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Nouvelle-Calédonie 2025

Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

Les rapports
des 9 ateliers
du diagnostic

Janvier 2009

Ce document est téléchargeable sur le site :


www.nouvellecaledonie2025.gouv.nc

MINISTERE
Haut-Commissariat deDla E République
L’ O U T R EM E R
en Nouvelle-Calédonie
« Je crois qu’aujourd’hui
les gens sont prêts à discuter
autour d’une table
pour faire des choix. »
Jacques LAFLEUR

« Votre part sera votre volonté de rencontre,


même si nous savons les uns et les autres
qu’elle nous fera découvrir différents,
avec nos valeurs et nos manières de vivre. »
Jean-Marie TJIBAOU
Les rapports des 9 ateliers
du diagnostic
Une démarche indispensable pour donner
du sens à l’action et coordonner la marche
en avant du pays
Initiée à Koné le 14 mai 2008, la démarche « Nouvelle-Calédonie 2025 » a pour objet d'élaborer le
« Schéma d'Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie ».
Outil fondamental pour une vision transversale des grands enjeux de société, ce schéma doit
formuler les orientations stratégiques à un horizon de 15 à 20 ans. Il a pour ambition de permettre
aux politiques publiques d’être plus pertinentes et efficaces car fondées sur un projet stratégique,
cadrant de façon globale les réponses à apporter aux enjeux à long terme pour notre pays.
Cette indispensable démarche répond à une double nécessité :
l la Nouvelle-Calédonie, comme le reste du monde, doit composer avec de rapides mutations

économiques et sociales ;
l le Schéma d'Aménagement et de Développement est une obligation prévue par la loi organique

du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie.


L'objectif du schéma sera de renforcer la cohérence des différentes actions de développement et
d'aménagement initiées en Nouvelle-Calédonie. Bien plus qu'un catalogue des besoins en équipe-
ment, le schéma formulera un projet stratégique pour le développement durable de notre société,
dans la perspective du « destin commun » défini par l'accord de Nouméa.

Un schéma cadré par la loi organique


L'article 211 de la loi organique dispose que le schéma :
l « exprime les orientations fondamentales en matière d'infrastructures, de formation initiale et continue,

d'environnement, d'équipements, de services d'intérêt territorial et de développement économique,


social et culturel ;
l veille à un développement équilibré du territoire, en particulier au rééquilibrage de la répartition des

fonds publics bénéficiant aux provinces et aux communes ;


l fixe les objectifs à atteindre et prévoit les moyens à mettre en œuvre par l'État, la Nouvelle-Calédonie,

les provinces et les communes ».


Le schéma place dans une perspective cohérente les « contrats de développement conclus
entre l'État, la Nouvelle-Calédonie et les provinces et les contrats conclus entre l'État et les communes »,
qui devront être « compatibles avec les orientations retenues dans le schéma d'aménagement et de
développement ».
Ses conditions d'élaboration et d'approbation sont également fixées : le schéma « est élaboré par
le Haut commissaire et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et approuvé par le congrès, après avis
des assemblées de province, du conseil économique et social et du sénat coutumier et après consultation
des communes ».
« Il fait l'objet tous les cinq ans d'une évaluation et d'un réexamen ».

Une démarche en trois temps


Les exercices antérieurs d’élaboration de schémas d’aménagement et de développement, bien
que menés sous d'autres horizons, dans un contexte historique, géographique, culturel et politique
différent, ont toutefois permis de définir des méthodes qui ont fait leurs preuves.
Inspirée de ces méthodes, la démarche originale initiée en Nouvelle-Calédonie, prenant en compte
les spécificités, se décline en trois étapes :
l la première étape consiste à réaliser un diagnostic ; il faut pour cela mettre en avant les atouts

et les faiblesses de la Nouvelle-Calédonie, expliquer les difficultés, et enfin identifier les grands
enjeux à prendre en compte ;
l la seconde étape doit permettre de retenir les orientations fondamentales en matière de

développement économique, social et culturel, de formation, d'environnement et


d'aménagement ;
l enfin, la troisième étape permettra de décliner ces orientations en un plan d'action, précisant

notamment les moyens à mettre en œuvre par l'État, la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les
communes.

0
Une démarche participative
Le schéma ne sera pertinent que si tous se l'approprient. La parole est donnée aux Calédoniens
à travers :
l la « Conférence des acteurs », réunie aux étapes clés du processus ;

l des ateliers de travail, réunis par thèmes ;

ld es rencontres sur le terrain, tout au long du processus, entre l'équipe-projet et les collectivités
locales, associations, acteurs économiques et sociaux, … ;
L'État et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, chargés solidairement par la loi organique
de l'élaboration du schéma, ont constitué un comité de pilotage, associant les institutions et
collectivités mentionnées par la loi organique : les trois provinces, le sénat coutumier, le con-
seil économique et social, et les communes (représentées par les deux associations de maires).
Ce comité suit de façon régulière les travaux engagés, les oriente et les valide.
Le congrès et le comité des signataires de l'accord de Nouméa sont informés de l'avancement de
la démarche.
Le site www.nouvellecaledonie2025.gouv.nc et la lettre d'information « Nouvelle-Calédonie
2025 info » permettent à tous de suivre l'avancement du processus.

Neuf ateliers participatifs pour le diagnostic


En mai 2008, la première conférence des acteurs a décidé l'organisation du diagnostic autour de
neuf thèmes, constituant autant d'ateliers de travail.

Atelier 1 Atelier 2
Solidarité sociale Adéquation population-emploi
et égalité des chances sous la présidence de Philippe Martin,
sous la présidence d’André-Jean Léopold, directeur de l’Institut de Développement
directeur diocésain de l’école catholique des Compétences de la Nouvelle-Calédonie

Atelier 3 Atelier 4
Vie et performance Mondialisation
des entreprises sous la présidence d’André Desplat,
sous la présidence de Thierry Granier, Président de la Chambre de Commerce
membre du Conseil Economique et Social et d’Industrie de la Nouvelle-Calédonie

Atelier 5 Atelier 6
Développement, culture Environnement et cadre de vie
et valeurs identitaires sous la présidence d’Yves Magnier,
sous la présidence de Patrice Godin, océanographe, ancien membre
ethnologue du gouvernement

Atelier 7 Atelier 8
Organisation spatiale - Organisation spatiale -
Services à la population Occupation du sol,
et activités ruralité et urbanisation
sous la présidence d’André Gopoéa, sous la présidence d’Éric Gay,
maire de Ponérihouen maire du Mont-Dore :

Atelier 9
Administration
sous la co-présidence d’Anne Gras,
chef de la mission logistique du gouvernement
et de Jean-Bernard Bobin,
secrétaire général du Haut-commissariat

0
Une participation nombreuse
Les 9 ateliers se sont réunis environ 4 fois chacun entre début juin et début novembre 2008.
40 % des lieux de réunion ont été choisis hors du Grand Nouméa.
504 personnes se sont inscrites pour participer aux ateliers, dont 134 pour deux ateliers à la fois. Le
nombre moyen d'inscrits par atelier était de 71 personnes.
Au total, 374 personnes ont participé à une au moins des 37 réunions organisées sur l'ensemble
des 9 ateliers. La participation moyenne aux réunions a été de 28 personnes (soit un taux de 40 % par
rapport aux inscrits), avec sensiblement la même participation dans et hors du Grand Nouméa.
Atelier 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Organisation
Organisation
Solidarité Vie et Développe- Environne- spatiale
Adéquation spatiale
Sociale et performance Mondiali- ment, culture ment - occupation Adminis-
population - services à la
égalité des des sation et valeurs et cadre du sol, tration
emploi population et
chances entreprises identitaires de vie ruralité et
activités urbanisation
J.-B.
André- Philippe Thierry André Yves BOBIN
Président Jean Patrice GODIN André GOPOEA Eric GAY Moyenne
MARTIN GRANIER DESPLAT MAGNIER et Anne
LEOPOLD GRAS
Nombre 69 73 74 48 81 84 75 85 47 71
d’inscrits
Présence 29 29 29 21 28 35 21 33 17 28
moyenne
Taux 41% 40% 39% 43% 35% 42% 27% 38% 36% 40%
Nombre 4 4 4 3 5 4 5 4 4 4,1
de réunions
dont hors 1 2 2 0 2 1 4 2 1 1,7
Gd Noumea

En moyenne, 85% des participants à une Composition moyenne


Elus

réunion donnée venaient de la province d’une réunion d’atelier Administrations

Sud, 13% de la province Nord et 2% de la 8% 10% Entreprises


15%
province des îles Loyauté. Syndicats
4%
La participation était très diverse en Enseignement-
formation
nature, comme en témoigne le tableau 7% 42%
Société civile

suivant : 14%
Experts

Et maintenant ?
Le présent document a été édité afin de diffuser largement les rapports établis par les 9 ateliers.
Ceux-ci permettent de brosser un tableau de la Nouvelle-Calédonie, riche de données, d'analyses
et d'éclairages apportés sous des angles complémentaires.
Mais ce document ne prétend pas valoir à lui seul diagnostic : certaines idées clés n'ont sans
doute pas encore été dites, des données manquent dans quelques domaines, une synthèse plus
stratégique reste à faire.
Ce document a pour objet essentiel de servir de support au débat. Le comité de pilotage,
présidé par le Haut commissaire et le gouvernement, souhaite que les 9 rapports des ateliers
soient débattus devant l'ensemble des acteurs mobilisés à Koné en mai dernier, et que la concer-
tation soit élargie au plus grand nombre par l'organisation de réunions de terrain.
Ces échanges viendront enrichir la réflexion et faciliter la réalisation, fin du premier semestre
2009, d'un document de synthèse.
La validation de ce document de synthèse conclura la phase de diagnostic ; il sera la référence pour
la seconde étape au cours de laquelle seront définies les « orientations fondamentales » du pays, en
matière « d'infrastructures, de formation initiale et continue, d'environnement, d'équipements, de
services d'intérêt territorial et de développement économique, social et culturel ».
Nous souhaitons que les Calédoniens destinataires de ces rapports des différents ateliers, en
prennent attentivement connaissance et les utilisent pour mieux appréhender les enjeux déter-
minants pour l'avenir du pays.
Vous avez la parole. À vous de dire si vous vous retrouvez dans ces divers constats, ou bien si,
au contraire, vous souhaitez relever des enjeux qui vous paraissent importants et qui n'auraient
pas été suffisamment pris en compte jusqu'ici !
Gérald CORTOT
membre du gouvernement, en charge des transports terrestres et maritimes,
de l’énergie, de la sécurité routière, des infrastructures publiques,
et du schéma d'aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie.

0
Les rapports des 9 ateliers
du diagnostic

0
Sommaire
Atelier n°1
Solidarité sociale et égalité des chances .............................. 9 à 62
Atelier n°2
Adéquation population-emploi ................................................................ 63 à 78
Atelier n°3
Vie et performance des entreprises ....................................... 79 à 106
Atelier n°4
Mondialisation ......................................................................................................................... 107 à 134
Atelier n°5
Développement, culture
et valeurs identitaires ....................................................................................... 135 à 162

Atelier n°6
Environnement et cadre de vie .................................................... 163 à 204
Atelier n°7
Organisation spatiale -
services à la population et activités . ........................... 205 à 254
Atelier n°8
Organisation spatiale -
occupation du sol, ruralité et urbanisation .. 255 à 276
Atelier n°9
Administration ..................................................................................................................... 277 à 292
Documents
complémentaires . ......................................................................................................... 293 à 300

Les présents rapports sont le résultat d’une démarche participative, visant à construire par un large débat une analyse
des principales problématiques touchant la Nouvelle-Calédonie dans les divers domaines appelés à être couverts par
le futur schéma d’aménagement et de développement. Produits dans un temps relativement bref, dans lequel il n’a pas
été possible d’intégrer un niveau d’expertise totalement adéquat, ces documents n’engagent pas à ce stade l’Etat et le
gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, sous l’égide desquels est conduite la démarche du schéma.

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1
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

Atelier 1
Solidarité sociale
et égalité des chances
président
Monsieur André-Jean Léopold,
directeur diocésain de l’École Catholique

Décembre 2008

09
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Résumé
Le développement d’un territoire comporte une dimension sociale importante, et dévelop-
pement économique et développement social sont intimement liés. Le rééquilibrage social
et le progrès social accompagnant nécessairement la mise en œuvre du destin commun, les
grandes thématiques qui concourent à la solidarité sociale et à l’égalité des chances ont été
étudiées par cet atelier.

La prise de conscience de l’existence d’inégalités au sein de la société calédonienne, et de l’émer-


gence d’une certaine précarité est récente. Dans cette société qui évolue rapidement, on constate
notamment une moindre solidarité familiale et, en corollaire, une perte de repères identitaires
chez les jeunes, une situation de l’emploi moins favorable aux jeunes et aux femmes, l’existence
des squats dans un contexte d’insuffisance de logement social, la montée des phénomènes d’ad-
diction et de violences… Les statistiques démographiques sont par ailleurs plus favorables en
province Sud, ce qui illustre concrètement le déséquilibre du territoire et son impact sur l’humain.
Ce sont autant d’indicateurs qui justifient la mise en œuvre de mesures sociales.

Selon la loi organique du 19 mars 1999, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est compétent
en matière de protection sociale, d’hygiène publique et de santé, et peut déléguer des compé-
tences aux provinces. Chaque collectivité consacre dès lors des moyens humains et financiers
importants à l’amélioration de la situation sociale de ses administrés et développe des stratégies,
mais sans réelle concertation avec les autres acteurs et institutions. Il s’ensuit alors des inégalités
entre les Calédoniens d’une province à l’autre, puisque les aides et les conditions d’attribution
diffèrent. Cohérence et coordination restent donc encore à améliorer.

L’atelier 1 a examiné la situation en Nouvelle-Calédonie au regard des cinq grandes thémati-


ques qui concourent à l’amélioration des conditions de vie des citoyens : l’éducation, la santé,
le logement, la politique familiale et de solidarité et les tarifs sociaux des services au public.

Le système éducatif calédonien est d’un bon niveau, avec un maillage d’établissements satisfai-
sant dans lequel co-existent en complémentarité les secteurs public et privé avec un personnel
enseignant qualifié et des moyens financiers importants, quelque soit le niveau d’enseignement.
Cependant, une réelle égalité des chances induit des conditions de scolarisation et d’accès à l’école
identiques pour tous. Or des disparités, potentiellement facteurs d’échec scolaire, existent, liées à
l’éloignement géographique et aux difficultés d’intégration culturelle de certains élèves, mais éga-
lement à une offre d’enseignement parfois insuffisamment homogène sur l’ensemble du territoire
selon les niveaux d’enseignement, et sans doute trop restreinte pour les niveaux supérieurs. De
même, s’il existe un accompagnement des élèves et des familles qui démontre la forte volonté
des institutions de soutenir l’éducation des jeunes et qui se traduit par des taux de réussite en
amélioration, il reste insuffisant pour gommer les inégalités. Le système est peu pensé dans sa
globalité - filières, accompagnement scolaire, bourses d’enseignement - vers un véritable projet
éducatif pour le territoire.

Le système de santé est également satisfaisant, et accessible à une grande majorité de la po-
pulation. Cependant, la forte concentration des spécialités médicales à Nouméa et les difficultés
de déplacement pour certaines populations tempèrent ce constat, de même que les différences
entre provinces concernant l’aide médicale : les populations les plus fragiles sont aussi les moins
informées et les moins bien couvertes en matière de protection sociale. La médecine curative
prédomine au détriment des politiques de prévention et d’éducation sanitaire qui apparaissent
insuffisantes, alors que celles-ci sont à même de permettre une diminution des dépenses de santé.
En effet, les exigences croissantes de la population en matière de santé posent la question à moyen
terme de la pérennisation du système de protection sociale, qui est aujourd’hui financièrement
fragile malgré la volonté active de maîtriser les dépenses.

La demande de logement social est en forte augmentation, sur l’agglomération de Nouméa du


fait de son attractivité économique et scolaire, et sur la zone VKP avec la construction de l’usine
du Nord, soit dans les zones urbaines. Or le déficit de logements est flagrant sur ces zones, malgré
une nette hausse de la production de logements soutenue notamment dans le cadre des contrats
de développement, démontrant ainsi une volonté institutionnelle forte qui s’efforce de prendre

010
10
en compte les exigences nouvelles de la population calédonienne en matière de logement. Ce
manque de logements a pour conséquences préoccupantes la suroccupation des logements,
et le trop grand nombre d’abris précaires ou « squats ». La répercussion de cette situation sur les
conditions de vie des personnes concernées, sur leur santé et sur la scolarité des enfants ne doit
pas être négligée. Le manque de cohérence dans les politiques de logement social apparaît lié au
partage des compétences et au manque d’outils réglementaires en matière de logement, comme
à l’absence d’une haute autorité du logement réunissant l’ensemble des partenaires concernés.

La structure familiale calédonienne évolue et connaît les problématiques des sociétés actuelles.
Si des réponses aux difficultés rencontrées par les familles existent à travers un panel de mesures
menées par différents acteurs qui démontrent ainsi leur volonté de soutien, elles ne répondent pas
à un objectif clairement défini et concerté : la juxtaposition de ces mesures ne constitue pas une
véritable politique familiale, mais plutôt un système d’aides à la famille. Au-delà de ce constat, ces
politiques communales, provinciales, territoriales fixent des critères d’attribution et des montants
souvent différents, et ne favorisent ainsi pas l’égalité de traitement des citoyens sur l’ensemble
du territoire. Cependant des actions en cours d’élaboration notamment en direction de la petite
enfance et des personnes souffrant de handicap par exemple, peuvent constituer l’embryon d’une
politique familiale et de solidarité.

L’atelier s’est attaché à étudier quelques services publics stratégiques pour améliorer l’égalité des
chances : transports, communication, eau, électricité, garde d’enfants. Leur étude a montré une
certaine disparité des tarifs et des aides. Certains publics tels que scolaires, étudiants, personnes
handicapées et personnes âgées bénéficient généralement d’une aide financière ou d’une réduc-
tion tarifaire, ce qui démontre la volonté, des collectivités notamment, de soutenir en priorité ces
publics. Mais les aides financières ne sont pas structurées et leur versement peut n’avoir qu’un
caractère exceptionnel : ainsi les difficultés de paiement des factures d’énergie, d’eau, de téléphone
font-elles l’objet d’un soutien des familles au coup par coup. De même, les transports collectifs -
indispensables pour accéder à l’éducation, la santé et l’emploi - restent onéreux pour une grande
partie de la population. L’accès à l’information devient plus abordable, mais des efforts sont encore
nécessaires pour internet et les chaînes de télévision publiques. Enfin, la garde d’enfants reste un
service cher alors qu’elle doit faciliter l’accès au travail pour le plus grand nombre.

011
11
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Sommaire
1. D
 es différences démographiques
et des indicateurs qui montrent des difficultés ....................................................... 16
1.1 Des taux de natalité et mortalité différents selon les provinces ........................................... 16
1.2 Une meilleure espérance de vie dans le sud ........................................................................................ 16
1.3 Des mariages en diminution, des divorces en hausse .................................................................. 16
1.4 Une augmentation de la précarité pour certaines tranches de la population ............. 16
1.5 Une demande forte en logement social qui a des conséquences ........................................ 18
1.6 L’émergence d’un surendettement des ménages et la création
d’une commission de surendettement ...................................................................................................... 19
1.7 Un nombre d’exclus en augmentation ....................................................................................................... 19
1.8 Des phénomènes d’addiction, d’où la nécessité d’une prévention .................................... 19
1.9 Une montée de la violence physique et verbale ............................................................................... 19
1.10 Un taux de suicide important chez les jeunes .................................................................................... 19
1.11 Des problèmes de santé liés à une mauvaise alimentation .................................................... 20

2. Répartition des compétences et problèmes de cohérence .................... 20


2.1 Répartition des compétences .......................................................................................................................... 20
2.2 U
 ne souplesse qui peut porter préjudice aux politiques sociales et d’éducation ............... 20
2.3 Des politiques publiques peu cohérentes entre elles ................................................................... 21
2.4 Une coordination encore à améliorer ......................................................................................................... 21

3. L’enseignement .......................................................................................................................................................... 21
3.1 Avant-propos .................................................................................................................................................................. 21
3.2 Des conditions de scolarisation satisfaisantes .................................................................................... 21
3.2.1 Un maillage étroit des établissements scolaires .................................................................. 21
3.2.2 Un personnel qualifié ................................................................................................................................ 21
3.2.3 Un « appareil d’état » solide ............................................................................................................. 22
3.3 Des disparités de conditions de scolarisation
selon les zones géographiques et les niveaux de scolarité ..................................................... 23
3.3.1 L a situation dans l’enseignement pré-élémentaire et élémentaire
plus difficile en brousse .......................................................................................................................... 23
3.3.2 La situation dans l’enseignement secondaire ....................................................................... 24
3.4 Réussite scolaire et appartenances socio-économiques et socio-culturelles ............. 25
3.4.1 L a mesure de la réussite scolaire : une nette amélioration
depuis 20 ans, mais qui reste encore insatisfaisante ...................................................... 25
3.4.2 Culture de l’école et maîtrise du système :
des difficultés d’intégration culturelle ......................................................................................... 26
3.4.3 La toile de fond de l’échec scolaire .............................................................................................. 26
3.5 Des moyens et des outils à renforcer ou à promouvoir ............................................................. 27
3.5.1 Des rythmes scolaires peu adaptés aux rythmes régionaux ...................................... 27
3.5.2 Un accompagnement scolaire à généraliser ........................................................................... 28
3.5.3 Bourses scolaires : à repenser dans une politique globale
en direction de la famille ...................................................................................................................... 28
3.5.4 U ne priorité insuffisante à l’école maternelle et primaire
où « tout commence à se jouer » .................................................................................................. 28
3.5.5 Des efforts et des dispositifs pour assurer une transition harmonieuse entre primaire
et collège, entre collège et lycée, entre lycée et enseignement supérieur ........................... 28
3.5.6 U ne formation des maîtres intégrant la connaissance des caractéristiques
culturelles du milieu océanien qui est à renforcer ............................................................ 28
3.5.7 U ne adaptation de l’école aux réalités locales à approfondir
qui n’est encore pas complètement satisfaisante .............................................................. 28
3.5.8 Un manque d’évaluation globale du système et des politiques éducatives .............. 29
3.6 Bilan, enjeux et perspectives ............................................................................................................................. 29
3.6.1 Trois points caractéristiques du système éducatif ............................................................. 29
3.6.2 Que nous apprend l’état des lieux réalisé par le vice rectorat ? ............................ 29

012
12
3.6.3 D es leviers pour progresser ................................................................................................................. 29
3.6.4 L’ouverture du système éducatif sur son environnement :
une fragilité inhérente à son organisation actuelle .......................................................... 30

4. La santé ................................................................................................................................................................................ 31
4.1 L’accès aux soins : infrastructures, médecines, et obstacles .................................................... 31
4.1.1 Un réel maillage sanitaire du territoire........................................................................................... 31
4.1.2 Des obstacles freinant l’accès aux soins..................................................................................... 32
4.1.3 L a prédominance de la médecine curative par rapport
à la médecine préventive ....................................................................................................................... 33
4.1.4 Une médecine traditionnelle peu visible..................................................................................... 34
4.2 Le système de protection sociale.................................................................................................................. 34
4.2.1 Des dispositifs distincts............................................................................................................................ 34
4.2.2 Un régime fragile face à une demande en augmentation............................................. 35
4.2.3 Un régime qui connaît des difficultés financières dès 2004
avec l’explosion des dépenses de santé.................................................................................... 35
4.3 Les professionnels de santé.............................................................................................................................. 37
4.3.1 U ne démographie comparable à un département rural métropolitain,
mais avec des disparités......................................................................................................................... 37
4.3.2 La formation des professionnels de santé................................................................................ 39
4.3.3 Une prise en compte insuffisante de la médecine traditionnelle
dans la formation......................................................................................................................................... 40

5. Le logement ................................................................................................................................................................... 40
5.1 Des inégalités régionales sur le niveau de confort des logements ................................... 40
5.2 Le logement social ................................................................................................................................................... 42
5.2.1 Des demandeurs de logement social avec des revenus bas ..................................... 43
5.2.2 Des loyers peu élevés, mais encore difficiles d’accès
pour certaines populations ................................................................................................................. 43
5.3 Les constats sur l’existant en matière de logement social ...................................................... 44
5.3.1 Des implantations géographiques compliquées .................................................................. 44
5.3.2 Un déficit flagrant de logements sociaux ................................................................................. 45
5.3.3 Les conséquences du manque de logement social .......................................................... 46
5.4 Un manque de cohérence dans les politiques de logement social ................................... 48
5.4.1 Des compétences partagées … .......................................................................................................... 48
5.4.2 … qui complexifient la problématique du logement ........................................................ 48
5.4.3 Des politiques différentes selon les provinces ..................................................................... 48
5.4.4 Un manque d’outils réglementaires .............................................................................................. 48
5.4.5 Les mesures proposées par les états généraux du logement social
pas toutes suivies d’effets ................................................................................................................... 48
5.5 Le financement du logement social ........................................................................................................... 48
5.5.1 Des coûts en hausse ................................................................................................................................. 48
5.5.2 Des engagements financiers qui démontrent
une volonté institutionnelle forte ................................................................................................... 48
5.5.3 Mais des menaces potentielles sur les financements ..................................................... 49
5.6 Le logement en tant qu’outil d’intégration sociale ........................................................................ 49
5.6.1 Mise en place d’un accompagnement social en province Sud ................................. 49
5.6.2 Une nécessaire adaptation des constructions aux caractéristiques
et exigences nouvelles de la population .................................................................................. 49
5.6.3 Une volonté de veiller à la mixité .................................................................................................. 49

6. La politique familiale et de solidarité .................................................................................... 50


6.1 La notion de famille ................................................................................................................................................ 50
6.1.1 La difficulté de poser les contours de la notion de famille ........................................ 50
6.1.2 Une structure familiale en évolution ............................................................................................. 50
6.1.3 U
 ne baisse sensible de la taille moyenne
des familles calédoniennes dans les 3 provinces ............................................................... 51
6.2 La politique familiale en Nouvelle-Calédonie ....................................................................................... 51

013
13
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

6.2.1 La prise en compte du social : une préoccupation récente ........................................ 51


6.2.2 Tous les enfants de familles à faibles revenus sont aujourd’hui
concernés par un système de soutien en Nouvelle-Calédonie… ............................. 52
6.2.3 L’existant : des inégalités dans les mesures d’aide
et dans l’accompagnement des familles ................................................................................... 52
6.2.4 Constats ............................................................................................................................................................. 53
6.3 Une politique à construire ................................................................................................................................. 53
6.3.1 Une politique à créer : réfléchir en amont et structurer… ............................................ 54
6.3.2 … et définir un champ d’application ............................................................................................ 54
6.4 Des perspectives encourageantes à court terme ............................................................................. 54
6.4.1 Des actions ciblées sur l’enfance et le handicap en cours d’élaboration .............. 54
6.4.2 Une réflexion émergente sur les personnes âgées ........................................................... 55
6.5 Les sources de financement ............................................................................................................................. 55
6.5.1 Un financement qui repose essentiellement sur les charges patronales ............... 55
6.5.2 CAFAT : une branche « famille » excédentaire ..................................................................... 56
6.6 Une insertion difficile à conduire par méconnaissance des besoins ................................ 56

7. Tarifs sociaux des services au public .................................................................................... 56


7.1 Une offre tarifaire incomplète pour les transports en commun ............................................. 56
7.1.1 Dans l’agglomération nouméenne : les publics en difficulté
aidés au cas par cas ................................................................................................................................... 56
7.1.2 S ervices de bus de Nouméa jusqu’au nord de la Grande-Terre :
aucun tarif spécifique ................................................................................................................................ 57
7.1.3 Des tribus au village le plus proche : une absence de régulation des prix .............. 57
7.1.4 Transports scolaires : des financements structurés qui démontrent la volonté
des collectivités de soutenir les familles dans l’éducation de leurs enfants ............ 57
7.1.5 Transport aérien et maritime : un coût qui reste important malgré des réductions......57
7.2 Des coûts encore élevés pour accéder aux moyens de communication ........................ 57
7.2.1 L e téléphone : des tarifs élevés mais plusieurs formules
qui répondent bien aux besoins ....................................................................................................... 57
7.2.2 Internet : un outil qui se développe mais qui n’est pas à
la portée de tous les particuliers .................................................................................................... 58
7.2.3 L a distribution du courrier : le seul moyen d’information facile d’accès,
et à faible coût .............................................................................................................................................. 58
7.2.4 La couverture télévision : encore des zones d’ombre .................................................... 58
7.3 L’eau : un tarif social de fait, au vu des nombreux impayés .................................................. 58
7.3.1 D es coûts de distribution de l’eau différents menant à la coexistence
de tarifs différents pour les abonnés ............................................................................................ 58
7.3.2 D e nombreux impayés liés à un manque de conscience
du coût de l’eau potable ....................................................................................................................... 58
7.3.3 U ne aide au paiement des factures d’eau existante,
mais non structurée ................................................................................................................................... 59
7.4 L’énergie : une politique tarifaire qui s’adapte .................................................................................. 59
7.4.1 Une couverture en distribution d’énergie satisfaisante .................................................. 59
7.4.2 Une politique d’adaptation aux besoins et à la capacité
de paiement des usagers ...................................................................................................................... 59
7.4.3 U ne aide au paiement des factures d’énergie existante,
mais non structurée ................................................................................................................................... 60
7.5 Un coût élevé pour la garde des enfants ............................................................................................... 60
7.5.1 E n province Sud, l’offre existe, bien qu’elle soit insuffisante
au regard de la demande ....................................................................................................................... 60
7.5.2 E n province Nord, la réflexion est en cours compte tenu
de l’essor à venir de la zone vkp .................................................................................................. 60

Annexe I Rappel du mandat de l’atelier ............................................................................................................................ 61


Annexe II Membres inscrits à l’atelier .................................................................................................................................. 61
Annexe III Bibliographie ................................................................................................................................................................ 62

014
14
Préambule
Solidarité sociale et égalité des chances :
il n’y a pas une définition, mais des définitions pour ces deux notions de solidarité sociale et
d’égalité des chances. C’est pourquoi les définitions suivantes sont proposées.

Solidarité sociale :
Améliorer les conditions de vie des citoyens et de leurs familles.
La répartition des richesses doit profiter à tous les citoyens sans exception, afin d’améliorer leur
bien-être et celui de leur famille. La solidarité sociale naît du sentiment d’appartenance à une
même communauté d’intérêt, dont l’équilibre repose aussi sur l’intégration de tous dans la société :
les problèmes rencontrés par un ou plusieurs de ses membres concernent alors l’ensemble du
groupe, qui a un devoir moral d’entraide envers toutes ses composantes.

égalité des chances :


Favoriser l’évolution et la meilleure insertion des individus quelle que soit leur origine,
et faire en sorte que chacun puisse développer au mieux ses capacités.
L’égalité des chances implique que l’évolution de la situation des individus ne dépende pas de son
origine géographique, raciale, sociale ou ethnique, mais qu’elle soit aussi le fruit des politiques me-
nées sur le territoire visant à éliminer, autant que possible, les écarts sociaux entre les individus. Les
politiques d’éducation et de formation jouent un rôle essentiel pour assurer l’égalité des chances
dans une société. Elles doivent donner à chacun la possibilité, en lui permettant d’accéder à une
formation initiale et professionnelle de qualité, de développer au mieux ses capacités pour trouver
la place à laquelle il peut prétendre au sein de la société.

Les politiques et les dispositifs qui concourent à la solidarité sociale et à


l’égalité des chances sont récents voire émergents :
Les politiques sociales s’attachent aux problèmes de santé publique, de logement, à ceux
rencontrés par les personnes âgées, ou encore les personnes handicapées… Cependant, en Nou-
velle-Calédonie, ces politiques sont récentes - logement social -, voire pour certaines, émergent
- politique familiale - au constat de besoins nouveaux liés à l’évolution de la société, et à la prise de
conscience de l’existence de situations sociales disparates sur le territoire, comme le démontrent
nombre d’indicateurs sociaux.

Les membres de l’atelier 1 se sont attachés à débattre des grandes thématiques qui concourent à
la solidarité sociale et à l’égalité des chances :
l l’enseignement ;

l la santé ;

l le logement ;

l la politique familiale et de solidarité ;

l les tarifs sociaux des principaux services au public.

015
15
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

1. D
 es différences démographiques et des indicateurs
qui montrent des difficultés
1.1 D
 es taux de natalité et mortalité différents 1.2 U
 ne meilleure espérance de vie
selon les provinces dans le sud
Le taux de natalité : autrefois plus élevé en province îles loyauté, Elle est à la naissance en moyenne de 80,3 ans pour les fem-
et en province Nord, les chiffres tendent aujourd’hui à s’harmo- mes (contre 83,7 en métropole) et de 71,8 ans pour les hommes
niser à la baisse. Cependant, l’évolution sociétale voit croître le (contre 76,8 en métropole).
travail des femmes, rendant nécéssaire de favoriser leur accès au Que l’on soit un homme ou une femme, l’espérance de vie est
travail à travers des actions en direction de la petite enfance. meilleure en province Sud, mais dans les trois provinces, l’espé-
Taux de natalité par province rance de vie augmente, ce qui a une incidence sur les dépenses
de santé, la prise en charge des problématiques spécifiques aux
personnes âgées, l’offre de loisirs pour le 3e âge qui devient alors
un consommateur nouveau à part entière.
Espérance de vie par sexe et province
Source : ISEE NC

Source : état Civil ISEE


Le taux de mortalité : c’est en province Sud qu’il reste le plus bas,
cependant il connaît une baisse régulière dans le Nord et les îles
Loyauté.
Taux de mortalité par province
1.3 D
 es mariages en diminution,
des divorces en hausse
Le mariage reste une valeur forte en Nouvelle-Calédonie, mais sa
courbe tend à diminuer (derniers chiffres connus : 884 mariages en
2007 contre 927 en 2006) alors que celle des divorces augmente.
Cette augmentation a une incidence par exemple sur la de-
mande de logement social, lors de la séparation des couples.
Mariages et divorces en Nouvelle-Calédonie
Source : ISEE NC

Le taux de mortalité infantile : comme le montre le graphique


suivant, le taux de mortalité infantile est lui aussi plus bas en pro-
vince Sud, ce qui souligne des différences de niveau d’hygiène, de
santé humaine, de suivi médical entre les trois provinces.
Taux de mortalité infantile par province

1.4 U
 ne augmentation de la précarité
pour certaines tranches de la population
En effet, certains indicateurs montrent une augmentation de la
précarité économique et tendent à prouver la nécessité d’agir :

a) Une moindre solidarité familiale


la
 vec l’évolution rapide de la société néo-calédonienne, la solida-

rité familiale, encore bien présente dans le monde mélanésien,


Source : ISEE NC

apparaît moins marquée. La tendance est à la décohabitation


des familles, à la fois pour des raisons financières et sociétales.

16
Là où 4 générations pouvaient vivre ensemble il y a encore taux de chômage qui est de 6,7 % pour le premier semestre
quelques années, aujourd’hui, c’est le modèle occidental avec 2008, elle doit être tempérée : la situation est inégale selon les
seulement 2 générations au foyer qui semble l’emporter. provinces, l’âge et le sexe et le niveau de formation. Une vigi-
lance particulière reste ainsi nécessaire pour les publics dont la
b) Une situation de l’emploi moins favorable situation est moins favorable.
pour la population de la côte Est, les jeunes, les femmes Sur la carte suivante, issue des données du dernier recensement de
(Nota bene : on se réfèrera utilement ici au rapport de l’atelier n°2) population de l’ISEE, la part des chômeurs apparaît dans la popula-
l l a situation de l’emploi est très favorable, mais une certaine tion clairement comme plus importante sur la côte Est et sur Ouvéa.
population reste à l’écart : bien que la situation de l’emploi en C’est aussi dans ces régions que l’activité économique est la moins
Nouvelle-Calédonie reste exceptionnelle, comme l’atteste le développée.

nouvelle-calédonie
Population des chômeurs en 2004

Source : ISEE RP 2004

On constate ci-après que les demandeurs d’emploi concernent Nouvelles offres d’emploi par type de contrat
à hauteur de 30 % la population des jeunes de moins de 26 ans. nouvelle-calédonie
Selon le rapport de l’INSERM « Situation sociale et comporte-
ment de santé des jeunes en Nouvelle-Calédonie » de mars
2008, sur un échantillon de 1400 jeunes qui travaillent, 49 % ont
des contrats temporaires et 39 % ont des contrats à durée indé-
terminée (CDI).
Répartition des demandeurs d’emploi par groupe d’âge

2004 2005 2006 2007


Source : IDCNC

Moins de 26 ans 31% 30% 29% 30%

Plus de 26 ans 69% 70% 71% 70%


Source : IDCNC

Total 100% 100% 100% 100%

17
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Nouvelles offres d’emploi par type de contrat Evolution du nombre de demandeurs d’emploi
FRANCE METROPOLITAINE selon le sexe en Nouvelle-Calédonie

Source : IDCNC
Source : ANPE

L’évolution de la demande d’emploi par sexe montre que la part


des femmes évolue proportionnellement à celle des hommes,
Comparée à la métropole, la proportion de contrats à durée mais reste dans tous les cas supérieure. Selon l’ISEE (Bilan écono-
déterminée (CDD) est sensiblement plus importante. Or, ces mique et social 2007), les femmes sont majoritaires en matière
contrats n’offrent pas la même sécurité qu’un CDI, et peuvent de demande d’emploi à tous les âges, avec une proportion maxi-
engendrer une précarité pour le travailleur. male chez les jeunes et qui va en diminuant avec l’âge.

c) Des moyennes de revenus déséquilibrées entre l’Est et le Sud-Ouest

nouvelle-calédonie
variation des revenus des foyers déclarants
entre 2005 et 2006
Source : Direction des Services Fiscaux 2005/2006

La carte ci-dessus nous confirme une augmentation des 1.5 U


 ne demande forte en logement social
revenus plus forte dans la région de Nouméa alors que qui a des conséquences
des communes de la côte Est voient le revenu par foyer a ) Une hausse des demandes auprès de la Maison de l’Habitat
diminuer. Les inégalités territoriales sont donc amplifiées. La demande est forte dans le grand Nouméa mais commence
Le chômage, plus fort sur la côte Est, est l’une des expli- à se faire sentir sur la zone VKP. Depuis la création de la Maison
cations. de l’Habitat en province Sud en 2006, 7180 demandes ont été

18
Evolution de la consommation annuelle
enregistrées soit 22 168 personnes inscrites et concernées par le totale d’alcool pur
logement social. En réalité, faute de connaissance du dispositif
par le public ciblé, et d’une réelle difficulté à composer le dossier
qui comporte de nombreuses pièces, la demande potentielle
est sensiblement plus importante.

b) L’augmentation préoccupante des squats


La liste d’attente d’un logement social s’allonge et les squats (abris
précaires) croissent proportionnellement. En 2006, on estime à
1755 le nombre de squats sur l’agglomération soit 9000 personnes
logées non décemment. Les logements du privé sont trop chers, la
sur-occupation des logements est de plus en plus forte.

Source : DASS NC 2007


1.6 L ’émergence d’un surendettement
des ménages et la création
d’une commission de surendettement
Dans le tableau ci-dessous, on constate une augmentation im- 1.9 U
 ne montée de la violence physique
portante des « incidents » de trésorerie depuis 2005, montrant la et verbale
vulnérabilité des ménages. Violences subies dans l’année
Enquête sur 1400 jeunes de 16 à 25 ans en N-Calédonie
2005 2006 2007 %var 06/07
Décisions de retrait
des cartes bancaires 1092 1186 1466 23,6
Rapport annuel 2007-IEOM

Incidents de paiement sur chèques 15016 16339 16563 1,4

Source : INSERM, mars 2008


Nombre de personnes physiques
en interdiction bancaire 4601 4678 5005 7

Entrée en vigueur le 10 avril 2007, la commission de surendette-


ment avait, à la fin de l’année 2007, traité une cinquantaine de
dossiers (5 à 6 par mois). Le surendettement est notamment dû Le rapport INSERM souligne la montée de la violence chez les
à une perte d’emploi, une hospitalisation, soit à un accident de jeunes. Cette violence, qui pouvait déjà exister, est mieux connue
la vie plutôt qu’à un endettement bancaire pur. aujourd’hui et donc des efforts de suivi sont réalisés. Cette aug-
Le rôle de la commission est de trouver une solution pour per- mentation peut traduire la montée d’un certain malaise sociétal
mettre à ces personnes de sortir la tête de l’eau en trouvant une chez les jeunes dont les origines sont multiples : alcool, drogue,
solution amiable avec les créanciers comme avec le débiteur. En échec scolaire, difficultés familiales…
cas de refus d’un des créanciers d’étaler ou de réduire le montant
de la dette, elle soumet un plan au juge qui peut lui conférer une 1.10 U
 n taux de suicide important
force contraignante. En cas d’échec, la solution ultime consiste chez les jeunes
dans la vente des biens existants, et l’annulation de la dette. Selon le rapport de l’INSERM sur la situation sociale et les compor-
tements de santé des jeunes en Nouvelle-Calédonie – Premiers
1.7 Un nombre d’exclus en augmentation résultats - mars 2008 -, 12 % de jeunes de 16 à 25 ans ont déjà
L’association Macadam Partage a accueilli en 2007 à Nouméa 191 fait une tentative de suicide contre 6 % en métropole, et 3,2 % en
personnes sans domicile fixe, qui sont majoritairement mélané- Nouvelle-Zélande (sur un échantillon de 1400 jeunes)
siennes (60,2%), et sont plutôt des hommes (78 %) âgés de 26 Les statistiques de la DASS NC montrent que le pourcentage
à 45 ans. Les raisons avancées de cette errance sont le manque de décès par suicide le plus fort en 2007 concerne la tranche des
de formation, de qualification et d’expérience professionnelle, 25-34 ans. Cet indicateur est à rapprocher du précédent, démon-
aggravé par une consommation excessive d’alcool. trant à nouveau la montée d’un certain malaise.
Le centre d’accueil, d’une capacité de 70 personnes,
Répartition du nombre de décès par suicide
a accueilli 118 personnes en 2005, 177 en 2006 et 191 en 2007 (soit selon le sexe et la tranche d’âge en 2007
+ 38,2 % en deux ans).

1.8 D
 es phénomènes d’addiction
d’où la nécessité d’une prévention
La montée en puissance des phénomènes d’addiction, et no-
tamment la consommation d’alcool, est en effet préoccupante
sur le territoire. En 20 ans, la consommation est passée de 5,8
l/habitant à 6,6 l/habitant soit une augmentation de 15 %. Cet-
te augmentation est sans doute plus forte chez les jeunes. De
Source : DASS NC

même, la consommation de tabac et de cannabis, et ce par des


publics de plus en plus jeunes, est inquiétante.

19
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

1.11 D
 es problèmes de santé Quelques raisons d’ordre socio-économique peuvent expli-
liés à une mauvaise alimentation quer ce phénomène :
On observe en Nouvelle-Calédonie la tendance générale l L’absence d’activités sportives et une faible intégration sociale

retrouvée dans nombre de pays du Pacifique et également l Une alimentation déséquilibrée (« junk-food »)

dans les pays industrialisés, à l’augmentation du surpoids et lU n patrimoine génétique qui favoriserait un stockage des

de l’obésité. L’étude CALDIA, réalisée en 1993 par l’Agence graisses


sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie sur 9390 sujets, Il est aujourd’hui reconnu que la nature et la qualité de l’ali-
montre que 58,8 % des sujets questionnés ont une surcharge mentation participe au développement de maladies comme
pondérale*, ou présentent une obésité*. On constate que le diabète et l’obésité. En Nouvelle-Calédonie, le diabète, qui
les communautés wallisiennes sont les plus touchées (85 %), concerne 10,2 % de la population (3 fois plus qu’en métro-
suivies par les communautés polynésiennes (62 %). En mé- pole et 2,5 fois plus que la Nouvelle-Zélande), est la 2e cause
tropole, durant cette même période, la part de la population de prise en charge en longue maladie derrière les maladies
touchée par ces pathologies est deux fois moins importante. cardio-vasculaires. La CAFAT consacre 12% de son budget aux
A l’heure actuelle, ces chiffres sont estimés à la hausse et sont dépenses directes liées au diabète (4,7 milliards CFP), soit 20%
particulièrement préoccupants pour les enfants : 17% des du budget Longue Maladie. Les patients sont couverts par la
enfants néo-calédoniens de moins de 14 ans sont obèses. CAFAT à 100%.

Part (%) de la population en surcharge pondérale ou obèse Part (%) de la population présentant du diabète
(selon les communautés) (selon les communautés)
Etude CALDIA 1993

Etude CALDIA 1993


*surcharge pondérale : 25 < IMC < 30 kg/m² ; obésité : IMC ≥ 30 kg/m² (IMC = Poids (en kg) / Taille (en m)²)

2. R
 épartition des compétences
et problèmes de cohérence
2.1 R
 épartition 2.2 U
 ne souplesse qui peut porter préjudice
des compétences aux politiques sociales et d’éducation
La loi organique fixe la répartition des compétences entre l’Etat, Cette souplesse liée aux délégations de compétences peut
la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes. L’article engendrer des difficultés et des inégalités entre provinces.
20 stipule « Chaque province est compétente dans toutes les ma- Quelques exemples :
tières qui ne sont pas dévolues à l’Etat ou à la Nouvelle-Calédonie l l ’enseignement primaire privé est encore une compétence

par la présente loi, ou aux communes par la législation applicable Etat alors que le primaire public est aujourd’hui sous la res-
en Nouvelle-Calédonie ». ponsabilité de la Nouvelle-Calédonie ;
l l es programmes de l’enseignement primaire relèvent de

L’Etat est ainsi compétent en matière d’enseignement pri- la Nouvelle-Calédonie sous réserve de la compétence des
maire privé, d’enseignement du second degré public et privé, provinces pour les adapter aux réalités culturelles et linguis-
sauf la réalisation et l’entretien des collèges du premier cy- tiques ;
cle du second degré, et en matière de santé scolaire, ces l la Nouvelle-Calédonie est compétente pour les transports

compétences devant être transférées à la Nouvelle-Calédo- sanitaires terrestres, la province Nord a demandé la délé-
nie. L’Etat est aussi compétent en matière d’enseignement gation de compétence et exerce à présent le contrôle
supérieur. des ambulances, ce qui n’est pas le cas de la province Sud.
L’impact est donc potentiellement direct sur l’égalité même
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est compétent en des populations et sur la solidarité sociale, car des politi-
matière de protection sociale, d’hygiène publique et de santé, ques différentes peuvent être mises en place dans chaque
et peut déléguer des compétences aux provinces sur leur de- province.
mande.

20
2.3 D
 es politiques publiques aide du seul fait des délais de carence imposés. Cela peut être un
peu cohérentes entre elles facteur d’instabilité et de précarisation pour les familles.
Chaque institution a pleinement conscience qu’il est essentiel de Ces différences peuvent conduire certaines personnes à s’établir
garantir une situation sociale décente à chacun et de lui donner dans l’une ou l’autre des provinces, plus généralement la provin-
la chance de réussir ses projets. Chacune y consacre des moyens ce Sud, pour bénéficier du dispositif social le plus en adéquation
humains et financiers importants, comme la Nouvelle-Calédo- avec leurs besoins. S’il est difficile d’évaluer le nombre de person-
nie au travers de la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales nes que cela représente, les services sociaux confirment que le
ou la Direction de l’Enseignement. phénomène existe.
Chaque institution développe alors sa propre stratégie sans
réelle concertation avec les autres collectivités. Si l’objectif social 2.4 Une coordination encore à améliorer
et éducatif reste souvent proche, les moyens de l’atteindre peu- Si la coordination entre les collectivités s’est nettement amé-
vent être différents, et peuvent donc provoquer des inégalités liorée depuis quelques années, de nouveaux progrès restent
entre les personnes. indispensables. Les politiques manquent encore de cohérence,
Les aides et leurs conditions d’attribution diffèrent ainsi d’une et ce au détriment des habitants.
province à l’autre. Par exemple, des personnes, qui pour des motiva- D’autre part, il convient de s’interroger sur l’opportunité de déve-
tions familiales ou professionnelles sont conduites à déménager de lopper plusieurs dispositifs d’accompagnement social et éducatif à
Touho à Bourail, peuvent rester pendant plusieurs mois sans aucune l’échelle d’un territoire de moins de 250 000 habitants.

3. L’enseignement
3.1 Avant-propos Qu’en est-il donc de la capacité du système éducatif calédo-
La question de l’égalité des chances en matière d’éducation sco- nien à assurer de bonnes conditions de scolarisation et pour
laire est susceptible d’approches diverses. Il parait cependant tous ? Qu’est-ce qui entrave la réussite scolaire dans certaines
difficile de ne pas articuler au moins une double référence en catégories de population, et quels moyens sont mobilisés pour
rapport avec la portée qu’on accorde à l’expression et à l’éthique surmonter le problème ?
qui la sous-tend.
D’un point de vue restrictif, évoquer l’égalité des chances 3.2 D
 es conditions de scolarisation
dans le domaine de l’éducation c’est d’abord viser une éga- satisfaisantes
lité pour tous en matière d’accès à l’école et de conditions de 3.2.1 Un maillage étroit des établissements scolaires
scolarisation. Dans cette acception, sont surtout à prendre en Envisagé globalement, le maillage des infrastructures scolaires
considération les facteurs matériels et la qualification du person- parait répondre de façon satisfaisante au besoin scolaire. Ces
nel. L’accent est alors à mettre sur le maillage des établissements, infrastructures s’appuyant très largement sur la complémen-
leur proximité, leurs équipements, les coûts supportés par les tarité public / privé ont, en effet, été développées en rapport
familles, l’organisation des transports, l’hébergement des élèves avec la densité de population et sa répartition spatiale. Elles
quand les distances ne permettent pas le retour quotidien dans correspondent à un taux de scolarisation optimal notamment
le milieu familial, la formation du personnel… etc. jusqu’au collège, c’est-à-dire parfaitement comparable à celui
Dans un sens élargi, l’égalité des chances suppose une réussite de la Métropole.
scolaire assurée pour tous, condition sine qua non de la mobi- Si à courte et moyenne échéance les tendances démo-
lité sociale. L’on est alors renvoyé à des considérations relatives graphiques actuelles ne devraient pas se traduire par une
aux facteurs sociaux, économiques et culturels qui condition- augmentation importante du besoin scolaire, des ajuste-
nent étroitement les parcours scolaires et aux moyens mis en ments sont néanmoins à poursuivre et à prévoir en lien avec
œuvre ou à engager pour en corriger les effets discriminatoires. les migrations internes, vers le sud et la zone VKP, par exemple,
Dans cette perspective il s’agit de « donner plus à ceux qui ont en lien aussi, avec les nécessités de diversification et de pro-
moins », selon la formule consacrée pour l’éducation prioritaire longement de cursus des filières post 3e et post bac.
en France, afin de tenter de compenser les divers handicaps des
groupes ou des individus dans leurs parcours scolaires. 3.2.2 Un personnel qualifié
Ces problématiques, présentes dans toutes les sociétés mo- Du point de vue de la qualification du personnel éducatif
dernes, prennent en Nouvelle-Calédonie un relief particulier qui au sens large, un recrutement au minimum au niveau bac-
tient aux enjeux humains, économiques et politiques qui y sont calauréat est la règle depuis longtemps, et la plupart des
associés et que les expressions « recherche d’un développement personnels titulaires ou non disposent des qualifications re-
social harmonieux », « reconnaissance intercommunautaire », « quises pour exercer leurs fonctions. De leur côté, les structures
destin commun » « vivre ensemble » s’efforcent de traduire dans de formation jouent pleinement leur rôle notamment pour
le débat public. éviter les déséquilibres liés au besoin de renouvellement des
L’école apparaît aux yeux de tous comme le creuset du destin personnels.
commun : c’est le lieu dans lequel se retrouve l’ensemble de Toutefois, le système éducatif calédonien se caractérise
la jeunesse calédonienne, où elle cohabite et se construit en- d’une part par la nécessité de recourir à un nombre élevé
semble. De plus, les valeurs qui la sous-tendent et qu’elle porte, (pour environ un tiers de l’ensemble des personnels ensei-
celles de la République et de la laïcité, sont précisément celles gnants du secondaire public) de personnels d’Etat extérieurs,
qui permettent de bâtir la citoyenneté partagée en devenir. soumis à contrat, dont les qualifications s’avèrent générale-

21
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

nouvelle-calédonie
répartition des établissements
scolaires secondaires en 2008
Source : Vice-rectorat 2008

ment très élevées mais pour lesquels la durée de séjour est Niveaux de qualification du personnel enseignant
un handicap pour la compréhension et la prise en compte
de la diversité culturelle. D’autre part, le recours massif à des
personnels non titulaires ne présente pas toujours les garan-
Source : Diagnostic du système éducatif en NC, Vice-rectorat 2008

ties souhaitables en matière de stabilité et de compétences


professionnelles.

Les diplômes ne suffisent pas pour être prêt à enseigner, la diver-


sité culturelle doit être prise en compte par le système éducatif
et doit être abordée selon plusieurs axes :
lL es maîtres doivent être formés à cette diversité et aux carac-

téristiques du milieu océanien lors de leur professionnalisation


dans les centres de formation territoriaux et lors d’actions de
formation continue,
lC eux qui viennent de l’extérieur doivent avoir une sensibilisa-

tion lors de leur arrivée sur le territoire, 3.2.3 Un « appareil d’état » solide
lL a prise en compte de cette diversité sera plus forte au cours Quant à la « logistique » du système, comprenons ici son finan-
des premières années du parcours, et sans doute moins indis- cement et sa régulation, elle bénéfice de toute la puissance de
pensable au lycée ou en post-bac, l’administration de l’Etat, puisque même les enseignements
lC ette prise en compte s’exprimera essentiellement dans la privés en dépendent à travers les contrats qui les associent au
pédagogie quotidienne par la contextualisation des supports service public d’éducation. Il est essentiel, sauf à sous-estimer
utilisés, mais aussi par l’adaptation des programmes ou la mise l’importance des fonctions de pilotage, d’animation, de gestion
en place d’options spécifiques. et d’évaluation, de bien prendre en compte qu’une part essen-

22
tielle, bien que non directement visible, du fonctionnement du La dépense d’éducation moyenne par élève en 2005 est
système éducatif est assurée par l’intégration des interactions de estimée à 940 000 FCFP. Le taux d’encadrement dans le se-
ses parties, réparties aux divers niveaux hiérarchiques : condaire est de 12,4 élèves par enseignant en 2005 (12,2 en
lL a classe constituée par la triade fondamentale élève-ensei- métropole).
gnant-savoirs,
lL ’établissement (du moins dans le secondaire) dont le statut 3.3 D
 es disparités de conditions
juridique confère une autonomie dans l’action éducatrice qui de scolarisation selon les zones
constitue la clé de l’adaptation locale à la gestion de la diver- géographiques et les niveaux de scolarité
sité, 3.3.1 La situation dans l’enseignement pré-élémentaire
lL e vice-rectorat qui détermine les objectifs, attribue les moyens, et élémentaire plus difficile en brousse
pilote et assure le contrôle des établissements, La politique de maintien ou de développement de structures
lL es services centraux du Ministère qui délivre les diplômes na- de proximité en brousse (tribu, village), d’écoles de quartiers
tionaux, détermine les programmes et met à disposition les dans les zones urbanisées, permet d’éviter les transports trop
moyens et les personnels. longs et l’internat. Il reste toutefois encore de nombreuses si-
évolution de la dépense intérieure tuations non résolues de façon satisfaisante, notamment dans
d’éducation en nouvelle-calédonie la chaîne. La solution de l’internat n’étant pas adaptée pour les
Millions de FCFP plus jeunes, elle devient plus pertinente à partir du cycle III du
75 000 primaire mais à condition qu’un accueil et un suivi pédago-
gique y soit garanti ce qui n’est pas toujours le cas, faute d’un
personnel d’internat suffisamment investi et formé à assumer
70 000 ce type de fonction. Or, comme le montre le tableau suivant,
le nombre d’internes dans le secondaire est relativement éle-
vé en province Nord, et la situation de ces jeunes, éloignés
65 000
de leurs familles toute la semaine, demande un encadrement
Source : compte de l’éducation, ISEE 2005

plus présent que dans les externats.


60 000 Taux de
établissements Effectifs Part des
Internes Lits remplissage
secondaires scolarisés internes (%) des lits (%)

55 000
Province Sud 1 139 1 211 6 429 18 94
2000 2001 2002 2003 2004 2005

Province Nord 1 850 2 185 3 036 61 85


Cette dimension intégrée du système devra être clairement ana-
lysée dans ses interactions, pour en conserver la richesse et la Province Îles 427 582 1 095 39 73
force lors des transferts de compétences.
73,7 milliards de FCFP ont été dépensés pour l’éducation en nc public 3 416 3 978 10 560 32 86
2005, (soit 314 000 FCFP par habitant) ce qui correspond à 12,3%
du produit intérieur brut (6,9% en France). province Sud 1 439 1 515 4 451 32 95
Des disparités dans les conditions de scolarisation au sens
matériel persistent cependant. Elles sont plus ou moins mar- province Nord 844 1 019 1 491 57 83
quées selon les niveaux de scolarité et les zones géographiques
considérés. province Îles 669 745 1 286 52 90
Source : Vice-rectorat, 2008

nc privé 2 952 3 279 7 228 41 90

Composition de la dépense d’éducation moyenne


par élève en 2005 nc total 6 368 7 257 17 788 36 88

Cette question du suivi scolaire se retrouve également au


foyer familial où les parents ne se montrent pas toujours
aptes ou disponibles pour renforcer, ou ne serait-ce que va-
loriser le rôle de l’école et ses exigences.
Par ailleurs si, à l’exception de situations ponctuelles, les
taux d’encadrement semblent satisfaisants, les classes à
faible effectif mais à multiples niveaux (jusqu’à 4 niveaux
Source : compte de l’éducation, ISEE 2005

par classe) deviennent de plus en plus fréquentes avec


l’augmentation des fermetures, notamment dans les zones
rurales touchées par l’exode rural. Dans ce contexte, le pro-
blème pédagogique se pose de façon d’autant plus aiguë
que les enseignants ne sont pas formés aux pratiques d’une
pédagogie « multi-niveaux », qui, du reste, a ses limites.

23
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

école primaire :
les classes à plus de trois niveaux
en 2008
Remarque : dans 70 % des cas, ces classes regroupent
les niveaux CE2, CM1 et CM2 et dans 15 % des cas,
ces classes regroupent les niveaux CP, CE1, CE2 et CM1
(Voh, Touho, Poum, Ponérihouen, Poindimié et Hienghène)
Source : Vice-rectorat NC 2008

A cette question de la baisse de qualité du suivi pédagogique Les disparités relevées pour l’enseignement primaire se re-
caractérisant surtout la brousse, se conjugue parfois celle de trouvent au collège mais de façon moins sensible et surtout
l’instabilité des équipes éducatives ou encore de leur faible in- avec des solutions souvent plus aisées à mettre en œuvre.
tégration à l’environnement social. En effet, la brousse de façon Ainsi quand le transport scolaire est susceptible d’engendrer des
générale demeure bien moins attractive, aux yeux du person- coûts et surtout une fatigue excessive, la solution de l’internat
nel enseignant, que les zones urbanisées du grand Nouméa. Le peut être adoptée sans les risques de carences affectives à pren-
mouvement des mutations enregistre largement ces effets de dre en considération pour les élèves du 1er degré.
tropisme, avec parfois en corollaire un taux d’enseignants rem- En revanche les questions de suivi scolaire demeurent. Elles
plaçants beaucoup plus élevé en brousse qu’en zone urbaine. se rencontrent tant en milieu scolaire que familial. Le niveau de
Inversement, la situation des personnels, en poste quasiment qualification professionnelle de l’encadrement en brousse pâtit
« à vie », dans le même établissement et bien souvent dans leur lui aussi de l’attractivité dont jouit la zone urbaine nouméenne.
région d’origine n’est pas non plus sans risque, en terme d’épa-
nouissement personnel et professionnel. 3.3.2.2 Les lycées : une offre restreinte en filières
Enfin, les inégalités de moyens matériels et financiers entre La question du transport et de l’hébergement et plus largement
Public et Privé, très significatives dans l’enseignement primaire, des conditions de travail continuent d’avoir des effets discrimi-
renforcent le processus discriminatoire. nants au lycée.
Au surplus, comparativement à la situation que connaissent
3.3.2 La situation dans l’enseignement secondaire les lycéens de métropole, ceux de Nouvelle-Calédonie ne béné-
3.3.2.1 Les collèges : des moyens plus importants ficient pas d’un éventail de filières aussi riche. C’est notamment
que ceux du primaire le cas dans le domaine de l’enseignement professionnel. Mais
Le maillage peut également être considéré comme très satisfaisant plus qu’un simple élargissement de l’offre de formation initiale,
à ce niveau (presque un collège par commune) voire pléthorique il convient d’assurer sa progression qualitative et son articulation
dans certaines communes de population modeste (Houaïlou, avec la formation professionnelle continue, tout en multipliant
Ouvéa, etc ). Ce quadrillage étroit résulte de la complémentarité pu- les formes d’accès à la qualification, notamment en développant
blic/privé, même si cette articulation va de pair, ici ou là et jusqu’à un les modalités de formation par alternance, dont les résultats en
certain point avec une absence de choix pour les familles. termes de liaison avec l’insertion et les besoins du monde éco-

24
nomique ne sont plus à démontrer. Face à ces difficultés, l’université essaie d’apporter des ré-
L’atelier 1 n’a pas développé plus avant ce sujet, puisqu’il ponses. La création d’un restaurant universitaire en est une. Les
constitue l’un des sujets de réflexion de l’atelier 2. étudiants peuvent avoir un repas équilibré pour 400 FCFP.
En résumé, les inégalités dans les conditions d’accès à l’édu-
3.3.2.3 La situation dans l’enseignement supérieur : cation sont indéniables. Elles déterminent une discrimination
des lacunes qui renforcent les inégalités significative entre les élèves de Nouméa et ceux du reste du
Une offre locale de formations restreinte territoire.
L’offre en filières BTS et universitaires est celle d’une petite région Ces conditions pénalisantes sont parfois à l’origine d’interrup-
métropolitaine et ne peut donc proposer un éventail large de tions précoces de parcours scolaires, voire dans certains cas de
formations. L’université s’efforce d’offrir aux étudiants la palette phénomènes de déscolarisation avant l’âge de 16 ans.
de formations la plus large possible afin de donner leur chance En réalité, la réussite scolaire n’est pas hypothéquée par
au plus grand nombre. Mais les formations répondent avant ces seules inégalités, d’autres en renforcent les effets. Ces
tout aux besoins du marché local et peuvent être en décalage dernières sont davantage en lien avec des facteurs socio-éco-
avec les attentes des étudiants. Bon nombre d’élèves sont donc nomiques et socio-culturels et c’est principalement au regard
contraints à partir vers la métropole. Or, tous n’ont pas ou les de ce type d’inégalités que la question de l’égalité des chan-
moyens ou l’environnement familial porteur qui leur permet- ces reste posée.
traient de tirer un profit maximum de l’offre métropolitaine.
Quant aux cursus proposés par l’Australie ou la Nouvelle-Zélande 3.4 R
 éussite scolaire et appartenances
ils sont coûteux et présentent des inconvénients liés à l’obstacle socio-économiques et socio-culturelles
de la langue et à celui des reconnaissances de diplôme. Cepen- 3.4.1 La mesure de la réussite scolaire :
dant, il faut souligner tout l’intérêt pour les étudiants d’aller voir une nette amélioration depuis 20 ans, mais
ailleurs : ouverture d’esprit, amélioration des compétences, ap- qui reste encore insatisfaisante
prentissage de la concurrence et de la compétitivité, etc La mesure de la réussite scolaire n’est pas toujours aisée à
A titre de comparaison, la Corse, région métropolitaine de 281 réaliser. Les taux de réussite aux examens ne reflètent jamais
000 habitants, propose 12 BTS à ses étudiants (110 BTS réperto- que le rapport entre les candidats parvenus en fin de cur-
riés sur l’ensemble de la métropole). En N-Calédonie, les élèves sus et ceux pour lesquels le cursus est couronné de succès.
ont le choix entre13 BTS. Ceux qui ont échoué en cours de route ou n’accèdent pas
au niveau d’études considéré ne sont pas pris en compte. On
Nombre de formations CAP BEP Bac pro BTS retiendra néanmoins que les performances du système sont
Source : Vice rectorat, Onisep 2007

Nouvelle-Calédonie 18 16 14 13 remarquables lorsqu’on porte sur lui un regard diachronique :


ainsi le nombre de bacheliers a été multiplié par trois en 20
Corse 43 27 20 12
ans : 600 bacheliers en 1989 et plus de 1800 en 2007. Pour
Polynésie française 9 28 38 15 la seule année 2007, l’Education Nationale a délivré plus de
Métropole 190 41 96 118 7000 diplômes nationaux, dont 3600 dans le secondaire. Pour
apprécier le système dans sa globalité, il faut en effet voir d’où
Des conditions de vie des étudiants qui avantagent les milieux les il vient.
plus favorisés Les études de suivi de cohortes apportent des éléments de
L’université est mal desservie par les transports en commun, réponse plus satisfaisants que les seuls résultats aux examens :
et les étudiants qui ne disposent pas de leur propre moyen en 2007, environ 92,5% des élèves entrés en 6e ont accédé
de locomotion éprouvent des difficultés à trouver des bus à au niveau V (CAP-BEP) et 54% ont atteint le niveau IV (bac),
l’issue des cours le soir. Ils optent donc trop souvent pour les 48% d’entre eux obtenant ce dernier diplôme selon l’enquête
déplacements à pied, ce qui augmente considérablement de l’INSERM. Pour mesurer la rapidité de l’évolution en cours,
les temps de trajets et diminue le temps consacré au travail. rappelons que la part de bacheliers dans la population ac-
L’offre de logement étudiant est quasiment inexistante. On tive calédonienne n’était que de 24% lors du recensement de
dénombre seulement 62 lits en cité étudiante et 230 lits en 2004.
foyer pour un total de près de 4 000 étudiants. Chaque an- On imagine alors, si ces tendances étaient maintenues, de
née, 350 demandes de logement déposées à l’université ne profonds bouleversements dans la population se présentant
sont pas pourvues. Les étudiants qui ne sont pas originaires sur le marché de l’emploi dans un horizon de moyen terme.
de Nouméa connaissent donc des difficultés de logement Taux de réussite aux examens (%) en 2005
d’autant plus que le parc privé est très onéreux. La situation
devrait s’améliorer en 2012 avec la création d’une cité univer-
sitaire de 500 lits (reconversion de la cité sportive des jeux du
Pacifique en 2011).
La notion d’étudiant est assez récente en Nouvelle-Calédo-
nie. Pendant de nombreuses années, le seul moyen d’effectuer
des études supérieures consistait à quitter le territoire. Ainsi,
peu de facilités sont accordées aux étudiants en termes de
logement, transport, santé, financement des études, loisirs,
etc. Seuls les étudiants issus des milieux les plus favorisés peu-
vent alors poursuivre des études supérieures dans de bonnes
conditions.

25
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Evolution décennale des résultats aux examens


Unité : % étudiants), inscription dans le but unique d’obtenir une bourse
(les bourses ne sont pas liées aux résultats les deux premières
années), mauvaise orientation, etc. La sélection est donc très
forte la première année. En conséquence, les taux de réussite
en seconde et troisième année sont souvent meilleurs que les
résultats métropolitains, parce que seuls les plus motivés sont
restés et que les effectifs réduits permettent d’avoir des ensei-
gnements presque individualisés.
Cette amélioration des résultats est primordiale pour la Nou-
velle-Calédonie, car comme tout pays en développement, elle a
besoin d’une main d’œuvre qualifiée.
Source : Vice-rectorat

3.4.2 Culture de l’Ecole et maîtrise du système :


des difficultés d’intégration culturelle
L’Ecole est un outil incontournable d’intégration des individus
Quant aux tests d’évaluation pratiqués en Nouvelle-Calédonie, à une société donnée avec les valeurs et les traits culturels qui
leur référence globale au contexte national et le fait d’être conçus lui sont propres. Mais bien qu’institution d’intégration, elle ne
essentiellement à des fins de remédiation font que leur valeur peut faire moins que de véhiculer, et préférentiellement, sa
prédictive au regard de la réussite scolaire est à considérer avec propre culture historiquement déterminée. Elle appelle donc,
précaution. Leur analyse fait toutefois apparaître des régulari- en retour, de ses usagers des stratégies particulières d’ap-
tés statistiques dont il convient d’étudier la stabilité temporelle propriation qui ont la caractéristique d’être toujours mieux
(réduction ou accroissement des écarts ?) et spatiale (notam- maîtrisées par ceux dont la culture et les modes de vie sont
ment en ce qui concerne les disparités régionales). La mise en le plus favorablement conditionnés par les exigences de la
place progressive du socle commun des compétences et des culture de l’Ecole. En résumé elle reconnaît les siens qui le lui
connaissances changera la nature même des modes d’évalua- rendent bien.
tion en privilégiant l’évaluation par compétence. Celle-ci sera Il en résulte que pour les sociétés hétérogènes socialement
moins sujette aux critiques évoquées ci-dessus. et culturellement, ce qui devient de plus en plus la norme du
Cette question de la mesure de la réussite scolaire et de ses monde actuel, l’outil école, bien qu’au service de tous les in-
interprétations doit en outre intégrer les tendances de fond et dividus, remplit avec une efficience très inégale ses fonctions
les perspectives qui en résultent. intégratives. C’est ainsi que se créent les écarts entre groupes
Néanmoins, il ressort d’études plus approfondies que des sociaux, par rapport à la réussite scolaire, et qui ont tendance
écarts importants existent en matière de réussite scolaire. Est à se reproduire, l’évolution de l’école se faisant sous l’influence
surtout mis en évidence le fait qu’une partie conséquente de la des élites, c’est-à-dire ceux qui profitent ou ont profité de la
population scolarisée se trouve en échec scolaire. Cet état de fait réussite scolaire.
se voit d’une certaine manière confirmé à travers les taux de re- La Nouvelle-Calédonie est prise complètement dans cette
doublement élevés, les bilans d’orientations post 3e caractérisés problématique et les effets négatifs de celle-ci jouent à plein,
par un flux vers le lycée professionnel majoré comparativement et prioritairement envers ceux pour qui l’institution scolaire
à la Métropole, le taux encore très faible de poursuite post-bac. demeure la plus éloignée culturellement parlant. On retrouve
La Nouvelle-Calédonie connaît une amélioration régulière de statistiquement les milieux économiquement faibles, souvent
ses résultats depuis quelques années. Le retard sur la métropole issus de la tradition océanienne et résidant en brousse ou dans
est chaque année un peu moins grand. Les derniers résultats les Îles dans des proportions significatives. Ce constat est valable
au baccalauréat le prouvent puisque le taux de réussite du bac aussi bien pour l’enseignement primaire que pour l’enseigne-
général a cru de 15% entre 2007 et 2008. Les taux de réussite aux ment supérieur.
BTS, qui étaient très faibles par rapport à la métropole se sont Cette approche sociologique a bien sûr ses limites. Elle ne
eux aussi nettement améliorés. En 2007, le taux de réussite était fait pas la part de la capacité adaptative de chaque individu à
de 66,4% (67,3% en métropole) et dans les secteurs industriels et déjouer les déterminismes sociaux aussi prégnants soient-ils, et
services, il était supérieur à la métropole. Les classes préparatoires surtout la capacité collective de tout groupe humain à réorien-
aux grandes écoles connaissent aussi un rendement intéressant ter, par les choix politiques ou l’action sociale, les fonctions de
avec un taux de placement dans les meilleures écoles, supérieur ses institutions.
à bon nombre de classes préparatoires métropolitaines.
Une partie du taux d’échec dans l’enseignement supérieur peut 3.4.3 La toile de fond de l’échec scolaire
s’expliquer par le décalage de l’année scolaire. Des étudiants Quoi qu’il en soit, la toile de fond de l’échec scolaire se déploie à
commencent leur cycle d’enseignement supérieur en février en partir des éléments suivants :
Nouvelle-Calédonie, puis en septembre continuent leur cursus
en métropole et ne se présentent donc pas aux examens en 3.4.3.1 Les obstacles linguistiques.
Nouvelle-Calédonie. Ce constat est sans doute particulièrement Ils se manifestent au moins de deux manières :
vrai dans la filière universitaire. lD ’une part, à travers le fait que la langue cible comme la langue

La première année, plus de 50% des étudiants abandon- outil de l’enseignement, soit le français, impose aux populations
nent entre le premier et le second semestre. Les raisons sont dont la langue maternelle est autre, des efforts particuliers.
multiples : départ vers la métropole (sans doute pour 20% des lD ’autre part, dans le fait que le statut des langues premières

26
demeurant dévalorisé socialement, la capacité linguistique culturels, économiques). C’est dire qu’elle ne peut se départir
globale des locuteurs s’en trouve affectée. sans faillir à cette mission d’adaptation d’un certain nom-
Des efforts sont entrepris depuis plusieurs années pour que ces bre de contenus que lui imposent les enjeux d’un monde «
langues trouvent leur droit de cité dans les écoles, et dans la mondialisé », d’un ailleurs présent partout. Cette mission qui
vie courante, car l’enjeu final est bien celui là. Mais le chemin rejoint d’ailleurs en cela mais sans la confondre la vocation
sera sans doute long et bien des facteurs peuvent entraver une de toute éducation moderne à ouvrir l’homme à l’universel,
dynamique encore… « balbutiante ». marque encore les limites ou les risques d’une adaptation de
l’Ecole à des réalités exclusivement endogènes.
3.4.3.2 Des « stratégies » familiales censées contribuer L’enseignement universitaire calédonien s’inscrit complète-
à la réussite, absentes ou défaillantes. ment dans cette dernière approche. Son objectif n’est pas de
Les familles concernées par l’échec scolaire ou susceptibles de s’adapter à des réalités locales mais de répondre à des critères de
l’être ont sans doute une conscience très claire de ce qui est en qualité et de niveau imposés par le ministère de l’enseignement
jeu pour l’avenir de leurs enfants. Mais leur méconnaissance du supérieur. L’université doit garantir l’acquisition de compéten-
système scolaire, de ses rouages, de ses subtilités, de ses exi- ces et la compréhension du monde pour être apte à s’adapter
gences, ne leur permet pas, même lorsqu’ils en ont la capacité rapidement à ses évolutions. Elle est là pour former les élites de
financière, de mettre en œuvre « les stratégies » les plus effica- demain.
ces : ambitions dans les orientations, réorientations adaptées,
suivi scolaire, cours particuliers, éthique et valorisation de la 3.4.3.4 Affaiblissement de l’organisation coutumière
réussite. et déstructuration des cellules familiales.
Parfois il y a contradiction difficilement surmontable entre La disparition des repères dans les communautés régies par «
certaines valeurs de la tradition culturelle océanienne et les la coutume » ne semble pas favoriser la réussite scolaire. La cor-
valeurs propres à l’appareil scolaire (compétitivité, affirma- rélation entre les deux n’est sans doute pas aisée à mettre en
tion de soi, statut de la parole, statut de la personne, etc.). La évidence et l’on pourrait même être tenté de croire à l’inverse.
réussite scolaire ne revêt pas la même importance selon les En réalité, une forte prégnance des principes, règles et modes de
communautés. vie coutumiers pourrait agir comme une protection, une sorte
Les populations mélanésiennes en particulier éprouvent des de garde-fou pour des jeunes en leur offrant des repères forts
difficultés à se projeter dans l’avenir : il existe une inadéquation et stables et en leur procurant la sécurité psychologique d’un
entre ce que l’on veut devenir et les moyens que l’on se donne réseau familial garantissant sa place à chacun.
pour y arriver. Ce manque de projection dans le temps est forte- Quant aux situations de séparation, de cellule familiale mo-
ment préjudiciable aux étudiants de l’enseignement supérieur noparentale, de garde des enfants confiée aux grands parents,
qui ne font pas le lien entre un métier futur et les études. ils affectent très directement la réussite scolaire. Or ces situa-
Ces phénomènes d’inadéquation entre les exigences de la tions, qui constituaient l’exception il y a trente ou quarante ans
culture scolaire et les attitudes adoptées par les familles et leur se démultiplient de nos jours dans tous les milieux, y compris
enfants pour les intégrer prennent des formes très diverses et océaniens.
relèvent de processus d’acculturation fort complexes. On notera par ailleurs que le diagnostic du secondaire
réalisé en juin 2008 met en évidence la surdétermination
3.4.3.3 Des contenus scolaires et un mode relationnel de la réussite scolaire par l’économique. Il convient alors de
dans le milieu scolaire dans lequel ne se reconnaissent se pencher attentivement sur les liens établis entre les fac-
pas les enfants et les familles. teurs linguistiques ou culturels et les facteurs économiques
C’est le problème maintes fois soulevé à travers le célèbre qui les sous-tendent, afin de pouvoir traiter le phénomène
cliché « nos ancêtres les gaulois » et toutes les significations dans toute sa complexité. La réussite scolaire ne peut être
qu’il recouvre. L’inadaptation scolaire ou la faiblesse de l’adap- abordée sous le seul prisme de l’approche linguistique ou
tation scolaire ou encore la non reconnaissance réciproque culturelle, mais doit être abordée de manière multifactorielle
entre l’Ecole et les représentants d’une culture qui n’est pas si l’on veut apporter des réponses adaptées aux inégalités de
issue de la même tradition sont sans doute de vraies ques- réussite observées.
tions. Elles méritent cependant d’être relativisées au moins
pour deux raisons. 3.5 D
 es moyens et des outils à renforcer
D’abord, il faut être conscient que la transmission assurée par ou à promouvoir
l’Ecole n’est pas la transmission exclusive de savoirs didactiques 3.5.1 Des rythmes scolaires peu adaptés
n’ayant qu’une valeur pratique et utilitaire. Ce sont, et largement, aux rythmes régionaux
des modes de pensée, des attitudes mentales, des valeurs, une La mauvaise qualité des rythmes journaliers et annuels aux-
culture, qui sont à l’œuvre. Changer les contenus scolaires, les quels s’ajoutent des temps de transports souvent longs, pèse
adapter à un public particulier, est susceptible de rapprocher lourdement sur l’égalité des chances en matière d’éduca-
ce public de l’Ecole, de la lui rendre plus familière, mais ne réo- tion. Ils semblent trop exclusivement conditionnés par les
rientera fondamentalement pas la fonction sociale de l’Ecole. En contraintes de l’activité économique : journées trop longues
d’autres termes l’adaptation de l’Ecole à une culture donnée a et trop chargées, année scolaire trop courte, vacances trop
des limites sauf… à réorienter radicalement le projet social. longues…
De plus si l’Ecole est bien l’outil majeur de l’intégration Il importe de ne pas plaquer les rythmes métropolitains, mais
sociale de chaque société, elle est aussi tournée et de plus en de s’inspirer des études chrono-biologiques et d’autres modèles
plus aujourd’hui vers une appréhension globale du monde et par exemple anglo-saxons, même si cela doit impliquer une ré-
de ses différents aspects (sociaux, politiques, technologiques, flexion sur les contenus d’enseignement.

27
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Les rythmes des enfants calédoniens gagneraient à être Les bourses sont un élément important de l’accompagne-
étudiés et leur prise en compte effective par un renforce- ment des élèves dans leurs études supérieures. Sans elles, la
ment des transports scolaires permettrait de respecter le plupart ne pourrait pas poursuivre des études post bac. C’est
décalage avec le rythme parental conditionné par l’activité ainsi que l’université a accueilli entre 2005 et 2007 une moyenne
économique. de 40% de boursiers en première année de licence, la plaçant
La position n’est pas la même au niveau de l’enseignement dans les 5 premières universités de France.
supérieur où la volonté est de coller au plus près des attentes
nationales et donc à un rythme imposé qui doit donner un 3.5.4 Une priorité insuffisante à l’école maternelle
maximum de chances aux étudiants pour se positionner sur le et primaire où « tout commence à se jouer »
marché du travail. Les incertitudes qui semblent peser actuellement sur l’adapta-
tion de l’école et sur la qualité des compétences acquises en fin
3.5.2 Un accompagnement scolaire à généraliser de CM2 doivent être levées, puisqu’elles déterminent la réussite
Ce pourrait être un outil-clef pour la réussite scolaire. Le constat ultérieure. Il est essentiel de mettre tous les moyens nécessaires
des déterminismes socio-économiques qui pèsent sur le systè- à ce niveau qui assure les fondations de l’ensemble du parcours
me étant bien établi, pour compenser ces inégalités « initiales », de formation, en raison notamment du caractère cumulatif des
il conviendrait d’aménager et de renforcer au bénéfice des enseignements et de l’empilement des savoirs.
enfants des familles les plus modestes des dispositifs d’aide et L’effort à fournir à ce niveau concerne la qualité des maîtres, les
d’accompagnement que les plus aisés vont chercher dans les relations avec les familles et la prise en compte des diversités
cours particuliers ou les officines privées, ou d’imaginer des dis- culturelles et linguistiques. La définition du socle commun pré-
positifs spécifiquement adaptés. cise clairement les objectifs à atteindre pour chaque élève.
Des expériences existent et certaines réussissent (ex : le Juvénat
pour les lycéens): il s’agit d’abord d’analyser finement les condi- 3.5.5 Des efforts et des dispositifs pour assurer
tions de leur réussite pour ensuite les généraliser tout en les une transition harmonieuse entre primaire et collège,
adaptant localement et selon le niveau considéré. La province entre collège et lycée, entre lycée
Sud mène un certain nombre d’actions pour soutenir les élèves et enseignement supérieur
de l’enseignement du premier degré. Avant d’être élève, l’enfant est une personne qui doit être consi-
L’université a également développé un système de tutorat dérée dans la singularité de son histoire, à travers sa trajectoire
pour aider les étudiants les plus en difficulté. Il est basé sur le d’abord familiale puis scolaire. Le continuum de cette histoire ne
volontariat, et seuls les plus motivés le demandent. Un accom- doit pas souffrir de ruptures trop brutales entre les cycles qui ja-
pagnement personnalisé existe aussi. lonnent son parcours. Il est donc essentiel de veiller à réduire au
L’accompagnement scolaire passe aussi par la mise à dispo- strict nécessaire les changements subis entre l’école et le collège,
sition des outils pédagogiques. Par exemple, l’université a fait le entre le collège et le lycée, puis entre le lycée et l’enseignement
choix d’ouvrir la bibliothèque sur de larges plages horaires, six supérieur. Or, le fait que le pilotage de l’école fondamentale et
jours sur sept, pour offrir un lieu de travail et l’accès aux outils obligatoire (école et collège) ne soit pas confié à une institution
internet aux étudiants les moins favorisés. unique avec un pilotage cohérent n’établit pas les continuités
aujourd’hui déficientes.
3.5.3 Bourses scolaires : à repenser dans une politique
globale en direction de la famille 3.5.6 Une formation des maîtres intégrant
De compétence provinciale, les aides à la scolarité consti- la connaissance des caractéristiques culturelles
tuent un élément déterminant pour assurer l’égalité des du milieu océanien qui est à renforcer
chances à l’école. Ces aides devraient faire partie intégrante 3 établissements de formation coexistent : Institut Universitaire
d’une politique familiale globale (cf. la partie du rapport de Formation des Maîtres, Institut de Formation des Maîtres de
concernant cette thématique). Ces aides, systématiques ou Nouvelle-Calédonie, Ecole Normale de l’Enseignement Privé. Si
au mérite, doivent permettre à tout jeune, quel que soit son l’objectif de ces centres est le même : former les enseignants de
milieu d’origine, de s’engager dans les cursus auxquels il peut demain, les méthodes sont un peu différentes.
accéder sans être arrêté par des obstacles matériels (trans- Il faut donc s’interroger sur la légitimité de maintenir ces trois
port, hébergement, nourriture, fournitures scolaires,…) ou systèmes alors qu’un seul pourrait suffire et bénéficier alors de
financiers. moyens plus conséquents.
Effectifs et part des élèves boursiers dans les établissements
scolaires publics en 2007 3.5.7 Une adaptation de l’école aux réalités locales
à approfondir, qui n’est encore pas complètement
satisfaisante
Source : Diagnostic du système éducatif- Vice rectorat 2008

lL
 a pédagogie ne tient pas suffisamment compte du contexte

(on part de l’environnement proche et local pour aller vers le


global et l’universel
lL
 ’adaptation des programmes est en cours : par exemple en

histoire géographie, où l’on étudie les flux dans le Pacifique au


lieu d’étudier ceux de la Méditerranée, en Sciences et Vie de la
Terre (faune et flore locale…), économie, droit…
lU
 n manque d’options spécifiques et complémentaires (déjà

autorisées dans le statut des établissements secondaires pu-

28
blics) restent à définir dans le projet éducatif calédonien : 42 % dans le Nord et 58 % dans le Sud.
langues régionales, … On dispose aussi pour 2007 d’une mesure pour évaluer les
l

acquis à l’entrée du lycée : les écarts se réduisent entre les col-


3.5.8 Un manque d’évaluation globale du système lèges d’origine (l’écart maximum est de 30 points en Français
et des politiques éducatives contre 40 en 6e, 32 points en Math contre 45 en 6e).
La création de l’observatoire de l’enseignement en Nouvelle-Calé-
donie a été la 290e proposition du colloque sur l’Ecole organisé en A la sortie du système, une réduction des écarts avec
2002. Mais il n’est toujours pas opérationnel. Il manque d’analyse la métropole
de données, d’élaboration d’indicateurs pour évaluer de façon ex- 91 % atteignent le niveau V (94 % en Métropole) et 54 % des
terne le fonctionnement du système éducatif après les transferts élèves atteignent le niveau IV (70 % en Métropole)
de compétence, et apprécier la réalisation des objectifs fixés par En 2007, l’Education Nationale a délivré 7000 diplômes aux
la politique éducative mise en œuvre par le territoire. jeunes calédoniens dont 3600 dans le second cycle :
lE n CAP, BEP (un peu moins) en Nouvelle-Calédonie, les pour-

3.6 Bilan, enjeux et perspectives centages de réussite sont au niveau de la métropole.


Développer l’aspect enjeux d’une école calédonienne dans un lP our ce qui concerne le BAC, le nombre de bacheliers a été

contexte de défis économique, humain et politique. multiplié par 3 ans en 20 ans et par 5 en 25 ans. Les résultats
sont stables autour de 70 % depuis 6 ans (un peu plus de 10
3.6.1 Trois points caractéristiques du système éducatif points de moins qu’en métropole), stabilité qui peut être consi-
Quand on regarde le système éducatif en Nouvelle-Calédonie, dérée comme un gage de qualité du système.
on est frappé par : lP our le post bac (BTS, Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles,

lL
 a rapidité de son développement au cours des dernières Université), les indicateurs sont au vert tant en termes de résul-
décennies ; par exemple, entre 1970 et 2000, la population tats qu’en qualité de la formation délivrée.
scolaire a plus que doublé.
lL
 ’importance des moyens alloués qui ont largement ac- Un secondaire trop sélectif et une offre de formation insuffi-
compagné le phénomène de croissance. Ainsi, les dépenses sante au regard des enjeux du développement
d’éducation ont été multipliées par 6 entre 1980 et 2000. Globalement on retiendra que le secondaire apporte une réelle
lL
 es déséquilibres géographiques : sur les 10 dernières années, plus-value aux élèves, le collège d’abord suivi du lycée et des
les effectifs ont progressé de 26% dans le Sud, mais baissent de classes post-bac, mais :
6 % dans le Nord et de 15 % dans les Iles. lT rop d’élèves sortent encore sans qualification (environ 10%)

La scolarité se prolonge progressivement après 16 ans : on et donc sans diplôme.


poursuit de plus en plus souvent au lycée. L’université a vu lL e secondaire reste trop sélectif : trop de redoublements, pas-

ses effectifs augmenter depuis sa création de 5% en moyenne sage insuffisant en seconde générale et technologique, mais
annuelle, pour arriver à 2 200 étudiants en formation initiale aussi en bac pro ; le niveau moyen de qualification de la po-
en 2008. pulation active doit encore progresser en Nouvelle-Calédonie.
Pour être en mesure de répondre aux besoins de développe-
3.6.2 Que nous apprend l’état des lieux ment économique, la proportion de bacheliers (de toutes les
réalisé par le Vice Rectorat ? voies) doit progressivement augmenter : le taux de passage en
A l’entrée du système, des écarts avec la métropole et entre seconde générale et technologique doit progresser (la réforme
les trois provinces en cours du lycée peut y contribuer) et la mise en place du
Les écarts (aux évaluations de 6e) avec la Métropole sont de 15 bac pro en 3 ans doit donner l’opportunité d’élargir l’offre au
points en Français et de 20 points en Mathématiques. Un lien niveau IV (niveau bac), tout en maintenant le volume de celle
plus étroit doit être établi avec le primaire pour en analyser les au niveau V (niveau CAP – BEP).
causes qui sont sans doute multiples lL ’insuffisance de liens entre le primaire et le secondaire crée

Les écarts entre les 3 provinces, comme entre les collèges, sont très des discontinuités inopportunes dans les parcours scolaires.
importants (l’écart maximum entre les collèges est en Français de lL ’offre de formation n’est pas suffisante et doit être mieux adap-

40 points, et de 45 points en Mathématiques). Plus on s’éloigne du tée : elle doit être élaborée et négociée avec les décideurs locaux
centre de Nouméa, plus les performances des élèves baissent. afin d’anticiper au mieux les attentes du monde économique :
Les retards scolaires sont très importants (plus d’1 élève sur 4 des formules telles que l’apprentissage peuvent apporter des élé-
dans le public et plus d’1 élève sur 3 dans le privé). Or, le redou- ments de réponse si elles sont construites en concertation.
blement serait nocif pour la réussite scolaire.
Les performances à l’entrée du collège sont fortement liées au 3.6.3 Des leviers pour progresser
contexte socio-économique, apprécié par le taux de boursiers. Lorsqu’on regarde à l’intérieur du système, dans « la boîte noire »,
Les écarts apparaissent en augmentation en Français et en bais- on constate :
se en Mathématiques au cours des dernières années. l Des moyens financiers importants

Les moyens d’enseignement alloués aux établissements sont


Au milieu du gué (en fin de collège), des résultats encoura- importants, et supérieurs à ceux donnés en métropole. Un ef-
geants fort conséquent en matière de rééquilibrage est réalisé par l’Etat
lL es résultats au DNB (diplôme national du brevet) sont très encou- pour les provinces du Nord et des îles Loyauté, tant en moyens
rageants : on atteint, voire dépasse, les scores métropolitains. d’enseignement qu’en moyens financiers. Ils sont principalement
l En fin de collège, environ 4 élèves sur 10 vont en 2 (contre utilisés pour créer des structures particulières pour les élèves en
nde

6 sur 10 en Métropole) : 34 % des 3e générales dans les îles, difficulté et pour réduire la taille des divisions.

29
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

lUn trop grand mouvement des enseignants en brousse et système dans la société calédonienne. D’une part, il est vrai que
dans les îles, lié à l’attractivité de Nouméa jusqu’il y a peu, chacun trouvait son compte à laisser l’Etat s’oc-
Les personnels enseignants sont un peu plus âgés et moins cuper seul de l’éducation de la jeunesse. D’autre part, la faible
féminisés qu’en métropole. Le nombre de non titulaires est élevé organisation du tissu économique (taille des entreprises, orga-
(1 enseignant sur 4 dans les Iles et 1 sur 3 dans le Nord). Le re- nisations professionnelles peu mobilisées sur la formation) n’est
cours aux personnels soumis à séjour diminue progressivement pas propice à des relations approfondies. Trois facteurs essentiels
au fil des années, mais reste à un niveau encore élevé (35% des sont en train de modifier la donne :
titulaires en 2007). Le tropisme du mouvement sur Nouméa lL es familles demandent de plus en plus fréquemment des

constitue un réel handicap pour la brousse et les Iles, générant comptes au système et renforcent l’obligation de résultats,
une instabilité permanente dans ces zones peu attractives. La lL e contexte de croissance économique génère des besoins

gestion des personnels soumis à séjour (par le profilage des pos- nouveaux de main-d’œuvre, auxquels le système n’est pas en
tes) et le maintien des titulaires nommés hors Nouméa pendant mesure de répondre dans l’immédiat,
une durée suffisante semblent être une clé pour pouvoir y tra- lL e transfert de compétences conduit les Calédoniens à réflé-

vailler dans la durée. Ces dispositions sont à renforcer pour les chir sur leurs attentes en matière d’éducation, et les partenaires
personnels de direction qui y sont nommés. potentiels à se rapprocher pour tenter d’y répondre.
lU n appui sur les projets d’établissement à développer pour Des questions de fond sont alors posées, ce sont d’ailleurs un peu les
une meilleure adaptation au terrain… mêmes que celles qui traversent le système éducatif en métropole : on
C’est par la prise d’initiatives dans les établissements dans le ca- ne peut nier les faiblesses de notre système, trop inégal et qui compte
dre de leur statut qui leur confère une certaine autonomie et trop d’élèves en difficulté et d’étudiants en échec à l’université. Mais au
plus précisément dans l’élaboration du projet d’établissement nom de ces problèmes réels, on ne peut disqualifier ce qui a été fait...
que l’on peut répondre aux besoins particuliers des élèves. D’un côté les élitistes estiment qu’il est contre-productif d’essayer
l… mais dans un souci de cohérence de prolonger les scolarités, et qu’il convient de faire le tri le plus tôt
Mais cette autonomie doit s’accompagner d’un pilotage fort possible pour dégager les élites et ne pas faire perdre trop de temps
pour donner une cohérence d’ensemble qui crée la continuité aux autres. De l’autre, les néo-malthusiens pensent que le marché du
entre la politique nationale, sa déclinaison académique et son travail n’étant pas extensible à l’infini, et en augmentant le volume et
application locale dans les établissements, en les emboîtant les les exigences de la demande d’insertion face à une offre désespéré-
unes dans les autres pour mieux réaliser leur intégration. C’est ment fixe, on alimente un processus de dévalorisation des diplômes
par ce pilotage renforcé (par l’augmentation des personnels en circulation. Or nous sommes déjà loin en Nouvelle-Calédonie de
d’encadrement et surtout par l’élaboration d’un projet global) répondre aux attentes immédiates du marché de l’emploi actuel,
que l’on parviendra à consolider la réussite de tous les élèves et par exemple au niveau des cadres intermédiaires pour les projets
ainsi, à réduire encore les écarts qui existent entre les provinces miniers ou encore aux besoins en enseignants. Nous sommes en-
et entre les établissements. core plus loin des critères de qualification de la population en œuvre
l Un bon niveau d’équipement en nouvelles technologies, dans les pays industrialisés (cf. objectifs de la loi d’orientation et des
mais des pratiques qui restent à développer critères de Lisbonne). Et nous devons former la main d’œuvre de
Dans la mise en œuvre de la politique académique, en raison demain qui sera amenée à poursuivre la construction du pays.
de son insularité et de l’isolement culturel de certaines zones,
les technologies de l’information et de la communication (TIC) En conclusion
ne sont pas suffisamment exploitées alors que les conditions La réponse aux attentes des Calédoniens par rapport au
d’équipement sont largement supérieures à celles de métropole système éducatif peut être contenue dans la réussite des
(1 ordinateur pour 5,1 élèves en moyenne, contre 1 pour 8 en transferts de compétences si l’on parvient à conserver la qua-
métropole). Mais, comme en métropole, la mise en œuvre de lité de l’existant d’une part, et si l’on sait d’autre part tirer profit
ces technologies doit maintenant innerver les pratiques péda- de cette opportunité pour délester le système éducatif des
gogiques quotidiennes. contraintes et pesanteurs qui pèsent sur son évolution.
l Un accompagnement scolaire peu développé Un préalable évident : c’est l’élaboration d’un projet éduca-
La forte liaison entre les performances scolaires des élèves et tif pour la Nouvelle-Calédonie par les élus, après concertation
leur origine socio-économique doit inciter au développement avec les acteurs du système, mais aussi les familles et les res-
de mesures d’accompagnement pour les plus défavorisés : des ponsables du monde économique qui ne peuvent plus se
initiatives ponctuelles existent, il convient d’analyser les condi- contenter de rester à sa frontière en attendant les jeunes for-
tions de leur réussite, puis de les généraliser. L’accompagnement més, mais qui devront également y investir financièrement
scolaire, le bon usage des internats, nécessitent une réflexion s’ils souhaitent que les formations soient mieux adaptées à
spécifique dans le cadre d’une politique éducative globale en leurs besoins (qu’il leur faudra mieux définir). C’est tout l’ave-
liaison avec l’élaboration de la carte des formations. nir du pays qui en dépend.
Ce projet éducatif calédonien développerait la philoso-
3.6.4 L’ouverture du système éducatif phie de l’éducation prônée et fixerait des objectifs chiffrés en
sur son environnement : une fragilité inhérente termes de performances à réaliser à l’horizon 2025.
à son organisation actuelle Il permettrait surtout de réaliser l’indispensable intégra-
Les interactions entre le système éducatif et son environnement tion du primaire et du secondaire dans une entité unique
n’ont pu être analysées finement. de pilotage, reconstruisant les continuités éducatives et
S’il existe de multiples initiatives pour développer les relations pédagogiques nécessaires à la réussite des trajectoires indi-
entre les établissements et les familles ou avec les entreprises, viduelles.
leur mise en cohérence pêche par le manque d’intégration du

30
4. La Santé sur deux sites, Koumac (60 lits) et Poindimié (40 lits), et le centre
hospitalier spécialisé de Nouville (197 lits).
4.1 L ’accès aux soins : infrastructures, Par ailleurs, on compte trois cliniques privées situées à Nou-
médecines, et obstacles méa : la clinique du docteur Magnin, la clinique de la Baie des
4.1.1 Un réel maillage sanitaire du territoire Citrons et la clinique de l’Anse Vata.
4.1.1.1 La grande majorité de la population a accès à une Ces établissements d’hospitalisation publics ou privés comp-
structure de soins tent 757 lits d’hospitalisation dont 553 dans le secteur public et
Un des éléments essentiels d’un accès aux soins performant est 204 dans le secteur privé.
la présence, à proximité des populations, dans le cadre d’une Les trois provinces ont investi dans la structuration de cir-
répartition homogène, d’un établissement de santé en capacité conscriptions médico-sociales réparties sur l’ensemble de leur
d’apporter des soins appropriés ou d’assurer le transfert des per- territoire, et dont la mission est d’apporter des soins de proximité
sonnes pour qu’elles bénéficient d’une qualité des soins. ou d’urgence si nécessaire. On en dénombre 26 : 5 en province
Qu’en est-il au niveau de la Nouvelle-Calédonie ? des îles, 15 en province Nord (qui compte également 2 centres
Il est tout d’abord à noter que les structures de santé sont de mère-enfants) et 7 en province Sud.
la compétence d’une part de la Nouvelle-Calédonie chargée des Ces circonscriptions se découpent en 26 centres médico-sociaux
établissements publics territoriaux d’hospitalisation, d’autre part des dont 19 dans lesquels se répartissent 14 infirmeries, 55 salles de soins, 22
provinces qui sont chargées des centres médicaux provinciaux. fauteuils dentaires et 7 qui comptent au total 46 lits d’hospitalisation.
La Nouvelle-Calédonie a la responsabilité administrative et Enfin, la CAFAT, la mutuelle des fonctionnaires, la Société Le
financière de 3 hôpitaux : le centre hospitalier territorial Gaston Nickel ou les Armées disposent de services de soins destinés à
Bourret à Nouméa (484 lits), le centre hospitalier du Nord réparti leurs ressortissants.

4.1.1.2 Implantation géographique des structures médicales et médico-sociales de la Nouvelle-Calédonie

les infrastructures
de santé
en nouvelle-calédonie
Source : DASS 2006/07

31
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

4.1.1.3 Un dispositif EVASAN (évacuation sanitaire) adapté Quelques données statistiques permettent d’étayer ce
En cas d’impossibilité de prodiguer des soins sur le territoire fau- constat : il n’y a pas de médecin spécialiste installé en pro-
te de disposer des compétences techniques - compte tenu de la vince des îles Loyauté ; la densité de médecins spécialistes en
petite taille de la Nouvelle-Calédonie et de sa faible population, province Nord est de 26,5 pour 1000 habitants ; en province
il n’est pas envisageable de disposer de toutes les compétences Sud, elle se situe à 151,6 pour 1000 habitants et un découpage
techniques - le dispositif des EVASAN a été mis en place par la plus fin de la province Sud permet de voir qu’à Nouméa, cette
CAFAT. densité est de 259,4, à Dumbéa de 21 et au Mont-Dore de 8.
Ces évacuations sanitaires se font à destination de l’Australie La concentration de médecins spécialistes se retrouve donc
ou de la métropole et permettent aux Calédoniens de disposer bien sur Nouméa-ville.
des dernières techniques médicales, d’avoir recours à des spé- lU n manque d’information en direction des populations les

cialistes, qui n’exercent pas dans nos hôpitaux, et des meilleurs plus fragiles
soins. Le manque d’information en direction des populations les
Ainsi, en 2007 ce sont 1507 évacuations sanitaires qui ont été plus fragiles est évoqué comme ayant un impact défavorable
accordées par les services de la CAFAT en direction d’hôpitaux sur l’accès aux soins. Les médecins des hôpitaux et les spé-
australiens ou métropolitains pour un montant financier de près cialistes privés constatent qu’ils reçoivent des patients avec
de 3, 8 milliards de francs financés par le RUAMM (Régime Unifié des pathologies très avancées, soit qui ont tardé avant de les
d’Assurance Maladie-Maternité, entré en application au 1er juillet consulter : cela peut s’expliquer en partie par des difficultés
2002 – voir II). En comparaison, en 2005 ont eu lieu 2134 EVASAN, d’accès aux soins mais également par le choix pour quelques-
et en 2006, 1948 EVASAN. uns d’avoir recours, sur une durée trop longue, aux médecines
Le constat peut donc être posé, à la vue de ces chiffres, que traditionnelles.
la population néo-calédonienne dispose d’un panel de lits lU ne prise en charge parfois insuffisante par le système de

d’hospitalisation et de soins - placés sur le territoire ou dans des protection sociale


hôpitaux hors du territoire- qui correspond à la demande en Un accès difficile à certains matériels de soins, pour des raisons
termes de capacité d’accueil et qui permet ainsi de garantir une de prise en charge financière insuffisante par notre système
réelle prise en charge médicale en cas de besoins sanitaires. de protection sociale, explique également le fait que certains
Calédoniens ne peuvent pas mener à terme les soins qui leur
4.1.2 Des obstacles freinant l’accès aux soins permettraient de guérir ou de se soigner de façon durable. Cette
Toutefois, une analyse plus fine des flux en termes d’hospitali- situation engendre le plus souvent une dégradation de l’état de
sations, de la provenance de la population hospitalisée ou de santé des personnes considérées et des ré-hospitalisations qui
l’accès à l’information permet de faire ressortir un certain nom- auraient pu être évitées.
bre de facteurs temporisant cette idée générale d’un accès aux Si notre système de protection sociale peut être considéré
soins réel pour tous. comme performant, il n’en demeure pas moins vrai qu’un
l Des difficultés de déplacement pour certaines populations certain nombre de personnes ont une couverture sociale insuf-
L’accès aux soins des populations habitant dans la chaîne est fisante. C’est le cas, par exemple, de personnes bénéficiant de
plus difficile compte tenu de la distance qui les sépare des cen- la couverture sociale du RUAMM, mais qui ne disposent pas des
tres hospitaliers ou des centres médico-sociaux, et si l’on prend moyens financiers suffisants pour compléter cette couverture
en considération les moyens de transports et l’état du réseau sociale obligatoire par celle d’une mutuelle complémentaire,
routier. et qui dépassent les plafonds financiers de ressources mis en
lD es difficultés de recrutement des médecins en dehors de place par les provinces pour bénéficier d’une mutuelle prise en
Nouméa et un manque de confiance pour les actes prati- charge par l’intermédiaire d’aide publique (cette situation est
qués en brousse fréquemment évoquée mais semble cependant ne pas avoir
Le centre hospitalier du Nord connaît une sous activité impor- été chiffrée).
tante et chronique qui s’explique en partie par la difficulté de lU ne durée d’hospitalisation plus longue

recruter durablement des médecins hospitaliers et par l’attracti- pour certaines populations en raison
vité du centre hospitalier territorial Gaston Bourret de Nouméa. de leurs conditions de vie
Un manque de confiance de la population dans la technicité La durée d’hospitalisation de malades pris en charge par les dis-
des actes qui y sont pratiqués explique également cette désaf- positifs des aides provinciales (aide médicale gratuite : ce sujet
fection. sera traité plus en avant dans ce document) est plus longue
l Un recours à l’hospitalisation moindre qu’en métropole que les durées d’hospitalisation des patients bénéficiant de la
Le taux de recours de la population calédonienne à une hos- couverture sociale CAFAT et mutuelle. Un tel constat trouve une
pitalisation se situe en moyenne dans les secteurs médecine, part d’explication dans le retard pris dans les hospitalisations et
chirurgie et obstétrique à 68,3 hospitalisations pour 1000 habi- leur gravité plus prononcée qui induit une durée de soins plus
tants contre 95,2 pour 1000 en métropole : ce moindre recours longue, et dans le manque d’alternative en termes de maisons
à l’hospitalisation est une donnée importante pour la notion de convalescence, de repos...
d’accès aux soins. Cette durée peut être doublée selon les conditions de vie des
l Une forte concentration des spécialités médicales patients. En effet, les médecins préfèrent garder leurs malades
à Nouméa plus longtemps dans leur lit d’hôpital, et ce jusqu’à guérison
L’agglomération de Nouméa concentre la quasi-totalité des mé- complète, plutôt que d’autoriser un retour au domicile, ce domi-
decins spécialistes exerçant en Nouvelle-Calédonie. Conjuguée cile se résumant parfois à un squat où les conditions d’hygiène
aux difficultés de transport, cette concentration pénalise tout et de poursuite des soins ne permettront pas une guérison, en-
particulièrement les populations les plus éloignées. traînant ainsi des rechutes et des ré-hospitalisations.

32
4.1.3 La prédominance de la médecine curative pas d’écho favorable dans la population. C’est ainsi, que sur
par rapport à la médecine préventive nombre de campagnes de prévention, il faut tenir compte de
4.1.3.1 Une médecine curative prédominante la population calédonienne, de ses us et coutumes, de sa diver-
Le système calédonien de santé est l’héritage de la médecine sité ethnique, si l’on veut aboutir à des résultats en termes de
militaire qui a exercé son influence sur le territoire pendant des prise de conscience. L’exemple du message « mangez 5 fruits
dizaines d’années. Il est également le prolongement naturel et légumes par jour » est frappant : en effet, une partie de la
de la médecine française puisque l’écrasante majorité des mé- population n’a pas accès facilement à une telle variété.
decins exerçant tant dans le secteur public que dans le secteur
libéral, est issue des universités de médecine françaises. En ef- 4.1.3.4 Les moyens limités de l’agence sanitaire
fet, seuls les diplômes d’infirmiers sont délivrés sur le territoire. et sociale de la Nouvelle-Calédonie et de la CAFAT
C’est donc tout naturellement que le constat de la prédo- en matière de prévention
minance de la médecine curative par rapport à la médecine L’agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie :
préventive peut être posé. Cet état de fait découlant de celui une action d’intérêt général mais des moyens
qui existe en France métropolitaine s’explique par la formation encore insuffisants :
même des praticiens, mais également des habitudes sociologi- Créée en 2001, l’agence sanitaire et sociale est un établis-
ques, puisque les patients attendent d’être malades pour aller sement public de la Nouvelle-Calédonie. Dotée d’un conseil
consulter. d’administration qui est largement représentatif du secteur de
la santé (élus des trois provinces, du gouvernement, du congrès,
4.1.3.2 Une médecine préventive qui doit trouver sa place représentants du conseil de l’ordre des médecins, etc.), elle a
Le rôle des médecins dans notre système de soins est essen- pour missions de :
tiellement curatif. L’action qu’ils peuvent conduire aujourd’hui l fi
 nancer les investissements des établissements hospitaliers

en matière d’information et de prévention en direction de leur publics.


clientèle, qu’elle soit publique ou privée, est tout à fait insuffi- lp romouvoir la santé par l’intermédiaire d’actions de préven-

sante. tion. Elle doit articuler les actions qu’elle propose avec celles
mises en place par les provinces et en lien avec les associations
4.1.3.3 Une prévention insuffisante à tous les niveaux œuvrant dans le domaine de la prévention et de la santé et qui
lC
 hez les médecins : alors même que leur position devrait être sont ses partenaires.
privilégiée quand il s’agit d’indiquer à leur patient les principes Abondé par le reversement d’une grande partie de la taxe al-
de base d’une bonne hygiène de vie, ils ne le font pas ou peu, cool-tabac, le budget de l’agence sanitaire et sociale s’est élevé
n’ayant pas été formés au cours de leurs études à cet exercice. en 2007 à deux milliards de FCFP dont 400 millions ont été
Il faut toutefois signaler le problème de la rémunération qui consacrés à la mise en œuvre des programmes de prévention.
découle de cette action informative du corps médical. En effet, Les programmes de prévention de l’agence ont été déterminés
pour les médecins libéraux, cette action informative est syno- en 2004 à l’occasion du plan de maîtrise des dépenses de santé
nyme de temps de travail passé auprès de leur clientèle et ils voté par le congrès de la Nouvelle-Calédonie.
estiment qu’une juste rémunération de ce temps de travail de- Parmi ces programmes prioritaires, on retrouve notamment la
vrait pouvoir être proposée. lutte contre les différentes addictions ; tabac, alcool, cannabis, la
lA
 l’école : les provinces s’attachent à mener des actions pré- lutte contre le diabète et l’obésité, la lutte contre les cancers.
ventives dans l’enseignement primaire tandis que la prévention Parallèlement à ces programmes qu’elle gère elle-même,
est considérée comme insuffisante dans le secondaire, alors l’agence contribue au financement de plusieurs associations
même que le public concerné peut être touché facilement au dont le thème d’intervention est la prévention sanitaire, comme
travers de messages d’information simples et directs. Un tel par exemple, les associations de lutte contre les maladies sexuel-
objectif implique l’adhésion du personnel enseignant, une re- lement transmissibles, la lutte contre différentes addictions ou
fonte des programmes scolaires et une formation du personnel l’aide aux personnes porteuses d’un handicap.
enseignant. 400 millions FCFP consacrés à la prévention représentent un
lD
 ans les institutions : les provinces ne jouent pas tout leur progrès notoire par rapport à la situation des années passées
rôle en matière de prévention par manque d’une bonne ap- (auparavant, l’agence percevait une subvention de 120 mil-
préhension de ses principes directeurs : ainsi la politique de lions émanant du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie) et
prévention s’exprime-t-elle insuffisamment dans les centres confortent les efforts faits dans ce domaine par les provinces
médico-sociaux. Des expériences intéressantes sont cepen- à travers leurs centres médicaux. Toutefois, face à l’ampleur du
dant menées, comme par exemple celle de la province Nord défi que représente la prise en considération d’une véritable
qui a mis en place des auxiliaires de vie et de santé, et une éducation sanitaire conduisant à terme à une diminution des
équipe d’éducateurs sanitaires exclusivement dédiée à la pré- dépenses de santé curative, cette somme semble largement
vention qui mènent des actions d’éducation sanitaire en tribu insuffisante. Il n’est peut-être pas fait suffisamment appel à la
notamment. Communauté du Pacifique Sud, qui développe des programmes
lD
 ans les familles : le rôle des familles est jugé notoirement de santé publique en direction des populations de son territoire
insuffisant dans la prise de conscience de la nécessaire pré- de compétence.
vention afin d’éviter notamment des maladies dites acquises,
comme le diabète, l’obésité, etc. Au vu des moyens affectés, la prévention n’apparaît pas com-
lE
 t des messages d’informations généralement inadaptés : me prioritaire…
les différents messages de prévention sanitaire doivent tenir Il est regretté unanimement que, face au montant toujours
compte de la réalité du pays, faute de quoi ils ne trouveront plus élevé des dépenses de santé et face aux besoins de

033
33
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

financement toujours plus importants et difficiles à rassembler, 4.2 Le système de protection sociale
le choix consiste à stabiliser, dans le meilleur des cas, ou à di- 4.2.1 Des dispositifs distincts
minuer les budgets consacrés à la prévention et à l’éducation 4.2.1.1 Une grande avancée avec la création du régime
sanitaire. Ce choix est le signe d’une « fuite en avant » qui ne peut unifié d’assurance maladie maternité (RUAMM) en 2001
pas conduire à l’objectif pourtant clairement affiché de la dimi- Un système qui bénéficie d’abord aux salariés : Depuis 2001,
nution des dépenses de santé, ou pour être moins ambitieux, à les Calédoniens bénéficient d’un système généralisé de sécurité
leur stabilisation. sociale dénommé le régime unifié d’assurance maladie mater-
…alors que le préventif a un coût nettement inférieur au nité, le R.U.A.M.M. La mise en place de ce système a permis un
curatif… La prévention constitue donc une véritable oppor- accès aux soins beaucoup plus important qu’il ne l’était aupa-
tunité d’améliorer le niveau de vie de la population, sans pour ravant.
autant menacer le financement du système de soins. A noter les Extrait du recueil des chiffres-clés 2006 de la CAFAT : «La CAFAT,
exemples des pays voisins (Vanuatu, Salomon…), disposant de organisme de protection sociale de Nouvelle-Calédonie, assure
ressources financières moindres, de budgets faibles en matière pour les salariés du territoire, la gestion des régimes : invalidi-
de santé curative et de structures de soins moins nombreuses té et décès, accidents du travail et maladies professionnelles,
que la Nouvelle-Calédonie, ces petits pays ne parviennent que vieillesse et veuvage, famille, chômage.» Depuis le 1er juillet 2002,
difficilement à répondre aux besoins de la population; c’est la CAFAT gère le régime unifié d’assurance maladie-maternité
pourquoi leurs politiques de santé s’appuient essentiellement (RUAMM) dont bénéficient également les fonctionnaires et les
sur la prévention avec l’aide de la Communauté du Pacifique travailleurs indépendants. Avec plus de 64 000 salariés, 18 500
Sud et de l’Organisation Mondiale de la Santé. retraités, un millier de chômeurs indemnisés mensuellement,
La prévention constitue donc un levier de maîtrise des dépenses auxquels s’ajoutent les travailleurs indépendants (près de 15 000
de santé. au 31.12.06), les fonctionnaires actifs (plus de 14 000 au 31.12.06)
Le travail de l’agence sanitaire et sociale est encore trop mécon- et retraités, et les ayants droit (conjoints, enfants, ascendants à
nu voire confidentiel. Le rôle de coordination qu’elle est appelée à charge) de toutes ces populations, la CAFAT couvrait fin 2006
jouer auprès des autres partenaires publics et associatifs doit être plus de 210 000 personnes (environ 224 000 fin 2007 - site in-
très rapidement et clairement identifié. Cela permettrait de favo- ternet CAFAT), sur une population totale de Nouvelle-Calédonie
riser une mise en commun des synergies susceptible d’aboutir estimée à 244 410 habitants au 1er janvier 2008).
à des programmes territoriaux concertés, déclinés à l’échelle de Un régime qui repose sur 3 sources de financement : Il repose
chaque province, et intégrant les spécificités locales. d’une part sur la fiscalité à travers le reversement du produit
Le fonds d’action sociale de la CAFAT : une action limitée de la taxe sur les services (TSS), la taxe sur les tabacs et alcools,
Le rôle de la CAFAT, dans le domaine de la prévention, s’exerce et d’autre part sur les cotisations sociales versées par les em-
actuellement par l’intermédiaire du fonds d’action sociale. Jus- ployeurs et les salariés (à plus de 78 % en 2006).
qu’à présent, l’investissement de la caisse dans ce domaine
préventif est resté très limité et les crédits consacrés évoluent à la 4.2.1.2 Une prise en compte des personnes
baisse : les dépenses de prévention étaient ainsi en 2004 de 3,3 sans ressources : l’aide médicale
millions de FCFP, en 2005 de 0,8 millions de FCFP, et en 2006 de Deux dispositifs complémentaires : Les provinces et la Nou-
0,1 millions de FCFP (chiffres-clés 2006 CAFAT), soit des chiffres velle-Calédonie ont mis en place des dispositifs d’aide médicale,
en baisse constante. permettant aux personnes sans ressources (et ne relevant donc
Pourtant, la CAFAT, au travers les remboursements qu’elle pas du RUAMM) d’accéder aux soins à travers une prise en char-
effectue au bénéfice de ses assurés sociaux, au travers de ge, graduée selon leur situation de revenus, des dépenses de
nombreux liens conventionnels qu’elle a su tisser avec les pro- santé liées à leur état physique.
fessions médicales et paramédicales exerçant sur le territoire, et Chaque province prend en charge le demandeur à la condition
au travers des statistiques très complètes dont elle dispose et qu’il réside sur son territoire depuis au moins 6 mois. La Nouvel-
des masses financières qu’elle gère, semble être un partenaire le-Calédonie prend elle en charge le délai de carence de 6 mois
incontournable pour participer à la mise en œuvre d’une politi- (lors d’un déménagement de province à province par exemple),
que de prévention. Son implication paraît essentielle à la réussite afin qu’aucun Calédonien n’ait à pâtir d’une absence même mo-
des programmes. mentanée de couverture.
Des différences entre les provinces : Le système d’aide médi-
4.1.4 Une médecine traditionnelle peu visible cale étant majoritairement provincial, on constate qu’il diffère
La médecine traditionnelle a été mise de côté en Nouvelle-Calé- d’une province à une autre, ce qui est générateur d’une diffé-
donie. Contrairement à d’autres pays du Pacifique et notamment rence de traitement suivant que l’on réside dans telle ou telle
la Polynésie française où elle connaît un véritable renouveau, la province. Par exemple, en province Nord, le dispositif intervient
médecine traditionnelle est insuffisamment reconnue. de façon forfaitaire sur le tarif des consultations médicales, ce qui
Il ne s’agit pas de vouloir comparer l’efficacité de la médecine ne sera pas le cas dans les autres provinces.
allopathique et celle de la médecine traditionnelle pour décla- Le système d’aide médicale de la Nouvelle-Calédonie s’appli-
rer la supériorité de l’une sur l’autre, mais de rechercher leur que quant à lui sur l’ensemble du territoire selon des critères
complémentarité en s’appuyant sur les dernières recherches identiques quelque soit le lieu de provenance des personnes
scientifiques en matière de plantes médicinales par exemple. concernées.
Un travail en ce sens serait utilement conduit.
Il est cependant à noter que le centre hospitalier Gaston Bourret 4.2.1.3 Des dépenses de santé comparables à celles
travaille d’ores et déjà, dans le cadre de son contrat d’objectifs et des pays industrialisés du Pacifique ou de la métropole
de moyens, à une approche culturelle de la maladie. Plusieurs chiffres méritent d’être soulignés : la part des dépenses

34
de santé dans le produit intérieur brut de la Nouvelle-Calédonie L’exemple suivant permettra de mieux appréhender les ef-
se monte à 12% en 2006. Les dépenses de santé annuelles par fets induits du renforcement des compétences techniques de
habitant étaient d’environ 250 000 FCFP en 2006. nos hôpitaux. Jusqu’en août 2007, les patients devant subir un
La Nouvelle-Calédonie se trouve donc dans une position examen coronarographique se déplaçaient dans les hôpitaux
comparable, en ce qui concerne les dépenses de santé et l’ac- australiens. Ils étaient au nombre de 800 par an environ. Depuis
cès aux soins, à celle des pays industrialisés de notre région ou cette date, cet examen est réalisable sur le territoire grâce aux
à la métropole. investissements médico-techniques réalisés au CHT. On estime,
Ce positionnement est sans commune mesure avec des pays en année pleine, que ce sont quelques 500 EVASAN qui sont
voisins insulaires tels que le Vanuatu, les Iles Fidji, ou encore Ton- ainsi évitées, et qui correspondent à 450 coronarographies faites
ga qui disposent d’infrastructures sanitaires nettement moins sur le territoire. Il en découle une économie réelle pour la CAFAT
développées. mais une dépense de fonctionnement supplémentaire pour le
Quelques exemples: le Vanuatu affiche une dépense de santé CHT estimée pour 2009 à 40 millions FCFP.
annuelle par habitant de 5000 FCFP, Tonga 10 000 FCFP ou
encore Fidji 13 000 FCFP. On peut donc considérer que la Nou- 4.2.3 Un régime qui connaît des difficultés financières
velle-Calédonie dispose d’un système de protection sociale dès 2004 avec l’explosion des dépenses de santé
moderne et performant. Les comptes de la branche santé de la CAFAT ont rencontré leurs
En dépit de sa jeunesse, ce système doit faire face à de nombreux premières difficultés dès 2004 avec un déficit de près de 900
problèmes liés à la fois à la géographie du pays, au vieillissement millions FCFP sur les comptes 2003, déficit qui s’est amplifié en
de sa population, à la répartition territoriale des établissements 2005 pour atteindre 1,9 milliard FCFP.
de soins, à l’augmentation importante et régulière de la deman-
de de soins, et au coût financier engendré par l’augmentation 4.2.3.1 Une volonté de maîtriser les dépenses de santé
de cette demande. Mise en œuvre d’un plan de maîtrise des dépenses de santé
La mise en œuvre d’un plan de maîtrise des dépenses de santé
4.2.2 Un régime fragile face à une demande en 2004, à la suite du constat du dérapage de ces dépenses et
en augmentation grâce à une série de mesures diversifiées, a poursuivi l’objectif
4.2.2.1 La progression exponentielle de la demande d’une progression maîtrisée, notamment par une responsabili-
de soins sation accrue des professionnels de santé et des particuliers, ou
Entre 1999 et 2003, la progression de la demande de soins est encore une politique plus offensive en matière de distribution
évaluée à 8% l’an. Au cours de ces dernières années, elle a pour- des médicaments génériques.
suivi cette courbe ascendante. Toutefois, elle marque une légère Un redressement des comptes du RUAMM grâce à l’augmen-
baisse dans sa progression en 2006 (+ 7,3%), baisse qui pourrait tation des recettes
être vraisemblablement mise au crédit du plan de maîtrise des Un relèvement du plafond des cotisations ainsi qu’un relève-
dépenses de santé mis en œuvre en 2004. ment d’un point de la taxe sur les services la faisant passer de 4
La mise en place d’une couverture sociale généralisée, qui est à 5% ont été votés par le congrès de la Nouvelle-Calédonie.
un progrès considérable, a influé notablement sur les compor- Assurance maladie :
tements des Calédoniens dans le domaine de l’accès aux soins. Evolution des charges et ressources
Le fait de devoir participer, au travers des cotisations salariales Années Charges Ressources Résultat
obligatoires, au financement de notre système de sécurité so-
Chiffres clés 2006 CAFAT
2004 35,4 34,5 -0,8
ciale, a notamment engendré le phénomène bien connu : « je
2005 38,5 36,6 -1,9
paie donc j’y ai droit ». Il a également permis à nombre de per-
sonnes de pouvoir se faire soigner sans que le coût des soins 2006 41,4 40,9 -0,4
soit un obstacle. Unités : milliards FCFP

Ces mesures conjuguées avec une activité économique


4.2.2.2 Un renforcement des compétences médicales pour très dynamique ont permis de redresser les comptes du
répondre à cette demande RUAMM. En 2006, le déficit de la branche santé s’établissait à
Parallèlement à ce phénomène, les hôpitaux du territoire ont dû 436 millions FCFP, soit une réduction de plus d’un milliard par
renforcer leurs compétences ; les outils techniques ont permis rapport à l’année précédente.
de réaliser de plus en plus de soins in situ, permettant d’éviter En 2007, cette branche retrouvait le chemin d’un excédent à
ainsi des évacuations sanitaires vers l’Australie ou la métropole. hauteur de 900 millions FCFP. En 2008, une évaluation à mi-
Des actes médicaux, initialement refusés par des particuliers année laisse entrevoir un excédent prévisionnel à hauteur de
parce que pratiqués hors du territoire, sont acceptés par les in- 2,4 milliards FCFP, qui devra bien sûr être confirmé.
téressés dès lors qu’ils deviennent effectivement réalisables à
Nouméa. 4.2.3.2 Mais un système encore financièrement fragile
Toutefois, ce retour à une situation excédentaire ne doit pas ca-
4.2.2.3 Une baisse du nombre des EVASAN mais une cher le fait que le déficit cumulé de la branche maladie s’élève
augmentation des dépenses de fonctionnement des encore en 2008 à 2 milliards FCFP et que cette dernière ne dis-
grandes infrastructures de soins pose d’aucune réserve disponible, alors même que les textes
L’effet induit de ce renforcement des compétences est l’aug- réglementaires prévoient une réserve minimum de 13,7 mil-
mentation des dépenses de fonctionnement des hôpitaux, liards FCFP pour cette branche.
prises en charge par la CAFAT, à travers une dotation globale de Ces quelques données financières permettent de mieux
fonctionnement. appréhender l’ampleur du rétablissement financier à réaliser.

35
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Par ailleurs, il faut prendre en considération avec toute la pruden- sable réflexion sur les mesures structurelles à mettre en œuvre
ce qui s’impose, le fait que les projections faites par les services dans les années à venir pour sauvegarder ce régime de protec-
financiers de la CAFAT font état d’un retour au déséquilibre à tion sociale (taux de cotisation à revoir ou fiscalisation du régime
partir de 2010. etc.). En effet, ce régime concerne une population dont le nom-
Les causes de cette fragilité sont multiples bre effectif de cotisants est restreint, mais qui est en attente des
Cette projection pessimiste trouve son explication dans un fais- meilleurs soins.
ceau de raisons qui concourent à cette progression continue La réflexion à engager devra intégrer plusieurs paramètres
des dépenses de santé, et parmi lesquelles on retrouve : comme par exemple celui de la spécificité du territoire de la
lL a hausse du coût des soins alors que les sources de finance- Nouvelle-Calédonie par rapport à celui de la métropole ou
ment restent limitées (population de 244 000 habitants), encore celui de la réglementation applicable dans le domaine
l Le vieillissement de la population, sanitaire. Elle devra également être l’occasion de nous interroger
lL e coût de plus en plus élevé des traitements médicamen- sur le fait que notre système de soins est fortement inspiré de
teux, celui de la métropole - qui, comme chacun le sait, est confronté
lL es possibilités techniques offertes désormais sur le territoi- à de très sérieuses difficultés financières que les réformes suc-
re… cessives ne parviennent pas à résoudre, et sur la pertinence de
On ne peut écarter également l’éventualité d’un ralentissement cet adossement.
de l’activité économique qui aurait des répercussions immédia-
tes sur le niveau des ressources du régime (TSS et cotisations) 4.2.3.3 Les risques liés à la répartition des compétences
La survie du système nécessite la mise en œuvre de mesures Elle sera aussi l’occasion de réfléchir aux risques, compte tenu
structurelles fortes de notre organisation administrative, de voir s’installer plu-
La poursuite des efforts de rationalisation des dépenses de sieurs politiques en matière de santé : une politique territoriale
santé est donc incontournable mais elle n’évitera pas l’indispen- à l’initiative de la Nouvelle-Calédonie et 3 politiques de santé

nouvelle-calédonie
médecins généralistes
nombre par habitant en 2008
Source : DASS NC 2008 et ISEE 2008

36
à l’initiative des provinces. Sur un territoire restreint géographi- Nouvelle-Calédonie Indre
quement et avec une population de faible densité, une telle Médecins généralistes 120 80 à 89 selon les zones
situation engendrerait des risques de dérapage financier et une
Médecins spécialistes 130 70
déperdition des forces médicales et serait, au bout du compte,
contre-productive. La Nouvelle-Calédonie dispose donc d’une densité médicale
satisfaisante au regard des critères de densité.
4.3 Les professionnels de santé Cette densité mérite d’être affinée au regard des lieux d’exer-
4.3.1 Une démographie comparable à un département cice des médecins. C’est ainsi que cette densité s’établit à 104
rural métropolitain, mais avec des disparités médecins pour 100 000 habitants en province Nord et à 84
4.3.1.1 Leur nombre et leur localisation : de fortes dispari- médecins pour 100 000 habitants en province des îles. Seule, la
tés selon les provinces province Sud atteint une densité de 288 médecins pour 100 000
On compte 601 médecins exerçant sur le territoire soit à titre habitants, se rapprochant ainsi de la densité métropolitaine.
libéral soit en tant que salariés. Ce nombre correspond à une La présence des officines pharmaceutiques est aussi très
densité médicale de 250 médecins pour 100 000 habitants en déséquilibrée d’une province à l’autre. 72 officines sont comp-
Nouvelle-Calédonie, densité à comparer avec celle de la métro- tabilisées (104 dans un département comme l’Indre) dont 32
pole qui s’établit à 340 médecins pour 100 000 habitants. A titre sur la seule commune de Nouméa. Il y a donc, d’une part, un
de comparaison, la densité médicale en Nouvelle-Zélande est nombre insuffisant, et d’autre part, un fort déséquilibre entre la
de 220 médecins pour 100 000 habitants. brousse et Nouméa.
Si on compare maintenant avec un département rural métropo- A titre de comparaison, la densité est de 30 pharmacies pour
litain d’une taille équivalente comme l’Indre (232 000 habitants), 100 000 habitants en Nouvelle-Calédonie et 75 en Nouvelle-
on peut établir le tableau suivant : Zélande.

nouvelle-calédonie
répartition des pharmacies en 2008
Nombre total en 2008 : 60 pharmacies

Source : OPT 2008, ISEE 2008

37
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

médecins spécialistes
nombre par habitant en 2008
Source : DASS NC 2008 et ISEE 2008

La densité des chirurgiens dentistes s’établit à 52 pour 4.3.1.3 Une pénurie de médecins libéraux dans certaines
100 000 contre 68 pour 100 000 en métropole, mais elle est de spécialités mais une situation favorable dans les hôpitaux
43 pour 100 000 en Normandie ou encore 38 dans l’Indre, celle La pénurie de médecins dans certaines spécialités médicales (en pé-
des sages-femmes à 151 pour 100 000 contre 116 pour 100 000 diatrie notamment) est clairement établie et découle directement
en métropole, celle des infirmiers à 439 pour 100 000 contre de la même pénurie constatée en métropole. En effet, la formation
768 pour 100 000 en métropole, et enfin celle des kinésithérapeu- d’un nombre très insuffisant de médecins, alliée au fait que certai-
tes à 53 pour 100 000 contre 102 pour 100 000 en métropole. nes spécialités médicales sont trop peu rémunératrices, conduisent
en métropole à une situation de manque réel de praticiens, à tel
4.3.1.2 Une obligation spécifique de conventionnement et point qu’il est fait appel à des spécialistes d’autres pays d’Europe
l’existence de zones régulées qui ne portent pas leurs fruits pour pallier les manques dans certaines zones rurales.
Il est à noter une particularité calédonienne n’existant pas en Le recrutement en Nouvelle-Calédonie de médecins hos-
métropole. Les médecins libéraux, infirmiers, kinésithérapeutes, pitaliers ne pose pas de difficulté majeure, contrairement à la
dentistes ne peuvent pas s’installer librement et sont soumis à situation de grave pénurie que rencontrent les hôpitaux mé-
un principe de conventionnement s’ils souhaitent exercer dans tropolitains. Cette situation peut s’expliquer par le statut très
ce qui est communément appelé la zone régulée, à savoir, Nou- favorable des praticiens hospitaliers territoriaux.
méa, Mont-Dore, Païta et Dumbéa.
L’exercice de leur profession est soumis à l’obtention d’un conven- 4.3.1.4 Un manque d’ouverture aux médecins des pays
tionnement fixant leur secteur d’exercice délivré par la CAFAT en lien voisins
avec la DASS de la Nouvelle-Calédonie, les différents financeurs et Il est regrettable que les médecins australiens ne puissent ve-
qui s’appuie sur certains critères, dont le besoin de professionnels de nir exercer en Nouvelle-Calédonie du fait de la réglementation
telle ou telle spécialité dans la zone considérée. Cette obligation de actuellement en vigueur. Cette situation est d’autant plus para-
conventionnement n’existe pas ailleurs sur le territoire en dehors de doxale que de très nombreuses évacuations sanitaires ont pour
la zone régulée. Son objectif, fixé dans le premier plan de maîtrise destination les hôpitaux australiens, et qu’il paraît pour le moins
des dépenses de santé de 1994, est de favoriser une installation de incompréhensible que ces médecins soient suffisamment per-
ces professions sur l’ensemble du territoire en évitant une concen- formants pour prendre en charge les malades Calédoniens dans
tration sur l’agglomération de Nouméa. Les quelques données leurs hôpitaux mais insuffisamment formés pour exercer libre-
statistiques données ci-dessus démontrent que cet objectif est loin ment en Nouvelle-Calédonie.
d’avoir été atteint. Le constat d’une densité médicale calédonienne Ce paradoxe est directement lié à l’exigence de bilatéralité
plus faible que la densité métropolitaine peut donc être posé. dans la reconnaissance des diplômes entre Etats. La France et

38
INFIRMIERS LIBéRAUX
nombre par habitant en 2008

Source : DASS NC 2008, ISEE RP 2004


l’Australie n’ont pas conclu de convention de reconnaissance formations des professions sanitaires et sociales. Le nombre d’in-
mutuelle de leurs diplômes médicaux. Les médecins exerçant firmiers formés annuellement, qui est au mieux des promotions
en Nouvelle-Calédonie, mais comme rappelé plus haut, tous de 30 diplômés par an, apparaît comme beaucoup trop faible
formés en métropole, s’opposent donc au fait que la Nouvelle- par rapport aux besoins recensés, d’autant plus que tous ne res-
Calédonie, compétente en matière de santé mais non pas en tent pas sur le territoire.
matière de délivrance de diplôme universitaire, accepte le prin- On constate que l’exercice de la profession d’infirmier est très
cipe de la reconnaissance du diplôme australien. différent selon le lieu d’exercice : un infirmier travaillant au CHT
Gaston Bourret de Nouméa ne rencontre pas les mêmes difficul-
4.3.2 La formation des professionnels de santé tés qu’un infirmier travaillant dans un dispensaire provincial, et
4.3.2.1 Les professionnels de la santé sont formés tous deux ne doivent pas faire face aux mêmes responsabilités.
essentiellement en métropole Il en va de même pour un infirmier libéral travaillant dans le sec-
Les professionnels médicaux et para-médicaux ont été, dans leur teur de Nouméa et un infirmier libéral travaillant en brousse. Il a
très grande majorité, formés dans les universités métropolitaines été jugé regrettable que les infirmiers de brousse n’aient pas la
– actuellement, seule la première année de médecine peut être compétence de prescrire des soins, ce qui dans certains cas se
effectuée à l’Université de la Nouvelle-Calédonie-. Ils arrivent sur révèlerait utile compte tenu de l’isolement géographique.
le territoire après avoir exercé leurs professions respectives dans
l’environnement métropolitain. Ils dispensent donc une méde- 4.3.2.3 Une approche de la spécificité culturelle encore
cine telle qu’elle est enseignée en métropole. marginale
Le constat de très bonne qualité des professionnels de la santé Toutefois, cette formation métropolitaine a des effets induits qui
dans leur ensemble, exerçant sur le territoire, a pu être posé. peuvent être regrettables car elle ne prend pas toujours suffi-
samment en compte les réalités calédoniennes et notamment la
4.3.2.2 Infirmiers : une formation et un diplôme perception de la maladie dans les cultures océaniennes. La pro-
territoriaux, mais des conditions d’exercice plus ou moins fession d’infirmier n’échappe pas à ce fait, bien que l’adaptation
difficiles selon le lieu d’exercice à la spécificité culturelle soit en cours d’étude dans la formation
Une formation existe sur le territoire, dispensée par l’institut des à cette spécialité.

039
39
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

4.3.3 Une prise en compte insuffisante de la médecine qu’une complémentarité entre médecine officielle et médecine
traditionnelle dans la formation traditionnelle permettrait, si elle était bien comprise et assu-
La trop faible place faite à l’approche culturelle de la maladie par mée par les médecins européens et les soignants mélanésiens,
les professions médicales est aussi liée à la trop faible place lais- d’aboutir à une meilleure et plus rapide prise en charge des ma-
sée à la médecine traditionnelle pratiquée encore de nos jours lades. La situation actuelle conduit à une prise en charge très
dans les tribus de l’intérieur et des îles. Il est constaté que cette tardive, pour ne pas dire trop tardive, d’un certain nombre de
médecine traditionnelle est méconnue voire méprisée par le personnes arrivant dans les structures de soins officielles dans un
corps médical. Ce constat paraît tout a fait dommageable alors état de santé très dégradé, sans réelle chance d’amélioration.

5. Le logement
Le logement, tout comme l’emploi, est l’un des facteurs majeurs démontrent bien le déséquilibre quant à la qualité des
pouvant conduire à l’exclusion lorsqu’on ne peut y accéder. Le logements entre les différentes régions de Nouvelle-Calédonie.
logement a toujours été considéré comme une priorité mais les La première carte fait ressortir que c’est sur la côte Est et
moyens affectés étaient faibles. Aujourd’hui, devant l’urgence, dans les îles que subsiste le plus grand nombre de maisons
des moyens conséquents sont consacrés au logement social. traditionnelles de type « cases » et de logements provisoires
Bien que les provinces aient la compétence logement, elles n’ont de type « cabane ». Toutes les populations ne sont donc pas
pas pour autant la maîtrise de toutes ses composantes, ce qui « logées à la même enseigne » pour leur habitation. L’habi-
rend nécessaire une meilleure cohérence des interventions des tat de la côte Est se rapproche plus de celui d’un pays en
collectivités publiques de Nouvelle-Calédonie en la matière. voie de développement
alors que la côte Ouest
5.1 D
 es inégalités régionales sur le niveau offrirait une qualité
de confort des logements d’habitation proche
Avant d’aborder le logement social, quelques indicateurs sur de celle des pays déve-
le logement en Nouvelle-Calédonie. Les trois cartes suivantes loppés.

nouvelle-calédonie
typologie des logements
en 2004
Source : ISEE RP 2004

40
type de logement
localisation des constructions dites provisoires en 2004
Remarque : dans le Grand Nouméa, les squats sont inclus dans cette typologie.
Pour le reste du territoire, cette classification est liée au matériau utilisé pour la construction (tôle)

Source : ISEE, RP 2004

Cette seconde carte précise la présence des logements pro- Cannes (source IEOM). Certaines populations n’ont donc pas
visoires et fait apparaître là encore des déséquilibres entre les les moyens d’accéder à un logement décent et se replient sur
différentes régions. C’est à nouveau principalement sur la côte ce type de logement.
Est que l’on trouve cet habitat, mais aussi dans l’agglomération En brousse, la faiblesse des ressources des ménages doit aussi
de Nouméa. Les motifs à l’origine de ces constructions précaires être un facteur explicatif.
sont a priori différents dans ces deux régions.
Dans l’agglomération, on peut évoquer deux motifs : La troisième carte, qui suit, souligne bien les inégalités en terme
l l ’accroissement démographique est tel que le rythme de de confort. La différence est nette entre la province Sud et les
nouvelles constructions n’arrive pas à répondre à la de- deux autres provinces bien que des efforts soient faits, comme
mande. Cela doit rester vrai au-delà de 2004, même si le en province Nord par exemple où un programme d’assainisse-
nombre de logements sur le grand Nouméa a cru de 4,5% ments individuels a permis de réaliser 1 180 unités fonctionnelles
(source IEOM) ; sur l’ensemble des 17 communes. Ce manque d’équipements de
l l es loyers ont énormément augmenté entre 2001 et 2006 confort peut avoir des répercussions importantes sur l’hygiène
(+45%) et situent Nouméa parmi les villes françaises les plus et donc sur la santé. Il peut également être facteur d’inégalité
chères avec un prix de location au m² équivalent à la ville de scolaire pour les enfants.

41
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

nouvelle-calédonie
absence d’installations sanitaires
dans les logements en 2004
Source : ISEE RP 2004

A la lecture rapide de ces trois cartes, on comprend tout de l FCH. Filiale du FSH créée fin 2003, le Fonds Calédonien de l’Ha-
suite l’importance du développement du logement social com- bitat assure la promotion, la gestion et l’entretien du parc locatif
me facteur d’intégration. Le logement social offre un niveau de du FSH, ainsi que la construction de logements sociaux.
confort, et un niveau de prix qui peut permettre au plus grand l SI
 C. Créée le 28 juillet 1988, la Société Immobilière de Nou-

nombre d’accéder à un logement décent et donc de pouvoir velle-Calédonie a pour principal domaine d’activité la gestion
disposer des mêmes chances que les autres. immobilière. Ses activités consistent en la construction de loge-
ments locatifs et en accession à la propriété, ainsi que de locaux
5.2 Le logement social commerciaux, mais aussi en aménagement et gestion locative.
En préalable, quelques définitions : lS ECAL. Créée le 9 juillet 1971, la Société d’Équipement de la

Les aides à l'habitat social recouvrent : Nouvelle-Calédonie a pour principal domaine d’activité l’amé-
l l es aides publiques apportées aux opérateurs spécialisés gérant nagement (aménagement et développement, aménagement
un parc de logement social (SIC, FSH, etc.). Ces opérateurs doiv- urbain périphérique, construction de logements, aménagement
ent, en contrepartie de ces aides, respecter des règles relatives à et restructuration du tissu urbain existant, et réalisation d’équi-
la surface et au confort des logements qu’ils louent, et relatives au pements de superstructures). Ses autres activités consistent en
niveau des loyers demandés aux familles bénéficiaires ; des études urbaines générales et d’autres aménagements.
l l ’aide à l’accession à la propriété ou à l’amélioration de l’habitat : Uniquement en province Sud :
différents régimes peuvent aider les familles à acquérir ou à l SEMAGGLO. Créée le 5 décembre 2003, la Société d’Économie

améliorer un logement (prêt bonifié voire à taux zéro, subven- Mixte de l’Agglomération a pour principales activités l’immobi-
tion, garantie bancaire) ; lier, la production et la gestion d’un parc de logements locatifs
l l ’aide personnelle au logement, qui peut être accordée aux aidés et très aidés sur le Grand Nouméa.
familles sous conditions de ressources, et qui peut porter soit l ADHS2. L’Agence de Développement de l’Habitat Social est une

sur les locations du secteur privé, soit sur le logement social. structure centrée sur la rénovation et l’extension de l’habitat existant
La liste des opérateurs du logement en Nouvelle-Calédonie sur toute la province Sud, avec un objectif de 70 opérations par an.
(données ISEE) Uniquement en province Nord :
l FSH. Créé le 17 décembre 1964 à l’initiative des organisations lT EASOA. L’association Renouveau TEASOA est une structure as-

syndicales représentant les salariés et de la Fédération Patrona- sociative rassemblant les communes de la province Nord, dont
le représentant les entreprises, le Fonds Social de l’Habitat aide l’activité est répartie entre l’aide subventionnelle et technique à
à l’accession sociale des salariés. Il gère un parc de logements l’habitat, la construction de logements sociaux destinés aux per-
financé par la défiscalisation. sonnes âgées ou handicapées, et l’accession aidée à la propriété.

42
5.2.1 Des demandeurs de logement social avec des revenus bas En province Sud : la province distingue trois catégories de loge-
Au 1er mai 2008, le SMG (salaire minimum garanti) est de 123 541 ments suivant le niveau de loyers :
FCFP, le SMAG (salaire minimum agricole garanti) de 105 010 FCFP. Niveau de loyers variable suivant Niveau de revenu
Catégorie de logement
Face au constat de la faiblesse des ressources de la plupart des taille du logement du F1 au F5 plafond du ménage
demandeurs, les opérateurs sociaux essaient de mettre en place Locatif très aidé (LTA) de 19 100 à 53 700 1,3 SMG

des tarifs abordables pour le revenu des ménages. Locatif aidé (LA) de 31 000 à 87 000 2,6SMG
Par exemple, en province Sud, la Société Immobilière de Nou- Locatif aidé de transition (LAT) de 45 700 à 116 000 3,6SMG
velle-Calédonie détermine 3 niveaux de loyer : Seuls les locatifs aidés et très aidés bénéficient d’une aide à la
l Logement très aidé : 40 000 FCFP pour un F3 ; pierre ; les locatifs aidés de transition (LAT) qui sont inclus dans
l Logement aidé : 65 000 FCFP pour un F3 ; les programmes de logements sociaux bénéficient de l’exo-
l Logement aidé de transition : 80 000 FCFP pour un F3 (30 % du nération de TSS en raison de leur participation à la mixité des
montant des revenus). opérations sociales.
(Le reste du parc, soit 50 %, étant privé) En province des îles Loyauté : il n’y a pas de logements locatifs
42,2% de la totalité des ménages recensés à la Maison de l’Habi- sociaux.
tat sont endettés (rapport semestriel 2008 Maison de l’Habitat). Ces données montrent que le niveau des loyers pratiqués, dont
Les revenus des demandeurs sur l’année 2007 les montants sont pourtant déjà faibles en raison des subven-
(note de conjoncture 2007 de la Maison de l’Habitat, pour la province Sud) tions accordées aux bailleurs, ne permettent pas aux ménages à
0 à 1 SMG 1 à 1,5 SMG 1,5 à 2 SMG 2 à 2,5 SMG 2,5 à 3 SMG 3 à 3,5 SMG 3,5 SMG et + TOTAL
très faibles revenus d’accéder à ces logements.
Les collectivités ont alors la possibilité :
Location 1501 869 431 238 108 51 49 3247
l soit d’augmenter l’aide à la pierre pour dimi-
Location & accession 229 507 372 263 141 88 86 1686
nuer le niveau de loyer mais cette solution a
Accession 92 253 271 212 156 99 91 1174
pour inconvénient de réduire la production de
Rénovation 43 16 10 8 4 1 1 83
nouveaux logements, à enveloppe constante du
Construction sur terrain 18 12 6 5 2 1 0 44
contrat de développement ;
TOTAL 1883 1657 1090 726 411 240 227 6234 l soit de créer une aide à la personne (appelée

Les revenus les plus faibles (< à 1.5 SMG) constituent 50% des deman- aide au logement) variable suivant les revenus du bénéficiaire.
des totales (soit 3 106 demandes) auprès de la Maison de l’Habitat. C’est cette dernière solution qui a été retenue en avril 2007.
Le tableau suivant montre que le potentiel de personnes Mais la répartition entre l’aide à la pierre (compétence provin-
susceptibles de prétendre à un logement social est important ciale) et l’aide à la personne (compétence Nouvelle-Calédonie)
puisque près de 60% des ménages du Grand Nouméa ont des devra être analysée régulièrement. Il s’agit là d’un élément fon-
revenus inférieurs à 3 SMG. Comme la moitié seulement des damental de la politique du logement social.
habitants de l’agglomération sont propriétaires, 30% de la popu-
lation de l’agglomération relève du secteur du locatif aux loyers 5.2.2.2 Une réelle avancée avec la mise en place de l’aide
sociaux, parc public ou privé. Ce taux est à calculer par commu- au logement
nes : pour Nouméa il se monte par exemple à 33%. Un dispositif récent, créé en 2007
Ce raisonnement doit être affiné en introduisant la compo- L’aide au logement a été créée par la Nouvelle-Calédonie par
sition familiale et le surpeuplement existant aussi dans le parc une loi du pays (n°2007-4 du 13 avril 2007) et une délibération
privé (la décohabitation ira vers le secteur locatif ). Il donne ce- du congrès (n°286 du 18 avril 2007). Cette aide vient compléter
pendant une tendance proche de la réalité, d’autant plus que l’aide à la pierre accordée au secteur locatif. Elle est destinée aux
les références sont anciennes et l’augmentation des populations familles logées soit par les bailleurs sociaux institutionnels, soit
des squats renforce ce pourcentage. dans le parc privé dont les loyers sont compatibles avec ceux
% des ménages ayant des revenus % de propriétaires dans les logements
fixés par la délibération du congrès.
inférieurs à 3SMG occupés Un financement tripartite
(enquête «ménages-logements 2002») (recensement population 2004)
Le financement du dispositif est assuré à raison d’un tiers par la
Dumbéa 64,5% 69,4% Nouvelle-Calédonie, un tiers par le FSH et un tiers réparti entre
Mont-Dore 58,1% 70,2% les trois provinces proportionnellement au ratio de population
Nouméa 57,1% 42,9% issu du dernier recensement.
Une aide réelle pour les familles et un nombre
Païta 80,9% 60,2%
de bénéficiaires en augmentation constante
Grand Nouméa 59,7% 51,0% Cette aide, revue annuellement pour chaque bénéficiaire per-
met ainsi de pouvoir loger des familles qui en étaient exclues
5.2.2 Des loyers peu élevés, mais encore difficiles d’accès jusqu’à maintenant. Mais il est encore prématuré d’en dresser
pour certaines populations la portée.
5.2.2.1 Fixation du niveau des loyers : une compétence 2 400 ménages ont bénéficié de ce dispositif en 2007;
provinciale 4 000 ménages devraient en bénéficier en 2010 pour un coût de
Ce sont les provinces qui définissent par délibération les niveaux l’ordre de 1 milliard FCFP.
de loyer. Cette aide contribue à la solvabilité du ménage. En moyenne,
En province Nord : les loyers s’échelonnent de 43 000F/mois elle s’élève à 24 000F/mois en moyenne.
(F1) à 85 000F/mois (F5). Pour bénéficier d’un logement, le niveau de Les bénéficiaires de cette aide sont essentiellement concentrés
revenu du demandeur doit être supérieur à 1 SMG et inférieur à un sur le Grand Nouméa, car c’est là où la demande de logement est
revenu correspondant à un taux d’effort supérieur ou égal à 20%. la plus forte et que les loyers sont les plus élevés.

43
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

nouvelle-calédonie
aide au logement : FOND social de l’habitat (f.s.h.)
en 2007/2008
Source : F.S.H 2007/2008

5.3 L es constats sur l’existant en matière lun enchevêtrement de lotissements sans aucune cohérence
de logement social entre eux ;
5.3.1 Des implantations géographiques compliquées ld  es réseaux routiers non structurés où parfois le transport en

5.3.1.1 Des implantations en zone urbaine commun ne trouve pas sa place ;


face à des difficultés ld  es non-intégrations dans l’environnement où le « chacun

Des contraintes de coût et d’acceptation sociale pour soi » est mis en exergue ;
Des choix des modes d’urbanisation définis par les collectivi- lu  ne implantation parfois incohérente des zones d’habitat du

tés dépendent les modes de vie des populations. La tendance fait d’un manque de concertation entre les promoteurs privés
maintes fois constatée, ici et ailleurs, est de voir les opérations et les collectivités , ce qui induit des coûts supplémentaires
de construction de logements sociaux se faire en périphérie des pour la collectivité en phase d’exploitation (amenées des ré-
zones déjà urbanisées en raison : seaux, ordures ménagères, ramassage scolaire, équipements
l du moindre coût du foncier ; collectifs etc.) . Il est cependant à noter que les modes de
ld ’une absence de voisinage souvent hostile à ce type d’opé- concertation s’améliorent aujourd’hui ;
ration. l l a difficulté pour les collectivités d’anticiper le développement

Ces opérations ainsi réalisées génèrent en elles-mêmes le phé- urbain.


nomène d’exclusion : sentiment de mise à l’écart, éloignement En définitive, l’intégration de telles opérations et de leurs habi-
des services, éloignement de l’emploi, difficultés du transport, tants dans leur environnement se fait avec de grandes difficultés,
etc. et doit être supportée, non pas par le lotisseur, mais par la col-
Des implantations parfois anarchiques et inadaptées à leur lectivité qui la subit.
environnement qui nuisent aux conditions de vie des habi- Des insuffisances auxquelles il faut remédier : des objectifs de
tants production ont été fixés…
Par ailleurs l’absence de maîtrise publique conduit à : Les collectivités doivent donc se doter de moyens à la hauteur

44
des enjeux. Une série de propositions a déjà été formulée en différente ou mieux situé.
2007 par le suivi des Etats Généraux du Logement Social auprès A ces demandes, il faut rajouter celles urgentes qui concernent
du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Pour la première des personnes qui se retrouvent en squat, hébergées en familles
fois, l’élaboration des contrats de développement et du contrat ou chez des amis, en foyer, hôtel, ou SDF (soit 3 245 personnes)
d’agglomération 2006-2010 a fait l’objet d’une analyse conjoin- 68,8% (soit 2 233 personnes) des demandes urgentes ont des
te des objectifs de chacun d’eux : les objectifs de production de revenus inférieurs à 1,5 SMG.
5000 logements sociaux dans le contrat de développement et La réalité des besoins serait donc estimée à plus de 10 000
de programmation des équipements d’accompagnement ont demandes.
tenté de correspondre à ceux du contrat d’agglomération pour Du 1er janvier au 31 mai 2008, soit cinq mois, la Maison de
les équipements nécessaires. En effet, il a été noté qu’il faudrait l’Habitat a reçu 8 580 personnes soit une moyenne de 95
investir environ 2 millions de FCFP par logement nouveau pour personnes par jour, et 10 personnes en moyenne par jour
réaliser les équipements communaux d’accompagnement de plus par rapport à 2007. Selon le rapport technique se-
(école, terrains de sports, maisons de quartier, etc.). Les résul- mestriel de la Maison de l’Habitat arrêté en juin 2008, sur
tats inscrits dans le contrat d’agglomération n’ont pas été à la 6234 demandes en instance à cette date (tous types de de-
hauteur des besoins, ce qui peut expliquer le décalage entre mandes confondues), 46,5 % ont été déposées avant 2005
la réalisation de logements et celle des équipements commu- ou en 2005.
naux, ce qui rend encore plus délicate l’insertion des ménages
dans leur quartier. 5.3.2.2 Une demande concentrée sur le Grand Nouméa
…mais des retards existent : la mise au point d’un Pro- du fait de son attractivité
gramme Local de l’Habitat (PLH) servant à identifier dans L’emploi et la scolarité sont les deux premiers facteurs d’at-
l’agglomération les zones d’implantation de logements so- tractivité de l’agglomération nouméenne. Vient ensuite le
ciaux afin d’en déduire les équipements d’accompagnement rapprochement des services de santé. Les populations vien-
correspondants n’a pas fait l’objet d’une actualisation depuis nent aussi bien des deux autres provinces que de l’extérieur de
2005, année de son approbation. Les conséquences de cette la Nouvelle-Calédonie, comme les Wallisiens en particulier.
non-programmation sont supportées par l’administré en Pôle d’emploi par excellence en Nouvelle-Calédonie, Nouméa
bout de chaîne et créent des tensions entre les partenaires collecte la plupart des demandes en logement social en pro-
techniques et politiques. vince Sud (68,6%), suivie du reste de l’agglomération (20%).

5.3.1.2 Des implantations en zones rurales face à d’autres Provinces Demandes reçues en 2007 Demandes reçues en 2008
difficultés
Les contraintes de disponibilité des terrains et d’insertion sont Provinces Iles et Nord 88 67
beaucoup moins fortes qu’en zone urbaine parce que les pro-
grammes sont aussi moins nombreux et de taille plus modeste. Province Sud 7031 6167
Mais l’absence de plan d’urbanisme reste problématique, car le
choix du site d’implantation est plus délicat. (Données rapport juin 2008 Maison de l’Habitat)

L’autre difficulté est l’impossibilité de réaliser des programmes


sur des terres coutumières , ce qui ne favorise pas l’intégration 5.3.2.3 Une demande en émergence sur VKP
et l’insertion de l’ensemble des populations dans les plans de Sur la zone VKP, certains indicateurs comme l’inflation des prix
développement. du foncier montrent l’attractivité de cette zone d’emploi. La mi-
gration des populations sur VKP se fait davantage au sein de la
5.3.2 Un déficit flagrant de logements sociaux province Nord. Or le logement social est encore peu développé
Malgré les efforts soutenus dans la construction des logements sur VKP, et on y voit apparaître les premiers squats.
sociaux, l’offre reste insuffisante en Nouvelle-calédonie face à la
demande croissante des ménages. 5.3.2.4 Le F3 : grand favori des demandeurs
La taille moyenne des ménages est de 3 à 4 personnes. Ces fa-
5.3.2.1 Une demande forte… milles mobilisent un certain type de logement : F3 (38 % des
L’analyse ne porte que sur la province Sud qui seule dis- demandeurs) et F4 (29 % des demandeurs), suivis ensuite du F1
pose de moyens de connaissance de la demande ; en effet, (17 %). Cette dernière catégorie reflète une évolution marquée
la province Sud a créé un outil de mesure avec le Centre des habitudes familiales. (cf. § 5.6.2)
d’Information Logement en 1995, transformé en « Maison
de l’habitat » en 2006 afin d’avoir un guichet unique de 5.3.2.5 En réponse : une forte hausse de l’offre de
la demande. Les chiffres fournis par la Maison de l’habitat logement social, plus forte en province Sud
montrent que, malgré l’accroissement de la production de Les chiffres ci-après sont actualisés à la fin 2007.
logements constaté à partir de 2004, le nombre de deman- Le terme « conventionnement » utilisé dans les tableaux
deurs de logements ne cesse de croître à hauteur de 5% ci-dessous désigne l’engagement de l’opérateur social à réa-
par an, soit environ 300 demandes supplémentaires par an, liser une opération déterminée avec l’apport financier de la
sur l’agglomération nouméenne. Il s’élève à 7 180 deman- province. Un délai de 2 à 3 ans s’écoule entre le convention-
des au 3e trimestre 2008 dont 75% sont des demandeurs à nement et la livraison. La reconstruction de près d’un millier
la recherche d’un logement et 25% sont des demandeurs de logements après le passage du cyclone Erica est prise en
souhaitant changer de type de logement, soit pour de compte dans les tableaux ci-dessous mais n’entre pas dans les
l’accession à la propriété soit pour un logement de taille analyses de production.

45
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

La production de logements sociaux par province est la suivante :


Province Sud
Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Conventionnement 310 105 182 176 758 522 663 934 734 650 650
Locatif
Livraison 131 286 205 55 195 324 683 513 518 881 850

Conventionnement 110 108 77 78 83 41 55 188 300 350 350


Accession
Livraison 85 130 97 99 110 178 113 114 222 250 350

Conventionnement - - - 434 - - - - - - -
Erica
Livraison - - - - 168 236 30 - - - -

Conventionnement 69 69 57 37 56 80 38 70 80 90 90
Réhabilitation
Livraison 49 79 66 45 32 43 66 99 70 80 90

Total conventionnement logements neufs 420 213 259 688 841 563 718 1122 1034 1000 1000

Total livraison logements neufs hors Erica 216 416 302 127 441 638 796 627 740 1131 1200

Au-delà de ces logements sociaux, c’est un total de 20 000 logements qui sont programmés pour les 20 ans à venir, ce qui devrait
représenter 60 000 à 80 000 nouveaux habitants. Une bonne part (peut être près de 60%) relèvera du logement social.

Province Nord
Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
locatif Livraison 11 7 20 32 22 0 0 0 67 67 67
accession et amelioration Livraison 62 134 149 215 251 192 137 70 250 250 250
Erica & Tremolite Livraison - - - 101 373 310 - - - - -
Total livraison logements 73 141 169 348 646 502 137 70 317 317 317

Province des îles Loyauté


Le contrat de développement prévoit la réalisation de 50 logements par an en accession à la propriété
Le nombre de logements locatifs augmente sensiblement sur la Grande-Terre mais tout particulièrement en province Sud où la
demande est la plus forte. Cependant, même avec un programme de 1000 logements livrés tous les ans dès cette année, cela ne
sera pas suffisant pour répondre à la demande.

5.3.2.6 Une offre privée plus restreinte rantie, prévue dans l’accord de Nouméa, fait partie intégrante de ce
Le secteur privé participe également au logement des familles dispositif. Des propositions devraient être remises à la fin 2008.
à revenus modestes. C’est ainsi que 340 familles, logées dans le En terre de droit commun, une frange de population qui ne bé-
parc privé, ont bénéficié de l’aide au logement en 2007. L’offre néficie pas des aides publiques en raison de revenus supérieurs
privée n’a pas vocation à se substituer à l’offre sociale, mais elle le aux plafonds dits sociaux, rencontre de plus en plus de difficultés
fait de fait par manque de logements sociaux. Ce sont les studios pour trouver à se loger. Cette tendance devrait s’accroître en rai-
qui sont les plus utilisés du fait de loyers plus accessibles et qui son de la hausse des taux d’intérêt des prêts immobiliers et de la
connaissent alors une suroccupation. réduction de la production de logements intermédiaires après la
modification de la loi Girardin. La mise en œuvre d’un prêt à taux
5.3.2.7 L’accession à la propriété : des aides différentes zéro a été souvent évoquée. Une proposition a été faite dans le
selon la province et le statut des terres cadre du suivi des EGLS en 2007.
Les trois provinces accordent des aides aux propriétaires occu- Malgré tous les efforts réalisés actuellement, l’offre de loge-
pants suivant des modalités différentes. Ces aides sont mobilisées ments sociaux est encore insuffisante.
en terre de droit commun et en terre coutumière.
Elles s’adressent à des familles à très faibles revenus voire sans 5.3.3 Les conséquences du manque de logement social
ressources. Elles revêtent la forme de subventions ou d’avances 5.3.3.1 Une suroccupation des logements
remboursables sur de longues périodes. Autre indicateur d’une mauvaise corrélation entre l’offre et la
En terre coutumière, ce mode opératoire aboutit à ne pouvoir fi- demande, la suroccupation des logements est un phénomène
nancer que des logements sociaux, les banques refusant d’octroyer préoccupant.
des prêts aux salariés en raison de l’impossibilité d’hypothéquer le En 2002, 7300 logements sont touchés par ce phénomène de
bien. Ceci conduit à ne pas pouvoir assurer de mixité sociale en terre précarité soit 50 % d’augmentation depuis 1996. Dans son parc
coutumière. Les conséquences se font fortement sentir dans les îles. immobilier, la SIC estime à 15 % la part des logements suroccu-
Une réflexion a été menée en 2007 et 2008 par un groupe de travail pés dans l’ensemble de son parc.
constitué par le conseil d’administration de l’ADRAF afin de faire des Ce phénomène est très préoccupant dans le Grand Nouméa,
propositions pour permettre le financement par les banques com- notamment dans les logements privés, où aucun contrôle n’est
merciales de logements destinés à des familles dont les revenus les réalisé et où l’équipement sanitaire des logements ne corres-
situent hors du domaine social ; la constitution d’un fonds de ga- pond pas au nombre d’occupants.

