat par lequel le concédant, qui est
titulaire d'une marque, ou d'une enseigne, s'engage vis à vis de son cocontractant à lui
vendre de manière exclusive ses biens, sur un territoire donné, en contrepartie de quoi le
concessionnaire s'oblige à distribuer de manière exclusive ces biens, en respectant la
politique commerciale définie par son partenaire ». Ce contrat est très utilisé, en pratique,
pour les biens de masse : bière, limonade, produits pétroliers...
Ce contrat de concession est soumis au droit commun des obligations.Néanmoins, des
particularités sont à retenir. Elles concernent quatre éléments. Liberté contractuelle,
information du concessionnaire, le prix, la durée, mais encore respect du droit de la
concurrence.

§1- la liberté contractuelle:


Il s’agit alors de savoir si le concédant est libre quant au choix de son ou ses
concessionnaires.

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Est-ce que ce concédant est tenu ou pas de motiver sa décision ? D’après la théorie
générale des obligations, on est libre de ne pas contracter. On n’a donc pas à justifier son
choix de refuser de contracter. Transposé au contrat de concession exclusive, le concédant a le
droit de traiter avec le contractant de son choix, et il n’est pas tenu d’en justifier sa décision,
encore moins d’en communiquer les critères selon lesquels ce choix est exercé.

§2- L’information du concessionnaire :


Dans le contrat de concession exclusive, le concédant est en position de force. C’est lui
qui va dicter les règles du jeu. Le contrat de concession exclusive est généralement un contrat
d’adhésion. La possibilité pour le concessionnaire de négocier les termes du contrat est quasi
nulle.
Le concessionnaire doit donc faire confiance, se fier aux informations que lui fournit le
concédant. Le concessionnaire est un professionnel.
La Cour de cassation entend faire peser sur ce professionnel un devoir de s’informer
afin de mesurer les risques de l’opération économique envisagée, donc se construire une
opinion. Il est apparu que les concédants fournissaient des informations dont le sérieux était
assez faible, si bien que les concessionnaires finissaient par croire à des prévisions
d’évolution trop optimistes. Le législateur a éprouvé le besoin d’intervenir pour mettre fin à
cette situation.

§3- Le prix :
Ici, le problème est de savoir, dans un contrat cadre, qui accorde à un revendeur
l'exclusivité de la distribution, dans un territoire déterminé, de produits si les paries doivent
prévoir les prix auxquelles s’exécuteront les contrats d’application.
Les prix ne sont pas déterminés dans le contrat de concession exclusive. Le prix est
généralement celui qui sera en vigueur au cours de l’exécution du contrat. La jurisprudence a
eu du mal à considérer économiquement cela. En 1971, elle a annulé sur le fondement de
l’Art. 1591 CCiv et de l’Art. 1174 CCiv les contrats cadre qui se référaient pour la
détermination du prix des produits au prix du catalogue du fournisseur.
Dans une approche plus subjective, le prix sera considéré comme abusif s’il a été fixé en
commettant une faute. Priver son partenaire d’une marge suffisante, pas bien. Privilégier dans
la fixation du prix ses propres intérêts en minimisant les intérêts du distributeur, ppaaas bien
non plus. Les juges ont considéré qu’il n’y avait pas abus dans la fixation du prix lorsqu’il
n’était pas démontré que le fournisseur avait imposé des prix arbitraires et non conformes aux
conditions du marché. La jurisprudence a encore admis qu’il n’y avait pas abus lorsque la
différence de prix constatée était justifiée par des faits objectifs comme le volume des
commandes ou le mode d’approvisionnement. Il faut donc une rupture flagrante de l’équilibre
contractuel pour que l’abus soit sanctionné.

§4- La durée du contrat :


Comme tous les contrats, il peut être à durée déterminée ou indéterminée.
Si le contrat est à durée indéterminée, la question de la limitation dans le temps ne se
pose point puisque chacune des parties dispose du droit de résilier les contrats en raison de la
prohibition des engagements perpétuels.

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Lorsqu’il est à durée déterminée, le contrat de concession exclusive ne peut pas être
conclu pour une durée supérieure à dix ans.

§5- L’influence du droit de la concurrence :


Ce contrat confère une exclusivité au concessionnaire. Du seul fait de cette exclusivité,
sont écartés du réseau d’autres opérateurs économiques. Le droit de la concurrence n’énonce
pas une prohibition de principe des clauses d’exclusivité. Il est admis qu’il puisse y avoir des
atteintes au droit de la concurrence. Reste que ces atteintes doivent être considérées comme
légitimes… donc poursuivre un but d’Intérêt général. Or, la mise en place de réseaux peut
permettre de perfectionner la fourniture de biens et services au particulier, au consommateur.
En droit de la concurrence, on va apprécier les clauses d’exclusivité en fonction de l’intensité
de l’atteinte portée à la libre concurrence.

Section 2- Les effets du contrat :


§1-Les obligations entre les parties :

