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Diplôme d’état d’éducateur spécialisé

Session 2022

Dossier écrit
Epreuve de certification bloc 8
Analyse d’une situation partenariale

Le partenariat une pluralité de regard


Comment accompagner les personnes
lorsque nous détenons des informations
qui ne nous sont pas dédiées.
SOMMAIRE
Introduction :...................................................................................................................................- 1 -
I. L’institution.............................................................................................................................- 1 -
A) Le service :...............................................................................................................................- 1 -
B) les partenaires :.........................................................................................................................- 2 -
C) Ma définition du partenariat :...................................................................................................- 4 -
II. Situation......................................................................................................................................- 4 -
III. Les pistes d’analyse :................................................................................................................- 6 -
A) Légitimité ou éthique ?.........................................................................................................- 6 -
B) Les liens partenariaux...........................................................................................................- 7 -
1) Communication partenariale............................................................................................- 7 -
2) La curiosité dans l’accompagnement...............................................................................- 8 -
C) La collaboration entre les professionnels et une famille.......................................................- 8 -
IV. Le positionnement professionnel..............................................................................................- 9 -
V. La conclusion :.........................................................................................................................- 10 -
Bibliographie :...............................................................................................................................- 11 -
Introduction :
« La question du secret professionnel est l’une des plus délicates auxquelles sont confrontés
les acteurs sociaux contemporains alors même que les termes de leur mission sont de plus en
plus souvent difficiles à tenir »

(J-P. ROSENCZVEIG, P. VERDIER, C. DAADOUCH, 2016, P-1)

Ce dossier m’a permis de pouvoir me questionner et d’analyser une situation


partenariale. Durant toute notre formation il nous ait demandé de nous positionner dans les
situations ou les débats que nous pouvons avoir nos collègues de formation, formateur ou
équipe professionnelle. C’est avec ce travail de rédaction et de réflexion que j’ai pu me
mobiliser et me positionner tout en essayant de comprendre les enjeux dans le partenariat.
Durant cet écrit je me suis beaucoup appuyer sur l’équipe et ce qu’elle m’exposait de la
situation partenariale que je vais vous présenter par la suite.
Je vais plus particulièrement m’interroger par rapport sur les informations que nous donnons
ou que nous recevons lors des échanges partenariaux. J’aborderais également les impacts
potentiels qu’une information transmises entre deux structures peut avoir sur l’usager et son
accompagnement.
Dans un premier temps je vous présenterais l’institution et plus particulièrement le service ou
j’ai effectué mon stage de deuxième année. Ensuite, je vais vous parler des partenaires qui
gravite autour de mon service et ceux avec qui nous travaillons le plus souvent. Je vais aussi
vous exposer ma définition du partenaire. Par la suite, je vais présenter une situation
partenariale et développer mes pistes d’analyse. Enfin, je vais vous exposer ma posture
professionnelle.
Afin de respecter la vie privée et l’anonymat, les prénoms et les lieux sont modifié.

I. L’institution
A) Le service :
J’effectue mon stage de deuxième année au sein du service aide éducative à domicile
(AED). Ce service représente une mesure administrative de la protection de l’enfance. Il
découle des missions de la direction enfance famille du département.
Le département est le financeur et le gestionnaire. Le financement est public, il provient
d’une enveloppe votée et destinée à la protection de l’enfance.
Au sein de ce service, nous signons un contrat avec les parents et la responsable territorial
(RT) et établissons un Projet Pour l’Enfant (PPE) pour une durée qui peut aller de 6 mois a 1
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an renouvelable. Le public qui peut prétendre à une AED est les familles avec des enfants de
0 à 17 ans. Dès lors que le contrat est signé nous intervenons dans les familles à peu près
toutes les 3 semaines. Notre accompagnement est basé sur des entretiens au domicile des
parents, nous pouvons proposer des entretiens au sein de nos locaux et a l’extérieur. Nous
pouvons rencontrer les parents, les enfants et les personnes qui gravite autour de la famille.
Ce service a pour mission d’organiser la mise en œuvre du PPE décidé par la RT (responsable
territoriale). En effet, nous mettons en place l’accompagnement éducatif à domicile, le suivi
des jeunes majeurs et des mineurs relevant d’une prise en charge sans hébergement. Le
service participe également à l’observation des besoins et à l’évaluation des actions. Il
développe des actions collectives de soutien des compétences parentales.
Pour remplir toutes ces missions nous travaillons avec une équipe pluridisciplinaire.
Elle se compose comme ceci :
- Une cheffe de service domicile
- Une secrétaire
- Une psychologue à mi-temps
- Six assistants socio-éducatifs (assistant de service social ou éducateur spécialisé)