46
nouvelle-calédonie
nombre de logements sociaux
en accession livrés en 2008, 2009 et 2010

La suroccupation entraîne une dégradation accélérée des équi- En Nouvelle-Calédonie, il n’existe pas de dispositif d’aide pour
pements privés et collectifs. rénover les habitations en location du secteur privé.
La salubrité est un domaine complexe régi par un règlement
5.3.3.2 Des logements locatifs privés souvent anciens trop ancien (1967). Les normes d’habitabilité diffèrent entre les
et dégradés… trois provinces.
La dégradation des logements est très préoccupante no- Une réflexion a été engagée dans le cadre des Etats Généraux
tamment sur Nouméa, et elle est à lier également à leur du Logement Social (E.G.L.S.) et une proposition d’intervention
suroccupation. dans ce domaine a été formulée : elle consiste à instaurer un
Une étude visant à inventorier les immeubles collectifs avait été dispositif d’aide aux bailleurs privés afin de remettre leur bâti-
lancée dans la ville de Nouméa en 2002. 252 immeubles (soit ment aux normes de sécurité, d’hygiène et d’accessibilité aux
2000 à 2500 logements de type F1 et F2), construits dans les handicapés. En contrepartie de l’aide publique, le bailleur privé
années 60 et 70, sont actuellement en phase de dégradation. s’engagerait à louer le logement ainsi aidé à des familles à revenu
Ces logements, souvent non conventionnés, car au dessus des modeste dans des conditions définies par une réglementation.
grilles des loyers sociaux, ne peuvent prétendre à une attribution Le dispositif pourrait être financé par une taxe sur les loyers, à
d’aide au logement. Les provinces Nord et Sud ont donc délibé- créer. Ces propositions n’ont pas fait l’objet d’arbitrage. Elles pré-
ré pour définir les conditions minimales de décence auxquelles sentent l’intérêt de maintenir les familles dans un tissu urbain
doivent répondre les logements afin d’éviter les « marchands existant ou de permettre de mobiliser plus le secteur privé en
de sommeil ». complément des opérateurs institutionnels.

47
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

5.3.3.3 Un nombre de squats en légère diminution 5.4.3 Des politiques différentes selon les provinces
Cette demande non satisfaite engendre les situations suivantes : La province Sud oriente son action à près de 75% vers le locatif
Le premier squat à Nouville date de 1984 et depuis leur nombre en raison essentiellement des moyens financiers plus favorables
a cru pour atteindre en 2006, 1755 cabanes logeant 1 961 fa- vers ce secteur et des capacités des bailleurs à entretenir le pa-
milles, soit 9 000 personnes. L’étude menée en 2008 montre une trimoine construit.
légère baisse de ces données avec 1 553 cabanes, 1 860 familles Les provinces Nord et îles Loyauté ont axé leurs actions sur l’ac-
et 8 148 personnes. Cette baisse peut être due à l’amélioration cession à la propriété, plus adaptée à l’habitat diffus. Toutefois
du parc social. Mais il faut rester prudent sur cette tendance qui la province Nord marque une nette orientation vers le locatif,
devra se confirmer dans le temps. notamment en raison de l’industrialisation de la zone VKP.

5.4 U
 n manque de cohérence dans les politi- 5.4.4 Un manque d’outils réglementaires
ques de logement social Il n’existe pas de droit de préemption ou droit de préférence en
5.4.1 Des compétences partagées … Nouvelle-Calédonie.
L’Etat intervient dans l’investissement du logement social : La réglementation ZAC est insuffisante. Fiscalement, les communes
ld  irectement au travers des contrats de développement (50% ne disposent d’aucune ressource, comme par exemple une taxe sur
en province Sud et 80% en provinces Nord et Iles) ; le foncier non bâti. L’atelier 8 « organisation spatiale : occupation du
ld  irectement lorsque le recours à la force publique est sollicité sol, ruralité et urbanisation » a traité ce sujet plus longuement.
en cas d’expulsion ;
l i ndirectement au travers de la loi Girardin dans des proportions 5.4.5 Les mesures proposées par les Etats Généraux du
estimées au double de celles du contrat de développement. Logement Social pas toutes suivies d’effets
Il intervient également dans le contrat d’agglomération à hau- Le manque de coordination rend plus difficile leur mise en œuvre.
teur de 40% de son montant notamment pour les équipements Certaines des mesures élaborées par le suivi EGLS n’ont pas abouti,
d’accompagnement du logement social. ou doivent être actualisées, ou réactivées , comme la création d’une
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie intervient : haute autorité du logement (proposition faite en 2005), la création
ld  irectement dans le financement du logement social au tra- du Prêt à Taux Zéro (2006) et la création d’un dispositif d’aides aux
vers de l’exonération de droit d’enregistrement et de TSS ; bailleurs privés logeant des ménages à revenu modeste (2007).
l i ndirectement au travers des principes directeurs de l’urbanis-

me, de la fiscalité (création de taxes affectées), de la protection 5.5 Le financement du logement social
sociale (aide au logement). 5.5.1 Des coûts en hausse
Les provinces sont compétentes en matière de logement. A ce 5.5.1.1 Une approche par le montant du loyer
titre, elles interviennent dans le domaine de l’investissement, La première approche est toujours liée à l’aspect financier et non
de l’aide au logement, de l’accompagnement social, des aides pas à la typologie de logement dont les occupants auront besoin.
financières d’urgence. Elles sont également compétentes en On fixe d’abord le loyer que l’on souhaite obtenir. Et ensuite on
matière d’urbanisme pour définir les modalités d’application procède au montage financier en calculant les subventions à mo-
des principes directeurs, pour approuver les plans d’urbanisme biliser. Par exemple, pour financer un logement social dont le loyer
et les ZAC. est de 35 000 FCFP, il faut le subventionner à hauteur de 8 millions
Les communes interviennent dans : FCFP sur un coût total de 14 millions FCFP. Le reste est financé par
l l e domaine de l’urbanisme : conception des plans d’urbanisme, un emprunt Caisse des Dépôts et Consignation à taux réduit.
zones d’aménagement, formes d’urbanisation, autorisation de La loi Girardin relative à la défiscalisation outre-mer permet de
construire ou de lotir. financer les programmes de logements sociaux et correspond à
l l ’accompagnement social notamment, dans l’agglomération un équivalent subvention d’environ 30 % du coût du logement.
au travers des CCAS (centres communaux d’action sociale). 90 % des programmes sont réalisés en défiscalisation.
Les équipements d’accompagnement : infrastructures réseau et
superstructures comme les écoles et les équipements sportifs. 5.5.1.2 S’adapter à la hausse du marché
(pour mémoire, l’équipement d’accompagnement d’un loge- Le problème de financement est conditionné par l’état du
ment coûte 2 millions FCFP à la commune). marché. Les coûts des matériaux, l’acquisition foncière, le taux
d’intérêt et l’évolution des charges salariales peuvent peser sur
5.4.2 …qui complexifient la problématique du logement les coûts de construction d’un logement et sur sa qualité. Le prix
La multiplicité des collectivités intervenant dans ce domaine d’un loyer doit évoluer à taux constant et ne peut pas se calquer
nécessiterait un organe de concertation politique. Une propo- sur les fluctuations du marché, d’où la grande difficulté pour les
sition a été faite en 2005 dans le cadre du suivi des EGLS en vue opérateurs sociaux de trouver un financement viable.
de créer une haute autorité du logement qui réunirait, outre les
collectivités susmentionnées, les partenaires que sont les opéra- 5.5.2 Des engagements financiers qui démontrent
teurs sociaux, les chambres consulaires, les constructeurs, pour une volonté institutionnelle forte
une nécessaire concertation et une meilleure cohérence des
politiques du logement. Pour le moment, cette haute autorité Montants des dotations des contrats de developpement en milliards fcfp
n’a pas été mise en place. Contrats Province Sud Province Nord Province Îles Loyauté
état/provinces
Pourtant, les institutionnels ont pleinement conscience de cd habitat cd habitat cd habitat
l’enjeu du logement social puisque dès 2002, elles avaient insti-
2000-2004 16,1 dont 8,2 17,8 dont 4 8,9 nd
tué les Etats Généraux du Logement Social pour tenter d’établir
2006-2010 16,6 dont 10 18,7 dont 7,1 8,1 dont 1,2
un état des lieux et des actions d’amélioration.

48
Ces montants sont utilisés par les provinces soit sous forme de DILE : Le dispositif d’insertion par le logement et l’emploi
subventions versées aux opérateurs sociaux pour les opérations (DILE) a été créé en 2006 par la province Sud. Il s’agit de la suite
d’aménagement ou les opérations locatives, soit sous forme de de l’accompagnement social. Cette démarche est très personna-
subventions et/ou d’avances remboursables pour les aides indi- lisée. Cette mesure a d’abord fait l’objet d’une expérimentation
viduelles à l’accession à la propriété. menée par la SIC en 2005 -2006 sur l’opération de construction
Ces financements Etat/provinces sont complétés par : de 600 logements au domaine Tuband, à Nouméa.
1. une utilisation maximale de la loi Girardin évaluée à plus Les résultats encourageants de cette opération ont montré que
de 12 milliards ; sur une durée de 7 mois et sur 99 personnes qui s’étaient por-
2. une intervention du FSH de l’ordre de 6 milliards; tées volontaires, 45 personnes avaient été placées en activité
3. des emprunts CDC pour le secteur locatif à hauteur de 35 professionnelle de manière confirmée et 13 autres étaient en
milliards ; voie d’insertion. Il a été décidé, en conséquence, d’étendre ce
4. une intervention sous forme d’exonération fiscale de la mode d’intervention en liaison avec le Service Emploi Formation
Nouvelle-Calédonie de l’ordre de 4,5 milliards (TSS et en- et la Mission Insertion des Jeunes: peuvent ainsi en bénéficier
registrement); les demandeurs d’emploi inscrits en tant que tels, et membres
5. une intervention des banques commerciales pour l’acces- des familles localisées dans des opérations prioritaires de ré-
sion à la propriété d’environ 15 milliards. sorption d’habitat insalubre et devant bénéficier d’une aide au
On retiendra la volonté politique forte affichée dans le pourcen- logement.
tage des sommes dédiées à l’habitat (toutes formes confondues). Ce dispositif constitue donc une mesure contribuant à la sol-
En effet , sur les contrats 2006-2010 : vabilisation des familles et par conséquent à leur maintien dans
l6 2 % de l’enveloppe totale seront consacrés au logement un logement.
en province Sud, avec une participation de l’Etat à hauteur En 2007, 200 personnes ont bénéficié de cet accompagne-
de 50 % ; ment ;
l3 8 % de l’enveloppe totale seront consacrés à l’habitat en pro- 50 % ont un emploi au bout de 6 mois ;
vince Nord, avec une participation de l’Etat à hauteur de 80 %. 25 % mettent plus de temps dans le dispositif mais arrivent par
La province Sud consacre un tiers de son budget d’investisse- trouver également un emploi ;
ment au logement social. 25 % sortent du dispositif.
L’investissement global nécessaire à la réalisation des pro- La province Nord n’a pas de dispositif structuré en raison de la
grammes de logements sociaux prévus dans les contrats de faiblesse de son parc locatif.
développement des trois provinces qui est de l’ordre de 90 mil- Prévention des expulsions : une réflexion est en cours dans
liards pour les cinq années de la période 2006-2010, soit près de le cadre du suivi des EGLS pour établir une charte de préven-
30% du chiffre d’affaire estimé du secteur du BTP. tion des expulsions, en vue de maintenir les familles à revenus
modestes dans leur logement lorsqu’elles rencontrent des diffi-
5.5.3 Mais des menaces potentielles sur les financements cultés passagères.
Plusieurs éléments pourraient modifier, notablement et dans
les années à venir, l’approche du financement du logement 5.6.2 Une nécessaire adaptation des constructions aux
social : caractéristiques et exigences nouvelles de la
1. La hausse des taux d’intérêt des prêts immobiliers entamée population
en 2007 ; L’évolution des modes de vie mène à une exigence accrue en
2. La hausse des coûts de construction, qui est actuellement matière de confort dans le logement et du cadre de vie. A titre
de l’ordre de 6% par an ; d’exemple la majorité du parc SIC n’a pas d’eau chaude mais les
3. La réduction des bénéfices de la loi Girardin. nouveaux programmes incluent cette prestation.
L’objectif est que le logement social se différencie le moins pos-
5.6 L e Logement en tant qu’outil d’intégration sible du logement non social.
sociale Etude d’un modèle océanien : en 2006, une étude était lan-
5.6.1 Mise en place d’un accompagnement social cée pour sélectionner les critères à retenir pour la réalisation de
en province Sud deux types de logement social, l’un basé sur le modèle océanien
La politique volontariste de résorption des zones squattées, la (cuisine et sanitaire à l’extérieur) plus adapté au milieu rural, et
densification des logements en zone urbaine, l’augmentation l’autre sur le modèle européen, correspondant plus aux attentes
significative de la production obligent à analyser les conditions de type urbain. Cette étude a été abandonnée après deux ans, et
dans lesquelles les familles peuvent accéder à ces nouveaux c’est le modèle européen qui a été retenu, le principe de la pièce
logements qui marquent, le plus souvent, une rupture avec l’ha- à l’extérieur étant toutefois conservé.
bitat traditionnel océanien. En Nouvelle-Calédonie, la maison moderne prédomine au détri-
Cette forme de production a amené la province Sud en 2008 ment de la maison traditionnelle. Un exemple marquant est celui
à concevoir des outils d’accompagnement des familles leur de la commune de Poya qui entre 1996 et 2004 enregistre une
apprenant à vivre dans un espace urbain dense et en secteur augmentation de 19 à 84 % des maisons de type moderne.
locatif.
En province Sud, la Maison de l’habitat consacre une attention 5.6.3 Une volonté de veiller à la mixité
particulière à l’accompagnement social des personnes qui en Il s’agit non seulement de veiller à la mixité sociale mais aussi à
éprouvent le besoin, que ce soit pour aider le ménage à rassem- une mixité ethnique.
bler les pièces demandées pour l’accès au logement ou pour Il n’existe pas de règle en la matière, mais simplement des
l’apprentissage dans la gestion d’un budget. orientations. C’est ainsi par exemple que dans les zones d’amé-

49
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

nagement en province Sud, la programmation des logements nouvellement urbain. Le PLH concerne tous les types d’habitat,
suit une répartition de 50% sociaux et 50 % intermédiaires. Par mais vise en particulier l’objectif de mixité sociale en favorisant
ailleurs, dans le programme de construction de logements so- une répartition équilibrée des logements sociaux sur tout le ter-
ciaux, la répartition est également égalitaire entre locatif aidé et ritoire.
très aidé. Enfin il n’y a pas de ratio entre locatif et accession, mais …mais avec difficulté compte tenu de la mauvaise image
ce type de mixité est aussi pris en compte. dont souffre le logement social
Des efforts menés de façon officieuse… Le logement social souffre habituellement d’une mauvaise
La mixité sociale est assez récente et fait partie des mesures des image qui peut amener l’ensemble du lotissement, et le quar-
états généraux du logement social. tier dans lequel il est intégré, à se « ghettoïser ». Le quartier de
Si l’origine communautaire n’est pas demandée par les bailleurs Montravel et la presqu’île de Ducos semblent être atteints par
sociaux, ce qui serait discriminatoire, le choix des ménages ce phénomène. Le manque d’anticipation du projet et l’ab-
bénéficiaires des logements est fait de façon à favoriser une cer- sence d’information en direction des riverains sont à l’origine
taine mixité sociale. de cette mauvaise image du logement social. Les nuisances
Une étude a été lancée sur le Grand Nouméa, en vue de la mise potentielles sont l’une des premières préoccupations, alors
en place de quatre PLH (Programmes locaux d’habitat). Etabli que la création d’un lotissement social peut apporter beau-
pour une période de 6 ans, le PLH fixe des objectifs et arrête les coup au niveau économique par la mise en place de services
actions propres à répondre aux besoins de logements et de re- de proximité.

6. La politique familiale et de solidarité


Une définition :
Une politique familiale est l’ensemble des mesures prises par les 6.1.2 Une structure familiale en évolution
pouvoirs publics en direction des familles : prestations familiales, Elle évolue comme dans toutes les sociétés actuelles, et avec les
mesures fiscales, action sociale à l’échelle du pays. Elle procède mêmes problématiques mais qui, ici, bousculent les traditions :
d’une volonté politique d’inciter au renouvellement des généra- monoparentalité, familles recomposées, suroccupation des lo-
tions, d’améliorer la qualité de vie des familles et de soutenir, au gements avec recomposition de plusieurs cellules familiales au
travers de mesures incitatives, les liens familiaux. Elle nécessite sein d’un même foyer… Le suivi de ces familles élargies consti-
une prise en compte globale des besoins et des attentes des tue une réelle difficulté pour les services sociaux.
familles. Ces mutations doivent être prises en compte dans l’émer-
Il s’agit tout d’abord de pouvoir définir de façon consensuelle gence de la construction d’une politique familiale.
la notion de famille, en tant que cible des politiques à mener. NOUVELLE-CALéDONIE
Evolution du nombre de ménages ordinaires
aux recensements
6.1 La notion de famille
6.1.1 La difficulté de poser les contours de la notion
de famille
Dans un territoire multiculturel comme la Nouvelle-Calédonie,
la notion de famille diffère d’une communauté à l’autre. De
la famille au sens restreint, parents et enfants, qui est plutôt
d’une conception occidentale, on peut passer, dans le monde
océanien, à une notion beaucoup plus large incluant toute la
parenté et même au-delà. Mais le métissage des cultures rend
sans doute la frontière beaucoup plus floue entre les deux ap-
proches.
Selon les réflexions engagées, l’appartenance culturelle est un
facteur essentiel pour la définition de la notion de famille dans
un environnement donné. NOUVELLE CALEDONIE
Toutefois, l’évolution de la société, l’arrivée d’une multitude Structure des ménages ordinaires au recensement de 2004
d’informations en provenance de l’extérieur du territoire, l’in-
dustrialisation, le développement économique avec comme
corollaire une situation de l’emploi florissante, l’exode rural de
la brousse vers l’agglomération de Nouméa sont autant de
facteurs qui semblent devoir réduire la notion de famille telle
qu’elle a été appréhendée longtemps en Nouvelle-Calédonie,
pour la rapprocher de plus en plus d’une notion de famille
plus restrictive qui se résume aux parents, grands-parents et
enfants.
Source : TEC ISEE NC 2007

L’idée du foyer parents-enfants éventuellement élargi aux


grands-parents paraît donc pouvoir être retenue. Cependant,
cet élargissement de deux générations - parents-enfants – à
trois générations a un impact financier et nécessite un choix.

50
6.1.3 Une baisse sensible de la taille moyenne des familles Taille des menages 1996 2004 Var. (%) 96/04
calédoniennes dans les trois provinces
Entre les deux recensements, la taille moyenne des ménages en Province îles Loyauté 5,4 4,5 -0,9
Nouvelle-Calédonie est passée de 3,8 en 1996 à 3,6 en 2004 (soit
Province Nord 4,4 4,0 -0,3
0,2 points en moins). Cette diminution, générale pour l’ensem-
ble du territoire, est particulièrement marquée sur la province Province Sud 3,5 3,4 -0,1
des îles Loyauté.
Cette baisse de la taille moyenne des familles est liée à l’urbanisa- dont Grand Nouméa 3,5 3,4 -0,1

Source : ISEE RP 1996, 2004


tion, ce qui est conforme au modèle actuel des pays développés.
Les grandes familles sont principalement présentes en brousse dont Sud rural 3,7 3,5 -0,2
et surtout sur la côte Est. Cette donnée serait à relier au niveau
Nouvelle-Calédonie 3,8 3,6 -0,2
de revenus vu précédemment (partie I).

nouvelle-calédonie
taille moyenne des ménages
en 2004

Source : ISEE, RP 2004

6.2 La politique familiale en Nouvelle-Caledonie Cette notion, très profondément ancrée, est battue en brè-
6.2.1 La prise en compte du social : une préoccupation che lorsque la société calédonienne, avec l’internationalisation,
récente vit au rythme du monde extérieur et est sujette aux variations
Politique sociale, politique familiale : des idées relativement économiques, à l’influence des médias et à la volonté de tous ses
neuves en Nouvelle-Calédonie membres de profiter des bienfaits d’une modernisation, même
La structuration de la société calédonienne d’origine européenne si celle-ci engendre des effets pervers.
s’est faite au cours de son histoire sur la volonté d’entreprendre La prise en charge des difficultés sociales, au travers d’une po-
et d’assurer son autonomie. Il découle de cette situation un litique publique volontariste et déconnectée de l’assistanat, est
contexte, que certains qualifient de pionnier, d’individualités une idée relativement récente.
responsables de leur destin et qui trouvent en elles-mêmes la Par ailleurs, il n’y a pas eu en Nouvelle-Calédonie de fait
force de surmonter les épreuves de la vie. déclencheur de l’absolue nécessité de mettre sur pied une

51
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

politique familiale. La France, par exemple, pour lutter contre l Les allocations maternité avec un suivi médical obligatoire
l’effondrement de son taux de natalité au lendemain de la se- l Le congé maternité : 16 semaines prises en charge et 20 se-
conde guerre mondiale, a dû initier toute une série de mesures maines à compter du 3e enfant (ces périodes peuvent être plus
permettant d’enrayer ce phénomène. Tel n’a pas été le cas en longues en fonction des accords collectifs et de branche)
Nouvelle-Calédonie. Il en va de même pour la politique sociale Il est à noter que lorsque les salariés sont fonctionnaires d’Etat ou
en métropole qui a du se développer de façon très importante de collectivités, ce sont l’Etat et le gouvernement de la Nouvelle-
pour pallier les conséquences des crises économiques successi- Calédonie qui interviennent respectivement pour le versement
ves à compter du premier choc pétrolier de 1974. de ces prestations.
Une nécessaire prise de conscience des besoins sociaux liés à
l’évolution de la société Nombre de familles bénéficiaires 2004 2005 2006 2007
Au travers des aides publiques provinciales dans un premier
Allocations prénatales 2.448 2.449 2.582 2.535
temps puis gouvernementales dans un second temps, les po-
litiques publiques ont eu comme objectif premier de pallier les Allocations de maternité 2.014 2.005 2.189 2.326
inégalités qui se faisaient jour en dépassant le stade de l’assis- Allocations familiales
tance aux plus démunis, encore appelé assistanat, pour aboutir 28.009 27.985 29.176 30.232
et complément familial
à celui de l’accompagnement individualisé des individus ou des
Allocations de solidarité - 4.813 6.45 7.725
familles.
Chiffres-clés CAFAT 2006 et rapport d’activité CAFAT 2007
Ce long cheminement nécessite un très fort investissement
de la part de la puissance publique au travers d’une réelle prise Provinces :
de conscience de ce phénomène de société. Les mesures d’aide sociale prises par les provinces à destination
de leurs ressortissants concernent, selon les provinces, les per-
6.2.2 Tous les enfants de familles à faibles revenus sonnes et familles à faibles revenus et notamment les familles
sont aujourd’hui concernés par un système de soutien non allocataires CAFAT. Les aides peuvent être des allocations
en Nouvelle-Calédonie… maternité, des allocations de secours en direction des enfants,
Même depuis la mise en place des allocations familiales, cela n’a des secours financiers immédiats et exceptionnels, des aides aux
pas toujours été le cas : précédemment, le système d’allocations personnes âgées, des allocations aux handicapés, des aides aux
familiales, reposant sur les cotisations patronales, était réservé vacances, aux transports scolaires, à l’hébergement…
aux seuls salariés ; puis les allocations familiales de solidarité ont A titre d’exemple, l’allocation mensuelle versée aux personnes
été créées afin que les familles à faibles revenus puissent égale- âgées existe dans les trois provinces, avec des conditions d’accès
ment être aidées. assez semblables, mais des montants différents : allocation dif-
Il existe à présent trois dispositifs sur financements distincts : le férentielle, elle est en octobre 2008 d’un montant maximum de
public pour les fonctionnaires d’Etat et des collectivités, le privé 32 590 FCFP en province Sud, et de 25 000 FCFP en province Nord ;
sur cotisations patronales pour les salariés, et l’impôt pour le sys- elle est de 25 000 FCFP en province des îles Loyauté mais devrait
tème de solidarité. être relevée à 28 000 FCFP à compter de fin octobre 2008.
… mais la politique familiale est encore embryonnaire en Communes :
Nouvelle-Calédonie : Les mesures s’exercent au travers des centres communaux d’ac-
tion sociale. Les mairies peuvent selon leurs décisions participer
6.2.3 L’existant : des inégalités dans les mesures d’aide aux activités périscolaires (soutien, garderie, cantine, loisirs) et à
et dans l’accompagnement des familles la garde des petits enfants (crèches et haltes-garderies)…
6.2.3.1 Des mesures disparates mises en œuvre par Divers fonds d’action sociale
différents acteurs lL  es mesures d’aide sociale prises par les organismes de pro-

Il existe en Nouvelle-Calédonie plusieurs mesures destinées à tection sociale à destination de leurs ressortissants (Fonds
soutenir les familles. Celles-ci sont à l’initiative soit du gouver- d’action sociale de la CAFAT, de la Mutuelle des Fonctionnaires
nement de la Nouvelle-Calédonie, soit des provinces, soit des par exemple).
organismes de protection sociale, CAFAT ou mutuelles. lD  es mesures d’ordre fiscal pour le calcul d’impôts sur le re-

Ces mesures sont essentiellement les suivantes : venu minorés en fonction de la composition des familles
CAFAT : (nombre de parts).
Prestations familles : Si l’ensemble de ces mesures procède bien de la volonté de
l l es allocations familiales et le complément familial versés par la venir soutenir les familles calédoniennes, leur juxtaposition ne
CAFAT à destination des enfants dont les parents sont salariés : paraît pas constituer une véritable politique familiale à l’initiative
en 2007, 52 652 enfants en moyenne mensuelle ont bénéficié des autorités publiques. Sans objectif concerté ni cadre défini à
d’allocations familiales du régime général ; 55% de ces enfants l’échelle du territoire, les collectivités interviennent à la deman-
résident en province Sud (chiffres CAFAT 2007) de et dans l’urgence.
l l es allocations familiales de solidarité, créées par le gouverne-

ment en 2004 à destination des enfants dont les parents sont 6.2.3.2 Un accompagnement social inégal entre les trois
sans travail ou patentés, soit non salariés : en 2005, 10 508 en- provinces
fants en ont bénéficié, en 2006 13 637 enfants et en 2007 15 A la lecture des différents indicateurs mis en avant précédem-
468 enfants, soit une augmentation de 47 % en 2 ans. ment, on constate une émergence des difficultés sociales :
Prestations maternité : alcoolisme, violences, suicides, familles éclatées, etc. Il est donc
l Les
 allocations prénatales avec un suivi médical obligatoire indispensable d’avoir un réseau d’assistantes sociales perfor-
(2 535 carnets maternité délivrés en 2007 – chiffre CAFAT) mant pour accompagner ces populations en difficulté. Même

52
nouvelle-calédonie
Réseau des assistantes sociales
en 2008

Source : DPASS Nord, Sud et Île Loyauté (2008)


s’il n’est pas le seul dispositif d’accompagnement social, c’est système d’aides à la famille, mais pas une véritable politique fa-
souvent celui qui est au plus près de la population. miliale. Les aides sont le résultat d’initiatives prises régulièrement
Cependant, il y a des différences de traitement selon les pro- par les collectivités territoriales, au coup par coup, sans réel fil
vinces. On peut espérer que dans le monde rural, la solidarité conducteur.
familiale joue encore bien son rôle, mais avec l’évolution du Outre le versement d’aides différentes aux personnes, les
monde moderne, il faut s’interroger sur la pérennité de ce sys- inégalités territoriales peuvent provenir des compétences
tème. déléguées aux provinces sur leur demande ; par exemple, la
C’est en province Nord que la densité d’assistantes sociales Nouvelle-Calédonie a délégué les agréments des crèches aux
paraît la plus importante au regard de la population, avec une provinces : or le manque de crèches est criant en province Nord
assistante pour 4 460 habitants. Mais il faut relativiser ce chiffre et sans doute aussi en province Sud.
au regard des distances à parcourir et qui empêchent un accom- De plus, les communes mènent leurs propres actions avec les
pagnement de proximité. En effet, les permanences se font en centres communaux d’action sociale, sans réelle concertation
mairie ou dans les dispensaires, et les visites ne sont organisées avec les provinces dans la décision menant à la mise en œuvre
en tribu qu’en cas d’alerte ou si un accompagnement spécifique des mesures. Cependant, les travailleurs sociaux s’efforcent sur le
d’une famille est en cours. terrain de conjuguer au mieux toutes les aides existantes.
C’est donc en province Sud que la densité est en réalité la
meilleure, et surtout dans le grand Nouméa, où il y a certai- 6.2.4.2 Les mesures mises en œuvre ne sont qu’un reflet
nement plus de familles à accompagner mais où la proximité du système métropolitain
géographique permet d’avoir un suivi plus efficient. La liste des mesures métropolitaines qui sont définies par une
C’est donc un nouveau facteur d’inégalité entre les trois pro- politique générale familiale et de natalité est sans commune me-
vinces. sure avec celle des quatre prestations calédoniennes versées par
la CAFAT, soit : les allocations prénatales, de maternité, familiales
6.2.4 Constats et de solidarité, auxquelles s’ajoute le complément familial.
6.2.4.1 Un partage des compétences qui ne favorise pas
la cohérence ni l’égalité de traitement des citoyens 6.3 Une politique à construire
S’il existe des mesures décidées et mises en œuvre au niveau De l’avis de tous, il est urgent de pouvoir engager une réflexion
territorial, provincial et communal, elles ne s’articulent pas entre approfondie et rapide sur les contours de ce qui devrait être le
elles, et ne répondent pas à des objectifs concertés : il existe un socle d’une politique familiale calédonienne.

53
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

6.3.1 Une politique à créer : réfléchir en amont 6.4 D


 es perspectives encourageantes
et structurer… à court terme
6.3.1.1 La politique familiale,volet de la politique sociale 6.4.1 Des actions ciblées sur l’enfance
Une politique familiale doit avoir comme principal objectif de et le handicap en cours d’élaboration
venir soutenir les familles dans leur action éducative et doit per- 6.4.1.1 L’accueil dans les structures petite enfance devient
mettre l’épanouissement des enfants qui en sont la principale une priorité
cible. Toutes les mesures prises doivent aller dans ce sens en La DASS-NC mène actuellement avec ses partenaires un travail
partant du principe essentiel que les enfants sont l’avenir même sur :
de toute société. l l ’amélioration de l’accueil dans les haltes-garderies et des

Le politique sociale a pour objectif, quant à elle, d’apporter modes de garde des enfants, et la professionnalisation des
l’aide nécessaire qui permettra à chacun de trouver sa place accueillants,
dans la société. Il ne s’agit donc pas pour la politique familiale l la mise en œuvre d’une allocation de garde d’enfants.

de pallier les insuffisances de la politique sociale ou d’autres po- L’objectif final poursuivi est de favoriser le travail des femmes.
litiques publiques. Lorsque les allocations familiales ont été mises en place, elles
l’ont été pour les seuls salariés afin de ne pas créer d’assistanat :
6.3.1.2 Un besoin de réflexion prospective avant de jeter l’emploi était au cœur du dispositif. Si les non-salariés peuvent
les bases d’une politique familiale aujourd’hui également bénéficier de prestations, l’emploi com-
Si l’on rencontre une adhésion à la mise en œuvre d’une po- me outil d’amélioration des conditions de vie reste cependant
litique familiale en Nouvelle-Calédonie, il convient, avant de un objectif majeur : en cette période de plein emploi, il faut fa-
proposer des mesures concrètes, de se mettre d’accord sur ce voriser le travail des femmes.
que doit recouvrir cette politique et à qui elle est destinée. Pour Il s’agit donc de répondre à une demande croissante de struc-
l’instant, une telle réflexion n’a pas abouti. tures d’accueil de la petite enfance et soutenir financièrement les
Il s’agit donc bien de définir les objectifs à poursuivre et cette dé- familles : cherté et manque de places conduisent d’une part un
finition devra, en Nouvelle-Calédonie, s’appuyer sur la sociologie certain nombre de femmes à arrêter de travailler, d’autre part à
de la population et sur sa très grande diversité culturelle. l’émergence de structures non officielles fonctionnant avec du per-
sonnel non qualifié, ceci au détriment d’un bon suivi des enfants.
6.3.2 …et définir un champ d’application Faire garder ses enfants représente un budget consé-
6.3.2.1 Définir des objectifs quent pour une famille. En effet, il n’existe que peu ou pas
En effet, de la définition des objectifs de résultats affichés d’aides. En province Sud, d’après l’étude réalisée par le ser-
officiellement découleront naturellement les mesures à en- vice enfance famille de la province Sud et l’OPAS sud en
visager. Ces objectifs sont variés et peuvent être les suivants décembre 2007, la moyenne est de 43 768 CFP (temps
par exemple : partiel compris), par enfant et par mois. Les tarifs proposés
l f avoriser la natalité : il n’y a pas de problème démographique généralement sont, à plus de 40%, entre 40 000 et 50 000
majeur en Nouvelle-Calédonie, bien que le taux de natalité soit CFP (plus de 40% des foyers représentés dans l’enquête ont
en baisse dans le nord et les îles. Le développement du travail un revenu mensuel de plus de 500 000 CFP ; peu de classes
des femmes en est sans doute une des causes ; intermédiaires sont représentées, car ne bénéficiant d’aucu-
l favoriser l’épanouissement de l’enfant ; ne aide financière).
l mettre en place des conditions favorables à l’accueil de l’enfant

dans les familles ; 6.4.1.2 Le schéma Protection de la jeunesse


l favoriser le travail des femmes au travers de modes de garde et de l’enfance est prévu
performants ; Ce schéma à l’échelle territoriale est en cours d’élaboration de-
l aider les femmes qui veulent s’arrêter de travailler pour s’occu- puis deux ans, et les trois provinces y sont associées.
per de leur enfant ;
l favoriser la garde d’enfants à domicile. 6.4.1.3 Le handicap est maintenant pris en compte
Ces quelques exemples démontrent combien les ambitions Les états généraux du handicap ont ouvert la voie d’une prise
d’une politique familiale peuvent être vastes et peuvent sembler de conscience des difficultés que génère un handicap, et ont
parfois contradictoires. permis de dégager des orientations reprises par le projet de loi
sur la dépendance dont la mise en œuvre des mesures est pré-
6.3.2.2 Cibler le public : un choix de société vue pour le 1er juillet 2009. Si ce projet de loi s’appuie sur la loi
lQ
 uels doivent être les bénéficiaires ? Doit-on prendre en métropolitaine, elle prend cependant en compte les spécificités
compte leurs ressources, ou toutes les familles doivent-elles calédoniennes : la politique qui sera conduite en direction du
en bénéficier, comme en métropole ? Il s’agit d’un choix de public handicapé sera donc différente de celle menée en mé-
société. tropole sous plusieurs aspects.
lQ
 ui veut-on mettre au centre de cette politique ? L’enfant Deux avant-projets de lois du pays sur le handicap, ont été
est souvent au cœur des politiques familiales. Une société votés le 17 décembre 2008 par le congrès. Ils concernent res-
doit investir sur l’enfant pour renouveler les générations, pectivement :
pour avoir suffisamment d’actifs pour le financement des l l ’emploi des personnes en situation de handicap (obligation

retraites par répartition, pour encourager la création de d’embauche à hauteur de 2,5 % de l’effectif par les entreprises
croissance à moyen et long terme. Pour cela, il faut apporter de plus de 20 salariés) ;
un soutien global à la famille, pour faciliter le financement l l ’aide en faveur des personnes handicapées ou en perte

des études par exemple. d’autonomie.

54
nouvelle-calédonie
maisonS de retraite
en 2008

Source : DPASS 2008


L’objectif poursuivi est qu’en dépit de leur handicap, ces person- tent au sein de leur famille.
nes puissent vivre dignement, en les insérant dans la société et Il convient donc de réfléchir à la politique à mener en di-
en donnant les moyens financiers, à ceux qui en ont besoin, de rection de cette population : développement du maintien à
vivre décemment. domicile, places médicalisées en structures de santé, formation
de personnel spécialisé dans l’aide aux personnes âgées à domi-
6.4.2 Une réflexion émergente sur les personnes âgées cile, construction de maisons de retraite…
En ce qui concerne les personnes âgées, compte tenu d’une
espérance de vie qui augmente année après année et de 6.5 Les sources de financement
l’émergence d’un 4e âge (à partir de 75 ans) à la suite du 3e 6.5.1 Un financement qui repose essentiellement
âge (60-75 ans), notre société devra faire face à l’augmenta- sur les charges patronales
tion de leur nombre et à la transformation sociétale que cela Les prestations familiales servies aujourd’hui proviennent
générera sans nul doute. La Nouvelle-Calédonie n’échappera d’un financement croisé : cotisations sociales pour les pres-
pas à ce phénomène qui la touche d’ores et déjà. Il s’agit donc tations familiales servies par la CAFAT (cotisations patronales :
bien de réfléchir, et dans les meilleurs délais, aux mesures 6,14% du salaire) et impôts pour les allocations familiales de
susceptibles de répondre aux attentes de nos concitoyens solidarité.
les plus âgés au travers de la prise en charge de la dépen- Au total, en 2007 ce sont près de 61 000 enfants du territoire
dance, de l’augmentation des capacités d’hébergement, de qui ont bénéficié des allocations familiales versées par la CAFAT.
propositions d’activités prenant en compte la place nouvelle La dépense s’élève à près de 6,2 milliards de francs.
de nos anciens dans la société. Le sujet de la dépendance En comparaison, selon les chiffres-clés de la CAFAT 2006:
doit également être creusé en termes de prévention. En 2003, 55 740 enfants ont bénéficié des allocations familiales,
A ce jour, il existe seulement dix maisons de retraite, toutes en 2004 : 57 557 enfants, en 2005 : 57 124 et en 2006 : 59 783
concentrées en province Sud comme le montre la carte ci-des- enfants.
sus. Dans le Nord et les Iles tout particulièrement, la solidarité En ce qui concerne les allocations familiales de solidarité, ce
familiale joue encore bien son rôle et les personnes âgées res- sont près de 16 000 enfants supplémentaires qui ont pu bénéfi-

55
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

cier d’un soutien en 2007 pour un total financier d’un montant 6.6 U
 ne insertion difficile à conduire
de près d’1,5 milliard FCFP (10 508 enfants en 2005 et 13 637 en par méconnaissance des besoins
2006 – Chiffres-clés CAFAT 2006). Il existe un public en grande difficulté qui n’a accès à aucun dis-
Selon le rapport d’activités 2006 de la CAFAT, ce régime est éga- positif d’aide.
lement fortement excédentaire (892,6 millions FCFP en 2005 et On a repéré une grande partie de ces personnes, et des études
1,7 milliard en 2006 à l’arrondi). sur la pauvreté en Nouvelle-Calédonie sont en cours ou réali-
Ces deux systèmes représentent donc un engagement finan- sées.
cier global de 7, 7 milliards de FCFP. Mais à l’évidence, un certain nombre d’exclus passent au
Il convient cependant de réfléchir au mode de financement qui travers du maillage social, puisqu’ils ne sont connus ni du sec-
peut peser sur le coût horaire du travail, dans un contexte où la teur public, ni du secteur associatif. On ne peut les chiffrer,
recherche de performance est primordiale. puisqu’ils ne sont pas connus. Il s’agit en majorité de per-
sonnes qui vivent en tribu, qui ne sont pas passées par les
6.5.2 CAFAT : une branche « famille » excédentaire journées d’appel à la Défense, qui n’ont pas de pièce d’iden-
Ces deux régimes sont très largement excédentaires. A eux tité, qui ne se déplacent pas au village pour pointer en tant
deux, ils ont généré un excédent estimé en 2008 à plus de 3 que demandeurs d’emploi… soit qui ne sont pas connues
milliards de FCFP. Selon le rapport d’activité 2006 de la CAFAT, administrativement.
les excédents successifs se sont chiffrés à 674 millions FCFP Cependant la création des allocations familiales de solidarité
(à l’arrondi) en 2004, 386 millions en 2005, et 840 millions en a fait décroître cette population ne bénéficiant d’aucune aide :
2006. elle a permis notamment d’identifier les femmes seules avec des
Ces sommes peuvent sembler considérables mais elles ne doi- enfants.
vent pas masquer le fait qu’une politique familiale est coûteuse La solidarité familiale forte qui joue en brousse et en tribu
et qu’elle engendrera au travers des prestations qu’elle pourra n’existe plus dès lors qu’on arrive à Nouméa.
proposer des dépenses auquel l’actuel régime ne sera pas en Macadam Accueil a repéré et suit environ 300 personnes sans
capacité de faire face. domicile fixe à Nouméa. Ces personnes ont accès à des aides de
En conclusion, une politique familiale ne se décrète pas, elle première nécessité (nourriture et douche) à condition qu’elles
se construit dans le temps, au travers du filtre de principes direc- ne soient pas alcoolisées.
teurs déterminés de façon concertée et consensuelle, et qui ont En conclusion, la grandeur d’une société se mesure à sa ca-
pour objectif de favoriser l’épanouissement des familles, cellules pacité de prendre en charge les plus démunis pour les conduire
de base de notre société. sur la voie de la réussite, afin que personne ne reste sur le coté
de la route du développement.

7. Tarifs sociaux des principaux services au public


A l’étude des tarifs sociaux des principaux services au public, 7.1.1 Dans l’agglomération nouméenne :
deux remarques s’imposent : les publics en difficulté aidés au cas par cas
l les collectivités interviennent pour aider financièrement cer- Le transporteur (GIE Transport en commun KARUIA Bus de Nou-
taines populations : étudiants, personnes âgées, personnes méa) pratique une réduction de 50 % sur la carte mensuelle
handicapées, personnes en parcours d’insertion… et ainsi al- pour les étudiants, les personnes âgées de + de 65 ans, et les
léger le coût de certains services au public. Cependant, l’aide personnes handicapées (tarif unique).
versée varie selon le financeur ; Un tarif est également consenti en direction des enfants scolari-
l il n’existe pas de tarifs, ni d’aide particulière des collectivités sés : 50 % du prix du trajet (soit 100 FCFP en novembre 2008).
pour les familles nombreuses, qui doivent s’adresser aux ser- Pour les transports sur le Grand Nouméa (jusqu’à La Tontouta),
vices sociaux dans le cadre des aides ponctuelles en cas de le transporteur (Compagnie Carsud) consent 30 % de réduction
difficultés financières. sur la carte mensuelle aux étudiants post-bac, et la gratuité du
Il n’est pas question, dans le présent rapport, de regarder l’en- transport pour les personnes handicapées dans certaines condi-
semble des services, mais de s’arrêter sur plusieurs aspects : tions.
l les transports car ils sont stratégiques pour l’accès des popula- Aucun tarif n’est pratiqué en direction des familles nombreu-
tions à l’école, la santé, l’emploi ; ses, ou des demandeurs d’emploi.
l les moyens de communication qui permettent à la fois d’accé- Des aides ponctuelles peuvent être versées aux personnes en
der à l’information et d’effectuer des démarches à distance afin difficulté par les CCAS et les services sociaux provinciaux :
de limiter les déplacements ; lL e Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Nouméa

l l’eau et l’électricité qui répondent à des besoins premiers des peut prendre en charge la totalité de la dépense de transport
populations ; sous forme de bons remis au bénéficiaire, encaissables en fin
l la garde des enfants, car c’est une prestation indispensable de mois par le GIE. Cependant, il faut que le demandeur de
pour permettre le travail des parents. l’aide sociale réside à Nouméa depuis au moins 6 mois, ce
qui signifie que les habitants des autres communes du Grand
7.1 U
 ne offre tarifaire incomplète Nouméa ne peuvent pas en bénéficier, alors que l’on peut sup-
pour les transports en commun poser que ce sont eux qui ont le plus besoin des transports en
Des réductions peuvent être consenties par les transporteurs, et des commun. Une aide au transport en commun peut être ver-
aides peuvent être versées sur critères sociaux par les collectivités. sée aux demandeurs d’emploi dans le cadre de leur insertion

56
socioprofessionnelle : aide à la mobilité géographique versée de Nouméa vers chacune des trois îles Loyauté est identique :
par la province Sud, aide au transport en commun versée par 19 400 FCFP en tarif standard hors taxes. L’aller-retour à Nouméa
les CCAS de Nouméa, Mont-Dore, et Païta, par exemple. en vol « Résile vert » coûtera ainsi à un Loyaltien 10 480 FCFP
lL
 es services sociaux provinciaux peuvent également intervenir hors taxes.
dans le cadre des secours financiers aux familles en difficulté La compagnie aérienne souhaite proposer de nouveaux tarifs
(secours immédiats exceptionnels dits « SIE »). préférentiels en direction de publics particuliers, mais qui n’ont
pu à ce jour être mis en place : leur institution relève d’une
7.1.2 Services de bus de Nouméa jusqu’au nord concertation préalable puis d’une décision du gouvernement.
de la Grande-Terre : aucun tarif spécifique (Source Air Calédonie)
Alors que l’on a pu voir que l’accès à Nouméa était stratégique Par ailleurs, la province Nord accorde une réduction de 25 %
pour une grande partie de la population, car c’est là que sont sur les tarifs d’Air Calédonie pour les personnes âgées de plus
concentrés la plupart des services, il n’existe aucune carte forfai- de 60 ans.
taire, aucun tarif consenti à des publics particuliers. Aucun des Trajets maritimes : pas de tarif spécifique dans le cadre de la
12 transporteurs qui assurent les déplacements au départ de la continuité territoriale
gare routière de Nouméa ne pratique de grille tarifaire appliquée Le tarif aller-retour du trajet maritime par la compagnie Betico
au profil social des usagers... Dans ce cas, seules les collectivités Sudiles, qui est la plus sollicitée, est à la fin de l’année 2008 de
peuvent apporter leur soutien dans le cadre d’aides financières 15 280 FTTC. Il s’agit d’un tarif unique, aucune réduction particu-
ponctuelles (SIE). lière n’étant pratiquée en dehors de celle aux enfants de 2 à 12
ans (-50%) (Source compagnie Betico Sudiles)
7.1.3 Des tribus au village le plus proche : Les trajets aériens comme maritime, qui s’avèrent parfois in-
une absence de régulation des prix contournables, restent donc chers, même lorsqu’une réduction
Il existe des navettes assurées par des personnes patentées. Il est consentie, pour les personnes à faibles revenus.
n’est pratiqué aucune régulation des tarifs, qui peuvent alors être
assez élevés. 7.2 D
 es coûts encore élevés pour accéder
aux moyens de communication
7.1.4 Transports scolaires : des financements structurés 7.2.1 Le téléphone : des tarifs élevés mais plusieurs
qui démontrent la volonté des collectivités de soutenir formules qui répondent bien aux besoins
les familles dans l’éducation de leurs enfants Le téléphone fixe : au 31 décembre 2007, la Nouvelle-Calédonie
lD es aides municipales aux élèves boursiers : comptait 60 209 lignes de téléphone fixe (données OPT), dont 85 %
Les transports scolaires font la plupart du temps l’ob- en province Sud, 11% en province Nord et 4% en province des îles.
jet de marchés communaux, plus rarement d’un L’OPT estime à 52 % le nombre de foyers ayant une ligne fixe.
fonctionnement en régie. La municipalité subventionne l’ac- Le coût de l’abonnement mensuel est de 1 950 FCFP HT sur l’en-
tivité, rendant le transport gratuit pour les élèves boursiers. semble du territoire. Le service reste onéreux, d’autant plus que la
Le transport scolaire des élèves du second degré du facturation est bimestrielle. Le service facturation de l’OPT (Office
Grand Nouméa est géré par un syndicat intercommunal. des Postes et Télécommunications) propose aux personnes en dif-
Cependant, l’organisation des transports scolaires en brousse ficulté des échéanciers pour le paiement de leur facture, mais en
mérite d’être améliorée, en termes d’horaires et de fréquence cas de non-respect de l’accord passé, les lignes sont coupées. A la
(voir le présent rapport partie « Enseignement »). fin 2007, les impayés en contentieux représentent 0,53 % du chiffre
lD es aides provinciales complémentaires sur l’ensemble du d’affaires des factures émises pour les lignes fixes.
territoire : Seule la province Sud finance au bénéfice des personnes âgées
Il existe des aides provinciales qui concernent généralement et des personnes handicapées un abonnement à 200 FCFP dont
les élèves boursiers qui ne peuvent prétendre à une aide elle paie le complément à l’OPT, ainsi qu’un accès gratuit à cer-
communale : la province Nord prend en charge par exemple tains numéros (CAFAT, services d’assistance…); elle peut aussi
les frais de transport des enfants boursiers de l’enseignement leur verser une aide au paiement des communications.
spécialisé et ceux des élèves boursiers de l’enseignement Les autres collectivités pourront intervenir dans le cadre des
secondaire scolarisés hors de leur commune de résidence. aides financières exceptionnelles.
La province des îles Loyauté peut attribuer une aide au trans- Les cabines téléphoniques présentes en centre-ville et centre
port scolaire aux lycéens et étudiants, qui bénéficient ainsi de village, et en tribu, permettent aux personnes non équipées
tarifs préférentiels sur les liaisons maritimes et aériennes, et de de passer des communications téléphoniques à l’aide de car-
réquisitions à la rentrée et à la fin de l’année scolaire. tes prépayées et d’appeler des secours en cas d’urgence : en
2008, selon les informations données par l’OPT , la province Sud
7.1.5 Transport aérien et maritime : un coût qui reste compte 708 cabines (dont 46% à Nouméa et 8% en tribu), la
important malgré des réductions province Nord 402 (dont 56% en tribu) et la province des îles
Des tarifs aériens pour les résidents de brousse et des îles 202 (dont 83% en tribu).
Air Calédonie accorde des réductions jusqu’à près de 50 % dans L’accès au réseau GSM Mobilis pour les téléphones portables
le cadre de la continuité territoriale, aux résidents de la province se fait d’une part sur abonnement, d’autre part avec des cartes
Nord, des îles Loyauté et de l’île des Pins, sur présentation d’une de communication prépayées (cartes « Liberté ») à raison de
« carte résident ». Cette carte permet aux Loyaltiens d’obtenir trois tranches qui permettent aux personnes à petit budget
10 %, 18 % ou 46 % sur le prix des voyages à partir des îles en de communiquer selon leur capacité de paiement et en cas
fonction des horaires de départ (tarifs « Résile »). d’urgence. L’utilisation de la carte « Liberté » a fait un bond
Un exemple de tarif : le tarif au second semestre 2008 pour aller spectaculaire entre 2000 et 2005 (+251 % et près de la moitié

57
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

de la population utilisatrice). Cependant, la couverture GSM munication essentiel. En Nouvelle-Calédonie, environ 15 500
du territoire est encore imparfaite, ce qui peut constituer un personnes, soit 7 % de la population, n’ont pas accès aux deux
véritable problème en cas d’accident de santé ou de la route chaînes de télévision publiques. Elles vivent pour la plupart
(par exemple sur la Koné-Tiwaka, route qui relie la côte Est à en tribus.
la côte Ouest). Derrière ce chiffre global, des inégalités en terme de réception
des chaînes de RFO sont frappantes : à Pouébo, uniquement
7.2.2 Internet : un outil qui se développe mais qui n’est 18,8 % de la population est couverte par ce réseau, suivi en-
pas à la portée de tous les particuliers suite, de Hienghène avec 41,6 % et de Canala, 46,3 %.
Sept fournisseurs (Can’l, Inet, Internet NC, Lagoon, MLS, Nautile Pour ces populations « exclues » de ces zones de réception,
et Corail en novembre 2008) se partagent le marché calédonien une solution alternative existe: il s’agit de la mise à disposition,
à des tarifs divers. par Canal satellite, d’un système dont le coût total s’élève à
L’accès à internet nécessite d’une part un équipement infor- environ 60 000 FCFP d’équipement et de 2000 FCFP de carte
matique, d’autre part un abonnement au téléphone fixe qui annuelle.
s’ajoute à l’abonnement à internet. L’accès n’est donc pas à la L’arrivée de la TNT en Nouvelle-Calédonie, prévue fin 2009,
portée de toutes les bourses. Cependant, même si le nombre devrait améliorer la situation.
de personnes connectées à internet croît rapidement - l’ISEE
comptabilisait 5 146 abonnés à l’ADSL en 2004 et près de 10 7.3 L ’eau : un tarif social de fait, au vu des
000 en 2005 et près de 20 000 aujourd’hui, ce qui représente nombreux impayés
entre 60 et 80 000 internautes (source ACTIC)- il reste de fortes 7.3.1 Des coûts de distribution de l’eau différents menant
disparités entre les populations selon leur localisation géo- à la coexistence de tarifs différents pour les abonnés
graphique, et selon leur pouvoir d’achat. Un abonnement à Selon le recensement de la population 2004 (ISEE), la totalité des
internet coûte environ 7 480 FCFP (montant moyen mensuel habitants de la Nouvelle-Calédonie a accès à l’au potable, soit in-
en 250 Ko/s) contre l’équivalent de 3 600 FCFP par mois en dividuellement (96%), soit grâce à un point d’eau collectif (4%).
métropole (ADSL+TV+téléphone illimité, 8 Mo/s). Les communes sont compétentes en matière d’adduction d’eau
Le coût reste sans aucun doute un frein au développement de potable du captage à la distribution, et peuvent concéder ce
l’utilisation d’internet par les populations, combiné à un taux domaine d’activité. Les communes du Grand Nouméa, et celles
d’équipement en ordinateur qui reste encore peu élevé puisque de Bourail, La Foa et Koumac ont en effet concédé l’activité à la
seulement 36% des ménages en possèdent un (chiffres ISEE 2004). Calédonienne des Eaux.
Le développement de l’utilisation de l’outil informatique dans les La tarification de l’eau peut connaître des différences impor-
établissements scolaires, l’accès gratuit ouvert au public dans les tantes selon la commune de résidence, en fonction du type de
bibliothèques par exemple (cinq postes ouverts à la bibliothèque traitement de l’eau au captage, de l’éloignement géographique
de Pouembout en 2008), et enfin une amélioration de la qualité des lieux de distribution, de l’existence d’un tarif unique ou de
du haut débit avec la pose en 2008 du câble sous-marin devrait tranches en fonction du cubage servi, et du montant de sub-
amener une augmentation du nombre des abonnés à internet. ventionnement décidé par la commune. Pour illustration de
ces différences de tarifs, le prix du m3 d’eau est, au mois de no-
7.2.3 La distribution du courrier : le seul moyen vembre 2008, de 53,35 FCFP + 48,88 FCFP d’assainissement à
d’information facile d’accès, et à faible coût Nouméa (un tarif unique), de 10 à 45 FCFP à Koné (quatre tran-
Le courrier des habitants de l’agglomération de Nouméa est ches de tarification en fonction du cubage servi, étant précisé
distribué à domicile, ou pour ceux qui en font le choix, dans les que l’assainissement n’est pas facturé à Koné), et de 500 FCFP
boîtes postales. TTC livré à domicile à Ouvéa.
En brousse, plusieurs formules existent :
l dans les villages, le courrier est distribué quotidiennement à 7.3.2 De nombreux impayés liés à un manque
domicile ; de conscience du coût de l’eau potable
l des boîtes postales sont disponibles pour les résidents éloignés Il apparaît que nombre d’abonnés ne règlent pas leurs factures
des villages, ou ceux qui en font le choix. Cependant, à Belep par d’eau, l’eau étant perçue comme un élément offert par la nature.
exemple, le courrier est conservé à l’OPT où les personnes vien- Les réflexions menées, notamment lors des journées des 9 et 10
nent le chercher, puisqu’il n’y a ni boîtes postales, ni distribution ; mai 2007 à La Foa consacrées à la tarification et au paiement de
l en tribu, une « poste-mobile » livre le courrier une à plusieurs l’eau, ont mis en évidence la nécessité de faire comprendre aux
fois par semaine, y effectue des opérations de guichet (paie- populations que c’est le service de distribution de l’eau qui est
ment de mandats, retraits sur compte postal, règlement des facturé, et non l’eau elle-même.
factures d’énergie…). Même en l’absence de paiement des factures, la fourniture
La redevance annuelle pour l’utilisation d’une boîte postale est d’eau en régie directe n’est pas interrompue dans la majorité
moins élevée en brousse (2 599 FCFP TTC) qu’à Nouméa (4 200 des communes, bien que le taux d’impayés puisse varier entre
FCFP TTC), mais reste dans tous les cas peu onéreuse : aucune 30 et 90 % (exemple des mairies de Koné, Hienghène, Oué-
réduction spécifique n’est consentie pour son paiement, ni gra- goa, Ile des Pins, Moindou et Poum en 2007 – source DASS
tuité même lorsqu’il s’agit de la seule alternative à un service NC). La Calédonienne des Eaux propose, elle, des échéanciers
public qui ne peut pas toujours être assuré. aux usagers en difficulté, et interrompt le service en cas de
non-paiement.
7.2.4 La couverture télévision : encore des zones d’ombre Seule la commune d’Ouvéa ne connaît pas de problème de
Pour des populations éloignées de l’information en tout genre règlement de l’eau : en effet, les usagers doivent régler leur
(actualités, culture, etc.), la télévision est un vecteur de com- commande avant la livraison par camion-citerne.

58
nouvelle-calédonie
taux de couverture de la population
par la télé-diffusion (rfo) en 2008
Taux de couverture en Nouvelle-Calédonie : 93,2 %

Source : TDF 2008

7.3.3 Une aide au paiement des factures d’eau existante, tue une bonne alternative à l’énergie thermique dans les tribus
mais non structurée très isolées : les clients « solaires » d’ENERCAL s’acquittent de
Enfin, l’aide au paiement des factures d’eau, qui apparaît comme factures allégées (3000 FCFP/mois en moyenne), leur installation
un réel besoin pour les personnes à faibles revenus, n’est pas étant financée par le Fonds d’Electrification Rurale (FER).
structurée (seul le CCAS de Nouméa intervient pour l’aide au
paiement des factures d’eau des personnes âgées de + de 65 7.4.2 Une politique d’adaptation aux besoins
ans ou handicapées lorsqu’elles sont en difficulté). En effet, les et à la capacité de paiement des usagers
collectivités peuvent intervenir mais dans le cadre du versement Le prix de vente du KWh est pris par arrêté du gouvernement
d’aides financières ponctuelles. après examen par la DIMENC (Direction des Mines et de l’Ener-
gie). Son prix a sensiblement augmenté ces dernières années
7.4 L ’énergie : une politique tarifaire (+13% entre 2000 et début 2006 – ISEE), il est en novembre 2008
qui s’adapte de 31,30 FCFP pour l’usage domestique. C’est une des électrici-
7.4.1 Une couverture en distribution d’énergie satisfaisante tés les plus chères au monde (voir atelier 6).
La société ENERCAL (société anonyme d’économie mixte) et Compte tenu du coût important de l’énergie pour l’usager, une
la société EEC (filiale du groupe Suez-Lyonnaise des Eaux) se politique d’adaptation de la puissance aux besoins et à la capacité
partagent le marché de la distribution d’énergie en Nouvelle-Ca- de paiement a été mise en œuvre par ENERCAL depuis plusieurs
lédonie : ENERCAL est présente dans 27 communes, et EEC dans années, notamment en tribu : la souscription à un abonnement à
7 communes (Nouméa, Dumbéa, Mont-Dore, Bourail, Kaala-Go- une faible puissance (entre 5 et 15 ampères) qui permet d’alimenter
men, Koumac et Lifou). éclairage et appareils réfrigérants et qui atténue considérablement
La couverture géographique de la distribution est bonne. En la facture (division des taxes et redevances diverses par trois en
province Nord, le réseau de transport Poum-Ouégoa-Pouébo-La moyenne), est largement utilisée. Cette politique a porté ses fruits,
Ouaième reste encore à interconnecter. L’énergie solaire consti- car les abonnés concernés règlent globalement bien leurs factures.

59
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

7.4.3 Une aide au paiement des factures d’énergie un temps plein dans la ville de Nouméa. Les familles doivent
existante, mais non structurée parfois apporter en sus nourriture voire eau minérale, et cou-
Comme dans le cas de l’eau, il n’existe pas de mesure struc- ches pour les tout-petits. Les tarifs semblent plus bas dans les
turée d’aide au paiement des factures d’électricité, mais une communes de l’agglomération : par exemple, à partir de 22 000
intervention des provinces dans le cadre des secours financiers FCFP à la Tontouta, le déjeuner et le goûter des enfants scolarisés
ponctuels. Les distributeurs peuvent proposer des échéanciers étant compris dans ce prix.
de règlement, mais interrompent la fourniture d’énergie si les Par ailleurs, la mairie de Nouméa a mis en place depuis 2003
clients n’honorent pas leur dette dans les délais prévus. un réseau d’assistantes maternelles (RAM) formées et expéri-
mentées à la garde des tout petits, qui sont en 2008 au nombre
7.5 Un coût élevé pour la garde des enfants de 22. En tant que travailleurs indépendants, elles fixent leurs
Compte tenu de la situation très favorable de l’emploi, et de la propres tarifs qui s’étagent selon qu’il s’agit d’un accueil à mi-
volonté de soutenir l’accès au travail des femmes, la réflexion temps, temps plein ou périscolaire, de 25 000 à 40 000 FCFP par
institutionnelle (gouvernement, provinces, communes) est en mois et par enfant.
cours pour créer une allocation de garde d’enfants et construire La capacité de la crèche municipale de Nouméa est de 20 en-
un service adapté en qualité et en nombre dans l’agglomération fants, et si le règlement intérieur de la structure prévoit que les
de Nouméa et la zone VKP en tout premier lieu. Ailleurs, la solida- parents apportent couches et lait maternisé, en revanche déjeu-
rité familiale joue encore pleinement son rôle. ner et goûter sont prévus dans la prestation.
Le coût au final est donc très variable d’une structure à une
7.5.1 En province Sud, l’offre existe, bien qu’elle soit insuf- autre, qu’elles soient agréées ou non, et les tarifs ne sont pas
fisante au regard de la demande réglementés. De plus, chaque structure établit son propre règle-
42 structures sont agréées dans cette province, avec la réparti- ment : fournitures ou non par les parents des repas, etc…
tion géographique suivante: Compte tenu de cette charge réellement importante qui peut
peser lourdement sur leur budget, les familles peuvent béné-
Nombre de : Nouméa Bourail Dumbéa Mont-Dore Païta Tontouta ficier d’aides de la CAFAT, de certains comités d’entreprises et
Structures 33 1 1 4 1 2 mutuelles, et les familles à faibles revenus ou en difficulté sous
certaines conditions d’une aide financière provinciale (secours
Places 1291 8 15 120 10 28
immédiats exceptionnels).
Données site internet de la province Sud, à jour au 19 Mai 2008 Enfin, les frais de garde dans les crèches agréées peuvent être
déduits des impôts sur le revenu dans certaines limites.
D’autres structures sont en cours d’agrément (à Dumbéa, la
Tontouta…). Il existe également des personnes qui exercent 7.5.2 En province Nord, la réflexion est en cours compte
cette activité sous patente. tenu de l’essor à venir de la zone VKP
Les tarifs des crèches agréées varient en fonction de l’âge des Les services provinciaux travaillent à la construction d’une régle-
enfants, de leur scolarisation ou non, des activités proposées et mentation adaptée, en vue du développement notamment de
du nombre d’heures de garde; en fin 2008, la fourchette des ta- la zone VKP où le problème de l’accueil des enfants sera inéluc-
rifs se situe entre 45 000 et 60 000 F par mois et par enfant pour tablement posé.

60
et d’Aménagement de la province Sud (AD’UA)
Annexe I Jean-Claude BECKER, Chargé de mission prévention et
formation des éducateurs de la Direction Diocésaine de l’Ecole
Rappel du mandat de l’atelier 1 Catholique (DDEC), Intervenant à l’IFAP-IFM-MC et collectivités
locales grand Nouméa
« Solidarité sociale et égalité des chances » Jacqueline BERNUT, Membre du Conseil des Femmes
Président : M. André-Jean LEOPOLD, de la province Sud
Directeur Diocésain de l’Ecole Catholique Laurent BERTHELOT, Proviseur adjoint du Lycée Agricole
de Nouvelle-Calédonie
Projet global qui vise à améliorer le bien être des populations, le Martine BERTONI, Adjointe au maire de la commune
développement comporte une dimension sociale importante. de Pouembout
Inséparable du développement économique, le développe- Gilles BEYNEY, Parti politique «Le Mouvement de la Diversité»
ment social implique la participation de tous, en fonction de (LMD)
leurs capacités, à la production des richesses et à leur réparti- Julien BOANEMOI, sénateur coutumier de l’aire AJIE ARO
tion équitable, et aux progrès engendrés par le développement Patrick CARDINAUD, Président du Collectif d’Urgence
en général. Humanitaire
Définir un projet de développement pour la Nouvelle-Ca- Pascale CARRE, Présidente du Secours Catholique
lédonie conduit donc à s’intéresser aux conditions de vie des Max CHIVOT, Membre du bureau de l’Association
citoyens dans leur situation et leur parcours individuel, leur Fondation des Pionniers
contexte familial et leur insertion dans la société. Michelle CLARQUE, Présidente de AES Foyer Béthanie
Aussi l’atelier proposera-t-il un diagnostic sur, notamment, les Jean CREUGNET, Directeur du groupement agricole
thèmes suivants : des producteurs de la côte Est - Coopérative Agricole
l l ’égalité des chances, dont les thèmes de l’éducation, et de la Didier DARBON, Chef du service de la tutelle et de la plani-
lutte contre l’exclusion ; fication hospitalière de la Direction des Affaires Sanitaires et
l l es dispositifs de solidarité sociale : santé, accidents, vieillesse, Sociales du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (DASS)
chômage, famille ; Jean-Luc DATIM, Directeur de l’Action Communautaire et
l l es tarifs sociaux des services publics essentiels ; Sanitaire de la province des îles Loyauté
l l ’accès au logement (construction de logements sociaux et Michel DAVAREND, Président de l’Association des
amélioration de l’habitat). Consommateurs de Nouvelle-Calédonie (UFC-Que Choisir)
L’efficacité des politiques sociales dépend de leur cohérence Adolphe DEVATH, Directeur école primaire de Pouebo -
globale, de leur bonne adaptation au contexte, tant dans leur Direction Diocésaine de l’Ecole Catholique (DDEC)
définition que dans les moyens qui sont mis en oeuvre pour ré- Aline DRIENCOURT, Chef de projet du Contrat
pondre aux besoins (équipements, ressources humaines, mode d’Agglomération de la mairie de Dumbéa
et niveau de financement…). Elle suppose une claire définition Félix DURAND, Directeur de l’Enseignement, de la Formation
des objectifs, avec un objectif général, celui de la cohésion socia- Professionnelle, de l’Insertion Sociale et de la Jeunesse
le. Au-delà de l’analyse de la situation existante (besoins, niveau de la province Nord (DEFIJ)
et adaptation des réponses apportées par les politiques publi- Emmanuelle GAMBINI, Responsable d’agence de la Fédération
ques…), le diagnostic formulera une appréciation des enjeux des Entreprises de Travail Temporaire
dans le contexte calédonien. de Nouvelle-Calédonie à Koné
Daniel GAUCHON, Directeur adjoint de l’enseignement
de la Nouvelle-Calédonie (DENC)
Raphaël GHESQUIERE, Vice-président du conseil
d’administration de la CAFAT
Annexe II Thomas GMIDA, 4e adjoint au maire de la commune de Koné
Didier GROSGURIN, Membre de la Fédération des Industries
Liste des membres de l’atelier de Nouvelle-Calédonie (FINC)
Didier GUENANT-JEANSON, Secrétaire général de l’USOENC
Président : M. André-Jean LEOPOLD, Raymond GUEPY, Membre du Conseil Economique et Social
Directeur Diocésain de l’Ecole Catholique Michel GUIHARD, Membre de l’Association Ensemble
pour la Planète (EPLP)
Christian AIRAULT, Chef de clinique, docteur en chirurgie Gérard GUILLOT, Délégué au Logement de la province Sud
dentaire - Membre de l’Association Régionale (DL)
Nouvelle-Calédonie des auditeurs de l’Institut des Hautes Laurent GUY, Vice-président du Syndicat des Commerçants
Etudes de Défense Nationale (IHEDN) en Nouvelle-Calédonie
Jacques ANCEY, Président du conseil d’administration Ingrid HAYASHI, Chargée d’études de la Mission à la Condition
de la Mutuelle des Fonctionnaires Féminine de la province Sud
Sylviane AUTERET, Fédération des Syndicats des Fonctionnai- Emmanuel HEAFALA, Association Calédonienne
res, Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP) des handicapés (ACH)
Sandrine BAILLE, Adjointe au maire Yvonne HNADA, Elue de la province des îles Loyauté
de la commune de Poindimié Sylvain HONS, Président de la Fédération Calédonienne
Dominique BAYOL, Chargé d’études de l’Agence d’Urbanisme des Parents d’élèves et Etudiants (FCPE)

61
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Marianne HUMBERT-DESWARTE, Vice-présidente du tribunal Catherine WEHBE, Directrice adjointe du MEDEF


pour enfants Nouvelle-Calédonie
Valérie LECLERC, Directrice du Centre Communal d’Action Marc WETE, Sage femme - Fédération des Syndicats
Sociale de la mairie de Nouméa des Fonctionnaires, Agents et Ouvriers
Valérianne LENOIR, Responsable du pôle Information de la Fonction Publique (FSFAOFP).
Communication de la direction de la Mission d’Insertion des
Jeunes de la province Sud (MIJ-PS) Intervenants :
Hélène LUBIN, Vice-présidente de l’Union des Groupements Jean-Alain COURSE, Directeur des Affaires Sanitaires et Sociales
des Parents d’Elèves des établissements scolaires de Nouméa, Michel MARTZ, Proviseur Vie Scolaire du Vice-Rectorat
de l’Intérieur et des îles (UGPE) Hugues AMIOTTE, Direction de l’Aviation Civile
Thierry MABRU, Directeur adjoint de l’Enseignement Olivier AUGUIN, Equipe-projet, gouvernement
de la province Sud (DENS) de la Nouvelle-Calédonie
Marc MANSEL, Secrétaire général de l’Institut de Formation Leslie LABORDE, Equipe-projet, Etat, Cartographie
des Maitres de Nouvelle-Calédonie (IFM-NC) Lyne LAMY, Equipe-projet, Etat
Carmen MARTY, 4e secrétaire générale Gaël TRABUC, Cabinet de Consultants KPM
adjointe de l’USOENC
Odette MICHEL-VILLAZ, Déléguée syndicale de l’Union des
Secteurs Généraux du Commerce et de l’Industrie
de Nouvelle-Calédonie (COGETRA / U.S.G.C.I.N.C.)
Anne-Marie NEMOUARE, 4e adjoint au maire de la commune
de La Foa, agent de proximité de la Mission à la Condition Annexe III
Féminine de la province Sud - Antenne de La Foa
Daniel OCHIDA, Gérant de OCR - MEDEF Nouvelle-Calédonie Bibliographie
Pascale PANCHOU, Directrice des ressources Humaines à
l’hotel Le Méridien - MEDEF Nouvelle-Calédonie, l Etat des lieux 2002
Parti politique «Le Mouvement de la Diversité» (LMD) l Statistiques et études de l’ISEE
Lydia PANDOSY, Secrétaire générale adjointe de la Confédéra- lE  tude Caldia – Agence Sociale et Sanitaire
tion Syndicale des Travailleurs de Nouvelle-Calédonie (CSTNC) de la Nouvelle-Calédonie
Edna PETERSEN, Retraitée de l’enseignement - Fédération des lE  léments pour un diagnostic du système éducatif
Syndicats des Fonctionnaires, Agents et Ouvriers de la Fonction en Nouvelle-Calédonie- juin 2008 (Vice Rectorat)
Publique (FSFAOFP) l Mémento 2005-2006 et informations diverses DASS.NC

Marie-Claire PHAM, Directrice adjointe des Affaires Sanitaires l Action sociale- Allocations et prestations

et Sociales et des Problèmes de Société de la province Nord familiales- Retraites (Rapport d’activité 2006 de la CAFAT)
(DPASS-PS) l Situation sociale et comportements de santé des jeunes

Catherine POEDI, Association APEHNC - Collectif Handicaps en Nouvelle-Calédonie – Premiers résultats – mars 2008
en Nouvelle-Calédonie l Mémo des aides publiques à l’insertion 2008,

Alain POIGEAUD, Directeur du centre d’accueil de l’Association Mission à l’Insertion des Jeunes
Les Manguiers l Rapport sur les Journées de l’Habitat 2007

Charly RIBAS, Secrétaire général adjoint du Syndicat Libre l Publications et informations disponibles sur les sites internet

Unité Action (SLUA) de la DASS NC, des 3 provinces, de l’ISEE, de la Maison


Sylvie ROBINEAU, Membre du gouvernement de l’Habitat de la province Sud.
de la Nouvelle-Calédonie
Sonia RODRIGUEZ, Chargée de mission du service
Investissements Entreprises de la Direction du Développement
Economique et de l’Environnement de la province Nord
(DDE-E)
Claire ROULLET, Chef du service de l’action sociale
de la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales
et des Problèmes de Société de la province Nord (DASS-PS)
Livia ROUX, Assistante sociale, SEFPNC
Emmanuel SOTTER, SFAO-OPT
Françoise SUVE, Directrice adjointe de la Société Immobilère
de Nouvelle-Calédonie (SIC)
Rose VAIALIMOA, Secrétaire de l’Association Dîîlen Ngâ
Christelle VALENTINI, Association Autism’espoir -
Collectif Handicaps en Nouvelle-Calédonie
Angéline VIRASSAMY, Elue de l’assemblée de la province Nord
Billy WAPOTRO, Directeur de l’Alliance Scolaire de l’Eglise
Evangélique (ASEE)
Martin WAZIZI, Directeur de l’enseignement
de la province des îles Loyauté

62
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

2
Atelier 2
Adéquation
population-emploi
Président
Monsieur Philippe Martin,
directeur de l’IDCNC

Décembre 2008

63
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2

du diagnostic
Adéquation population-emploi

Résumé
La forte croissance économique du pays depuis 1998 a permis la création d’un nombre très im-
portant d’emplois : +4,3% / an en moyenne. Mais le chômage touche encore 7% de la population
active et le taux des actifs occupés dans la population totale est environ 11% en dessous de celui
constaté sur l’ensemble des pays de l’OCDE. La Nouvelle-Calédonie n’est donc pas en situation de
plein emploi, mais peut y tendre si, sous l’effet de nombreux facteurs positifs, la croissance reste
ferme. Cette situation est nouvelle pour le pays et induit le besoin d’intégrer dans la définition des
priorités économiques de demain la recherche d’un meilleur équilibre entre secteurs d’activité, et
entre population et emploi.

Le marché de l’emploi est en effet tendu, voire en « surchauffe », et le restera. La première cause à
cela est que certains secteurs – la mine/métallurgie d’une part et, pour les non cadres, le secteur
public d’autre part – bénéficient d’une image très positive au sein de la population, et « aspirent »
de nombreux salariés grâce à des rémunérations attractives. Cette situation entraîne une certaine
désorganisation d’ensemble.

D’autre part, les entreprises ont du mal à identifier leurs besoins, tout particulièrement les nom-
breuses petites entreprises qui peinent à s’investir dans la gestion prévisionnelle des emplois et
compétences et dont les recrutements se font parfois dans l’urgence. Peu de démarches sont
conduites avec elles pour construire collectivement des référentiels métiers. Dans cette situation
d’urgence et de tension, ce sont parfois des personnes au profil imparfaitement adapté au besoin
qui sont recrutées, voire des personnes issues d’une formation qui les préparait à un secteur en
manque de main d’œuvre.

Cette situation de pénurie globale oblige à mieux mobiliser tous les « viviers » de main d’œuvre
possibles, dont certains peuvent satisfaire les besoins des entreprises : femmes, jeunes mélanésiens
bacheliers, jeunes sans qualification, etc.

Les recrutements par défaut et la faible gestion prévisionnelle des emplois et compétences peuvent
constituer un frein au développement des carrières individuelles. De plus, il existe en Nouvelle-Ca-
lédonie peu de dispositifs réglementaires favorisant l’ascenseur social, tels que la validation des
acquis de l’expérience (VAE).

La bonne adéquation population-emploi passe également par une formation adéquate et des
actions à l’interface formation-emploi demandant un indispensable accompagnement institu-
tionnel.

Formations initiale et professionnelle sont fortement complémentaires. La première, qu’elle soit


générale ou professionnelle, permet d’acquérir d’indispensables compétences générales (au pre-
mier plan desquelles lecture et calcul) et assure une formation citoyenne garante de l’adaptabilité
des personnes et de leur insertion sociale et professionnelle ; elle travaille sur un spectre de com-
pétences larges et sur un public de masse. La formation professionnelle répond quant à elle, sur
des effectifs plus réduits, à des besoins de niche, avec une réactivité plus grande ; elle procède
aux ajustements rendus nécessaires par l’évolution des techniques et par la conjoncture. Le futur
transfert des compétences de l’enseignement secondaire représente une opportunité pour d’une
part renforcer la bonne articulation entre formation initiale et professionnelle et d’autre part as-
surer une meilleure cohérence avec les besoins du pays ; notamment, les pratiques d’orientation
des jeunes dans le secondaire sont à améliorer, en tenant mieux compte des secteurs porteurs en
termes d’emploi et des possibilités en matière de formation professionnelle.

064
64
Sommaire
1. U
 ne situation nouvelle pour le pays :
en marche vers le plein emploi ....................................................................................................... 66
1.1 U
 n dynamisme économique exceptionnel,
et des retombées très positives sur l’emploi ....................................................................................... 66
1.2 Une situation florissante appelée à se prolonger ........................................................................... 67
1.3 Une situation de plus en plus tendue pour les entreprises… ................................................ 67
1.4 … engendrant un besoin de repenser les priorités économiques du pays .................. 67
1.5 Le paradoxe d’un taux de chômage encore insuffisamment bas ........................................ 68
1.6 Une situation socialement nouvelle ........................................................................................................... 68
1.7 Un besoin d’améliorer la compréhension de ces phénomènes sociaux ......................... 68

2. D
 es entreprises et des salariés
qui doivent identifier leurs besoins .......................................................................................... 69
2.1 Une gestion des emplois et des compétences de plus en plus stratégique ............. 69
2.2 De fortes lacunes dans la définition des besoins en compétences ................................. 69
2.3 Une adaptation par défaut du recrutement aux viviers disponibles ................................ 69
2.4 U
 n turn-over des salariés rendant plus difficile
l’accompagnement de la promotion interne ........................................................................................ 69
2.5 Une faible mutualisation de la réflexion au niveau des structures syndicales ........... 69
2.6 Des difficultés particulières pour la formation au sein des petites entreprises.................69
2.7 Un besoin d’outils favorisant l’ascenseur social .............................................................................. 70
2.8 L’adaptation des entreprises au contexte océanien ...................................................................... 70

3. Des viviers de ressources humaines à mieux mobiliser ............................. 71


3.1 La priorité à l’emploi local comme règle première .......................................................................... 71
3.2 Un taux d’emploi globalement faible ......................................................................................................... 71
3.3 U
 ne potentiel de progrès plus important sur certaines catégories
de population .............................................................................................................................................................. 71
3.4 Des freins logistiques à l’emploi .................................................................................................................. 73
3.5 Comprendre les motivations et y répondre ......................................................................................... 73

4. L’indispensable accompagnement institutionnel ................................................... 73


4.1 Des finalités distinctes et complémentaires ........................................................................................ 73
4.2 Un dispositif de formation initiale de qualité… ................................................................................ 73
4.3 … et des résultats en progrès, mais encore insuffisants ........................................................... 74
4.4 Une adéquation toujours difficile à réaliser à court terme ...................................................... 74
4.5 Une insuffisante prise en compte des populations handicapées ....................................... 74
4.6 Des pratiques d’orientation des jeunes à revoir .............................................................................. 74
4.7 Un déficit de jeunes accédant aux formations supérieures ..................................................... 75
4.8 Une nécessaire articulation entre formation initiale et professionnelle ......................... 75
4.9 U
 ne formation professionnelle qui s’adapte en permanence au contexte,
mais qui doit progresser qualitativement .............................................................................................. 75
4.10 Des problèmes logistiques cruciaux pour les stagiaires et apprentis ............................. 76
4.11 L’intérêt de la formation par alternance ................................................................................................. 76
4.12 Les limites de la formation professionnelle en termes de coût .......................................... 76
4.13 La nécessité d’une approche très ciblée des besoins d’emploi .......................................... 76
4.14 L’enjeu de la recherche et de la gestion des formateurs .......................................................... 76
4.15 Des actions mal coordonnées à l’interface formation / emploi ........................................... 76

5. Conclusion ........................................................................................................................................................................ 77
Annexe I Rappel du mandat de l’atelier .......................................................................................................................... 77
Annexe II Membres inscrits à l’atelier ................................................................................................................................ 77
Annexe III Bibliographie ............................................................................................................................................................... 78

065
65
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances

1. U
 ne situation nouvelle pour le pays :
en marche vers le plein emploi
1.1 U
 n dynamisme économique exceptionnel, à titre de comparaison, pendant le second boom du nic-
et des retombées très positives sur l’emploi kel (période 1968-1971), l’effectif salarié est passé de 18 340 à
Depuis 1998, de puissants moteurs ont dopé l’économie 32 931, soit une progression de 14 591 (+80%). Parmi ces nou-
calédonienne : veaux emplois, moins de 1 sur 5 étaient dûs à la mine et à la
lc  onfiance apportée par l’accord de Nouméa à l’ensemble de la métallurgie.
société et aux acteurs économiques ; Mais dans le même temps, on constate que le flux des arrivées
lé  normes investissements dans le secteur du nickel ; sur le marché du travail a significativement dépassé le flux des
la  ides apportées par la Nouvelle-Calédonie et les provinces aux départs, ce qui traduit principalement la jeunesse de la popu-
divers secteurs économiques ; lation calédonienne (un nombre important de jeunes finissent
l f orte augmentation des transferts financiers de l’Etat et de la chaque année leur scolarité ou leurs études), l’augmentation
défiscalisation. moyenne de l’âge du départ à la retraite, ainsi qu’une nécessaire
La croissance économique induite a été particulièrement forte : adaptation du flux migratoire à l’exigence des besoins des em-
le PIB a augmenté de 70% sur la période 1998-20061, soit une ployeurs (voir atelier 4 pour une estimation de ce flux, qui reste
moyenne annuelle de + 6,8% (en valeur nominale, non corrigée modeste).
de l’évolution des prix). De cette situation a résulté une évolution en deux temps (voir
Cette croissance économique ne s’est évidemment pas ac- graphique ci-dessous) :
compagnée d’une croissance équivalente en matière d’emploi, lu ne poursuite de l’augmentation du nombre de demandeurs

puisqu’une partie non négligeable de l’augmentation du PIB ré- d’emploi ;


sulte de l’augmentation du salaire moyen, de la productivité, et lp uis, en 2002, un véritable plongeon du nombre de deman-

des marges des opérateurs économiques. Toutefois, le nombre deurs d’emplois ;


de créations d’emplois sur la période 1998-2006 a été considéra- Évolution annuelle du nombre de demandeurs
ble : l’emploi salarié du secteur marchand2 a progressé sur cette (moyenne en fin de mois)
période de 41% (moyenne annuelle de + 4,3%). 12 000
Nombre

salariés immatriculés cafat secteur privé

Source : ISEE – Tableaux de l’économie calédonienne - édition abrégée 2008


10 000 Nouvelle-Calédonie
60 000

55 000 8 000

50 000
6 000
45 000
Province Sud
4 000
40 000
2 000 Province Nord
35 000
Province des îles Loyauté
30 000 0
Source : ISEE

1990 1995 2000 2007


98

99

00

01

02

03

04

05

06

07

08
19

19

20

20

20

20

20

20

20

20

20
Source : ODE (IDCNC), saisies des services provinciaux

*1er semestre
Demande d’emploi : Nombre de demandeurs actifs en fin de mois = moyenne mensuelle
Offre d’emploi : Nombre d’offres d’emplois actives en fin de mois = moyenne mensuelle

1
L’année 2007 n’est pas analysée, à cause de son caractère atypique : la croissance économique a été tirée par des prix du nickel extrêmement élevés, que l’on ne retrouvera pas en 2008 ni probablement en 2009.
2
On ne dispose pas de statistiques ISEE relatives à l’emploi du secteur non marchand avant 2002. On note toutefois que depuis cette date, l’augmentation du nombre de salariés dans ce secteur a été environ d’un tiers moindre que celui
66 constaté dans le secteur marchand sur la même période.
On ne dispose pas non plus de données régulièrement publiées sur l’emploi non salarié : on notera toutefois que, le jour du recensement de 2004, il y avait 80 685 personnes s’étant déclarées actifs occupés, et que la CAFAT
a enregistré ce trimestre là 64 736 salariés. La différence, soit environ 15 950 personnes, sont essentiellement des travailleurs indépendants.
1.2 U
 ne situation florissante appelée L’examen des « secteurs porteurs » effectué par l’atelier n’a
à se prolonger permis de balayer que des secteurs « traditionnels ». Pourtant, la
Les études économiques (notamment la publication faite en Nouvelle-Calédonie présente quelques atouts significatifs vis-à-
2005 par l’IEOM, l’AFD et l’ISEE « L’économie calédonienne en vis du développement d’autres secteurs : cf. atelier 4.
mouvement ») montrent que le dynamisme économique qu’a
connu le pays dans les années récentes devrait se poursuivre 1.3 U
 ne situation de plus en plus tendue
(Nota : prévoir les effets qu’aura en Nouvelle-Calédonie la forte pour les entreprises…
crise économique qui s’est progressivement répandue dans le Les efforts conduits avec succès ces dernières années pour
monde à partir de la mi-2008, est chose impossible : les carac- dynamiser certains secteurs économiques, et surtout les créa-
téristiques propres de l’économie calédonienne incitent plutôt tions d’emploi dans la mine et la métallurgie, à des niveaux de
à l’optimisme, même si l’on ne peut exclure que l’impact avéré rémunération élevés permis par les prix mondiaux du nickel, ont
de la crise sur les exportations de nickel puisse se répercuter en fait engendré une situation de réelle « surchauffe » :
sur d’autres secteurs de l’économie ; les réflexions de l’atelier l l ’IDCNC constate par exemple sur 10 ans une augmentation

reposent sur l’hypothèse d’une poursuite de la forte dynamique d’un facteur environ 2,5 du nombre des nouvelles offres
d’investissement déjà en cours depuis plusieurs années). d’emploi déposées dans le mois ;
Cette situation aura des répercussions en termes d’emplois : lc  ertains secteurs n’arrivent plus à recruter voire garder leurs

lL a mine et la métallurgie restent créateurs d’emplois au moins salariés ;


à horizon 2025. Le caractère cyclique de cette activité induit l l orsque l’on forme des personnes dans ces secteurs, il peut

néanmoins des risques socio-économiques, qui obligent le même arriver que celles-ci partent, avant terme, vers un
pays à maintenir d’autres activités économiques ; il faut consi- domaine plus attractif ;
dérer comme acquis le fait qu’il y aura bien à moyen terme 3 lm  ême les offres de formation apportées par les pouvoirs

usines métallurgiques publics, sauf quasi-certitude d’embauche en fin de formation,


lM algré l’importance du secteur industriel développé depuis ne trouvent pas toujours preneurs ;
30 ans, en partie sous la protection d’un régime douanier lu  ne forte croissance des salaires dans certains métiers très

particulier, il reste encore de la place pour le développement demandés rappelant la période du boom du nickel des
d’activités de transformation, sur des produits nouveaux ou en années 70.
remplacement d’importations ;
lL e secteur de la construction est également durablement 1.4 …
 engendrant un besoin de repenser
générateur d’emplois du fait des grands projets (trois usines, les priorités économiques du pays
hôpital de Koutio, jeux du Pacifique de 2011, etc.), de la crois- Pourtant, certains de ces secteurs font l’objet d’aides des pou-
sance économique générale (cf. la demande de bureaux et voirs publics, si bien que cette situation parait manquer de
de bâtiments commerciaux ou industriels), mais aussi du fait cohérence : doit-on encore mobiliser de l’argent public pour
des retards accumulés dans de nombreux secteurs : logement rendre viable l’activité dans des secteurs où la Nouvelle-Ca-
(dont le logement social), adduction d’eau, assainissement (cf. lédonie est en situation de « désavantage compétitif », si cela
projet de fonds d’aide aux communes), etc. ; renforce la pénurie de main d’œuvre dans des secteurs plus
lL e tourisme est un secteur souvent cité parmi ceux devant stratégiques ? Clarifier cette question est un enjeu fort du futur
contribuer à rééquilibrer l’activité économique et l’emploi, no- schéma d’aménagement et de développement.
tamment vers la brousse3 ; Le sentiment général est que l’on risque de voir l’actuelle
lL es difficultés du secteur de l’agriculture ont de multiples cau- surchauffe durer, les besoins de main d’œuvre dans les divers
ses (faibles rendements, absence de prestations logistiques et secteurs économiques en croissance dépassant, peut-être pour
d’organisation pour l’accès au marché, problème du foncier, longtemps, les ressources humaines disponibles. Il faudra for-
absence de labels, etc.), et sa faible attractivité est reconnue, cément faire des choix, et, pour cela, des éclairages importants
due à la pénibilité et aux faibles rémunérations, mais égale- manquent encore, et notamment un bilan clair des emplois de
ment aux manques de perspectives de ce domaine. Pourtant, demain, tenant compte :
ce secteur bénéficie de nombreuses aides et de dispositifs de ld es projets validés (usines métallurgiques et mines, schéma

formation assez lourds, justifiés par le souci permanent qui dé- tourisme, grands chantiers de Tontouta, Koutio, etc.) et de leurs
coule d’une très faible autosuffisance alimentaire4 ; répercussions sur l’économie du pays (poursuite de la crois-
lL a valorisation de la biodiversité est perçue comme potentiel- sance du BTP et des industries de transformation) ;
lement porteuse : produits cosmétiques, pharmaceutiques, ld es besoins intrinsèques du pays (renforcement de l’agri-

etc. Ce potentiel n’est toutefois pas évalué. Un développement culture pour une meilleure sécurité d’approvisionnement
des métiers de gestion de l’environnement peut être induit alimentaire, renforcement des transports, indispensable amé-
par l’inscription du lagon à l’UNESCO (accueil du public, lutte lioration de la gestion des déchets, de l’eau, du lagon, des sites
contre les espèces invasives, etc.), par le développement de la miniers, etc.).
mine (Centre National de Recherche et Technologie, replan- Dans un contexte de concurrence entre secteurs économiques,
tations) ou par les retards accumulés (assainissement, gestion pour l’accès à des ressources humaines plus rares, la logique
des déchets) ; n’est manifestement plus celle du développement de l’emploi «
lL ’augmentation du prix des énergies fossiles rend plus com- tous azimuts ». Une gestion plus fine est nécessaire, et d’autres
pétitive la production d’électricité à partir des énergies critères mériteraient d’être plus explicitement affirmés, dont :
renouvelables, et ce secteur peut lui aussi contribuer demain à l celui de l’adéquation des emplois au vivier de compétence ;

de nouveaux emplois. lc elui de la distribution de l’activité économique sur le terri-

l Etc. toire (y compris en emplois indirects, par exemple agricoles) ;

3
Il existe toutefois de forts doutes quant aux chances de pouvoir mettre effectivement en œuvre l’objectif de 2400 chambres nouvelles, alors que le secteur du bâtiment peine à
répondre à tous les besoins, et que l’on recrute difficilement dans les métiers de l’hôtellerie. De plus, il reste des questionnements de nature plus commerciale : caractère réel mais
limité du potentiel de développement de la clientèle locale ; faible valeur ajoutée du secteur de la croisière ; impact de la hausse du pétrole sur la clientèle européenne voire
4
asiatique ; qualité d’accueil perfectible ; coexistence délicate du tourisme et de la mine ; faiblesse des activités de loisirs ; etc.
Le fait que ce secteur soit en continuel déclin, et le niveau atteint en matière de dépendance alimentaire, sont deux facteurs inquiétants dans un contexte mondial de 67
relative rareté des matières premières agricoles ; redresser la barre nécessiterait une vigoureuse politique touchant à de nombreux aspects : foncier, rémunérations,
protections de marché, labels, cohérence avec le secteur agro-alimentaire, formation, pratiques agricoles, contrôles, etc.
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances

l’agglomération du Grand Nouméa concentre la majeure par- de l’augmentation de l’employabilité ; cette situation engendre
tie des emplois, ce qui est l’une des causes d’un exode rural de fortes incertitudes, mal vécues par les entreprises (difficultés
important et problématique. Les outils statistiques font mal- d’anticipation) et par la société (perception très différente d’une
heureusement défaut du fait que les emplois sont enregistrés personne à l’autre des enjeux du recrutement extra- territorial).
au sein du siège social de l’entreprise, qui se situe presque sys- La surchauffe étant probablement appelée à durer, tous les sec-
tématiquement dans le Grand Nouméa ; teurs économiques souffriront de la concurrence avec le secteur
lc elui de la cohérence entre filières (par ex. à l’interface agricul- minier…
ture / industrie de transformation) ;
l celui de l’équilibre général de l’activité, avec notamment un 1.6 Une situation socialement nouvelle
fort besoin de sécuriser le tissu économique vis-à-vis d’un re- Le monde économique et les pouvoirs publics n’avaient jus-
tournement de tendance ; qu’alors pas de message positif à faire passer à l’ensemble de la
lc elui du coût par emploi, en argent public et/ou en aggrava- population, quant au fait que le développement économique
tion du problème de la vie chère. pouvait profiter à tous. La population était habituée à un taux
de chômage élevé, notamment en brousse. Les postes salariés
1.5 L e paradoxe d’un taux de chômage étaient essentiellement dévolus à des compétences spécifiques
encore insuffisamment bas auxquelles la plus grande partie de la population n’avait pas ac-
Alors que les entreprises peinent à recruter, les chiffres des cès, et il était donc « normal » de ne pas pouvoir accéder à un
demandeurs d’emploi, bien que s’étant nettement améliorés de- poste salarié. L’idée qu’en faisant des efforts, on peut gagner sa
puis 2002, se montent encore à 6791 personnes au mois d’août place dans la société marchande, est une idée que l’on a peu
2008. C’est environ 7% de la population active5. A ce titre, on voit cherché à promouvoir.
bien que l’on ne peut pas décrire la situation actuelle du pays Le développement économique a permis la création d’em-
comme étant le plein emploi, ce terme décrivant en fait une plois nécessitant des compétences intermédiaires et donc plus
situation où personne ne rencontre de difficulté pour trouver accessibles, et paradoxalement le vivier des personnes peu qua-
un nouvel emploi. lifiées en recherche d’emploi a très fortement diminué. En fait,
De plus, le taux d’emploi (part des actifs occupés dans l’en- les mentalités sont encore restées sur le message ancien rap-
semble de la population, inactifs compris, de la tranche d’âge pelé ci-dessus, même si la situation progresse vite, notamment
15-64 ans) est assez faible : il était en 2004 de 53%, à comparer grâce à la communication sur l’usine du Nord. Mais le sentiment
aux 62% constatés en France, 64% en moyenne sur les pays de que le système profite à certains et pas à d’autres reste encore
l’OCDE, et 76% en Nouvelle-Zélande. Autrement dit, il existe une vivace, et engendre le maintien de comportements revendica-
proportion significative de la population qui n’est pas aujourd’hui tifs. Une partie de la population garde une vision négative du
en recherche d’emploi, mais qui pourrait en partie le devenir. développement du pays, notamment les jeunes de brousse, qui
Cette situation s’explique par : s’en sentent exclus.
lu ne mauvaise adéquation entre le niveau de qualification dont C’est un cercle vicieux, car la motivation est un facteur es-
disposent les jeunes entrés ces dernières années sur le marché sentiel de recrutement, pouvant même pallier un manque
du travail, et celui attendu par besoins des entreprises ; cette de formation ou de compétences. Changer la vision des gens
situation est en effet facile à constater tant à travers l’examen nécessitera du temps, car il s’agit d’un changement social pro-
des offres d’emploi non satisfaites, qu’à travers la typologie des fond ; il faudra démontrer en pratique que chacun a sa chance,
demandeurs d’emploi ; et veiller à le faire savoir. La valeur de modèle de ceux qui réus-
typologie des demandeurs d’emploi (mai 2008) sissent en étant partis de rien est importante : ils peuvent être
4% 2% des leaders positifs, véhiculant l’image que « tout le monde a sa
chance ». Le dispositif « Cadres avenir » en apporte notamment
la démonstration.
37% 48%
L’exemple des îles Loyauté est à ce titre intéressant : le manque
de débouchés sur place a fait qu’une partie de la population s’y
est, plus tôt que sur la Grande-Terre, intéressée à l’insertion dans
le monde économique ; l’intérêt pour les dispositifs de formation
9% y est plus prononcé. Le regard sur ceux qui ont vécu, ou vivent,
Aucun diplôme CAP, BEP Diplômé de ou reviennent après une expérience intéressante, influence le
l'enseignement
BEPC Bac regard de toute la population sur les questions de développe-
supérieur
ment économique.
lde réelles difficultés pour certains jeunes à accéder à leur pre-
mier emploi, pour des raisons logistiques et/ou culturelles (ces 1.7 U
 n besoin d’améliorer la compréhension
aspects sont développés respectivement au chapitre 3 et dans de ces phénomènes sociaux
le rapport de l’atelier 5). On manque de compréhension sur ces facteurs importants
Une partie seulement des besoins des entreprises est satisfaite d’évolution du regard de la société sur le monde du travail, et
par la progression de l’employabilité (jeunes, femmes, etc.). La c’est d’ailleurs pourquoi, lors des journées Agora d’avril 2006
partie non satisfaite par cette progression se traduit donc de sur « la recherche en sciences humaines et sociales en Nouvel-
facto par une importation de main d’œuvre, ou des postes va- le-Calédonie », il avait été proposé comme axe de recherche
cants… « la représentation sociale du travail et plus généralement le
On constate une absence d’évaluation fiable tant des be- thème de l’insertion sociale, personnelle, professionnelle par
soins de main d’œuvre induits par l’activité économique, que le travail »6.

5
Taux qui ne peut malheureusement être comparé à celui publié dans les pays de l’OCDE, qui se réfère toujours au nombre de demandeurs d’emploi au sens du BIT (bureau international du travail, organisme rattaché à l’ONU). Cette notion
est plus restrictive que celle utilisée en Nouvelle-Calédonie. A titre d’information, on notera toutefois que certains pays tels que Corée, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, etc., avaient un taux de chômage au sens du BIT compris en 2006 entre
68 3,5 et 4% (source : OCDE).
6
Ainsi que, notamment : - Les différentes modalités d’insertion dans le marché du travail : les différences (sociales, géographiques, économiques) devant l’accès à l’emploi, la rémunération etc. - La place des différentes commu-
nautés sur le marché du travail (causes d’échecs et de réussites). - La gestion de l’accès au marché du travail : discrimination politique, la protection d’emploi local, l’analyse pointue du programme « cadres-avenir ». 2
2. Des entreprises et des salariés
qui doivent identifier leurs besoins
2.1 U
 ne gestion des emplois et des destiné et créant de fait un déficit dans certains secteurs. Pour les
compétences de plus en plus stratégique entreprises recrutant par défaut, le temps à consacrer à la forma-
Cette gestion des emplois et des compétences doit être prévi- tion interne est important et donc générateur de coûts.
sionnelle (GPEC), et donc s’appuyer sur une définition précise et Du fait de ce triple mouvement, une grande partie des actifs
anticipée des besoins. Cette exigence se heurte néanmoins à un n’occupent pas un emploi correspondant à leur formation :
certain nombre de difficultés. l sous-qualification ;

l sur-qualification ;

2.2 D
 e fortes lacunes dans la définition l qualification sur un autre métier.

des besoins en compétences La chambre de Métiers et de l’Artisanat mène actuellement un


Les outils de définition des compétences (fiches de poste et travail pour améliorer la structuration des professions.
référentiels) sont fondamentaux et, globalement, ils existent.
Cependant, ils ne sont pas toujours adaptés ni utilisés compte 2.4 U
 n turn-over des salariés rendant
tenu : plus difficile l’accompagnement
ld  e la nature du tissu économique de la Nouvelle-Calédonie : de la promotion interne
extensivité géographique et prévalence des TPE-TPI ; Le développement des compétences doit s’appuyer sur la for-
ld  es difficultés de gestion des ressources humaines (temps, mation continue, l’apprentissage et l’alternance pour contribuer
compétences…), face à l’urgence du carnet de commande. ainsi à l’émergence d’un ascenseur social visible au sein des en-
Ce constat est vrai quelque soit l’employeur : ces lacunes sont treprises.
aussi présentes dans les collectivités publiques. Les entreprises qui anticipent leurs besoins et qui font l’effort
En corollaire, et tout particulièrement pour les TPE-TPI, de formation nécessaire pour, dans le temps, préparer leurs sa-
on déplore : lariés à des emplois plus qualifiés, prennent en fait des risques
lu  ne absence quasi générale de gestion prévisionnelle des em- car lesdits salariés peuvent partir du jour au lendemain vers un
plois et compétences (GPEC) et de plans de carrière ; secteur mieux rémunéré. Anticiper en période de surchauffe est
ld  es plans d’embauches souvent réalisés dans l’urgence ; pour les entreprises chose difficile et risquée.
l l a faible implication dans les démarches collectives de construc-

tion de référentiels, éléments de structuration de la profession 2.5 U


 ne faible mutualisation de la réflexion
jugés peu prioritaires (ce point est développé plus loin). au niveau des structures syndicales
On constate un manque de coordination au niveau des syndi-
2.3 U
 ne adaptation par défaut du recrutement cats d’employeurs pour définir leurs besoins, faute de disposer
aux viviers disponibles d’un référentiel de compétences (référentiel métier) qui permet-
En corollaire de l’absence fréquente de GPEC, les besoins réels trait de définir un emploi en fonction de compétences mises en
des entreprises sont mal cernés et les critères de recrutement œuvre. Ces compétences pourraient alors être reprises dans le
sont donc souvent en décalage face aux réalités du vivier référentiel de formation.
d’emplois que ce soit pour les publics à faible qualification ou Les structures syndicales (patronales et salariales) sont trop
diplômés. petites pour se démultiplier de manière efficace dans les diffé-
Avec pragmatisme, compte-tenu du marché de l’emploi lo- rentes structures ou comités de concertation existants.
cal, mais aussi fait de besoins mal identifiés, les entreprises font Les partenaires sociaux n’ont pas non plus la compétence en
aujourd’hui avec un niveau d’employabilité relativement faible : interne pour couvrir l’ensemble des champs de ces différents
elles se « contentent », pour les recrutements sur postes à tech- comités, conseils d’administration et autres commissions consul-
nicité faible ou moyenne, de personnes motivées, ponctuelles, tatives pour véritablement jouer le rôle que l’on attend d’eux.
ayant un certain savoir-être, respectant les consignes, et les in- Les secteurs du BTP et de l’industrie ont cependant mis en
formant en cas d’absence, et mettent ensuite ces personnes en place récemment des structures bien organisées pour répondre
situation de travail, en veillant à développer les compétences au mieux à leurs besoins : syndicat du BTP et FINC. Ce type de
techniques nécessaires par un accompagnement personnel as- structure est adaptable à d’autres secteurs.
sez fort. Ce constat n’est pas vrai partout, et certaines entreprises
sont encore très attachées aux diplômes. 2.6 D
 es difficultés particulières pour la
A l’inverse, le marché du travail utilise les jeunes diplômés formation au sein des petites entreprises
pour leurs compétences acquises et leur capacité d’adaptation, La formation continue des salariés est réglementairement gérée
sans généralement identifier de manière précise les compéten- par l’obligation de participation des employeurs (0.7%) à la for-
ces attendues pour le poste à pourvoir. De même, sur certains mation de leurs salariés. Les entreprises de moins de 10 salariés
métiers très demandés, le recrutement peut intervenir avant le n’y sont pas assujetties.
terme du cursus scolaire (BTS, apprentissage). Autrement dit, les Aujourd’hui les entreprises assujetties contribuent en moyen-
entreprises minorent leurs propres besoins. ne à hauteur de 2,3% de leur masse salariale. La catégorie des
Enfin, l’absence de formation dispensée localement dans employeurs de plus de 100 salariés emploie 43% de l’effectif
certains domaines engendre un recrutement par défaut des global annuel pour l’année 2006.
entreprises mobilisant ainsi un vivier qui, a priori, ne leur est pas Les petites entreprises, de 10 à 20 salariés, qui représentent

2 - Le suivi de la sortie du système éducatif : déterminer les facteurs de réussite et d’échec, les trajectoires individuelles des jeunes, leurs démarches, les différentes transitions sur le
marché du travail (période d’emploi et de non emploi, les quotités d’emploi : temps plein/partiel...). - Compétences des métiers, stratégie de la Nouvelle-Calédonie vis-à-vis de la
production de la génération compétente que ce soit par la formation initiale à l’université, dans les BTS, l’apprentissage, ou par le système en alternance, la formation continue,
les compatibilités entre l’offre et la demande. 69
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances

16% des emplois assujettis à l’obligation de participation des Nombre de personnes reçues
en réunion collective d’information
employeurs à la formation (voir tableau), ont une participation
obligatoire d’un montant trop faible pour faire face à la mise en mai juin juillet août sept Total
place d’une formation efficace au sein de leur organisation, que
Nbre de pers. 21 13 23 16 5 78
ce soit pour répondre à des besoins techniques, ou dans un ob-
jectif de reconnaissance du salarié. Elles se libèrent souvent de Pour répondre à la demande d’information sur la VAE en gé-
leur obligation par un versement au Trésor. Les outils en place ne néral, des réunions d’informations collectives sur la VAE ont
sont donc pas satisfaisants, et on peut regretter l’absence d’une été mises en œuvre depuis le mois de mai.
organisation paritaire interprofessionnelle pour mutualiser les
financements destinés à la mise en place de formation pour ces Nombre d’entretiens en accompagnement VAE (ministère de
l’emploi, universités et enseignement supérieur divers)
petites entreprises.
répartition des effectifs jan. fév. mars avril mai juin juillet août sept. Total
en fonction de la taille des entreprises

Source : IDCNC, octobre 2008


Nb entretiens 0 2 5 5 7 8 9 2 0 38
Effectif Nombre % par rapport
Taille d'entreprise
salarié Employeurs Effectif Total Il s’agit des personnes ayant entamées une démarche VAE.
10 à 20 salariés 5 257 368 15,99% Une même personne peut être reçue plusieurs fois.
25 candidats sont actuellement suivis et sont tous salariés.
21 à 30 salariés 3 791 151 11,53%
31 à 50 salariés 5 528 142 16,81%
51 à 100 salariés 3 974 60 12,09%
2.8 L ’adaptation des entreprises
au contexte océanien
plus de 100 salariés 14 332 56 43,59% L’entreprise doit tenir compte de la réalité sociétale dans laquelle
Total 32 882 777 100,00% elle évolue. Plus particulièrement, la relation des populations
océaniennes au travail salarié doit être analysée dans deux as-
Source : Rapport 2006 sur l’activité de formation des employeurs assujettis à l’obligation de participation au financement de la
Formation Professionnelle et Continue (les entreprises de moins de 10 salariés sont exonérées) pects : les rythmes de travail et le management. Ces points sont
Une réflexion à ce sujet devrait être conduite par les pouvoirs développés ici en complément des analyses produites au sein
publics avec les partenaires sociaux. Cette réflexion inclurait de l’atelier 5.
également le problème posé par les accords de branche, qui Le constat d’un intérêt des populations océaniennes au travail
sont obsolètes en termes d’approche par compétence et qui salarié, conditionné par des réalités extérieures aux entreprises,
devraient donc être ré-analysés en ce qui concerne les questions est souvent fait. Cette réalité est fréquemment perçue comme
de formation et de référentiels métiers. négative dans la mesure où elle s’opposerait aux exigences de
Par ailleurs, l’opportunité créée par l’implantation d’entrepri- productivité et de rentabilité.
ses étrangères disposant en interne d’un vivier d’expertise et de Cependant, des cycles de travail dépendant d’événe-
compétences devrait être saisie et des partenariats en terme de ments saisonniers et/ou d’une approche purement utilitaire
formation recherchés. (répondre ponctuellement à un besoin financier) n’est pas sys-
tématiquement un handicap. En témoigne l’attrait pour le travail
2.7 U
 n besoin d’outils favorisant l’ascenseur temporaire qui permet le choix des périodes travaillées et la pré-
social servation du mode de vie familial / tribal.
Compte tenu des recrutements par défaut et donc de l’inadaptation Cette approche comporte des atouts pour les entreprises com-
entre les compétences détenues par le salarié et celle attendues me pour les travailleurs9 :
par l’entreprise, le principe de l’ascenseur social ne fonctionne que lp our le salarié, le travail temporaire offre une relative liberté

sur les premiers niveaux. Aujourd’hui, le diplôme reste encore sou- de choix des périodes non travaillées. Il permet d’acquérir une
vent la seule référence pour l’employeur en l’absence de référentiel expérience professionnelle et d’essayer plusieurs environne-
métier et compétence par branche, contribuant à la stagnation ments de travail différents, avant de choisir l’entreprise où l’on
de salariés ayant acquis une réelle expérience professionnelle se sent le mieux. Enfin, le niveau de revenu est supérieur à un
qu’ils ne peuvent valoriser. De fait, les dispositifs réglementaires de CDD ou à un CDC (prime de précarité 15%, congés payés 10%)
promotion sociale sont aujourd’hui très réduits voire inexistants. et de plus, les entreprises d’intérim s’attachent à replacer leurs
L’intégration au corpus réglementaire en Nouvelle-Calédonie des intérimaires à l’issue des missions ;
mécanismes telle que la VAE7 ou une meilleure utilisation du CIF8 lp our les entreprises, cela autorise la flexibilité de la charge sala-

faciliteraient la mobilité interne des salariés. riale en fonction de l’activité, mais également la vérification sur
une période courte des aptitudes du salarié avant de s’engager
Données concernant la VAE éventuellement sur un contrat de travail classique.
Nombre de personnes reçues Cependant, cette analyse n’est valable que pour certains secteurs qui
par le Point Relais Conseil IDCNC correspondent mieux aux réalités culturelles en termes de temps de
Statut jan. fév. mars avril mai juin juillet août sept. Total travail (ex: chargeurs minéraliers sur la côte Est, dockers, femmes de
Demandeurs d’Emploi 1 1 2 2 0 4 10
ménage). Le travail temporaire génère par ailleurs un fort turn-over
et un réel surcoût. Il peut également empêcher l’évolution profes-
Source : IDCNC, octobre 2008

Salariés 10 6 13 7 2 16 13 18 14 sionnelle des salariés les plus jeunes qui se contentent de l’apport
Non renseigné 1 0 3 4 financier ponctuel de missions ou d’emplois peu qualifiés.
Total 10 6 14 7 3 18 16 18 21 113 En tout état de cause, le CDD reste le contrat de travail le plus
fréquemment proposé par les entreprises et si il peut répondre

7
Reconnue par le Code du travail, la validation des acquis de l’expérience (VAE) permet de faire reconnaître son expérience notamment professionnelle ou liée à l’exercice de responsabilités syndicales, afin d’obtenir un diplôme, un titre ou un
certificat de qualification professionnelle. Diplômes, titres et certificats sont ainsi accessibles grâce à l’expérience (et non uniquement par le biais de la formation initiale ou continue), selon d’autres modalités que l’examen.
70 8
Congé Individuel de Formation
9
De façon plus générale, un participant à l’atelier a posé la question de la bonne articulation entre les rythmes de la vie quotidienne et ceux du monde de l’entreprise : « La question de la concordance des temps est cruciale au sein
d’une société qui veut garantir à chacun l’accès aux activités nécessaires à son équilibre personnel et social (…) mais également à (…) la rentabilisation des infrastructures (…). Il est devenu nécessaire de lui associer des efforts 2
à la fois aux aspirations des salariés comme aux besoins des en- Néanmoins, une réflexion devrait être menée sur l’encadre-
treprises, il n’est pas une finalité mais un démarrage. Le contrat ment juridique du temps de travail et de la flexibilité tenant
à durée déterminée est vu comme un moment de vie. L’envi- compte des mœurs des populations océaniennes insérées dans
ronnement juridique et financier, le système bancaire, poussent le milieu urbain qui ont des cycles de travail dans l’année (agri-
à la recherche d’une stabilité que seul le CDI peut offrir pour culture et besoins coutumiers).
répondre aux besoins de la famille entre autres (les besoins et Le rapport à l’entreprise ne se réduit pas à la question du
les attentes par rapport à la société de consommation évoluant temps de travail, il est aussi lié à l’image générale qu’elle véhicule.
avec l’âge et la construction de l’édifice familial). A cet égard, le très faible nombre d’entrepreneurs océaniens ne
offres par type de contrat 2005-2008* permet pas une appropriation du modèle par les populations
Source : IDCNC, Statistiques Emploi Année 2007

concernées. Mais c’est surtout le mode managérial qui doit être


interrogé.
En effet, les entreprises souffrent d’un déficit d’encadrement
intermédiaire qui ne favorise pas l’insertion des nouveaux
salariés. De plus, l’impact du mode de management sur la
motivation et l’intérêt au travail plus marqué qu’ailleurs. Les
employés ont besoin d’accompagnement plutôt que d’être
« bousculés » par le patron (« management affectif »). Le rôle
69,1% des postes offerts concernent des CDD. Après avoir progressé de l’exemplarité du comportement du manager ne doit pas
entre 2006 et 2007, les résultats du premier semestre 2008 laissent ap- être non plus sous-estimé et les carences du dialogue social
paraître une répartition comparable à celle du premier semestre 2007. au sein de l’entreprise ne favorisent pas l’émergence d’une
Toutefois, il faut souligner la forte progression des CDI entre 2006 et 2007 connaissance mutuelle des besoins et des contraintes de cha-
(+74,9%), alors que dans le même temps les CDD ont diminué de 12,8%. cun, entrepreneur et salarié.

3. D
 es viviers de ressources humaines
à mieux mobiliser
3.1 L a priorité à l’emploi local conflits, rôle préventif et curatif ) ;
comme règle première lcréer une « fondation du travail » chargée de la cohérence
Pour mémoire : état des travaux du groupe de travail sur l’em- inter-professionnelle.
ploi local (Sessions du dialogue social, août 2007). On notera que sur l’ensemble de l’intérieur du territoire, les
Constat : règles sur l’emploi local sont, à tort, comprises comme des
Une conflictualité sociale importante liée aux problémati- règles d’emploi local localisé.
ques de l’emploi local et du rééquilibrage.
Causes : 3.2 Un taux d’emploi globalement faible
Une compréhension divergente de l’accord de Nouméa Quelques chiffres peuvent aider à identifier le chemin restant à par-
et de la loi organique ; courir : le taux d’emploi10 dans la tranche d’âge 15-64 ans était en
Un projet de loi de pays n’ayant pas encore abouti ; 2004 de 53%, à comparer aux 62% constatés en France, 64% en
Un nombre élevé de demandeurs d’emploi peu qualifiés moyenne sur les pays de l’OCDE, et 76% en Nouvelle-Zélande.
au regard des besoins en main-d’œuvre ; Ce taux d’emploi est particulièrement faible dans certaines
Les enseignements tirés des expériences précédentes ; catégories, que nous analysons au paragraphe suivant. Pour mo-
La loi seule ne peut pas permettre de régler le problème biliser ces différentes catégories, il faut des démarches adaptées,
dans sa globalité ; tenant compte des freins et des motivations, qui peuvent varier
Les problématiques sont différentes par corps d’une catégorie à l’autre. Le travail en réseau des collectivités
de métier et secteurs d’activité ; et des entreprises est, à cet effet, efficace : plusieurs exemples
L’entreprise reste le lieu du conflit. abondent, montrant la multiplication de ce type d’action : Païta,
Les préconisations portent sur la future loi cadre Poya, Mont-Dore, Yaté entre autres.
Cette loi prévue à l’article 24 de la loi organique devrait : L’économie vivrière et la retraite précoce favorisent ce faible
lp oser les règles d’une définition des bénéficiaires de l’em- taux d’emploi.
ploi local (citoyens et personnes justifiant d’une durée de
résidence suffisante par secteurs et par métiers) ; 3.3 U
 ne potentiel de progrès plus important
lo bliger à réserver à la population locale certains emplois sur certaines catégories de population
non ou peu qualifiés et à lui ouvrir en première priorité les Les catégories de population dans les paragraphes ci-dessous
autres emplois ; ne sont pas traitées par ordre de priorité.
lc réer des instances paritaires par branche chargées de la

régulation (développement d’une expertise sur les métiers Les femmes


et les compétences, définition des durées de résidence en Une mutation sensible de la société calédonienne concerne le travail
Nouvelle-Calédonie, recommandations relatives au déve- des femmes, qui est en progression régulière depuis plusieurs années :
loppement d’une main d’œuvre locale qualifiée) ; lp
 rogression de 37% du nombre de femmes actives occupées

lc réer une instance paritaire de l’emploi local (arbitrage des entre 1996 et 2004, contre 18% pour les hommes ;

2 de concordance des lieux pour permettre de vivre ensemble en famille, dans l’entreprise, dans la cité. » (cf. rapport du Conseil économique et social national - avril 2002 : « Le temps
des villes : pour une concordance des temps dans la cité »). Cette question n’a été traitée dans aucun atelier, mais semble pourtant correspondre à un enjeu local, au moins pour les
zones urbaines. On notera qu’ailleurs des réflexions, à des échelles souvent urbaines, ont permis de déboucher sur des solutions : horaires d’ouverture de certains services ou
de marchés, horaires des entreprises pour diminuer les bouchons, etc. 71
10
C’est le ratio entre le nombre d’actifs occupés, et la population totale de la tranche d’âge 15-64 ans (NB : l’ISEE prend pour référence plutôt la population totale de 14 ans et plus).
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances
Source : IDCNC, Statistiques Emploi Année 2007

len 2004, 42% des emplois étaient tenus par des femmes, contre plus élevé que celui des hommes), mais aussi parce qu’elles véhi-
38% seulement en 1996. culent dans leur environnement familial une image positive du
Mais il semble que l’amélioration du taux d’emploi des travail salarié, voire l’esprit d’entreprise.
femmes s’est en même temps accompagnée d’une forte En comparant le taux d’emploi des femmes de 45% (contre
augmentation des attentes des femmes vis-à-vis de l’emploi. 60% pour les hommes) et le pourcentage de femmes parmi les
Ainsi, en 10 ans, la proportion des femmes parmi les deman- demandeurs d’emploi (60%), on peut déduire que les femmes
deurs d’emploi est passée de 50% à 60% environ (graphique calédoniennes constitue un vivier important de main d’œuvre
ci-dessus). et le seront encore plus dans les prochaines années.
Cette progression est due à l’ouverture des femmes à de Ce mouvement a bien évidemment ses limites, et il est
nouveaux métiers, dont ceux de la mine, et à des facteurs so- d’ailleurs rare parmi les pays occidentaux, sauf pays scandinaves,
cioculturels tels que l’urbanisation, l’émancipation, la valeur que l’écart entre les taux d’emploi des hommes et des femmes
d’exemple des autres femmes déjà salariées, etc. ne soit « que » de 15%. Sans doute est-il temps que la société
Les femmes constituent une « cible » intéressante pour le fu- calédonienne s’interroge sur les besoins des femmes en matière
tur développement de l’emploi, du fait de la satisfaction de leurs de conciliation des contraintes du travail avec la vie familiale :
employeurs (motivation, sérieux, niveau de qualification moyen crèches, emplois familiaux, etc.

Les seniors Les jeunes mélanésiens en sortie de formation


L’emploi des séniors favorise l’apport du savoir-faire auprès des Certains jeunes en sortie de formation, n’étant pas approchés
jeunes embauchés par le biais du tutorat. Cette catégorie de po- immédiatement par les entreprises (lesquelles ne font pas de
pulation n’est pas une cible prioritaire mais peut constituer un prospection systématique dans le vivier des jeunes arrivant sur
vivier intéressant. le marché du travail) peuvent ne pas avoir d’autre solution que
de revenir en tribu (pas d’aide au logement pendant la période
Les jeunes sans qualification de recherche d’emploi) et de sortir durablement du marché du
De nombreux jeunes en situation d’échec scolaire sortent du travail (l’accès à l’information en tribu est limité : pas Internet,
système sans qualification. Ils constituent une source de main pas de journaux).
d’œuvre qu’il faut réintroduire dans le milieu professionnel. Un Il existe aussi un vivier important chez les jeunes bacheliers
accompagnement souvent long est nécessaire, avec des im- mélanésiens retournés en tribu, car concevant le bac comme
mersions répétées en entreprise, et un suivi rapproché pour un aboutissement ; c’est un créneau qui a été un peu oublié
permettre une capitalisation des expériences (par ex : entre (Données campagne CEGEP).
autre, dispositif d’accompagnement de la commune de Païta C’est là un bon exemple du fait que le pays doit, avec la si-
en partenariat avec le Service Emploi Formation de la province tuation nouvelle de quasi-plein emploi connue aujourd’hui,
Sud, intégrant les demandeurs d’emplois, les contrats emplois profondément changer ses pratiques, et passer d’une logique
formation, la mairie, les entreprises et une agence d’intérim). L’in- de traitement social du chômage à une logique de valorisation
térêt du Groupement du Service Militaire Adapté (GSMA) et de de ses richesses humaines.
l’apprentissage est également bien démontré. Il est à noter que le faible taux d’emploi chez les mélanésiens

72
s’explique également par des causes plus profondes d’ordre sont inaccessibles aux jeunes en contrat temporaire (problème
culturel : deux natures de la valeur travail se juxtaposent, l’une des garanties attendues par les bailleurs), les logements sociaux
de conception « occidentale » (de nature économique et à ca- relèvent de listes d’attente très longues, l’accès à la propriété
ractère essentiellement individuel), et l’autre, tout aussi réelle, de est coûteux, et les emprunts bancaires inaccessibles. Les jeunes
conception coutumière (de nature culturelle et à caractère très ressortissants de brousse ayant de petits contrats à Nouméa se
collectif ). Ce sujet a été plus nettement développé par l’atelier retrouvent donc logés dans la famille et ont l’impression de ne
5, auquel ont été transmises toutes les contributions apportées pas avancer dans leur vie. On notera que des difficultés similaires
à ce sujet au sein du présent atelier. de transports et d’hébergement se posent aussi pour les person-
nes voulant travailler sur une commune de brousse éloignée de
JSD11 et PPIC12 leur domicile.
De nombreux emplois aidés, précaires (PPIC, JSD, etc.), ont été Certaines contraintes trop fortes empêchent donc les jeunes de
développés ces dernières années par les collectivités, permet- devenir salariés et freinent la mobilité géographique. Un des enjeux
tant certes à certaines personnes d’occuper un emploi et donc d’avenir est donc de mieux diffuser l’emploi hors de Nouméa.
de développer leur employabilité, mais sans leur offrir un cur-
sus d’évolution ou de sécurisation de leur poste. Ces travailleurs 3.5 Comprendre les motivations et y répondre
ayant fait leurs preuves, ils constituent un vivier de main d’œuvre La motivation intrinsèque des personnes pour travailler est un
méritant une attention toute particulière : meilleure connaissan- facteur clef.
ce de leurs attentes, de leur potentiel, des formations à leur offrir, Il s’agit de mieux comprendre les causes qui empêchent les
et accompagnement vers l’emploi en entreprise. Les titulariser publics de se reconnaître dans l’emploi salarié et y apporter des
dans la fonction publique n’est pas forcément le meilleur service réponses. Les publics cibles doivent se sentir soutenus, et avoir
à rendre à eux-mêmes et/ou au pays. Cette population mérite- des perspectives d’avenir clairement affichées par la société, ce
rait d’être mieux identifiée ; mieux que ce qui a été possible dans sont deux points essentiels pour faire progresser l’employabilité.
le temps imparti au présent atelier. A cet égard, un travail de communication sur les parcours pro-
fessionnels (sentiment de « se réaliser ») et sur la participation à
3.4 Des freins logistiques à l’emploi la construction du pays pourrait être engagé. On a globalement
La faiblesse des offres de formation et des offres d’emploi dans les peu travaillé jusqu’ici sur le développement de la motivation.
zones rurales entraîne une mobilité forcée, non choisie des gens Pourtant, on constate que progresse l’idée que l’on travaille non
des communes de l’intérieur et des îles Loyauté. Le coût trop seulement pour soi, mais aussi pour construire le pays, pour le
élevé d’achat et d’entretien d’un véhicule personnel, la difficulté destin commun. Cela suppose aussi que les entreprises adap-
d’obtenir son permis, et les faiblesses des transports en commun tent leur comportement vers plus de citoyenneté.
(coût, horaires et réseaux) sont alors de vrais problèmes pour Des outils de motivation extrinsèque variés existent, mais sont
les populations éloignées des bassins d’emploi, renforcés par les encore insuffisamment utilisés par les entreprises : formations
problèmes de logement : les locations du privé, rares et chères, internes, événements sportifs ou culturels, horaires aménagés.

4. L’indispensable accompagnement institutionnel


4.1 Des finalités distinctes et complémentaires développer chez les jeunes un large spectre de compétences ?
La formation initiale, qu’elle soit générale ou professionnelle et ou voir encore plus la formation initiale comme une étape pré-
la formation professionnelle continue n’occupent pas le même paratoire à la vie professionnelle ?
champ, mais sont complémentaires. l f aut-il privilégier la filière générale ou technologique et profes-

La première doit permettre d’acquérir les compétences géné- sionnelle sur des cursus courts ?
rales (lecture, calcul…) ou professionnelles mais également une
« formation citoyenne », garante de l’adaptabilité des personnes 4.2 U
 n dispositif de formation
formées et de leur insertion sociale, si ce n’est professionnelle. initiale de qualité…
Elle travaille sur un spectre de compétences larges et sur un pu- La formation professionnelle initiale offre en Nouvelle-Calédo-
blic de masse, alors que la seconde répond, sur des effectifs plus nie les voies d’accès à 120 diplômes professionnels des secteurs
réduits, à des besoins spécifiques par niche, avec une réactivité secondaire et tertiaire : CAP, BEP, Baccalauréats professionnels,
plus grande. Elle procède aux ajustements rendus nécessaires Brevets de Techniciens Supérieurs. Les formations sont dispen-
par l’évolution des techniques, ou par la conjoncture économi- sées dans des établissements du secteur public ou privé, par la
que du moment. voie scolaire et parfois en apprentissage, c’est-à-dire en forma-
Le futur transfert des compétences de l’enseignement secondai- tion alternée. Il faut envisager le développement de la formation
re représente une opportunité pour mieux mettre en cohérence par alternance dans les établissements scolaires.
les politiques de formation initiale avec les besoins du pays. L’Université offre un nombre de places en augmentation ra-
Aussi y a-t-il lieu de réfléchir au rôle que l’on souhaite donner à pide et procède à la création d’outils (DEUST métallurgie en 2002
la formation initiale : par exemple) en concertation avec les entreprises locales.
l l a formation initiale doit-elle répondre de manière mécanique Aussi le périmètre d’enseignement est-il assez vaste, mais on
aux besoins identifiés en termes d’emploi ? observe à court terme, au fur et à mesure que les besoins se
lc  omment le marché du travail utilise t-il les compétences qui révèlent, une tension forte sur les capacités d’accueil dans cer-
sortent des dispositifs de formation initiale ? taines filières.
l f aut-il continuer d’insister sur l’enseignement général, afin de En effet, les infrastructures scolaires, autant que les équipes, sont

11
JSD (Jeune stagiaire pour le développement).
12
PPIC (Programme provincial d’insertion citoyenne).
73
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances

de qualité et s’attachent à répondre aux besoins locaux - exem- 4.4 U


 ne adéquation toujours difficile
ple : lycée de Touho avec les bac pro électrotechniques, lycée à réaliser à court terme
Jules Garnier au niveau des BTS industriels. Cependant des inves- Tout d’abord l’adaptation sectorielle présente des manques
tissements doivent être poursuivis pour maintenir à niveau les dans certaines filières, qui sont inexistantes ou en termes de
locaux et les équipements des établissements professionnels et compétences attendues dans certains métiers. En particulier
en remettre d’autres à niveau. L’augmentation des besoins arrive les diplômes délivrés par l’Education Nationale ont été bâtis
à la limite de la capacité d’accueil des lycées et notamment des en France, en s’appuyant sur les exigences des entreprises mé-
lycées professionnels. tropolitaines, qui sont différentes des attentes des employeurs
Si les moyens financiers sont conséquents, les budgets d’in- locaux. Par exemple, du fait du poids de l’enseignement général,
vestissement sont cependant encore insuffisants. les CAP et BEP paraissent trop longs pour la population des jeu-
Quant à l’acquisition de compétences techniques, lorsqu’elle nes en situation d’échec scolaire, en regard des compétences
se fait par les formations classiques (type CAP, BEP), elle s’accom- techniques à maîtriser.
pagne de contenus d’enseignement général. En effet, l’Éducation Ensuite se pose la question des moyens : par exemple, dans
Nationale a vocation à former aussi des citoyens de demain qui le secteur de maintenance industrielle de niveau III, de même
devront être adaptatifs. Cette caractéristique des diplômes de qu’en électrotechnique et maintenance d’engins, la formation
l’Éducation Nationale est prise en compte par de nombreux res- est coûteuse, et il y a manifestement un nombre insuffisant de
ponsables et représentants syndicaux qui souhaitent garder la personnes formées.
qualité lors du transfert des compétences du second degré. Plus globalement, il faut constater que la réponse apportée
Dans le prolongement de cette réflexion figure une préoccu- par le système de formation initiale ne peut pas, par construc-
pation de filière et d’ascenseur social. En effet, même si le poids tion même, s’adapter parfaitement aux besoins (exception faite
des bacheliers professionnels a fortement augmenté en Nou- de certaines professions réglementées, dont le nombre des di-
velle-Calédonie, il faut aussi des bacheliers technologiques et plômes est maîtrisé par des compétences fortes : infirmiers,
généraux pour faire des techniciens supérieurs : BTS, IUT. coiffeurs…).
En effet, alors que les besoins des entreprises varient forte-
4.3 …
 et des résultats en progrès, ment dans le temps en fonction du contexte économique, le
mais encore insuffisants dispositif de formation initiale a besoin d’au moins quatre ans
Le niveau d’instruction général des calédoniens s’élève. La pour ajuster son programme. L’ouverture et la fermeture de
proportion de personnes de 14 ans et plus, diplômées du sections se fait à la suite des demandes des établissements sco-
baccalauréat (général, technique ou professionnel), est passée laires et après l’accord du conseil consultatif de l’éducation (élus,
de 17,1% en 1996 à 24,3% en 2004. Ce ratio situe la Nouvelle- parents, chambres consulaires, représentants des personnels).
Calédonie entre la métropole (29,0% en 2004) et la Polynésie L’anticipation est indispensable, mais elle doit se faire sur des
française (20,0% en 2002) ou Wallis et Futuna (8,3% en 2003). Le données prévisionnelles fiables concernant le moyen terme.
poids des générations peu ou pas scolarisées diminue : de 5,7% Le problème de la réactivité de l’Education Nationale dépend
en 1996 à 3,7% en 2004 pour la population non scolarisée, de aujourd’hui des plateaux techniques dont elle dispose. Une
48,5% en 1996 à 42,4% en 2004 pour la population scolarisée adaptation de ces plateaux aux besoins à plus court terme est
n’ayant pas obtenu le BEPC. A l’inverse, les personnes diplômées nécessaire.
d’études supérieures sont proportionnellement plus nombreu-
ses : 8,5% en 1996 et 12,0% en 2004. 4.5 U
 ne insuffisante prise en compte
Population de 14 ans et plus des populations handicapées
selon le diplôme le plus élevé L’adaptation du dispositif de formation initiale à la prise en
Source : Synthèse des données du recensement du 31/08/2004 - ISEE

Etudes compte des populations handicapées (sourds, malvoyants…)


supérieures Aucune est encore insuffisante (ce qui est d’autant plus inquiétant que
12% scolarisation l’accompagnement est également faible par la suite à l’entrée
4% dans le monde professionnel). Les réponses ne peuvent être
Bac général,
apportées que par une prise en compte des spécificités des
techno ou pro < au BEPC
handicapés à l’occasion d’une réflexion très en amont.
12% 42%

4.6 D
 es pratiques d’orientation
BEPC , CAP, des jeunes à revoir
BEP Il reste un travail important à faire sur l’orientation des jeunes le
30% plus en amont possible, de façon concertée et continue entre
les différents acteurs de la formation. En effet, les jeunes ont une
Toutefois, une partie de la population ne maîtrise pas les fon- lisibilité insuffisante sur les possibilités d’emploi et les secteurs
damentaux (lecture, calcul, citoyenneté), après formation initiale, porteurs, les formations existantes et les formations à venir. Par
à l’entrée dans les dispositifs de formation continue ou d’inser- ailleurs, le choix des filières de formation est insuffisamment
tion. éclairé par le contexte économique (perspectives d’emploi)
L’expérience des jeunes est faible en sortie du système scolaire, et trop souvent dicté par la vision (souvent obsolète) qu’ont
laissant penser à un manque de savoir faire ou de compétence. les familles des branches « d’avenir ». Or si la communication
Le savoir-être professionnel paraît souvent insuffisant à l’entre- et l’information sont déficitaires vis-à-vis des jeunes, des bases
preneur lors de l’embauche. L’accompagnement à l’entrée dans de données et des analyses existent (ex : études sectorielles
l’entreprise devient alors crucial pendant les premiers mois. IDCNC).

74
On observe toutefois une image de l’enseignement pro- 4.8 U
 ne nécessaire articulation entre formation
fessionnel assez valorisée. Les « Éléments pour un diagnostic initiale et professionnelle
du système éducatif en Nouvelle-Calédonie » produits par Il existe aujourd’hui de nombreuses instances de concertation
le vice-rectorat en juin 2008 font ainsi remarquer l’existence (telles que le comité consultatif de la formation professionnelle
d’un décalage entre les taux métropolitain et calédonien ou CCFP) regroupant les institutions en charge de l’enseigne-
pour le passage en seconde générale et technologique, ment et celles en charge de la formation, mais leur efficacité
décalage explicable principalement par la situation de la pro- reste faible.
vince des îles Loyauté et davantage encore de la province De plus, alors que, pour établir sa programmation annuelle
Nord. La pratique d’orientation semble poser question car en matière de formation professionnelle, la Nouvelle-Calédonie
« tout se passe donc comme si les progrès enregistrés par les élè- dispose d’un dispositif intéressant d’évaluation des besoins et
ves en fin de collège (voir les résultats du DNB) étaient remis en de concertation des acteurs économiques (partenaires sociaux,
question face à la perspective de devoir affronter le lycée général comités paritaires sectoriels), les acteurs de la formation initiale
et technologique. » en sont absents. Plus généralement, ces acteurs de la formation
fin de 3E : taux d’orientation vers la 2nde générale
initiale manquent de remontées d’information concernant les
et technologique (chiffres 2006) réalités du terrain.
A contrario, la Nouvelle-Calédonie était jusqu’ici absente des
70 60,1 structures de concertation de l’Éducation Nationale (alors même
57,6
60 52,9 qu’elle doit se préparer au transfert de la compétence).
La bonne articulation avec le domaine de la formation
Source : Vice-rectorat, éléments pour un diagnostic

50 42,0 professionnelle, et plus généralement avec les enjeux d’adé-


du système éducatif en Nouvelle-Calédonie

40 34,2 quation population-emploi traités par le présent atelier


(notamment la question de l’orientation des jeunes) est à
30
prendre en compte dans les réflexions en cours préparatoires
20 au transfert de la compétence de l’enseignement secondaire
public, et de l’enseignement privé, de l’Etat à la Nouvelle-Ca-
10
lédonie.
0
Province Province Province Nouvelle- Métropole
Sud Nord des îles Calédonie 4.9 U
 ne formation professionnelle qui s’adapte
Loyauté en permanence au contexte, mais qui doit
4.7 U
 n déficit de jeunes accédant progresser qualitativement
aux formations supérieures Dans un contexte où le marché de travail a besoin d’une main
Certaines filières supérieures (de type sciences humaines) d’œuvre de plus en plus qualifiée, parfois sur des secteurs à faible
connaissent une fréquentation très forte, surtout en première effectif et dans des délais relativement courts, la formation pro-
année, avec un taux d’échec élevé et une employabilité faible fessionnelle est indispensable pour l’économie du pays.
(exception faite du professorat). En effet, les jeunes titulaires de Réactif et adaptable, le dispositif de formation professionnelle
baccalauréats professionnels, en particulier, cherchent à l’Univer- néo-calédonien peut clairement se positionner comme com-
sité une façon de faire des études post bac, avec une probabilité plémentaire aux formations initiales à spectre large et pouvant
infime de les réussir (0,3%). plus facilement répondre aux « réglages fins » attendus par le
Au-delà des formations de niveau Bac +2, la licence profes- marché du travail.
sionnelle est un outil de formation permettant de faire converger Cependant, notre dispositif est encore trop centré sur le
des filières de formation différentes pour répondre à des besoins traitement quantitatif des publics. Même si nous disposons de
d’emplois de niches. La mise en place de tels outils, nécessite quelques plateaux techniques de qualité, ils sont en nombre
de disposer de données sur les besoins des entreprises, mais insuffisant et ne couvrent pas certains secteurs de métiers pour-
également de compétences propres à établir, pour une durée tant bien représentés sur le territoire.
éphémère, un cursus de formation cohérent et pertinent. Ces Certains plateaux techniques doivent évoluer, se rénover et
cursus n’ayant généralement qu’une durée de vie limitée (quel- s’adapter aux nouvelles réalités professionnelles (équipement,
ques promotions seulement). technologie, matériaux..). Les équipes pédagogiques n’ont pas
L’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) établit sa stratégie encore les capacités d’évoluer et de produire en lien avec les
de formation via des plans quadriennaux, à partir des demandes employeurs des référentiels et des organisations pédagogiques
formulées par le gouvernement et les acteurs privés (ex : secteur novatrices et de qualité.
de la mine). Le plan en cours est récent : il couvre la période Il est essentiel que nos organismes de formation se profes-
2008-2011. Cette méthode permet notamment de créer des fi- sionnalisent et se rapprochent des acteurs économiques pour
lières spécifiques, type DEUST, licence pro et Master, pour une mieux répondre à leurs attentes.
durée limitée. Face à la demande croissante sur certains métiers (maintenan-
Par ailleurs, le développement des cursus de formation hors ce, opération de procédé, BTP, industrie…), la Nouvelle-Calédonie
territoire (Canada, Australie, Nouvelle Zélande…) permet d’ap- a mis en place tout un dispositif de formation hors territoire
porter des compétences complémentaires utiles au marché (BTF- Mobilité Québec, AFPA métropole…) pour des formations
de l’emploi calédonien. Le dispositif de continuité territoriale « supérieures au Bac voir de niveau V pour certains métiers de-
Passeport Mobilité» a, pour sa part, permis en 2007 d’envoyer mandés sur le territoire.
1100 personnes faire des études en métropole, et 100 personnes Il est relevé que l’accès à la formation est encore mal compris
présenter des concours. et la communication souvent défaillante.

75
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances

4.10 D
 es problèmes logistiques cruciaux pour 4.13 L a nécessité d’une approche très ciblée
les stagiaires et apprentis des besoins d’emploi
Les centres de formations sont aujourd’hui principalement Compte tenu de la taille du territoire, il est nécessaire de réfléchir
implantés en province Sud, générant de ce fait beaucoup de sur une approche par niche d’emplois et sortir d’une approche
difficultés quant à l’hébergement des stagiaires principalement de masse. Cette approche par niche nécessite une certaine
du Nord et des îles, par manque d’infrastructures d’accueil (hé- réactivité. Certaines données sont encore aujourd’hui absentes
bergement-restauration). Ce problème se pose aussi aux salariés et mériteraient des études spécifiques comme par exemple les
en formation continue et aux apprentis. A cette difficulté, se ra- besoins sectoriels en Bac +2. L’effort concernant les études sec-
joutent les problèmes liés au transport interprovincial, du fait de torielles et leur mise à jour doit être maintenu.
sa cherté et de sa faible qualité de service.
Ces problèmes sont cruciaux pour la bonne réussite d’un par- 4.14 L ’enjeu de la recherche et de la gestion
cours de formation. Sans ces problèmes, le système de formation des formateurs
professionnelle pourrait bénéficier à un plus grand nombre de L’adaptabilité des dispositifs de formation dépend étroitement
personnes, et mieux répondre aux besoins socio-économiques de la souplesse de leurs structures, et notamment de leurs
du pays. formateurs :
Parmi ces problèmes, on relève : l contrat de travail ;

lq u’il n’existe pas de coordination ou de mutualisation de l’en- l polyvalence ;

semble des moyens existants et donc pas de projection et l actualisation des connaissances et compétences.

d’évaluation du besoin ; Le recrutement hors territoire de professionnels de la forma-


lq u’il n’existe pas de tarifs préférentiels dont pourraient bénéfi- tion est encore rare. Les règles à fixer concernant l’emploi local
cier les élèves, stagiaires, apprentis et étudiants, en formation devraient tenir compte de la particularité de certains postes per-
ou en stage en entreprises. Il n’existe d’ailleurs même pas de mettant, de façon encadrée, un compagnonnage au bénéfice
réel « statut » ou encadrement juridique les concernant. de salariés calédoniens.
Enfin, puisque le dispositif de formation local n’a pas la ca- On constate par ailleurs l’absence de véritable compétence
pacité de répondre aujourd’hui aux besoins de formation en ingénierie de formation au sein de nos structures de forma-
continue des salariés, cette dernière est souvent réalisée di- tion, au point que les commandes aux formateurs n’y sont pas
rectement par l’entreprise pour assurer la compétitivité de toujours parfaitement claires.
leur main d’œuvre. Or, pour les nombreuses PME-TPE, le rem-
placement temporaire d’un salarié parti en formation est très 4.15 D
 es actions mal coordonnées à l’interface
souvent problématique. formation / emploi
En matière de formation
4.11 L’intérêt de la formation par alternance Depuis 2004, la Nouvelle-Calédonie a conclu à la nécessité de
L’apprentissage est une forme d’alternance qui aujourd’hui ré- mettre en place le système de commande publique d’actions
pond bien aux attentes et aux contraintes des entreprises et qui de formation professionnelle inter-provinces et intra-province
permet une bonne insertion professionnelle des apprentis. nourri par le résultat des études sectorielles et des contrats d’ob-
Cependant cette forme d’enseignement repose essentiel- jectifs. Ce dispositif, principalement destiné aux demandeurs
lement sur le rôle du maître d’apprentissage et de l’entreprise d’emploi, est financé par la Nouvelle-Calédonie, avec l’aide de
dans le processus formatif. Le principe de l’apprentissage l’Etat et de l’Union Européenne.
consacre une place trop importante à l’entreprise dans le Si ce dispositif répond correctement aux objectifs qui lui ont
processus formatif. Il y a peut-être nécessité de revoir ces prin- été fixés, il est réglementairement structuré, ce qui limite la sou-
cipes dans le cadre d’un dispositif plus général d’alternance plesse nécessaire à bien répondre aux demandes de niches. Il
travail-formation. ne peut donc être dissocié de l’ensemble des autres actions à
La taille des entreprises locales est souvent insuffisante pour mener en direction des salariés, mais aussi en lien avec les col-
accueillir un apprenti et le former de manière efficace (contenu lectivités provinciales, elles aussi compétentes en matière de
de la formation en entreprise). Dans un contexte économique formation professionnelle.
vigoureux, ces dernières consacrent peu de temps à la formation Par ailleurs, les dispositifs d’aide à l’insertion répondent à un
et à l’encadrement de leurs apprentis. besoin fort mais ils sont trop nombreux et trop complexes pour
Aujourd’hui, les centres de formation d’apprentis ne peuvent être efficients. Aujourd’hui ce sont 150 mesures distinctes qui
faire face à la demande d’inscription. 20% des demandes d’ins- coexistent et se superposent. Une fois de plus le partage des
cription sont aujourd’hui insatisfaites par manque de places. compétences entre les provinces et la Nouvelle-Calédonie rend
difficile l’harmonisation de tous ces dispositifs et la mutualisa-
4.12. L es limites de la formation tion des moyens.
professionnelle en termes de coût En matière d’orientation des jeunes
Par ailleurs, lorsque l’on souhaite répondre à un besoin ciblé mais Concernant les jeunes, on constate une grande faiblesse dans
quantitativement limité, le coût des structures et des formateurs leur orientation bien que là aussi les acteurs soient nombreux
peut rendre économiquement déraisonnable la création d’un (CIO-Point A-IOPPS-MIJ…). Pour ces jeunes, le suivi familial est
cursus spécifique. Cela conduit à privilégier le développement bien souvent inexistant.
ou l’adaptation de plateaux techniques là où les besoins sont Dans le passage de la formation à l’emploi
importants et pérennes, quitte à développer les formations hors Beaucoup de jeunes quittent les dispositifs de formation initiale
territoire pour les effectifs faibles et les niveaux supérieurs au ou professionnelle sans qu’on les retrouve forcément sur le mar-
Bac, avec nécessité d’un accompagnement. ché du travail, ce qui renvoie au besoin :

76
d’engager une étude sur le devenir des jeunes au sortir des
l publier les offres, mal respectée par les employeurs. La coor-
dispositifs de formation ; dination entre les différents acteurs du placement (provinces,
ld
 ’assurer un suivi entre le terme des formations et le passage Nouvelle-Calédonie, milieux professionnels) est embryon-
à l’emploi. naire. L’applicatif ODE13 utilisé par les trois provinces n’offre
Ceci suppose un renforcement des synergies entre les différents pas toujours la rigueur nécessaire à une analyse précise du
acteurs : Nouvelle-Calédonie, provinces et entreprises. marché de l’emploi et il n’ya encore à l’heure actuelle aucune
Au niveau de l’emploi passerelle entre les différents systèmes d’information (ODE,
Globalement le placement des demandeurs d’emploi est peu CAFAT, ISEE, Millenium). Il n’existe pas non plus de dispositif
satisfaisant. Les besoins sont mal recensés et l’obligation de structuré de reconversion des salariés.

5. Conclusion
Le panorama de l’adéquation population/emploi en Nouvelle- impérativement être réalisé et ces derniers devront être mis
Calédonie montre à l’évidence qu’un important travail de collecte effectivement en œuvre. De plus, il convient de privilégier une
et d’analyse de données tant chiffrées que résultant d’études et synergie inter-collectivités renforcée et d’impliquer systémati-
d’enquêtes sociologiques doit être engagé. Sur cette base, et en quement les partenaires sociaux, garantissant ainsi l’efficacité
fonction des résultats, le développement d’outils adaptés doit des outils et mesures mis en œuvre.

Annexe I Annexe II
Rappel du mandat de l’atelier Membres inscrits à l’atelier

L’article 211 de la loi organique précise que « le schéma exprime AUBLIN Robert, Vice-rectorat de Nouvelle-Calédonie
les orientations fondamentales en matière (…) de formation initiale BACKES Sonia, Union Territoriale de la Confédération Française de
et continue (…) et de développement économique (…) ». L’un des l’Encadrement - Confédération Générale des Cadres (UT-CFE/CGC)
aspects clef de ces questions réside dans la relation entre, d’une BAILLE Sandrine, Commune de Poindimié
part, la population, avec toute la variété de compétences et d’at- BEAUDOU Gilles, Service d’Etat de l’Agriculture, de la Forêt
tentes que cela suppose, et d’autre part les besoins en emplois et de l’Environnement
appelés par le développement économique. Tel est le sujet dont BERART Emmanuel, Mission d’Insertion des Jeunes
doit traiter cet atelier. de la province Sud (MIJ-PS)
Le contexte est celui d’un double objectif : BERTHELOT Laurent, Lycée Agricole de Nouvelle-Calédonie
l l a création d’emplois est l’un des principaux indicateurs d’une BEUSTES Annie, Membre du gouvernement
économie performante ; de la Nouvelle-Calédonie
le  n outre, ces emplois créés doivent prioritairement bénéficier BLAISE Frédéric, Vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie
aux calédoniens, la taille de la Nouvelle-Calédonie, et la fragilité BLANCHARD Christian, Ecole des Métiers de la Mer
de ses équilibres économiques et sociaux, ayant justifié d’ins- BOLO Thierry, Direction de l’Administration Générale
crire dans les textes la « protection de l’emploi local ». de la province des îles Loyauté
L’atelier devra établir un diagnostic sur l’accès à l’emploi, en analy- BRIAL Gil, Collaborateur de Mme Beustes
sant notamment la question de l’employabilité14, et les outils mis CAMPOS-HUGUENEY Laurent, CFPPA Nord - Lycée Agricole
en œuvre pour la développer ; en particulier, seront regardés: de Nouvelle-Calédonie
l l es réponses apportées, en termes de formation, aux enjeux CHALIOT Raymonde, Parti politique «Le Mouvement
économique du territoire : correspondent-elles aux compé- de la Diversité» (LMD)
tences attendues par les entreprises ? sont-elles adaptées aux CHARLES Pierre-Henri, Direction de la Formation
attentes de la population ? Professionnelle Continue (DFPC)
l l es dispositifs d’insertion : quelles réponses apportent-ils à l’en- CONSTANS Claude, Vice-rectorat de Nouvelle-Calédonie
jeu du développement de l’employabilité ? COQUARD Marie-Noëlle, Association de formation
Le diagnostic examinera aussi les autres aspects pertinents de la professionnelle de l’école catholique
question de l’accès à l’emploi, dont ceux : COQUELET Benoît, Mairie de Païta
ld  e la mobilité géographique de la population active, dans un COTTIN Patrick, Chambre de Commerce et d’Industrie
contexte où les bassins d’emploi peuvent changer au fil des ans de Nouvelle-Calédonie (CCI)
l des besoins en variabilité des temps de travail CREUGNET Jean, Groupement Agricole des Producteurs
Dans l’optique du plein emploi, l’atelier réfléchira également de la côte Est (GAPCE)
à la contribution respective des différents secteurs et filières D’ALMEIDA Joao, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
économiques à l’emploi, en tenant compte des différences d’at- Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP)
tractivité entre filières. DASSE Pascal, Société d’Equipement de Nouvelle-Calédonie
Enfin, puisqu’il existe de fait des besoins en compétences qui ne (SECAL)
peuvent être totalement satisfaits par l’emploi local, l’atelier analy- DURAND Félix, Direction de l’Enseignement, de la Formation
sera les tendances à ce sujet, et l’intérêt et les difficultés posés par le Professionnelle, de l’Insertion Sociale et de la Jeunesse
recours à de la main d’œuvre extérieure à la Nouvelle-Calédonie. de la province Nord (DEFIJ)

13
L’employabilité peut être définie comme le niveau de capacité d’une personne lui permettant d’occuper un emploi
14
ODE : logiciel « offres et demandes d’emploi »
77
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 2
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Adéquation population-emploi
et égalité des chances

FANJEAU Benoît, Mairie de Nouméa POIGEAUD Alain, Association Les Manguiers


FLOTAT Jean-Pierre, Chambre de Commerce POIROT Thomas, Institut de Développement
et d’Industrie (CCI) des Compétences en Nouvelle-Calédonie (IDCNC)
GAMBINI Emmanuelle, Fédération des Entreprises PONIA Ronald, SFAO-SANTE de la Fédération des Syndicats des Fonc-
de Travail Temporaire de Nouvelle-Calédonie tionnaires, Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP)
GIBERT Marie-Laure, Formation/programme ROBERT-NICOUD Delphine, Syndicat des Professionnels
«Cadres Avenir» du haut-commissariat du Bâtiment et des Travaux Publics (SP BTP)
GROCHAIN Sonia, Institut Agronomique néo-Calédonien (IAC) ROESS Ruanito, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
GUELAUD Jean-Michel, MEDEF Nouvelle-Calédonie Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP)
HEAFALA Emmanuel, Association Calédonienne ROMERO Sylvie, Syndicat des Enseignants de la Fonction
des handicapés (ACH) publique de Nouvelle-Calédonie (SEFPNC)
HERLAUT Anick, Association CCD - Collectif Handicaps ROUX Philippe, Syndicat des Enseignants
en Nouvelle-Calédonie de la Fonction publique de Nouvelle-Calédonie (SEFPNC)
HERVOUET-ESCHEMBRENNER Anne-Marie, SCHALL Bernard, Fédération des Cadres et Collaborateurs
Commune de La Foa de Nouvelle-Calédonie (FCCNC)
HNAGEJE Philippe, Etablissement Territorial SPAGGIARI Jérôme, Programme néo-calédonien
de Formation Professionnelle des Adultes (ETFPA) de « Conservation International »
HNALEP Pauline, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique THOUZELLIER Philippe, Syndicat des Industries de la Mine
(ASEE) (SIM)
IBOUDGHACEM Matcha, Fédération Calédonienne des Parents VASSILEV Carold, Fédération des Industries
d’élèves et Etudiants (FCPE) de Nouvelle-Calédonie (FINC)
ISMAËL Robert, Etablissement Provincial de l’Emploi, VERNIER Grégory, MEDEF Nouvelle-Calédonie
de la Formation et de l’insertion de la province des îles (EPEFIP) VOISIN Corinne, Maire de la Commune de La Foa
KÜHN Emmanuelle, Centre d’Actions pour l’Emploi - Cap Emploi WAMO Armand, Assemblée de la province des îles Loyauté
de la province Nord
LEMAIRE Florence, Direction de l’Economie, de la Formation Secrétariat :
et de l’Emploi de la province Sud (DEFE) HARRE Olivier, service de l’aménagement et de la planification,
LEQUATRE Marie-Madeleine, Direction de l’Economie, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
de la Formation et de l’Emploi de la province Sud (DEFE) CHARLES Pierre-Henri, direction de la formation professionnelle
LERRANT Yannick, Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) et continue, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
LEVACHER François, Association Ensemble pour la Planète GIBERT Marie-Laure, directrice du GIP « Cadres-avenir »
(EPLP) KERJOUAN Roger, service de l’aménagement
LUBIN Hélène, Union des Groupements des Parents d’Elèves et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
des établissements scolaires de Nouméa, de l’Intérieur TRABUC Gaël, cabinet KPMG
et des îles (UGPE)
MANAKOFAIVA Angéla, Assemblée de la province Nord,
membre du congrès, Mission Locale d’Insertion des Jeunes Annexe III
de la province Nord (MLIJ-PN)
MANDAOUE Chantal, GIE Tourisme de la province Nord Bibliographie
MARTIN Philippe, Institut de Développement des Compéten-
ces en Nouvelle-Calédonie (IDCNC), Institut de Formation lTableaux de l’économie calédonienne, ISEE
à l’Administration Publique (IFAP) lObservatoire Emploi Qualification Salaires et Formation,
MARY Gérard, Union des Secteurs Généraux du Commerce et Statistiques Emploi (Synthèse), année 2007
de l’Industrie de Nouvelle-Calédonie (COGETRA / U.S.G.C.I.N.C.) et 1er semestre année 2008, IDCNC
MERIGNAC Bruno, Confédération Générale des Petites lS
 essions du dialogue social, août 2007

et Moyennes Entreprises de Nouvelle-Calédonie (CGPME-NC) lR


 apport sur l’activité de formation des employeurs assujettis

MEYER David, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires, à l’obligation de participation au financement de la
Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP) Formation Professionnelle et Continue, DFPC, année 2006
NGAIOHNI Pierre, Membre du gouvernement
de la Nouvelle-Calédonie en charge de la formation
professionnelle et du transport aérien domestique
NOUVEAU Christine, Fédération des Entreprises
de Travail Temporaire de Nouvelle-Calédonie
PANCHOU Pascale, MEDEF Nouvelle-Calédonie,
Parti politique «Le Mouvement de la Diversité» (LMD)
PAPON Thierry, Union du Syndicat Ouvriers des Travaux Publics
et des Municipalités de la Nouvelle-Calédonie (USOTPM)
PATANE Frédéric, Association ASEAD - Collectif Handicaps en
Nouvelle-Calédonie
PERALDI Eddie, Confédération Syndicale des Travailleurs
de Nouvelle- Calédonie (CSTNC)

78
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

3
Atelier 3
Vie et performance
des entreprises
Président
Monsieur Thierry Granier,
membre du Conseil économique et Social

Décembre 2008

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3

du diagnostic
Vie et performance des entreprises

Résumé
Depuis plus de 10 ans, la Nouvelle-Calédonie connaît une croissance soutenue avec une augmenta-
tion annuelle moyenne du PIB de +3,5 % mais qui pourrait fléchir un peu avec la crise économique
mondiale. Le marché intérieur est dynamique et les grands projets privés et publics viennent le
renforcer. Cette croissance se traduit par un nombre de création d’entreprises et d’emplois consé-
quent. Un véritable tissu d’entreprises s’est ainsi constitué, ce qui fait de la Nouvelle-Calédonie, une
puissance économique régionale.

Cependant, des disparités sont constatées. L’économie est concentrée dans l’agglomération nou-
méenne. Le secteur tertiaire, porté par le secteur non marchand, domine comme dans les pays
développés. Le tissu d’entreprises est partagé entre quelques très grandes « multinationales » et
une multitude de petites entreprises sans qu’il n’existe de véritable palier intermédiaire.

Le secteur du nickel guide l’économie du pays depuis des décennies ; le développement de la


Nouvelle-Calédonie a été structuré autour de cette ressource naturelle qui en fait sa richesse. Avec
plus de 95% des exportations en valeur, le nickel a un effet d’entraînement affirmé mais dont l’im-
pact n’a jamais été évalué. Aujourd’hui, chacun s’accorde à dire que cette dépendance ressentie
mais non mesurée est un facteur de risques qui pourrait être limité par la recherche de voies de
diversification.

Le secteur public représente 34,9% de l’emploi salarié et 306,2 milliards injectés dans l’économie.
Ces dépenses s’appuient sur des recettes en provenance de l’Etat à près de 40%. Le secteur public
est par ailleurs largement impliqué dans le développement, initié ou accompagné en particulier
par les SEM provinciales depuis la signature des Accords de Matignon-Oudinot. Ces outils favori-
sent la construction du pays, tout comme les participations directes de la Nouvelle-Calédonie dans
des secteurs considérés comme stratégiques (énergie, transports, …). Les axes de développement
doivent cependant encore s’affiner pour améliorer l’efficacité et harmoniser les relations avec le
secteur privé.

Le fort développement des entreprises en Nouvelle-Calédonie, lié à un esprit entrepreneurial


omniprésent ne repose pas sur une stratégie bien définie, par manque de concertation entre les
acteurs publics et le secteur privé. Le manque d’orientations et d’objectifs pour accompagner ce
développement au niveau provincial et territorial ne permet pas d’optimiser les effets des divers
outils d’accompagnement mis en place comme la défiscalisation dont les effets bénéfiques pour-
raient être améliorés.

La stratégie filière est peu développée en Nouvelle-Calédonie par manque d’objectifs économi-
ques clairs. La filière crevette est la plus aboutie et les autres filières agricoles et agroalimentaires
doivent encore s’organiser pour être plus compétitives mais elles ne peuvent pas s’appuyer sur
une politique agricole dynamique. Les secteurs industriels et tertiaires qui participent pleinement
à la création d’emplois connaissent la même problématique : pas de filière structurée en dehors
du nickel. Des réflexions sont conduites dans ce sens actuellement. Le tourisme qui pourrait avoir
une ambition filière n’a pas encore réussi à fédérer tous les acteurs calédoniens et souffre de ce fait
d’un manque de concertation entre les nombreux intervenants.

Pour mieux identifier ses avantages concurrentiels aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’export,
la Nouvelle-Calédonie manque d’outils de « benchmarking ». De nombreux produits et filières pré-
sentent un potentiel de développement mais on ne sait pas le caractériser dans un environnement
de plus en plus concurrentiel.

Le développement industriel a été construit sur une logique de substitution aux produits d’im-
portation et a permis la création d’un véritable outil industriel bien que les coûts d’acheminement
élevés, les volumes restreints, l’énergie chère génèrent souvent des surcoûts sur les produits de
grande consommation. Pour favoriser le développement local, des outils de protection et d’inci-
tation fiscale ont été mis en place. Aujourd’hui, dans un marché par nature évolutif, les entreprises
(producteurs et distributeurs) et les pouvoirs publics, ont récemment mis en place un système de
mesure qualitatif de la production locale. Ce système se doit d’être complété par des instruments
de mesure de l’impact de la production locale (et donc de sa pertinence) et de son effet d’entraî-
nement sur l’économie calédonienne.

080
80
Le système concurrentiel repose sur un dispositif de protection et de réglementation de la concur-
rence. Le premier dispositif a évolué avec un système de protection mieux adapté mais qui reste
encore plus élevé que dans la plupart des pays. Le second fait l’objet d’une réglementation qui doit
permettre d’éviter les abus. Mais on ne peut empêcher quelques oligopoles et monopoles du fait
de la taille du marché.

Les entreprises sont confrontées à des freins qui limitent leurs performances sur les marchés, aussi
bien intérieur qu’export.
a. La petite taille des entreprises ne leur permet pas de se doter de département dédié à la
stratégie ou au développement, les contraignant de ce fait à se concentrer sur le marché
intérieur, plus facile d’accès.
b. La gestion des ressources humaines est complexe : difficulté de recrutement, management
interculturel et situation sociale tendue. Ce dernier aspect est appelé à s’améliorer par la mise
en place des sessions du dialogue social.
c. Les coûts de revient des produits sont grevés par des coûts d’acheminement, qui, même s’ils
cherchent à être les plus attractifs possibles sont élevés du fait de l’éloignement des centres
d’approvisionnement.
d. Aucun système de normes n’est arrêté localement et les entreprises ne peuvent se prévaloir
d’un système reconnu internationalement
e. La pression fiscale est plus faible qu’en métropole, mais le système serait plus complexe. Un
début de réflexion sur la mise en place de la TVA a été conduit mais n’a pas été mené à son
terme.
f. Les entreprises manquent généralement d’innovation, et il existe peu de transfert de techno-
logie depuis les centres de recherche présents localement.

L’environnement financier, et l’accès à ses ressources, s’améliorent pour accompagner les entrepri-
ses : plus de concurrence, taux plus attractifs, mais dans leur ensemble, encore un peu plus chers
qu’en métropole. La palette d’offres est assez complète même si le capital risque est encore plutôt
concentré dans le secteur public.

