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La dynamique de la construction européenne

Chapitre 1

C’est une idée très ancienne, qui remonte à Saint-Simon ou à Victor Hugo. Elle est confrontée aux
nationalismes. Mais après deux guerres mondiales, on a une nécessité d’union.

A. Pourquoi « faire l’Europe » ? Et comment ?

a. La menace communiste provoque les premières formes de coopération en


Europe de l’Ouest : une « Europe américaine » ?
Après la WW2, la guerre froide  Bipolarisation.
Il y a une crainte de la contagion communiste. Au USA il y a une stratégie de containment. En
1948, on a un traité de Bruxelles, qui vise à avoir une défense mutuelle en cas d’agression entre
plusieurs pays européens.
Le plan Marshall au US en 1947 pour aider à la reconstruction.
Tension entre fédéralisme (abandons des souverainetés nationales) et inter gouvernementalité
(primes des souverainetés nationales, approche de la construction européenne)

b. Les enjeux du Congrès de La Haye (1948) : quelle dynamique européenne mettre


en place ?
Congrès de La Haye (1948) : intérêt d’une construction européenne
 Opposition fédéralistes (perte de souveraineté nationale) / unionistes (collaboration
inter-gouvernementale)
En 1949 : Naissance du Conseil de l’Europe (espace de dialogue, Droits de l’homme) qui
regroupe des pays pas forcément européens qui ont signé le traité européen des droits de
l’homme.
Le projet fédéraliste et intégrationniste porté par Jean Monnet et Robert Schuman qui ne va
jamais voir le jour. Mais ils vont être à l’origine de la CECA.

c. La création de la première Communauté européenne (la CECA) mais l’échec de la


CED
Discours de l’Horloge (1950) : proposition de mettre en commun les productions d’acier et de
charbon en Europe (approche supranationale).
 Naissance de la CECA (1952) entre la France, l’Allemagne l’Italie et le Benelux (Pays-
Bas, Belgique et Luxembourg)
 Complémentarité : ceux qui ne produisent pas d’acier en achètent au sein de la
CECA, pas besoin d’aller en chercher ailleurs.
 Libre circulation
 Pas de subvention
 Création de la Haute Autorité
Il y a eu aussi une volonté d’aller plus loin : il y a le projet de Communauté Européenne de
Défense (armée commune) mais refus français. C’est l’échec du fédéralisme.

B. L’intégration se fait d’abord dans le seul domaine économique

a. La relance de la construction européenne par les traités de Rome (1957)


Dans les traités de Rome en 1957, entrés en vigueur en 1958, on a deux éléments : la CEE
(Projet de marché commun, pour libéraliser le marché) et la CEEA (comité européenne de
l’énergie atomique) (ou Euratom).
Progressivement, on va libérer le marché de marchandises entre ces pays. Les résultats
économiques globalement positifs pour la CEE (l’union douanière est réalisée en 1968). Mais on
est aussi dans le cadre du GATT, mais dans le CEE on va avancer plus rapidement.

Plusieurs difficultés :
 La CECA : surproduction mondiale de charbon et d’acier, la concurrence externe était
forte car il n’y avait pas de tarifs européens communs. Il y a un manque de coopération.

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 Pas de véritable coordination au sein de l’Euratom.

Politique agricole commune (1962) : plus grande réalisation européenne. C’est une politique
structurelle visant à moderniser l’agriculture européenne et atteindre l’autosuffisance
alimentaire grâce à des subventions, des protections douanières et des prix garantis.
 Succès : objectif d’autosuffisance alimentaire rapidement atteint.
 Difficultés : coût très important.

b. Les débats autour du premier élargissement


La candidature du Royaume-Uni rejetée par deux fois par la France, a cause de l’atlantisme
britannique rejeté par De Gaulle.
Mais au départ de De Gaulle en 1969, on ouvre la voie à un élargissement.