Le service AED s'inscrit dans le cadre de plusieurs lois :


- La loi du 4 mars 2002 vient cibler la coparentalité pour n'importe quel type de couple
même s’il y a séparation. Elle vient aussi pointer L’intérêt de l’enfant dans son
parcours. Elle vient mettre en avant les besoins sociaux, affectifs, physiques de
l’enfant. Cette loi nous parle de la participation et de la prise en compte des personnes
accompagnées.
- La loi du 5 mars 2007 qui réforme la protection de l’enfance avec quatre grands
objectifs : renforcer la prévention, améliorer le dispositif d’alerte et de signalement,
diversifier les modes d’intervention, Plaçant au cœur du dispositif l’intérêt de l’enfant,
renouveler les relations avec les familles. Et elle introduit la notion de projet pour
l’enfant.
Le 14 mars 2016 une réforme de la loi de 2007 arrive, elle vient améliorer celle précédente en
s’axant sur l’enfant et son parcours.
B) les partenaires :
Nous travaillons avec plusieurs partenaires afin de nous adapter à la singularité de
chaque situation. Nos partenaires principaux sont le Centre Médico-Social (CMS) pour tout

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ce qui se réfère au droit commun, ainsi que, l’éducation nationale et les assistants services
sociaux des écoles. Avec ces partenaires il n’y a pas de convention signée. Le partenariat
avec l’éducation nationale se met en place à partir du moment où il y’a un besoin dans
l’accompagnement des familles. Pour le CMS qui fait partie du département, nous avons le
devoir de répondre aux droits communs des personnes si cela répond à leurs besoins. Nous
sommes confrontées a des limites avec ces deux partenaires, puisque dans certaine situation il
nous ait complexe de rentrer en communication, de nous accorder et nous coordonner sur les
missions de chacun auprès des personnes accompagnées. Si nous ne réussissons pas à trouver
de point d’accord avec le partenaire, alors nous discutons en équipe AED de ce que nous
pouvons mettre en place afin de répondre à nos missions tout en prenant en compte la
personne.
Lors d’un accompagnement nous nous somme heurter à une ASS (assistante de service
social) du CMS avec qui nous avons eu du mal à définir les rôles de chacun. Nous avons pu
avoir un rendez-vous avec cette dernière afin de réussir à se coordonner. Néanmoins, malgré
ces limites que nous pouvons rencontrer avec les partenaires, nous réussissons dans la plupart
des situations à rentrer en lien et se rencontrer afin de co-construire notre action éducative.
Nous pouvons également faire des liens avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et
travailler ensemble dans l’accompagnement des objectifs du PPE, également s’il y’a une
mesure posée. Ce qui a pu poser problème dans notre travail en partenariat avec ce service
c’est que nous ne connaissons que très peu les professionnels. De plus, j’ai pu remarquer que
nous avons des représentations sur ce service comme le fait que nous ne soyons pas
compatibles dans nos accompagnements puisque cela inclut le côté judiciaire alors que nous
posons des mesures administratives, cela fait pour moi confrontation dans nos missions étant
donné que nous ne connaissons pas les leur. Mais alors est-ce qu’une mesure administrative
est compatible avec un accompagnement judiciaire ?
De plus, dans certaines situations nous pouvons être amenés à travailler avec des structures
adaptées comme le Dispositif Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (DITEP), le
Service d’Education Spéciale et de Soin A Domicile (SESSAD) et le dispositif
d’accompagnement pour les mineurs en surpoids (PREO). Dans les échanges avec ces
structures nous somme essentiellement présent pour coordonner les informations. Puisque ces
services sont totalement différents du notre en termes de missions il nous ait plus simple de
travailler avec eux puisque chacun reste dans le cadre de son accompagnement et leur
fonction. Cependant, j’ai pu remarquer qu’avec PREO nous avons plus de mal à collaborer.
En effet, pour moi, ils ne prennent pas suffisamment en compte la problématique familiale de
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la personne et l’accompagne comme s’il n’y avait pas de mesure de protection de l’enfance.
Je pense qu’il est important de prendre en compte l’environnement complet de l’usager dans
son accompagnement si non nous prenons le risque de passer à côté de certaines pistes
d’analyse.