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3

du diagnostic
Vie et performance des entreprises

Sommaire
1. Introduction ..................................................................................................................................................................... 84

2. Une économie dynamique mais contrastée ................................................................... 84


2.1 De nombreux indicateurs au vert .................................................................................................................. 84
2.1.1 Une forte croissance du PIB .................................................................................................................. 84
2.1.2 Des créations d’entreprises nombreuses ................................................................................... 84
2.1.3 Un marché intérieur qui se renforce .............................................................................................. 85
2.1.4 Des grands projets ...................................................................................................................................... 85
2.1.5 Des créations d’emplois .......................................................................................................................... 85
2.1.6 Des entreprises qui contribuent à la richesse ........................................................................ 85
2.1.7 Des entreprises qui investissent ....................................................................................................... 85
2.1.8 Un dynamisme économique qui devrait se poursuivre ................................................... 85
2.2 Pourtant cette croissance exemplaire masque de fortes disparités ................................... 86
2.2.1 Un déséquilibre géographique ........................................................................................................... 86
2.2.2 Une organisation déséquilibrée du tissu d’entreprise ..................................................... 86
2.2.3 Des emplois tertiaires dominants ................................................................................................... 87
2.2.4 Des écarts de revenus importants .................................................................................................. 87
2.2.5 Des stratégies provinciales différentes ....................................................................................... 87

3. Le poids important du nickel et du secteur public ........................................... 88


3.1 Le secteur du nickel ................................................................................................................................................. 88
3.1.1 Une place prépondérante dans le développement ............................................................. 88
3.1.2 Un poids réel dans l’économie .......................................................................................................... 88
3.1.3 Mais un effet d’entrainement non mesuré ................................................................................ 89
3.1.4 Et un risque important pour l’économie .................................................................................... 89
3.2 Le secteur public ....................................................................................................................................................... 90
3.2.1 Un secteur important ................................................................................................................................. 90
3.2.2 L’implication forte des acteurs publics ........................................................................................ 90
3.2.3 Un équilibre encore à trouver entre public et privé,
et des stratégies en cours de définition ..................................................................................... 91

4. Un manque de stratégie économique ..................................................................................... 92


4.1 Une coordination territoriale perfectible .................................................................................................. 92
4.2 Des priorités économiques mal définies ................................................................................................. 92
4.2.1 Au niveau territorial ................................................................................................................................... 92
4.2.2 Au niveau provincial .................................................................................................................................. 92
4.3 Une traduction du manque de stratégie
dans les lois du pays en matière de défiscalisation ...................................................................... 93
4.4 Une conséquence directe du manque de stratégie :
peu de filières compétitives et organisées ............................................................................................ 93
4.4.1 Une seule vraie démarche filière : la filière crevette ........................................................ 93
4.4.2 Des filières agricoles et agro alimentaires qui restent à mieux structurer ...... 93
4.4.3 Une absence de filières tertiaires et industrielles autres que le nickel ............. 94
4.4.4 Un secteur tourisme en panne .......................................................................................................... 95
4.5 Un manque de benchmarking et d’outils prospectifs ................................................................... 95

82
5. Une production locale existante et favorisée .............................................................. 96
5.1 Une logique de substitution aux produits d’importation qui doit évoluer ................... 96
5.2 D
 es produits de grande consommations généralement plus chers,
et une offre plus restreinte ................................................................................................................................ 96
5.3 U
 ne politique de franchise plutôt qu’un développement
de marques locales .................................................................................................................................................. 97
5.4 Les attentes des consommateurs méconnues .................................................................................... 97
5.5 Des outils publics pour favoriser la production locale ................................................................ 97

6. Un système concurrentiel à faire évoluer ........................................................................ 98


6.1 Un système de protection qui s’améliore ................................................................................................ 98
6.2 Un système de régulation de la concurrence à optimiser. ........................................................ 98

7. D
 es entreprises face à des problématiques diverses :
des freins à la performance ................................................................................................................. 99
7.1 Des entreprises peu structurées du fait de leur taille ................................................................... 99
7.2 Un volet ressources humaines complexe ................................................................................................ 99
7.2.1 Des difficultés à recruter ......................................................................................................................... 99
7.2.2 Une productivité inconnue .................................................................................................................... 99
7.2.3 Un management difficile ...................................................................................................................... 100
7.2.4 Une situation sociale qui tend à s’améliorer ........................................................................ 100
7.3 Des coûts d’acheminement élevés ............................................................................................................. 100
7.4 Des normes et réglementations pas claires ......................................................................................... 101
7.5 Un système administratif et fiscal complexe ....................................................................................... 101
7.6 Un prix du foncier en augmentation ......................................................................................................... 102
7.7 Un manque d’innovation ................................................................................................................................... 102

8. U
 n accompagnement par les établissements financiers
un peu plus cher que la métropole,
mais qui s’adapte aux besoins du marché ............................................................... 103

Annexe I Rappel du mandat de l’atelier ......................................................................................................................... 104


Annexe II Membres inscrits à l’atelier ............................................................................................................................... 104
Annexe III Bibliographie .............................................................................................................................................................. 105

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Les rapports des 9 ateliers
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du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

1. Introduction
Lors de sa conférence de juin 2007 sur les économies d’outre-mer, forte depuis plusieurs années. La présence du secteur nickel
Bernard Poirine, universitaire, affirmait : « La petite taille du marché n’est pas étrangère à ce développement. Mais ce dynamisme
et l’éloignement sont les deux handicaps majeurs de l’outre-mer masque quelques disparités qui seront soulignées.
français ». La Nouvelle-Calédonie ne fait pas exception à la règle. Le manque de données disponibles ne permet pas toujours
Avec un marché intérieur inférieur à 250 000 habitants (source d’aller jusqu’au bout du diagnostic. Il est nécessaire de procé-
ISEE), les entreprises calédoniennes ne peuvent pas compter sur der à des expertises supplémentaires pour pouvoir identifier les
les économies d’échelle pour rentabiliser leurs investissements. principaux enjeux auxquels le futur schéma d’aménagement et
L’éloignement des centres d’approvisionnement et des grands de développement devra répondre.
centres de consommation les pénalise car les coûts d’achemine-
ment sont élevés. Les entreprises et plus précisément celles qui Etablir un diagnostic sur la « vie et performance des entre-
produisent localement doivent tenir compte de ces contraintes prises » amène à aborder partiellement le sujet plus global de
qui sont autant de freins à leur performance. l’économie calédonienne, Ce point a fait l’objet d’une étude
Ces contraintes auraient dû conduire les responsables politi- très récente CEROM-AFD-IEOM-ISEE « Les défis de la croissance
ques et économiques à définir une stratégie économique claire calédonienne » rendue publique le 10 décembre 2008. Cette
avec des objectifs précis, favorisant les secteurs où le territoire étude apporte de nombreuses précisions que les participants à
dispose des meilleurs avantages concurrentiels. Pour le mo- l’atelier n’ont pu exploiter du fait du calendrier de travaux s’ache-
ment, la priorité est donnée à la métallurgie mais sans étudier vant en novembre 2008. Pour ne pas dénaturer les comptes
précisément l’effet d’entrainement de ce secteur, et sans définir rendus des réunions tenues entre Juin et Novembre 2008, les
de stratégie pour les autres secteurs. précisions techniques apportées dans l’étude ont été insérées
Malgré ces difficultés, le constat est fait en première partie sous forme d’encadrés identifiés en tant que tels dans le présent
que la Nouvelle-Calédonie connaît une croissance économique document.

2. Une économie dynamique mais contrastée


2.1 De nombreux indicateurs au vert ble à la métropole) du PIB, alors que l’agriculture ne représente
Depuis 1998, de puissants moteurs ont dopé l’économie calé- plus que 2%2. Le nickel représentait un poids de 30% à la fin
donienne : du boom au début des années 70. Son poids est maintenant
lc  onfiance apportée par l’accord de Nouméa à l’ensemble de la d’environ 11% mais avec la mise en service des deux usines, il va
société et aux acteurs économiques ; significativement remonter dans les années à venir.
lé  normes investissements dans le secteur du nickel : les trois Les défis de la croissance calédonienne page 5 -3e paragraphe :
usines représentent à elles seules plus de 700 milliards de FCFP « La Nouvelle-Calédonie est avant tout une société de services (70%
d’investissement (Goro Nickel, 320 milliards, Usine du Nord, 370 du PIB) et non une île métallique … Entre 1998 et 2006, le nickel a
milliards et SLN, 100 milliards) contribué au quart environ de la croissance calédonienne ».
la  ides apportées par la Nouvelle-Calédonie et les provinces aux Il est cependant probable que la crise mondiale actuelle affec-
divers secteurs économiques ; te également la Nouvelle-Calédonie, sans pouvoir aujourd’hui
l f orte augmentation des transferts financiers de l’Etat et de la prédire dans quelle mesure, et que le pays connaisse alors un
défiscalisation. En 2003, les transferts métropolitains étaient de certain tassement de sa croissance.
100 milliards FCFP et de 132 milliards FCFP en 2007.
Les aides relatives à la défiscalisation, abstraction faite des mon- 2.1.2 Des créations d’entreprises nombreuses
tants significatifs accordés aux grands projets métallurgiques, Indicateur de dynamisme économique, les créations d’entre-
suivent également une tendance à la hausse. prises ont progressé de +9,3% entre 2006 et 2007 (+ 12% en
métropole, mais les grandes agglomérations font croître le chif-
2.1.1 Une forte croissance du PIB fre), alors que les cessations d’activités se réduisaient de – 0,7%.
La croissance économique induite a été particulièrement forte : C’est la cinquième année consécutive que les créations sont en
le PIB a augmenté de 70% sur la période 1998-20061, soit une hausse. Il faut souligner que la plupart de ces créations sont des
moyenne annuelle de + 6,8% (en valeur nominale, non corrigée créations réelles et non pas des reprises d’activité.
de l’évolution des prix) pour atteindre 659 milliards de FCFP en Evolution des créations d’entreprises
2006 et 768 milliards en 2007 (soit + 16,5%). Cette moyenne est (en nombre)
supérieure à celle enregistrée dans les régions françaises les plus
dynamiques. Une fois corrigée de l’évolution des prix, la crois-
sance annuelle réelle moyenne a été de 3,5% entre 1998 et 2006,
soit significativement au-dessus de la métropole (2,3%).
Cette croissance qui a débuté dans les années 60, a permis
de combler partiellement l’écart de niveau de vie avec la métro-
pole (de 1 à 2 en 1960, de 30% aujourd’hui – source : L’économie
Source : ISEE/RIDET

calédonienne en mouvement). L’industrie, qui a été renforcée,


contribue de manière stable au PIB, mais est encore dominée par
le tertiaire (dont le commerce). Le tertiaire atteint 70% (compara-

1
L’année 2007 n’est pas analysée : d’une part parce que toutes les données ne sont pas encore disponibles, d’autre part à cause de son caractère atypique, la croissance économique ayant été tirée par des prix du nickel extrêmement élevés
2
Définitions INSEE : Secteur primaire : ensemble des activités dont la finalité consiste en une exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêt, mines, gisements. Les activités extractives peuvent aussi être classées dans
84 le secteur secondaire. Secteur secondaire : ensemble des activités consistant en une transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries manufacturières, construction). Secteur tertiaire : regroupe un vaste
champ d’activités qui va du commerce à l’administration, en passant par les transports, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et aux particuliers, l’éducation, la santé et l’action sociale
Créations d’entreprises en 2007,
selon le type et le secteur d’activité ont été créés, faisant diminuer le taux de chômage et incitant
de nouvelles populations à intégrer le marché
Créations
Taux de du travail.
Pures Reprises Réactivations Total création
Certes, avec la flambée du nickel, l’année 2007
Industries agroalimentaires 22 - 10 32 11,2 est exceptionnelle, mais néanmoins, depuis plus
Industries hors IAA 233 4 89 326 17,9
de 10 ans, la Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans un
développement économique soutenu.
Construction 763 9 324 1 096 19,9

Commerce et réparations 335 30 108 473 13,2 2.1.6 Des entreprises


Transports 134 3 49 186 12,1 qui contribuent à la richesse
Cette économie soutenue se fait avec les 43 107
Immobilier 74 - 11 85 10,7
entreprises privées dénombrées en Nouvelle-Ca-
Services aux entreprises 603 10 172 785 25,8 lédonie en 2007 qui représentent à elles seules
Services aux ménages 337 16 112 465 19,6 près de 55 000 emplois salariés sur un total de
78 000 salariés (population active totale en 2004 :
Education, santé, social 367 14 104 485 28,4
Source ISEE/RIDET

96 406 – source ISEE).


Total (champ ICS*) Elles contribuent à la richesse du pays, d’une
2 868 86 979 3 933 19,0
* Industrie, Commerce et Services
part avec les emplois et d’autre part avec les im-
Il est intéressant de constater que sur l’année 2007, comme pôts et taxes qu’elles versent. A titre de référence,
pour les années 2003 à 2005, les créations dans le secondaire en 2005, les impôts payés par les entreprises représentaient 45
(+16,3%) ont été plus soutenues que dans le tertiaire (+5,6%). milliards (IS30+IS35+IFA) des 112 milliards de recettes fiscales.
Or, on sait que l’industrie est plus fortement créatrice d’emplois A partir de 2005, on observe du fait du rendement de l’IS 35%
indirects que le secteur tertiaire. Au total, ce sont près de 4 000 et de l’IS 30%, une prédominance de la fiscalité directe (59%),
entreprises qui ont été créées en 2007. laquelle était traditionnellement minoritaire (42% en 2002), mais
Parallèlement, les cessations d’entreprises ont connu une bais- avec le fléchissement des cours du nickel, l’équilibre traditionnel
se de 15,6% entre juin 2007 et juin 2008. Il s’agit d’un indicateur à devrait être retrouvé.
suivre pour pouvoir confirmer si la tendance est poursuivie
En 2007, la CCI a ouvert une pépinière d’entreprises pour 2.1.7 Des entreprises qui investissent
accueillir 20 créateurs d’entreprises. Il y a aujourd’hui une liste Le montant du crédit aux entreprises est un indicateur de
d’attente. En novembre 2008, Promosud ouvre une autre pépi- la confiance des entreprises dans l’avenir. Les crédits corres-
nière d’entreprise avec une capacité d’accueil de 40 créateurs. pondent généralement à des projets de développement. Cet
Même s’il est difficile à quantifier, ces taux de création d’en- indicateur est positif puisque l’IEOM indique que les crédits à
treprises reflètent bien l’esprit de « pionnier » qui anime la l’économie continuent de croître à un rythme soutenu avec des
Nouvelle-Calédonie. L’esprit entrepreneurial existe et ces chiffres hausses de plus de 17% entre 2006 et 2007 et 18% entre 2007 et
le démontrent bien. 2008 (mois de juin). Cette progression forte est essentiellement
due aux financements accordés aux gros projets, mais, même si
2.1.3 Un marché intérieur qui se renforce on les retire, il reste encore une progression de 2 à 3%. Toujours
Autre indicateur de dynamisme : la demande intérieure. Celle-ci selon l’IEOM, les chefs d’entreprises prévoient d’investir sur les
s’est ainsi accélérée en 2007. La consommation des ménages aug- douze prochains mois. Seul le secteur de l’agriculture prévoit une
mente comme en témoigne le marché de l’automobile (+8,7% baisse. Par contre, le montant annuel des investissements des en-
d’immatriculation en plus en 2007), tout comme le marché de treprises n’est pas connu. Il n’existe aucune donnée disponible les
l’immobilier qui continue sa progression ou encore l’investis- quantifiant précisément.
sement des entreprises illustré par la progression des crédits à
l’investissement (+21% entre 2006 et 2007). Il serait intéressant Les défis de la croissance calédonienne page 13 paragraphe du
d’évaluer l’impact de ce dynamisme sur les productions locales. bas : « Le fait le plus marquant dans la dynamique économique
Le marché intérieur est donc dynamique et avec la croissance calédonienne est, sans conteste, la forte hausse de la part de l’in-
démographique et le développement économique attendu, vestissement dans le PIB qui est passée de 21% à 35 entre 1998 et
cette tendance devrait se poursuivre encore quelques années. 2006 … Le taux d’investissement 2006 en Nouvelle-Calédonie est
particulièrement élevé. Il est compris entre celui de l’Inde (30%) et
2.1.4 Des grands projets celui de la Chine (39%). La hausse de l’investissement est princi-
Les grands projets démontrent aussi le dynamisme de la Nou- palement tirée par le secteur privé. En 1998, ce dernier contribuait
velle-Calédonie et ils sont nombreux pour un territoire de cette à 74% de l’investissement total et à 87% en 2006. L’investissement
taille : les projets d’usine liés au nickel, renforcés par des projets privé explique plus de 90% de la croissance de l’investissement
d’infrastructures publics ambitieux : le médipôle de Koutio, l’ex- entre 1998 et 2006 ».
tension de l’aéroport de La Tontouta, les équipements liés aux
jeux du Pacifique, le doublement de la voie express et l’extension 2.1.8 Un dynamisme économique
prévue jusqu’à la Tontouta qui devrait se poursuivre
Les études économiques (notamment la publication faite en
2.1.5 Des créations d’emplois 2005 par l’IEOM, l’AFD et l’ISEE « L’économie calédonienne en
Les retombées de ce dynamisme sur l’emploi sont considérables mouvement »), montrent que ce dynamisme économique va se
puisque en 2007, près de 4 000 emplois salariés supplémentaires poursuivre :

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Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

nouvelle-calédonie
répartition des établissements par secteur d’activité
échelle communale
Source : ISEE, RIDET (31 MARS 2007)

lla mine et la métallurgie vont continuer à se développer, mais aux différences de richesse qu’aux écarts en matière de santé ou
il faut être attentif au niveau de dépendance de l’économie ca- d’éducation. En d‘autres termes, les politiques publiques ont joué
lédonienne ; historiquement un rôle déterminant dans la convergence des
ld  es secteurs industriels, tertiaires et agricoles peuvent encore provinces. Ces politiques sociales ont largement porté leurs fruits.
se développer sur des produits nouveaux comme sur des pro- Demain, la réduction des déséquilibres et des inégalités passera
duits de substitution aux importations ; de manière prioritaire par le développement économique »
l l es grands projets d’infrastructures publiques conjugués à la

construction de logements vont continuer à soutenir l’écono- En 2007, 73,6% des entreprises étaient localisées en province
mie. Sud, 18,5% en province Nord et 7,9% en province des îles Loyauté.
85% des entreprises industrielles sont concentrées dans le sud.
2.2 P
 ourtant cette croissance exemplaire La carte ci-dessus nous indique que la concentration se résume
masque de fortes disparités à l’agglomération nouméenne puisque c’est là, et en particulier à
2.2.1 Un déséquilibre géographique Ducos, que sont implantées bon nombre d’entreprises.
La première disparité est géographique. Les actifs occupés sont Un point de rattrapage à ce déséquilibre géographique est
nettement plus nombreux en province Sud avec plus de 64 000 la forte présence des entreprises artisanales mieux réparties sur
personnes contre 12 000 en province Nord et 4 000 en province l’ensemble du territoire. Elles permettent de fixer les populations
des îles Loyauté. Ce phénomène de concentration s’est accentué en assurant le maintien de l’activité. Avec 10 000 entreprises, la
puisque entre 1989 et 2004, la province Sud a vu son nombre densité artisanale est trois fois supérieure à celle de la métropole
d’actifs occupés augmenter de plus de 55% alors que dans les avec 419 entreprises pour 10 000 habitants.
deux autres provinces, le taux de progression est inférieur à 25%. Le secteur du BTP est très présent, et son poids devrait encore
Sur la même période, la population augmentait de 46% en pro- s’accentuer dans les années à venir.
vince Sud, 28% en province Nord et 23% en province des îles.
Pour mémoire, la province Sud totalise 164 235 habitants, la 2.2.2 Une organisation déséquilibrée
province Nord, 44 474 habitants et la province des îles Loyauté, du tissu d’entreprise
22 080 habitants. Le tissu d’entreprise est également déséquilibré. En 2007, le RI-
DET comptabilise 43 356 entreprises, mais si on décompte les
Les défis de la croissance calédonienne page 38 dernier « les dis- associations, les sociétés civiles immobilières, etc (toute structure
parités entre provinces sont (en conséquence) davantage liées sans activité commerciale) on arrive à un total de 27 864 entrepri-

86
ses. Ce chiffre est à rapprocher des données de la Direction des Par contre les effectifs salariés montrent que le secteur ter-
Services Fiscaux qui, en 2007, recense environ 8 000 entreprises tiaire non marchand3 emploie 39% des salariés contre 30,3% en
relevant de l’IS, 1 700 exploitants individuels au réel et 9 000 en- métropole. Cette différence importante est sans doute due au
viron au forfait pour les bénéfices industriels et commerciaux, les poids du secteur public dans l’économie locale.
bénéfices non commerciaux et les bénéfices agricoles, soit un Répartition de l’emploi salarié
total de 18 700 entreprises. par secteur d’activité (2006)
Le tableau ci-dessous nous indique la répartition par grand sec- Secteur d’activité Nouvelle-Calédonie Métropole
teur d’activité hors secteur public marchand et non marchand. Secteur primaire 3% 1,48 %

Agriculture, Commerce, Secteur secondaire 21% 22,3%


chasse, Industries Construction réparation Services Total
sylviculture automobile Secteur tertiaire marchand 37% 45,92%

Source : ISEE, INSEE


Nbre Secteur tertiaire non marchand 39% 30,3%
5 904 2 272 5 914 3 642 10 132 27 864
d’entreprises
Total 100 100
Nbre de 1 897 9 208 7 636 8 965 17 600 45 306
salariés
Ce sont les pays les plus développés qui disposent d’un sec-
Source ISEE : formes juridiques d’entrepriuses retenues : personnes physiques, société en participation, personne morale de droit
étranger, société en nom collectif, société d’exercice libéral à responsabilité limitée, EURL, SARL, SA, SAS, GIE, société coopérative teur tertiaire marchand important. La Nouvelle-Calédonie, si
agricole. elle n’est encore pas au niveau de la métropole, s’en approche.
Si on regarde la taille des entreprises, 37 400 structures n’ont L’importance du secteur non marchand s’explique par le besoin
aucun salarié, 10 ont plus de 500 salariés et 91 plus de 100. d’accompagnement nécessaire pour structurer le pays mais
Parmi les plus grandes entreprises, la SLN emploie à elle seule aussi par l’importance du nombre d’enseignants et de militaires
2 400 personnes (dont 1000 sur les centres miniers) le Groupe- (voir atelier 9, administration)
ment SMSP-KNS et Goro Nickel s’approchent chacun des 1000
salariés. Il n’y a pas d’équivalence avec d’autres secteurs d’acti- 2.2.4 Des écarts de revenus importants
vité. Autre point de disparité, tout le monde ne bénéficie sans doute
On a donc un double déséquilibre dans le tissu. En premier lieu, pas de la même manière des fruits de la croissance. Un écart
une concentration des grandes entreprises dans un seul secteur conséquent existerait entre les plus hauts revenus et les plus
d’activité, le nickel, qui a profité ces deux dernières années d’une faibles mais le manque de données précises ne permet pas ac-
conjoncture très favorable, et qui entraine une grande partie de tuellement de mesurer cet écart. L’absence d’outils d’analyse est
l’économie. Or, dès 2008, la croissance de ce secteur sera infé- regrettable.
rieure à celle connue ces dernières années alors qu’il n’existe pas
d’autre réelle filière structurée de substitution, qui pourrait avoir Les défis de la croissance calédonienne page 7, 3e paragraphe
une dimension internationale. « La société calédonienne est marquée par de fortes inégalités
Le second déséquilibre vient de la taille des entreprises, le de revenu monétaire : les 20% des ménages les plus riches per-
nombre de grandes et moyennes entreprises reste insuffisant çoivent 55% du total des revenus déclarés »
pour avoir un effet d’entraînement. Si les petites entreprises sont
fortement créatrices d’emploi, et sont flexibles, elles ne créent Autre indicateur : on compte seulement 87 entreprises ayant
pas une dynamique économique d’entraînement. La Nouvelle- signé des accords d’intéressement4 avec leurs salariés (cf. tableau
Calédonie manque d’un tissu d’entreprises intermédiaires. ci-dessous établi à partir des données de la Direction du Travail
Il faut aussi souligner un point de vigilance, la plupart des gran- et de l’Emploi). Depuis 2005, le nombre annuel d’entreprises si-
des entreprises qui relèvent du secteur privé dépendent de gnataires reste stable.
groupes dont les centres de décision sont extérieurs à la Nou-
velle-Calédonie (exemple : Goro Nickel). Taille - 10 salariés 10 à 50 salariés 50 salariés et + Total

2005 1 13 9 23
2.2.3 Des emplois tertiaires dominants
La répartition des entreprises entre les secteurs de l’agriculture, 2006 1 11 8 20
de l’industrie, de la construction et des services est en adé-
quation avec celle que peut connaître la métropole comme le 2007 2 12 8 22
montre le tableau comparatif ci-dessous.
Répartition des entreprises 2008 1 11 10 22
par secteur d’activité (2006)
Total 5 47 35 87
Secteur d’activité Nouvelle-Calédonie Métropole

Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage 2.2.5 Des stratégies provinciales différentes


Enfin, il peut exister des différences d’approche entre les pro-
Agriculture 6 798 17,23 545 000 17,05
vinces. La compétence du développement économique relève
Industrie 2 073 5,25 245 559 7,68 des provinces. Chacune met donc en place son propre code de
Construction 5 436 13,78 363 936 11,38 développement sans toujours chercher à atteindre une certaine
Source : ISEE, INSEE

Services 25 146 63,73 2 041 699 63,87


cohérence à l’échelle du territoire, alors que certaines compéten-
ces qui accompagnent le développement économique sont du
Total 39 453 100 3 196 194 100
ressort de la Nouvelle-Calédonie : fiscalité, douanes, travail,…

3
Le secteur non marchand regroupe les activités : éducation, santé, action sociale (EQ) ; administration ( ER).
4
L’intéressement est un dispositif facultatif permettant d’associer financièrement les salariés aux performances de leur entreprise. L’intéressement est obtenu par le biais d’un
accord. L’intéressement a été mis en place en Nouvelle-Calédonie en 1990, mais les statistiques n’existent que depuis 2005.
87
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

3. Le poids important du nickel et du secteur public


3.1 Le secteur du nickel ( source : Nickel 2010, une nouvelle ère industrielle). Le schéma
3.1.1 Une place prépondérante dans le développement de mise en valeur de la ressource minière précise que 25 à 30%
Le nickel occupe une place emblématique importante en Nou- des réserves mondiales de nickel sont en Nouvelle-Calédonie.
velle-Calédonie. Son exploitation a marqué le paysage, au sens Cette place devrait être renforcée après la mise en exploitation
propre comme au sens figuré et conditionne certainement des usines du Nord et du Sud qui ont concentré depuis quelques
encore beaucoup les anticipations des agents (particuliers ou années toutes les stratégies de développement économique.
entreprises) dans leurs décisions d’investissement en particulier.
L’expansion de Nouméa s’est faite en bonne partie autour du 3.1.2 Un poids réel dans l’économie
nickel et par le passé tout a été pensé pour soutenir ce sec- Les revenus de l’activité minière sont essentiels à l’essor de la
teur comme par exemple les exonérations de certains droits Nouvelle-Calédonie. Tout d’abord les emplois : en 2007, le sec-
d’importation, ou encore l’accès à une ressource énergétique teur mine métallurgie totalisait près de 3 200 emplois directs
hydraulique fiable, nécessitant un investissement initial lourd soit 6% de la population salariée du secteur privé. Les courbes
mais délivrant une énergie peu chère à terme. On retrouve un ci-dessous montrent la progression ces dernières années en par-
schéma de fonctionnement similaire encore aujourd’hui pour le ticulier pour la mine. Et avec la mise en service de Goro Nickel
développement du pays. Les projets miniers et métallurgiques puis de l’usine du Nord, le nombre d’emplois métallurgiques va
ont un tel impact en matière d’activité économique et d’emplois aussi fortement progresser.
que les stratégies de développement sont principalement défi- évolution de l’emploi sur mine de 2001 à 2007
nies en fonction de leur réalisation.
Le principal objectif économique retenu par la Nouvelle-Ca-
lédonie vise à accueillir de façon durable de grands groupes
miniers mondiaux capables de développer des usines métallur-
giques et d’exploiter un minerai relativement abondant, et très
compétitif par ses teneurs et son accessiblité. Mais ce n’est que
depuis peu qu’une réflexion est menée sur une exploitation du-
rable de la ressource et sur la capacité à valoriser au mieux ses
retombées, que ce soit en termes de développement du tissu
économique qui en dépend ou en termes de rente fiscale. Cette
réflexion ne s’est pas encore conclue par l’affirmation de princi-
pes et d’un plan d’action clair à ce sujet.
Le secteur minier lié au nickel est pourtant le seul secteur pour
lequel la loi organique a prévu une obligation de planification
sectorielle, à travers un « schéma de mise en valeur des riches-
ses minières », qui doit notamment fixer « les orientations, en évolution de l’emploi métallurgique de 2001 à 2007
matière de développement industriel, nécessaires à l’exploita-
tion rationnelle des richesses minières, dans une perspective de
développement durable ».
Le secteur du nickel concentre la plupart des centres d’intérêt
des projets visant à soutenir le développement économique. Le
Centre National de la Recherche et de la Technologie spécialisé
sur le nickel créé en 2007 en est une illustration. Une autre illus-
tration pourrait être l’étude récemment conduite sur la faisabilité
d’un pôle de compétitivité qui indique que seul le secteur du
nickel peut s’inscrire dans cette dynamique (Etude Algoé finan-
cée par l’ADECAL).
Cette attention se justifie par la place que prend la Nouvelle-
Calédonie dans le monde du nickel. Déjà à la fin du XIXème
siècle, elle se classait première productrice mondiale de minerai En termes de valeur ajoutée, le secteur mines métallurgie a
de nickel et au tournant du XXe siècle, elle devenait première contribué en 2006 à 11% de la valeur ajoutée globale créée en
productrice de minerai de cobalt. A la fin des années 1960, le Nouvelle-Calédonie, ce qui représente 4 points de plus que la
nickel calédonien était déclaré «minerai stratégique» par l’Etat. valeur ajoutée de l’ensemble des autres secteurs industriels, et
Avec la récession économique du milieu des années 1970, et les plus du tiers de l’ensemble du secteur secondaire. Ce poids en
atteintes sévères à l’environnement faute d’encadrement régle- termes de valeur ajoutée ne prend pas en compte la valeur ajou-
mentaire, les professionnels de la mine et les pouvoirs publics tée créée, indirectement, par le nickel dans les autres secteurs de
ont pris conscience du caractère cyclique du marché du nickel l’économie (prestations de services, BTP…) et qui est certaine-
et des impacts sociaux et environnementaux de la mine. ment très importante. Enfin la mise en service des deux autres
Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie est le premier exportateur usines pourrait voir la part de valeur ajoutée issue du nickel dé-
mondial de ferronickel. Avec 8% de la production mondiale, elle passer les 30% (moindre si la baisse des cours perdure), ce qui
figure à la cinquième position en matière de production minière renforcerait encore plus la dépendance du pays à ce secteur.

88
Quant à l’export, le nickel totalise 99,7% des exportations en fiscales générées par l’activité minière ou métallurgique peuvent
volume de la Nouvelle-Calédonie et 96,6% de la valeur. Cette être nulles.
dernière donnée est à relativiser car elle est très liée à la flambée Comme pour le chiffre d’affaires, une partie des recettes fiscales
des cours en 2007 ( + 53,4% entre 2006 et 2007). Cependant, des autres secteurs est sans doute liée au nickel puisque l’on
même si le cours baisse sensiblement aujourd’hui (33 000 US$/t constate que les recettes augmentent au même moment que
le 6 mars 2008, 11 950 US$/t le 10 octobre 2008), la part du nic- le début des nouveaux projets métallurgiques. Une analyse plus
kel restera prépondérante dans les exportations calédoniennes, précise serait nécessaire. L’impôt forfaitaire annuel devrait être
d’autant plus après la mise en exploitation des autres projets. supprimé en 2009, mais l’impact sera faible.
La filière nickel est en partie intégrée horizontalement,
avec l’existence d’un véritable tissu industriel gravitant autour 2003 2004 2005 2006 2007
de l’extraction, de la métallurgie et des services associés (BTP, IS 35% 2 087 433 414 7 275 950 594 9 655 999 236 8 547 095 162 23 521 495 768
maintenance, chaudronnerie, …). Par contre, les fonctions d’in-

Source DSF
IS 30% + IFA 10 209 948 536 9 156 836 508 14 486 319 319 15 794 040 546 21 251 179 561
génierie de projet, de maintenance industrielle n’ont pas été + CSA-IS
assez développées en dehors des entreprises pour permettre la
création d’un véritable pôle de compétence spécifique suscep- 3.1.3 Mais un effet d’entrainement non mesuré
tible de pouvoir vendre son savoir-faire à l’export. Les entreprises Cet effet d’entrainement n’a jamais été analysé en détail. On
locales liées au nickel auraient aujourd’hui moins de difficultés à sait qu’une partie des entreprises localisées à Ducos sont le fruit
trouver sur place du personnel ou des entreprises ayant la main d’une sorte d’essaimage de la SLN ; par contre, on ne sait pas
d’œuvre qualifiée pour accompagner les gros chantiers. quelle est la part de ces entreprises qui lui sont encore direc-
A titre indicatif, puisque aucune étude précise n’a été réali- tement liées. Les emplois indirects n’ont jamais non plus été
sée à ce jour, les entreprises liées au nickel semblent contribuer évalués précisément, tout comme les retombées fiscales.
fortement au développement du territoire par la sous-traitance Or, le pays continue à favoriser le développement de cette
qu’elles peuvent générer. La SLN a ainsi dépensé en 2007 plus de filière, ce qui se conçoit pleinement car c’est le seul secteur
28 milliards FCFP en achats et charges externes et près de 13 mil- exclusivement tourné vers l’export. Il serait toutefois utile d’ana-
liards FCFP en salaires et traitements. Goro Nickel estime à plus lyser plus finement des questions telles que :
de 10 milliards FCFP, le montant qui sera injecté annuellement l l ’emploi induit, directement ou indirectement, par l’activité mi-

dans l’économie calédonienne lorsque l’usine sera en service. nière ou métallurgique ;


L’augmentation des recettes de l’ « IS 35 », impôt sur les bé- l l a diffusion des savoir faire et des compétences et leur

néfices des sociétés liées au nickel, est plus récente (25 milliards valorisation à travers un phénomène d’essaimage et de diver-
collectés en 2008 sur la base de l’activité de 2007) mais n’est sification  ;
que temporaire (elles devraient être de 10 milliards pour 2008, l l e bilan net pour les finances publiques ;

collectées en 2009). Ces recettes étaient de 8,5 milliards en 2006 l l es avantages comparatifs réels dont disposent les multinatio-

et de moins de 1 milliard au début de la décennie. Par ailleurs, les nales du nickel implantées en Nouvelle-Calédonie, dans un
2 nouvelles usines vont bénéficier d’un régime d’exonération to- contexte concurrentiel mondial.
tale de certains impôts durant 10 à 15 ans, puis de 50% pendant Ces analyses pourraient ainsi éclairer la question de la façon la
3 à 5 ans ; toutefois, si leur rentabilité dépasse un certain seuil, le plus appropriée d’utiliser la rente du nickel, et contribuer à la
régime d’exonération se terminera de façon anticipée. définition des objectifs et des moyens alloués au futur « fonds
Le chiffre d’affaires réalisé par le secteur mines métallurgie pour les générations futures » évoqué par le schéma de mise en
en 2005 était de l’ordre de 100 milliards FCFP, celui des autres valeur des richesses minières.
secteurs industries et transformation (dont BTP et artisanat) de
195 milliards FCFP (source DSF). Même si ces chiffres ont dû Les défis de la croissance calédonienne Page 8 « Ces projets struc-
beaucoup évoluer depuis avec l’augmentation du cours du nic- turants constituent une réelle opportunité pour le développement
kel (en 2007, le chiffre d’affaire export du nickel était de plus de économique et social à long terme du pays. Pour en réguler au
170 milliards), cela permet de relativiser le poids du nickel dans mieux les effets, les autorités doivent renforcer leur capacité de pilo-
l’économie. tage de l’économie et gérer au mieux la commande publique »
Cependant, seconde nuance à apporter, une partie de ces
195 milliards est sans doute liée à l’économie du nickel. Enfin, le 3.1.4 Et un risque important pour l’économie
chiffre d’affaire du nickel est concentré dans quelques entrepri- La réserve de nickel qui n’est pas renouvelable, est évaluée en-
ses alors que celui du reste des industries est réparti entre une tre 100 et 200 années d’exploitation (source DIMENC), ce qui
multitude de petites entreprises qui ne peuvent donc pas avoir dispense théoriquement de commencer à préparer une diversi-
le même effet d’entraînement. fication complète pour l’« après-nickel » (ce qui ne veut pas dire
Les recettes fiscales permettent aussi d’apprécier la part gérer la ressource sans se préoccuper de maintenir aussi intactes
relative de l’industrie du nickel soumise à un taux particulier que possible les autres richesses du pays, dont son environne-
d’imposition (IS 35%), alors que les autres entreprises sont sou- ment exceptionnel : c’est l’un des objets du schéma de mise en
mises à l’IS 30% ou à l’impôt forfaitaire annuel. Les chiffres de la valeur des richesses minières).
Direction des Services Fiscaux montrent l’évolution de ces im- La Nouvelle-Calédonie n’est pas, non plus, à l’abri d’un risque in-
pôts sur les dernières années et font apparaître que les rentrées dustriel ou climatique majeur au niveau de l’usine de Doniambo
fiscales proviennent d’abord des autres secteurs d’activités que qui paralyserait la production et par voie de conséquence tout un
le nickel, exceptée l’année 2007, mais qui peut être considérée pan de l’économie qui s’y rattache (incident majeur sur un four ou
comme une année exceptionnelle du fait de l’envolée des cours. cyclone d’une violence exceptionnelle par exemple). Il n’y a pas
A contrario, certaines années (c’était le cas en 1999) les recettes aujourd’hui de solution de secours qui permette de soutenir et re-

89
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

lancer l’économie pendant le temps nécessaire à la reconstruction. cale plus faible en Nouvelle-Calédonie qu’en métropole.
D’autres risques, concurrentiels ceux là, existent : l’augmen- Sur l’année 2005, les recettes du secteur public s’établissent à
tation de la production mondiale de nickel, l’émergence de 321,3 milliards (excédant cette année là les dépenses de plus de
produits de substitution au nickel moins coûteux sont des ris- 15 milliards). Ces recettes sont composées :
ques pour lesquels nous ne sommes pas non plus préparés. là
 38 % de transferts de l’État (121 milliards en 2005, hors défis-

Sans analyse plus précise, il est difficile d’évaluer la menace calisation ; les transferts de l’Etat représentent 20,2% du PIB et
que représentent ces risques sur les industries de transfor- 510 kF par habitant7. Un peu plus de la moitié de ces dépenses
mation qui dépendent directement ou indirectement du intervient sous forme de masse salariale, dont une partie ne
nickel. rentre pas dans les circuits économiques calédoniens ;
Et pourtant, bien que ces risques soient régulièrement là
 35% de taxes, impôts et droits de douane payées par la popu-

évoqués, aucune réelle diversification ayant une dimension lation et par les entreprises calédoniennes (112 milliards) ;
internationale n’a été recherchée pour faire face à ces chocs le
 t à 21% de cotisations sociales (69 milliards).

éventuels.
A défaut, il aurait pu être imaginé la création d’un fonds, dans structure des recettes
du secteur public en 2005
l’esprit des fonds souverains qui existent ailleurs, abondé par les
revenus du nickel ou d’autres sources pour pallier à l’aspect cy-
clique de l’économie du nickel et pour contribuer à la création

Source : ISEE Tableaux de l’économie calédonienne 2006


d’autres filières.

3.2 Le secteur public


3.2.1 Un secteur important
L’atelier 9 « administration »5 nous apporte un éclairage sur deux
aspects : l’emploi représenté par le secteur public, et l’impact
financier conséquent.
Le secteur public représente à lui seul 26 655 personnes soit
34,9% de l’emploi salarié total, ce qui en fait le premier employeur
de Nouvelle-Calédonie. Mais sur ces cinq dernières années, la
croissance de l’emploi non marchand est estimée à 15% alors
que celle de l’emploi marchand serait de 25%6. Si les transferts de l’Etat venaient à diminuer, il faudrait
Par exemple, à eux seuls, les 25 établissements publics de la soit augmenter les taux d’imposition directs ou indirects
Nouvelle-Calédonie emploient en 2006, 3 666 salariés soit une pour conserver un montant identique de dépenses publi-
masse salariale de plus de 23 milliards de FCFP pour un total de ques, soit engager une stratégie de réduction de la charge
fonctionnement de plus de 68 milliards et de près de 12 milliards publique.
d’investissements (source : gouvernement).
Le tableau suivant examine la répartition des dépenses pu- 3.2.2 L’implication forte des acteurs publics
bliques par nature : Le paragraphe précédent nous a montré l’importance du sec-
teur public en Nouvelle-Calédonie. Nous allons nous arrêter
Dépenses des administrations publiques (2005) Milliards de F % du PIB
maintenant sur son implication dans les secteurs marchands.
Prestations sociales (espèces+nature) 91,8 15,3%
Les acteurs publics utilisent différents leviers pour impulser
l’économie :
Masse salariale 128,9 21,5% l les subventions : en 2007, 570 projets ont été accompagnés

pour un montant de subvention de 1 210 millions FCFP et pour


Intérêts de la dette 2,2 0,4% un investissement total de 2 326 millions FCFP. La participation
Consommations intermédiaires 39,9 6,7%
moyenne est donc de 52% avec un écart type allant de 30%
(services) à 87% (pêche). Le secteur rural est plus particulière-
Investissement et var. d’actifs non fin. 26,8 4,5% ment aidé avec les activités agricoles, aquacoles et touristiques.
Cependant, malgré l’importance de ces aides, il paraît dif-
Autres (dont subv. aux entreprises) 16,6 2,8% ficile d’en évaluer l’impact. Les projets ne s’inscrivent pas
Total 306,2 51,1%
suffisamment dans une stratégie globale et de fait ces accom-
pagnements peuvent perdre en efficacité.
l les outils de défiscalisation (voir par ailleurs dans le rapport

Ce tableau montre qu’en part de PIB, l’impact de la masse d’atelier)


salariale des administrations publiques est considérable. Il ré- l l ’ICAP (Institut Calédonien de Participation), SEM dont la

vèle de plus les sommes conséquentes que le secteur public vocation est de promouvoir les projets concourant au réé-
injecte dans l’économie locale et qui en fait un moteur éco- quilibrage entre le grand Nouméa et le reste du territoire
nomique de premier ordre. Une analyse plus fine permettrait accompagne donc plus de projets en province Nord. Cette
d’en évaluer les retombées réelles car il est possible qu’une promotion prend la forme de prise de participation minori-
partie de la masse salariale ne soit pas réintroduite dans la taire et temporaire (sortie lorsque les objectifs de rentabilité
consommation locale. ont été atteints) dans des entreprises. Depuis sa création en
Autre aspect important à prendre en compte : ce sont les 1989, l’ICAP est intervenu dans 636 opérations pour un mon-
transferts de l’Etat qui permettent ainsi d’avoir une pression fis- tant de plus de 4 milliards FCFP (chiffres en 2007) surtout dans

5
L’atelier 9 « administration » étudie plus en détail ces aspects, apportant une comparaison avec la métropole
6
Source : Tableaux de l’économie calédonienne – ISEE – abrégé 2007
90 7
Valeur quasi identique à celle constatée en Polynésie (540 kF par habitant en 2007, hors défiscalisation)
les secteurs du tourisme, du BTP, du transport, du commerce/ dégager des fonds pour réinvestir dans d’autres projets. Mais
services et de la mine (400 millions FCFP ont été destinés à l’objectif à terme reste toujours la cession.
participer à l’acquisition de la Société Minière du Sud Pacifi- Lorsqu’il s’agit de dynamiser une filière dans son ensemble, les
que par SOFINOR) SEM préfèrent maintenir leurs actions tant que la structuration
l les SEM de la filière n’est pas aboutie. Seulement, après, elles envisagent
On compte une vingtaine de SEM en Nouvelle-Calédonie re- la cession au secteur privé des différents maillons de la filière. La
présentant un chiffre d’affaires global de 24 milliards FCFP par difficulté est de déterminer le stade à partir duquel, la filière est
an, 12,5 milliards FCFP d’investissement et 1 100 emplois directs. considérée comme structurée.
Elles couvrent des secteurs aussi variés que l’hôtellerie, le lo- l les participations directes de la Nouvelle-Calédonie

gement social ou encore l’enseignement (source : Association La Nouvelle-Calédonie intervient aussi bien dans ENERCAL
Calédonienne de l’Economie Mixte) que dans AIR CALIN, mais on pourrait aussi citer l’OCEF ou
Les SEM provinciales constituent des leviers forts d’impulsion l’ERPA. Cette démarche est à rapprocher de celles des SEM,
au développement économique pour les provinces. Il en existe c’est-à-dire que les investissements sont réalisés dans des
une par province : secteurs délaissés par le privé par manque de rentabilité. L’ob-
l Promo-Sud pour la province sud, jectif reste cependant d’essayer de proposer les meilleurs tarifs
l Sofinor pour la province nord possibles pour les consommateurs calédoniens.
l Sodil pour la province des îles Loyauté La Nouvelle-Calédonie décide aussi d’investir dans les sec-
Les SEM provinciales impulsent de l’activité économique gé- teurs qui sont stratégiques pour un pays insulaire. Ce sont des
néralement là où le secteur privé ne le fait pas, par manque choix politiques qui ont donc conduit à contrôler l’électricité,
de rentabilité, à l’exception de la mine. C’est un moyen de les télécoms, les transports aériens internationaux. La Nouvel-
maintenir l’emploi en milieu rural, d’accompagner des sec- le-Calédonie détient aussi d’autres participations, héritage de
teurs en difficulté mais présentant un intérêt pour le territoire, l’histoire, dans des structures comme la BCI et la SIC.
de développer des savoir-faire dont la Nouvelle-Calédonie a
besoin. Avant d’avoir un objectif de rentabilité économique, 3.2.3 Un équilibre encore à trouver entre public et privé,
les SEM remplissent d’abord une mission d’aménagement et des stratégies en cours de définition
du territoire. Par exemple, la crevetticulture est fortement L’investissement public a été souhaité pour accélérer la
accompagnée par SOFINOR car elle propose une typologie construction du pays, mais sans avoir défini clairement de stra-
d’emplois en adéquation avec les attentes de la population tégie d’intervention. Il n’y a pas eu de concertation particulière
et qu’elle permet de diffuser l’activité sur l’ensemble du ter- entre les différents acteurs pour une meilleure harmonisation
ritoire. par exemple des actions des SEM. Aucun outil de suivi et d’éva-
Les SEM prennent aussi des participations, généralement luation n’a été mis en place. Il y a peu de communication sur
minoritaires, dans un certain nombre de projets d’entrepri- leurs actions.
ses qui doivent participer à la construction du pays. Le cas Aujourd’hui, les acteurs publics et plus particulièrement les SEM
SMSP est plus particulier : le choix d’être actionnaire majori- provinciales intégrent des réflexions stratégiques dans leurs dé-
taire est une réponse politique apportée au lendemain des marches : quels secteurs stratégiques donc prioritaires ? quelle
accords de Matignon-Oudinot. A titre d’exemple, Sodil inter- position par rapport au secteur privé ? quelles retombées atten-
vient dans une trentaine d’entreprises et Promo sud dans une dre ? quels indicateurs de réussite (masse salariale, achats locaux,
soixantaine. Ces entreprises relèvent de secteurs d’activité emplois indirects, etc) ? quels avantages pour les calédoniens ?
très divers : agro alimentaire, tourisme, services, haute tech- Les SEM se professionnalisent et les « reporting » s’améliorent, ce
nologie, etc. Au total, ce sont plusieurs milliards de francs qui qui permet de mieux cibler les actions.
sont investis. Ces participations ont pour objectif de donner Pour les SEM de développement économique la création
les moyens nécessaires à ces entreprises pour accélérer leur d’emploi apparaît comme le premier objectif, à la condition de
développement. ne pas déstabiliser le secteur privé par une distorsion de concur-
Il est compliqué de réaliser des projets à vocation écono- rence.
mique sur terres coutumières. La médiation conduite par les Pour la Nouvelle-Calédonie, garantir une qualité de service au
SEM entre le porteur de projet privé et les responsables cou- plus grand nombre sur un certain nombre de secteurs stratégi-
tumiers est donc indispensable. Elles apportent une garantie ques est la priorité. Cela demande d’améliorer encore la gestion
de succès aux deux parties en préservant les intérêts de cha- des participations avec des objectifs précis et de mieux définir
cun et permettent aux projets d’aboutir dans les meilleures le mode de contrôle nécessaire.
conditions. Le pays est toujours en construction et le secteur public doit
Les SEM ont pour vocation de se désengager à terme des accompagner ce développement. Mais, pour certains, il est trop
sociétés dans lesquelles elles détiennent des participations, présent dans l’économie marchande se substituant au secteur
et dès que celles-ci atteignent leur seuil de rentabilité. Mais privé, alors que, pour d’autres, il doit continuer à contrôler une
dans les faits, les délais pour atteindre la rentabilité s’avèrent partie de l’économie.
souvent longs, contraignant les SEM à prolonger leur rôle d’ac- Les partenariats public-privé ne sont pas développés alors que
compagnement de l’entreprise. Cependant, certains projets cela devrait être une alternative.
sont tout de même arrêtés rapidement (dans les trois premiè- La question de l’équilibre entre le secteur privé et le secteur
res années) pour objectifs non atteints. Par ailleurs, la cession public n’est pas tranchée. Cette question difficile voire passion-
des parts à un privé peut s’avérer compliquée par manque nelle devra faire l’objet d’échanges dans la phase de la définition
d’ acquéreurs potentiels. Enfin, les SEM reconnaissent mainte- des orientations. Une implication des acteurs publics plus forte
nir leurs participations dans quelques « success story » afin de permettrait de nourrir le débat.

91
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

4. Un manque de stratégie économique


4.1 Une coordination territoriale perfectible de secteurs et de produits pour lesquels la Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie est compétente sur de nombreux do- dispose de réels avantages et où le prix de revient comparé au
maines qui ont un impact sur le développement économique : produit importé serait compétitif.
concurrence, réglementation des prix, organisation des mar- Le tourisme est parfois présenté comme une possible roue
chés, fiscalité, importations, exportations, régimes douaniers, de secours pour l’économie du pays, notamment son économie
réglementation des investissements étrangers. rurale, mais il ne semble pas y avoir de consensus sur son réel
Mais il revient aux provinces de promouvoir et d’aider le déve- potentiel de développement, ni même sur la cible visée en ter-
loppement économique, et elles développent en la matière des mes de clientèle.
stratégies qui leur sont propres. Malgré l’exigüité de l’archipel, et Au-delà des secteurs économiques à dynamiser en priorité,
une population de moins de 250 000 habitants, trois stratégies peut-être manque-t-il également une réflexion et des choix
distinctes de développement économique coexistent, et repo- concernant le « modèle économique » du pays. Se contente-t-
sent sur des visions qui ne sont pas toujours partagées. on d’une concurrence très limitée ? Comment faire en sorte que
L’élaboration des stratégies économiques provinciales et leur les bénéfices se réinvestissent localement ? Quelle place réserver
nécessaire coordination à l’échelle du territoire souffrent d’un à l’intervention publique ? Quels sont, parmi les facteurs freinant
manque d’outils et/ou de structures permettant de les accom- la croissance, ceux sur lesquels on pourrait agir ? Etc.
pagner. Il manque encore de dialogue et d’échanges. Le Conseil Ce questionnement doit rejoindre celui de l’aménagement
Economique et Social, composé de membres des trois provinces du territoire.
aurait pu jouer ce rôle si des études économiques plus prospec- La plupart de ces questions devront faire l’objet d’une atten-
tives avaient été conduites. tion particulière dans le futur schéma d’aménagement et de
Pourtant, des progrès importants sont constatés depuis quel- développement.
ques années, l’Agence Interprovinciale de Développement du Une stratégie claire, si elle avait été mise en place, aurait
Tourisme récemment créée en est un exemple, malgré une permis de définir des objectifs économiques fixant ainsi des
coordination encore imparfaite, la structure rencontrant des dif- priorités, et facilitant la mise en œuvre de dispositifs adaptés, et
ficultés de fonctionnement. Chaque province semble centrée d’indicateurs de résultat. Cela conditionne aussi des dispositifs
sur ses problématiques locales sans chercher à coopérer pour incitatifs : allègement de charges, voire zones franches, primes à
favoriser un développement à l’échelle de la Nouvelle-Calédo- la création d’emplois,…
nie. De fait, il existe peu d’actions dans le domaine économique Même en période de croissance, comme c’est le cas actuelle-
qui soient pilotées à un niveau inter-provincial. ment, des priorités claires sont nécessaires pour favoriser la prise
de décision et l’identification des outils à mettre en place pour
4.2 Des priorités économiques mal définies accompagner l’économie : formations, immobilier d’entreprises,
4.2.1 Au niveau territorial fiscalité,….
Le manque de coordination ne facilite pas la mise en œuvre de Si d’aventure, le pays devait connaître une récession liée à ces
politiques globales sur le long terme. principales ressources, une bonne anticipation permettrait une
Les actions de développement se sont principalement ap- meilleure adaptation aux nouvelles contraintes.
puyées sur le développement du secteur de la mine et de la Des tentatives d’approches stratégiques sectorielles ont été
métallurgie, mais tout le monde s’accorde à dire que la dépen- menées, sur le tourisme en particulier, mais sans pouvoir les
dance du pays vis à vis du nickel est un risque important pour la inscrire dans une stratégie globale de développement écono-
pérennité de son économie. mique.
Le soutien financier métropolitain qui constitue une autre Des opportunités n’ont pas été saisies. Lorsque les différen-
source de revenus prend actuellement trois formes : les sa- tes collectivités ont travaillé sur le dossier d’inscription des
laires, les contrats de développement et la défiscalisation. récifs coralliens au patrimoine de l’Humanité, elles auraient pu
Aucune de ces trois formes n’est susceptible d’augmenter en l’intégrer à une réflexion stratégique d’ensemble, appuyée sur
cas de baisse des prix du nickel. C’est en fait le poids relatif des cette dynamique. Au-delà de l’inscription, quelle utilisation et
transferts de la métropole qui est susceptible d’augmenter valorisation possible ? Quelle cohérence donner à l’économie
parce que les recettes budgétaires propres de la Nouvelle- du pays ?
Calédonie diminuent. Ce soutien ne correspond en rien à
une démarche stratégique économique. Et, là encore, cette 4.2.2 Au niveau provincial
« ressource » est reconnue comme susceptible de réduction, Si les priorités économiques ne sont pas claires au niveau territo-
voire de disparition. rial, elles ne le sont pas beaucoup plus au niveau des provinces.
Malgré ces craintes, aucune réflexion stratégique d’envergure Les codes de développement définissent un ensemble d’accom-
n’a été menée pour chercher à identifier d’autres secteurs pour pagnements pertinents et selon des filières prioritaires au niveau
lesquels la Nouvelle-Calédonie détiendrait des avantages com- provincial. Toutefois, elles ne s’inscrivent pas non plus dans une
pétitifs. démarche plus globale, formalisée au travers d’objectifs écono-
Le développement d’une production locale en substitution miques et sociaux qui puissent être quantifiés.
d’importations (agriculture et petite industrie de transformation) La province nord, conduit cependant des réflexions stratégiques
est un axe reconnu. Mais, au-delà du principe général que la sur les filières, notamment agricoles, avec un projet plus global
gestion fine des règles d’importation peut constituer un cadre à mais sans recherche de coordination particulière avec les autres
l’abri duquel un tel développement est possible, il existerait peu provinces.

92
4.4.1 Une seule vraie démarche filière : la filière crevette
4.3. U
 ne traduction du manque de stratégie Cette filière a été construite sur la base d’un avantage concur-
dans les lois du pays en matière rentiel : l’existence d’écosystème adapté à l’élevage de crevette
de défiscalisation de qualité, d’un positionnement produit adapté : produit de
L’objectif premier des lois du pays en matière de défiscalisation qualité, haut-de-gamme, pour des marchés de niche, et pou-
est de compenser le handicap compétitif des entreprises calé- vant s’appuyer sur un marché local dynamique (les calédoniens
doniennes. Le second objectif est de favoriser la diversification sont très consommateurs de crevettes) et des marchés export
de l’économie en soutenant plus précisément certains secteurs, de proximité (Asie) ou plus éloignés (Europe).
en cohérence avec la stratégie économique voulue. Mais, par Autre atout de cette filière : elle est un outil d’aménagement
manque d’analyse, les lois de défiscalisation ont défini leurs pro- durable du territoire puisqu’elle doit combiner production, trans-
pres choix de diversification. formation et distribution tout en préservant un environnement
Deux dispositifs de défiscalisation sont possibles sur le terri- de production de qualité nécessaire au bon développement
toire et peuvent se cumuler. des larves. Les trois fonctions peuvent être localisées sur tout
lU n dispositif local (loi Frogier puis loi Martin), géré par la Direc- le territoire.
tion des Services Fiscaux de la Nouvelle-Calédonie, qui cible les Les pouvoirs publics ont alors joué leur rôle d’initiateur et de
énergies renouvelables, la recherche et le développement, l’hô- soutien à la filière, en équilibrant les apports du secteur public
tellerie, les résidences de tourisme et les villages de vacances, et ceux du privé aux différents stades de la filière. Le soutien a
l’animation touristique, les maisons de retraite, les crèches, la pê- été complété par un apport en Recherche&Développement via
che industrielle, l’aquaculture, l’élevage de cervidés, la caféiculture, l’IFREMER.
la sylviculture, la production laitière, la transformation des produits Avec un volume de production suffisant (2 000 tonnes par an)
agricoles locaux, des produits de la pêche, l’industrie de transfor- pour attaquer les marchés de niche (marché mondial : 6 millions
mation répondant à des critères de valeur ajoutée de production, de tonnes par an), il a été possible de développer une véritable
l’industrie de valorisation et de recyclage des déchets, l’exploita- stratégie marketing et commerciale.
tion d’une délégation ou d’une concession de service public local, Cette filière demande encore une certaine structuration pour
les transports terrestres urbains et suburbains. apporter plus de cohérence : il faut fédérer les écloseries, et ren-
lU n dispositif « métropolitain », la loi Girardin, qui est géré par les dre les outils de transformation plus complémentaires.
services de l’Etat. Il vise le logement et l’ensemble des secteurs Aujourd’hui, cette filière connaît des difficultés sur les marchés
exceptés le commerce, les activités financières, d’expertise et car les coûts de production sont élevés et les crevettes calédo-
de conseil, la navigation de croisière et la restauration. niennes ne sont alors plus compétitives sur des marchés dont
La multiplication des secteurs éligibles est sans doute positif la demande évolue. Dans ce cadre, elle bénéficie du soutien fi-
pour les entreprises, mais n’aurait il pas été plus judicieux de nancier des pouvoirs publics (428 millions FCFP en 2007). Il est
travailler de manière plus fine en ciblant quelques secteurs spé- donc indispensable de s’inscrire dans la durée pour continuer à
cifiques ? Le manque d’analyse stratégique ne l’a pas permis. adapter l’outil calédonien.
Les premières lois n’étaient pas conditionnées à l’obtention Une analyse prospective plus fine devrait pouvoir aider la fi-
de résultat (emplois, retombées économiques,…) mais, depuis lière à se consolider.
2008, une évaluation des impacts fiscaux et sociaux est conduite Seul produit d’exportation de référence en dehors du nic-
pour chaque projet pour pouvoir bénéficier des agréments. Là kel, on peut se demander pourquoi cette réflexion stratégique
encore, une stratégie bien définie faciliterait la mise en place sur la crevette n’a pas été reproduite avec succès dans d’autres
d’indicateurs précis permettant de suivre les effets de ces me- filières ?
sures sur l’économie8.
4.4.2 Des filières agricoles et agro alimentaires qui restent
4.4 Une conséquence directe du manque à mieux structurer
de stratégie : peu de filières compétitives Quelles que soient les filières animales et végétales, l’organisation
et organisées des professionnels qui les composent (producteurs, colporteurs,
La création de filières est conditionnée par l’existence d’un grossistes, transformateurs et distributeurs) manque de struc-
marché, la maîtrise de savoir-faire, la présence de compéten- turation.
ces spécifiques et de plusieurs acteurs économiques ayant un La prise en compte des marchés n’est pas suffisante pour calibrer
intérêt commun (marché, technologie,…). Vient ensuite l’identi- un volume de production en général trop faible pour fournir le
fication des avantages concurrentiels. L’existence de filières aide à marché local, ce qui amène à importer un certain nombre de
structurer un territoire. Or, la Nouvelle-Calédonie, n’a pas eu cette produits agricoles. Cette meilleure prise en compte permettrait
politique de développement de filières reposant sur un avantage d’améliorer le fonctionnement de la Commission des Flux et des
concurrentiel durable, en dehors du nickel et de la crevette. Cotations.
Si l’objectif de développement est le plus souvent d’ordre Le niveau de qualité et de normalisation des productions est
économique afin d’améliorer la compétitivité des entreprises, aussi perfectible. L’ERPA, conscient de ces difficultés, œuvre dans
d’autres facteurs peuvent justifier leur développement : ce sens. Mais cela demande une certaine professionnalisation
lv olonté de maintenir des filières pour contribuer à l’aménagement des agriculteurs, tout en garantissant la rentabilité de leurs ex-
du territoire et au maintien de la population en milieu rural. ploitations.
lv olonté de conserver une autosuffisance alimentaire la plus L’agriculture calédonienne possède un large potentiel de pro-
élevée possible en vue des crises agricoles et alimentaires qui ductions diverses, à la condition d’analyser celles pour lesquelles
se profilent, et d’être autosuffisant sur des secteurs industriels elle a les meilleurs avantages concurrentiels, en particulier en
relevant de l’agroalimentaire. termes de coût.

8
En 2007, l’aide fiscale accordée par la Nouvelle-Calédonie est de 12 milliards FCFP, celle de l’Etat 18 milliards FCFP. Ce sont les secteurs du logement et des énergies renouvelables qui
en bénéficient majoritairement.
93
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
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entreprises
des chances

L’exemple de la squash est à souligner. Une analyse a été conduite l la filière bois semble nécessiter une intervention importante
en fonction d’un marché identifié. La production et la commer- des pouvoirs publics pour mieux organiser les différents ac-
cialisation ont été réfléchies pour répondre à la demande. Le teurs.
succès n’a pourtant pas été celui escompté, sans doute par man- A ceux là, il faudrait pouvoir ajouter un soutien en R&D plus axé
que d’organisation. sur les entreprises, d’autant que ces filières ont la chance de pou-
La collecte des productions agricoles exigerait un peu plus voir disposer sur place d’outils comme l’IAC, l’AICA ou l’IFREMER.
d’organisation. Il existe peu de systèmes coopératifs par exem- Les échanges entre les producteurs et les organismes de recher-
ple qui pourraient pallier à cette déficience. La collecte reste che doivent s’amplifier.
donc encore très éparpillée et tributaire de l’individualisme des L’agriculture et l’aquaculture donnent l’impression de se cher-
exploitants. cher au travers de nombreuses tentatives de structuration de
Viennent ensuite la distribution ou la transformation. filières au résultat plus ou moins positif :
Pour la distribution, il y a encore peu de concertation entre l l a filière café n’a pu se développer car les pouvoirs publics ont

les enseignes de la grande distribution et les petits produc- voulu imposer un modèle de développement économique en
teurs, avec des rapports de force souvent peu favorables aux inadéquation avec les attentes et la volonté des personnes ;
derniers. Une des conséquences est le maintien de la dis- l l a filière bovine, qui pourrait représenter un fort potentiel,

tribution au travers de filières courtes : ventes directes sur connaît des difficultés à se développer ;
les marchés. Ces deux modes de distribution ne sont pas l la filière porcine est en cours de structuration ;

antinomiques mais il faut savoir les concilier car les volumes l la filière squash, tournée vers l’export (ERPA) ;

à produire sont très différents pour l’exploitant selon qu’il l l a filière bois, qui importe beaucoup plus qu’elle n’utilise les

s’adresse à un circuit ou à un autre. Dans les deux cas, les bois produits localement (filière en cours d’organisation) ;
producteurs comme les circuits de distribution sont orientés l la filière cerf, tournée vers l’export (OCEF) ;

vers le marché calédonien, faute de volumes suffisants mais l la filière maïs ;

aussi parce que ce marché est plus facile d’accès et qu’il est l l a filière horticole semble prometteuse parce qu’elle corres-

en partie protégé. pond aux attentes des consommateurs et qu’elle peut s’inscrire
Pour la transformation, très peu de productions agricoles locales dans les programmes de revégétalisation, et de là, développer
peuvent être utilisées par les unités industrielles agroalimentaires de réels savoir-faire.
qui doivent donc importer une partie de leur matière première. L’agriculture, et dans une moindre mesure l’aquaculture, ont
Dans les deux cas, il existe peu d’accords professionnels ou atteint aujourd’hui une situation critique, d’autant plus in-
interprofessionnels (avec la distribution en particulier) permet- quiétante que l’on assiste à une raréfaction des ressources
tant de mieux écouler/gérer la production. Les commissions ou agricoles mondiales. Le déficit de politique agricole évoqué
structures chargées de coordonner la filière, que ce soit la DAE, plus haut peut s’avérer être un handicap sérieux pour l’avenir
l’OCEF ou l’ERPA, fixent des objectifs quantitatifs et qualitatifs qui du pays.
ont du mal à être atteints.
La pêche cherche à s’inscrire dans une stratégie de dévelop- 4.4.3 Une absence de filières tertiaires et industrielles
pement plus structurée avec la recherche de nouveaux marchés autres que le nickel
et la capacité à les fournir dans des volumes et avec une qualité Avec plus de 1 000 entreprises et environ 6 000 emplois, l’impor-
suffisants. Mais, c’est un domaine où la définition d’une appro- tance du secteur industriel est réelle. Mais il est trop éclaté pour
che commune entre les trois provinces, le gouvernement et faire émerger une ou plusieurs filières d’excellence sur lesquelles
l’Etat serait un véritable gage de succès. appuyer une politique au niveau du territoire.
Une telle situation amène les pouvoirs publics à soutenir le Les raisons de l’absence de filières industrielles sont nombreu-
secteur agricole et aquacole dans son ensemble. De nombreux ses et diverses, parmi celles-ci :
services accompagnent ce secteur pour l’aider à se structurer. l un marché domestique étroit qui limite le développement de

Mais, il semble encore manquer de cohérence avec notamment plusieurs entreprises sur un même savoir-faire ;
une analyse plus globale et plus prospective de l’agriculture et lu n marché domestique protégé et sans véritables dispositifs

de l’aquaculture qui fait défaut: quels sont les objectifs fixés ? permettant de stimuler le développement à l’export ;
Quelles sont les productions privilégiées ? Quelle est la place ld es avantages concurrentiels non identifiés pour chercher à

accordée à l’agriculture vivrière ? Quelle valorisation ? Quelle conquérir de nouveaux marchés ;


transformation ? Quels marchés ciblés ? lu n développement des filières qui passe forcément par l’export,

Autant de questions pour lesquelles les réponses sont mal associé à des entreprises calédoniennes qui ne peuvent pas
formulées aujourd’hui, par déficit de réelle politique agricole : toujours être compétitives à l’international ;
formation, installation des jeunes, maîtrise du foncier, modes de l des petites entreprises parfois peu structurées.

productions, qualité des productions, rémunérations, accès aux Le secteur tertiaire n’a pas non plus développé de filière particu-
marchés… lière, si ce n’est le tourisme.
C’est là aussi un point d’approfondissement du futur schéma Les regroupements professionnels existent et ont un rôle
d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie. important à jouer dans la structuration des filières. La Fédéra-
On constate sur ces filières que l’appui des pouvoirs publics a tion des Industries de Nouvelle-Calédonie (FINC) qui réunit plus
été bénéfique à leur développement : d’une centaine d’adhérents cherche à conduire des réflexions
l l ’organisation de la filière crevette est en partie liée à l’action allant dans cet esprit.
d’établissement public tel que l’ERPA qui a contribué à struc- Sans aller jusqu’à la création d’une filière, les entrepreneurs
turer la filière ; calédoniens mènent une expérience ECKO9 qui pourrait par la
l l a filière viande a été organisée avec la contribution de l’OCEF ; suite servir de support à une réflexion plus large.

9
Ecko est une association qui a pour vocation d’assister et de représenter les entreprises locales dans le projet industriel du Nord.

94
4.4.4 Un secteur tourisme en panne Cependant, le réflexe de benchmarking commence à être bien
Avec 103 000 visiteurs en 2007, le seuil des 100 000 est atteint présent avec la multiplication des déplacements à l’étranger de
pour la troisième année consécutive mais la hausse observée délégations sur des sujets divers.
localement (2,9%) est inférieure à la hausse au niveau mondial Il manque réellement d’analyse économique stratégique fine
(6%). Si on rajoute les 121 000 croisiéristes, la Nouvelle-Calédo- permettant d’identifier les secteurs présentant un potentiel de
nie totalise 224 000 visiteurs en 2007. développement (ce dernier passe d’ailleurs souvent par l’export).
Les objectifs affichés par le plan de développement concerté Ces analyses pourraient guider les politiques publiques en ren-
du tourisme de 2005 semblent encore loin. Toutes les préco- forçant leur soutien sur certains secteurs et en le réduisant sur
nisations n’ont pas été suivies d’effets. La création d’une image d’autres.
unique de la Nouvelle-Calédonie à l’extérieur par exemple n’a Au-delà des avantages concurrentiels identifiés pour le nickel, la
pas été mise en œuvre (l’avantage concurrentiel n’a pas été Nouvelle-Calédonie doit pouvoir se positionner sur un certain
construit). La coordination nécessaire autour d’une politique de nombre de marchés de niche en faisant valoir des avantages
développement ne semble pas encore suffisante pour soute- concurrentiels à déterminer.
nir et favoriser le développement de ce secteur. La création de Au cours des travaux de l’atelier, différents secteurs ont été évo-
l’Agence Interprovinciale de Développement du Tourisme de- qués. Il reste à évaluer leur réel potentiel de développement et les
vrait favoriser cette coordination. conditions d’accompagnement à mettre en œuvre.
Pourtant, ce secteur présente un intérêt fort pour l’aménage- Filières agricoles :
ment du territoire puisqu’il permet une meilleure diffusion de La filière avicole : la consommation est de l’ordre de 16 000 tonnes
l’économie et fixe les populations en milieu rural. Le tourisme par an en Nouvelle-Calédonie, alors que la production n’est que
n’est encore pas assez développé pour pouvoir parler de « fi- de 500 tonnes. Sur des produits spécifiques positionnés vers le
lière » qui intégrerait un nombre d’acteurs plus important. haut de gamme, la production pourrait atteindre 2 500 tonnes par
Si le manque de coordination est une explication, il faut aussi an et commencer à constituer une filière. L’élevage semi-industriel
s’interroger sur le positionnement commercial préconisé. Est- de poulets pourrait également être développé.
il cohérent avec les avantages concurrentiels qui peuvent être Le miel : là encore, si on arrive à contourner certains individualis-
mis en avant ? Les contraintes d’éloignement, de niveau de prix mes, et avoir une démarche marketing précise, ce produit pourrait
orientent vers un tourisme haut de gamme exigeant alors un connaître un développement en filière avec de la transformation
accueil de haut niveau. La filière viande de porc : la filière pourrait être plus largement dé-
Et puis, quelle stratégie de consolidation apportée par les veloppée
autres filières, agricoles en particulier, pour approvisionner les La filière Tournesol : 2000 tonnes sont importées chaque année
centres touristiques ? Il existe des démarches de ce type, dans les avec un potentiel de développement en local
îles Loyauté par exemple, mais ce n’est pas structuré à l’échelle Filières agroalimentaires :
territoriale. Des niches existent pour la production de produits qui suppor-
Ce décollage difficile du tourisme peut trouver ses causes tent difficilement les voyages (boissons à base de lait et de jus de
dans le manque d’identification des priorités économiques et fruit, biscuits non secs, ..) et la zone pacifique serait preneuse.
des conditions de succès nécessaires à mettre en place pour Filière de services :
servir ces priorités, à commencer peut-être par les modalités et Les services à la personne sont en cours de développement.
les coûts d’acheminement. Les services d’appui à la gestion d’entreprise (facturation, recou-
vrement, paye, comptabilité, …) se développent également.
Les défis de la croissance calédonienne, page 30 dernier paragraphe : L’exploitation du décalage horaire avec l’Europe est une op-
« Les recettes liées à ce secteur se sont élevées à plus de 17 milliards portunité de développement à creuser (utilisation d’internet
de FCFP en 2007 (hors transport international), en progression de haut-débit). Certaines fonctions telles que le juridique, le secré-
37% par rapport à 2001, soit un rythme annuel supérieur à 5%. Ces tariat, ou d’autres prestations à valeur ajoutée pourraient être
recettes représentent en moyenne 2,6% du PIB depuis 2001. Toute- développées sous réserve de disposer d’une offre de qualité en
fois les Calédoniens dépensent également à l’extérieur du territoire matière de nouvelles technologies de communication.
(13 milliards de FCFP en 2007). Les activités touristiques dégagent Filière liée à la valorisation de molécules à forte valeur ajoutée
ainsi 4,1 milliards de FCFP de recettes nettes ». La valorisation de la biodiversité et des molécules qui pourraient
en être extraites peut intéresser l’industrie pharmaceutique et
4.5 U
 n manque de benchmarking10 cosmétique. Toutefois les recherches menées jusqu’à maintenant
et d’outils prospectifs n’ont pas révélé d’intérêt économique majeur.
Pour mieux identifier ses avantages concurrentiels dans un Filière liée aux énergies renouvelables :
contexte mondial sans cesse en évolution et donc mieux défi- La Nouvelle-Calédonie pourrait s’inspirer des objectifs que s’est
nir ses priorités en matière de développement économique via fixée la Réunion en termes de consommation domestique (éven-
la définition des secteurs et des filières à renforcer et soutenir, tail d’énergie renouvelable pour raccordement au réseau), même
la Nouvelle-Calédonie manque d’outils prospectifs et de si la problématique se pose différemment en Nouvelle-Calédo-
benchmark. nie compte tenu des trois usines métallurgiques énergivores qui
Il est par ailleurs important de pouvoir disposer d’études nécessitent une sécurisation en matière d’alimentation électrique.
spécifiques aussi bien pour l’appui au développement de Il existe un potentiel lié à la présence de filière R&D, production
l’export que pour la fourniture du marché local car, sans elles, et distribution, mais ce potentiel reste toutefois à préciser. La
il est alors plus difficile de prévoir et d’anticiper. Cela peut Nouvelle-Calédonie exporte déjà des chauffe-eau solaires et sert
être préjudiciable pour le développement des entreprises et de vitrine pour la vente des éoliennes destinées aux régions
du territoire. cycloniques.

10
T echnique qui consiste à étudier et analyser les performances, les modes d’organisation des concurrents afin de s’en inspirer et d’en tirer le meilleur. C’est un processus continu pour
améliorer la performance de son organisation.
95
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
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entreprises
des chances

5. Une production locale existante et favorisée


5.1. U
 ne logique de substitution aux produits On passe là d’une production de substitution aux importations
d’importation qui doit évoluer à une production de conquête de parts de marchés, sans doute
Dans les années 80, le développement du tissu économique et régionales dans un premier temps.
plus précisément industriel, qui a connu une réussite certaine,
a été le fruit d’une volonté politique qui a plus visé à rétablir 5.2. D
 es produits de grande consommation
un climat de paix sociale en créant des emplois. Il n’y a pas eu généralement plus chers,
de réflexion stratégique industrielle sur les secteurs pertinents à et une offre plus restreinte
développer par rapport aux avantages concurrentiels internatio- Avec des coûts d’acheminement plus élevés, des volumes d’im-
naux que pouvait avoir la Nouvelle-Calédonie. portations de matières premières faibles qui ne permettent pas
Les créations d’entreprises ont reposé sur des savoir-faire dé- de négocier les tarifs, des investissements surdimensionnés,
tenus par des individus, et principalement dans une logique de une électricité chère, sauf exception, les productions locales
fabrication de produits se substituant aux importations dans peuvent générer un surcoût par rapport à l’importation des mê-
l’objectif de répondre au marché intérieur, sans rechercher for- mes produits finis. A cela s’ajoute des coûts de main d’œuvre
cément à conquérir de nouveaux marchés. qui doivent être répercutés sur un volume de production moins
Sortant d’un contexte politique dur, il était difficile de conduire important11.
une réflexion stratégique sur les secteurs d’activités à dévelop- On retrouve des contraintes identiques pour la distribution en
per et à appuyer par de la formation et de l’innovation. termes de négociation tarifaire sur les volumes, sur le coût de
Par ailleurs, ce mode d’évolution est normal pour un pays qui main d’œuvre réparti sur un volume vendu moindre. Mais, à la
est encore, dans certaines zones géographiques, en voie de dé- base, le prix du produit fini importé par la grande distribution
veloppement et qui doit donc maîtriser ses marchés intérieurs coûte moins cher qu’un produit local.
avant de tenter les marchés internationaux. Ces coûts sont sans doute amplifiés en brousse, car il faut ra-
Cette logique prédomine peut être encore aujourd’hui, mais jouter les coûts d’acheminement des matières depuis Nouméa,
on observe une réelle tendance de la part des entreprises à re- seule porte d’entrée internationale du territoire, puis retour vers
chercher de nouveaux marchés. Nouméa, car le seul et unique grand centre de consommation.
On retrouve donc principalement des productions correspon- Sur certains produits –importés ou produits localement- on
dant au marché intérieur, dans les secteurs suivants (source ISEE): arrive donc à des différences de prix consommateur importan-
l i ndustrie agroalimentaire : biscuiterie, produits lactés, chocolat, tes entre des produits vendus en Nouvelle-Calédonie et dans
boissons,… d’autres pays, la métropole en particulier, comme le montre le
l i ndustrie plastique : emballages, produits PVC, mousse,… tableau ci-dessous, alors que d’autres présentent des prix plus
l i ndustrie chimique : cosmétiques, peintures, produits d’entre- attractifs.
tien, insecticides,… COMPARAISON DES PRIX MOYENS EN 2007
lm  atériaux de construction : béton, agglomérés, tôles, charpen- ENTRE NOUMEA ET LA METROPOLE (EN FCFP)
tes métalliques,
l i ndustrie du bois : menuiserie, fabrication de meubles.
Article Article Prix métropole Prix Nouméa
Cependant, on assiste à une certaine évolution depuis 5 ou 6
Baguette de pain 300 g 110 93
ans. La preuve en est, la création d’entreprises sur des activités
liées à l’internet ou aux domaines de l’environnement. Pâtes alimentaires supérieures 500 g 85 242
La création d’un véritable tissu industriel, qui n’a sans doute Filet de bœuf 1 kg 3 792 2 921
pas son équivalent dans les autres territoires d’outre-mer, et qui
Gigot d’agneau 1 kg 1 841 1 321
permet d’avoir un réel potentiel de développement industriel,
a été soutenue par les pouvoirs publics par la mise en place Echine de porc 1 kg 865 1 619
d’outils comme les protections ou la défiscalisation. Aujourd’hui Jambon supérieur 1 kg 1 543 1 564
les acteurs économiques s’accordent sur l’idée de faire évoluer
Lait demi écrémé 1l 79 100
ce dispositif de production. Les entreprises sont sans cesse à la
recherche de solutions d’amélioration de leur compétitivité. Or, Yaourts nature 500 g 82 330
Source : CCI, (la liste contient aussi bien des produits d’import que des produits locaux)

nous l’avons annoncé dès l’introduction, le marché local est res- Beurre en plaquette 250 g 180 231
treint et il rend plus difficile l‘amortissement des investissements Thon 1 kg Nd 1 207
nécessaires.
Crevettes 1 kg 2 174 1 434
Et plus une économie est petite, plus elle doit chercher à se spé-
cialiser sur un petit nombre de produits non seulement destinés Champignons en boite 460 g 368 350
au marché local, mais aussi à l’exportation, et donc permettre Haricots extra-fins en boite 460 g 172 236
une production à plus grande échelle pour rentabiliser les in-
Sucre en morceaux 1 kg 165 145
vestissements. En contre partie, cela lui apporte les moyens
d’importer les produits dont la production locale n’est pas éco- Café moulu 500 g 310 815

nomiquement justifiée. Eau minérale non gazeuse 1,5 l 59 145


Cette spécialisation permet aux collectivités de pouvoir accom- Whisky 75 cl 1 493 2 423
pagner les entreprises par des outils adaptés : fiscalité, formation,
Carottes 1 kg 132 375
innovation.

11
Les coûts de main d’œuvre sont comparables à ceux des pays développés (voir atelier 4 mondialisation) mais restent plus élevés que ceux des petits états insulaires du Pacifique et certains pays d’Asie. Cela dit, il n’existe pas d’analyse de la
productivité en Nouvelle-Calédonie. Or, le rapport productivité/masse salariale permet d’obtenir la comparaison la plus pertinente entre pays.
96
Article Article Prix métropole Prix Nouméa Les labels sont assez peu développés or ils permettent la promo-
Oignons 1 kg 235 326 tion de produits d’origine en les différenciant de la concurrence. Ils
sont souvent un gage d’authenticité valorisable sur les marchés.
Pomme de terre nouvelles 1 kg Nd 171
On peut citer l’expérience de « Saveur authentique des îles »
Tomates 1 kg 302 601 mais qui reste encore confidentielle.
Essence sans plomb 1l 154 132 La FINC développe aussi le label « Je produis calédonien », dans
Gazole 1l 129 104
le but de valoriser les productions locales. La Commission du
Pacifique Sud conduit aussi une réflexion sur les produits bio
Réparation automobile 1h 6 622 4 944
d’origine Pacifique Sud.
Consultation chez un médecin 1 2 800 3 367
généraliste
5.4 L es attentes des consommateurs
Shampoing et coupe homme 1 2 147 1 663 méconnues
La satisfaction du client est un objectif à atteindre pour toute
Cette structure de coût qui entraine ces prix de vente élevés entreprise et les entreprises calédoniennes, producteurs com-
pousse certains producteurs à demander des mesures protec- me importateurs, ne dérogent pas à la règle. Les entreprises qui
tionnistes dans le but d’avoir une part du marché intérieur plus fabriquent des produits sous licence sont dans l’obligation de
large – voire la totalité – pour produire à plus grande échelle et respecter les cahiers des charges de leurs franchiseurs, la qualité
donc être plus compétitif. Elle n’incite pas non plus à exporter12. des produits est donc identique à ceux fabriqués ailleurs dans
Une autre conséquence est une offre de produits plus restrein- le monde.
te que dans des pays aux marchés de consommation plus large. Aujourd’hui, les consommateurs calédoniens sont plus avertis
Les importateurs, doivent optimiser les volumes pour obtenir les et comparent davantage les produits. Et avec un meilleur accès
meilleurs prix et donc réduire le nombre de produits et les produc- à l’information, les consommateurs sont constamment sollicités
teurs locaux, pour rentabiliser leur outil productif, ne peuvent pas par de nouveaux produits leur offrant une plus grande diversité
se disperser dans une multitude de produits. Cependant, comme avec des rapports qualité/prix souvent plus avantageux. Ils sont
nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, la recherche de di- donc plus exigeants. Si, auparavant, des produits peu sophis-
versification dans la production de grande consommation, n’est pas tiqués pouvaient les satisfaire, ce n’est sans doute plus le cas
forcément adaptée aux marchés comme la Nouvelle-Calédonie. maintenant..
Le consommateur est de plus en plus attentif au prix. Dans Les organisations de consommateurs sont peu nombreuses
une réflexion plus stratégique, la prise en compte de son attente et peu structurées et les attentes des consommateurs sont en-
doit être renforcée. core mal connues. L’UFC n’a pas encore conduit d’études sur
ces aspects. L’UFC peut seulement constater, sans le mesurer,
5.3 U
 ne politique de franchise plutôt qu’un un nombre croissant d’appels relatifs à l’insatisfaction des clients
développement de marques locales face à la qualité des produits disponibles.
Avec un objectif initial de remplacer les produits d’importation Le système concurrentiel pousse les entreprises à améliorer
par des produits locaux, s’est sans doute posée la question des sans cesse la qualité de leur offre. Sur un marché restreint comme
marques commerciales. Or, les coûts de développement d’une le marché calédonien, le nombre de concurrents est forcément
marque sont tels qu’il est difficile de les amortir sur un marché plus limité. Certains consommateurs, par méconnaissance,
restreint. Et la petite taille des entreprises ne leur permet pas de peuvent alors s’interroger sur le niveau de qualité des produits
se doter des outils marketings les plus performants. Il est donc calédoniens, plus particulièrement ceux qui sont protégés.
plus facile de s’adosser à une marque déjà connue pour laquelle Si une image de moins bonne qualité des productions calé-
la promotion sera plus aisée. doniennes persiste, tout le monde semble cependant s’accorder
Il en est de même pour les process industriels, la conception sur une amélioration de cette qualité. La mise en place de nor-
est onéreuse et il est là encore plus avantageux, pour des petites mes reconnues ou de labels de qualité pourrait sans doute
productions, de s’appuyer sur des savoir-faire déjà maîtrisés. améliorer l’image de marque des productions locales.
La conséquence a été l’acquisition de licences auprès de grands
groupes extérieurs au territoire. 5.5 D
 es outils publics
Si cette démarche est justifiée pour conquérir les parts de pour favoriser la production locale
marché, elle a aussi un revers, car il est alors plus difficile pour le Tout d’abord, une production agricole performante, non seule-
consommateur – qui n’a pas intégré la structure des coûts- de ment apporte une certaine autosuffisance alimentaire mais elle
comprendre pourquoi par exemple un produit de marque x est permet aussi l’aménagement du territoire et le maintien des
plus cher en Nouvelle-Calédonie qu’en métropole. populations en milieu rural. Une industrie peut faciliter l’écoule-
Autre conséquence, cela ne favorise pas la lisibilité de la pro- ment des produits agricoles, des matières premières et là encore
duction calédonienne dans le marché régional et peut sans permettre au pays de gagner en autosuffisance alimentaire. On
doute rendre plus difficile la pénétration des marchés voisins car peut retrouver la même logique dans les services. C’est aussi un
là encore pourquoi importer le produit x depuis la Nouvelle-Ca- moyen de limiter les délais d’approvisionnement des produits
lédonie alors qu’il peut être moins cher importé de métropole. de consommation stratégiques, surtout quand on est tributaire
Cela n’empêche pas certaines entreprises, et elles sont cer- d’un certain isolement géographique.
tainement plus nombreuses qu’on le pense, d’avoir développé C’est donc toute une structuration du pays qui est en jeu avec
leurs propres marques avec succès. On peut citer par exemple à la clé des créations d’emplois, des créations de richesses, donc
les marques suivantes : La Française, Tricot Rayé, Tulem, Oro, des sources de revenus complémentaires, sans négliger l’impact
Number One, Sun Ray,… sur la stabilité sociale.

12
Il a été vu dans l’atelier « mondialisation » que les dispositifs d’accompagnement à l’export n’étaient pas non plus incitatifs

97
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

En plus des éléments cités précédemment, le développe- qu’elles soient monétaires ou plus techniques (outils de produc-
ment d’un outil de production local favorise l’émergence de tions, qualifications des personnes,…)
compétences et de savoir-faire techniques. Il aide à créer un Parce que l’intérêt est important pour le territoire, les pouvoirs
réseau de sous-traitance et de services aux entreprises, et in- publics apportent leur soutien au développement des produc-
cite à la création de centres de recherche et développement. tions locales au travers de deux outils essentiels :
Les retombées d’emplois indirects peuvent donc être impor- l les dispositifs de protection (voir supra)

tantes pour un petit territoire comme la Nouvelle-Calédonie. l l es dispositifs de défiscalisation qui ont été étendus à l’industrie

C’est aussi un levier d’échange avec les pays voisins, sur un récemment.
plan commercial en premier lieu mais en devenant aussi un A ceux là, il faut rajouter les soutiens apportés par les différents
outil d’attractivité. outils provinciaux : codes de développement et SEM provinciales.
Mais, si ce tissu économique est plutôt développé pour un Ces dispositifs incitatifs sont indispensables pour accompa-
territoire de cette taille, il est peu suivi. Il manque d’un observa- gner un tissu économique mais leurs retombées ont-elles été
toire analysant précisément les richesses induites par ce secteur, analysées et les secteurs ciblés sont-ils les bons ?

6. Un système concurrentiel à faire évoluer


6.1 Un système de protection qui s’améliore A cette protection tarifaire, s’ajoutent des barrières non tarifai-
La Nouvelle-Calédonie possède la compétence fiscale qui per- res de protection des industries locales comme les restrictions
met de fixer les barrières de protection à l’entrée sur le territoire quantitatives.
et la compétence en matière de concurrence et de réglemen- C’est aussi un moyen pour une meilleure maîtrise des appro-
tation des prix. visionnements et un meilleur contrôle de la qualité, mais à la
La Nouvelle-Calédonie a classé les marchandises importées condition que ces contrôles soient bien effectués.
en 4 catégories : L’objectif d’un dispositif de protection est aussi de donner la
l les marchandises totalement libres ; possibilité aux entreprises de se développer dans les meilleures
l l es marchandises soumises à la présentation préalable d’une conditions sur leur marché intérieur, mais n’y-a-t-il pas un risque
autorisation administrative d’importation ; de voir certaines entreprises profiter de cet avantage pour ins-
l l es marchandises interdites pour des raisons de santé et de taller de véritables rentes de situation ?
sécurité ; Les acteurs économiques s’accordent sur le fait que cer-
l l es marchandises soumises à des mesures de restrictions quan- tains abus ont pu exister par le passé et qu’il était nécessaire
titatives : suspension ou contingentement. que le système évolue pour favoriser la compétitivité des
Ces dernières sont destinées à protéger les productions locales. entreprises. La mise en place depuis 18 mois du Comité
Des droits de douane, et, parfois la mise en place de mesures consultatif pour le Commerce Extérieur a été dans ce sens.
de protection spéciale, de nature fiscale (TCPPL) ou physique La liste annuelle citée plus haut permet d’améliorer la lisi-
(mesures « STOP » = suspendu toutes origines et provenances) bilité avec un ensemble de critères connus de tous pour
sont décidés. justifier d’une demande de protection, et ce dans l’intérêt
Le gouvernement vote chaque année une liste de marchan- du consommateur calédonien.
dises qui constitue le programme annuel des importations. En Une grande avancée a été la définition d’une durée de la pro-
2008, 333 catégories de marchandises sont soumises à restric- tection fixée à 5 ans. Cette période pourra être prolongée sauf si
tions quantitatives. Sur ces 333, 168 sont classées STOP. l’administration démontre que la protection n’a plus lieu d’être,
Cette liste est établie de façon concertée avec les représentants car ne répondant plus aux critères d’éligibilité. Mais l’administra-
du monde économique. Seuls sont protégés les produits qui tion aura-telle les moyens de mesurer l’impact positif ou non de
peuvent répondre à des critères d’impact sur le développement la protection en question ?
de l’économie locale. Il est important que la compétition existe entre les différents
La volonté de la Nouvelle-Calédonie de protéger son secteur produits car elle favorise l’amélioration de la performance et de
productif n’est pas différente des autres pays du monde, qui la qualité. Il faut donc être vigilant à ce qu’un excès de protec-
cherchent à peu près tous à stabiliser leur économie et leurs em- tionnisme ne diminue pas cette recherche de progrès.
plois vis à vis de bouleversements potentiellement très rapides, La protection reste indispensable pour le développement
et qui protègent en conséquence leurs productions agricoles, de l’économie calédonienne, mais elle doit être utilisée à bon
manufacturières, ou leurs services, soit, par des barrières tarifaires escient (intérêt du produit, impact sur l’emploi…). Elle doit
comme celles citées, soit par d’autres moyens : normes, critères être en accord avec une stratégie économique claire, ce qui
de qualité, lourdeurs administratives, etc. (les mesures de contin- fait défaut actuellement. On peut ainsi s’interroger sur les
gentement étant sauf exception interdites par les accords du motivations de protection de certains produits, alors que la
GATT - OMC). Mais elle a opté pour un niveau élevé – par rap- plupart des produits de la même filière ne sont pas protégés.
port aux standards internationaux – de protection de son propre Une approche de la protection par filière ne serait-elle pas plus
marché. Le taux moyen de la fiscalité à l’importation (ensemble performante ?
des droits et taxes) est effectivement de 16,1% en 2007 (pour mé-
moire ce taux était de 24 % en 2000 et baisse progressivement 6.2 U
 n système de régulation
chaque année) alors qu’il est selon l’OMC de 3,5% en Australie, de la concurrence à optimiser
de 3% en Nouvelle-Zélande et de 5% dans l’Union Européenne Il n’existe pas d’autorité administrative indépendante compé-
(source Organisation Mondiale du Commerce et douanes). tente sur les questions de concurrence alors que pas moins de

98
90 pays dans le monde, parmi lesquels des petits états comme attentif aux abus qui peuvent exister. Ces abus peuvent se re-
Malte, l’Islande ou Fidji, en possèdent une. L’un des objectifs de trouver aussi bien dans la production que dans la distribution. La
ces organisations est la protection du consommateur, et là en- concurrence entre entreprises ne favorise-t-elle pas la recherche
core, on constate une certaine faiblesse des règles de protection permanente d’une plus grande performance ?
du consommateur (cf atelier 9), alors qu’il s’agit d’un sujet majeur La délibération du 6 octobre 2004 donne quelques indica-
au sein de l’union européenne. tions pour l’encadrement des prix et des marges, auxquelles les
La réglementation en matière de concurrence a été renfor- entreprises peuvent se référer.
cée après le vote du congrès le 6 octobre 2004 : réglementation Là encore, du fait de la taille du marché, les entreprises sont
des prix, respect des règles de loyauté commerciale, pratiques obligées de calculer leur marge en fonction de volumes plus
anticoncurrentielles, prohibant l’entente et l’abus de position restreints, et la plupart sont certainement dans l’obligation d’ap-
dominante. pliquer des coefficients plus élevés que ceux qui sont pratiqués
L’implantation de nouveaux acteurs sur le marché local est pos- dans des marchés plus importants. Cependant, là encore, il faut
sible, à la condition qu’il respecte les règles de la concurrence veiller aux éventuels abus.
locale. Les entreprises calédoniennes ont l’obligation de déposer
Le pays semble être doté des bons textes, mais les moyens leurs comptes au greffe du Tribunal de Commerce Mais peu
affectés au contrôle sont-ils suffisants ? remplissent leurs obligations. Cette opacité ne provoque-t-elle
Il est parfois difficile sur un petit marché d’avoir plusieurs ac- pas une certaine méfiance du consommateur vis à vis des entre-
teurs sur un même créneau. Il peut donc y avoir rapidement des prises locales ? N’est-ce pas un handicap dans un pays où de plus
situations monopolistiques ou oligopolistiques. Il faut donc être en plus de citoyens s’élèvent contre la vie chère ?

7. D
 es entreprises face à des problématiques
diverses : des freins à la performance
Nous ne reviendrons pas dans ce chapitre sur les freins déjà évoqués quelques points, abordés au cours de l’atelier.
dans la partie consacrée à la production locale. D’autres facteurs de La Nouvelle-Calédonie est en plein essor économique et la
performance ont été abordés dans l’atelier mondialisation. main d’œuvre se fait donc plus rare et est plus courtisée. Cet-
te difficulté augmente avec le niveau de qualification requis,
7.1 D
 es entreprises peu structurées qui, devient de plus en plus élevé. Les entreprises sont donc
du fait de leur taille confrontées à des difficultés de recrutement mais pour des
Trop petites, les entreprises ne sont pas structurées pour se raisons multiples :
développer dans les meilleures conditions : déficit de gestion, l l es entreprises sont principalement de petites entreprises qui

de marketing, d’innovation, formation des dirigeants… La liste sont peu structurées pour bien identifier leurs besoins ;
pourrait être longue. La conséquence est qu’elles ne sont pas lc  ertains secteurs sont plus attractifs que d’autres ;

armées ni pour répondre aux marchés des multinationales du l i l existe des concurrences géographiques dues à la concen-

nickel, ni pour conquérir de nouveaux marchés extérieurs, et tration des entreprises sur Nouméa. Mais, il est également
peut-être pas non plus pour faire face à la concurrence des en- possible, mais cela doit être vérifié, que les entreprises de
treprises qui exportent vers la Nouvelle-Calédonie. brousse connaissent tout autant de difficultés du fait de l’exo-
Autre conséquence de la faible structuration des entreprises : de rural ;
un manque de stratégie. Les dirigeants éprouvent souvent des l l es entreprises sont confrontées à la priorité donnée à « l’em-

difficultés à anticiper et fonctionnent « au coup par coup », sans ploi local » qui peut limiter l’offre de main d’œuvre qualifiée
toujours chercher à construire dans la durée. disponible. Mais en même temps, cette priorité peut motiver
Pour pallier le déficit de taille, il pourrait y avoir des réseaux les jeunes à plus se former ;
d’entreprises, pour mutualiser des moyens. Mais de telles orga- l l a Nouvelle-Calédonie offre globalement un niveau de for-

nisations existent rarement. mation initiale de qualité mais calqué sur les besoins des
Les entreprises calédoniennes sont presque toutes concen- entreprises métropolitaines (manque d’apprentissage techni-
trées sur le seul marché intérieur qui est leur « gagne pain », que) et incomplet. L’adaptation sectorielle des formations aux
parce que trop petites pour être présentes sur plusieurs marchés. entreprises n’est pas totale. Les compétences sur des postes de
Leurs risques marchés ne sont donc pas répartis. Cette donnée à maîtrise, export, marketing,… sont difficiles à trouver.
un impact psychologique sans doute beaucoup plus important Il n’existe pas de systèmes financiers équivalents à la taxe d’ap-
que dans des grandes entreprises. En effet, certaines peuvent prentissage métropolitaine qui incite les entreprises à s’impliquer
craindre le résultat du référendum sur l’autodétermination et dans les dispositifs de formation. Ces mesures peuvent permet-
être conduites à rechercher un retour sur investissement à court tre une meilleure adéquation entre les besoins des entreprises
terme, et donc à adopter un mode de performance différent et l’offre de formation.
d’une entreprise qui a une visibilité sur le long terme.
7.2.2 Une productivité inconnue
7.2. Un volet ressources humaines complexe Des chefs d’entreprises se plaignent d’un taux d’absentéisme
7.2.1 Des difficultés à recruter parfois important et de rythmes de travail pas toujours soute-
Les difficultés de recrutement sont traitées dans l’atelier 2 nus. Quelle est la réalité ? Aucune étude n’a été produite pour
« Adéquation population- emploi ». Nous n’évoquerons ici que connaître la productivité de la main d’œuvre. Il est donc difficile

99
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

de se comparer aux autres pays développés. La flexibilité de la 2. le rapport au travail, les obligations contractuelles, le cadre
main d’œuvre n’est pas non plus particulièrement étudiée. hiérarchique, sont source d’incompréhensions, et les visions di-
vergent sur les besoins en compétence de l’entreprise ;
7.2.3 Un management difficile 3. sur le plan « culturel », l’accès à l’emploi et l’accès aux
Parce que leurs entreprises sont petites et qu’ils doivent remplir emplois les plus qualifiés constituent une cause de tensions in-
de multiples fonctions en interne, les chefs d’entreprises ont peu tercommunautaires ;
de temps à consacrer à des formations en gestion des ressources 4. le marché du travail pose question : un taux très important
humaines et en management. Cette contrainte est encore plus d’actifs sans qualification explique les difficultés à mettre en œuvre
forte dans les entreprises du nord où des îles qui sont éloignées sereinement le principe de priorité à l’emploi local, un taux élevé de
des centres de formation, essentiellement situés à Nouméa. C’est travail précaire (CDD, intérim), et une panne de l’ascenseur social ;
pourtant un point important dans le contexte local ou le mana- 5. le droit du travail est devenu accessible très récemment, et,
gement interculturel est fort. Il faut savoir concilier les différentes par habitude, les conflits étaient traités non pas par le droit, mais
approches de l’entreprise avec des rythmes et des attentes diffé- par des rapports de force ;
rentes selon les communautés. Cet aspect est développé dans 6. le système de représentation du personnel est complexe,
l’atelier 5 « Développement, culture et valeurs identitaires ». avec de nombreuses institutions représentatives, générant su-
A ces difficultés, vient s’additionner une méconnaissance des renchère entre syndicats, et campagne électorale permanente ;
entreprises par les jeunes qui entrent sur le marché du travail. 7. le système de la négociation collective (au niveau de l’entre-
Par ailleurs, étant donnée la taille de la majorité des entreprises, prise) est désuet : négociations « multi-bilatérales » ; négociation
il s’agit essentiellement d’un management de proximité dont portant plus sur des demandes individuelles que collectives ;
l’application doit être très différente que l’on soit à Nouméa ou accords qui se superposent et génèrent de la perte de sens ;
en brousse. remise en chantier perpétuelle de la négociation ;
8. la gestion du personnel est souvent déficiente dans les en-
7.2.4 Une situation sociale qui tend à s’améliorer treprises, du fait notamment d’insuffisances de formation de la
De 2000 à 2005, il est observé une tendance nette à l’augmenta- direction et de l’encadrement.
tion de la conflictualité, mais depuis 2006, la tendance s’inverse.
On assiste à une diminution du nombre de conflits et du nombre C’est à partir de ces constats, que les partenaires syndicaux et pa-
de salariés concernés. Cette évolution conduit mécaniquement à tronaux travaillent sur des axes de progrès déclinés en actions
une diminution du nombre de journées perdues. Le nombre de Trois axes de progrès et 14 actions ont été identifiés :
grévistes continue également de diminuer légèrement. En re- 1. le règlement des conflits ;
vanche, le nombre total de jours de conflits augmente fortement. 2. la formation des acteurs : formation, diffusion des « bonnes
Cela s’explique par trois conflits qui ont été très longs en 2007. pratiques », colloques et séminaires médiatisés sur les relations
de travail ;
TABLEAU SYNTHETIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS
A CARACTERE PROFESSIONNEL 3. la régulation des relations de travail au quotidien.
(Etabli à partir des données communiquées Le Conseil du Dialogue social proposé lors de la plénière du Fo-
par les entreprises concernées)
rum du dialogue social, le 14 novembre 2008 devrait répondre
à ces enjeux.
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Nombre d’entreprises 22 30 24 30 46 34 42 45 La situation de forte croissance économique, la mise en place


concernées(1)
de ce forum contribuent pleinement à l’amélioration du climat
Nombre de conflits 20 38 29 31 39 54 56 52 social, même s’il y a encore du chemin à parcourir pour arriver à
Nombre de salariés une situation satisfaisante pour tous.
1 447 3 252 2 788 2 311 3 465 6 873 13 187 4 879
concernés(2) Pour cela, les points d’amélioration sont les suivants :
Nombre de grévistes 856 2 176 1 387 1 408 1 803 1 654 1 373 1 279 1. le système calédonien, comme le système métropolitain
dont il est issu, repose beaucoup sur l’encadrement juridique de
Nombre total de jours
de conflits 191 257,5 187 149,5 407 336 421,5 799 la négociation collective ; cela ne favorise pas la prise de recul,
l’anticipation et l’échange commun entre partenaires sociaux ;
Nombre de journées
perdues(3) 7 390,5 9 105,5 12 170 8 258 22 301 33 466 34 360 21 529 2. les partenaires sociaux se sentent en outre insuffisamment
sollicités sur des questions d’ordre économique et social dont les
Source : DTENC

Nombre moyen de réponses conditionnent le dialogue social ;


8 6,77 6,45 4,8 10,4 6,2 7,5 15,36
jours de conflits
3. le dialogue social territorial est globalement insuffisant :
(1) Pour une entreprise du secteur des transports routiers, l’appréciation sur la situation de grève
diverge entre le syndicat et la direction pour la période du 9/11 au 13/11/2007 insuffisance et inadaptation des espaces de dialogue, règles,
(2) Il s’agit des salariés grévistes + des salariés empêchés de travailler normes et orientations sociales influencées par les enjeux de
(3) Elles concernent les journées non travaillées par les grévistes + les journées non travaillées par les
salariés empêchés de travailler du fait du blocage sociétés non partagés et conduisant au rapport de force.

Le « forum du dialogue social » réuni régulièrement depuis 7.3 Des coûts d’acheminement élevés
200613 a permis de formuler, avec un quasi-consensus, des dia- 20 transitaires, 25 compagnies maritimes, 5 acconiers, 4 compa-
gnostics sur les explications de la situation actuelle : gnies aériennes se partagent le marché du transport international.
1. le dialogue entre syndicats et employeurs est globalement Ce marché est complètement ouvert à la concurrence.
de mauvaise qualité mais il a tendance à s’améliorer par une Il n’y a donc pas de monopole et chaque acteur pratique donc sa
meilleure connaissance réciproque des contraintes des salariés propre politique de prix, exceptés les acconiers qui appliquent
et des entreprises ; une même politique tarifaire.

13
Le troisième forum du dialogue social s’est réuni en plénière le 14 novembre 2008

100
Les coûts peuvent être considérés comme élevés, pourtant 7.4 Des normes et réglementations pas claires
le jeu de la concurrence conduit les prestataires fret à propo- Les entreprises sont confrontées à un flou juridique sur les nor-
ser les prix les plus compétitifs. A titre d’exemple, le kg de fret mes et réglementations techniques.
frais aérien est à 6€40 depuis plusieurs années tout comme L’exercice de cette compétence semble principalement rele-
un container de 20 pieds Le Havre – Nouméa fixé à 1 700€ et ver des provinces. Toutefois, certaines questions peuvent être
1 400€ pour Asie-Nouméa. Les variations tarifaires sont dues soulevées à ce sujet : la sécurité électrique dans les bâtiments
aux surcharges fuel ou aux coûts d’assurance et risques de relève par exemple des provinces, mais la Nouvelle-Calédonie
change. est, elle, compétente pour l’importation et la mise sur le marché
La concurrence est présente sur toutes les destinations sauf sur de matériels électriques…
la ligne Nouméa-Wallis où seules une compagnie aérienne et Les problèmes posés par la situation actuelle sont plus liés à
une compagnie maritime assurent le fret. Il y a donc un mono- l’absence de référence technique qu’à des contradictions réel-
pole de fait dû au volume insuffisant pour justifier de la présence les entre les règles appliquées de part et d’autre du creek Amick.
de plusieurs opérateurs. Les prix pratiqués sur cette ligne sont les On constate des surcoûts, des pertes de temps, des situations de
plus élevés aussi bien dans l’aérien que dans le maritime. risques, qui paraissent pouvoir être facilement évitées à travers
Les compagnies cherchent à faire des efforts pour faciliter l’ex- une réglementation adaptée. Par exemple, on déplore :
portation des produits calédoniens avec des partenariats avec la 1. le fait qu’en l’absence de réglementation sur les objets
FINC, l’ERPA pour proposer les tarifs les plus bas. ou produits dangereux (tels que des jouets par exemple), les
Compte tenu de la distance et du volume transporté, les tarifs pouvoirs publics ne disposent d’aucune base légale pour en
pratiqués ne sont sans doute pas excessifs. Par contre, les frais empêcher l’importation ou la vente ;
d’embarquement et de débarquement peuvent eux apparaître 2. la quasi absence de règles en matière de construction de
très élevés au regard des prix usuels dans d’autre ports euro- bâtiments (par ex. sur la tenue au vent cyclonique, la prévention
péens. Au port de Nouméa, pour un container de 20 pieds, le des incendies, la hauteur des garde-corps des balcons, etc.) ;
coût est de 538€ et de 947€ pour un container de 40 pieds, alors 3. le fait qu’en l’absence de cadrage des pouvoirs publics, on
que le coût n’est que de 230€ au Havre ou 150€ à Anvers, et130€ trouve de fait sur le marché des produits pouvant répondre par-
à Lisbonne, quel que soit le volume du container. fois à des normes européennes, parfois à d’autres normes, ce qui
Au global, même si la plupart des acteurs cherchent à limiter est pénalisant pour les utilisateurs, soit en termes d’usage, soit
les coûts pour leurs clients, les volumes traités sont encore insuf- en terme de certification (cas par exemple d’un bâtiment pré-
fisants pour pouvoir obtenir des économies d’échelle. fabriqué type ALGECO livré avec un équipement électrique aux
40 000 containers sont importés annuellement en Nouvelle- normes australiennes, qui a du être rééquipé pour que l’APAVE
Calédonie, et moins de 10 000 sont exportés. Le reste des puisse le certifier) ;
containers, soit plus de 30 000, repartent vides, ce qui consti- 4. le manque de clarté de l’image donnée par la Nouvelle-Ca-
tue un coût pour les transporteurs. Chaque escale représente lédonie à ce sujet, pour des investisseurs et/ou pour des clients
en moyenne 100 containers par navire. Ceci est à comparer aux étrangers ;
plusieurs centaines que représente la production des mêmes 5. le fait que les assurances prennent prétexte du flou régle-
navires dans d’autres ports du Pacifique (Australie et Nouvelle mentaire pour refuser d’assurer certains risques.
Zélande), de l’Asie ou de l’Europe. On peut être tenté de refuser de choisir entre un système nor-
Pourtant, même si les volumes sont faibles, le nombre de ro- matif ou un autre (en général : Européen ou Australien), afin de
tation est encore important. garder la souplesse nécessaire aux approvisionnements dont
Dans le maritime, on dénombre : nous avons besoin.
l 8 rotations par mois pour l’Asie ; Lors des travaux préparatoires à la mise en révision de la loi or-
l 5 à 6 rotations par mois pour la Nouvelle-Zélande ; ganique (travail actuellement en cours), il a été proposé que la
l 6 rotations par mois pour l’Australie ; Nouvelle-Calédonie se voie attribuer globalement la compé-
l 6 rotations par mois pour l’Europe. tence d’édicter des normes et réglementations techniques sur
Dans l’aérien, il y a plus d’une dizaine de rotations par semaine l’ensemble du territoire. Ce point ne faisant pas consensus, il a
toutes destinations confondues. Cependant, il n’existe pas de été retiré de l’agenda.
cargo dédié au fret et les volumes vont de 3 à 20 tonnes sur les
vols passagers. 7.5 Un système administratif et fiscal complexe
L’arrivée prochaine d’Air Austral va venir compléter l’offre. La complexité et l’imperfection du système de définition des
A la lecture des données, et selon les transitaires, l’offre de trans- compétences de l’Etat, la Nouvelle-Calédonie, les provinces et
port est largement suffisante pour satisfaire le marché local. Ce les communes est difficile à maîtriser pour les entreprises. Les
n’est donc aujourd’hui pas un obstacle pour les entreprises. Et entreprises ne comprennent pas toujours comment appliquer
l’augmentation du volume export pourrait faire diminuer les des règlementations réparties entre les différentes collectivités.
coûts. Et de fait, certaines sont manquantes, l’exemple des normes cité
Quant au transport de passagers, c’est la voie aérienne qui est précédemment, en est une illustration.
privilégiée. Là encore, les tarifs pratiqués sont élevés : éloigne- La compréhension de ces répartitions demande du temps
ment, fréquentation moyenne expliquent en partie les prix. aux entreprises, or du fait de leur petite taille, elles n’en ont sou-
Le taux de remplissage des vols Air Calin est passé de 65% en vent pas les moyens. Des erreurs peuvent donc être faites qui
2004 à 70% en 2007, mais reste en deçà des taux connus par peuvent leur porter préjudice.
Air France qui sont aux alentours de 85%. Seules les périodes de A cela on rajoutera la centralisation sur Nouméa des adminis-
vacances sont chargées, ce qui témoigne du manque de trafic trations qui obligent les entreprises de brousse à se déplacer
relatifs aux affaires économiques. régulièrement, sans oublier les « dossiers papier » accompagnés

101
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

de nombreuses pièces, demandés par les administrations. Les mettre de faire correspondre l’offre et la demande.
démarches par internet sont encore peu facilitées. Pour les projets agricoles, la pression foncière, rend difficile
Quant à la fiscalité, il est intéressant de comparer le taux de l’installation des jeunes agriculteurs même si ce n’est pas le seul
prélèvement obligatoire14 par rapport aux autres pays. motif de désintérêt des jeunes pour l’agriculture.
Le tableau suivant nous montre que la Nouvelle-Calédonie fait Pour les projets sur terres coutumières, la question de la pro-
partie des pays où les prélèvements sont bas. priété et donc de la garantie se pose. Ce problème est traité dans
l’atelier 5.
Pays 2005 Une analyse sur l’évolution du coût de l’immobilier d’entre-
Suède 50,7 prise serait aussi intéressante à conduire.
France 44,1
Italie 41
7.7 Un manque d’innovation
La recherche est de la compétence de l’Etat. Et comme le
Espagne 35,8
développement économique est de la compétence des pro-
Nouvelle Zélande 35 vinces, les deux doivent se coordonner pour pouvoir être mis
Allemagne 34,8 au service des entreprises. Il existe un Comité Consultatif de la
Nouvelle-Calédonie 30 (donnée 2007) Recherche qui pourrait jouer ce rôle mais aujourd’hui celui-ci est
limité au seul suivi des actions des établissements universitai-
Japon 27,4
res et organismes de recherche. Cette situation n’empêche pas
Etats-Unis 27,3 les collectivités d’établir avec les organismes de recherche des
Source : DSF

Moyenne OCDE 36,7 conventions sur des sujets qui lui semblent prioritaires.
Ainsi, trois grands secteurs d’activité scientifique sont
La Nouvelle-Calédonie a connu un mouvement à la hausse identifiés :
comme la plupart des pays. En 1982, le taux de prélèvement l les écosystèmes miniers, terrestres et marins ;

obligatoire était de 20% (40% en métropole) contre 30% en l l ’aquaculture (la crevetticulture en particulier) et l’agronomie ;

2007. Il y a donc eu une augmentation de 10 points en 25 ans. l l e Centre National de Recherche Technologique (CNRT) centré

La Nouvelle-Calédonie a développé un système de taxe com- sur le nickel et son environnement.


plexe, en particulier à l’importation. Ces trois secteurs d’interventions phares des organismes de re-
Il n’existe pas de taxe à la valeur ajoutée (TVA), contrairement cherche soutenus par l’Etat correspondent bien à des secteurs
à la Métropole, à la Polynésie française et à la quasi-totalité des d’activités économiques développés. Il y a donc bien une re-
pays du Pacifique. La question de la pertinence de son instau- cherche de cohérence entre développement économique et
ration est un sujet de débat public récurrent depuis plusieurs recherche.
années. Cependant, il n’existe pas de structure de transfert de techno-
La TVA a connu une extension internationale rapide au cours logie type CRITT (Centre de Recherche d’Innovation et Transfert
des dernières décennies et elle est aujourd’hui en place dans Technologique) vers les entreprises, et plus particulièrement les
plus de 130 pays. Les principales vertus de cet impôt qui expli- PME. La question globale du transfert n’a pas été pensée, des
quent son essor international sont : un rendement budgétaire opérations sont menées au coup par coup par les organismes
élevé grâce au fait qu’elle est assise sur une assiette large, sa de recherche.
neutralité économique (elle s’applique indifféremment sur les De fait, les dispositifs d’incitation à l’innovation ne sont pas
importations et la production locale) et, contrairement aux idées développés, d’autant que dans la mesure où ils se traduisent
reçues, son caractère simple de gestion administrative. généralement par des mesures fiscales, c’est du ressort du gou-
La réforme projetée visait à la neutralité budgétaire (c’est- vernement, qui pour le moment n’a pris aucune mesure allant
à-dire pas d’augmentation globale du niveau des impôts) en dans ce sens. Seule la défiscalisation favorise la R&D puisqu’elle
substituant la TVA à la majorité des taxes à l’importation. C’est ce fait partie des secteurs éligibles.
dernier volet de la réforme qui a rencontré le plus de difficultés La politique d’innovation est encore timide et concentrée
car il amène à repenser le système de protection en vigueur. essentiellement sur le nickel et la crevette, or l’innovation est
Selon certains, son introduction pourrait également se traduire un facteur de performance indispensable pour les entrepri-
par une hausse des prix. ses.
Aucune information n’est disponible sur les effectifs de R&D dans
7.6 Un prix du foncier en augmentation le privé. Il y a également très peu d’entreprises innovantes. A titre
Les entreprises sont surtout concentrées sur Ducos, où il n’y d’exemple, seuls 6 dossiers dont 3 en émergence et 3 en créa-
a plus réellement de foncier disponible. La pression foncière tion, ont été déposés en 2007 au concours d’aide à la création
augmente et fait augmenter les prix de vente. D’autres zones d’entreprises de technologies innovantes.
d’activité sont en cours d’aménagement sur le grand Nouméa OPI (Océanienne de Participation et d’Investissement) confirme
pour offrir de nouvelles possibilités de développement aux aussi le peu d’innovation dans les entreprises calédoniennes,
entreprises. VKP a également programmé l’aménagement de hormis celles qui, franchisées, peuvent bénéficier des innova-
plusieurs zones d’activité. Il y a donc une tendance favorable à tions apportés par les franchiseurs.
l’offre de foncier industriel mais les prix du m² (pas de données Si ce manque d’innovation n’est pas un handicap majeur
fiables) sont en augmentation et c’est donc un coût supplémen- aujourd’hui, il peut vite le devenir dans un contexte de plus en
taire pour les entreprises qui veulent s’installer. plus concurrentiel. L’innovation technologique reste la princi-
Il n’y a cependant pas d’études précises sur l’évaluation des pale mais les innovations commerciales ne sont pas à négliger
demandes et sur l’offre foncière disponible, ce qui pourrait per- non plus.

14
Les prélèvements obligatoires correspondent aux prélèvements effectués sans contrepartie : les impôts n’ont pas de contrepartie en ce sens que, normalement, les prestations fournies par les administrations aux citoyens ne sont pas
proportionnelles à ses versements.
102
8. U
 n accompagnement par les établissements
financiers un peu plus cher que la métropole,
mais qui s’adapte aux besoins du marché
Avec 4 groupes bancaires de dimension internationale implan- taux sont suivies globalement dans la zone FCFP avec, parfois,
tés, le paysage bancaire est sans doute stabilisé pour quelques un léger décalage dans le temps.
temps. La concurrence est réelle entre ces groupes d’autant plus Le mécanisme de réescompte à taux privilégié, institué par l’IEOM,
qu’il existe un certain nomadisme bancaire en Nouvelle-Calé- qui a notamment, pour objectif d’orienter la distribution de crédit
donie. Les banques cherchent donc à proposer les taux les plus en faveur des entreprises appartenant à des secteurs économiques
compétitifs pour attirer et garder les clients. ou exerçant leurs activités dans des zones de développement jugés
Selon l’IEOM, à la condition que le projet soit crédible, les ban- prioritaires, contribue, en outre, à modérer le coût des crédits aux
ques accompagnent sans doute plus facilement les entreprises entreprises en plafonnant le taux de sortie applicable aux crédits
qu’en métropole, du fait d’une conjoncture économique très fa- réescomptables. Les prêts aidés à l’investissement (PAI) proposés
vorable. Elles sont prêtes à prendre plus de risques sur certaines par l’AFD via l’intermédiation bancaire vise également à réduire le
filières qu’elles savent soutenues par les pouvoirs publics. coût de l’investissement productif des PME.
Pour accompagner les entreprises, les banques se procurent Autre mode de financement du développement des entre-
leurs ressources soit sur le marché local, grâce aux dépôts, soit prises : le capital risque. Il n’y a pas en Nouvelle-Calédonie de
sur les marchés extérieurs, mais en favorisant essentiellement la structure type « business angels » qui réunirait des fonds privés
zone euro afin de limiter les risques de change. destinés à investir dans des sociétés en développement. Ces
Toujours selon l’IEOM, les crédits à l’économie (ménages, en- fonds sont généralement très orientés sur des entreprises très
treprises et collectivités) représentent environ 600 milliards de innovantes.
FCFP en 2007. 112 milliards sont octroyés directement par des Cependant, ce n’est pas pour autant que le capital risque n’est
établissements situés en dehors de la zone d’émission et 72 mil- pas présent, il est initié par les pouvoirs publics. En effet, on peut
liards sont cherchés sur les marchés extérieurs (hors zone FCFP) considérer que les SEM Promosud, Sofinor et Sodil remplissent
par les banques locales, le plus souvent auprès de leur société ce rôle pour une partie de leur activité. Lorsqu’elles investissent
mère. Malgré une conjoncture économique mondiale tendue, dans des projets d’entreprises par le levier de la participation au
il ne semble pas y avoir de difficultés particulières à trouver ces capital, elles prévoient de sortir dans les cinq années qui suivent
financements. Par contre, il peut y avoir un risque de fluctuation si la rentabilité de l’entreprise est atteinte, ce qui est encore trop
des taux à la hausse, ce qui aurait un impact direct sur les taux rarement le cas.
pratiqués en Nouvelle-Calédonie. Les pouvoirs publics sont aussi à l’origine avec la BCI, de la
Pour limiter ce risque, les banques cherchent donc à capter lo- création du Fonds Calédonien de Développement consacré au
calement les 117 milliards placés hors du territoire et hors zone financement en fonds propres des PME dynamiques de Nou-
d’émission, par des propositions de placement attractives. L’ob- velle-Calédonie. Ce fonds a reçu son agrément de l’autorité des
jectif est de disposer sur place des ressources nécessaires au marchés financiers en aout 2007 et est géré par OPI (Océanienne
financement de l’économie. de Participation et d’Investissement).
Le coût du crédit, supérieur d’un point en moyenne à ce- En juin 2008, OPI instruisait 10 dossiers, à des stades plus ou moins
lui pratiqué en métropole, excepté celui du découvert qui est avancés, pour un montant total d’intervention de 847 MF CFP.
moins onéreux, inclut dans sa composition divers éléments : le L’environnement financier et l’accès à ses ressources s’amé-
coût réel du crédit, le coût du risque lié à la taille du marché, liore pour accompagner le développement des entreprises. Il
l’intensité de la concurrence et le coût de gestion de la banque semble donc y avoir aujourd’hui une palette complète des offres
elle-même. aux entreprises, cependant, des outils comme OPI demandent
L’observation dans la durée réalisée par l’IEOM montre que les encore un peu de temps pour savoir s’ils correspondent réelle-
grandes tendances constatées en métropole sur l’évolution des ment aux attentes du marché.

103
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 3
1
du diagnostic
Solidarité
Vie et performance
sociale etdes
égalité
entreprises
des chances

Annexe I Annexe II
Rappel du mandat de l’atelier Membres inscrits à l’atelier

L’article 211 de la loi organique stipule que le schéma d’amé- ANGUE Jean-Claude, haut-commissariat
nagement et de développement doit exprimer les orientations BABEY Romain, Fédération des Industries
fondamentales de la Nouvelle-Calédonie « en matière de dé- de Nouvelle-Calédonie (FINC)
veloppement économique ». L’atelier 3 va donc s’attacher à BACKHAUS Udo, CIPAC - MEDEF Nouvelle-Calédonie
construire la partie du diagnostic liée au monde des entrepri- BARD Richard, Trésorerie Générale (TPG)
ses. BARRETTEAU Fabienne, Direction des douanes
Par « entreprise », on entend toutes les structures économi- BEUSTES Annie, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
ques comprenant une ou plusieurs personnes qui travaillent BLANCHARD Emmanuel, Association pour le Droit à l’Initiative
pour fournir des biens ou des services à des clients. Dans le cas Economique (ADIE)
présent, les entreprises de toutes les filières : industrie, tourisme, BOANO Gabriel, commune de Touho
agriculture, artisanat,… sont prises en considération. BOITEUX Stéphanie, Direction des Services Fiscaux
Le diagnostic à réaliser portera notamment sur le rapport de la Nouvelle-Calédonie (DSF)
entre l’activité des entreprises et les besoins et les attentes de BURGUIERE Dario, Lycée Dokamo - Alliance Scolaire de l’Eglise
la population. Ceux-ci sont divers : biens et services locaux pro- Evangélique (ASEE)
duits/commercialisés, emploi, etc. Les systèmes de production, CAGNASSO Julie, Direction de l’Economie, de la Formation
les modalités de commercialisation, les dispositifs de protection, et de l’Emploi de la province Sud (DEFE)
la gestion de la concurrence, sont-ils adaptés aux besoins d’une CAILLARD Philippe, Société Le Froid - CCI
société en pleine mutation ? CAMPOS-HUGUENEY Laurent, CFPPA Nord - Lycée Agricole
On regardera également les mesures d’accompagnement du de Nouvelle-Calédonie
développement des entreprises : CANTIN Frédéric, Syndicat des Professionnels du Bâtiment
l sur le plan financier : fiscalité, prêts, subventions, etc. et des Travaux Publics (SP BTP)
ls  ur le plan technique : assistance, formation, approche filière, CARAMIGEAS Florence, Agence de Développement Rural et
etc. d’Aménagement Foncier (ADRAF)
On s’arrêtera également sur la typologie des entreprises de CAUPIN Vincent, Agence Française de Développement (AFD)
Nouvelle-Calédonie, et sur leur organisation : est-on dans une CEVAER Xavier, Fédération des Industries
économie de production de biens et de services, ou plutôt dans de Nouvelle-Calédonie (FINC)
une logique de distribution ? Quels sont les forces et les faibles- CHALANDON Myriam, commune de Bourail
ses de la situation actuelle ? CHALIOT Kristina, Etudiante, doctorante en droit fiscal
C’est pourquoi, il faudra examiner dans le même temps, les et Parti politique «»Le Mouvement de la Diversité»» (LMD)»
filières qui se sont développées en Nouvelle-Calédonie : CHUNG WEE Alain, ADECAL
l Quelles sont-elles ? CORNAILLE Thierry, Société Immobilière
l Quelles évolutions vivent-elles ? de Nouvelle-Calédonie (SIC)
l Quelles sont leurs perspectives de développement ? COSTA Robert, Etablissement de Régulation
l Quelles sont les filières d’avenir ? des Prix Agricoles (ERPA)
Tout en restant dans une approche globale à l’échelle du territoi- CREUGNET Bernard, Confédération Générale des Petites
re, les principaux facteurs de compétitivité à savoir l’innovation, et Moyennes Entreprises de Nouvelle-Calédonie (CGPME-NC)
la recherche et développement, la qualité, les normes, l’accès D’ARBEL Christine, Association Régionale Nouvelle-Calédonie
aux marchés, les coûts de revient,… seront traités. des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes
La performance des entreprises passe aussi par l’épanouisse- de Défense Nationale (IHEDN)
ment des hommes et des femmes qui les composent, la gestion DAVO Laurianne, Association Qualité de Nouvelle-Calédonie
des ressources et des relations humaines au sein des entrepri- (AQNC)
ses. DESMEUZES Michel, Chambre des Métiers
A l’issue des travaux de l’atelier, au regard de l’ensemble des et de l’Artisanat de Nouvelle-Calédonie
points qui auront été traités, il faudra s’interroger sur l’évolution DESOUTTER Christian, Direction des Affaires Vétérinaires,
dans le temps du système économique calédonien : comment Alimentaires et Rurales de la Nouvelle-Calédonie (DAVAR)
sera-t-il dans 15 ans si les choses restent en l’état, étant données DESSERT Alain, commune de Koumac
les évolutions des mentalités, et de l’économie mondiale ? DETEIX Jean-Pierre, congrès de la Nouvelle-Calédonie
DIACONO Blondine, Direction de la Mission d’Insertion
des Jeunes de la province Sud (MIJ-PS)
DOUYERE Marie-Rose, SIDNC - MEDEF Nouvelle-Calédonie
DUPONT Patrick, Auclair Dupont conseil en entreprises
FAFIN Bruno, Trésorerie Générale de la Nouvelle-Calédonie
FONFREYDE Christophe, service de la Marine Marchande
et des Pêches Maritimes (SMMPM)
FORREST Joseph, présidence de la province des îles Loyauté
GALLOIS Richard, Institut Agronomique néo-Calédonien (IAC)

104
GAMBEY Jean-Claude, Direction du Développement Economi- Secrétariat :
que et de l’Environnement de la province Nord (DDE-E) AUGUIN Olivier, Service de l’Aménagement
GEORGE Thierry, Direction des affaires économiques et de la Planification - Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
de la Nouvelle-Calédonie BARD Richard, Trésorerie Générale (TPG)
GOROMIDO Joseph, congrès de la Nouvelle-Calédonie, CHARDIN Olivier, KPMG
assemblée de la province Nord, Société d’Economie Mixte FAFIN Bruno, Trésorerie Générale de la Nouvelle-Calédonie
SAEML Espace de l’Ouest et commune de Koné GUILLEMOT Gildas, Direction régionale des Douanes
GOSSELIN Philippe, Syndicat des Commerçants de la Nouvelle-Calédonie (DRDNC)
en Nouvelle-Calédonie HARRE Olivier, Service de l’Aménagement et de la Planification
GRANIER Thierry, Conseil Economique - Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
et Social de la Nouvelle-Calédonie (CES) L’HERMITTE Jean-Roald, Direction régionale
HNEPEUNE Samuel, SODIL des Douanes de la Nouvelle-Calédonie (DRDNC)
JAQUEMET Olivier, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
KIKANOI VICO Christophe, commune de La Foa
KÜHN Emmanuelle, Centre d’Actions pour l’Emploi - Cap
Emploi de la province Nord
LA SELVE Mimsy, Société Le Froid ANNEXE III
LACUBE Cécilia, Chambre de Commerce et d’Industrie
de Nouvelle-Calédonie (CCI) Bibliographie
LARAN Isabelle, Nouvelle-Calédonie Initiative
LAROQUE Didier, KPMG Entreprises 1. Schéma d’aménagement et de développement de la
LE BRUN Laurent, Direction du Développement Economique Nouvelle-Calédonie – État des lieux - Haut-commissariat de
et de l’Environnement de la province Nord (DDE-E) la République en Nouvelle-Calédonie - Gouvernement de la
LEFEVRE Yves, Barrau Bureau Systems - MEDEF Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie – Mai 2002
L’HERMITTE Jean-Roald, Direction régionale des Douanes 2. La Nouvelle-Calédonie en 2007 – Institut d’émission
de la Nouvelle-Calédonie (DRDNC) d’Outre Mer – Edition 2008
LOUBERSAC Lionel, IFREMER en Nouvelle-Calédonie 3. L’Economie calédonienne en mouvement – CEROM – Edi-
MANATE Térona, USOENC tion décembre 2005
MARA Raïta, Union des Secteurs Généraux du Commerce et 4. Bilan Economique et social 2007– ISEE – Edition avril 2007
de l’Industrie de Nouvelle-Calédonie (COGETRA / U.S.G.C.I.N.C.) 5. Tableau de l’économie calédonienne – ISEE – Edition 2008
MARIE Olivia, FCEM - MEDEF Nouvelle-Calédonie 6. Nickel 2010 en Nouvelle-Calédonie – Actes du colloque
MERZEAU Michel, Chambre de Commerce et d’Industrie international organisé les 7 et 8 juillet 2005 par l’USOENC
de Nouvelle-Calédonie (CCI) 7. Nouvelle-Calédonie Nickel 2010 : une nouvelle ère
NOUVEAU Christine, Fédération des Entreprises industrielle – étude du Cabinet Syndex sur les impacts éco-
de Travail Temporaire de Nouvelle-Calédonie nomiques, sociaux et environnementaux du développement
OUDART Audrey, direction des affaires économiques du gou- du nickel, préparatoire au colloque international Nickel 2010
vernement de la Nouvelle-Calédonie - juillet 2005
PALAOU Gabriela, congrès de la Nouvelle-Calédonie, assem- 8. Schéma de mise en valeur des richesses minières - Version
blée de la province Nord, commune de Touho 5.0 adoptée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
PASCO Valéry, Association Ensemble pour la Planète (EPLP) le 12 août 2008 – DIMENC – Juillet 2008
POUYE Lady, Direction du Développement Economique 9. Les dépenses de l’Etat et de ses opérateurs – année 2007
et de l’Environnement de la province Nord (DDE-E) – Trésorerie générale de Nouvelle-Calédonie
RIVATON Adrien, ADECAL 10. Compte du secteur public 2005 - ISEE
ROESS Ruanito, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP)
RUSTERHOLTZ Christèle, Association Ensemble
pour la Planète (EPLP)
SAKILIA Marie-Line, assemblée de la province des îles Loyauté
SCHALL Bernard, Fédération des Cadres et Collaborateurs
de Nouvelle-Calédonie (FCCNC)
TALAMONA Roger, Association Ensemble pour la Planète
TALBOT Vincent, Association Qualité de Nouvelle-Calédonie
(AQNC)
TAPPERO Didier, Air Calédonie International (AIR CALIN)
TREMBLIER Alban, Société Gémini - Syndicat des Industries
de la Mine (SIM)
TRUIJIJ Robert, Direction du développement économique
de la province des îles
VIDEAULT Sylvie, Agence de Développement
Rural et d’Aménagement Foncier (ADRAF)
YOTEAU Stéphane, Société TYX - MEDEF Nouvelle-Calédonie

105
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

106
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

4
Atelier 4
Mondialisation

Président
Monsieur André Desplat,
président de la CCI de Nouvelle-Calédonie

Décembre 2008

107
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4

du diagnostic
Mondialisation

Résumé
Au regard des indicateurs utilisés en matière de développement, la Nouvelle-Calédonie se place
indéniablement au niveau des pays développés. Si sa taille est extrêmement modeste à l’échelle
mondiale, c’est un acteur économique important et attendu au plan régional, par son poids propre,
mais aussi par son adossement à la France et à l’Europe.

Le volume des échanges augmente grâce à l’activité liée au nickel. Pour autant, la balance com-
merciale reste déficitaire et la Nouvelle-Calédonie, à l’image des autres pays du Pacifique Sud, est
plus tributaire que moteur des échanges mondiaux. Les échanges régionaux tendent à augmenter
avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Asie.

La Nouvelle-Calédonie est très dépendante de ses importations, y compris sur des domaines aussi
cruciaux que les produits agricoles et les énergies fossiles, et cette situation n’est pas dénuée de
risques pour la vie des calédoniens et pour l’économie locale.

On constate également que les exportations sont extrêmement concentrées sur le nickel et que
cela constitue une fragilité : les atouts intrinsèques du nickel calédonien (teneurs du minerai, stabi-
lité du pays, accessibilité des sites miniers) ont permis des investissements qui vont prochainement
tripler les capacités de production métallurgique, mais cela rend impérative la mise en place de
dispositifs d’amortissement des à-coups induits sur l’économie locale par le caractère cyclique des
prix mondiaux du nickel ; à plus long terme, il faut se prémunir vis-à-vis de certains risques : nouvel-
les capacités de production à faible prix de revient dans certains pays, évolutions technologiques
diminuant les besoins globaux de nickel, coût de l’énergie.

En dehors du nickel, du tourisme et de l’aquaculture, l’activité des entreprises calédoniennes est


donc quasi entièrement tournée vers le marché intérieur. Les entreprises sont conscientes des
limites dues à la faible taille du marché intérieur et perçoivent l’intérêt de l’export. Elles sont tou-
tefois confrontées à un certain nombre de freins, qui limitent leur compétitivité tant sur le marché
intérieur qu’à l’export :
l l a faible taille des marchés intérieurs touchés ne permet pas des économies d’échelle et péna-

lise les investissements ;


l l ’éloignement et l’insularité rendent plus onéreux tous les intrants (matières premières, éner-

gie, équipements, maintenance, etc.) et renchérissent également les frais d’exportation le cas
échéant. Ce phénomène peut être amplifié par le renchérissement du coût des transports ;
l la productivité de la main d’œuvre n’est a priori pas suffisamment performante ;

l l es entreprises, souvent de petite taille, sont peu structurées pour aborder les marchés

export ;
l les barrières douanières mises en place ont permis la création d’un vrai tissu industriel, mais a

contrario, n’ont pas favorisé l’ouverture des entreprises sur le reste du monde et ne les ont pas
préparées à la compétition internationale ;
l l es formations initiales et continues sont encore peu ouvertes à l’international et les entreprises

ont des difficultés pour trouver localement les compétences dont elles ont besoin. Le recru-
tement extérieur pose des difficultés de coût, de délais et de respect des usages sur l’emploi
local ;
la  ucun système de normes n’est arrêté localement et les entreprises ne peuvent se prévaloir

d’un système reconnu internationalement ;


l le
 franc pacifique ne touche que 500 000 personnes et est peu reconnu au plan mondial.

0108
108
De plus, les dispositifs d’accompagnement à l’export sont pour le moment essentiellement ciblés
sur le secteur agricole. Il existe peu de mesures incitatives. La recherche locale s’oriente de plus
en plus vers des collaborations avec les pays voisins, mais le fruit de ses travaux ne bénéficie pas
encore aux entreprises locales pour mettre en œuvre des innovations leur apportant de véritables
avantages concurrentiels.

Pourtant, au-delà de cette liste de désavantages, la Nouvelle-Calédonie dispose aussi d’atouts qui
peuvent constituer l’assise du développement de nouveaux secteurs : les ressources naturelles
(halieutiques, énergétiques, forestières, etc.), l’inscription de son lagon au patrimoine mondial de
l’Humanité, un tissu industriel développé, la relative proximité de l’Asie (dont le poids économique
dépassera à terme celui de l’Europe et de l’Amérique du Nord), la situation dans le Pacifique, mar-
ché régional dynamique et en partie francophone, etc.

Au total, on constate un manque de réflexion stratégique d’une part sur les secteurs à soutenir
à l’export, et d’autre part sur l’équilibre à obtenir entre ce qui doit être importé et ce qu’il est
rationnel de produire localement étant donnés les désavantages compétitifs structurels. La Nou-
velle-Calédonie est d’ailleurs peu attractive pour les investisseurs extérieurs, qui pour le moment
ne s’implantent localement que dans l’objectif d’accompagner les projets miniers.

Concernant les règles sur le commerce international, on relève d’une part que les conséquences
concrètes, pour la Nouvelle-Calédonie, de l’adhésion de la France à l’OMC ne semblent pas suf-
fisamment claires ; et d’autre part que l’éventuelle adhésion à un accord local tel que PICTA ne
semble pas pouvoir engendrer pour les acteurs économiques plus d’avantages que d’inconvé-
nients.

La Nouvelle-Calédonie, qui dispose de l’appui de la France et de l’Europe, intègre de plus en plus


d’organisations internationales et acquiert ainsi une meilleure visibilité institutionnelle. Mais cette
volonté d’intégration ne fait pas l’objet d’une réflexion stratégique globale fixant des objectifs éco-
nomiques ou encore culturels et sportifs par exemple. Elle connaît des difficultés à exporter sa
culture ; par contre, elle se positionne plus facilement dans le domaine du sport.

Le déploiement des outils de communication permet une plus grande ouverture de la po-
pulation sur ce qui se passe ailleurs dans le monde. La conséquence est une augmentation
des voyages, une consommation de plus en plus diversifiée, voire plus réalisée à l’extérieur
du pays . Par contre, toutes les communautés ne sont pas préparées à cette ouverture et cela
peut amplifier certains décalages et renforcer le repli identitaire de certaines. Cela peut alors
se traduire par la crainte d’être submergé par les immigrants, alors que l’on estime à environ
1 000 personnes le solde migratoire annuel.

0109
109
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4

du diagnostic
Mondialisation

Sommaire
1. Introduction ................................................................................................................................................................. 112

2. La Nouvelle-Calédonie : un petit pays développé .......................................... 112


2.1 U
 n indice de développement humain comparable
à celui des pays développés .......................................................................................................................... 113
2.2 Un PIB par habitant proche de celui des pays industrialisés ................................................ 113
2.3 Une petite puissance régionale adossée à l’Europe ..................................................................... 113
2.4 Une population plutôt urbaine ...................................................................................................................... 113

3. Une économie peu ouverte,


mais qui évolue progressivement ............................................................................................ 114
3.1 Une augmentation du volume des échanges ...................................................................................... 114
3.2 Des exportations en forte progression .................................................................................................... 114
3.3 Une balance commerciale déséquilibrée ................................................................................................ 115
3.4 Un manque d’intégration dans les flux commerciaux mondiaux ......................................... 115
3.5 Une intégration croissante dans les échanges mondiaux ......................................................... 115
3.6 Un commerce peu développé avec les petits états insulaires voisins ............................ 115
3.7 Un commerce qui progresse avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande
et les pays asiatiques ........................................................................................................................................... 115
3.8 Des exportations qui reposent peu sur une démarche filière ............................................... 116
3.9 Une faible part de l’économie calédonienne concernée
par la compétition mondiale ........................................................................................................................... 116
3.10 Une situation qui dépend en partie du coût des transports ................................................. 117

4. Une situation qui induit des risques .................................................................................... 117


4.1 Une dépendance vis-à-vis des importations : énergie et produits agricoles .............. 117
4.2 Des exportations centrées sur le nickel .................................................................................................. 118
4.3 Des transporteurs internationaux qui peuvent se retirer .......................................................... 118

5. Des freins au développement de secteurs d’exportation ..................... 118


5.1 Une compétitivité mal cernée, mais sans doute moyenne ....................................................... 118
5.2 Des coûts plus élevés en ce qui concerne les investissements et les intrants ................. 118
5.3 Un coût de main d’œuvre comparable à celui des pays développés,
mais une productivité sans doute plus faible ................................................................................... 119
5.4 Des coûts d’approche et de transports élevés dus à l’insularité ........................................ 119
5.5 Un tissu de PME peu structuré pour l’international ...................................................................... 119
5.5.1 Les PME-PMI calédoniennes n’ont pas de visibilité internationale ...................... 119
5.5.2 Les petites entreprises sont peu structurées ....................................................................... 120
5.5.3 Il existe peu d’organisation en réseau ...................................................................................... 120
5.5.4 Peu d’entreprises calédoniennes sont implantées à l’étranger .............................. 120
5.6 L’importance des protections ......................................................................................................................... 120
5.7 Des dispositifs réglementaires et d’incitation à l’export déficients .................................. 121

110
5.8  D es compétences à l’international encore peu développées
(formations qualifications) ............................................................................................................................... 121
5.9  Une coopération internationale recherche réelle mais encor
peu au service du développement international des entreprises .................................... 122
5.10 Un système de normes peu lisible à l’international .................................................................... 122
5.11 Une monnaie peu reconnue ............................................................................................................................ 122
5.12 Un manque d’attractivité pour les investisseurs étrangers .................................................... 124
5.13 Un manque cruel de benchmarking et de prospective .............................................................. 125
5.14 Des questions en suspens ............................................................................................................................... 125
5.14.1 Les accords d’échanges PICTA- PACER .................................................................................... 125
5.14.2 Le respect des règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ...... 125
5.14.3 L’emploi local .............................................................................................................................................. 126
5.15  Des freins qui ne sont pas irrémédiables pour la plupart ....................................................... 126

6. Des atouts pour une insertion plus rapide ............................................................... 126


6.1 Des ressources naturelles à valoriser ....................................................................................................... 126
6.2 Un tissu industriel affirmé ................................................................................................................................ 126
6.3 L’inscription au patrimoine mondial de l’humanité ....................................................................... 126
6.4 Un marché francophone régional ................................................................................................................ 126
6.5 Un marché Pacifique solvable ........................................................................................................................ 126

7. U
 ne place institutionnelle en évolution
dans le contexte régional .................................................................................................................... 127
7.1 Une intégration accrue dans les organisations régionales ...................................................... 127
7.2 Une stratégie d’intégration des organisations régionales qui reste à affirmer ................. 127
7.3 Des moyens mobilisés éclatés ...................................................................................................................... 127
7.4 Une porte de l’Europe dans le Pacifique ............................................................................................... 127
7.5 Une implication dans le sport qui participe au rayonnement .............................................. 128
7.6 Une culture qui a des difficultés à s’exporter ................................................................................... 128
7.7 Un interêt militaire mesuré .............................................................................................................................. 128

8. U
 ne population de plus en plus tournée
vers le reste du monde ........................................................................................................................... 129
8.1 Des outils de communication en développement mais mal maîtrisés ........................... 129
8.2 U
 ne consommation de plus en plus diversifiée mais créant
des décalages au sein de la société ....................................................................................................... 130
8.3 Une adaptation culturelle plus difficile pour certaines communautés ........................... 130
8.4 Une population qui voyage plus ................................................................................................................. 130
8.5 U
 ne peur profonde et non fondée d’être submergés
par les nouveaux arrivants .............................................................................................................................. 130

Annexe I Tableau des organisations internationales ............................................................................................. 132


Annexe II Rappel du mandat de l’atelier ........................................................................................................................ 133
Annexe III Membres inscrits à l’atelier ............................................................................................................................. 134
Annexe IV Bibliographie .............................................................................................................................................................. 134

111
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

1. Introduction
Il existe de nombreuses définitions de la mondialisation, mais, dans La Nouvelle-Calédonie est marquée du sceau de la mondia-
tous les cas, il est fait mention des échanges entre les hommes et des lisation depuis son origine : elle a été peuplée par des vagues
liens d’interdépendance qui se développent de fait ; les échanges successives originaires du monde entier (mélanésiens, polyné-
peuvent être matériels ou immatériels, ces derniers prenant de plus siens, européens, javanais, asiatiques,…), qui lui ont apporté
en plus d’importance avec le développement technologique et la une diversité culturelle contribuant à sa richesse. Son économie
progression des compétences humaines. La mondialisation est un moderne a été basée, dès le XIXème siècle, sur une production
phénomène plus vaste et plus profond que celui de la libéralisation à vocation mondiale : le nickel. Elle a immédiatement exporté
mondiale des échanges avec lequel on le confond souvent, et qui, loin de son territoire, et, en contrepartie, elle a importé, dans
pour certains, est synonyme de problèmes posés par la suprématie un cadre particulier et significativement protégé, ses moyens de
des multinationales, par la moins-disance sociale et environnemen- production, et de nombreux biens de consommation.
tale, et qui est pour d’autres, synonyme d’amélioration générale du Pourtant, malgré tous ces flux, la Nouvelle-Calédonie a peu de
niveau de vie par spécialisation des nations dans les domaines où notoriété. Une étude conduite récemment dans une optique de
elles sont les plus compétitives. développement touristique a par exemple montré que 70% des
Car, aujourd’hui, tous les domaines sont touchés par la mon- australiens considèrent que la Nouvelle-Calédonie est à plus de
dialisation. L’accent est souvent mis sur les aspects économiques, 6h de vol de Sydney et que 66% considèrent que Nouméa et la
mais de nombreux autres secteurs sont directement concernés : la Nouvelle-Calédonie sont deux destinations différentes.
culture, le sport, les migrations, les modes de consommation, etc. L’atelier s’est attaché à analyser comment la Nouvelle-Calé-
La Nouvelle-Calédonie, à son échelle, comme les autres pays donie est intégrée dans cette mondialisation : comment elle se
dans le monde, est touchée par la mondialisation. C’est un état situe dans le paysage régional et mondial, quels sont les échan-
de fait qu’elle subit, selon certains, ou une voie qui lui convient, ges, quels sont les freins et les atouts. Un éclairage sera apporté
selon d’autres. En tout état de cause, elle doit savoir se position- sur son rayonnement et quelques éléments seront donnés sur
ner par rapport à ce phénomène. l’adaptation des populations.

2. La Nouvelle-Calédonie : un petit pays développé


En préambule, pour aider à situer la Nouvelle-Calédonie dans son espace régional et mondial, nous regarderons deux indicateurs :
l’Indice de Développement Humain et le Produit Intérieur Brut.
INDICATEUR DE DEVELOPPEMENT HUMAIN
Taux de scolarisation combiné
Rang mondial Valeur IDH Espérance de vie Taux d’alphabétisation PIB par habitant*
Pays/zones pour l’éducation prim., second.
(sur 177 pays) (2005) à la naissance des adultes (PPA USD)
et sup.
Australie 3 0,968 81,5 99,9 95,4 36 510

France 10 0,952 80,2 99,9 96,5 30 386

Nouvelle-Zélande 19 0,943 79,8 99,9 108,4 24 996

Martinique 23 0,929 79,6 98,0 97,0 21 936

Guadeloupe 27 0,912 78,4 97,0 95,0 19 862


Moyenne pays à développe- 0,897 76,2 - 88,4 23 986
ment humain élevé
Nouvelle-Calédonie 34 0,878 75,2 96,2 88,5 17 531
Polynésie française 42 0,864 74,9 93,6 89,5 15 272
Guyane 43 0,862 76,0 91,0 90,0 14 333
Tonga 55 0,819 72,8 98,9 80,1 8 177
Samoa occidentales 77 0,785 70,8 98,6 73,7 6 170
Fidji 92 0,762 68,3 94,4 74,8 6 049
Sources : PNUD (2007), Rapport sur le développement humain, CEROM

Moyenne Asie de l’Est 0,771 71,7 90,7 69,4 6 604


et Pacifique
Moyenne mondiale 0,743 68,1 78,6 67,8 9 543
Moyenne pays à développe- 0,698 67,5 78,0 65,3 4 876
ment humain moyen
Moyenne pays en voie
de développement 0,691 66,1 76,7 64,1 5 282

Iles Salomon 129 0,602 63,0 76,6 47,6 2 031


Vanuatu 120 0,674 69,3 74,0 63,4 3 225
Papouasie-Nouvelle-Guinée 145 0,530 56,9 57,3 40,7 2 563
Moyenne pays à faible 0,436 48,5 54,4 45,8 1 112
développement humain
* certains résultats présentés en PPA ne répondant pas au traitement méthodologique conventionnel, il convient de leur attribuer un caractère indicatif

112
2.1 U
 n indice de développement humain 2.3 U
 ne petite puissance régionale
comparable à celui des pays développés adossée à l’Europe
L’indice de développement humain est la moyenne pondérée
de trois indicateurs : l’espérance de vie à la naissance, le niveau Pays PIB par habitant en US$ Année de référence
d’instruction (évalué lui-même à partir du taux d’alphabétisation Australie 36 553 2005
des adultes et des taux de scolarisation) et le PIB par habitant à Nouvelle-Calédonie 30 991 2006
parité de pouvoir d’achat.
Nouvelle-Zélande 24 943 2005
Fidji
2.2 U
 n PIB par habitant proche de celui 6 093 2004

des pays industrialisés Vanuatu 2 894 2004


Le tableau précédent permet indéniablement de classer la Nou- Papouasie-Nouvelle-Guinée 2 564 2004

Source : FMI
velle-Calédonie dans les pays développés, ce qui est cohérent avec Tonga 2 189 2004
le fait que le PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat)1 se
rapproche de celui des grands pays industrialisés. Mais cela reste à A l’échelon régional, la Nouvelle-Calédonie peut être considérée
nuancer, car, à l’échelle de la planète, la Nouvelle-Calédonie est un comme un puissance régionale comme tend à le montrer le ta-
petit pays et pèse peu dans l’échiquier économique mondial. bleau précédent. A titre de comparaison, en 2004, le PIB moyen
par habitant des petits états insulaires du Pacifique était de
Pays PIB par habitant en PPA Année de référence 2 103 US$, soit près de 15 fois moins que celui de la Nouvelle-
USA 3 542 2005 Calédonie.
Mais si on regarde les données brutes du PIB, on constate que
Australie 3 430 2006
la Nouvelle-Calédonie est loin derrière les deux champions ré-
France métropole 3 384 2006 gionaux que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, mais aussi
Japon 2 662 2005 loin devant les petits états insulaires.
Nouvelle-Zélande 2 348 2006
Pays PIB en million de US$ Année de référence
Union européenne 2 296 2005 Australie 821 716 2005
Corée du sud 1 950 2005 Nouvelle-Zélande 129 372 2005
Nouvelle-Calédonie 1 790* 2006 Nouvelle-Calédonie 7 650 2006
Pologne 1 271 2004 Papouasie-Nouvelle-Guinée 6 261 2004

Chine 619 2005 Fidji 3 433 2004

Source : FMI
Fidji 500 2005 Vanuatu 897 2004
Source : FMI

Vanuatu 270 2005


En milliers de FCFP * estimation basée sur l’approche de prix du « big mac »
2.4 Une population plutôt urbaine
Un autre indicateur intéressant est celui de la présence d’une
Il faut aussi noter que le PIB par habitant n’est qu’une moyen- agglomération sur le territoire. En effet, on observe à l’échelle
ne, ce qui masque en pratique de très grandes disparités entre mondiale un phénomène de concentration des économies dans
ménages et entre provinces. les milieux urbains, et, de plus en plus, les grandes aggloméra-
Si l’on compare le PIB par habitant de la Nouvelle-Calédonie à tions sont les locomotives économiques de leurs régions ; par
d’autres régions françaises, on obtient les résultats suivants : ailleurs, les populations urbaines sont plus directement concer-
nées que les populations rurales par la mondialisation.
Région PIB par habitant Année de référence
A ce titre, l’agglomération de Nouméa est petite comparée
Ile de France 43 370 2006 aux agglomérations australiennes, mais elle est quand même un
Rhône Alpes 27 595 2006 centre d’importance comparativement aux autres petits états
Provence Alpes cote d’Azur 25 905 2006 insulaires. L’Océanie, avec 14 pays, comptabilise 32 millions
d’habitants dont près de 30 millions pour les seules Australie,
Bretagne 25 249 2006
Nouvelle-Zélande et Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Nouvelle-Calédonie 22 735 2006
Rang Agglomération Pays Taille
Nord-Pas de Calais 22 458 2006
1 Sydney Australie 4,4 millions
Martinique 17 958 2005
2 Melbourne Australie 3,5 millions
Polynésie française 17 087 2004
3 Brisbane Australie 1,8 million
Réunion
En euros - Source : INSEE-ISEE

15 478 2005
4 Auckland Nouvelle Zélande 1,3million
France 28 356 2006
5 Adélaïde Australie 1,1 million
Province (laquelle) 25 325 2006
11 Port Moresby Papouasie 260 000
Dom 14 846 2004 Nouv.-Guinée
La Nouvelle-Calédonie peut se comparer à une région de 12 Suva Fidji 168 000
moyenne importance de la France, loin certes du peloton de 13 Nouméa Nouvelle-Calédonie 150 000
tête constitué par les régions Ile de France et Rhône Alpes, mais
14 Papeete Polynésie française 120 000
aussi loin devant les DOM.

1
La parité de pouvoir d’achat (PPA) est utilisée en économie pour corriger les comparaisons brutes entre pays, issues des conversions nominales entre devises, par un facteur tenant
compte du pouvoir d’achat de ces devises, c’est-à-dire du niveau général des prix dans chacun des pays. En pratique, en septembre 2008, 100 FCFP valaient 1,17 US $ en nominal,
et 0,72 US $ en PPA.
113
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

Part de la population urbaine dans la population totale Les tableaux ci-contre reflètent la petite taille de la Nouvelle-
Australie 88,2 % Calédonie. Avec moins de 250 000 habitants, elle dispose d’une
taille critique insuffisante pour avoir une lisibilité internatio-
Papouasie-N.-G. 13,4 %
nale, ce qui impacte son attractivité pour les investissements
Nouvelle-Zélande 86,2 % internationalement mobiles. De plus, son marché intérieur
Nouvelle-Calédonie 61,5 % n’est pas suffisant pour asseoir un développement consé-
quent sur ce seul marché.
Source : http://www.statistiques-mondiales.com + recensement 2004 ISEE

3. U
 ne économie peu ouverte,
mais qui évolue progressivement
3.1 Une augmentation du volume des échanges attribuable en grande partie au développement des projets mi-
LES IMPORTATIONS EN VALEUR niers et à la hausse du prix du pétrole et des matières premières
dans leur ensemble.
Variation La part relative des importations de produits de grande
En millions de FCFP 2003 2004 2005 2006 2007 2006/2007
consommation reste stable, même si, en volume, les importa-
Produits alimentaires 20 480 21 804 22 944 24 684 26 513 7,4%
tions de ces produits ont connu une augmentation de plus de
Produits minéraux 16 826 19 623 27 989 31 372 35 750 14,0% 46 000 tonnes en 4 ans. Les raisons de cette forte augmentation
Produits chimiques 11 435 12 260 13 145 14 030 14 972 6,7% sont liées d’une part à la croissance démographique et d’autre
Produits en caoutchouc part à l’augmentation du pouvoir d’achat. Les consommateurs
5 264 5 930 7 402 8 271 7 788 - 5,8%
et plastique deviennent plus exigeants et sont à la recherche de produits qui
Bois et ouvrages en bois 1 671 1 743 1 888 2 115 2 011 - 4,9% ne sont pas fabriqués en Nouvelle-Calédonie. Les importations
Papier et ouvrages alimentaires sont également conditionnées par la production
3 743 3 752 3 850 4 257 4 497 5,6%
en papier agricole locale, laquelle est soumise aux aléas climatiques et à
Textiles 4 462 4 605 4 911 5 650 5 555 - 1,7% une forte saisonnalité. De plus, le renchérissement mondial des
Métaux et ouvrages
produits agricoles a eu un effet prix conséquent sur la valeur de
8 750 11 075 12 537 15 590 15 381 - 1,3%
en métaux ces importations.
Machines, appareils, 26 760 32 828 34 871 42 868 47 784 11,5%
matériel électrique 3.2 Des exportations en forte progression
Source : ISEE, Douanes

Matériel de transport 46 909 27 577 25 324 32 776 35 502 8,3%


LES EXPORTATIONS EN VALEUR
Autres produits 17 568 15 569 15 831 19 226 48 355 151,5%
Total 165 868 156 766 170 692 200 841 244 105 21,5% 2005 2006 Variations
En millions de FCFP 2003 2004 2007
(1) (1) 200/2006
LES IMPORTATIONS EN VOLUME Nickel 75 437 89 950 94 523 120 352 172 172 43,1%

Variation Minerai humide 9 544 15 793 14 874 18 531 44 004 137,5%


En millions de FCFP 2003 2004 2005 2006 2007 2006/2007
Mattes et ferronickels 65 893 74 157 79 649 101 821 128 168 25,9%
Produits alimentaires 142 700 137 600 138 400 145 800 147 500 1,2%
Sources : Service des mines pour le nickel,
Douanes et ISEE pour les autres produits
Produits de la mer 2 532 2 897 3 043 2 703 2 266 - 16,2%
1 013 1 094 1 1 128
Produits minéraux 971 600 7,3%
200 300 051900 600 Crevettes 1 771 2 235 2 372 2 177 1 527 - 29,9%
Produits chimiques 35 100 31 400 33 500 32 700 33 800 3,4% Thons 514 374 381 197 202 2,5%
Produits en caoutchouc Autres produits 4 788 6 014 6 872 5 001 4 316 - 13,7%
23 000 15 800 19 500 21 400 19 200 - 10,3%
et plastique
Total 82 757 98 860 104 438 128 056 178 754 39,6%
Bois et ouvrages en bois 21 200 20 600 20 800 22 200 21 100 - 5,0%
(1) chiffres rectifiés
Papier et ouvrages en 15 300 14 600 14 000 15 200 16 300 7,2%
papier
Les exportations dépendent quasi exclusivement du nickel avec
Textiles 3 800 3 800 4 000 5 000 4 700 - 6,0% 99,7% du volume et 96,3% de la valeur. Leur valeur a fortement
Métaux et ouvrages en 49 200 63 800 64 000 62 300 65 900 5,8% augmenté du fait de la hausse des cours ces deux dernières an-
métaux
nées mais le retournement actuel a inversé cette tendance. Par
Machines, appareils, contre les volumes qui étaient relativement stables ont connu
20 100 25 700 29 500 35 800 40 400 12,8%
matériel électrique
une forte progression en 2007, et cette tendance devrait perdu-
Source : ISEE, Douanes

Matériel de transport 22 300 25 000 38 500 35 500 35 700 0,6%


rer avec la mise en service des deux autres usines de Goro dans
Autres produits 69 000 42 900 48 400 61 300 96 500 57,4% le Sud et de Koniambo au Nord.
Total 1 373 300 1 394 400 1 504 900 1 489 100 1 609 600 8,1% Comparée à beaucoup d’autres petits pays, la Nouvelle-Calédo-
nie dispose d’un potentiel export conséquent avec la présence
Les chiffres de l’ISEE montrent que les importations ont sensible- du nickel.
ment augmenté aussi bien en valeur qu’en volume pour passer Mais cet export métallurgique est directement géré par les mai-
de 163, 868 millions CFP en 2003 à 244,1 millions CFP en 2007, sons mères des groupes industriels. Un client achète avant tout
soit une augmentation de près de 50%. Cette augmentation est son minerai auprès d’une entreprise et non pas d’un pays. Aussi,

114
LES EXPORTATIONS EN VOLUME
3.4 U
 n manque d’intégration
En millions de FCFP 2003 2004 2005 2006 2007 Variations dans les flux
(1) (1) 200/2006
commerciaux mondiaux
Nickel (milliers de tonnes) 3 570,3 4 010,5 3 547,7 3 521,6 4 238,1 20,3% La Nouvelle-Calédonie ne s’inscrit pas dans les flux commer-
Minerai humide 3 384,8 3 840,5 3 359 3 319 4 053 22,1% ciaux mondiaux, comme le montre la carte ci-dessous. Sa
Mattes et ferronickels 185,4 170,0 188,6 202,6 184,8 - 8,8% position de leader du nickel ne suffit pas à influencer les flux.
Sources : Service des mines pour le nickel,
Douanes et ISEE pour les autres produits

Produits de la mer (tonnes) 2 695,0 2 942,0 3 112,0 2 663,0 2 267,0 - 14,9%


La taille restreinte de son marché et de son outil de produc-
tion est sans doute l’une des raisons principales. Par contre,
Crevettes 1 275,0 1 509,0 1 709,0 1 786,0 1 307,0 - 26,8%
il est intéressant de voir que l’Australie est également en de-
Thons 1 182,0 1 173,0 1 182,0 626,0 656,0 4,8% hors de ces grands flux, tout comme le reste du Pacifique. Il
Autres produits (tonnes) 42,5 36,9 39,8 17,6 9,8 - 44,6% y a donc un certain isolement de cette partie du monde, qui
Total 3 615,4 4 050,3 3 590,6 3 541,9 4 250,1 20,0% freine sans doute une intégration plus rapide dans le phéno-
(1) chiffres rectifiés mène de la globalisation.

la Nouvelle-Calédonie peut plus difficilement


s’appuyer sur ces échanges pour développer
son image industrielle.
En revanche, le volume des exportations de
produits de la mer a chuté en volume pour pas-
ser de 2 695 tonnes à 2 267 tonnes et surtout en
valeur, de 2,53 milliards de FCFP à 2,30 milliards
de FCFP . Si la crevette calédonienne arrive à peu
près à se maintenir grâce à un important soutien
financier, le thon connaît une chute consé-
quente qui s’explique par l’évolution du taux de
change de son marché cible : le Japon.
Enfin, les exportations des autres produits
ont diminué aussi bien en volume qu’en valeur.
Pourtant, on peut s’interroger sur la capa-
cité du pays à exporter plus, en dehors du
nickel. Le tissu industriel est à l’échelle du pays
et il est peu spécialisé dans la production en
série (tout en se positionnant sur des marchés
de niches) dont une partie serait alors desti-
née à l’export. La prédominance du nickel
semble restreindre aujourd’hui le développe-
ment d’autres secteurs qui pourraient plus se tourner vers les 3.5 U
 ne intégration croissante
marchés extérieurs. dans les échanges mondiaux
La Nouvelle-Calédonie densifie progressivement ses échanges
3.3 Une balance commerciale déséquilibrée internationaux ; en effet, entre 2002 et 2005, le PIB a cru de 26,9%
La balance commerciale est donc déficitaire : même si ce phé- alors que les échanges ont, eux, augmenté de 44,9%.
nomène est moindre en Nouvelle-Calédonie que dans tous les Toutefois, l’essentiel de cette progression résulte de la bonne
autres départements ou collectivités françaises d’outre-mer, les santé actuelle de la filière du nickel.
importations dépassent significativement les exportations. Le
taux de couverture (exportations/importations) varie beaucoup 3.6 U
 n commerce peu développé
d’une année à l’autre, en raison des cours du nickel: avec les petits états insulaires voisins
Balance commerciale des biens en millions de F CFP Les petits états insulaires voisins de la Nouvelle-Calédonie se ca-
ractérisent par une très faible industrialisation, une faible densité
2005 2006 Variations démographique, et un très modeste pouvoir d’achat. Ils ne sont
2003 2004 2007
Sources : Service des mines pour le nickel,
Douanes et ISEE pour les autres produits

(1) (1) 2007/2006


pas aujourd’hui des partenaires commerciaux notables.
Importations 163 868 156 766 170 692 200 841 244 105 21,5%
Exportations 82 757 98 860 104 438 128 056 178 754 39,6% 3.7 U
 n commerce qui progresse
Déficit commercial - 81 - 57 - 66 - 72 - 65 - 10,2%
avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande
111 906 254 785 351 et les pays asiatiques
Taux de couverture 50,5% 63,1% 61,2% 63,8% 73,2% 9,5 pts On assiste par contre à une montée des importations en pro-
(1) chiffres rectifiés venance de l’Asie, avec une percée de la Chine. Cela n’est pas
spécifique à la Nouvelle-Calédonie.
Les échanges sont en adéquation avec ceux d’un pays de On observe aussi une augmentation des produits issus du Pa-
cette taille, voire même plutôt performants (grâce au nickel) si cifique. Cela s’explique assez facilement par le développement
l’on tient compte de la contrainte de l’isolement géographique des projets miniers et le renchérissement du coût des transports.
dans lequel se trouve la Nouvelle-Calédonie. Il y a donc une recherche de proximité d’approvisionnement.