C. De la crise des années 1970 à la relance des années 1980

a. Le premier élargissement (1973) entraîne des difficultés, aggravées par


l’effondrement du système de Bretton Woods et la crise pétrolière
Traité signé en 1972  intégration en 1973 de 4 membres : Royaume-Uni, Irlande, Danemark,
Norvège.
Or la Norvège refuse, et il y a une adhésion britannique préférentielle (régime spécial
temporaire) et une exigence d’allègement des contributions financières.
Les britanniques obtiennent la création du Fond européen de développement régional (FEDER)
en 1975 et sera considéré comme compensation à la contribution britannique à la PAC. Les
britanniques contribuent à hauteur de 20% des recettes mais ne perçoivent que 12% des
restitutions. Donc la GB a une contribution nette de 8 points.

Le contexte économique et monétaire mondial difficile :


 Effondrement du système de Bretton Woods et difficultés du Serpent monétaire
européen.
 Premier choc pétrolier et stagflation.

b. Les élargissements au Sud (1981 et 1986)


1981 : Adhésion de la Grèce.
1986 : Adhésion de l’Espagne et du Portugal.

Ces pays sont en retard, donc il y a accroissement des transferts (PAC et FEDER)
 Rattrapage en termes de niveau de vie, notamment l’Irlande grâce aux financements de la PAC
et du FEDER.

Cependant, il subsiste des problèmes :


 Stratégie peu coopérative de l’Irlande (12,5%) (dumping fiscal), facilitée par les
financements FEDER.
 Fragilité du rattrapage et divergences sectorielles (Artus et Gravet)  Tendance à la
désindustrialisation au sud de l’Europe, et une montée en gamme dans le nord de
l’Europe.
 Persistance des inégalités entre régions.

c. La relance de l’intégration à partir du milieu des années 1980


Il y avait peu d’avancée sur le marché commun :
 Barrières non tarifaires
 Maintien du contrôle des changes
 Pas de véritable libre-circulation des personnes

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Sous l’impulsion de Jacques Delors, ministre de l’économie, il y a signature de l’Acte unique


européen (signé en 1986, entré en vigueur en 1987) prévoyant l’avènement du « Grand Marché
Unique » au premier janvier 1993 :
 Libre circulation des marchandises
 Libre circulation des personnes
 Libre circulation des capitaux

Il y a aussi des changements institutionnels :


 Pouvoir accru pour le Parlement européen
 Pour réaliser le Grand Marché et prendre les décisions, on va passer à la majorité
qualifiée (3/4 des pays disent oui, c’est bon)

D. Les enjeux de la dynamique européenne depuis le début des années 1990

a. Les traités de Maastricht (1992) et d’Amsterdam (1997) marquent des étapes


décisives

Contexte d’effondrement du bloc de l’est (réunification allemande, fin de l’URSS). Il y a une


volonté d’approfondissement (à travers la monnaie unique) et d’élargissement (Autriche, Suède,
Finlande, Norvège mais refuse en 1995).

Traité de Maastricht signé en 1992, entré en vigueur en 1993 : étapes vers la monnaie unique
(au plus tard le premier janvier 1999) et critères de convergences.

Selon le triangle des incompatibilités de Mundell, comme il y a un taux de change fixe et une
liberté de circulation des capitaux au sein de l’Europe, les politiques monétaires ne sont pas
autonomes.

L’Union Européenne va se fonder sur 3 piliers pour tout les pays membres :
1. Pilier économique
2. Pilier de la politique étrangère et de sécurité commune
3. Pilier de la coopération dans la justice et des affaires intérieures
Même si 15 pays ont ratifié le traité de Maastricht, seuls 11 sont dans l’Eurozone.

Traité d’Amsterdam (adopté en 1997 entré en vigueur en 1999) :


 Décisions prises à la majorité
 Vote à la majorité qualifiée élargi
 Intégration des accords de Schengen
 Coopération renforcée
 Pacte de stabilité et de croissance pour l’eurozone (Aucun état ne doit présenter un
déficit public supérieur à 3% du PIB, et ne pas dépasser 60% de PIB de dette publique)

b. Le défi de l’élargissement à l’Est


Après la chute du rideau de fer, volonté d’accompagner la transition démocratique et
économique
 Création de la BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement) en
1991
 Développement du programme PHARE (programme d’Assistance à la Restructuration des
Economies) en vue de l’adhésion des 10 PECO.