A- Les obligations du concédant


La première et principale, c’est que le concédant doive respecter l'exclusivité dont le
concessionnaire est le bénéficiaire. Cela entraine le respect du secteur qui lui réservé. Il ne
saurait donc concurrencer, directement ou indirectement, son concessionnaire. Cela signifie
par ailleurs que le concédant ne s’amuse pas à favoriser un concessionnaire voisin au
détriment de l’autre. On parle d’exclusivité simple lorsque le fournisseur s’engage à ne vendre
dans une zone déterminée qu’à un seul distributeur professionnel. Mais ce fournisseur
conserve la liberté de commercer avec des nonprofessionnels dans ce secteur. C’est ce type
d’exclusivité qui existait et qui existe encore en matière de concession automobile. On parle
d’exclusivité renforcée dans le cas où le fournisseur s’interdit de concurrencer son
distributeur. Le concédant ne peut pas se prévaloir de l’inexécution de ses obligations par le
concessionnaire pour tenter de justifier la méconnaissance de l'exclusivité. La méconnaissance
d’une clause d’exclusivité par le concédant ne peut jamais être justifiée par l’exception
d’inexécution.
La seconde, c’est de fournir le concessionnaire. Il doit livrer les produits commandés
par le concessionnaire. Il doit respecter les brochettes de contrats de vente qui ne sont que la
mise en oeuvre du contrat cadre encore une fois. Puisqu’il s’agit de contrats de vente, le
concédant est tenu par les obligations liées à la qualité de vendeur : garantie de conformité,
garantie des vices cachés, garantie d’éviction,…
Une troisième consiste en une assistance technique et commerciale. Le concédant est
tenu de former le concessionnaire afin que ces derniers soient en mesure de vendre les
produits au consommateur.
Une quatrième, c’est de faire de la promotion. Le concessionnaire doit donc disposer
des signes de ralliement et du matériel permettant de promouvoir les produits.
la cinquième, c’est que le concédant veille que les normes de fonctionnement du réseau
soient respectées par tous les membres. Ce pour la raison que l’image est commune à tous les

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membres du réseau. Cette obligation ne joue pas en faveur du concessionnaire contrôlé.
Chaque concessionnaire est en droit d’exiger du concédant qu’il fasse respecter par chaque
membre du réseau les obligations liées à la qualité de concessionnaire.
La méconnaissance de ces obligations engage la responsabilité du concédant. La théorie
générale des obligations s’applique.

B-Les obligations du concessionnaire :


La première, c’est d’acheter, de s’approvisionner. Le concessionnaire achète les
produits du concédant. Le contrat de concession peut ne pas obliger le concessionnaire à
acheter ses produits chez le seul concédant. Il pourrait être stipulé qu’il puisse acheter des
produits chez le concurrent. M’enfin en pratique, l’exclusivité est faite au seul profit du
concédant.
La deuxième, c’est de prospecter la clientèle. C’est l’histoire des clauses de rendement
et d’objectifs. Le concédant ne doit toutefois pas imposer des critères subjectifs ou totalement
doit mener en ce sens une politique commerciale active, organiser un SAV, avec du personnel
qualifié (ah.). Bref tout faire pour ameuter le peuple. Ce concessionnaire doit rendre compte
de son activité au concédant. Cette obligation reste logique puisque le concédant est réputé
contrôler le concessionnaire. Ce pouvoir de contrôle ne va pas jusqu’à s’immiscer dans la
gestion du concessionnaire. Le concessionnaire doit bénéficier d’une certaine marge de
manoeuvre, d’une autonomie aussi bien juridique que commerciale. Le concessionnaire est un
commerçant indépendant. Il est généralement prévu des quotas que le concessionnaire doit
respecter. La validité des clauses de quota ou d’objectif ne pose pas de problème particulier.
Ces clauses sont valables, mais elles ne doivent pas pour autant aboutir à soumettre le
concessionnaire à l’arbitraire du concédant.
Parce qu’il a l'obligation d’acheter, il doit payer les produits qu’il acquiert. Souvent, le
concessionnaire bénéficie d’une ligne de crédit auprès du concédant pour payer les
marchandises achetées. Généralement, le concessionnaire est aveuglé par des perspectives de
gain mirobolantes ou presque.
La quatrième obligation, c’est de respecter le caractère intuitu personae du contrat. Le
contrat de concession est conclu en considération de la personne du concessionnaire. Celui-ci
ne saurait se substituer sans le consentement du concédant à un tiers dans l’exécution de ses
obligations.
Si cela ne pose pas de problème lorsque le concessionnaire est une personne physique, il
n’en est pas de même lorsque le concessionnaire est une société. Là, les personnes détenant le
capital de la société seront prises en compte dans le contrat de concession. En cas de
changement de contrôle, le contrat de concession exclusive prévoira une faculté de résiliation
pour le concédant. En cas de changement quant à la forme de la société, il en est de même.
Qui plus est, le concessionnaire ne peut céder son fonds de commerce qu’après agrément du
concédant. Il n’y a pas transmission active avec le fonds de commerce du contrat de
concession exclusive. Le concédant doit disposer de la liberté de choisir son nouveau
concessionnaire.

§2- Les effets à l’égard des tiers :


Le contrat de concession exclusive ne crée d’obligations qu’entre les parties. Elles ne
lient pas les tiers. Cependant, comme tout contrat, la concession exclusive reste opposable aux

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tiers. Il constitue une réalité juridique que ces derniers ne peuvent ignorer. En effet, le contrat
de concession exclusive crée un réseau, une suite d’obligations entre les membres du réseau,
mais exclue les tiers.
L’existence de ce réseau soulève pour les tiers deux questions :
➀ Est-ce que le concédant peut leur refuser la vente de ses produits ? La jurisprudence
lui reconnaît ce droit. Mais alors, est-ce que les tiers peuvent s’approvisionner par des voies
parallèles ?
Des fournisseurs non liés par une clause d’exclusivité par exemple. C’est plus
précisément la question des importations parallèles. Encore faut-il que le tiers ait
connaissance du réseau, donc de l’exclusivité.
La Cour de cassation indique qu’un tiers qui se procure les produits de manière parallèle
ne se rend pas coupable de concurrence déloyale. Il peut acheter ses produits ailleurs et les
revendre sans être membre du réseau. Si l’on s’en tient à la théorie générale des obligations,
cela semble logique. Si les tiers ne peuvent pas ignorer l’exclusivité en le sens que le
concédant peut leur opposer l'exclusivité pour refuser de contracter avec eux, ces tiers ne sont,
eux, pas débiteurs de cette obligation. Cette absence voit s’appliquer la liberté du commerce
et de l’industrie, liberté qui induit de se fournir où bon semble selon les lois.
➁ Qu’en est-il de la responsabilité du concédant à l’égard des tiers ?
Ici, les tiers sont des clients qui vont contracter avec le concessionnaire. On peut donc
se demander si le concédant peut être tenu pour responsable des fautes commises par son
concessionnaire ? Ce sera par exemple un tiers qui contracte auprès d’un concessionnaire qui
disparaît ensuite avec l’argent. Et ben non. Le concessionnaire est juridiquement indépendant
du concédant. Reste une exception. La responsabilité du concédant pourra être recherchée si il
a luimême commis une faute. La responsabilité sera donc ici délictuelle.
Le concédant peut engager sa responsabilité à l’égard des tiers lorsqu’il commet une
faute à l’égard du concessionnaire. Il en est ainsi si le concédant refuse, sans raison valable,
d’autoriser un concessionnaire automobile à représenter une autre marque, mais encore que ce
refus entraine la chute économique du concessionnaire. Il y a aussi faute du concessionnaire si
les objectifs sont irréalistes. Cela aboutirait à la déconfiture du concessionnaire. Les tiers, les
autres cocontractants pourraient engager la responsabilité du concédant.