115
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

En conséquence, la dépendance de la Nouvelle-Calédonie 3.8 Des exportations


vis-à-vis de l’Europe tend à diminuer et on assiste à un meilleur qui reposent peu
équilibre des sources d’approvisionnement. sur une démarche filière
Les destinations export mentionnées dans le paragraphe
Importations précédent reposent essentiellement sur le nickel. Elles corres-
2003 2007
pondent aux grands centres sidérurgiques que la SLN fournit.
Dans une moindre mesure, ces destinations correspondent
valeur % des import. valeur % des import. aux marchés de la crevette, à savoir le Japon et l’Europe prin-
cipalement. On peut alors considérer que ces destinations
Union européenne constituent des cibles stratégiques en termes de marché et
98 427 60,1 % 104 707 42,9 %
dont France
que les retombées vont bénéficier à toute la filière.
En millions de FCFP - Source : ISEE - Douanes

Asie 30 237 18,4 % 82 236 33,7 % Cependant, ce type de démarche reposant sur l’exportation
Pacifique dont
reste marginal dans le développement de filières d’entrepri-
22 656 13,8 % 62 411 25,6 %
Australie et NZ ses. L’atelier 3 « vie et performance des entreprises » s’est
particulièrement arrêté sur le manque de filières.
Australie+NZ 22 483 13,7% 35 937 14,72%
Toutefois, différentes initiatives sont conduites avec plus ou
Total import 163 868 100 % 244 105 100 % moins de succès. Celle de la squash (courge) relève d’une vé-
ritable réflexion stratégique liée à un marché export défini.
Un positionnement a été déterminé puis ont été évalués en
Exportations amont les volumes de production nécessaires pour pouvoir
pénétrer les marchés identifiés. Les résultats ne sont pas à la
2003 2007
hauteur de ceux qui étaient escomptés, mais il est intéressant
valeur % des export. valeur % des export. de souligner que ces démarches existent et qu’elles peuvent
servir de base à une réflexion plus large de filières tournées
Union européenne 30 649 37 % 59 527 33,3 % quasi exclusivement vers l’export.
dont France
En millions de FCFP - Source : ISEE - Douanes

Asie 36 433 44 % 82 507 46,1 %


3.9 U
 ne faible part de l’économie
Pacifique dont 6 640 8% 9 487 5,3 %
calédonienne concernée
Australie et NZ par la compétition mondiale
Australie+NZ 5 721 6,9% 8 621 4,82% Les entreprises calédoniennes qui exportent se limitent aux
secteurs de la mine et l’industrie du nickel, de l’aquaculture,
Total export 82 757 100 % 178 754 100 % et, en faible partie, de l’agriculture et de l’industrie manufac-
turière. On pourrait aussi inclure certains services, liés à la
maintenance d’équipements complexes. Il y a lieu également
L’Asie est la première destination des produits d’exportation. de rajouter le secteur du tourisme, qui est très directement
Cela correspond au marché du nickel et aux marchés des pro- concerné par la compétition mondiale.
duits de la mer. Les secteurs d’exportation sont très importants pour l’éco-
Enfin, la baisse en pourcentage des exportations vers les nomie calédonienne. Pourtant, on manque de données sur
pays du Pacifique ne doit pas masquer le fait qu’il s’agit d’une leur impact réel.
nette hausse en valeur, et est largement imputable au fait que le  n 2006, l’industrie du nickel (mines comprises) représentait

les pays voisins ne peuvent de facto pas être intéressés par le 11% de la valeur ajoutée et cette proportion devrait forte-
nickel calédonien, à l’exception de l’Australie (usine QNI de Ya- ment augmenter avec la mise en service des deux autres
bulu). Par contre, on constate aussi que le taux exportations / usines.
importations s’aggrave vis-à-vis de ces pays, passant en 4 ans l l ’aquaculture participait à hauteur de 0,3% de la valeur ajou-

de 29,3 % à 15,2 %. Cela peut traduire le fait que les produits tée en 2004
exportables ne sont pas compétitifs et ne correspondent pas l i l est plus difficile de cerner le poids des autres secteurs, car

aux attentes de ces marchés, ou qu’il y a un désintérêt des entre- il s’agit souvent de parties de productions d’entreprises ; leur
prises calédoniennes pour ces destinations. On note aussi que poids est sans doute extrêmement modeste, vu la faiblesse
la Nouvelle-Zélande et l’Australie mettent en place des normes du niveau des exportations.
diverses de sécurité, et phytosanitaires, qui rendent nos expor- Enfin, le tourisme représente 3,9% du PIB en 2005.
tations plus problématiques. Cet aspect serait à approfondir « L’économie calédonienne en mouvement »2 nous précise
pour en connaître les difficultés réelles. que le secteur soumis à la concurrence internationale est en
Avec le développement de l’Asie et de son industrie, on fait assez réduit (de l’ordre de 15% du PIB mais le périmè-
peut supposer que cette région du monde prenne dans tre d’analyse est un peu différent, le tourisme est ici pris en
les années à venir de plus en plus d’importance, aussi bien compte) comparé aux autres petites économies insulaires où
pour les importations de produits manufacturés que pour les taux peuvent atteindre jusqu’à 82% du PIB (Kiribati).
les exportations de nickel. La Chine en est un grand consom- On peut en tirer l’enseignement suivant : les entreprises
mateur. Ces destinations risquent aussi d’être renforcées par calédoniennes sont relativement peu ouvertes sur le reste
le renchérissement des coûts de transport qui va inciter les du monde, elles se consacrent surtout au marché intérieur
pays à privilégier les relations régionales afin d’en diminuer excepté le secteur du nickel qui reste le moteur de l’ouverture
les coûts. sur le monde.

2
Voir bibliographie

116
Focus 1 : le nickel revient du nickel d’autres pays, grâce au facteur compétitif
Le nickel est directement confronté à la concurrence inter- essentiel qui résulte de la teneur du minerai.
nationale. Les pays producteurs se divisent entre nickel sulfuré Autre aspect à prendre en compte : les données précé-
(Russie, Canada, Western Australia) et nickel oxydé (Cuba, Bré- dentes sont plutôt rassurantes mais il faut avoir conscience
sil, Indonésie, Philippines, Nouvelle-Calédonie et d’autres de que les centres de décision sont loin. Pour le moment,
moindre importance de la ceinture intertropicale) Quelle est la seule la SMSP peut faire infléchir un choix stratégique en
situation pour la Nouvelle-Calédonie par rapport à ses concur- raison de sa maîtrise capitalistique, mais elle devra sans
rents producteurs de nickel oxydé ? doute s’associer à d’autres investisseurs pour financer son
Si la production mondiale devait devenir excédentaire dans développement.
les prochaines années, les sites de production aux prix de re-
vient élevés seraient les premiers menacés. A cet égard, la Focus 2 : le tourisme
situation de la Nouvelle-Calédonie est contrastée : d’un coté Avec un tourisme qui stagne à 100 000 visiteurs annuels depuis
les coûts de main d’œuvre sont élevés par rapport à d’autres plusieurs années, la destination n’a pas encore réussi à trouver
pays miniers, mais de l’autre les teneurs des gisements sont son positionnement dans le marché mondial. Le Pacifique voit
parmi les meilleures au monde (pour une tonne de nickel son nombre de visiteurs croître assez sensiblement, ce qui n’est
contenu, et à procédé identique, une teneur double de celle pas le cas de la Nouvelle-Calédonie. L’offre commerciale ne
d’un concurrent diminue de moitié les quantités de minerai semble pas répondre complètement aux attentes des touristes.
à extraire, à transporter, et à traiter) ; en outre, avec les prix Par ailleurs, la cible privilégiée des japonais est tributaire d’un
actuels du baril (les prix du charbon suivant de facto ceux du taux de change aujourd’hui défavorable. Cette dernière don-
pétrole), la question de la distance de transport du minerai, née démontre bien que le tourisme est directement confronté
et celle de la quantité d’énergie incorporée dans le process à des contraintes mondiales. Pourtant ce secteur est considéré
deviennent essentielles pour la rentabilité des usines pyro- comme prioritaire pour de nombreux acteurs politiques. Une
métallurgiques : les sites raccordés à une centrale électrique analyse plus approfondie doit donc être menée pour compren-
à bas coût (hydraulique ou nucléaire, deux solutions non dre les motifs de cette situation.
accessibles en Nouvelle-Calédonie) sont très avantagés, de
même que les sites dont le process est moins énergivore. 3.10 U
 ne situation qui dépend en partie
Sur ce plan les données sont très variables : le process utilisé du coût des transports
par Goro demande deux fois moins d’énergie électrique que L’augmentation, au plan mondial, du prix de l’énergie et donc des
Doniambo, et la SLN déclare maîtriser, via Eramet, un process transports peut à court-terme profondément changer la donne
hydrométallurgique sans consommation d’énergie fossile. pour la Nouvelle-Calédonie :
Selon la SLN, la tendance du nickel oxydé ira, de par le mon- le n termes d’importation vers la Nouvelle-Calédonie : cela

de, au remplacement des usines pyrométallurgiques par des renforce la pertinence d’un approvisionnement sur l’Australie
usines hydrométallurgiques. En conclusion, si les usines pré- et la Nouvelle-Zélande, au détriment de l’Europe qui jusqu’ici
sentes en Nouvelle-Calédonie savent adapter leur process et compensait les surcoûts de transports par des droits de
leur alimentation en énergie, la hausse mondiale du prix de douane moins forts.
l’énergie aura plutôt tendance à moins impacter les prix de le n termes d’exportation : les marchés proches deviennent en-

revient du nickel calédonien qu’elle n’impactera les prix de core plus pertinents.

4. Une situation qui induit des risques


4.1 U
 ne dépendance vis-à-vis des nement et avoir des répercussions sur le prix des marchandises
importations : énergie et produits agricoles importées.
Les échanges mondiaux accélèrent les phénomènes d’interdépen- Si à l’avenir, la Nouvelle-Calédonie ne cherche pas à diversifier ses
dances des pays par le biais de la spécialisation des productions ressources énergétiques en favorisant les énergies renouvelables,
manufacturières. Ces interdépendances sont plus ou moins stra- la dépendance risque de s’accroître, à la fois pour les entreprises
tégiques : les énergies et les productions agricoles font partie des métallurgiques qui ont fait le choix de l’énergie fossile, mais égale-
premières. ment pour les autres entreprises.
La Nouvelle-Calédonie ne dispose pas de ressources énergéti- Pour pallier cette dépendance, réflexions et expériences
ques fossiles, or la métallurgie en est encore très consommatrice. sont initiées en ce sens mais il est peu probable que la Nou-
Elle produit des énergies renouvelables encore en très faible quan- velle-Calédonie puisse significativement diminuer son taux de
tité (voir atelier 6 : environnement et cadre de vie). Son taux de dépendance.
dépendance énergétique est particulièrement élevé : 96,5%. Quant aux productions agricoles, la situation est très différente.
Les fluctuations des cours mondiaux des énergies fossiles ont La production agricole commercialisée calédonienne a très
donc un impact important sur les coûts de production des en- fortement progressé ces dernières années, de 52% (en francs cou-
treprises calédoniennes et plus particulièrement les entreprises rants) entre 1996 et 20053, pour passer de 6 milliards à 9 milliards.
métallurgiques. En 2005, le renversement de la courbe est essentiellement dû à la
L’impact peut également être conséquent sur les coûts d’achemi- baisse des abattages contrôlés de viande bovine.

3
Avec une inflation de 15,7% sur cette période, la production agricole commercialisée calédonienne a augmenté de 40% en francs constants entre 1996 et 2005.

117
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

La production agricole finale Productions locales et importations en 2007


10 000
9 000 Bovin lait 66 3 117
8 000 Légumes 2 313 221
Bovin viande 1 419 796
7 000
Fruits 1 199 647
6 000
Millions de F CFP - Source : DAVAR

Aviculture poulets 510 1 196


5 000 Céréales 224 1 456
4 000 Porcins viande 999 107
Horticulture ornementale 925 108
3 000
Aviculture œufs 861 9
2 000 Productions locales
Café 32 426
Importations
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Petits ruminants 97 293

Millions de F CFP - Source : DAVAR


Aviculture divers 73 270
Pourtant, les productions locales sont encore loin de couvrir Apiculture 125 2
les besoins du marché local, comme le démontre le diagramme Elevage équin 29 32
ci-dessus. Pour toutes les productions, le recours à l’importation Coprah 9 0
est obligatoire. Sans chercher à être autonome sur la totalité des Divers 97 44

segments, la Nouvelle-Calédonie pourrait cibler quelques pro- 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500

ductions où elle possède les meilleurs atouts et devenir alors


autonome sur ces productions. On peut donc s’interroger sur les Pourtant, cette dépendance de l’économie du pays aux cours
raisons d’une telle situation. Une étude plus approfondie serait du nickel va s’aggraver à l’avenir, avec le triplement de la pro-
nécessaire pour en connaître les motifs. Que se passerait-il si les duction de nickel métal, et la progression, plus modeste, des
importations devenaient plus difficiles ? La question des reloca- exportations de minerai.
lisations agricoles se pose. L’explication de ce phénomène est à trouver dans les diffi-
C’est un enjeu pour les échanges mondiaux, mais c’est aussi cultés de développer de nouveaux secteurs dans lesquels les
un enjeu en termes d’aménagement du territoire. avantages comparatifs du pays lui permettraient de diversifier
ses exportations. Ces difficultés, qui ne relèvent pas de la fatalité,
4.2 Des exportations centrées sur le nickel sont détaillées ci-après.
Le niveau des exportations du pays est très fortement dépen-
dant de la demande mondiale en nickel. Même si cette situation 4.3 D
 es transporteurs internationaux
résulte d’avantages comparatifs avérés de la Nouvelle-Calédonie qui peuvent se retirer
en la matière (teneur des minerais en nickel, accessibilité des Du fait de volumes d’échanges faibles à l’échelle mondiale (nous
sites, stabilité institutionnelle et économique, aides à l’investis- l’avons vu avec la carte des flux commerciaux), la Nouvelle-
sement), elle comporte pour le pays une part de risque, du fait Calédonie est une destination peu recherchée des transporteurs
du caractère très cyclique des cours mondiaux. En mars 2008, internationaux, maritimes et aériens. Les compagnies repartent
le cours était de 33 000 US$ la tonne alors qu’il n’était plus qu’à souvent « à vide ». Par manque de rentabilité, elles peuvent dé-
11 950 US$ la tonne le 10 octobre 2008. cider du jour au lendemain d’arrêter de desservir la destination
Si demain, le nickel s’effondre parce qu’il est substitué par une ou d’imposer des coûts exorbitants pour le maintien de la ligne.
innovation technologique, la Nouvelle-Calédonie n’a pas d’alter- Les entreprises peuvent donc facilement se retrouver coupées
natives pour développer ses exportations. du monde.

5. D
 es freins au développement
de secteurs d’exportation
5.1 U
 ne compétitivité mal cernée, conçus pour des volumes de production très élevés compara-
mais sans doute moyenne tivement au marché local. L’amortissement du prix d’achat de
On ne dispose pas, à ce jour, d’une analyse sur la compétitivité l’équipement sur les « petites » quantités produites, vient aug-
de la Nouvelle-Calédonie, ni au niveau territorial (création d’en- menter le prix de revient.
treprises, fiscalité, recrutement, etc.) ni au niveau des entreprises La stratégie consistant à acheter du matériel d’occasion et/
calédoniennes. Or pour pouvoir se mesurer à l’international et ou de plus petite dimension n’est pas nécessairement satisfai-
dégager ses avantages concurrentiels, la connaissance de sa sante, car elle peut induire un coût de maintenance plus élevé,
compétitivité est indispensable. une cadence de production moindre et sans doute aussi une
Faute de données fiables aujourd’hui, deux éléments, facteurs consommation d’énergie plus importante.
de compétitivité, peuvent être regardés : Les pouvoirs publics ont conscience de ces difficultés, et
l le coût de l’investissement matériel et des intrants ; ont mis en place des dispositifs de défiscalisation destinés à
l le coût de la main d’œuvre. compenser partiellement ce handicap. Les résultats semblent
positifs. Mais la défiscalisation est accordée individuellement
5.2 D
 es coûts plus élevés en ce qui concerne aux entreprises, et sur du matériel neuf. Ce qui a pour consé-
les investissements et les intrants quence de conduire les entreprises à investir dans des machines
Les entreprises calédoniennes achètent leurs moyens de pro- surdimensionnées et de ne pas les inciter à se regrouper pour
duction sur le marché international, et ceux-ci sont souvent partager des machines.

118
A cela, il faut rajouter le coût d’approvisionnement en intrants Les coûts peuvent être considérés comme élevés, pourtant le
forcément plus élevé que dans la plupart des pays industrialisés jeu de la concurrence conduit les prestataires de fret à proposer les
du fait de l’éloignement des principaux centres d’approvisionne- prix les plus compétitifs. A titre d’exemple, le kg de fret frais aérien
ment et des volumes peu conséquents. est à 6€40 depuis plusieurs années tout comme un container de
Là encore, les pouvoirs publics ont mis en place des disposi- 20 pieds Le Havre – Nouméa fixé à 1 700€ et 1 400€ pour Asie-Nou-
tifs d’aide, essentiellement sous la forme d’exonérations de taxes méa. Les variations tarifaires sont dues aux surcharges fuel ou aux
d’importation privilégiant les entreprises qui exportent. coûts d’assurance et risques de change.
Dans les intrants, on va par exemple trouver le prix de l’éner- La concurrence est présente sur toutes les destinations sauf sur la
gie : à titre d’exemple, une entreprise industrielle de Nouméa ligne Nouméa-Wallis ou seules une compagnie aérienne et une
consommant en continu 20 kW (haute-tension) paiera une fac- compagnie maritime assurent le fret. Il y a donc un monopole de
ture annuelle EEC de 2,1 MFCFP, soit 125% de plus que celle de fait dû au volume insuffisant pour justifier de la présence de plu-
son homologue métropolitaine alimentée par EDF4. sieurs opérateurs. Les prix pratiqués sur cette ligne sont les plus
élevés aussi bien dans l’aérien que dans le maritime.
5.3 U
 n coût de main d’œuvre comparable Les compagnies cherchent à faire des efforts pour faciliter l’ex-
à celui des pays développés, mais une portation des produits calédoniens par le biais de partenariats avec
productivité sans doute plus faible la FINC et l’ERPA pour proposer les tarifs les plus bas.
Il est généralement admis que le coût de la main d’œuvre est Compte tenu de la distance et du volume transporté, les tarifs
cher en Nouvelle-Calédonie. En fait, si ce coût est effectivement pratiqués ne sont sans doute pas excessifs. Par contre, les frais
beaucoup plus élevé que celui de beaucoup d’Etats insulaires du d’embarquement et de débarquement peuvent eux apparaître très
Pacifique et de pays asiatiques comme la Chine ou le Vietnam, il élevés au regard des prix usuels dans les ports européens. Au port
est en fait comparable, voire moins cher que celui d’autres pays de Nouméa, pour un container de 20 pieds, le coût est de 538€, et
industrialisés. de 947€ pour un container de 40 pieds, alors que le coût n’est que
L’Organisation Internationale du Travail donne un coût moyen de 230€ au Havre ou 150€ à Anvers, et 130€ à Lisbonne, quel que
annuel de la main d’œuvre pour les industries manufacturières soit le volume du container.
de 4 200 000 FCFP pour l’Australie et de 3 270 000 FCFP pour la Au global, même si la plupart des acteurs cherchent à limiter les
Nouvelle-Zélande (année 2003). coûts pour leurs clients, les volumes traités sont encore insuffisants
Si on compare maintenant la masse salariale d’un salarié ré- pour pouvoir obtenir des économies d’échelle.
munéré au SMG en Nouvelle-Calédonie avec la métropole et 40 000 containers sont importés annuellement en Nouvelle-
l’Australie (la Nouvelle-Zélande n’a pas de salaire minimum), on Calédonie, et moins de 10 000 sont exportés. Le reste des contai-
obtient le résultat suivant. ners, plus de 30 000, repartent vides, ce qui constitue un coût
pour les transporteurs. Chaque escale représente en moyenne 100
Pays Masse salariale mensuelle Année de référence containers par navire. Ceci est à comparer aux plusieurs centaines
pour le salaire minimum
que représente la production des mêmes navires dans d’autres
France métropolitaine 193 2008 ports du Pacifique (Australie et Nouvelle-Zélande), de l’Asie ou de
En Milliers de F CFP

Australie 166 2005 l’Europe.


Nouvelle-Calédonie 154 2008 Pourtant, même si les volumes sont faibles, le nombre de rota-
tion est encore important.
Le coût de la masse salariale doit être rapproché d’autres facteurs Dans le maritime, on dénombre :
comme la productivité pour définir le niveau de compétitivité. Il l 8 rotations par mois pour l’Asie ;

doit notamment être mis en regard du niveau moyen de qualifica- l 5 à 6 rotations par mois pour la Nouvelle-Zélande ;

tion de la main d’œuvre. Or, il n’existe pas de données permettant l 6 rotations par mois pour l’Australie ;

d’évaluer la productivité calédonienne mais il semble que des ryth- l 6 rotations par mois pour l’Europe.

mes de travail moins soutenus que dans les pays industrialisés et Dans l’aérien, il y a plus d’une dizaine de rotations par semaine tou-
un absentéisme conséquent viennent grever cette productivité. tes destinations confondues. Cependant, il n’existe pas de cargo
Le bilan global étant apparemment défavorable, la Nouvelle- dédié au fret et les volumes vont de 3 à 20 tonnes sur les vols pas-
Calédonie ne sera jamais compétitive sur des productions de sagers.
grande série à faible valeur ajoutée et n’exigeant que peu de L’arrivée prochaine d’Air Austral va venir compléter l’offre.
qualifications de la main d’œuvre. A la lecture des données, et selon les transitaires, l’offre de trans-
Seuls les produits ou services disposant d’un avantage concur- port est largement suffisante pour satisfaire le marché local. Ce n’est
rentiel (technologie, expertise, image de marque) peuvent alors donc aujourd’hui pas un obstacle pour les entreprises. Et l’augmen-
être compétitifs à l’exportation : c’est le cas de 3P (profilés plasti- tation du volume export pourrait faire diminuer les coûts.
ques pour ouvertures) ou Sun Ray (chauffe-eau solaires).
5.5 U
 n tissu de PME peu structuré
5.4 D
 es coûts d’approche et de transports pour l’international
élevés dus à l’insularité Quatre éléments principaux sont à retenir :
20 transitaires, 25 compagnies maritimes, 5 acconiers, 4 compagnies 5.5.1 Les PME-PMI calédoniennes
aériennes se partagent le marché du transport international de mar- n’ont pas de visibilité internationale
chandises. Ce marché est complètement ouvert à la concurrence. Le secteur industriel, hors industrie du nickel, n’est pas suffisam-
Il n’y a donc pas de monopole et chaque acteur pratique donc sa ment développé pour avoir une visibilité internationale. Il n’y a pas
propre politique de prix, exceptés les acconiers qui appliquent une de secteur de production ou de service assez attractif de par sa
même politique tarifaire. dimension pour des donneurs d’ordres ou des investisseurs. Les

4
1,9 MFCFP tarif grands comptes EEC du 15/02/08 + taxe communale 9% contre 7,7 k€ Hors TVA (tarif vert A5 EDF option base TLU au 15/08/2008)

119
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

entreprises ne peuvent pas non plus s’appuyer sur une image avec le rythme très rapide que la mondialisation impose aux entre-
« Nouvelle-Calédonie » forte et reconnue. prises qui veulent s’insérer dans des marchés internationaux.
On peut néanmoins relever l’existence de niches : par exemple,
la production locale, sous licence, de certaines boissons véhiculant 5.6 L’importance des protections
une image française, permet quelques exportations. La Nouvelle-Calédonie possède la compétence fiscale qui permet
de fixer les barrières de protection à l’entrée sur le territoire et la
5.5.2 Les petites entreprises sont peu structurées compétence en matière de concurrence et de réglementation des
Sur 43 1075 entreprises en 2007, 97,6% ont moins de 10 salariés prix.
et seulement 163 entreprises ont plus de 50 salariés. Ce sont ces La Nouvelle-Calédonie a classé les marchandises importées en
dernières qui sont les plus susceptibles d’être structurées pour 4 catégories :
l’export ; or, comme on l’a vu plus haut, la plupart d’entre elles ne l les marchandises totalement libres ;

sont aujourd’hui orientées que vers le marché calédonien. l l es marchandises soumises à la présentation préalable d’une

Il peut certes exister, dans les très petites entreprises, un poten- autorisation administrative d’importation ;
tiel à l’exportation, mais pour que ce potentiel puisse être exploité, l l es marchandises interdites pour des raisons de santé et de sé-

il est indispensable que l’entreprise ait intégré cet objectif dans son curité ;
organisation. l l es marchandises soumises à des mesures de restrictions quanti-

tatives : suspension ou contingentement.


5.5.3 Il existe peu d’organisation en réseau Ces dernières sont destinées à protéger les productions locales.
Il existe peu d’organisation en réseau pour atteindre une dimension Des droits de douane, et, parfois la mise en place de mesures de
internationale : regroupements d’entreprises sur des savoir-faire protection spéciale, de nature fiscale (TCPPL) ou physique (mesures
techniques, sur des marchés communs ou complémentaires. « STOP » = suspendu toutes origines et provenances) sont décidés.
Pour répondre à ce déficit, l’ERPA a créé il y a plus de 10 ans Le gouvernement vote chaque année une liste de marchandises
une cellule d’assistance aux producteurs, orientée vers les marchés qui constitue le programme annuel des importations. En 2008, 333
extérieurs. Cette cellule développe une marque ombrelle avec une catégories de marchandises sont soumises à restrictions quantitati-
cinquantaine de produits respectant un cahier des charges très ves. Sur ces 333, 168 sont classées STOP. C’est le Comité Consultatif
précis. du Commerce Extérieur, mis en place depuis 18 mois qui instruit
Cette expérience reste assez isolée et il est dommage qu’elle n’ait les dossiers.
pas été adaptée à d’autres productions. Par ce dispositif, une part de l’agriculture et de l’industrie manufac-
turière se trouve protégée de la concurrence internationale. D’autres
5.5.4 Peu d’entreprises calédoniennes secteurs comme le BTP ou certains services ne bénéficient pas de
sont implantées à l’étranger telles mesures mais sont abrités naturellement car c’est le facteur
La dimension internationale d’un pays passe aussi par la capacité proximité qui prédomine (marchandises pondéreuses, fragiles, etc.).
de ses entreprises à se développer dans d’autres pays, avec des Avec un tel dispositif de protection, la Nouvelle-Calédonie
bureaux commerciaux, des filiales, des prises de participation. Il n’y cherche, comme d’autres pays dans le monde, à stabiliser son
a pas d’informations précises pour la Nouvelle-Calédonie mais il économie et ses emplois vis à vis de bouleversements potentiel-
semble qu’il y ait peu d’expériences connues. lement très rapides, et protège en conséquence ses productions
Dans ce cadre, il est important de souligner le cas de la SMSP, agricoles, manufacturières, ou ses services par des barrières tarifai-
société d’origine locale qui a pris une dimension internationale à res comme celles citées. D’autres moyens pourraient être utilisés :
travers sa prise de participation dans l’usine sidérurgique de Posco normes, critères de qualité, lourdeurs administratives, contraintes
(Corée du Sud). Si l’on met de côté le cas particulier et ancien de phytosanitaires, etc. (les mesures de contingentement étant, sauf
la SLN, c’est la première fois qu’une initiative d’une telle ampleur exception, interdites par les accords du GATT).
est menée : une entreprise calédonienne prend une dimension C’est aussi un moyen pour une meilleure maîtrise des appro-
mondiale. visionnements et un meilleur contrôle de la qualité, mais à la
Reste que ce cas est encore très isolé, et que les entreprises condition que ces contrôles soient bien effectués. Ce dispositif est
calédoniennes de taille plus modeste, n’ont pas intégré, pour le aussi une source de revenus importante pour le territoire. En 2005,
moment, cette dynamique de développement. Seule SOFRANA les taxes à l’importation s’élevaient à plus de 35 milliards CFP.
est citée par les décideurs économiques comme ayant déve- L’objectif d’un dispositif de protection est aussi de donner la
loppé un réseau de bureaux commerciaux en Nouvelle-Zélande possibilité aux entreprises de se développer dans les meilleures
et au Vanuatu. Quelques exemples de projets de développement conditions sur leur marché intérieur, mais n’y-a-t-il pas un risque
(maintenance informatique à distance basée en Nouvelle-Calédo- de voir certaines entreprises profiter de cet avantage pour installer
nie, production scientifique, …) existent également, mais sont peu de véritables rentes de situation ? N’y a-t-il pas aussi le risque de voir
développés. les entreprises se concentrer sur le marché intérieur sans chercher
La CCI doit réaliser une enquête en 2008, dans le but de dresser à se mesurer à la concurrence mondiale ?
un état des lieux précis des entreprises exportatrices. Ce second risque devrait être relativisé car les entreprises ont
On pourrait aussi rajouter un cinquième élément qui est lié à conscience de l’intérêt potentiel de l’exportation, mais dans les
l’impact de « la coutume » dans les entreprises. Les contraintes faits, elles sont encore peu nombreuses à avoir franchi le pas.
conséquentes aux pratiques culturelles peuvent être un frein au La taille restreinte du marché calédonien peut amener certai-
développement international des entreprises. Les salariés, très em- nes entreprises à demander des mesures protectionnistes pour
prunts des traditions sont sans doute encore peu enclins à s’ouvrir produire à plus grande échelle et par là, même améliorer leur com-
au monde. Comme cela a été vu dans l’atelier « Développement, pétitivité. Mais une telle démarche ne peut-elle pas également
culture et valeurs identitaires », le rythme océanien est en décalage fausser le jeu de la concurrence ?

5
Ce chiffre reste à préciser car il comprend aussi bien les entreprises que les organisations professionnelles, ou encore les sociétés immobilières et les associations. Une approche plus fine est tentée dans l’atelier 3.

120
A l’exception de quelques pays, la concurrence, est toujours sont sollicitées et bien utilisées.
favorisée car elle est considérée comme un moteur du développe- L’ADECAL, la FINC, l’ERPA, en lien avec les chambres consulaires
ment. Pour faciliter cette concurrence, les pays ont développé des mènent des actions de promotion internationale, mais cela reste
dispositifs de régulation de la concurrence afin d’éviter entre autres encore assez timide, faute de moyens dédiés suffisants.
les abus de position dominante. Des propositions d’améliorations ont été faites par les profes-
La protection reste indispensable pour le développement de sionnels, mais sont restées sans suite aujourd’hui.
l’économie calédonienne, mais elle doit être utilisée à bon escient Dans un contexte de mondialisation, un accompagnement
(intérêt du produit, impact sur l’emploi…). Elle doit être en accord déficient des entreprises à l’international peut être préjudiciable à
avec une stratégie économique claire, ce qui fait défaut actuelle- terme sur leur développement.
ment. On peut ainsi s’interroger sur les motivations de protection Il faut cependant modérer l’impact de ces aides car le dynamisme
de certains produits, alors que la plupart des produits de la même à l’export repose avant tout sur la volonté et la compétitivité des
filière ne sont pas protégés. Une approche de la protection par fi- entreprises, les différents dispositifs ne sont là que pour faciliter les
lière ne serait-elle pas plus performante ? démarches.
Ne doit-on pas s’interroger sur les secteurs, les entreprises qui,
au-delà des protections, sont prêtes à entrer dans la compétition 5.8 D
 es compétences à l’international encore peu
mondiale ? développées (formations qualifications)
Ne doit-on pas réfléchir à l’équilibre à trouver entre produits qui Pour prendre une dimension internationale, les entreprises doi-
ont la légitimité à être produits localement et les produits qu’il est vent aussi pouvoir disposer d’une main d’œuvre qualifiée dans les
préférable d’importer ? Il n’est en effet pas possible d’imaginer un échanges commerciaux. Or, même s’il n’y a pas d’étude précise sur
système du tout importation ou du tout production locale. ce point, on peut faire les constats suivants :
Aussi, n’existe-t-il pas des domaines dans lesquels la  lL
 e français s’impose de moins en moins dans le monde comme

Nouvelle-Calédonie dispose d’avantages compétitifs lui permettant langue d’échange et l’environnement régional est plutôt anglo-
d’augmenter ses exportations ? A contrario n’existe-t-il pas des sec- phone. Et l’enseignement de l’anglais n’est pas plus poussé que
teurs pour lesquels, les protections de marché présentent un bilan dans n’importe quel établissement métropolitain, or comme dans
avantages / inconvénients perfectible pour la collectivité ? toute démarche export classique, on commence généralement
par cibler la proximité géographique. Les étudiants calédoniens
5.7 D
 es dispositifs réglementaires n’y sont donc pas préparés. A contrario, il faut souligner le nombre
et d’incitation à l’export déficients important d’élèves qui apprennent le japonais : 2 254 en 2008, soit
Les dispositifs d’accompagnement à l’export développés par les plus que l’ensemble de la France métropolitaine. On peut s’inter-
provinces ont été ciblés sur le secteur agricole. Ainsi, la crevet- roger sur les opportunités offertes à ces élèves à l’issue de leur
ticulture (aquaculture) et la production de squash ont été très cursus pour valoriser cette langue.
soutenues. lS
 eules deux formations orientées vers le commerce internatio-

En 2006, la CCI a réalisé une étude diagnostic des aides à l’export, nal sont dispensées à Nouméa : un BTS commerce international
et pour cela a analysé trois autres territoires insulaires : Fidji, Poly- (ouvert une année sur deux avec 24 élèves) et l’Ecole de Gestion
nésie française et Réunion. Tous ont mis en œuvre des dispositifs et de Commerce. Cela correspond sans doute à une demande
d’incitation à l’export destinés aux entreprises. Cela va de l’exo- encore faible de la part des entreprises.
nération fiscale en passant par des subventions ou par l’aide au lL
 e problème des équivalences de diplôme avec les pays voisins ne

recrutement de cadre export. Cette liste n’est pas exhaustive. facilitent pas les échanges et d’étudiants et de recrutements. Les
Pour la Nouvelle-Calédonie, il existe plus de freins que d’encou- formations diplômantes qui relèvent de l’Etat français sont sou-
ragements à l’export dans les mesures d’accompagnement. Seul le mises aux accords collatéraux signés avec les différents pays. La
secteur agricole dispose d’outils incitatifs, mais ils ne portent pas décision de l’équivalence avec nos pays voisins relève donc de la
les fruits escomptés. Le secteur des industries et des services n’a France. La réforme LMD, en cours actuellement, tend à privilégier
pas d’équivalent. les équivalences au sein de l’Europe. Les formations profession-
Sur le plan fiscal, le système est décrit comme lourd tant par les nelles pour lesquelles la loi organique a confié la compétence à la
industriels que par l’administration. La patente perçue sur le cy- Nouvelle-Calédonie peuvent obtenir des équivalences régionales
cle import-export affecte les intrants importés qui sont destinés à plus facilement. L’article 6001 de la délibération 39CP le prévoit.
l’ouvraison puisque ces derniers sont soumis au droit proportion- Cependant, pour le moment seulement trois formations profes-
nel à 1,2% et aux centimes additionnels. Et les produits qui sont sionnelles ont été accréditées, mais la DFPC6 étudie l’instauration
transformés puis exportés sont à nouveau soumis aux centimes d’équivalences sur ces formations et sur d’autres à venir avec trois
additionnels. Or, toutes les entreprises ne semblent pas payer cette pays ciblés : l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada (Qué-
taxe. Dans le même temps, il existe une forme d’aide à l’export : la bec). Une première mission exploratoire a été conduite dans le
TGI est remboursée, voire non perçue pour les intrants alimentant Queensland.
les industries de transformation, au prorata de leurs exportations. lS
 i le nombre d’étudiants hors Nouvelle-Calédonie diminue ré-

Mais ce système est décrit comme très lourd tant par les industriels gulièrement depuis 2005 - nous sommes passés de 1543 en
que par l’administration. Et cette aide ne peut pas aider les entrepri- 2005 à 1123 en 2007 (chiffres IDC NC) - il est intéressant de
ses susceptibles d’exporter à partir de produits issus des ressources s’arrêter sur les destinations. La destination France recule au
naturelles locales. C’est le cas de COSMECAL par exemple. profit de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande et d’une nou-
Mais il ne suffit pas de créer des aides, il faut aussi provoquer des velle destination liée aux projets métallurgiques : le Canada.
évènements pour favoriser l’exportation, en assurant la promotion La baisse s’explique par le fait que l’offre de forma-
des produits hors du territoire. tions s’améliore en Nouvelle-Calédonie et qu’il n’est plus
C’est souvent lorsqu’il y a des démarches globales que les aides forcément obligatoire de s’expatrier pour beaucoup de filières.

6
Direction de la Formation Professionnelle et Continue de la Nouvelle-Calédonie.

121
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

C’est aussi une preuve d’une certaine internationalisation des étu- recherche communs avec les pays voisins sont soutenus par le
diants et d’un rapprochement des pays limitrophes même si cela secrétariat d’Etat à l’outre-mer, par le ministère des affaires étran-
reste encore timide. Cette augmentation du flux vers l’étranger gères, et par des fonds européens.
reste un atout pour les entreprises calédoniennes si elles savent La Nouvelle-Calédonie est en train de se positionner comme
les attirer. Pourtant, le taux de retour et les fonctions occupées au un centre de recherche spécialisé et reconnu sur la géologie et
retour ne sont pas connus. la biodiversité liées au nickel.
l I l existe des Formations Ouvertes à Distance mais encore peu Ces démarches à l’international ont permis de participer à
développées, qui peuvent être en rapport avec les échanges 32 programmes internationaux, mais encore assez peu comme
internationaux. leader de ces programmes. Une plus grande coopération entre
lL  ’ouverture à l’international se prépare tôt, à ce titre le vice-recto- centres calédoniens pourrait combler ce handicap. Le tableau
rat facilite tous les ans le départ de1 500 collégiens et lycéens sur page suivante montre que les liens avec les centres étrangers
22 000 pour des séjours à l’étranger : Nouvelle-Zélande, Australie, sont le plus souvent unilatéraux.
Vanuatu et Japon sont les quatre premiers pays de destination. Ce développement international a encore peu de retombées
Des classes européennes sont aussi mises en place aussi bien sur les entreprises locales. Les contrats entreprises-centres de re-
dans les établissements de Nouméa que ceux de brousse. A noter cherche ne concernent encore que les seules grandes entreprises
également, l’ouverture à Nouméa Ducos en juin 2007 d’une école du nickel et sont a priori assez peu nombreux.
primaire internationale pour accueillir les enfants des cadres ex- La recherche locale stimule encore peu l’innovation dans les
patriés. 68 enfants sont inscrits dont 24 d’origine étrangère. entreprises, il y a donc peu de créations d’entreprises inno-
lL  es grandes entreprises liées aux projets miniers font venir une vantes. Or, ce sont elles qui sont souvent les plus proches de
main d’œuvre qualifiée et correspondant à leurs besoins. C’est un la mondialisation.
autre atout pour les entreprises calédoniennes, car à partir de là,
des réseaux peuvent se développer, et on peut imaginer des par- 5.10 U
 n système de normes
tenariats avec les PME. peu lisible à l’international
lP  our trouver une main d’œuvre à forte compétence internationa- Il manque de clarté sur l’application des normes et réglementa-
le, il faut aussi disposer d’outils de formation à fort rayonnement tions en Nouvelle-Calédonie. Aussi, chaque entreprise adopte les
international. Or, l’Université de Nouvelle-Calédonie n’a pas normes qui lui semblent le plus correspondre à ses besoins. De
cette dimension pour le moment : pas de spécialité visible et plus, il n’y a pas de réglementation locale existante pour reconnaî-
pas de taille suffisante. Elle est donc peu attractive pour des étu- tre le système d’accréditation implanté sur le territoire.
diants étrangers puisque les seuls étudiants étrangers inscrits Cela pose un problème de cohérence et de crédibilité car on peut
à la rentrée 2008 ne sont que 70 (principalement Vanuatais). imaginer que deux entreprises de production similaires suivent
Sans étude précise, il est donc difficile d’avoir une analyse perti- pour l’une les normes européennes et pour l’autre les normes
nente, mais il semble que la main d’œuvre répondant aux critères australiennes, alors qu’elles s’adressent à un même client.
d’exigence internationale soit encore assez confidentielle. Pour A l’exportation, la qualité des produits calédoniens est donc
l’instant, les entreprises ont encore peu besoin de ce type de plus difficilement reconnue par les autres pays. C’est à l’entreprise
main d’œuvre mais si le phénomène s’accélère, il risque d’y avoir de prendre la précaution d’appliquer telle ou telle norme et de le
un déficit pour tous les motifs listés. spécifier à ses clients étrangers.
A terme, cela pose la question de la crédibilité des productions
5.9 U
 ne coopération internationale recherche locales sur des marchés internationaux. Pourtant la qualité sani-
réelle mais encore peu au service du taire des produits calédoniens peut être un atout à l’export.
développement international des A l’inverse, la question des normes se pose aussi pour les produits
entreprises qui sont importés. Quelles réglementations doivent-ils respecter
Tous les organismes de recherche (au nombre de 7) représentés pour entrer sur le territoire ?
sur le territoire ont recentré leurs thématiques sur ce qui carac-
térise la Nouvelle-Calédonie: le nickel et son environnement 5.11 Une monnaie peu reconnue
avec une partie importante concernant l’exceptionnelle La France a seule la responsabilité de la politique monétaire dans
biodiversité marine et terrestre, sa connaissance, sa protection, cette zone géographique, sans partage avec la Banque Centrale
sa valorisation. Européenne. En 1999, la parité fixée pour le FCFP vis-à-vis de l’euro
Ce recentrage permet à des laboratoires de taille relativement a traduit strictement l’ancienne parité de cette monnaie avec le
modeste d’atteindre ensemble une masse critique et d’être plus franc et la parité irrévocable franc-euro. Si la parité FCFP/euro peut
visible sur le plan international. Ainsi, les activités inter-orga- en théorie changer sur décision du gouvernement français , ce
nismes sont privilégiées comme par exemple la création d’un risque paraît en pratique très faible, du fait que le FCFP concerne
centre national de recherche technologique sur le nickel et son trois collectivités dont les situations socio-économiques, politi-
environnement avec une ambition internationale clairement ques et statutaires, sont très contrastées : les probabilités d’établir
affichée. un consensus sur une dévaluation ou une réévaluation, ou même
Sur ces thématiques, la Nouvelle-Calédonie est un «objet de de voir le gouvernement français imposer ses vues, paraissent
recherche» qui favorise le développement de réseaux de labo- faibles (cependant le FCFA qui concerne 14 collectivités a été for-
ratoires avec les pays de la zone. Les chercheurs, en particulier tement dévalué en 1994).
ceux de l’IRD, bénéficient d’une notoriété internationale grâce En soi, l’utilisation du FCFP ne pose pas de difficulté particu-
à leurs publications. Chaque année, des colloques rassemblent lière, car il fonctionne quasiment comme l’euro, dont il bénéficie
à Nouméa les meilleurs spécialistes mondiaux sur les récifs co- de la force et de la stabilité.
ralliens, le réchauffement climatique, etc. Des programmes de Par contre, il faut souligner le fait que cette monnaie n’est

122
coopérations de recherche entre les centres de recherche de nouvelle-calédonie et les autres pays du monde
Centre de recherche Pays partenaire Centre partenaire Sujet
IAC NZ Massey University Ecologie et conservation de l’escargot de l’île des pins
NZ Department of Conservation Gestion des espèces envahissantes de vertébrés
Qualité des fruits, marché export, agrophysiologie, inno-
NZ Hort Research vations techniques
Etude sur les insectes nuisibles dans les cultures agricoles
NZ Landcare Institute de Nouvelle-Calédonie
Australie CSIRO Lutte intégrée contre les tiques du bétail
Gestion des pâturages et lutte contre les plantes enva-
Australie CSIRO, James Cook University, NAPPEC hissantes
Mécanisme de résistance des plantes de forêts sèches à
Australie Monash University l’abroutissement par les cerfs
Conservation et valorisation de la diversité des santals
Australie CSIRO, James Cook University, ACIAR du Pacifique sud
Valorisation de la biodiversité végétales indigène pour la
Australie University of western Australia restauration de formations végétales perturbées
Amélioration des cultures légumières de plein champ
Australie AHGA sous abri
Ressources vivantes, océanographie physique et biolo-
IFREMER Australie CSIRO gique
Aquaculture tropicale, gestion des écosystèmes, bioto-
Australie AIMS pes côtiers

Gestion des pêcheries, aquaculture, environnement


Australie Université de Tasmanie littoral

Australie Geosciences Australia Exploration ZEE, ressources minérales


Structures géologiques reliant NC et NZ-extension du
NZ IGNS plateau continental EXTRAPLAC
Evaluation des risques sismiques, géodésie, néotectoni-
UNC NZ IGNS que, géologie et géophysique
NZ Massey university Graines de plantes endémiques
Géophysique et océanographie spatiale ; caractérisation
IRD NZ NIWA et modélisation dans les écosystèmes lagonaires ; paléo-
environnement
NZ IGNS Géophysique marine
Biodiversité terrestre et environnement dans le Pacifique
NZ Hort research Institute tropical
NZ University of Auckland Sciences de l’eau
NZ University of Wellington Paléoclimat, Substances naturelles d’origine marine
Portail régional des données de sol dans le Pacifique
NZ Landcare research Sud
Minéralogie, géochimie et revégétalisation des massifs
CSIRO, universities of western australia, of Melbourne
Australie miniers. Courants océaniques dans le Pacifique Sud
& of North Queensland Ouest et impact sur le climat
Australie Australian National University Paléo climatologie
Australian National University, Australian Institute of Bathymétrie peu profonde du grand récif barrière aus-
Australie Marine Sciences tralien
Source : chargé de mission recherche du Haut commissariat

Substances naturelles d’origine marine, inventaire des


Queensland Muséum, Botanical Garden, Australian
Australie. algues de NC ; inventaire, écologie et conservation des
Muséum, Muséum de Victoria reptiles de la NC ; crustacés isopodes
Institut Pasteur Australie Queensland University Genotypage virus dengue
Cambodge Institut Pasteur leptospirose
Vietnam Institut pasteur pneumocoque
Kiribati Institut pasteur tuberculose
DIMENC+BRGM Australie/ NZ Geoscience Australia/ IGNS Géosciences marines et Géosciences terrestres

utilisée que par les 500 000 français du Pacifique. Elle est donc lles investisseurs manquent de visibilité à long terme, et crai-
inconnue pour la plupart des Etats du monde, ce qui pose les gnent le risque de dévaluation ;
difficultés suivantes : l l es entreprises échangent beaucoup avec l’extérieur, pour les

lc ’est une monnaie « non négociable » en dehors de la zone importations en particulier et le FCFP est une monnaie peu
d’émission ; « crédible » pour les partenaires. Les PME commercent donc en

123
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

PRESENCE ECONOMIQUE ETRANGERE EN NOUVELLE-CALEDONIE


euro pour la plupart. Les grandes entreprises n’utilisent
pas ou très peu le FCFP dans leurs échanges commer- ENTREPRISES LOCALITE ACTIVITE PAYS D’APPAR- ANNEE D’IM-
TENANCE PLANTATION
ciaux, elles privilégient le dollar et l’euro. L’utilisation
du FCFP complexifie la tenue des comptabilités ; QBE NOUMEA Assurance AUSTRALIE ?

l l ’utilisation d’une monnaie confidentielle à l’échelle de QUANTAS AIRWAYS LTD NOUMEA Transports aériens AUSTRALIE 1956
la planète rend difficile la comparaison des prix avec BLUESCOPE STEEL NOUMEA Matériau de construction AUSTRALIE 1970
les grandes zones d’émission ; BHP BILLITON NICKEL NC NOUMEA Nickel AUSTRALIE 1991
l l e recours au crédit sur des places autres que métro-
GOODMAN FIELDER NC NOUMEA Industrie Agro-Alimentaire AUSTRALIE 1995
politaine est rendu plus difficile et plus cher, compte
tenu du caractère confidentiel du FCFP ; CALTRAC NOUMEA Matériel de terrassement AUSTRALIE 2000

l l a Nouvelle-Calédonie a une monnaie liée à l’euro, WAGNERS NC NOUMEA Béton prêt à l’emploi AUSTRALIE 2001
dans une zone qui est principalement influencée par BECA CARTER NZ NOUMEA Ingénierie industrielle et d’infras- NOUVELLE-ZE- 2002
le $US. tructures LANDE
A contrario, le FCFP, au contraire de l’euro, semble par KOMATSU AUSTRALIA P/L NOUMEA Matériel de terrassement AUSTRALIE 2002
nature relativement à l’abri des risques de type grand- ABB AUSTRALIA NOUMEA Composants électriques, moteurs AUSTRALIE 2005
banditisme (falsification, vols avec violence). électriques
Si l’utilisation du FCFP peut apparaître comme un ALSTOM AUSTRALIA NOUMEA Chaudières et éléments pour centra- AUSTRALIE 2005
les électruque
frein supplémentaire dans l’intégration économique
mondiale, il faut la relativiser là encore car c’est avant DATA # 3 SARL NOUMEA Services informatiques AUSTRALIE 2005
tout la performance des entreprises qui améliore leur GOLDER NC NOUMEA Bureau d’Etudes (environnement, AUSTRALIE 2005
niveau d’internationalisation. géologie)
SALMON NS SARL NOUMEA Location et entretien de matériels de AUSTRALIE 2005
terrassement
5.12 U
 n manque d’attractivité
pour les investisseurs étrangers ANZ NOUMEA Banque AUS/NZ 2006
Un indicateur d’intégration dans la mondialisation est ATCO NC NOUMEA Construction d’installation modu- AUSTRALIE 2006
laire de chantier
le nombre d’entreprises étrangères implantées dans un
pays. CAPE NC NOUMEA Echaffaudages industriels AUSTRALIE 2006
La Nouvelle-Calédonie a une économie et des infras- LUCAS NOUMEA Construction de pipelines AUSTRALIE 2006
tructures du type de celles que l’on trouve dans les pays MACCONNELL DOWELL NOUMEA Construction d’infrastructures AUS/NZ 2006
développés. Le pays est sûr, la législation et l’environne- MCDERMOTT AVIATION NOUMEA Travaux aériens AUSTRALIE 2006
ment administratif sont stables, la fiscalité est faible, et
les coûts de main d’œuvre sont inférieurs à la plupart BOC GAS NOUMEA Fournitures industrielles AUSTRALIE 2007

des pays développés. Le système d’éducation est bon, GLADSTONE PACIFIC NOUMEA Nickel AUSTRALIE 2007
le niveau culturel est élevé, les activités de loisirs sont IDP Education NOUMEA Etudes/Formation AUSTRALIE 2007
nombreuses. Les rendements financiers des investisse- RAPID WALL NC NOUMEA Procédé rapide de constructions AUSTRALIE 2007
ments sont en général bons voire très bons. Tous ces modulaires
critères sont considérés comme des critères d’attracti- SCORE PACIFIC NOUMEA Maintenance de valve en titane AUSTRALIE 2007
vité des investissements directs étrangers. TRANSFIELD WORLEY NOUMEA Maintenance industrielle AUSTRALIE 2007
La situation géographique peut être un avantage
YORK LININGS NOUMEA Installation de réfractaires AUSTRALIE 2007
concurrentiel décisif pour les entreprises qui ont besoin
de travailler en décalage horaire par rapport à l’Europe. SECU RUSWIN NOUMEA Fourniture de systèmes de sécurité AUSTRALIE 2008
Source : ADECAL

La Nouvelle-Zélande a d’ailleurs saisi ce créneau en atti- SILCAR NOUMEA Maintenance industrielle AUSTRALIE 2008
rant des centres d’ingénierie et d’expertise à distance (y MITSUI Bureau d’achat depuis 30 à 35 ans JAPON ?
compris des centres travaillant avec l’Allemagne).
Le tableau ci-contre montre que seules des entreprises d’origine tie régler ce problème, mais la Nouvelle-Calédonie aura sans doute
régionale (Pacifique) ont choisi de s’implanter. Mais aucune entre- des difficultés à rattraper le retard qu’elle a pris.
prise étrangère n’est venue s’implanter en Nouvelle-Calédonie Le tableau ci-dessus montre également que le premier critère
dans le but de développer un centre à partir duquel conquérir des d’attractivité de la Nouvelle-Calédonie est la présence des projets
parts de marché dans le Pacifique Sud ; la seule motivation est de miniers : les investissements étrangers, qui sont d’implantation
répondre au marché local. Le même constat peut être fait pour les récente pour la plupart, sont presque tous sous-traitants ou pres-
entreprises d’origine métropolitaine. La principale explication se tataires du projet de Goro aujourd’hui et peut être de l’usine du
trouve dans les surcoûts liés à l’insularité : coûts directs et indirects Nord demain. Ces différentes entreprises pourraient repartir à la
du fret pour les intrants et les exportations, coûts et complexité fin des chantiers.
de la maintenance des outils de production, cherté de la sous- Cette situation peut priver le pays des savoir-faire et des compéten-
traitance locale, etc. ces que pourraient apporter de grands groupes étrangers.
La Nouvelle-Calédonie n’a pas non plus valorisé son avantage La Nouvelle-Calédonie manque d’un plan d’action offensif ci-
concurrentiel en matière de décalage horaire avec l’Europe : aucu- blé sur les investissements internationaux mobiles. C’est le rôle de
ne entreprise n’occupe ce créneau. Une des explications est sans l’ADECAL, mais pour être efficace, elle doit pouvoir proposer une
doute à rechercher parmi les problèmes de communication via palette d’outils d’accompagnement convaincants. La Nouvelle-
l’outil internet (coût et qualité des échanges). La mise en service Calédonie a su mobiliser des avantages fiscaux pour les projets
récente, par l’OPT, d’un câble numérique vers l’Australie, va en par- miniers. Il n’y a pas de dispositifs comparables pour attirer d’autres

124
types d’investissement. Il est aussi possible de citer le manque d’of- Il est donc difficile de dire si une telle intégration serait un
fre immobilière pour accueillir des projets innovants. La pépinière avantage ou un inconvénient pour l’économie calédonienne. Des
d’entreprises ne répondra sans doute pas à cet objectif. analyses plus approfondies sont indispensables avant d’aller plus
Il faut aussi s’interroger sur la position de la Nouvelle-Calédonie loin, et des éclairages juridiques sont à apporter.
face aux grandes multinationales minières. L’expérience antérieu- Cependant, il faut souligner la structuration des entreprises ca-
rement vécue avec la SLN montre que l’économie du pays, et lédoniennes qui reste encore faible pour affronter des échanges
tout particulièrement les recettes publiques, sont extrêmement internationaux très concurrentiels. Par contre, développer ces coo-
dépendantes du cours mondial du nickel. La Nouvelle-Calédonie pérations renforcerait l’intégration régionale.
doit donc préciser quelles sont ces attentes et exigences face à Les entreprises expriment tout de même le souhait de faci-
ces investissements, et quelles limites elle se fixe dans les mesures liter les échanges avec la zone, mais sous certaines conditions.
d’accompagnement mobilisées. L’exemple est la formalisation d’un accord douanier intéres-
Enfin, il faut le rappeler, même si les accords de Matignon, puis sant signé avec la Polynésie, mais qui n’a pas produit les effets
de Nouméa ont amené une certaine stabilité politique, les inves- escomptés, puisque au même moment, la Polynésie a révisé
tisseurs étrangers peuvent encore s’interroger sur l’avenir politique son système de droits de douanes et a créé une TVA. Pourtant,
de la Nouvelle-Calédonie. améliorer les échanges commerciaux entre ces deux territoires
est intéressant.
5.13 U
 n manque cruel de benchmarking
et de prospective 5.14 .2 Le respect des règles de l’Organisation
Pour s’intégrer dans la mondialisation, il est important de savoir ce Mondiale du Commerce (OMC)
que font les autres afin de pouvoir définir ses avantages concurren- L’accord de Marrakech instituant l’Organisation mondiale du com-
tiels, et de trouver son bon positionnement. Il faut aussi essayer de merce, auquel sont annexés les accords sur le commerce des
comprendre les tendances, les mouvements mondiaux. marchandises, le commerce des services, l’agriculture, etc., a pour
Or il n’existe pas d’outils de ce type. Cette intelligence économique objet de favoriser le commerce international, en assurant la bonne
pourrait s’appuyer sur les outils métropolitains, mais cela n’est pas marche et la liberté des échanges. L’idée de base est que les pays
le cas. peuvent exporter plus de produits et de services dans les domai-
Il n’y a pas eu de réflexion stratégique sur les secteurs à orienter nes dans lesquels ils excellent, et qu’a contrario ces pays peuvent
vers l’international, les investissements étrangers que nous étions répondre à certains de leurs besoins en se fournissant dans d’autres
prêts à accueillir. pays à des coûts inférieurs aux leurs. Quelques grands principes
De fait, il est alors plus difficile de prévoir et d’anticiper, et cela peut gouvernent ces accords, tels que :
être préjudiciable pour le développement des entreprises et du lc lause de « la nation la plus favorisée » : les avantages douaniers

territoire. accordés à un pays doivent l’être aussi à tous les autres ;


Cependant, le réflexe benchmarking commence à être bien lr éduction des obstacles au commerce : diminution progressive et

présent avec la multiplication des déplacements à l’étranger de négociée des droits de douane, engagement des pays à ne pas
délégations sur des sujets divers. rehausser les droits de douane une fois ceux-ci abaissés, suppres-
sion des interdictions à l’importation et des contingentements ;
5.14 Des questions en suspens lt ransparence : publication locale et/ou notification à l’OMC des

5.14.1 Les accords d’échanges PICTA- PACER mesures adoptées ;


En 2001, les Etats membres du Forum des Iles du Pacifique (la Nou- lc oncurrence loyale : interdiction du dumping et des subven-

velle-Calédonie est membre associé depuis 2006) ont adopté deux tions.
accords internationaux en matière de libre échange : Des exemptions peuvent être autorisées, sous réserve de condi-
l le Pacific Agreement on Closer Economic Relations (PACER) ; tions rigoureuses.
l le Pacific Islands Countries Trade Agreement (PICTA). Dans notre environnement régional, l’Australie, la Nouvelle-
Le PACER met en place un cadre général pour la future coopération Zélande, Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont membres de
économique entre les Etats membres et prévoit un accord de libre l’OMC, le Vanuatu est pour le moment en position d’observateur.
échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La France a ratifié cet accord de Marrakech fin 1995 et, comme
Le PICTA qui est un accord de libre échange entre les Etats c’est le cas pour tous les traités internationaux, cette ratification a
insulaires du Pacifique membres du Forum, couvre aussi bien automatiquement des effets en droit interne7. Ni l’accord ni sa rati-
les échanges de marchandises que de services. Les pays non fication n’ayant prévu une exclusion ou un traitement dérogatoire
indépendants (dont la Nouvelle-Calédonie) peuvent intégrer aux règles générales à propos de la Nouvelle-Calédonie8, celle-ci
cet accord. est donc ipso facto concernée par les règles de l’OMC. Mais la ques-
La Nouvelle-Calédonie a entamé des négociations avec le Fo- tion d’apprécier les conséquences précises de cette situation n’est
rum pour intégrer le PICTA. Mais se posent deux difficultés pour pas aisée. Par exemple, il est reconnu aux pays en développement
lesquelles aucune décision n’est prise à ce jour : la possibilité de relever leurs droits de douane afin de « protéger les
l l a question de l’origine des produits transformés en provenance industries naissantes ». La Nouvelle-Calédonie peut-elle bénéficier
de pays tiers (Australie et Nouvelle-Zélande) qui transiteraient par d’une telle règle ?
un Etat membre du PICTA : quelle taxation leur incombe ? ; Il n’existe à ce jour aucun éclairage juridique satisfaisant sur une
l l ’impact économique et social d’une telle intégration est encore telle question, ce qui ne permet donc ni d’assurer que les princi-
mal évalué, avec sans doute deux phases, la première étant celle pes appliqués actuellement en matière de tarifs douaniers ou de
du PICTA puis la seconde celle du PACER. A la lecture des textes, restriction à l’importation vont pouvoir s’appliquer dans la durée
l’intégration du premier accord ne semble pas entraîner automa- pour continuer de protéger les productions locales, existantes ou
tiquement l’intégration du second accord. nouvelles, ni le contraire.

7
Article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois ».
8
Décision du conseil constitutionnel n° 88-247 DC du 17 janvier 1989, suite à une saisine qui concernait la Polynésie : « le champ d’application territoriale d’une convention
internationale est déterminé par ses stipulations ou par les règles statutaires de l’organisation internationale sous l’égide de laquelle elle a été conclue, et la détermination
de ce champ d’application ne relève donc pas de la loi qui en autorise la ratification ». 125
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

5.14.3 L’emploi local termes d’emploi ? Ne peuvent-elles pas apporter des compé-
Le développement des projets miniers, l’exigence accrue des tences manquantes ? Quelle est alors la place de la protection
compétences techniques dans les entreprises, l’implanta- de l’emploi local ? Il est là encore difficile de dire aujourd’hui
tion d’entreprises étrangères amènent à recourir à une main si cette protection est un frein ou un accélérateur, mais il est
d’œuvre de plus en plus qualifiée. Mais les compétences et indispensable de se poser la question de l’impact d’une telle
qualifications attendues ne sont pas toujours disponibles sur approche.
le territoire. Les entreprises doivent donc faire appel à des
recrutements extérieurs. Mais certaines d’entre elles peu- 5.15 D
 es freins qui ne sont pas irrémédiables
vent hésiter à recourir à la main d’œuvre par crainte de se pour la plupart
confronter à des représentations syndicales qui privilégient L’éloignement et l’isolement géographique sont les seuls freins
uniquement l’emploi local. sur lesquels il n’est pas possible d’agir. Même si les progrès
Certes, il est logique de favoriser l’emploi local à compétences et technologiques facilitent les communications en rapprochant
qualifications égales, mais cela ne doit pas être au détriment du virtuellement les différentes régions du monde, cet éloigne-
développement des entreprises. Il y a une situation de plein emploi ment des marchés aura toujours un coût.
qui est sans doute durable et les entreprises manquent de main Par contre, la Nouvelle-Calédonie peut avoir des effets de levier
d’œuvre compétente. sur tous les autres freins, à la condition d’inscrire ces actions dans
Si elle est mal utilisée, la protection de l’emploi local peut être une réflexion stratégique aboutie. Le coût de la main d’œuvre
un frein à l’internationalisation des entreprises calédoniennes, aussi (masse salariale+productivité) reste un frein si on se positionne
bien pour leur développement que pour l’accueil de nouveaux sur des productions à faible valeur ajoutée, par contre, il devient
projets. moindre sur des productions à très haute valeur ajoutée. L’ac-
La question de l’emploi local, dans un contexte de mon- compagnement des PME à l’export peut être réalisé par des
dialisation est un point important mais délicat. De nouvelles structures déjà en place.
populations arrivent. Pour preuve, la subdivision nord ac- Les axes stratégiques retenus par le schéma de développement
corde des titres de séjours à des brésiliens, des chinois, des pourront guider les actions prioritaires à mettre en œuvre pour
indiens…Quel accueil doit on réserver à ces personnes en atténuer ces freins.

6. Des atouts pour une insertion plus rapide


6.1 Des ressources naturelles à valoriser patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Cette distinc-
Outre le nickel, beaucoup d’autres ressources naturelles peuvent tion, si elle est intelligemment mise en valeur, peut avoir des
représenter un potentiel d’exploitation intéressant sur les marchés retombées économiques conséquentes, non seulement pour
internationaux. Certaines espèces végétales et marines peuvent le tourisme, mais aussi pour les entreprises manufacturières. En
sans doute être exploitées pour la pharmacologie ou la cosméto- effet, la Nouvelle-Calédonie peut devenir plus lisible à l’interna-
logie par exemple. Et, ce d’autant qu’il y a peu de maladies sur le tional et le « made in » peut être marketé.
territoire et que la qualité phytosanitaire peut être un atout non
négligeable. 6.4 Un marché francophone régional
Autre ressource naturelle : l’espace. Ces grands espaces peuvent Les grands pays industriels limitrophes se refusent en géné-
être valorisés pour des productions agricoles destinées aux mar- ral à pratiquer le double étiquetage (anglais/français) pour
chés locaux et mondiaux. Une partie de ces espaces peut aussi être des petits volumes de production, et avec environ 500 000
consacrée à la création de zones d’activité orientées vers l’accueil personnes, le marché francophone reste une niche. La Nou-
de projets étrangers. velle-Calédonie, avec son outil industriel, peut profiter de cet
espace ainsi libéré, pour prendre des positions de leader sur
6.2 Un tissu industriel affirmé certaines productions (stratégie restant à définir). C’est sans
Avec plus de 1 000 entreprises industrielles, un véritable tissu doute un premier pas vers plus d’international, mais qui sera
de compétence et de savoir-faire a été créé. Très orienté vers le vite limité.
marché local dans un premier temps, il peut devenir une force de L’utilisation du français devient un atout alors et on peut imagi-
frappe pour un marché régional et international. La FINC confirme ner que ce « made in France Pacifique » puisse se valoriser sur
d’ailleurs que bon nombre de ses adhérents sont intéressés par d’autres marchés, mais cela reste à préciser.
l’exportation, non seulement par intérêt économique mais aussi
pour la valorisation de leur entreprise. 6.5 Un marché Pacifique solvable
La dynamique entrepreneuriale très présente peut être mise à pro- Si le Pacifique présente la particularité d’avoir beaucoup de
fit pour créer des entreprises sur des créneaux internationaux. petits Etats insulaires pauvres, il y a tout de même l’Australie,
Des marchés de niche délaissés par les multinationales peuvent la Nouvelle-Zélande, et les pays d’Asie qui offrent des dispo-
être saisis par les PME. nibilités de marchés. Par contre, pour l’instant, en dehors du
Mais une étude plus précise des potentiels internationaux est nickel et de l’aquaculture, les marchés ciblés sont à préciser
indispensable pour définir les secteurs à soutenir. et des négociations commerciales avec ces pays doivent être
débattues.
6.3 L ’inscription au patrimoine mondial Les pays de la zone Asie se développent rapidement et
de l’Humanité peuvent devenir une cible intéressante pour le tourisme calé-
En juillet 2008, une partie des récifs coralliens a été inscrite au donien.

126
7. U
 ne place institutionnelle en évolution
dans le contexte régional
Les rapports de la France avec les états du Pacifique ont beau- exemple - que la Nouvelle-Calédonie peut mettre en place en
coup changé depuis les années 70. Les relations diplomatiques partenariat avec la CPS.
et commerciales sont amenées à évoluer. La place de la France
dans cet environnement connaît donc des évolutions. 7.2 U
 ne stratégie d’intégration des organisa-
Pour les autres états du Pacifique, les plus développés en parti- tions régionales qui reste à affirmer
culier, la présence française est importante. Il ne faut pas minimiser l’intérêt d’être présent dans de nombreu-
La Nouvelle-Calédonie représente une alternative à la Nouvelle- ses institutions, mais il faut s’interroger sur les objectifs poursuivis
Zélande et à l’Australie pour les petits états insulaires. dans ces coopérations. Quel bénéfice souhaitons-nous en reti-
Pour les deux puissances voisines, elle apporte de la stabilité ré- rer ? Et par conséquent, quel poids est-il indispensable d’avoir
gionale et elle est le plus grand marché de proximité avec un auprès de ces organisations ?
pouvoir d’achat élevé. Plus largement, quelle est la stratégie à adopter vis-à-vis des
Face à la Chine qui augmente son aire d’influence dans le Pacifi- pays voisins ? Pour quels secteurs voulons nous développer nos
que, en s’appuyant sur sa diaspora, la Nouvelle-Calédonie peut relations régionales : le culturel ? l’économie ? la formation ?
participer du contre poids politique et économique.
7.3 Des moyens mobilisés éclatés
7.1 U
 ne intégration accrue La définition d’une politique régionale, la mise en œuvre d’un
dans les organisations régionales plan d’action stratégique demandent des moyens importants et
La Nouvelle-Calédonie participe à 13 organisations régionales la mobilisation de nombreux acteurs. Le développement des re-
dans le Pacifique (voir tableau en annexe) en qualité de membre, lations internationales passe aussi par la capacité à appréhender
membre associé ou observateur, ce qui lui permet d’écouter, de les stratégies de rayonnement des autres pays, et plus spécifi-
dialoguer et de participer aux travaux d’intérêt régional et de quement des pays voisins.
coopération multilatérale et bilatérale (domaines des ressources La Nouvelle-Calédonie est compétente pour les questions de
naturelles et énergétiques, développement durable et environ- coopération régionale et les provinces pour toutes les coo-
nement, réchauffement climatique, la pêche, la coopération pérations décentralisées, c’est-à-dire avec des collectivités
scientifique, économique et sociale, environnementale, bonne équivalentes dans les autres pays. Ces dernières peuvent porter
gouvernance, la sécurité, la santé, la culture, jeunesse et sport, sur des domaines qui relèvent de leur compétence.
etc.). Les réunions de coordination entre les présidents des
La Nouvelle-Calédonie accélère son processus d’implication assemblées de province et du gouvernement n’ont pas systémati-
régionale : quement lieu. Aussi, une certaine absence de cohérence dans les
lL ’accord de Nouméa en 1998 puis la loi organique en 1999 ap- actions de coopération altère la lisibilité de la politique extérieure
portent des compétences à la Nouvelle-Calédonie en matière et rend la relation avec nos interlocuteurs parfois plus complexe.
de relations extérieures. Elle peut en effet décider de négocier En outre, la Nouvelle-Calédonie manque de moyens de
des accords avec un ou plusieurs Etats, territoires ou organis- benchmarking et d’analyse.
mes régionaux dépendant des institutions spécialisées des
Nations Unies, toujours dans le respect des obligations inter- 7.4 Une porte de l’Europe dans le Pacifique
nationales de la France ; Pour l’Union Européenne, le Pacifique présente des ressources
le n 2003, le Président de la République évoque l’importance naturelles et des problèmes écologiques d’importance mondiale.
des relations régionales et souhaite que les collectivités liées Mais il doit faire face au défi d’établir une stabilité et une sécu-
à la France soient de plus en plus intégrées dans leur environ- rité politique. L’Union Européenne cherche donc à poursuivre le
nement. Il place ces collectivités dont la Nouvelle-Calédonie dialogue avec cette région du monde sur des questions aussi
comme des interlocuteurs privilégiés pour les Etats du Paci- bien politiques qu’économiques, tout en cherchant à concen-
fique ; trer son appui sur la coopération régionale économique et en
le n 2006, le statut de la Nouvelle-Calédonie au sein du forum améliorant la coordination de ses aides avec celles d’Australie et
des Iles du Pacifique évolue pour prendre la place de membre de Nouvelle-Zélande. L’Europe cherche à garder une place face
associé ; aux puissances comme la Chine, le Japon ou les Etats-Unis qui
le n 2008, lors de la réunion de ce même forum, la France souhai- renforcent leur présence dans la région.
te un renforcement des relations entre la Nouvelle-Calédonie Les relations entre l’Europe et les PTOM devraient évoluer en
et ses pays voisins du Pacifique. 2013. Des études sont en cours : Livre Vert (relation UE / PTOM),
Cette ouverture prouve une reconnaissance certaine du poids et caractéristiques et enjeux des RUP (Région Ultra Périphérique),
de l’influence de la Nouvelle-Calédonie. Depuis 20 ans maintenant, négociations entre l’UE et les pays ACP du Pacifique pour un
la Nouvelle-Calédonie a une place de plus en plus affirmée dans accord de partenariat économique (APE).
le Pacifique Sud. Cela se traduit, par exemple, par l’implantation à La Nouvelle-Calédonie peut donc être un acteur majeur (en
Nouméa du siège de la CPS (Communauté du Pacifique). tant que l’un des trois PTOM du Pacifique) pour contribuer à la
La présence de la CPS à Nouméa renforce la place que peut présence européenne dans le Pacifique. Et l’adossement à l’Eu-
prendre la Nouvelle-Calédonie dans l’espace régional. Et cela rope peut lui donner un poids supplémentaire dans la zone.
renforce également les projets - de développement rural par Dans la stratégie de l’Union Européenne, la Nouvelle-Calé-

127
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

donie peut représenter un poste avancé sur lequel s’appuyer D’un point de vu stratégique, toutes ces actions visent à faire de
pour créer un centre d’expérience et d’expertises au bénéfice la Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique un territoire ressource
des autres petits Etats sur des sujets aussi divers que les droits dans le domaine du sport, avec le souhait de rééquilibrer l’action
de l’homme ou les principes de l’économie de marché. L’Europe des territoires francophones dans le Pacifique face à l’hégémo-
souhaite créer des Accords de Partenariats Economiques pour fa- nie actuelle des pays anglo-saxons.
ciliter la diffusion de produits et services d’origine européenne.
Au travers du FED, l’Union Européenne soutient la Nouvelle- 7.6 U
 ne culture qui a des difficultés
Calédonie dans le renforcement de ses compétences en lui à s’exporter
allouant 500 millions de FCFP par an (depuis près de 10 ans La Nouvelle-Calédonie dispose d’un patrimoine culturel dense
destinés à la formation). Cela contribue à la consolidation d’un que les différents acteurs culturels dont l’ADCK s’emploient à
centre d’expertise local. essayer d’exporter depuis 10 ans. Par exemple, en 2007, une
opération forte a été menée en Nouvelle-Zélande avec « l’année
7.5 U
 ne implication dans le sport de la Nouvelle-Calédonie » . Des moyens conséquents ont été
qui participe au rayonnement mobilisés pour cette action ciblée.
La Nouvelle-Calédonie évolue dans un environnement régional Cependant, la culture calédonienne, plutôt basée sur le
où le sport tient une place très importante que ce soit d’un point monde kanak, connaît des difficultés à s’inscrire dans les circuits
de vue social comme économique. culturels mondiaux, aussi bien pour les arts picturaux que pour
La particularité du sport calédonien est de bénéficier de l’ex- la danse, la musique, et la littérature. Seuls les circuits métro-
pertise française en matière de formation et de préparation à la politains font exception du fait des relations historiques avec la
performance sportive et de s’enrichir de la proximité de l’Austra- Nouvelle-Calédonie.
lie et de la Nouvelle-Zélande. Les freins à cette diffusion mondiale sont d’ordre divers :
En ce qui concerne les relations avec l’environnement régional, l i l existe une véritable concurrence des cultures des petits pays

la volonté politique est de permettre aux équipes de Nouvelle- qui cherchent à se faire reconnaître sur la scène mondiale et les
Calédonie de participer aux compétitions sportives organisées artistes calédoniens, ambassadeurs de la culture locale, appré-
dans la région, et donc l’adhésion aux organismes internatio- hendent mal cette concurrence ;
naux est recherchée, en accord avec les fédérations françaises l l a diffusion de la culture doit répondre de plus en plus à des

concernées. critères économiques : le développement artistique doit en-


Dans le domaine du sport et dans la zone Pacifique, le Comité traîner du chiffre d’affaires et les artistes locaux éprouvent des
Territorial Olympique et Sportif de Nouvelle-Calédonie adhère difficultés à se fondre dans ces cadres bien déterminés ;
au Conseil des Jeux du Pacifique composé de 22 pays (l’Australie lN  ew York décide de plus en plus ce qui est de l’art, donc de la

et la Nouvelle-Zélande en sont exclues). Le concept et les objec- culture, sur la base de critères plutôt anglo-saxons liés au com-
tifs des Jeux sont définis ainsi : (…) promouvoir une compétition merce, et souvent les arts comme ceux que l’on peut trouver
et des jeux de niveau mondial, prestigieux et amicaux, et déve- ici, ne sont pas considérés comme de grande qualité ;
lopper le sport au profit des peuples, des Etats et des Territoires l l a Nouvelle-Calédonie a une image très faible et très floue et

qui composent la communauté du Pacifique ». ne peut pas se prévaloir d’artistes connus mondialement sur
Cet évènement majeur qui rassemble tous les quatre ans plu- lesquels elle pourrait appuyer sa promotion culturelle. En un
sieurs milliers de sportifs océaniens dans 28 disciplines sportives mot, elle manque d’outils marketing ;
pendant 15 jours représente le plus grand regroupement des lp  our rayonner au niveau mondial, il faut pouvoir disposer d’un

populations du Pacifique. catalogue complet d’artistes divers, ce qui n’est encore pas le
De plus, la Nouvelle-Calédonie participe aux Océania (com- cas ;
pétitions internationales regroupant l’ensemble des pays du l l a culture internationale demande de d’innovation, ce qui est

Pacifique Sud, Australie et Nouvelle-Zélande inclues). encore peu le cas en Nouvelle-Calédonie.


En 2006, après un très gros travail diplomatique, le Comité A côté de cela, la situation géographique entre l’Asie, l’Australie
Olympique Territorial et Sportif de Nouvelle-Calédonie est de- et la Nouvelle-Zélande est un atout de par les marchés qu’ils
venu membre associé de l’ONOC (Oceania National Olympic représentent mais aussi par les outils technologiques qu’ils déve-
Committee). loppent et qui pourraient être exploités par nos artistes.
La plupart des ligues calédoniennes adhèrent désormais avec Le monde culturel existe seulement depuis une vingtaine
l’accord des fédérations françaises, aux fédérations océaniennes. d’année et il est en train de s’étoffer pour pouvoir s’adresser aux
Des responsables calédoniens exercent des responsabilités au publics étrangers. Les circuits culturels locaux continuent à se
sein de ces fédérations, la fédération océanienne de tennis de structurer.
table est ainsi présidée par un Calédonien. Les jeunes s’ouvrent de plus en plus sur le monde et intè-
En 2005, lors des mini-jeux de Palau, le CTOS a obtenu l’orga- grent des influences extérieures dans leurs propres productions
nisation des Jeux du Pacifique de 2011 en Nouvelle-Calédonie. culturelles, ce qui à l’avenir devrait faciliter la diffusion de leurs
En 2008, le siège du Conseil des Jeux du Pacifique sera installé à œuvres.
Nouméa grâce à l’appui financier de la Nouvelle-Calédonie. La diffusion culturelle a des mécanismes qui se rapprochent
Enfin, l’année 2006 et 2008 ont vu l’ouverture des premiers donc des critères économiques classiques.
centres océaniens sur le sol calédonien.
Le centre océanien d’haltérophilie, reconnu au plus haut niveau 7.7 Un interêt militaire mesuré
mondial est installé en Nouvelle-Calédonie depuis février 2008. Ce La défense du territoire reste à ce jour de la compétence de l’Etat
centre accueille en résidence des athlètes de tout le Pacifique et 10 français. Les forces armées de la Nouvelle-Calédonie sont pla-
d’entre eux ont participé aux Jeux olympiques de Pékin. cées sous la responsabilité du ministre de la défense.

128
Cependant, la présence des forces armées françaises dans le ganisations internationales spécifiques :
Pacifique renforce la position de la Nouvelle-Calédonie dans l l e groupe de coordination quadrilatéral de défense : Il ras-

le développement de ses relations régionales. Elle apporte aux semble les représentants des forces armées de l’Australie, la
petits pays insulaires voisins une garantie pour leur avenir, en Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis ainsi que les forces armées
termes de surveillance et de défense. Elle renforce le partenariat de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie. L’objectif est
avec les puissances voisines comme l’Australie qui est l’un des de coordonner et d’optimiser les actions menées au profit des
premiers clients de l’industrie française de l’armement. pays insulaires du Pacifique dans un large spectre allant de la
Les forces armées de la Nouvelle-Calédonie ont établi diffé- lutte contre la pêche illicite à l’aide humanitaire ou l’assistance
rents types de partenariats avec les pays de la zone qui disposent en cas de catastrophe naturelle ;
de forces armées : lO  pération Croix du sud : cet exercice grandeur nature réunit plus

l Nouvelle-Zélande ; de 2 000 hommes issus des armées françaises, néo-zélandaises,


l Australie. australiennes, vanuataises et tongiennes. Grand exercice mili-
Il s’agit de mener des exercices en commun, d’effectuer des taire multinational avec forces déployées, il est conduit tous
échanges de section, de former les troupes : les deux ans par les Forces armées de la Nouvelle-Calédonie
lP apouasie-Nouvelle-Guinée : formations des troupes, dons de (FANC) sur la Grande-Terre et aux îles Loyauté. Croix du sud est
matériels ; un signe de la place des FANC dans le Pacifique. Elle contribue
lF idji : actuellement suspendu en raison des évènements po- à l’intégration régionale de la Nouvelle-Calédonie.
litiques ; L’intégration régionale des forces armées est une des raisons
lT onga : conseils techniques et tactiques, cession de matériels, pour lesquelles les effectifs militaires basés en Nouvelle-Calédo-
mise à disposition d’heures de vol pour la lutte contre la pêche nie sont moins touchés que la Polynésie française par la réforme
illicite ; actuelle des armées. Les forces présentes seront maintenues
lV anuatu : travaux de type civilo-militaire au profit des habi- mais avec une légère réduction en nombre.
tants : réhabilitation ou construction de bâtiments à vocation Cependant, dans le cadre de la réflexion stratégique à plus long
publique, formation des troupes, fourniture de matériels, mise à terme de la présence des forces armées françaises dans le mon-
disposition d’heures de vol pour la lutte contre la pêche illicite. de, il est légitime de s’interroger sur la place que prendra alors la
Les forces armées participent également à des opérations et or- Nouvelle-Calédonie.

8. U
 ne population de plus en plus tournée
vers le reste du monde
8.1 D
 es outils de communication ÉVOLUTION DES CONNEXIONS INTERNET
en développement mais mal maîtrisés
60 000
Avec l’arrivée du câble Nouméa-Sydney au mois de septem-
52 883
bre 2008, l’accès à internet va être facilité pour les Calédoniens. 50 000 48 540 49 412 50 317
Cependant, même si le nombre de personnes connectées à 40 000
internet croit rapidement - l’ISEE comptabilisait 5 146 abon-
30 000
nés à l’ADSL en 2004 et près de 10 000 en 2005 et près de 26 365
21157 22 019 22 591
20 000 aujourd’hui, ce qui représente entre 60 et 80 000 in- 20 000 19 946
15 833
ternautes (source ACTIC) – il reste de fortes disparités entre 10 000 11 085 13 112
les populations selon leur localisation géographique, et selon
0
leur pouvoir d’achat. Un abonnement à internet coûte envi-
Source : ACTIC - OPT

ron 7 480 CFP (montant moyen mensuel en 250 Ko/s) contre


3 600 CFP par mois en métropole (ADSL+TV+téléphone illi-
mité, 8 Mo/s). Accès téléphonique Connexion Internet Connexion Adsl
Le coût reste sans aucun doute un frein au développement de
l’utilisation d’internet par les populations, combiné à un taux démontre bien de la faible orientation vers les pays anglo-
d’équipement en ordinateurs qui reste encore peu élevé puis- saxons voisins.
que seulement 36% des ménages en possèdent un (chiffres ISEE Il semble que l’accès à ces nouveaux moyens de communica-
2004). tion et d’information provoque quelques difficultés :
Pourtant, le nombre de connexions internet évolue progressi- ld es difficultés relationnelles, plus particulièrement dans le

vement comme le montre le graphique ci-contre. monde kanak, où le modèle social et culturel est bousculé par
Il est difficile de décrire l’usage qui est fait des outils internet. les informations que les jeunes trouvent sur internet ;
Dans un autre registre, le nombre de foyers abonnés à ld es frustrations du fait des différences entre ce qui est visible

Canal Sat, seul bouquet satellite disponible en Nouvelle-Ca- sur le net ou via le satellite et ce qui est réellement disponible
lédonie, atteint 32 000 abonnés en mai 2008, soit près de 50% en Nouvelle-Calédonie ;
des foyers. Cependant, si les abonnés veulent avoir accès à lc omme dans la plupart des pays industrialisés, les jeunes peu-

des chaînes en langue étrangère, ils doivent s’équiper d’une vent devenir dépendants de ces outils. Ce phénomène est sans
seconde antenne satellite et d’un décodeur spécifique. Cela doute plus présent en milieu urbain qu’en milieu rural.

129
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

8.2 U
 ne consommation 8.3 U
 ne adaptation culturelle plus difficile pour
de plus en plus certaines communautés
diversifiée mais créant des décalages La mondialisation favorise l’approche individualiste, la recherche
au sein de la société du profit monétaire, ce qui est en opposition avec le système
Au premier semestre 2008, l’OPT a traité 122 000 colis et pa- d’organisation traditionnel encore très présent. Les kanak sont
quets d’origine extérieure à la Nouvelle-Calédonie (de plus en pour la plupart encore assez éloignés de l’économie de marché.
plus proviennent d’Asie), ce qui représente une augmentation Il faut veiller à ne pas accentuer la fracture sociale. Ces aspects
de 25% entre 2007 et 2008. Une telle progression est très ré- sont développés dans l’atelier 5.
cente. Cette augmentation montre bien que les Calédoniens
ont internationalisé leurs achats dans l’objectif d’une plus 8.4 Une population qui voyage plus
grande diversité de produits et de prix plus attractifs. C’est Les Calédoniens voyagent de plus en plus, dépassant les 100 000
aussi un nouveau mode d’achat des consommateurs qui voyages en 2007. En moins de 10 ans, le nombre de voyages a
vient directement concurrencer l’offre locale et peut donc augmenté de près de 50%. La France et l’Australie restent les
engendrer des « manques à gagner » pour le commerce destinations préférées.
local. Mais quelles sont les motivations premières à ces nou- Cette augmentation peut s’expliquer par une augmentation du
veaux achats : recherche de nouveauté, recherche de qualité, pouvoir d’achat, mais on peut aussi l’expliquer par une soif de
recherche de prix bas ? découverte des Calédoniens. Les moyens d’information et de
La grande distribution qui se développe depuis une quin- télécommunication ont ouvert une fenêtre sur le monde qui se
zaine d’années a aussi permis l’accès à plus grande diversité traduit par un intérêt grandissant pour les voyages.
de produits dont beaucoup sont d’origine étrangère. Cepen- La confrontation avec d’autres cultures et sociétés accélère l’in-
dant, il n’y a pas dans les rayons, une offre « internationale » tégration dans la mondialisation.
plus marquée que dans la plupart des grandes surfaces mé- Par contre, il n’existe pas de données sur le nombre exact de per-
tropolitaines. sonnes qui voyagent chaque année. Combien de Calédoniens
Pourtant, tout le monde n’a pas le même accès à cette nou- sortent du territoire ? Cet indicateur serait sans doute plus perti-
velle offre : la grande distribution est peu présente en brousse, nent pour mesurer le degré d’internationalisation des habitants.
tout comme l’accès à internet. Les populations d’origine
européenne sont plus préparées à cette diversité et sauraient 8.5 Une peur profonde et non fondée d’être
mieux l’appréhender. Cela peut accentuer des décalages en- submergés par les nouveaux arrivants
tre les populations. En l’absence d’autre source exhaustive, le solde migratoire est
L’évolution des modes de consommation a donc des déterminé par l’ISEE à travers les données des recensements de
conséquences plus problématiques dans les populations population. Les dernières données disponibles sont celles du
mélanésiennes et polynésiennes : recensement 2004, qui faisaient apparaître un solde migratoire
lr echerche de produits occidentaux et faciles à préparer, ce global sur la période 1996-2004 de 6 591 personnes, soit un
qui peut engendrer une perte d’intérêt pour les produits solde annuel moyen de 787 personnes (environ 2 000 arrivées
traditionnels donc avoir une conséquence sur l’agriculture ; et 1 200 départs par an).
lu ne surconsommation de
ACCROISSEMENT DE LA POPULATION EN NOUVELLE-CALÉDONIE
produits sucrés ou autre
entrainant l’obésité (30%
de la population connaît
ces problèmes, source
DASS) ;
Source : “ statistiques démographique édition 2007 “ - ISEE

lu ne utilisation de pro-

duits avec de plus en plus


d’emballage ce qui rend la
gestion des déchets plus
compliquée en milieu tribal
comme en milieu urbain.
A l’image des pays industria-
lisés, l’offre commerciale a
tendance à s’uniformiser avec
des produits venus du
monde entier. Les produits
de consommation alimentaire néo-zélandais et australiens Seul le recensement d’août 2009 pourra apporter des ré-
qui pouvaient être prédominants il y a quelques années ponses totalement fiables, mais entre deux recensements, il
et qui venaient compléter l’offre des produits agricoles locaux, est possible d’opérer par estimations. A partir des chiffres pu-
sont aujourd’hui concurrencés par des produits d’autres ori- bliés par l’ISEE, on peut ainsi voir qu’il se dégage une tendance
gines. à la hausse des flux migratoires dans les années récentes,
Comme déjà vu précédemment, tout produit confondu, hausse assez faible qui contredit l’impression générale d’une
l’Union Européenne représentait 42,9% des importations en Nouvelle-Calédonie devenue terre de forte immigration de-
2007, l’Australie 10,7% et la Nouvelle-Zélande 4%. puis quelques mois...

130
SOLDE MIGRATOIRE ANNUEL ESTIMÉ PAR L’ISEE
( EN NOMBRE DE PERSONNEs PAR AN ) Le recensement 2004 dénombrait 2 780 personnes d’ori-
1600 gine étrangère et résidents permanents, soit moins de 2% de
1400
la population, dont 2 665 en province Sud. En décembre 2007,
1200
le haut-commissariat recensait 6 684 étrangers répartis entre
2 626 résidents permanents et 4 058 résidents temporaires dont
1000
1 618 ouvriers philippins du chantier de Goro. Les nationalités
800
les plus représentées sont le Vanuatu avec 1 309 ressortissants
600
Valeur annuelle puis l’Union Européenne avec 827 ressortissants. L’Australie et le
400 Moyenne
Linéaire (Valeur annuelle)
Canada dénombrent respectivement 314 et 308 ressortissants.
Source : ISEE

200
La Nouvelle-Zélande en comptabilise 121.
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
On peut dresser les conclusions suivantes:
l l a Nouvelle-Calédonie est peu attractive pour les populations

Ces données sont confortées par l’examen des mouve- des pays développés du Pacifique Sud ;
ments arrivée/départ se faisant par voie aérienne à La Tontouta, l l a présence de ressortissants étrangers est très liée aux grands

données qui aident à cerner correctement l’examen des flux mi- projets industriels.
gratoires car l’essentiel des mouvements arrivée/départ se fait Face à ces migrations internationales, la position des habitants
par voie aérienne9. reste ambigüe. Les kanak rappellent qu’ils sont un peuple ac-
De plus, l’analyse des flux migratoires permet de suivre les cueillant et que l’immigration n’est donc pas un problème en
personnes changeant de résidence, ce qui peut inclure des arri- soi. Mais, en même temps, et les travaux de Benoit Carteron (Sur
vées et des départs de Calédoniens de naissance. On constatera le seuil de la maison commune) l’affirment également, il y a une
par exemple que, entre les deux recensements de 1996 et 2004, véritable crainte d’être envahi. Cette position se retrouve, sous
les flux migratoires n’ont pas empêché une augmentation de la des aspects différents, dans les deux principales communautés.
proportion des personnes nées en Nouvelle-Calédonie parmi Cette peur peut se traduire dans l’emploi avec le développe-
l’ensemble de la population résidente à la date du recensement. ment du concept de la priorité à « l’emploi local ».
De plus, 50 % des personnes nées en dehors du territoire sont Cette donnée sociologique est à prendre en compte dans le
installées depuis plus de 12 ans (donnée du recensement 2004). développement international de la Nouvelle-Calédonie. En effet,
attirer des entreprises de l’extérieur implique forcément l’arrivée
STRUCTURE DE LA POPULATION SELON LE LIEU DE NAISSANCE
AUX DIFFERENTS RECENSEMENTS de salariés étrangers.
Source : Tableaux de l’économie calédonienne 2006 - ISEE

Or il n’existe pas de « circuit » d’accueil des immigrants comme


1976 1983 1989 1996 2004 cela peut être le cas au Canada par exemple. Quelqu’un qui ar-
Nouvelle-Calédonie 74,6 76,8 78,0 76,7 76,8 rive sur le territoire doit seul comprendre la culture, les codes de
comportement,…
Métropole et DOM 12,2 11,6 10,8 12,4 13,9

TOM 6,9 5,6 5,3 5,1 4,2

Pays étrangers 6,3 6,0 5,8 5,8 5,1

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0


Unité : %

TAUX DES PERSONNES NÉES EN NOUVELLE-CALÉDONIE


DANS LA POPULATION TOTALE (EN %)

79

78

77

76

75

74

73
Source : ISCE

72
1976 1983 1889 1996 2004

Rappelons enfin qu’il est avéré qu’une partie des flux mi-
gratoires de ces dernières années est le fait de l’installation de
retraités de la fonction publique d’Etat, donc avec un impact
plutôt positif sur l’emploi en Nouvelle-Calédonie (nombre de
pensions versées par l’Etat ayant augmenté de 4056 en 1996 à
6149 en 2007 – source Trésorerie générale).

9
Sur la période ayant séparé les deux derniers recensements, on a compté à La Tontouta en moyenne annuelle 516 arrivées de plus que de départs, à comparer au chiffre de 787
personnes/an issue des recensements. Cette différence peut s’expliquer par l’existence de (faibles) flux migratoires ne passant pas par La Tontouta (trafic maritime), et par le fait
que certaines personnes peuvent être décomptées à la fois au recensement comme résidentes, et comme passagers venant de quitter le territoire via La Tontouta.
131
du diagnostic4
Les rapports des 9 ateliers
Atelier
Mondialisation

Annexe I
Tableau des organisations internationales
Nom Adresse Objet Membres
Agence des pêches du Forum PO Box 629 Honiara Iles Salomon Créée en 1979, la FFA a pour objectif de promouvoir la gestion et le Australie, Etats Fédérés de Micronésie, Iles Cook, Iles
Forum Fisheries Agency (FFA) développement durables des ressources marines vivantes (notamment les Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue,
stocks de poissons migrateurs) dans le Pacifique central et occidental. A Nouvelle-Zélande, Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée,
cette fin, elle fournit une assistance à ses membres en matière de gestion, Samoa, Tokelau, Tonga, Tuvalu, Vanuatu.
de conservation et d’exploitation de ces ressources dans leurs zones
économiques exclusives respectives, et à travers des actions visant à amélio-
rer la capacité de ses membres à assumer leurs compétences dans la ZEE et
renforcer la solidarité régionale. La France n’est pas membre de la FFA, mais
la Nouvelle-Calédonie bénéficie du statut d’observateur permanent depuis
le 14 mai 1998.
Commission des Géosciences Private Mail Bag, GPO, Suva Iles Fidji La SOPAC a été créée en 1972. Ses domaine d’intervention incluent les Australie, Etats Fédérés de Micronésie, Iles Cook, Iles
Appliquées du Pacifique Pacific ressources minérales, les ressources en eau, l’énergie, l’environnement Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru,
Islands Applied Geo-Science côtier, l’évaluation des risques naturels, l’environnement océanique, le Niue, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Palau,
Commission développement des ressources humaines, la publication et la mise à Papouasie Nouvelle-Guinée, Polynésie française, Samoa
disposition d’ouvrages techniques et la gestion des désastres naturels. La Américaines, Samoa, Tonga, Tokelau, Tuvalu, Vanuatu.
France n’est pas membre de la SOPAC. Cependant, la Nouvelle-Calédonie a
la qualité de membre associé depuis 1991.
Communauté du Pacifique B.P. D5 98848 Nouméa Créée en 1947, la CPS est un organisme apolitique d’aide technique et de Australie, Commonwealth des Iles Mariannes du Nord,
(CPS) Secretariat of the Pacific Cedex,Nouvelle-Calédonie recherche, à vocation régionale. Les domaines d’intervention de la CPS ont Etats Fédérés de Micronésie, Etats-Unis, France, Guam,
Community pour objet les ressources marines (pêches hauturière et côtière), les ressour- Iles Cook, Iles Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati,
ces terrestres (agriculture et forêts), la santé, les statistiques, l’économie, Nauru, Niue, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande,
la démographie, la technologie, la condition féminine dans le Pacifique, Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée, Pitcairn, Polynésie
la jeunesse et la culture. La France en est membre depuis sa création et la française, Samoa Américaines, Samoa, Tokelau, Tonga,
Nouvelle-Calédonie y siège à part entière depuis 1983. Tuvalu, Vanuatu, Wallis et Futuna.
Conseil de coopération économi- Nassim Road Singapour258372 Créé en 1980, le Conseil vise à fournir à ses membres un forum régional Australie, Brunei, Darussalam, Canada, Chili, Chine,
que du Pacifique Pacific Economic pour favoriser et promouvoir la coopération, l’harmonisation des politiques Colombie, Equateur, Hong Kong (Chine), Indonésie,
Cooperation Council (PECC) économiques et le développement économique dans la région Asie-Pacifi- Japon, Corée du Sud, Malaisie, Mexique, Nouvelle-
que. La France à travers ses collectivités d’outre-mer, est membre associé du Zélande, Pérou, Philippines, Singapour, Forum des Iles
PECC. La Nouvelle-Calédonie peut donc être associée aux travaux du Conseil du Pacifique, Taipei Chine, Thaïlande, USA,Vietnam
au sein de la délégation française.
Forum des Iles du Pacifique GPO Box 856 Suva Iles Fidji Fondé en 1971, le Forum a un rôle politique important, en ce qu’il constitue Australie, Etats Fédérés de Micronésie, Iles Cook, Iles
Pacific Islands Forum un espace de dialogue où les dirigeants politiques des Etats membres Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue,
peuvent s’exprimer sur des sujets d’intérêt politique et économique. Il a Nouvelle-Zélande, Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée,
également un rôle technique, qui vise à promouvoir la coopération régio- Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu. Membre associé :
nale en matière de commerce et d’investissement, de sécurité et d’aviation Polynésie française, Nouvelle-Calédonie.
civile- dont la mise ne œuvre pratique est confiée au Secrétariat du Forum.
Comme pour la FFA, la France n’est pas membre du Forum (bien qu’elle
soit associée au dialogue Post-Forum). La Nouvelle-Calédonie est membre
associé depuis octobre 2006.
Organisation des Douanes c/o Secretariat of the Pacific Comm- Créée en 1999, l’OCO a succédé au CHARM (Customs Head of Administration Australie, Commonwealth des Mariannes du Nord,
Océaniennes Oceania Customs nity Private Mail Bag, Suva Fiji Régional Meeting), une conférence annuelle régionale visant à promouvoir Etats Fédérés de Micronésie, Guam, Iles Cook, Iles
Organisation(OCO) l’harmonisation et la simplification des procédures douanières, l’introduc- Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue,
tion de nouvelles méthodes, l’échange d’informations et la coopération Norfolk ,Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Palau,
entre ses membres en matière douanière. Aujourd’hui, l’OCO poursuit cette Papouasie Nouvelle-Guinée, Polynésie française, Samoa
mission et compte comme membres 23 administrations douanières de américaines, Samoa,, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Wallis
l’Océanie. La Nouvelle-Calédonie et la France y sont représentées par la et Futuna.
Direction Régionale des Douanes de Nouvelle-Calédonie.
South-pacific travel (ex SPTO) PO Box 13119 Suva, Fidji Créée dans les années 1980 sur la base du Tourism Council of the South Australie, Cook, Chine, Fidji, Iles Salomon, Nouvelle-
Pacific (une association d’organismes nationaux chargés de la promotion Calédonie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Polynésie
du tourisme), la SPTO est une organisation régionale intergouvernementale française, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu.
dont l’objectif fondamental est la promotion, de la coopération et du dé-
veloppement touristique dans le Pacifique Sud. A ce titre, la SPTO organise
la participation des pays du Pacifique à des foires promotionnelles du
tourisme, effectue des études de marché et assure des séminaires de forma-
tion. La Nouvelle-Calédonie est membre de cette organisation, mais elle n’y
siège plus en raison du transfert de compétences de tourisme aux provinces.
Programme de développement East West Center 1777 East West Etabli en 1980, le PIDP a pour mission de fournir des services professionnels Commonwealth des Mariannes du Nord, Etats Fédérés
des Iles du Pacifique Pacific Road Honolulu HI 96848 et de recherches d’informations aux dirigeants du Pacifique dans le do- de Micronésie, Guam, Hawaii, Iles Cook, Iles Fidji, Iles
Islands Development Program maine du développement économique et social. Le PIDP délivre également Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue, Nouvelle-
(PIDP) des bourses pour des séjours linguistiques à l’Université d’Hawaii et assure Calédonie, Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée, Samoa
le secrétariat de la Commission commerciale conjointe entre les Etats-Unis américaines, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu.
et les pays insulaires du Pacifique. A l’inverse de la France, la Nouvelle-
Calédonie est membre du PIDP.
Programme Régional Océanien P.O. Box 240 Apia, Samoa A ses origines, le PROE était un programme rattaché à l a CPS. Au cours des Australie, Commonwealth des Mariannes du Nord,
de l’Environnement Pacific Regio- années 80, les activités du PROE se sont développées et, à l’initiative des Etats Fédérés de Micronésie, Etats Unis d’Amérique,
nalEnvironment Program (SPREP) gouvernements et administrations du Pacifique, il est devenu une orga- France, Guam, Iles Cook, Iles Fidji, Iles Marshall, Iles
nisation régionale indépendante, chargée de promouvoir la coopération Salomon, Kiribati, Nauru, Niue, Nouvelle-Calédonie,
environnementale dans le Pacifique Sud et de fournir l’assistance nécessaire Nouvelle-Zélande, Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée,
à la protection de l’environnement et à l’instauration d’un développement Samoa américaines, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu,
durable dans cette région. La France et la Nouvelle-Calédonie sont membre Wallis et Futuna.
de cette organisation.

132
Commission économique et The United Nations Building, Créée en 1947, la Commission est l’organe régional du Secrétariat des Afghanistan, Arménie, Australie, Azerbaïdjan, Bangla-
sociale pour l’Asie et le Pacifique Rajadamnern Nok Avenue 10200 Nations Unis pour la région Asie Pacifique. A ce titre, elle intervient dans desh, Bhutan, Brunei Darussalam, Cambodge, Chine,
(CESAP), United Nations Economic Bangkok Thaïland plusieurs domaines et notamment ; la coopération économique régionale, Etats Fédérés de Micronésie, Etats-Unis d’Amérique,
and Social Commission for Asia le développement des ressources naturelles et l’environnement, le déve- France, Géorgie, Iles Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon,
and the Pacific (UNESCAP) loppement social, la population et le développement rural et urbain, les Inde, Indonésie, Iran, Japon, Kazakhstan, Kiribati,
transports, la communication, le tourisme et le développement des infras- Corée du Sud, Corée du Nord, Kyrgyzstan, Laos,
tructures, les statistiques. La France est membre à part entière de la CESAP Malaisie, Maldives, Mongolie, Myanmar, Nauru, Népal ,
et la Nouvelle-Calédonie a un statut de membre associé depuis le 31 juillet Nouvelle-Zélande, Pakistan, Palau, Papouasie Nouvelle-
1992. Membre associé : Samoa américaines, Guam, Hong Kong, Iles Cook, Guinée, Pays Bas, Philippines, Royaume Uni, Russie,
Macao, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Niue, Commonwealth des Samoa, Singapour, Sri Lanka, Tadjikistan, Thaïlande,
Mariannes du Nord. Timor oriental, Tonga, Turquie, Turkménistan, Tuvalu,
Uzbekistan, Vanuatu, Vietnam.
Commission des pêches du WCPFC P.O. Box 2356 Kolonia Créée le 5 septembre 2000 par la Convention d’Honolulu, la Commission Australie, Canada, Chine, Iles Cook, Communauté
Pacifique Central et Occidental POHNPEI 96941Etats Fédérés de des pêches du Pacifique central et occidental s’occupe de la gestion des Européenne, Etats Fédérés de Micronésie, Iles Fidji,
Western and Central Pacific Micronésie stocks de poissons grand migrateur dans le Pacifique central et occidental. France (+Nouvelle-Calédonie + Polynésie française +
Fisheries (WCPFC) La Nouvelle-Calédonie est territoire participant (participating territory) Wallis et Futuna), Indonésie, Japon, Kiribati, Corée, Iles
sans droit de vote. Marshall, Nauru, Nouvelle-Zélande (+ Tokelau), Niue,
Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée, Philippines, Samoa,
Iles Salomon, Royaume de Tonga, Taïwan, Tuvalu,
Etats-Unis (+ Marianne du Nord + Guam + Samoa
Américaines), Vanuatu.
Organisation Mondiale de la OMS Bureau régional pour le Institution spécialisée des Nations Unies pour la santé, l’OMS a été fondée Les Etats et territoires du Pacifique occidental suivants
Santé (OMS) World Health Pacifique occidental P.O. Box 2932 le 7 avril 1948. Elle a pour but principal d’amener tous les peuples au sont membres de l’OMS ou y sont représentés :
Organisation (WHO) Manille, Philippines niveau de santé le plus élevé possible. S’agissant du bureau régional pour le Australie, Brunei Darussalam, Cambodge, Chine, Iles
Pacifique occidental, celui-ci a été créé en 1951. La France est membre de Mariannes du Nord, Etats Fédérés de Micronésie, Iles
l’OMS et, du fait de la situation géographique de ses collectivités d’outre- Cook, Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Polynésie
mer du Pacifique, participe aux travaux du bureau régional pour le Pacifique française, Guam, Hong Kong, Japon, Kiribati, Corée du
occidental. La Nouvelle-Calédonie a donc la possibilité d’être intégrée dans Sud, Laos, Macao, Malaisie, Mongolie, Nauru, Niue,
la délégation française. Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Palau, Papoua-
sie Nouvelle-Guinée, Philippines, Samoa Américaines,
Samoa, Singapour, Tokelau, Tonga, Tuvalu, Vanuatu,

Source : D’après Cameron Diver (parue dans la revue Doctrine)


Vietnam, Wallis et Futuna.
Association des Comités Olympi- University of South Pacific Fiji L’ONOC est l’organisme déconcentré du Comité international olympique Samoa américaine, Australie, Iles Cook, Etats
ques Océaniens Oceania National en charge pour l’Océanie du développement et de la promotion du sport. fédérés de Micronésie, Iles Fidji, Guam, Kiribati, Iles
Olympic Committees (ONOC) Cet organisme bénéficie de l’appui et des fonds de solidarité du CIO. La Marshall, Nauru, Nouvelle-Zélande, Palau, Papouasie
Nouvelle-Calédonie est membre associée depuis 2005. Nouvelle-Guinée, Samoa, Salomon, Tonga, Vanuatu,
Nouvelle-Calédonie
Conseil des Jeux du Pacifique Maison du Sport 24, rue Duquesne Le Conseil des Jeux du Pacifique est dépositaire de la charte des Jeux du Samoa américaine, , Iles Cook, Etats fédérés de
Pacific Games Council 98846 Nouméa Pacifique qui fixe les conditions depuis 1963 d’organisation des Jeux. Il Micronésie, Marianne du Nord, Iles Fidji, Guam, Kiribati,
est constitué des représentants des comités olympiques des 22 pays de la Iles Marshall, Nauru, Palau, Papouasie Nouvelle-Guinée,
zone couverte par la communauté du Pacifique. Concept : « promouvoir Samoa, Iles Salomon, Tonga, Vanuatu, Nouvelle-Calédo-
une compétition et des Jeux de niveau mondial, prestigieux et amicaux, nie, Tahiti, Wallis et Futuna, Tokelau, Tuvalu, Norfolk
et développer le sport au profit des peuples, des Etats et des territoires qui
composent la communauté du Pacifique

Annexe II
Rappel du mandat de l’atelier

Pour définir les « orientations fondamentales » de la Nouvel- l’impact sur la balance commerciale et sur la balance des paie-
le-Calédonie appelées par l’article 211 de la loi organique, il ments. Le même exercice sera mené sur les échanges liés à la
faudra prendre en considération le phénomène de la mon- culture, l’éducation, la recherche, …
dialisation. En tenant compte du contexte mondial, il sera effectué un
Le terme « mondialisation » désigne le développement de inventaire des atouts du pays, et de ses potentiels à valoriser.
liens d’interdépendance entre hommes, activités humaines Enfin, il faudra se poser la question de la place actuelle de la
et systèmes politiques à l’échelle du monde. Ce phénomène Nouvelle-Calédonie dans ce contexte mondial : participations
touche la plupart des domaines. Il est accéléré par la diffusion aux organisations internationales, organisations régionales, re-
mondiale des informations par les médias et sur internet. lations bilatérales.
Aussi, dans cet atelier, on regardera les effets induits de la Le but de cet atelier n’est, pas plus que pour les autres ateliers,
mondialisation sur l’économie, la culture et les modes de vie et d’entrer dans les détails de chacun des items mais d’arriver à un
de consommation en Nouvelle-Calédonie. positionnement clair de la Nouvelle-Calédonie dans le contexte
La mondialisation entraîne une évolution des échanges, il de mondialisation, avec ses atouts, ses faiblesses, les problèmes
sera intéressant de voir quelles évolutions la Nouvelle-Calédonie que cela pose et les attentes d’une population de plus en plus
connaît à ce titre : importations, exportations, et par conséquent ouverte sur le monde.

133
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 4
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Mondialisation

et des Relations Extérieures


Annexe III SEVERIAN Philippe, Direction du Développement Rural
de la province Sud (DDR)
Membres inscrits à l’atelier SIMON Olivier, Institut d’Emission pour l’Outre-Mer (IEOM)
SONG Nataël, mairie de Koumac
ARLIE Jean-Michel, Agence de Développement Economique TUTUGORO Joachim, Centre Hospitalier du Nord (CHN)
de la Nouvelle-Calédonie (ADECAL) VARIN Nils, Atlas Sarl et Association Régionale Nouvelle-Calé-
AYAWA Jean-Marie, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique donie des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de Défense
(ASEE) Nationale (IHEDN)
BEUSTES Annie, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie VILAS Jean-Pierre, Office de Commercialisation
BOANO Gabriel, commune de Touho et d’Entreposage Frigorifique (OCEF)
BOUR Stéphane, mairie de Nouméa VIRAPIN Laure, Etablissement de Régulation
BOYER Jean-Marc, Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) des Prix Agricoles (ERPA)
BUGUET Jacques, Haut-commissariat WADRAWANE Jacques, assemblée de la province Sud
CAILLARD Philippe, Société Le Froid - CCI WAMALO Jacques Aizik, assemblée de la province
CERVANTES Lucien, Trésorerie Générale des îles Loyauté
de la Nouvelle-Calédonie
CHUNG WEE Alain, ADECAL Secrétariat :
DEBOUVERIE Yves, Direction de l’Aviation Civile (DAC) AUGUIN Olivier, Service de l’Aménagement
DECAMP Janine, Syndicat des Industries de la Mine (SIM) et de la Planification – gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
DESPLAT André, Chambre de Commerce CHARDIN Olivier, KPMG Audit
et d’Industrie de Nouvelle-Calédonie (CCI) CHERVI-DRAN Catherine, Direction régionale
DIVER Cameron, Direction Juridique des Douanes de Nouvelle-Calédonie (DRDNC)
et Administration Générale de la province Sud L’HERMITTE Jean-Roald, Direction régionale
DOITEAU Julie, Agence Française de Développement (AFD) des Douanes de Nouvelle-Calédonie (DRDNC)
GERMAIN Philippe, Fédération des Industries de Nouvelle-Ca- MERZEAU Michel, Chambre de Commerce
lédonie (FINC) et d’Industrie de Nouvelle-Calédonie (CCI)
GUAENERE Danielle, assemblée de la province des îles Loyauté SEMAVOINE Laurent, cellule de la Coopération Régionale
HABAULT Christian, Syndicat des Industries de la Mine (SIM) et des Relations Extérieures - gouvernement
HERAUT Jean-Pierre, SDV TTI Nouméa - de la Nouvelle-Calédonie
MEDEF Nouvelle-Calédonie
KASARHEROU Joël, 166e-services sarl
LA SELVE Mimsy, Société Le Froid
LAFLEUR Philippe, Direction du Port Autonome
de la Nouvelle-Calédonie
LASNIER Michel, Syndicat des Commerçants
en Nouvelle-Calédonie Annexe IV
LASSIMOUILLAS Claude, Direction de la Jeunesse
et des Sports de la Nouvelle-Calédonie (DJS) Bibliographie
LE BRUN Laurent, Direction du Développement Economique
et de l’Environnement de la province Nord (DDE-E) 1. S chéma d’aménagement et de développement de la
LE POUL Philippe, Nouvelle-Calédonie 2011 Nouvelle-Calédonie – État des lieux - Haut-commissariat de
L’HERMITTE Jean-Roald, Direction régionale des Douanes la République en Nouvelle-Calédonie - Gouvernement
de Nouvelle-Calédonie (DRDNC) de la Nouvelle-Calédonie – Mai 2002
LOGOLOGOFOLAU Ana, mairie du Mont-Dore 2. La Nouvelle-Calédonie en 2007 – Institut d’émission
MACHORO Caroline, congrès de la Nouvelle-Calédonie d’Outre Mer – Edition 2008
et Assemblée de la province Nord 3. L ’économie calédonienne en mouvement – CEROM
MANATE Térona, USOENC – Edition décembre 2005
MASSON Jean-Michel, Air Calédonie International (AIR CALIN) 4. Bilan Economique et social 2007 – ISEE – Edition avril 2007
MERZEAU Michel, Chambre de Commerce et d’Industrie 5. Tableaux de l’économie calédonienne – ISEE – Edition 2008
de Nouvelle-Calédonie (CCI) 6. N ickel 2010 en Nouvelle-Calédonie – Actes du colloque
OLLIVAUD Patrick, Direction de l’Economie, de la Formation international organisé les 7 et 8 juillet 2005 par l’USOENC
et de l’Emploi de la province Sud (DEFE) 7. N ouvelle-Calédonie Nickel 2010 : une nouvelle ère indus-
PAPONAUD Jean-Jacques, Association Corail Vivant trielle – étude du Cabinet Syndex sur les impacts
PASCO Valéry, Association Ensemble pour la Planète (EPLP) économiques, sociaux et environnementaux du développe-
POININE Alphonse, mairie de Touho ment du nickel, préparatoire au colloque international Nickel
RUSTERHOLTZ Christèle, Association Ensemble pour la Planète 2010 - juillet 2005
(EPLP) 8. S chéma de mise en valeur des richesses minières - adopté
SANTINO Alain-George, Parti politique par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie le 12 août
«Le Mouvement de la Diversité» (LMD) 2008 – DIMENC – Juillet 2008
SEMAVOINE Laurent, cellule de la Coopération Régionale

134
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

5
Atelier 5
Développement, culture
et valeurs identitaires
Président
Monsieur Patrice Godin,
ethnologue

Décembre 2008

135
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5

du diagnostic
Développement, culture et valeurs identitaires

Résumé
Riche d’une forte diversité ethnique et issue d’une histoire complexe, la Nouvelle-Calédonie est un
creuset au sein duquel le questionnement identitaire est très présent. Même si l’on y a parfois, indi-
viduellement ou collectivement, du mal à se définir soi-même ou à se sentir pleinement concerné
par ce qui affecte l’autre, la multiplicité des sentiments identitaires ne signifie pas, loin s’en faut, que
chaque communauté se renferme sur ses propres valeurs. L’accord de Nouméa a utilisé les mots
justes, tant pour les descendants du peuple originel que pour les autres communautés, afin d’évo-
quer à la fois le passé et l’avenir, et l’heure est bien à la construction d’une identité et d’un destin
communs, si difficile que la tâche puisse apparaître. L’affirmation de valeurs partagées, manifestées
et actualisées dans l’espace et le temps collectifs, la référence à une même histoire fondatrice et
la volonté de travailler ensemble pour « construire le pays » constituent de solides bases pour la
communauté en gestation.

Support des différentes identités culturelles présentes dans l’archipel, le lien à la terre néo-calédo-
nienne est l’un des problèmes les plus aigus posés à cette construction, parce que révélateur de
nombreux besoins et aspirations qui s’expriment aujourd’hui dans le pays : enracinement social
et spirituel, activité économique, habitat, infrastructures et équipement. Pour beaucoup, ce lien
constitue le fondement de leur présence sur ce territoire, mais chacun l’appréhende et valorise la
terre de manière spécifique.

Malgré le chemin parcouru depuis les débuts de la réforme foncière, l’épineuse question de la re-
vendication des chefferies et des clans kanak au titre du lien coutumier n’est pas close. Par ailleurs,
dans un contexte de relative pénurie et donc de cherté de terres privées, notamment en zone
péri-urbaine, la valorisation des terres coutumières devient un enjeu de plus en plus affirmé. Mal-
gré les besoins des tribus, cette valorisation ne progresse que lentement, car elle est entravée par
divers facteurs. Parmi ces derniers, on peut citer le fait que : les processus de décision sont longs
et complexes, la nature des droits collectifs et individuels sur les parcelles n’est pas stabilisé, des
contestations peuvent se faire jour entre coutumiers, le statut très protégé des terres (les quatre
« i » : incessibles, incommutables, inaliénables et insaisissables) empêche leur apport en garantie
pour un prêt bancaire, la solution du bail est peu utilisée notamment car aucun cadrage des baux
n’existe. Au total, tout investissement sur terre coutumière reste significativement plus difficile et
risqué que sur terres privées, même pour les personnes de statut coutumier.

A travers en particulier les GDPL et le développement des OGAF, les investissements sont cepen-
dant possibles, le plus souvent avec l’appui des collectivités et des fonds de garantie créés par
les provinces. Les usages de la terre coutumière peuvent, depuis peu, être sécurisés par un acte
coutumier, créateur de droits réels pour le bénéficiaire, mais il faudra du temps avant que cette
réforme entre pleinement dans les usages. Dans ce contexte de développement, la question de
l’application aux terres coutumières de certaines règles de bonne gestion en matière d’aménage-
ment (urbanisme, assainissement, etc.) mériterait d’être mieux tranchée car la situation actuelle est
un frein aux politiques d’aménagement sur terres coutumières.

0136
136
Ces aspects fonciers rejoignent directement la question du développement socio-économique
des communautés océaniennes. On constate que les modèles de développement traditionnel
et occidental sont presque toujours présentés comme étant en totale contradiction. Pourtant, ils
sont plutôt à regarder comme complémentaires. D’une part, les kanak souhaitent, pour beaucoup,
pouvoir s’intégrer à une économie de marché, qu’ils savent indispensable à la construction du pays.
D’autre part, tradition et modernité n’ont rien d’incompatibles. Des passerelles existent, d’autres
sont à inventer en particulier grâce à l’adaptation des réglementations, de la fiscalité, du code
du travail. Il s’agit de permettre l’émergence de formes différenciées de développement (auto-
subsistance, économie mixte, pluri-activité, production marchande…) et leur coexistence au sein
d’un même espace socio-économique. La démarche n’est pas facile, les visions « traditionnelle » et
« moderne » du monde du travail sont différentes (rapport à l’argent, rythmes, réalités socio cultu-
relles…), mais il est possible d’envisager des aménagements et des modes d’accompagnement
répondant aux besoins et aux souhaits réels des personnes.

Concernant les politiques et équipements culturels, il est noté que ceux-ci contribuent à l’émer-
gence de pratiques communes et de lieux de partage. Les nombreux équipements culturels sont
des outils au service du développement de la culture et de l’émergence d’une citoyenneté néo-
calédonienne. Les politiques culturelles provinciales répondent aux attentes spécifiques de chaque
type de population. On dénonce cependant une absence de vision d’ensemble pour une meilleure
lisibilité des actions à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire. De plus, les actions culturelles mé-
riteraient d’être coordonnées, dans un souci d’efficacité. Ce rôle n’est aujourd’hui que partiellement
assuré par la Nouvelle-Calédonie.

0137
137
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5

du diagnostic
Développement, culture et valeurs identitaires

Sommaire
1. Les politiques et les équipements culturels............................................................. 140
1.1 D
 es compétences éclatées et des politiques culturelles différentes
selon les institutions ............................................................................................................................................ 140
1.1.1 Des compétences limitées pour la Nouvelle-Calédonie ................................................ 140
1.1.2 Une participation active de l’État .................................................................................................. 140
1.1.3 Une compétence de droit commun des provinces ........................................................... 140
1.1.4 Des actions culturelles communales ........................................................................................... 140
1.1.5 Des politiques culturelles reposant sur un socle commun… .................................... 140
1.1.6 … mais répondant à des problématiques spécifiques à chaque province .. 140
1.1.7 … et à chaque commune ...................................................................................................................... 141
1.2 Forces et faiblesses des politiques culturelles en place vis-a-vis
de l’attente des populations ........................................................................................................................... 141
1.2.1 Des moyens financiers importants, notamment
par le biais des contrats de développement ....................................................................... 141
1.2.2 La décentralisation de la compétence et des politiques culturelles .................. 141
1.2.3 La reconnaissance et l’affirmation de l’identité culturelle kanak ......................... 141
1.2.4 La forte implication des différents acteurs de la culture ............................................ 141
1.2.5 Une coordination à améliorer ........................................................................................................... 141
1.2.6 Un manque de vision d’ensemble ................................................................................................ 141
1.2.7 Un manque de lisibilité des politiques culturelles .......................................................... 142
1.2.8 Un manque d’outils, de moyens humains et d’organes de presse .................... 142
1.2.9 Des acteurs peu entendus ................................................................................................................. 142
1.2.10 Un manque de formation ................................................................................................................... 142
1.2.11 Un déficit qualitatif dans l’offre culturelle ............................................................................. 142
1.2.12 Une dispersion de la population .................................................................................................. 142
1.2.13 Une politique culturelle trop timide vis-à-vis de l’extérieur .................................... 142
1.2.14 Une insuffisante prise en compte des industries culturelles .................................. 143
1.2.15 Une présentation trop traditionnelle ......................................................................................... 143
1.2.16 Une prise en compte partielle de l’ensemble des identités .................................... 143
1.3 Des équipements culturels nombreux… .................................................................................................. 143
1.3.1 Un outil à la dimension du pays : l’ADCK ............................................................................ 143
1.3.2 Les Archives de la Nouvelle-Calédonie ................................................................................... 143
1.3.3 La Bibliothèque Bernheim ................................................................................................................ 143
1.3.4 Le Conservatoire de Musique de Nouvelle-Calédonie ................................................. 143
1.3.5 L’Académie des langues kanak ..................................................................................................... 143
1.3.6 Le service du Patrimoine et des Musées .............................................................................. 143
1.3.7 Le Théâtre de l’Ile ................................................................................................................................... 144
1.3.8 Les autres équipements ..................................................................................................................... 144
1.4 … Mais présentant certaines limites .......................................................................................................... 144
1.4.1 Un manque de coordination ............................................................................................................ 144
1.4.2 Une dépendance financière par rapport aux institutions et aux politiques 144
1.4.3 Le manque d’équipements culturels dans l’intérieur et aux îles Loyauté ... 144
1.4.4 Le déficit d’accessibilité pour les publics en situation de handicap .............. 144

2. L’émergence d’une citoyenneté néo-calédonienne ........................................ 144


2.1 La pleine reconnaissance de l’identité kanak .................................................................................... 144
2.2 La légitimation des autres communautés ............................................................................................ 144
2.3 La construction du destin commun ........................................................................................................... 145
2.3.1 La nécessité d’affirmer des valeurs partagées… ............................................................... 145
2.3.2 …en assumant une histoire plurielle et commune… ...................................................... 145
2.3.3 …en intégrant des éléments patrimoniaux communs et visibles dans l’espace… ... 145
2.3.4 …et en suscitant l’intérêt des Calédoniens pour l’autre ............................................ 145

138
3. Le foncier ...................................................................................................................................................................... 146
3.1 Une particularité calédonienne : la force du lien à la terre .................................................... 146
3.1.1 Une définition variable du foncier… ............................................................................................ 146
3.1.2 …mais un lien fort à la terre partagé par tous ................................................................... 146
3.1.3 Un lien à la terre sacralisé chez les kanak ............................................................................ 146
3.1.4 Un lien à la terre fort chez les Calédoniens ......................................................................... 147
3.1.5 Une tentative de conciliation des deux principales visions ..................................... 148
3.2 Trois statuts de foncier, relevant de règles distinctes ................................................................ 148
3.2.1 U  ne propriété publique vaste mais constituée principalement
de zones naturelles ................................................................................................................................. 148
3.2.2 Une propriété privée régie par le droit commun ............................................................. 148
3.2.3 Des terres coutumières régies par la coutume .................................................................. 149
3.3 Un accès à la terre difficile .............................................................................................................................. 150
3.3.1 Un coût important du foncier privé ............................................................................................ 150
3.3.2 Des problèmes également sur les terres coutumières ................................................. 150
3.3.3 Une pratique de la location peu répandue ............................................................................ 150
3.3.4 Des efforts de l’ADRAF pour mettre en valeur le foncier ............................................ 150
3.4 Une situation d’insécurité sur les droits fonciers ........................................................................... 150
3.4.1 Des contestations assez fréquentes ............................................................................................. 150
3.4.2 L’enjeu de la sécurisation du foncier ......................................................................................... 151
3.4.3 L’acte coutumier, créateur de droit et contribuant à une meilleure stabilité ... 151
3.4.4 L’importance du respect du chemin coutumier ................................................................... 152
3.4.5 Le projet d’un cadastre coutumier ................................................................................................ 152
3.4.6 Des droits parfois incertains découlant directement de la coutume .................. 152
3.5 Des investissements sur terres coutumières longs et délicats ............................................ 152
3.5.1 Des délais de prise de décision souvent très longs ........................................................ 152
3.5.2 L’absence de garantie recevable pour un organisme prêteur .................................. 153
3.5.3 Une évaluation difficile des projets sur terres coutumières ...................................... 153
3.5.4 U  ne localisation géographique parfois peu favorable
au développement économique ..................................................................................................... 153
3.6 L a difficulté pour les pouvoirs publics d’accompagner
le développement des terres coutumières .......................................................................................... 153
3.6.1 Une absence de règles d’urbanisme ............................................................................................ 153
3.6.2 Un manque d’outils en matière d’habitat ............................................................................... 154
3.6.3 L’application des règles coutumières aux équipements publics ............................ 154
3.6.4 Structures d’accompagnement aux projets économiques .......................................... 154
3.7 Deux
 outils au service du développement en terres coutumieres :
les gdpl et les ogaf ........................................................................................................................................... 154
3.7.1 Les GDPL ........................................................................................................................................................... 154
3.7.2 Les OGAF .......................................................................................................................................................... 155
3.8 D ouze recommandations formulées à l’issue du séminaire d’octobre
2001 sur le foncier et le développement .............................................................................................. 155

4. Développement économique, travail et identités culturelles ......... 156


4.1 D
 es communautés en quête d’unité ......................................................................................................... 156
4.1.1 Des différences culturelles… ................................................................................................................ 156
4.1.2 …
 qui fonctionnent parfois comme des contradictions
et entretiennent la méconnaissance réciproque ................................................................ 156
4.1.3 Des inégalités sociales aussi ............................................................................................................. 157
4.1.4 Une diversité nécessaire à la construction commune .................................................... 158
4.2 Vers une économie commune et diversifiée ....................................................................................... 159
4.2.1 Pour une simplification et une adaptation des réglementations ........................... 159
4.2.2 Une fiscalité à adapter ........................................................................................................................... 159
4.2.3 Un code du travail et des règles d’entreprise à repenser .......................................... 159
4.2.4 Un véritable accompagnement du développement économique .......................... 160

Annexe I Rappel du mandat de l’atelier .......................................................................................................................... 161


Annexe II Membres inscrits à l’atelier ................................................................................................................................ 161
Annexe III Bibliographie .............................................................................................................................................................. 162

139
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

1. Les politiques et les équipements culturels


1.1 D
 es compétences éclatées et des politiques 1.1.2 Une participation active de l’État
culturelles différentes selon les institutions L’article 210 de la loi organique précise que les actions et opéra-
1.1.1 Des compétences limitées tions prévues par les contrats pluriannuels de développement,
pour la Nouvelle-Calédonie conclus entre l’Etat d’une part, la Nouvelle-Calédonie et les pro-
L’article 22 de la loi organique liste, parmi les matières dans vinces d’autre part « favorisent (…) le développement culturel ». A
lesquelles la Nouvelle-Calédonie est compétente, les « infras- ce titre, l’Etat accompagne donc financièrement les politiques
tructures et manifestations sportives et culturelles intéressant la culturelles des provinces et de la Nouvelle-Calédonie. Ses enga-
Nouvelle-Calédonie » (alinéa 29). gements, pour la période 2006-2010, représentent 2,4 milliards
L’article 215 précise également que, « dans le but de contribuer de FCFP, sur un montant global de 4,7 milliards de FCFP.
au développement culturel de la Nouvelle-Calédonie, celle-ci, après L’Etat développe également une fonction de conseil, d’ini-
avis des provinces, conclut avec l’État un accord particulier ». Cet ac- tiative, voire de mise en œuvre de projets. Ainsi, les principales
cord, signé début 2002, porte notamment sur : structures qui se sont développées ou créées depuis dix ans l’ont
l l a protection et la mise en valeur du patrimoine, notamment été à l’initiative ou avec l’aide de l’Etat.
du patrimoine culturel kanak, le développement des musées
et le traitement des archives ; 1.1.3 Une compétence de droit commun des provinces
l l e développement, la diffusion et l’enseignement des langues La culture étant une matière non dévolue à l’Etat ou à la Nou-
vernaculaires ; velle-Calédonie par la loi organique, ou aux communes par la
l les enseignements et les pratiques artistiques ; législation applicable en Nouvelle-Calédonie, les provinces ont
l l’Agence pour le Développement de la Culture kanak (ADCK) ; compétence en la matière (compétence dite de droit commun
l le centre culturel Tjibaou ; prévue à l’article 20 de la loi organique).
l la création, la diffusion artistique et la circulation des œuvres ; Pour mettre en œuvre la politique décidée par l’assemblée,
l les droits d’auteurs ; les provinces s’appuient sur l’une de leurs directions, missionnée
l la lecture publique ; sur les affaires culturelles (direction spécifique pour la province
l l e développement de l’équipement culturel de la Nouvelle- Sud, ou aux compétences plus larges pour les provinces des îles
Calédonie. Loyauté et Nord).
L’accord précise, en outre, que le rééquilibrage inter et intra
provincial, mais aussi entre les différentes composantes de la 1.1.4 Des actions culturelles communales
population au profit du peuple kanak, doit constituer l’un des Les communes, en tant que collectivités s’administrant libre-
objectifs principaux des politiques de développement culturel ment, peuvent développer à leur échelle les actions qui leur
de la Nouvelle-Calédonie. Il engage l’Etat et la Nouvelle-Calé- paraissent pertinentes en matière culturelle.
donie pour sept années dans un accompagnement logistique
et financier en faveur du développement culturel du territoire, 1.1.5 Des politiques culturelles reposant
en étroite relation avec les collectivités compétentes et les sur un socle commun…
ministères concernés. Cet accord arrivera à son terme au 31 Aujourd’hui, les politiques culturelles mises en œuvre par les col-
décembre 2008 et pourrait être prorogé jusqu’au 31 décembre lectivités reposent principalement sur des actions portées par
2010. le tissu associatif, et généralement financées sur fonds publics,
L’article 211 précise, enfin, que le schéma d’aménagement même s’il existe aussi des initiatives privées hors financements
et de développement de la Nouvelle-Calédonie, élaboré publics.
conjointement par le haut-commissaire et le gouvernement Ces politiques culturelles obéissent à plusieurs critères, dont,
de la Nouvelle-Calédonie, « exprime les orientations fondamen- entre autres :
tales en matière (…) de développement [économique, social et] l l a réponse à des problèmes de société (insertion des jeunes,

culturel ». construction du destin commun…) ou à une dynamique de


Pour mettre en œuvre sa politique culturelle, le gouverne- société (tourisme…) ;
ment s’est doté, en juillet 2005, d’une direction de la culture et l l a prise en compte de l’attente des Calédoniens en matière

des affaires coutumières et a hérité d’un service du patrimoine et de culture ;


des musées, d’un service des archives et de deux établissements l la prise en compte des attentes des acteurs de la culture.

publics territoriaux - la bibliothèque Bernheim et le Conservatoi- Sur ces deux derniers points, on relève le manque d’espaces de
re de Musique de Nouvelle-Calédonie (CMNC). En janvier 2007 a concertation et de dialogue avec les acteurs de la culture et avec
également été créée l’Académie des Langues kanak (ALK). la population.
La Nouvelle-Calédonie n’a pas de responsabilité de coordina-
tion en matière culturelle. Ainsi, la concertation est possible s’il y 1.1.6 … mais répondant à des problématiques
a une volonté des provinces, mais ne peut être systématisée. On spécifiques à chaque province
peut cependant noter que la Nouvelle-Calédonie joue ce rôle de Les politiques culturelles menées par les trois provinces corres-
coordination à travers ses actions de promotion et de diffusion pondent aux orientations générales que leurs élus souhaitent
de la culture néo-calédonienne, dans le cadre des échanges ré- mettre en œuvre en matière de culture. Ces orientations diffè-
gionaux du Pacifique Sud : de nombreux acteurs y participant, rent selon les provinces :
la Nouvelle-Calédonie met en synergie les différentes actions et La politique culturelle de la province Sud s’articule autour de
opérations, créant ainsi une dynamique. trois axes :

140
ll’accès du plus grand nombre aux œuvres et aux pratiques 1.2.1 Des moyens financiers importants,
artistiques notamment par le développement de l’éducation notamment par le biais des contrats de développement
artistique ; Les financements publics, cités au § 1.1.2, sont en nette pro-
l l a connaissance, la conservation et la valorisation du patrimoi- gression par rapport à la génération précédente de contrats de
ne (bâti, archéologique, linguistique etc.) ; développement. Cette progression témoigne d’une prise de
l l e soutien à la création et à la diffusion artistiques ainsi qu’à la conscience, par chacun des acteurs institutionnels, de l’impor-
lecture publique. tance de la culture, au sens large, dans la construction du destin
Les deux principaux axes de la politique culturelle de la pro- commun et de l’identité culturelle de la Nouvelle-Calédonie.
vince Nord sont1 :
l l a pleine reconnaissance de la culture kanak, par la connaissan- 1.2.2 La décentralisation de la compétence
ce, la protection et la valorisation de ce patrimoine, sous forme et des politiques culturelles
d’enquêtes culturelles, d’implantation de panneaux toponymi- Elle a permis de mieux répondre aux spécificités culturelles pro-
ques ou de valorisation des langues vernaculaires, etc. ; vinciales. Notamment, la majeure partie des équipements dans
l l ’expression de la diversité culturelle : théâtre, musique, danse, le Nord et les îles Loyauté est à mettre au crédit de la provincia-
lecture publique, patrimoine historique, etc. lisation, dans la logique du rééquilibrage.
La politique culturelle est aux îles Loyauté organisée autour
de trois axes : 1.2.3 La reconnaissance et l’affirmation de l’identité
l l a valorisation du patrimoine culturel, grâce à un inventaire et culturelle kanak
à la préservation de ce patrimoine ; L’accord de Nouméa et la loi organique, reconnaissent et affir-
l l e développement des pratiques culturelles et artistiques, et en ment l’identité culturelle kanak. Mais il s’agit là, en même temps
priorité la danse, la musique, le théâtre, les arts plastiques et la d’un vecteur de la reconnaissance et de l’affirmation des autres
littérature, cinq domaines à développer à la fois en termes de identités culturelles de la société néo-calédonienne.
création, de diffusion et de formation ;
l l a démocratisation de la lecture, autour de cinq domaines : 1.2.4 La forte implication des différents acteurs
accès de tous au livre et à la lecture, encouragement des pra- de la culture
tiques d’écriture amateur, apprentissage de la lecture d’images Le secteur associatif œuvrant dans le domaine culturel est dé-
et soutien à l’édition, en langues française ou loyaltiennes. veloppé et fortement présent, avec de nombreux bénévoles.
Les artistes sont également nombreux. Il en résulte une création
1.1.7 … et à chaque commune artistique dynamique et souvent riche.
En fonction de leurs enjeux propres, les communes sont plus
ou moins volontaristes sur les questions culturelles. Ainsi, la ville 1.2.5 Une coordination à améliorer
de Nouméa s’est dotée dès 1994 d’un service dédié à la culture, Dans un souci d’efficacité, les actions culturelles des provinces
d’outils en régie directe et d’une politique d’accompagnement méritent d’être coordonnées, dans le respect bien entendu
des structures associatives ; elle a fait le choix, pour les six ans de leur autonomie en la matière. La création d’une direction
à venir, d’axes culturels spécifiques visant, en sus des outils des affaires culturelles de la Nouvelle-Calédonie a montré
classiques (tels que bibliothèques et musées), à impliquer la po- l’intérêt d’une telle coordination, en s’attachant à définir des
pulation et à diffuser plus largement la culture : actions tournées politiques d’ensemble tout en tenant compte des spécificités
vers la jeunesse, spectacles vivants organisés en dehors des lieux provinciales.
culturels, etc. On pourrait sans doute aller un peu plus loin en la matière, en
déployant des outils utiles à l’échelle du territoire. Par exemple,
1.2 F orces et faiblesses des politiques les Biennales d’art plastique, aujourd’hui disparues et fortement
culturelles en place vis-à-vis regrettées, étaient l’occasion de coordonner et de mettre en co-
de l’attente des populations hérence les différentes actions dans ce domaine et de stimuler la
Le niveau d’attente diffère en fonction des populations. Les dif- création, à travers la rencontre d’un grand nombre d’acteurs.
férentes communautés n’ont pas la même appréhension de la
culture. De plus, ces attentes diffèrent en fonction du lieu de vie. 1.2.6 Un manque de vision d’ensemble
La culture ne s’exprime pas forcément par le biais d’événements On regrette parfois également l’absence de vision d’ensem-
dits culturels. Elle transparait également autour de chants, de ble et de prise en compte de l’intérêt du « pays » dans la
danses, d’un mode vestimentaire… dans la vie quotidienne ou définition des politiques provinciales. Ainsi, la définition du
dans certains événements particuliers. Ainsi, la foire de Bourail, pays et de la citoyenneté, la construction du destin commun
par exemple, au-delà de son caractère agricole apparaît pour ne sont prises en compte que partiellement par les politiques
certains comme l’expression de la vie et la culture de la brousse. provinciales.
Il est apparu également que pour certaines personnes la cultu- A ce titre, on constate le manque de manifestations inter-pro-
re ne représentait aucunement une priorité. En effet, il semble vinciales (festivals, colloques, etc…) qui résultent de l’absence
souvent prioritaire de mettre en place l’électricité, l’eau, les rou- de concertation des provinces entre elles dans la définition de
tes, les ponts ou même la télévision… avant de mettre en place leurs orientations politiques annuelles.
des équipements culturels, qui paraissent moins indispensables Aujourd’hui, la politique se construit trop souvent au coup
à la vie quotidienne que les éléments cités précédemment. par coup, tout en prenant conscience du manque d’outils, qu’on
L’atelier a permis d’identifier les principaux points forts et développe alors en fonction des nouveaux besoins.
points faibles. Nous présenterons d’abord 4 points forts, puis 12 Il est donc nécessaire d’avoir une vision prospective
points faibles. d’ensemble.

1
Cf. délibération n°229/2002-APN du 5 novembre 2002, relative à la promotion et au développement des arts et de la culture en province Nord

141
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

1.2.7 Un manque de lisibilité des politiques culturelles itinérante est pour cela une bonne solution intermédiaire. Cet
Certains acteurs déplorent une faible lisibilité des politiques outil permet de rendre la culture accessible au plus grand
culturelles. Les provinces ont en effet arrêté les grandes lignes nombre. Il permet en effet de déplacer les manifestations
de leurs politiques respectives, mais les orientations à mettre en culturelles dans tous les points du territoire, notamment dans
œuvre pour chaque mode de création ne sont pas assez claire- les lieux dépourvus d’infrastructures dédiées comme en pro-
ment déterminées. vince Nord où l’activité culturelle itinérante s’impose dès lors
S’agissant par exemple du livre, il a été possible de définir dans que l’on sort des villages (la dispersion de la population y est
ce secteur les grands axes d’une politique (lecture publique, telle que seul le secteur associatif peut alors répondre aux at-
soutien à l’édition, à la publication…), grâce à une concertation tentes des populations).
entre le milieu associatif et les pouvoirs publics.
1.2.13 Une politique culturelle trop timide
1.2.8 Un manque d’outils, de moyens humains vis-à-vis de l’extérieur
et d’organes de presse En termes de relation avec l’extérieur, la situation est la
Certains dénoncent un manque d’outils comme les évaluations suivante :
ou les études qui permettraient d’établir des priorités, d’asseoir l l es artistes néo-calédoniens sont absents du réseau mis en

des politiques, et de mesurer leur impact. place par la CPS (Pacific Art Alliance) ;
De plus, il est constaté un manque d’effectifs (en nombre et l l es liens avec la Polynésie française sont en train de se

bien formés), dans les institutions et dans les structures cultu- renouer ;
relles, pour défendre les projets et structurer les politiques. Ce ld  es efforts sont faits en direction du Vanuatu (convention de

déficit en personnels engendre un déficit d’accompagnement coopération régionale) ;


des acteurs de terrain et a des conséquences négatives sur la l l es productions néo-calédoniennes s’exportent peu en Aus-

qualité des productions. tralie (l’explication donnée concernerait les coûts et le niveau
Enfin, il est constaté un manque de plumes critiques, la presse artistique en Nouvelle-Calédonie, facteurs primordiaux pour
locale étant peu critique à l’égard des productions. l’Australie comme pour la Nouvelle-Zélande) ;
Il faudrait donc une incitation politique pour que la presse l l e Festival des Arts du Pacifique constitue un excellent tremplin

soit pluraliste. et des échanges se mettent actuellement en place ;


lp  eu d’artistes néo-calédoniens sont intéressés par une dé-

1.2.9 Des acteurs peu entendus marche artistique en dehors du territoire. Pour beaucoup, leur
La définition des grandes lignes des politiques culturelles est ac- production est orientée vers le marché intérieur et ne corres-
tuellement du ressort de la puissance publique et les acteurs de pond pas aux critères internationaux de plus en plus souvent
la culture doivent s’intégrer dans ce cadre général. anglo-saxons.
Il en résulte une prise en compte partielle des attentes et des Une des clefs de réussite en matière de coopération culturelle
besoins des acteurs dans la définition des politiques culturelles. avec nos voisins australiens et néo-zélandais résiderait dans
De plus, le dialogue entre les différents acteurs est peu dé- la connaissance des terrains (géographiques, historiques,
veloppé et les artistes gagneraient à plus se regrouper en identitaires, politiques), mais aussi des structures, acteurs,
associations afin d’être mieux entendus (exemple des éditeurs fonctionnements, réseaux, etc. sur lesquels s’appuyer. De
qui se sont regroupés afin de rendre cohérentes leurs actions plus, la relation extérieure passe par la maîtrise de langue an-
vis-à-vis des institutions). glaise, alors que le niveau de pratique de cette dernière est
insuffisant.
1.2.10 Un manque de formation Au vu de multiples facteurs (la petite taille du pays, le peu
Le développement de formations stimulerait la création. De de moyens consacrés, la qualité ou l’originalité jugée insuf-
plus, alors qu’il est difficile de vivre de son métier d’artiste en fisante de l’offre artistique et culturelle, le problème de la
Nouvelle-Calédonie (absence de statut social), le potentiel ac- langue, mais surtout le peu d’intérêt du côté des partenaires
quis en formation pourrait être valorisé (dans une administration étrangers…), les structures et acteurs artistiques et culturels
par exemple). néo-calédoniens ne sont pas en mesure de rivaliser avec
Tous les participants s’accordent sur la nécessité d’ouvrir une leurs homologues australiens ou néo-zélandais en termes
structure de formation pour les arts visuels. Dans cette optique, de diffusion stricte. Il est cependant possible de mettre en
le projet de construction d’une école d’art à Koné (province place une véritable stratégie de coopération et non pas
Nord) avec une antenne en province Sud est inscrit au contrat simplement d’export, de rayonnement ou de diffusion. Des
de développement Etat-inter-collectivités 2006-2010. Cette conditions préalables paraissent cependant requises pour
école devrait être inaugurée en 2011. investir ce champ : volonté, professionnalisme, créativité,
souplesse.
1.2.11 Un déficit qualitatif dans l’offre culturelle En conclusion, la Nouvelle-Calédonie semble ne pas assez
Les carences développées plus haut ont des impacts sur la qua- tirer profit de la richesse culturelle du bassin Pacifique et du
lité de l’offre culturelle. Le fait que chaque institution justifie sa multiculturalisme de la zone. Elle n’y est d’ailleurs pas suffisam-
politique par une offre ciblant une fréquentation maximale plu- ment connue. La réalisation d’opérations de prestige à l’extérieur
tôt que la qualité expliquerait également ce phénomène. ne pourra se faire sans une vraie volonté organisée et bien
coordonnée. Dans ce cas, une alliance forte avec la Polynésie
1.2.12 Une dispersion de la population française et Wallis et Futuna est souhaitable, avec une mutualisa-
Le déséquilibre géographique et humain entraîne des dispa- tion des moyens et compétences pour pouvoir exister au niveau
rités, qu’il faut tendre à combler. Le Chapitô, structure mobile régional.

142
1.2.14 Une insuffisante prise en compte leur et la promotion de la culture kanak », notamment :
des industries culturelles le n valorisant le patrimoine archéologique, ethnologique et

Les industries culturelles peuvent créer de la richesse (diffusion, linguistique kanak ;


exportation). Si les pouvoirs publics financent souvent le démar- le n encourageant les formes contemporaines d’expression de

rage des actions, ces dernières ne sont ensuite plus aidées, ce la culture kanak, en particulier dans les domaines artisanal,
qui est néfaste à leur pérennité. Il faut soutenir plus loin l’effort audiovisuel et artistique ;
pour créer de véritables filières. le n promouvant les échanges culturels, notamment dans la ré-

Ainsi, la valorisation économique des productions est encore gion du Pacifique Sud ;
à développer en tenant compte : le t en définissant et en conduisant des programmes de recher-

ld  e faiblesses structurelles importantes (étroitesse du marché, che.


isolement géographique, surcoûts liés aux différences de ni- La politique générale de l’agence est définie par un conseil d’ad-
veaux de vie par rapport aux pays de la région) ; ministration dans lequel siègent les provinces2 ; cependant, la
ld  e la langue française dans la zone Pacifique anglophone ; mise en place de ses actions par l’ACDK peine à être parfaite-
ld  e l’exclusion de la Nouvelle-Calédonie de certains dispositifs ment articulée avec celle des collectivités.
de soutien nationaux, de certains dispositifs de coopération Une convention quinquennale de partenariat a été passée
régionale ; en 2005 entre l’établissement, l’Etat et la Nouvelle-Calédonie.
ld  ’un manque de protection juridique des œuvres, notamment Le transfert de l’ADCK à la Nouvelle-Calédonie (c’est-à-dire sa
dans les pays de droit anglo-saxon. transformation en établissement public territorial, avec com-
Il est également nécessaire de prendre en compte deux éléments pensation des charges par l’Etat), est prévu par l’article 23 de la
importants de la diffusion des traditions et des connaissances, face loi organique. Le dossier de ce transfert est finalisé et devra être
à la mondialisation : la télévision et internet. Ainsi, si la mise en place examiné par le congrès en 2009 ; si besoin, une redéfinition des
de la TNT devait conduire à une offre télévisuelle gratuite en forte missions de l’établissement serait possible à cette occasion.
hausse, il faudrait se préoccuper de maintenir une bonne visibilité
des productions locales. A ce titre, la province Nord conduit actuel- 1.3.2 Les Archives de la Nouvelle-Calédonie
lement une étude pour la mise en place d’une chaîne de télévision Les Archives assurent les missions de conservation et de diffu-
de proximité, afin d’offrir du pluralisme dans le secteur télévisuel. sion du patrimoine, développent des actions de sensibilisation
La production audiovisuelle est donc un secteur nouveau à en direction du public scolaire et participent à la promotion du
ouvrir dans un contexte néo-calédonien favorable lié à un im- patrimoine par des expositions ou des publications.
portant potentiel d’innovation.
1.3.3 La Bibliothèque Bernheim
1.2.15 Une présentation trop traditionnelle C’est un établissement public de la Nouvelle-Calédonie financé
L’enjeu de toute politique culturelle est la sensibilisation du par l’Etat, la Nouvelle-Calédonie et les provinces, qui assure une
public non consommateur. Il conviendrait donc de présenter mission de développement de la lecture publique sur le terri-
la culture autrement que par le biais des schémas européens toire de l’archipel.
classiques incluant un découpage traditionnel des disciplines
artistiques : musique, danse, etc. 1.3.4 Le Conservatoire de Musique
Des actions sont menées pour rendre la culture plus attrac- de Nouvelle-Calédonie
tive : tarifs préférentiels voir gratuité de certains spectacles du C’est un établissement public de la Nouvelle-Calédonie. Le
Chapitô en brousse notamment. contrôle pédagogique de l’enseignement qu’il dispense est as-
suré par les services compétents du Ministère de la Culture et de
1.2.16 Une prise en compte partielle la Communication. Il est financé par l’Etat, la Nouvelle-Calédo-
de l’ensemble des identités nie, les provinces et les communes bénéficiaires.
Les membres de l’atelier s’accordent sur le fait que les politiques
culturelles ne doivent pas répondre aux attentes des différentes 1.3.5 L’Académie des langues kanak
communautés mais à celles des individus (une prise en compte Cette jeune institution créée en janvier 2007 est financée par
communautaire tendrait à enfermer les individus dans un carcan l’Etat, le gouvernement et les provinces. La mission principale
identitaire). Il faut donc raisonner en termes d’identités plutôt de l’ALK est de favoriser la promotion et le développement de
que de communauté. l’ensemble des langues et dialectes kanak.
Aujourd’hui, les « identités » se superposent par strates : on est
kanak, et citoyen de la Nouvelle-Calédonie, et dans une culture 1.3.6 Le service du Patrimoine et des Musées
mondialisée, mais non coupé de la culture océanienne… Les Ce service est resté attaché à la Nouvelle-Calédonie lors de
identités sont donc multiples. la provincialisation. La vocation initiale de ce service est la
On constate cependant une différence entre la prise en compte conservation du patrimoine culturel et historique de la Nou-
faite de l’identité kanak, qui se matérialise de façon forte à travers par velle-Calédonie dans ses dimensions matérielles. Il doit aussi
exemple la création de l’ADCK, et celle faite des autres identités, qui générer de l’animation autour de ce patrimoine.
est moins visible car ces dernières s’expriment moins fortement. Le service n’a pas pour vocation fondamentale la gestion du
patrimoine, puisque celui-ci est de compétence provinciale. Ce-
1.3 Des équipements culturels nombreux… pendant, un département de l’archéologie, qui assure les seuls
1.3.1 Un outil à la dimension du pays : l’ADCK travaux scientifiques réalisés sur le patrimoine archéologique
L’ADCK est un établissement public national créé au lendemain calédonien (Lapita) s’y est développé. Ce département est ac-
des accords de Matignon-Oudinot, afin « d’assurer la mise en va- tuellement en cours de réorganisation.

2
Ce conseil d’administration est composé de 2 représentants pour chacune des institutions : Etat, Nouvelle-Calédonie, sénat coutumier, provinces, soit 12 personnes au total.

143
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

Ce service a de plus, pour fonction essentielle, la gestion du existante. Il serait en effet utile d’avoir notamment une grande
Musée de Nouvelle-Calédonie, dont la majeure partie des col- salle couverte, une salle de théâtre avec jauge intermédiaire (150
lections concerne la culture kanak et océanienne et qui fait à 200 places) à Nouméa, un centre d’art contemporain, un es-
actuellement l’objet d’un projet d’agrandissement contractualisé pace dédié à la création littéraire…
avec l’Etat, mais qui n’est pour l’heure pas encore mis en œuvre. Cependant, on se heurte au problème du coût de l’investisse-
ment et de sa rentabilité.
1.3.7 Le Théâtre de l’Ile En effet, les infrastructures à la fois demandent un
C’est une association loi 1901 créée en 1999. Le Théâtre de l’Ile investissement de départ important et ont des coûts de fonction-
assume une mission de production et de diffusion du spectacle nement souvent élevés. Ces derniers nécessiteraient des taux de
vivant, et plus particulièrement du théâtre. Il est financé par l’Etat, fréquentation élevés pour pouvoir être rentables. Cependant, il
le gouvernement, la Mairie de Nouméa et la province Sud. est impossible compte tenu de la faiblesse de la demande com-
me de l’offre d’avoir une infrastructure rentable.
1.3.8 Les autres équipements Ainsi, le seuil de rentabilité d’une grande salle couverte de
Parmi les autres équipements culturels existants, on peut citer le 5000 places par exemple serait 55 manifestations payantes à
musée de la ville de Nouméa, le musée d’histoire maritime, les l’année (soit plus d’une manifestation par semaine), ce qui sem-
médiathèques de Rivière salée et de Poindimié, le café-musique ble impossible.
le Mouv’ (scène pour les musiques actuelles), le théâtre de po-
che, les cinémas de Nouméa, de Bourail et de La Foa, les centres 1.4.3 Le manque d’équipements culturels
culturels de Hienghène, Koné, du Mont Dore, de Paita et de Maré. dans l’intérieur et aux îles Loyauté
Les nombreuses bibliothèques municipales contribuent égale- Il existe peu d’équipements culturels en dehors de Nou-
ment au développement culturel de la Nouvelle-Calédonie. méa. Cela s’explique notamment par la notion de rentabilité
évoquée plus haut. Elle est liée aussi à la densité de la popu-
1.4 … mais présentant certaines limites lation, à la difficulté de se déplacer des populations isolées
Même si les équipements existants contribuent au développe- et peu mobiles, à l’éloignement, au manque de moyens fi-
ment de la culture, ils présentent cependant certaines limites. nanciers….
Les principaux problèmes sont les suivants : Ce manque d’équipements est cependant compensé par la
mise en place d’une structure mobile itinérante : le Chapitô.
1.4.1 Un manque de coordination De plus, un complexe culturel comprenant une antenne du
On constate un manque de coordination entre les différentes struc- conservatoire de musique de Nouvelle-Calédonie, une média-
tures culturelles. Ainsi, par exemple, les bibliothèques devraient être thèque ainsi qu’une salle de spectacles est actuellement en
connectées en réseau sous l’égide de Bernheim ; or elles n’évoquent cours de construction à Koné.
ensemble que leurs problèmes techniques, et ne communiquent
pas sur des stratégies de fond telles que la conquête de nouveaux 1.4.4 Le déficit d’accessibilité pour les publics
publics, le développement de la lecture publique… en situation de handicap
Très peu d’équipements culturels offrent des moyens d’accès
1.4.2 Une dépendance financière pour les personnes handicapées. Cela limite donc la participa-
par rapport aux institutions et aux politiques tion de ce type de public aux manifestations organisées dans
De nombreux équipements manqueraient pour parfaire l’offre les équipements culturels.

2. L’émergence d’une citoyenneté néo-calédonienne


Une remarque liminaire peut être faite sur la difficulté à défi- naissance de l’identité kanak, préalable à la refondation d’un contrat
nir les identités. Il a été très difficile pour le groupe de choisir un social entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calé-
terme qui prenne en compte la spécificité des personnes implan- donie (…) Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est
tées depuis une ou plusieurs générations sur le territoire et dont le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps
la Nouvelle-Calédonie constitue le point de repère essentiel. de l’identité, dans un destin commun. ». Le point 5 poursuit ainsi :
Le terme Européen n’a pu être retenu car ne tenant pas comp- « La pleine reconnaissance de l’identité kanak conduit à préciser le
te des personnes ayant une autre origine (Javanais, Arabe…). statut coutumier et ses liens avec le statut civil des personnes de droit
Le terme Caldoche, n’a pas été non plus retenu. En effet, pour commun, à prévoir la place des structures coutumières dans les ins-
certains, c’est le seul terme capable de différencier la personne titutions, notamment par l’établissement d’un sénat coutumier, à
née en Nouvelle-Calédonie du Métropolitain. C’est une revendi- protéger et valoriser le patrimoine culturel kanak, à mettre en place
cation identitaire forte. Ce terme permet à un certain nombre de de nouveaux mécanismes juridiques et financiers pour répondre aux
personnes de se reconnaître. Cependant, il n’est pas accepté par demandes exprimées au titre du lien à la terre, tout en favorisant sa
tous de par sa connotation trop péjorative. mise en valeur, et à adopter des symboles identitaires exprimant la
Le choix a donc été fait d’adopter le terme Calédonien, plus place essentielle de l’identité kanak du pays dans la communauté
consensuel. de destin acceptée ».

2.1 La pleine reconnaissance de l’identité kanak 2.2 La légitimation des autres communautés
Le point 4 du préambule de l’accord de Nouméa précise qu’ « il Dans le préambule de l’accord de Nouméa, les kanak sont re-
convient d’ouvrir une nouvelle étape, marquée par la pleine recon- connus dans leur civilisation propre et leur antériorité sur le

144
territoire, alors que « le choc de la colonisation a constitué un gner d’une cérémonie au cours de laquelle les communautés
traumatisme durable ». Au-delà des déstructurations subies, « la représentées réaffirment chaque 24 septembre dans l’émotion
colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu’elle a partagée leur volonté de vivre ensemble. Toutefois, certaines
privé de son identité », reconnaissance fondamentale du peuple communautés ne se reconnaissent pas dans cette manifestation
kanak qui « équivaut pour lui à une reconnaissance de sa souverai- issue d’une initiative politique, et ne souhaitent pas y participer.
neté, préalable à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée
dans un destin commun ». Le préambule légitime en parallèle les 2.3.2 …en assumant une histoire plurielle et commune…
« populations nouvelles » qui se sont installées et ont fait sou- Comme elle n’est constituée et assumée que partiellement par
che. Apportant « leurs idéaux, leurs connaissances, leurs espoirs, les différentes communautés, une histoire commune passe par
leurs ambitions, leurs illusions et leurs contradictions », elles « ont plusieurs étapes.
participé, dans des conditions souvent difficiles, en apportant des La première est de porter un intérêt à l’histoire de l’autre et à
connaissances scientifiques et techniques, à la mise en valeur mi- sa propre histoire en tant qu’histoire des rapports avec l’autre.
nière ou agricole et, avec l’aide de l’Etat, à l’aménagement de la Ainsi que l’évoque Emmanuel Kasarhérou3, « on a une histoire qui
Nouvelle-Calédonie ». Nœud d’incompréhensions, la période co- nous est commune parce qu’elle s’est déroulée sur le même lieu au
loniale y est considérée de façon double : avec ses « ombres », même moment. Mais les acteurs ne se sentent pas impliqués de la
« même si elle ne fut pas dépourvue de lumières », reconnaissant même manière et donc la lecture d’événements historiques est peut-
de surcroît que « la dépendance coloniale » a été marquée par être assez différente selon le point de vue, qu’on soit kanak ou pas,
« un lien univoque, un refus de reconnaître les spécificités, dont les qu’on soit Européen ou Indonésien…Mais surtout entre le monde
populations nouvelles ont aussi souffert dans leurs aspirations ». kanak et européen, il y a encore une sorte d’apprentissage d’une his-
Le préambule de l’accord de Nouméa reconnaît ainsi deux toire commune, de se sentir concerné par les choses qui ont affecté
légitimités : celle du peuple kanak et celle des autres commu- les autres, de même que faire partager aux autres des choses qui ont
nautés qui ont fait l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie. affecté notre communauté ».
Le destin commun concerne donc au moins les Mélanésiens Une seconde étape consiste à combler les manques histo-
aux côtés desquels on trouve les autres identités agrégées ou riques dans les zones où justement l’intérêt a manqué. Il est
non en communautés : il y a le pôle kanak d’une part et les dif- important maintenant de travailler sur une histoire commune
férents blocs de migrants de l’Histoire d’autre part. de manière à ce que tous puissent s’y retrouver, et encourager
Du côté du pôle kanak, force est de constater que le fait cultu- un échange entre les communautés.
rel kanak ne se dilue pas mais, au contraire, se renforce. Ainsi, des La troisième étape est l’intégration de cette histoire commu-
pratiques anciennes sont reprises dans les créations contempo- ne en lui donnant un sens dans la construction du pays et en
raines afin de les faire perdurer. suscitant son appropriation par la population. Cette intégration
De plus, les autres communautés expriment un besoin de suppose des débats, la confrontation des points de vue.
reconnaissance de leur patrimoine d’origine, même s’il est tem- Enfin, la quatrième étape est celle d’entretien de la mémoire.
péré par un désir d’intégration. L’histoire commune suppose d’ouvrir des brèches sur les re-
présentations historiques des uns et des autres, à l’image des
2.3 La construction du destin commun recherches sur le bagne qui ont permis de faire émerger une
2.3.1 La nécessité d’affirmer des valeurs partagées… histoire bannie des mémoires.
La coexistence ancienne et les pratiques communes ne sont pas
suffisantes pour susciter l’émergence d’une communauté unie. 2.3.3 …en intégrant des éléments patrimoniaux
L’appartenance au pays suppose également l’affirmation de va- communs et visibles dans l’espace…
leurs partagées et la référence à une même histoire fondatrice, Dans le contexte néo-calédonien, l’impératif de préservation,
manifestées et actualisées par des signes visibles inscrits dans de transmission et de valorisation du patrimoine culturel (hors
l’espace et le temps collectifs. patrimoine familial) est récent, et n’est pas encore inscrite dans
Il faudra cependant veiller à ce que le destin commun ne si- toutes les mentalités.
gnifie pas uniformisation, dilution des identités. Ainsi, le destin En effet, la perception que les néo-calédoniens ont du patri-
commun passera par la reconnaissance de l’autre autour d’un moine est d’abord environnementale, puis culturelle.
socle de valeurs communes, sans abandonner les valeurs pro- Il faut donc chercher des solutions originales et adaptées, tel-
pres à chaque individu et à chaque communauté. les que l’intégration des structures culturelles dans des espaces
Ainsi, toute la culture n’est pas partagée ou partageable : des naturels.
objets qui représentent fortement l’identité ne sont pas mis en L’exemple du centre culturel Tjibaou, seul établissement culturel
commun. Exemples : la monnaie, le lycée de Nouméa en forme bien intégré dans son espace naturel, et élément patrimonial com-
de flèche faîtière qui a provoqué un tollé… mun à l’ensemble des communautés est à mettre en exergue.
Il faut donc définir des valeurs communes sur lesquelles tous
s’accordent. 2.3.4 …et en suscitant l’intérêt
Ainsi, par exemple, le Mwâ Kââ est un des premiers gestes des Calédoniens pour l’autre
de réconciliation ou d’unité que les Calédoniens mènent entre La construction d’une citoyenneté néo-calédonienne implique
eux  : à côté des 8 poteaux symbolisant les 8 aires coutumières est de surmonter, par la connaissance de l’autre, les a priori culturels.
installé un neuvième poteau symbolisant l’ensemble des autres Il est en effet difficile d’emprunter des codes ou des éléments
communautés implantées en Nouvelle-Calédonie. Le Mwâ Kââ appartenant à d’autres cultures sans les comprendre.
est une tentative pour accentuer la portée fondatrice de l’accord L’école prend aujourd’hui le relais de la diffusion de l’histoire
de Nouméa, « sacralisé » par l’expression symbolique et le rituel commune notamment par l’enseignement adapté de l’histoire
commémoratif : matérialiser les valeurs énoncées, les accompa- et de la géographie et les classes de découverte du patrimoine.

