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COMPTE-RENDU

REUNION ANTI-HARCÈLEMENT
JEUDI 12 MARS 2020

Représentant AFR :
Pierre-Axel VUILLAUME-PREZEAU

Le jeudi 12 mars de 19h30 à 23h00, une vingtaine de représentants des différentes


associations de techniciens, accompagnés d’un représentant de la CCHSCT et d’un
représentant de la CST étaient réunis pour étudier différentes pistes concernant la
problématique du harcèlement dans le milieu du travail.

Vous trouverez dans ce compte-rendu, un résumé des différents points de l’ordre du jour ainsi
que mon avis sur la question, en tant que représentant AFR à cette réunion. Afin d’apporter la
position de l’AFR à la prochaine réunion, je remercie ceux qui souhaitent se positionner de
reprendre les différents points en indiquant s’ils sont d’accord avec la position ou en précisant
leur position.

1. ABSENCE DES SYNDICATS

Des associations ont regretté que les syndicats ne soient pas présents à cette réunion, les
problématiques soulevées ayant parfois un lien avec l’organisation d’un tournage (surcharge
de travail, délégué de plateau).

Lors d’un vote à main levé, il a été décidé que les syndicats de techniciens seraient conviés à
la prochaine réunion.

Ma position : Si la présence de syndicats peut avoir un intérêt en réponse à des questions


juridiques qui peuvent nous échapper, il faut selon moi que leur présence ne soit que
consultative. C’est une fois que les associations se seront mises d’accord sur la direction dans
laquelle nous souhaitons aller que nous pourrons actionner l’aide des syndicats pour essayer
de mettre en application ces idées.

2. SURCHARGE DE TRAVAIL ET HARCÈLEMENT

Une étude anglaise a fait un lien entre la surcharge de travail et le harcèlement moral, en effet,
sous l’effet de la fatigue, la pression, le comportement des gens est différent.
Il faudrait donc trouver des solutions pour contrôler, suivre ou limiter nos amplitudes de travail.

Certains étaient sceptiques, d’autres étaient plus axés dans un combat contre les heures
supplémentaires non-rémunérées. Une fois le débat recentré, il semble qu’il y ait eu un
consensus sur ce lien avec le harcèlement moral.

Aucune solution n’a vraiment été trouvée ou proposée, les associations de décoration ont
milité pour la déclaration des heures effectuées, ce qui existe déjà, une proposition de leur
faire parvenir un excel de feuilles d’heure que chacun a été créé a été proposé.

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Nos amplitudes de travail sont en effet souvent excessives, la seule solution serait de mettre
la production face à ses responsabilités, en liant le financement d’un projet au respect du droit
du travail. Quelle autorité s’en occuperait ? Quelles seraient les conséquences ? Aucune
proposition n’a été faite.

Ma position : Le droit du travail existe et il n’est pas respecté, ce n’est pas en créant de
nouvelles règles que nous le ferons plus respecter. Nous faisons des feuilles d’heures mais
nos amplitudes de travail n’ont pas été réduites. Mettre les productions face à leur
responsabilité est une bonne chose mais le problème reste le même sur le manque de
moyens, on ne peut pas doubler les équipes s’il n’y a pas l’argent pour, il faudrait donc ne pas
produire de film plutôt qu’en faire un dans les conditions actuelles, ce ne serait pas aider un
certain cinéma. En revanche faire le lien entre harcèlement et surcharge de travail est
intéressant car il permet d’orienter le débat vers un vrai problème d’actualité.

Ma seule solution aujourd’hui serait que les feuilles d’heures soient envoyées obligatoirement
par mail par tous les départements, avec la production en copie, afin qu’à aucun moment la
production ne puisse remettre la responsabilité sur le directeur de production en disant ne pas
être au courant. Pour le reste, nous arrivons déjà à faire « tourner » les auxiliaires, il faudrait
réussir à se l’autoriser entre adjoints et généraux.

3. REFERENT ANTI-HARCELEMENT SUR LE PLATEAU

Le gouvernement souhaiterait imposer un référent formé sur le harcèlement sexuel dans


chaque entreprise. La question est posée d’adapter cette décision sur chacun de nos
tournages.

Il a été convenu entre les associations que si cette option devait s’appliquer il devrait y avoir
un référent masculin et un référent féminin. De plus ce référent ne serait pas limité qu’au
harcèlement sexuel mais à tous les harcèlements. La formation se baserait sur l’écoute des
personnes harcelées, le soutien et l’information vers la marche à suivre pour lancer une
procédure.

Ma position : Il n’est selon moi pas possible de trouver sur tous les tournages une personne
qui ait été formée. Le soutien psychologique ne fait pas parti de nos attributions. Que des
référents soient désignés pour être une première écoute, permettre la parole, comme cela peut
déjà arriver entre nous face à des problèmes, mais leur fonction devrait s’arrêter là. Les
informations indiquant la procédure à suivre devrait être donnés avec la première feuille de
service, le référent ne dira de toutes façons rien de plus que ce qu’il a lu. Peut-être pouvons-
nous imposer le numéro « harcèlement » sur la feuille de service afin de rappeler que ce sujet
préoccupe notre profession. Tout le monde doit donc être informé des comportements à éviter
et des outils à sa disposition, imposer une personne responsable c’est un peu aussi dédouaner
tous les autres.