Section 3- La fin du contrat :


§1-Les cas de rupture :
- Le cas du contrat de concession exclusive à durée déterminée :

Ce contrat disparaît par la survenance du terme prévu au contrat.


Avant l’échéance, les parties sont tenues de respecter les stipulations du contrat. Il est
possible que les parties aient aménagé, dans le contrat à durée déterminée, la faculté pour
l’une de mettre fin au contrat de manière unilatérale. Lorsque survient l’échéance se pose le
problème de savoir si le concessionnaire a ou pas le droit au renouvellement de son contrat.
Sachant qu’il est économiquement dépendant du concédant. La jurisprudence a considéré que
1
le concessionnaire n’avait aucun droit au maintien de ce contrat. Ce concessionnaire n’a droit
à aucune indemnité. Cerise sur le gâteau, le concédant n’a nullement besoin de motiver sa
décision de ne pas renouveler le contrat. Il n’aura pas à tenir compte des investissements
opérés par le concessionnaire.
Il est toutefois prévu dans le contrat de concession que le concédant doive notifier au
concessionnaire sa volonté de ne pas renouveler le contrat qui les lie. A défaut de quoi, le
contrat sera automatiquement reconduit. Tout le contentieux va donc se nouer autour de cette
notification.
Le concessionnaire va tenter de faire valoir devant les tribunaux l’abus de droit de la
part du concédant. Le concédant aura donc un peu trop tardé à prévenir le concessionnaire. Il
aura pu également faire preuve de déloyauté, repoussant l’Art. 1134 CCiv dans le fossé,
délaissant le concessionnaire dans un espoir sans fin.
- Le cas du contrat de concession exclusive à durée indéterminée

Les engagements perpétuels sont prohibés.


Ce principe aboutit à ce qu’une partie doive toujours pouvoir sortir d’un contrat. C’est
la faculté de résiliation unilatérale, inhérente au contrat. Mais, sachant qu’il y a une partie en
position de faiblesse, le concessionnaire, qui n’est pas protégée, tout le contentieux voit le
concessionnaire contester les conditions de l’exercice de cette faculté. La jurisprudence exige
que le concédant respecte un préavis. Le critère étant que le délai permette au concessionnaire
de réorienter ses activités, de trouver d’autres débouchés. A défaut de délai
conventionnellement déterminé, on applique le principe du délai raisonnable. Ce
qu’apprécient souverainement les juges.
Il n’y a pas de formalisme obligatoire pour l’expression de la résiliation. Le contrat va
généralement prévoir les formalités, à défaut de quoi se posera la question de la preuve. Ce
préavis n’est pas soumis à une exigence de motivation, mais les parties peuvent en prévoir le
contraire.
La théorie de l’abus de droit dans la résiliation du contrat à durée indéterminée a été
également recherchée. Mais la jurisprudence s’est montrée assez réticente. Elle n’a admis en
général l’abus de droit qu’en cas de rupture brutale, qu’elle intervenait précipitamment. Il y
aura abus de droit lorsque le préavis n’est pas respecté.
Le concédant n’a pas l’obligation d’assurer la reconversion du concessionnaire. Le
concessionnaire n’est pas un salarié. Il est toujours juridiquement indépendant et est réputé
anticiper les risques de son activité.
- La résiliation pour faute :

La théorie générale des obligations s’applique. Le Juge peut résilier le contrat en


présence d’un manquement grave aux obligations contractuelles.
La seule question qui se pose vise les clauses de résiliation de plein droit. Les solutions
communes s’appliquent. Il dépendra du caractère ambigu ou non de la clause, donc de son
caractère précis.

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§2- Les conséquences de la rupture

Deux conséquences.

A. Le devenir des stocks


a. Les obligations contractuelles
Généralement, le concessionnaire acquiert un important stock de marchandises, en vertu
notamment de ses obligations contractuelles. Le concédant est-il pour autant tenu de reprendre
ce stock à la fin du contrat ? Le concessionnaire ne peut pas revendre d’office ces
marchandises. En effet, à compter de la cessation du contrat, il perd son droit de revente. S’il
revend malgré toutes les marchandises, il serait déclaré coupable de concurrence déloyale.
Le contrat de concession exclusive peut prévoir que le concédant reprendra le stock. En
l’absence d’une telle clause, les juges ont recherché les mécanismes permettant de contraindre
le concédant à reprendre les marchandises. Certains juges ont imaginé que le contrat de
concession exclusive comportait une clause résolutoire tacite. Les contrats conclus issus du
contrat cadre sont alors supposés contenir une stipulation selon laquelle ces ventes seraient
résolues en cas de cessation du contrat de concession exclusive.
b. La garantie d’éviction
Le vendeur des marchandises doit garantir le concessionnaire acquéreur de son fait
personnel. Le concédant ne doit pas troubler dans sa propriété des marchandises. Le
concédant, en demandant la cessation, l’extinction ou en mettant fin au contrat de concession
exclusive, empêche le concessionnaire de pouvoir revendre ses marchandises, et donc, à titre
de réparation du trouble, doit reprendre ses marchandises.
c. L’indemnisation pour rupture abusive
La réparation de la faute prendra la forme d’une reprise du stock. Cette dernière voie
requiert une rupture abusive, ce qui n’est pas souvent le cas.