3
In CARTERON B, 2008, Sur le seuil de la maison commune. Identités culturelles et sentiment d’appartenance en Nouvelle-Calédonie, Paris, L’Harmattan, coll. Portes Océanes, 284 p.

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

L’enjeu étant de dépasser une histoire néo-calédonienne trans- Les artistes expérimentent en effet les mélanges des influences
mise de façon lacunaire et d’éviter qu’elle ne laisse la place à des culturelles et font passer des messages d’une manière différente
interprétations et des « réinventions » de l’histoire. (probablement mieux perçus car diffusés dans une ambiance «
L’école permet également aux enfants d’être interpellés sur festive »). De plus, l’activité culturelle permet la rencontre.
la question de leur identité et des identités et devrait, à terme, Les artistes ont donc un rôle précurseur à jouer pour rendre
permettre à chacun d’avoir des repères pour reconnaître les dif- concrète et mettre en œuvre l’idée encore confuse du destin
férences culturelles existant au sein de la société. commun chez les jeunes.
Cette reconnaissance de la diversité culturelle devrait conduire au En ce qui concerne le processus éducatif, il est constaté une
respect et à une meilleure compréhension des valeurs de l’autre. évolution positive.
Il est également indispensable de susciter la curiosité des Mais, afin de permettre de développer encore l’éducation
néo-calédoniens pour l’autre par : artistique et culturelle en milieu scolaire, il est important de
l l ’intégration des pratiques artistiques dès l’enfance, en milieu susciter également l’intérêt des enseignants et de faciliter les
scolaire et en présence d’artistes intervenants ; démarches administratives associées à ce type d’enseigne-
l l ’organisation de manifestations culturelles (spectacles, festi- ment (les contraintes liées aux préalables administratifs d’une
vals, etc.…) qui diffusent directement ou indirectement l’idée sortie à visée culturelle sembleraient être un obstacle en la
du destin commun. matière…).

3. Le foncier
En 1998, dans son rapport à l’assemblée nationale sur la situa- lla terre « lieu de vie » : la terre permet de fixer l’habitat et d’avoir
tion économique et financière de la Nouvelle-Calédonie, Yves un cadre et un lieu de vie défini ;
Tavernier, écrivait : « la question foncière est peut-être la clé du dé- l l a terre « sacrée » : la terre représente un lien sacré, ancestral, voir

veloppement et de la paix en Nouvelle-Calédonie ». viscéral pour certains, car elle s’inscrit dans l’histoire de chacun.
En octobre 2001, lors du séminaire « Foncier et développe-
ment en Nouvelle-Calédonie », Georges Mandaoué, Président du 3.1.3 Un lien à la terre sacralisé chez les kanak
sénat coutumier, indiquait : « Nous devons continuer à construire Chez les kanak, le lien à la terre est sacralisé. Les personnes ne
ce pays, qui a été commencé par nos ancêtres avant nous, par le sont pas individuellement propriétaires, mais chaque homme
dialogue et la concertation, avec un nouvel état d’esprit animé par comme chaque femme est lié à une terre qui matérialise l’his-
l’envie de vivre ensemble en trouvant les points d’équilibre qui per- toire généalogique, l’origine du groupe. Ces éléments sont
mettront l’acceptation réciproque de nos différences. » symbolisés par l’environnement naturel, la division de l’espace,
La question foncière apparaît comme un enjeu fondamen- la toponymie. Par delà ces traits culturels, le lien inaliénable à la
tal. En effet, le rapprochement des communautés passe par terre symbolise également l’unité du peuple kanak et son droit à
son règlement. Le lien à la terre est la base sur laquelle doit se la souveraineté en Nouvelle-Calédonie (cf. Néaoutyine P, 2006).
construire l’identité et le destin communs.
L’importance que revêt la question foncière en Nouvelle-Ca- 1° Un lien fort entre l’homme et la nature
lédonie est illustrée notamment par la tenue d’un séminaire L’identité mélanésienne se définit par le rapport à la terre. En
sur ce thème en 2001, mais également par le rôle important de effet, dans la société kanak, le monde de la nature et celui des
l’ADRAF dans la redistribution des terres ou encore par le travail hommes ne font qu’un. La culture de l’igname donne un éclai-
mené par le sénat coutumier sur le cadastre coutumier. rage intéressant sur la vision de la société kanak. L’igname se
reproduit par bouturage. Comme l’explique E. Kasarhérou dans
3.1 U
 ne particularité calédonienne : De Jade et de nacre (1990), l’agriculteur remet en terre une par-
la force du lien à la terre tie de la plante de l’année précédente et c’est cette même plante
3.1.1 Une définition variable du foncier… qui, l’année suivante lui fournira la nouvelle récolte. La reproduc-
Le dictionnaire Larousse définit le foncier, nom masculin, com- tion de la plante est ainsi perçue comme la perpétuation d’un
me : « la propriété foncière et tout ce qui s’y rapporte ». L’adjectif même corps d’année en année. Or le clan est pareil à l’igname.
foncier désigne quant à lui « tout ce qui est relatif à un fonds de Il est ce corps social qui, d’époque en époque, se survit à lui-
terre, à un immeuble ». même par bouturage. Comme pour l’igname, les membres du
Pour certaines personnes, issues principalement du monde clan sont comme les clones d’un même individu. C’est ce qui les
kanak, le foncier inclut les espaces marins jusqu’au platier, voire rend identiques et équivalents les uns aux autres. C’est ce qui
jusqu’au récif. Même s’il n’existe pas de définition unique du fonde leur égalité. C’est sans doute pour cela que conserver le
foncier, un consensus s’établit autour de la notion la moins res- lien à la terre et avoir son champ d’igname est considéré comme
trictive d’« espace à mettre en valeur ». important dans le monde kanak contemporain.
Non seulement la personne garde ainsi le lien avec ses ancê-
3.1.2 …mais un lien fort à la terre partagé par tous tres, mais continuant à travailler la terre, à planter, elle la fructifie
La terre est un élément très important de la vie des néo-calé- et donne vie à de nouvelles générations de plantes, de végétaux.
doniens. En effet, la terre peut être considérée sous plusieurs L’homme ne pouvant s’extraire définitivement du monde végé-
angles : tal, et tirant l’essentiel de son alimentation de ses fruits, il doit
l l a terre « nourricière » : elle offre un moyen de subsistance conserver un lien direct à la terre pour assurer sa propre survie
alimentaire à un grand nombre de personnes grâce à l’agricul- et celle de son clan.
ture, l’élevage, la chasse… ; L’igname a donc une place de premier plan dans la vie des

146
mélanésiens. C’est elle qui rythme la vie des tribus. Ce rythme et spirituel aussi ancien que celui du kanak à la terre néo-calé-
est donné entre autre par le calendrier de l’igname. donienne, son lien à la terre représente une part importante de
Aujourd’hui, malgré le développement du travail salarié et de son patrimoine identitaire qui a fortement modelé son mode de
l’économie marchande, l’igname tient toujours une place im- vie et de pensée.
portante dans la coutume. Ainsi, pour être reconnus au niveau Le lien à la terre permet souvent aux calédoniens d’affirmer
coutumier, tous doivent participer à la coutume en produisant leur légitimité dans le pays. Ce lien est d’autant plus ancien que
des ignames. Ces dernières peuvent être remplacées par un ap- la famille est implantée depuis plusieurs générations sur le ter-
port en numéraire mais qui n’aura pas la même valeur. ritoire. En effet, même si les Calédoniens ont des ancêtres qui
sont venus notamment d’Europe, le lien avec la terre d’origine
2° Une terre qui appartient au clan, au sens de la coutume de ces ancêtres reste très lointain. L’ancêtre venant d’ailleurs a
Le clan est défini comme un groupe de filiation patrilinéaire et ainsi décidé de faire souche dans ce pays qu’il a choisi ou qui lui
exogame. Toutefois, il ne s’en tient pas à cette seule caractéri- a été imposé par les hasards de l’histoire. Ses descendants n’ont
sation. Si un clan est parfois composé d’un seul lignage, il en donc souvent connu d’autres horizons que cette terre qu’ils ont
comprend souvent plusieurs, dont les connexions généalogi- faite leur, perdant ainsi de fait tout lien à la terre d’origine de
ques ne sont pas toujours et partout de même nature. leurs ancêtres. Son lien à la terre calédonienne différencie ainsi
Trois types de clans sont ainsi distingués : le Calédonien du Métropolitain qui lui a toujours une attache
ld  ans le premier, la liaison entre lignages est simple : ceux-ci forte à la terre de France.
revendiquent un ancêtre commun dont ils se considèrent de Le lien à la terre est perçu comme ce qui enracine les Calédo-
droit comme les descendants en ligne patrilinéaire ; niens dans le pays, légitimant par là même véritablement qu’ils
ld  ans le second type, les lignages sont clairement de différen- puissent y demeurer. L’origine broussarde des Calédoniens ren-
tes origines et on reconnaît que ce n’est que progressivement force ce sentiment d’une attache fondatrice à la terre. Faute de
qu’ils sont venus s’amalgamer à un noyau de lignages fonda- pouvoir être sacralisé sur les mêmes bases de symbolique reli-
teurs, généralement réduit au départ, pour former une unité gieuse que les kanak, ce lien est traduit en termes d’attachement
exogame et localisée assimilable à un clan ; fort et de mimétisme avec les kanak. Cet attachement à la terre
l l e dernier type de clan est constitué de lignages dispersés par- est souvent justifié par le caractère rural de ces populations, des
fois dans des régions très éloignées les unes des autres, mais « paysans » attachés à leur terre.
reliés entre eux par la référence à une contrée d’origine com- On regrette les réflexes parfois agressifs pour défendre sa
mune et des récits de migration. terre, entendue ici comme une propriété privée âprement dé-
Il existe un clan « maître de la terre » de qui la plupart des familles fendue. La revendication foncière est vraie à la fois chez les kanak
ont reçu, à l’origine, en « concession », le sol sur lequel elles ont et chez les Calédoniens qui souhaitent défendre leur espace de
édifié leur habitation et qu’elles cultivent. vie. Selon le Calédonien notamment d’origine européenne, on
Les chefs de clan attribuent des parcelles à chaque mem- doit mettre en valeur le foncier, d’où des jugements sévères
bre en fonction de sa condition et de ses besoins. L’attributaire vis à vis des kanak qui laissent des terres cultivables en friches,
n’a sur cette terre qu’un droit d’usage et de superficie. Ceci a surtout quand il s’agit des terres restituées dans le cadre de la
pour conséquence l’apparition d’un caractère identitaire et réforme foncière et auparavant mises en valeur par des colons.
protecteur, la reconnaissance de la prééminence du groupe sur Il y a ainsi une crainte des propriétaires fonciers pour le devenir
l’individu, de l’homme sur la femme, et l’accès coutumier aux de leur droit de propriété face aux échéances politiques de la
biens d’autrui, fondé sur la fraternité, la solidarité, la notion de Nouvelle-Calédonie.
communauté. Chacun a son espace de vie mais c’est un espace
partagé, ce qui pose parfois problème. 2° ... voire même l’émergence d’une sorte de « mythe fondateur »
En cas de litige sur l’occupation d’une terre, le Chef de clan Les Calédoniens, notamment d’origine européenne, se sont
et le Conseil des Anciens sont saisis. En cas d’échec, il est fait rendu compte que leur seule légitimité au pays était celle du
appel au Chef de la tribu. En cas de nouvel échec (défaut de lien à la terre et ce lien s’est rationalisé sur le modèle des kanak.
consensus), le Grand Chef statue souverainement, ses décisions Comme le précise Christophe Sand, ce lien à la terre est un peu
ne pouvant faire l’objet d’aucun recours. de l’ordre de « l’invention des traditions », rattaché à la généa-
Le caractère collectif et sacré de la terre kanak entraîne son logie, à l’imaginaire des familles (cf. Sand, Bole, Ouetcho, 2003).
inaliénabilité au sens coutumier. Par contre, elle peut faire l’objet Tout comme le passé broussard ou la condition des bagnards,
de don (couper la racine), au bénéfice d’une personne de sta- l’attachement affirmé à la terre est une façon de regarder l’his-
tut coutumier. La terre peut donc être aliénée, au sens du droit toire qui établit une continuité avec le présent et un sens au
coutumier, ce qui n’est pas contradictoire avec son inaliénabilité, devenir des calédoniens d’origine européenne dans le pays. La
que ce soit à titre gratuit ou onéreux, au sens du droit : le don ne terre établit une continuité entre les générations successives en
retire pas à la terre son statut coutumier. Nouvelle-Calédonie, les habitants d’aujourd’hui affirmant leur
Les investisseurs demandant à pouvoir faire un usage des reconnaissance envers ceux qui les ont précédés et qui ont souf-
terres du clan doivent obtenir l’accord de tous les membres du fert pour mettre en valeur la terre. Se donner aujourd’hui des
clan, palabre qui doit se conclure par un acte coutumier. S’il s’agit traditions calédoniennes, c’est fixer une mémoire des usages
d’une activité économique nécessitant des embauches de sala- qui ont mêlé les habitudes importées à des contraintes et un
riés, les membres du clan auront une absolue priorité. environnement nouveaux. Tout aussi inventées ou folkloriques
qu’elles puissent paraître, elles n’en sont pas moins un regard
3.1.4 Un lien à la terre fort chez les Calédoniens fondateur du groupe, lequel tranche d’autant plus avec le my-
1° Un sentiment de légitimité affirmée... the du pionnier qu’il intègre les autres, principalement les kanak
Même si le Calédonien ne se prévaut pas d’un ancrage ancestral dans la constitution de ces traditions.

147
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

Les référents du passé broussard, surtout dans ses aspects de rains et qui est, de très loin, le plus important en superficie. Le
conditions modestes d’existence, le lien à la terre et la cohabitation domaine privé relève de la juridiction civile.
avec les kanak, sont mobilisés par les calédoniens d’origine euro- Le domaine privé est pour l’essentiel constitué de terrains à l’état
péenne pour revendiquer leur singularité culturelle. Ces référents naturel, souvent difficile d’accès. Toutefois, sur cet espace consi-
participent d’une recréation mémorielle intégrant les kanak dans dérable en surface (un million d’hectares, soit plus de la moitié
une histoire fondatrice du groupe en rupture avec le mythe pion- de la Grande-Terre), il reste des zones valorisables, y compris sur
nier. Si historiquement les Calédoniens d’origine européenne se la côte Ouest.
sont sentis privés d’une légitimité à travers une revendication kanak Les demandes d’accès aux terrains domaniaux de la Nouvelle-
exacerbant un lien exclusif et sacré à la terre, c’est en s’appropriant Calédonie pour une activité économique peuvent se traduire
aujourd’hui ce lien par les mêmes manifestations d’attachement par l’octroi d’une location, qui depuis 1991, est limitée aux pro-
que les kanaks qu’ils justifient leur ancrage dans le pays. priétaires limitrophes. Il s’agit dans ce cas de leur permettre de
viabiliser et d’étendre leurs exploitations.
3.1.5 Une tentative de conciliation Des revendications au titre du lien à la terre s’expriment éga-
des deux principales visions lement sur ces espaces. Elles peuvent à ce titre donner lieu à
Le lien à la terre chez les kanak a quelque chose du mythe fonda- des cessions.
teur national quand il devient un lien au pays tout entier associé En outre, selon la loi organique, le domaine public maritime des
aux droits inaliénables de premier occupant. La reconnaissance provinces comprend :
de ce lien prive les Calédoniens d’origine européenne de la légi- l l es terrains gagnés sur la mer, la zone de marnage, ainsi que

timité initiale qu’ils avaient établie sur la base d’autres mythes : celle des « 50 pas géométriques », bande large de 81,20 m à
celui d’une « terre promise » ou d’une terre « imposée » par les partir de la limite des plus hautes eaux ; toutefois, certaines
hasards de l’histoire mais qui peut offrir des opportunités et zones particulières sont restées dans le domaine de l’État, et
une « deuxième chance ». Pour les calédoniens d’origine euro- le plan d’eau du port autonome fait partie du domaine de la
péenne, le lien des kanak à la terre est perçu comme un mythe Nouvelle-Calédonie ;
construit pour les besoins politiques et entériné par la France. Par l l e sol et le sous-sol des eaux intérieures et territoriales , zones
4

leur propre lien à la terre, les Calédoniens d’origine européenne sur lesquelles « les provinces réglementent et exercent les
ne figurent plus simplement comme une communauté récem- droits d’exploration, d’exploitation, de gestion et de conserva-
ment greffée vis à vis d’une présence kanak multi-millénaire, ils tion des ressources naturelles ». Les dispositions prises par les
deviennent un groupe à part entière dans la nation en devenir. provinces le sont « après avis du conseil coutumier concerné
pour tenir compte des usages coutumiers ».
3.2 T rois statuts de foncier, La loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine pu-
relevant de règles distinctes blic maritime de la Nouvelle-Calédonie et des provinces donne
L’accord de Nouméa prévoit qu’« il n’y aura plus que les terres suite aux dispositions du paragraphe 1.4 de l’accord de Nouméa,
coutumières et les terres de droit commun », ce que la loi or- selon lequel « les domaines de l’État et du territoire doivent faire
ganique a décliné plus précisément en affirmant que « le droit l’objet d’un examen approfondi, en vue de rétablir des droits ou de
de propriété garanti par la Constitution s’exerce en matière foncière réaliser des aménagements d’intérêt général. La question de la zone
sous la forme de la propriété privée, de la propriété publique et des maritime sera examinée dans le même esprit. »
terres coutumières ». Au-delà des eaux territoriales se situe la « zone économique
exclusive », bande de 188 milles (348 km) de largeur sur laquelle
Surfaces en hectares Propriété publique % Propriété % Terres coutu- % la Nouvelle-Calédonie a compétence concernant l’utilisation
privée mières
des ressources, et l’Etat concernant la déclinaison des traités
Source : DITTT, ADRAF 2003, RGA 2002,

Province des îles Loyauté 5 720 3% 0 0% 192 370 97% internationaux.


Province Nord 571 580 60% 157 250 16% 229 000 24%
3.2.2 Une propriété privée régie par le droit commun
La définition des principes directeurs de la propriété foncière
tableau simplifié

Province Sud 446 380 64% 191 570 27% 63 680 9%


relève aujourd’hui des compétences de l’État, au titre de sa
Total 1 023 690 55% 348 820 19% 485 040 26% compétence en matière de droit civil. Ce domaine sera prochai-
nement transféré à la Nouvelle-Calédonie.
3.2.1 Une propriété publique vaste Les propriétés privées peuvent être vendues ou louées, ou
mais constituée principalement de zones naturelles hypothéquées en garantie des emprunts bancaires. Les muta-
Il s’agit ici des terres appartenant à la Nouvelle-Calédonie, aux tions foncières sont transcrites au bureau de la conservation des
provinces, aux communes et à l’Etat. En l’absence d’un cadastre hypothèques et cadastrées. Le cadastre, géré par le service du
complet, il n’est pas possible de connaître avec exactitude sa cadastre de la Nouvelle-Calédonie, permet d’identifier chaque
superficie : l’inventaire s’établit au fur et à mesure des mutations parcelle et son propriétaire. Sur les propriétés privées, bâties et
foncières. non bâties, la Nouvelle-Calédonie perçoit une « contribution
On opère une distinction entre : foncière ».
ld  ’une part le domaine public, qui comprend, schémati- Les règles usuelles de « gestion de la cité », telles que PUD,
quement, les biens affectés à une utilité publique. Il est, par permis de construire, droit de préemption, interdictions de dé-
exemple, constitué des routes, des ports, des bâtiments ad- fricher, etc. s’appliquent naturellement sur les priorités privées. Il
ministratifs accueillant des usagers d’un service public, etc. et s’agit de restrictions de l’exercice absolu du droit de propriété, à
relève du droit public et est en principe incessible ; des fins d’intérêt général.
ld  ’autre part le domaine privé, qui regroupe tous les autres ter- La loi du 29 décembre 1990 a rétabli, au bénéfice de l’ADRAF,

4
Ces notions découlent du droit maritime international. Ainsi, les eaux intérieures vont de la limite des plus hautes eaux coté terre, jusqu’à la « ligne de base », limite arrêtée par décret et qui coïncide, très schématiquement, avec le
tombant récifal. Les eaux territoriales forment une bande d’une largeur de 12 milles nautiques (22 km) partant de la ligne de base.
148
nouvelle-calédonie
répartition des régimes fonciers
par commune

Source : DITTT, Service du cadastre


le droit de préemption relatif aux terrains à vocation agricole, terres qui ont été ou sont attribuées par les collectivités territoriales
pastorale ou forestière dont bénéficiait depuis 1982 l’office ou les établissements publics fonciers, pour répondre aux demandes
foncier. Chaque intention de vente doit faire l’objet, par le pro- exprimées au titre du lien à la terre. Elles incluent les immeubles do-
priétaire, d’une information préalable à l’ADRAF, sous forme de « maniaux cédés aux propriétaires coutumiers. Elles sont inaliénables,
déclaration d’intention d’aliéner » (DIA). incessibles, incommutables et insaisissables » (ce sont là les « 4 i »,
La gestion de la propriété privée s’exprime sur le marché fon- qui traduisent le fait que ces terres ne peuvent être ni vendues,
cier. Sur les dix dernières années, on constate à partir des DIA ni cédées, ni saisies, ni touchées par une prescription). La loi or-
transmises à l’ADRAF une dynamique du marché foncier agro- ganique liste aussi le régime des terres coutumières parmi les
pastoral qui présente les caractéristiques suivantes : matières dans lesquelles peuvent intervenir les lois du pays.
lu ne géographie très marquée et liée au poids relatif de la pro- La superficie des terres coutumières représente environ le
priété privée sur l’espace : très peu de transactions sur la côte quart de la surface de l’archipel, et est répartie comme suit :
Est, forte activité sur les communes de la côte Ouest, en parti- l 344 tribus sur 392 000 ha de réserves (79 %) ;

culier celles du grand Nouméa, de Bourail, de Boulouparis ; l 295 GDPL sur 88 000 ha de terres (18 %) ;

lu n accroissement régulier du prix du foncier agropastoral, qui l 39 attributions claniques sur 9 000 ha environ (2 %).

rend l’accès à l’agriculture plus difficile ; De nombreux besoins s’expriment également sur cette catégo-
lu ne diminution régulière de la taille totale des propriétés ven- rie de foncier : lien à la terre, activité économique, habitat sur les
dues. nouveaux espaces notamment, infrastructures et équipement.
Ces différents facteurs s’expliquent en partie par un coût impor- La mise en valeur sur les espaces attribués notamment, est jugée
tant du foncier (point développé plus loin). très progressive. Elle comporte trois aspects :
De nombreux besoins sont exprimés sur cet espace : instal- l l e prolongement de l’activité agricole vivrière des terres de la

lation à l’agriculture, rétablissement du lien à la terre, résidence, tribu ;


loisirs, chasse… Ils sont souvent concurrents. l l ’insertion dans l’économie agricole marchande, notamment

par l’élevage bovin, l’arboriculture, les productions maraîchères


3.2.3 Des terres coutumières régies par la coutume ou de tubercules ;
La loi organique dispose que « Sont régis par la coutume les terres l l ’habitat, pour desserrer l’espace de la tribu, se réinstaller sur les

coutumières et les biens qui y sont situés appartenant aux personnes sites ancestraux, se désenclaver. Les projets d’habitat posent
ayant le statut civil coutumier. Elles sont constituées des réserves, des un certain nombre de problèmes techniques et financiers aux
terres attribuées aux groupements de droit particulier local et des promoteurs et aux collectivités, en particulier les communes.

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
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du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
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3.3 Un accès à la terre difficile cole, les enjeux financiers sont très forts. Cela semble rendre
3.3.1 Un coût important du foncier privé insoluble la question de la durée des baux :
l l a location du foncier sur du long terme est perçue comme une
dia 2007 : contrainte forte par le propriétaire, vis-à-vis d’une revente ou
PRIX MOYEN des transactions ayant fait l’objet d’une DIA
en cas de succession ; cette vision est d’autant plus forte que
les prix grimpent, et que l’agriculture ne génère que de faibles
revenus à l’hectare5 : les plus-values espérées dépassent signi-
5 à 20 ha ficativement les revenus locatifs ;
la  u contraire, les investissements ayant une rentabilité immé-
20 à 50 ha
diate étant rares, aucun locataire ne peut s’engager si le bail
plus de 50 ha n’est pas suffisamment long (plus de 15 ans) et s’il ne contient
pas une clause permettant, en cas notamment de problème
de santé ou de décès pendant ce délai, de ne pas tout perdre,
grâce à la transmission du bail à un repreneur ou à ses enfants.
Les locations non agricoles connaissent moins ce problème, la
valorisation économique des terrains permettant un niveau des
Source : ADRAF

loyers plus élevé.


L’encadrement des baux sur terres privées (baux ruraux ou
non) est du ressort de l’État (compétence de droit civil). Les tex-
Une recherche sommaire des causes immédiates ou profondes tes métropolitains sont nombreux à ce sujet (lois sur les baux
de la hausse du prix du foncier a été proposée par l’atelier 8, ainsi immobiliers, livre IV entier du code rural sur les baux ruraux),
que quelques commentaires quant au fait que le prix actuel des mais rien de tout cela ne s’applique en Nouvelle-Calédonie.
transactions est très supérieur à la valeur agricole des terres (cette Des baux peuvent aussi être mis en place sur les terres coutu-
dernière étant faible du fait du caractère extensif des pratiques mières, et le problème est alors moins entaché de considérations
agricoles). Cette différence constitue évidemment un frein consi- spéculatives. L’accord de Nouméa a prévu que le régime des
dérable à la mise en valeur agricole des terres, et à l’installation des baux sur ces terres soit défini par le congrès, en accord avec le
jeunes. On ne peut que regretter la déprise agricole, alors que l’agri- sénat coutumier, mais cela n’a pas encore été fait. En conséquen-
culture est un mode essentiel d’aménagement et d’occupation de ce, en l’état actuel du droit, un bail sur terre coutumière peut être
l’espace. On est donc en droit de se demander s’il faut réserver remis en cause par les descendants du détenteur légitime du
des espaces que l’on dédiera à certaines activités, pour préserver terrain. Le bail sur terres coutumières a toutefois tendance à se
certains espaces et éviter une envolée des coûts du foncier. développer, notamment sur les terres des GDPL.
Les zones proches des agglomérations sont les plus convoi-
tées. Cela rend les terres difficilement accessibles à la fois pour 3.3.4 Des efforts de l’ADRAF
les agriculteurs, mais également pour les ménages qui souhai- pour mettre en valeur le foncier
tent accéder à la propriété. Les tableaux suivants issus des prix L’ADRAF a aidé à la mise en place, et suit environ 150 baux, tota-
relevés en 2007 et 2008 par le service des domaines de l’État lisant environ 15 000 ha, sur les terres de certains GDPL pour des
dans les communes de Nouméa et du grand Nouméa et de Voh- durées variant de 1 à 38 ans.
Koné-Pouembout montrent ce coût important du foncier. L’ADRAF consent également des baux, sur certaines terres
qu’elle possède et qui sont en attente d’attribution, pour des
Commune Prix moyen (are) Nombre de transactions durées d’environ 10 ans (baux 3 – 6 – 9). Ces terrains sont sou-
Dumbéa 1 054 221 160 vent des terres de maraîchages.
Dans les deux cas, cela a permis l’installation de jeunes ex-
Mont-Dore 602 198 86
ploitants.
Nouméa 2 439 166 131
Source : service du domaine de l’Etat

Païta 719 425 345 3.4 U


 ne situation d’insécurité sur les droits
Koné 273 762 50 fonciers
3.4.1 Des contestations assez fréquentes
Pouembout 347 241 18
Nous l’avons vu plus haut, coutumièrement, la terre appartient
Voh 86 212 6 au clan. Sur la majeure partie des terres coutumières, la légitimité
d’un clan est bien assise. Il arrive toutefois relativement souvent
3.3.2 Des problèmes également que la situation soit plus difficile à apprécier, du fait des déplace-
sur les terres coutumières ments de populations anciens, sur la Grande-Terre notamment.
L’accès à la terre est également difficile pour les Mélanésiens. En Cette situation est potentiellement génératrice de conflits à l’in-
effet, sur terres coutumières, pour pouvoir exploiter le foncier, il térieur de la sphère coutumière.
est nécessaire d’obtenir une autorisation coutumière. Les problè- Pour les mêmes raisons, il existe, de très longue date, un phé-
mes qui découlent de cette situation sont développés plus loin. nomène de revendication s’exprimant au nom de la coutume
vis-à-vis de certains terrains privés. Depuis la mise en place de la
3.3.3 Une pratique de la location peu répandue réforme foncière en 1978, plus de 280 000 ha ont ainsi été réat-
La location agricole (fermage, métayage, etc.) est très peu ré- tribués, soit 15% environ de la surface de la Grande-Terre.
pandue. Au 31 décembre 2007, les rétrocessions de l’ADRAF en terres
Du fait qu’aucun texte ne protège les terres à vocation agri- coutumières (GDPL) s’élèvent pour la province Nord (y compris

5
La valeur ajoutée agricole par hectare est 78% plus faible en Nouvelle-Calédonie qu’en France. Par contre, la valeur ajoutée par emploi est 22 % plus élevée.

150
Poya sud) à 64 553 ha et pour la province Sud à 23 081 ha. développement, partout et pour tous, constitue une priorité. »
Malgré ces progrès, la question n’est pas close et les revendi- La sécurisation du foncier doit donc se faire sur l’ensemble
cations continuent de s’exprimer. Pourtant, elles n’ont guère été du territoire.
évoquées lors des discussions en atelier, peut-être par souci de la Thierry Mennesson remarquait toutefois, lors du même sé-
part des participants de mettre l’accent sur ce qui les rassemble minaire, que « la sécurité est une aspiration forte mais difficile à
plus que sur ce qui les oppose. atteindre ». « La réponse intéresse toutes les communautés et
chaque porteur de projet, quel que soit ce projet. Elle importe pour
évolution du statut des terres sur la grande-terre
depuis l’origine de la réforme foncière aujourd’hui comme pour demain et passe par la reconnaissance du
lien à la terre ».
Sur terres coutumières, la stabilisation du foncier rend né-
cessaire d’identifier et de reconnaître des droits en clarifiant la
notion de propriétaires de terres coutumières, pour la cohé-
sion et une gestion du foncier efficace pour le développement.
Même en ce qui concerne les attributions faites par l’ADRAF aux
GDPL, on note que les droits fonciers des clans concernés ne
sont pas précisés, et qu’il reste encore, après attribution, un tra-
vail de clarification à faire avant toute mise en valeur.
Il sera également important de faire attention à la cohésion
accueillants-accueillis, de sécuriser le palabre, de définir des ins-
tances d’arbitrage, d’élaborer un cadastre.

3.4.3 L’acte coutumier, créateur de droit


et contribuant à une meilleure stabilité
Les actes coutumiers constituent les seuls documents écrits
manifestant la volonté des autorités coutumières. Ils formalisent
une décision des autorités coutumières.
Le palabre constitue en effet l’acte juridique de la coutume.
Dans les faits, le débat n’est pas clos. Et au-delà des reven- A ce titre, il est garant de l’environnement coutumier du projet
dications foncières proprement dites, certains pensent que la et constitue l’élément essentiel de l’assise du projet. Il permet la
revendication d’une restauration du lien kanak à la terre ne doit cession d’un droit d’usage sur la terre, et doit en même temps
pas systématiquement se traduire par une revendication d’un clarifier les responsabilités du promoteur notamment sur les
droit de propriété. Ainsi, Berger Kawa déclarait, lors du sémi- plans financier et civil.
naire « foncier et développement » de 2001 : « Nous souhaitons Les actes coutumiers sont utiles pour les nominations des
qu’on reconnaisse ces clans, et qu’on reconnaisse que ces terres ap- autorités coutumières, la construction de logement sur les terres
partiennent à des kanak. On ne veut pas faire partir les nouveaux coutumières, la construction d’infrastructures communes (mai-
propriétaires, mais on souhaite que soient délimités 500 m² ou un ki- son commune, bibliothèque...), les projets d’électrification dans
lomètre autour de chaque ancienne tribu afin que nos enfants, plus les tribus, les projets de raccordement au réseau téléphonique
tard, puissent connaître leurs origines ». Et Bernard Lepeu, parlant ou au réseau d’eau potable, les projets agricoles, économiques
de la frustration des kanak, depuis le moment où on leur a en- ou touristiques.
levé leurs terres : « L’Accord de Nouméa est un moyen d’enlever cette La demande d’autorisation administrative de tenue de pala-
frustration. Il ne faut pas que les kanak continuent éternellement à bre peut être faite par les autorités coutumières (Petits Chefs,
dire : là où vit le blanc, c’est chez moi. Il faut un jour que cela cesse ». Grands Chefs, Conseil des Chefs des Clans...), un particulier de
Le fait est que l’idée d’achever la réforme foncière n’a jamais été statut civil coutumier intéressé au projet, un particulier de droit
mise en débat. commun intéressé au projet, un organisme financier (TEASOA,
ADHS, Plan Jorédié, BCI, FSH...), une société ou un établissement
3.4.2 L’enjeu de la sécurisation du foncier public (Enercal, OPT).
L’existence d’une revendication foncière annihile les tentatives L’acte coutumier peut prendre différentes formes selon que le
de mise en valeur d’un terrain, quel qu’en soit le statut. Une mise promoteur est issu ou non du clan détenteur des droits fonciers
en valeur sereine des terres ne peut se faire sans une sécurisation coutumiers sur la parcelle servant d’assise foncière au projet.
du foncier. Dans le premier cas, il pourrait prévoir les formes de recours en
Ainsi, lors de l’ouverture du séminaire « Foncier et développe- cas de contestation de la mise à disposition, préciser les respon-
ment en Nouvelle-Calédonie », Pierre Frogier, indiquait « Il faut sabilités engagées par le promoteur et définir avec précision la
sécuriser l’installation des hommes et des projets. Il faut aménager parcelle (fiche parcelle). Dans le second cas, il pourrait lui être
l’espace pour répondre à l’ensemble des besoins des populations, associé en plus un bail rural.
qu’ils soient d’ordre identitaire, économique, environnemental ou La redéfinition du statut juridique du procès-verbal de palabre
social. Il faut, en tous cas, sortir des considérations philosophiques était prévue par l’accord de Nouméa. L’objectif était de lui don-
ou politiques et proposer des réponses concrètes à des problèmes ner la pleine force juridique d’un acte authentique. La loi du pays
concrets. L’enjeu, on le voit bien, est d’imaginer, de définir, des solu- n°2006-15 du 15 janvier 2006 a donné corps à cette évolution
tions adaptées et d’avenir pour les terres non aménagées, quel que en encadrant fortement l’acte coutumier par une procédure qui
soit leur statut, mais en fonction de leur destination, de leur voca- va conférer à l’acte une valeur juridique équivalente à celle d’un
tion, de leur situation. Aménager le foncier pour en faire un atout de acte notarié.

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Les rapports des 9 ateliers
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du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

Cette loi du pays a ainsi signé la fin de la mission de syndic des fiches parcellaires sont adressées respectivement à la pro-
des affaires coutumières jusque là assurée par la gendarmerie : vince, au chef de tribu et à la grande chefferie. Cet inventaire est
en octobre 2008, des « officiers publics coutumiers » spéci- si besoin révisable, et les parcelles extensibles.
fiquement recrutés et formés par le gouvernement ont été L’objectif n’était donc pas d’établir un cadastre, mais de fait
installés, avec pour missions d’établir et de conserver les actes cette opération y ressemble car il y a ainsi eu une identification
coutumiers, de gérer les relations avec les conseils coutumiers des droits et des ayants droit sur chacune des parcelles. Tou-
et d’exercer les fonctions d’huissier dans les communes qui en tefois, la transposition de cet exemple en d’autres lieux pose
sont dépourvues. question, et Charles Washetine déclarait lors du séminaire «
foncier et développement » de 2001 : « La configuration sociale
3.4.4 L’importance du respect du chemin coutumier de Hnathalo se retrouve sur d’autres terres coutumières et pourtant
Lorsqu’un projet, quel qu’il soit (habitat, développement écono- il y a sur ces terres des difficultés énormes quant à l’idée d’asseoir
mique, etc.) concerne une terre coutumière sur laquelle l’assise un cadastre. Est-ce parce qu’à Hnathalo toutes les légitimités sont
clanique n’est pas certaine, la qualité du palabre devient essen- reconnues par les autres ? Les choses y ont été possibles grâce à la
tielle. Or, la nécessité d’aller vite conduit souvent à des palabres cohésion sociale. »
qui ne présentent pas toutes les garanties indispensables pour
ne pas être remis en cause. Certains ont évoqué l’image de 3.4.6 Des droits parfois incertains découlant directement
« bison futé », pour traduire le fait que chacun « doit respecter le de la coutume
chemin coutumier et ne passe pas par des raccourcis au risque de se Plus généralement, les droits découlant du palabre et traduits
retrouver devant des obstacles et de ne pas faire aboutir le projet » par l’acte coutumier sont par nature très différents d’un droit
(cf. actes du séminaire « Foncier et développement » p.50) de propriété à l’occidentale, et peuvent être jugés insuffisants
pour motiver un investissement. Ainsi, certains couples hésite-
3.4.5 Le projet d’un cadastre coutumier ront à faire construire sur des terres coutumières attribuées par
L’identification foncière est un préalable indispensable à tout le clan du mari, car la situation qui en résultera pourra être jugée
aménagement : tout projet doit avoir un support foncier par- comme trop incertaine pour la femme, qui n’a aucune garan-
faitement identifié. tie vis-à-vis de cette terre. Ce phénomène peut être une cause
Ainsi, l’accord de Nouméa a prévu que les terres coutumières d’exode et de non mise en valeur de l’espace coutumier.
soient « cadastrées, pour que les droits coutumiers sur une parcelle L’idée de cadastre vise donc à identifier et à reconnaitre les
soient clairement identifiés ». Le mot « cadastre » n’est pas parfait, ayants droit. Toutefois, comme on l’a vu plus haut, la sécurisation
car renvoyant de fait à l’idée de fiscalité foncière. Il est plutôt à suppose aussi, sur terres coutumières, de préciser la notion de «
comprendre comme une procédure d’identification et de déli- propriétaire ». Ainsi, Raphaël Mapou déclarait lors du séminaire
mitation des droits fonciers coutumiers, procédure à caractère « foncier et développement » de 2001 » : « En terrain coutumier, il
contradictoire permettant d’associer toutes les parties, tous les va falloir définir le droit de l’individu par rapport aux parcelles. Il faut
ayants droits et d’assurer une publicité suffisante sur des délimi- qu’on fasse l’effort de le dire, de l’écrire ».
tations qui en résultent. Les droits découlant du lien à la terre ne semblent pas faire
Ce chantier a peu avancé depuis la signature de l’accord de l’objet d’un consensus au sein de la sphère coutumière, cela
Nouméa, et les objectifs et modalités de ce « cadastrage » ne peut en partie expliquer la difficulté à formaliser les objectifs
font à ce jour toujours pas consensus. poursuivis par le cadastre coutumier.
La mise en œuvre d’une telle procédure devient plus urgente
au fur et à mesure que disparait la connaissance des légitimités : 3.5 D
 es investissements sur terres coutumières
les coutumiers sont de moins en moins nombreux à pouvoir longs et délicats
arbitrer les limites des terres et les clans responsables. Si les terres privées restent privilégiées pour le développement
D’un autre coté, on peut penser que l’élaboration du cadastre d’initiatives privées, les terres coutumières, qui forment 26 % de
doit se faire plutôt au coup par coup, en fonction des projets qui la surface de la Nouvelle-Calédonie, représentent un potentiel
se mettent en place, ce qui serait plus réaliste que d’envisager de développement considérable.
une opération globale. D’autant que les légitimités foncières ne Pourtant, on constate que ce potentiel a bien du mal à être
sont pas statiques : elles évoluent en s’adaptant à la situation ; valorisé. Cependant, même si elles sont pour l’heure peu nom-
ainsi, les attributions faites dans le cadre de la réforme foncière breuses, des exemples montrent que le développement est
ont refondé certaines légitimités sur des alliances claniques possible sur terres coutumières, comme par exemple la zone
contemporaines, intégrant les questions coutumières, sociales, artisanale de la Conception au Mont-Dore et des hôtels tels que
économiques… Drehu village, Méridien d’Oro, etc.
Certains exemples montrent que réaliser un cadastre sur terres On dénonce parfois le peu d’initiatives mélanésiennes prises
coutumières est possible. Ainsi, à travers le comité de dévelop- pour mettre en valeur leur espace. La faiblesse des équipe-
pement du Wetr à Lifou, une concertation a été conduite pour ments sur terres coutumières s’explique, outre la situation de
répondre aux besoins découlant de l’augmentation des popula- relative insécurité expliquée plus haut, par quelques facteurs
tions des tribus, et pour conduire ce développement de manière bien connus :
organisée : un accord a été trouvé entre les chefs de clans et les
propriétaires fonciers sur des règles permettant à des personnes 3.5.1 Des délais de prise de décision souvent très longs
ayant besoin de s’installer (par exemple suite à un mariage) de Mettre en place un projet sur terres coutumières suppose com-
bénéficier d’une terre. Ces règles répondent aux besoins en ha- me on l’a vu de respecter le chemin coutumier. Du fait que le
bitat mais aussi en infrastructures comme l’électricité, les écoles, foncier n’appartient pas à un seul individu mais au clan, les trac-
les églises… Les terres, ainsi accordées, sont cartographiées et tations foncières doivent prendre en compte une multiplicité

152
d’acteurs. Cela est d’autant plus difficile que la légitimité du chef mières passent, comme on l’a vu, par des formules de baux
ou l’assise clanique ne sont pas solidement établies. Un promo- de longue durée, à travers lesquels le clan ou la tribu proprié-
teur privé souhaitant investir sur terres coutumières devra donc, taire met le foncier nécessaire à disposition de l’entité qui va
lorsqu’il aura défini la zone dans laquelle il souhaite s’implanter, construire et exploiter le projet. La transaction suppose de se
identifier le clan propriétaire de la terre. Il devra ensuite engager mettre d’accord sur les parts que possèdera la tribu dans l’en-
des palabres avec les autorités coutumières pour définir ensem- tité exploitante, en tenant compte de la valeur de l’apport initial
ble les objectifs du projet, les retombées attendues pour le clan de l’investisseur (financement, savoir-faire, etc.), de celui du
et la tribu, la manière dont les personnes de la tribu pourront clan ou de la tribu (foncier), et d’autres paramètres éventuels
contribuer à la mise en place du projet et ensuite à son bon (engagements sur l’emploi dans la tribu). Donc, même si formel-
déroulement… lement le foncier n’est pas cédé, la question de son évaluation
Or, toutes ces tractations prennent beaucoup de temps. Ce est posée. Ce point n’est pas aisé puisque, le foncier coutumier
critère est donc important à prendre en compte. étant incessible, il n’existe aucun marché. Il peut le cas échéant
être fait référence aux prix de vente de l’immobilier privé dans
3.5.2 L’absence de garantie recevable pour un organisme le voisinage, et l’expertise du Service des Domaines peut être
prêteur recherchée ; toutefois, ces éclairages peuvent ne pas répondre à
Tout investissement impliquant pour sa réalisation un emprunt toutes les questions que se posent les coutumiers.
bancaire, nécessite également que soit apportée à la banque Pour que le projet se fasse, chaque partie doit pouvoir trouver
une garantie satisfaisante. Lorsqu’il s’agit d’un investissement de son compte. La tribu doit notamment décider si le mode de dé-
nature immobilière sur terres coutumières, il ne pourra, du fait veloppement qui lui est ainsi proposé, et qui a nécessairement
du caractère insaisissable de ces dernières, être hypothéqué. des incidences culturelles puisque se déroulant sur une terre
La solution la plus évidente pour contourner cet obstacle chargée de valeurs identitaires, lui convient.
consiste à ce qu’une partie des membres de la tribu se porte Ces sujets étant délicats, il est déjà arrivé que, plusieurs an-
caution de l’emprunteur, et apporte à la banque une garantie sa- nées après le début d’exploitation, des contestations surgissent
tisfaisante. Toutefois, les personnes à même de se porter caution quant aux retombées pour la tribu. Le fait que l’investissement
sont peu nombreuses, et le système est donc limité. soit une réussite peut avoir tendance à favoriser de telles réac-
Une autre solution consiste à apporter à la banque la garan- tions tardives.
tie d’un fonds ad hoc créé par les pouvoirs publics. C’est ainsi
qu’une délibération du 19 avril 1989 a créé un fonds de garantie 3.5.4 Une localisation géographique parfois
pour les micro-projets économiques. peu favorable au développement économique
L’accord de Nouméa avait prévu qu’il serait « créé un fonds de Les terres coutumières sont souvent enclavées, notamment
garantie pour faciliter le financement des projets de développement pour les terres situées dans la chaîne (cf carte p. 75).
sur les terres coutumières ». La loi organique a stipulé quant à Cet enclavement rend plus difficile l’acheminement des biens,
elle que l’État apporterait son concours à ce fonds. Ce fonds est des personnes et des services (eau, électricité, téléphone). L’en-
encore à l’étude, mais les trois provinces ont créé leurs propres clavement semble donc être une faiblesse, même si certains
fonds de garantie : publics recherchent l’éloignement, qui peut être vu comme une
l l e fonds créé par la province Sud est destiné à aider au finan- source d’authenticité (ex : tourisme chez l’habitant).
cement d’investissements réalisés dans le cadre d’une activité
appartenant au secteur productif ; 3.6 L a difficulté pour les pouvoirs publics
lc  elui créé par la province Nord s’adresse à des promoteurs qui d’accompagner le développement des
ont difficilement accès au crédit bancaire et qui sont peu fami- terres coutumières
liarisés à la gestion des entreprises ; Par définition, les règles s’appliquant sur les terres coutumières
l l e fonds créé par la province des îles Loyauté intervient pour ne sont pas les règles de droit commun… En corollaire, l’action
de petits et moyens projets économiques sur terres coutu- publique s’y développe avec de notables difficultés.
mière, en faveur de toute personne physique ou morale qui
est porteuse d’un projet de développement économique dans 3.6.1 Une absence de règles d’urbanisme
la province. Ainsi, si l’élaboration des PUD prend en compte, de façon globale,
Enfin, l’investisseur peut bénéficier sur le terrain coutumier les enjeux des terres coutumières, en pratique les règlements des
concerné d’un bail de suffisamment longue durée (bail inspiré PUD une fois approuvés ne s’y appliquent pas.
des baux emphytéotiques) afin d’améliorer le niveau des garan- Pourtant, l’inclusion des terres coutumières dans les péri-
ties apportées. Certains GDPL l’ont déjà fait, mais cette pratique mètres d’application des règles communales d’urbanisme, en
est encore trop peu usitée. Cette solution ne résout pas tous concertation étroite avec les autorités coutumières, présenterait
les problèmes : comme on l’a vu, le caractère spécifique des de nombreux avantages. Cela permettrait de planifier le dévelop-
terres coutumières fait que le niveau des garanties apportées pement sur terres coutumières et d’y envisager des équipements
aux investisseurs potentiels est plus faible que sur terres de droit cohérents avec ceux développés sur le reste du territoire. En
commun, ce qui est un frein à l’investissement. Cette particu- identifiant les espaces nécessaires aux équipements publics
larité peut justifier l’intervention directe des SEM provinciales importants, cela permettrait de répondre aux attentes des po-
(Promosud, Sofinor et Sodil). pulations en matière de routes, d’enseignement, d’adduction
d’eau, d’assainissement, d’électricité, de collecte des déchets, etc.
3.5.3 Une évaluation difficile des projets sur L’initiative privée devant souvent être accompagnée d’infrastruc-
terres coutumières tures publiques, cela faciliterait également la mise en œuvre des
Les projets développés par des investisseurs sur terres coutu- projets à vocation économique (hôtels, gîtes, etc.).

153
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

Cet enjeu est d’autant plus important que l’aménagement sur On peut citer également le dispositif OGAF (Opération Grou-
terres coutumières est coûteux (l’habitat étant dispersé) et dif- pée d’aménagement Foncier) et les GDPL développés plus loin.
ficile (du fait des contraintes propres du statut coutumier – voir Au niveau coutumier, quelques initiatives ont été prises éga-
ci-dessous). lement : on peut citer l’exemple du comité de développement
Cette exclusion des règles d’urbanisme place en quelque du Wetr à Lifou, qui sert d’interface entre les pouvoirs publics
sorte les terres coutumières en marge du développement, tel et l’autorité coutumière sur tous les projets de développement.
que celui-ci est mis en œuvre par les collectivités publiques. En Cette structure travaille, à travers diverses commissions, sur de
fait, en ce domaine comme dans d’autres, il manque aujourd’hui nombreux sujets : santé, culture, tourisme, environnement et
une concertation renforcée entre les acteurs institutionnels et foncier, commerce et artisanat, jeunesse et sport, transport et
coutumiers pour trouver des solutions innovantes. communication.

3.6.2 Un manque d’outils en matière d’habitat 3.7 D


 eux outils au service du développement
De même, les délibérations adoptées par les provinces Nord et en terres coutumières :
Sud en matière de permis de construire dispensent les construc- les GDPL et les OGAF
tions sur terres coutumières de cette obligation. En corollaire, les 3.7.1 Les GDPL
constructions sur terres coutumières ne sont à ce jour astreintes La personnalité morale a été conférée aux Groupements de Droit
à aucune des obligations usuellement associées au permis de Particulier Local (GDPL) par une ordonnance en 1985, dans une
construire, telles que par exemple l’obligation d’équipement par forme reprise ensuite par la loi référendaire. Ses conditions de
une fosse septique. création, d’un niveau de formalisme extrêmement simple, sont
On notera également que la commune n’est pas associée ni définies par le décret 89-570 du 16 août 1989.
même informée du palabre permettant une construction sur Le GDPL est en général constitué d’un collectif de personnes
terres coutumières. Or, c’est bien la commune qui doit se pré- de statut coutumier dont chacun est membre du GDPL à la fois
occuper du raccordement en réseau des habitations et qui aura en tant que personne et en tant que représentant d’un groupe
ensuite à gérer les problèmes de fonctionnement des nouvelles social coutumier : famille, clan, tribu. Un mandataire est désigné,
zones d’aménagement. Le maire est également directement qui doit mettre en œuvre les décisions du GDPL, animer le fonc-
concerné en cas de construction en zone inondable et devrait tionnement interne, au niveau tribal ou clanique, et représenter
pouvoir agir pour empêcher les constructions potentiellement le GDPL vis-à-vis des tiers, tels qu’autorités coutumières, collec-
dangereuses. tivités publiques, autres GDPL, organismes porteurs d’un projet
De façon plus générale, la question de l’application aux terres de développement, etc.
coutumières de certaines règles de bonne gestion mériterait Le GDPL est principalement utilisé comme structure attribu-
d’être mieux tranchée. On note ainsi que certaines règles de taire de foncier, dans le cadre de la réforme foncière : l’ADRAF
droit commun sont appliquées sur terres coutumières, telles attribuera le cas échéant au GDPL la propriété civile (avec titre
que, par exemple, les règles relatives aux installations classées écrit de propriété) de terres revendiquées au nom du lien à la
pour la protection de l’environnement (ICPE), alors que d’autres terre. Dès l’attribution, ces terres deviennent coutumières, en
règles de droit commun ne le sont pas, telles que, par exem- application de la loi organique, et sont dès lors incessibles, etc.
ple, celles relatives au raccordement à l’assainissement collectif Depuis 1989, environ 750 GDPL ont été constitués parmi
quand il existe. lesquels 298 ont bénéficié d’attributions dans le cadre de la ré-
De même, il y a lieu de relever que la contribution foncière, forme foncière.
telle que définie par le code des impôts de la Nouvelle-Calé- Le GDPL peut également être constitué comme structure
donie, n’est plus appliquée aux terres coutumières, depuis une d’exploitation économique. En fait, son objet est totalement li-
nouvelle interprétation de l’article 18 de la loi organique. bre. Il peut être culturel, social, etc.
Les GDPL peuvent prendre toute initiative de nature écono-
3.6.3 L’application des règles coutumières mique de droit commun. On peut ainsi citer :
aux équipements publics l l e cas de divers GDPL ayant constitué respectivement la SCP

Les investissements publics sur terres coutumières sont, par Baco-Poindah et la SCP du massif afin de participer au capital
nature, porteurs d’un certain bien être pour les populations et de la SAS Vavouto-Koniambo, via la SCP d’investissements du
facilitent le développement économique ; ils sont donc plus fa- Nord ;
cilement acceptés par les coutumiers que les investissements l l e GDPL Alone constitué par les habitants de la tribu de Wadrilla

privés. Néanmoins, le problème posé par le foncier peut com- sur Ouvéa en 1994 pour la prise des parts dans la société d’ex-
pliquer le projet. ploitation de l’hôtel Paradis d’Ouvéa ;
l l e GDPL Wadrelamo constitué par le petit chef de la tribu de

3.6.4 Structures d’accompagnement Naéo, un représentant de la famille propriétaire terrien de


aux projets économiques Naéo, et trois représentants des familles propriétaires terriens
Devant ces difficultés, les pouvoirs publics ont adapté ou créé de la tribu de Dozip, pour la prise de parts dans la société d’ex-
des outils destinés à impulser ou accompagner les projets de ploitation de l’hôtel Oasis de Kiamu à Lifou. Ce montage est
développement, pour tenir compte des enjeux particuliers des similaire à celui du Koulnoué Village à Hienghène avec le GDPL
terres coutumières. Madayo.
Nous avons ainsi vu plus haut les dispositifs déployés par Les GDPL ont permis une réelle avancée en termes de re-
diverses autorités publiques pour apporter des garanties aux distribution foncière, mais on constate que, pour les projets
organismes prêteurs, ou pour apporter directement des finan- économiques, ce statut ne recueille pas la confiance des établis-
cements ou des prêts aux projets économiques. sements financiers.

154
alternatifs de satisfaction des revendications.
3.7.2 Les OGAF 5. Formaliser la procédure de palabre et de rédaction des procès
L’OGAF est à l’origine un dispositif d’État créé en métropole en verbaux.
1970, appliqué outre-mer avec des adaptations locales. Proposition : mettre en œuvre le projet de procès-verbal de pala-
Les principes qui conduisent à la mise en place d’une OGAF bre.
sont les suivants : 6. Définir les formes de mise à disposition de terres selon les biens et
lu ne ou plusieurs communes émettent un souhait en matière le support foncier.
de projet de développement ; Proposition : réaliser une étude concernant l’ensemble des formes
lu n diagnostic de territoire est élaboré de préférence à travers de mise à disposition de terres pour l’activité économique ou l’habi-
une démarche participative pour une identification des be- tat : bail rural, bail à construction, bail emphytéotique, apports en
soins locaux ; sociétés, mise à disposition gratuites… susceptibles de répondre aux
lu n plan d’action et du plan de financement sont définis pour besoins, en vue d’une définition du régime de ces mises à disposition,
sa mise en œuvre. par la loi ou la loi du pays, selon les compétences.
Le financement des OGAF est un financement conjoint entre 7. Définir la notion de droit réel applicable d’une manière générale
l’Etat (CNASEA), la province concernée, la ou les commune(s) sur terres coutumières pour répondre aux besoins des personnes pri-
concernée(s) et l’ADRAF. vées et des collectivités.
Un support associatif communal gère les fonds et la mise en Proposition : constitution d’un groupe de travail.
œuvre de l’OGAF (ex : GAPCE sur la côte Est, ADEVI à Yaté…) 8. Mettre en place en Nouvelle-Calédonie des structures juridiques
La mise en place des OGAF nécessite l’implication des asso- adaptées à l’agriculture, permettant une séparation des patrimoines
ciations locales et la séparation de la gestion et de la production. foncier et d’exploitation.
Des équipes d’animation locale sont dédiées au projet. De plus, Proposition : utiliser les références existantes en matière d’entreprise
un comité technique regroupant les différents partenaires, dont agricole ou de groupement foncier, pour définir des structures juridi-
les acteurs locaux et les coutumiers, suit le bon déroulement du ques adaptées à l’agriculture et permettant de séparer le patrimoine
projet OGAF. foncier du patrimoine d’exploitation.
La majorité des communes de la côte Est sont dotées d’une 9. Renforcer l’information et la connaissance sur les types de foncier,
OGAF, de même que les communes de Maré et Ouvéa. les usages et les contraintes.
Les résultats de ces opérations sont mitigés, mais les OGAF Proposition : définir et élaborer des outils d’information, de connais-
présentent les avantages suivants : sance et de gestion du foncier à destination des décideurs et des
ld e cibler une population qui n’est pas touchée habituellement, promoteurs (observatoire du foncier rural, guide des procédures
soit des personnes pluri-actives vendeuses de 40 % maximum coutumières spécifiques à chaque aire, antennes locales d’informa-
de leur production, ayant peu de ressources et peu insérées sur tion sur les terres coutumières.
le marché, et de permettre à cette population de continuer à 10. Mettre en place le fonds de garantie sur terres coutumières.
vivre en tribu plus décemment ; Proposition : créer et alimenter le fonds de garantie sur terres cou-
ld e dynamiser et d’animer la production : animation de proxi- tumières.
mité ; 11. Définir un système de gestion du foncier en Nouvelle-Calédonie.
ld e créer du lien social : le dispositif est proche des gens et très Proposition : définir une procédure de transcription des droits
souple. fonciers sur terres coutumières par une publicité foncière et un en-
registrement adapté.
3.8 D
 ouze recommandations formulées à l’issue 12. Inciter à l’élaboration concertée d’outils de gestion de l’espace
du séminaire d’octobre 2001 sur le foncier rural.
et le développement Proposition : mettre en place une structure de réflexion au niveau
En conclusion de cette partie sur le foncier, nous citerons pour communal sur les problèmes d’aménagement, rassemblant notam-
mémoire les recommandations issues du séminaire « Foncier ment les instances de la commune et de la coutume ; donner un
et développement » d’octobre 2001, entérinées par le comité cadre réglementaire minimum aux documents de gestion du sol,
des signataires de l’accord de Nouméa qui s’est tenu à Paris en définis en concertation avec les autorités coutumières, dans le cadre
janvier 2002 sous la présidence de M. Christian Paul, secrétaire de l’élaboration des plans d’urbanisme directeurs ; mettre en place
d’État à l’Outre-mer. des outils de maitrise des coûts et de la destination des sols (droit de
« 1. Conduire le débat sur les enjeux fonciers au niveau local. préemption, périmètres locatifs, emplacements réservés…). »
Proposition : effectuer une tournée communale d’information et de
réflexion sur les thèmes abordés dans le cadre du séminaire et sur les Les suites données à ces 12 propositions peuvent être listées
résultats des débats. comme suit :
2. M
 ettre en œuvre le cadastre des terres coutumières. 1. tournée des GDPL en 2004 par l’ADRAF ;
Proposition : commanditer une étude de faisabilité sur chaque type 2. chantier lancé par le sénat Coutumier ;
de « cadastre » pour identifier l’ensemble des paramètres à prendre 3. néant ;
en compte, et l’impact de la réalisation de ces projets. 4. action venant d’être achevée par l’ADRAF ;
3. Clarifier au plan juridique les droits coutumiers. 5. loi du pays votée et promulguée ;
Proposition : recenser et qualifier juridiquement les droits coutu- 6. néant ;
miers. 7. le groupe de travail a été réuni et doit prochainement rendre
4. Définir un mode d’analyse et de traitement des revendications. ses conclusions ;
Proposition : mettre en œuvre la réalisation d’un inventaire et d’une 8. une ordonnance permettant la création de GAEC et de GFA
typologie des revendications, ainsi qu’une réflexion sur les modes a été préparée ;

155
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

9. néant ; On constate qu’après sept ans, le taux d’achèvement de ces re-


10. le travail sur le projet de fonds de garantie se poursuit ; commandations est modeste. Il serait intéressant de comprendre
11. néant ; pourquoi, malgré la multiplicité des acteurs (Etat, Nouvelle-Calédo-
12. l’élaboration des PUD tient compte, de façon globale, de la nie, provinces, communes, sénat coutumier et aires coutumières,
problématique des terres coutumières, mais les prescriptions ADRAF, etc.) le problème du foncier, bien qu’unanimement jugé
des PUD ne s’appliquent pas sur celles-ci. crucial, avance ainsi relativement lentement.

4. D
 éveloppement économique, travail
et identités culturelles
L’extrême diversité culturelle de la société néo-calédonienne à des besoins ponctuels, on y note des pics de production no-
conduit naturellement à poser la question de savoir comment tamment en période de rentrée scolaire et de mariages.
les différentes communautés du pays s’insèrent dans le déve- Dans les quelques entreprises économiques kanak (coprah,
loppement économique ; comment elles le perçoivent et le pêche, élevage, café), il n’est pas rare qu’on produise en dessous
vivent ; quel rapport elles ont à l’entreprise, au monde du tra- du seuil de rentabilité. La loi de l’offre et de la demande est en
vail et à l’économie de marché en général ; et quelles sont les décalage avec le contexte culturel, comme les impératifs de ren-
transformations induites dans les cultures par le développement dement et de rentabilité économique.
économique. Pratiquement, les deux économies, comme les communautés
Ces questions sont d’autant plus importantes que, notam- qu’elles organisent, cohabitent, mais leurs relations ne sont pas
ment depuis l’accord de Nouméa, la société néo-calédonienne réellement pensées, encore moins formalisées.
est en pleine mutation, sous l’effet d’un très fort développement
économique,et du processus de construction d’une commu- 4.1.2 …qui fonctionnent parfois comme des contradic-
nauté de destin. Et, de ce point de vue, poser la question de tions et entretiennent la méconnaissance réciproque
l’articulation entre identités culturelles, travail et développement Les membres de l’atelier ont décliné à l’envi les implications pro-
économique revient nécessairement à s’interroger sur l’avance- blématiques de ces différences.
ment de ce processus de construction, du rééquilibrage voulu Pour les chefs d’entreprise, il est par exemple très difficile d’in-
par les accords politiques à l’émergence d’une véritable écono- vestir en formations sur une catégorie de personnels irréguliers.
mie néo-calédonienne. Certains hésitent, voire refusent d’embaucher des personnels
océaniens de peur d’être pris au dépourvu aux moments les plus
4.1 Des communautés en quête d’unité inopportuns (absentéisme, défections inopinées).
4.1.1 Des différences culturelles… D’autre part, dans un univers économique où « le temps, c’est
Le premier constat, le plus évident à faire, est celui de la diversité de l’argent », la difficulté de nombreux salariés océaniens à tenir
des représentations culturelles du travail et de l’économie. Le fait des horaires et des délais, à s’inscrire un rythme d’entreprise de
est particulièrement patent lorsqu’on considère les deux com- plus en plus rapide (moyens de communications, mondialisa-
munautés kanak et européenne. D’un côté, une vision moderne tion) et à mener plusieurs tâches à la fois pour répondre aux
de l’économie, individualiste et universaliste, inculquée dès l’en- besoins du marché constituent de véritables handicaps. Les chefs
fance, dans laquelle le travail est par définition monétarisé et d’entreprise déplorent le manque d’autonomie, d’adaptabilité,
où la rentabilité et le profit sont recherchés et les contraintes de sens des responsabilités, de savoir-faire, d’envie d’apprendre
du marché admises ; de l’autre, une conception traditionnelle et de réussir de la part de leurs employés kanak et océaniens. Ils
où le travail, axé sur la production vivrière et coutumière, est parlent aussi d’un manque d’ambition, d’un refus chez eux de
avant tout orienté vers l’autoconsommation et donc faiblement se démarquer des autres qui serait un frein à l’ascenseur social
monétarisé et où les gains sont de nature sociale plus qu’éco- au sein de l’entreprise. Ils mentionnent par exemple le cas de
nomique. personnes qui, malgré toutes leurs compétences, se refusent à
Ce n’est pas la recherche du profit qui y est un moteur de accéder à un poste supérieur au chef de clan qui travaille dans
développement, mais le bien-être de la communauté. Lors- la même société.
qu’ils s’inscrivent dans l’économie marchande, beaucoup de L’organisation des équipes de travail se doit selon eux de tenir
travailleurs issus de ce monde traditionnel ne cherchent pas à compte de ces caractéristiques qui peuvent être incompatibles
s’assurer des revenus à long terme, mais à satisfaire des besoins avec la bonne marche de l’entreprise.
ou des désirs ponctuels et immédiats (achat d’une voiture, d’un La méconnaissance de la logique économique et le man-
réfrigérateur ou d’un poste de télévision, argent liquide en pré- que de formation contribuent à l’incompréhension des choix
vision d’une obligation coutumière, paiement des fournitures de de management. Plus globalement, la vision « à court terme »
rentrée scolaire, participation à la vie d’une église…). Lorsqu’ils des économies traditionnelles est perçue comme absolument
ont réussi à réunir l’argent nécessaire, ils quittent l’entreprise contraire à celle de l’entreprise qui a besoin sans cesse d’antici-
et retournent au mode de vie traditionnel. Cependant, il sem- per. Le temps social des premières s’oppose au temps technique
blerait que de plus en plus de kanak cherchent à s’insérer dans de la seconde, commandé par la réalisation d’objectifs écono-
l’économie de marché, sans pour autant que l’on puisse préciser miques.
l’ampleur de la tendance. Les contraintes du monde du travail s’imposent à tous, quelle
La production du coprah destinée à l’huilerie d’Ouvéa dé- que soit la communauté d’origine. Il convient cependant de ne
montre bien ce caractère temporaire du travail afin de subvenir pas accentuer les différences existantes.

156
Pour les kanak et plus généralement les océaniens, l’entre- parition de comportements individualistes.
prise, le monde du travail salarié et de l’économie marchande On parle de choc des cultures, d’effritement des valeurs tra-
apparaissent comme un univers de contraintes dans lequel il ditionnelles, de crise identitaire, de pertes de repères chez les
leur est souvent difficile de s’insérer du fait qu’il ne prend pas jeunes, de l’émergence de conflits intergénérationnels (entre
en compte les impératifs de leur propre communauté. S’insérer des adultes soucieux de préserver la cohésion sociale et des
sur le marché du travail implique fréquemment d’avoir à quitter jeunes de plus en plus séduits par les sirènes de la modernité
le village et la commune où l’on est né et où l’on a grandi et/ou occidentale).
de négocier avec les devoirs de leur vie coutumière comme s’il Peut-être plus dans la communauté kanak que chez les autres,
s’agissait de choix de vie privée. Le cumul des obligations profes- tout le monde ne va pas au même rythme, ne serait-ce que par
sionnelles et coutumières engendre des tensions au quotidien l’écart qui sépare ceux qui ont immigré en ville ou sont rentrés
en même temps qu’il réduit les marges de liberté des individus. dans le salariat par rapport à ceux qui demeurent en tribu. Des
Un kanak moralement tenu à l’accomplissement d’un de- craintes de rupture s’expriment. Des questionnements pro-
voir familial ou communautaire devra par exemple prendre des fonds se font jour. Qu’est-ce que la qualité de la vie ? La vraie
congés, amputer son temps de repos ou de loisirs personnel vie est–elle obligatoirement le travail salarié ? Le marché toute
pour rentrer ensuite dans l’entreprise où sa fatigue ne sera pas l’économie ?
prise en considération. Le travail effectué à la tribu ne sera pas
comptabilisé comme un véritable travail. Il devient même source 4.1.3 Des inégalités sociales aussi
de frustration. Nombreux sont ceux qui préfèrent quitter l’entre- La culture ne suffit toutefois pas à rendre compte de toutes les
prise soit pour en intégrer une autre plus flexible, soit pour créer différences qu’on observe dans le rapport au travail, à l’entreprise
leur propre structure répondant à leur mode de vie. Mais dans ce et au marché. Les populations qu’on qualifie de « traditionnel-
dernier cas, les compatibilités avec les contraintes économiques les » ne disposent que rarement d’un environnement adapté
ne sont pas plus faciles à établir. qui les prépare à intégrer l’économie moderne. En fait, on peut
Aux difficultés déjà rencontrées (absentéisme, défections) même dire que leurs conditions d’accès à cette économie ne
s’ajoutent les difficultés de positionnement de personnes issues sont souvent pas remplies. D’un côté, la taille et la structuration
d’un même cercle de parents et/ou de rangs (hiérarchie coutu- des marchés intérieurs sont en brousse insuffisantes pour la
mière) différents au sein de l’entreprise, les pressions du milieu création d’une activité économique d’ampleur, de l’autre, la taille
pour transiger avec les contraintes de l’activité économique, les des entreprises de brousse est insuffisante pour qu’elles puissent
sollicitations financières (avances) et les critiques suscitées par se développer et répondre au marché à l’échelle du pays. Le dé-
l’incompréhension des démarches entreprises. veloppement à venir de la zone Voh-Koné-Pouembout devrait
Les difficultés rencontrées de part et d’autre tendent à faciliter la croissance du marché de brousse et apporter des op-
fonctionner comme des contradictions et à entretenir les mé- portunités aux petites entreprises du Nord.
connaissances et les préjugés réciproques. Les oppositions entre En fait, quelque soit la communauté concernée, plusieurs pré-
cultures, entre la vision individualiste et la vision communau- requis d’ordre logistique sont nécessaires pour pouvoir accéder
taire, sont quelquefois durcies jusqu’à apparaître irréductibles. au développement économique et offrir les mêmes possibili-
Pour les Océaniens, la vision négative de l’entreprise, surtout tés d’initiative sur l’ensemble du territoire (égalité des chances).
chez les jeunes, conduit à la tentation du repli identitaire ou Or, en la matière les inégalités sont légions. Ces inégalités sont
à la radicalisation des positions syndicales et politiques. Pour également évoquées dans le récent rapport de l’INSERM (mars
les acteurs économiques, l’ignorance du monde traditionnel 2008) intitulé situation sociale et comportements de santé des
est incontestablement une solution de facilité, même si elle jeunes en Nouvelle-Calédonie. Cependant elles ne seront pas
est à courte vue et vient renforcer les préventions précédem- développées dans ce rapport car elles relèvent de l’atelier 1, so-
ment mentionnées. Certes, l’apprentissage de l’autre est rendu lidarité sociale et égalités des chances.
obligatoire par l’évolution politique du pays, les échanges se dé- L’accès aux moyens modernes de communication (téléphone
veloppent. Par l’écoute et le respect, il commence à y avoir une fixe et mobile, Internet ADSL, distribution de l’information que
prise de conscience des autres. Mais on est encore loin d’une ce soit sous la forme de la presse écrite ou audiovisuelle…), n’est
véritable compréhension mutuelle. pas encore possible partout, malgré les récents efforts consentis
D’un point de vue plus global, la nature et le rythme des trans- en ce domaine.
formations sociales provoquées par l’économie marchande au De plus, la communication mise en place est de type euro-
sein des communautés kanak et océaniennes en général n’est péen, dans la forme comme dans le contenu, elle exclut donc
pas sans inquiéter. On craint en premier lieu de ne pouvoir en de fait une bonne partie de la population. Il y a une nécessité
maîtriser les conséquences. Le développement économique et d’aller au devant des populations pour les informer notamment
ses retombées financières dans la vie des individus perturbent en allant en tribus. Le manque d’information entretient la mé-
parfois les solidarités et vont dans certains cas jusqu’à une dé- connaissance des réalités différentes et donc la crainte d’aller
valorisation d’un système de valeurs, imposant un choix entre vers l’autre et de connaître le fonctionnement de l’économie
système « traditionnel » et système « moderne ». L’insertion des moderne. Le but à atteindre est que chacun puisse compren-
populations dans le tissu économique conduit à la création de dre les avantages et inconvénients de celle-ci et ainsi évaluer
structures (GDPL, associations loi 1901…) dont l’articulation s’il peut être intéressant pour lui de l’utiliser par rapport à ses
avec le système « traditionnel » n’est pas évaluée et qui peuvent besoins, de s’y insérer totalement ou partiellement.
entrer en compétition avec les institutions coutumières. Les carences en matière de transports – aussi bien routier,
On évoque les conséquences de l’argent sur la coutume, les aérien et maritime - concourent également au sous-dévelop-
échanges et les liens de parenté, du travail des femmes sur le pement économique de la brousse en rendant compliquée la
temps à consacrer aux enfants, aux champs et à la maison, l’ap- rencontre avec les clients et les fournisseurs, en ne permettant

157
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

pas l’écoulement normal des productions et l’approvisionne- aujourd’hui c’est, comme le montrent les inégalités persistantes de
ment régulier des entreprises. L’exemple de la foire de Maré de la société néo-calédonienne, la possibilité réelle de le faire.
2008, où, faute de moyens de transports disponibles, une partie La culture doit être une source d’épanouissement, pas un
des denrées n’a pu être écoulée, apparaît à cet égard embléma- carcan dans lequel on enferme individus et communautés. Paral-
tique. Comment nier pourtant que la mobilité est essentielle au lèlement, le travail salarié n’est pas une fin en soi. Il est important
développement économique que ce soit au niveau local (tribus, de distinguer les types de travail : le travail au champ est aussi
communes) ou au niveau territorial (provinces, continuité inter- un travail. Concernant le travail en entreprise, il faut employer la
îles) ? notion de travail salarié.
L’accessibilité aux facteurs de production est peut-être l’élé- Concrètement, il faut cesser d’opposer ce qui n’a pas à l’être.
ment le plus discriminant en termes d’activité économique. La prédominance de l’économie de marché, qui s’appuie sur
L’accès au foncier, privé ou coutumier, constitue une charge la monétarisation des échanges, ne devrait pas empêcher le
conséquente dans tout projet or, il s’avère souvent extrême- développement d’autres économies, souvent moins structu-
ment difficile dans les conditions actuelles. Il en va de même rées règlementairement, mais utiles à la vie du pays. L’objectif
pour l’accès au capital : l’investissement initial nécessaire à une devrait être la recherche des compatibilités et des synergies.
activité économique est difficile à apporter individuellement. Le Malheureusement, les contre-exemples ne manquent pas. Le
recours aux prêts bancaires est souvent inévitable, mais soumis développement accéléré induit par la construction de l’usine du
à l’obtention de garanties bien difficiles à négocier. Sud a contribué à déstructurer les tribus : en embauchant un
Quant à l’accès à la formation technique, il reste très insuffisant: nombre significatif de femmes, mais sans anticiper sur les consé-
la gestion d’une activité économique nécessite l’acquisition de quences, il a été constaté un net recul de la production agricole
compétences et de savoir-faire que la formation initiale comme vivrière (faute d’entretien des champs) et un relâchement des
supérieure n’est pas toujours en mesure d’apporter. liens familiaux (les enfants n’étant plus suffisamment encadrés
La disparité qu’on observe entre les jeunes qui ont arrêté l’éco- pendant les heures de travail).
le très tôt et les jeunes diplômés (ils n’ont plus les mêmes repères Un autre exemple de la nécessité de choix réside dans la
ni les mêmes centres d’intérêt) est encore trop grande. culture du café. Au lieu de poursuivre l’exploitation du café
De plus, les jeunes kanak non diplômés pensent qu’ils n’ont « traditionnel », nécessitant peu d’entretien, on lui a préféré la
pas leur place dans le monde du travail. Pour aller de l’avant, la productivité du café « soleil » qui, lui, nécessite un suivi régulier.
gratuité de l’enseignement est primordiale, afin de garantir son Ce changement de plants a conduit à la chute du volume de
accès au plus grand nombre, mais elle ne suffit pas. Beaucoup production du café.
de formations sont trop scolaires ou théoriques, et de ce fait ne
préparent pas ou mal à la vie d’une entreprise. On manque cruel- 2° Des valeurs positives
lement de véritables dispositifs d’accompagnement. Pour aller dans le sens d’une meilleure intégration de tous à
La pédagogie, plutôt de type européenne, est peu adaptée l’économie et une reconnaissance par les entreprises de la di-
aux jeunes non préparés à l’économie marchande. Inversement, versité culturelle du pays, les membres du groupe insistent sur
les formateurs sont trop souvent ignorants des réalités du pays l’existence au sein de la société néo-calédonienne de valeurs
(cette problématique a également été traitée dans l’atelier 1). positives qui s’avèrent d’autant plus nécessaires à préserver et
Pour les éventuels entrepreneurs océaniens, désireux de même développer que certaines d’entre elles tendent à dispa-
s’engager dans une activité économique, il existe peu ou pas raître dans le monde moderne.
de modèles d’entreprises qu’ils puissent s’approprier. De plus, C’est le cas des valeurs de respect, d’entraide et de coopé-
ils sont en général peu ou mal représentés au sein d’instances ration en vigueur dans les sociétés océaniennes qui peuvent
décisionnelles de type MEDEF, CGPME, chambres consulaires (à se traduire en esprit d’équipe au sein de l’entreprise. Le sens de
peine 2% de mélanésiens au sein des bureaux de ces instances, l’écoute, de la hiérarchie et de l’engagement est également un
dans le cas le plus favorable). élément positif reconnu aux Océaniens par les chefs d’entre-
prise, même s’ils ne s’expriment pas toujours. Le sens aigu des
4.1.4 Une diversité nécessaire à la construction relations « interpersonnelles » facilitent la connaissance mu-
commune tuelle des besoins (employeurs/employés et vice-versa). En fait,
1° L’ouverture des possibles ces différentes valeurs sont utiles aussi bien dans le monde de
Au cours des débats, tous les participants se sont accordés à l’économie moderne que dans le monde de l’économie tradi-
dire que le problème majeur de l’articulation entre identités tionnelle.
culturelles, travail et développement économique résidait dans Un choix est donc possible.
l’impossibilité actuelle pour les individus, citoyens du pays de D’autre part, plus de cent cinquante ans d’histoire commune
faire des choix de vie correspondant à leurs sensibilités person- font que les citoyens de ce pays ont l’habitude de côtoyer des
nelles. gens de cultures différentes, de travailler avec eux et de s’adap-
Certes, affirmer leur culture, la faire reconnaître dans ses valeurs ter. C’est sans doute la raison pour laquelle on n’y rencontre pas
propres et ses règles de fonctionnement est par exemple pour les les mêmes tendances au repli total sur la vie insulaire ou aux
kanak à la fois la condition d’un équilibre individuel (déjouer les traditionalismes observés dans d’autres régions du Pacifique.
contradictions, réelles ou supposées, par une image positive de soi, Le souci du destin commun né des accords politiques vient
une continuité et une cohérence entre ce que vit la personne au pré- renforcer cette tolérance générale. Culturellement, il n’y a plus de
sent et le passé du groupe, entre la vie urbaine et la tribu) et une base communauté pouvant ignorer les autres et réellement désireuse
collective mise en préalable au dialogue avec les autres commu- de le faire. Au contraire, les jeunes en particulier auraient tendan-
nautés. Mais, il est tout aussi vrai que les mêmes personnes doivent ce à vouloir s’extraire des héritages du passé qu’ils jugent comme
pouvoir faire d’autres choix, si elles le désirent. Or, ce qui manque trop contraignants et recherchent de plus en plus les échanges.

158
Une scolarisation poussée plus loin que le niveau primaire, quées sur le modèle français.
les spécialisations scolaires et professionnelles obligent désor- Dans un tout autre registre, mais complémentaire du premier,
mais les jeunes kanak à quitter la tribu et le village proche pour il faut noter que si l’activité coutumière occupe une place impor-
un bourg-centre, Nouméa, ou la métropole. Par contrecoup, la tante, qualitativement et quantitativement, dans la vie kanak et
confrontation des jeunes calédoniens au monde kanak se fait que les dons coutumiers y ont de fait une valeur commerciale
plus soutenue et contribue à la mixité culturelle. considérable, celle-ci n’est pas comptabilisée et intégrée dans
De son côté, si le travail concentre des tensions recoupant les calculs fiscaux actuels.
les différences communautaires, il permet aussi le rapproche- Pourtant, une partie importante du revenu d’un individu
ment par la coopération au quotidien et les solidarités qui s’y peut être consommé lors des coutumes. Leur montant élevé
exercent. D’une part, le syndicalisme ou la défense de l’emploi fait d’ailleurs que certaines chefferies ont d’ailleurs ressenti la
local fédèrent les salariés quelle que soit leur communauté d’ori- nécessité d’encadrer la valeur des présents coutumiers. L’impact
gine. D’autre part, et d’une façon générale le travail, dans ses financier est également sensible en termes de temps consacré
rapports contraints comme la conduite de projets communs, aux travaux coutumiers. Or, dans les règlements fiscaux actuels,
oblige constamment à des ajustements réciproques au delà des rien n’est fait en termes d’allègements fiscaux pour prendre en
déclarations de bonnes intentions. compte ces dépenses dont l’impact sur l’économie locale est
Pour certains, le travail peut être parfois source de conflit mais, certainement très important, même s’il reste à mesurer. A cha-
on est obligé de trouver des solutions pour avancer et travailler que mariage, les dépenses sont de l’ordre de plusieurs centaines
ensemble. Pour d’autres, c’est un moyen d’entrer en contact de milliers de francs – plusieurs millions de francs à Lifou.
avec d’autres communautés que la sienne. C’est l’occasion de Enfin, on peut noter pour toutes les communautés, l’importan-
tisser des liens différents, de partager certaines choses en de- ce des liens familiaux. Ces derniers sont très forts et impliquent
hors du travail. Le travail est aussi évoqué pour les solidarités également des contraintes financières diverses en terme de
ouvrières qu’il suscite. solidarité inter- générationnelle. Les exemples de sollicitations
financières sont nombreux. On peut citer l’exemple d’un jeune
3° Des contraintes partagées de la famille partant faire ces études en métropole ou ailleurs
La prise en compte de ses valeurs est aussi rendue nécessaire ou celui d’une grand-mère malade. Dans un cas comme dans
par l’uniformisation contemporaine des besoins et des modes l’autre la solidarité familiale jouera (soutien financier et moral).
de production à l’échelle mondiale (phénomène de globalisa-
tion). Elle est un moyen de résister à l’uniformisation culturelle 4.2.3 Un code du travail et des règles d’entreprise
qui est perçu comme une conséquence directe du développe- à repenser
ment économique ultralibéral actuel. Certes, tout le monde tend La réglementation du travail, d’inspiration métropolitaine, ne
à avoir les mêmes besoins mais cela doit-il conduire à délaisser prend pas en compte les différents temps de vie : temps de
des pratiques traditionnelles, notamment des cultures vivrières, travail salarié, temps de travail coutumier, temps des champs,
qui permettent de nourrir les populations entières, à laisser se temps personnel. D’une part, les contrats de travail n’offrent pas
diluer les différences au nom de la rationalité instrumentale. la souplesse nécessaire pour permettre la cohabitation de la vie
La Nouvelle-Calédonie doit prendre le train du développe- coutumière et de la vie professionnelle. D’autre part, le travail
ment économique en marche mais sans y perdre son âme. coutumier n’est absolument pas valorisé, alors qu’il représente
une activité majeure dans le monde mélanésien (assurances
4.2 Vers une économie commune et diversifiée maladies, retraites…).
Quelle que soit l’évolution politique du pays dans les 15 an- L’expérience conduite à Lifou par un jeune couple kanak
nées qui viennent, sa diversité culturelle ne disparaîtra pas, ni montre que la coutume n’était pas obligatoirement un frein au
la pluralité de ses modes économiques de développement. Le développement économique, et notamment qu’il était possi-
problème sera donc de faciliter leur articulation et d’ouvrir pour ble de concilier fonctionnement et rentabilité des entreprises
chaque citoyen le champ des possibles. avec le respect des choix de vie des salariés en leur donnant la
possibilité d’exercer à la fois un travail salarié et leur travail de
4.2.1 Pour une simplification et une adaptation coutume. On peut défendre et conserver les valeurs culturelles
des réglementations et en même temps contribuer au développement de sa tribu,
Parmi les points à améliorer évoqués lors des réunions, une place de son district, de son pays, avec les outils financés par la col-
importante est accordée par les participants au champ juridi- lectivité.
que et réglementaire au sens large. L’économie de marché est Le commerce du couple fonctionne avec des salariés à temps
structurée par de nombreuses réglementations touchant divers partiel, qui peuvent donc ainsi concilier travail « monétarisé »
domaines. Mais, elles sont majoritairement inspirées du modèle et travail coutumier. Les avantages pour les salariés c’est qu’ils
occidental, et souvent peu adaptées aux caractéristiques locales. peuvent vivre correctement avec leur salaire et maintenir pa-
rallèlement leurs cultures vivrières, les soins à leur bétail, leur
4.2.2 Une fiscalité à adapter engagement coutumier. Le temps partiel permet aussi de
Au plan foncier d’abord. L’accès a la terre étant un pré-requis à prendre du repos. Le congé prend alors tout son sens. La contre-
l’activité économique, les phases de succession posent un réel partie est que, pour réussir, les salariés doivent organiser entre
problème aux citoyens de droits commun, mais également aux eux le temps partiel pour assurer une présence constante par
kanak et Océaniens en milieu urbain. La constitution d’un pa- roulement sur le lieu de travail. Il faut aussi recruter des salariés
trimoine et sa transmission sont des étapes clés dans une vie. originaires de lieux différents afin d’éviter qu’un même événe-
Or actuellement, le système successoral est un frein majeur à ment coutumier concerne l’ensemble des salariés au même
son développement du fait de ses coûts et de ses modalités cal- moment.

159
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

Le rang coutumier ne doit pas interférer sur le lieu de travail pitalisation, ou de suivi des projets. Il est donc difficile d’évaluer
salarié, la règle est précisée à l’embauche. Il y a deux petits chefs les causes de réussite, ou d’échec de ces projets. La province
dans l’entreprise BTP, souvent sollicités coutumièrement, et avec Nord encourage elle aussi l’émergence de projets économiques
lesquels le jeune chef d’entreprise a négocié pour que le travail (projet initiation, projet insertion…). Mais, là encore, les outils
coutumier soit fait le soir. Le recrutement pour l’entreprise BTP de suivi sont insuffisants pour évaluer la qualité de la politique
se fonde sur la relation de confiance (primes de responsabilité) mise en œuvre. Le problème n’est pas seulement financier. Les
et l’annonce de la forte probabilité de mobilité (chantiers sur structures coutumières ne sont encore que trop rarement par-
Ouvéa et Maré). tie prenante des projets de développement. Les acteurs sont
Depuis la mise en place de ce travail à temps partiel, on ne contraints de se plier aux contraintes du calendrier administratif
note aucun congé de maladie ni aucune absence, les personnes des institutions provinciales, de passer par les chemins dessi-
se faisant remplacer lorsqu’elles ne peuvent pas pour une raison nés par les techniciens. Diverses opportunités sont souvent
ou une autre venir travailler. Les salariés s’impliquent dans la vie proposées, notamment en terme de formation, pour initier un
de l’entreprise et ont plaisir à venir travailler. Certains renoncent projet économique, mais il est souvent fait constat d’un fort taux
même à des propositions plus intéressantes en termes de salaire d’échec (ex : sur 124 demandeurs pour un projet pêche, seuls 21
car ils auront alors moins de flexibilité dans le travail et de possi- dossiers ont été formalisés) sans qu’on en ait toujours compris
bilité de s’impliquer dans le travail coutumier. les raisons.
L’important est de sortir des cadres habituels qu’on fixe aux L’identification des motivations du porteur du projet reste
entreprises, notamment du modèle européen, et s’adapter. La déterminante. L’activité économique est encore trop souvent
loi doit permettre et même faciliter ce type de dispositif dans le perçue comme un moyen d’obtenir du numéraire, sans réelle vo-
respect des droits de chacun. lonté de pérenniser l’activité, une fois l’objectif financier rempli.
La mise en place de questionnaires, ou de formations préa-
4.2.4 Un véritable accompagnement du développement lables, semblent être des moyens efficaces d’informer les
économique populations des contraintes et conséquences d’une activité
Nombreux aussi sont les points à améliorer pour que le dévelop- économique. Mais ce n’est pas assez. La création d’entreprise, en
pement économique soit ouvert à tous. milieu mélanésien, répond rarement à un seul objectif de renta-
Tout d’abord, les modes de consultation lors de la mise en bilité, mais s’inscrit souvent dans la vie de la tribu, compliquant
place de grands projets économiques, industriels ou autres, ainsi l’évaluation de l’activité.
sont peu efficients. Les enquêtes publiques, souvent utilisées, Plus globalement encore, on note un défaut majeur de
ne répondent pas aux attentes de la population qui ne dispose valorisation de la production locale. Pourtant de nombreux sa-
pas nécessairement du temps ni des connaissances nécessaires voir-faire pourraient être valorisés pour répondre aux besoins de
pour analyser les dossiers (souvent très volumineux) et être à consommation du territoire (ex : les nattes sont de plus en plus
même de prendre position. De plus, les commentaires apportés souvent importées). Les valeurs du terroir sont encore trop peu
ne semblent pas être systématiquement pris en compte. Ces mises en avant dans les productions locales. L’activité minière,
faits sont d’autant plus regrettables que le citoyen néo-calédo- qui impacte durablement l’environnement, devrait permettre
nien n’a pas l’habitude de participer à l’élaboration de projets un réinvestissement des bénéfices, notamment à proximité des
communs. lieux d’extraction, dans le cadre d’un développement « juste ».
Plus généralement, l’information en matière économique est Pour répondre aux besoins des personnes comme du mar-
peu performante. La multiplicité des structures provinciales et ché, l’accent devrait être mis sur la pluriactivité qui correspond
le manque de coordination entre les provinces compliquent la bien aux exigences d’une partie de la communauté kanak, celle
perception des dispositifs d’aides en place. Les média utilisés des tribus. L’économie traditionnelle est naturellement tournée
pour promouvoir ces dispositifs sont souvent inadaptés pour vers la pluriactivité : chasseur, pêcheur, cueilleur. Cette capacité
les populations visées. Différentes études, ou rapports, sont éla- est une force à développer pour proposer des solutions origina-
borés annuellement, mais aucune centralisation des données les de développement économique. Tout au plus un effort de
n’est réalisée, contribuant à la déperdition de l’information (ex : formation polyvalente devra être envisagé pour permettre à ce
thèses des doctorants). type d’activité de se développer en synergie avec les autres sec-
Les outils d’accompagnement sont tout aussi insuffisants. teurs de l’économie calédonienne. Il convient en effet, non plus
Plusieurs dispositifs permettent d’inciter à la création d’activités d’opposer économie traditionnelle et économie de marché, mais
(aides, subventions, OGAF…) mais il y a très peu d’outils de ca- de les combiner pour assurer un développement harmonieux.

160
DELATHIERE Jean-Jacques, commune de La Foa
Annexe I DELRIEU Denise, Conseil des Femmes de la province Sud
DEPLANQUE Pascale, Direction de la Culture
Rappel du mandat de l’atelier de la province Sud
DESVALS Jean-Marc, Association AVH - Collectif Handicaps
L’article 211 de la loi organique précise que le schéma d’aména- en Nouvelle-Calédonie
gement et de développement de la Nouvelle-Calédonie devra DHIE Florence, Direction de la communication de la SLN
« exprimer les orientations fondamentales en matière (…) de DOUYERE Thierry, Union des Secteurs Généraux du
développement culturel ». Mais ce sujet nécessite, plus large- Commerce et de l’Industrie de Nouvelle-Calédonie (COGETRA)
ment, d’aborder la façon dont nous vivons, individuellement ou FAIVRE François, Association Renouveau Teasoa
collectivement, à travers nos propres références culturelles, le FOUCRIER Monique, Association Fondation des Pionniers
développement de la Nouvelle-Calédonie. FRADET Françoise, service des Transferts des Compétences
Des mutations sociales importantes, variables d’une com- du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
munauté à l’autre, sont entrainées par ce développement, et la GLANTENET André, Prêtre - Association Régionale Nouvelle-
construction collective du destin commun nécessite que nous Calédonie des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes
regardions globalement ces aspects. de Défense Nationale
L’atelier 5 s’attachera à formuler un diagnostic sur la pro- GOYETCHE Yves, Institut Calédonien de Participation
blématique de la préservation / évolution de la culture et des GUAENERE Philippe, Direction de l’enseignement
valeurs identitaires, dans un contexte de fort développement de la Nouvelle-Calédonie
économique et de mondialisation. GUILLEMARD Nicolas, Ethnologue
Les réflexions pourront s’articuler autour de questions telles HENIN Bianca, congrès de la Nouvelle-Calédonie
que les suivantes : et assemblée de la province Sud
lc omment le développement est-il perçu par les groupes eth- HNADA Yvonne, province des îles Loyauté
niques présents en Nouvelle-Calédonie ? quel rapport chaque HNAGEJE Philippe, Etablissement Territorial de Formation
groupe ethnique a-t-il à l’entreprise ? Professionnelle des Adultes
lq uelles actions sont conduites : HOUDAN Olivier, commune de Bourail
-p our accompagner les changements provoqués par le dé- HOUMBOUY Daniel, Délégation de Nouméa - Assemblée de la
veloppement ? province des îles Loyauté
-p our concilier mise en valeur des terres et respect de leur HOUWILI Victor, commune de Poum
valeur identitaire kanak ? JORE Annick, commune de Bourail
-p our le développement de la culture pour l’ensemble de KASARHEROU Emmanuel, Agence de Développement de la
la population ? Culture kanak
- pour favoriser le développement par la culture ? KUNTZMANN Nathalie, Direction des Affaires Sanitaires et
l quels constats peut-on en tirer ? Sociales et des Problèmes de Société de la province Nord
LAUVRAY Joël, Association Ensemble pour la Planète
LEE Sophia, Association Communauté Chinoise de Nouvelle-
Calédonie
MEANDU-POVEU Isaac, commune de Poya
MERMOUD Claude, Fédération des Syndicats des Fonctionnai-
res, Agents et Ouvriers de la Fonction Publique
Annexe II MONVOISIN Guy, Syndicat des Eleveurs de Nouvelle-Calédonie
MOTO Joseph, commune de Koné
Membres inscrits à l’atelier NEMIA Marie, Direction de l’Equipement de la province Sud
NEMOUARE Anne-Marie, commune de La Foa, Mission à la
AJAPUHNYA Katan, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique Condition Féminine de la province Sud - Antenne de La Foa
APIKAOUA Roch, vicaire général du diocèse de Nouméa OHLEN Isabelle, congrès de la Nouvelle-Calédonie et assem-
BABIN Eric, Membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie blée de la province Sud
BECKER Jean-Claude, Direction Diocésaine de l’Ecole Catholique PABOUTY Raymond, commune de Touho
BLADINIERES Gilbert, Editions Madrépores PADA Joseph, commune de Pouébo
BLANCHARD Christian, Direction de l’école des Métiers de la Mer PASCO Gérard, Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Calédonie
BOEHE Eloi, Agence de Développement Rural PASSA Jone, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
et d’Aménagement Foncier (ADRAF) à La Foa PETIT Chantal, Direction de l’Equipement de la province Sud
BOUTIN René, Professionnel «arts visuels» PIDRA Johan, Entrepreneur
BOUVIER Jean-Yves, Président du MEDEF Nouvelle-Calédonie PIGEAU Cyril, service culture et fêtes de la mairie de Nouméa
CHALIER Christophe, assemblée de la province Nord POIGOUNE Daniel, assemblée de la province Nord
CHARRIER Emmanuelle, affaires culturelles du haut-commissariat POINRI Robert, groupement agricole des producteurs de la
CHENOT Reine-Marie, congrès de la Nouvelle-Calédonie côte Est - Coopérative Agricole
et assemblée de la province Sud PONIDJA André, Direction du Développement Economique et
CHEVROT Eric, Fédération des Industries de l’Environnement de la province Nord
de Nouvelle-Calédonie POSTIC Jean-Raymond, Chef d’entreprise
DE HAAS Isabelle, Association Ensemble pour la Planète QUINIOU Arlette, commune de Koumac

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 5
1
du diagnostic
Solidarité sociale culture
Développement, et égalité
et valeurs
des chances
identitaires

REGENT Brice, commune de La Foa


RIEU Yves, assemblée de la province Sud Annexe III
RODRIGUEZ Daniel, tribunal de Koné
ROINE Jean, Association Valentin Haüy (aveugles et mal- Bibliographie
voyants) AVH - Collectif Handicaps
ROUX Philippe, Syndicat des enseignants de la fonction publi- 1. Chroniques du pays kanak, 1999, tome 1, Société kanak,
que de la Nouvelle-Calédonie Planète Mémo, 293 p.
SILVE Vincent, Société d’Equipement de Nouvelle-Calédonie 2. Chroniques du pays kanak, 1999, tome 4, Mutations,
SIO Philippe, Direction du patrimoine foncier et culturel de la Planète Mémo, 380 p.
province des îles 3. Séminaire « Foncier et développement
SIO Albert, Direction de la Culture de la province Nord en Nouvelle-Calédonie » des 10, 11 et 12 octobre 2001
SOURISSEAU Jean-Michel, Institut Agronomique à Nouméa, Actes édités par l’ADRAF, 190 p.
néo-Calédonie - Centre de recherche nord 4. CARTERON B, 2008, Sur le seuil de la maison commune.
THYDJEPACHE Jean-Louis, Agence de Développement Rural Identités culturelles et sentiment d’appartenance en
et d’Aménagement Foncier Nouvelle-Calédonie, Paris, L’Harmattan, coll. Portes Océanes,
TRAVERS Jean-René, gendarmerie de Nouméa 284 p.
TUHEIAVA Luc, ville de Païta 5. HILAIRE G, 2000, La coutume en Nouvelle-Calédonie, extrait
VENDEGOU Hilarion, maire de l’Ile des Pins de la revue Victoria University of Wellington Law Review.
VENDEGOU Régis, Directeur des Affaires Culturelles 6. KASARHEROU E, 1990, « Les saisons et les jardins » in
et Coutumières du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie De Jade et de nacre, patrimoine artistique kanak, réunion
WADRAWANE Jacques, Secrétaire général adjoint des musées nationaux, Paris, 250 p, p 143-151.
de la province Sud 7. NEAOUTYINE P., (2006), L’indépendance au présent.
WAHOULO Albert, sénat coutumier de la Nouvelle-Calédonie Identité kanak et destin commun, Paris, Syllepse.
et Mairie de Bélep 8. SAND C., BOLE J., OUETCHO A., (2003), Les aléas
WAIA Nicole, congrès de la Nouvelle-Calédonie et assemblée de la construction identitaire multi-ethnique en
de la province Sud Nouvelle-Calédonie : quel passé pour un avenir commun ?,
WAIA Sophie, Direction de la Jeunesse et des Sports Journal de la société des Océanistes, 117, 147-169.
de la Nouvelle-Calédonie 9. TAVERNIER Y, 1998, Rapport d’information n° 1026 déposé
WAMYTAN Rezza, SMSP Environnement - Syndicat des Indus- par la commission des finances, de l’économie générale
tries de la Mine et du plan sur la situation économique et financière
WAMYTAN André, FSFAOFP Santé de la Nouvelle-Calédonie.
WENEHOUA Macate, Cabinet BET «MW Etudes et Conseils»
XUMA Edouard, AHNC - MEDEF Nouvelle-Calédonie

Secrétariat :
DOS SANTOS Muriel, service de l’aménagement
et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
AUGUIN Olivier, service de l’aménagement
et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
GODIN Patrice, ethnologue
JOOP Steven, mission aux affaires culturelles,
Haut commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie
TRABUC Gaël, KPMG

162
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

6
Atelier 6
Environnement
et cadre de vie
Président
Monsieur Yves Magnier,
océanographe,
ancien membre du gouvernement

Décembre 2008

163
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6

du diagnostic
Environnement et cadre de vie

Résumé
L’environnement néo-calédonien est l’un des plus emblématiques au monde. Cet enjeu est par-
tagé par la population : l’environnement est un des fondements de l’identité néo-calédonienne.

Un effort très net est conduit actuellement en matière d’environnement par les acteurs publics
concernés, au tout premier rang desquels les provinces. Mais il reste énormément à faire, tant en
matière de politiques environnementales proprement dites, que d’intégration des enjeux environ-
nementaux et de développement durable dans les politiques publiques.

Le caractère très éclaté des compétences en matière d’environnement rend impérative une bonne
coordination entre acteurs. Ce souci, très présent à l’esprit des services, se traduit par de nombreu-
ses actions coordonnées. Toutefois, la cohérence des politiques conduites souffre de l’ambigüité
des textes en matière de répartition des compétences, et du fait qu’il n’existe pas une structure à
l’échelle de la Nouvelle-Calédonie chargée d’une mission d’animation.

Le droit de l’environnement est encore peu développé, et la conformité au droit international


insuffisante. Les principes de la charte constitutionnelle de l’environnement sont peu appliqués,
notamment en matière d’accès du public à l’information environnementale, et de participation
aux décisions ayant des incidences sur l’environnement.

Au regard de la fragilité et de la valeur patrimoniale de l’environnement, les moyens alloués sont


faibles en matière de gestion des déchets, de gestion de l’eau et d’assainissement, de protection
de la biodiversité, de maîtrise de la demande en énergie et d’énergies renouvelables. Les outils
manquent également en matière d’analyse, de surveillance et de diagnostic environnemental. Le
développement de ces secteurs répond à la fois à un enjeu environnemental, mais aussi à un enjeu
d’emploi. De nombreux domaines liés aux ressources environnementales, tels que l’éco-tourisme
ou l’exploitation de molécules tirées de la flore ou la faune terrestre ou marine, peuvent également
être un support de développement économique.

Concernant la biodiversité, les points les plus marquants sont : les lacunes en matière d’inventaires
et de hiérarchisation des pressions ; un réel effort envers une gestion intégrée des récifs inscrits au
patrimoine mondial, ainsi qu’envers la protection des forêts sèches ; l’insuffisance du réseau des
aires protégées terrestres ; la faiblesse des moyens déployés en matière de prévention et de lutte
contre les espèces envahissantes et dans une moindre mesure les feux ; l’urgence de conclure la
refonte des textes sur la mine et de mieux encadrer cette activité.

Concernant la gestion de l’eau, les points les plus marquants sont : l’insuffisance des infrastructures
d’adduction d’eau et le manque d’installations de sécurisation de la ressource ; le retard préoccu-
pant de l’assainissement collectif et non collectif des eaux usées ; les faibles recettes des services
publics de l’eau ; l’absence de règlementation sur les rejets, en dehors des installations classées
pour la protection de l’environnement (ICPE) ; la faible régulation des prélèvements ; le déficit
d’information sur la qualité de la ressource ou sur l’impact des rejets sur milieux récepteurs (sols,
rivières, eaux lagonaires) ; la quasi-absence de lieux de débat et d’orientation sur la gestion intégrée

0164
164
des bassins versants. Il manque une politique globale de l’eau, difficile à construire du fait de la
répartition des rôles définie par les textes.

Concernant la gestion des déchets, les points les plus marquants sont : les lacunes en matière de
planification et d’intercommunalité ; l’existence de zones sans collecte ; le retard très préoccupant
sur les installations de stockage à des normes environnementales satisfaisantes ; le nombre de dé-
potoirs à réhabiliter ; l’absence de valorisation des déchets ; le début encourageant de structuration
de certaines filières de traitement.

Le sujet de la santé environnementale a peu été travaillé en Nouvelle-Calédonie, même si des


actions ciblées ont été développées vis-à-vis des sujets les plus préoccupants.

En matière de risques naturels, on constate une situation qui s’améliore progressivement en ma-
tière de : connaissance de l’aléa et de la vulnérabilité ; surveillance et alerte ; organisation générale
de la sécurité civile ; prévention des feux (maquis, savanes et forêts). Dans tous ces domaines, les
besoins sont néanmoins encore réels et l’effort doit être maintenu. Les moyens d’intervention en
cas de crise sont très insuffisants et devraient faire l’objet d’un effort spécifique dans le cadre du
transfert de la compétence en matière de sécurité civile. Les risques technologiques sont essen-
tiellement liés à l’exploitation des ICPE et aux transports.

Le taux de dépendance énergétique du pays est de 96,5 %, et sera aggravé par la mise en ser-
vice des deux nouvelles usines métallurgiques et l’augmentation de la capacité de production de
l’usine de Doniambo. En l’absence de politique de compensation, le niveau des émissions de gaz
à effet de serre devrait significativement dépasser les 8 millions de tonnes équivalent CO2, ce qui
est considérable en regard de la taille et de la population du pays. Cette situation nous interpelle
en termes de responsabilité environnementale, mais aussi en termes de risque économique, car
l’importance des enjeux liés au réchauffement ne laisse guère de doute quant au fait que le « droit »
d’émettre du CO2 dans l’atmosphère ne pourra rester gratuit à terme à l’échelle de la planète ;
d’ailleurs, la Nouvelle-Calédonie étant très concernée par l’impact du réchauffement climatique, il
est dans son intérêt qu’une politique mondiale volontariste se fasse jour.

Les actions à envisager en matière d’énergie et de prévention des émissions de gaz à effet de serre
relèveront probablement de logiques très différentes en ce qui concerne d’une part le secteur mine-
métallurgie, et d’autre part l’ensemble des autres secteurs. Sur ces derniers, le niveau de prise en
compte des enjeux énergétiques et climatiques dans les politiques publiques est encore faible :
offre très modeste de transports en commun, étalement urbain, absence de normes techniques sur
le bâtiment, carburants et gros véhicules assez faiblement taxés, quasi-absence de politique de maî-
trise de la demande en électricité. La volonté d’améliorer le taux de la production électrique d’origine
renouvelable doit très prochainement se traduire par un nouvel outil intéressant : la programmation
pluriannuelle des investissements de production électrique. Si ces énergies répondent mal aux be-
soins industriels (usines à alimenter en 24H/24 et 7J/7), elles trouvent toute leur pertinence pour les
autres besoins, du fait d’un contexte plutôt favorable (ensoleillement, vent, etc.).

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6

du diagnostic
Environnement et cadre de vie

Sommaire
1. Environnement ....................................................................................................................................................... 168
1.1 Enjeux généraux ....................................................................................................................................................... 168
1.1.1 Un environnement naturel d’une qualité exceptionnelle ............................................ 168
1.1.2 Une responsabilité de niveau mondial à assumer .......................................................... 168
1.1.3 Des richesses naturelles qui profitent aux Calédoniens,
à l’économie du pays et à l’emploi ............................................................................................ 169
1.1.4 Une dimension indissociable de l’identité kanak... ........................................................ 169
1.1.5 … et un élément important de l’identité calédonienne ............................................... 169
1.1.6 Des pressions réelles, et une tendance à l’accélération
de la dégradation des milieux ........................................................................................................ 169
1.1.7 D es politiques environnementales peu présentes,
jusqu’à une période récente initiant un « rattrapage » .............................................. 170
1.1.8 Une action publique encore peu imprégnée de développement durable ..... 170
1.2 Gouvernance ............................................................................................................................................................... 170
1.2.1 Une compétence relevant principalement des provinces,
mais partagée avec la Nouvelle-Calédonie, l’Etat et les communes ................. 170
1.2.2 Un impératif de bonne coordination .......................................................................................... 171
1.2.3 Une opportunité pour mieux travailler ensemble, mais un exercice difficile ..... 171
1.2.4 Le respect de l’autonomie de décision des provinces ................................................. 171
1.2.5 Une difficulté à bien appréhender l’organisation générale des compétences ..... 171
1.2.6 Un domaine sans « chef de file » ............................................................................................... 172
1.2.7 Mais aussi l’émergence de nombreuses actions coordonnées ............................. 172
1.2.8 Un Comité consultatif de l’environnement
qui n’a pas encore trouvé ses marques ................................................................................. 172
1.2.9 Des moyens alloués aux politiques environnementales encore modestes ..... 172
1.2.10 Un droit de l’environnement lacunaire .................................................................................... 173
1.2.11 U
 n accès insuffisant du public à l’information environnementale,
et une participation peu développée aux décisions
ayant des incidences sur l’environnement ........................................................................... 173
1.2.12 Un déficit d’application des principes constitutionnels
et des conventions internationales ........................................................................................... 174
1.2.13 Un manque d’outils d’analyse et de surveillance ........................................................... 174
1.2.14 Un développement progressif de l’éducation et de la sensibilisation
à l’environnement et au développement durable .......................................................... 174
1.2.15 Des contrôles et une répression des infractions encore trop faibles .............. 175
1.3 Gestion de la biodiversité ................................................................................................................................ 175
1.3.1 Des milieux sensibles et encore imparfaitement connus .......................................... 176
1.3.2 Un état des pressions à mieux quantifier et hiérarchiser ......................................... 176
1.3.3 Des milieux marins inscrits au patrimoine mondial, et à gérer comme tels .... 176
1.3.4 Des efforts assez récents envers les forêts sèches résiduelles ............................ 178
1.3.5 Une prévention coordonnée contre les espèces envahissantes,
mais avec peu de moyens ................................................................................................................ 178
1.3.6 Des aires protégées terrestres mal réparties et répondant mal
aux principaux enjeux écologiques ............................................................................................ 179
1.3.7 Une faible prise en compte dans les documents d’urbanisme ............................ 180
1.3.8 Une valorisation quasi-inexistante d’une biodiversité très riche ........................ 180
1.3.9 Des progrès imminents et très attendus sur la gestion de la mine .................. 181
1.4 Gestion de l’eau ....................................................................................................................................................... 183
1.4.1 Une bonne qualité des masses d’eau, vues à une échelle globale ................... 183
1.4. A une échelle plus fine, des problèmes de pollution ................................................... 183
1.4.3 Un retard préoccupant en matière d’assainissement domestique… ................. 184
1.4.4 … et d’épuration des eaux industrielles et d’élevage .................................................. 185
1.4.5 Une ressource quantitativement suffisante mais insuffisamment
bien connue, et localement surexploitée .............................................................................. 185
1.4.6 Une ressource en AEP mal protégée, des infrastructures peu satisfaisantes,
et des problèmes de quantité et de qualité de l’eau distribuée ........................ 185
1.4.7 Une répartition des rôles mal définie, un déficit de cadrage
des enjeux stratégiques ...................................................................................................................... 186
1.4.8 Le prix de l’eau : une question à forts enjeux .................................................................. 187
1.4.9 Des assises de l’eau ayant formulé certaines d’orientations ................................. 187
1.5 Gestion des déchets ............................................................................................................................................. 188
1.5.1 Une collecte des déchets inexistante dans certaines
zones de plusieurs communes ....................................................................................................... 188
1.5.2 Un faible nombre d’installations de stockage des déchets .................................... 188

166
1.5.3 Des dépotoirs posant de sérieux problèmes environnementaux ........................ 189
1.5.4 Un tri très rare et quasiment aucune valorisation .......................................................... 189
1.5.5 U
 ne mauvaise connaissance du gisement, et une absence
de planification d’ensemble .............................................................................................................. 189
1.5.6 Une application du principe de responsabilité élargie des producteurs ......... 189
1.5.7 Un fonds de soutien utile .................................................................................................................... 190
1.5.8 U
 ne faible prise en compte de la problématique déchets
au niveau des importations ............................................................................................................... 190
1.6 Santé et environnement ..................................................................................................................................... 190
1.6.1 Une absence de stratégie d’ensemble ....................................................................................... 190
1.6.2 Une qualité de carburants qui s’améliore ................................................................................ 191
1.6.3 Un plan d’action pour l’amiante naturel ................................................................................... 191
1.6.4 Une surveillance de la qualité de l’air en cours de renforcement ........................ 191
1.6.5 D
 es installations classées pour la protection de l’environnement
mieux encadrées ......................................................................................................................................... 191
1.6.6 U
 ne maîtrise des résidus de produits phytosanitaires
présents dans les productions agricoles .................................................................................. 192
1.6.7 Une eau potable mieux gérée .......................................................................................................... 192
1.6.8 Une qualité des eaux de baignade mieux surveillée ...................................................... 192
1.6.9 Autres risques ............................................................................................................................................... 192

2. Risques naturels et technologiques, sécurité civile .................................... 192


2.1 Un niveau de connaissance variable des aléas et des risques ........................................... 192
2.1.1 Cyclones ............................................................................................................................................................. 192
2.1.2 Mouvements de terrain ......................................................................................................................... 192
2.1.3 Inondations .................................................................................................................................................... 192
2.1.4 Feux de forêt et de brousse .............................................................................................................. 193
2.1.5 Tsunamis ........................................................................................................................................................... 193
2.1.6 Séismes ............................................................................................................................................................. 193
2.1.7 Risques technologiques ........................................................................................................................ 193
2.1.8 Changement climatique ......................................................................................................................... 193
2.1.9 Analyses multi-aléas ................................................................................................................................ 193
2.2 Réponses apportées ............................................................................................................................................. 193
2.2.1 Organisation et moyens d’intervention en cas de crise ............................................... 193
2.2.2 Surveillance et alerte .............................................................................................................................. 194
2.2.3 Prévention contre les conséquences du réchauffement climatique ................... 194
2.2.4 Prévention des feux de forêt ........................................................................................................... 194
2.2.5 Intégration de l’enjeu risques dans l’acte de construire ............................................ 194
2.2.6 Prévention des risques technologiques ................................................................................... 195

3. énergie et émissions de gaz à effet de serre ....................................................... 195


3.1 Le sujet global de l’énergie, vision actuelle ....................................................................................... 195
3.1.1 Une forte consommation énergétique par habitant ......................................................... 195
3.1.2 Une dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles .................................................... 195
3.1.3 Une sécurité d’approvisionnement non assurée ................................................................ 195
3.1.4 Un impact significatif sur la balance commerciale ........................................................... 196
3.1.5 Des émissions élevées de gaz à effet de serre .................................................................. 196
3.2 Le sujet global de l’énergie, vision prospective ............................................................................. 196
3.2.1 Une dépendance aux combustibles fossiles qui va se renforçant ....................... 196
3.2.2 Des conséquences non prévues à ce jour sur l’économie ........................................ 196
3.2.3 D’importantes augmentations de nos émissions de CO2 ........................................... 196
3.2.4 Un mouvement inverse à celui conduit dans les autres pays développés ..... 197
3.2.5 Une politique mondiale de prévention générant des incertitudes pour le pays .... 197
3.3 L’énergie dans les transports routiers ..................................................................................................... 198
3.3.1 Un domaine significativement énergivore ............................................................................... 198
3.3.2 Une forte exposition en cas de poursuite du renchérissement des carburants .......... 198
3.4 Le système électrique calédonien .............................................................................................................. 199
3.4.1 Une production électrique issue à 20% d’énergies renouvelables ...................... 199
3.4.2 Une distribution publique qui ne représente qu’une modeste proportion
des besoins totaux en électricité ................................................................................................. 200
3.4.3 Un potentiel intéressant en énergie renouvelable .......................................................... 200
3.4.4 Un outil nouveau : la programmation pluriannuelle des investissements .. 200
3.4.5 L’importance d’une meilleure maîtrise de la demande en énergie ..................... 201
3.4.6 Un prix de l’électricité réglementé ............................................................................................... 201

Annexe I Rappel du mandat de l’atelier ........................................................................................................................ 202


Annexe II Membres inscrits à l’atelier .............................................................................................................................. 202
Annexe III Bibliographie ............................................................................................................................................................. 203

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Le constat est plus mitigé concernant les écosystèmes ter-


1. Environnement restres de la Nouvelle-Calédonie : ces milieux ont (comme sur
toutes les îles) été fortement modifiés depuis l’arrivée des pre-
1.1 Enjeux généraux miers hommes, il y a environ 3000 ans, avec la disparition de
1.1.1 Un environnement naturel d’une qualité exceptionnelle nombreuses espèces, l’importance des défrichements, la dégra-
Depuis que la Grande-Terre s’est détachée du Gondwana, les lois dation des forêts sous l’effet des feux, l’introduction d’espèces
de l’évolution, le relief, le climat tropical et la nature des sols ont envahissantes, la mine, etc. Pourtant, il peut entre autres être
façonné en Nouvelle-Calédonie des écosystèmes, et des espè- noté que :
ces qui les composent, d’une originalité exceptionnelle. Aucune ld  u fait de leur isolement ainsi que des caractères archaïque et

autre région du monde ne présente, sur une surface aussi rédui- endémique voire micro-endémique de leurs faune et flore, les
te, une flore et une faune aussi variées, et au taux d’endémisme milieux terrestres et dulçaquicoles sont d’un intérêt exception-
si élevé1. De l’avis unanime des scientifiques, la Nouvelle-Calédo- nel (et ont en même temps une sensibilité très forte à toute
nie est l’un des lieux les plus emblématiques des grands enjeux perturbation) ;
mondiaux que sont la conservation et la gestion durable de la l l a forêt humide couvre encore environ 3200 km², et présente

biodiversité. Syndrome d’insularité oblige, ces écosystèmes ex- encore un ensemble de massifs de milliers d’hectares d’un seul
ceptionnellement riches sont aussi particulièrement fragiles et tenant3 ;
sensibles aux bouleversements anthropiques. l l es dernières reliques de forêt sèche (dont les homologues

dans les autres îles tropicales sont également


toutes quasi-disparues) couvrant environ
5 000 ha répartis sur la côte Ouest et le Nord de
la Grande-Terre, ainsi que les formations fores-
tières et para-forestières sur sols ultramafiques
sont particulièrement précieuses4.

1.1.2 Une responsabilité de niveau


mondial à assumer
La richesse de son patrimoine naturel implique
indéniablement pour la Nouvelle-Calédonie
une responsabilité de plan mondial. Cette no-
tion apparaîtra peut être comme une contrainte
pour certains, mais il faut surtout la voir comme
un atout :
lc omme l’a montré le débat ayant accompa-

gné l’inscription à l’UNESCO, cette notion de


responsabilité est aussi une source légitime de
fierté pour les Calédoniens, et donc un moteur
intéressant sur lequel appuyer l’action publi-
que ;
lu n patrimoine aussi emblématique véhicule

une forte image de marque, et des retombées


économiques ;
lu ne solidarité internationale commence à se

manifester au bénéfice des pays faisant de


L’évaluation faite récemment par l’Union mondiale pour la na- réels efforts au bénéfice des pays faisant de réels efforts pour conserver
ture (UICN), préalablement à la décision de l’UNESCO d’inscrire leur patrimoine, et dont peut aussi bénéficier la Nouvelle-Calédonie
sur la liste du patrimoine mondial une proportion significative (notamment par l’intégration des enjeux de bonne conservation des
des écosystèmes récifaux de la Nouvelle-Calédonie, témoigne, forêts tropicales dans les mécanismes post-Kyoto) ;
malgré la situation sensible voire critique de certains sites ou lc et enjeu « externe » nous rappelle utilement à notre

espèces, que « l’excellente condition écologique des récifs (y) est obligation « interne » de respect des « ressources et (des)
remarquable » et que « le bien proposé est d’importance exception- équilibres naturels (qui) ont conditionné l’émergence de l’hu-
nelle pour la conservation in situ de la biodiversité et des espèces manité » : « l’avenir et l’existence même de l’humanité » étant
menacées »2. Cet avis contraste avec les alertes de la commu- « indissociables de son milieu naturel »5, il nous faut laisser
nauté scientifique sur le mauvais état des récifs coralliens sur une aux jeunes Calédoniens un patrimoine dont ils puissent
partie prépondérante des côtes tropicales des divers continents, profiter, autant qu’en auront profité les générations qui les
sous l’effet des activités humaines. ont précédés.
1
C f. rapport UICN cité en référence n°9 : La flore indigène compte 3 261 espèces (dont 74 % strictement endémiques) presque autant que pour l’ensemble de l’Europe continentale (3 500 espèces). La Nouvelle-Calédonie abrite également 106 espèces de
reptiles endémiques, dont le plus grand gecko au monde, mais aussi neuf espèces de chiroptères dont six endémiques et au moins 4 500 espèces d’invertébrés, dont environ 90 % sont endémiques. L’avifaune comprend 23 espèces d’oiseaux endémiques, dont
le cagou, seul survivant de sa famille, et le notou qui est le plus gros pigeon arboricole du monde. La biodiversité marine est décrite plus loin
2
Cf. document cité en bibliographie sous le n°15, pages 49 et 50.
3
On compte 4000 km² de forêts humides, dont 21% sont en fait des forêts secondarisées, des maquis avec araucarias ainsi que des savanes à niaoulis très denses ; la surface originelle de forêt humide est estimée à 13 000 km².
4
Seules les premières font aujourd’hui l’objet d’un véritable plan de sauvetage.
5
Cf. 1er et 2e « considérant » de la charte constitutionnelle de l’environnement du 1er mars 2005.

168
1.1.3 Des richesses naturelles qui profitent 1.1.6 Des pressions réelles, et une tendance
aux Calédoniens, à l’économie du pays et à l’emploi à l’accélération de la dégradation des milieux
Les prélèvements dans le lagon, la mangrove, les rivières ou la La Nouvelle-Calédonie est identifiée par la communauté scien-
forêt, sont une source importante d’alimentation ; les activités tifique comme l’un des 34 points chauds (ou « hotspots ») pour
sportives ou récréatives en mer ou sur terre rythment la vie de la conservation de la biodiversité mondiale7. Cela signifie que ce
beaucoup de Calédoniens ; etc. En outre, de nombreux services lieu possède une très importante diversité en espèces, et que la
irremplaçables sont apportés gratuitement à la société par l’en- superficie de ses habitats originels a régressé de plus de 70 %.
vironnement : disponibilité de la ressource en eau, protection Comme partout ailleurs sur la planète, on constate en Nou-
de la barrière récifale contre la houle, stockage de carbone dans velle-Calédonie que « la diversité biologique, l’épanouissement
la biomasse, effet épurateur des sols, des mangroves et de la de la personne et le progrès des sociétés humaines sont affectés
végétation terrestre, rôle de nourriceries et de frayères des man- par certains modes de consommation ou de production et par l’ex-
groves et des récifs, etc. ploitation excessive des ressources naturelles »8. Malgré une faible
Plusieurs secteurs économiques reposent sur la beauté des densité humaine, les sujets d’inquiétude progressent. Les pres-
paysages, l’espace et les ressources biologiques : tourisme, pê- sions impactant l’environnement sont en effet nombreuses :
che, activités de loisirs, agriculture, etc. Les ressources minérales l le réchauffement climatique et ses effets ;
9

sont quant à elles le principal moteur économique du pays. l l ’extension très importante prise, presque chaque année, par

La biodiversité peut demain permettre une valorisation plus les feux de savane et de forêt (48 000 hectares recensés en
conséquente qu’aujourd’hui, à travers la pharmacologie, les 2002) ;
cosmétiques, les agro-carburants ou les cultures à vocation de l l es nouveaux usages du sol découlant de l’extension urbaine,

stockage de carbone, les biopolymères, la bioépuration, etc. et des infrastructures, et de la mine ;


on peut citer également l’éco-tourisme. l l es atteintes au littoral engendrées par l’érosion des sols et les

Une partie de l’économie et de l’emploi de la Nouvelle- aménagements côtiers ;


Calédonie repose sur l’environnement : gestion de l’eau, l la pollution de l’air résultant des rejets de l’usine métallurgique et

prévention des pollutions, gestion des déchets, protection des centrales thermiques, des transports et du roulage minier ;
de la biodiversité, production d’énergies renouvelables. Il est l l a pollution des nappes aquifères, des rivières et du lagon gé-

clair que, dans les prochaines années, les importants besoins nérée par l’érosion, les rejets agricoles, urbains et industriels, les
constatés dans ces divers domaines justifieront de nouvelles déchets et l’absence d’assainissement ;
créations d’emplois. l l a prolifération d’espèces exotiques envahissantes, prédatrices

Pour faire le point sur tous ces aspects, l’AFD va prochaine- ou concurrentes d’espèces endémiques ;
ment lancer une étude relative au rôle que joue le capital naturel l l es prélèvements irraisonnés dans le milieu naturel, touchant

renouvelable et non renouvelable dans le développement dura- notamment des espèces menacées, telles que roussettes ou
ble de la Nouvelle-Calédonie. bénitiers.
Selon l’UICN10, « 22% des plantes endémiques de la Nouvelle-Calé-
1.1.4 Une dimension indissociable donie sont menacées (dont 7% en danger et 3% en danger critique),
de l’identité kanak... et certaines espèces animales seraient également en diminution
Pour les clans kanak, le patrimoine naturel est fondamental pour critique d’effectifs : roussette, notou, perruche d’Ouvéa, crabes de
assurer la subsistance, mais aussi pour garantir leur ordre iden- cocotiers, geckos, escargot de l’île des Pins. » Au total, 270 espèces
titaire et culturel, pour se reconnaître comme complémentaires sont, en Nouvelle-Calédonie, considérées comme menacées
les uns vis-à-vis des autres. La mer et la terre constituent, dans (liste rouge UICN) : c’est plus que sur la totalité des DOM et COM
une même unité, un territoire vital et un ciment pour le déve- français, et plus de deux fois plus qu’en métropole.
loppement pacifié de la communauté6. Le territoire du clan est La logique moderne de consommation, sans préoccupa-
intimement connu de celui-ci, et la gestion de ses ressources tion du lendemain, est pleinement à l’œuvre au quotidien en
respecte des règles sociales fortes : ne pas prélever au-delà des Nouvelle-Calédonie : il paraît, à beaucoup, enviable d’avoir une
besoins, se présenter et faire un geste coutumier dans les zones voiture dont le moteur peut développer 300 chevaux, ou de faire
dont on n’est pas issu, être respectueux envers les espèces et les fréquemment 20000 km en avion, sans penser que la générali-
lieux à forte charge symbolique, etc. sation de ce « luxe » d’aujourd’hui diminue les chances de nos
petits-enfants de bénéficier de la barrière corallienne ceinturant
1.1.5 … et un élément important de l’identité le lagon.
calédonienne Il n’existe pas en Nouvelle-Calédonie d’indicateur global de
Il est unanimement reconnu que cette vision kanak a influen- type « empreinte écologique », mais il n’y a pas de raison de pen-
cé la relation des Calédoniens d’autres origines par rapport à ser que notre empreinte individuelle moyenne soit meilleure
l’environnement. L’environnement participe à l’évidence des que celle constatée dans la plupart des pays occidentaux, à sa-
enjeux du « destin commun », et doit être pris en compte dans voir un niveau de prélèvement sur les ressources renouvelables
l’intention de « refondation d’un contrat social entre toutes les qui, s’il était généralisé à la population mondiale, équivaudrait à
communautés », inscrite dans l’accord de Nouméa. trois fois ce que peut produire la planète.
6
Cf. dossier de présentation en vue de l’inscription sur la liste du patrimoine mondial cité en référence 14 (p. 91)
7
Cf. article Mittermeier et al. « Hotspots Revisited: Earth’s Biologically Richest and Most Endangered Terrestrial Ecoregions »(2004).
Cette liste de 34 points chauds n’est pas hiérarchisée, mais la Nouvelle-Calédonie fait à l’évidence partie des zones parmi les plus stratégiques.
C’est le point chaud ayant, au plan géographique, les plus petites dimensions.
8
Cf. 5e « considérant » de la charte constitutionnelle.
9
Listés sommairement au § 2.1.8 ci-dessous
10
Voir document cité en bibliographie sous le n°8

169
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

1.1.7 Des politiques environnementales peu présentes, cussions environnementales : tourisme, urbanisme, etc. Par
jusqu’à une période récente initiant un « rattrapage » exemple, le projet de schéma de mise en valeur des richesses
L’environnement n’a pris une réelle importance, en termes de minières intègre un important volet environnemental (voir ci-
politiques publiques, que depuis quelques années, et le retard ac- dessous, § 1.3.9), mais à ce jour, les incidences globales de la
cumulé est considérable, comme en témoignent par exemple : politique minière n’ont pas été évaluées.
l l e fait qu’il y a encore quelques mois seulement, et postérieu- Les subventions publiques au développement sont accordées
rement au dépôt de la demande de l’inscription des lagons au sans toujours bien prendre en compte les enjeux environnemen-
patrimoine mondial, on déversait encore des huiles usagées au taux, qu’il s’agisse de l’appui à une activité nouvelle d’élevage
centre d’enfouissement de Ducos, non agréé pour cela, d’écrevisse exotique et potentiellement envahissante pour les
l l e fait que de nombreuses activités impactantes ou polluantes rivières calédoniennes, d’équipements frigorifiques utilisant des
ne sont pas encore gérées ou réglementées de façon appro- gaz interdits en Europe, ou de centrales au charbon.
priée (par exemple : absence, à ce jour, de réglementation Les « indicateurs du développement durable » mis en place
environnementale sur les activités minières11), et suivis en Europe ne sont pas très bien adaptés à la situation
l l e fait que les décisions se prennent encore parfois en ne réser- calédonienne, mais notons que pour la plupart d’entre eux la
vant qu’un poids modeste aux enjeux environnementaux (cf. situation locale n’est pas très favorable : émissions de gaz à effet
par exemple les atteintes assez récentes aux mangroves). de serre, part des énergies renouvelables dans la consommation
Mais on est dans le même temps frappé par la sensibilité de la totale d’énergie primaire, consommation d’énergie totale des
population vis-à-vis des enjeux environnementaux, comme en transports, part des ménages sous le seuil de pauvreté, etc.
témoignent les nombreuses
signatures apposées sur des classement des pays selon leur niveau de développement socio-économique
et leur prélèvement sur les ressources naturelles
pétitions (30 000 sur le livre
bleu soutenant l’inscription des
Empreinte écologique (en Ha par habitant)
lagons au patrimoine mondial,
5400 sur le seul mois de dé- Zone dans laquelle
cembre 2007 sur les problèmes se situe
de pesticides, 5700 sur l’appli- probablement la
cation de sanctions contre les Nouvelle-Calédonie
incendiaires en 1998, etc.). Une
demande sociale commence à
s’exprimer de façon forte vis-à- Seuls quelques
vis du politique12, et constitue pays au monde
s’approchent de la
le fondement solide d’une zone répondant
implication de plus en plus tan- aux critères du
gible des pouvoirs publics, qui développement
ont engagé un manifeste effort durable

Source : PNUE 2006 / Global Footprint Network


de « rattrapage ».
Les retards ou difficultés
identifiés dans le présent dia-
Classement mondial selon l’indicateur de développement humain
gnostic ne doivent d’ailleurs
en rien être interprétés comme
une critique envers l’actuelle
action des différents acteurs.

1.1.8 Une action publique encore peu imprégnée 1.2 Gouvernance


de développement durable Remarque liminaire : le thème de la gouvernance a été examiné
Les enjeux de développement durable ne sont pas encore bien de façon plus approfondie par l’atelier 9. Les développements
appréhendés en Nouvelle-Calédonie, et la définition même de ci-dessous viennent en complément des constats plus généraux
ce concept, pourtant traduit sous forme de prescription impé- formulés par le rapport de cet atelier. Ils étaient nécessaires dans
rative dans la Constitution13, n’est encore qu’imparfaitement la mesure où la thématique environnementale est parmi les plus
comprise par le grand public, voire même par les « décideurs ». transversales qui soient, et où des problèmes spécifiques se po-
Il n’y a encore eu à ce jour qu’un début de réflexion globale sur sent en matière de gouvernance.
les changements à apporter à la conduite des politiques publi-
ques, pour qu’un équilibre réel soit trouvé entre l’économique, le 1.2.1 Une compétence relevant principalement
social, et l’environnemental, et il n’existe pas encore de stratégie des provinces, mais partagée avec
d’ensemble de développement durable : à leur échelle, les pro- la Nouvelle-Calédonie, l’Etat et les communes
vinces Nord et Sud y travaillent (projet d’agenda 21 dans le Nord Depuis leur création il y a 20 ans, les provinces ont compétence
et projet de plan de développement durable dans le Sud). sur toutes les matières non dévolues à la Nouvelle-Calédonie, à
Les enjeux environnementaux sont peu présents dans l’en- l’Etat ou aux communes. C’est à ce titre qu’il est usuel d’affirmer
semble des politiques publiques. Il n’existe pas de principe d’ que les provinces ont compétence en matière d’environnement.
« étude d’impact » applicable globalement aux politiques mises En fait, la réalité est plus complexe car le domaine de l’environne-
en œuvre dans différents domaines pouvant avoir des réper- ment est en soi très transversal.

11
Un projet de code minier est en cours d’examen par le congrès : voir ci-dessous, § 1.3.9
12
Ce qui n’est pas totalement contradictoire avec des comportements individuels parfois agressifs pour l’environnement, ces comportements ne faisant que traduire l’idée assez communément répandue selon laquelle « tant que les
170 autres continueront de polluer, je n’ai aucune raison de m’astreindre moi-même à ne pas polluer ».
13
« Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. À cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social » (cf. article 6
de la charte de l’environnement).
On peut notamment recenser, parmi les compétences dévo- les actions à conduire sont en partie de compétence provinciale
lues à l’Etat, de nombreux items centrés sur, ou directement liés (déclaration obligatoire de spécimens d’espèces à problèmes,
aux questions environnementales : règles applicables sur la zone programmes d’éradication, etc.), en partie de la compétence de
exclusive économique (ZEE) lorsqu’elles découlent de conven- la Nouvelle-Calédonie (réglementation douanière, contrôle aux
tions internationales14, sécurité civile (domaine très important frontières, contrôle des animaleries), d’autres enfin sont de com-
vis-à-vis des enjeux environnementaux : cf. lutte contre les feux de pétence partagée (efforts de sensibilisation du public, etc.).
forêt ou les pollutions accidentelles), réglementation et contrôle D’autres illustrations peuvent aisément être trouvées démon-
des matières nucléaires, recherche scientifique, associations de trant que certains enjeux environnementaux dépassent l’échelle
protection de l’environnement (art. L. 611-1 et suivants du CE), provinciale, soit parce que les provinces ne disposent pas de la
maxima en matière de sanctions pénales, politique pénale du totalité des compétences à mettre en œuvre, soit parce que leur
parquet, police judiciaire. action perdrait en efficacité sans un minimum de cohérence en-
Le même constat peut être fait concernant la Nouvelle-Calé- tre elles : gestion des déchets, principes directeurs d’urbanisme,
donie : gestion des ressources naturelles de la ZEE, et des eaux gestion de l’eau, coordination ICPE, gestion du domaine maritime
territoriales non-provinciales15, gestion du domaine public ou ou forestier, protection de la forêt sèche, etc.
privé de la Nouvelle-Calédonie et règles de droit domanial pour le Enfin, au-delà de l’objectif de cohérence des décisions, la coor-
domaine des provinces ou des communes, réglementation zoo et dination répond aussi à des enjeux :
phyto-sanitaire, règles d’importation et d’exportation ou de mise ld ’efficacité opérationnelle, par la mutualisation des connaissan-

sur le marché (CITES, prévention des espèces envahissantes, pro- ces et le partage de l’information ;
duits polluants, véhicules, etc.), mise en œuvre d’outils fiscaux (taxes le t de mutualisation des moyens humains et financiers.

sur les activités polluantes, les usages de l’eau, etc.), réglementation Cet enjeu de mutualisation est extrêmement important, du fait
des hydrocarbures, intégration des enjeux environnementaux dans de la très grande complexité juridique et technique du domaine
les principes généraux d’urbanisme, dans le droit minier, dans le ré- de l’environnement. Celui-ci nécessite en effet de maîtriser :
gime des terres coutumières, etc. Il faut noter que l’environnement lc ertains aspects du droit pénal, du droit international, etc ;

n’est pas cité par la loi organique dans la liste des domaines dans la insi que des doctrines techniques qui ont mis des décennies à

lesquels le congrès est autorisé à adopter des lois du pays. émerger dans les pays les plus avancés en la matière, relatives à
Enfin, les communes disposent d’une compétence générale la gestion des milieux naturels et des espèces, aux études d’im-
pour régler les affaires concernant leur territoire, ce qui leur per- pact, aux ICPE, aux polluants de l’eau ou de l’air, aux OGM, aux
met d’intervenir, à l’échelle communale ou en se regroupant avec protocoles d’observation, de suivi et de surveillance de la qualité
des communes voisines, pour répondre aux besoins de leurs ad- des milieux, à l’information environnementale, etc.
ministrés en matière de collecte de déchets, d’adduction d’eau,
d’assainissement collectif ou non-collectif, etc. Par ailleurs, la po- 1.2.3 Une opportunité pour mieux travailler ensemble,
lice municipale a notamment pour objet d’assurer « la salubrité mais un exercice difficile
publique », ce qui inclut la prévention des pollutions de toutes Cette obligation de coordination est reconnue comme une op-
natures. Les communes ont un rôle important complémentaire à portunité de travailler ensemble et de rechercher le consensus.
celui de l’Etat en matière de sécurité civile et donc de lutte contre Toutefois, plusieurs difficultés viennent s’opposer à l’obtention
le feu. de bons résultats en matière de cohérence des politiques publi-
A titre d’illustration, nous avons examiné la liste des 33 chantiers ques dans le sens des enjeux environnementaux, difficultés que
en cours en métropole dans le cadre du « Grenelle de l’environne- nous développons dans les points ci-après.
ment » : pour plus d’un tiers d’entre eux, les thématiques couvertes
relèvent de façon très prépondérante d’une compétence exercée 1.2.4 Le respect de l’autonomie de décision
ici par la Nouvelle-Calédonie ; pour environ un tiers, d’une com- des provinces
pétence relevant ici des provinces ; et pour le petit tiers restant, Même lorsque les services techniques provinciaux se sont coor-
soit de l’Etat, soit d’une compétence partagée, soit de personne donnés, il faut le traduire ensuite par des délibérations de leurs
(thématiques non pertinentes en Nouvelle-Calédonie). assemblées, ce qui peut de facto générer des divergences.

1.2.2 Un impératif de bonne coordination 1.2.5 Une difficulté à bien appréhender l’organisation
Pour certains sujets environnementaux, cette répartition des générale des compétences
compétences oblige impérativement à une coordination entre Même s’il existe de nombreuses initiatives témoignant d’une vo-
tous les acteurs, pour définir et mettre en œuvre des politiques lonté de co-construire des politiques cohérentes (voir § 1.2.7), il
cohérentes et efficaces. faut constater que les textes définissant la répartition des com-
Un exemple souvent cité en ce sens est celui de la chasse ou de pétences sont parfois interprétés de façon relativement rigide,
la pêche d’espèces menacées ou sensibles. La pêche du napoléon et opposée à toute superposition de compétence. Par exemple,
(Cheilinus undulatus) est par exemple interdite en province Sud, alors que la charte constitutionnelle de l’environnement oblige à
mais autorisée en province Nord pour des poissons d’une taille ce que toutes les politiques publiques « concilient la protection et
comprise entre 50 cm et 1 m ; pour que l’interdiction en vigueur la mise en valeur de l’environnement, le développement économique
dans le Sud ne soit pas contournée par des personnes préten- et le progrès social », l’idée même que la Nouvelle-Calédonie se
dant se fournir dans le Nord, il y aurait lieu de réglementer aussi la préoccupe de développement durable pose question aux provin-
vente. Le besoin de cohérence est particulièrement évident pour ces qui y voient un empiètement sur leurs compétences.
toutes les espèces dont les biotopes dépassent l’échelle provin- Globalement, on constate une méconnaissance du contexte
ciale, comme c’est le cas par exemple des roussettes. général dans lequel doivent être exercées les compétences des
De même, en matière de lutte contre les espèces envahissantes, uns et des autres. Il n’y a pas de guide clair à ce sujet.

Il appartient à la Nouvelle-Calédonie et aux provinces d’adopter également des règles de transposition de ces conventions internationales sur leurs eaux dites « territoriales » (au
14 

sens du droit de la mer : zone des 12 milles). Plus généralement, il appartient à l’Etat, à la Nouvelle-Calédonie, ou aux provinces, selon leurs compétences respectives, de donner
des suites appropriées à tous les engagements pris par la Nation, sous la forme de traités régulièrement ratifiés : cf. traités de Washington, de Ramsar, de Montréal, de
Stockholm, etc. Voir plus loin. 171
15
Autour des îles et atolls d’Entrecasteaux, Chesterfield, Bellona, Matthew, Hunter, Whalpole.
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
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du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

De plus, les difficultés d’interprétation des frontières de compé- lédonie, provinces, sénat coutumier, associations de maires, et
tences sont un net frein à l’action. Par exemple, il a fallu 18 mois ONG environnementales, et dont les missions devraient être
pour obtenir clarification du fait que, de par sa compétence sur le notamment de regrouper les organisations de gestion des six
commerce extérieur, la Nouvelle-Calédonie avait la responsabilité biens en série inscrits au patrimoine mondial et de développer
de délivrer et de contrôler les permis d’entrée et de sortie du terri- de manière collégiale de nouveaux programmes de conserva-
toire concernant les spécimens CITES (Convention de Washington tion de la biodiversité (forêts sèches, lutte contre les espèces
sur le commerce international d’espèces menacées). envahissantes d’autre part, etc.) ;
l l e CNRT « le nickel et son environnement » (voir § 1.3.9 ci-des-

1.2.6 Un domaine sans « chef de file » sous)


L’absence de leader est perçue comme un frein significatif à l l e travail des provinces avec les services de la Nouvelle-Calédo-

l’avancée des politiques environnementales. nie sur une codification des réglementations environnementales
Ceci peut être lié au fait que certaines tâches ne peuvent être (voir § 1.2.10 ci-dessous) ;
assumées seules par les provinces : l l e projet de réglementation relative à la récolte, à l’exportation et

la ssurer un fonctionnement des services provinciaux en réseau, à l’utilisation des ressources biologiques et génétiques sauvages
coordonner les actions qui nécessitent un travail étroit entre (végétales et animales), préparée en provinces Sud et Nord et
provinces pour des raisons de fond (par ex. la protection des qui devrait être votée fin 2008 ;
espèces menacées) ou pour favoriser les synergies (par ex. pour l l a gestion des déchets, qui fait l’objet d’une coordination inter-

conduire certaines études, faire venir des experts ou des forma- provinciale (voir § 1.5 plus loin) ;
teurs, etc.) ; l l e plan de rattrapage de l’équipement des communes en ma-

lv eiller à l’intégration des enjeux environnementaux dans les po- tière d’assainissement, qui est en cours d’élaboration ;
litiques exercées à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie (principes l l e premier « conseil de l’eau » qui s’est mis en place fin 2007 sur

directeurs d’urbanisme ou de gestion du domaine public, règles le bassin versant de la rivière La Foa, et qui regroupe plusieurs
sur le commerce, fiscalité, etc.) ; communes et un ensemble large de représentants des usagers
la ssurer un suivi de statistiques et d’indicateurs environnemen- et de la société civile ;
taux à l’échelle territoriale. le  tc.

Or il n’existe aucun organisme (service de la Nouvelle-Calédo-


nie, ou agence territoriale ou inter-provinciale) qui soit chargé 1.2.8 Un Comité consultatif de l’environnement
d’œuvrer à de telles missions. Cette situation est frappante lors- qui n’a pas encore trouvé ses marques
que l’on se compare à ce qui existe ailleurs : nous n’avons pas La loi organique avait, dès 1999, prévu un outil devant œuvrer à
connaissance d’un pays où l’exercice de la compétence environ- cette nécessaire coordination : le « comité consultatif de l’environ-
nementale relèverait uniquement du niveau local ou régional ; nement » (CCE). Son fonctionnement n’est pas jugé satisfaisant :
notamment, tous les pays fédéraux disposent d’une structure l i l s’est très peu réuni, malgré les nombreux sujets qui nécessitent

coordonnant l’action de leurs États en la matière. un regard à l’échelle du pays ;


l l es élus s’y impliquent peu ;

1.2.7 Mais aussi l’émergence de nombreuses actions l i l ne dispose pas de moyens propres, ce qui est inapproprié vu la

coordonnées complexité de ses missions actuelles : la délibération du congrès


Les difficultés citées ci-dessus expliquent d’indéniables man- n°155 du 9 janvier 2006 lui confère en effet une « mission généra-
ques de cohérence. Cette situation conduit certains à penser le et permanente d’étude, de conseil, de médiation, de coordination,
qu’on ne peut arriver à gérer correctement les enjeux environ- de proposition vers les pouvoirs publics et d’information vers le
nementaux qui se posent à une échelle territoriale globale, sans public », et la « mission de conseiller la Nouvelle-Calédonie et les
au moins légèrement modifier les attributions de compétences collectivités territoriales en matière de développement durable et
issues des accords de Matignon-Oudinot. D’autres donnent plus d’environnement, de proposer des mesures de protection ou de pré-
de poids aux évolutions récentes, qui ont vu émerger de véri- servation de l’environnement et de veiller, dans toute la mesure du
tables programmes coordonnés, signe qu’on peut y arriver en possible, à l’harmonisation des politiques menées par les provinces
poursuivant l’effort. de la Nouvelle-Calédonie en la matière » ;
Il faut noter que bien des actions de fond ont été entreprises ces lp  ourtant, ces missions sont insuffisamment ambitieuses, no-

dernières années, dénotant une réelle volonté de travailler ensem- tamment parce que l’avis sur les délibérations des provinces
ble sur des enjeux partagés par les différents acteurs. Les nombreux n’est pas prévu.
exemples suivants traduisent cette très forte dynamique : Il est probable que la situation s’améliore prochainement, puis-
l l e programme de conservation des forêts sèches, créé en 2001, qu’un agent vient d’être recruté par le congrès pour l’animation
et qui regroupe 10 partenaires issus des collectivités, de la re- du CCE.
cherche et de la société civile ;
l l e groupe de travail sur les espèces envahissantes (voir § 1.3.5 1.2.9 Des moyens alloués aux politiques
ci-dessous) ; environnementales encore modestes
l l e dossier de candidature UNESCO, qui a été préparé en concer- La conception des politiques et réglementations environnementales
tation étroite entre collectivités concernées, et les premiers repose sur une quarantaine d’agents environ (PIL, PN, PS, DIMENC,
travaux sur les plans de gestion du bien inscrit, qui s’engagent DAVAR, DAFE). A ces effectifs se rajoutent les agents, plus nombreux,
sur la même voie ; chargés de missions de surveillance et d’accueil du public.
l l e projet de groupement d’intérêt public « Conservatoire des L’atelier n’a pas pu faire un point global sur le financement des
16

espaces naturels », qui est issu de la dynamique créée par le actions environnementales, qui semblent très faibles en regard
programme forêts sèches, devant associer état, Nouvelle-Ca- des enjeux.

16
Ou « GIP ». Le décret n°95-636 qui permet en métropole et dans les DOM de créer des GIP dans le domaine de l’environnement, devra préalablement être rendu applicable en Nouvelle-Calédonie. Cette demande est ancienne,
et le texte tarde à sortir.
172
Il est en outre relevé la rareté des outils fiscaux s’appliquant 1.2.11 Un accès insuffisant du public à l’information
aux activités polluantes ou impactantes, outils qui aujourd’hui ne environnementale, et une participation peu développée
visent que les canettes en aluminium, les huiles, les batteries et aux décisions ayant des incidences sur l’environnement
les piles importées. La Convention d’Aarhus « sur l’accès à l’information, la participation
D’autres exemples d’outils peuvent être trouvés ailleurs, et du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière
chaque pays trouve en la matière ses propres outils. Les objectifs d’environnement » n’est pas applicable en Nouvelle-Calédonie21,
peuvent être : pas plus que les articles du code de l’environnement qui l’ont
ld e produire un effet dissuasif sur certaines activités ; transposée en droit interne22.
17

ld ’assurer des recettes pour des services publics ou des actions Cette exclusion est de facto en bonne partie contredite par la
environnementales18 ; charte constitutionnelle de l’environnement, dont l’article 7 en-
l ou les deux à la fois . traine des droits équivalents23. Cette charte, entrée en vigueur
19

L’OCDE préconise depuis longtemps l’utilisation de ces instru- en mars 2005, vient imposer en Nouvelle-Calédonie un principe
ments économiques, qui, lorsqu’ils sont bien gérés, sont reconnus général important, et Bernard Chérioux 24 en déduit que « les
comme « des moyens d’action à la fois efficaces pour l’environnement collectivités publiques ont une obligation morale de s’inspirer de (la
et économiquement rationnels »20. Le plus souvent, de telles taxes convention d’Aarhus) pour moderniser le droit de participation du
sont introduites en remplacement de taxes visant uniquement un public sur leurs territoires respectifs ». Dans le contexte actuel, en
objectif de recettes publiques, afin de ne pas alourdir la fiscalité effet, l’accès des citoyens à l’information concernant leur environ-
globale car ce n’est pas le but recherché. nement peut être qualifié de faible, de même que leur association
aux décisions pouvant impacter cet environnement, même si de
1.2.10 Un droit de l’environnement lacunaire nombreux efforts sont actuellement faits en ce sens.
La première lacune du droit de l’environnement en vigueur en Par exemple, certains aménagements lourds ne sont pas
Nouvelle-Calédonie, est celui de son manque de lisibilité. C’est précédés d’une enquête publique (ou dispositif équivalent).
pourquoi les provinces ont, avec les services légistiques du Sous réserve d’oubli, les cas dans lesquels sont obligatoires une
gouvernement, engagé un important travail de codification, ré- enquête publique (EP) et/ou une étude d’impact (EIE) sont les
capitulant selon un plan commun et modernisant les dispositions suivants :
de compétence provinciale existantes. lc hangements substantiels d’utilisation des zones du domaine

La province Nord a formellement entériné ce travail en ap- public maritime (EP) ;


prouvant son code par délibération 306-2008/APN du 24 octobre l endigages, ports et extractions en mer (EIE) ;

2008. Celui-ci reprend les textes antérieurs, à droit constant ou lc arrières, installations classées pour la protection de l’environne-

presque. Dans un second temps, après concertation, des amélio- ment relevant d’une autorisation (EIE et EP) ;
rations de fond seront apportées. l expropriations et servitudes (EP) ;

En province Sud, il a été fait le choix de conduire cette prépara- l périmètres de protection des eaux (EP) ;

tion d’un code de l’environnement, en modernisant et complétant le l autorisations de prélèvement d’eau (EP) ;

droit applicable, dans certaines matières le nécessitant : par exemple, lz ones d’aménagement concerté (concertation définie par ar-

les règles relatives à la chasse incluront une obligation de permis de rêté).


chasse payant et d’assurance en responsabilité civile, des dispositions A titre d’illustration, on relèvera que les règles françaises, qui
sur la lutte contre les nuisibles, etc. et les règles relatives à la protec- découlent de textes européens, prévoient bien d’autres cas d’obli-
tion des espèces seront dissociées de celles relatives à la chasse. gation d’une EIE et d’une EP : lotissements, grands bâtiments,
Il est donc prématuré de lister les difficultés posées par les tex- infrastructures de transport, mines, défrichements importants,
tes en vigueur en provinces Nord et Sud, mais il est d’ores et déjà ouvrages liés à l’énergie, etc. Les politiques elles-mêmes (sché-
possible d’identifier au moins deux lacunes importantes : mas, réglementations, etc.) peuvent y être soumises à une EIE et à
l l es obligations générales en matière d’études d’impact et d’en- une concertation du public, conformément d’ailleurs à la conven-
quêtes publiques (voir § 1.2.11 ci-dessous) ; tion d’Aarhus précitée.
le  t les principes environnementaux s’appliquant en matière d’ur- De même, les associations relèvent le caractère désuet des
banisme. règles encadrant les enquêtes publiques : délai très court (15
D’autres lacunes sont identifiées plus loin : ICPE, mine, etc. jours pour une enquête dont le dossier fait 20 000 pages),
Il est enfin envisagé d’établir un recueil, à valeur informative, non accessibilité de la documentation par voie informatique,
récapitulant les textes sur l’environnement de la compétence de locaux de consultation du dossier non équipés d’une photo-
la Nouvelle-Calédonie ou de l’état. copieuse.
17
P ar exemple, une taxe sur les sacs plastique a produit en Irlande, en peu de temps, d’importants changements de comportement. En France, la taxe générale sur les activités polluantes touche les ICPE (dont le stockage et l’élimination de déchets et les
émissions polluantes atmosphériques), l’extraction de matériaux, les lessives et adoucissants, les imprimés publicitaires, etc.
18
Par exemple, en France :
- une taxe sur les permis de construire permet aux conseils généraux de métropole et des DOM d’acheter et de gérer des « espaces naturels sensibles » ;
- l a taxe de francisation des navires est la principale source de financement du Conservatoire du littoral.
19
Par exemple, en France :
- une taxe sur les véhicules énergivores permet de financer des incitations pour les véhicules peu gourmands ; l’effet dissuasif a été très efficace, et une extension à d’autres produits de ce principe « bonus-malus » vient d’être voté ;
- les agences de l’eau perçoivent, afin de financer leurs actions d’appui (notamment au bénéfice des collectivités) sept redevances, pour pollution diffuse (produits phytosanitaires), prélèvements, pollution domestique (assise sur les factures d’eau),
pollution non domestique (rejets polluants), activités d’élevage, etc.
20
Cf. : « L’économie politique des taxes liées à l’environnement » (www.oecd.org/env/taxes/politicaleconomy)
21
Le décret de publication, n°2002-1187 du 12 septembre 2002, confirme que la France a déposé devant l’ONU une réserve d’application territoriale sous la forme suivante : « Le gouvernement français n’appliquera pas la présente convention en Nouvelle-
Calédonie, Polynésie française et Wallis et Futuna ».
22
Articles L 124-1 et suivants. L’Etat, compétent en matière de libertés publiques, pouvait pourtant rendre applicables ces dispositions en Nouvelle-Calédonie. Il serait intéressant de comprendre les raisons de cette exclusion, qui a pour effet de conférer aux
citoyens calédoniens des droits plus faibles qu’aux citoyens métropolitains, concernant l’accès aux informations portant sur leur cadre de vie…
23
« Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur
l’environnement. »
24
Voir bibliographie n°6

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
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du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Enfin, on relève qu’il n’existe pas à l’échelle des provinces d’ins- une forme à définir, vis à vis des pressions d’urbanisme, d’ex-
tance formelle associant la société civile25, à l’avis de laquelle ploitation minière ou de projets d’équipement (cf. l’exemple des
puissent être soumis certaines décisions (type commissions des ZNIEFF métropolitaines, qui ne sont pas opposables aux projets
sites, des paysages, d’hygiène, de la faune, etc.). Toutefois, la pro- d’aménagement et aux documents d’urbanisme, mais sont le
vince Sud a créé en 2004 un comité ad hoc pour suivre la mise cas échéant considérées par le juge comme des éléments de
en œuvre du projet Goro Nickel, la province Nord a fait de même preuve vis-à-vis de l’intérêt environnemental d’un site concerné
concernant le projet d’usine du nord, et les « comités de gestion » par un projet – les inventaires SIBE décrits au § 1.3.1 ne sont pas
qui seront mis en place dans le cadre de la gestion de la partie utilisés en ce sens) ;
du lagon inscrite au patrimoine mondial, relèvent bien de cette lu  n inventaire spatialisé des menaces et pressions (feux , exploi-
29

logique. tation minière, invasions biologiques, rejets) et des contraintes


et opportunités d’action (un croisement avec l’inventaire pré-
1.2.12 Un déficit d’application des principes cédent aiderait à identifier et hiérarchiser les besoins d’action :
constitutionnels et des conventions internationales protection de biotopes et/ou d’espèces). Un travail de ce type
Il est plus difficile de juger si les autres grands principes définis par a été conduit sur les milieux marins (analyse éco-régionale pilo-
la charte de l’environnement (principe pollueur-payeur, principe tée par le WWF) et mériterait d’être généralisé. Pour les milieux
de prévention des impacts à la source, principe de précaution, terrestres, cela a été réalisé par le Programme Forêt Sèche sur
etc.) sont ou non pleinement mis en œuvre26. Le principe pol- les importants sites de Gouaro-Deva (2005) et de Pindaï-Nékoro
lueur-payeur semble néanmoins rarement appliqué : on notera (2008).
notamment que les projets déclarés d’utilité publique n’intègrent En ce qui concerne la surveillance, la situation évolue avec des
que très rarement de mesures compensatoires, et en tous cas ja- créations récentes : SCAL-AIR30, Observatoire du grand sud, comité
mais à hauteur des impacts qu’ils peuvent occasionner ; on a vu environnemental Koniambo. Toutefois, de tels projets sont à une
par ailleurs au § 1.2.9 ci-dessus que l’outil fiscal est peu utilisé. échelle spatiale restreinte par rapport aux besoins stratégiques de
Par contre, il est patent que la Nouvelle-Calédonie et les provin- la Nouvelle-Calédonie en matière d’environnement. La demande
ces se préoccupent peu d’arrêter les dispositions réglementaires en dispositifs de suivi des milieux se fait de plus en plus forte :
rendues nécessaires par certaines conventions internationales impacts miniers, impacts du développement urbain, maintien de
ratifiées par la France : cf. l’exemple cité plus haut concernant la l’intégrité des sites inscrits au patrimoine mondial, etc. Elle appelle
CITES ; cf. également le protocole de Londres sur les immersions à être bien précisée par rapport aux besoins, et cadrée métho-
et rejets en mer, rendu applicable hors des eaux territoriales par dologiquement, pour éviter d’éventuels recouvrements entre
l’article L 612-1 du code de l’environnement, mais sans traduction dispositifs relevant d’échelles différentes du territoire. La cohé-
juridique de la part des provinces concernant leurs eaux territo- rence et la rigueur méthodologique des divers dispositifs de suivi,
riales ou le lagon27. obéissant à la mise en œuvre d’un cahier des charges strict, est un
Le fait même que la ratification de conventions internationales point fondamental pour les raisons évoquées ci-dessus mais aussi
par la France produise des effets juridiques internes en Nouvelle- parce que cette cohérence est garante de la comparaison des
Calédonie, n’est pas bien connu28. données et indicateurs de site à site et de série temporelle à série
temporelle et aussi parce que les systèmes de surveillance repré-
1.2.13 Un manque d’outils d’analyse et de surveillance sentent des outils particulièrement aptes à catalyser la diffusion et
On ne dispose pas de diagnostics environnementaux perti- la communication de données environnementales validées et à
nents permettant de fonder des politiques environnementales. favoriser, via des « tableaux de bord », l’établissement et le partage
Il manque par exemple (voir aussi d’autres besoins en termes de d’informations et de diagnostics accessibles à tous.
diagnostic cités plus loin concernant l’eau, la biodiversité, etc.) :
lu  n inventaire spatialisé de la connaissance acquise sur la biodi- 1.2.14 Un développement progressif de l’éducation
versité spécifique et écosystémique ; et de la sensibilisation à l’environnement
ld  es stations de référence sur la qualité des milieux naturels et et au développement durable
des séries à long terme de données sur les évolutions ; L’enjeu de l’éducation est essentiel dans un contexte de déve-
lu  ne analyse des zones naturelles terrestres et marines les plus loppement rapide, car il est difficile pour tous d’appréhender des
sensibles / menacées / riches, qui mériteraient d’une part des problèmes tels que la dangerosité des pesticides, la durée de vie
actions de gestion, et d’autre part un statut de protection sous des déchets, etc.31
25
I l existe par exemple en province sud un « comité pour la protection de l’environnement », un « comité des ICPE » et une « commission des sites naturels et monuments historiques » ; en province Nord une « commission de l’environnement » et une «
commission technique des permis de construire et des ICPE » ; en province des îles Loyauté une « commission des sites et monuments historiques » ; aucune de ces instances ne prévoit explicitement la participation du monde associatif, et seules quelques
unes laissent une place à des « personnalités qualifiées », nommées par arrêté
26
On peut aussi noter que, depuis l’entrée en vigueur de la charte, l’un des rares jugements rendu par un tribunal français, ayant fait référence au principe de précaution, est l’arrêt du tribunal administratif de Nouméa du 14 juin 2006 ayant annulé l’arrêté
ICPE de l’usine de Goro-nickel
27
Restent toutefois applicables les textes plus anciens et moins restrictifs suivants : lois 76-599, 76-600 et 85-853 et décrets 82-842 et 86-38
28
Article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois ». Il existe a contrario des textes ayant fait l’objet d’une exclusion explicite : les décrets de publication
respectifs du protocole de Kyoto et de la convention d’Aarhus comportent une clause à ce sujet. La légalité de telles clauses est contestable aux yeux de certains juristes, du fait de l’article 2 § 1d de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités, qui
limite les possibilités de réserves à caractère territorial. Cf. aussi la décision du conseil constitutionnel n° 88-247 DC du 17 janvier 1989, suite à une saisine qui concernait la Polynésie : « le champ d’application territoriale d’une convention internationale est
déterminé par ses stipulations ou par les règles statutaires de l’organisation internationale sous l’égide de laquelle elle a été conclue, et la détermination de ce champ d’application ne relève donc pas de la loi qui en autorise la ratification ». Pour étendre ces
textes à la Nouvelle-Calédonie, un simple décret suffirait, suivi d’une transmission auprès des Nations-Unies
29
A noter à ce sujet le projet « incendie et biodiversité des écosystèmes de Nouvelle-Calédonie » (INC, supporté par l’Union européenne et l’agence nationale de la recherche), qui permettra d’intégrer l’état des connaissances en matière de biodiversité, de pra-
tiques humaines, de climat et de météo, de propriétés combustibles de la végétation et de comportement du feu, dans un système d’information modélisant le risque de feu sur la biodiversité. Un système d’alerte à vocation opérationnelle en découlera.
30
Association créée en 2004 dont les missions sont la mesure, la surveillance et l’information sur le thème de la qualité de l’air. Elle associe collégialement des membres de tous les organismes concernés (Etat, collectivités, industriels, associations, experts).
Voir aussi § 1.6.4 sur les enjeux de pollution de l’air.
Donner au plus grand nombre le confort moderne, c’est aussi mettre entre les mains de personnes qui n’y sont pas toujours préparées des moyens de pression sur l’environnement : pouvoir se débarrasser de son huile de vidange dans un creek, acheter et donc
31 

peut-être jeter dans la nature des piles, des détergents, etc. Accéder au confort moderne est un droit qui doit s’accompagner à la fois de devoirs pour le citoyen, et d’outils de gestion collective des nuisances : maîtrise de l’urbanisation, gestion des déchets,
protection des cours d’eau, etc. Ce constat, qui est tout aussi valable pour les populations mélanésiennes que pour les autres, amène toutefois à constater qu’il est plus difficile d’appliquer certains outils sur les terres coutumières (cf. par ex. les très grandes
difficultés des îles Loyauté pour ouvrir des lieux adaptés pour le stockage des déchets).