C) Ma définition du partenariat :
La définition du partenariat est propre à chaque professionnel et structure. Pour moi,
le partenaire se définit comme un travail en équipe qui peut favoriser une pluralité de regard
sur les situations et donc permettre de répondre au mieux aux besoins des personnes
accompagnées. Le partenariat est indispensable afin d'éviter la toute-puissance des
professionnels. Par toute puissance j’entends le fait qu’un professionnel s’il travaille dans
l’isolement d’une équipe va avoir l’impression qu’il est le seul à pouvoir trouver des
solutions et à contrario la personne accompagnée va être dépendant du professionnel. Durant
la lecture d’un ouvrage, une phrase m’a fait écho “interdire ces échanges serait condamner le
travail social moderne et renvoyer les travailleurs sociaux à leur solitude d’antan quand
chacun sait que le plus souvent aucun ne peut tout seul régler la situation à laquelle il est
confronté.” (J-P. ROSCENCZVEIG, P. VERDIER, C. DAADOUCH, 2016, P- 102). Cette
citation démontre que le travail en partenariat et en équipe est indispensable dans un
accompagnement.

II. Situation
Je vais vous exposer la situation que j’ai vécu durant un entretien avec une
professionnelle de la PJJ afin d’avoir des informations sur un jeune que nous accompagnons.
Après de longs échanges nous finissons par parler des différentes missions de nos structures.
Au fil, de cette discussion, cette professionnelle vient à nous parler d’une situation, celle d’un
jeune garçon que nous nommerons Will. Il se trouve justement que nous avions reçu son
dossier et que nous allions avoir un rendez-vous avec la RT (responsable territoriale) afin de
nous accorder sur la potentielle mise en place d’une AED. Nous avions donc seulement
connaissance de l’évaluation du CMS qui a pu nous apporter quelques informations sur
l'histoire de ce jeune et sa famille.
Durant cet entretien, l'éducatrice PJJ nous a confié des informations sur le jeune : il a une
mesure PJJ qu’il n’a pas effectuée puisque d’après ces dires les parents de Will ne se
rendaient pas disponible lors des rendez-vous posés. De ce fait Will a eu pour obligation