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 Accompagnement renforcé en 2000 avec l’instrument structurel de pré-adhésion (ISPA)


et l’instrument agricole de pré-adhésion (SAPARD, Special Accession Program for
Agriculture and Rural Development)

Volonté d’élargir  changements institutionnels : Traité de Nice (signé en 2001, entré en


vigueur en 2003) :
 Extension du rôle du Parlement, qui retrouve une initiative législative.
 Extension de la majorité qualifiée

 10 pays rejoignant l’UE en 2004 : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, --
République Slovaque, Hongrie, Slovénie, Chypre et Malte.
 2 autres en 2007 : Roumanie et Bulgarie
 1 autre en 2013 : Croatie

Il reste des écarts importants avec les pays riche d’Europe  ils vont donc recevoir un soutien à
travers le FEDER, le FSE et le Fonds de cohésion.
Les PECO vont être des bénéficiaires très importants de fonds structurels européens.

Elargissement à la Turquie ? Enjeux démocratiques et enjeux géographiques. (A utiliser en


ouverture)

c. L’échec du projet de « traité constitutionnel » (2005) et la crise actuelle


Plus on élargit l’Europe, plus il y a d’insuffisances institutionnelles. Pour cela Valery Giscard
d’Estaing en 2003 propose le projet de traité constitutionnel :
 Président du Conseil européen (maintenant ca existe, c'est Donald Tusk actuellement)
 Représentation diplomatique (quelqu’un qui parle au nom de l’Europe
diplomatiquement)
 Généralisation de la majorité qualifiée
Ce projet est rejeté par la France et les Pays-Bas en 2005. Mais en 2007 on va créer le Traité de
Lisbonne et va être proposé en France au Congrès (Sénateur + Parlementaire). L’Irlande en
2008 va faire un référendum, et vont le refaire jusqu’à ce qu’il soit accepté.
Ce Traité de Lisbonne (entré en vigueur en 2009) :
 Président du Conseil
 Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité
(Donald Tusk et Federica Mogherini maintenant)
 Majorité qualifiée double (55% des Etats sont d’accord et qu’ils représente 65% de la
population)

La crise de 2007 rend impossible le respect des critères du Pacte de stabilité et de croissance 
explosion des déficits budgétaires

Effet boule de neige : Si le déficit est supérieur au taux d’intérêt réelle servi sur la dette, on a
un effet boule de neige  la dette est insoutenable.

Dans l’urgence, il y a négociation d’un nouveau traité, le Traité sur la Stabilité, la Coordination
et la Gouvernance (voir M4P2CH2) (TSCG)
 « Règle d’or » budgétaire : le déficit structurel ne doit pas excéder 0,5% du PIB sur le
cycle économique
 La dette doit être ramenée à 60% du PIB maximum
 Europhobie croissante

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La dynamique de la construction européenne
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Jürgen Habermas est un européen convaincu et hostile au souverainiste. Mais il sait que le
fédéralisme est une voie impossible au sens d’un abandon des souverainetés nationales.
Cependant, l’Europe doit retrouver une légitimité démocratique et remettre en question la mise
sous tutelle des citoyens. L’exemple type pour lui c’est l’imposition de l’austérité contre les
peuples en Espagne ou en Grèce par exemple.

Il veut faire de l’Europe un jeu à somme positive au niveau politique en donnant d’avantage de
poids au Parlement européen, il parle d’une transnationalisation de la démocratie, c’est-à-dire
l’organisation démocratique de l’Europe comme préalable à la citoyenneté européenne. Sa
proposition :
 Unifier le droit électoral pour les élections des députés européennes (mêmes règles dans
tout les pays)
 Faire émerger des partis politiques européens
 Partager équitablement les compétences législatives entre le Conseil et le Parlement

Ainsi, les citoyens trancheront en cas de conflit nation/union : « ce qui peut être compris dans le
cadre d’un état national, comme relevant du bien commun, se transforme en une généralisation
de l’intérêt particulier, limité à son seul peuple, or celle-ci peut tout à fait entrer en conflit avec la
généralisation ou de l’intérêt a valoir à l’échelle de l’Europe et qu’ils peuvent escompter dans
leurs rôles de citoyens de l’union ».

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