174
Les acteurs institutionnels et les structures associatives, parfois 1.2.15 Des contrôles et une répression des infractions
avec l’aide financière des premiers, conduisent des actions de sen- encore trop faibles
sibilisation sur le terrain. Les associations actives en la matière sont Les moyens alloués aux contrôles sont très faibles, mais des re-
nombreuses ; citons seulement, parmi les plus visibles, ASNNC, crutements récents ou en cours viennent corriger cette situation
Action Biosphère, Corail Vivant, Opérations Cétacés, WWF, etc. Ces (personnels assermentés mais qui, dans certains domaines, ne
actions sont assez souvent bien visibles, et relayées par les médias. peuvent pas verbaliser, mais seulement assister un APJ ou OPJ).
Il n’existe aucune structure s’étant vu conférer un rôle de coordon- L’absence de la gendarmerie est particulièrement remarquée ; il
nateur en la matière, mais le CIE (centre d’initiation à l’environnement), faut toutefois noter que depuis peu, les départs de feu font l’objet
présent dans les trois provinces, se place de fait au premier plan des d’enquêtes systématiques.
associations, puisque sa vocation première est la sensibilisation des Les textes définissaient rarement des sanctions appropriées
citoyens néo-calédoniens sur les richesses naturelles du pays, sur la en cas d’infraction ; des progrès importants sont constatés sur ce
problématique de leur préservation et aux enjeux de développe- point sur tous les textes récents, mais il reste encore de nombreux
ment durable. Il est financé à plus de 75 % par les pouvoirs publics. domaines où le niveau des sanctions prévues par des textes plus
En 2007 il a été décidé de démultiplier les compétences de l’associa- anciens s’avèrent désuets.
tion, en assurant des formations de formateurs : éco-gardes, guides Il n’y a pas à ce jour, à proprement parler, de politique pénale
équestres, éducateurs sportifs, enseignants… du parquet en matière d’environnement, tout simplement car
L’enseignement primaire intègre dans ses programmes un la réglementation d’une part, et les sanctions d’autre part, sont
début de sensibilisation aux enjeux environnementaux néo-calé- comme on l’a vu très lacunaires. Toutefois, des condamnations
doniens. L’enseignement secondaire intègre assez modestement, ayant un certain caractère d’exemplarité sont intervenues assez
au niveau des programmes nationaux, des temps d’information récemment, dénotant un changement dans la prise en compte
et de réflexion sur les thématiques générales de l’environnement des enjeux environnementaux de la part de l’ensemble des ac-
et du développement durable. Le CDP (centre de documentation teurs concernés.
pédagogique, dépendant du vice-rectorat) met à disposition des
enseignants certains outils pédagogiques orientés sur les enjeux 1.3 Gestion de la biodiversité
environnementaux généraux, ou spécifiques à la Nouvelle-Calé- Rappelons en préambule que les efforts de préservation de la
donie. biodiversité calédonienne doivent reposer sur quatre grandes
Au niveau de l’enseignement supérieur, il y a lieu de signaler considérations :
que le DEUST revégétalisation a été fermé, et qu’il est envisagé un l Représentativité de toutes les communautés biologiques ;

DEUST de gestion des déchets. l Développement de populations animales et végétales viables ;

l Maintien des grands processus écologiques ;

lR ésilience aux changements environnementaux globaux

(climat).

nouvelle-calédonie
milieux naturels, végétation
(à partir de données spot 5 1996)
Source : Image SPOT travaillées par la DTSI (2008)

175
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

1.3.1 Des milieux sensibles protection particulier (espèces « parapluie » notamment). Toute-
et encore imparfaitement connus fois, une réglementation sur les espèces à protéger a été adoptée
La connaissance des milieux est très imparfaite au regard de par la province Nord et sera également incluse dans le code de
leur intérêt naturaliste. Cette situation résulte essentiellement l’environnement de la province Sud.
du caractère historiquement tardif des premiers travaux scienti- L’IRD a développé un herbier, mais aucune structure n’est
fiques, comparativement par exemple au continent européen. chargé d’une mission de conservation, in situ, ex situ ou généti-
Des efforts significatifs sont déployés actuellement, comme en que, de la flore (fonction de « conservatoire botanique » définie
témoigne par exemple le nombre de projets avalisés par l’agence pour la métropole et les DOM par le code de l’environnement33).
nationale de la recherche, qui concernent la biodiversité calédo- Il n’existe pas d’insectarium. Par contre il existe sur Nouméa deux
nienne. Pour autant, il reste énormément à faire. outils importants :
Une cartographie des milieux terrestres est en cours : l l e Parc Zoologique et Forestier, qui développe de plus en plus

l l a province Sud travaille sur le SIBE (inventaire des Sites d’Inté- la valorisation pédagogique du patrimoine naturel terrestre ca-
rêt Biologique et Ecologique), qui inventorie et évalue la valeur lédonien ;
des milieux, et les traduit sous forme de carte. Cet inventaire l l ’aquarium, qui est un excellent outil pour la connaissance, la

permet de faire des recommandations notamment auprès des conservation et la sensibilisation sur la biodiversité marine.
grands aménageurs du territoire (Secal, EEC, Enercal, …) pour Les milieux marins sont mieux suivis (notamment à travers un
l’aménagement de l’espace. Le niveau de détail (la maille) n’est observatoire des récifs coralliens fonctionnant depuis 10 ans et in-
pas toujours le même selon les endroits ; tégré au réseau mondial GCRMN) et cartographiés. L’IRD a produit
lu  n exercice similaire a été initié par la province Nord ; en 2006 un compendium des espèces marines de Nouvelle-Calé-
l l a province des îles Loyauté n’a pas encore lancé de travaux de donie. On notera cependant que la classification des biotopes et
ce type. habitats n’est pas achevée.
La méthodologie tient compte des moyens disponibles, et le ni- Des projets d’observatoires et de réseaux de surveillance du lit-
veau de détail est assez grossier (pas de sous catégorie dans les toral sont en cours. Ils restent à finaliser et à étendre à l’ensemble
forêts humides par exemple). des zones sensibles (y compris zones réputées intactes).
L’inventaire des enjeux des forêts sèches a été réalisé et car- Enfin, en dépit de quelques initiatives, la connaissance de
tographié (voir plus loin). Les « zones importantes pour la l’environnement néo-calédonien n’est pas valorisée par une orga-
conservation des oiseaux » ont également été identifiées, mais nisation collaborative des acteurs de la production, de la gestion,
un travail similaire de hiérarchisation des enjeux de conservation du traitement, de la valorisation et de la diffusion des données
pour les autres classes de vertébrés reste à réaliser. sur la nature et les paysages. Une telle dynamique, reposant sur
Un inventaire a été réalisé par la province Sud pour la carto- des principes déjà expérimentés ailleurs, permettrait pourtant
graphie des zones aquatiques terrestres (plans d’eau, lacs, cours de contribuer au débat public, de rationaliser la production et la
d’eau, …). Cette cartographie est complétée par un atlas de la gestion des données environnementales et de valoriser et pro-
faune dulçaquicole (poissons et crustacés). D’autres travaux en ce mouvoir le travail des différents acteurs.
sens ont été réalisés il y a une quinzaine d’années par le Muséum
National d’Histoire Naturelle. 1.3.2 Un état des pressions à mieux quantifier
Une cartographie générale des mangroves a été réalisée en et hiérarchiser
2007 dans le cadre de ZONECO32. Les menaces pesant sur les milieux naturels sont globalement
Il n’existe pas d’inventaire des milieux à microorganismes bac- bien connues : voir liste au § 1.1.6 ci-dessus. Elles sont encore peu
tériens ou fongiques, ni des micro-algues. quantifiées et spatialisées. La connaissance des menaces induites
Tous ces inventaires nécessitent la mobilisation de compéten- par le réchauffement climatique est notamment très imparfaite
ces rares ou inexistantes sur le territoire. Ils nécessitent également au regard de leur gravité.
une vision et des méthodes homogènes d’une province à Des cartographies des menaces sur les milieux naturels exis-
l’autre. tent :
On déplore le manque de bio-indicateurs permettant de ls ur les menaces sur les milieux marins : IRD et AER Marin du

mesurer et suivre la qualité avérée des écosystèmes. Une liste WWF34 ;


d’indicateurs a été réalisée par le ministère français de l’écolo- l sur les zones d’incendies : province Sud ;

gie pour l’ensemble des départements et territoires d’outre-mer, l sur les invasions biologiques ;

selon un modèle état/pression/impact. Cette liste pourrait être ls ur les installations, ouvrages, travaux et activités susceptibles

utilisée localement, moyennant des adaptations méthodologi- d’impacter les écosystèmes d’eau douce : tableau hiérarchisé
ques aux besoins spécifiques de la Nouvelle-Calédonie. Le rôle des « IOTA ».
des scientifiques naturalistes locaux est capital pour un tel travail Ces cartographies doivent être complétées et consolidées.
d’adaptation. NOTA : les § suivants concernent la prévention de certaines de
La biologie de certaines espèces (espèces chassées ou espèces ces menaces. Pour les autres, voir les § appropriés : mine, eau,
commercialisées illégalement notamment) est insuffisamment incendies, déchets, etc.
connue pour évaluer les enjeux et les menaces, et fonder des po-
litiques de gestion ; les autorités provinciales, conscientes de ces 1.3.3 Des milieux marins inscrits au patrimoine mondial,
lacunes, ont commandité des études sur plusieurs espèces d’im- et à gérer comme tels
portance économique (notou, bulimes, roussettes… pour ce qui « La Nouvelle-Calédonie est entourée, sur 1 600 kilomètres, de la
concerne les espèces terrestres) afin d’ajuster leur réglementation. deuxième plus longue barrière récifale du monde, délimitant un vas-
Il n’existe pas une liste, validée suivant des principes scientifi- te lagon de 23 400 km² contenant 14 280 km² de récifs. Les surfaces
ques, des espèces qui mériteraient un effort de surveillance ou de d’herbiers occupent environ un tiers de la surface totale du lagon. On

32
Cf. Atlas des mangroves de Nouvelle-Calédonie 2008 référencé en bibliographie sous le n°16.
33
Un projet de jardin botanique existe en province Sud qui devrait évoluer en conservatoire botanique dans les prochaines années.
176 34
AER ou « analyse écorégionale ». Voir document cité en bibliographie sous le n°9
y a recensé, avec un endémisme
moyen constaté de 5 %, environ
1 700 espèces de poissons, 5 500 nouvelle-calédonie
mollusques, 5 000 crustacés, 600 biens, zones tampons marines,
éponges, 300 coraux, 3 tortues, zones tampons terrestres
une dizaine d’espèces de mammi- Inscription du récif néo-calédonien
fères marins dont l’emblématique au patrimoine mondial de l’unesco
et très menacé dugong » 35. La
mangrove couvre 260 km2 de
forêt arbustive ou arborescente
et 90 km2 de tannes et marais.
Elle comprend 25 espèces ar-
bustives différentes dont une
endémique et 6 espèces de
Rhyzophora (plus forte biodiver-
sité mondiale pour ce genre36.
« Elle est fortement dégradée dans
la région de Nouméa. » 35
Les aires marines protégées,
toutes situées en province Sud
à l’exception de la réserve de
Nekoro (Poya), représentent
à l’heure actuelle une surface
permanent de 41 700 hectares
répartis sur 14 aires marines
protégées, soit environ 1 % de

Source : DTSI 2008


la surface lagonaire totale (en
partie hors zone inscrite au pa-
trimoine mondial).

Aires marines protégées de la Nouvelle-Calédonie


Périmètre Surface Surface Pêche ou atteintes aux espèces suivantes, com-
Province Nom de la réserve patrimoine permanente

Importation, exportation
temporaire (Ha) mises sur le domaine public maritime de, …
Source : site internet IFRECOR – Les réserves spéciales de faune et les périmètres terrestres des aires marines ne sont pas inclus

mondial (Ha)

(autre que CITES)


Annexe CITES

Sud Ilot Signal (Te Ndu) 232 … ou encore commercialisation


… la sur le territoire de…
Sud Ilot Maître 619
Nouvelle-
Calédonie …la …la …la
Sud Ilot Laregnère (Ngé) 669 province province province
des Iles Nord Sud
Sud Ilot Amédée et Grand récif Aboré 14985 542
Mysticètes et cachalots I 13 aout 03 néant 1er sept. 06 31 mars 04 13 aout 03
Sud Ile aux canards et récif Ricaudy 189
Autres cétacés I ou II néant néant 1er sept. 06 31 mars 04 néant
Sud Yves Merlet X 17077
Dugongs I 25 juin 62 25 juin 62 1er sept. 06 31 mars 04 néant
Sud Baie de Prony X 149 1116
Tortues marines I 4 jan 08 16 juil. 85 1 sept. 06 13 juin 06
er
4 jan 08
Sud Bourail X 2322
Napoléons II néant néant néant 7 mai 08 néant
Sud Ouano X 2977
Bénitiers II néant néant néant néant néant
Sud Le Humboldt 13
Un effort important de suivi des populations de certaines es-
Sud Ilot Ténia 983
pèces est fait, globalement ou à l’échelle de certaines zones. Ces
Sud Ile de Bailly 177 suivis montrent pour certaines espèces des diminutions préoc-
Sud Pointe Kuendu 39 cupantes (napoléons, bénitiers). Seul un tout petit nombre de
plages bénéficie d’un effort de conservation visant à maintenir
Nord Nekoro 1260
les pontes de tortues marines (la Roche Percée, Baie des tortues
TOTAL : 41691 1658 – Bwärä tortues marines et ASSNC).
La récente inscription d’une grande partie des récifs de
A ces réserves marines se rajoutent quelques réserves sur les Nouvelle-Calédonie au patrimoine mondial sera l’occasion de
îlots, destinés à protéger les colonies d’oiseaux marins. On relève parfaire les suivis et la connaissance scientifique des milieux,
que, globalement, l’accroissement de la fréquentation sur un les outils de sensibilisation et l’implication du public, et la ré-
nombre croissant d’îlots, protégés ou non, et parfois éloignés de glementation visant à maîtriser les pressions humaines directes
Nouméa, induit pour ces colonies un impact extrêmement fort. sur le lagon. Cette inscription doit également être utilisée pour
Les dates des réglementations relatives à quelques espèces asseoir les actions visant à diminuer les pressions issues des bas-
parmi les plus emblématiques s’établissent comme suit : sins versants.

35
Cf. document UICN référencé en bibliographie n°9
36
Cf. Atlas des mangroves de Nouvelle-Calédonie 2008 référencé en bibliographie sous le n°16.
177
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Bien que peu soumis à pression et non inscrit au patrimoine hissantes non appétées qui remplacent l’herbe des pâturages,
mondial, on ne perdra pas de vue l’existence d’un patrimoine ou de la fourmi électrique qui nuit au développement de cer-
naturel, dont la biodiversité marine sans doute exceptionnelle taines productions).
reste à découvrir, qui intéresse : On recense dans les milieux terrestres de Nouvelle-Calédonie
l l es zones du plateau continental néo-calédonien, qui occupe 67 plantes envahissantes (31 et 17 respectivement sur l’île des
au plan national, avec 60.000 km² estimés, la 3ème place après Pins et les îles Loyauté), et 11 mammifères, 4 oiseaux, 3 poissons,
le plateau du Golfe de Gascogne et celui des Kerguelen ; 2 reptiles et 1 amphibien naturalisés menaçant la biodiversité38.
l l a zone bathyale supérieure de la Nouvelle-Calédonie où sub- Parmi les 100 espèces reconnues comme les plus envahissantes
siste une faune remarquable de « fossiles vivants » (Richer de au monde (liste ISSG), 27 sont présentes en Nouvelle-Calédonie.
Forges et al. 1998) dont l’existence est à relier à la présence de la Constitution de la flore vasculaire de Nouvelle-Calédonie
ride de Norfolk qui la relie à l’Ile nord de la Nouvelle-Zélande et
qui est considérée comme un vestige de la marge continentale
du Gondwana. Cet isolement depuis la fin du Crétacé des rives Plantes
Espèces Espèces Espèces
% d’endémisme exotiques
indigènes introduites naturalisées
de l’Australie expliquerait le taux d’archaïsme extrêmement envahissantes
élevé des faunes bathyales des nombreux monts sous-marins
de cette ride entre -250 et -600 mètres.
3261 74 1412 360 67

1.3.4 Des efforts assez récents


envers les forêts sèches résiduelles Vertébrés terrestres et d’eau douce naturalisés
Les forêts sèches de Nouvelle-Calédonie couvraient autrefois ou en semi-liberté
toute la côte Ouest de l’île jusqu’à 400 mètres d’altitude, ce
qui représentait environ un quart du territoire. « Ces habitats ne Vertébrés terrestres et Menace
d’eau douce naturalisés ou Espèces indigènes Espèces exotiques
subsistent maintenant que par 235 lambeaux dispersés totalisant en semi-liberté pour la biodiversité
50 km², soit 1 % de la surface d’origine. Ces forêts sèches (…) ac-
cueillent 262 espèces de plantes endémiques, dont une soixantaine
est présente exclusivement dans ces habitats, une faune spécifique Mammifères terrestres 9 12 11
de reptiles, d’oiseaux et d’invertébrés (leur est associée). Les forêts
sèches, déjà extrêmement dégradées, ont un potentiel de résilience
Oiseaux 112 14 4
très limité face aux agressions : (…) feux de brousse, espèces enva-
hissantes (cerfs et cochons sauvages), élevage extensif de bovins. Le
changement climatique risque de diminuer davantage la résilience Poissons d’eau douce 58 8 3
de ces habitats »37.
Depuis 2001, un programme de conservation est mené sur
Reptiles terrestres 69 4 2
cet écosystème considéré comme prioritaire, incluant « un suivi

Source : UICN 2008


écologique et cartographique, des inventaires floristiques et faunis-
tiques, la protection physique des sites prioritaires, la restauration Amphibiens 0 1 1
de zones dégradées et la réalisation d’actions de sensibilisation. »
Des chantiers de restauration de forêt sèche dégradée (Mépoui-
ri, Pindai, pointe Maa, etc.) sont en cours dans le cadre de ce La proximité de l’Australie a sensibilisé très tôt les autori-
programme. Neuf sites concernés par les atteintes aux espèces tés néo-calédoniennes aux très forts enjeux liés aux invasions
indigènes commises par les cerfs, totalisant 280 Ha, ont fait l’ob- biologiques, et des dispositifs significativement plus contrai-
jet d’une pose de clôture, par convention avec les propriétaires. gnants qu’en métropole ont été mis en place. La nécessité de
Seule la province Nord a un projet d’acquisition d’un site méri- coordonner les actions, d’échanger et de partager les savoirs et
tant une protection de type foncier. La province Sud a en projet savoir-faire est à l’origine de la création d’un groupe de travail
une réglementation de protection. Certaines forêts sèches tou- informel associant les trois provinces, la Nouvelle-Calédonie, les
chées par des espèces végétales envahissantes sont considérées organismes scientifiques compétents et les ONG. Il est prévu
à tort comme ayant perdu tout intérêt. que cette mission de coordination soit confiée au GIP relatif aux
espaces naturels, déjà cité au § 1.2.7 ci-dessus.
1.3.5 Une prévention coordonnée contre les espèces C’est à l’initiative de ce groupe de travail que le gouvernement
envahissantes, mais avec peu de moyens et les provinces ont demandé à l’IRD en 2006 de conduire une
La question de la prévention de toute introduction de nouvelle « expertise collégiale », dont l’IAC était mandataire39. Celle-ci a
espèce animale ou végétale potentiellement envahissante se permis de faire un bilan complet des enjeux et des méthodes
pose autant dans les relations entre la Nouvelle-Calédonie et disponibles. Elle a notamment identifié des lacunes importantes
le reste du monde, qu’entre la Grande-Terre et les îles, celles- dans le dispositif en place en Nouvelle-Calédonie, explicables
ci étant encore parfois indemnes de certains des fléaux ayant par le fait que les motivations de ce dispositif étaient essentiel-
touché la Grande-Terre dans un passé relativement récent. L’en- lement d’approche phyto- et zoo-sanitaire et se limitaient à la
jeu est environnemental, mais aussi sanitaire (cf. les migrations protection d’espèces élevées, d’agrément, cultivées et orne-
planétaires du moustique Aedes albopictus, dont les larves peu- mentales. Parmi les points faibles identifiés dans le système de
vent voyager dans des pneus, ou de la tique du bétail et de ses biosécurité, citons l’absence :
maladies associées comme la babésiose) et économique (cf. les ld e moyens de contrôle pour l’importation de nouvelles espèces

impacts du cerf sur les pâturages, des espèces végétales enva- potentiellement envahissantes et menaçant les écosystèmes ;

37
Cf. document UICN référencé en bibliographie n°9
38
Tableaux extraits de « Espèces exotiques envahissantes dans les collectivités françaises d’outre-mer, état des lieux et recommandations » (UICN, cf. bibliographie n°18)
178 39
Voir bibliographie n°17
lde station de quarantaine pour les organismes vivants autres ce sens avec le cofinancement du Complexe de Protection Zoo et
que les animaux domestiques ou d’agrément ; Phytosanitaire »42.
ld  e réseau de surveillance structuré et de protocole de sur-

veillance commun ; 1.3.6 Des aires protégées terrestres mal réparties


ld  e prise en compte des introductions plus ou moins vo- et répondant mal aux principaux enjeux écologiques
lontaires d’espèces végétales ou animales potentiellement Le plan d’action de la Nouvelle-Calédonie pour la biodiversité43
envahissantes. disait en 2006 : « Sur la base des connaissances qui pourront être
Suite à cela, une réglementation sur la biosécurité a été édictée mobilisées sur l’inventaire des sites prioritaires à préserver en Nou-
en décembre 2006, qui « prévoit l’analyse de risque pour certaines velle-Calédonie, les provinces Nord, Sud et îles Loyauté envisagent
espèces exotiques suspectes qui ne sont ni interdites d’importation d’accroître de manière significative les espaces protégés. Ainsi la
ni autorisées sous conditions. A cet égard, elle combine des systèmes province Nord veut créer des réserves ou des aires protégées d’inté-
de listes négatives et positives dans un dispositif ouvert et souple. rêt écologique sur 10% de la surface des habitats terrestres (…). La
Elle prévoit notamment que toute espèce n’ayant pas démontré province Sud qui dispose déjà de la majorité des aires protégées de
l’absence de caractère envahissant est interdite d’importation. La Nouvelle-Calédonie, afin d’améliorer la connectivité entre les milieux,
délibération prévoit également des dispositions relatives aux navires souhaite créer au moins (…) le parc des grandes fougères (terrestre) ;
entrants »40. En parallèle, deux arrêtés ont interdit l’importation de cette action inclura la création de couloirs d’habitats continus entre
près de 300 espèces de plantes envahissantes et le transport et la les zones de forêt afin de favoriser la dispersion des espèces et les
détention en Nouvelle-Calédonie d’une soixantaine d’autres41. échanges génétiques. La province des îles Loyauté envisage de créer
Une lutte s’organise contre l’expansion des espèces enva- un réseau d’espaces protégés marin et terrestre en concertation avec
hissantes déjà introduites. Par exemple (liste d’actions non les communautés locales ».
exhaustive) : Ces objectifs étaient conformes aux engagements internatio-
lu  ne réglementation relative au miconia a été mise en place naux, par exemple :
de manière coordonnée par les provinces Nord et Sud, et un l l a décision VII/28 au titre de la Convention sur la diversité bio-

programme d’éradication a été mis en œuvre ; logique préconise que, d’ici 2010 pour les zones terrestres et
lc  ertains îlots font périodiquement l’objet de campagne d’éra- 2012 pour les zones marines, soient établis, tant nationalement
dication des espèces introduites (rats principalement) ; que régionalement, des réseaux d’aires protégées cohérents,
l l a province Sud a interdit la détention et la vente de la tortue écologiquement représentatifs, gérés efficacement ;
de Floride ; l l ’article 14 de la convention sur la protection des ressources

l l a province Nord, CI et Dayu Biik travaillent sur le Mont Panié à naturelles et de l’environnement de la région du Pacifique Sud
l’éradication des rats et des chats, et au contrôle des cochons ; (convention de Nouméa de 1986) demande que « les Parties éta-
ls  uite à un colloque sur le Cerf rusa en novembre 2006, l’ensem- blissent, en tant que de besoin, des zones protégées telles que parcs
ble des collectivités a confié au CREGG (AICA) un programme et réserves, et interdisent ou réglementent toute activité susceptible
de contrôle de cet herbivore ; d’avoir des effets néfastes sur les espèces, les écosystèmes ou les pro-
l etc. cessus biologiques que ces zones sont censées protéger ».
Toutefois, les moyens développés semblent modestes en Toutefois, parmi ces diverses actions envisagées en 2006, seul a
regard des enjeux. La réponse aux risques de prolifération du été créé le parc des Grandes Fougères (10 avril 2008), non encore
lapin de garenne, par exemple, tarde à se mettre en place : réglementé ni mentionné sur la carte et le tableau récapitulatifs
le lapin de garenne est présent sur des îlots (Leprédour, Petit ci-dessous :
Balabio), mais aussi sur la Grande-
Terre (presqu’îles de Bouraké et Localisation des aires terrestres de protection
de Montagnès à Païta), introduits
par des chasseurs ; des lapins plus
ou moins retournés à l’état sauvage sont
également présents à Poindimié, ce qui est
Ces aires de protection ont des statuts et des objectifs très divers : nous ne disposons pas d’une liste précisant

significativement préoccupant ; seul


le site de Montagnès fait l’objet d’une
opération d’éradication. La question
de la maîtrise des populations de cerfs
est très sensible à l’échelle du territoire, et ne pro-
gresse que lentement malgré les impacts sur la flore et
Source : TEC abrégé 2007 (ISEE) page 18 (données d’origine : provinces).

l’agriculture, et les phénomènes d’érosion entraînés par


une réelle surpopulation.
« La Nouvelle-Calédonie souligne dans son plan d’ac-
le niveau de protection selon la classification UICN

tion sur la biodiversité que les enjeux d’un vrai dispositif de


biosécurité dépassent les capacités de mobilisation d’une col-
lectivité de 250 000 habitants. Tout en favorisant l’émergence de
compétences locales, elle propose que la France contractualise avec
la Nouvelle-Calédonie et ses provinces des moyens pour financer
le développement des outils d’inventaire, de gestion et de suivi du
patrimoine naturel calédonien, afin de rendre crédibles les objectifs
d’une stratégie sur la biodiversité. Un premier pas est franchi dans

40
Bilan UICN déjà cité (bibliographie n°18)
41
Arrêtés du 23 octobre 2007
42

43
Bilan UICN déjà cité (bibliographie n°18)
Cité en bibliographie sous le n°8 179
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Nom Année Type de réserve Province Surface (Ha) seules deux types d’écosystèmes néo-calédoniens
l
de création
sont concernés par ces réserves, l’écosystème dont
1 Montagne des Sources 1950 Reserve naturelle intégrale Sud 5878 l’omission est la plus pénalisante étant celui des fo-
2 Parc M. Corbasson 1962 Parc provincial Sud 35 rêts sèches.

3 Rivière Bleue 1980 Parc provincial Sud 9045 1.3.7 Une faible prise en compte
4 Thy 1980 Parc provincial Sud 1133 dans les documents d’urbanisme
La prise en compte des enjeux de biodiversité dans
5 Ouen-Toro 1989 Parc provincial Sud 44
les décisions d’aménagement est récente. Elle ne
6 Haute Yate 1972 Réserve spéciale terrestre de faune Sud 15900 s’est pas encore traduite par des adaptations des
documents d’urbanisme, qui continuent parfois
7 Ile Leprédour 1961 Réserve spéciale terrestre de faune Sud 760
d’autoriser des constructions, mais surtout qui an-
8 Col d’Amieu 1970 Réserve spéciale terrestre de faune Sud 4000 ticipent des urbanisations futures (zones NA) dans
9 Ilot Pam 1980 Réserve spéciale terrestre de faune Nord 460
des secteurs à forts enjeux pour les milieux naturels.
La carte page suivante en donne l’illustration sur le
10 Aoupinié 1975 Réserve spéciale terrestre de faune Nord 5400 Grand Nouméa :
11 Etang de Koumac 1989 Réserve spéciale terrestre de faune Nord 53
1.3.8 Une valorisation quasi-inexistante
12 Mont Mou 1950 Réserve spéciale botanique Sud 675 d’une biodiversité très riche
13 Mont Humboldt 1950 Réserve spéciale botanique Sud 3200 Sur les 4860 espèces recensées de la flore présente
en Nouvelle-Calédonie44, « une dizaine seulement
14 Mont Panié 1950 Réserve spéciale botanique Nord 5000
sont exploitées à des fins thérapeutiques, de trans-
15 Yate Barrage 1972 Réserve spéciale botanique Sud 546 formation du bois ou de parfumerie »45. On compte
également une douzaine de plantes cultivées à des
16 Fausse Yate 1972 Réserve spéciale botanique Sud 386
fins ornementales. On compte également une dou-
17 Monts Nengoné 1972 Réserve spéciale botanique Sud 307 zaine de plantes cultivées à des fins ornementales.
18 Foret Nord 1972 Réserve spéciale botanique Sud 280
Une association milite pour la promotion des plan-
tes aromatiques et médicinales (APPAM).
19 Cap N’Dua 1972 Réserve spéciale botanique Sud 830 Alors que beaucoup estiment que le potentiel
20 Pic du Pin 1972 Réserve spéciale botanique Sud 1482 semble important en horticulture, pharmacologie
(antibiotique, antifongique, …), ou cosmétologie,
21 Forêt Cachée 1972 Réserve spéciale botanique Sud 635
les recherches en cours n’ont mis à jour que très peu
22 Chutes de la Madeleine 1990 Réserve spéciale botanique Sud 400 de plantes/molécules/substances présentant un in-
térêt remarquable sur le plan économique, malgré
23 Forêt de Saille 1980 Réserve spéciale botanique Sud 1100
un effort de prospection systématique et descree-
24 Pic Ningua 1980 Réserve spéciale botanique Sud 340 ning du CNRS depuis près de 30 ans. Les délais
nécessaires à ce type de travaux de recherche sont
Réserve spéciale terrestre de faune
25 Mt Do 1981 Sud 300 relativement longs (2 à 5 ans pour la cosmétologie,
et de flore
20 ans pour la pharmacologie). Le manque d’in-
Réserve spéciale terrestre de faune
26 Mt Kouakoue 1995 Sud 7480 terface entre la recherche et l’activité économique
et de flore
semble un problème et des expériences passées
Réserve spéciale terrestre de faune
27 Haute Pourina 1995 et de flore Sud 4480 (GIS de 1998) n’ont pas été concluantes. Il est toute-
fois fait le constat d’un manque :
Réserve spéciale terrestre de faune
28 Nodela 1996 Sud 935 ld ’outil de structuration des organismes de
et de flore
recherche ;
Total 71084 l d’interfaces avec la sphère de gouvernance ;

ld ’interfaces avec les entreprises (bureaux d’étude

Les aires protégées terrestres représentent 4% environ de la spécialisés dans les transferts de technologies).
surface de la Grande-Terre, soit 4 fois moins que la surface sur la- Le plan d’action de la Nouvelle-Calédonie pour la biodiversité45
quelle un permis d’exploitation minière est en cours de validité. relevait en 2006 qu’« il n’existe pas de réglementation spécifique
Dans l’article de Jaffré cité en bibliographie sous le n° 12, une actuellement en Nouvelle Calédonie pour gérer les prélèvements de
analyse du réseau d’aires protégées (qui comportait en 1995 matériel génétique et leur utilisation postérieure. Une expertise juri-
toutes les réserves ci-dessus, sauf Amieu, Pourina et Nodela), il dique sera lancée pour définir un tel cadre juridique dans le respect
était notamment relevé que : des conventions internationales (sur la diversité biologique et sur
ls  ur l’ensemble des plantes présentes en Nouvelle-Calédonie les droits de propriété intellectuelle). » Les provinces travaillent, en
et classées en statut de conservation critique, en danger, vul- coordination, sur un projet de réglementation à ce sujet.
nérable ou dépendant d’un effort de conservation, seules 11% Plus généralement, on ne trouve que peu d’exemples de dé-
bénéficiaient de la protection apportée par ces réserves, alors veloppement durable, associant l’homme et son maintien en
que 83 % n’y étaient pas présentes ; zone rural, la protection des milieux et le développement de
l l a distinction réserve de faune / réserve botanique n’a pas de l’activité économique :
sens en termes de conservation ; l l ’éco-tourisme et le tourisme à la ferme sont encore sous-ex-

44
Y compris les espèces exotiques
45
Cité en bibliographie sous le n°8
180
Interface des milieux naturels sensibles avec l’urbanisation future
dans l’agglomération nouméenne

Source : Plan d’Urbanisme Directeur (PUD) de Païta, Nouméa, Dumbéa


ploités en regard de leur potentiel ; est très inégale (voir carte ci-dessous) : huit communes couvrent
l certains citent également la crevetticulture, source d’emplois à elles seules 80% du domaine minier total (par importance dé-
directs et indirects peu qualifiés en monde rural, dont l’implan- croissante : Yaté, Thio, Poya, Boulouparis, Le Mont-Dore, Houailou,
tation des fermes a été effectuée en respectant les mangroves Kouaoua, Canala, Koumac).
mais dont l’impact sur la qualité des eaux lagonaires est encore Les règles en vigueur pour encadrer les activités de pros-
discuté. pection, d’exploration et d’exploitation sont, encore à ce jour,
anciennes et désuètes. C’est pourquoi vont être prochainement
1.3.9 Des progrès imminents et très attendus examinés par le congrès :
sur la gestion de la mine l l e schéma de mise en valeur des richesses minières de la Nou-

Les activités minières sont clairement identifiées comme la cau- velle-Calédonie, prévu à l’article 26 de la loi organique,
se des principaux désordres environnementaux constatés par le la  insi que sa déclinaison en un code minier (qui sera complété

passé en Nouvelle-Calédonie. Ses impacts sur les paysages, la par la suite par un arrêté minier, et des arrêtés d’application).
biodiversité terrestre, la biodiversité marine, l’érosion des sols et L’objectif général de ces deux textes est celui d’un développement
la qualité des eaux, sont avérés, même si on ne dispose malheu- raisonné et équilibré de l’industrie minière et métallurgique, en
reusement pas d’un véritable état des lieux naturaliste des zones privilégiant la valorisation locale de la ressource, la préservation
impactées et des enjeux de conservation qu’ils représentent en- de l’environnement et l’utilisation d’une partie des bénéfices
core, notamment dans le contexte particulier d’une biodiversité au profit des communautés vivant à proximité des sites miniers
terrestre très riche en zones de micro-endémisme46. ainsi qu’au développement des générations futures.
La superficie couverte par un titre d’exploitation en cours de Des règles et outils administratifs, scientifiques, techniques
validité est supérieure à 2 600 km², soit environ 15 % de la surface et financiers inexistants aujourd’hui seront introduits, afin de
de la Grande-Terre. Toutefois, la moitié environ de cette surface mieux insérer l’activité minière dans son environnement et de
n’a jamais fait l’objet de recherches en profondeur, ni a fortiori répondre aux enjeux de développement durable. Ces règles et
d’exploitation. outils peuvent le cas échéant être complétés par des disposi-
La superficie minière concédée est sensiblement identique tions particulières mises en place par les provinces, au titre de
dans les deux provinces. Par contre, la répartition par communes leur compétence en matière d’environnement.

46
Voir document cité en bibliographie n°9

181
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Le cadastre minier
de nouvelle-calédonie 2008
Source : projet de schéma de mise en valeur des richesses minières

Cadastre Minier
Massif de péridotite
Limites des communes

Notamment, les règles suivantes sont proposées dans les pro- - la


 mise en place d’un programme de réhabilitation de ces zo-
jets précités : nes, et de ses modalités de financement ;
l i nstruire les demandes de permis d’exploiter en donnant un - l’implication des opérateurs miniers en activité, dans la réhabi-
certain niveau de priorité aux professionnels compétents et litation de ces zones ;
soucieux de l’environnement ; - et le recours aux meilleures techniques disponibles applicables
ls  ubordonner chaque nouvelle demande de permis d’exploita- à la réhabilitation.
tion à une étude d’impact (les permis de recherches sont soumis Concernant ce dernier point, il n’est pas encore affiché à ce
à notice d’impact ; les sites disposant d’un permis accordé anté- stade une accélération du programme de réhabilitation des
rieurement n’ont pas d’obligation de se mettre à niveau) ; sites miniers dégradés. Le projet de schéma minier estime le
lé  laborer une charte des bonnes pratiques minières, évolutive, coût des réhabilitations de zones dégradées à plus de 160
en partenariat avec la profession et obliger chaque exploitant milliards de francs : à la vitesse à laquelle ont été conduites
au respect des « meilleures techniques disponibles » à chaque de telles opérations ces dernières années, il faudra nettement
étape : prospection, recherche, exploitation et réhabilitation ; plus d’un siècle de travaux pour couvrir l’ensemble des zones
dans le cas particulier des zones minières situées à proximité dégradées identifiées. Plus généralement, les récentes assises
des sites récifaux inscrits au patrimoine mondial, ces bonnes de l’eau48 ont été l’occasion de constater également le manque
pratiques d’exploitation seront établies en accord avec les co- d’un cadre juridique sur l’eau relatif à la gestion des mines et
mités de gestion de ces zones ; garantissant la préservation des milieux aquatiques à l’aval des
lo  bliger les exploitants à « fermer » de façon appropriée leurs sites miniers, cadre basé sur des indicateurs de pression (valeur
sites après exploitation ; de rejets) et d’état (indice biologique) manquant également
lr  endre obligatoire la constitution de garanties financières (afin aujourd’hui.
de financer les travaux nécessaires même en cas de défaillance Le besoin en matière de connaissance est en effet important, et à
de l’entreprise) ; ce titre, le CNRT « Nickel et son environnement » vise notamment :
lc  réer une véritable police des mines ; l l ’amélioration des connaissances sur l’environnement naturel

l i nterdire toute activité minière au sein de zones au sein des- des massifs (notamment faune, flore et fonctionnement hydro-
quelles « des intérêts supérieurs (agricoles, touristiques, forestiers, logique et hydrogéologique) ;
etc.) à l’intérêt minier » justifient la délimitation de périmètres l l e développement de méthodes de protection de l’environ-

de protection47 ; nement en cours d’exploitation et de réhabilitation des sites


ld  évelopper un programme de réhabilitation des zo- miniers ;
nes dégradées par l’activité minière passée, avec : l l a connaissance des impacts des activités minières et mé-

- l’évaluation
 de l’emprise des zones dégradées par l’activité tallurgiques sur les populations (notamment en matière
minière ; socio-économique et de santé).

47
Extrait du projet de schéma de mise en valeur des richesses minières ; le projet de loi de pays prévoit quant à lui que « des périmètres de protection, à l’intérieur desquels la prospection, la recherche et l’exploitation minières sont
soumises à certaines conditions ou interdites, peuvent être établis (…) en tous lieux où ils seraient jugés nécessaires à l’intérêt général ».
182 48
Voir la synthèse citée en bibliographie sous le n°22
1.4 Gestion de l’eau pesticides : des pollutions accidentelles ou ponctuelles peuvent
La réalité de terrain est hétérogène à l’échelle du pays : l’état de avoir eu lieu en dehors des périodes d’échantillonnage50.
la connaissance et les équilibres ressources-besoins varient beau- Eaux lagonaires et marines
coup selon le contexte, et des spécificités importantes doivent être Pour ce qui concerne les milieux récepteurs (lagon) et leur sen-
prises en compte : habitat dispersé, géologie, diversité culturelle, sibilité ou risque de contamination, on relève un manque de
sensibilité des milieux récepteurs (ex. lentilles d’eau dans les îles, référentiels, hors zones spécifiques, issus de suivis et d’analyses
cours d’eau et lagon…). Il eut été irréalisable de dresser un panora- de qualité. Il faut en outre souligner qu’aucune réflexion n’a jus-
ma d’ensemble des enjeux de l’eau en Nouvelle-Calédonie sans les qu’à présent été menée de façon intégrée pour construire une
exposés et les débats qui se sont tenus du 19 au 23 mai 2008 dans typologie des « masses d’eaux » basée sur la caractérisation des
le cadre des « assises de l’eau » organisées par le conseil économi- intrants et des flux issus des bassins versants et sur des bases
que et social48. Il en est ressorti plusieurs constats, et un premier jet physiques et hydrologiques lagonaires et marines synthétiques
d’orientations, que nous résumons ci-après. telles que coefficient de dispersion, temps de résidence ou de
renouvellement, indices de stratification permettant de caracté-
1.4.1 Une bonne qualité des masses d’eau, riser sur des indicateurs objectifs et quantifiés les baies fermées,
vues à une échelle globale les estuaires, chenaux, milieux ouverts, etc.
Eaux continentales
Dans les cours d’eau, des prélèvements et analyses d’eaux dou- 1.4.2 A une échelle plus fine, des problèmes de pollution
ces ont été menés de longue date. Les paramètres observés La synthèse des assises de l’eau fait état d’« irrégularités :
(nitrates, phosphates, azote, bactériologie, etc.) montrent une lp  résence d’éléments d’origine microbiologique provenant des

situation sans problème majeur, ne justifiant pas un suivi lourd rejets urbains et des déjections animales (élevages et animaux
sauf nouvelle activité identifiée sur les bassins versants concer- sauvages) ;
nés. Un indice biologique permettant de qualifier l’état du cours lp  ollution occasionnelle en matières phosphorées ayant pour ori-

d’eau au regard des pollutions organiques a été élaboré49. gine les rejets urbains et les activités agricoles ;
Depuis 2003, les bassins présentant une activité intensive ou lp  ollution occasionnelle par les hydrocarbures provenant des zones

des enjeux importants sont suivis de façon plus approfondie, urbaines ;


tant sur le nombre de paramètres mesurés que sur la fréquence lé  léments physiques (manganèse, fer, cuivre, chrome, chrome VI,

des analyses. Parallèlement, pour la mise en place des périmè- nickel, sélénium, bore, baryum) d’origine naturelle ;
tres de protection des eaux destinées à l’alimentation en eau lm  atières en suspension apparaissant à la suite d’épisodes plu-

potable, des mesures sont effectuées en amont des captages vieux. »


d’adduction d’eau potable. Le problème de l’assainissement est détaillé plus loin. Celui des
Concernant les pesticides, malgré une méthode volontaire- activités minières, non encore correctement encadrées, ont été
ment ciblée sur la recherche de problèmes potentiels (mesures vues au § 1.3.9 ci-dessus.
portant sur 25 pesticides parmi les plus utilisés ; zones de pré- Les rejets sont encadrés par la délibération n° 105 du 9 août
lèvement concernées par des pratiques de cultures intensives, 196851, qui interdit, de façon plutôt floue, « le déversement, dans
toutes situées sur la côte Ouest ou aux îles Loyauté ; prélève- les eaux superficielles, souterraines et dans la mer de matières sus-
ments effectués en période défavorable, après les pluies), seuls ceptibles de porter atteinte à la qualité des eaux, à la santé publique
20 % des 125 analyses effectuées de 2003 à 2007 ont présenté et à la faune ou à la flore sous-marines ». Des arrêtés définissant les
des traces de pesticides ; 12 % présentaient des dépassements « conditions dans lesquelles peuvent être réglementés ou interdits,
du seuil de potabilité en vigueur en métropole, mais jamais dans les déversements, écoulements », etc. étaient prévus, mais ils ne
une zone effectivement utilisée pour un captage d’eau potable ; sont jamais intervenus. On constate en particulier l’absence de
aucune molécule d’acaricide utilisé en élevage pour lutter contre cadre relatif à la gestion des eaux pluviales. Au total, n’ayant pas
la tique n’a été retrouvée dans le milieu naturel. Les principales de texte à faire appliquer (à l’exception des règles relatives aux
molécules retrouvées sont : Glyphosate, AMPA, et Mancozèbe. rejets imposées aux installations classées pour la protection de
l’environnement), il n’existe pas d’administration en charge de la
2003 2004 2005 2006 2007 Total « police de l’eau »,.
nombre d’analyses effectuées 8 13 8 45 51 125 Les feux, la mine et les aménagements favorisent l’érosion
des sols, et le transfert des polluants qu’ils contiennent (métaux
nombre d’analyses avec pestici- 1 1 6 8 8 24
des détectés lourds notamment) vers les zones aval des rivières et vers le la-
nombre d’analyses non-confor- 0 0 6 6 3 15 gon ; on ne compte que très peu d’actions de revégétalisation
mes aux normes de potabilité après un incendie (sauf le cas de La Coulée), ni de réel effort de
maîtrise de l’impact lié à la prolifération des cerfs.
L’effort de contrôle est à poursuivre, dans le but de continuer Enfin, même si aucun indicateur n’éveille aujourd’hui d’inquié-
de s’assurer qu’il n’y a pas de pollution chronique des eaux par tude à ce sujet, il faut rester vigilant vis-à-vis des polluants non
les pesticides en Nouvelle-Calédonie. Toutefois, la faible densité ciblés dans les mesures citées au § 1.4.1 : pesticides à usage non
des analyses effectuées, explicable par un coût unitaire très élevé agricole (par exemple pour la lutte anti-termites), produits issus
ne permet pas d’affirmer que l’eau n’est jamais dégradée par les de déchets non correctement gérés (voir § 1.5.2), etc.
49
U ne méthode d’évaluation de la qualité de l’eau des rivières a été développée à l’issue d’un travail de doctorat (Mary, 1999) : c’est l’Indice Biotique de la Nouvelle-Calédonie (IBNC), qui permet de détecter des pollutions organiques en milieu courant. En
outre, un Indice Biotique Minier (IBM) est en cours de validation, destiné à mettre en évidence les perturbations générées par les particules sédimentaires dans les cours d’eau drainant des substrats à dominante ultrabasique. Les 2 indices se réfèrent à une
soixantaine d’invertébrés, en fonction de leur sensibilité aux teneurs en matières organiques (IBNC) ou à la présence de dépôts latéritiques (IBM).
50
Le dossier de candidature UNESCO pour la zone côtière ouest relève que « le cheptel de bovins (sur le bassin versant) laisse supposer une utilisation de tiquicides relativement importante », alors même que « les données disponibles actuellement en matière
de vidanges de piscines (de tiquicides) et susceptibles de se traduire en rejets dans les rivières sont peu précises ». La province Sud (DENV) réfléchit à la possibilité de classer ces installations.
51
Cette délibération n’a quasiment pas été modifiée depuis 1970, malgré les besoins, et les changements institutionnels. Une réactualisation a été mise en chantier.

183
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Concernant les îles Loyauté, les assises de l’eau ont permis de station d’épuration (cf. carte ci-dessous) ; ainsi, à Nouméa seuls
noter qu’« un des principaux problèmes de pollution des eaux sur 10% des eaux usées sont traitées, malgré un taux de raccorde-
Maré et sur Lifou résulte du manque d’étanchéité des forages et de ment aux réseaux de 30% ;
l’insuffisance de leur protection par des clôtures. On retrouve, de l l es dispositifs équipant les logements en matière d’assainis-

plus, des éléments d’origine microbiologique présentant un risque sement individuel sont sommaires, comprenant au mieux
pour la santé humaine. Par ailleurs, à Maré, les éléments retrouvés une fosse septique, voire une fosse toutes eaux dont les ren-
(conductivité élevée, présence d’ammonium et de phosphore) sont dements épuratoires sont très faibles (de l’ordre de 10 à 15 %
la résultante d’une pollution occasionnée par les activités agricoles, contre plus de 90 % pour les filières complètes de traitement
les effluents et les déjections animales et les rejets domestiques. A pour les stations d’épuration collective) ; l’entretien de ces fos-
Lifou, les autres irrégularités signalées (conductivité élevée, pré- ses n’est pas encadré ;
sence de pyrène, d’hydrocarbures et ponctuellement des éléments l l e traitement des boues issues des stations d’épuration ou des

suivants : cuivre, nickel, cadmium, plomb, manganèse) ont été fosses septiques n’est pas organisé.
retrouvées en aval du Centre d’enfouissement technique ». La très La croissance du niveau de vie augmente ces pressions : dé-
grande vulnérabilité des lentilles d’eau douce de ces îles est tout chets, lessives, etc.
particulièrement à relever. Cette situation résulte de l’absence de politique globale d’assai-
nissement, et du grand flou des textes (voir à ce sujet le § 1.4.7).
1.4.3 Un retard préoccupant en matière Le coût important que représente l’assainissement collectif
d’assainissement domestique… pour les communes, et les difficultés à répercuter ce coût sur les
Les quantités d’eaux usées domestiques rejetées dans le milieu usagers (voir § 1.4.8 ci-dessous), représente de vrais freins.
naturel sans traitement préalable ou avec un traitement préala- On note de même, pour les provinces Sud et îles Loyauté,
ble insuffisant, sont très importantes, ce qui a des conséquences l’absence de règlementation précise sur l’assainissement non-
néfastes sur la ressource en eau et sur l’environnement dulçaqui- collectif, réglementation d’autant plus difficile à concevoir que la
cole et marin, conséquences certaines quoique non évaluées : capacité des milieux récepteurs est mal connue, et que les équi-
l l a part de la population raccordée à un système d’assainis- pements représentent un coût important pour les propriétaires.
sement collectif est une donnée non disponible de manière Par ailleurs, à défaut d’obligation générale, l’obligation d’équipe-
précise, mais les évaluations disponibles pour certaines com- ment par une fosse septique est le plus souvent prévue, pour
munes montrent des taux en général faibles : Bourail (5 %), La les logements non raccordables au réseau collectif d’assainisse-
Foa (15 %), Nouméa (30 %) et Dumbéa (65 %) ; ment, dans le permis de construire ; or ceux-ci n’existent pas sur
ld  e plus, il existe des collecteurs qui ne sont raccordés à aucune terres coutumières52.

nouvelle-calédonie
stations d’épuration publiques (step) en 2008
Source : Direction de l’environnement de la province Sud , DAFE Mairie de Nouméa

52
Le statut des terres coutumières pose bien d’autres problèmes vis-à-vis de l’accès à certains services publics : routes, eau potable, électricité, etc. Ces aspects ont été évoqués notamment par les ateliers 7 et 8

184
Il n’existe pas de filière structurée de collecte et de recyclage des eaux de surface est composé de 445 points de mesure
des boues provenant des stations d’épurations. Après collecte, dont 55 stations automatisées, et celui des eaux souterraines
ces boues étaient jusqu’à récemment généralement stockées en intègre 247 ouvrages (forages, puits, piézomètres) dont 58
installations de stockage des déchets ou déversées de manière stations automatisées.
anarchique dans l’environnement. En termes de tendance, la DAVAR constate sur certains sec-
Au total, la réglementation de l’assainissement collectif ou teurs une baisse du niveau des ressources, due en grande partie
non-collectif nécessite une vraie réflexion, les coûts importants à des phénomènes de dévégétalisation et d’érosion incontrôlées
d’une transposition du modèle européen (taux de raccordement des bassins versants du fait du feu, des mines ou du sur-pâturage
élevé et nombreuses stations d’épuration), pouvant justifier de dû notamment aux cerfs.
réexaminer sa pertinence par rapport à d’autres techniques po- L’instruction des « demandes de prélèvements d’eaux su-
tentiellement adaptées aux enjeux locaux. perficielles ou souterraines » et « la délivrance de l’autorisation
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en concer- définissant outre le débit prélevé et le but du prélèvement, les
tation avec l’État, les trois provinces et l’ensemble des droits et obligations du pétitionnaire » ont été délégués par la
communes, et avec l’appui de l’AFD, vient de lancer la réali- Nouvelle-Calédonie aux provinces Nord et Sud, chacune sur son
sation d’une étude d’ensemble relative à ces problèmes, avec territoire, par la délibération n°238/CP du 18 novembre 1997. Ce-
comme objectif la mise en place d’un dispositif partenarial pendant, il est reconnu que ce cadre est mal respecté. Il s’ensuit
pour la mutualisation de moyens financiers et humains en vue de fortes incertitudes sur les volumes prélevés, notamment par
de la réalisation de l’assainissement des villes et villages de la les activités agricoles.
Nouvelle-Calédonie. Ces incertitudes se rajoutent à celles concernant les débits
minimaux à respecter dans les rivières à l’étiage, et concernant
1.4.4 … et d’épuration des eaux industrielles les nappes alluviales, dont on ne connaît pas les capacités et
et d’élevage leurs relations avec les nappes superficielles.
La Nouvelle-Calédonie, bien que peu dense et relativement Ces problèmes devraient aller croissants, notamment sur la
peu industrialisée, comprend des activités industrielles ou côte Ouest du fait de la faiblesse des précipitations, de l’impor-
d’élevage, anciennes ou en cours de développement, rele- tance des besoins, notamment agricoles, et du réchauffement
vant de la réglementation sur les ICPE. La plupart du temps, climatique.
ces installations ont été réalisées sans planification préalable
des réseaux primaires nécessaires à l’assainissement des eaux 1.4.6 Une ressource en AEP mal protégée, des
usées, et sans équipements systématiques en assainissement infrastructures peu satisfaisantes, et des problèmes
autonome. de quantité et de qualité de l’eau distribuée
On peut estimer que, hors du Grand Nouméa, à quelques L’analyse de la qualité de l’eau utilisée pour les captages d’eau
exceptions près, l’inventaire des installations ICPE et ou des potable montre, comme on l’a vu, une absence de pesticides, de
activités ayant un impact potentiel sur les écosystèmes d’eau nitrates et de phosphates. On constate toutefois :
douce et les ressources a été fiabilisé par la DAVAR. En revanche, l des problèmes au niveau de la microbiologie ;

dans le Grand Nouméa, la collecte et l’assainissement des zones ld  e la turbidité, surtout lors des fortes pluies et dans des environ-

industrielles anciennes constitue un véritable enjeu, au niveau nements sujets à l’érosion et à la dégradation de la végétation
du recensement des installations et des pollutions, et au niveau (mines, feux, cerfs) ;
de la conception et de la mise en œuvre des réseaux et unités ld  es traces de métaux lourds (chrome, antimoine, arsenic, nic-

de traitement, des sources polluantes jusqu’aux unités de trai- kel), dans certains contextes géologiques ; bien que se situant
tement ultime. Un travail de remise à jour du schéma directeur à des niveaux inférieurs aux seuils d’usage en termes de santé
d’assainissement est en cours sur les communes de Nouméa et publique, ces traces justifient un suivi.
du Mont-Dore. La moitié des captages AEP54 ne fait l’objet d’aucune mesure ré-
glementaire de protection (interdiction de certaines activités), et
1.4.5 Une ressource quantitativement suffisante certaines ressources sont d’ailleurs non protégeables, au sens où
mais insuffisamment bien connue, elles sont concernées par un risque lié à une activité que l’on ne
et localement surexploitée pourrait que difficilement déplacer ou arrêter.
Les suivis réalisés par l’observatoire de la ressource en eau (ORE) Les infrastructures en place en matière d’AEP sont peu à
de la DAVAR permettent d’évaluer la disponibilité de la ressource même de compenser ces défauts :
sur certains bassins versants. La situation apparaît contrastée, l i l y a insuffisamment d’unités de désinfection, et celles-ci sont

avec, dans certains cas, des prélèvements supérieurs aux débits inopérantes sur de l’eau turbide ;
d’étiage ; l’assèchement de cours d’eau en période de séche- l i l y a parfois mauvaise adéquation quantitative avec les

resse, ainsi que la remontée de biseaux salés dans les nappes besoins ;
ont déjà été constatés. l l es réseaux sont parfois contaminés par des retours d’eau.

Ces données paraissent incomplètes, tout particulière- Le contexte général (problèmes financiers, de compétence, de
ment concernant les eaux souterraines : le réseau comporte moyens, etc.) dans lequel se situe ce constat est décrit aux §§
40 stations hydrométriques dont 11 télétransmises, 5 sta- 1.4.7 et 1.4.8.
tions piézométriques mesurant les niveaux des nappes d’eau Un diagnostic plus détaillé vient d’être engagé (voir §
douce et 133 stations de jaugeage53. A titre de comparaison, 1.6.7 plus loin). Sur les 16 communes couvertes à ce jour, les
sur l’île de La Réunion, territoire sept fois plus petit en taille trois quarts des « unités de distribution d’eau » sont classées
mais sans doute plus sujet à de fortes variations de débit ou en niveau de risque « élevé » à « très élevé » (cf. tableau ci-
de niveau dans le temps et dans l’espace, le réseau de suivi dessous).

53
L’ORE exploite également 70 stations pluviométriques dont 7 télétransmises et 700 échelles de crues.
54
AEP = adduction en eau potable
185
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

classement des unités


de distribution d’eau potable des communes. Savoir comment changer la définition des res-
selon le niveau de risque ponsabilités55, ou même seulement rajouter quelques règles
sanitaire manquantes56, nécessitera des éclairages pointus sur le plan
juridique.
Ensuite, « le corpus règlementaire et juridique qui encadre les
usages de l’eau et la protection des milieux aquatiques en Nouvelle
- Calédonie est à réformer. Il est, d’une part, obsolète ; certains textes
sont trop anciens et ne tiennent pas compte de l’évolution des tech-
niques et des usages. Il est, d’autre part, insuffisant car il ne fournit
pas les moyens de sanction adéquats pour mettre en place une vé-
ritable politique de l’eau. »
Les communes sont peu aidées à une échelle inter-collectivi-
Source : DASS. NC

tés, malgré leurs besoins très forts, tant sur le plan financier que
sur le plan technique :
lS  ur le plan financier : les communes ont des ressources limi-

tées, et certains usagers ont des ressources très faibles, voire


ne paient pas leur eau (voir ci-dessous) ; la comptabilité de
l’eau n’est pas toujours séparée de la comptabilité générale
des communes, alors que cela est obligatoire. L’enjeu prin-
cipal étant le lagon, dont les enjeux se situent à un niveau
territorial, certaines communes en appellent logiquement à
des mécanismes de solidarité entre usages (du type principe
pollueur-payeur…) et de péréquation au niveau du pays ;
lS  ur le plan technique : la technicité des métiers de l’eau, et le

Pour faire face à ces problèmes, le gouvernement appuie les dénuement de la plupart des communes en la matière, rendrait
communes pour : pertinent un effort à l’échelle intercommunale ou provinciale,
l la mise en place d’un état des lieux sur la qualité de leur eau ; voire territoriale, en matière de réseaux de mesures et d’études
l l’adoption de mesures de protection des captages ; (connaissance ressource et besoins), d’élaboration des sché-
l l ’élaboration de plans communaux de sécurité sanitaire des mas communaux, d’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour les
eaux ; opérations d’investissement, de formation professionnelle du
ld  es formations au bénéfice des agents communaux chargés personnel communal, etc.
des services des eaux. On peut citer aussi les besoins de professionnalisation des
Un guide d’intervention d’urgence est en préparation. agents en matière de police de l’eau (police administrative : ins-
On constate aussi que : truction des demandes / police judiciaire : enquêtes officielles,
l les usagers sont peu sensibilisés aux risques sanitaires ; sous l’autorité du procureur).
l l a consommation moyenne par ménage est très élevée, en par- Tout ceci n’est pas contrebalancé par le développement de
tie due à un gaspillage explicable par la gratuité de l’eau ; l’intercommunalité. On ne recense en effet que :
l l es textes réglementaires sur l’eau potable sont obsolètes : l’ar- l l e SIVU du grand Nouméa, qui regroupe quatre communes sur

rêté qui définit les caractéristiques de potabilité est inchangé la production (et non la distribution) d’eau potable ;
depuis juin 1979, et la DASS-NC fait de facto référence aux le  t le SIVOM VKP, qui regroupe trois communes sur l’AEP et l’as-

textes plus modernes en vigueur en métropole ; par ailleurs, sainissement.


il n’existe pas d’obligation de prévenir la population en cas de La « gestion intégrée »57 de l’eau est un concept balbutiant, et on
dépassement des seuils. ne peut guère citer en ce sens que le comité de l’eau de La Foa,
démarche suivie avec beaucoup d’intérêt par tous les acteurs
1.4.7 Une répartition des rôles mal définie, de l’eau du territoire, mais qui ne concerne qu’un petit pour-
un déficit de cadrage des enjeux stratégiques centage de la surface totale de l’archipel et de sa population : il
Comme cela a été relevé lors des assises de l’eau de mai 2008, n’existe pas de structure de concertation dans d’autres bassins
« une politique de l’eau définit en général les axes d’une gestion par hydrographiques, et il n’en n’existe pas non plus à l’échelle du
bassin hydrographique. Elle place le milieu naturel au centre de son territoire.
dispositif et se fixe pour objectif de conserver les eaux dans un bon On constate aussi l’absence totale de schémas d’ensemble,
état général. Le développement économique est également pris en à l’échelle des communes et/ou des bassins hydrographiques,
compte et tous les acteurs sont associés à la gestion de l’eau, y com- tenant compte des interconnexions entre bassins versants et
pris le grand public. » lagon ; ni a fortiori à l’échelle du pays entier. Cette lacune en
Les acteurs se plaignent d’un cadre juridique et institutionnel matière de planification des besoins et des solutions à engager,
peu clair et peu adapté, avec un nombre trop grand d’interve- concerne notamment :
nants, et des responsabilités trop diffuses. A titre d’illustration, l l es équilibres ressources/besoins pour l’ensemble des

une politique d’assainissement poursuivant de fait des objectifs usages (eau potable, irrigation, industrie et débits
à la fois sanitaires et environnementaux, elle pourrait relever de environnementaux) ;
la compétence soit de la Nouvelle-Calédonie, soit des provin- l l es besoins en équipement de captage, de traitement et d’ad-

ces, étant entendu que le rôle des communes en la matière duction ;


est également abordé aux articles L. 372-1 et suivants du code  et les besoins en équipement d’assainissement.
l

55
D’autres pays insulaires ont développé des organisations plus centralisées, auxquelles il serait peut-être pertinent de s’intéresser, notamment en vue de mener une politique volontariste de rattrapage en matière d’équipement.
56
Les articles du Code de la santé publique sur lesquels les communes métropolitaines appuient leur action en matière d’assainissement sont bien plus complets que ceux répercutés dans le Code des communes de la NC
186 57
Principe de gouvernance par lequel on associe tous les acteurs concernés (décideurs, usagers) à une réflexion commune sur les enjeux et les solutions, dans une logique de bassin versant permettant d’appréhender les problèmes
de l’amont à l’aval. Une gestion intégrée est par définition participative.
En l’absence de tels outils de planification, on ne peut pas : le document cité en bibliographie sous le n°22 pour avoir une
l f aire une programmation pluriannuelle des équipements, vision plus précise et plus officielle des orientations proposées à
chose indispensable pour maîtriser les coûts (animation de la l’issue de ces assises) :
concurrence), dans un contexte où ces coûts sont extrême- Créer des instances manquant aujourd’hui.
ment importants ; Il est demandé que soit créée une « structure pays », regrou-
l i ntégrer de façon cohérente les questions relatives au maintien pant des membres représentant les institutions, les usagers
ou à la reconquête d’un « bon état écologique » des milieux, et la société civile, qui serait force de proposition pour les
notamment directement dépendants de la qualité des eaux décideurs politiques et aurait pour missions de constituer
continentales, souterraines et lagonaires ; le cadre d’élaboration de la politique de l’eau de la Nou-
lc  orrectement faire face aux grands enjeux, tels que le réchauffe- velle-Calédonie, de préparer les lois du pays, d’organiser
ment climatique (renforcement des périodes de sécheresse) et la mutualisation des compétences (moyens humains et fi-
l’accroissement de la population urbaine. On constate notam- nanciers spécifiques), d’exercer la police de l’eau, d’établir
ment à ce jour que la question de l’AEP et de l’assainissement la programmation opérationnelle des actions et des pro-
n’est pas prise en compte dans les outils de maîtrise du déve- grammes d’intervention de l’ensemble des collectivités, de
loppement urbain. coordonner ces actions, d’évaluer le montant des appuis
Mais, a contrario, on peut comprendre l’absence de schéma, financiers dont les communes ont besoin, d’améliorer le par-
puisqu’aucun texte ne les rend obligatoires, voire opposables, tage de la connaissance et des informations, et de produire
et qu’on ne sait pas bien qui pourrait prendre l’initiative d’élabo- des outils de communication.
rer un tel texte. Cette structure pourrait être appuyée par un service opéra-
tionnel (sur le modèle « comité de bassin / agence de l’eau »).
1.4.8 Le prix de l’eau : une question à forts enjeux En outre, en application du principe de gestion participative
Si dans l’esprit d’une forte proportion d’usagers, l’eau est un bien et intégrée, l’expérience du « conseil de l’eau » de La Foa doit être
qui tombe du ciel, et qui doit donc être gratuit, il a été relevé étendue à d’autres bassins versants prioritaires.
lors des assises de l’eau qu’il s’agissait là d’une affirmation ne te- Renforcer le cadre juridique dans lequel s’exerce la gestion
nant « pas compte des coûts qui incombent aux collectivités pour de l’eau.
prélever cette eau dans une nappe ou un cours d’eau, la désinfecter, Il est notamment demandé :
l’acheminer jusqu’à l’usager via un réseau de canalisations et l’épurer ld  ’encadrer l’usage et la préservation de la ressource, en in-

une fois utilisée ». tégrant toutes les politiques sectorielles (mine, agriculture,
A l’heure actuelle, de nombreuses communes ne parvien- etc.) ;
nent pas à faire payer à leurs administrés l’eau qu’ils utilisent. Ce ld  e définir le cadre de la police de l’eau ;

manque à gagner ne leur permet pas de mobiliser des moyens ld  ’améliorer la réglementation en vigueur en matière d’urbanis-

importants pour assurer de manière optimale la gestion des ré- me, de distribution d’eau potable, d’assainissement, de mine,
seaux de distribution, des unités de traitement et d’épuration de d’agriculture, de normes concernant les rejets, etc.
leurs eaux. C’est un cercle vicieux. Faire progresser les techniques et les compétences
La facturation de l’eau et des services attenants est en outre Dans tous les domaines, il faudra développer la formation, les
un des moyens les plus efficaces pour éviter les gaspillages. guides, etc. Il est en outre demandé la création d’une structure
Les chiffres qui concernent la consommation d’eau par habi- (opérationnelle) d’assistance technique aux communes chargée
tant et par jour en Nouvelle - Calédonie parlent d’eux-mêmes : d’aider à la conduite des opérations d’investissements, à la mise
d’après les estimations, la consommation domestique serait en place d’une tarification, à lutter contre le gaspillage, à suivre
de 250 l / hab. / jour contre 165 l / hab. / jour à la Martinique et la qualité de l’eau, etc. et de constituer, d’animer et de former un
160 l / hab. / jour en France métropolitaine. L’état des réseaux réseau de praticiens. Dans le domaine de l’eau potable, il faudra
de distribution n’est pas seul en cause, et il faudra à l’avenir, évaluer les risques liés à l’eau de consommation et établir des
outre le développement d’une politique de l’eau, que les usa- plans de sécurité sanitaire des eaux (PSSE).
gers modèrent leur consommation, ce qui renforce l’intérêt Mettre en place des outils financiers adaptés.
d’une tarification de l’eau. Une réflexion est à lancer concernant la tarification de l’eau, qui
La situation est sans doute très différente en brousse, dans les doit être juste et équitable (ie prenant en compte la capacité à
îles et sur le grand Nouméa. payer et les spécificités culturelles), permettre une réelle solida-
Enfin, il faut plus globalement relever que, malgré le caractère rité entre les usagers (ménages, agriculteurs et entreprises) et
domanial de l’eau, la quasi-totalité des prélèvements en rivière et assurer une péréquation des financements. En particulier, dans
dans les nappes est réalisé à titre gratuit, que ces prélèvements le domaine de l’eau potable et de l’assainissement, un finance-
soient à usage industriel, agricole, AEP ou domestique. On peut ment répondant de façon pérenne aux besoins en équipement
considérer que cette situation contribue au manque à gagner des communes doit être défini. Par ailleurs, des systèmes d’aides
du service public de l’eau, et renforce la difficulté de doter le pays financières doivent être créés au bénéfice de l’élaboration et de
des infrastructures publiques nécessaires. la mise en œuvre des PSSE, de la promotion des bonnes prati-
ques, etc.
1.4.9 Des assises de l’eau Développer l’observation et la connaissance.
ayant formulé certaines d’orientations Il y a lieu de mettre en place des réseaux de mesures, des études,
Il ressort des travaux menés lors des récentes assises de l’eau des inventaires de pression sur la ressource, des suivis de la qua-
plusieurs pistes d’action, qui s’avèrent intéressantes à synthéti- lité de l’eau distribuée, etc. et d’organiser ces réseaux, études et
ser ici, même si le présent document ne vise pas à formuler des suivis au sein d’un système de pilotage cohérent.
solutions, avant l’achèvement et le partage du diagnostic (voir Sensibiliser et informer la population.

187
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

1.5 Gestion des déchets 1.5.2 Un faible nombre d’installations


1.5.1 Une collecte des déchets inexistante de stockage des déchets
dans certaines zones de plusieurs communes On peut schématiquement distinguer trois types de sites de
La collecte des déchets n’est pas organisée sur certaines parties stockage de déchets non dangereux. Il existe :
du territoire, obligeant les ménages à se rendre eux-mêmes à ld es installations de stockage de déchets » (ISD) conçues et

la décharge publique si elle existe, ou dans un « dépotoir sau- réalisées avec des normes environnementales adaptées : géo-
vage », ou à jeter leurs détritus n’importe où. Des dépotoirs membrane imperméable en fond d’alvéole, récupération et
« domestiques » existent dans un certain nombre de grandes traitement des lixiviats avant rejet dans le milieu naturel, sur-
propriétés et de tribus. veillance, etc. ;
Cette situation concerne surtout les communes à faible po- ld es dépotoirs communaux autorisés et/ou utilisés par les ser-

pulation, dans lesquelles la dispersion de l’habitat pose des vices municipaux, mais où aucun dispositif de protection de
problèmes de coût de collecte. l’environnement n’est mis en place ;
Il semblerait que les communes n’aient aucune obligation ld es dépotoirs sauvages ou décharges sauvages, qui s’appa-

de collecte, l’article ad hoc du code général des collectivités rentent aux dépotoirs communaux sauf qu’ils ne sont pas
territoriales en vigueur en métropole n’ayant pas son pendant «autorisés» par la commune, ni utilisés par ses services de pro-
dans le code des communes de la Nouvelle-Calédonie. En fait, preté. Ces dépotoirs sauvages peuvent être de toutes tailles.
la question semble plus complexe, étant donné les obligations Aujourd’hui, sur tout le territoire, seules quatre ISD en service
générales du maire en matière de salubrité publique. sont conçues selon des normes adaptées : Gadji, Kaala-Gomen,
On notera également que certains ménages à faibles revenus Ouvéa et Maré. En conséquence, les déchets collectés par la mu-
ne peuvent pas payer la redevance instituée par la commune nicipalité ne sont acheminées vers une installation satisfaisante
ou l’intercommunalité qui assure ou fait assurer le service de que sur huit communes sur 33 : Koumac, Kaala-Gomen, Nou-
collecte. Ils ne sont alors pas équipés d’une poubelle, et jettent méa, Païta, Dumbéa et Mont-Dore, Ouvéa et Maré.
leurs détritus où ils le peuvent. Toutes les ISD sont des installations classées pour la protection

nouvelle-calédonie
localisation des installations de stockage des déchets (isd)
et centres de transfert et déchetteries (ctd) en 2008

188
de l’environnement (ICPE) réglementées par des délibérations Les provinces des îles Loyauté et Sud ont donc procédé au re-
provinciales, essentiellement basées sur la réglementation mé- censement des dépotoirs existants : il y en a environ une centaine
tropolitaine en la matière. Il faut toutefois noter que l’exploitation en province des îles Loyauté et environ le double en province Sud.
de ces ISD n’est pas toujours conforme aux exigences des ICPE Certains sites dépassent l’hectare. En province Nord, certaines zo-
(géomembrane déchirée ou brûlée par exemple). nes ont été étudiées.
D’autres ISD sont en projet, dans le cadre de schémas provin- Les provinces ont engagé des réflexions relatives au devenir
ciaux (voir § 1.5.5) : des dépotoirs : une programmation pluriannuelle est par exem-
l l e fond de casier de l’ISD de Lifou n’est pas imperméable et il ple envisagée en province Sud, avec début des travaux en 2009.
n’y a pas de récupération des lixiviats. La province recherche un Des travaux de réhabilitation sont en cours en province des îles
site pour une nouvelle installation ; Loyauté.
lu  n projet d’ISD à l’île des Pins ;

l quatre projets d’ISD sur la province Nord (néant aux Belep). 1.5.4 Un tri très rare et quasiment aucune valorisation
L’approche des provinces Nord et Sud est donc différente : Actuellement, très peu de communes pratiquent le tri. On peut
l l a province Sud ne prévoit qu’une seule ISD (hors île des Pins), citer l’exemple des communes du Mont Dore et de Ponérihouen
afin de minimiser le coût d’équipement ; le rabattement vers qui ont mis en place une expérimentation depuis peu sur leurs
cette ISD se ferait à travers un réseau d’installations ayant la communes. La seule installation existante ayant une fonction de tri
double fonction de déchetteries (apport volontaire par la po- des déchets recyclables (pré-triés par la population) est celui de la
pulation) et centre de transfert (regroupement des ordures SEM Mont-Dore Environnement.
ménagères dans de grandes bennes à transférer ultérieure- On peut signaler cependant qu’aujourd’hui les déchets valorisa-
ment vers l’ISD) ; bles sont stockés dans l’attente d’un traitement ultérieur, sauf les
la  u contraire, la collecte en province Nord irait en majorité métaux, qui peuvent être revendus, notamment à l’export.
directement vers les ISD, répartis sur le territoire, sans regrou- Même les déchets verts ne sont pas toujours traités à part, au
pement. lieu d’être valorisés par compostage ou en énergie. Les popula-
Au vu des difficultés de gestion des ISD et des coûts (investissement tions ne sont pas sensibilisées au tri des déchets verts, et lorsque
et fonctionnement), il est primordial de mutualiser les gisements des collectes spécifiques existent, l’information est imparfaite et
de déchets. On note pourtant que l’intercommunalité pourrait être on retrouve au bord des routes des mélanges d’encombrants et
plus développée, essentiellement dans le Nord : les syndicats inter- de déchets verts. Une partie des déchets verts finit donc dans des
communaux compétents en matière de déchets sont le SIVU TOM centres d’enfouissement, ce qui engendre un coût élevé.
du Grand Nouméa (4 communes), le SIVM de la région de La Foa Il n’existe pas de véritable réseau de déchetteries : en province
(8 communes), le SIVU TIPEEP (Touho et Poindimié) et le SIVM du Sud, le projet est d’avoir à terme une telle installation par com-
Nord (Kaala-Gomen et Koumac). mune.
Concernant enfin les déchets dangereux, la province Sud mène
une étude à travers laquelle serait envisagée une ISD spécifique, 1.5.5 Une mauvaise connaissance du gisement,
à l’instar des ISD de classe 1 en métropole. Il a été pour cela tenu et une absence de planification d’ensemble
compte des besoins des deux autres provinces. On connaît le « gisement » de déchets à travers le suivi fait sur le
grand Nouméa (l’estimation est de 140 000 tonnes/an, ménages
1.5.3 Des dépotoirs posant de sérieux problèmes + professionnels, en forte augmentation notamment venant des
environnementaux déchets industriels59), par les études de schémas de gestion des
Un volume très important de déchets finit donc dans des dépotoirs, déchets des provinces Nord et îles Loyauté, ainsi que quelques
dans lesquels il n’existe aucun dispositif permettant de collecter et études ponctuelles.
de traiter les écoulements. Le danger est donc important notam- La province Sud a engagé un schéma en 2006, qui est en cours
ment en cas de ruissellement à la fois pour l’environnement (risque de finalisation. La province Nord a approuvé le sien, mais ce schéma
d’écoulement vers un creek ou d’infiltration vers la nappe), et po- n’était pas opposable aux communes, qui n’ont pas suivi ses pré-
tentiellement pour la santé humaine. conisations. Ce schéma devrait être actualisé en 2009. La province
La pratique du brûlage est courante (et devrait même être offi- des îles Loyauté a approuvé son schéma en 2003.
ciellement autorisée par le code de l’environnement de la province Les provinces sont liées entre elles sur certains aspects de la
Nord), et cela doit fortement nous interpeller : le brûlage sauvage gestion des déchets : le développement de certaines filières de
de déchets banals est en effet systématiquement générateur de valorisation nécessite à l’évidence un cadrage commun, voire
dioxines58. De plus, il y a au milieu de ces déchets banals des dé- sur certains aspects une planification probablement interprovin-
chets plus dangereux tels que piles, produits sanitaires, etc., pour ciale. Cela a été reconnu par tous lors d’une réunion début 2007
lesquels le brûlage est extrêmement problématique. Pour ces rai- associant la Nouvelle-Calédonie (DIMENC, Douanes, congrès), les
sons, le brûlage des déchets, est toujours interdit en métropole et trois provinces et les deux associations de maires. Deux des points
dans les DOM par les règlements sanitaires départementaux (par- d’achoppement sont apparemment d’une part celui des compé-
fois y compris déchets verts). tences respectives des provinces et des communes, et d’autre part
Même en l’absence de brûlage, les dépotoirs sauvages contien- celui de la définition des déchets…
nent de fait des produits dangereux pour l’environnement (ex :
appareils électroniques, huiles de vidange, médicaments, embal- 1.5.6 Une application du principe de responsabilité
lages vides de pesticides, etc.). élargie des producteurs
La présence des dépotoirs, ainsi que, pour une partie de la po- La province Sud, par sa délibération du 10 avril 2008, vient de dé-
pulation, l’absence de collecte organisée des déchets, posent donc finir les grands principes d’« une gestion responsable des déchets
de très sérieux problèmes environnementaux. en vue de la protection de l’environnement ». Le principe est celui

58
Émissions dans l’air (approximativement) : 1000 µg de dioxines par tonne de déchets brûlés dans un dépotoir, 300 µg/t pour le brulage de déchets domestiques en petites quantités,
30 µg/t pour le brulage de déchets verts issus de cultures ou jardins traités, 5 µg/t pour le brulage de bois ou de déchets verts non traités et les feux de brousse
59
A titre de comparaison, les déchets ménagers sont estimés en métropole à 450 kg/ habitant par an
189
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

de la « responsabilité élargie des producteurs » (REP), qui imposera Le principe de la REP ne résout pas le problème posé par les
aux « producteurs » (c’est à dire les importateurs et les industriels « stocks historiques » : la responsabilité des importateurs de vé-
locaux) d’organiser et de financer, à compter du 1er novembre hicules ne concerne par exemple que les futurs VHU issus de
2008, la collecte et le traitement des déchets issus des produits véhicules vendus après la date d’entrée en vigueur de la REP.
qu’ils fabriquent ou importent, une fois arrivés en fin de vie. Cinq Enfin, concernant les DASRI (déchets d’activités de soins et
délibérations d’application ont été adoptées, relatives à la gestion assimilés à risques infectieux), la délibération n° 105/CP du 14
des produits usagés suivants : pneumatiques, piles et accumula- novembre 2002 encadre les filières ad hoc. Celles-ci sont en
teurs sans plomb, accumulateurs au plomb, huiles et véhicules. place et fonctionnent pour la collecte et le traitement des pro-
Les provinces Nord et îles Loyauté suivent la mise en place de duits à risque d’infection (sur Nouméa pour les provinces Sud
cette délibération de la province Sud, pour s’en inspirer le cas et des îles Loyauté, et sur Kaala-Gomen pour la province Nord),
échéant. La province Sud joue logiquement un rôle moteur, car mais pas concernant certaines activités de soin, dont les films
elle regroupe plus de 80% de la population et une proportion radios (problème moins crucial avec l’équipement progressif
plus importante encore des produits mis sur le marché. Toute- des cabinets en matériels numériques), les produits contenant
fois, le fait qu’un importateur ou un fabricant ne sache pas si le du mercure (cas des amalgames dentaires), etc. L’obligation de
client qui va acheter son produit réside ou non en province Sud collecte et de traitement s’impose aux établissements et aux
montre que le principe de la REP ne prendra tout son sens qu’à professionnels « qui exercent l’activité productrice de déchets »,
l’échelle du pays. ce qui ne semble induire aucune obligation pour le grand public
Cette liste de cinq filières doit à terme être complétée, notam- (médicaments non utilisés, seringues, etc.).
ment en ce qui concerne les emballages, ainsi que les déchets
d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Une étude 1.5.7 Un fonds de soutien utile
interprovinciale est en outre envisagée concernant l’ensemble La délibération n° 365 du 3 avril 2003 a créé un « fonds de soutien
des déchets dangereux60. aux actions de lutte contre les pollutions », abondé par la taxe
Les producteurs ont la possibilité de se regrouper au sein instituée par la loi du pays n° 2003-3 du 27 mars 2003. Cette taxe,
d’éco-organismes, pour assumer collectivement leurs obli- transparente pour le consommateur car se substituant à la TBI
gations. L’objectif est d’organiser les filières, et de favoriser (Taxe de Base à l’Importation), touche certains produits importés
l’émergence de petites entreprises spécialisées dans le tri et/ difficiles à éliminer en fin de vie : huiles, batteries, piles, pneuma-
ou le recyclage. L’objectif du regroupement est également de tiques, canettes. La gestion des montants collectés est confiée à
réaliser des économies d’échelle, et ainsi mieux maîtriser les un comité de gestion qui vote l’allocation des recettes aux pro-
prix de revient de la collecte et de l’élimination (valorisation / vinces pour soutenir des actions de lutte contre les pollutions,
réexportation, etc.). Dans un contexte insulaire, avec un marché en particulier des actions de collecte de déchets spéciaux puis
local très étroit, ce point est très important, car la collecte et le traitement sur le territoire ou exportation pour traitement. Une
recyclage (ou la réexportation) des déchets sont très onéreux. réflexion est engagée pour élargir le champ des bénéficiaires.
La REP conduit enfin les producteurs à prendre en compte les Les filières huiles usagées, piles et batteries usagées, véhicules
coûts de la post-consommation dès la conception du produit, hors d’usage, déchets ménagers spéciaux, décrites plus haut, se
en réduisant par exemple l’emballage ; c’est ainsi une incitation mettent en place avec l’appui du fonds. D’autres actions ont été
à produire moins de déchets. financées, telles que, en province îles Loyauté, l’aide au démar-
Sur initiative de la Fédération des Petites et Moyennes En- rage d’un centre de tri et transit de déchets autres que ménagers
treprises, et en lien avec les autorités compétentes sur la et déchets d’équipements électriques et électroniques …
problématique des déchets, le premier éco-organisme néo-ca- La réalisation d’un diagnostic de gestion des déchets dange-
lédonien a été créé afin de répondre aux nouvelles obligations reux diffus (notamment : pesticides, solvants, peintures, boues
des producteurs en province Sud : la société Trecodec doit met- toxiques) est prévue à terme.
tre en place des filières de collecte, de stockage et d’élimination
des déchets, d’abord dans le secteur automobile (huiles, batte- 1.5.8 Une faible prise en compte de la problématique
ries, pneus, véhicules hors d’usage), et à terme, en fonction de déchets au niveau des importations
la réglementation, dans d’autres secteurs. Cette mutualisation Le dispositif REP permet, par la responsabilisation qu’il induit chez
facilite, notamment pour les petites entreprises, le respect de la l’importateur, d’éviter d’importer certains produits à problèmes.
réglementation, à un prix acceptable. Le taux d’adhésion des pro- Toutefois, interdire réglementairement certaines importations
fessionnels concernés à ce dispositif est très satisfaisant : 100% serait plus satisfaisant. Par exemple, les importateurs de piles
des importateurs de véhicules neufs, presque 100% sur les bat- évitent les piles au mercure, mais il entre de fait en Nouvelle-
teries, environ 90 % (en volume) sur les piles et accumulateurs, Calédonie des jouets ou équipements contenant de telles piles
100% sur les huiles industrielles, 50% sur les pneumatiques. (interdites en Europe, aux USA et au Japon). Il n’y a jamais eu en
Lorsqu’une réexportation de déchets a lieu, le pays destina- Nouvelle-Calédonie de réflexion concernant les produits impor-
taire est en général l’Australie ou la Nouvelle-Zélande (cas des tés posant le plus de difficultés en termes de déchets une fois
batteries au plomb, par exemple). Toutefois, les conditions de arrivés en fin de vie.
recyclage proposées par ces deux pays ne sont pas toujours to-
talement satisfaisantes, ce qui peut obliger à des réexportations 1.6 Santé et environnement
vers l’Europe (cas des piles, par exemple). 1.6.1 Une absence de stratégie d’ensemble
Trécodec devrait être agréé par la province Sud prochaine- « Il est avéré que certaines pathologies sont aggravées, voire déter-
ment. En cas d’extension de la démarche REP aux provinces minées, par l’environnement ». Sur des plans à la fois sanitaire et
Nord et îles Loyauté, deux agréments complémentaires seraient social, mais souvent également sur le plan économique, la pré-
à solliciter. vention est plus appropriée que la logique curative. Beaucoup

60
En Europe, des filières ont été structurées sur à peu près tout : fluides frigorigènes, peintures et solvants, PCB-PCT, déchets amiantés, déchets radioactifs, EVPP (emballages vides de produits phytosanitaires) et PPNU (produits phytosani-
taires non-utilisés), etc.
190
de pays ont donc adopté des plans d’action visant à améliorer la Faisant suite au diagnostic d’un collège d’experts, le gouverne-
prévention des risques sanitaires dus aux pollutions des milieux ment a arrêté en octobre 2007 son plan d’action, qui comprend
de vie, incluant par exemple un renforcement de la surveillance notamment :
sanitaire, des études visant à mieux comprendre certains phéno- ld  es actions d’information vers la population, les entreprises et

mènes, des actions d’information et de sensibilisation du public les collectivités ;


aux enjeux et aux bonnes pratiques, ou encore l’adoption de l l a mise au point d’un détecteur de serpentinites sur les pistes

normes environnementales renforcées, relatives par exemple à de la chaîne centrale ;


la production et à l’usage de polluants organiques persistants l l e recouvrement des pistes (et la revégétalisation ailleurs) lors-

(ou POP, dont seulement certains sont interdits sur un plan mon- que les sols amiantifères sont à nu ;
dial), aux émissions liées aux transports (particules fines, COV, l l a finalisation de la cartographie de l’aléa et des zones à

NOx, etc.), aux émissions d’origine industrielle, à la mise sur le enjeu ;


marché et à l’usage de pesticides, etc. lu  ne expertise indépendante sur l’impact des exploitations mi-

En France, une commission d’experts a été chargée en 2003 nières ;


de rédiger un « diagnostic de l’exposition des français aux pollu- l un renforcement de la surveillance épidémiologique ;

tions environnementales », à la suite duquel il a été élaboré un ld  es actions vis-à-vis des risques professionnels (carrières et

« Plan national santé environnement », ainsi que 26 plans cou- chantiers sur terrains amiantifères).
vrant les enjeux spécifiques à chaque région, y compris les DOM. Plus généralement, les enjeux de santé liés à l’exploitation des
La charte constitutionnelle de l’environnement est venue dans mines font partie des thèmes de travail du CNRT « Nickel et en-
le même temps confirmer au plus haut niveau que « chacun a vironnement », et le projet de schéma de mise en valeur des
le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de richesses minières liste certaines actions concernant l’amiante.
la santé ». La question de la présence d’amiante dans l’eau, et des
En Nouvelle-Calédonie, aucun diagnostic d’ensemble n’est éventuels risques induits, n’a pas à ce jour fait l’objet d’investi-
disponible concernant ces questions. La faible taille globale de gations.
la population et la faible densité du pays rendent difficiles les L’amiante utilisé dans les constructions fait également l’objet
analyses statistiques des effets de l’environnement sur la santé, d’actions et d’une réglementation. Les déchets amiantés peu-
et certains outils de suivi, tels que le registre des cancers, sont vent être acceptés dans une cellule ad hoc du centre de Gadji.
encore relativement récents. Il est néanmoins avéré, ici comme Le fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA),
ailleurs, que le sujet est important, avec de plus des facteurs de établissement public national créé en 2001 afin de procéder à
risque particulier, comme la présence naturelle dans les sols la réparation des préjudices subis par les personnes victimes de
d’amiante ou de métaux lourds, ou encore le retard dans l’édic- l’amiante, intervient maintenant en Nouvelle-Calédonie.
tion de normes techniques de prévention.
L’approche retenue est d’abord de résoudre les principaux 1.6.4 Une surveillance de la qualité de l’air en cours
problèmes d’ores et déjà identifiés. Les 6 axes suivants peuvent de renforcement
être cités, sans prétendre à l’exhaustivité : Un partenariat associant les collectivités, l’ADEME, les industriels
et les ONG a permis de créer l’association SCAL-AIR, afin de
1.6.2 Une qualité de carburants qui s’améliore mettre en place un réseau de surveillance de la qualité de l’air
Depuis novembre 2007, pour des raisons à la fois de santé indépendant des industriels (qui assuraient jusque là en propre
publique et de compatibilité avec les moteurs HDi, la teneur leurs suivis), et de traiter et diffuser l’information pertinente sur la
maximale en soufre du gazole a été divisée par 10 (à 50 ppm) ; qualité de l’air, en lien avec les risques pour l’environnement et la
cela améliore le rendement des dispositifs d’échappement et santé. Cette association répond aux règles en vigueur en métro-
par conséquent diminue les émissions de la plupart des pol- pole en matière de gouvernance. Elle est en phase de croissance,
luants, dont notamment le SO2. Cependant, le gazole dit « sans et doit identifier les améliorations à envisager en priorité ; le suivi
soufre » qui sera obligatoire en Europe à partir de 2009 est à 10 des taux de particules de plus de 2,5 microns (PM 2,5), l’informa-
ppm seulement. tion du public en temps réel et l’équipement par une station
Nous n’avons pas pu disposer d’information sur la qualité de mobile permettant des campagnes de mesures ponctuelles sur
l’essence importée : le problème du plomb est réglé, mais, selon de nombreux sites, sont considérés parmi les chantiers à ouvrir.
la nature du raffinage, les essences utilisées peuvent générer Les mesures sur les paramètres suivis actuellement (SO2, NOx,
plus ou moins de vapeurs nocives (COV et HAP). PM-10 et O3) montrent un dépassement périodique du seuil
Le caractère en moyenne très récent du parc automobile ne doit défini au niveau européen pour le SO2 et obligeant à informer
pas masquer la présence de véhicules potentiellement polluants. le public, mais il n’existe à ce jour aucune procédure visant à
Le contrôle technique, qui commence à se mettre en place, n’in- donner une suite à de tels dépassements. Selon les conditions
clura, dans un premier temps, aucun contrôle sur ce plan. météorologiques et les zones concernées par le panache des
Il n’existe pas non plus d’obligation d’équipement des dépôts, cheminées, la centrale de Doniambo peut le cas échéant bascu-
des camions-citernes et des stations-service avec des systèmes ler sur un fioul très peu soufré, au lieu de son fioul habituel.
de récupération des vapeurs d’hydrocarbures.
1.6.5 Des installations classées pour la protection
1.6.3 Un plan d’action pour l’amiante naturel de l’environnement mieux encadrées
L’amiante est naturellement présent dans les sols, et peut être Bien que celles-ci prévoient de longue date des valeurs limite
présent dans l’air du simple fait de la circulation sur pistes. Il a d’émission, et des mécanismes de surveillance, un effort est en
en outre été utilisé dans les constructions. On compte cinq nou- permanence en cours pour rapprocher plus encore les règles
veaux cas de mésothéliome pleural en moyenne annuelle61. locales, des règles en vigueur en Europe.

61
Et peut-être un lien est-il à faire également avec le fait que le taux de cancers du poumon est ici similaire à celui de la métropole, alors que l’on pourrait espérer être proche des taux
des DOM (Martinique, Réunion), qui sont bien inférieurs. Cf . le registre du cancer de Nouvelle-Calédonie : rapport de données 2004, Institut Pasteur
191
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

Le rapport de Syndex « Nickel 2010 »62 relève quelques textes santé humaine (produits cancérogènes, reprotoxiques ou mu-
récents n’ayant pas encore été répercutés dans la réglemen- tagènes) soient reconnues par les textes applicables localement
tation locale (en 2006). Certaines personnes expriment des alors qu’elles sont interdites en France (ainsi que dans les DOM,
inquiétudes quant aux moyens dont est dotée l’administration où les conditions dans lesquelles s’exercent les activités agricoles
pour le contrôle des ICPE (faible nombre d’inspecteurs des ins- ont des points de similitude avec la Nouvelle-Calédonie).
tallations classées). Se pose enfin le problème de la maîtrise et du contrôle des
usages non-agricoles des pesticides.
1.6.6 Une maîtrise des résidus de produits phytosanitaires
présents dans les productions agricoles 1.6.7 Une eau potable mieux gérée
Un arrêté du 23 septembre 2008 a permis de diminuer le nombre Ces aspects sont développés au § 1.4 ci-dessus sur la gestion
de substances actives (SA) et produits commerciaux (PC) homolo- de l’eau.
gués pour les usages agricoles en Nouvelle-Calédonie :
1.6.8 Une qualité des eaux de baignade mieux surveillée
Situation Conséquences de l’arrêté du 23 septembre 2008 Un cadre général sera prochainement défini par une délibé-
antérieure Évolution Situation au 02/10/08 ration couvrant à la fois les eaux de baignade naturelles et les
Dont piscines, qui a été concertée avec les professionnels. En outre,
Homolo- Nouvelles Homolo- Dont ré
gations Retrait homolog- gations avec homolo- pour les eaux de baignade naturelles, une surveillance vient
restrtion
initiales tions restant d’usage gations d’être mise en place sur plusieurs zones pilote, par les commu-
Substances
nes concernées, avec l’appui du gouvernement. Cette politique
270 - 18 +3 255 4 18 de surveillance ne dispense évidemment pas de travailler pa-
actives
Source : DAVAR

Produits rallèlement à améliorer la qualité des eaux (notamment par


546 - 92 + 23 477 6 19
commerciaux l’assainissement).

Les contrôles de résidus de ces produits phytosanitaires sur 1.6.9 Autres risques
les productions végétales font l’objet d’un effort spécifique ; ils D’autres questions se posent certainement concernant les
atteignent, en 2008, 240 contrôles annuels, réalisés sur la dizaine liens, en Nouvelle-Calédonie, entre environnement et santé
de légumes et fruits les plus consommés (les résultats de ces publique. Par exemple, la question des biotoxines marines n’a
contrôles n’ont pas été communiqués à l’atelier). pour le moment, sauf pour la ciguatera et des cas spécifiques
Cependant, selon les associations, le problème posé par liées à des cyanobactéries toxiques, été soulevée. Toutefois ce
l’insuffisante maîtrise des règles de bonne pratique reste préoc- risque potentiel existe et peut être accentué par l’eutrophisa-
cupant, de même que le caractère peu dissuasif des contrôles, tion des eaux lagonaires (en raison par exemple des manques
et l’adoption d’une logique d’homologation intermédiaire entre en matière de système d’assainissement) ou l’aménagement
celles de l’Europe et de l’Australie : il est notamment dénoncé littoral mal maîtrisé (comme dragages et remblais en milieu
le fait que des molécules connues comme dangereuses pour la corallien).

2. Risques naturels et technologiques, sécurité civile


Nota : par convention, la présente partie inclut les risques de feux, truction du couvert végétal, l’abandon d’anciennes exploitations
bien qu’il s’agisse là d’un risque qui ne soit ni naturel ni technologi- minières, l’ouverture de pistes, les feux de brousse, etc. La pénurie
que, mais bien un risque du à la négligence ou à la malveillance. de foncier, surtout sur les quatre communes du Grand Nouméa,
a conduit à de nombreuses constructions en sites exposés. Des
2.1 U
 n niveau de connaissance variable études conduites entre 1998 et 2004 ont permis de couvrir douze
des aléas et des risques zones d’intérêt économique et de produire des cartographies au
2.1.1 Cyclones 1/25000 permettant une approche régionale, et (Mont-Dore,
L’ensemble du territoire est concerné par ce risque récurrent, qui Dumbéa) des cartographies au 1/10000 permettant une intégra-
peut occasionner des dégâts considérables ; toutefois, la popu- tion de ce risque dans les PUD.
lation y étant bien préparée, peu de victimes sont en général à
déplorer. La connaissance générale et le suivi des phénomènes 2.1.3 Inondations
en temps réel sont, de la part des services Météo, très bons ; ils Les services du gouvernement (DAVAR) conduisent en liaison
vont encore s’améliorer avec la construction d’un troisième radar, avec les services provinciaux des études basées sur la modéli-
à Lifou. Ce risque (et donc les trois risques induits, décrits ci-des- sation hydraulique (crues centennale et quinquennale) et/ou la
sous) peut aller croissant avec le réchauffement climatique. géomorphologie (recherche visuelle des limites des crues his-
toriques) ; les études aujourd’hui achevées couvrent une forte
2.1.2 Mouvements de terrain proportion des zones connues comme inondables, et des atlas
Ceux-ci prennent en Nouvelle-Calédonie diverses formes : glis- ont été diffusés aux communes concernées. Le nombre de loge-
sements, écroulements, coulées de débris, coulées boueuses, ments existants en zone inondable n’est pas évalué. L’impact des
érosion des lits des fleuves ou des ravines, débordement torren- inondations sur la production agricole est récurrent, et significatif.
tiel, et (les plus graves) coulées torrentielles. Ces phénomènes, L’existence d’activités agricoles et/ou de constructions dans les
qui existent naturellement du fait de la pluviométrie, des pentes, champs d’expansion des crues rend sensible la question de l’en-
et de la nature des roches et des sols, sont aggravés par la des- tretien des cours d’eau, d’autant que des phénomènes d’érosion

62
Cité en référence bibliographique n°20

192
d’ampleur significative peuvent toucher l’amont des rivières et ltrois dépôts pétroliers : Shell-Ducos ; Mobil-Total (*) ; Shell-Ma-
significativement aggraver les risques, du fait de feux, de défriche- genta ;
ments ou de travaux. Le concept de gestion intégrée du bassin l deux dépôts de gaz : St Quentin et SOGADOC (*) ;

versant n’émerge que depuis peu (voir § 1.4.7 ci-dessus). Aucune ls ix installations diverses, dont deux centrales thermiques élec-

estimation du nombre d’habitations situées en zone inondable triques (Enercal-Népoui et Enercal-Doniambo) ; un dépôt de
n’est disponible. chlore (la calédonienne des eaux) ; une installation frigorifique
(SEDEF) ; une brasserie (GBNC) ; et enfin une installation de trai-
2.1.4 Feux de forêt et de brousse tement du nickel (usine de Doniambo SLN).
Les recensements officiels montrent que les feux de forêt et de Elles sont toutes situées à Nouméa, sauf la centrale de Népoui
brousse dévastent en moyenne chaque année près de 20000 (Poya). Vont se rajouter prochainement les usines métallurgiques
hectares (48 000 Ha en 2002 !). Toutefois, ces chiffres n’incluent en construction par Goro-nickel SAS et Koniambo nickel SAS, si-
essentiellement que les feux faisant l’objet d’une intervention. tuées respectivement à Goro (Yaté) et à Vavouto (Voh), ainsi que
L’exploitation des données satellitaires ne permet pas d’obtenir les centrales électriques associées.
une donnée plus fiable. Une quarantaine d’autres ICPE sont soumises à autorisation.
Ces feux sont systématiquement d’origine humaine, qu’il s’agis- Le trafic routier de matières dangereuses est modeste (carbu-
se d’accident, de malveillance ou de négligence. Ils se propagent rants à destination des stations-service et des sites industriels,
le plus souvent depuis la savane et les maquis miniers, avant de gaz divers à destination des établissements médicaux et des sites
parcourir les zones forestières. Jusqu’à une période récente, les industriels, etc.).
feux en sites isolés, n’impactant « que » la nature, se déroulaient Le trafic maritime (hydrocarbures, produits chimiques destinées
dans une quasi-indifférence générale (sauf des associations), mal- à la métallurgie, etc.) touche principalement Nouméa, et dans une
gré l’extrême gravité des impacts indirects (érosion, aggravation moindre mesure Népoui (fioul). Deux ports en eau profonde sont
du ruissellement, moindre alimentation des nappes, perte d’amé- associés aux usines de Vavouto et de Goro.
nités, atteintes à la biodiversité, etc.). Une des difficultés est que Deux barrages relèveraient selon la législation française de la
le feu d’écobuage est fortement ancré dans les pratiques (agri- catégorie des « barrages intéressant la sécurité publique » : celui
culture de brûlis courante dans tout le Pacifique, entretien des de la rivière Yaté, et celui de la rivière Dumbéa.
parcours de chasse, lutte contre la fourmi électrique, etc.) et qu’il
est parfois difficile de faire prendre conscience à la population du 2.1.8 Changement climatique
danger qu’il représente. Ce risque ira croissant avec le probable On ne dispose d’aucune étude d’ensemble à ce sujet. On a déjà
renforcement des phénomènes de sécheresses accompagnant le évoqué plus haut les risques de feux, ainsi que la fréquence des
réchauffement climatique. Il va surtout croissant au fil des années, cyclones. Les sécheresses répétées peuvent également affecter
car la végétation qui repousse naturellement après un feu est une l’agriculture et l’élevage64. L’acidification des océans, la survenue
végétation plus favorable aux feux, et que rien n’est fait pour favo- plus fréquente d’épisodes de blanchissement, la force accrue des
riser une végétation plus proche de l’état antérieur. cyclones et les apports terrigènes qu’ils induisent, vont affecter les
récifs, avec un impact sur leur effet protecteur pour les côtes et sur
2.1.5 Tsunamis la biodiversité marine, et donc sur la pêche. On peut craindre aussi
Les tsunamis locaux et régionaux, générés à des distances de la le développement des maladies vectorielles. Enfin, l’élévation du
Nouvelle-Calédonie inférieures à 100 et 1000 km, sont principale- niveau de la mer est un vrai problème à long terme.
ment source de risques en Nouvelle-Calédonie. Un tremblement Il serait souhaitable qu’une étude quantifie mieux ces risques
de terre sous-marin se produisant en Papouasie Nouvelle-Guinée pour les activités humaines et la biodiversité, les cartographie, et
pourrait provoquer un tsunami touchant la Nouvelle-Calédonie identifie des méthodes de suivi pour le futur, intégrés dans un
en 2 heures environ. Si ce même phénomène intervenait au sud système au minimum régional (mise en place de stations de réfé-
du Vanuatu, le tsunami pourrait atteindre les côtes calédoniennes rence et d’outils produisant des indicateurs de changement).
les plus proches (îles Loyauté) en 10 à 15 minutes et le sud de la
Grande Terre en 20-30 minutes. Il ressort des cas observés (5 cas 2.1.9 Analyses multi-aléas
entre 1875 et 1951) que ce sont principalement les îles Loyauté Les analyses cartographiques territoriales, visant à identifier les
et certains sites de la côte Est, dépourvus de barrière, qui sont principaux risques auxquels est exposée une zone donnée, sont
exposés à ce risque. courantes en métropole et dans les DOM (en général l’étude
porte conjointement sur le risque d’inondation et sur le risque
2.1.6 Séismes de glissement de terrain), mais n’ont jamais été conduites en
Une étude du BRGM relative aux aléas à période de retour infé- Nouvelle-Calédonie. Par contre, à une échelle plus globale, un «
rieure à 475 ans estime que le risque sismique est faible à très schéma d’analyse et de couverture des risques » vient d’être initié
faible sur la Grande-Terre (selon un gradient de risques croissant par le Haut-commissariat.
vers le sud-est), modéré sur Ouvéa, et moyen sur Lifou et Maré63.
Les éventuels effets de site (en cas de géologie défavorable il peut 2.2 Réponses apportées
y avoir amplification de la vibration, liquéfaction du sol, ou dé- 2.2.1 Organisation et moyens d’intervention
clenchement d’un glissement) n’ont pas été étudiés. en cas de crise
Les moyens et la préparation sont faibles, voire très faibles : on
2.1.7 Risques technologiques déplore des « carences dans la couverture territoriale, dans le re-
Le territoire compte 11 installations industrielles à risques (celles censement des risques, dans la prévention, aussi bien que dans la
qui, en Europe relèveraient du « seuil haut » de la directive prévision ou dans la coordination opérationnelle. (…) L’absence de
SEVESO II sont indiquées par un astérisque) : vision politique, d’infrastructures et de moyens ont trop longtemps

63
Voir document en bibliographie sous le n°12
64
Les letchis et les mangues semblent déjà plus difficiles à produire, avec une saison fraîche moins prononcée
193
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

caractérisé et caractérisent trop souvent encore, la situation de la sé- 2.2.3 Prévention contre les conséquences
curité civile en Nouvelle-Calédonie »65. du réchauffement climatique
Le nombre de sapeurs-pompiers par habitant est « presque Les services météo ont produit une analyse de l’aléa, mais aucune
trois fois inférieur à celui des Hautes Pyrénées et cinq fois à celui de réflexion sur les enjeux n’a été conduite à l’échelle du pays, et a
la Haute-Marne » ; les taux d’officiers et de sous-officiers chez les fortiori aucun plan n’a été arrêté (comme il en existe dans d’autres
sapeurs pompiers professionnels sont moitié moindre qu’en mé- petits pays insulaires) pour adapter la Nouvelle-Calédonie à cette
tropole, et quasi-nuls chez les sapeurs-pompiers volontaires ; sauf menace quasi-certaine.
sur quelques spécialités, « le nombre de sapeurs pompiers qualifiés
est très faible » ; les moyens matériels sont insuffisants, notamment 2.2.4 Prévention des feux de forêt
pour les véhicules, qui sont en grande majorité anciens, et « sont Les importants dégâts induits par l’incendie à la montagne des
souvent des matériels de réforme en provenance de métropole ». sources en 2005, lors duquel le plan ORSEC n’avait pas pu être
L’ordonnance du 15 février 2006 a formellement créé l’EPIS, déclenché en l’absence de menace directe pour les biens et des
« établissement public d’incendie et de secours de Nouvelle- personnes, ont conduit à l’adoption d’un « ordre d’opérations
Calédonie ». Cet établissement, dont les missions ne couvrent feux de brousse », qui intègre également l’objectif de protéger
qu’une partie des missions de sécurité civile, est en cours de mise les milieux naturels. La bonne préparation en amont de chaque
en place et devrait disposer d’une implantation dans chaque saison sèche porte ses fruits puisque les surfaces détruites ont
commune, et accueillir le futur centre de traitement des alertes. considérablement été réduites, notamment grâce à une meilleu-
Cet indispensable renforcement de moyens est actuellement dé- re coordination opérationnelle des moyens disponibles, même si
battu dans le cadre des transferts de compétence. Une extension ceux-ci demeurent notoirement insuffisants. Le projet de recher-
des missions de l’EPIS, visant à mutualiser les moyens et effectifs che INC est décrit au § 1.2.13 (note n°29).
détenus aujourd’hui par les centres de secours communaux est En matière de prévention, la province Nord a conduit une
discutée dans ce cadre, de même que l’implication des provinces campagne de sensibilisation en milieu tribal, et plus récemment
et de la Nouvelle-Calédonie, intéressés au titre de leurs compéten- une ample campagne d’information grand public ; la province
ces respectives (notamment pour les provinces : établissements Sud avait conduit en 2000-2001 une opération de sensibilisa-
recevant du public et ICPE). tion des jeunes de tribu ; les deux provinces, avec l’Etat (JSD),
Un « schéma d’analyse et de couverture des risques » (SACR) est les communes et la Nouvelle-Calédonie ont installé des « guet-
en cours d’élaboration par le haut-commissariat. Il s’agit : teurs de feux » sur toute la Grande-Terre. On note également
ld ’une évaluation complète des risques auxquels sont exposées des actions communales : par exemple, la commune du Mont-
les populations. Dore veille à augmenter ses collectes de déchets verts, afin de
le t d’un cadre fixant les objectifs de couverture de ces risques par diminuer le recours à la pratique du brulage par ses administrés
des moyens appropriés. ; de même, à Maré, le broyage sur place de la végétation est for-
Le SACR doit permettre d’optimiser la qualité de la réponse opé- tement promue dans les pratiques agricoles, en remplacement
rationnelle en n’importe quel point du territoire, et constitue à ce du brûlage.
titre un pré-requis indispensable à une démarche collective de En juin 2006, à l’initiative du WWF, les premières « assises du
modernisation de la sécurité civile. feu » avaient été organisées par la province Nord et avaient per-
La Nouvelle-Calédonie dispose d’un plan ORSEC, d’un plan mis à un grand nombre d’acteurs concernés par les incendies de
rouge, d’un plan SATER, d’un plan POLMAR, d’un plan de secours travailler sur les 6 volets d’action qui constitueraient un véritable
aux naufragés, d’un plan cyclone, de 3 plans de secours spéciali- plan d’action Feu pour la Nouvelle Calédonie, à savoir :
sés concernant les îles Loyauté, et de plans de secours aéroports l Coordination ;

pour la Tontouta et Magenta 65. Des plans communaux de sau- l Sensibilisation / Prévention ;

vegarde sont en cours. l Suivi / Surveillance ;

Il n’existe aucun plan particulier d’intervention (PPI) en cas de l Lutte ;

sinistre sur une ICPE. Certains établissements disposent d’un plan l Répression / incitation / réglementation ;

d’opération interne (POI). l Restauration / gestion de l’espace rural.

Or depuis, le produit de ces assises et cette dynamique collégiale


2.2.2 Surveillance et alerte n’ont été que partiellement repris et développés par les collec-
Le dispositif mis en place en matière d’alerte météo (cyclones et tivités, notamment à travers les réglementations actuellement
risque de fortes pluies) est performant, et correctement relayé vers en cours d’adoption. L’ensemble des actions conduites semble
le grand public. Une amélioration de ce dispositif est en cours avec manquer de cohérence.
la mise en place dès la saison cyclonique 2008-2009 de la carte de
vigilance météorologique en code couleurs. 2.2.5 Intégration de l’enjeu risques dans l’acte
Un système d’annonce relatif à la probabilité de feux a également de construire
été mis en place par les services météo : il s’agit d’une cartographie La connaissance de l’aléa s’améliore, et s’intègre très progressi-
du risque d’incendie établie sur la base des prévisions météo et de vement dans les décisions en matière d’urbanisme, même si
la pluviométrie. aujourd’hui, dans les communes sans PUD, les nouvelles construc-
Un système d’alerte tsunamis déjà éprouvé en Polynésie fran- tions ne semblent que faiblement prendre en compte les risques
çaise est en cours d’installation par les services de la direction de la naturels ; a contrario, il est difficile d’identifier des zones ayant à
sécurité civile (32 sirènes déployées sur le terrain et déclenchée de tort été ouvertes récemment à l’urbanisation, les cas de maisons
manière centralisée par la sécurité civile en cas de risque avéré). récentes détériorées par des mouvements de terrain étant rares.
Il n’existe pas de service de prévision ou d’alerte en temps réel La carte page suivante identifie, sur les quatres communes du
concernant les crues ou les inondations. grand Nouméa, les superpositions entre zones à risques, et les

65
Source : rapport du Professeur Viret cité en bibliographie sous le n°25

194
Source : Diagnostic et enjeux du Schéma de cohérence du grand Nouméa – Mai 2008
zones identifiées par les PUD, ou projets de PUD, soit comme zone nord de la Grande Terre, où la période de retour des vents supé-
ouvertes à l’urbanisation, soit comme zones naturelles d’urbani- rieurs à 200 km/h est d’environ 20 ans.
sation future. Il n’existe aucune obligation de construction intégrant des
La prise en compte du vent dans les constructions découle règles para-sismiques, même pour les établissements stratégi-
notamment de l’obligation d’assurance stipulée par la délibé- ques en situation de crise (hôpital, centre de commandement,
ration n° 591 du 1er décembre 1983, qui autorise l’exclusion centraux télécom).
contractuelle des risques pour des vents supérieurs à 150 km/h
en général, et à 200 km/h pour les structures en béton armé. Ce 2.2.6 Prévention des risques technologiques
vent de référence est inférieur à celui du règlement français « Les risques liés aux transports de matières dangereuses et
neige et vent 1965 » (modifié en 1999), qui reste en fait une réfé- aux installations industrielles sont encadrées par des textes
rence souvent utilisée par les bureaux d’études locaux ; toutefois, et des normes inspirés de ceux en vigueur en métropole.
il faut noter que dans certains DOM très exposés, ces règles se Nous ne disposons pas d’une analyse permettant d’appré-
sont révélées insuffisantes. Une étude un peu plus approfondie cier si des problèmes significatifs sont ou non à relever dans
sur ce sujet ne paraitrait donc pas inutile, notamment dans le ces domaines.

3. Énergie et émissions de gaz à effet de serre


3.1 Le sujet global de l’énergie, vision actuelle 3.1.2 Une dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles
3.1.1 Une forte consommation énergétique par habitant Le recours aux énergies renouvelables représente 3,5 %, le reste
En 2007, les besoins en énergie primaire de la Nouvelle-Calé- des besoins étant couverts par des combustibles d’origine fos-
donie ont représenté un peu plus d’un million de Tep (tonnes sile (charbon, essence, gazole, fioul, gaz, kérosène). Au total, la
équivalent-pétrole), soit 3,7 Tep par habitant et par an. Cette va- consommation de ces combustibles fossiles est de 3,6 Tep/hbt/
leur est supérieure à la moyenne des pays de l’Europe de l’Ouest, an (métropole : 2,2 / USA : 6,7).
et légèrement en dessous de la métropole (4,4 Tep/hbt/an). De-
puis 1990, la consommation totale a cru de 91%, soit 3,9% / an, 3.1.3 Une sécurité d’approvisionnement non assurée
plus vite que la population (2,3% / an), mais à peu près aussi vite Les seules ressources énergétiques locales exploitables dé-
que le PIB. montrées à ce jour sont les énergies renouvelables. Le taux de
Cette situation découle directement de l’importance de l’ac- dépendance énergétique est donc identique à la part des com-
tivité « mine et métallurgie », qui représente près des deux tiers bustibles fossiles, soit 96,5 %.
de la consommation du pays en énergie. Les stocks stratégiques en produits pétroliers sont ré-

195
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

CONSOMMATION D’ÉNERGIE 2006 Rang Pays T. CO2/hab

1 Qatar 69,2

2 Kuwait 38,0

3 United Arab Emirates 37,8

10 USA 20,4

11 Canada 20,0
Source : DIMENC

13 Australia 16,3

28 New Caledonia 11,2

34 Japan 9,8
glementairement égaux à 73 jours de consommation. La
50 New Zealand 7,8
Nouvelle-Calédonie est d’autant plus vulnérable qu’elle est éloi-
gnée des principaux centres de production, comme des voies 63 France 6,2
de navigation, et que sa petite taille en fait un client peu stra- 165 Vanuatu 0,42

Source : CDIAC
tégique pour les fournisseurs (1% de la capacité de raffinage de
Singapour, pays où s’approvisionne actuellement la Nouvelle- 167 Solomon Islands 0,38
Calédonie).
3.2 L e sujet global de l’énergie,
3.1.4 Un impact significatif sur la balance commerciale vision prospective
La Nouvelle-Calédonie a fortement subi la récente explosion 3.2.1 Une dépendance aux combustibles fossiles
des prix mondiaux du pétrole et de charbon (voir graphique ci- qui va se renforçant
dessous - un graphique en FCFP eut été plus pertinent et aurait Avant 2015, la production métallurgique sera 225 % au-dessus
montré une hausse moins prononcée, mais tout de même pré- de la production actuelle. Goro, Koniambo et Doniambo vont
occupante). bénéficier de centrales électriques modernes, donc à bon ren-
PRIX MONDIAL DES ÉNERGIES FOSSILES dement, et, en outre, le procédé hydrométallurgique innovant
(EN $ COURANTS par TEP) développé par Goro-nickel demandera environ deux fois moins
d’électricité par tonne de nickel produite que le procédé pyro-
métallurgique (mais ce process nécessite aussi d’importantes
quantités de calcaire, ce qui conduit à émettre du CO2).
Toutefois, le développement des énergies renouvelables (voir
plus loin) ne pourra répondre que de façon assez marginale à
ces nouveaux besoins, et, à défaut de centrale nucléaire (suppo-
sée inadaptée à la Nouvelle-Calédonie), il faut s’attendre à voir
une multiplication par deux des importations de combustibles
Source : Observation de l’Énergie

fossiles d’ici à 2015.

3.2.2 Des conséquences non prévues à ce jour


sur l’économie
En ce début de XXIème siècle, les enjeux énergétiques devien-
nent progressivement une préoccupation de tout premier plan
La valeur CAF des importations de combustibles fossiles s’éta- sur l’ensemble de la planète, et tout particulièrement pour les
blissait ainsi, en 2007, à 34,5 milliards de francs, en augmentation pays développés, dont la forte consommation d’énergie bon
de 350 % par rapport à 1995. L’énergie représente maintenant marché a toujours été un facteur-clé de prospérité. La Nouvelle-
14% des importations en valeur, soit plus de 5% du PIB. Calédonie va d’autant moins échapper à cette logique que son
exposition est, comme on l’a vu plus haut, très forte.
3.1.5 Des émissions élevées de gaz à effet de serre En supposant que les cours mondiaux reviennent d’ici 10 ans
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie doit prochainement aux sommets constatés en juin 2008, on voit qu’à cet horizon, les
engager l’élaboration d’un bilan-carbone. En l’absence d’un tel importations annuelles d’énergie en Nouvelle-Calédonie pour-
outil, à partir des seules données sur l’énergie (qui donnent une raient, en ordre de grandeur, se rapprocher des 100 milliards de
idée probablement assez fiable66), le CDIAC67 estime qu’en 2004, francs. L’impact possible de cette situation sur l’économie néo-
les émissions de CO2 de la Nouvelle-Calédonie représentaient calédonienne n’est pas encore bien apprécié.
11,2 tonnes par personne et par an68. Ceci placerait69 la Nouvel-
le-Calédonie au 28è rang mondial (tableau ci-dessous), à 80 % 3.2.3 D’importantes augmentations de nos émissions
au-dessus, par exemple, de la métropole. de CO2
La DIMENC, en rajoutant les émissions liées aux process de Le projet de schéma de mise en valeur des richesses minières
la métallurgie, évalue quant à elle les émissions de la Nouvelle contient des données concernant les émissions des nouvelles
Calédonie à 0,9 millions de tonnes équivalent carbone, soit 13,7 usines électriques et métallurgiques, telles qu’elles s’achèvent
tonnes de CO2 par habitant70. Pour la France (métropole + DOM), (Prony, Goro) ou sont annoncées par les industriels (Doniambo,
le bilan annuel complet se situe à 8,5 T-CO2 / an /hab71. Koniambo). Cela permet d’établir comme suit un récapitulatif :

66
Il s’agit de multiplier les tonnages de carburants fossiles importés par des ratios classiques de combustion. Cette méthode néglige donc, probablement avec raison vu les ordres de grandeur des importations, à la fois des facteurs
défavorables (comme l’agriculture ou les dépotoirs), et des facteurs favorables (stockage de carbone dans la biomasse).

196
67
ou « Carbon Dioxide Information Analysis Center » (organisme indépendant soutenu par le ministère fédéral américain de l’énergie, et dont les productions sont référencées par l’ONU). Site internet : http://cdiac.ornl.gov
68
Soit 3,1 tonnes « équivalent-carbone » (application d’un coefficient 12/44 pour passer du CO2 au carbone)
69
Selon le site wikipedia en langue anglaise
70
Source : page 109 du projet de schéma de mise en valeur des richesse minières, cité en référence n°21
Valeur Unité Source
CO2, seuil à partir duquel l’humanité cessera enfin d’aggraver le
problème. Cette valeur correspond, en moyenne à l’échelle de la
1 Nombre d’habitants 240 000
planète, à environ 1500 kg de CO2 par être humain.
2 Émissions carbonées actuelles 13,7 T-eq CO2/an/hab SMVRM La plupart des pays développés, dont il faut relever qu’ils ne
Part actuelle de l’industrie sont pas dans une situation comparable à celle de la Nouvelle-
3 67% SMVRM
métallurgique Calédonie, se sont résolument engagés dans ce mouvement de
4 Émissions carbonées actuelles 9,2 T-eq CO2/an/hab lignes 2 x 3 baisse de leurs émissions. En France, le code de l’environnement
métallurgie+électricité
affirme que « la lutte contre l’intensification de l’effet de serre et la
Émissions carbonées actuelles des prévention des risques liés au réchauffement climatique sont recon-
5 4,5 T-eq CO2/an/hab lignes 2 - 4
autres secteurs
nues priorités nationales » (article L 229-1), et la loi du 13/07/2005
Émissions carbonées futures liées
6 à la métallurgie d’orientation sur l’énergie précise que la politique énergétique
« vise à diminuer de 3 % par an en moyenne les émissions de gaz à
Centrale thermique Prony 950 000 T-eq CO2 / an SMVRM
effet de serre de la France », et que « la France soutient la définition
Centrale thermique Doniambo 1 736 790 T-eq CO2 / an doss. enquête d’un objectif de division par deux des émissions mondiales de gaz
Centrale thermique Koniambo 2 870 000 T-eq CO2 / an SMVRM à effet de serre d’ici à 2050, ce qui nécessite, compte tenu des dif-
Usine Goro nickel (utilisation calcaire, etc.) 550 000 T-eq CO2 / an SMVRM
férences de consommation entre pays, une division par quatre ou
cinq de ces émissions pour les pays développés ». Le livre blanc de
Usine SLN (utilisation fioul, coke, etc.) 600 000 T-eq CO2 / an SMVRM l’Union Europénne sur l’énergie vient de conduire la Commis-
Usine KNS (utilisation fioul, coke, etc.) 1 030 000 T-eq CO2 / an SMVRM sion à proposer une directive imposant aux Etats-membres une
7 TOTAL métallurgie 7 728 000 T-eq CO2 / an Σ lignes 6 baisse de 20% pour 2020, qui sera portée à 30% en cas d’abou-
tissement d’un protocole mondial prolongeant celui de Kyoto.
Émissions carbonées futures
8 1 100 000 T-eq CO2 / an Lignes 1 x 5 Notre voisin, la Nouvelle-Zélande, se fixe l’objectif d’atteindre la
des autres secteurs
9 TOTAL Général 8,8 million T-eq CO2/an Lignes 7 + 8
neutralité-carbone d’ici 2050, et va développer en conséquence
d’importants programmes de maîtrise de la consommation et
Émissions carbonées futures
10 (vers 2012 ?) 36,8 T-eq CO2/an/hab lignes 9 / 1 de production d’énergies renouvelables.

A l’échéance de mise en service de ces différentes unités, 3.2.5 Une politique mondiale de prévention générant
on voit donc qu’à défaut d’une politique de prévention ou de des incertitudes pour le pays
compensation, et sans prise en compte d’éventuels puits de car- Le développement économique, et tout particulièrement l’in-
bone naturels, il semble possible d’atteindre en 2015 un niveau dustrie du nickel, qui porte la quasi-totalité des exportations du
d’environ 8,8 millions de tonnes de CO2 par an (+ 170 % par pays, va conduire à un niveau élevé d’émissions de gaz à effet
rapport à 2008), sachant par exemple que le barrage de Yaté de serre. Si l’on ramène ces émissions à la population, ce qui
ne permet d’éviter d’émettre, comparativement à une solution n’est ni dénué de sens, ni totalement satisfaisant du fait du poids
fioul, « que » 0,2 millions de tonnes de CO2 par an. A ce niveau, la particulier de l’industrie du nickel au regard de la taille du pays,
Nouvelle-Calédonie serait, en termes d’émissions per capita, très on s’aperçoit qu’en 2015, ces émissions seraient environ 13 fois
au-dessus du niveau des USA, et ses émissions pèseraient pour supérieures au seuil de 1500 kg de CO2 par être humain cité plus
environ 2,5% dans le bilan national. haut. Nous ne disposons pas d’éléments tangibles permettant
Plus généralement, il n’existe pas en Nouvelle-Calédonie de des comparaisons sur d’autres bases que la population. Si elles
plan de maîtrise des émissions de GES au sens du protocole de se maintenaient au même niveau de 2012 à 2050, les émissions
Kyoto, lequel n’est pas applicable en Nouvelle-Calédonie, dans néo-calédoniennes représenteraient en théorie plus de 6 % des
des circonstances explicitées à la fin du paragraphe 1.2.12 (note émissions nationales.
de bas de page 28). Même si ces émissions sont faibles à l’échelle de la planète,
il n’en reste pas moins que nous avons une part de responsa-
3.2.4 Un mouvement inverse à celui conduit dans les bilité dans le phénomène de changement climatique, qui va
autres pays développés durement impacter le pays, ainsi que la région Pacifique. Cette
Un niveau élevé de consensus règne, parmi les scientifiques situation nous interpelle :
ayant une compétence reconnue dans un domaine pouvant le  n termes de respect de l’environnement, valeur universelle-

éclairer les recherches sur les questions climatiques, sur le fait ment partagée par la population de Nouvelle-Calédonie ;
que, par leurs émissions de gaz à effet de serre (ou GES72) et la l en termes de relations avec les pays voisins du Pacifique ;

déforestation, les hommes dérèglent le « forçage climatique » le  n termes de droit, l’article L 229-1 du code de l’environnement

bien au-delà des compensations apportées par les phénomènes cité plus haut étant applicable en Nouvelle-Calédonie, et, plus
naturels (diminution du rayonnement solaire, stockage de CO2 généralement, la Nouvelle-Calédonie étant tenue de respecter
dans les océans et dans la biomasse, etc.). Un niveau élevé de la charte constitutionnelle de l’environnement, et les engage-
consensus règne également concernant la gravité de la situation ments internationaux pris par la France73;
planétaire induite par ce dérèglement, et concernant l’absence le  t peut-être aussi en termes financiers, car il ne faut pas exclure

de solution réaliste pouvant nous permettre de se dispenser d’un que la communauté internationale puisse à moyen/long ter-
effort généralisé de maîtrise de nos émissions. Ainsi, les scienti- me se mettre d’accord sur une taxe mondiale sur les émissions
fiques du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution de CO2, comme le propose avec insistance la France.
du climat (GIEC) demandent instamment aux gouvernements Concernant ce dernier point, le calcul suivant peut aider à cer-
de conduire des politiques permettant de rapidement ramener ner les ordres de grandeur : la « valeur tutélaire » retenue par la
les émissions mondiales à la valeur de 11 milliards de tonnes de France pour chaque tonne de carbone est de 32 € en 2010, et

71
Source : CITEPA – Rapport national d’inventaire 2007 des émissions de gaz à effet de serre en France au titre de la convention cadre des Nations-Unies sur le changement climatique.
72
par ordre décroissant d’importance pondérée au plan mondial : CO2, CH4, N2O, O3, halocarbures, SF6
73
Il n’est pas certain que la Nouvelle-Calédonie puisse rester en dehors du champ d’application du protocole qui prendra la suite de Kyoto, permettant peut-être d’ailleurs une
péréquation avec les émissions nationales. 197
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

kg ÉQUIVALENT CARBONE PAR TEP


de 100 € en 2030 (cf. tableau page suivante74). Sans tenir compte
des autres facteurs d’émission que les combustibles importés
et les usines métallurgiques, ni d’un éventuel effet, qui reste à
démontrer, de puits de carbone de la végétation terrestre ou
du phytoplancton, un niveau d’émissions, dues à l’industrie, de
l’ordre de 7,7 millions de tonnes de CO2 représenterait à court
terme (2010) environ 29 milliards de F par an, et à long terme
(2050) 92 milliards.
valeur tutélaire du co2
retenue par la France (en € par tonne)

Source : analyse en cycle de vie J.-M. Jancovici (http://www.manicore.com/documentation/serre/sansCO2.html)

de l’énergie décrit un contexte montrant que nous ne pou-


vons nous dispenser de cette réflexion : « La prospérité future
de l’humanité dépend de l’efficacité avec laquelle nous nous at-
taquerons aux deux défis énergétiques essentiels auxquels nous
sommes aujourd’hui confrontés : assurer des approvisionne-
ments énergétiques fiables à des prix raisonnables, et accomplir
une transformation rapide du système d’approvisionnement afin
qu’il devienne sobre en carbone, efficient et respectueux de l’en-
vironnement. C’est bel et bien d une révolution énergétique dont
Source : Centre d’analyse stratégique

nous avons besoin ».

3.3 L’énergie dans les transports routiers


3.3.1 Un domaine significativement énergivore
Les transports routiers représentent environ 15% des besoins en
énergie du pays, soit environ 0,63 tep par habitant. Ce chiffre
A contrario, la question de la prévention des émissions de GES est quasi-identique à celui constaté en métropole. Toutefois, en
peut aussi être présentée comme une force pour l’économie du métropole les besoins proviennent à 44% du transport de mar-
nickel en Nouvelle-Calédonie : chandises, alors qu’ici cette activité est relativement faible (les
l l e traitement sur place du minerai évite des émissions qui se- 15% précités correspondent quasi-exclusivement au gazole et à
raient entrainées par une exportation de ce minerai ; l’essence du réseau des stations service, et excluent les activités
l l a « fonte de nickel », utilisée dans certaines usines chinoises ou minières).
coréennes, relève d’une technologie semble-t-il trois fois plus
émissive que le procédé qui sera utilisé à Goro-nickel. 3.3.2 Une forte exposition en cas de poursuite
Le pays doit donc utiliser toutes les marges de manœuvre dont du renchérissement des carburants
il dispose pour limiter sa contribution au réchauffement climati- Cette forte consommation d’énergie dans les transports terres-
que, et de telles marges de manœuvre existent : tres a plusieurs causes :
ld  éveloppement des énergies renouvelables (voir tableau ci- l l es grandes dimensions et la faible densité globale du pays,

dessous) ; ainsi que l’étalement progressif de la ville. Malgré cela, le kilo-


l maîtrise de la demande en énergie ; métrage moyen annuel par véhicule est réputé faible (mais il
l i nvestissements énergétiques et métallurgiques recourant aux n’est pas évalué) ;
technologies les plus sobres ou ayant le meilleur rendement- l l e taux élevé d’équipement des ménages : 74,4 % des ména-

carbone ; ges avaient en 2004 au moins une voiture, un pick-up ou une


ls  tockage souterrain (les péridotites semblent avoir de bonnes camionnette (ISEE/TEC 2006 p122) ;
qualités pour un tel stockage) ou dans la biomasse (reforesta- l l ’offre peu satisfaisante en matière de transports en commun,

tion, culture d’algues) ; tant urbains qu’interurbains, tant en qualité qu’en densité de la
l réglementation des fréons ; desserte, en prix ou en fréquence ;
l généralisation des bilans-carbone ; le  t la faible promotion des modes « doux ».

l etc. Il n’est pas le lieu ici de faire un diagnostic sur les transports en
commun. Nous noterons néanmoins, concernant les transports
En outre, la Nouvelle-Calédonie aurait intérêt à s’intéresser aux interurbains, que la situation devrait évoluer avec la création
mécanismes internationaux de compensation. d’un nouveau service interurbain commun à la Nouvelle-Calé-
Une réflexion globale sur tous ces sujets semble indispen- donie et aux provinces Nord et Sud, et concernant les transports
sable, et il paraîtrait logique de bien dissocier les enjeux et les urbains du Grand Nouméa, qu’ils pèsent trop peu face à la voi-
politiques à conduire : ture. Ainsi, une enquête de l’ISEE conduite en 2002 sur les modes
l la mine et la métallurgie d’un côté ; de transport utilisés pour le trajet domicile/travail sur le grand
l les citoyens et les activités plus modestes de l’autre. Nouméa avait montré que la voiture représente 77% des dépla-
Le « World Energy Outlook 2008 » de l’agence internationale cements (voir graphique ci-après).

74
Cf. rapport cité en référence n°30. Le sens de cette valeur n’est pas de chiffrer un coût à imputer systématiquement aux acteurs demandant l’autorisation d’émettre des gaz contribuant au réchauffement climatique. Elle est plutôt desti-
née à évaluer l’effort que la collectivité doit globalement fournir pour tenir ses objectifs de lutte contre le changement climatique. Son niveau relativement élevé « reflète essentiellement le caractère ambitieux des objectifs européens
198 de réduction des gaz à effet de serre et la difficulté de réussir le déploiement des technologies peu émettrices sur un horizon aussi court ».
parts RESPECTIVES DES DIFFÉRENTS MODES POUR LE TRAJET TAXES SUR LES CARBURANTS 2007
DOMICILE-TRAVAIL SUR LE GRAND NOUMÉA (EN € PAR LITRE SELON TAUX DE CONVERSION ENTRE DEVISES
AU 31/12/06)

Cette situation renvoie à la qualité de l’offre en matière de


transports urbains, et à la relative cherté de ces derniers.
Prix du billet unitaire
de transports en commun(en euros) :
Source : rapport de diagnostic du plan de déplacement
de l’agglomération nouméenne p. 110

Agglomérations métropolitaines de moins de 100 000 habitants et Nouméa

IMMATRICULATIONS ANNUELLES DE VÉHICULES NEUFS


Le rapport de diagnostic du plan de déplacement de l’ag- (VP + CAMIONNETTES ET PICK-UPS)
glomération nouméenne75 établit ainsi que « le réseau routier
existant ne pourra pas supporter longtemps (la croissance) par-
ticulièrement soutenue » du trafic automobile, et qu’« il devient
indispensable d’associer à la réflexion les autres modes de transport
pour construire un système efficace, équitable et durable » : « le
manque d’anticipation (peut) conduire à une situation de paralysie
et avoir des impacts importants sur la qualité de vie et le dévelop-
pement de certains secteurs de l’agglomération, notamment en
interne a Nouméa. La redynamisation du centre-ville de Nouméa
passe par l’amélioration du système des déplacements, tous modes
confondus. »
l la proportion élevée de véhicules énergivores. Malgré l’absence de données sur la consommation kilomé-
Ce point, non précisément quantifiable, mais que tout le trique moyenne du parc automobile en circulation, on peut
monde peut constater sur les routes, s’explique par de moin- penser que, malgré la progression des motorisations diesel (53%
dres taxes à l’importation pour les pick-up «double cabine», et des nouvelles immatriculations en 2007), cette consommation
surtout par le fait qu’il est ancré dans les mentalités de relier moyenne est élevée.
statut social et possession d’une voiture imposante. On peut Toutes les causes développées ci-dessus sont parfois structu-
aussi relever que les carburants sont relativement peu chers relles, parfois seulement « potentiellement tenaces » ; mais en
et peu taxés (comparativement aux pays européens : voir ta- tous cas, la situation qui en résulte expose donc pour encore
bleau ci-dessous)76 longtemps les utilisateurs des transports individuels au renché-
Le nombre de voitures, camionnettes et pick-ups neufs im- rissement probable du coût du pétrole.
matriculés chaque année est passé de 8115 en 2001 à 12275
en 2007, soit une croissance annuelle moyenne de 7,1%. La 3.4 Le systeme électrique néo-calédonien
progression est de 18% / an pour la catégorie des pick-ups et NB : concernant les questions de desserte en électricité, voir
camionnettes (qui représentaient en 2007 le tiers des immatri- atelier 7
culations). Cela entraine automatiquement une croissance du
nombre moyen de chevaux fiscaux77. D’ailleurs, la valeur des 3.4.1 Une production électrique issue à 20% d’énergies
importations d’automobiles est passée entre 2000 et 2007 de renouvelables
16,5 à 30,4 milliards de FCFP (+84%)78. La production d’électricité est en quasi-totalité assurée par la

75
Cité en bibliographie sous le n°31, page 58
76
Au 01/07/08 : taxes de 47,7 F/litre d’essence, et 20,7 F/litre de gazole (moyenne : 34,2 F = 0,29 € / l), soit un taux moyen de taxes dans le prix final de 23,3 %.

199
77
+2,6% par an, étant entendu que la puissance fiscale n’est en fait pas un indicateur très bien adapté, puisque la puissance fiscale des VP dépend seulement du PTAC, tandis
que celle des pick-up intègre d’autres paramètres. Globalement, à poids et puissance comparable, un pick-up a une puissance fiscale moindre que celle d’une berline, si
bien que la forte hausse des importations de pick-up vient minorer la progression de la puissance fiscale moyenne. 78 Sur les 8 rubriques douanières les plus importan-
tes. Source : statistiques douanières accessibles sur www.isee.nc. Rubriques douanières 8703-2190, -2290, -2319, -2329, -2490, -3190, -3290 et -3390
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

société ENERCAL, qui dispose des installations électriques sui- d’extension du réseau ainsi que, pour les foyers les plus isolés,
vantes : des générateurs photovoltaïques. Ce fonds est alimenté par une
l l es centrales thermiques de Doniambo (160 MW ), exploitée taxe sur l’électricité, une participation des communes et une do-
79

pour le compte de la SLN, de Népoui (53 MW) et des turbines tation de l’Etat.
à combustion de Ducos (45 MW) ;
ld  es aménagements hydroélectriques de Yaté, de la Néaoua et 3.4.3 Un potentiel intéressant en énergie renouvelable
de la Tu, dont les puissances installées sont respectivement de Le Fonds de concours pour la maîtrise de l’énergie (FCME), créé
68 MW, 7,2MW et 2,2 MW. en 1989, finance une partie des opérations de promotion des
À ces six grosses unités, qui couvrent 90% de la puissance énergies renouvelables et d’utilisation rationnelle de l’énergie.
installée, viennent s’ajouter des unités de faible puissance : cen- Ce fonds est alimenté par la taxe pour les énergies renouvelables
trales diesel, microcentrales hydroélectriques, aérogénérateurs et par une participation financière de l’ADEME.
et installations photovoltaïques, installées par ENERCAL, EEC et Les gisements exploitables en énergie renouvelable ont
d’autres petits opérateurs, pour répondre aux besoins en élec- été estimés à 300 MW pour le solaire électrique, 100 MW pour
tricité des communes ou des tribus non raccordables sur réseau l’éolien, et 70 MW pour l’hydraulique. Une programmation est
interconnecté. La centrale thermique de Prony Énergie, en cours actuellement en cours (voir plus loin).
de construction, viendra prochainement compléter ces instal- Des énergies plus innovantes (hydroliennes, captation de
lations avec deux unités de 50 MW (et la possibilité d’installer 3 l’énergie de la houle, solaire thermique, énergie thermique des
unités supplémentaires). océans, culture d’algues et transformation en carburants, etc.)
La production totale était en 2006 de 1873 GWh80, dont seu- pourraient à terme être intéressantes, mais au stade actuel, elles
lement 18% d’hydraulique et 1% d’éolien. sont encore du niveau de la recherche-développement, et ne
font pas l’objet d’investissements spécifiques en Nouvelle-Calé-
production électrique en 2006 (en gwh)
donie. La stratégie adoptée est celle de la veille technologique.
Notamment, puisque, dans le monde entier, des moyens
importants de recherche sont déployés en vue de dévelop-
per l’utilisation des énergies renouvelables, que les coûts des
équipements diminuent et que les rendements s’améliorent,
le gouvernement vient de commander à l’IRD une importante
étude sur l’énergie, intitulée « expertise collégiale », qui sera
conclue fin 2009. Entre autres, les nouvelles filières énergétiques
renouvelables les plus prometteuses seront identifiées, ce qui
aidera à la programmation pluriannuelle des investissements sur
le moyen-long terme.
Le développement de nouvelles filières énergétiques serait
source de création d’emplois et de développement économique
local. C’est le cas de l’opération TEP VERTES, avec la participation
3.4.2 Une distribution publique qui ne représente du 9ème fond européen de développement (FED), lancée en
qu’une modeste proportion des besoins totaux octobre 2006. Ce projet de coopération concerne les trois Pays
en électricité et Territoires outre-mer du Pacifique la Polynésie française, Wallis
La SLN consomme près des deux tiers de l’électricité produite, et et Futuna et la Nouvelle-Calédonie. La coordination de ce projet
la prochaine mise en service de nouvelles unités de production a été confiée à la Nouvelle-Calédonie, chef de file de ce projet.
de nickel va conduire à fortement augmenter la proportion de la
consommation dédiée au secteur de la métallurgie ; la maîtrise 3.4.4 Un outil nouveau : la programmation pluriannuelle
de la puissance publique sur cette augmentation est relative- des investissements
ment limitée. La construction de nouvelles unités de production d’énergie
La production de Yaté est, par contrat courant jusqu’en 2011, électrique relève de l’initiative privée, mais doit répondre aux
réservée à la SLN, à l’exception de 37 GWh par an destinés à la objectifs d’intérêt général fixés par la puissance publique en
distribution publique (soit environ 12% de sa production 2006). matière de « système électrique » (production - transport - dis-
A contrario, 8% environ de la production de la centrale thermi- tribution). Ces objectifs sont :
que de Doniambo alimentent la distribution publique. l la sécurité d’approvisionnement en énergie primaire ;

En 2007, la consommation électrique de la distribution publi- l la sureté d’alimentation des réseaux publics d’électricité ;

que a totalisé 633 GWh, ce qui représente le tiers environ de la l la réduction de la dépendance énergétique ;

production totale. Le taux de croissance actuellement constaté l le prix compétitif de l’énergie ;

de la demande en énergie électrique sur le réseau public est l l a protection de l’environnement et la lutte contre l’effet

de 5% par an, ce qui est très élevé. Malgré cela, la part va bais- de serre.
ser dans les années à venir, par le simple fait de l’augmentation Pour encadrer l’initiative privée, la Nouvelle-Calédonie envisage
des besoins de la métallurgie. Le réseau alimente l’essentiel de d’adopter un outil nouveau : la « programmation pluriannuelle
la consommation domestique et des usages économiques plus des investissements » (PPI). Cette programmation va fixer, en
usuels (tertiaire, irrigation, petite industrie, etc.). fonction d’une certaine hypothèse de développement de la
Hors pertes en ligne, le reste de la production est destiné à la demande à horizon 2015, la part que prendra chaque filière
population non raccordée au réseau. Le Fonds d’électrification d’énergie dans la réponse à cette demande.
rurale (FER), créé en 1983, subventionne en partie les travaux Un projet de délibération relatif à cette PPI vient d’être trans-

79
Unité de puissance électrique : 1 MW = 1 mégawatt = un million de watts = mille kilowatts (1000 kW). C’est par exemple la puissance de 10 000 ampoules de 100 watts
80
Unité de consommation électrique : 1 GWh = 1 gigawatt-heure = un million de kilowatt-heure (kWh), soit par exemple la consommation de 10 000 ampoules de 100 W pendant 1000 heures, soit 42 jours
200
mis au congrès, retenant les objectifs suivants pour 2015 (en Les campagnes de sensibilisation semblent globalement
MW) : insuffisantes, de même que les politiques incitatives ou coerci-
l Hydroélectrique : + 15 MW (5,3%) tives83. Les 10 GWh par an de MDE cités ci-dessus représentent
l Photovoltaïque : + 18 MW (6,3 %) 0,25 % de la demande ; cet objectif est très bas comparativement
l Éolien : + 42 MW (14,7 %) aux objectifs que se fixent habituellement les pays développés.
l Charbon + 210 MW (73,7 %) Sur proposition du gouvernement, la création en 2008 d’un
Le recours aux énergies fossiles reste prépondérant pour garantir observatoire de l’énergie apportera progressivement de la lisi-
la sécurité d’approvisionnement de l’industrie métallurgique. Par bilité pour permettre aux décideurs politiques d’adopter des
ailleurs, les règles observées en matière d’insertion des énergies orientations efficientes dans ce domaine.
renouvelables dans le système électrique sont de 1 mégawatt
de « back up » en puissance thermique pour 1 mégawatt de ca- 3.4.6 Un prix de l’électricité réglementé
pacité installée en énergies renouvelables. Le « back up » consiste Les prix de vente, fixés par arrêtés du gouvernement, visent à
à prévoir une capacité thermique en doublon des capacités en être supportables pour le consommateur final. Les tarifs régle-
énergies renouvelables : l’objet est de garantir la sécurité d’appro- mentés comportent une part fixe (l’abonnement en FCFP / kW)
visionnement. En effet, les nouveaux équipements en énergies et une part proportionnelle à l’énergie consommée (en FCFP /
renouvelables à venir vont, du fait du caractère intermittent de kWh). Les tarifs applicables à la vente d’électricité sont classés
ces énergies, être moins productifs que les équipements fossiles par catégorie d’usages, favorisant notamment certains usages
qui seront utilisés en quasi-permanence : professionnels (notamment dans les secteurs du tourisme, de
Nouveaux besoins relevant des nouvelles unités de produc- l’aquaculture et de l’irrigation). L’ensemble de ces tarifs constitue
tion : 2211,1 GWh. la grille tarifaire.
Dont charbon : 2011,1 GWh (91,2 %)
Dont énergies renouvelables : 180 GWh (8,8%) PRIX POUR LA PÉRIODE DU 1ER AOÛT 2008 AU 31 JANVIER 2009
Pour mémoire : hypothèse retenue pour la
MDE81 : 10 GWh
PRIX RISTOURNE
La mise en œuvre de cette programmation TARIFS STRUCTURE ACTUALISE INDUSTRIELLE RISTOURNE HOTELIERE
passe ensuite par divers outils favorisant les in- FCFP ou AQUACOLE
vestissements rentrant dans la PPI :

Source : www.eec.nc/facturep2.asp (tarifs fixés par l’arrêté n° 2006-433/GNC du 16 février 2006)


l l a définition de règles techniques de raccor-
BT-UD 4329 (1)
Puissance souscrite en F/ KVA/ AN
dement des nouveaux opérateurs au réseau ; <= 3,30 kVA
Puissance souscrite en F/ KVA/ AN 5 411
l l a définition d’un tarif de rachat pour l’élec- > 3,30 kVA
tricité d’origine renouvelable (et non plus Energie en F/Kwh consommé
31,30
seulement pour l’éolien comme cela était le
cas depuis 2003) ; BT-UP 10 076 9522 6670
Puissance souscrite en F/KVA/ AN
l l a définition de règles de péréquation finan-

cière entre opérateurs, notamment dans Energie en F/Kwh consommé 21,37 20,19 14,15
l’objectif de rendre viable pour eux le principe
ECLAIRAGE PUBLIC Energie en F/Kwh consommé 29
d’égalité du prix de vente de l’électricité en
tout point de l’archipel, malgré les différences PETITES UTILISATIONS Forfait mensuel 1760
de prix de revient (l’atelier n’a pas pu disposer
d’un bilan des différents prix de revient sui- PETITES UTILISATIONS RURALES Forfait mensuel 3 016
vant les sources d’énergie). dont branchement 1255
ld  es appels à projets en cas d’absence d’initia-
(1) NOTA: le prix de la puissance souscrite sera calculé par mensualité arrondie au franc le plus proche
tive privée suffisante.
La PPI est révisée périodiquement en fonction de l’évolution des Les tarifs aidés accordés à certains usages professionnels in-
besoins énergétiques de la Nouvelle-Calédonie. Elle est révisée fluencent les décisions d’équipement dans un sens parfois
également en fonction de l’évolution de la connaissance des non-optimal : le bénéfice tiré de ces aides peut être inférieur
ressources disponibles sur le territoire et des avancées techno- au surcroit de prix de revient supporté par l’ensemble des
logiques. consommateurs (cas des cuisines de restaurant équipées en
tout électrique).
3.4.5 L’importance d’une meilleure maîtrise On constate enfin que, pour tenir compte des usagers à faibles
de la demande en énergie ressources, les tarifs de l’électricité ont peu été modifiés ces der-
Le taux de croissance de la demande en électricité sur le réseau nières années, alors que les prix de revient ont été fortement
public est rapide, de l’ordre de +5% par an, et le comportement impactés par la hausse mondiale du prix de l’énergie ; le déficit a
peu vertueux des consommateurs renforce la dépendance jusqu’ici été comblé par des aides versées par la Nouvelle-Calé-
énergétique du pays. Pourtant, la maîtrise de la demande en donie, notamment à Enercal.
électricité, et plus généralement la maîtrise de la demande en
énergie est un sujet très stratégique, car constituant « la solu-
tion durable au problème des coûts croissants de l’énergie pour
les consommateurs, et notamment pour les ménages les plus dé-
munis, particulièrement exposés au renchérissement des énergies
fossiles »82.

81
MDE : maitrise de la demande en électricité
82
selon les termes du projet de loi dit « Grenelle » (art. 2)
83
Tel que cela peut être pratiqué ailleurs : aides aux chauffe-eau solaires, obligation d’une étiquette énergie pour l’électroménager, aides financières ou fiscales tenant
compte de la performance des appareils, normes d’isolation thermique, etc. 201
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

BLOMME Steven, Lycée Agricole de Pouembout


Annexe I BOUGAULT Daniel, Société Immobilère de Nouvelle-Calédonie
BOYEAU Yann-Eric, DTSI
Rappel du mandat de l’atelier CARRASCO Doris, Union des Secteurs Généraux du Comm.
et de l’Industrie (COGETRA)
Pour préparer l’expression des « orientations fondamentales CHAMBON Bernard, DAVAR
en matière (…) d’environnement » qui devront à terme figurer CHENE Sébastien, services de la Météorologie
dans le schéma, l’atelier devra formuler un diagnostic relatif aux COLIN Fabrice, Institut de Recherche pour le Développement
grands enjeux environnementaux, relevant de l’échelle globale (IRD)
de la Nouvelle-Calédonie. CORNAILLE Martine, Association Ensemble pour la Planète
La question devra porter sur l’environnement pris au sens (EPLP)
large, incluant le cadre de vie des néo-calédoniens : milieux na- COSTA Robert, Établissement de Régulation des Prix Agricoles
turels (biodiversité, paysages), pollutions (déchets, air, eau, bruit, (ERPA)
assainissement), ressources naturelles (forêts, eau), etc. CREUGNET Bernard, Confédération Générale
Nous pouvons par exemple identifier, sur ces thèmes, des in- des Petites et Moyennes Entreprises
terrogations telles que : DAUSSY Nathalie, DJS
lq  uelle est la relation des populations avec le milieu naturel et d’AUZON Jean-Louis, Association pour la Sauvegarde
leur cadre de vie ? de la Nature Néo-Calédonienne
l quelles sont les attentes sociales ? DE VIVIES Patrick, collaborateur d’un membre
lq  uels atouts environnementaux sont valorisés et lesquels sont du gouvernement
à valoriser ? DELRIEU Marc-Henry, élu de la commune de La Foa,
lq  uelle sont les menaces globales, actuelles ou futures, pouvant président La Foa Tourisme
conduire à des dégradations inacceptables ? DOWNER Ahab, WWF Nouvelle-Calédonie
lc  ompte-tenu de ces menaces, et notamment de certains des FABRE Adeline, DIMENC
effets du développement économique, la gestion de l’environ- FOHRINGER Guy, Association Ensemble pour la Planète (EPLP)
nement84, parait-elle globalement adaptée ? FORREST Joseph, conseiller de la présidence de la province
lq  uels principes généraux sont appliqués ? des îles Loyauté
85

Ces questions étant structurantes au plan mondial, et étant appe- GERAUX Hubert, WWF Nouvelle-Calédonie
lées à avoir des répercussions très concrètes pour la population GOARANT Anne-Claire, direction de l’Environnement
calédonienne, l’atelier devra également formuler un diagnostic de la province Sud (DENV)
sur la question de l’approvisionnement et de la consommation GOURMELEN Morgan, Société d’Equipement
énergétiques en Nouvelle-Calédonie, et sur celle des émissions de Nouvelle-Calédonie (SECAL)
contribuant au réchauffement climatique : où en est-on sur ces GOVAN François, SMSP - Syndicat des Industries de la Mine
thèmes, et vers quoi irait-on si l’on maintenait les orientations (SIM)
actuelles ? GRAS Anne, chef de mission Légistique au sein
Les réflexions de l’atelier porteront également sur des services du gouvernement
l l a prévention des risques naturels (cyclones, inondations, glis- GUILLARD Frédéric, DTSI
sements de terrains, tsunamis, érosion littorale, etc.) et des HANNEQUIN Serge, services de la province Nord (DSASE)
effets du réchauffement global, ainsi que sur les efforts mis en HEO Nadia, élue de l’assemblée de la province Nord
place en matière de sécurité civile ; HEO Alain, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique (ASEE)
l les loisirs et activités, et la vie associative. HERBY Stéphane, Fédération des Industries
de Nouvelle-Calédonie (FINC)
HIRZEL Franck, SIVU des Eaux & Syndicat
de communes déchets du Grand Nouméa
Annexe II HOFFMANN Charlotte, services de la commune de Nouméa
HOUMBOUY Daniel, services de la province des îles Loyauté
Membres inscrits à l’atelier JANDOT Bernard, Confédération Générale des Petites et
Moyennes Entreprises
AJAPUHNYA Philippe, chargé de mission, JULIA Michel, Association ACH - Collectif Handicaps
présidence de la province des îles Loyauté KUNTZMANN Nathalie, services de la province Nord (DASS-
ALUZE Claire, Cellule de Coordination du contrat PN)
d’Agglomération, mairie de Nouméa LEBOLE Michelle, services de la province des îles Loyauté
ANGUE Jean-Claude, Chargé de mission Recherche (DEA)
et Technologie du Haut-commissariat LEPEU Ghislaine, élue de la commune de Poindimié
ARNOULD Dominique, USOENC LEVACHER François, Association Ensemble pour la Planète
BABIN Eric, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (EPLP)
BARRE Nicolas, Institut Agronomique néo-Calédonien LEVEQUE Sonia, élue de la commune de Pouembout
BEGAUD Jean, Société Néo-Calédonienne d’Energie (ENERCAL) LOUBERSAC Lionel, IFREMER
BERGER François, Société d’Eau et d’Electricité de Calédonie MADEMBA-SY François, services de la province Sud (DDR)
(EEC) MAGNIER Yves, Océanographe, ancien membre
BEYNEY Gilles, parti politique LMD du gouvernement

84
Cette gestion comprend par exemples les diverses règlementations (installations classées, déchets, espèces protégées, parcs et réserves, captages d’eau, etc.), mais également la réalisation d’équipements (déchets, assainissement,
etc.), les efforts d’amélioration des connaissances et les observatoires de toutes natures, l’élaboration et mise en œuvre de stratégies sectorielles, la protection foncière, la sensibilisation et l’information du public, la surveillance et la
202 politique répressive, la restauration de milieux dégradés, les aides financières aux comportement vertueux, etc.
85
Tels que, par exemple les 5 principes constitutionnels de la « charte de l’environnement » : pollueur-payeur, prévention des impacts à la source, participation du public, précaution, accès du public aux informations
environnementales
MAPERI Alexandre, services de la province Nord (DAF)
MARQUIS Manuel, Association de Surveillance Annexe III
de la Qualité de l’Air (Scal-Air)
MARTY Carmen, USOENC Bibliographie
M’BOUERI Jean-Guy, sénateur coutumier
MONNERET Armelle, Syndicat des Commerçants 1. Schéma d’aménagement et de développement de la
MORVAN Bastian, DIMENC Nouvelle-Calédonie – État des lieux - Haut-commissariat de
NEDJIARA Eugénie, élue de la commune de Koné la République en Nouvelle-Calédonie - gouvernement de la
NEWLAND Serge, Secrétaire général de la province Sud Nouvelle-Calédonie – Mai 2002
NGAZO Moïse, Association Calédonienne 2. Le développement durable en Nouvelle-Calédonie – Don-
des handicapés (ACH) nées juridiques et politiques – Céline Martini – Mai 2006
OHLEN Isabelle, membre du congrès, 3. 101 mots pour comprendre l’environnement de la Nou-
élue de l’assemblée de la province Sud velle-Calédonie – Ouvrage collectif sous la direction de
OUDARE Gisèle, élue de la commune de Koné & services Bernard Capecchi – Juillet 2006
de la province Nord 4. L ivre Bleu-Vert, initiative citoyenne pour l’homme et la na-
PASCO Gérard, Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Calédonie ture – Collectif « Ensemble pour la planète » – Septembre 2006
PETERSEN Edna, Féd. des Synd. des Fonctionnaires, 5. Le droit de l’environnement en Nouvelle-Calédonie - état
Agents et Ouvriers de la FP des lieux et perspectives – Actes du colloque de novembre
POILVE Gilles, SLN - Syndicat des Industries de la Mine (SIM) 2006 publiés par la revue juridique de l’environnement
POINRI Robert, groupement agricole des producteurs 6. Revue Juridique Politique et Économique de Nouvelle-
de la côte Est, membre du CES Calédonie – Dossier « La rencontre de l’Océanie et de
POUITYELA Roger, services de la province Nord (DDE-E) l’Occident, pour la construction d’un droit calédonien de
POUYE Lady, services de la province Nord (DDE-E) l’environnement » – n° 11/ 2008/1 – Juin 2008
QUINTARD Michel, membre des Conseillers 7. Vers un outre-mer exemplaire – Plan d’action ultramarin du
du Commerce Extérieur Français (CCEF) Grenelle de l’environnement – Octobre 2007
RAMBAUD Nicolas, Calédonienne de Services Publics 8. Stratégie nationale pour la biodiversité – Plan d’action de
(CSP) & MEDEF la Nouvelle-Calédonie - Ministère de l’outre-mer – Septem-
REIX Véronique, Agence de l’Environnement bre 2006
et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) 9. Changement climatique et biodiversité dans l’outre-mer
RICHERT Clément, Association Ensemble pour la Planète européen – Dossier pour la conférence co-organisée par
(EPLP) l’UICN, la région Réunion et l’ONERC à Saint-Denis de La
RIVATON Adrien, ADECAL Réunion du 7 au 11 juillet 2008
ROBINET Fabrice, Agence d’Urbanisme 10. Lettre ouverte au Directeur du Centre IRD de Nouméa
et d’Aménagement de la province Sud (AD’UA) – Bertrand Richer de Forges – 22 mars 2007
SARRAMEGNA Valérie, Université de Nouvelle-Calédonie 11. Le domaine forestier privé de la Nouvelle-Calédonie -
SEREMELE Tony, chargé de mission au groupe UC du congrès État des lieux et possibilités d’amélioration de sa gestion
SOTTER Emmanuel, Elu CHSCT - Centre Hospitalier - Étude pour le compte du gouvernement de la Nouvelle-
Spécialisé Albert Bousquet (CHS) Calédonie - ECO-Conseil & Institut Européen pour le Conseil
SPAGGIARI Jérôme, programme néo-calédonien en Environnement – Mai 2006
de « Conservation International » 12. Threatened plants of New Caledonia – Is the system of
SUZANNE Sandrine, SEFPNC protected areas adequate ? Tanguy Jaffré, Philippe Bou-
TALAMONA Roger, Association Ensemble pour la Planète chet and Jean-Marie Veillon, ORSTOM – Revue Biodiversity
TALEM Xavier, DAVAR & APICAN and Conservation 7, pp 109 à 135 – 1998
TUHEIAVA Luc, élu de la commune de Païta 13. Analyse écorégionale marine de Nouvelle-Calédonie
VANHOYE Christine, Centre d’Initiation – Compte-rendu de l’atelier d’identification des aires de
à l’Environnement en Nouvelle-Calédonie (CIE) conservation prioritaires – WWF – Août 2005
VILLISECK Monique, Collectif Handicaps 14. Les lagons de Nouvelle-Calédonie – Diversité récifale et
en Nouvelle-Calédonie écosystèmes associés – Dossier de présentation en vue de
VION Pierre-Yves, service d’Etat de l’Agriculture, l’inscription sur la liste du patrimoine mondial UNESCO au
de la Forêt et de l’Environnement (DAFE) titre d’un bien naturel – Janvier 2007
15. Les lagons de Nouvelle-Calédonie – Diversité récifale et
Secrétariat : écosystèmes associés – Rapport au Comité du patrimoine
KERJOUAN Roger, service de l’aménagement mondial – UICN – Mai 2008
et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie 16. Atlas des mangroves de Nouvelle-Calédonie – ZONECO
CHARDIN Olivier, KPMG – Sabrina Virly – Janvier 2008
17. Les espèces envahissantes dans l’archipel néo-calé-
donien – Expertise collégiale réalisée à la demande du
gouvernement et des collectivités Octobre 2006
18. Espèces exotiques envahissantes dans les collectivités
françaises d’outre-mer, état des lieux et recommanda-
tions – Yohann Soubeyran, UICN – Juillet 2008

203
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 6
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Environnement etet
cadre
égalité
de vie
des chances

19. Nickel
 2010 en Nouvelle-Calédonie – Actes du colloque Gestion de l’eau :
international organisé les 7 et 8 juillet 2005 par l’USOENC lNC : délibération n° 105 du 9 août 1968 réglementant le
20. N
 ouvelle-Calédonie Nickel 2010 : une nouvelle ère régime et la lutte contre la pollution des eaux en Nou-
industrielle – étude du Cabinet Syndex sur les impacts velle-Calédonie ; délibération n° 238/CP du 18 novembre
économiques, sociaux et environnementaux du dévelop- 1997 portant délégation des gestions des cours d’eau aux
pement du nickel, préparatoire au colloque international provinces Nord et Sud ; délibération n° 110 du 24 juillet 1985
Nickel 2010 - juillet 2005 définissant la forme et la procédure d’instruction des deman-
21. Projet de schéma de mise en valeur des richesses des d’autorisation d’usines hydrauliques
minières - Version 5.0 adoptée par le gouvernement de Produits phyto-sanitaires :
la Nouvelle-Calédonie le 12 août 2008 – DIMENC – Juillet lN C : Délibérations n° 112 et 113/CP du 18 octobre 1996

2008 relative respectivement au contrôle sanitaire des végétaux ou


22. Synthèse des assises de l’eau – assises organisées à Nou- produits végétaux à l’importation ou à l’exportation ; et aux
méa du 19 au 23 mai 2008 – Conseil économique et social teneurs maximales en résidus de pesticides admissibles sur
de la Nouvelle-Calédonie – AFD – ADECAL – Octobre 2008 ou dans certains produits d’origine végétale ; délibérations
23. Appui à la définition d’une meilleure politique de gestion n° 334 et 335 du 11 août 1992 relatives à la protection des
des cours d’eau en Nouvelle-Calédonie – Rapport de végétaux et aux produits phytosanitaires à usage agricole
mission établi pour le compte du gouvernement de la Lutte contre les espèces envahissantes :
Nouvelle Calédonie – Roland Lazerges / Conseil général lN C : Délibération n° 238 du 15 décembre 2006 relative à la

de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux biosécurité aux frontières internationales de la Nouvelle-Calé-
– Janvier 2008 donie ; arrêtés du 23 octobre 2007, n° 2007-4899/GNC relatif
24. Livre bleu, enjeux et orientation du schéma provincial aux organismes nuisibles végétaux en Nouvelle-Calédonie et
de gestion des déchets en province Sud – province Sud & n° 2007-4901/GNC modifiant la délibération n° 112/CP du 18
ADEME – Avril 2006 octobre 1996 relative au contrôle sanitaire des végétaux ou
25. Le transfert de compétence à la Nouvelle-Calédonie en produits végétaux à l’importation ou à l’exportation
matière de sécurité civile – Étude réalisée à la demande du lP S et PN : Délibérations n° 214-2005/APN du 2 sept. 2005 et

gouvernement par le Professeur Jean Viret – 13 août 2008 n° 21-2006/APS du 13 juin 2006 relative à la lutte contre la dis-
26. Les risques naturels et leur gestion en Nouvelle-Calédo- sémination de l’espèce envahissante miconia calvescens
nie – Analyse, bilan des actions et propositions – Rapport Gestion des déchets :
de Gérald Garry, direction générale de l’urbanisme de lN C : Loi du pays n° 2003-3 du 27 mars 2003 instituant une

l’habitat et de la construction (ministère chargé de l’équipe- taxe de soutien aux actions de lutte contre les pollutions,
ment) – Février 2005 et délibération n° 365 du 3 avril 2003 portant création d’un
27. Mission d’évaluation des incendies de brousse en Nou- fonds de soutien aux actions de lutte contre les pollutions ;
velle-Calédonie – Colonel Axel Bousses, direction de la délibération n° 105/CP du 14 novembre 2002 relative à la
défense et de la sécurité civile – Janvier 2005 gestion des déchets d’activités de soins et assimilés ainsi que
28. Évaluation probabiliste de l’aléa sismique de la Nouvelle- des pièces anatomiques
Calédonie – BRGM – janvier 2008 lP S : délibération n° 01-2008/APS du 10 avril 2008 instaurant

29. Impacts du réchauffement global en Nouvelle-Calédonie une gestion responsable des déchets en vue de la protection
– Météo-France – Octobre 2006 de l’environnement, et ses textes d’application n°02 à 06-
30. La valeur tutélaire du carbone- Rapport au premier mi- 2008/APS relatifs respectivement aux pneumatiques usagés,
nistre de la commission présidée par Alain Quinet – Centre piles et accumulateurs usagés, accumulateurs usagés au
d’analyses stratégiques – Juin 2008 plomb, huiles usagées, et véhicules hors d’usage
31. Rapport de diagnostic du plan de déplacement de l’ag- lP IL : délibérations n° 2007-60 et 61/API du 30 août 2007

glomération nouméenne – Syndicat intercommunal du relatives à l’élimination respectivement des huiles usagées et
Grand Nouméa – février 2008 des batteries usagées
lP N : délibération n° 59-2006/APN du 14/04/2006 relative à

Pour mémoire : références juridiques l’élimination des huiles usagées


Textes de portée générale : ICPE :
lC  harte de l’environnement – Loi constitutionnelle n° 2005- l PS : Délibération n° 14 du 21 juin 1985

205 du 1er mars 2005 l PN : Délibération n° 52-2005/APN du 15 avril 2005

l l iste des principales conventions internationales environne- l PIL : Délibération n° 90-65/API du 20 juillet 1990

mentales concernant la NC – Site internet www.juridoc.gouv. Risques et sécurité civile :


nc, rubrique Le droit / autres textes / environnement lO rdonnance n°2006-172 du 15 février 2006 portant actualisa-

CCE : tion et adaptation du droit applicable en matière de sécurité


lD  élibération n° 155 du 9 janvier 2006 relative au comité civile en Nouvelle-Calédonie
consultatif de l’environnement lD élibération de l’Assemblée Territoriale no 591 du 1er dé-

Domaine public : cembre 1983 relative à l’assurance obligatoire des travaux de


lL  oi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine bâtiment
public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des provinces
Espèces protégées, chasse, pêche :
l ( pour mémoire : nombreux textes)

204
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

7
Atelier 7
Organisation spatiale – services
à la population et activités
Président
Monsieur André Gopoéa,
maire de Ponérihouen

Décembre 2008

205
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7

du diagnostic
Organisation spatiale -
services à la population et activités

Résumé
L’accès aux services et activités est un paramètre important au regard de la qualité de vie et
de l’attractivité des territoires.