B. L’indemnité de clientèle
Est-ce que le concessionnaire a droit à une indemnité de clientèle ?
Ce concessionnaire, pendant un certain temps, va développer son affaire, son fonds de
commerce. Grâce à l'exclusivité territoriale, il va en principe attirer une clientèle autour des
produits qui lui ont été concédés. A la fin du contrat de concession, il perd toutefois cette
exclusivité.
Généralement alors, le concédant choisit un nouveau concessionnaire, et les clients
attachés au fonds de commerce du premier concessionnaire vont surement aller voir le
nouveau concessionnaire.
Les concessionnaires ont donc cherché à obtenir une indemnité, considérant qu’ils se
retrouvaient sur le carreau. La jurisprudence répond négativement à une telle demande. Le
concessionnaire n’a pas droit à une indemnité de clientèle. Cette position n’interdit cependant
pas aux parties de prévoir conventionnellement que le concédant verse une telle indemnité au
concessionnaire.

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Chapitre 2- Le contrat de
franchise :
Elle est née aux Etats-Unis sous le nom de franchising. Ses origines se trouvent dans le
développement de l’industrie automobile sous l’effet de la législation anti-trust, prohibant la
vente directe des véhicules par les constructeurs aux utilisateurs. Sa croissance, entre les deux
guerres, est essentiellement alimentée par la nécessité, pour de nombreux commerçants, de
lutter contre la concurrence des sociétés succursalistes. Après la seconde guerre mondiale, le
franchising opère une totale diversification, se répandant notamment dans le domaine des
services. Cette nouvelle technique contractuelle a modifié la structure de la distribution en
Amérique du nord d’abord, dans le reste du monde ensuite.

Section 1- Notion du contrat de


franchise :

C’est une technique contractuelle par laquelle des revendeurs, des prestataires de
service ou des fabricants vont traiter avec le propriétaire de signes distinctifs, une
enseigne, une marque. Ce propriétaire de signes distinctifs détient un savoir-faire
technique, commercial. Le contrat de franchise va permettre d’obtenir la
communication permanente de ce savoir-faire et il va permettre d’utiliser ces signes
distinctifs.

Le franchisage est alors un contrat par lequel une entreprise concède à des entreprises
indépendantes en contrepartie d’une redevance le droit de se présenter sous sa raison sociale
et sa marque pour vendre des produits ou services. Mais ce n’est pas tout, il est rajouté
l’assistance technique. Or, il doit y avoir transmission de savoir-faire. trois éléments sont
nécessaires pour qualifier un contrat de contrat de franchise :
 Il faut en premier lieu qu’il y ait utilisation d’un nom ou d’une enseigne commune et
une présentation uniforme des locaux et ou des moyens de vente.
 Il faut ensuite que le franchiseur transmette au franchisé un savoir-faire.
 Enfin, le franchiseur doit fournir une assistance commerciale.
▪ Le contrat de franchise se distingue du contrat de concession exclusive. En effet,
dans le contrat de concession, le concédant ne transmet pas un savoir-faire au
concessionnaire. En outre, l’exclusivité territoriale est essentielle dans le contrat
de concession exclusive, alors qu’il est une simple faculté dans le contrat de
franchise.
▪ Le contrat de franchise se dissocie encore de la distribution sélective. Dans la
distribution sélective, un producteur va choisir un certain nombre de
commerçants pour distribuer ses produits sans qu’il y ait exclusivité territoriale
pour ses commerçants et sans qu’il y ait une quelle conque emprunte d’enseigne

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par les membres du réseau de la distribution sélective. Dans le contrat de
franchise, le franchisé va se transformer, s’identifier au produit de la marque
qu’il va distribuer.

§1- Caractéristiques du contrat de franchise :


Les accords de franchise consistent en des licences de droits de propriété intellectuelle
concernant des marques, des signes distinctifs ou du savoir-faire pour la vente et la
distribution de biens ou de services.
L’accord de franchise est donc un contrat de distribution qui associe une entreprise,
propriétaire d’une marque ou d’une enseigne (le franchiseur), à un ou plusieurs commerçants
indépendants (les franchisés). Il repose sur une étroite collaboration entre deux entreprises
juridiquement et financièrement indépendantes l'une de l'autre.
Le franchiseur vend son concept au franchisé pour une période et un territoire définis,
aussi appelé zone de chalandise. En contrepartie d’une rémunération directe ou indirecte, le
franchiseur met à la disposition du franchisé sa marque et/ou son enseigne, ses produits, son
savoir-faire et une assistance technique.
Le franchisé, lui, est un chef d’entreprise, juridiquement indépendant, et responsable de
tout engagement ou dette pris auprès d’un tiers : personnel, fournisseur, banque, Etat,
administration, etc.
Le contrat de franchise se caractérise notamment par :
1- La propriété ou le droit d’usage de signes de ralliement de la clientèle par le
franchiseur :
La caractéristique essentielle du contrat de franchise tient à son objet : procurer au
franchisé une méthode originale d’exploitation de son entreprise grâce au savoir-faire du
franchiseur  c’est l’uniformisation poussée des méthodes de vente et la transmission de
savoir-faire par le franchiseur au franchisé qui confirment la qualification du contrat.
Eléments de ralliement de clientèle que le franchiseur transmet au franchisé = le nom,
marque, logo, enseigne, slogans, décoration, assortiment, savoir-faire et méthode originale
d’exploitation.
Le franchiseur doit notamment garantir au franchisé la validité de ses droits sur la ou les
marques, et/ou enseignes dont l’usage est conféré à quelque titre que ce soit, au franchisé.
A l’issue du contrat, le franchiseur s’assure de la non utilisation des signes de ralliement
de la clientèle par l’ancien franchisé. En cas d’exclusivité de l’utilisation de la marque sur un
territoire donné, le franchiseur en précise les modalités (objet, portée).
2-La transmission par le franchiseur de son expérience et de son savoir-faire au
franchisé :---
Le savoir-faire se comprend comme étant composé des informations pratiques,
techniques, non brevetées, qui sont le résultat de l’expérience du franchiseur et qui ont été
testées par lui.
Le Code de déontologie européen ajoute que cet ensemble d’information est :