4. REFERENT ET DELEGUE DE PLATEAUX

La question a été posée de cumuler la fonction de délégué de plateau de référent anti-


harcèlement.

L’idée semblait judicieuse, les associations on cependant constatés qu’il y avait très peu de
délégués de plateau sur les tournages.

Ma position : Cumuler me semble une bonne idée, le délégué de plateau étant à l’écoute des
problèmes de conditions de travail, pouvant amener au harcèlement puisque c’est ce que nous
avons acté au début de la réunion. Face à l’absence de délégué de plateau, je pense que la
seule solution est de procéder à un tirage au sort pour en désigner un, quoiqu’il arrive, puisque
le problème sera le même pour le référent harcèlement. Qu’il agisse en tant que tel ou pas, ce
n’est pas important, ce qui est important c’est qu’il y ait au moins un contact, autre que le
directeur de production, en cas de besoin.

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5. UN REFERENT PAR ASSOCIATIONS ?

Enfin, la piste envisagée serait que plutôt que d’avoir un référent formé sur le plateau, il y ait
en fait des référents formés par associations, indiqués comme tels sur le site, et permettant le
contact en cas de difficultés d’un membre de ce corps de métier, qu’il fasse ou non partie de
l’association.

L’idée semble avoir retenu l’intérêt de l’assemblée, plus réalisable que de trouver un référent
formé sur chaque plateau. Le financement de la formation n’a pas encore été convenu, il a été
émis l’hypothèse qu’il soit pris en partie (pour un tiers) par les associations.

Ma position : Même chose que pour le référent plateau, ce n’est pas notre profession. Que le
référent sur le sujet soit mis en avant et contacté dans un but consultatif, pourquoi pas, nous
avons déjà eu des contacts de régisseurs face à des problèmes juridiques sur des tournages,
c’est notre mission d’association d’être à l’écoute. Si une demande est faite par le
gouvernement pour ces formations, c’est à ce dernier de le financer, voire avec nos
employeurs qui sont les productions, comme ce sera sûrement le cas en entreprise, les
associations ne sont pas concernées par le financement. La base serait pour moi de diffuser
obligatoirement une documentation concise et claire à chaque envoi de première feuille de
service, voire d’ajouter à la visite obligatoire à la CMB un entretien avec un psychologue ou
un formateur pour expliquer ce qui peut se faire, ne pas se faire et quelles sont les recours
possibles. Ainsi chaque intermittent travaillant sera considéré comme étant informé.

6. SI LES VICTIMES NE VEULENT PAS FAIRE DE RECOURS

Que ce soit sur le harcèlement moral ou sexuel, les victimes ne souhaitent parfois pas faire de
recours de peur de ne plus pouvoir travailler après.

Didier CARTON a indiqué que Document unique d'évaluation des risques professionnels
pouvait sanctuariser tous les problèmes soulevés et le mettre à jour. Il a été aussi émis l’idée
qu’en l’absence de volonté de faire un recours, les victimes pourraient envoyer un mail à Didier
CARTON pour laisser une trace de l’acte à cette date, pouvant servir ultérieurement quand la
victime souhaitera aller plus loin. Aussi il a indiqué qu’un producteur devrait virer un comédien
soupçonné de harcèlement et arrêter le tournage immédiatement, une proposition qui semble
réellement déconnectée des réalités économiques du financement d’un film ?

Ma position : Le Droit, les Déclarations de chantier ne sont pas notre fort dans nos professions
et son rarement respectés, ce n’est donc pas selon moi une solution. De plus, si une personne
ne veut pas faire de recours de peur d’être blacklistée, le faire apparaître sur la DUER ne me
semble pas très différent. Selon moi, il faut avant informer sur la valeur juridique des mails, sur
le fait que si on ne souhaite pas faire de recours maintenant, il faut quand même réunir des
preuves et des témoignages. La solution doit venir de chacun de nous et de notre bon sens.

7. CONCLUSION

Face aux pistes émises, les idées et propositions des différents membres seront les
bienvenues afin d’avancer sur ces dossiers lors de la prochaine réunion. Sabine CHEVRIER
nous fera parvenir un compte-rendu prochainement.

Il faut selon moi accepter que notre travail est particulier et que quoiqu’il arrive, nous ne serons
jamais au 35 heures et nous n’aurons jamais de week-end tranquille lors d’un tournage. Un
tournage ce sont des aléas, et ceux-ci créeront toujours des difficultés car notre métier est
basé sur l’humain qui peut réserver plus de surprises que de simples données. Face à cette
situation, notre mission n’est pas de résoudre les problèmes mais de permettre à tous d’avoir
les clés de les résoudre, sentir que l’on est soutenus et surtout communiquer et laisser une
trace de ses inquiétudes afin de responsabiliser les différents interlocuteurs. Il faut bien
distinguer notre combat contre le harcèlement du combat syndical pour nos conditions de
travail. Ce n’est pas selon moi le but de nos associations.

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