On remarque un bon niveau global des infrastructures en Nouvelle-Calédonie. Les infrastructures


routières, portuaires et aéroportuaires sont de bonne qualité. Les infrastructures de santé sont
nombreuses. De même, il existe de nombreux établissements scolaires, équipements sportifs,
commerces…

Cependant, ce bon niveau général ne doit pas cacher de nombreuses disparités à l’échelle du
territoire. Les infrastructures de taille importante (santé, éducation…) sont la plupart du temps
localisées dans les communes du grand Nouméa qui constituent le principal pôle d’emplois et
concentrent donc une grande part de la population.

Des services à caractère essentiel manquent dans l’intérieur et dans les îles. Si globalement la
couverture en eau s’est améliorée, 16% de la population n’a pas encore accès à l’eau courante,
essentiellement sur les cinq communes insulaires, et sur certaines communes rurales,
principalement sur la côte est. Le même type de constat peut être fait concernant l’accès à
l’électricité et aux télécommunications (téléphonie fixe et mobile et internet). La gestion des
déchets est très lacunaire et le retard dont souffre globalement la Nouvelle-Calédonie en la matière
est préoccupant. De même, les équipements d’assainissement sont quasi-inexistants.

Les services ne sont pas accessibles à tous (personnes enclavées géographiquement, handicapées,
âgées…).

Sur un territoire vaste et faiblement peuplé, on ne peut viser une forte densité des services : les
transports ont alors un rôle très stratégique à jouer pour permettre au plus grand nombre d’ac-
céder à différents types de services (enseignement, santé, démarches administratives, commerce,
etc.) ainsi qu’à l’emploi. Seul le développement d’un service de transport fiable, accessible à tous
et attractif, permettra un désenclavement réel des populations Or on constate aujourd’hui une
offre de service de transport en commun peu développée, chère et de faible qualité de service.
Une amélioration globale est indispensable en matière de périodicité, de qualité, de prix, et de
cohérence intermodale.

0206
206
Sommaire
1. Introduction ............................................................................................................................................................... 209

2. Services à la personne ........................................................................................................................... 209


2.1 Une qualité des services rendus perçue comme insuffisante ............................................... 209
2.2 Les services liés à la santé ............................................................................................................................. 209
2.2.1 Des compétences éclatées en matière de santé ............................................................... 209
2.2.2 Un rôle important des provinces .................................................................................................. 209
2.2.3 De nombreuses infrastructures de santé… ............................................................................ 209
2.2.4 … mais des offres de soin disparates en fonction des communes ..................... 210
2.2.5 Une densité médicale assez importante .................................................................................. 210
2.2.6 Un personnel formé mais pas assez nombreux ................................................................. 212
2.2.7 Un coût de la santé considérable ................................................................................................. 212
2.3 Les services liés à l’enfance et à l’éducation .................................................................................... 213
2.3.1 Services liés à la petite enfance (crèches, garderies…) ................................................ 213
2.3.2 Les services liés à l’éducation ......................................................................................................... 214
2.4 Les services contribuant au bien-être de la population ........................................................... 220
2.4.1 Services culturels ....................................................................................................................................... 220
2.4.2 Services liés à la pratique des sports et loisirs ................................................................ 220
2.4.3 S ervices offerts par les agences
de l’Office des Postes et Télécommunications .................................................................. 223
2.4.4 Les principaux commerces ................................................................................................................. 224
2.4.5 Les lieux de culte ...................................................................................................................................... 230
2.5 D
 es services à la personne ne compensant pas assez
les risques d’exclusion ....................................................................................................................................... 230
2.5.1 D
 es services aux personnes handicapées insuffisants et pas toujours
adaptés à la compensation des conséquences du handicap .................................. 230
2.5.2 Des services aux personnes âgées à développer ............................................................. 231

3. Services liés à l’habitat ......................................................................................................................... 232


3.1 L’accès à l’eau ............................................................................................................................................................ 232
3.1.1 Une ressource en eau inégalement répartie
à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie ........................................................................................... 232
3.1.2 Une population ayant un très bon accès à l’eau… .......................................................... 233
3.2 L’accès à l’électricité............................................................................................................................................... 233
3.2.1 Une bonne couverture en électricité… ....................................................................................... 233
3.2.2 … grâce à un important programme d’électrification .................................................... 233
3.2.3 … mais un archipel étendu et des populations dispersées ..................................... 234
3.2.4 … et des besoins qui évoluent ....................................................................................................... 234
3.3 L’accès aux télécommunications ................................................................................................................. 234
3.3.1 Le raccordement des ménages à une ligne téléphonique fixe ............................... 235
3.3.2 Les personnes possédant un terminal mobile ................................................................... 236
3.3.3 Les ménages ne possédant ni fixe ni mobile ..................................................................... 236
3.3.4 La couverture de la Nouvelle-Calédonie en cabines téléphoniques .................. 237
3.3.5 Une forte croissance de l’usage d’internet ........................................................................... 238
3.4 Le traitement des déchets et l’assainissement ............................................................................... 240
3.4.1 La collecte et le traitement des déchets ................................................................................. 240
3.4.2 Un réseau d’assainissement très insuffisant ....................................................................... 242

0207
207
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

4. Distribution territoriale de l’activité ........................................................................................... 243

5. Les transports ....................................................................................................................................................... 244


5.1 Des infrastructures de qualité… ................................................................................................................... 244
5.1.1 Environ la moitié des routes de Nouvelle-Calédonie sont revêtues … .............. 244
5.1.2 …ce qui n’empêche pas d’énormes problèmes de sécurité routière .................. 244
5.1.3 D
 es possibilités d’amélioration relativement limitées
sur les transports terrestres .............................................................................................................. 245
5.1.4 Des insfrastructures modernes pour les transports maritimes… ........................... 245
5.1.5 … et les transports aériens ................................................................................................................ 246
5.2 … mais une offre de service insuffisamment développée ....................................................... 247
5.2.1 Une offre inadaptée en matière de transports en commun ...................................... 247
5.2.2 Un cruel déficit d’image du transport en commun ......................................................... 248
5.2.3 Des coûts élevés pour l’usager des transports en commun ................................... 248
5.2.4 Des transports maritimes peu réguliers .................................................................................. 248
5.2.5 Des transports aériens indispensables mais coûteux .................................................. 249
5.3 Des lacunes en matière de coordination et un manque de ressources ....................... 249
5.3.1 Un manque cruel de financements .............................................................................................. 249
5.3.2 U ne nécessaire mutualisation des moyens
au sein d’un même mode de transports ................................................................................ 249
5.3.3 Une nécessaire coordination entre moyens de transport .......................................... 249
5.3.4 Un besoin d’initiatives en matière de transports alternatifs ................................... 250

Annexe I Localisation des plateaux sportifs et salles omnisport ................................................................ 251


Annexe II Flux de passagers au départ de Magenta en 2007 ...................................................................... 252
Annexe III Flux de passagers à l’arrivée de Magenta en 2007 .................................................................... 252
Annexe IV Rappel du mandat de l’atelier ..................................................................................................................... 253
Annexe V Membres inscrits à l’atelier .............................................................................................................................. 253
Annexe VI Bibliographie ............................................................................................................................................................. 254

208
1. Introduction
Les infrastructures et les équipements nécessaires aux services à la un territoire aussi peu dense que la Nouvelle-Calédonie, les in-
population et à l’activité économique sont des thèmes sur lesquels frastructures ont un rôle déterminant sur l’organisation spatiale
le futur schéma d’aménagement et de développement de la Nou- et sur les échanges géographiques et humains.
velle-Calédonie doit définir des « orientations fondamentales », en Le mandat de l’atelier a conduit à traiter successivement :
poursuivant l’objectif de développement équilibré du territoire. l l a distribution territoriale des principaux services normalement

Une réflexion est donc menée sur l’accès aux services et ac- associés à l’habitat (eau, électricité, téléphone ou GSM, collecte
tivités, car ce paramètre est important vis-à-vis de la qualité de de déchets, routes, transports publics) ;
vie et de l’attractivité des territoires. La finalité poursuivie par l l es conditions d’accès aux principaux services de proximité

un effort d’amélioration de l’accès aux services et activités est (commerces, santé, éducation, culture, sports, loisirs, poste,
à la fois de dynamiser le développement, de mieux répartir ses banques, etc.) ;
retombées et de contribuer au maintien des populations. Sur l la distribution territoriale de l’activité économique.

2. Services à la personne
2.1 U
 ne qualité des services rendus l’enseignement primaire public et du fonctionnement des
perçue comme insuffisante collèges soit indirectement, par l’intermédiaire du budget
La qualité des services rendus par les services publics semble de la Nouvelle-Calédonie, au titre de la santé et de l’ensei-
parfois problématique, même si ces derniers sont présents par- gnement public (Article 181, III). En outre, l’enseignement
tout en Nouvelle-Calédonie. Les principaux reproches faits aux supérieur, avec en particulier la formation des médecins et
services publics touchent : la recherche scientifique, reste de la compétence de l’État, de
là l’organisation de l’offre de service : disponibilités horaires trop même que la santé scolaire.
réduites, accueil parfois peu chaleureux, attentes souvent lon-
gues, absence d’information pour mieux aiguiller l’administré, 2.2.2 Un rôle important des provinces
agents parfois peu motivés et n’ayant pas ou peu la culture du Par délégation, les provinces organisent leurs systèmes de soins,
service public. Ces problèmes de qualité du service public sem- leurs politiques sanitaires et de prévention et leurs approvi-
blent liés parfois à un manque de compétences des agents au sionnements. Elles attribuent l’aide médicale en prenant des
poste occupé et à un manque de moyens en infrastructures, délibérations d’application de la délibération cadre du congrès
en équipement et en personnel. modifiée n°49 du 28 décembre 1989 relative à l’aide médicale et
là l’organisation administrative en elle-même : les procédu- aux aides sociales.
res administratives sont souvent jugées trop longues et trop Les délibérations provinciales sont les suivantes :
complexes. Cela semble lié à la complexité des institutions l l a délibération n° 12/90/APS du 24 janvier 1990, relative à l’aide

et l’administré a parfois du mal à savoir quelle institution est médicale et aux aides sociales dans la province Sud ;
compétente. l l a délibération n° 102/90 du 26 février 1990, relative à l’aide

On relève également un problème global de pilotage : évalua- médicale et aux aides sociales, pour la province Nord ;
tion insuffisante des actions menées, peu de définition d’objectifs, l la délibération n° 90/16/API du 31 janvier 1990 relative à l’aide

peu de transparence dans les politiques publiques conduites. médicale et aux aides sociales, pour la province des îles Loyauté.
Ces constats ont été approfondis au sein de l’atelier 9. On notera simplement que les droits accordés peuvent dif-
férer d’une province à l’autre. En effet, à partir de droits minima
2.2 Les services liés à la santé fixés par la délibération cadre n°49 citée ci-dessus, les provinces
2.2.1 Des compétences éclatées en matière de santé peuvent attribuer des aides complémentaires à leurs ressor-
La Nouvelle-Calédonie est compétente dans les matières sui- tissants sans que les ressortissants d’une autre province n’en
vantes : protection sociale, hygiène publique et santé, contrôle bénéficient. Ex : allocations versées aux personnes âgées.
sanitaire aux frontières et établissements hospitaliers (Article 22, Chaque province organise et finance des circonscriptions mé-
4° et 24° de la loi organique). dicales ou médico-sociales autour de dispensaires diversement
Le congrès peut, à la demande d’une assemblée de province, équipés en moyens humains et matériels, selon la politique pro-
donner compétence aux autorités de la province pour adapter et pre à chaque province.
appliquer la réglementation en matière d’hygiène publique et de
santé ainsi que de protection sociale (Article 47, I,1°). Le congrès 2.2.3 De nombreuses infrastructures de santé…
peut, en outre, donner compétence aux autorités des provinces On note la présence de dispensaires dans quasiment toutes les commu-
ou des communes pour prendre des mesures individuelles d’ap- nes. Ils permettent d’assurer un service de proximité aux populations.
plication des réglementations qu’il édicte (Article 47 II). Les établissements hospitaliers, équipements de taille plus
L’État verse annuellement aux provinces, hors contrats de importante, sont par contre répartis de la manière suivante :
développement, une dotation globale de fonctionnement. lu
 n Centre Hospitalier Territorial (CHT) , établissement offrant

La dotation globale de fonctionnement correspond aux une hospitalisation en court séjour de 434 lits et 59 lits de
sommes reçues de l’État, hors contrats de développement, moyen et long séjour ;
soit directement, au titre de l’aide médicale gratuite, des lu
 n Centre Hospitalier Spécialisé (CHS), à vocation territoriale en

personnes âgées, des enfants secourus, des handicapés, de matière de psychiatrie et de gérontologie clinique ;

209
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

les infrastructures
de santé
en nouvelle-calédonie
Source : DASS-NC 2007

deux Centres Hospitaliers en province Nord, situés à Koumac


l 6 lits en chirurgie, 6 lits en gynécologie obstétrique et 2 lits en
et Poindimié, offrant une hospitalisation de 42 et 28 lits res- réanimation polyvalente et soins intensifs.
pectivement. De plus, certains spécialistes assurent des vacations dans les
Enfin, le Service médical interentreprises du travail est situé à dispensaires et les centres hospitaliers provinciaux. Un aména-
Nouméa. gement de la carte hospitalière en province Nord a été engagé,
avec le projet d’un nouvel établissement sur Koné.
2.2.4 … mais des offres de soin disparates en fonction
des communes 2.2.5 Une densité médicale assez importante
On remarque un regroupement des structures spécialisées D’après les chiffres de la DASS-NC, 544 médecins étaient en activité
à Nouméa (centre de consultation familiale, centre médico- en Nouvelle-Calédonie au 1er juillet 2008, soit une densité médi-
scolaire), ainsi que la concentration des centres hospitaliers et cale totale de 223 médecins pour 100 000 habitants (contre 335 en
cliniques privées à Nouméa. Métropole). Elle augmente régulièrement puisqu’elle était de 204
Le CHT présente à lui seul un panel très complet de l’offre mé- pour 100 000 habitants en 2000, et seulement de 98 en 1980.
dicale. En effet, toutes les spécialités médicales et chirurgicales La densité médicale est très variable selon les provinces (80
y sont représentées hormis la neurochirurgie et la chirurgie car- en province des îles Loyauté, 96 en province Nord, et 274 en
diaque. Il est complété par l’offre du CHS et celle des différentes province Sud). A noter qu’en province Sud hors Grand Nouméa,
cliniques privées. la densité est de 141.
Le Centre Hospitalier de Koumac a une capacité de 17 lits en Les médecins se répartissent en 254 généralistes (47%), soit
médecine, 13 lits en chirurgie, 9 lits en gynécologie obstétrique une densité de 104 pour 100 000 habitants (contre 168 en Mé-
et 3 lits en réanimation polyvalente et soins intensifs, celui de tropole) et 290 spécialistes (53%), soit une densité de 119 (contre
Poindimié a quant à lui une capacité de 14 lits en médecine, 175 en Métropole).

210
nouvelle-calédonie
médecins généralistes
nombre par habitant en 2008

Source : DASS NC 2008 ET ISEE 2008


Évolution du nombre de médecins
et de la densité médicale
En ce qui concerne les autres professionnels de santé, les
chirurgiens-dentistes sont 125 à exercer en Nouvelle-Calédonie,
soit une densité de 51 pour 100 000 habitants (68 en Métro-
pole). 106 sages-femmes exercent en Nouvelle-Calédonie, soit
une densité de 163 pour 100 000 femmes en âge d’avoir des
enfants (64 950 femmes, au 1er janvier 2008, âgées de 15 à 49
ans) contre 114 en Métropole.
Le territoire compte 179 pharmaciens, soit une densité de 73
pour 100 000 habitants, très inférieure à celle de la Métropole
Source : ISEE, TEC 2007

(111 ; chiffre qui ne reflète toutefois pas les importantes dispari-


tés régionales). 116 masseurs-kinésithérapeutes exercent sur le
territoire, soit une densité de 47 pour 100 000 habitants (contre
100 en Métropole). Enfin, les infirmiers sont au nombre de 1112,
A titre de comparaison, le tableau suivant montre les densités soit 455 pour 100 000 habitants (747 en Métropole).
médicales dans certains pays. Densité des professionnels de santé,
hors médecins, en Nouvelle-Calédonie
1988 1998 2002 2005
Source : Rapports annuels de la DASS-NC, et Tableaux

de Nouvelle-Calédonie (DASS-NC), Rapports annuels.


Source : Direction des Affaires Sanitaires et Sociales

Royaume-Uni 155 172 180 236


de l’Économie Française, édition 2008 de l’INSEE.

1970 1980 1990 2000 2004 2005 2007


Nouvelle-Calédonie 149 190 215 213
Chirurgiens-dentistes 20 29 46 51 53 51 48
Finlande 227 300 313 245
France 254 329 335 339 Infirmiers 221 291 nd 462 573 424 446
Allemagne 281 350 362 341 Pharmaciens 14 29 32 44 55 Nd 65
Belgique 330 395 449 400
Kinésithérapeutes nd 1 nd 41 50 50 47
Espagne 360 436 454 (a) 340
Italie 434 583 611 636 Aides-soignants nd 32 nd 93 nd Nd 0
(a) donnée de 2004 / Unité : nombre pour 100 000 habitants Unité: nombre pour 100 000 habitants

211
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

nouvelle-calédonie
médecins SPécialistes
nombre par habitant en 2008
Source : DASS NC 2008 ET ISEE 2008

Densité des professionnels de santé, par habitant. Au sein de cette dépense, 57,46 milliards ont été
hors médecins, en Métropole
directement affectés à la consommation de soins et de biens
Chirurgiens-Dentistes 68 Psychomotriciens 11
médicaux, soit 243 699 FCFP par habitant. La Nouvelle-Calédo-
nie se place dans la moyenne des pays développés.
Tableaux de l’Économie Française, édition 2008.
Données au 1er janvier 2008 - Source : INSEE,

Sages-femmes 114 Pédicures podologues 18


Pharmaciens 111 Ergothérapeutes 10 2.2.7.1 Une dépense en augmentation
Infirmiers 455 Audio-prothésistes 3
Évolution du coût de la santé en Nouvelle-Calédonie
Masseurs-Kinésithérapeutes 100 Opticiens-lunetiers 28 entre 2003 et 2006
Orthophonistes 28 Manipulateurs ERM 42 Consommation Dépense
médicale totale
Exercice % N-1 courante % N-1
Orthoptistes 5 Unité : nombre pour 100 000 habitants en millions de de santé
francs CFP
Source : DASS-NC, Les comptes

2003 45 674 Nd 50 514,40 nd


2.2.6 Un personnel formé mais pas assez nombreux
de la santé 2006-2007.

On note souvent un nombre insuffisant de personnes formées 2004 47 339,17 +3,6% 52 951,79 +4,8%
localement pour répondre aux besoins en matière de santé. 2005 54 303,63 +14,7% 58 596,49 +10%
Seuls les infirmiers et aides soignants sont formés en Nouvel- 2006 57 461,71 +5,8% 62 563,88 +6,7%
le-Calédonie. On doit alors avoir recours à un recrutement à
l’extérieur de la Nouvelle-Calédonie pour les médecins et les Définitions :
sages femmes…. - consommation médicale totale : correspond à la valeur des biens et services médi-
caux utilisés en Nouvelle-Calédonie pour la satisfaction directe des besoins individuels
Cette contrainte entraîne pour les provinces Nord et îles Loyauté
de santé. Elle comprend la consommation de soins et de biens médicaux et la consom-
notamment un « turn over » important du personnel. Ce dernier est mation de services de médecine préventive.
en effet souvent recruté pour une durée limitée, ce qui rend plus - dépense courante de santé : correspond à l’effort financier consacré au cours d’une
difficile la mise en place d’une politique de santé dans la durée. année au titre de la santé par l’ensemble des personnes et institutions.

2.2.7 Un coût de la santé considérable Comme le montre le tableau précédent, entre 2003 et 2006,
En 2006, 62,56 milliards de FCFP ont été au total dépensés pour la consommation médicale totale a augmenté de 25,8% et la
la santé en Nouvelle-Calédonie, soit en moyenne 264 509 FCFP dépense courante de santé de 23,8%.

212
Un début de décélération de la croissance des dépenses de une famille. En effet, il n’existe que peu ou pas d’aides. En pro-
santé s’observe entre 2005 et 2006 et fait suite à une très forte vince Sud, d’après l’étude réalisée par le service enfance famille
hausse en 2004. de la province Sud et l’OPAS sud en décembre 2007, la moyenne
Le développement de l’offre de soins, l’amélioration des condi- est de 43 768 CFP (temps partiel compris), par enfant et par mois.
tions socio-économiques et l’approfondissement du système Les tarifs proposés généralement sont, à plus de 40%, entre
de protection sociale ont contribué à une amélioration de l’état 40 000 et 50 000 CFP (plus de 40% des foyers représentés dans
sanitaire global mais se sont accompagnés d’une augmentation l’enquête ont un revenu mensuel de plus de 500 000 CFP ; peu
structurelle des dépenses de santé non maîtrisée. de classes intermédiaires sont représentées, car ne bénéficiant
Cette croissance importante des dépenses de soins a conduit d’aucune aide financière).
le congrès à adopter fin 2005 un second plan de maîtrise des dé- Le coût des crèches est élevé pour les enfants non scolarisés.
penses de santé après un premier plan adopté en 1994 qui avait Le problème persiste lorsque l’enfant est scolarisé, car les parents
permis de contenir les dépenses de santé pendant quelques doivent alors faire face à de nouvelles dépenses pour le trans-
années. Les premiers effets de ce nouveau plan apparaissent port, le repas et la garderie péri- scolaire de leur enfant. La mairie
dès 2006 notamment à travers la modération de la dépense de Nouméa implantera en 2009 des bâtiments modulaires qui
hospitalière. devraient accueillir les enfants pour la cantine des sections petits
et moyens de deux écoles pilotes.
2.2.7.2 Une consommation médicale élevée par habitant Le manque de place et le coût important entraînent des diffi-
La consommation médicale totale s’est élevée en 2006 à 57 cultés pour le retour de la femme à un travail salarié, en l’absence
milliards de F.CFP, soit 240 986 F.CFP par habitant. À titre de com- d’aide financière permettant de décaler le seuil à partir duquel il
paraison, en Métropole, la consommation médicale par habitant est plus coûteux de reprendre un travail salarié en faisant garder
s’élevait à 285 919 F.CFP en 2003. La dépense courante de santé, son enfant.
s’est élevée en 2006 à 62 milliards de F.CFP. Les dépenses de De plus, les familles manquent souvent d’information sur les
santé, qui représentaient 7 à 8% du PIB pendant les années 90, aides existantes et auxquelles elles peuvent prétendre. En 2008,
atteignent en 2006, 9,5% du PIB, un peu moins qu’en Métropole cependant, et afin de pallier ce manque, une fiche d’information
(10,4% du PIB en 2003). Ces chiffres situent la Nouvelle-Calédonie regroupant les principales structures a été réalisée par l’OPAS
à un niveau proche de celui de la moyenne des pays de l’Union Sud et sera mise à la disposition des parents dans les crèches,
européenne, alors que la structure par âge de la population et les centres de Protection Maternelle Infantile (PMI) et au Centre
l’espérance de vie réduisent actuellement le poids des plus gros Médico Psychologique (CMP) de Magenta.
consommateurs de soins (les personnes âgées notamment).
Le coût de la santé semble amplifié par le problème de disper- 2.3.1.3 Un besoin de restructuration
sion géographique de la population. et de professionnalisation
La prise de conscience, par la population, du coût important L’absence de politique familiale se fait cruellement sentir dans
des soins dont elle bénéficie, reste à faire. Même lorsque la pres- ce secteur.
tation est gratuite pour le patient, elle a un coût certain (et qui ne Les textes applicables au secteur sont anciens (1961). Deux avant
cesse d’augmenter) pour la collectivité, et le patient doit mieux projets sont en cours de finalisation :
l’avoir à l’esprit. l le premier sur l’accueil en établissements petite enfance,

A titre d’exemple, les seules dépenses du Régime Unifié d’As- l le deuxième sur l’accueil de type assistantes maternelles.

surance Maladie Maternité (CAFAT) ont été de 35 868,8 millions Plusieurs facteurs expliquent le faible nombre de personnes qui
en 2005, contre 38 511 millions en 2006, et en 41 450,2 millions souhaitent mettre en place une structure d’accueil pour les enfants :
en 2007 , soit une augmentation de 16% sur la période. a) Un investissement lourd
Il s’agit tout d’abord d’une procédure à la fois longue et coû-
2.3 L es services liés à l’enfance1 et à l’éducation teuse. La mise en conformité d’un établissement entraîne des
2.3.1 Services liés à la petite enfance obligations tant en personnel qualifié, donc mieux rémunéré,
(crèches, garderies…) qu’en investissement matériel et qu’en mise aux normes (locaux
2.3.1.1 Un manque de structures… et aménagements).
On note un manque cruel de structures d’accueil pour les en- Ceci induit un prix de revient élevé pour l’établissement, qui ne
fants non scolarisés (moins de trois ans). Il est donc en général peut être répercuté sur le tarif proposé aux parents.
très difficile pour les jeunes parents d’obtenir une place pour b) Une absence de statut et de formation
leur(s) enfant(s) dans une crèche (qu’elle soit agréée ou non) ou Cependant, les principaux obstacles sont l’absence de statut
par le biais du réseau d’assistantes maternelles mis en place en pour les professionnels et les faibles possibilités offertes de for-
2004 sur les quatre communes de l’agglomération. mation des personnels.
Ce déficit de structures est encore plus flagrant pour les très Ce manque de formation des professionnels se traduit en
petits (non marcheurs). En général, les parents aimeraient met- province Sud (cf. étude citée précédemment) par les chiffres
tre leur enfant non marcheur chez l’assistante maternelle et suivants :
favoriseraient l’établissement Petite Enfance pour leur enfant l3 0% du personnel des établissements d’accueil de la Petite En-

marcheur (plus d’activités, socialisation...). Ces deux systèmes de fance n’a pas les qualifications requises pour occuper un poste
garde se complètent. dans la Petite Enfance (CAP ou 2 ans d’expérience dans le do-
maine) selon la future législation.
2.3.1.2 … qui représente une lourde charge financière lp rès de 50% des responsables des établissements d’accueil de

pour les parents la Petite Enfance ne répondent pas aux exigences de qualifica-
Faire garder ses enfants représente un budget conséquent pour tions et d’expériences requises par la législation proposée.

1
Ces thématiques seront également traitées dans l’atelier 1

213
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

Parmi les responsables répondant à ces exigences, 20 % et 3584 étudiants étaient scolarisés en Nouvelle-Calédo-
d’entre eux nécessitent une formation sur la connaissance du nie dans 365 établissements scolaires. Sur les 68 894 élèves,
domaine Petite Enfance. 37 021 sont scolarisés dans le premier degré et 31 873 dans le
Au vu de ces constats, il devient essentiel de réfléchir à une mise second degré.
en place de formations afin de professionnaliser ce secteur. Les 365 établissements scolaires se répartissent en 83 éco-
On peut cependant noter en 2008, la mise en place pour quel- les maternelles, 202 écoles primaires, 50 collèges et 21 lycées
ques personnels de crèches d’une Validation des Acquis de (9 lycées d’enseignement général et technologique et 14 lycées
l’Expérience (VAE), financée par le gouvernement. professionnels).
En 2009, cette VAE sera de nouveau proposée aux personnels et Les deux premières cartes de cette thématique ont été
direction. Elle concernera, en priorité, les demandes pour valider réalisées à partir des données les plus récentes (2008). Les
le CAP Petite Enfance. cartes suivantes par contre sont réalisées avec les chiffres
de 2004. Le recensement de la population est en effet la
2.3.2 Les services liés à l’éducation seule source qui permet d’avoir des données à une échelle
En 2007, selon les chiffres du Vice rectorat, 68 894 élèves très fine.

nouvelle-calédonie
répartition des établissements
scolaires secondaires en 2008
Source : Vice-rectorat 2008

214
nouvelle-calédonie
répartition des effectifs d’élèves
selon leur niveau en 2008

Source : Vice rectorat 2008


NOTA : les élèves sont décomptés sur la commune où ils sont
scolarisés, qui n’est pas forcément leur commune de résidence

On constate une forte proportion d’élèves scolarisés dans le nes sauf Bélep, Touho, Pouembout, Moindou, Farino, Sarraméa
grand Nouméa. et Boulouparis.
D’une manière générale, on remarque que les effectifs sont Les lycées sont par contre présents à la fois dans les commu-
nombreux dans le primaire. La part des établissements primaires nes du Grand Nouméa, à Lifou, Pouembout, Poindimié (lycées
dans toute la province Nord est également importante. généraux), Touho, Pouébo, Bourail, Houailou et Lifou (lycées
Les collèges sont présents dans quasiment toutes les commu- professionnels).

215
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

nouvelle-calédonie
niveau pré-élémentaire
Part (%) des élèves scolarisés/Population en âge d’être scolarisée en 2004
Source : ISEE RP 2004 et Vice rectorat 2004

On constate que dans 28 communes sur 33, la proportion des que d’enfants en âge d’être scolarisés dans cette commune ; en
enfants scolarisables de 3 à 6 ans qui sont scolarisés dans leur valeur absolue, l’écart est marginal (13 enfants) ;
commune de résidence se situe entre 65% et 92%. ld
 ans le grand Nouméa ensuite : les parents des communes

Seuls deux cas particuliers sont significatifs : périphériques scolarisent leurs enfants sur Nouméa (cela est

 Pouembout, il y a plus d’élèves scolarisés dans la commune lié au travail des parents sur Nouméa).

216
nouvelle-calédonie
niveau primaire
Part (%) des élèves scolarisés/Population en âge d’être scolarisée en 2004

Source : ISEE RP 2004 et Vice rectorat 2004


Pour le niveau élémentaire (primaire), 19 communes sur 33 mune, ce qui pose plus de problèmes pour les parents et les
scolarisent à 100% les enfants originaires de la commune, aux- enfants que sur les communes non insulaires.
quels s’ajoutent des enfants des communes alentours. Cela A titre d’exemple, on peut citer le cas des enfants de Bélep, qui
représente donc plus d’une commune sur deux. sont scolarisés sur place en primaire mais qui dès le secondaire,
A contrario, certaines communes scolarisent moins de 75% le sont sur la commune de Poum. Les élèves rentrent donc à
de la population en âge d’être scolarisée de la commune. Il leur domicile seulement pendant les périodes de vacances sco-
s’agit des communes de Pouébo, Houailou, Moindou, Sarraméa laires (s’il n’y a pas de problème de bateau). Autre exemple, sur
et Dumbéa, dont les parents scolarisent leurs enfants dans les la commune de Ponérihouen, la plupart des enfants des tribus
communes alentours, ainsi que Farino qui ne dispose d’aucun sont scolarisés au village dès la maternelle (11 tribus sur 13) par
établissement. volonté affichée des parents. Un système de ramassage scolaire
4 communes insulaires sur 5 (Maré, Ouvéa, Bélep et Ile des journalier est mis en place par la commune. Il prend en charge
pins) ne scolarisent pas la totalité de leurs enfants sur la com- les enfants le matin pour ensuite les ramener le soir.

217
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

nouvelle-calédonie
niveau secondaire : collèges
Part (%) des élèves scolarisés/Population en âge d’être scolarisée en 2004
Source : ISEE RP 2004 et Vice rectorat 2004

Certaines communes ne possèdent pas de collège, vu le nom- d’enfants en âge d’être scolarisés à ce niveau dans la commune.
bre insuffisant d’enfants en âge d’être scolarisés à ce niveau : Touho, Enfin, la dernière remarque concerne la province des îles
Pouembout, Bélep, Moindou, Farino, Sarraméa et Boulouparis. Loyauté où il y a vraisemblablement un problème de données
D’autres communes se démarquent : Bourail, La Foa, Koumac, car plus de 100 % de la population en âge d’être scolarisée l’est
dont les établissements accueillent quasiment deux fois le nombre dans cette même province.

218
nouvelle-calédonie
Répartition des lycées en 2008

Source : Vice-rectorat, 2008


Cette carte montre que seulement 16 communes sur 33 (soit 2.4 Les services contribuant au bien-être
une sur deux) possèdent au moins un lycée. Nouméa a une pla- de la population
ce prépondérante puisqu’elle concentre 10 lycées, vient ensuite 2.4.1 Services culturels
Paita qui est dotée de 3 lycées. Plusieurs communes possèdent Des contacts ont été pris avec les différentes directions pro-
deux lycées : Lifou, Bourail, Houailou et Poindimié. Les autres vinciales de la culture afin de mettre à jour les cartes réalisées
communes n’en possèdent qu’un. Il s’agit de Dumbéa, Mont- dans l’état des lieux de 2002 sur les points lecture et bibliothè-
Dore, La Foa, Pouembout, Koné, Touho, Koumac, Pouébo, Ouvéa ques. Cependant, l’évaluation précise de l’ensemble des services
et Maré. culturels offerts à la population nécessite une enquête auprès
des communes, travail qui ne sera entrepris au mieux que dans
le courant de l’année 2009.

219
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

localisation des équipements sportifs


de type terrain de volley, terrain de tennis et football
en 2008
Source : DJS 2008

2.4.2 Services liés à la pratique des sports et loisirs sommes également attardés sur la localisation des grosses
Un inventaire précis et complet de l’intégralité des équipements infrastructures sportives : salles omnisports, plateaux sportifs,
sportifs, sites, lieux, espaces de pratique d’activités sportives a bases nautiques.
été entrepris par la Direction de la Jeunesse et des Sports de la On déplore dans ce choix l’absence du cricket qui compte
Nouvelle-Calédonie en 2005. Ce travail s’appuie sur une double également un grand nombre de licenciés. Cela s’explique par
commande du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et du la présence d’un seul terrain dédié exclusivement à sa pratique
Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la vie associative. à Nouméa. La plupart du temps ce sport se pratique sur les ter-
Tous les équipements sportifs de Nouvelle-Calédonie sont rains de football. Ces derniers donneront donc également une
donc connus de manière précise (une fiche par équipement) image des lieux potentiels de pratique du cricket.
et géo-localisés. De l’étude de ces différentes cartes, il ressort que :
Dans le cadre du diagnostic, nous avons souhaité cartogra- lp our le football: on remarque qu’il y a au minimum, un terrain

phier seulement certains équipements sportifs. Nous nous par commune, et en général plusieurs dans les communes de
sommes donc basés à la fois sur des sports présentant un l’intérieur.
nombre important de licenciés et/ou pratiqués par un grand lp our le volley : on note une bonne présence de terrains de volley,

nombre de personnes non licenciées. Nous avons donc repré- notamment en province Nord où certaines communes sont ex-
senté les infrastructures correspondant à la pratique du football trêmement bien dotées : Hienghène et Poindimié notamment.
(8340 licenciés en 2004), du volley (2152 licenciés), de la nata- lp our le tennis : les terrains ne sont pas présents dans toutes

tion (2300 licenciés) et du tennis (2802 licenciés). Nous nous les communes. On note une grosse concentration à Nouméa,

220
localisation des équipements sportifs
de type piscine et base nautique
en 2008

Source : DJS 2008


mais également une présence à Koumac, Kaala-Gomen, Koné, un plateau sportif. Elle offre donc à ses administrés une large
Touho, Bourail, Kouaoua et sur la province des îles Loyauté. gamme d’activités sportives.
lp
 our la pratique de la natation, on remarque le très faible nom- lu ne bonne couverture générale en salles omnisports. En effet,

bre de piscines. Les seules communes possédant une piscine un tiers des communes de la Grande-Terre en sont pourvues.
sont en effet : Poindimié, La Foa, Nouméa, Mont-Dore et Dum- De plus, il existe 12 salles omnisports en dehors du grand Nou-
béa. Il y a donc seulement 5 communes sur 33 soit 15% des méa. On remarque que la province des îles Loyauté est bien
communes qui ont une piscine sur leur territoire. En l’absence dotée car il en existe une par île.
d’infrastructure dédiée au sein de la commune, les cours de na- Pour compléter l’information, il est nécessaire d’avoir à l’esprit
tation ont lieu soit dans une commune proche, soit à la mer. les opérations prévues dans le cadre des jeux du Pacifique de
Concernant les grosses infrastructures sportives permettant la 2011. Ces jeux seront en effet l’occasion à la fois de construire de
pratique de plusieurs sports, on remarque : nouveaux équipements et d’en rénover d’autres.
lu
 n faible nombre de bases nautiques: il en existe 14 en Nouvelle- De plus, il est prévu de décentraliser de nombreuses épreuves
Calédonie réparties de manière très inégale. La plupart des bases sportives. Elles seront ainsi organisées sur tout le territoire et pas
nautiques se trouvent sur la côte ouest. Il n’y en a que deux sur la seulement dans le grand Nouméa, comme cela a été le cas jus-
côte est. La province des îles Loyauté par contre est bien dotée en qu’à présent.
bases nautiques puisqu’il en existe deux à Lifou et une à Ouvéa. Le tableau page suivante récapitule les différentes opérations
lu
 ne bonne répartition des plateaux sportifs au niveau du terri- prévues à ce jour en fonction du programme prévisionnel qui ne
toire (cf. carte annexe 1). En effet, chaque commune a au moins sera confirmé que dans le courant de l’année 2009.

221
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités
Source : DJSNC

222
2.4.3 Services offerts par les agences demi-journée de travail pour un agent (cf. rapport d’observations
de l’Office des Postes et Télécommunications définitives de la chambre territoriale des comptes concernant la
L’Office des Postes et Télécommunications joue un rôle très im- gestion de l’OPT, en date du 19 mars 2008). Une agence « de
portant notamment au niveau des petites communes. En effet, plein exercice » ne semble pas s’imposer dans ce cas : un simple
cet établissement public de la Nouvelle-Calédonie, concentre guichet annexe, rattaché à l’agence la plus proche, serait parfai-
trois métiers donc trois activités : le courrier, les télécommuni- tement adapté à ces faibles besoins.
cations2 et les services financiers. Les agences OPT ont donc Sans supprimer ces points de contact, dont le caractère social
vocation à offrir aux usagers trois types de services. Une agence n’échappe à personne et qui font partie intégrante du service
OPT étant présente dans chaque commune de Nouvelle-Calé- public, il serait envisageable d’optimiser le réseau des agences.
donie, cela représente un potentiel de services à la population La chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie in-
très important. En effet, l’agence OPT est parfois aussi le seul dique ainsi qu’une solution pourrait consister à hiérarchiser les
établissement fixe où l’on puisse effectuer des transactions points de contacts en transformant le réseau des agences, dont
monétaires, les établissements bancaires étant absents de la la structure est actuellement horizontale (structure dite « en râ-
commune. C’est donc un atout certain en terme de services à teau ») en une structure de nature plus verticale (structure dite
la population. « pyramidale »).
L’OPT dispose de 37 agences postales dites « de plein exer- Cette hiérarchisation existe déjà pour certaines agences telles
cice ». S’y ajoutent 13 guichets annexes, 5 agences postales que celle de La Foa qui supervise trois guichets annexes : Moin-
confiées à des tiers privés (commerces de proximité…), et plu- dou, Farino et Sarraméa.
sieurs guichets de « poste mobile ». La chambre territoriale des comptes estime qu’une étude pour-
Le faible nombre d’habitants dans certaines communes rura- rait être menée, en liaison avec l’agence comptable de l’OPT et
les fait que le service offert a un prix de revient élevé. Ainsi, dans les municipalités concernées, en vue de simplifier le réseau des
l’agence OPT ayant le plus faible nombre moyen de courriers à agences OPT sans pour autant nuire à la qualité du service rendu
traiter par jour, ce nombre est de quatre courriers seulement, aux usagers.
mais l’obligation de permanence du service oblige pourtant à On peut également noter quelques changements récents
avoir trois agents. La direction du réseau commercial de l’OPT concernant le traitement du courrier dans certains nouveaux
évalue la charge de travail journalière de cette agence à une quartiers, mis en avant par le rapport précité.

nouvelle-calédonie
LOCALISATION DES AGENCES OPT EN 2008

Source : OPT 2008

2
Les services de télécommunications sont détaillés dans un autre chapitre plus loin.

223
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

La réglementation applicable est issue de la délibération n° 236 les super et hypermarchés. Chaque type de commerce corres-
du 15 décembre 2006 relative au code des postes et télécom- pond en effet à une certaine offre de service mais également à
munications de la Nouvelle-Calédonie. Cette dernière précise des habitudes de consommation.
dans son article 124-1 2ème alinéa que les envois postaux doi-
vent être remis « au domicile de son destinataire ». L’article 124-9 2.4.4.1 Le rôle des colporteurs
2ème alinéa limite cette obligation à « un rayon de trois kilo- On peut signaler l’activité des colporteurs qui jouent un rôle im-
mètres de l’agence la plus proche…Au-delà de cette distance, portant en terme d’accès aux services. Ces transporteurs vont
l’office des postes et télécommunications organise la distribu- acheter les produits vivriers, le poisson et les autres produits la-
tion en tenant compte des besoins du public et en fonction des gonaires auprès des pêcheurs (essentiellement du Nord) et les
contraintes d’exploitation… ». acheminent vers le principal marché qui est celui de Nouméa.
Dans certains nouveaux lotissements, qui prolifèrent et qui En dehors de leur activité d’achat aux producteurs, les col-
sont souvent distants de plus de trois kilomètres de l’agence porteurs assurent l’approvisionnement en divers biens (glace,
la plus proche, les boîtes aux lettres sont remplacées par un essence, matériel de pêche, riz, pain, café, lessive…).
îlot postal sous forme d’un container placé en bordure de Pour certaines tribus isolées et dont les habitants ne dispo-
la voie publique. Certains quartiers jusqu’alors desservis « à sent pas de voitures, ces services rendus sont importants.
domicile » par un système de poste mobile sont désormais
dotés d’un îlot postal du fait que leur quartier s’est loti (exem- 2.4.4.2 Les commerces d’alimentation générale
ple : la Tamoa… ). Ce type de commerce possède une surface de vente inférieure
D’autres quartiers en revanche, se trouvant également à plus à 120 m².
de trois kilomètres d’une agence OPT, sont encore desservis à On constate une bonne couverture en commerces d’ali-
domicile (exemple : Nouville…). La distribution postale devient mentation générale à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie. Ces
ainsi parfois inégalitaire selon le lieu de résidence. commerces de proximité sont en effet présents partout sauf à
Koumac, Moindou et Farino. On peut également noter la présen-
2.4.4 Les principaux commerces ce très importante de ce type de commerces dans la province
Tous les types de commerce ne sont pas traités. Nous avons des îles Loyauté. Ces petits commerces, de par leurs surfaces
cependant souhaité cartographier différents types de commer- de vente limitées, proposent un choix de produits réduit. L’offre
ces : les commerces d’alimentation générale, les supérettes et concerne essentiellement des produits alimentaires.

nouvelle-calédonie
Répartition des commerces d’alimentation
générale en 2004
Source : ISEE, RP 2004

224
2.4.4.3 Les supérettes
Ce type de commerce possède une surface de vente comprise plus particulièrement dans le grand Nouméa mais on remar-
entre 120 et 400 m². Ce sont des commerces de taille moyenne que qu’il existe également un nombre important de supérettes
qui présentent cependant l’avantage d’offrir une gamme de pro- à Lifou. Il semble correspondre à des modes de vie assez oc-
duits assez large (épicerie, parfumerie, textile...). cidentalisés. On note a contrario un gros déficit de ce type de
Ce type de commerce est prédominant sur la côte ouest et commerces sur la côte est, sauf exceptions.

nouvelle-calédonie
Répartition des supérettes
en 2004

Source : ISEE RP 2004

225
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

2.4.4.4 Les super et hypermarchés


Ce type de commerce possède une surface de vente compri- L’offre se concentre donc essentiellement sur des supermarchés.
se entre 400 et 2500 m² pour les supermarchés et supérieure On remarque une densité significative de supermarchés dans
à 2500 m² pour les hypermarchés. Ce sont des commerces de les communes à la périphérie de Nouméa mais également à
taille importante qui présentent l’avantage d’offrir une gamme Lifou. Ce type de commerce est également présent dans certai-
de produits assez large (épicerie, parfumerie, textile...) sur une nes communes : La Foa, Koné, Poindimié, Koumac, communes
surface de vente supérieure à celle des supérettes. relativement peuplées mais surtout susceptibles de drainer des
Il n’existe que deux hypermarchés situés dans le grand Nouméa. populations issues des communes alentours.

nouvelle-calédonie
Répartition des SUPER ET HYPERMARCHéS en 2008
Nombre total en NC : 41 supermarchés et 2 hypermarchés
Source : OPT 2008

226
2.4.4.5 Les stations service
La carte montre l’inégale répartition des stations service à enfin Paita, le Mont-Dore et Nouméa possèdent entre 4 et 30
l’échelle de la Nouvelle-Calédonie. En effet, 9 communes sur stations services, le maximum étant détenu par Nouméa.
33 ne possèdent pas de stations service, 10 communes en pos- Outre son rôle premier d’offrir un lieu d’approvisionnement
sèdent une (alors que le territoire communal est souvent très en carburant, les stations service sont également dotées la plu-
vaste), 11 communes possèdent entre 2 et 4 stations services, part du temps d’un petit commerce d’appoint de type épicerie.

nouvelle-calédonie
répartition des stations essence en 2008
Nombre total en NC : 90 stations-essences

Source : OPT 2008

227
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

2.4.4.6 Les banques Fin 2007, le nombre de guichets bancaires (de la Fédé-
Répartition géographique des guichets bancaires (1) ration des banques françaises et de l’OPT) s’établit à 126,
répartis à hauteur de 62% en province Sud, 29% en province
Variations
31/12/05 31/12/06 31/12/07 2007/ Nord et 9% dans la province des îles Loyauté. Cette réparti-
2006 tion des guichets est à rapprocher de celle de la population,
Province Sud 70 74 78 5,4% respectivement 71%, 19% et 10%. Globalement, la Nouvelle-
dont Nouméa 43 46 50 8,7% Calédonie compte un guichet bancaire pour 1 908 habitants,
soit un niveau sensiblement meilleur que celui observé en
dont guichets périodiques 9 9 11 22,2%
France métropolitaine (un guichet pour 2 300 habitants). La
Province Nord 37 37 37
province Sud compte un guichet pour 2 242 habitants tandis
dont guichets périodiques 9 9 9 que la province Nord recense un guichet pour 1304 habitants.
Province des îles Loyauté 10 10 11 10,0% La province des îles Loyauté, pour sa part, recense un guichet
dont guichets périodiques 2 2 3 50,0% pour 2 271 habitants.
Total 117 121 126 4,1%
dont guichets périodiques 20 20 23 15,0%
(1) FBF + OPT

nouvelle-calédonie
localisation des agences bancaires (hors opt)
en 2007
Source : IEOM, 31/12/2007

228
nouvelle-calédonie
les distributeurs automatiques
de billets en 2007

Source : IEOM, 31/12/2007


Le nombre d’automates (DAB-GAB) est en progression constante.
Il est actuellement de 148 au total (OPT inclus), soit un automate
pour 1 624 habitants.

229
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

2.4.5 Les lieux de culte


Bien que les lieux de culte ne constituent pas un service à la per- Cette dernière intègre les lieux de culte protestant et
sonne, les participants ont souhaité intégrer à la réflexion une catholique, ces deux religions étant les plus pratiquées en Nou-
carte sur les lieux de culte. velle-Calédonie.

nouvelle-calédonie
les lieux de culte
catholique et protestant
Source : L’Archevêché de Nouméa et l’église évangélique en N-Calédonie et aux Îles Loyauté

2.5 D
 es services à la personne ne compensant 2.5.1.2 ... ne facilitant pas l’activité quotidienne
pas assez les risques d’exclusion3 de ces personnes
De nombreuses personnes se retrouvent de fait exclues du sys- Dans leur quotidien, les personnes handicapées doivent surmonter
tème. C’est notamment le cas pour les personnes handicapées de nombreuses difficultés auxquelles ne sont souvent pas confron-
et les personnes âgées. tées les personnes valides. Les principales difficultés tiennent :
a) absence de cadre juridique global
2.5.1 Des services aux personnes handicapées Il n’existe aujourd’hui aucun texte, aucune délibération régle-
insuffisants et pas toujours adaptés à la compensation mentant totalement l’accueil des personnes handicapées,
des conséquences du handicap l’ouverture ou le fonctionnement d’établissements d’accueil (le
2.5.1.1 Une action peu lisible des institutions... texte du congrès de 1994 n’a pas été complété par les annexes
On met souvent en avant le manque de coordination des ins- nécessaires).
titutions. La réflexion est ainsi menée à l’échelle provinciale ou b) manque de structures
communale mais pas territoriale, ce qui ne facilite aucunement La prise en compte des besoins, sur un plan physique, intel-
la lisibilité pour la personne handicapée. lectuel, psychologique des personnes handicapées n’est pas
On dénonce également un manque d’information sur les effective pour toutes les catégories de handicap, ce qui conduit
droits des personnes handicapées et les aides auxquelles elles à une situation d’exclusion pour certains (exemple les polyhan-
peuvent prétendre. Les personnes se sentent donc souvent mi- dicapés adultes).
ses de côté par la société de par leur handicap, et éprouvent De plus, les familles ayant à leur charge des personnes handi-
d’autant plus de difficultés à s’y intégrer. capées ne sont pas toujours dirigées vers des centres spécialisés
L’égalité des droits et chances pour tous n’est pas mise en œuvre de dépistage ou vers des services d’aide, elles se retrouvent alors
aujourd’hui. seules face au handicap.
Cependant, une réglementation relative à la prise en charge du Les principaux dispositifs existants sont les suivants :
handicap et de la dépendance devrait être adoptée fin 20084 ce l l e dispositif d’Actions Médico Sociales Précoces (DAMSP) mis

qui permettra d’élaborer par la suite un schéma directeur. en place en 2007 au CHT de Nouméa ;

3
Ces aspects seront également traités dans l’atelier 1.
4
Un projet de loi de pays relative à l’emploi des personnes en situation de handicap (rapport n°92/GNC du14/10/2008) a été présenté au congrès le 17 décembre 2008.
230
l la Commission pour les Enfants et les Jeunes en situation de cultés que l’Instance de Coordination Gérontologique a été mise
Handicap (CEJH-NC) en place en 2002 (cf. ci-dessous).
l l a Commission d’Orientation et de Reclassement des person-

nes en situation de Handicap (CORH) 2.5.2.2 Des structures d’accueil insuffisantes


c) problèmes liés à l’intégration On dénombre quelques maisons de retraite mais la plupart sont
Les mesures incitatives mises en place pour permettre une localisées dans le grand Nouméa. Ces structures sont insuffisam-
intégration précoce, en crèche et en maternelle, des enfants ment nombreuses (besoin de 500 places nouvelles environ). De
handicapés n’existent en fait qu’à Nouméa et très rarement ou plus, ces structures coûtent très cher à la famille (entre 150 000
de façon trop ponctuelle dans les autres communes. Il reste très à 200 000 FCFP par mois).
difficile de trouver des places en crèche et plus tard dans les Quelques entreprises ou associations proposent également
écoles pour les enfants les plus lourdement handicapés. des services d’aide à domicile, qui répondent en général mieux
Il existe des classes spécialisées dans le primaire, mais leur à l’attente des personnes âgées.
nombre n’est pas toujours suffisant en dehors de Nouméa et On peut citer par exemple l’Association pour le service d’aide
des communes du grand Nouméa. ménagère à domicile (Asamad) qui regroupe une quarantaine
En province Nord, il existe depuis 2004 un centre mère enfant de femmes formées ou MAD Assistance, une entreprise d’aide
avec pédiatre, gynécologue, deux puéricultrices et deux psychomo- au maintien à domicile des personnes âgées et handicapées,
triciens chargés des dépistages précoces et des suivis des enfants créée en 2008, qui compte une aide soignante et trois auxiliaires
handicapés. Concernant l’intégration des enfants handicapés, la de vie. Aujourd’hui implantée à Nouméa, les gérants envisagent
province Nord a mis en place depuis 2002 avec l’aide de la fédéra- à terme d’installer deux ou trois autres points à Nouméa, mais
tion handicap Nord, un dispositif d’auxiliaires d’intégrations scolaire également à Païta, courant 2009, et aussi en province Nord, pour
et sociale prenant en charge 103 enfants dès la maternelle. pouvoir offrir leurs services en brousse et en tribus.
Un autre volet important doit être pris en compte : l’accompa- On peut également citer la fédération Alliage qui a mis en place
gnement au sens large des personnes handicapées. Cela passe depuis 2003 avec quelques communes de la province Nord, un
notamment par des transports adaptés, un accès physique faci- dispositif d’aide à domicile, basé sur un ensemble d’associations
lité notamment aux établissements publics, le partenariat avec et financé intégralement par la collectivité. Actuellement, il y a 130
des services de soins et des services éducatifs, l’accès aux loisirs, bénéficiaires de ce dispositif. Ce service se substitue à l’absence
l’accès au logement etc.… quasi-totale d’infrastructures publiques ou privées pour accueillir
Enfin, compte tenu de l’absence de cadre juridique moderne les gens diminués ou impotents en province Nord.
et adapté (le texte en vigueur date de 1991), l’intégration des Enfin, on peut citer la création d’un service d’aide aux personnes à
adultes handicapés dans le monde du travail reste très insuf- autonomie réduite (handicapées et/ou âgées) en province Nord.
fisante, voire inexistante. Il n’existe qu’un Centre d’Aide par le L’hospitalisation à domicile n’est pas développée en Nouvel-
Travail en Nouvelle-Calédonie, ce qui ne suffit pas pour répondre le-Calédonie. Cela entraîne donc de fait un engorgement des
aux besoins. De plus, les jeunes adultes I.M.C.( infirmité motrice services des hôpitaux par des personnes âgées qui devraient
cérébrale), handicapés moteurs et cérébro-moteurs ne peuvent être accueillies dans des structures intermédiaires en nombre
y accéder et se voient aujourd’hui privés de toute perspective insuffisant en Nouvelle-Calédonie.
d’intégration socio-professionnelle. On peut cependant noter que la politique de la province Nord
va dans le sens d’un maintien à domicile des personnes âgées,
2.5.2 Des services aux personnes âgées à développer ce qui explique le très faible nombre de structures d’accueil.
D’après les projections réalisées par l’ISEE, à l’horizon 2030, un Ce déficit de structures d’accueil est à mettre en relation avec
habitant sur cinq serait âgé de 60 ans et plus, contre 1 sur 10 le manque de personnel formé et la diversité de statuts des in-
en 2005. Cette donnée est donc à prendre en compte d’ur- tervenants.
gence car l’absence d’une prise en charge adaptée de cette
problématique risque de paralyser le système de soins dans 2.5.2.3 Un schéma gérontologique existe
l’avenir. De nombreux problèmes sont en effet déjà recensés Un schéma gérontologique a été adopté par la province Sud le
aujourd’hui. Cependant, des réflexions sont menées depuis 26 juillet 2001. Ce schéma s’articule autour des axes suivants :
quelques années par la province Sud notamment pour struc- l l a liberté de choix de la personne âgée : elle doit pouvoir choisir

turer le secteur. son mode de vie, ce qui suppose d’être informé des différentes
possibilités d’aides existantes.
2.5.2.1 Des personnes âgées parfois désorientées l l e dispositif de coordination gérontologique qui repose sur la

La plupart de ces personnes âgées vivent au sein de leur famille. création de l’instance de coordination gérontologique, struc-
Mais dans les squats, comme à Nouméa et en Brousse, elles sont ture associative créée la 20 novembre 2001.
de plus en plus nombreuses à se voir délaissées par leur famille,
la solidarité familiale et de voisinage compensant de moins en 2.5.2.4 … de même qu’un pôle gérontologique
moins les difficultés rencontrées. En effet, la solidarité com- L’association dispose d’une équipe structurée autour du pôle
munautaire tend à s’estomper. Les personnes âgées sont plus gérontologique. Ce dernier est un guichet unique pour les
fréquemment qu’avant mises à l’écart. Parfois même, leur droit personnes âgées qui élabore un plan d’aide personnalisé pour
à un logement social et les aides financières dont elles bénéfi- chaque personne âgée.
cient, profitent également au reste de la famille. Ce plan d’aide, associé au projet de soin du médecin traitant
Lorsqu’elles deviennent dépendantes, ces personnes sou- décrira les aides financières, matérielles, médicales, d’accompagne-
vent sans moyens ne savent pas à qui s’adresser. Elles manquent ment… en tenant compte des ressources de la personne âgée et
souvent d’information sur leurs droits. C’est pour pallier ces diffi- des facultés contributives de ses obligés alimentaires.

231
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

3. Services liés à l’habitat


3.1 L’accès à l’eau
3.1.1 Une ressource en eau inégalement répartie
à l’échelle de la Nouvelle - Calédonie
La Nouvelle-Calédonie présente, du point de vue de la ressource
en eau, des situations très contrastées.

nouvelle-calédonie
synthèse : accès à l’eau en 2004
Source : ISEE RP 2004

3.1.1.1 Une situation homogène sur la province (hydrocarbures, lixiviats issus des décharges, pesticides,…) est
des îles Loyauté facilitée et rendue rapide du fait de la nature calcaire et poreuse
Maré, Lifou, Ouvéa et Tiga5 présentent des caractéristiques com- du sous-sol de ces îles. Le projet SAGE (Système d’aide à la ges-
munes. Ces îles sont de nature calcaire et possèdent un relief de tion de l’eau) a permis de connaître la dynamique de circulation
type karstique très perméable. L’eau de pluie s’infiltre dans la ro- de l’eau depuis la surface du sol jusque dans la lentille et cibler
che et s’accumule pour former une lentille d’eau douce. Celle-ci les risques et les zones de pollutions les plus importantes.
« flotte », pour ainsi dire, sur l’eau de mer, plus dense, qui s’infiltre
latéralement dans le sous-sol de l’île. 3.1.1.2 … mais très hétérogène sur la Grande-Terre
Du fait de leurs caractéristiques géologiques, ces îles ne pos- Le paysage est organisé en une somme de petits bassins ver-
sèdent aucun réseau hydrographique de surface. La lentille d’eau sants transversaux. Les cours d’eau et les nappes phréatiques
douce est donc la seule ressource en eau de ces îles à l’exception constituent la principale ressource en eau de la Grande-Terre.
d’un impluvium à Tiga et d’une usine de dessalement à Ouvéa. C’est de l’intensité et de la fréquence des précipitations que dé-
Des études réalisées dans le cadre du programme ADAGE (Aide à pend leur recharge.
la décision en aménagement et gestion de l’environnement) ont A l’heure actuelle, nous manquons encore de données relatives
montré que la ressource en eau provenant des lentilles, quand aux volumes disponibles (les réserves utilisables des nappes et les
elle est disponible, serait suffisante à moyen et long terme et ce débits de crise des rivières) concernant la ressource en eau sur la
quelque soit le modèle de développement choisi. Grande-Terre. Cette connaissance est d’autant plus cruciale que
Par contre la qualité de ces eaux pourrait subir des dégrada- nous allons au devant de risques évidents de surexploitation de la
tions plus ou moins importantes. D’une part, la surexploitation ressource qui pourraient conduire dans certains cas à l’assèchement
des forages peut entraîner des remontées d’eau salée dans accéléré des cours d’eau, dans d’autres cas au non renouvellement
les forages, d’autre part l’infiltration de divers agents polluants des nappes ou encore à la remontée du biseau salé.

5
Remarque : les lentilles de Tiga et Ouvéa ne sont pas exploitables

232
3.1.2 Une population ayant un très bon accès à l’eau… 3.2. L’accès à l’électricité
3.1.2.1 Un taux de couverture à améliorer 3.2.1 Une bonne couverture en électricité…
Selon les données du recensement de la population de 2004 de On constate une bonne couverture générale en électricité. En
l’ISEE, 100% de la population néo-calédonienne a accès à l’eau effet, 93% de la population néo-calédonienne a accès au réseau
que ce soit l’eau courante, un point d’eau individuel ou un point général d’électricité. Au minimum, on remarque que deux-tiers
d’eau collectif. de la population est raccordée au réseau général d’électricité.
84% de la population a accès à l’eau courante. Des disparités Certaines zones ont un pourcentage plus faible de leur popu-
importantes existent cependant entre les différentes provinces : lation raccordée au réseau général d’électricité. Cela s’explique
seulement 35% y a accès en province des îles Loyauté, contre par la grande dispersion géographique de la population.
66% en province Nord et 80% en province Sud, hors grand Nou- Si on constate un faible taux de raccordement au réseau gé-
méa (98% dans le grand Nouméa). L’ensemble de la population néral, cela est compensé soit par les panneaux solaires, soit par
a accès à l’eau potable, même si les critères de cette potabilité ne des groupes électrogènes.
sont pas conformes surtout en dehors du grand Nouméa.
On remarque en général que les infrastructures sont vétustes 3.2.2 … grâce à un important programme
dans les communes de l’intérieur. d’électrification
Depuis 1980, la mise en place d’outils tels que le fonds de
3.1.2.2 …mais un problème général de maîtrise de la res- concours pour la maîtrise de l’énergie et surtout le fonds d’élec-
source et de politique de l’eau trification rurale (FER) a permis de couvrir en électricité une partie
La distribution de l’eau reste un enjeu important en Nouvelle- importante de la Nouvelle-Calédonie. Ce fonds subventionne en
Calédonie même si les difficultés sont accrues en province Nord partie les travaux d’extension du réseau ainsi que, pour les foyers
et dans la province des îles Loyauté, notamment pour les ques- les plus isolés, des générateurs photovoltaïques. Il est alimenté
tions de ressource évoquées plus haut. par une taxe sur l’électricité, une participation des communes et
Dans certaines communes, il n’y a pas de suivi de la qualité une dotation de l’Etat.
de l’eau, ni de traitement sur certains points de captage, ni de L’objectif est d’électrifier les sites isolés, soit par raccordement
contrôle sur l’efficacité du traitement de l’eau, ni d’analyses ci- filaire au réseau, soit par des équipements autonomes, en géné-
blées en fonction du risque sanitaire. Or, la qualité des eaux de ral photovoltaïques. A ce jour, 10 000 foyers ont bénéficié de ce
boisson est un enjeu sanitaire majeur dont dépend la santé des programme. A titre d’exemple, en 2007, les subventions du FER
populations.
Tous ces points ont été développés par l’atelier 6 « environne-
ment et cadre de vie ».

nouvelle-calédonie
synthèse : accès à l’électricité
en 2004

Source : ISEE RP 2004

233
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

se sont élevées à 571 millions de FCFP, permettant ainsi l’alimen- matière de réseau électrique, surtout dans la chaîne, et en par-
tation de 231 nouveaux foyers. ticulier en province Nord. Dans un contexte d’augmentation
Les populations les plus isolées ont pu constater l’intérêt de général du niveau de vie de la population, il faut poursuivre
l’énergie en particulier pour leurs activités aquacoles, de pêche l’effort d’amélioration des conditions de vie des foyers très éloi-
ou encore d’élevage. gnés du réseau et souvent totalement dépendants de groupes
L’électrification par le solaire a été mise en œuvre dès 1996 en électrogènes. Cela permettrait en outre le développement d’ac-
proposant aux foyers encore non alimentés en électricité l’instal- tivités économiques.
lation d’un kit solaire de 800 wc (watt crête)6.
La carte suivante montre un très fort pourcentage de personnes 3.2.4 … et des besoins qui évoluent
possédant un panneau solaire sur la côte est et en particulier sur L’augmentation de la demande en électricité, et la réponse qui
la côte est de la province Nord. On peut noter par exemple le cas lui est apportée par la « programmation pluriannuelle des in-
particulier de Hienghène où 16% de la population communale vestissements », ont été traités par l’atelier 6 « environnement
utilise un panneau solaire (tribus isolées). et cadre de vie ».
Le kit solaire permet d’alimenter au maximum les deux varian-
tes d’équipement ci-après : 3.3 L’accès aux télécommunications
6 luminaires 8 luminaires
L’enjeu est double.
Son premier volet est celui du raccordement des lieux
2 appareils de froid de 200 L 2 appareils de froid de 140 L
(conservateur et/ou réfrigérateur) (conservateur et/ou réfrigérateur) isolés au réseau général des télécommunications, afin de
permettre les télécommunications sur l’ensemble de la Nou-
1 téléviseur, 1 magnétoscope et 1 radiocassette à partir de l’onduleur
velle-Calédonie.
Le programme FER inclut également la maintenance des Ce raccordement passera par le raccordement direct de cer-
équipements mis en place. tains foyers à une ligne fixe, mais aussi par l’installation de relais
de télécommunications mobiles et enfin par la mise en place de
3.2.3 … mais un archipel étendu cabines publiques dans les lieux les plus isolés.
et des populations dispersées Son second volet est celui de la mise en place d’accès au haut
Comme vu plus haut, il existe encore un besoin significatif en débit dans tous les sites densément habités.

nouvelle-calédonie
UTILISATION DU PHOTOVOLTAIQUE
EN 2004
Source : ISEE RP 2004

6
La puissance crête représente la puissance délivrée par le panneau au point de puissance maximum

234
3.3.1 Le raccordement des ménages à une ligne 32% des ménages ont une ligne téléphonique fixe ;
téléphonique fixe sans compter Voh et Koné (où les données sont absentes ou
l

En 2008, 51% des ménages néo-calédoniens possèdent une li- en cours de réactualisation), 7 communes de la province Nord
gne fixe. comptent 11 à 20% de ménages qui ont une ligne téléphoni-
A l’exception de la côte Ouest de la province Sud où entre un tiers que fixe et 6 communes en comptent 20 à 32% ;
et deux tiers des ménages possèdent une ligne téléphonique fixe, les là
 Ouvéa et à Maré, entre 11 à 20% des ménages ont une

autres communes ont une situation beaucoup plus défavorable : ligne téléphonique fixe tandis qu’à Lifou, on en compte 20
ls
 ur la côte Est de la province Sud et à l’île des Pins, seuls 20 à à 32%.

nouvelle-calédonie
ménages possédant une ligne téléphonique
en 2008

Source : OPT 2008

235
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
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du diagnostic
Solidarité sociale
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services à la population et activités

3.3.2 Les personnes possédant un terminal mobile entraînera une amélioration sensible des taux de couverture.
En 2008, 191 800 personnes possédent un terminal mobile. Par- L’objectif ultime est une couverture approchant les 100% de la
mi elles, 154 300 personnes ont un compte prépayé « Liberté » population dans six années environ. Les trois prochaines années
(soit deux fois plus qu’en 2003) et 37 500 ont un abonnement seront consacrées au doublement des relais GSM en privilégiant
Mobilis (soit une augmentation de 66% depuis 2003). les axes dits prioritaires (route transversale Koné-Tiwaka, routes
Les deux grands enjeux dans les années à venir en matière de menant aux aérodromes...). Les trois années suivantes viseront à
couverture mobile sont : atteindre les 100 % de couverture des zones habitées.
l la desserte le long des axes prioritaires ;

l la desserte de toutes les habitations. 3.3.3 Les ménages ne possédant ni fixe ni mobile
Enfin, un autre enjeu, qui ne relève pas directement du do- Plus de 9% des ménages ne possèdent ni ligne téléphonique
maine de l’accès aux services de la population, est celui de la fixe, ni terminal mobile (source enquête TNS).
pertinence de la tarification, afin de permettre une utilisation Selon cette même enquête réalisée sur 2100 ménages, 26%
plus large des services sur mobile. des ménages du Nord Est et des îles n’ont pas le téléphone (fixe
La carte suivante illustre la couverture GSM/GPRS. Elle montre ou mobile) contre 20% dans le sud rural et le Nord Ouest et 2%
que, compte tenu de la faible densité de la population, la couverture dans le Grand Nouméa.
mobile est relativement bonne, même s’il reste des zones d’ombre.
NOUVELLE-CALEDONIE
Globalement, à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, 32% des bâti- Part des ménages qui n’ont pas le téléphone
ments ne sont pas couverts par le GSM/GPRS : 59% en province (fixe et mobile)
Nord, 31% en province des îles Loyauté et 19% en province Sud.
On remarque notamment la faible densité en stations-relais dans la
chaîne, là où il n’existe pas de population humaine significative.
Outre le problème de la couverture des zones habitées, on re-
lève aussi le manque de continuité de la couverture le long des
axes routiers, ce qui entraîne divers problèmes dont celui de l’alerte
en cas d’accident (ce qui est d’autant plus important qu’il y a en
Nouvelle-Calédonie un vrai problème d’insécurité routière).
On peut signaler la mise en œuvre en octobre 2008 du
programme de généralisation de la couverture mobile. Ce
programme, inscrit dans le Plan Stratégique de Développe-
ment (quinquennal) dont l’OPT-NC s’est doté le 24 juillet 2008, Source : enquête TNS réalisée sur 2100 ménages

nouvelle-calédonie
ZONE DE COUVERTURE « Réseau mobile » (gsm/gprs) en 2008
Source : couche cartographique “GSM/GPRS” (OPT 2008) - couche cartographique “Bâtiments” (DITTT 2008)

236
3.3.4 La couverture de la Nouvelle-Calédonie bitants. Sur les 1312 cabines téléphoniques de l’OPT, 450 sont
en cabines téléphoniques situées en tribu (à comparer au nombre de tribus selon le recen-
On compte en moyenne une cabine téléphonique pour 176 ha- sement de 1996 : 341).

nouvelle-calédonie
cabine téléphoniques : nombre par habitant
en 2008

Source : OPT 2008, ISEE 2008

237
Les rapports des 9 ateliers
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du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

3.3.5 Une forte croissance de l’usage d’internet


La carte suivante illustre la part des ménages utilisant internet,
à la date du recensement de la population de 2004 :

nouvelle-calédonie
part des ménages possédant internet
en 2004
Source : ISEE RP 2004

Cependant, ces taux ont certainement fortement progressé Le bas débit restreint les usages au simple envoi de messages
depuis 2004, puisqu’on est par exemple passé de 5 146 abonnés électroniques sans pièce jointe lourde. L’enjeu à plus ou moins
à l’ADSL fin 2004 contre 24 900 fin octobre 2008 (quintuplement long terme serait à la fois quantitatif (avoir le haut débit sur l’en-
en quatre ans), alors que dans le même temps les abonnés à semble du territoire) et qualitatif : avoir un haut débit de capacité
internet bas débit sont passés de 10 099 à 3 571. suffisante pour permettre de nouveaux usages : exploitation à
Le graphique suivant résume ces tendances. distance d’applications interactives, téléchargement de très gros
NOUVELLE-CALEDONIE fichiers, rapatriement de données des data-centres, etc. La mise
évolution du nombre d’abonnés à internet en œuvre de nouvelles technologies et techniques (fibre opti-
que, WiMax,…) contribuera à cette extension de couverture et à
cette hausse des débits.
Le graphique suivant, établi par l’Union Internationale des Té-
lécommunications (UIT) illustre les taux d’abonnement 2007 à
la technologie haut débit internet dans divers pays. Ce tableau
permet de mesurer le retard de la Nouvelle-Calédonie par rap-
port aux pays asiatiques les plus avancés technologiquement
ainsi que par rapport à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. L’UIT
fait valoir que l’adoption du haut débit permet la fourniture de
toute une gamme de services en ligne socialement souhaitables
et utiles, dans des domaines tels que l’administration, l’enseigne-
ment et la santé.
Source : OPT - Données indisponibles pour le non ADSL en 2003 et 2004

238
Abonnés à Internet à haut-débit,
pour 100 habitants en 2007

NC
Base de données UIT sur les télécommunications/TIC dans le monde

En noir : pays à revenu moyen supérieur et élevé / En gris : pays à revenu moyen inférieur / En blanc : pays à faible revenu

Le niveau de développement économique joue un rôle transport vers le lieu de travail, les démarches administratives
essentiel dans l’adoption du haut débit, étant donné qu’il et les loisirs.
faut des investissements considérables pour mettre sur pied Enfin, l’accès à internet (cybercafé, poste à disposition dans les
une infrastructure à haut débit. Toutefois, le rapport relève mairies, cyberbases, cyberbus...) doit se démocratiser. Il est donc
un certain nombre d’obstacles et de problèmes que doivent nécessaire de mettre en place un dispositif d’accompagnement
résoudre les décideurs pour réduire la fracture au niveau du pour que cela ne reste pas seulement accessible à une élite. Il
haut débit. Les pouvoirs publics doivent en reconnaître l’im- doit pouvoir être accessible à un maximum de personnes.
portance et formuler des politiques concrètes du haut-débit L’accès à internet doit également se développer dans les
et fixer des objectifs clairs, tout en prenant des mesures in- établissements scolaires car c’est une formidable source d’infor-
citatives pour en favoriser la réalisation : on pourrait réduire mation pour les élèves.
les prix du haut débit en encourageant l’arrivée de nouveaux La mise en service récente du câble vers l’Australie, en lieu
opérateurs sur les marchés, encourager la concurrence, li- et place d’une liaison satellite, a permis d’augmenter très net-
béraliser les secteurs nécessaires au développement de tement la performance des liaisons avec le reste du monde. A
l’activité du haut débit et encourager la mise en œuvre de l’instar de ce qui a été développé dans d’autres pays, on peut
nouvelles technologies, telles que par exemple le xPON, la donc imaginer pouvoir accueillir des entreprises cherchant à
3G et le WiMAX, autant d’atouts d’une meilleure pénétration valoriser le décalage horaire important avec la métropole : en
du haut débit. se dotant d’une équipe en Nouvelle-Calédonie travaillant en al-
Internet est un moyen de désenclavement certain. Si la ternance avec une équipe en Métropole, il est en effet possible
qualité de l’accès est suffisante, le développement de son uti- d’assurer une permanence du service (télé-maintenance, par
lisation permettrait à terme, d’encourager le télétravail voire exemple) ou de diminuer les délais de réalisation (ingénierie).
la « e- administration ». Cela permettrait ainsi de réduire les Il y a dans cet aspect un réel potentiel à exploiter pour la Nou-
déplacements. Ils sont en effet souvent occasionnés par le velle-Calédonie.

239
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

3.4. Le traitement des déchets ge publique si elle existe, ou dans un « dépotoir sauvage », ou à jeter
et l’assainissement leurs détritus n’importe où. Des dépotoirs « domestiques » existent
Cette partie du rapport est très lacunaire, compte tenu de la dans un certain nombre de grandes propriétés et de tribus.
difficulté d’obtenir des données sur ces sujets. En effet, aucun Cette situation concerne surtout les communes à faible po-
organisme ne centralise les données sur ces thèmes et aucune pulation, dans lesquelles la dispersion de l’habitat pose des
étude fine n’a été menée à l’échelle de la commune. Il est dès problèmes de coût de collecte.
lors impossible d’obtenir par exemple des données sur : Cette absence de collecte organisée pose de sérieux pro-
l le pourcentage de la population collectée et non collectée ; blèmes sanitaires et environnementaux, commentés dans le
l le volume de déchets produits ; rapport de l’atelier 6. Des solutions devront donc être trouvées
l le coût du traitement des déchets. pour mettre en place un système de collecte des déchets.
Il sera certainement nécessaire d’y remédier en envoyant un
questionnaire détaillé aux communes, reprenant notamment 3.4.1.2 Un système à repenser dans son ensemble…
ces questions de traitement des déchets et d’assainissement. Le problème des déchets doit être pensé globalement. En ef-
fet, une solution doit être trouvée dès qu’un déchet est produit.
3.4.1 La collecte et le traitement des déchets Il faut alors idéalement le trier, le transporter jusqu’à une Ins-
3.4.1.1 Une collecte des déchets variable selon les communes tallation de Stockage de Déchets (nouvelle dénomination des
La collecte des déchets n’est pas organisée sur certaines parties du Centres d’Enfouissement Techniques depuis l’arrêté ministériel
territoire, obligeant les ménages à se rendre eux-mêmes à la déchar- du 9 septembre 1997) et le traiter.

nouvelle-calédonie
localisation des installations de stockage des déchets (isd)
et centres de transfert et déchetteries (ctd) en 2008

240
nouvelle-calédonie
syndicat à vocation unique (sivu) et multiple (sivm)
ordures ménagères

Source : Haut-commissariat, Direction des actions de l’Etat


Actuellement, très peu de communes pratiquent le tri. On lles moyens de réduire sa production des déchets ;
peut citer l’exemple des communes du Mont-Dore et de Ponéri- lles actions entreprises par les pouvoirs publics (collecte, retrai-
houen qui ont mis en place une expérimentation depuis peu sur tement, etc.) ;
leurs communes. On peut signaler cependant qu’aujourd’hui les l l a réglementation applicable (obligation de rapporter certains

déchets valorisables sont stockés dans l’attente d’un traitement déchets sur des lieux de collecte).
ultérieur.
Le chantier à lancer est donc énorme car il faut modifier en 3.4.1.3 … et qui commence à être pris en compte
profondeur les habitudes des usagers, ce qui renvoie à la néces- par les collectivités
sité de grandes campagnes de sensibilisation visant à la fois les La province Sud, par sa délibération n° 01-2008/APS du 10 avril
entreprises et les particuliers, et qui doit permettre d’informer 2008, a instauré une « gestion responsable des déchets en vue
sur : de la protection de l’environnement », reposant sur le principe
l l es enjeux environnementaux et financiers de la gestion des de « responsabilité élargie des producteurs » : ce point a été dé-
déchets ; taillé par l’atelier 6.

241
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
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Solidarité sociale
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et égalité
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services à la population et activités

3.4.2 Un réseau d’assainissement très insuffisant munes comme Bourail (5 %), La Foa (15 %), Nouméa (30 %) et
La mise en place de réseaux d’assainissement est une pra- Dumbéa (65%).
tique relativement récente en Nouvelle-Calédonie. La part Ces points ont été développés par l’atelier 6.
de la population raccordée à un système d’assainissement Nota : Les difficultés évoquées précédemment pour obtenir des don-
est une donnée non disponible de manière précise ; des nées concernant le traitement des déchets sont également vraies
évaluations sont toutefois disponibles pour certaines com- concernant l’assainissement. Une étude est en cours à ce sujet.

nouvelle-calédonie
STATIONs D’éPURATION publiques (step)
en 2008
Source : Direction de l’environnement de la province Sud, DAFE, Mairie de Nouméa

242
4. Distribution territoriale de l’activité
Le mandat demande de traiter la question de la distribution 2009 et les données sur l’emploi seront disponibles dans le
territoriale de l’activité. Cependant, il s’est avéré qu’en l’absence courant de l’année 2010.
de données pertinentes, il est impossible de mener une telle
analyse. En effet, il n’existe pas en Nouvelle-Calédonie, comme b) aux fichiers CAFAT/RIDET
c’est le cas en Métropole, d’enquête emploi, et les statistiques sur Les statistiques sur les salariés disponibles à l’ISEE sont issues du
l’emploi disponibles à l’ISEE se limitent : rapprochement du fichier RIDET des entreprises et du fichier CA-
FAT des salariés. Ces statistiques permettent un suivi régulier de
a) aux recensements de la population l’emploi salarié en Nouvelle-Calédonie et représentent en cela un
Les recensements permettent de recueillir des informations indicateur conjoncturel intéressant. Mais elles ne concernent que
sur l’activité des personnes (lieu de travail et lieu de résidence, les salariés et non les travailleurs indépendants (à leur compte), et
profession, statut professionnel, secteur d’activité économi- ne renseignent pas sur la durée de travail. Mais surtout, elles ne
que, etc.). Mais le recensement reste une enquête ponctuelle permettent pas de localiser géographiquement les salariés autre-
(tous les 7 ans avant 2004 et tous les 5 ans aujourd’hui) et dé- ment qu’au siège social de l’entreprise qui les emploie, ce qui est
clarative (sans justificatif ). Le recensement de la population de évidemment sans lien avec la localisation géographique précise de
2004 ayant été en partie boycotté, seules des données géné- l’emploi concerné (par exemple, le siège de la SMSP est à Nouméa).
rales des questionnaires ont pu être traitées, et manquent des Enfin, le fichier RIDET contient un certain nombre d’entreprises qui
éléments tels que : le lieu de travail, les démarches effectuées ne sont plus en activité, car il n’y a aucune obligation (ni sanction)
pour trouver du travail, la disponibilité pour occuper un em- de radiation en cas de cessation de l’activité.
ploi immédiatement, le type d’emploi, le statut professionnel, Les données de 2004 n’étant pas exploitables, il est possible
etc. Cet énorme vide dans les statistiques 2004 empêche de cependant de montrer la situation en 1996, à partir des données
se donner une idée précise de l’emploi et de sa localisation en du recensement de la population. Cette carte est cependant à
Nouvelle-Calédonie, car les données du recensement de 1996 prendre avec beaucoup de précaution puisque reposant sur des
sont obsolètes. Le prochain recensement est prévu pour août données anciennes.

nouvelle-calédonie
migrations pendulaires : part (%) des actifs travaillant
à l’extérieur de leur commune de résidence en 1996

Source : ISEE, RP 1996

NOTA : L’étude AFD-IEOM-ISEE « Les défis de la croissance calédonienne », publiée à la mi-décembre 2008, postérieurement aux
travaux du présent atelier, a permis de quantifier les écarts de PIB par habitant entre les trois provinces, en 1996 et en 2004.

243
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
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du diagnostic
Solidarité sociale
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et égalité
- des chances
services à la population et activités

5. Les transports
5.1. Des infrastructures de qualité… dans le Sud, 21% pour la province des îles Loyauté, et 82% en
5.1.1 Environ la moitié des routes de Nouvelle-Calédonie province Nord. Cependant, l’affichage de ces taux ne doit pas
sont revêtues… laisser croire que l’objectif de revêtir 100% des routes néo-ca-
En matière d’infrastructures routières, la Nouvelle-Calédonie lédoniennes aurait du sens. En effet, il est parfois préférable de
dispose d’un réseau de plus de 5 400 km de routes, dont 61% conserver une piste peu utilisée, qui pourra être rechargée dès
demeurent non revêtues. que cela sera nécessaire, plutôt que de la goudronner et consta-
Le réseau est constitué de trois catégories de routes réparties de ter que, par manque de moyens sur l’entretien, elle devient en
la manière suivante : fait plus difficilement praticable. Par contre, limiter le risque
l l es routes “territoriales”, au nombre de 4, représentent un li- d’impraticabilité d’une piste lors des intempéries, notamment
néaire de 562,4 km dont 6,1 km non revêtus ; pour les franchissements de radiers, peut être un enjeu pour les
l l es routes “provinciales” représentent 779,4 km et sont re- populations desservies.
couvertes à hauteur de 82%. Si tout le réseau est revêtu en
province des îles Loyauté, les routes provinciales du Sud et du 5.1.2 …ce qui n’empêche pas d’énormes problèmes de
Nord comptent respectivement 8 km et 76 km de routes non sécurité routière
revêtues ; Avec environ 50 à 60 morts par an, la mortalité routière, ramenée à
lp  our ce qui concerne les routes communales, elles constituent la population, est environ trois fois plus élevée qu’en métropole.
au total un linéaire de plus de 4 100 km, mais présentent selon De nombreuses causes expliquent cette situation, dont cer-
les provinces une grande disparité au niveau des taux de re- taines touchent aux infrastructures : absence de revêtement sur
vêtement. En effet, les routes communales de la province Sud une partie du réseau, faible largeur, niveau des équipements de
sont recouvertes à hauteur de 52%, celles de la province Nord sécurité, signalisation, structure résistant mal face aux intempé-
à 18% et celles de la province des îles Loyauté à 79%. ries ou aux poids lourds, entretien parfois peu régulier des routes
Ainsi, le pourcentage de routes non revêtues s’établit à 48% et des accotements. Dans ce contexte, il y a lieu de relever que

nouvelle-calédonie
routes communales : état de leur revêtement
en 2008
Source : DITTT, recensement voirie communale au 04/06/2008

244
les collectivités concernées ne coordonnent que partiellement en rase campagne hors acquisitions foncières) ;
leurs actions d’investissement et d’entretien ; une meilleure lla rentabilité socio-économique : hors zones urbaines, compte
homogénéité pourrait pourtant probablement contribuer à tenu des faibles trafics, les investissements ont un coût sou-
améliorer la sécurité routière et diminuer les coûts. vent supérieur à la valeur monétaire des avantages apportés
à la société (gains de temps de parcours, de confort, de taux
5.1.3 Des possibilités d’amélioration relativement d’accident).
limitées sur les transports terrestres Il est souvent exprimé un regret quant à l’absence d’une voie
Il n’existe qu’une seule artère permettant de se rendre du nord ferroviaire sur l’axe Nord-Sud, présentée comme une alternative
au sud de la Grande-Terre. Située sur la côte Ouest, de loin la intéressante à la RT1 pour le transport de voyageurs et pour le
plus peuplée, la RT1 concentre donc la majorité des flux de fret. Cependant, ce type d’investissement est très onéreux et en
circulation. Mais le trafic reste modeste, et cette situation n’est fait inapproprié compte tenu de la faible population desservie.
problématique qu’à l’entrée de Nouméa. Des études à venir
sur les flux de circulation futurs sur la RT1 devront asseoir une 5.1.4 Des insfrastructures modernes pour les transports
réflexion sur le niveau de service à assurer et les besoins d’amé- maritimes…
lioration de l’infrastructure au-delà de La Tontouta. Les infrastructures portuaires existantes sont modernes et bien
La province Sud étudie quant à elle l’extension de ses deux entretenues. Certains ports ont vu le jour récemment : Pandop,
voies express : Wé … et permettent un développement des activités en dehors
l l a VDO tout d’abord : prolongation de la deux fois deux voies de de Nouméa.
Paita à La Tontouta, en contournant le col de la Pirogue ; Le port de Vavouto, qui est indissociable de l’usine métallur-
l l a VDE ensuite qui sera prolongée jusqu’à la Coulée. gique en construction, constitue une réelle opportunité pour
La décision de lancer ces travaux devrait être prise début 2009 désenclaver la zone Voh-Koné-Pouembout mais aussi toute la
et, le cas échéant, les travaux s’étaleront jusqu’en 2025. province Nord. En effet, moyennant un équipement en infras-
Les principaux problèmes pour améliorer les infrastructures tructures portuaires, ce port pourra notamment constituer une
existantes sont : porte d’entrée pour le commerce intérieur (création d’une liaison
l l e foncier : les documents d’urbanisme ne réservent en effet maritime dédiée au fret, allégeant le trafic de la RT1) et extérieur
aucune emprise nécessaire à la création de nouveaux axes rou- (l’accès à des porte-containeurs est permis par la profondeur du
tiers ou de transports en commun ; chenal ouvert pour l’usine métallurgique).
l l e coût : il faut compter entre 300 et 400 millions de francs par De même, il est imaginé depuis plus de trente ans la possi-
km pour une deux fois une voie de type RT1, de l’ordre de 600 bilité de répondre à l’enjeu de la desserte des îles Loyauté par
millions de francs par km pour une deux fois deux voies de la création d’un port sur la côte est (peut-être à Thio) et d’une
type voie express et un milliard de francs pour un échangeur liaison maritime. L’évaluation des avantages et difficultés d’un tel
(tous ces coûts étant entendus pour des constructions neuves projet est toutefois complexe.

245
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

5.1.5 … et les transports aériens ne disposent pas des équipements permettant l’atterrissage par
La Nouvelle-Calédonie dispose d’un aéroport international mauvais temps.
(relevant de la compétence de l’État) et de 14 aérodromes Il convient de différencier :
(appartenant à la Nouvelle-Calédonie, aux provinces ou aux l l es aérodromes à usage commercial, ouverts au transport aé-

communes). rien public : Nouméa-La Tontouta (État) ; Nouméa-Magenta,


Les infrastructures aéroportuaires existantes sont modernes Lifou et Koné (Nouvelle-Calédonie) ; Ile des pins (province
et bien entretenues. On peut simplement noter que la longueur Sud) ; Touho, Koumac, Bélep (province Nord) ; Ouvéa, Tiga,
limitée de certaines pistes empêche d’utiliser les appareils de Maré (province des îles Loyauté) ;
type ATR 72 et 42 de la compagnie Air Calédonie à leur pleine le  t les aérodromes non commerciaux : La Foa, Bourail, Canala

capacité, renchérissant ainsi le coût par siège. Certaines pistes et Poum-Malabou.

nouvelle-calédonie
transport aérien public
réseau des aérodromes ouverts à la circulation
en 2008
Source : Direction de l’Aviation Civile (DAC), 2008

246
5.2 …
 mais une offre de service que de transports en commun aux besoins de la population se
insuffisamment développée traduit par le fait que seuls 8 % des trajets domicile-travail sur
5.2.1 Une offre inadaptée en matière de transports le Grand Nouméa sont effectués en transports en commun,
en commun alors que 77% sont effectués en voiture. Cette situation expli-
L’offre de transports collectifs inter et péri-urbains est très insuf- que en soi les nombreux embouteillages et constitue un frein
fisante. Une des explications est la dispersion de l’habitat qui au développement économique.
s’adapte mal au passage d’un service public de transport. Ainsi, Les cartes qui suivent, montrent que l’organisation ac-
la desserte des tribus est quasi-inexistante, et, à défaut de voi- tuelle des réseaux de bus des provinces Nord et Sud et de
ture, la seule solution alternative pour se rendre au centre-ville la Nouvelle-Calédonie, n’offre que peu de possibilités et de
ou au village est d’avoir recours au taxi ou aux VLC (Véhicule de flexibilité aux usagers. En effet, sur les 7 lignes territoriales en ac-
Location avec Chauffeur), qui sont des moyens très onéreux. tivité desservant le Nord, 3 seulement (ligne Hienghène, Canala,
Seule la commune de Nouméa possède un réseau or- Houaïlou) permettent de faire, sur au moins l’un des jours de la
ganisé. On note cependant une mauvaise desserte, une semaine, un aller/retour dans la journée sur Nouméa avec un
irrégularité des transports et une faible amplitude dans les minimum de 3 heures sur place. Ce laps de temps apparaît, en
horaires (ex : après 20h, les étudiants de Nouville ne peuvent effet, comme un minimum nécessaire pour effectuer différents
plus rentrer chez eux en bus). L’inadaptation de l’offre publi- types de démarches (administrative, médecins..).

Source : DITTT, 2005

Par contre, toutes les lignes de la province Sud (Bourail, La Foa,


Yaté, Thio) permettent d’effectuer un aller/retour sur Nouméa
chaque jour de la semaine.

247
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
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du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités
Source : DITTT, 2005

On déplore aussi souvent la qualité du service rendu à l’usa- 5.2.3 Des coûts élevés pour l’usager
ger : retard, propreté, conditions d’attente aux arrêts… des transports en commun
Un point particulier a été fait sur l’organisation des transports Les transports en commun coûtent cher pour les person-
scolaires : on déplore en effet des amplitudes trop importantes nes à faible revenu et tributaires des bus. En effet, même s’il
(départ trop tôt le matin, au plus tôt 5h du matin et retour trop existe des formules d’abonnement, avec des tarifs sociaux, cer-
tard le soir, au plus tard 19h) ; un lien est à faire avec le taux taines personnes ne peuvent pas se permettre de mobiliser en
d’élèves en situation d’échec scolaire. une seule fois une importante somme d’argent (7250 F pour un
L’accessibilité pour les populations handicapées, âgées et à abonnement mensuel sur le réseau Karuïa ; 8900 F pour un
mobilité réduite est très limitée à la fois dans les bus eux mêmes abonnement 3 zones sur CarSud). Elles achètent donc leur
mais aussi en terme d’accès aux arrêts (problème des chemi- ticket de manière unitaire, ce qui augmente le coût au voyage.
nements piétons, distance des arrêts situés sur les grands axes
par rapport aux lieux d’habitation). Les conditions de sécurité Tarifs KARUIA
de l’accès aux arrêts et des arrêts eux-mêmes sont insuffisantes 1 trajet adulte vendu à l’unité dans le bus 200 FCFP
voire très gravement insuffisantes (cas d’une obligation de che- 1 trajet adulte vendu à l’unité au distributeur 170 FCFP
minement le long de l’axe routier).
Carte 10 voyages (*) 1650 FCFP
Source : Site Internet Karuia

5.2.2 Un cruel déficit d’image du transport en commun Abonnement un mois tarif normal (*) 7250 FCFP
Les transports en commun calédoniens souffrent d’un déficit Abonnement un mois tarif élève ou étudiant (*) 5070 FCFP
d’image. Il n’y a aucune lisibilité pour l’usager éventuel sur l’exis- Abonnement un mois tarif invalide ou +65 ans (*) 3620 FCFP
tant, les possibilités offertes, les avantages du réseau… Il y a un (*) : + 600 F de caution pour la carte rechargeable ou la carte d’abonnement
manque cruel d’informations pour les voyageurs. On constate
l’absence de structure centralisant ces informations.
La population n’est pas incitée à prendre les transports en Les transports privés pour les élèves de maternelles et de pri-
commun qui ne sont pas présentés comme un mode de trans- maire représentent une dépense importante pour les parents,
port pour tous. Ainsi, faute de publicité, de fiabilité, de tarifs aidés qui est à rajouter aux frais de garde, cantine…
et d’avantages réels par rapport à l’automobile, les transports
en commun ne sont souvent utilisés que par des populations 5.2.4 Des transports maritimes peu réguliers
captives, qui n’ont d’autres solutions que de prendre le bus. De nombreux reproches sont faits à la desserte maritime : la
Ce mode de transport est donc utilisé souvent, faute de desserte est inadaptée aux besoins, le coût est élevé, l’offre in-
mieux, et à défaut d’avoir une voiture ou un autre moyen de suffisante et la fiabilité médiocre (nombreuses pannes).
transport personnel. Parmi les principales carences, on note :

248
ll’existence d’un seul bateau de la Sudîles (Betico) pour les pas- déboires du transport maritime. Les collectivités ne se sont im-
sagers (depuis peu l’Aremiti 4 dessert l’ile des Pins) ; pliquées que par la suite. Aujourd’hui encore, il n’existe pas de
ld es dysfonctionnements pour le fret : maintenance de bateau schéma directeur du transport aérien, mais une réflexion sera
simultanée entre deux compagnies. Ce manque de communi- lancée prochainement.
cation entre les entreprises de fret est très handicapant à la fois Certains pensent que le niveau des aides publiques n’est pas
pour les usagers et les entreprises. suffisant pour répondre aux demandes de transport aérien et per-
Devant les problèmes de saturation des transports sur l’agglo- mettre l’accès du plus grand nombre à ce mode de transport.
mération de Nouméa, et le développement urbain en zone
côtière, il ne peut être exclu que le transport maritime de voya- 5.3. D
 es lacunes en matière de coordination
geurs ait un intérêt, comme partie d’une offre coordonnée de et un manque de ressources
transports en commun. 5.3.1 Un manque cruel de financements
On peut compter les aides publiques suivantes aux réseaux
5.2.5 Des transports aériens indispensables mais de transports en commun : Karuïa (350 MF), Carsud (300 MF),
coûteux Transco (250 MF), lignes interurbaines de la Nouvelle-Calédo-
5.2.5.1 Un mode de transport coûteux… nie (12,5 MF). Ce montant global de près d’un milliard n’intègre
Les principaux reproches faits aux transports aériens concernent pas toutes les aides, et notamment pas celles dont bénéficient
principalement : les transports scolaires pour le primaire par exemple. Ces fi-
l l e nombre insuffisant de communes desservies : l’aérodrome nancements sont pris sur le budget propre des collectivités :
de Canala n’a jamais été exploité par une ligne commerciale communes du Grand Nouméa, province Sud, gouvernement
régulière et l’aérodrome de Houaïlou est fermé à la circulation de la Nouvelle-Calédonie.
publique aérienne depuis 1996 (clientèle insuffisante) ; Ces financements publics peuvent être qualifiés de faibles :
l l e rythme de liaisons insuffisant : Koné par exemple n’est des- en effet, on constate une relative faiblesse du trafic et des coûts
servie en ligne directe que le mercredi (le lundi, la liaison n’est d’exploitation élevés, et l’équilibre ne peut être atteint, en l’état
pas directe et dans ce cas la concurrence de la route est très des aides publiques, que moyennant une faible qualité de service,
importante) ; déjà décrite plus haut et qui est l’un des facteurs explicatifs de la
l l e prix des billets qui sont toutefois sujets à de plus en plus faible fréquentation. Dès lors se pose la question d’augmenter :
de tarifs modulés et de subventions pour certaines catégories l l ’appui public aux transports, par exemple par le biais d’une

(résidents). taxe affectée ;


L’explication de cette situation tient au fait que le transport aé- le  t/ou la participation demandée aux usagers.

rien est un mode de déplacement très coûteux car supposant Ces problèmes sont particulièrement vrais pour les transports
des investissements lourds et répondant à de fortes contraintes scolaires, d’autant que les familles ne sont que peu sollicitées
techniques et réglementaires, faisant appel à des personnels financièrement.
techniques hautement qualifiés. Les frais fixes sont élevés, et les
appareils ne peuvent pas être adaptés en taille face aux faibles 5.3.2 Une nécessaire mutualisation des moyens au sein
demandes. d’un même mode de transports
Au total, même avec des subventions publiques et un temps Pour faire des économies d’échelle, tant en investissement qu’en
de retour sur investissement très long, les tarifs ne peuvent exploitation, et pour assurer aux usagers une meilleure offre de
qu’être élevés, ce qui limite la demande et empêche de déve- transport (moins chère, mieux coordonnée, etc.), il est souhai-
lopper de nouvelles lignes. table que les autorités organisatrices des transports publics se
regroupent.
5.2.5.2 …très concurrencé par d’autres modes Concernant les transports interurbains, il est prévu de créer,
L’avion est concurrencé par la route sur la Grande-Terre. Cet as- comme le permet l’article 54 de la loi organique, un syndicat mix-
pect explique que le trafic à l’intérieur de la Grande-Terre est te associant la Nouvelle-Calédonie et les provinces Nord et Sud.
20 fois inférieur au trafic Grande-Terre –îles Loyauté (cf. Annexe Concernant les transports à échelle plus locale, il est possible
1 et 2, cartes sur les flux de passagers au départ et à l’arrivée de se regrouper en intercommunalité. On constate malheu-
de Magenta). Cependant, la fréquence des rotations et la capa- reusement que très peu de syndicats intercommunaux ont été
cité offerte sur Nouméa-Koné pourrait évoluer compte tenu du créés, même si une tendance s’amorce actuellement à ce sujet.
développement de la zone Voh-Koné-Pouembout. En effet, Air
Calédonie mettra en place fin 2008 une desserte en ATR (entre 5.3.3 Une nécessaire coordination
44 et 72 places) à la place des Dornier de 20 places. entre moyens de transport
Pour la desserte des îles Loyauté, l’avion et le bateau ont des Les compétences étant éclatées entre différentes collectivités
clientèles distinctes, le premier étant beaucoup plus rapide (Li- et au sein de différents services techniques, il n’y a pas de cohé-
fou : 45 mn en avion, 6h en bateau) et le second étant beaucoup rence entre les différents modes de transports, chaque mode de
moins cher. L’intérêt du bateau est particulièrement net pour la transport étant pensé séparément et non comme un tout.
desserte inter-îles Loyauté. Les interconnexions entre réseaux posent à la fois :
lu n problème de correspondance : le manque de cohérence

5.2.5.3 …et pour lequel les priorités publiques des horaires rend le temps de trajet par transport public trop
de développement ne sont pas explicitées important par rapport à la voiture. Par exemple, un trajet de
Historiquement, le transport aérien intérieur a été développé à Plum aux quartiers sud de Nouméa aux heures de pointes
partir de 1955 sur la base d’une initiative privée : Transpac qui prend environ 1h – 1h30 en voiture, mais jusqu’à 3h via les
est devenue ensuite Air Calédonie, pour répondre à certains réseaux Carsud et Karuïa.

249
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
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du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

let un problème de tarif : l’usager est à l’heure actuelle dans une optique de développement durable. L’enjeu est de prendre
l’obligation de payer deux tickets distincts pour utiliser succes- en compte à la fois le coût du transport, son efficacité et son
sivement Karuïa et Carsud ; de même, il n’existe pas de billet impact sur l’environnement.
unique pour un trajet bus+bateau, par exemple entre une
commune de l’intérieur et une commune insulaire. 5.3.4 Un besoin d’initiatives en matière
Une réflexion globale sur tous les types de transports doit être de transports alternatifs
menée à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie pour répondre à On regrette l’absence de formes de transports en commun al-
toutes les difficultés évoquées précédemment, et renforcer la ternatifs comme le covoiturage, qui permettrait de réduire le
cohérence des réflexions existantes sur les routes et sur les trans- nombre de voitures de manière considérable et de diminuer
ports routiers, trop « sectorielles ». ainsi les problèmes d’embouteillage et de pollution. Cette prati-
De plus, il est souhaitable d’avoir une vision prospective pour que serait à encourager à l’avenir, de même que les modes doux
pouvoir répondre au mieux aux besoins des populations dans à Nouméa (vélo, marche, etc.).

250
Annexe I
Localisation des plateaux sportifs et salles omnisport en 2008

Source : DJS 2008

251
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 7
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du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- des chances
services à la population et activités

Annexe II
Flux de passagers au départ de Magenta en 2007
Source : DAC 2007

Annexe III
Flux de passagers à l’arrivée de Magenta en 2007
Source : DAC 2007

252
CERCEAU Adeline, Centre Communal d’Action Sociale
Annexe IV de la mairie de Nouméa
COLLOMB Jean-François, Empreintes Sarl
Rappel du mandat de l’atelier COLOMB Laurent, mairie de Hienghène
CORTAMBERT Michel, service des actions sanitaires
Utiliser de manière rationnelle et équilibrée l’espace est la fonction et de prévention de la Direction provinciale des Affaires Sanitai-
première des politiques d’aménagement. Le schéma d’aména- res et Sociales et des Problèmes de Société de la province Nord
gement et de développement de la Nouvelle-Calédonie doit (DASS-PS)
définir les orientations fondamentales en termes d’infrastructu- COULON Jocelyne, Association des Maires
res et d’équipements nécessaires aux services à la population et de Nouvelle-Calédonie (AMNC)
à l’activité économique, en veillant à un développement équi- COURTOT Robert, commune de Pouembout
libré du territoire. COUSIN Claude, OPAS Sud
L’aménagement vise en particulier à une meilleure réparti- COZANNET Naïg, Agence Française de Développement (AFD)
tion des retombées du développement, ce qui implique une D’ALMEIDA Joao, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
réflexion sur l’accès aux services et aux activités dans les dif- Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP)
férentes parties d’un territoire. La notion d’accès aux services DARBON Didier, Direction des Affaires Sanitaires et Sociales du
(consommation, santé, éducation, culture, sports, loisirs, com- gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (DASS)
munication, transports, énergie, eau, déchets) constitue un CHAPALAIN Marc, Direction de la Marine Marchande et des
critère important d’attractivité et de maintien des populations. Pêches Maritimes (SMMPM)
Les infrastructures ont un rôle déterminant sur l’organisation DOUNEHOTE Guigui, congrès de la Nouvelle-Calédonie,
spatiale et sur les échanges géographiques et humains dans un assemblée de la province Nord et commune de Voh
territoire aussi peu dense. DUBOIS Philippe, Société d’Equipement
L’atelier devra analyser la situation actuelle en matière de : de Nouvelle-Calédonie (SECAL)
ld  istribution territoriale des principaux services normalement DUBOIS Isabelle, Direction de l’Equipement de la province Sud
associés à l’habitat (eau, électricité, téléphone ou GSM, collecte DURAND Eddy, Union des Secteurs Généraux du Commerce et
de déchets, routes, transports publics) ; de l’Industrie de Nouvelle-Calédonie (COGETRA / U.S.G.C.I.N.C.)
lc  onditions d’accès aux principaux services de proximité (com- DUTAILLY Etienne, Association des Editeurs
merces, santé, éducation, culture, sports, loisirs, poste, banques, de Nouvelle-Calédonie
etc.) ; DUVAL Henri-Bernard, Association des Titulaires du Master
ld  istribution territoriale de l’activité économique. DEVTAT (Développement Territorial et Aménagement
Il s’attachera notamment à décrire les principaux problèmes, po- du Territoire) de l’Université de Nouvelle-Calédonie
sés par cette situation. Il proposera une hiérarchisation de ces FISDIEPAS Daniel, commune de Hienghène et président
problèmes. de l’Association des Maires de Nouvelle-Calédonie
L’atelier réfléchira, le cas échéant avec l’appui de personnes FRIAT Jean-Baptiste, services d’animation et d’insertion
qui pourront apporter au groupe leur expertise sur ces sujets, au de la mairie du Mont-Dore
fonctionnement global du territoire : identification des différents GEORGELIN Hugues, transports interurbains de la DITTT
pôles d’attractivité (pôles principaux et secondaires), rayonne- GIUBERGIA Robert, pôle grands projets, aménagements,
ment de ces pôles, inter-relations entre eux, inter-relations avec logements social et habitat du haut-commissariat
les zones géographiques qui les entourent, forces et faiblesses GOPOEA André, commune de Ponérihouen
de ces pôles. GRANGER Bruno, Association Ensemble pour la Planète (EPLP)
GRAVELAT Xavier, Société Minière Georges Montagnat -
Syndicat des Industries de la Mine (SIM)
GROCHAIN Clément, sénat coutumier de l’aire PAICI CAMUKI
Annexe V GUIHARD Michel, Association Ensemble pour la Planète (EPLP)
GUILLARD Frédéric, service géomatique de la Direction
Membres inscrits à l’atelier des Technologies et Services de l’Information (DTSI)
GUILLOT Claude, Lycée Agricole de Nouvelle-Calédonie
ACITINO Pietro, USOENC HAEWENG Jean-Jacques, service Habitat et Infrastructures de
AJAPUHNYA Philippe, province des îles Loyauté la direction de l’Equipement et de l’Aménagement
AMOLE Joseph, commune de La Foa de la province des îles Loyauté
ARLIE Ghislaine, Association Française des Maires de Nouvelle- HOARAU Bernadette, Association des Consommateurs
Calédonie (AMF) et commune de Farino» de Nouvelle-Calédonie (UFC-Que Choisir)
BEAL Olivier, Direction de l’Equipement de la province Sud HOLERO Prisca, commune de Sarraméa
BEGAUD Jean, Société Néo-Calédonienne d’Energie (ENERCAL) IHAGE William, Air Calédonie
BERART Emmanuel, Mission d’Insertion des Jeunes IMASSI Béatrice, tribunal de première instance de Nouméa
de la province Sud (MIJ-PS) et Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN)
BERNUT Jacqueline, Conseil des Femmes de la province Sud, KOITOUNE Hervé, commune de Pouébo
OPAS et CHT de Nouméa KURTOVITCH Nicolas, Lycée Dokamo - Alliance Scolaire
BOUARD Séverine, Institut Agronomique néo-Calédonien (IAC) de l’Eglise Evangélique (ASEE)
CAZE Guillaume, Syndicat des Commerçants LEMAGNE Nathalie, Direction de l’Economie, de la Formation
de Nouvelle-Calédonie et de l’Emploi de la province Sud (DEFE)

253
Atelier 7
Organisation spatiale -
services à la population et activités

LICHA Franck, Collectif Handicaps en Nouvelle-Calédonie


LOGLI Paola, Direction des Technologies Annexe VI
et Services de l’Information de la NC (DTSI)
MAILLOT Thierry, Direction des Affaires Sanitaires et Sociales Bibliographie
et des Problèmes de Société de la province Nord (DASS-PS)
MAPERI Alexandre, Direction de l’Aménagement et du Foncier lLa télésanté dans le Pacifique, Projet d’un réseau calédonien
de la province Nord (DAF) de télémédecine, PACIFIC HEALTH DIALOG VOL 7. NO. 2. 2000
MAPOU Raphaël, Chargé de mission au sénat coutumier - C. Merzeau
MARRENS Jean-François, Syndicat Intercommunal lP rogramme d’évaluation des ressources marine de la zone

du Grand Nouméa (SIGN) économique de Nouvelle-Calédonie, analyse de l’état actuel


MARTINI Céline, Direction de l’Environnement de la commercialisation des produits de la pêche lagonaire
de la province Sud (DENV) au niveau du territoire- C. Marty, M. Kronen, F. Magron, 2005
MUGNIER Jean-Paul, Direction de l’Aviation Civile (DAC) lR apport d’observations définitives du 19 mars 2008, concer-

MUNKEL Mireille, BTP (CELECO BTP) nant la gestion de l’Office des Postes et Télécommunications
NGAIOHNI Pierre, Membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, la chambre territoriale des comptes
de la Nouvelle-Calédonie de Nouvelle-Calédonie, ROD 08/06/NC du 19 mars 2008
NGAZO Moïse, Association Calédonienne des handicapés lC ommuniqué de presse de l’union internationale des

(ACH) télécommunications en date du 1er septembre 2008 (http://


NOSMAS Jean-François, Agence de Développement Rural www.itu.int/newsroom/press_releases/2008/25-fr.html)
et d’Aménagement Foncier (ADRAF) l CCI
 info n°146, février 2007.
PAIMBOU-POUMOINE Marcel, commune de Ouégoa lT ableaux de l’économie calédonienne - ISEE

PITOUT Thierry, DITTT lr apports d’activité de la DASS

POANOUI Clara, commune de Poindimié lC hiffres de l’éducation en Nouvelle-Calédonie en 2007 -

POSTIC Jean-Raymond, Chef d’entreprise Vice rectorat


RAFFARD Thibaut, mairie de Nouméa
REMOND Gilles, Direction des Systèmes d’Information de la
province Nord (DSI)
ROULET Gilles, Direction de la Jeunesse
et des Sports de la Nouvelle-Calédonie (DJS)
SUZANNE Sandrine, SEFPNC
TRAVERS Jean-René, Gendarmerie de Nouméa
TUYENON Gilbert, commune de Canala
VAIALIMOA Rose, Association Dîîlen Ngâ
VAMA Marie-Laure, Direction des Affaires Générales
et de la Coordination Administrative de la province Nord
VANMAI Pierre, Société d’Eau et d’Electricité de Calédonie
(EEC)
VERDIER Olivier, Direction des télécommunications de l’OPT
VU VAN LONG Jean-Pierre, Direction de l’Aménagement
et du Foncier de la province Nord (DAF)
WEISS Wilfrid, commune de Koumac
WILSON Louis, Union du Syndicat Ouvriers des Travaux Publics
et des Municipalités de la Nouvelle-Calédonie (USOTPM)
WORETH Lionel, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP) OPT
YOTEAU Stéphane, Gérant du TYX - MEDEF Nouvelle-Calédonie

Secrétariat :
DOS SANTOS Muriel, service de l’aménagement
et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
HARRE Olivier, service de l’aménagement
et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
LABORDE Leslie, service de l’aménagement
et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
TRABUC Gaël, KPMG

254
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

8
Atelier 8
Organisation spatiale - occupation
du sol, ruralité et urbanisation
Président
Monsieur Eric Gay,
maire de la commune du Mont-Dore

Décembre 2008

255
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8

du diagnostic
Organisation spatiale - occupation du sol,
ruralité et urbanisation

Résumé
Les relations entre Nouméa et le reste du territoire relèvent d’un rapport rural/urbain relativement
classique : l’inégalité spatiale est présente dans tous les territoires au monde, à toutes les échelles,
et les pôles urbains continuent de se développer au détriment des campagnes. En Nouvelle-Calé-
donie, ce phénomène est bien visible : bien que les politiques de rééquilibrage instituées depuis
les accords de Matignon aient largement contribué à limiter le contraste existant entre Nouméa et
l’intérieur et les îles Loyauté, l’exode rural perdure ; il s’est même peut-être accéléré ces dernières
années.

En effet, la taille globale du territoire, son retard en équipements et la très faible densité des com-
munes de l’intérieur posent de grandes difficultés pour y assurer, à un coût acceptable, un niveau
de services et d’équipements publics satisfaisant. Les importants efforts faits, notamment depuis
la provincialisation, pour l’équipement de ces communes, ont permis d’y améliorer la qualité de
vie, mais il reste encore d’importants besoins. Ce problème est un facteur d’aggravation de l’exode
rural, et, dans le même temps, ce dernier rend plus coûteuses les politiques d’équipement.

D’autre part, l’activité économique calédonienne, qui repose pour beaucoup sur les services et
l’industrie, a structurellement tendance à se concentrer sur Nouméa et à ne générer que peu de
retombées en brousse ; l’agriculture périclite, le tourisme peine à se développer, et seule la mine
a parfois un effet structurant sur l’aménagement du territoire.

Au total, le monde rural manque de perspectives, et, sans la mise en œuvre d’une politique glo-
bale de développement et d’aménagement, prenant mieux en compte les enjeux propres de
chaque partie de l’archipel, il ne pourrait être exclu une amplification du phénomène d’exode rural.
Aujourd’hui, la planification n’est pas cadrée par une vision globale, faute de concertation efficace
entre les acteurs de l’aménagement.

Le développement du pôle Voh-Koné-Pouembout (VKP) constitue une opportunité très forte


vis-à-vis de l’enjeu de rééquilibrage : maximiser l’effet d’entraînement de l’usine métallurgique sur
l’ensemble du développement économique du Nord, dans tous les secteurs, permettra d’assurer
un fonctionnement plus endogène de l’économie locale (aujourd’hui, les interventions dans le
Nord sont en forte proportion assurées par des entreprises du Sud) ; de même, l’augmentation de
la taille de l’agglomération VKP, et du niveau des services qui y seront accessibles, induira un effet
de rayonnement sur l’ensemble du Nord.

Les outils au service des politiques d’aménagement sont peu satisfaisants : les PUD sont peu dé-
veloppés ; les schémas intercommunaux (Grand Nouméa et VKP) n’ont aucun statut ; il n’existe pas
de droit de préemption ni d’opérateur foncier (l’ADRAF n’agissant que sur les terres coutumières) ;
l’expropriation n’a quasiment jamais été utilisée dans un but de réserve foncière, etc. Ce manque
d’outils rend difficile, pour les collectivités à caractère urbain, toute opération de développement
ayant une dimension foncière ; d’autre part, l’augmentation naturelle des prix du foncier n’est en
rien contrée par l’action publique.

Les communes du Grand Nouméa ont du mal à bien maîtriser un développement urbain rapide.
Notamment, en l’absence d’adaptation de leurs recettes à leur besoins en équipements publics,
elles peinent à suivre le rythme des aménagements d’initiative privée ou des opérations de loge-
ment social.

0256
256
Sommaire
1. Introduction : l’aménagement du territoire,
une politique-clef pour le développement ................................................................ 258

2. L e grand Nouméa, l’intérieur et les îles : une dynamique contrastée


traduisant un manque de politique territoriale ................................................. 258
2.1 Une grande agglomération très attractive ........................................................................................... 258
2.2 Le caractère très stratégique du pôle Voh-Koné-Pouembout ............................................... 258
2.3 Des pôles urbains secondaires au développement très contrasté .................................. 259
2.4 Un fort contraste Est/Ouest ............................................................................................................................ 259
2.5 Un monde rural manquant de perspectives ....................................................................................... 261
2.6 Un exode rural qui perdure ............................................................................................................................. 261
2.7 Une agglomération ayant du mal à bien conduire son développement ...................... 262
2.8 Une concurrence urbain-rural classique, mais une situation accentuée ...................... 263
2.9 Le secteur mine/métallurgie comme organisateur de l’espace ............................................ 264
2.10 Des enjeux Nouméa / brousse relativement liés entre eux ................................................... 265
2.11 Une compréhension des relations entre territoires limitée
par le manque de données ........................................................................................................................... 265

3. U
 n manque d’outils en faveur d’une politique cohérente
et efficace d’aménagement .............................................................................................................. 265
3.1 Peu de principes directeurs en matière d’urbanisme .................................................................. 265
3.2 Des règles d’urbanisme fixées par les provinces .......................................................................... 266
3.3 U n certain flou sur les responsabilités respectives des communes
et des provinces en matière de documents d’urbanisme ....................................................... 266
3.4 Une planification non cadrée par une vision globale ................................................................ 266
3.5 Des PUD peu développés ................................................................................................................................ 267
3.6 D es outils d’urbanisme opérationnel local (ZAC, lotissement) utiles,
mais qui ne répondent pas à tous les besoins .............................................................................. 267
3.7 Des outils existants mais peu utilisés .................................................................................................... 267
3.8 Des outils absents… ............................................................................................................................................. 268
3.9 Un outil majeur qui manque cruellement : le droit de préemption ................................ 268
3.10 Un foncier peu accessible car cher ........................................................................................................... 268
3.11 La difficulté de mettre en valeur les terres coutumières ......................................................... 268
3.12 Des terres coutumières échappant aux règles de bonne gestion communale ....... 270
3.13 Une 1re conséquence importante : l’inflation du prix du foncier ........................................ 271
3.14 Une 2e conséquence importante : une logique d’aménagement
subie et non conduite par les collectivités ........................................................................................ 271
3.15 Une 3e conséquence importante : en milieu périurbain, le statut des terres
coutumières, et le manque de terres privées, sont un frein notable
à l’aménagement ................................................................................................................................................... 271

4. Des politiques d’aménagement coûteuses et mal financées ......... 271


4.1 Des collectivités n’ayant pas la maîtrise de leurs ressources ............................................... 271
4.2 D
 ’indispensables contrats de développement, dans lesquels sont principalement
inscrites des opérations de rattrapage .................................................................................................. 272
4.3 Une opportunité offerte par la défiscalisation ................................................................................. 272
4.4 Utilisation des ressources et limites ........................................................................................................ 273

5. D
 e forts enjeux, des difficultés institutionnelles
et un manque de perspectives ................................................................................................... 273

Annexe I Rappel du mandat de l’atelier ........................................................................................................................ 274


Annexe II Membres inscrits à l’atelier .............................................................................................................................. 274
Annexe III Bibliographie ............................................................................................................................................................. 275

0257
257
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

1. Introduction : l’aménagement du territoire,


une politique-clef pour le développement
Article 211 de la Loi organique n°99-209 du 19 mars d’un développement durable.
1999, modifiée, relative à la Nouvelle-Calédonie : (extrait) L’atelier « occupation du sol, ruralité et urbanisation » avait
Le schéma d’aménagement et de développement de la Nou- pour mission de faire le point sur les questions de répartition
velle-Calédonie exprime les orientations fondamentales en de la population et des activités, d’analyser les phénomènes
matière d’infrastructures, de formation initiale et continue, d’en- constatés, et de proposer des explications.
vironnement, d’équipements, de services d’intérêt territorial et de Le présent rapport d’atelier constate certains phénomè-
développement économique, social et culturel. Il veille à un déve- nes comme le manque de vision globale d’aménagement,
loppement équilibré du territoire, en particulier au rééquilibrage la prépondérance de l’initiative privée dans les décisions
de la répartition des fonds publics bénéficiant aux provinces et d’aménagement sans réel cadre réglementaire d’autorité, un
communes. Il fixe les objectifs à atteindre et prévoit les moyens à exode rural non maîtrisé avec son cortège d’effets induits, etc.
mettre en œuvre par l’État, la Nouvelle-Calédonie, les provinces L’absence de mise en œuvre de politiques cohérentes et équi-
et les communes. librées de développement spatial entraînera inéluctablement
une amplification de ces phénomènes : un développement
La question de l’organisation de l’espace constituera un des non maîtrisé peut engendrer l’accroissement des distorsions
points centraux du schéma d’aménagement et de développe- sociétales.
ment : la planification maîtrisée de l’espace, à travers des outils La diversité d’occupation des sols dans l’espace est une ri-
adéquats, permettra en effet d’organiser de façon équilibrée, de chesse du pays. Elle doit être connue, maîtrisée et encouragée.
valoriser et d’utiliser rationnellement l’espace, pour mieux ré- Toutes les collectivités sont concernées par ce défi. Mais une
pondre aux besoins de la population et lui assurer les conditions orchestration cohérente est indispensable.

2. L e grand Nouméa, l’intérieur et les îles :


une dynamique contrastée traduisant
un manque de politique territoriale
2.1 Une grande agglomération très attractive Ces données officielles de l’ISEE ne tiennent pas compte d’un
L’activité économique est l’un des principaux moteurs de l’or- nombre pourtant assez important de personnes qui vivent à
ganisation spatiale, par son influence directe sur la répartition Nouméa, et qui se sont fait recenser sur une commune rurale,
des activités et des populations. Or, grâce notamment à l’im- notamment en tribu.
plantation du port, puis d’une usine de valorisation du minerai, La croissance de la population et le développement économi-
depuis 1910, et grâce à son statut de centre administratif (ca- que entrainent parallèlement le développement des services, qui
pitale), Nouméa s’est développée plus rapidement que le reste sont très largement concentrés sur la capitale : voir à ce sujet le
du territoire. rapport de l’atelier 7, et l’illustration cartographique que ce rapport
Aujourd’hui encore, plus de 90% des nouvelles offres d’emploi donne de la centralisation des services sur la principale agglomé-
sont concentrées sur Nouméa. ration de l’archipel.
La croissance de la population est importante (voir graphi-
que) : elle a été en moyenne de 4,4% par an entre 1956 et 2004, 2.2. L e caractère très stratégique
contre +1,5% pour le reste du territoire. du pôle Voh-Koné-Pouembout
Le pôle Voh-Koné-Pouembout (VKP) s’est notablement développé
ces dernières années : le taux de croissance de la population entre
1989 et 2004 y a été égal à celui du Grand Nouméa. Ce dévelop-
pement va immanquablement se poursuivre, sous l’effet du projet
de l’usine du Nord.
Bien au-delà de la seule activité minière et métallurgique, le dé-
veloppement économique va y toucher tous les secteurs : artisanat
et petite industrie, transports, commerce et services, etc. Le SDAU
(Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme) prévoit les
zones prioritaires en matière d’aménagement, notamment pour sa-
tisfaire les besoins en logement et en zones artisanales permettant
Source : ISEE, RGP de 1956 à 2004

d’accueillir les nouvelles entreprises. A terme, on devrait constater


un effet levier, du fait d’un caractère de plus en plus endogène
du fonctionnement économique local : on devrait voir diminuer la
relative fuite de revenus vers le Sud constatée aujourd’hui, liée au
fait que la majorité des achats de biens et de services effectués par

258
les pouvoirs publics, les ménages ou les entreprises du Nord sont méa et de la qualité de vie en monde rural. On y constate par ailleurs
faits auprès d’entreprises qui n’y sont pas implantées. un phénomène de développement des résidences secondaires de
L’emploi induit, directement et indirectement, par l’usine du Nord personnes résidant à Nouméa, même si cela apporte relativement
bénéficiera de façon prépondérante aux populations locales mais, peu à l’économie locale.
pour autant, une partie des emplois ira à de nouveaux arrivants, Bourail ne semble pas avoir moins d’atouts, mais figure para-
notamment étrangers, dont les besoins favoriseront le développe- doxalement au 2/3 du classement. Son attractivité pourrait être
ment de nouveaux services, inexistants aujourd’hui sur VKP. améliorée par un projet d’envergure tel que celui de Gouaro-Deva.
Les pouvoirs publics accompagnent ce mouvement, par l’im- Bourail pourrait également bénéficier de sa relative proximité par
plantation de nouveaux services publics : hôpital, collège, écoles, rapport à Voh-Koné-Pouembout : des personnes travaillant sur VKP
équipements sportifs et socioculturels, zones d’activité ainsi que les s’installent jusqu’à Bourail.
équipements de base (AEP, traitement des déchets…).
La réussite du développement de la zone VKP est une condition 2.4 Un fort contraste Est/Ouest
essentielle de l’objectif de rééquilibrage inscrit dans les accords La côte Est est dans une situation très différente de la côte
de Matignon et dans l’accord de Nouméa. La façon dont VKP va Ouest. 3 communes ou groupes de communes seule-
à terme « rayonner » sur la province Nord sera largement condi- ment se démarquent, mais ne sont pourtant qu’en milieu de
tionnée par les politiques conduites par les pouvoirs publics et par classement :
l’entreprise Koniambo Nickel SAS (KNS), ce qui nécessite d’anticiper lP oindimié, probablement par l’effet du « Grand H », les services

sur de nombreuses questions : qui y ont été développés (commerces, hôpital, établissements
lp  art des emplois occupés par des personnes résidant dans d’enseignement, etc.), ainsi qu’un relatif développement agricole
d’autres communes ; (Groupement des Agriculteurs et des Producteurs de la Côte Est :
lp  olitique de logement : en effet, on constate déjà une pénurie GAPCE)
de logements sur le pôle ; l’insuffisance de logement freine la lY até, probablement par l’effet Goro

mobilité géographique en province Nord car de plus en plus, lC anala-Kouaoua, de par la présence d’activités minières (mais

les entreprises imposent d’avoir un logement avant de réaliser pourtant Thio est en fin de classement)
l’embauche ; Les autres communes de la côte Est sont en fin de classement,
lp  rojet urbain devant nécessairement compléter le SDAU : l’éta- ce qui témoigne de leur défaut d’attractivité. Ces communes,
lement de VKP posera nécessairement la question du coût des qui ont souffert pendant longtemps de leur éloignement, ne
infrastructures à y développer et celle du coût du fonctionne- bénéficient pas forcément de zones d’influence des pôles
ment des services publics ; urbains. Elles ont également souffert des départs lors de la
la  ccompagnement par les autres communes du Nord dans une période des « événements » entre 1984 et 1988. Le désen-
optique d’équilibre interne à la province. clavement de ces communes et les politiques volontaristes
de développement, quand elles existent, mettent du temps à
2.3 D
 es pôles urbains secondaires produire leurs effets.
au développement très contrasté Le contraste spatial réside dans ce constat, parfois étendu à
En l’absence de données sur la diffusion géographique de l’activité d’autres communes de la côte Est.
économique, nous avons prioritairement analysé les taux de crois- Les 5 communes insulaires sont en milieu de classement, et re-
sance démographique des différentes communes de l’archipel, sur lèvent d’une logique spécifique.
la période 1989-2004 (voir graphique). On constate que le développement démographique est assez
Les 6 communes ou groupes de communes ayant connu la plus bien corrélé au niveau d’emploi : ce sont les communes où la po-
forte croissance sont tous situés sur la côte Ouest. Il s’agit, par ordre pulation croit le plus qui connaissent le taux d’emploi le plus élevé
décroissant de : (voir carte).
l Voh/Koné/Pouembout

l Grand Nouméa
taux moyen de croissance de la population communale 1996-2004
l Boulouparis part due aux migrations
l La Foa/Sarramea/Farino/Moindou

l Poya

l Koumac

Sur les 5 zones citées hors VKP


et Grand Nouméa, on constate
à chaque fois un certain niveau
d’activité économique et/ou de
services, même si c’est à un niveau
très différent de ce qui est constaté
sur le Grand Nouméa.
Poya, Koumac ont notamment
bénéficié du développement d’ac-
Source : ISEE, RGP de 1996 et 2004

tivités liées à la mine.


Des zones telles que La Foa/
Sarrraméa/Farino/Moindou et
Boulouparis disposent du double
avantage de la proximité de Nou-

259
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

nouvelle-calédonie
évolution moyenne annuelle de la population
entre 1996 et 2004 - part due aux migrations
Les communes « les plus sombres » : communes d’accueil
Les communes « les plus claires » : communes d’exode
Source : ISEE, RP 1996 et RP 2004

nouvelle-calédonie
population active occupée
des 14 ans et plus
Remarque : dans cette population,
les travailleurs saisonniers sont inclus
Source : ISEE RP 2004

260
2.5 Un monde rural manquant de perspectives posséder toujours plus de terres. Cette place est plus culturelle
Certaines activités économiques irriguent le territoire rural, princi- qu’économique, car les terres ne sont pas forcément mises en
palement la mine, l’agriculture, et l’aquaculture, le tourisme et les valeur. La pratique de la location agricole (fermage) est d’ailleurs
activités de pleine nature, le petit commerce. Ici comme ailleurs, le relativement rare (14% de la SAU).
développement de l’emploi ces dernières années semble avoir bien Ce constat d’un attachement à la terre, sans forcément un
plus profité au monde urbain qu’au monde rural. souci de rentabilité, est particulièrement vérifié sur les terres
L’activité agricole, emblématique du monde rural, est en déclin ; coutumières.
quelques indicateurs le traduisent : Globalement, les Nouméens perçoivent le reste de la Nou-
lv ieillissement de la population agricole : la moyenne d’âge des velle-Calédonie comme un espace où il n’y a pas et où il ne peut
chefs d’exploitation était de 50 ans au RGA de 2002 y avoir de valeur ajoutée. Très peu d’entreprises s’installent dans
ld iminution du nombre d’exploitations (baisse de 34% entre 1991 les communes de l’intérieur ou dans les îles Loyauté. Se pose
et 2002) alors la question des incitations et des garanties pour que les
Ce déclin s’explique par divers facteurs, qui mériteraient d’être entreprises s’installent en brousse.
détaillés à travers une réflexion spécifique : faible organisation gé- De plus, l’atelier a souligné un manque de moteurs de la part
nérale des professions et des filières agricoles, prix de revient élevé des broussards pour dynamiser l’économie. Ce manque de dy-
des productions agricoles et marges parfois faibles, nécessité de namisme et la concentration des acteurs du développement et
grandes surfaces pour des pratiques agricoles extensives, accès de l’aménagement à Nouméa font en sorte qu’il y a un recours
difficile au foncier (prix de vente élevé, absence d’offre de location), systématique aux compétences basées à Nouméa lorsque l’on
SMAG inférieur au SMG, absence de retraite agricole, etc. veut construire dans le Nord.
La faible organisation des filières agricoles traduite notamment
par l’absence de circuit de commercialisation dans les communes 2.6 Un exode rural qui perdure
productrices engendre des coûts élévés des produits locaux car le Le tableau et le graphique ci-dessous montrent la croissance
circuit de commercialisation les achemine dans leurs communes plus rapide de la population des communes du grand Nouméa
d’origine via un passage par Nouméa. depuis 1956. Pourtant, les taux de natalité y sont plus faibles, et
évolution du nombre d’exploitations et de la sau l’accroissement plus rapide ne s’explique que par l’exode rural.
par province (rga 1991 et 2002)
Nombre d’habitants Nombre d’habitants Taux d’évolution
1991 2002 en 1996 en 2004 1996-2004
Exploitations SAU Exploitations SAU Province Nord 41 507 44 596 + 7%

Source : ISEE, RGP 1966 et 2004


Province des îles Loyauté 2 254 4 964 1 623 1 164 Province des îles Loyauté 20 877 22 080 + 6%
Province Nord 4 279 99 233 2 230 121 647
Source : ISEE, TEC 2007

Province Sud hors Grand Nouméa 15 629 17 868 + 14%


Province Sud 1 927 124 010 1 721 125 066 Grand Nouméa 118 823 146 245 + 23%
Nouvelle-Calédonie 8 460 228 208 5 574 247 878 Nouvelle-Calédonie 196 836 230 789 + 17%
Unités : nombre, ha

La Surface Agricole Utile est faible en regard de la superficie évolution de la proportion de la population calédo-
du territoire (environ 15%). La taille moyenne des exploitations nienne résidant sur le Grand Nouméa entre 1956 et 2004
est de 50 Ha, mais en fait, une fois enlevées les exploitations de
moins de 1 Ha, la taille moyenne passe à 96 Ha (à comparer à la
taille moyenne de l’ensemble des explotations en métropole :
77 Ha de SAU).
superficie agricole utilisée
moyenne des exploitations par commune (rga 2002)
Source : DAVAR-ISEE, Recensement Général Agricole 2002/ Principaux résultats,

Source : ISEE, RGP de 1956 à 2004


Notes et Documents n°94, mai 2005.

Ce phénomène est dû au manque d’activité économique et


au manque d’équipements : déjà décrit plus haut : les petites
communes posent le problème de la taille critique pour l’instal-
lation d’activités et d’infrastructures.
Pour mesurer l’exode rural, l’idéal serait de compter, à chaque
recensement, le nombre de personnes qui habitent sur le Grand
Nouméa, alors qu’elles habitaient en brousse au recensement
La terre occupe une place très importante dans la mentalité précédent. Malheureusement ces données ne sont pas exploi-
calédonienne, et se traduit par le fait que certains souhaitent tables dans le dernier recensement. (Les données peuvent être

261
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

faussées par le fait que certaines personnes habitant à Nouméa


et provenant de brousse se font recenser en brousse).
Faute de pouvoir exploiter ces données, plusieurs pistes
pourraient permettre de mesurer en partie cet exode, comme
notamment l’étude sur le recensement des squats dans l’ag-
glomération du Grand Nouméa réalisée par l’institut Taylor
Nelson Sofres (TNS) pour le compte de la province Sud en 2006
et actualisée en novembre 2008.
L’enquête montre qu’en 2006, sur les 9000 personnes habitant
dans les squats, 60% habitaient auparavant en tribu ; pour
ceux-ci, les régions de provenance sont :
l3  4% province Nord Est ;

l 20% province Nord Ouest ;

l 28% province des îles Loyauté ;

l 18% province Sud rurale.

Les motivations des personnes qui habitent en squats sont à la


fois économiques, financières et sociales : 26 % des interrogés
sont venus dans l’espoir de trouver un emploi, 20% à cause de
problèmes financiers ou d’expulsions, 20% pour l’espace que
procure le squat, 12 % par recherche de meilleures conditions
de vie, 11 % pour le rapprochement familial. Territoire urbanisé de la commune de Nouméa :
L’actualisation de l’étude en 2008 montre que les gens de 1978 = 2400 Ha / 2007 = 3715 Ha
brousse viennent s’installer en squat pour deux principales
raisons :
lt  rouver un emploi afin d’améliorer leurs conditions de vie ;

l l a scolarisation des enfants (semble-t-il du fait d’un enseigne-

ment perçu comme meilleur à Nouméa).


D’autres données pourraient permettre de mesurer l’exode
comme les inscriptions dans les établissements scolaires du
Grand Nouméa avec la provenance des élèves.
L’attractivité du Grand Nouméa s’est exercée sur l’ensemble
du territoire, y compris sur la partie rurale de la province Sud,
comme le prouvent les données sur la période 1989-1996.
Même si les données relatives à la période 1996-2004 ne sont
pas disponibles du fait des problèmes rencontrés lors du dernier
recensement, il semble très probable que le solde migratoire
interne à la Nouvelle-Calédonie dont a bénéficié le Grand Nou-
méa dépasse largement les 3700 personnes.

Solde migratoire interne au territoire


Source : ISEE, RGP de 1989,

Période 1989-1996 Période 1996-2004

Au bénéfice de la province Sud 791 3764


1996 et 2004

Le Grand Nouméa connaît encore une croissance rapide,


Au bénéfice du Grand Nouméa 1059 Non disponible continue et difficile à maîtriser. Des effets induits se manifestent :
manque de logements, développement des squats, déséquili-
bres sociaux, saturation des transports, pollution grandissante.
2.7. U
 ne agglomération ayant du mal à bien L’exigüité conduit à renforcer la densité urbaine, même si à
conduire son développement ce jour la densité reste encore raisonnable (on compte environ
De 1956 à 2004, la population du Territoire de la Nouvelle-Calé- 7,9 logements par hectare d’espace urbanisé sur la commune
donie (T-N.C.) a plus que triplé et celle du Grand Nouméa (G.N.) de Nouméa). On constate une forte disparité entre Nouméa et
a presque sextuplé : son prorata de la population totale était les trois autres communes, qui « se traduit dans l’organisation
proche du tiers (36%) en 1956, il est aujourd’hui proche des 2/3 spatiale par des densités et des typologies de formes urbaines
(63,5%). variant graduellement, du tissu dense du centre de Nouméa au
mitage diffus du relief alentours ». (source : diagnostic du SCAN).
Evolutions démographique en
longue période (population en M.) Ainsi, seulement 8% des parcelles font plus de 3000 m² sur Nou-
méa, alors qu’on en trouve 32% sur les trois autres communes.
1956 P2004/P1956 2004
De même, 50% des logements sont collectifs sur la commune
T-N.C. 68,5 3,4 231 de Nouméa, alors que ce taux est inférieur à 1% sur les autres
Source : ISEE - INSEE

Grand Nouméa 25 5,9 146,5 communes de l’agglomération.


Par contre, le dynamisme global de l’économie calédonienne
Prorata G.N./T-N.C. 36,5% 63,5%
profite plus, comme on l’a vu, au Grand Nouméa qu’aux autres

262
communes. Le taux de demandeurs d’emploi sur le Grand Nou- règlementation permettant la préemption, sans laquelle
méa est donc plus faible qu’en brousse. une politique d’acquisition aurait pour effet de renchérir le
Les nombreuses promotions immobilières et les projets de foncier ;
logements sociaux fleurissent avec la croissance exponentielle l l a question du financement de cet outil foncier n’a pas été ré-

de l’agglomération mais se pose alors le problème des équipe- solue, et suppose d’arrêter des règles relatives à la contribution
ments collectifs associés. Le plus souvent, les communes n’ont respective de chacune des collectivités concernées, voire un
pas les ressources financières nécessaires pour accompagner abondement via une taxe.
l’arrivée de nouveaux logements en termes d’équipements. On Toutes ces questions sont abordées dans la réflexion en cours
parle de rattrapage permanent. Ce point est développé plus sur le projet de schéma de cohérence de l’agglomération de
loin. Nouméa (SCAN).
Bien que les constructions de logements se développent, l’ag-
glomération souffre encore d’une pénurie d’offres immobilières, 2.8 U
 ne concurrence urbain-rural classique,
phénomène amplifié par un coût élevé des loyers par rapport au mais une situation accentuée
SMA ou SMG, et des coûts de construction élevés. Selon Gilles Pestana, géographe à l’université de la Nouvelle-
On assiste alors à un développement des squats dans l’ag- Calédonie, les mots déséquilibre et équilibre paraissent tous les
glomération de Nouméa, générant des problèmes d’urbanisme deux des mots-pièges si on les applique à l’organisation spatiale
(réseaux), de délinquance, de déstructuration du milieu tribal. En et l’aménagement du territoire. En effet, aucun territoire, natio-
2006, le nombre d’abris précaires sur Nouméa et Dumbéa était nal ou régional, n’est équilibré au sens d’une répartition régulière
de 1 755 cabanes, logeant 1961 familles soit 9 000 personnes; et égale des habitants, des activités ou des équipements. L’iné-
de plus le nombre d’arrivées de familles nouvelles était de 94 galité spatiale est constitutive de tous les territoires quels qu’ils
par an ; une actualisation de ces données est en cours et devrait soient et à toutes les échelles, notamment parce que les forces
être connue pour la fin 2008. à l’œuvre en matière de développement sont des forces qui ont
Concernant l’habitat social, les chiffres fournis par la maison de naturellement tendance à faire grossir les pôles déjà développés.
l’habitat montrent que, malgré l’accroissement de la production On le voit bien au plan mondial, puisque le seuil de 50% de la
de logements constaté à partir de 2004, le nombre de deman- population vivant en ville vient d’être dépassé. En particulier, un
deurs de logements ne cesse de croître à hauteur de 5% par de nos pays voisins, l’Australie, voit naturellement sa population
an, soit environ 300 demandes par an, sur l’agglomération nou- se concentrer dans quelques grandes villes côtières.
méenne. 7 167 demandes ont été enregistrées en 2007 et 6234 La question, tout à fait fondamentale, du rééquilibrage, est
demandeurs étaient dénombrés au mois de juin 2008 dont 75% plutôt celle de savoir comment, malgré l’attractivité naturelle de
sont des demandeurs à la recherche d’un logement et 25% sont la ville capitale, limiter le contraste avec les communes de l’inté-
des demandeurs souhaitant changer de type de logement, rieur et des îles, et comment permettre à ces dernières de mieux
La répartition des compétences est assez claire : logement vivre. Quel niveau de contrastes entre les différentes parties du
social aux provinces, permis de construire et infrastructures territoire sommes-nous (nous, la société calédonienne) prêts à
d’accompagnement aux communes. Mais, malgré les efforts de accepter ? Quel niveau d’équipement minimal est souhaitable
coordination, se traduisant par exemple par les États généraux dans les territoires de brousse (sachant qu’à chaque échelle la
du logement social de 2004, et les suivis édités depuis, la politi- réponse peut être différente) ?
que de l’habitat social ne se développe pas, aux yeux de certains Cela pose aussi la question de la ruralité de demain. L’espace
participants à l’atelier, de manière harmonieuse entre acteurs. « broussard », le mode de vie rural, notamment la vie en tribu,
On constate également une faible mixité sociale avec une sont originaux et constituent une richesse du pays. Ils sont unani-
augmentation des disparités entre quartiers riches et quartiers mement reconnus comme devant perdurer, en tant que repère
pauvres. identitaire et en tant que garant d’une ruralité et d’une agricul-
Dans les dix dernières années, la question foncière devient de ture calédonienne vivante, active. Pourtant, ils évoluent, car les
plus en plus un handicap pour une politique active de construc- efforts entrepris pour améliorer la vie en brousse et dans les îles
tion de logements sociaux. En effet, d’une part, les réserves n’ont jusqu’ici que très partiellement compensé le différentiel
foncières des communes et des provinces qui ont été largement d’attractivité avec Nouméa. C’est là une question difficile, car la
utilisées par le logement social et les réserves des opérateurs (en taille du territoire rendrait coûteuse une réelle généralisation des
l’occurrence SIC et FSH) se réduisent voire s’épuisent (car il n’y a équipements de proximité, et car sa faible densité génère aussi
pas ou peu de reconstitution des stocks fonciers) et ; d’autre part, une sous-utilisation de ces équipements.
pour partie corrélativement, les prix du foncier se sont accrus Certains exemples montrent en outre la difficulté d’une politi-
fortement. Il faut aussi ajouter à cela que le développement de que de rééquilibrage. Le principe de développement du « Grand
l’habitat précaire en squats sur le foncier public et sur celui des H » et notamment la Koné-Tiwaka, la création des lycées de Touho
opérateurs gèle une partie des réserves et ont retardé un certain et de Poindimié, etc. constitue un atout réel pour le développe-
nombre de projets. (extrait des EGLS de décembre 2004). ment de la province Nord et de la côte Est notamment. Mais
L’absence d’un opérateur foncier (EPF) a favorisé cette raré- l’amélioration de la desserte routière, en même temps qu’elle
faction des réserves foncières. Cet outil a pourtant été plébiscité désenclavait le territoire, a facilité l’accès aux services présents à
lors des États Généraux du Logements Social mais il n’a pas en- Nouméa, parfois de meilleure qualité qu’en brousse. De même,
core vu le jour, notamment pour les trois raisons suivantes : il faut signaler qu’une organisation du territoire reposant sur
lu  ne proposition a été faite par la province Sud, mais a été jugée une « distribution » très éparse des équipements sur plusieurs
par les autres partenaires trop orientée sur le logement social, communes constitue un handicap, par contraste avec le Grand
alors qu’ils souhaitent un outil foncier plus généraliste ; Nouméa qui reste le seul lieu de l’archipel à concentrer en un
lc  et outil doit être concomitant avec la mise en place d’une seul lieu tous les services attendus par la population. A ce titre,

263
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

l’effort actuel de tenter de reconcentrer certains équipements Quand il n’y a pas de structure municipale, on construit à nouveau des
sur VKP semble aller dans le sens d’une meilleure attractivité. villages miniers, mais situés en plaine. C’est le cas de sites aujourd’hui
La compensation des handicaps de la brousse suppose de bien connus, tels que ceux de Nakalé et des Pétroglyphes, à Thio. On
briser un cercle vicieux : le territoire est peu dense donc tou- peut également citer Népoui, Poro, Kouaoua, ce dernier village étant
te activité y est coûteuse. La vie y est par conséquent chère, devenu une commune à part entière dans les années 1990.
ce qui favorise l’exode, qui lui-même aggrave le problème Cependant des villages isolés subsistent ou sont créés au gré de
de densité. la mise en exploitation de nouveaux gisements. A Ouinné, le village
minier appartenant à la Société Minière Georges Montagnat n’est
2.9 L e secteur mine/métallurgie accessible que par mer ou par air. La Socamifer construit un village
comme organisateur de l’espace sur les ruines de l’ancien bagne de Prony dans les années soixante.
L’organisation spatiale de la Nouvelle-Calédonie est indissociable Enfin, le village de la mine de Tiébaghi a connu une vie très animée
de l’activité minière. Depuis la découverte du territoire par les euro- avant l’arrêt de l’exploitation en 1962.
péens, de nombreuses richesses ont été découvertes et exploitées : De nos jours les villages miniers sont appelés à disparaître, les
charbon, or, cuivre, cobalt, chrome, antimoine, etc. mais la richesse compagnies minières préférant maintenant laisser le soin aux
la plus importante est bien évidemment celle du nickel. employés de se loger, en leur allouant une indemnité. Aujourd’hui,
L’exploitation du nickel a structuré le territoire, notamment véritables villages fantômes, comme celui des mines de la Ouenghi
par les villages miniers et le développement des communes à abandonné en 1943 et celui de Tiébaghi, ils font partie du patrimoi-
proximité des centres d’extraction. ne calédonien.

Extrait de « La Mine en Nouvelle-Calédonie, 101 mots pour La carte et le tableau suivant montrent la distribution actuelle de
comprendre » : l’activité minière du Nickel
Après la Seconde Guerre mondiale et la mécanisation, (les villages mi- La superficie minière concédée est sensiblement identique dans
niers) trop isolés disparaissent graduellement. De larges routes sont les deux provinces. Par contre, la répartition par communes est très
tracées pour acheminer les pelles et camions sur mine. Les compa- inégale : 8 communes couvrent à elles seules 80% du domaine
gnies minières acquièrent des véhicules de transport du personnel, minier total (par importance décroissante : Yaté, Thio, Poya, Boulou-
font bâtir des maisons et relogent les ouvriers dans les communes. paris, Le Mont-Dore, Houailou, Kouaoua, Canala, Koumac).

Implantation des centres miniers actifs en 2007

Les points de chargements en mer utilisés en 2007 par les sociétés minières
Source : ISEE, TEC 2008

264
2.10 D
 es enjeux Nouméa / brousse les îles offrent des atouts touristiques que n’offrent pas Nouméa
relativement liés entre eux et inversement Nouméa constitue un hub touristique pratique-
Le rapport Nouméa/reste du territoire est souvent placé sous le ment incontournable pour les touristes. Il y a donc beaucoup
seul paradigme de l’opposition, sans doute hérité de l’histoire plus complémentarité qu’opposition. Un bon niveau d’infras-
politique et coloniale. Il est pourtant logique et intéressant d’en- tructures touristiques en brousse et aux îles ne ferait qu’accroître
visager ce rapport sinon sous l’angle de la complémentarité, au la fréquentation touristique à Nouméa.
moins sous celui de l’interpénétration. En effet, ce qui contribue
au développement ou à l’équipement de Nouméa ne se fait 2.11 U
 ne compréhension des relations
pas nécessairement aux dépens de la brousse, et a contrario, entre territoires limitée
le développement ou l’équipement de l’Intérieur et des îles ne par le manque de données
freine pas nécessairement Nouméa et son rayonnement. Il peut On constate que le contraste spatial est intimement lié à une
certes y avoir des oppositions d’intérêts, et peut-être parfois une répartition démographique et géographique complexe. Par
concurrence en termes de financement, mais cela n’exclut pas exemple, dans le cas de la ruralité, la structure de la population
dans le même temps des rapports de complémentarités. semble évoluer en fonction de la répartition spatiale des acti-
Deux exemples bien différents illustrent bien ces questions : vités. Néanmoins, ce type d’assertion, s’il apparaît évident aux
les squats et le tourisme. professionnels, n’est pas forcément étayé par des informations
Les squats, pourraient paraître comme exclusivement un fiables et homogènes.
problème urbain et donc d’une problématique qui relève seule- En effet, l’agglomération de Nouméa a fait l’objet depuis de
ment de la province Sud et des communes du Grand Nouméa. nombreuses années d’études émanant de plusieurs collectivi-
Mais comme chacun le sait, l’exode rural alimente, directement tés ; en revanche pour d’autres régions de la Nouvelle-Calédonie
ou indirectement, une partie (pas la totalité) de la croissance de on manque d’éléments de mesure malgré certaines études exis-
ces squats et les facteurs de cet exode rural ne sont pas contenus tantes.
uniquement dans des territoires qui s’arrêtent à Païta ou au Sud Des éléments statistiques et démographiques font défaut
de Poya et de Canala. Il s’agit donc d’un problème qui concerne aux professionnels. En effet, le recensement de 2004 n’est pas
l’ensemble du territoire et qui nécessite une réflexion globale. fiable car il a été en partie boycotté. De même, l’enquête bud-
Les squats se multiplient dans le Grand Nouméa mais engagent get/consommation des ménages n’est pas encore éditée même
l’ensemble du territoire. En cela, Nouméa, l’intérieur et les îles ne si elle ne devrait tarder.
s’opposent pas du tout, ils sont intimement reliés. Il est nécessaire d’identifier des indicateurs, de façon à quan-
Le tourisme, lui, ne s’arrête pas aux portes de Nouméa en tifier la disparité d’équipements et d’activités sur l’ensemble
Nouvelle-Calédonie. D’ores et déjà, les touristes, qu’ils soient du pays. Les professionnels réunis font officiellement la de-
japonais, métropolitains ou australiens ne se cantonnent pas à mande que soient organisées des collectes de données
Nouméa. Ils vont à l’île des Pins ou aux îles Loyauté, ils fréquen- permettant de disposer d’une meilleure visibilité sur la
tent la brousse, au moins sous forme d’excursion. L’intérieur et Nouvelle-Calédonie.

3. U
 n manque d’outils en faveur d’une politique
cohérente et efficace d’aménagement
3.1 P
 eu de principes directeurs paces boisés, littoral, paysages, etc.), les risques naturels ou
en matière d’urbanisme technologiques, etc. ;
Depuis la provincialisation, il revient à la Nouvelle-Calédonie l l es règles applicables en matière de préemption, ou de ré-

d’arrêter les « principes directeurs du droit de l’urbanisme »1. serves foncières à vocation d’aménagement, d’habitat, ou de
Cette notion n’est pas plus précisément définie, mais on peut grands équipements d’intérêt général.
penser qu’il s’agit là de ce qui relève de la loi en métropole (code Il existait, avant la provincialisation, divers textes encadrant les
de l’urbanisme), et donc que cette notion inclut la responsabilité questions d’urbanisme en Nouvelle-Calédonie, notamment :
de fixer : lo  rdonnance 45-1423 relative à l’urbanisme dans les colonies ;

l l es règles générales qui vont encadrer l’élaboration, l’approba- ld  élibération N°74 des 10 et 11 mars 1959 relative à

tion, le contenu et la portée des plans d’urbanisme directeurs l’urbanisme ;


(PUD), des permis de construire ou de lotir, des arrêtés créant ld  élibération N°48/CP du 10 mai 1989 réglementant les ZAC ;

des zones d’activités, etc. ; idem pour les documents d’urba- ld  écret n°51-1135 du 21 septembre 1951 réglementant les

nisme de niveau supra-communal (tels que le SDAU-VKP ou groupes d’immeubles et les lotissements en Nouvelle-Calédo-
le futur SCAN) ; nie ;
l l es objectifs généraux d’aménagement et de développement ld  élibération n°19 du 8 juin 1973 relative aux permis de

durables que doivent respecter les documents d’urbanisme, construire, modifiée notamment par les délibérations n° 41 du
notamment ceux découlant des grandes orientations arrêtées 14 décembre 1979, n° 471 du 3 novembre 1982 et n° 47 du 17
par le schéma d’aménagement et de développement de la avril 1985.
Nouvelle-Calédonie, en matière d’équilibre spatial et de déve- Au lendemain de la provincialisation est intervenue la délibéra-
loppement économique, ainsi que les règles permettant de tion N°24 du 8 novembre 1989, qui a notamment :
prendre en compte dans les documents d’urbanisme et dans l f ormulé quelques règles relatives à l’élaboration des plans

les décisions individuelles, par exemple, l’environnement (es- d’urbanisme et précisé qu’il revenait aux provinces de fixer par

1
La loi référendaire n°88-1028 du 9 novembre 1988 et la loi organique n°99-209 du 19 mars 1999 utilisent en effet exactement les mêmes termes à ce sujet

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Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
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du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

délibération « les conditions d’application (de ces règles) et no- semblée ne s’est pas prononcée dans le délai d’un an ».
tamment les procédures d’élaboration et révision, la composition En fait, les textes en vigueur, qu’ils proviennent des provinces
des documents d’urbanisme ou d’aménagement » ; ou du congrès, n’ont pas tenu compte de ce changement in-
lé tabli que les permis de construire relevaient de règles à défi- troduit par la loi, et une refonte, décidée collectivement, parait
nir par les provinces ; cette disposition a été précisée comme indispensable pour mieux asseoir les décisions prises en matière
suit par la délibération n° 322 du 12 décembre 2002 : « Les as- d’urbanisme. Ainsi, la décision d’élaborer ou de réviser un PUD
semblées de province fixent le régime du permis de construire et relève, selon la procédure arrêtée tant en province Nord qu’en
déterminent les constructions qui en sont exemptées (…) » ; province Sud, d’une délibération provinciale, ce qui n’a plus lieu
ls tipulé que les demandes d’autorisation relatives aux groupes d’être aujourd’hui.
d’immeubles et les lotissements, sont à faire « dans les condi- Cette remise à jour des textes nécessitera de trancher sur
tions fixées par les assemblées de province » ; un point préalable important, car la formulation retenue par
lé tabli la liste explicite des dispositions de la délibération N°48/ la loi référendaire modifiée laisse en fait une part à l’interpré-
CP valant pour les ZAC « principes directeurs d’urbanisme », les tation : certains juristes pensent que la province a bien toute
autres dispositions pouvant être modifiées par les provinces. latitude pour approuver ou non un projet de PUD ou de ZAC
On voit donc que la Nouvelle-Calédonie a choisi, à l’exception proposé par une commune ; mais d’autres pensent qu’un éven-
notable des ZAC, de ne pas arrêter des principes structurants, tuel refus ne peut être valable que s’il s’agit de motifs de droit
mais de laisser une très grande marge de manœuvre aux provin- (non-conformité aux principes ou à la procédure définis par la
ces. Toutefois, arrêter les principes directeurs d’urbanisme n’étant réglementation), et qu’un simple désaccord sur le fond ne per-
pas seulement une possibilité, mais une obligation incombant mettrait pas à la province de refuser d’approuver le document
à la Nouvelle-Calédonie, on s’aperçoit que l’ensemble des déci- proposé. Cette seconde interprétation rendrait indispensable de
sions, réglementaires ou individuelles, prises par les provinces et donner une valeur en droit aux documents de cadrage supra-
les communes en matière d’urbanisme, est dans une situation communaux adoptés par la province, à l’image du SDAU-VKP ou
de relative insécurité juridique. du projet de SCAN.
En pratique, fort heureusement, l’élaboration des PUD com-
3.2 D
 es règles d’urbanisme fixées munaux se passe en bonne intelligence entre les services
par les provinces provinciaux et les services municipaux, et les communes ne
Les provinces Nord et Sud ont pleinement suivi la logique de revendiquent a priori pas le droit d’imposer leur PUD à la pro-
cette délibération N°24 du 8 novembre 1989, et ont adapté ou vince.
remplacé les textes régissant :
l l es règles générales d’urbanisme : modifications apportées à la 3.4 U
 ne planification non cadrée
délibération N°74, en province Sud, notamment par les délibé- par une vision globale
rations 32-89, 415-92, 22-94, 27-2000, 46-2002, et, en province On constate une absence de politique d’aménagement et de
Nord, par les délibérations 112-98 et 2008-55 ; mise en valeur des terres.
l l es permis de construire : nombreuses modifications apportées Les différents acteurs se concertent peu. Les documents d’ur-
délibération n°19, en province Sud, récapitulées dans un texte banisme se font essentiellement à partir de dossiers, instruits
consolidé publié au JONC le 22 juillet 2008 ; et réglementation par les services des collectivités concernées. Seuls des comités
nouvelle édictée en province Nord à travers plusieurs textes, techniques constituent des organes de concertation et de coor-
dont le dernier est la délibération n° 2008-137/APN du 20 juin dination, mais ils n’interviennent qu’en phase opérationnelle
2008 ; du projet. Les entreprises sont très rarement représentées dans
l l es groupes d’immeubles et les lotissements (décret n°51- les organes de consultation. Seuls quelques rares processus
1135) : réglementation nouvelle adoptée en province Sud par obligent les différents acteurs à travailler ensemble comme les
la délibération n° 28-2006/APS du 27 juillet 2006 ; réglemen- dossiers d’appels d’offres au sein des ZAC (mais en aval des dé-
tation nouvelle adoptée en province Nord par la délibération cisions d’aménagement) et les enquêtes de déclaration d’utilité
97/90 du 26 février 1990 ; publique.
l l es ZAC (en province Sud seulement) : cf. délibération 415-92/ De plus, aucune instance ne collecte les diverses informations
BAPS du 1er octobre 1992 modifiant certaines dispositions de relatives aux documents d’urbanisme (permis de construire, de
la délibération 48/CP. lotir, PUD…) au niveau territorial.
Se pose également le problème des moyens :
3.3 U
 n certain flou sur les responsabilités l l es communes, faute d’assise financière suffisante, peuvent

respectives des communes et des avoir des difficultés à réaliser les ZAC dont elles souhaitent
provinces en matière de documents assumer la maitrise d’ouvrage ; seules les provinces peuvent
d’urbanisme alors les aider, en prenant cette maitrise d’ouvrage, ou en se la
Depuis 1995, les règles ont en effet changé, car l’article 24-1 de la faisant déléguer ;
loi référendaire n° 88-1028 du 9 novembre 1988, tel que modifié l l es services communaux sont souvent sous-dimensionnés et

par la loi organique n° 95-173 du 20 février 1995 se lit ainsi : « ne disposent pas des compétences pour pouvoir répondre aux
dans le respect des principes directeurs du droit de l’urbanisme fixés interrogations des administrés en matière d’urbanisme.
par le territoire, l’assemblée de province approuve les documents Enfin, la situation est aussi celle d’un manque d’anticipation et
d’urbanisme de la commune sur proposition du conseil municipal. de stratégie. Sans doute manque-t-il à ce sujet un vrai projet
» La loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 a confirmé en son stratégique au niveau du pays, qui permette aux communes de
article 50 ces dispositions, exactement dans les mêmes termes, mieux situer leurs priorités sur le moyen et le long terme, et donc
et a rajouté : « Le document est considéré comme approuvé si l’as- de passer d’un aménagement au coup par coup à une planifica-

266
tion réfléchie et en tenant compte des contraintes locales. Pour l’ensemble des projets de PUD, leurs règles sont appli-
Il est vrai également qu’avant de planifier à long terme des quées par anticipation sur l’approbation. Il n’y a pas de PUD sur
aménagements sur terres privées, il faudrait d’abord savoir les îles Loyauté car 97% des terres sont coutumières.
mieux gérer à un stade opérationnel les projets qui nécessitent
des achats de terres voire des expropriations d’intérêt collectif. 3.6 D
 es outils d’urbanisme opérationnel local
Or on a vu plus haut que la force du lien à la terre (rappelé dans (ZAC, lotissement) utiles, mais qui
l’accord de Nouméa) et la faiblesse des outils réglementaires ne répondent pas à tous les besoins
sont à ce titre deux freins importants. Le permis de construire
Il existe également une difficulté de cohérence entre maîtrise Concernant la construction individuelle, le permis de construire
du foncier sur terres de droit commun et terres coutumières. Ce relève d’un dispositif bien maîtrisé par les collectivités. Le maire
point est développé plus loin. doit cependant disposer d’un PUD approuvé pour pouvoir déli-
vrer lui-même ledit permis.
3.5 Des PUD peu développés
L’outil réglementaire principalement utilisé en Nouvelle-Calé- Le permis de lotir
donie est le PUD (Plan d’Urbanisme Directeur) qui relève d’une Pour des projets à partir de 3 parcelles (il est possible d’utiliser la
adaptation de la réglementation métropolitaine, mais qui est an- procédure de permis de lotir simplifié pour 2 parcelles), le lotis-
cien. D’ailleurs, il a été remplacé en métropole par les POS (Plan sement est l’outil le plus couramment utilisé. Ce type de projet
d’Occupation des Sols), puis dans les années 2000 par les PLU répond généralement à des objectifs de maximisation de profit,
(Plan Local d’Urbanisme), confortés par le développement de et plus rarement à un objectif d’aménagement du territoire. Cer-
l’intercommunalité. Cette évolution montre bien son caractère tains lotissements sont présentés sous la forme de succession de
obsolète. permis de construire individuels et non sous un permis de lotir
De plus, ce dispositif est lourd sur un plan administratif : global. Les communes sont rarement en position de force face au
son élaboration, comme sa révision est longue et onéreuse. promoteur privé, et peinent à imposer leurs exigences en terme
Les petites communes ne se dotent alors d’aucun outil de ce d’équipements publics, faute de cadre réglementaire clair.
type. A l’issue de la construction, les communes se retrouvent avec
Parfois même, étant donné que la procédure est longue, il une charge de fonctionnement supplémentaire à assumer, sans
est dans l’intérêt des communes de ne pas finaliser le PUD pour avoir de ressources complémentaires, faute de fiscalité propre
garder une certaine souplesse à modifier les zones. Le délai de associée.
5 ans avant modification du PUD est totalement inadapté avec Pour les communes sans PUD en province Sud, il existe une dé-
l’évolution actuelle des communes. libération sur les permis de lotir et une autre sur les permis de
construire.
Stade d’instruction des PUD par commune
de la province Nord (au 09.04.2008) La Zone d’Aménagement Concerté
Les zones d’aménagement concerté sont les zones à l’intérieur
PUD approuvés ou l Voh desquelles une collectivité publique décide d’intervenir pour
révision approuvée : l Canala réaliser ou faire réaliser l’aménagement et l’équipement des
l Koumac l Kouaoua terrains, notamment de ceux que cette collectivité a acquis ou
l Pouembout l Poya (pour la partie située acquerra en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement
en province Nord) à des utilisateurs publics ou privés.
PUD en cours d’élaboration l Houailou Ce mode de projet permet d’intégrer plus facilement les besoins
ou en révision mais pas en équipements publics et aménagement.
encore approuvés : PUD dont l’élaboration
l Kaala-Gomen est suspendue : 3.7 Des outils existants mais peu utilisés
l Koné l Ouegoa Le droit d’expropriation existe en Nouvelle-Calédonie, avec
l Ponérihouen l Poindimié un texte qui date de 1938, mais les clauses d’expropriation
l Touho l Poum sont très restrictives. Le texte n’a donc été mis en application
que 2 fois.
Stade d’instruction des PUD par commune Il existe aussi des outils pour la réservation d’emplace-
de la province Sud ments2 aux principales installations d’intérêt général et aux
espaces libres Par contre, il n’existe aucun texte et/ou circu-
PUD approuvé : PUD en cours d’élaboration laire d’application ; en conséquence, si le principe existe, sa
l Nouméa mais pas encore approuvés : mise en œuvre est très difficile, hormis la notion d’inconstruc-
l Thio tibilité autre que celle découlant de l’usage de l’emplacement
PUD approuvés mais en l Boulouparis réservé.
cours de révision : l Poya De même, à l’article 6 de la délibération n°74 des 10 et 11 mars
l Dumbéa l Païta 1959, «consistance des projets», il est écrit en outre que le PUD
l La Foa l Mont-Dore doit comporter l’indication des espaces boisés à maintenir ou à
lB ourail (extension créer, ce qui n’est pas toujours fait dans les PUD.
du périmètre à toute la Il a été souligné que si les aspects fonciers sont pris en compte
commune et non plus par toutes les provinces, la sauvegarde du patrimoine bâti est
Bourail-village seul) encore assez peu prise en compte dans les aménagements.