1
-« secret » = les informations ne sont pas connues du grand public ou aisément
accessible par lui,
-« substantiel » = ces informations caractérisent une franchise particulière et permettent
de la distinguer des autres,
-« identifié » = « décrit d’une façon suffisamment complète pour permettre de vérifier
qu’il remplit les conditions de secret et de substantialité ; la description du savoir-faire peut
être faite dans l’accord de franchise, dans un document séparé ou sous toute autre forme
appropriée ».
Le franchiseur garantit au franchisé la jouissance d’un savoir-faire qu’il entretient et
développe. Par une information et une formation adaptées, il le lui transmet et en contrôle
l’application et le respect.
Dans la période précontractuelle, contractuelle et post-contractuelle, le franchiseur
empêche toute utilisation et toute transmission du savoir-faire, en particulier à l’égard de
réseaux concurrents, pouvant porter préjudice au réseau de franchise.
 Le franchisé agit donc dans le cadre d'un réseau, le plus souvent avec une obligation
d'exclusivité totale.
Avant de s’engager, le candidat franchisé est intéressé par le résultat des tests réalisés
dans les unités pilotes et qui l’aident à apprécier dans quelle mesure le marché adhère
effectivement au concept proposé par le franchiseur.
De manière générale, le réseau territorial définit la zone de chalandise du franchisé et en
outre, celui-ci est souvent tenu à réaliser un chiffre d'affaires minimum pour être maintenu
dans le réseau du franchiseur.
3-- la fourniture par le franchiseur au franchisé d’une assistance commerciale ou
technique
Les deux parties doivent collaborer à tout moment pour la réussite d’une entreprise
commune. La jurisprudence parle fréquemment de « collaboration réciproque », bien qu’elle
se focalise d’avantage sur le devoir de collaboration dans le chef du franchiseur que dans celui
du franchisé.

§2- Statut juridique du contrat de franchise :


En l'absence de dispositions légales régissant la franchise au Maroc, l'ingénierie
contractuelle revêt une importance particulière car les relations entre le franchiseur et le
franchisé seront régies uniquement par les dispositions du contrat de franchise.

A.Le droit commun des contrats :


Le droit marocain ne prévoit aucune disposition législative ou réglementaire propre au
contrat de franchise. Par conséquent, le contrat de franchise est régi par le droit commun des
contrats (Dahir des obligations et contrats du 12 août 1913).
A ce titre, le contrat de franchise ne sera valablement formé que par l'accord des parties
sur les éléments essentiels de l'obligation, ainsi que sur toutes les autres clauses licites qu'elles
considèrent comme essentielles.

1
Il convient donc aux parties de fixer clairement leurs obligations dans le contrat de
franchise sans qu'elles puissent s'y soustraire dans la mesure où les obligations valablement
formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.
Cependant, la possibilité pour le futur franchisé de négocier les termes du contrat de
franchise est limitée dans la mesure où, la plupart du temps, ce contrat est un contrat élaboré
par le franchiseur qui le soumet à l'adhésion du franchisé et qui est identique pour l'ensemble
des franchisés du réseau.
En outre, le contrat de franchise étant un contrat commercial, les tribunaux de
commerce seront compétents pour connaître des litiges y afférents à moins que les parties
décident de soumettre leurs litiges à la procédure d'arbitrage prévue aux articles 306 et
suivants du code de procédure civile.

B.L'influence des législations périphériques :


Outre le droit commun des contrats, la mise en place d'un contrat de franchise doit
respecter le droit de la concurrence et celui de la propriété industrielle.
Ainsi, le plus souvent le contrat de franchise stipule une eixclusivité territoriale, une
obligation d'achat exclusif, une obligation concernant les prix de revente, etc.…
Il est alors indispensable d'étudier de telles stipulations contractuelles au regard de la loi
n° 06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence, et ce afin d'éviter tout risque de
sanction au titre de pratiques anticoncurrentielles interdites.
Il en est de même lors de la mise en place d'un réseau de franchisés par le master
franchisé, c'est-à-dire un franchisé qui a obtenu le droit d'accorder des sous-franchises dans la
zone dont il a l'exclusivité,
Par ailleurs, le contrat de franchise prévoit au profit du franchisé un droit d'usage de la
marque, d'un brevet ou de tous autres signes distinctifs appartenant au franchiseur.
La mise en œuvre de ce droit d'usage devra respecter les dispositions prévues en la
matière par le droit de la propriété industrielle.
A ce titre, il convient de signaler, par ailleurs, que certains aspects peuvent faire l'objet
de stipulations dans les contrats tels que la désignation du franchisé pour agir en justice en cas
de contrefaçon de la marque c »cddu franchiseur, les références des droits de propriété
industrielle dont l'usage est concédé pefrtar le franchiseur.