2
A propos des emplacements réservés, il existe dans la délibération 74 du 10 et 11 mars 1959, un article (6) faisant état de la consistance des projets d’urbanisme. Il est question des
« emplacements réservés aux principales installations d’intérêt général et aux espaces libres ». Or, il n’y a pas eu de délibération créant le régime des emplacements réservés.
Certains PUD utilisent de manière abusive cet outil (on utilise un mot qui ne correspond à rien dans le code de l’urbanisme : réserve d’emprise). il existe une loi mais pas
de décret d’application. Un travail a été mené par la DEPS à l’initiative de la Ville de Nouméa et de la province Nord afin de palier cela. Deux projets de textes ont été 267
réalisés (une délibération du congrès et une délibération provinciale), Ces projets sont en stand by depuis mi-2007.
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toute la planète, qui induit que les jeunes agriculteurs ne peu-


3.8 Des outils absents… vent pas s’installer (coût d’investissement prohibitif, absence
La dimension supra communale n’existe pas ou encore très d’offres de location de terres), et que les agriculteurs en place
peu, ce qui pose des problèmes d’approche stratégique des sont moins motivés à bien produire (sachant qu’ils peuvent vivre
territoires. En effet, l’intercommunalité oblige à un travail de assez confortablement en vendant régulièrement des parcelles).
concertation et d’harmonisation entre communes voisines et Ce problème est particulièrement vrai en zone périurbaine.
amène donc de la cohérence territoriale. Cet échelon semble Ce phénomène trouve son origine, en périphérie des villes,
manquant en Nouvelle-Calédonie. dans le développement démographique et l’étalement urbain,
Le tableau de la page suivante montre les différents syndicats et, ailleurs, dans le fait qu’un nombre important d’urbains ont
intercommunaux existants sur le territoire. Il montre qu’il n’existe largement les moyens d’accéder à des résidences secondaires
qu’un seul syndicat de réflexion stratégique intercommunale, le rurales. Il faut noter l’absence d’outil réglementaire de protec-
SIGN (Syndicat Intercommunal du Grand Nouméa). tion des sols à vocation agricole4, ainsi que l’absence d’outil type
Auparavant, l’agglomération de Nouméa s’était dotée d’un SAFER, permettant de fluidifier le marché des transactions fon-
outil en matière d’urbanisme : l’AD’UA (Agence d’Urbanisme et cières en milieu rural. Rien ne freine la spéculation immobilière,
d’Aménagement). Avec la création du SIGN dont les missions faute d’outils adéquats comme par exemple une taxe sur les
de réflexion au niveau du grand Nouméa reprennent celles de plus-values foncières, ou encore de taxe sur les terres privées
l’AD’UA, l’agence est en cours de dissolution. exploitables en friche, comme cela peut exister ailleurs.
Le schéma de cohérence, permettant de prendre en compte Il faut noter surtout que l’agriculture néo-calédonienne est
les différents PUD d’une zone, n’est pas utilisé sur le territoire, globalement très extensive, et génère donc, en moyenne, un
faute d’avoir pu identifier un chef de file en charge de la forma- faible bénéfice par hectare : la valeur financière d’une terre, dans
lisation. une logique purement agricole, est donc faible, et très en des-
sous de la valeur réelle des transactions lorsque existe un droit,
3.9 U
 n outil majeur qui manque cruellement : ou un espoir de droit de construction.
le droit de préemption D’ailleurs, des surfaces importantes ne sont pas exploitées, ce
Autre lacune en matière d’outils, c’est l’absence des droits de qui rend paradoxal le phénomène de relative pénurie de ter-
préemption et de réservation. Cela rend donc plus difficile l’an- rains.
ticipation des aménagements par une maîtrise du foncier au Mais les terres privées ne sont pas non plus les seules à présen-
profit des collectivités publiques. La mise en œuvre d’une politi- ter des potentiels de développement, puisque les collectivités,
que d’aménagement volontariste en est d’autant plus difficile. toutes confondues, possèdent 63% de la superficie globale de
De plus, les procédures réglementaires font que les communes la Nouvelle-Calédonie, certes en très grande majorité en zone
ne sont pas obligatoirement tenues informées des cessions sur naturelle à protéger ou sur les reliefs. Les terres coutumières
leur territoire. représentent 17% de la surface du pays, l’ADRAF 1% et les ter-
Les collectivités ne disposent d’aucun moyen pour constituer res privées 19% (voir carte répartition des régimes fonciers par
une réserve foncière dans une optique d’aménagement (ex- commune).
ception faite du droit de préemption dans le cadre d’une ZAC Rôle de l’ADRAF
uniquement). La notion de Zone d’Activité Différée (ZAD)3 a été L’ADRAF, dont la mission principale est de « répondre aux deman-
avancée comme pouvant répondre, au moins en partie, à cette des exprimées au titre du lien à la terre » (cf. accord de Nouméa),
problématique. Des textes sur le droit de préemption et sur la a permis de régler nombre de conflits fonciers et contribué à la
ZAD sont étudiés depuis 5 ans, mais ils ne sont toujours pas mis paix sociale. Cet établissement ne peut répondre à la totalité des
en application. Le droit de préemption est toujours mal vécu besoins en matière d’aménagement, car ses actions se concen-
par les propriétaires, et c’est sans doute une des raisons pour trent sur le monde kanak : réforme foncière, installation des
lesquelles les textes ne sont toujours pas mis en œuvre. GDPL, OGAF, désenclavement et habitat en milieu tribal, etc.
Il manque également une mise à jour des textes relatifs aux De même, l’existence de différends claniques empêche la
expropriations pour cause d’utilité publique, afin d’intégrer no- distribution et donc la mise en valeur potentielle de plusieurs
tamment la possibilité de constituer des réserves foncières. milliers d’hectares détenus par l’ADRAF. Certains considèrent
Le cadastre existe mais il est encore perfectible. Son im- que la priorité ainsi donnée à la valeur du lien à la terre, consti-
perfection peut être un frein au développement du fait de la tue un frein pour le développement économique du pays. Pour
méconnaissance du plan parcellaire de certaines zones et donc d’autres, c’est là une situation dont la légitimité découle direc-
des propriétaires correspondants, dans le cas d’une volonté de tement de l’accord de Nouméa, et qui n’est pas un frein dans
rachat par les collectivités. la mesure où des surfaces considérables de terres privées sont
Pour la publicité foncière, en cas de cession, c’est un texte de également sous-valorisées. De plus, la plupart des terres cou-
1946 d’origine métropolitaine qui régit encore la procédure. Il n’y tumières font l’objet d’une mise en valeur de type coutumier :
a pas non plus véritablement de code du domaine qui est régi cultures vivrières, etc ; et surtout culturelle.
par une multitude de textes qui le rend donc peu efficace.
Il est souligné qu’il n’existe pas de cadastre ni publicité foncière 3.11 L a difficulté de mettre en valeur les terres
dans le périmètre des terres coutumières. coutumières
Le point sur les terres coutumières a été plus particulièrement
3.10 Un foncier peu accessible car cher développé dans l’atelier 5 (Développement, culture et valeurs
Il y a de plus en plus de demande pour du foncier rural, à finalité identitaires)
de lotissement ou de résidence secondaire, et les prix de vente On distingue en Nouvelle-Calédonie, comme partout, la pro-
augmentent. C’est là un problème classiquement constaté sur priété privée et la propriété publique (celui-ci regroupant les

3
En France, la Zone d’Aménagement Différé (ZAD) est un secteur où une collectivité publique, un établissement public y ayant vocation ou une SEM titulaire d’une convention d’aménagement dispose, pour une durée de 14 ans, d’un droit
de préemption sur toutes les ventes et cessions à titre onéreux de biens immobiliers ou de droits sociaux
268 4
Par exemple, à la Réunion, le schéma d’aménagement régional (dont la valeur découle d’un article du code général des collectivités territoriales spécifique aux DOM) identifie d’une part des « espaces agricoles de protection
forte », secteurs où tout urbanisation est interdite, du fait de la forte valeur agronomique des sols, et d’investissements publics importants consentis en faveur de l’agriculture (irrigation) ; et d’autre part des « espaces à
vocation agricole », territoires dont la vocation agricole reste dominante, mais dont la valeur agronomique est moindre, et où une diversification de l’usage des sols est possible, dans des proportions limitées. Cet outil 2
domaines public et privé des personnes morales de droit public), prescriptibilité des terres coutumières mais ce terme ne figure
mais un troisième statut existe : les terres coutumières. Celles-ci, plus dans la Loi Organique.
qui sont constituées des ex-réserves autochtones et des terres La loi organique prévoit bien un fonds de garantie destiné à
attribuées au titre du lien à la terre, se caractérisent par un statut sécuriser les investissements en terres coutumières mais celui-ci
particulièrement protecteur ces terres sont : n’a à ce jour pas été créé.
l i naliénables et incessibles : les terres coutumières ne sont ni Par ailleurs, un séminaire organisé par le gouvernement en
cessibles, ni transmissibles ; 2001, sous l’égide de l’ADRAF, avait déjà soulevé le problème cité
l i nsaisissables : de ce fait, elles ne peuvent être hypothé- plus haut et concluait à la nécessité de réfléchir à l’évolution du
quées et n’offrent donc aucune garantie présentable par statut juridique des terres coutumières, à l’unanimité des par-
l’investisseur ; ticipants y compris les coutumiers. Des réflexions ont déjà été
l i ncommutables : le statut d’une terre coutumière ne peut être conduites mais elles n’ont pas eu de suites législatives.
remis en question. L’aménagement sur terres coutumières passe le plus souvent
L’ancien statut des terres autochtones stipulait également l’im- par une structure de statut GDPL (Groupement de Droit Parti-

2 contribue à maitriser les prix du foncier ; toutefois, il arrive que dans certains secteurs, les opérateurs économiques anticipent un possible déclassement de certaines terres, à
horizon plus ou moins lointain.
269
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

nouvelle-calédonie
répartition des régimes fonciers par commune
Source : DITTT, Service du cadastre

culier Local), utilisée comme structure juridique intermédiaire terres coutumières peuvent souvent être enchevêtrées les unes
permettant l’exploitation commerciale d’un projet et non pas aux autres, ce qui rend plus complexe leur valorisation, et même
comme outil purement foncier. la planification spatiale à l’échelle communale.
Le développement sur ce type de foncier se fait également via
des sociétés civiles de participation comme pour la zone artisa- 3.12 D
 es terres coutumières échappant
nale de Baco ou les projets hôteliers dans les Îles Loyauté. aux règles de bonne gestion communale
Notons également l’importance de la concertation entre Sur les terres coutumières, les autorisations de construire sont
autorités coutumières et acteurs économiques : l’exemple de la délivrées par l’autorité coutumière, sous forme d’un acte coutu-
chefferie de Wetr, qui a créé à cet effet un « comité de dévelop- mier (anciennement PV de palabre), sans que la commune ne
pement » est à ce titre intéressant. soit consultée, ni même informée. Un immeuble peut donc être
Il est indéniable que les principes d’inaliénabilité, d’in- construit, sans aucune concertation avec la commune quant
cessibilité, d’insaisissabilité et d’incommutabilité des terres au raccordement aux différents réseaux (eau, assainissement,
coutumières constituent un frein à la conclusion de contrats électricité, transport…). Néanmoins, le fondement est posé et
permettant leur mise en valeur. Quelques opérations, re- le droit qui va découler de l’acte coutumier, encadré par la loi de
posant sur des montages complexes (construction par un pays n°2006-15 du 15 janvier 2007, devrait être appliqué bien
opérateur louant le terrain à travers un bail qui pourrait s’ins- plus qu’il ne l’est aujourd’hui même si, dans les mœurs, cette
pirer du principe du bail emphytéotique) sont en cours, mais application prendra du temps.
on manque d’expérience à ce sujet. Au delà des questions Dans la délibération sur les permis de construire modifiée
posées par les 4 i, il existe surtout un réel manque de cla- pour la dernière fois en 2006, la province Sud a fait apparaître les
rification du droit des contrats sur terres coutumières qu’il modalités d’application.
convient de combler au plus vite. Le maire, responsable de la sécurité de ses administrés, peut
Il faut donc commencer à intégrer des zones coutumières donc se retrouver en défaut vis-à-vis d’une construction dont il
dans des démarches de planification spatiales, parce que le dé- n’avait pas connaissance (en zone inondable par exemple). On
veloppement harmonieux de la Nouvelle-Calédonie suppose constate une véritable disjonction entre le maire et les autorités
que les terres coutumières fassent partie des zones de dévelop- coutumières, qui interviennent pourtant sur un territoire très si-
pement du territoire, sous risque de distorsions sociétales. milaire. Seules les demandes de subventions peuvent permettre
Enfin, il faut noter que des terres de droit commun et des une certaine maîtrise par la commune.

270
Mais l’acte coutumier permet aussi de mobiliser des terres du marché. Cela a un coût pour les communes, et pour avoir
coutumières pour autre chose que l’habitat (certains clans sol- certains terrains indispensables à leurs projets, elles doivent par-
licitent d’ailleurs des promoteurs pour engager des opérations ticiper à la surenchère et donc favoriser l’inflation foncière que
de valorisation), et donc pour des projets de développements, connaît la Nouvelle-Calédonie.
même si les expériences en la matière sont encore trop rares.
Cela demande de consacrer un temps au dialogue avec les 3.14 U
 ne 2e conséquence importante :
coutumiers. Et il y a souvent un décalage entre l’urgence im- une logique d’aménagement subie
posée par le projet, et le temps du dialogue. Pourtant, il y a une et non conduite par les collectivités
prise de conscience de la part des coutumiers, et la volonté Du fait du manque d’outils qui permettraient la mise en place
de développement économique sur terres coutumières est des politiques d’aménagement globales et stratégiques, de
croissante. l’absence d’outils réglementaires, de la difficulté à maîtriser le
La question de savoir quelles sont les règles de droit commun foncier par les collectivités, d’un coût du foncier élevé, la logi-
qui se superposent aux règles coutumières pour les construc- que privée prédomine parfois et des terrains sont acquis par des
tions situées sur terres coutumières n’est pas limpide. Par promoteurs qui sont loin des préoccupations d’intérêt général,
exemple, la province des îles applique bien la réglementation et ne sont pas en cohérence avec les projets des collectivités.
des installations classées pour la protection de l’environnement L’aménagement en partie aux mains du secteur privé est plutôt
aux constructions concernées, qui doivent donc recevoir une un aménagement subi et d’opportunité.
autorisation de la part de la province et d’une autre de la part La question à se poser là encore est celle du système que l’on
des autorités coutumières. veut suivre : souhaite-t-on un système libéral pour le développe-
D’autres réglementations se superposent aux règles ment spatial ou préfère-t-on une certaine maîtrise par le secteur
coutumières, notamment les réglementations en matière d’en- public ?
vironnement et d’établissements recevant du public.
3.15 U
 ne 3e conséquence importante :
3.13 U
 ne 1 conséquence importante :
re
en milieu périurbain, le statut des terres
l’inflation du prix du foncier coutumières, et le manque de terres
Une des conséquences du manque de maîtrise foncière est une privées, sont un frein notable
politique de « coups partis » conduite par les communes pour à l’aménagement
l’acquisition des terrains. Ils sont achetés dans l’urgence et sans Par exemple, le futur lycée du Mont-Dore ne pouvant pas être
capacité de négociation de leurs prix, par défaut d’anticipation excentré, le meilleur emplacement trouvé est situé sur terres
sans forcément correspondre à un besoin bien évalué, au prix coutumières à Saint-Louis. Or les autorités coutumières sont en
désaccord entre elles, et la décision tarde.

4. D
 es politiques d’aménagement coûteuses
et mal financées
4.1 D
 es collectivités n’ayant pas la maîtrise l’on n’a pas la certitude que l’aisance financière du moment soit
de leurs ressources durable. Dans le même temps, des systèmes de « cliquets » ou
Les communes et les provinces disposent de très peu de mar- de « sauvegarde » garantissent une fourchette maximale de va-
ges de manœuvre pour adapter leurs recettes à leurs besoins : riation d’une année sur l’autre.
l’essentiel de ces recettes provient en effet des dotations de Au total, les communes manquent par exemple de moyens
fonctionnement et d’investissement versées par la Nouvelle- pour accompagner la création de lotissements ou de zones arti-
Calédonie, dans le cadre strictement défini par la loi organique, sanales. Leurs marges de manœuvre en terme de fiscalité propre
des dotations obligatoires versées par l’État (DGF, DGE), et des (centimes additionnels, patentes, immatriculations) sont assez
autres concours et subventions de l’État (au titre des contrats de réduites, et la plupart d’entre elles sont déjà au plafond des taux
développement notamment), de la Nouvelle-Calédonie et de la applicables. Certaines taxes supplémentaires sont utilisées par
Communauté européenne. certaines communes, dont la légalité porte à débat (taxe de
Les autres recettes, à savoir les impôts et taxes créés par la raccordement aux réseaux). L’emprunt est très peu utilisé, et
Nouvelle-Calédonie et spécifiquement affectés au bénéfice des seulement en investissement ; il existe par contre une possibilité
collectivités, et les centimes additionnels votés par ces derniè- d’avance sur trésorerie.
res, sont modestes en volume et peu susceptibles d’augmenter Cette tension sur la question financière, qui touche particu-
même lorsque les collectivités le souhaitent : celles-ci ne maîtri- lièrement les communes du grand Nouméa du fait des charges
sent pas les impôts et taxes affectés, qui sont votés par le congrès, découlant de l’exode rural, est l’une des causes du débat permanent
et les centimes additionnels sont encadrés par un plafond, qui se relatif aux clefs de répartition prévues par la loi organique pour cette
trouve être le plus souvent déjà atteint. redistribution des recettes fiscales de la Nouvelle-Calédonie. Le dé-
Cette situation est d’autant plus inadaptée, que les versements bat est complexe car, d’une part, les besoins sont avérés sur à peu
effectués par la Nouvelle-Calédonie au titre de la loi organique près toutes les communes, et pas seulement celles du Grand Nou-
varient en fonction de la conjoncture économique : lorsque les méa ; d’autre part, revoir les clefs de financement n’est pas la seule
dotations reçues par les communes ou les provinces sont bonnes, « solution » pour améliorer les dotations des communes : augmen-
il reste difficile de s’engager dans des opérations lourdes, ou dans ter les plafonds des centimes additionnels, ou lever de nouveaux
des dépenses de fonctionnement à caractère récurrent, puisque impôts, produirait par exemple le même effet.

271
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

DOTATIONS COMMUNALES 2007


FIP-fonctionnement DGF et autres
Année 2007 (unité : + dotation excep- dotations de fonc- FIP Dotation globale Centimes TOTAL Montant par habitant
millier de FCFP) tionnelle tionnement versées investissement d’équipement (État) additionnels
Nouvelle-Calédonie par l’État
BÉLEP 110 443 71 271 2 134 8 584 132 192 563 156

BOULOUPARIS 174 731 91 646 28 325 10 280 25 866 330 847 146

BOURAIL 407 767 186 716 31 793 14 253 28 906 669 434 116

CANALA 331 109 152 553 30 000 - 31 021 544 683 117

DUMBÉA 811 574 406 369 - - 244 325 1 462 268 78

FARINO 60 062 34 823 4 488 4 125 6 773 110 272 240

HIENGHÈNE 382 450 148 761 36 000 18 000 1 047 586 258 169

HOUAÏLOU 415 574 193 673 29 400 - 33 660 672 307 111

ILE DES PINS 160 982 81 007 2 312 11 565 2 107 257 973 107

KAALA-GOMEN 242 694 116 448 13 840 19 707 42 001 434 691 200

KONÉ 364 472 166 918 28 562 - 25 804 585 756 108

KOUAOUA 164 199 66 539 11 678 11 280 19 006 272 702 148

KOUMAC 262 645 132 590 54 000 - 28 523 477 758 135

LA FOA 295 635 117 581 40 371 - 22 330 475 918 140

LIFOU 931 770 500 515 78 703 4 159 10 039 1 525 184 79

MARÉ 657 468 292 859 29 203 45 187 3 270 1 027 988 93

MOINDOU 111 962 57 589 1 324 - 411 171 287 251

MONT-DORE 1 097 820 549 869 - 31 590 217 243 1 896 523 78

NOUMÉA 4 213 263 2 488 043 - 118 895 3 177 898 9 998 100 108
Source : Haut-commissariat, direction des actions de l’État, service des interventions financières et du contrôle budgétaire

OUÉGOA 296 493 119 493 46 231 - 1 148 463 365 163

OUVÉA 310 505 190 280 59 866 1 579 1 534 563 763 76

PAÏTA 683 691 343 765 - 14 140 291 245 1 332 841 98

POINDIMIÉ 381 304 180 657 19 993 - 10 384 592 337 101

PONÉRIHOUEN 273 761 132 035 45 500 3 485 2 276 457 057 120

POUÉBO 196 248 111 475 - 18 000 391 326 114 99

POUEMBOUT 211 247 98 038 55 380 - 13 726 378 392 226

POUM 200 521 97 316 25 743 - 2 223 325 802 176

POYA 294 391 113 846 22 800 4 200 20 720 455 956 159

SARRAMÉA 61 545 44 050 6 536 - 987 113 118 138

THIO 288 664 119 051 38 500 - 9 300 455 515 146

TOUHO 194 850 106 501 6 026 - 2 294 309 672 103

VOH 312 639 122 253 31 285 - 8 610 474 786 176

YATÉ 210 917 98 929 39 440 - 5 481 354 767 152

15 113 396 7 733 459 819 430 339 028 4 290 683 28 295 996 107

4.2 D
 ’indispensables contrats logements sociaux par les EGLS est de 2 millions FCFP par lo-
de développement, dans lesquels sont gement, les contrats d’agglomération ne parvenaient qu’à en
principalement inscrites des opérations financer la moitié, d’où le rattrapage.
de rattrapage Ces contrats de développement manquent d’adaptabilité en
Les contrats de développement sont perçus comme des outils cours de vie (révision des objectifs, des moyens à mettre en œu-
financiers adaptés, car nécessitant un engagement des parties vre…).
prenantes (communes, provinces, État). Ils répondent essentiel-
lement à des politiques de rattrapage (investissements). Le côté 4.3 U
 ne opportunité offerte
attractif de l’investissement des contrats de développement par la défiscalisation
n’est pas en adéquation avec les budgets de fonctionnement Dans les opérations immobilières, la défiscalisation prend en
des communes. compte la charge foncière qui peut comprendre les réseaux
L’estimation en besoin d’équipements d’accompagnement aux secondaires et tertiaires. C’est le cas par exemple de l’opération

272
Tuband à Nouméa où l’aménagement comprend les routes se- notamment faute de gestion prévisionnelle du foncier (réserves
condaires et les réseaux associés. Par contre, les services de Bercy foncières).
(Direction Générale des Impôts) excluent de la charge foncière Les communes de l’agglomération nouméenne sont dépourvues
qu’ils acceptent de prendre en compte dans les enveloppes dé- de foncier et n’ont pas les ressources propres pour en acheter. Les
fiscalisables, la « participation aux équipements » qui s’y trouve en communes ne les ayant pas utilisées auparavant, les dotations
général contenue (considérant que ces équipements relèvent des pour les acquisitions foncières des contrats d’agglomération
collectivités et pas du crédit d’impôt accordé pour les investisse- précédents n’ont pas été reproduites dans le dernier contrat. Les
ments immobiliers) et ne conserve que la partie terrain « pur ». bailleurs sociaux, eux, en achètent et on constate notamment
alors les heurts entre les communes qui ne peuvent répondre en
4.4 Utilisation des ressources et limites termes d’équipements associés aux nouveaux logements.
Clés de répartition des contrats de développement : Sur VKP, on constate un envol du prix du foncier et aucun outil
Les clés de répartition des financements du développement ne n’est utilisé pour surveiller la mutabilité du foncier (ex : foncier
prennent pas assez en compte les problématiques spécifiques agricole réaffecté à une fonction d’habitat). Pourtant l’ADRAF a en
des provinces. principe un droit de regard sur la potentialité agricole ou rurale
La province Sud cherche à maîtriser son développement alors que de la parcelle et peut alors purger son droit de préemption. Ce
les provinces Nord et îles Loyauté ont notamment pour objectif n’est pas la future affectation du foncier qui est observée.
de fixer leur population. Néanmoins la population continue à mi- Concernant le développement sur foncier coutumier, le
grer en province Sud : la répartition figée par les textes ne prend principal frein au développement est la non-sécurisation du
pas assez en compte l’évolution des besoins. Le rééquilibrage n’a financement car le fonds de garantie n’a pas été mis en place
pas été au rendez-vous tout de suite après la provincialisation et malgré son inscription dans la loi organique. Il est souligné que
les besoins de fonctionnement de la province Sud sont toujours ces terres ne sont pas particulièrement coûteuses mais que leur
plus importants à cause du solde migratoire élevé. viabilisation le serait en l’absence de schéma d’aménagement.
En effet, l’implantation non réfléchie d’habitations génère des
Le manque de moyens des collectivités : surcoûts aux communes qui se voient obligées de raccorder les
Les communes sont souvent confrontées à une problématique de usagers aux différents réseaux.
manque de moyens dans la gestion des projets d’aménagement. L’atelier a souligné la nécessité d’une politique publique prio-
La capacité des communes à être concessionnaires est réduite ritaire et d’un schéma d’aménagement préalables à la recherche
dès que l’on dépasse un certain montant, seules les provinces d’outils de financement.
peuvent assumer cette charge : la mise en œuvre de la ZAC (Zone Peut-on continuer un développement de la Nouvelle-Ca-
d’Aménagement Concerté) de Dumbéa sur Mer a finalement été lédonie alors que les collectivités locales ne s’appuient que
portée par la province, plus armée financièrement. sur les dotations dont elles n’ont pas la maîtrise ? Peut-on
continuer un développement de la Nouvelle-Calédonie
Politique de gestion du foncier : alors que le développement des territoires des collectivités
Face à la valorisation croissante du foncier, les collectivités sont n’est pas générateur de moyens supplémentaires pour ces
obligées de faire face à une hausse des coûts d’aménagement, dernières ?

5. D
 e forts enjeux, des difficultés institutionnelles
et un manque de perspectives
L’évolution de l’organisation spatiale du pays est subie plutôt compte des spécificités locales pour réfléchir l’aménagement ;
que maîtrisée, organisée. Du coup, on assiste à un sous-déve- l sur un plan social, car il faudra pouvoir loger les habitants à un
loppement au sein d’un pays développé. coût correct.
Les outils réglementaires et ceux de la maîtrise du foncier pré- Au regard des travaux de l’atelier, il se dégage clairement un
sente donc des enjeux importants : manque de projet prospectif ambitieux qui puisse motiver les
l sur un plan financier car, face à des aménagements d’op- équipes – comme les bénéficiaires des projets d’aménagement
portunités, le coût est supérieur à celui d’un aménagement – et donc faire comprendre la nécessité de faire évoluer les dis-
anticipé ; positifs en réponse aux besoins exprimés.
l l ’aménagement au coup par coup enlève de la cohérence et C’est un véritable choix de société : il semble qu’il manque un
rend plus onéreux le fonctionnement des territoires : plus de ré- rêve, une « utopie » autour desquels les acteurs de l’aménage-
seaux, plus de déplacements. Cependant, il faut veiller à bien tenir ment pourraient décliner les axes de développement.

273
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 8
1
du diagnostic
Solidarité sociale
Organisation spatiale
et égalité
- occupation
ruralité et urbanisation
des chances
du sol,

BREUGNON François, mairie de Nouméa


Annexe I BURTET Jean-Daniel, Notaire
CEVAER Xavier, Fédération des Industries
Rappel du mandat de l’atelier de Nouvelle-Calédonie (FINC)
CHATELAIN Pierre, Agence de Développement
La question de l’organisation de l’espace constitue un des points Rural et d’Aménagement Foncier (ADRAF)
centraux des schémas d’aménagement et de développement. CHATELIER Jean, Association des Consommateurs
Les réponses qui lui sont apportées conditionnent en effet le de Nouvelle-Calédonie (UFC-Que Choisir)
développement équilibré et harmonieux d’un territoire. Un tel CHENOT Reine-Marie, congrès de la Nouvelle-Calédonie,
développement n’est concevable que dans le cadre d’une pla- assemblée de la province Sud et commission de l’habitat
nification maîtrisée de l’espace et par la mise en place des outils de l’assemblée de la province Sud
adéquats. COQUELET Benoît, mairie de Païta
Le thème particulier de « l’occupation du sol, ruralité et DALY Dominique, La Restauration Française - MEDEF Nouvelle-
urbanisation » recouvre essentiellement, dans le contexte néo- Calédonie
calédonien, la problématique de la planification spatiale, pour DELATHIERE Jean-Jacques, mairie de La Foa
une répartition équilibrée de la population, des activités et des DRIENCOURT Aline, mairie de Dumbéa
espaces naturels. La définition des activités et des besoins en DUBOIS Isabelle, Direction de l’Equipement de la province Sud
infrastructures et services fait l’objet, dans le cadre du diagnostic, FAIVRE François, Association Renouveau Teasoa
d’un second atelier du thème général « organisation spatiale ». FERRIOT Laurent, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Une liaison permanente sera bien entendu nécessaire entre les FOHRINGER Guy, Association Ensemble pour la Planète (EPLP)
deux ateliers. FONG Jean-Paul, mairie de Dumbéa
Le présent thème doit notamment prendre en compte et FRIGERE Marie-Louise, Direction de l’Equipement
aborder les situations particulières au contexte : de la province Sud
l l e déséquilibre territorial entre l’agglomération de Nouméa et GALZIN Eric, DITTT
le reste du territoire et les problèmes nombreux et importants GAY Eric, congrès de la Nouvelle-Calédonie,
qui en découlent en termes d’exode rural, de gestion de l’ag- Assemblée de la province Sud et mairie du Mont-Dore
glomération et de développement des zones rurales ; GIBERT Jean, Société d’Economie Mixte de l’Agglomération
l l es problématiques différentes d’aménagement des villes, vil- - SEM de l’Agglo
lages et tribus. L’atelier travaillera notamment sur l’évaluation GIRARD François-René, Direction de l’Aménagement
de la situation en terme d’aménagement rural et de croissance et du Foncier de la province Nord (DAF)
urbaine et d’interactions entre ces deux phénomènes (Grand GIUBERGIA Robert, Haut-commissariat
Nouméa / zones rurales, centres des communes / territoires GOA Patricia, congrès de la Nouvelle-Calédonie
environnants) ; et Assemblée de la province Nord
l l a question liée de l’existence de régimes fonciers spécifiques GOURMELEN Morgan, Société d’Equipement
et des dispositifs possibles d’adaptation au développement de Nouvelle-Calédonie (SECAL)
local ; GRANGER Bruno, Association Ensemble pour la Planète (EPLP)
l l e marché foncier ; GUILLOT Gérard, Déléguation au Logement de la province Sud
l l ’état des outils réglementaires et financiers existants dans le (DL)
domaine de l’urbanisme ; HABAULT Christian, SLN - Syndicat des Industries
l les politiques de l’habitat et d’habitat social. de la Mine (SIM)
L’atelier doit étudier globalement toutes ces questions, et pro- HOUWILI Victor, mairie de Poum
duire, à travers un large débat, une analyse des enjeux. LECLERQ Jean-Loup, Cabinet THEOME
LECOURIEUX Eddie, mairie du Mont-Dore
LEHERLE Yan, Direction de l’antenne de la province Sud à La Foa
LEMAISTRE Yves, mairie du Mont-Dore
Annexe II LOGLI Paola, Direction des Technologies
et Services de l’Information (DTSI)
Membres inscrits à l’atelier MADEMBA-SY François, Direction du Développement Rural
de la province Sud (DDR)
AIFA Taieb (Jean-Pierre), mairie de Bourail MAPOU Raphaël, sénat coutumier
ANCEY Jacques, Mutuelle des Fonctionnaires MARRENS Jean-François, Syndicat Intercommunal du Grand
ARHOU Viviane, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique (ASEE) Nouméa (SIGN)
ARLIE Ghislaine, Association Française des Maires M’BOUERI Jean-Guy, sénat coutumier
de Nouvelle-Calédonie (AMF) et mairie de Farino MENNESSON Thierry, Institut Agronomique néo-Calédonien (IAC)
BABIN Eric, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie MESTRE Cyril, Agence D’Urbanisme et d’Aménagement
BATAILLE Luc, Cellule Koniambo de la province Nord de la province Sud (AD’UA)
BENONI Christelle, Subdivision Administrative Sud MEYER David, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
du Haut-commissariat - Antenne de Nouméa Agents et Ouvriers de la Fonction Publique (FSFAOFP)
BOUE-MANDIL Bernard, SAEML Grand Projet VKP MIR Jean-Louis, Retraité (ex. chargé de mission cabinet Cortot)
BOYEAU Yann-Eric, Direction des Technologies MONNERET Armelle, Syndicat des Commerçants
et Services de l’Information (DTSI) en Nouvelle-Calédonie

274
MONVOISIN Guy, Syndicat des Eleveurs THIRION Bruno, Direction de la Jeunesse
de Nouvelle-Calédonie et des Sports du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (DJS)
MUNKEL Mireille, BTP (CELECO BTP) TRUVANT Edouard, Direction de l’Aménagement et de Foncier
NAOUNA Pascal, Assemblée de la province Nord de la province Nord (DAF)
et congrès de la Nouvelle-Calédonie TUYENON Gilbert, mairie de Canala
NATUREL Georges, mairie de Dumbéa TYUIENON Raymond, DEA Sociologie
NESTAR Florus, Subdivision administrative Sud VEYRET Jean-Louis, Association Fondation des Pionniers
- Haut-commissariat VIRAPIN Laure, Etablissement de Régulation des Prix Agricoles
OBLED Christophe, Direction de l’Environnement (ERPA)
de la province Sud (DENV) VOUDJO Georges, mairie de Poya
PABOUTY Raymond, mairie de Touho WADRAWANE Jacques, Assemblée de la province Sud
PADA Joseph, mairie de Pouebo WAMYTAN André, Syndicat de la Fédération des Syndicats
PAIMBOU-POUMOINE Marcel, mairie de Ouegoa des Fonctionnaires, Agents et Ouvriers de la Fonction Publique
PASCAL Guy, ELECTRA - MEDEF Nouvelle-Calédonie (FSFAOFP)
PITOUT Thierry, DITTT WENEHOUA Macate, Cabinet BET «MW Etudes et Conseils
POIROI Didier Gaston, congrès de la Nouvelle-Calédonie
POIROT Thomas, Institut de Développement Secrétariat :
des Compétences en Nouvelle-Calédonie (IDCNC) HARRE Olivier, service de l’aménagement et de la planification,
PORTAL Jean-Yves, SEI - MEDEF Nouvelle-Calédonie gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
REGENT Brice, mairie de La Foa DOS SANTOS Muriel, service de l’aménagement
REVERCE Olivier, mairie de Bourail et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
ROBERT-NICOUD Delphine, Syndicat des Professionnels KERJOUAN Roger, service de l’aménagement
du Bâtiment et des Travaux Publics (SP BTP) et de la planification, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
ROSAIRE Edmond, Direction des services fiscaux LECLERQ Jean-Loup, Cabinet THEOME
de la Nouvelle-Calédonie (DSF) LEMAISTRE Yves, directeur de cabinet du maire du Mont-Dore
SARTENA Gianni, Société Immobilière de Nouvelle-Calédonie TRABUC Gaël, KPMG
(SIC)
SCHMITT Bertrand, Société Blue Immo et Association
Régionale Nouvelle-Calédonie des auditeurs de l’Institut Annexe III
des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN)
SEVERIAN Philippe, Direction du Développement Rural Bibliographie
de la province Sud (DDR)
SIAPO Pierre, Direction de l’équipement et de l’aménagement lTableaux de l’économie calédonienne, ISEE
de la province des îles Loyauté lRGP 1989, 1996 et 2004, ISEE,
SOLAL Guy, mairie de Nouméa lR
 ecensement Général de l’Agriculture 2002

TALEM Xavier, DAVAR – Gouvernement et Agence pour la en Nouvelle-Calédonie, DAVAR, ISEE


Prévention et l’Indemnisation des Calamités Agricoles ou lL
 es journées de l’habitat social 2007, Présentation du suivi

Naturelles des États Généraux du Logement Social, novembre 2007


l1
 01 mots pour comprendre la Mine en Nouvelle-Calédonie,

Publication du Groupe de Recherche en Histoire Océanienne


Contemporaine, Éditions Ile de Lumière, 1999

275
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1

du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

276
Nouvelle-Calédonie 2025
Schéma d’Aménagement et de Développement de la Nouvelle-Calédonie

9
Atelier 9
Administration

Co-présidents
Madame Anne Gras,
chef de la mission légistique du gouvernement
Monsieur Jean-Bernard Bobin,
secrétaire général du Haut-commissariat

Décembre 2008

277
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9

du diagnostic
Administration

Résumé
Le futur schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie a vocation à
constituer l’un des cadres structurants pour la conception des politiques publiques. Pour qu’il ait
tout son sens et soit bien suivi d’effets, il faut se préoccuper de renforcer l’efficacité de l’« adminis-
tration », notamment en ce qui concerne la gouvernance.

La définition des compétences faite par la loi organique est source d’importantes difficultés :
- discussions complexes pour savoir qui dispose de quelle compétence normative ;
- présence de quelques domaines « orphelins » ;
- forte insécurité juridique pesant sur un nombre non négligeable de textes ;
- absence d’une procédure permettant de sécuriser ce qui fait pourtant consensus.

Ces inconvénients viennent renforcer une situation déjà peu propice à une gouvernance efficace,
situation illustrée notamment par :
- le fait qu’une majorité d’acteurs est insuffisamment ouverte à l’idée d’un travail partagé avec les
autres collectivités, visant à co-construire des politiques cohérentes, ou des plans ou schémas
communs ;
- une pratique et une expérience insuffisante de certains acteurs en matière de définition et de
mise en œuvre des politiques publiques, d’où un besoin d’élaborer des guides et des doctrines
et de renforcer la formation ;
- un recours assez faible aux pratiques d’évaluation des politiques publiques et des lacunes en
matière d’ « observatoires » et d’indicateurs appropriés.

Le droit en Nouvelle-Calédonie est très complexe, en raison notamment du principe de spécialité


législative et de la « valse des statuts ». De ceci découle un fort besoin de renforcer l’accès au droit
et de produire bien plus de codes ou de textes « consolidés ». Ce droit est en outre insuffisamment
à jour, par rapport aux besoins du pays, tels qu’ils découlent de son état de développement avancé.
Face à cela, le pays n’a pas choisi de méthode pour produire les textes dont il a besoin : par crainte
de copier à tort le système français, on veut du « sur-mesure » et l’effort à produire pour mettre au
point certains textes à faire adopter par le congrès devient très élevé au regard des moyens dispo-
nibles ; ce constat est encore plus vrai pour certains textes de compétence provinciale.

Il faudrait évaluer plus précisément les moyens disponibles au sein de l’administration : il semble
en effet, en toute première approche, que l’effectif en agents chargés de missions de service public
soit, en nombre (proportion de la population du pays) et en niveau moyen de qualification, plutôt
plus faible qu’en France et que, dans certains secteurs, les moyens disponibles pour les tâches de
conception de politiques publiques soient faibles. Une meilleure adéquation missions/moyens est
sans doute à trouver, en même temps qu’il faut continuer à investir sur les compétences (formation,
assistance technique, coopération) et sur les outils (TIC).

D’autres problèmes sont constatés, notamment une insuffisante accessibilité des services de l’ad-
ministration pour les administrés, pour des raisons soit géographiques, soit de complexité.

0278
278
Sommaire
1. D
 e grands enjeux pour la future mise en œuvre
du schéma d’aménagement et de développement ...................................... 280

2. La gouvernance .................................................................................................................................................. 280


2.1 Une indispensable coordination, qui peine à bien se mettre en place ........................ 280
2.2 Une répartition des compétences peu claire ...................................................................................... 281
2.3 Des incertitudes permanentes lourdes de conséquences ........................................................ 281
2.4 Des lois du pays limitées à 12 domaines seulement ................................................................. 282
2.5 Une procédure de clarification ne répondant pas à toutes les difficultés ................. 282
2.6 Une interprétation rigide des textes ........................................................................................................ 282
2.7 Un manque de partage sur les questions de compétence ..................................................... 282
2.8 Un effort insuffisant en termes de formation ................................................................................... 283
2.9 Peu de plans et schémas coordonnant les décisions des acteurs ................................... 283
2.10 Un système d’indicateurs incomplet et une faible pratique de l’évaluation ............ 283
2.11 Un déficit en matière d’autres outils et doctrines de bonne gouvernance ............... 284
2.12 Le paradoxe d’une autonomie en fait très contrainte ............................................................... 284
2.13 Un manque de souplesse dans l’adaptation des textes ......................................................... 284
2.14 Mais aussi de nombreuses actions positives ................................................................................... 284

3. Le droit calédonien ....................................................................................................................................... 285


3.1 Des phénomènes d’empilement des textes ....................................................................................... 285
3.2 Un droit local relevant de l’État intrinsèquement complexe et peu mis à jour ........... 285
3.3 U
 n droit local relevant de la Nouvelle-Calédonie ou des provinces
qui évolue lentement .......................................................................................................................................... 286
3.4 Une réglementation globalement lacunaire ....................................................................................... 286
3.5 Un faible respect des principes issus du droit international ................................................ 287
3.6 Un niveau excessif d’insécurité juridique ............................................................................................. 287
3.7 Un accès au droit qui s’améliore, mais qui nécessite de poursuivre l’effort ........... 287

4. Les moyens de l’administration ................................................................................................ 288


4.1 Un nombre de salariés du public qui se situe plutôt dans la normale ........................ 288
4.2 U
 n poids hors normes de la masse salariale des salariés
du public dans le PIB .......................................................................................................................................... 288
4.3 Une structure de recettes très atypique ............................................................................................... 289
4.4 Un fort degré de dépendance vis-à-vis des transferts de la métropole ...................... 289
4.5 La non autonomie financière des collectivités ................................................................................ 289
4.6 Une fiscalité principalement assise sur la consommation ...................................................... 290

5. L’accès aux services de l’administration ..................................................................... 290


5.1 De nombreux services ne sont accessibles qu’à Nouméa et parfois Koné ................ 290
5.2 Le service n’est que rarement rendu à distance ............................................................................ 290
5.3 Les administrés manquent de conseils pratiques ......................................................................... 290
5.4 Une faible recherche de simplifications administratives .......................................................... 290

Annexe I Rappel du mandat de l’atelier ......................................................................................................................... 291


Annexe II Membres inscrits à l’atelier ............................................................................................................................... 291
Annexe III Bibliographie .............................................................................................................................................................. 291
Annexe IV Liste des collectivités ou établissements
relevant du secteur dit « non-marchand » ou « public » ........................................................ 292
Annexe IV Liste des SIVU, SIVOM et syndicats mixtes ........................................................................................ 292

0279
279
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Administration

1. D
 e grands enjeux pour la future mise en œuvre
du schéma d’aménagement et de développement
L’administration a pour mission de mettre en œuvre les po- il faudra réussir la nouvelle organisation des services et celle de
litiques publiques définies par la représentation élective, à ses modes de fonctionnement administratifs pour maintenir la
travers : confiance que les citoyens accordent au processus politique.
lU  n rôle de conception : observer, analyser, initier des consulta- lU n enjeu de pilotage : l’administration se développe dans un

tions et préparer les décisions ou les textes à faire adopter par contexte de rénovation des politiques publiques ; afin d’assu-
l’autorité exécutive et/ou l’assemblée. rer un meilleur relais des décisions politiques, il est envisagé de
lU  n rôle d’application : relayer, expliquer et appliquer les poli- réformer la gestion budgétaire, en s’inspirant de la « LOLF », afin
tiques publiques ainsi définies (information, gestion, contrôle, de construire les politiques publiques autour d’objectifs plus
évaluation). clairement affichés et piloter leur mise en œuvre à travers une
Le futur schéma d’aménagement et de développement de la logique et des indicateurs de résultats.
Nouvelle-Calédonie a vocation à être l’un des cadres structu- lU n enjeu de moyens : la société néo-calédonienne exprime une

rants pour la conception des politiques publiques, dans tous les « demande d’administration » adaptée aux spécificités cultu-
domaines cités par la loi organique : développement économi- relles et sociologiques du pays, dans un contexte où il reste
que, développement social, environnement, culture, éducation, des écarts en matière de développement. Les administrations
formation professionnelle, infrastructures et équipements, servi- sont de taille relativement réduite, au point que la question des
ces d’intérêt territorial. moyens se pose souvent. Quel que soit le niveau de la norme
C’est pourquoi l’analyse des enjeux propres à l’administration juridique choisie demain par la Nouvelle-Calédonie et les col-
du pays se devait d’être incluse dans le diagnostic préalable à lectivités, dans les secteurs qu’elles administrent, la prise en
l’élaboration du schéma. compte du coût de gestion des réglementations au regard des
De plus, l’administration néo-calédonienne, à condition d’être moyens disponibles fait partie de ses choix de développement.
efficace et de répondre aux besoins, doit jouer un rôle clef pour Une meilleure adéquation missions/moyens est sans doute à
toute la société. Sa modernisation recouvre notamment : trouver, en même temps qu’il faut continuer à investir sur les
lU  n enjeu citoyen : la société civile et le monde économique compétences ; les différentes formes de soutien aux transferts
expriment des attentes en matière d’écoute, de réactivité, d’in- techniques (formation, assistance technique, coopération opé-
formation et de transparence de l’administration. C’est une rationnelle) sont à expertiser et prioriser ; l’amélioration des
tendance de fond constatée dans tous les pays : la qualité du performances par l’utilisation des méthodes et des technolo-
service rendu à l’usager, particulier ou entreprise, revient au gies les plus modernes est, comme partout, indispensable.
centre des préoccupations. Le sujet est extrêmement vaste ; sur la base de son mandat,
lU  n enjeu politique : pour le bon fonctionnement des insti- l’atelier a concentré sa réflexion sur les difficultés rencontrées
tutions néo-calédoniennes, il est nécessaire d’organiser la en matière de gouvernance, de droit, de moyens des adminis-
complémentarité entre les administrations de l’Etat, de la Nou- trations et enfin d’accès aux services de l’administration pour
velle-Calédonie, des provinces et des communes. De nouveaux les usagers. Le plan du présent document est établi sur cette
et importants transferts de compétences sont en préparation : logique en 4 points.

2. La gouvernance
Le terme gouvernance décrit « la capacité des sociétés humaines à capitale : l’administration du pays s’exerce, depuis 1989, sur de
se doter de systèmes de représentations, d’institutions, de processus, très vastes champs de compétence, de façon plus proche du
de corps sociaux, pour se gérer elles-mêmes dans un mouvement vo- citoyen qu’auparavant. L’organisation ainsi définie est plus dé-
lontaire ». La gouvernance organise les coopérations et les synergies mocratique, mais, pour rester efficace, une bonne coordination
entre le corps politique, l’administration, la société civile et le monde entre institutions est absolument indispensable. En effet :
économique. Elle est l’art de concevoir des dispositifs cohérents vis à l l ’imbrication est souvent étroite entre les compétences rele-

vis des objectifs poursuivis, ce qui bien entendu suppose en amont vant de l’État, de la Nouvelle-Calédonie, des provinces et des
de savoir formuler et s’accorder sur de tels objectifs. communes ;
Ces sujets sont très vastes et mériteraient une poursuite de la l l es problèmes se posent rarement à l’échelle d’une seule com-

réflexion. Sans prétendre à l’exhaustivité, les travaux de l’atelier mune, ou au contraire à l’échelle de l’ensemble du territoire.
se sont centrés sur : Plus encore qu’ailleurs, la mise en œuvre de politiques publi-
l les problèmes de coordination ; ques efficaces nécessite quasiment toujours une vision et une
l l es difficultés posées par la répartition des compétences issue méthode « matricielles » des enjeux et des solutions, combinant
de la loi organique ; l’approche spatiale (qui détermine les niveaux de décision), l’ar-
l le manque d’outils et de doctrines utiles à la gouvernance. ticulation dans le temps (court et long terme) et l’approche par
secteurs (les institutions étant dotées de compétences différen-
2.1 U
 ne indispensable coordination, tes selon les secteurs).
qui peine à bien se mettre en place Des progrès très importants sont constatés depuis quelques
En Nouvelle-Calédonie, la provincialisation a marqué une date années. A la fin de ce chapitre, divers exemples illustrent des

1
Cf. art. 121-25 du Code des communes de la Nouvelle-Calédonie : « Le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune ».
2
Cf. art. 20 de la loi organique : « Chaque commune est compétente dans les matières qui ne sont pas dévolues à l’État ou à la Nouvelle-Calédonie par la présente loi, ou aux communes par la législation applicable en Nouvelle-
280 Calédonie ».
3
Par exemple, dans son arrêt du 27 janvier 1995, le Conseil d’État a confirmé qu’une délibération provinciale sur les crabes de palétuviers, motivée par un enjeu de protection de la ressource, était licite alors même que la
police des animaux relevait alors de la compétence du territoire.
stratégies cohérentes d’action menées par les différents acteurs ponsabilités sont imbriquées : la sécurité dans les bâtiments
institutionnels. relève par exemple des provinces, mais la Nouvelle-Calédo-
Toutefois, on doit dans le même temps constater le caractère nie est, elle, compétente pour l’importation et la mise sur le
très imparfait de la coordination. Coopérer pour mettre en œu- marché de matériels qui peuvent toucher aux questions de sé-
vre en pleine cohérence une politique publique allant dans le curité (équipements électriques, extincteurs, etc.), ainsi qu’en
sens de l’intérêt général est une démarche encore insuffisam- matière de sécurité des travailleurs ;
ment répandue, chaque collectivité préférant exercer seule ses le n matière d’urbanisme, il revient à la Nouvelle-Calédonie

compétences. d’arrêter des « principes directeurs du droit », aux communes


En métropole, les mêmes difficultés ont été constatées après la d’élaborer leurs documents communaux d’urbanisme et aux
décentralisation de 1982, ce qui conduisait Pierre Calame à consta- provinces de définir les règles qui ne sont pas des « principes
ter par exemple que si « on sait parler compétences légales, on ne sait directeurs du droit » ; mais il n’existe pas de définition de cette
pas parler en termes de mode de gouvernance. On n’a pas compris que notion et, de fait, l’ensemble du domaine de l’urbanisme est
le cœur du politique est le processus par lequel s’élabore une solution dans une situation peu claire.
satisfaisante et non la question de savoir qui appose sa signature fina- D’autres illustrations sont apportées par exemple par le rapport
lement ». Sans doute idéalisait-il le fonctionnement démocratique récent du Professeur Rémy Cabrillac, préalable au transfert de
en le voyant entièrement tourné vers l’intérêt général et éloigné de compétence en matière de droit civil et par le rapport similaire
toute « contingence » électorale, mais l’image reste intéressante. établi par le Professeur Philippe Pétel, concernant le droit com-
D’autres pays ont résolu ce problème en introduisant une obli- mercial.
gation de « coopération de bonne foi » entre collectivités, sous le Plus généralement, les conséquences, en termes de droit, de
regard du juge. la coexistence de la clause générale de compétence des com-
En Nouvelle-Calédonie, comme partout ailleurs, la coopéra- munes1 et de la compétence de droit commun des provinces2
tion entre services techniques se heurte parfois à des stratégies font débat parmi les juristes.
politiques ou des affinités personnelles pouvant conduire à De même, si la jurisprudence « du critère finaliste » appliquée
des blocages. Toutefois, la situation paraît particulièrement de longue date par le Conseil d’État permet d’identifier dans cer-
problématique ici ; cela peut-être l’héritage de l’histoire, ou de tains cas l’autorité compétente pour réglementer3, ce critère est
la relative jeunesse de l’actuel statut. Cela tient probablement inopérant dans certains cas.
aussi pour beaucoup à la « perfectibilité » des textes définissant Le législateur national lui-même ne sait plus très bien les li-
les compétences. mites des compétences en vigueur en Nouvelle-Calédonie. Par
exemple, un article d’un code4 précise que certains articles de
2.2 Une répartition des compétences peu claire ce code sont applicables en Nouvelle-Calédonie, « sous réserve
En effet, la loi organique soulève de grandes difficultés d’interpré- des compétences dévolues à la Nouvelle-Calédonie et aux pro-
tation en ce qui concerne la répartition des compétences qu’elle vinces », formule vague qui n’aide pas à comprendre la portée
définit entre Etat, Nouvelle-Calédonie, provinces et communes. exacte de la loi nationale en Nouvelle-Calédonie.
Cette définition tient en quelques dizaines de lignes seulement,
mais cette situation d’apparente simplicité est trompeuse, car 2.3 D
 es incertitudes permanentes
on ne comprend pas toujours comment appliquer la règle, bien lourdes de conséquences
des sujets étant de facto « à cheval » sur plusieurs thèmes listés Le fait que les attributions de compétence ne soient pas éviden-
dans la loi. Les exemples à ce sujet abondent, au point que les tes à analyser a d’importantes conséquences.
réunions de coordination entre acteurs nécessitent assez sou- Cette situation est d’abord chronophage pour tout le monde :
vent de passer d’abord un temps significatif sur l’explicitation principalement pour les élus et l’administration, mais également
des frontières entre les compétences des uns et des autres. On pour le monde économique et la société civile. Les débats sont
relèvera ainsi quelques cas parmi tant d’autres : longs, voire sans fin, pour clarifier de très nombreuses situations
lr  églementer les substances explosives est une compétence ambigües : est-ce à la Nouvelle-Calédonie, ou aux provinces, ou
de l’État, mais les provinces ont, elles, compétence en matière à d’autres, de prendre un texte sur tel ou tel sujet ne rentrant pas
d’installations classées, où peuvent être stockées et utilisées de parfaitement dans le découpage prévu par la loi organique ?
telles substances ; Elle est ensuite source d’immobilisme :
lv  eiller à ce que la concurrence soit active sur le territoire est ld ’abord parce qu’avant d’adopter un texte, il faut bien se met-

une responsabilité de la Nouvelle-Calédonie, alors que les pro- tre d’accord sur la compétence et que pendant ce temps,
vinces ont compétence en matière d’urbanisme ; la question aucune solution n’est apportée au problème identifié : à titre
de savoir comment instruire les projets d’installations de gran- d’exemple, il a fallu environ 2 ans pour arriver à clarifier le fait
des surfaces commerciales n’est donc pas limpide ; qu’il appartient à la Nouvelle-Calédonie de désigner l’autorité
l l ’assainissement des eaux usées domestiques et la gestion compétente pour signer les permis d’importation et d’expor-
des déchets peuvent être vus sous un angle « salubrité », qui tation d’espèces menacées5 ;
relève des communes, sous un angle « sanitaire », qui relève le nsuite parce que certains problèmes difficiles restent orphelins,

de la Nouvelle-Calédonie et sous un angle « prévention des tout le monde pouvant se retrancher derrière l’ambigüité des tex-
pollutions impactant les milieux naturels », qui relève des tes pour arguer de son incompétence. Cela peut être fait en toute
provinces (sans parler de l’angle « urbanisme » sous lequel il bonne foi : dans un contexte où il y a déjà fort à faire et les textes
faut également regarder les questions d’assainissement, ce étant réellement ambigus, il est logique que les acteurs inscrivent
mot étant cité de nombreuses fois dans le code français de parmi leurs priorités des actions qu’ils ont des chances de mener à
l’urbanisme) ; bien et non des actions soumises à des arbitrages juridiques déli-
ls  ur les questions de normes ou de règles techniques, les res- cats en ce qui concerne la compétence.

4
Art. L. 612-1 du code de l’environnement.
5
Au titre de la Convention de Washington, dite « CITES ». Cette convention est en effet avant tout une convention sur le commerce international, même si sa finalité est bien de
protéger les espèces menacées.
281
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Administration

Enfin, et peut-être surtout, cette situation génère un niveau 2.5 U


 ne procédure de clarification
d’insécurité juridique extrêmement préoccupant. Certains ne répondant pas à toutes les difficultés
textes, probablement assez nombreux au total, même si leur La loi organique a prévu en son article 206 une procédure de sol-
proportion reste faible, reposent aujourd’hui sur une certaine licitation de l’avis du Conseil d’état sur les questions portant sur
interprétation des compétences, qui peut très bien demain être la répartition des compétences. Cette procédure est de fait peu
désavouée par un tribunal. L’atelier a ainsi permis de citer quel- utilisée. Il semble que les élus ne souhaitent pas y faire appel  :
ques exemples de textes dont la base légale parait fragile, voire cela semble avoir été le cas par exemple concernant l’autorité
des exemples de textes pris, « par souci d’avancer vite », par une compétente en matière d’urbanisme commercial.
collectivité qui savait pertinemment que sa compétence en la Le résultat d’une telle consultation peut donner :
matière était discutable6. ld es réponses complexes à mettre en œuvre. Par exemple,

A ce sujet, il faut relever qu’il est assez usuel de penser que le un avis du Conseil d’état précise qu’une déclaration d’utilité
contentieux provient essentiellement de désaccords politiques ; publique (DUP) doit relever d’un régime défini, selon les cas,
en fait, le contentieux à venir proviendra probablement de façon par la Nouvelle-Calédonie ou par les provinces, mais à l’issue
très majoritaire de particuliers, du monde associatif ou d’acteurs de laquelle, en tout état de cause, seul le Haut-commissaire a
économiques, venant contester des textes qui leur seraient dé- compétence pour signer l’acte final ;
favorables. ld es réponses que l’on ne souhaite pas appliquer, le régime

Et l’on ne soulignera jamais assez à quel point l’insécurité juri- de droit effectivement en vigueur pouvant être contraire au
dique est un frein au développement. consensus politique. Par exemple, la compétence en matière
de transports routiers appartient à la Nouvelle-Calédonie, alors
2.4 D
 es lois du pays limitées que les transports scolaires relèvent dans toutes les communes
à 12 domaines seulement de France du niveau communal.
En métropole, mais cela est vrai à peu près dans tous les pays, Plus généralement, la consultation du Conseil d’état n’appor-
la légitimité de l’intervention de l’Etat ou d’une collectivité pro- tera qu’une réponse juridique, comme on l’a vu très imparfaite,
vient de la loi : on prend un arrêté ou une délibération sur une à un problème qui relève parfois d’une décision de nature poli-
base légale souvent très explicite, ou a minima éclairée par la ju- tique. Or il n’existe aucune procédure permettant de traduire un
risprudence (cas de la compétence générale des communes). consensus politique par un texte s’imposant juridiquement en
Il y a aussi adaptation permanente aux besoins : la loi est mo- matière de répartition des compétences.
difiée régulièrement pour définir en détail, matière par matière, Enfin, les avis du Conseil d’état ne sont pas publics, et il est
les compétences respectives de l’État et des collectivités, ainsi même rare qu’ils soient partagés entre collectivités.
que le cadre général dans lequel s’exercent ces compétences
(grands principes à respecter). 2.6 Une interprétation rigide des textes
Par exemple, la plupart des codes (route, urbanisme, expro- Il a ensuite été relevé la façon très « rigide » dont sont interprétés,
priation d’utilité publique, rural, construction et habitation, par les collectivités, les articles de la loi organique répartissant les
environnement, etc.) contiennent chacun plusieurs dizaines compétences. Par exemple, alors que la charte constitutionnelle
d’articles apportant des précisions au « qui fait quoi ». de l’environnement impose à toutes les collectivités de conduire
De plus, cette façon de procéder permet d’organiser les les politiques dont elles ont la charge en prenant en compte les
responsabilités de façon imbriquée, une collectivité de « rang enjeux environnementaux, l’idée même que la Nouvelle-Calé-
supérieur » se voyant souvent conférer un rôle de coordination donie se préoccupe de développement durable pose question
de l’action des collectivités de « rang inférieur ». Par exemple : aux provinces qui y voient un empiètement sur une de leurs
ld  ans les DOM, il revient au Conseil régional d’élaborer un compétences propres (l’environnement)7.
« schéma régional d’aménagement », qui va s’imposer aux Un autre exemple est le suivant : lors d’un séminaire récent sur
« schémas de cohérence territoriale » élaborés par les inter- l’intercommunalité 8, il a été constaté que, pour certains, l’activité
communalités, ainsi qu’aux « plans locaux d’urbanisme » des économique était une prérogative exclusivement provinciale,
communes ; outil fondamental de planification territoriale, un alors qu’en fait le maire est tout à fait à même de décider de la
tel schéma a un apport évident en termes d’aménagement création d’une zone artisanale sur sa commune.
et d’urbanisme et donc des conséquences importantes dans Il semble que soit parfois oublié le principe de libre adminis-
tous les domaines économiques, car il identifie les zones à vo- tration des collectivités, pourtant rappelé à l’article 3 de la loi
cation agricole, touristique, industrielle, etc. ; organique.
l i l revient de même aux Conseils généraux d’élaborer des plans Là encore, le phénomène d’empilement des textes décrit plus
départementaux d’élimination des déchets ménagers, qui per- haut est propice à des erreurs d’interprétation. Ainsi, certaines
mettent de rendre plus cohérentes les actions communales en provinces continuent d’appliquer une délibération de 1993 re-
la matière ; ces schémas permettent d’éviter le développement lative aux règles générales en matière d’urbanisme, qui a pour
d’outils redondants et des stratégies de collecte et de traite- effet que les PUD sont élaborés par les provinces. Pourtant, l’ar-
ment inutilement disparates. ticle 50 de la loi organique a depuis redonné la compétence
En Nouvelle-Calédonie, les lois du pays ne peuvent qu’en partie d’élaboration des documents communaux d’urbanismes aux
jouer ce rôle de préciser le « qui fait quoi » : l’article 99 de la loi communes.
organique liste en effet 12 domaines seulement dans lesquelles
peuvent intervenir des lois du pays. Or, seul un texte ayant force de 2.7 U
 n manque de partage sur les questions
loi permettrait de sécuriser juridiquement de nombreux actes pris de compétence
en Nouvelle-Calédonie sur une base insuffisamment solide du fait Des occasions de débat, telles que le séminaire été plus haut
des problèmes d’interprétation des limites de compétences. sur l’intercommunalité, sont rares. Pourtant, cela peut utilement

6
Il n’y a évidement pas lieu de citer ici ces exemples, sous peine d’aggraver, concernant ces exemples, un niveau de risques déjà significatif.
7
L’atelier 6 a développé ces constats et montré à quel point les politiques environnementales ne peuvent se passer de l’implication de la Nouvelle-Calédonie, de par ses compétences en matière de commerce extérieur, de marchés, de
282 fiscalité, de droit domanial, d’hygiène et de santé, d’urbanisme, de réglementation zoosanitaire ou phytosanitaire, etc.
8
Organisé en novembre 2007 à Sarraméa.
conduire à constater que les compétences sont en fait définies 2.9 P
 eu de plans et schémas
de façon plus ouverte que l’interprétation qu’on a parfois des coordonnant les décisions des acteurs
textes. Les réunions de maires initiées depuis peu par le gou- Il a été relevé9 que la Nouvelle-Calédonie avait des difficultés à
vernement témoignent semble-t-il d’une évolution positive en mettre en place des démarches et à arrêter des documents de
ce sens. planification : rares sont les domaines dans lesquels existe un
Plus généralement, sans doute manque-t-il un cadre général schéma directeur qui oriente les décisions sur le moyen ou le
permettant que la question de l’articulation des responsabilités long terme. Les grands enjeux (accélération du développement
soit régulièrement débattue à un niveau approprié. Il manque économique, hausse de la population…) sont de long terme,
en la matière un lieu de débat, une initiative de l’un des acteurs, alors que les décisions politiques sont généralement prises dans
une méthode de travail. l’urgence.
De même, on constate d’autres points importants : Il est par contre assez courant d’organiser des colloques, des
ld e nombreux services réfléchissent, produisent des analyses, assises, des forums, etc. qui permettent un débat très utile entre
ou commentent les avis du Conseil d’Etat, concernant les acteurs. Parfois, universitaires, professionnels, syndicats, Conseil
répartitions des compétences, mais ces services partagent économique et social, etc. sont à l’origine de tels colloques, et
globalement peu ces analyses : il n’est que rarement cherché à non les administrations et les élus. Mais les actes d’un colloque
construire une vision commune ; quelques tentatives de mise ne font pas un schéma et il semble qu’il soit difficile de passer
en commun de toute cette matière (exemple : la mission Légi- du débat à la décision, encore plus à la mise en œuvre. Ce pro-
calédonie) ont à faire face, comme tout projet innovant certes, blème est certes en partie dû à une faiblesse dans les moyens
à des freins psychologiques et organisationnels puissants que disponibles pour préparer de tels documents et pour en assurer
seule la volonté politique peut dépasser ; le suivi dans le temps.
lp lus généralement, il y a un manque de règles et de doctri- Mais une autre explication de ce déficit provient probable-
nes, permettant de partager, au niveau des élus, mais aussi des ment de ce qu’il est actuellement extrêmement difficile, voire
techniciens, une vision commune. impossible, de donner une base solide à un schéma, qui en fasse
Ce dernier besoin est d’autant plus évident que la situation est, un outil pérenne et effectivement apte à coordonner les politi-
sur le fond, très complexe. Par exemple, à l’évidence, la question ques mises en œuvre par les différents acteurs.
de la responsabilité des maires, en termes de sécurité publique, On l’a vu par exemple avec les récentes assises de l’eau, à l’is-
sur les terres coutumières, n’est pas simple et nécessiterait une sue desquelles un consensus s’est forgé autour de l’idée de créer,
réflexion commune. Même question concernant les prescrip- à l’échelle du pays, un « comité de l’eau », chargé notamment
tions d’urbanisme, les raccordements aux réseaux, etc. L’une des d’adopter une politique globale de l’eau, laquelle s’imposerait
difficultés est bien de faire la part des choses entre ce qui est aux différents acteurs : c’est là un dispositif en vigueur partout
intrinsèquement complexe et nécessite donc un travail collectif en Europe, décliné en métropole et dans les DOM par plusieurs
de mise à plat, et ce qui ne l’est pas et est rendu artificiellement « lois sur l’eau », qui ont créé, puis adapté, depuis environ 40 ans,
complexe par une interprétation rigide des textes. des « comités de bassin », chargés de préparer des « SDAGE »
Il a aussi été noté que l’Etat a un rôle très important à jouer (schémas directeurs d’aménagement et de gestion de l’eau). En
concernant les pratiques de coopération, rôle pédagogique et Nouvelle-Calédonie, comme on l’a vu plus haut, il faudrait, pour
d’animation. De plus, il devrait être mieux reconnu comme mé- pouvoir créer un dispositif similaire, une loi du pays, ce qui pose
diateur face à certaines situations bloquées. la question du caractère suffisant ou non de la liste des 12 thè-
Il a enfin été noté que la présence de 2 associations de maires mes de l’article 99 de la loi organique.
n’est pas à ce jour un facteur contribuant à faciliter la construction On a vu aussi plus haut l’exemple du « schéma régional
d’une unicité de vues. Pourtant, ces associations pourraient jouer d’aménagement » des DOM et celui des plans départementaux
un rôle important dans la recherche de synergies, d’autant que leurs de déchets : dans les deux cas, un article de loi est la base de ces
membres ont souvent également d’autres mandats territoriaux et documents de planification. L’existence d’un cadrage oblige les
peuvent donc aider à faire circuler l’information inter-collectivités, collectivités concernées à surpasser leurs divergences et à tra-
à l’instar des élus provinciaux membres du congrès. vailler ensemble à un projet commun, sous la houlette du chef
de file désigné.
2.8 Un effort insuffisant en termes de formation La loi organique n’est toutefois pas totalement muette sur les
Compte-tenu de la jeunesse de certaines institutions, pratique exercices de planification, puisqu’elle a prévu ainsi :
et expérience en matière de définition et de mise en œuvre des l l e schéma de mise en valeur des richesses minières, qui est

politiques publiques ne sont pas encore généralisées à tous les opposable10 ;


élus ; de même la complexité et la technicité du droit applicable l l e schéma d’aménagement et de développement, qui n’est pas

en Nouvelle-Calédonie conduisent à sa relative méconnaissan- opposable.


ce, y compris chez certains décideurs. Ce constat est renforcé par
l’existence d’un relatif « turn-over » : dans certaines communes 2.10 U
 n système d’indicateurs incomplet
rurales, les élus municipaux ne font souvent qu’un seul mandat. et une faible pratique de l’évaluation
Face à cette situation, on regrette le peu d’efforts faits en ter- Les outils statistiques dont dispose le pays sont relativement dé-
mes de formation à l’intention des élus. veloppés, mais encore insuffisamment utilisés pour assurer un
Ce constat peut être élargi à celui de la formation initiale et suivi des principales politiques publiques. Par exemple, il n’existe
continue des agents publics : le sentiment général est que, dans pas de système d’indicateurs mesurant :
la plupart des administrations, l’effort en la matière est insuffi- l l’état du « rééquilibrage » inscrit dans l’accord de Nouméa ;

sant. Ce besoin est particulièrement évident dans le contexte du l l a situation du pays vis-à-vis des principaux critères en matière

transfert de compétences. de développement durable.

9
Constat fait par plusieurs ateliers.
10
« Toute décision individuelle prise dans le cadre de la réglementation minière doit être compatible avec les principes et les orientations du schéma de mise en valeur des
richesses minières. »
283
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Administration

Il existe pourtant ailleurs des méthodes et des systèmes d’in- clarifier et sécuriser l’exercice des compétences à travers des dé-
dicateurs intéressants qui aideraient la Nouvelle-Calédonie à libérations accordant des délégations. Le système en vigueur est
mieux situer son action et à arrêter ses priorités. Plus globale- donc difficilement compatible avec la souplesse dont on aurait
ment, on manque d’observatoires en tous genres et les données besoin en Nouvelle-Calédonie à ce sujet, car seules quelques ra-
disponibles sont rarement centralisées et exploitées. Les provin- res possibilités de délégations sont prévues par la loi organique,
ces sont plutôt demandeuses d’une coordination entre elles, essentiellement, pour que la Nouvelle-Calédonie confie aux
permettant de développer des outils statistiques, à l’échelle du provinces, le cas échéant, le pouvoir d’adapter et d’appliquer
pays, sur les thématiques qui relèvent de leurs compétences. la réglementation en matière d’hygiène publique, de santé, de
Un autre constat a été formulé concernant le manque de pra- protection sociale et de transports routiers, ou encore la gestion
tique d’évaluation des politiques publiques, voire le manque de de la ressource en eau et du réseau routier de la Nouvelle-Calé-
suivi dans le temps des politiques annoncées. Peu d’audits ou donie (article 47).
de bilans sont faits. Un exemple de lacune en la matière peut être trouvé dans le
Parmi les outils d’évaluation qui manquent, on peut citer domaine de l’urbanisme : la Nouvelle-Calédonie a décidé, dans
ceux qui pourraient concerner la performance des services ad- sa délibération N°24 du 8 novembre 1989, que « les assemblées
ministratifs. Certains s’interrogent par exemple sur le fait qu’une de province fixent le régime du permis de construire et déterminent
structure agissant dans le domaine de l’emploi dotée de 3 les constructions qui en sont exemptées » ; ceci peut être interprété
agents, aurait visité seulement 7 entreprises sur l’année 2006. comme une délégation de sa compétence en matière de « prin-
cipes directeurs du droit de l’urbanisme », ce qui rend fragiles les
2.11 U
 n déficit en matière d’autres outils règles adoptées en la matière par les provinces.
et doctrines de bonne gouvernance
L’association du public aux décisions est encore faible et on 2.14 M
 ais aussi de nombreuses actions
constate un manque de doctrine en matière de contre-pou- positives
voirs. De nombreuses commissions consultatives ont été créées Les difficultés soulevées plus haut sont importantes. Elles ne sont
ces dernières années, mais elles sont peu réunies : cf. par exem- pas pour autant insurmontables : de nombreuses collaborations
ple le comité consultatif de l’environnement, ou la commission existent et permettent d’engranger des résultats intéressants,
consultative des pratiques commerciales. sans lesquels le développement connu actuellement par le pays
Il n’existe aucun exemple d’agence ou d’autorité adminis- ne serait d’ailleurs sans doute pas aussi intense.
trative à caractère indépendant, alors qu’il est universellement A titre d’illustration, on a relevé quelques exemples de colla-
reconnu que de tels outils peuvent aider à dépasser les clivages borations plus ou moins réussies :
politiques afin de permettre de prendre des décisions d’intérêt lL
 e transport routier de voyageurs a jusqu’ici été géré avec dif-

général dans des domaines très sensibles11. ficultés, les liaisons à caractère inter-provincial gérées par la
Plus généralement, il existe une forte interrogation sur l’apti- Nouvelle-Calédonie ne pouvant avoir aucun rôle de desserte
tude du pays à mener des réformes : difficulté à bien formuler intra-provinciale. Un projet de syndicat mixte commun à la
les objectifs relevant de l’intérêt général, peur du changement, Nouvelle-Calédonie et aux provinces Nord et Sud va prochai-
faible distance entre le pouvoir politique et les acteurs potentiel- nement être créé pour résoudre cette difficulté.
lement concernés par les réformes. lP
 lusieurs établissements publics, tels que l’ERPA, ou l’IAC,

Nota : l’atelier n’a pas travaillé la question de la mobilité des sont à la fois au service de la Nouvelle-Calédonie et des trois
agents entre administrations, qui peut être un facteur d’amélio- provinces et élaborent et mettent en œuvre des program-
ration des relations. mes concertés et co-financés, approuvés par des conseils
d’administration qui peuvent être des lieux efficaces de dé-
2.12 L e paradoxe d’une autonomie bat à un niveau stratégique. Les représentants non élus des
en fait très contrainte provinces y ont parfois des difficultés à sortir de leur vision
La situation est au final paradoxale : tous les Calédoniens par- intra provinciale, mais le travail commun est source de pro-
tagent l’idée que l’autonomie de décision est une grande force grès. Certains ont cependant souligné que la multiplication
pour le pays, alors qu’en pratique, les politiques publiques avan- d’établissements publics, comme celle des services à l’inté-
cent difficilement, dans certains secteurs, du fait des difficultés à rieur d’une même collectivité, est de nature à renforcer les
bien organiser la coopération entre collectivités partageant des cloisonnements, à priver les élus d’une vision globale des
pans complémentaires de compétence. questions relevant de leurs compétences, tout en suppri-
mant des possibilités d’économie d’échelle. L’insuffisante
2.13 U
 n manque de souplesse cohérence des données sur l’emploi produites par l’IDCNC,
dans l’adaptation des textes la DTE, la CAFAT, l’ISEE et les services provinciaux témoigne
Il semble possible, sans remettre en cause l’accord de Nouméa, de la difficulté de bien se coordonner lorsque de nombreux
de clarifier les frontières entre compétences et de prévoir des services sont concernés.
procédures assurant une meilleure sécurité juridique. lL
 a coopération entre les services utilisant sur le grand Nou-

Ceci supposerait toutefois d’adapter la loi organique, ce qui méa les outils de SIG a été organisée autour du GIE « Serail »
n’est à l’évidence pas aisé : ainsi, en 10 ans, seuls 4 articles de la loi (Système d’Exploitation, de Répartition et d’Administration des
organique ont été modifiés et aucun ne concerne la répartition Informations Localisées de Nouméa) : province Sud, quatre
des compétences12. communes, Enercal, EEC, SCE, OPT.
Dans le même ordre d’idée, relevons que, dans le système ju- lU
 n protocole a été arrêté entre province, bailleurs sociaux et

ridique français, la possibilité de déléguer une compétence doit communes, pour la résorption de l’habitat insalubre sur l’ag-
résulter d’une loi. Or, sur certains thèmes, il serait possible de glomération du Grand Nouméa. De même, dans le domaine

11
A titre d’exemple, les premières autorités administratives indépendantes du monde occidental ont été créées il y a un siècle et demi dans le domaine de l’animation de la concurrence, avec le pouvoir de démanteler des acteurs économi-
ques en situation d’abus de position dominante. Au moins 90 pays au monde ont une autorité administrative indépendante compétente sur les questions de concurrence, y compris des petits pays tels que Malte, Fidji ou l’Islande
284 12
Les 4 modifications concernent la publication et l’entrée en vigueur des lois et des actes administratifs (art. 6-1), les délégations de service public (art. 92), l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux (art.
192) et les incompatibilités entre mandats électoraux (art. 196).
de l’habitat (qui mêle des enjeux tels que logement, urbanis- alors que la Nouvelle-Calédonie n’a pas stricto sensu de com-
me, social, etc.), on procède par la contractualisation. pétence directe dans cette matière. Il s’agit d’un effort de
l Le domaine de la mine est géré avec un niveau satis- mutualisation des moyens, qui permet en outre d’atteindre
faisant de cohérence entre les différents échelons. On plus facilement une relative unification des textes provin-
notera que cet aspect a été cadré dès l’origine par l’ac- ciaux applicables. La province Sud renforce actuellement sa
cord de Nouméa, puis par la loi organique, qui a mis en direction de l’environnement, afin de moins s’appuyer sur la
place une organisation « pyramidale » : les principes géné- DIMENC ; un tel transfert peut avoir des répercussions sur les en-
raux sont définis par la Nouvelle-Calédonie, l’application jeux, cités plus haut, de bonne technicité et de cohérence des
relève des provinces, un schéma stratégique d’ensem- textes.
ble est obligatoire et la coordination assurée par deux lP lus généralement, la présence de services mixtes État - Nou-

conseils consultatifs. En outre, une seule administration, velle-Calédonie facilite la résolution de certaines difficultés
la DIMENC, travaille pour le compte de cinq institutions liées à la répartition des compétences.
décisionnaires : État, Nouvelle-Calédonie, provinces. On trouvera pour information en annexe la liste des structures
lL  e domaine des ICPE (installations classées pour la protec- intercommunales, qui montre qu’elle est en Nouvelle-Calédo-
tion de l’environnement), qui relève des provinces, nécessite nie moyennement développée : il existe certes de nombreuses
une cohérence inter-provinciale. S’agissant d’un domaine très structures, mais souvent à vocation unique et certaines politi-
technique, la taille critique à atteindre pour garder un niveau ques coûteuses, telles que celle de l’eau, sont globalement peu
suffisant de technicité est assez élevée. Les trois provinces mutualisées (NDLR : l’atelier s’est toutefois peu penché sur la
s’appuient donc sur un service commun, toujours la DIMENC, question de l’intercommunalité).

3. Le droit calédonien
Au-delà des questions évoquées plus haut en matière de répar- 3.2 U
 n droit local relevant de l’État
tition des compétences, un point sur les questions de droit est intrinsèquement complexe et peu mis à jour
essentiel, car un paysage transparent et sécurisé en la matière Le principe de spécialité législative (destiné à prendre en comp-
est, dans tous les pays au monde, te la nécessaire adaptation aux spécificités locales des textes de
lu ne incitation à l’investissement privé et au développement compétence Etat) a pour effet secondaire négatif de s’être de
économique ; tous temps avéré source de difficultés techniques et pratiques :
lu ne condition indispensable pour obtenir la confiance des ci- il ne suffit pas par exemple de lire un texte pour comprendre le
toyens dans les institutions de leur « Etat de droit » ; en effet, droit applicable, il faut aussi regarder si ce texte est applicable en
à défaut d’un droit utile, c’est-à-dire complet, compréhensible, Nouvelle-Calédonie, soit explicitement (mention d’applicabilité
accessible et bien appliqué, on bascule plus facilement dans la et/ou publication au JONC), soit implicitement (traités, lois orga-
logique des rapports de force. niques, etc.). Les juristes reconnaissent que « pour être de droit,
En la matière, la situation de la Nouvelle-Calédonie est large- l’Etat n’en est pas moins incertain ».
ment perfectible. Les domaines restant de la compétence de l’état sont en-
core vastes : notamment, certains articles de très nombreux
3.1 Des phénomènes d’empilement des textes textes se rattachent au droit civil ou au droit commercial (par
Le simple fait qu’il y ait cinq « producteurs de droit » est en soi exemple dans la loi sur l’eau, le code rural, etc.). Or on constate
un facteur de complexité. En effet, depuis 1989, état, Nouvelle- que, pendant que le droit évolue en métropole, il reste figé en
Calédonie et provinces produisent ou adaptent des législations Nouvelle-Calédonie : du fait du principe de spécialité législative,
et réglementations chacun dans leur domaine de compétence. mettre à jour le droit national applicable en Nouvelle-Calédo-
Cette situation conduit à un « empilement » de textes pris à nie nécessite une décision ad hoc, passant par une procédure
différentes époques, tantôt par l’état, tantôt par la Nouvelle- complexe sur la forme (avis préalables des collectivités), mais
Calédonie, tantôt par les provinces. Par exemple, certains textes aussi une bonne compréhension mutuelle entre acteurs locaux
anciens de l’État ont été, dans telle province, soit amendés soit et parisiens. La mise à jour des textes applicables localement
remplacés par un texte plus récent, tandis qu’ailleurs ils conti- repose donc principalement sur l’initiative locale (et les acteurs
nuent de s’appliquer… locaux, tant au Haut-commissariat qu’au gouvernement ou dans
De plus, le principe de non tutelle d’une structure sur une les provinces, ont pourtant déjà fort à faire) et ensuite sur un tout
autre peut conduire à des doublons, comme c’est le cas par petit nombre de juristes du ministère en charge de l’Outre-mer,
exemple avec la réglementation des marchés publics, qui dif- déjà très pris par des demandes similaires des DOM, de Mayotte,
fère selon que l’on a affaire à, d’une part, les institutions locales etc. et dont la compréhension des particularités néo-calédo-
et leurs établissements et, d’autre part, à l’état13. niennes est limitée par l’éloignement. De plus, la législation et
On manque globalement de textes de « consolidation », réu- la réglementation françaises sont de plus en plus d’inspiration
nissant en un document unique, à droit constant, des textes communautaire (par exemple le droit de la consommation ou
disparates et peu accessibles, afin que tout le monde parle le de la concurrence) et certains des textes répondant aux besoins
même langage et ait les mêmes références. Un bon exemple est néo-calédoniens sont de moins en moins « naturels » pour les
celui du récent code du travail, qui est de fait le dernier succès de juristes métropolitains. Une simplification va intervenir avec la
librairie : votée dans les limites d’une codification à droit constant récente modification de la Constitution (recours facilité aux or-
(c’est à dire sans les réformes de fond éventuellement nécessai- donnances), mais elle ne changera pas sur le fond les difficultés
res), une telle synthèse était absolument indispensable. citées ci-dessus.

Ce qui en soi pose question : pourquoi un tel principe de non–tutelle ? A l’extrême, les véhicules de l’État devraient-ils respecter les règles du Code de la route métropolitain plutôt
13 

que les règles de circulation routière définies par la Nouvelle-Calédonie ? Dans un autre domaine, on a abandonné assez récemment ce principe de non tutelle : une différence
de rédaction entre la loi organique de 99 et la loi référendaire de 89 permet que la réglementation provinciale des réserves marines s’impose à l’État, alors que ce sujet avait
été tranché dans le sens inverse par le Conseil d’État. 285
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Administration

A titre d’exemples de domaines dans lesquels l’Etat tar- aurait pu renvoyer à la réglementation métropolitaine, mais
de à procéder aux mises à jour qui seraient utiles au pays, cela n’a pas été fait : quelques personnes peu scrupuleuses ont
citons ceux : donc pu localement profiter d’une réglementation imparfaite);
ld es marchés publics de l’Etat en Nouvelle-Calédonie : les règles l l e code du travail (le fait qu’il ait fallu près de 10 ans pour le codi-

en vigueur sont celles d’un décret du 11 avril 1949, modifié fier à droit constant est en partie lié à un problème de moyens ;
pour la dernière fois en 1966 et prévoient des avis émanant de la codification appelle maintenant à un travail de mise à jour) ;
commissions et institutions diverses n’existant plus à ce jour ; l l e règlement d’hygiène (il remonte pour l’essentiel à 1958 et est

ld e l’expropriation pour cause d’utilité publique : cf. le cas tota- largement à réactualiser).
lement inextricable de l’immeuble Cheval à Nouméa ; Ces constats ne doivent pas amener à sous-estimer le fait qu’il
ld e l’encadrement des baux immobiliers (droit civil) : les textes existe des exemples de domaines où la Nouvelle-Calédonie a su
remontent à 1942 et laissent la porte ouverte à des baux très produire le droit dont elle a besoin, c’est-à-dire ni trop ni trop
déséquilibrés, avec des clauses parfois rejetées par les tribu- peu. Ainsi, la délibération n°14 du 6 octobre 2004 portant régle-
naux car non-conformes aux principes généraux du droit (ce mentation économique a regroupé en un seul texte les principes
qui est donc source d’insécurité juridique) ; idem pour les rè- figurant dans le code de la consommation et des arrêtés d’appli-
gles de gestion des copropriétés ou les baux ruraux. cation ; et le code territorial des impôts a su, sur de nombreux
Le prochain transfert de la compétence du droit civil, de l’Etat à points, échapper à la complexité du texte métropolitain.
la Nouvelle-Calédonie, va changer cette situation, mais, pour rat-
traper les retards décrits ci-dessus, il faudra beaucoup de travail 3.4 Une réglementation globalement lacunaire
alors que cette compétence ne s’accompagne pas de transferts Le caractère récent du développement de la Nouvelle-Calédo-
en effectifs. nie, le fait que les priorités aient longtemps été ailleurs et les
difficultés intrinsèques qu’il y a à bien développer le droit (cf. les
3.3 U
 n droit local relevant différents paragraphes ci-dessus), expliquent que, dans certains
de la Nouvelle-Calédonie domaines, l’on ne soit pas à jour de tous les textes dont il faudrait
ou des provinces qui évolue lentement disposer pour créer un cadre stable pour toutes les relations ap-
Depuis les transferts découlant des accords de Matignon-Oudi- pelées par la civilisation moderne entre personnes physiques et
not puis Nouméa, la mise à jour de nombreux textes relève de morales.
la Nouvelle-Calédonie et des provinces, mais cette mise à jour L’exemple de vide juridique réellement problématique le plus
avance lentement, pour différentes raisons, et notamment : fréquemment cité est celui de la réglementation technique,
lP  arce que les règles d’attribution de compétences sont dif- c’est-à-dire le fait de rendre obligatoire certaines caractéristiques
ficiles d’interprétation : voir les développements faits aux techniques, pour certains actes (ex. : référence aux « eurocodes »
paragraphes précédents. pour le calcul de structures de bâtiments) ou certains objets (cf.
lP  ar manque de moyens : ce problème est analysé plus loin. A par ex. les « exigences essentielles » de sécurité de la directive
titre d’exemple, on relèvera qu’il n’existe pas de service compé- 88/378/CEE modifiée relative aux jouets). Une telle obligation
tent au sein de l’administration de la Nouvelle-Calédonie pour réglementaire peut faire référence à des normes (ISO, NF, EN ou
préparer les « principes directeurs du droit de l’urbanisme » autre) ou spécifier des exigences particulières (ex. : la charge à
mentionnés au § 21. de l’article de la loi organique définissant l’essieu maximale pour les véhicules routiers).
les compétences de la Nouvelle-Calédonie. Les problèmes posés par la situation actuelle sont plus liés à
lP  ar manque de volonté : lorsque, plutôt que d’annuler et l’absence de référence technique qu’à des contradictions réelles
remplacer les textes anciens, il est choisi de les maintenir en entre les règles appliquées de part et d’autre du creek Amick.
vigueur en les modifiant, il est rarement exigé des services On constate des surcoûts, des pertes de temps et des situations
les préparant de faire en même temps un travail de conso- de risques, qui touchent les citoyens et le tissu économique et
lidation/simplification. On a pourtant vu, avec l’audience de qui paraissent pouvoir être évités à travers une réglementation
la rubrique « textes consolidés » du site juridoc.gouv.nc et la adaptée. Par exemple, on déplore :
publication du Code du Travail, le caractère indispensable de l l e fait qu’en l’absence de réglementation sur les objets ou pro-

cette démarche. duits dangereux (tels que des jouets par exemple), les pouvoirs
lP  ar difficulté à adapter au contexte néo-calédonien des règles publics ne disposent d’aucune base légale pour en empêcher
appliquées ailleurs avec succès : le pays a de fortes spécificités, l’importation ou la vente ;
certes et il est évident qu’il ne faut pas systématiquement s’ins- l l a quasi absence de règles en matière de construction de

pirer du système national ou européen. Mais il arrive parfois bâtiments (par exemple sur la tenue au vent cyclonique, la pré-
que l’on exagère ces spécificités et que l’on refuse le copier- vention des incendies, la hauteur des garde-corps des balcons,
coller par principe alors qu’il permettrait de faire vite et bien. ; etc.)
à vouloir trop bien faire, on finit parfois par ne plus rien faire... l l e fait qu’en l’absence de cadrage des pouvoirs publics, on trou-

A contrario, certains textes ont été copiés avec trop d’empres- ve de fait sur le marché des produits pouvant répondre parfois
sement et il faut trouver un juste milieu. Il en découle un fort à des normes européennes, parfois à d’autres normes, ce qui
besoin en benchmarking14 et en expertise. Les pratiques en la est pénalisant pour les utilisateurs, soit en termes d’usage, soit
matière sont à améliorer. en termes de certification (cas par exemple d’un bâtiment pré-
Par exemple, les textes suivants sont à ranger parmi les textes ne fabriqué type ALGECO livré avec un équipement électrique aux
se modernisant que lentement : normes australiennes, qui a du être rééquipé pour que l’APAVE
l l es règles relatives à l’assurance-dommages (et tout particuliè- puisse le certifier) ;
rement l’assurance décennale applicable aux constructions) ; l l e manque de clarté de l’image donnée par la Nouvelle-Calédonie à

l l es règles relatives à l’assurance-vie (la réglementation locale ce sujet, pour des investisseurs et/ou pour des clients étrangers ;

14
Cette technique consiste, pour les entreprises, à étudier et analyser les avantages et inconvénients de l’organisation adoptée par ses concurrents, afin de s’en inspirer au mieux. Cette technique se transpose aisément dans le secteur public :
il peut être intéressant de se comparer à d’autres pays, voire de copier les meilleurs.
286
l le fait que les assurances prennent prétexte du flou réglemen- procédures à respecter, ou pour cause de non-conformité au
taire pour refuser d’assurer certains risques. droit international.
On peut être tenté de refuser de choisir entre un système nor- Le contexte, constaté au plan mondial, d’un renforcement du
matif ou un autre (en général : européen ou australien), afin de recours des citoyens aux tribunaux, pourrait, s’il venait à se généra-
garder la souplesse nécessaire aux approvisionnements dont liser en Nouvelle-Calédonie, conduire à une situation inextricable :
nous avons besoin. Après tout, l’exemple de l’ALGECO cité ci-des- le Calédonien n’est pas procédurier et s’il le devenait ne serait-ce
sus n’est pas très préoccupant. Toutefois, dès que la sécurité peut qu’un peu plus, les conséquences pourraient être inquiétantes.
être en jeu, l’absence de règle devient un problème majeur. On a d’ailleurs déjà constaté par le passé qu’un arrêt favorable à
Lors des travaux préparatoires à la mise en révision de la loi or- quelqu’un ayant « découvert » une faille dans le système juridique
ganique (travail actuellement en cours), il a été proposé que la peut rapidement entraîner d’autres contentieux similaires de per-
Nouvelle-Calédonie se voit attribuer globalement la compé- sonnes souhaitant profiter de la même faille.
tence d’édicter des normes et réglementations techniques sur
l’ensemble du territoire. Ce point ne faisant pas consensus, il a 3.7 U
 n accès au droit qui s’améliore, mais qui
été retiré de l’agenda. nécessite de poursuivre l’effort
De nombreux autres exemples de domaines dans lesquels la Au contraire de la métropole, où un travail de simplification du
réglementation est plus qu’imparfaite auraient pu être cités ici, droit est initié, ce n’est pas le volume du droit en vigueur en Nou-
notamment ceux cités à la fin du paragraphe précédent, aux- velle-Calédonie qui pose un problème aux administrations, à la
quels on peut ajouter : société civile et au monde économique, mais son caractère her-
l l ’absence totale de réglementation pour la prévention des ter- métique, pour toutes les causes décrites plus haut.
mites15 ; Cela rend la mission de publication du droit particulièrement
l l e faible nombre de principes directeurs arrêtés par la Nouvelle- importante. Cette mission doit mobiliser des moyens locaux :
Calédonie en matière de droit de l’urbanisme et le très faible notamment, Légifrance n’est plus à jour sur les textes nationaux
nombre de communes disposant d’un PUD approuvé ; applicables en Nouvelle-Calédonie.
l l a faiblesse des règles de protection du consommateur ; Le développement de Legicalédonie, projet de collecte,
16

l l es lacunes du droit environnemental (ce point a été développé d’inventaire, consolidation et codification du droit applicable
par l’atelier 6). en Nouvelle-Calédonie, a permis d’importantes avancées, visi-
Sont également relevées les lacunes en matière d’outils pouvant bles notamment sur le site www.juridoc.gouv.nc . La mise au
contribuer à améliorer la gouvernance : groupements d’intérêt point et la diffusion dans les services des différentes institu-
public, fondations, etc. (droit civil, de compétence Etat). tions d’outils informatiques d’assistance « légistique » comme
le logiciel magi-NC, la dématérialisation des JONC (en remon-
3.5 U
 n faible respect des principes tant jusqu’en 1853), etc., facilitent techniquement la poursuite
issus du droit international des travaux.
Peu de dispositions sont adoptées pour transposer localement Toutefois, malgré ces progrès, le volume de travail restant à
les conventions internationales ratifiées par la France, alors que produire pour éditer et rendre accessible, dans une forme claire,
cela est obligatoire : une majorité de ces conventions concernant le droit applicable en Nouvelle-Calédonie, reste encore très im-
le domaine de l’environnement, nous renvoyons à ce sujet sur les portant.
exemples cités par le rapport de l’atelier 6. En outre, publier ne suffit pas, il faut faire un effort minimum
Le fait même que la ratification de conventions internationales de vulgarisation. Un exemple de domaine où les textes sont bien
par la France produise des effets juridiques internes en Nouvelle- expliqués au grand public est le domaine fiscal : renseignements
Calédonie, n’est pas bien connu17. téléphoniques, éditions de plaquettes, interventions dans les
medias, etc. Cet exemple montre que, pour que l’accès au droit
3.6 Un niveau excessif d’insécurité juridique soit possible pour les usagers de l’administration, il faut qu’un
Il résulte des arguments ci-dessus que la situation du droit lo- service bien identifié soit chargé à la fois de le faire appliquer, de
cal est excessivement complexe et fragile. Le sentiment général le mettre à jour, de le faire connaître et qu’il soit doté de moyens
est que, malgré le caractère lacunaire de la réglementation, une adaptés à ses missions.
proportion non négligeable des textes en vigueur est soit diffici- Cette bonne situation permet à l’administration fiscale d’ap-
lement applicable car trop ancien, soit fragile juridiquement pour pliquer un principe de rescrit, qui serait utile dans d’autres
cause de complexité des attributions de compétences et/ou des domaines.

15
L ’UFC Que choisir a communiqué fin 2007 au Haut-commissaire, aux trois provinces et au gouvernement un dossier à ce sujet, montrant l’importance, sur le plan socio-économique, du problème posé par ces insectes et l’urgence d’une politique visant à
éviter que continue leur propagation. Un schéma sommaire de délibération provinciale était joint au dossier, étant précisé par ailleurs que certaines des dispositions à mettre en œuvre dans le cadre d’une politique d’ensemble ne pouvaient relever que de la
Nouvelle-Calédonie, compétente en matière de marchés publics, de principes directeurs d’urbanisme, d’impôts, d’hygiène publique et de contrôle aux frontières.
16
Il s’agit pourtant là d’un enjeu justifiant une volumineuse production de droit au sein de l’Union européenne ; les associations de consommateurs demandent a minima l’extension à la Nouvelle-Calédonie des règles relatives aux clauses abusives (loi du 10
janvier 1978) et de la possibilité pour les associations agréées de se porter partie civile.
17
Article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois » ; les collectivités d’outre-mer et la Nouvelle-Calédonie doivent être consultées avant ratification,
mais pour un avis simple et non un avis conforme. Il existe des textes ayant fait l’objet d’une exclusion explicite de la Nouvelle-Calédonie lors de leur ratification (notamment le protocole de Kyoto et la convention d’Aarhus), mais avec une légalité discutée
par certains juristes en vertu des coutumes du droit international codifiées par la convention de Vienne, dont l’article 29 stipule : « A moins qu’une intention différente ne ressorte du traité ou ne soit par ailleurs établie, un traité lie chacune des parties à
l’égard de l’ensemble de son territoire ». Cf. aussi la décision du conseil constitutionnel n° 88-247 DC du 17 janvier 1989, suite à une saisine qui concernait la Polynésie : « le champ d’application territoriale d’une convention internationale est déterminé par
ses stipulations ou par les règles statutaires de l’organisation internationale sous l’égide de laquelle elle a été conclue ».

287
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Administration

4. Les moyens de l’administration


4.1 U
 n nombre de salariés du public plois publics dans la population est en Nouvelle-Calédonie de
qui se situe plutôt dans la normale 11,3 emplois non marchands pour 100 habitants, contre 10,3
L’atelier a analysé certaines données relatives aux effectifs en métropole. La Nouvelle-Calédonie est donc à 9% au-dessus
et aux finances du secteur dit public, ou encore « non mar- de la métropole. Si l’on regarde maintenant la situation hors en-
chand ». La source de données principalement utilisée est le seignants et militaires, on atteint des chiffres quasi-identiques :
document édité par l’ISEE cité en bibliographie sous le n°3. en Nouvelle-Calédonie, il y a 8,1 emplois non marchands, hors
Le périmètre d’analyse est celui des services de l’Etat, de la enseignants et militaires, pour 100 habitants ; en métropole, il y
Nouvelle-Calédonie et des collectivités et des établissements en a 8,2. La situation de l’emploi public en Nouvelle-Calédonie
publics, associations ou entreprises dont au moins 50% des est donc bien plus normale que ce qu’en pense la population
ressources proviennent de contributions obligatoires. La liste en général. Elle est en tous cas bien plus raisonnable que dans
des services de la Nouvelle-Calédonie inclus dans ce périmè- les DOM, où le taux de fonction publique non militaire est 18 %
tre d’analyse est fournie en annexe. La référence à la notion supérieur à celui de la métropole24.
d’emploi « non marchand », plutôt qu’à celle de « fonction Les besoins sont pourtant certainement plus importants en
publique », facilite les comparaisons : il y a en effet de fortes Nouvelle-Calédonie, de par sa très grande autonomie et du
différences entre pays en matière de taux de « fonction publi- découpage de pans importants de compétence entre trois pro-
que », il y en a beaucoup moins en matière de taux d’emploi vinces. En effet, au moment de la création des provinces en 1989,
« non marchand ». certains services territoriaux ont été éclatés en 3, avec des tailles
En Nouvelle-Calédonie, les emplois dans les « services non souvent sous-critiques et parfois des pertes de savoir faire.
marchands » étaient estimés18 à fin 2006 à 23 862 emplois, aux- En conclusion, l’approche utilisée ci-dessus donne une ap-
quels se rajoutent les 2793 militaires du territoire. Les emplois préciation en grande masse, mais peut cacher des situations
salariés des services non marchands représentent donc, militaires contrastées : nombre excessif d’emplois sur certains secteurs ou
compris, 34,9 % des emplois salariés totaux. Le taux métropoli- métiers / nombre insuffisant dans d’autres.
tain est de 29 %19. Cet écart de 5,9% parait très important, mais
il est aux trois quarts imputable à la situation particulière de la 4.2 Un poids hors normes de la masse salariale
Nouvelle-Calédonie sur deux métiers précis : des salariés du public dans le PIB
l l es enseignants : 6,5 % de l’emploi salarié total ici, contre 4,4 Le tableau suivant examine la répartition des dépenses publi-
% en métropole20 ; ceci s’explique par la forte proportion de ques par nature, en montant et en pourcentage du PIB25 :
jeunes en âge scolaire de la
Moy.
Nouvelle-Calédonie, le ratio France Nouvelle-
26 zone Écart
Dépenses des administrations métropolitaine Calédonie
local « nombre d’enseignants / euro
publiques (2005)
nombre d’élèves » étant quasi- Milliards % du % du Milliards % du % du
identique à celui constaté en d'€ PIB PIB de F PIB PIB
métropole ; Prestations sociales (espèces+nature) 402,9 23,6% - 91,8 15,3% -8,2%
l l es militaires : 3,7 % ici, contre Masse salariale 227,4 13,3% - 128,9 21,5% 8,2%
1,6 % en métropole21. Intérêts de la dette 46,2 2,7% - 2,2 0,4% -2,3%
Cette analyse du ratio des em- Consommations intermédiaires 89 5,2% - 39,9 6,7% 1,5%
plois non marchands à l’emploi Investissement et var. d'actifs non fin. 55,5 3,2% - 26,8 4,5% 1,2%
total n’est en outre pas bien Autres (dont subv. aux entreprises) 98,7 5,8% - 16,6 2,8% -3,0%
Total 919,7 53,8% 47,8% 306,2 51,1% -2,7%
adaptée à la Nouvelle-Calédo-
nie, car le taux d’emploi salarié global dans la population y est Ce tableau montre que :
faible22, tout particulièrement dans le secteur marchand : on l l e taux de prestations sociales / PIB est bien plus faible qu’en

compte ainsi en Nouvelle-Calédonie 20 emplois marchands pour métropole (- 8,2 %), mais, depuis 2005, cet écart a dû baisser,
100 habitants, contre 25 en métropole. Cet écart est heureuse- avec l’augmentation des cotisations de retraite versées par
ment en cours de comblement : on peut estimer la croissance les employeurs des fonctionnaires. De plus, la comparaison
de l’emploi salarié marchand à plus de 25% sur les 5 dernières est peu pertinente, car le taux français fait partie des plus
années23, contre 15% pour l’emploi non marchand. élevés au monde : le taux calédonien est plutôt comparable
On peut donc avec intérêt noter que la proportion des em- à celui de pays où les outils d’assurance santé, chômage ou
18
Source : tableaux de l’économie Calédonienne ISEE Edition abrégée 2007 p 76. Les services « non marchands » couverts par cette analyse coïncident avec ceux de l’étude ISEE citée en préambule et au tableau figurant à la fin de la présente note.
19
Même source que 17. Le taux métropolitain est ainsi construit : 6539 milliers d’emplois non marchands, pour un total de 22 327 milliers (militaires compris) (source : comm. pers. ISEE)
20
La plaquette « Les chiffres de l’éducation en Nouvelle-Calédonie en 2007 » éditée par le vice-rectorat recense 4809,5 postes d’enseignants, dans le public ou le privé, en primaire+secondaire+supérieur. En métropole, la DEPP recensait au 31/01/2007 144
501 postes d’enseignants.
21
347 235 emplois militaires au budget 2008 du Ministère de la Défense.
22
Le recensement ISEE 2004 montre un taux d’emploi dans la tranche d’âge 15-64 ans de 53%, à comparer aux données disponibles pour 2006 : 62% en France, 64% en moyenne sur les pays OCDE.
23
Et 41% sur la période 1998-2006, soit + 4,3 % / an en moyenne, ce qui est considérable.
24
Source : rapport annuel 2004-2005 de l’observatoire de la fonction publique, page 76. Il y a en métropole 7,9 agents de statut public non militaires pour 100 habitants (auxquels se rajoutent donc 2,4 militaires ou agents de statut non public travaillant dans
le secteur non marchand, pour arriver au ratio de 10,3 cité plus haut). Ce ratio est de 9,4 en moyenne dans les 4 DOM. Outre les militaires et enseignants, l’autre particularité des DOM est le fort nombre d’emplois d’insertion dans les collectivités. Par contre,
la Nouvelle-Calédonie a certainement des besoins plus forts que les DOM en matière d’administration, du fait de son statut de forte autonomie.
25
Ou « produit intérieur brut ». C’est un indicateur économique très utile et très utilisé, qui mesure le revenu provenant de la production sur une certaine zone géographique, en général une nation. Les limites liées à cette notion sont toutefois nombreuses et
ont été commentées par l’atelier : le PIB ne tient pas compte de l’autoconsommation, ni du travail au noir, ni du bénévolat, ni des impacts de l’activité économique sur les ressources naturelles ou sur la santé (une production polluante, suivie d’un processus
de dépollution, est comptabilisée deux fois ; idem pour la vente de produits nocifs pour la santé, suivie de prestations de soin) ; une catastrophe naturelle augmente le PIB, à cause des reconstructions ; etc.
26
Le choix d’une comparaison avec la métropole n’est fait que par un souci pragmatique, les données métropolitaines étant nettement plus accessibles que les données d’autres pays et construites selon des méthodes homogènes avec les données calédonien-
nes. Ce choix ne signifie en rien que la référence à la métropole serait sur le fond pertinente.

288
autres relèvent pour beaucoup du secteur privé ; Les 112 milliards de recettes fiscales sont assis à 60% environ
lles administrations publiques de Nouvelle-Calédonie ont un sur la consommation et à 40% environ sur les revenus et les ac-
faible endettement27; tivités des entreprises et des ménages.
l l es achats publics et les subventions aux entreprises, en part Nature des recettes fiscales en 2005
de PIB, représentent un poids équivalent à ce qui est constaté 5% 1%
6%
en métropole. 32%
10%
Ce tableau montre surtout qu’en part de PIB, l’impact de la masse
salariale des administrations publiques est considérable (diffé-
rence de 8,2 points de PIB). Le PIB par habitant étant inférieur
ici de 26 % à celui de la métropole, il est intéressant de ramener
également la masse salariale des administrations publiques au
20%
nombre d’habitants : ce ratio vaut 545 000 FCFP par habitant en
Nouvelle-Calédonie, contre 3600 € (430 000 FCFP) par habitant 26%
en métropole. Cet écart de 28% s’explique par deux facteurs :
Droits à l'importation
l l e nombre d’agents publics par habitant est plus élevé d’envi-
Autres taxes sur les produits et les services
ron 9% (cf. § précédent) ;
Impôt sur les sociétés
l l a masse salariale moyenne par agent public est d’environ 17%
IRPP
plus élevée : 4,8 MF par an et par agent en Nouvelle-Calédonie
Autres impôts sur les revenus des ménages et des entreprises
(en 2005), contre 34,8 k€ (4,1 MF) par an et par agent au plan
Impôts liés à l'activité et au personnel
national. Il n’existe pas d’explication détaillée chiffrée à cette
Autres
situation, qui nécessiterait de comparer : les charges (qui sont
plus faibles ici qu’en métropole) ; la rémunération à ancienneté Ils bénéficient en majorité aux provinces (par versement di-
et statut comparable (qui est nettement plus élevée ici qu’en mé- rect et par redistribution selon les clefs de répartition fixées par
tropole, du fait de l’indexation) ; l’âge moyen et donc l’ancienneté la loi organique).
moyenne des effectifs (qui sont ici plus jeunes) ; la qualification Bénéficiaires des 112 Milliards de F de recettes fiscales
moyenne, qui semble moins élevée qu’au niveau national. 2005 (en milliards de F et en % du total)
Ce dernier point serait intéressant à mieux analyser, car il semble 15%
28%
16,8 milliards
notamment entraîner que les agents seraient proportionnellement 18%
31 milliards
plus nombreux dans des tâches d’« exécution » que dans des tâches 19,6 milliards
de « conception », ce qui est à mettre en rapport avec les difficultés
constatées plus haut en matière de droit et de gouvernance.

4.3 Une structure de recettes très atypique


Sur l’année 2005, les recettes du secteur public28 s’établissent à 321,3
milliards (excédant cette année là les dépenses de plus de 15 mil- 39%
Nouvelle-Calédonie
44,6 milliards
liards). Ces recettes sont composées (voir graphique ci-dessous) : Provinces
là 38 % de transferts de l’État (121 milliards en 2005, hors défiscali- Communes
sation29) ; les transferts de l’Etat représentent 20,2% du PIB et 510 Etablissements publics
kF par habitant30. Un peu plus de la moitié de ces dépenses inter-
vient sous forme de masse salariale, dont une partie ne rentre pas Grâce aux transferts de l’État, les prélèvements obligatoires
dans les circuits économiques néo-calédoniens; restent limités à 30 % du PIB, c’est-à-dire 5 % (soit 30 milliards
là 35% de taxes, impôts et droits de douane payées par de francs) au dessous des 35% constatés dans des pays tels que
la population et par les entreprises néo-calédoniennes Nouvelle-Zélande, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne et envi-
(112 milliards, détail ci-dessous); ron 20% en dessous de la métropole et des pays scandinaves (la
le t à 21% de cotisations sociales (69 milliards). moyenne OCDE est de 36,7 %).
Les 3 principaux enseignements à tirer de cet examen des
Structure des recettes du secteur public en 2005 recettes des administrations sont les suivants :

4.4 U
 n fort degré de dépendance vis-à-vis
37,6% 35,1%
des transferts de la métropole
On a vu que les transferts de l’État représentaient, en 2005, 121
milliards (hors défiscalisation), soit 38 % des recettes publiques,
Source : ISEE Tableaux de l’économie calédonienne 2006

20,2% du PIB et 510 kF par habitant.

0,9% 4.5 L a non autonomie financière


5,0% 21,4% des collectivités
Même lorsque leurs besoins le justifient, les provinces et les
Impôts Cotisations sociales communes ne peuvent compléter leurs recettes par de nouvel-
Recettes de production Revenus de la propriété
les recettes fiscales, assises sur un « potentiel fiscal » qui serait
certainement plus fort sur Nouméa qu’en brousse ou dans les
Autres transferts
îles.

27
La dette pèse près de 90 000 FCFP par an et par habitant en métropole : c’est dix fois plus qu’en Nouvelle-Calédonie !
28
Source : Tableaux de l’économie calédonienne –ISEE– abrégé 2007.
29

30
Nous n’avons pas pu vérifier si certaines cotisations payées par l’Etat pour ses agents n’étaient pas décomptées parmi les cotisations sociales.
Valeur quasi identique à celle constatée en Polynésie (540 kF par habitant en 2007, hors défiscalisation). 289
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 9
1
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances
Administration

4.6 U
 ne fiscalité principalement cipalement les rouleurs sur mines, qui à l’époque étaient délivrés
assise sur la consommation à Koné et ne le sont maintenant qu’à Nouméa.
La fiscalité indirecte représentait en 2006 près de 60% de Il n’est pas ici le lieu de faire une liste des services qui ne
la fiscalité, par conséquent loin devant les taxes assises sur sont accessibles qu’à Nouméa, ou seulement à Nouméa et
l’activité économique, les revenus ou le patrimoine. Elle est Koné, ni de déterminer si la situation qui en résulte est ou non
toutefois à un niveau sensiblement inférieur à celui des coti- acceptable, mais on se doit de relever que cela pose d’impor-
sations sociales. tantes difficultés aux habitants des 24 communes de brousse
Si l’on agrège les différentes taxes et les cotisations sociales, de la Grande-Terre et plus encore à ceux des 5 communes
on peut établir une comparaison sommaire entre les pays de insulaires.
l’OCDE et la Nouvelle-Calédonie : Ce problème est évidemment renforcé par le fait que les
administrations ont, comme c’est le cas à peu près partout
Moyenne OCDE Nouvelle-Calédonie dans le monde, des horaires contraignants pour les admi-
En % du PIB (données 2001) (données 2006) nistrés.
Source données : OCDE (2003) Statistiques des recettes publiques 1965-2002
Recettes fiscales (ventilation faite par le SAP) et cotisations sociales NC : ISEE

La mairie est le point d’entrée pour les usagers vis-à-vis de


Taxes sur le revenu 9,9 % 2,7 % certains services, comme par exemple les documents d’état-civil
des particuliers
(CNI, passeport), qui y sont enregistrés et ensuite transmis au
Taxes sur les bénéfices haussariat. Toutefois, le nombre de services ainsi couverts est
3,3 % 4,1 %
des sociétés
très faible et en tous cas moindre qu’en métropole.
Taxes et cotisations 9,5 % 10,5 %
sur la masse salariale 5.2 L e service n’est que rarement rendu
Taxes
à distance
1,8 % 1,4 % Les solutions de traitement des dossiers à distance, par des
sur le patrimoine
moyens simples et classiques (courrier, e-mail, fax) ou plus
Taxes sur les biens et services 11,4 % 8,3 % complexes à monter pour les administrations (téléchargement
d’états individuels ou déclarations par internet, guichets par
Toutefois, la comparaison n’est pas aisée, car : visioconférence), sont significativement plus rares que dans la
l l a situation locale est déséquilibrée par l’importance des plupart des pays développés.
transferts de la métropole : ceux-ci diminuent les besoins de
recettes assises sur les taxes, mais pas, par exemple, les besoins 5.3 L es administrés manquent de conseils
devant être assis sur les cotisations sociales ; pratiques
l l a situation fluctue d’une année sur l’autre : par exemple, en Les besoins en termes de conseil sont énormes : beaucoup
2007, les taxes sur les bénéfices des sociétés ont augmenté d’administrés sont littéralement perdus devant des procédures
de 83 % (et sont d’ailleurs en augmentation très signifi- simples et ne savent pas où s’adresser. Ce constat est évidem-
cative depuis longtemps : + 12% par en moyenne sur la ment encore plus vrai devant des formulaires complexes, au
période 1992-2006). vocabulaire ésotérique.
De très nombreuses solutions ont été développées de longue
date ailleurs à ce sujet : centres de renseignement administratifs
5. L ’accès aux services par téléphone, sites internet, etc. Ce type de solution semble
cruellement manquer en Nouvelle-Calédonie. La fiabilité des
de l’administration renseignements apportés est un élément essentiel du service
rendu : par exemple, les explications figurant à la rubrique «
L’atelier a formulé quelques constats (sommaires) sur les problè- protection du consommateur / loyers » du site internet de la
mes posés par la qualité et la disponibilité des divers services DAE ne décrivaient, à la mi-novembre 2008, le régime applica-
administratifs. Les constats sont uniquement qualitatifs et de ble aux baux conclus après le 01/01/2007 (délibération n°222 du
l’ordre du ressenti. Ils semblent néanmoins apporter un éclai- congrès du 06/12/2006).
rage global intéressant et en tous cas consensuel.
5.4 U
 ne faible recherche
5.1 D
 e nombreux services ne sont accessibles de simplifications administratives
qu’à Nouméa et parfois Koné C’est un paradoxe du pays : alors que sa taille permettrait en
Le premier constat est que de nombreux services sont rendus théorie de simplifier les procédures, on constate en pratique les
exclusivement sur Nouméa. Par exemple, le retrait d’un Kbis né- mêmes phénomènes de cloisonnement entre administrations
cessite, pour tout entrepreneur, de se déplacer au tribunal de que dans des pays plus grands.
commerce de Nouméa (le matin seulement…). Une réflexion s’amorce toutefois sur la possibilité de dévelop-
Certains services sont également accessibles à Koné : déli- per des « guichets uniques ».
vrance de permis de conduire, impôts, douanes, sécurité sociale Certaines administrations sont très paperassières et devraient
et retraite, immatriculation de véhicule, justice de 1ère instance, simplifier leurs demandes aux administrés en partageant mieux
etc. Mais cela ne répond qu’en partie au besoin, du fait de la entre elles leurs données. Un exemple est celui des pièces jus-
taille du pays. tificatives demandées pour solliciter un logement social : pas
Ce constat nous interpelle quant à l’implication des admi- moins de 30 documents sont demandés pour chacune des
nistrations de la Nouvelle-Calédonie dans la provincialisation. personnes devant occuper le logement et ce dossier est à re-
Certains citent même l’exemple de documents concernant prin- nouveler chaque année.

290
Annexe I mairie de Nouméa
GUILLOT Claude, Lycée Agricole de Pouembout
Rappel du mandat de l’atelier HONS Wendy, Fédération Calédonienne des Parents d’Elèves
Lors d’une première phase de recueil informel d’observations LABOUREAU Bruno, Institut de Développement
auprès de divers partenaires, l’équipe-projet a relevé la récur- des Compétences en Nouvelle-Calédonie
rence des interrogations relatives à l’administration du pays. LEHE Claire, service des Transferts des Compétences
En effet, les compétences déjà transférées et/ou dont le trans- du gouvernement
fert est prévu aux termes de la loi organique 99-209 du 19 mars LEHERLE Yan, antenne de la province Sud à La Foa
1999, qu’exercent la Nouvelle-Calédonie et les trois provinces LEMAITRE Karine, antenne des services du gouvernement à Koné
sont extrêmement larges et c’est là a priori un atout extraordi- LEVY Christiane, services de la commune de Hienghène
naire pour définir et mettre en œuvre des politiques adaptées au LORENZIN Luce, Association UFC-Que Choisir
mieux aux besoins. Mais, dans le même temps : MAPOU Raphaël, Sénat coutumier
l l es évolutions sociales et technologiques, et la mondialisation, font MARRENS Jean-François, Syndicat Intercommunal du Grand Nouméa
que les sujets à réglementer sont de plus en plus complexes ; MENNESSON Thierry, Institut Agronomique néo-Calédonien
l l es questions de l’accès au droit (connaissance des textes ap- PAPONAUD Jean-Jacques, Association Corail Vivant
plicables) et de la sécurité juridique des actes privés et publics PATEL Jacky, Union des Groupements des Parents d’Elèves
de tous ordres, qui sont extrêmement stratégiques dans tous PERONNET François, MEDEF
les pays développés, sont particulièrement complexes à appré- REGENT Brice, Secrétaire général adjoint de la commune de La Foa
hender en Nouvelle-Calédonie ; ROKUAD Willy, services de la province des îles Loyauté
ls  elon les domaines, il existe, ou pas en Nouvelle-Calédonie, des dispositifs SEVETRE Thomas, Fédération des Industries de Nouvelle-Calédonie
d’harmonisation, de coordination et/ou de veille des règlementations SIO Philippe, services de la province des îles
et des politiques mises en place par les institutions locales. SWETSCHKIN Alain, Secrétaire général du gouvernement
Il est donc apparu nécessaire de mieux travailler ces constats, TIAVOUANE Lionel, élu de la commune de Pouébo
et de confier à un atelier la formulation d’un diagnostic sur l’ad- TOPOUENE Nazaire, élu de la commune de Touho
ministration du pays. Cet atelier devra notamment examiner, au TURAUD Bertrand, services de la province Sud
regard des enjeux de développement : VAMA Marie-Laure, services de la province Nord
l l ’harmonisation et/ou la coordination des actions entre les pro- VOUDJO Georges, élu de la commune de Poya
vinces entre elles, entre les provinces et la Nouvelle-Calédonie, WAYEWOL Alice, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique
et enfin entre les différents niveaux (Etat, Nouvelle-Calédonie, WEISS Wilfrid, maire de Koumac
provinces, communes, aires coutumières) de collectivités et WEJIEME Philippe, Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique
institutions présentes localement ; WORETH Lionel, Fédération des Syndicats des Fonctionnaires,
l l ’adéquation entre les moyens mis en place, et les besoins de Agents et Ouvriers de la Fonction Publique
la Nouvelle-Calédonie. YOTEAU Stéphane, MEDEF
Ces questions sont d’autant plus légitimes dans le cadre de l’éla- Secrétariat :
boration du schéma d’aménagement et de développement de KERJOUAN Roger, service de l’aménagement et de la planification
la Nouvelle-Calédonie, que l’article 211 de la loi organique dis- du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
pose que ce schéma « prévoit les moyens à mettre en œuvre par TRABUC Gaël, KPMG
l’État, la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes ». Nota : Mme Anne GRAS a quitté ses fonctions au gouvernement de la Nouvelle-Ca-
lédonie au 1er septembre 2008. Elle a pu néanmoins participer à distance à la mise
au point du rapport de l’atelier.

Annexe II
Membres inscrits à l’atelier
Annexe III
ARNOULD Dominique, USOENC Bibliographie
BONAL Jean-Marie, Chambre de Commerce et d’Industrie 1. Loi n°99-209 du 19 mars 1999 organique relative à la Nouvelle-
BOYER Odile, Université de la Nouvelle-Calédonie Calédonie
BREUGNON François, services de la commune de Nouméa 2. Schéma d’aménagement et de développement de la Nou-
CHALANDON Myriam, élue de la commune de Bourail velle-Calédonie – État des lieux - Haut-commissariat de la
CHALIER Christophe, services de la province Nord République en Nouvelle-Calédonie - Gouvernement de la
CHALIOT Kristina, doctorante en droit & parti politique LMD Nouvelle-Calédonie - Mai 2002
CHATELAIN Pierre, Agence de Développement Rural 3. Compte du secteur public 2005 – ISEE – Septembre 2007
et d’Aménagement Foncier 4. Tableaux de l’économie calédonienne, édition abrégée 2007
CONSTANS Véronique, services de la province Sud – ISEE – Notes et documents n°105 – Janvier 2008
CORNAILLE Martine, association Ensemble pour la Planète 5. Tableaux de l’économie calédonienne, édition 2006 –ISEE–
D’ARBEL Christine, consultante CEDEA & association Notes et documents n°100 – Janvier 2007
des auditeurs IHEDN 6. La Nouvelle-Calédonie en 2007 – IEOM – Juin 2008
DAVID Carine, Université de Nouvelle-Calédonie 7. Le droit de l’environnement en Nouvelle-Calédonie - état
DEFRANCE Philippe, services de la commune du Mont-Dore des lieux et perspectives - Actes du colloque de novembre
DUGUY Olivier, Société d’Equipement de Nouvelle-Calédonie 2006 publiés par la revue juridique de l’environnement
EURISOUKE Valentine, membre du congrès, 8. L’accès au droit en Nouvelle-Calédonie - A. Gras - Revue ju-
élue de la province Nord, maire de Houailou ridique, politique et économique de la Nouvelle-Calédonie
EVAIN Séverine, Centre Communal d’Action Sociale de la n° 9 2007/1

291
Atelier 9
Administration

Annexe IV
Liste des collectivités ou établissements relevant du secteur dit « non-marchand » ou « public »
Regroupement des untiés du secteur public par branche d’activité
Captage, Services Recherche et Services fournis Santé et action Activités Activités récréati-
Branche Hôtels et Transports
traitement et dis- auxiliaires des développement principalement Administration publique Education associatives ves, sportives
culturelles et
d’activité restaurants terrestres sociale
tribution d’eau transports aux entreprises
Communes Les 33 communes
Nouvelle- La Nouvelle-Calédonie
Calédonie
Etat L’Etat
Provinces Les 3 Provinces
«Caisse des éco-
les de Nouméa» CCAS de Bourail, CCAS de
«Caisse des Dumbéa, CCAS du Mont-
SIVU des eaux du écoles du Mont Dore, CCAS de Nouméa,
SIVU SIVM de la côte SIVU de la côte
ODAC grand Nouméa Dore» «Caisse CCAS de Lifou, CCAS de Maré,
Transco Ouest Ouest
des écoles de CCAS de Kaala-Gomen, SIVM
Maré» «Caisse Sud, SIVM de la côte Est,
des écoles de SIVM Nord
Dumbéa»
IFAP, Cnam/
IRD, CNRS,
ODAE IFREMER ADRAF aceste, UNC, OACVG ADCK, CDP
LANC, IUFM
Cafat, Mutuelle du
commerce, Mutuelle des CHT, CHS, CHN,
OCS fonctionnaires, Mutuelle SLN, CRF
OTRAF/CLR
EEP DDEC, ASEE, FELP
Nouvelle-Calé-
ODAP donie Tourisme
Point Sud
EMNC, EMM,
CCI gestion de CCINC,
APE, ASSNC, APICAN, ERPA, EFPA, IFMNC
ODANC l’aéroport de IAC ADANC CANC, BB, CTOS
FSH, FCH, ISEE CREIPAC, IFAP,
Tontouta, PANC CMNC
IFPS

Annexe V
Liste des SIVU, SIVOM et syndicats mixtes
Projets de
Lutte Dévelop- Études
Électrifi- Ordure services Gestion Trans-
Nom du contre Eau pement sur l’in-
Communes cation ména- publics Piscine d’un Fourrière ports
Groupement rurale
l'incendie
gères ou
potable écono-
parc scolaires
tercom-
et secours mique munalité
d'équipt
Touho, Poindimié, Pouébo,
SIVM de la côte Est Hienghène, Houaïlou,
Ponérihouen,
x
x
Touho ,Poindimié
SIVU TIPEEP
Kaala-Gomen, Koumac
SIVM du Nord x x
SIVM de la côte Voh, Poum et Kaala-
Ouest
Gomen x
Voh , Koné, Pouembout
SIVU VKP x
x x
Voh , Koné, Pouembout
SIVOM VKP
Boulouparis, Thio , Farino,
SIVM de la région de La Foa, Moindou, Païta,
La Foa Sarraméa, Bourail
x x x
Boulouparis, Farino, La
SIVU de la côte Ouest Foa, Moindou et Sarraméa x
Farino
SYND. MIXTE des
grandes fougères
Moindou,
Sarraméa
x x
Dumbéa, Mont-Dore,
SIVU des eaux du
grand Nouméa
Nouméa, Païta x
Dumbéa, Mont-Dore,
SIGN Nouméa, Païta x x
Dumbéa, Mont-Dore,
SIVU TRANSCO Nouméa, Païta x
SIVU TOM du grand Dumbéa, Mont-Dore,
Nouméa Nouméa, Païta x
Total communes 14 10 19 3 5 7 6 3 4 1 1
% des communes non
insulaires 50% 36% 68% 11% 18% 25% 21% 11% 14% 4% 4%
Août 2008

292
Documents
complémentaires
En complément des rapports des 9 ateliers,
il nous a semblé utile de joindre ici
deux autres documents utiles à la réflexion :
1. « Projections de population pour la Nouvelle-Calédonie à l’horizon 2030 »
(Document établi par l’ISEE)

2. « Quel impact de la crise financière internationale sur l’économie calédonienne ? »


(Note de réflexion établie par l’équipe-projet de « Nouvelle-Calédonie 2025 »
avec l’aide d’économistes)

Nous recommandons en outre la lecture d’un document non joint :

3. « Les défis de la croissance calédonienne »


(Étude conjointe de l’ISEE, l’AFD et l’IEOM éditée en décembre 2008, qui analyse successive-
ment : les principales caractéristiques du développement économique calédonien
sur les 10 dernières années ; la répartition spatiale et sociale des fruits de la croissance ;
les perspectives économiques sur les dix prochaines années).

Ce document est téléchargeable sur le site internet du CEROM


(comptes économiques rapides de l’outre-mer) :
http://www.cerom-outremer.org/jahia/Jahia/site/cerom/lang/fr/pid/3539 (pdf 5,3 Mo)

293
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1
Documents
complémentaires
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Projections de population
pour la Nouvelle-Calédonie à l’horizon 2030
Une évolution entre croissance et vieillissement
David Broustet, ISEE Nouvelle-Calédonie

Au 1er janvier 2030, en projetant les tendances démographi- 1-Evolutions observée et projetée de l’indice
ques récentes, la Nouvelle-Calédonie compterait 312 000 conjoncturel de fécondité selon les hypothèses
retenues, Nouvelle-Calédonie, 1980-2030
habitants, soit une augmentation de 34% en 25 ans. Un ha-
4,0
bitant sur cinq serait âgé de 60 ans et plus, contre 1 sur 10 Observé
en 2005. L’âge médian (23 ans en 1989 et 28 ans en 2005) Hypothèse haute
dépasserait les 36 ans. 3,5 Hypothèse centrale
Ces résultats sont sensibles aux hypothèses retenues, mais Hypothèse basse

Enfants par femme


aucun scénario ne remet en cause le vieillissement inéluctable 3,0
de la population calédonienne.
L’Isee a élaboré de nouvelles projections de population pour
2,5
la Nouvelle-Calédonie en s’appuyant sur le recensement de la
population de 2004 et les données de l’état civil. De nouvelles
2,0
hypothèses ont ainsi été formulées sur la fécondité, la mortalité
et les échanges migratoires avec l’extérieur, ces trois facteurs
conditionnant l’évolution future de la population. 1,5
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
Les projections de population démarrent le 1er janvier 2005 et
s’achèvent le 1er janvier 2030.

Les hypothèses de projection


2-Evolutions observée et projetée de l’espérance de vie
Pour la fécondité, l’hypothèse moyenne maintient constant le à la naissance, Nouvelle-Calédonie, 1980-2030
niveau actuel, soit 2,2 enfants par femme. En comparaison, l’in-
dicateur moyen retenu par les projections centrales de l’Insee 85
pour la France métropolitaine est de 1,9 enfant par femme.
Femmes
Espérance de vie à la naissance (année)

L’option haute retient une augmentation progressive jusqu’à 2,5 80


enfants par femme en 2015 puis son maintien (figure 1). L’hypo-
thèse basse conduit à une baisse progressive de l’indicateur de
75
2,2 à 1,9 enfant par femme jusqu’en 2015 puis un maintien.
Hommes
Concernant la mortalité, une seule hypothèse a été retenue.
Elle suppose que la baisse de la mortalité observée en Nouvelle- 70

Calédonie depuis 20 ans se poursuivrait au même rythme au


cours des 25 prochaines années. Ainsi l’espérance de vie à la 65
naissance en 2030 serait de 77,6 ans pour les hommes et de
83,3 ans pour les femmes (figure 2), contre respectivement 71,9
60
ans et 78,6 ans en 2005. Pour la même hypothèse, l’espérance 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
de vie en France métropolitaine passerait de 76,8 ans à 83 ans
pour les hommes et de 83,8 ans à 87 ans pour les femmes sur La combinaison de ces trois hypothèses différentes concer-
la même période. nant la fécondité et la migration donne neuf scénarios (tableau 1)
Le solde migratoire s’élevait à + 800 personnes par an entre les dont trois sont retenus ici : évolution moyenne, importante et
recensements de 1996 et 2004, avec en moyenne 2 000 arrivées légère.
et 1 200 départs. L’hypothèse de migration haute retient un solde Selon le scénario central (évolution moyenne), la population
migratoire net à + 1 000 personnes par an sur l’ensemble de la calédonienne augmenterait de 1,2% par an et atteindrait 312
période. L’option de migration moyenne s’établit à + 500 person- 000 habitants au 1er janvier 2030, contre 232 000 habitants au
nes par an, soit une migration nette deux fois moins importante 1er janvier 2005 (figure 3). Elle passerait la barre des 250 000 ha-
que celle des années 1989-1996. L’hypothèse basse repose sur un bitants en 2010, des 300 000 habitants en 2026 et doublerait
solde migratoire nul pendant toute la durée de projection. en 58 ans.

Institut de la statistique et des études économiques - Nouvelle-Calédonie

294
Le scénario d’évolution importante, avec une fécondité en s’élevait à environ 1 000 par an en moyenne depuis les années
hausse et une migration positive importante, conduirait à une 1980, augmenterait de plus de 80%, passant de 1 100 en 2005
population de 335 000 habitants en 2030, soit un accroissement à 2 000 en 2030.
annuel moyen de 1,5%.
Le scénario d’évolution légère, avec une fécondité en baisse Un calédonien sur cinq âgé de 60 ans et plus
et une migration nulle, mènerait la Nouvelle-Calédonie à 289 Selon le scénario d’évolution moyenne, la Nouvelle-Calédonie
500 habitants en 2030. L’accroissement annuel moyen s’élèverait compterait 27 000 personnes âgées de 60 ans et plus en 2010,
à 0,9%. 40 000 en 2020 et 60 000 en 2030, contre 22 000 en 2005 : la
population des seniors aurait ainsi presque doublé en 15 ans et
1-Projections démographiques selon les hypothèses de
fécondité et de migration, Nouvelle-Calédonie, 2030 triplé en 25 ans (figures 4 et 5). Un calédonien sur cinq serait alors
âgé de 60 ans et plus en 2030, contre un sur dix en 2005. Selon
Indice les projections de l’Insee, en France métropolitaine, les person-
conjoncturel Migration (par an) nes âgées de 60 ans et plus, qui concernaient une personne sur
de fécondité cinq en 2005, représenteraient une personne sur trois en 2030.
(ICF) 0 + 500 + 1 000 En Nouvelle-Calédonie, le nombre de personnes aux âges très
avancés (75 ans et plus) s’élèverait à 16 000 en 2030 (4,9% de la
2,2 à 2,5 314 000 324 000 335 000
population totale) contre 5 000 en 2005 (2,1% de la population
(Evolution
totale).
forte)
4-Répartition de la population par groupes d’âges
2,2 à 2,2 302 000 312 000 323 000 fonctionnels, Nouvelle-Calédonie, 1989, 2005 et 2030
(Evolution
moyenne) 0-14 ans 15-59 ans 60 ans et +
6,9 9,4
2,2 à 1,9 289 500 300 000 311 000 19,1

(Evolution
légère)
60,4
62,4
Pourcentage

3-Evolutions observée et projetée de la population 59,0


totale selon les trois scénarios principaux,
Nouvelle-Calédonie, 1980-2030
350 000
Observé
32,6 28,2
300 000 Evolution importante 21,9

Evolution moyenne
Evolution légère 1989 2005 2030
250 000 Année
Habitants

200 000
5-Pyramide des âges (scénario d’évolution moyenne),
Nouvelle-Calédonie, 2005 et 2030
150 000
80 2030
2005
100 000
70
Hommes Femmes
60
50 000
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030
50
Âge

L’accroissement naturel, principal moteur 40

de l’évolution démographique 30
Entre 1996 et 2004, l’évolution de la population résultait à 80%
20
de l’accroissement naturel (naissances-décès) et à 20% du solde
migratoire. A l’avenir, ce ratio devrait peu évoluer et la croissance 10

naturelle resterait le principal moteur de l’évolution démogra- 0


phique calédonienne. Sa dynamique est importante puisqu’en 1,2 0,8 0,4 0,0 0,4 0,8 1,2
Pourcentage de la population totale
2005, on enregistrait près de quatre naissances pour un décès.
Sous le scénario central, le nombre de naissances augmen-
terait de 15%, passant de 4 000 en 2005 à 4 600 en 2030, soit le
niveau atteint durant les années 1990. Le nombre de décès, qui

Institut de la statistique et des études économiques - Nouvelle-Calédonie

295
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1
Documents
complémentaires
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Stagnation de la population scolaire Ralentissement de la croissance


et augmentation de la population des actifs vers 2015
en âge de travailler En 2004, la population active regroupait 96 500 personnes,
En 2030, l’effectif des jeunes de moins de 15 ans resterait stable contre 80 500 en 1996 et 66 000 en 1989, soit une moyenne
avec 68 000 personnes, contre 65 000 en 2005. Toutefois, leur annuelle de 2 000 actifs supplémentaires. Durant cette période,
part au sein de la population totale diminuerait considérable- le taux d’activité est quant à lui resté stable à 57%. Avec l’hypo-
ment : ils ne représenteraient plus que 22% en 2030, contre 28% thèse d’un maintien constant de ce taux durant toute la période
en 2005. En conséquence, la population d’âge scolaire n’aug- de projection, la population active s’établirait à 126 000 person-
menterait que de 3% entre 2005 et 2030, passant de 57 600 en nes en 2020 et à 139 000 personnes en 2030. L’accroissement de
2005 à 58 300 en 2030. la population active s’infléchirait à partir de 2015 où le nombre
Le nombre de personnes âgées de 15 à 59 ans continuerait d’actifs supplémentaires par an diminuerait rapidement au-des-
d’augmenter avec 184 000 personnes en 2030, contre 145 000 sous des 1 800 en 2020 pour atteindre 1 200 en 2030 (figure 7).
en 2005, soit une hausse de 27% en 25 ans. La part relative des
personnes en âge de travailler resterait ainsi stable au sein de la 7-Nombre d’actifs supplémentaires par an
Nouvelle-Calédonie, 1989-2030
population totale à environ 60%.
2 200
Une redéfinition des ratios de dépendance démographique
est à prévoir. La « pression démographique » des jeunes de 2 000
moins de 15 ans sur les personnes âgées de 15 à 59 ans devrait Nombre d'actifs supplémentaires par an
diminuer, passant de 45 en 2005 à 37 en 2030 (graphique 6). 1 800

6-Evolution des ratios de dépendance démographique,


Nouvelle-Calédonie, 1956-2030 1 600

90
Jeunes et personnes âgées / 15-59 ans
1 400
80

70
1 200

60
Jeunes / 15-59 ans
1 000
50
1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
dd

Année
40

30 Parallèlement, le ratio de dépendance économique (inactifs


20 de 60 ans et plus/actifs) continuerait d’augmenter : il y aurait
Personnes âgées / 15-59 ans
2,6 actifs pour un inactif en 2030, alors que l’on comptait 5 ac-
10
tifs pour un inactif en 2005 et 6,7 actifs pour un inactif en 1989
0
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040
(figure 8).

8-Ratio de dépendance des inactifs de 60 ans et plus sur


les actifs (scénario d’évolution moyenne),
Cela signifie que la Nouvelle-Calédonie compterait, en 2030, Nouvelle-Calédonie, 1990 et 2030
37 jeunes de moins de 15 ans pour 100 personnes âgées de 15 8,0
à 59 ans, alors que ce ratio avait atteint 72 en 1976. En parallèle,
7,0
la « pression » des personnes âgées de 60 ans et plus sur les
Nombre d'actifs pour un inactif

personnes âgées de 15 à 59 ans devrait augmenter considéra- 6,0

blement, passant de 15 en 2005 à 32 en 2030. Ainsi, le ratio des 5,0


jeunes et personnes âgées sur les 15-59 ans devrait se stabiliser
4,0
autour de 60 jusqu’en 2020, avant de remonter jusqu’à 70 en
2030 sous la seule pression des personnes âgées. Cette inver- 3,0
sion des rapports de dépendance ne sera pas sans répercussions
2,0
économiques et sanitaires, notamment en matière de retraites
et de dépenses de santé. 1,0

0,0
1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
Année

Institut de la statistique et des études économiques - Nouvelle-Calédonie

296
2- Evolution de la population de Nouvelle-Calédonie de 1969 à 2030 par groupes d’âges (évolution moyenne)
Proportion (%) des
Année Population 0-14 ans 0-19 ans 15-59 ans 20-59 ans 60 ans et + 65 ans et + 75 ans et +
1969 (rp) 100 579 39,6 49,0 54,9 45,6 5,5 3,3 -
1989 (rp) 164 173 32,6 43,9 60,4 49,2 6,9 4,5 1,6
2005 (e) 232 258 28,2 37,1 62,4 53,5 9,4 5,1 2,1
2010 (e) 248 731 26,0 35,1 63,0 53,8 11,0 7,2 2,5
2015 (e) 264 768 24,0 32,8 63,4 54,6 12,6 8,6 3,0
2020 (e) 280 783 22,7 30,8 62,8 54,7 14,4 9,9 3,6
2025 (e) 296 780 22,2 29,6 61,0 53,7 16,7 11,4 4,4
2030 (e) 312 184 21,9 29,0 59,0 51,9 19,1 13,4 5,2
2030* (e) 334 707 23,6 31,3 57,8 50,1 18,6 12,8 4,9
2030** (e) 289 500 19,9 26,3 60,4 54,0 19,7 14,0 5,6
* Scénario de l'évolution importante rp = Recensement
** Scénario de l'évolution légère e = Estimation

200 000 habitants dans le Grand Nouméa en 2020 ? ment du nombre de ménages serait 2 fois plus rapide que celui
Le recensement de 2004 a confirmé la forte attraction du Grand de la population (68% en 25 ans).
Nouméa auprès des populations des provinces Nord et îles Le parc de logements au recensement 2004 (70 000 unités)
Loyauté. Depuis 1989, la part relative de la population de la pro- était constitué de résidences principales à 92% et de résidences
vince Nord et des îles Loyauté n’a cessé de diminuer, passant secondaires ou de logements vacants pour le reste. Pour suivre
respectivement de 21% et 11% en 1989 à 19% et 10% en 2004. l’évolution des ménages, ce parc devrait ainsi atteindre 118 000
Les scénarios de projections à l’échelon provincial sont bien sûr logements en 2030. Sur le seul Grand Nouméa, il devrait passer
étroitement liés au développement économique des usines de de 47 000 à 77 000 logements, soit un rythme de construction
nickel. Ils feront l’objet d’une étude. de 1 200 logements neufs en moyenne par an, et ce sans comp-
A titre indicatif, avec une répartition de la population identique ter les constructions liées aux politiques de relogement des
à celle de 2004, la province Sud regrouperait 222 000 habitants familles vivant dans les squats. Il faut mettre en perspective ces
en 2030, la province Nord 60 000 habitants et la population de estimations en rappelant que la date d’installation des jeunes
la province des îles Loyauté atteindrait 30 000 habitants. Ainsi, adultes, célibataires ou non, est fortement liée au prix des loyers
le Grand Nouméa, qui concentrait 2/3 de la population calédo- et des terrains à construire.
nienne en 2004, atteindrait près de 200 000 habitants en 2030.
Cependant, ce seuil pourrait être atteint dès 2020 avec la pour- La population calédonienne,
suite des migrations internes vers l’agglomération du Sud. dépassée par celle du Vanuatu en 2013
La Nouvelle-Calédonie est la 5e île du Pacifique de par sa
1 800 nouveaux ménages par an population (hors Australie et Nouvelle-Zélande). Sa situation dé-
En 2004, les 65 000 ménages calédoniens étaient composés en mographique, comparable à celle de la Polynésie française, est
moyenne de 3,6 personnes au lieu de 4,1 en 1989. Le vieillisse- relativement avancée par rapport aux autres îles de la région.
ment de la population ainsi que l’évolution des comportements La population du Vanuatu, le pays voisin le plus proche, pour-
de cohabitation sont les principales causes de cette diminution. rait dépasser celle de la Nouvelle-Calédonie à partir de 2013 et
En 2030, si ces tendances récentes se poursuivaient, la Nouvelle- atteindre 384 000 habitants en 2030. Dans les 25 prochaines an-
Calédonie compterait 109 000 ménages de 2,9 personnes en nées, la population du Vanuatu augmenterait ainsi deux fois plus
moyenne. Avec 1 800 nouveaux ménages par an, l’accroisse- vite que celle de la Nouvelle-Calédonie.
3- Indicateurs démographiques récents dans le Pacifique et en France métropolitaine

Nouvelle- Polynésie Wallis et Nouvelle-


Indicateurs Calédonie française Futuna Vanuatu Fidji Zélande Australie France
Indicateur
conjoncturel de
fécondité 2,2 2,2 2,6 4,8 2,7 2,0 1,8 1,9
Espérance de vie
à la naissance
Hommes 71,9 71,4 73,3 65,6 66,0 77,5 78,5 76,8
Femmes 78,6 76,4 76,5 69,0 70,0 81,7 83,3 83,8
Ensemble 75,2 73,7 74,9 67,3 68,0 79,6 80,9 80,3
Répartition de la
population totale
Moins de 20 ans 37,1 38,8 44,1 52,5 40,8 29,0 26,4 24,9
20-59 ans 53,5 53,5 47,0 42,5 52,0 54,6 55,9 54,3
60 ans et plus 9,4 7,7 8,9 5,0 7,2 16,4 17,8 20,8
Population 2005 232 258 252 900 14 944 215 836 838 317 4 084 200 20 229 786 60 825 000
Population 2015 270 456 285 977 16 066 278 059 891 729 4 439 000 22 589 598 63 728 000
Sources : CPS, Instituts nationaux de statistique

297
Les rapports des 9 ateliers
Atelier 1
Documents
complémentaires
du diagnostic
Solidarité sociale et égalité des chances

Conclusions même résidence principale sans que ces personnes soient


obligatoirement unies par des liens de parenté. Par définition,
Quel que soit le scénario, il ressort les caractéristiques le nombre de ménages et le nombre de résidences principales
suivantes : sont donc égaux.
- La population calédonienne augmentera et comptera au Les personnes qui résident en collectivité sont considérées com-
moins 289 500 habitants en 2030, avec un taux d’accrois- me vivant « hors ménage ». On compte parmi ces hors ménage
sement annuel moyen de 0,9% ; les étudiants en résidence universitaire, et les personnes résidant
- La population en âge de travailler en 2030 sera proba- en maison de retraite ou en foyers de jeunes travailleurs.
blement supérieure à celle de 2005 et augmentera d’au
moins 33 000 personnes ; Bibliographie
- La part des jeunes de moins de 15 ans diminuera et repré- « Recensement général de la population en Nouvelle-Calédonie
sentera 20% au minimum ; – 2004 », Insee résultats n° 65-SOC, Rivoilan P.
- L’effectif des personnes âgées de 60 ans et plus aura triplé « Changement démographique et social en Nouvelle-Calédonie
en 2030. L’âge médian augmentera considérablement. après les accords de Matignon », Ined, Population n°3, mai-juin
- Le nombre de ménages augmentera d’au moins 35 000 1999, Rallu J.L. et Baudchon G.
d’ici 2030. « Projections de population pour la France métropolitaine à l’ho-
rizon 2050 », Insee première n° 1089, juillet 2006, Robert-Bobée I.
« Profil démographique de la Nouvelle-Calédonie », Demmke A.,
Sources Secrétariat général de la communauté du pacifique.
Les projections de population 2005-2030 établies par l’ISEE
pour la Nouvelle-Calédonie ont pour point de départ la popu-
lation estimée par sexe et âge au 1er janvier 2005. Elles simulent Projeter, c’est anticiper l’avenir
chaque année le nombre d’hommes et de femmes de chaque et non pas le prédire
âge sur la base d’hypothèses d’évolution des trois composan-
tes des variations de population (méthode des composantes) : Une projection de population fournit une image de ce que
fécondité, mortalité et migrations. D’une année sur l’autre, la pourrait être la population à venir, à partir de la connais-
population évolue en fonction des décès, des naissances et des sance du passé et en prenant, pour le futur, des hypothèses
mouvements migratoires (émigration et immigration). sur trois composantes : la fécondité, la mortalité et les mi-
grations.
Définitions Tout l’intérêt des projections consiste à émettre des hypo-
L’âge médian divise une population en deux groupes d’effectifs thèses suffisamment nombreuses et différentes les unes
égaux, l’un composé uniquement des individus d’âge supérieur, des autres. En disposant de plusieurs scénarios, on peut
l’autre des individus d’âge inférieur. appréhender l’impact des différents facteurs de croissance
L’indicateur conjoncturel de fécondité, ou somme des naissan- démographique. Les projections peuvent alors devenir un
ces réduites, mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme outil à l’usage des décideurs et des aménageurs qui per-
tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés l’année met de préparer l’avenir et d’influer sur celui-ci.
considérée demeuraient inchangés à chaque âge. Les comportements individuels ainsi que certaines actions
L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie de politiques publiques, voire même des chocs imprévus
moyenne – autrement dit l’âge moyen au décès - d’une généra- peuvent sensiblement influencer les évolutions tendan-
tion fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année. cielles.
Le solde migratoire est la différence entre le nombre de person-
nes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes
qui en sont sorties au cours de la période concernée. Ce concept
est indépendant de la nationalité.
Le solde naturel est la différence au cours d’une période entre
le nombre de naissances et celui des décès.
La population active regroupe la population active occupée
(appelée aussi «population active ayant un emploi») et les
chômeurs. Elle rassemble la main d’oeuvre disponible pour
contribuer à la production
Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs (ac-
tifs occupés et chômeurs) et la population totale des 14 ans et
plus.
Un ménage est l’ensemble des personnes qui partagent la

Institut de la statistique et des études économiques - Nouvelle-Calédonie

298
Quel impact de la crise financière internationale
sur l’économie calédonienne ?
La crise financière internationale qui a débuté aux Etats-Unis à la
fin 2007 par l’éclatement de la bulle des subprimes – prêts hypo- mier effet est positif pour la Nouvelle-Calédonie entraînant
thécaires à haut risque – s’est progressivement répandue dans notamment une baisse des prix des carburants à la pompe1
l’économie mondiale au cours de l’année 2008. Cette crise a fra- et une probable baisse des coûts de la construction (alors
gilisé la situation financière de la plupart des banques des pays que le BT21 a augmenté de près de 10% sur un an). Le
développés, générant une crise de confiance. Pour restaurer la deuxième est difficile à apprécier. Si le dollar devait rester
confiance, les gouvernements américains et européens ont dû ferme par rapport à l’euro, cela aurait des effets divers sui-
intervenir de façon massive en soutien à leur secteur bancaire. vant les secteurs : (i) positif pour le nickel puisqu’il permet de
compenser partiellement en euros la baisse constatée sur
La crise financière s’est progressivement transmise à l’éco- les cours en US$ ; (ii) il renchérit par contre les importations
nomie réelle, via le durcissement des conditions du crédit, le de l’ensemble des pays de la « zone dollar », notamment les
ralentissement des investissements et de la consommation des pays asiatiques, avec un effet inflationniste sur l’économie
ménages, de sorte que les économies américaine, japonaise et calédonienne. Le scénario inverse (remontée de l’euro à 1,5$
plusieurs économies européennes terminent l’année 2008 en ou plus) n’est pas à exclure.
récession. Les pays émergents, un temps peu touchés, souf-
frent également de la crise compte tenu du durcissement des l Le
 secteur du nickel est déjà touché par la crise éco-
conditions financières internationales et de la contraction de nomique – cf. encadré – compte tenu de la forte baisse
leurs marchés d’exportation. Pour relancer leurs économies, les des cours internationaux qu’elle a générée. Le secteur
pouvoirs publics des pays développés et émergents mettent nickel pèse 11% du PIB de la Nouvelle-Calédonie (chiffres
progressivement en place des plans de relance s’appuyant sur de 20062). Si l’on exclut les chantiers d’investissements pour
l’accélération des dépenses publiques. la construction des usines, les effets d’entraînements directs
du secteur nickel sont dans leur ensemble relativement li-
A fin 2008, la crise économique est aujourd’hui globale et n’a mités. Ce qui est vrai pour l’ensemble du territoire, ne l’est
pas d’équivalent par son amplitude depuis la seconde guerre toutefois pas sur des zones géographiques plus restrein-
mondiale. La croissance mondiale qui oscillait autour de 5% tes : le Grand Nouméa est moins dépendant du nickel que
depuis le début de la décennie, atteint 4% en 2008 et devrait certaines communes de la côte Est (Kouaoua ou Thio par
tomber, selon le FMI, à 2% en 2009 (récession dans la majo- exemple) et de la Côte Ouest.
rité des pays développés et faible croissance dans le reste du
monde). Les experts les plus optimistes prévoient un début de l Hors
 nickel, le reste de l’économie semble jusqu’à pré-
reprise pour 2010. sent être épargné par la crise. L’économie calédonienne
étant peu ouverte sur l’extérieur, elle est structurellement
Quel est l’impact actuel et à venir de cette crise sur l’éco- moins sensible aux évolutions de la conjoncture interna-
nomie calédonienne ? La prospective est, aujourd’hui encore tionale que d’autres. Le secteur des services est avant tout
plus qu’hier, un exercice périlleux compte tenu de l’ampleur dépendant de la consommation des ménages ; la quasi-to-
des mouvements en cours dans l’économie mondiale. Certains talité de la production du secteur de l’industrie (hors nickel)
éléments d’appréciation peuvent néanmoins être mis en et du secteur agricole est destinée au marché intérieur.
évidence : Pour autant, certains secteurs pourraient être impactés par
la crise dans les mois qui viennent. Le secteur touristique est
l L e secteur bancaire calédonien a été jusqu’à présent susceptible d’être affecté négativement en 2009 avec une
épargné par la crise financière internationale compte baisse possible du nombre de touristes venant des pays
tenu de son absence d’exposition sur les subprimes et de fortement touchés par la crise (Japon et métropole notam-
la poursuite de la politique de refinancement des maisons- ment) : le poste « vacances » est souvent le premier à servir
mères métropolitaines. Si le rythme soutenu de croissance de variable d’ajustement dans le budget des ménages. Pour
des encours de crédits constaté ces dernières années (crois- les autres secteurs, on ne peut exclure un potentiel effet de
sance annuelle proche de 20%) ne devrait pas se poursuivre, contagion du secteur du nickel. Les difficultés du secteur
aucun élément disponible à fin 2008 ne laisse apparaître de nickel peuvent en effet avoir un effet psychologique sur le
durcissement significatif de l’accès au crédit en Nouvelle- comportement des agents économiques calédoniens, et
Calédonie. Le mouvement de baisse des taux engagés par la notamment sur la consommation des ménages et sur leurs
banque centrale européenne devrait par ailleurs se traduire achats de biens durables (exemple : automobiles)3. Les en-
à un horizon relativement court par une réduction des taux treprises du secteur nickel peuvent par ailleurs décider de
des crédits bancaires en Nouvelle-Calédonie. réviser à la baisse l’ensemble de leurs dépenses, ce qui se
répercuterait sur leurs sous-traitants.
l La crise internationale a entraîné deux évolutions signifi-
catives : (i) la baisse généralisée des cours des matières l La crise se traduira forcément par une substantielle dégrada-
premières, et notamment du pétrole et des métaux, et (ii) tion de la balance commerciale de la Nouvelle-Calédonie
la forte volatilité du taux de change euro/dollar. Le pre- compte tenu de la baisse marquée de la valeur des expor-

1
Il est par contre peu probable que les prix de l’électricité baissent dans la mesure où l’essentiel de la hausse passée des prix des hydrocarbures n’avait pas été répercuté au consommateur.
2
Le secteur nickel pesait 20% du PIB en 2007 compte tenu de l’envolée des cours du nickel, mais cette année doit être considérée comme atypique et non représentative du poids
réel du nickel dans l’économie calédonienne.
3
Si la crise internationale devait avoir des répercussions sur la réalisation ou le calendrier des projets d’investissement dans le secteur nickel, l’effet pourrait être significa- 299
tif pour l’économie calédonienne dont la croissance a été, ces dernières années, tirée par les investissements.
Documents
complémentaires

tations de nickel. Elle aura également un impact sur les dégradation des finances publiques. Le secteur nickel sor-
finances publiques, comme l’anticipe le projet de budget tirait progressivement de sa situation délicate au fur et à
2009 qui table sur des recettes de l’impôt sur les bénéfices mesure de la remontée des prix internationaux.
des entreprises du nickel quasi nulles contre 23,5 milliards
en 2007 (16% des recettes budgétaires). l  ne crise plus forte avec une contagion des difficultés
U
du secteur nickel vers les autres secteurs via notamment
Au total, l’effet de la crise internationale dépendra en partie (i) l’effet psychologique sur la consommation des ménages
de ce que les Calédoniens en feront, la « sinistrose » étant le plus et les investissements des entreprises hors nickel et (ii) la
souvent auto-réalisatrice. De façon schématique, deux scéna- dégradation des finances publiques.
rios peuvent être envisagés :
Au vu des informations disponibles aujourd’hui, le pre-
l U
 ne crise de courte durée dans le secteur nickel (qui peut mier scénario apparaît le plus probable. Quoi qu’il en soit,
absorber le choc compte tenu des bénéfices engrangés les et compte tenu des incertitudes, l’impact de la crise sur
années précédentes) sans répercussion massive sur le res- l’économie calédonienne doit faire l’objet d’un monitoring
te de l’économie (qui reste stimulée par la consommation régulier des pouvoirs publics. Compte tenu du faible en-
des ménages et la poursuite de projets d’investissements dettement public de la Nouvelle-Calédonie, des mesures
tels que l’aéroport de la Tontouta, la ZAC de Dumbéa, les spécifiques de dépenses publiques pourraient être prises
infrastructures pour les Jeux du Pacifique, etc.) autre que la pour relancer l’économie en cas de ralentissement marqué
nette dégradation des comptes extérieurs et la moins nette de la conjoncture.

Nickel et crise internationale

Le secteur du nickel a connu une succession d’années exceptionnelles entre 2004 et 2007 grâce à la forte croissance des prix
internationaux du nickel tirés par la demande mondiale, et notamment chinoise. Cette hausse s’est traduite par une forte
hausse du volume et de la valeur des minerais bruts exportés, un développement de la valeur des produits métallurgiques,
la croissance des bénéfices de l’ensemble des entreprises du secteur et par ricochet des recettes budgétaires.

Après le pic historique de mai 2007 de 54 000 US$/tonne, les cours se sont progressivement repliés. La première phase de ce
repli était anticipée par les professionnels du secteur et correspondait à une correction naturelle du marché après « l’exubé-
rance irrationnelle » de l’année 2007. Les cours atteignaient ainsi 20 000 US$ en moyenne au 3e trimestre 2008. L’accélération
de la baisse au 4ème trimestre est par contre directement liée au ralentissement économique mondial : la contraction de la
demande de nickel se traduit par une croissance des stocks. Les perspectives sur l’évolution de la demande se sont nette-
ment assombries ces derniers mois.

En Nouvelle-Calédonie la baisse des cours internationaux a plusieurs effets :

- impact sur les bénéfices des sociétés minières et métallurgiques et donc sur le rendement de l’impôt sur les sociétés ;
- impact sur les exportations en valeur mais aussi en quantités dans la mesure où (i) la SLN va être confrontée à la difficulté
de trouver des acheteurs dans un contexte international où s’accumule les stocks, (ii) l’extraction de minerais bruts n’est
plus rentable sur certaines mines aux cours internationaux actuels ;
- pour les deux usines métallurgiques en construction, la pression du calendrier devient moins prégnante.

300
Contact
Gouvernement
de la Nouvelle-Calédonie
Service de l’Aménagement
et de la Planification
B. P. M2
98849 Nouméa CEDEX
Tél. : 26 29 33
Fax : 26 37 01
Mél : sap@gouv.nc

www.nouvellecaledonie2025.gouv.nc

MINISTERE
Haut-Commissariat deDla E République
L’ O U T R EM E R
en Nouvelle-Calédonie

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