§3- Différents types de franchise


Formule de collaboration commerciale que l'on retrouve le domaine de la production et
de la distribution de biens et de services.
Trois types selon le secteur d’activité :

A. La franchise de distribution
Elle se divise elle-même en deux sous-catégories :

1
-franchise de production dans laquelle le franchiseur est un producteur qui distribue les
produits qu’il fabrique ou fait fabriquer par un tiers sous licence dans le cadre d’un réseau
spécialisé et uniforme de franchisés;
-franchise de distribution au sens strict dans laquelle le franchiseur fonctionne en tant
que centrale d’achat auprès de laquelle les franchisés s’approvisionnent en produits de sa
marque.

B. la franchise de services
Dans le cadre d’une franchise de services, le franchiseur crée un concept de service
original ou une technique spécifique de prestation de services qui sera distribué(e) par les
franchisés, prestataires de services pour les clients.

C. Une franchise industrielle


Le franchisé produit lui-même les marchandises suivant le savoir-faire communiqué par
le franchiseur, pour ensuite les distribuer sous la marque du franchiseur.
Lorsque la franchise porte sur la distribution de produits, le franchisé se trouve dans une
situation semblable à celle du concessionnaire = vend en son nom et pour son compte et
assume les risques de la distribution. Mais il fait partie du réseau de vente uniformisé du
franchiseur et applique le savoir-faire ou les méthodes de vente particulières mises au point
par le franchiseur.

§4- Le contrat de franchise et les autres contrats voisins :


Le contrat de franchise s’inscrit dans le groupe des contrats de distribution intégrée. Il
ne constitue pas un modèle unique et se distingue des contrats voisins.

A. Le contrat de franchise et le contrat de


concession :

1
La franchise et la concession sont des formes de distribution intégrée. C’est à dire que le
fournisseur met en place un réseau de distributeurs liés à lui par des accords contractuels
présentant deux caractéristiques communes :
▪ Ce sont des contrats de dépendance dont l’existence et la permanence sont
souvent nécessaires à la survie économique du distributeur.
▪ Ce sont des contrats-cadres dont l’objet est préparer et régir la conclusion et
l’exécution de contrats futurs.

Le franchisé et le concessionnaire sont plus que de simples intermédiaires qui ne font


que représenter le commerçant dans ses relations avec la clientèle. Ce sont des revendeurs :
des commerçants indépendants qui deviennent personnellement propriétaires des produits
qu’ils distribuent.

Deux différences principales distinguent concession et franchise :


La 1ière : Dans le contrat de franchise il doit y avoir mise à disposition d'un savoir-faire
original, spécifique, identifié, secret et réitérable, et fourniture d’une assistance permanente
par le franchiseur.
Le contrat de concession, quant à lui, est principalement un contrat de fourniture de
marchandises par le concédant, qui ne comporte pas nécessairement de mise à disposition du
savoir-faire.

Le contrat de franchise peut ne pas contenir de clause d’exclusivité territoriale,


d'approvisionnement et de revente, alors qu’elle est de principe dans le contrat de
concession.

En pratique, la distinction entre franchise et concession peut être plus floue, certaines
enseignes se présentant comme franchiseur n'ayant que peu ou pas de savoir-faire consistant
et accordant des exclusivités caractéristiques de la concession, et inversement.
La 2ième : Même s’il existe entre ces deux conventions un certain nombre de points
communs (existence de marque et/ou d’enseigne exclusivité territoriale, exclusivité
d’approvisionnement), des différences caractéristiques existent entre les deux notions.
La licence de marque ou d’enseigne, la clause d’assistance, partie inhérente au contrat
de franchise, peuvent ne pas figurer dans le contrat de concession.
Par ailleurs, les obligations de paiement du franchiseur envers le franchisé diffèrent de
celle du concessionnaire envers le concédant.
La distinction entre concession exclusive et franchise repose sur l’existence dans le
dernier contrat d’une assistance du franchiseur au franchisé et notamment la transmission
permanente du savoir faire.
Le contrat de concession exclusive quant à lui peut être réalisé sans assistance ni
transfert de connaissances et de techniques du concédant au concessionnaire.

1
Jurisprudence1 : Dans un arrêt de la cour de cassation française, il a été jugé que le contrat
prévoit la mise à disposition d'un nom commercial, de sigles et de symboles, ainsi qu'une
assistance commerciale de la part du concédant lors de la création de l'activité et
l'organisation par ce dernier de campagnes promotionnelles, il ne fait toutefois pas référence à
l'existence d'un savoir faire et ne crée aucune obligation de transmission de connaissances
propres caractéristiques d'une franchise, l'obligation d'assistance mise à la charge du
concédant comme la détermination de quotas d'approvisionnement auprès du seul concédant
relevant au contraire d'un contrat de concession exclusive.

B. Franchise et Distribution sélective :


Le contrat de distribution sélective est celui par lequel, d’une part le fournisseur
s’engage à approvisionner dans un secteur déterminé un ou plusieurs commerçants, qu’il
choisit en fonction de critères objectifs, de caractère qualitatif sans discrimination et sans
limitation quantitative injustifiée et d’autre part par lequel le distributeur est autorisé à vendre
d’autre produits concurrents.2

Là encore la distinction fondamentale avec le contrat de franchise est l’absence de


transmission d’une enseigne, d’un savoir faire et d’une assistance. Par ailleurs, il n’est pas
d’usage en matière de distribution sélective de prévoir le versement d’une quelconque
redevance, le fournisseur étant normalement rémunéré sur la vente des produits objets de
l’obligation d’approvisionnement.

C. Le Cumul de qualifications contrat de travail et contrat de


franchise :
La double qualification contrat de franchise et contrat de travail au sein d’une même
relation contractuelle semble contradictoire. En effet, l’un des éléments essentiels de la
franchise réside dans l’indépendance juridique du franchisé vis-à-vis du franchiseur, tandis
que le lien de subordination du salarié à l’égard de son employeur constitue l’une des
caractéristiques majeure du contrat de travail. De fait, les questions qui traditionnellement
nourrissent le débat sur la requalification d’un contrat de franchise en contrat de travail
s’articulent autour de l’existence ou non d’un lien de subordination entre les contractants.

Section 2- L’exécution de contrat de


franchise :
1
Cass. Com. 4 juin 2002.
2
Chambre criminelle de la cour de Cassation – 3 novembre 1982.

1
§1- Les effets entre les parties :
A. Obligations et droits du franchiseur :

1- les obligations de franchiseur :


Les obligations essentielles à la charge du franchiseur sont de transmettre les signes
distinctifs de son enseigne, de sa marque. Il doit également communiquer au franchisé un
véritable savoir faire commercial et technique identifié, substantiel et secret. Pour éviter toute
contestation sur l'existence d'un savoir faire original, il faut que le franchiseur l'ait déjà
expérimenté au moyen d'une installation pilote.
Le franchiseur doit apporter au franchisé une assistance technique ou commerciale, un
soutien publicitaire, un conseil dans le choix de l'emplacement du futur établissement, et une
formation adaptée avant l'ouverture du magasin puis pendant toute la durée du contrat.
Accessoirement, il est concevable que le franchiseur ait concédé au franchisé une
exclusivité territoriale. Il se devra alors de ne pas accorder une franchise à autrui dans cette
même zone géographique ou ne pas y ouvrir lui même un magasin.
Le franchiseur doit également assister le franchisé en permanence dans la gestion de
son affaire en matière de vente, d'organisation et de services mais aussi de recrutement de
personnel, etc.
Il lui appartient de mettre à jour les signes distinctifs du réseau (marque, enseigne, logo,
publicité sur le lieu de vente, nom commercial, symboles) et de vérifier leur bonne utilisation
et application. En aucun cas, cette responsabilité ne se partage.
Enfin, Le franchiseur doit également veiller à la promotion nationale ou internationale
des biens ou des services de sa chaîne et d'en renforcer l'image. Le franchisé, payant pour ces
services, ne doit pas tolérer que les frais de publicité soient faits pour une chaîne de
distribution concurrente.

2-les droits de franchiseur :


La marque reste la propriété exclusive du Franchiseur.

B. Obligations et droits de franchisé :

1-les obligations de franchisé :


Lors de son installation, le franchisé doit financer :
 l'acquisition de son fonds de commerce ou de son droit au bail,
 l'agencement et le matériel conseillé ou imposé par le franchiseur.
 une redevance initiale forfaitaire comprenant :
o Un droit d'entrée pour adhérer au réseau ;
o Des royalties, qui sont des versements réguliers, généralement un
pourcentage du chiffre d’affaire du franchisé ;
o Des redevances publicitaires, c’est-à-dire des sommes versées au
franchiseur et affectées au budget publicitaire de l'enseigne,
généralement un pourcentage du chiffre d’affaire du franchisé.
1
Le franchisé est un commerçant indépendant. Il est responsable à part entière de son
entreprise et est propriétaire de sa clientèle. En cas d'échec, c'est lui seul, qui doit payer les
factures, sauf s'il peut prouver que le franchiseur s'est immiscé dans la gestion de son
entreprise et en a été "gérant de fait". Afin d'éviter toute confusion dans l'esprit des
consomlomateurs, le franchisé doit donc les informer de sa qualité d'entreprise indépendante
de manière lisible et visible sur les publicités, factures, bons de commande, vitrine, enseigne,
etc.
Le franchisé est tenu de respecter les clauses de protection du savoir-faire. Il ne doit pas
vendre dans son territoire des produits ou services qui pourraient concurrencer ceux du
franchiseur, il ne doit pas exploiter la franchise en dehors de la zone géographique délimitée,
ni transférer son lieu d'exploitation. Il doit respecter les normes établies par le franchiseur,
ainsi que les conditions d'exploitation nécessaires au maintien de l'image de marque du
produit et du réseau. Le franchisé doit fournir au franchiseur des données opérationnelles
vérifiables et lui laisser accès à ses locaux et à ses comptes.
Le franchisé est tenu de s'approvisionner exclusivement ou quasi exclusivement en
marchandises, services, etc., auprès de son franchiseur et/ou des fournisseurs référencés par
lui.
Il ne devra pas diffuser auprès de tiers le savoir faire qui lui a été transmis par le
franchiseur.

2-les droits de franchisé :


 Le franchisé a le droit d’utiliser la marque du franchiseur.
Mais aussi l’enseigne/nom commercial et toutes autres sortes de sigles dont
le franchiseur a la propriété ou la jouissance (logos etc.).

 Le savoir-faire transmis doit être original. La transmission au franchisé


d’un savoir-faire ne présentant pas un caractère original constitue une cause
de nullité du contrat. Important : le contenu du savoir-faire doit figurer dans
un document, généralement un manuel que les professionnels qualifient de
« manuel opératoire ».

 Le franchisé a accès à une assistance technique. Celle-ci peut prendre des


formes diverses comme la formation continue du franchisé et de son
personnel, des plans-types d’aménagement du magasin et de présentation
des produits, l’organisation des campagnes de publicité mais aussi un
conseil juridique, une assistance comptable etc. Important : la plupart des
contrats de franchise prévoient au bénéfice du franchisé une clause
d’exclusivité territoriale. Cette clause permet au franchisé de ne pas
supporter la concurrence d’un autre franchisé du réseau sur une zone
géographique donnée.

En cas de vice du consentement, le franchisé pourra demander l'annulation du contrat, le


remboursement du droit d'entrée, ainsi que des dommages et intérêts.

1
§2- Les effets envers les tiers :
Les tiers peuvent se voir opposer un refus de vente s’ils essayent d’acquérir les produits
vendus par le franchisé pour les revendre.
La jurisprudence considère qu’il n’y a cependant pas de faute imputable à un
franchiseur lorsqu’il refuse de vendre à un tiers. Le franchiseur est plus clairement obligé de
ne pas vendre au tiers.
Si le tiers arrive à se procurer les marchandises, cela signifie que l’étanchéité du réseau
a été méconnue, ce qui suppose donc qu’un membre du réseau a ignoré l'exclusivité, le
franchiseur ou un franchisé. Les autres membres du réseau non fautifs pourraient exercer une
action en vue de réparer leur préjudice. Ce pourra être une action en responsabilité
contractuelle contre le franchiseur de la part du franchisé, mais ce pourra encore être une
action en responsabilité délictuelle contre le franchisé fautif.
Si les tiers entendent contracter avec le franchisé en tant que tels, ils ont droit à une
information, histoire de savoir avec qui ils contractent, bref avec un commerçant indépendant
ou pas.
Cette information doit apparaître sur tous les documents émanant du franchisé, genre les
factures, mais encore à l’intérieur et l’extérieur du point de vente.

Section 3- l’extinction de contrat de


franchise :
Lorsqu’un contrat de franchise a été signé et est en cours de déroulement, différents
éléments peuvent venir le perturber. Il faut alors déterminer quelles peuvent être les causes
d’extinction du contrat, afin de déterminer si la relation d’affaires pourra perdurer et survivre
à ce contrat et si ce n’est pas le cas quelles seront les obligations.

§1- les causes de l’extinction :


A. le contrat à durée déterminée :

1- l’arrivée à terme :
Très généralement conclu pour une durée déterminée, le contrat de franchise s'éteint à
son terme (attention aux clauses de renouvellement tacite), le franchisé ne bénéficie d'aucun
droit au renouvellement quelle que soit l'ancienneté de ses relations contractuelles ou quelle
que soit l'importance des investissements qu'il a consentis. Le franchiseur n'est tenu ni de
justifier son refus de renouvellement, ni de dédommager son franchisé sauf abus de droit de sa
part.

Exemples d'abus :

1
 subordonner la reconduction du contrat à l'obtention de certains résultats
exagérés que le franchisé devra réaliser à l'arrivée du terme,
 laisser au franchisé l'illusion d'une éventuelle reconduction du contrat,
 subordonner la reconduction à un investissement discriminatoire,
 induire le franchisé en erreur en offrant le renouvellement tel quel du contrat
trois mois avant son expiration, pour ne le prévenir d'une modification
substantielle du contrat que huit jours avant le terme...

La preuve de l'abus de droit incombe au franchisé, victime du non-renouvellement du


contrat. A défaut de reconduction, franchiseur et franchisé reprennent leur liberté sous réserve
des obligations survivant au contrat.

2- La rupture anticipée :
La résiliation unilatérale du contrat avant l'arrivée du terme constitue une faute ouvrant
droit à une action en responsabilité civile au bénéfice du cocontractant sauf si la rupture est
justifiée par l'inexécution ou les manquements du cocontractant.
La résiliation unilatérale du contrat avant l'arrivée du terme pour faute grave du
cocontractant justifie une rupture anticipée et ouvre droit à dommages et intérêts pour la partie
lésée.
Remarque : Si le contrat prévoit le respect d'un préavis par le contractant qui ne veut
pas renouveler le contrat, la rupture du contrat au mépris de cette clause entraînera la mise en
jeu de sa responsabilité contractuelle.
Dans le silence du contrat, le tribunal n'exige pas systématiquement un préavis, tout
dépend des usages commerciaux mais il est recommandé de respecter un délai de préavis (le
délai raisonnable est de 3 mois).

B. le contrat à durée indéterminée :


Si le contrat de franchise est conclu pour une durée indéterminée, chacune des parties
peut mettre fin au contrat à tout moment sous réserve de respecter un préavis contractuel ou
d'usage. La jurisprudence exige le respect d'un préavis suffisant qu'il soit stipulé ou non dans
le contrat. La brusque rupture (sans respect du préavis) est sanctionnée par des dommages et
intérêts.
La clause résolutoire est la clause par laquelle le franchiseur et le franchisé prévoient
qu'en cas d'inexécution des obligations de l'une ou l'autre des parties, le contrat sera résolu de
plein droit (c'est-à-dire sans intervention des tribunaux pour faire prononcer la résolution du
contrat) mais rien n'empêche le créancier de l'obligation d'agir, par la suite en justice pour
obtenir des dommages et intérêts.

§2- les effets de l’extinction :


Lorsque le contrat de franchise prend fin, le franchisé restitue les matériels prêtés ou
déposés, principalement l'enseigne ; il supprime toute référence à la marque du franchiseur.
Cependant, la rupture du contrat ne signifie pas la fin de toute relation contractuelle.

A. Les effets au regard de franchisé :

1
A la fin de relations contractuelles, le franchisé supporte de lourdes obligations qui
traduisent son exclusion de réseau de franchise, il s’agit notamment de :
 La suppression des signes distinctifs de la franchise sur les documents, les
papiers commerciaux et les supports de publicité, enlèvement de l’enseigne,
restitution des matériels et documents qui auraient fait l’objet d’une remise,
confidentialité et non utilisation du savoir faire, et surtout non concurrence.
 il aura droit d’exercer une action en versement des dommages et intérêts en
cas de rupture abusive de son contrat à durée déterminée.

B. les effets au regard de franchiseur :


Le franchiseur s’engage à racheter les meubles meublants, les éléments de décoration
liés à la marque ainsi que les immeubles par destination.

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