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d'intégrer un Centre Éducatif Renforcé (CER), dans lequel il s’est rendu durant 4 mois. De
plus, nous apprenons quelle est la nature de ses relations avec son environnement familial et
plus particulièrement avec sa mère.
Durant ces échanges avec la professionnelle de la PJJ, j’ai pu remarquer qu’elle n’est pas la
seule à nous donner des informations puisque ma collègue et moi-même posons également
plusieurs questions et recherchons à détenir des informations sur ce jeune.
Dès lors que nous avons ces informations nous nous questionnons sur la responsabilité de les
détenir. Nous parlons avec notre chef de service des ces informations, et nous prenons la
décision dans référer à la RT étant donner qu’elle est la garante du parcours du jeune. Pour
nous, nous nous devons de la tenir informer puisque nous pensons que cela peut avoir un
impacte sur la décision lors du rendez-vous AED.
Dès lors, je me questionne sur la légitimité, l’éthique que nous avons à détenir des
informations sur une famille dont nous n’avons pas encore contractualisé la mesure. En effet,
je m’interroge sur la part de responsabilité des deux parties à donner et détenir des
informations qui peuvent potentiellement mettre en péril la mise en place d’un
accompagnement.
Avant notre rendez-vous avec les parents de Will, mon équipe et moi-même ne savons pas si
les professionnels de la PJJ ont prévenu les parents de Will de notre échange et des
informations que nous détenions à cet instant. Finalement, nous n’avons pas signé l’AED
pour Will, cependant, nous l’avons fait pour son petit frère. Je pense que la détention
d'informations sur ce jeune préalablement à notre rencontre avec son enivrement a pu en
quelque sorte orienter notre décision. De plus, Will n’étant pas présent durant la potentielle
signature de l’AED, nous n’avons pas pu nous faire une idée de ce jeune et nous nous
sommes basées uniquement sur les informations que nous détenions et les représentations qui
en découlaient.
Cette situation est venue m’interroger sur la question de la légitimité et de l’éthique. En effet,
lorsque je me suis questionnée sur ces deux termes, j’ai pu avoir des difficultés à comprendre
le sens de chacun et lequel répondrait au mieux à ma situation et mes questionnements. Je me
questionne également sur notre responsabilité à détenir ses informations sur Will sans qu’il
ne soit lui et sa famille mit au courant. Mais alors comment la famille peut nous percevoir si
elle apprend que nous détenons des informations qu’elle ne voulait pas forcément nous
transmettre ? Quelle est notre responsabilité et les conséquences face à notre service ? Quelle
est le rôle de la PJJ dans cette transmission d’information ?

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Suite à tous ces questionnements j’ai pu réfléchir à une problématique à laquelle j’essaierais
de répondre par la suite en mêlant théorie et pratique.
En quoi le partage d’information partenariale peut remettre en cause notre
accompagnement des familles ?

III. Les pistes d’analyse :


A) Légitimité ou éthique ?
Les notions de légitimité et d’éthique viennent m’interroger, je vais donc tenter de les
définir. J’ai étayé mes recherches autour de la notion l’éthique. D’après l’article d’Alain
BOUQUIN, l’éthique est pour lui « un ensemble de question, de pratiques, d’acteurs, qui
définissent en permanence les frontières de leurs activités. » (2019, dossier N°23), à savoir
que cet auteur c’est appuyé préalablement sur les dires d’Alexandre JAUNAIT.
Après mes lectures, j’ai pu comprendre que l’éthique se construit en plusieurs temps et se
nourrit de plusieurs choses comme par exemple nos valeurs personnelles. De plus, c’est une
manière d’assumer nos responsabilités professionnelles, dans le sens ou par l’éthique
j’assume mes choix et mes positionnements face à autrui. L’éthique se construit également
par et grâce à l’autre, c’est-à-dire que nous la créons aussi en fonction des valeurs
professionnelles que nous défendons et portons avec notre équipe et la structure dans laquelle
nous travaillons. Finalement, l’éthique s’est sans cesse se requestionner, adopter une posture
réflexive et analyser sa pratique professionnelle afin d’être dans une juste place dans la
transmission d’information.
Après lecture autour de la notion d’éthique, je vais désormais vous exposez mes
recherches autour de la légitimité. Le mot, « legitimus » provenant du latin qui signifie « fixé
par les lois ». Nous avons ensuite détourné ce terme afin qu’il puisse répondre au secteur
social. En effet, Brigitte BOUQUET dans son article définit la légitimité comme :
« conforme non seulement aux lois mais aussi à la morale, à la raison. » (2014, P.14). Nous
pouvons donc voir que la légitimité est au départ un terme juridique.
A ma place de futur travail social, je me questionne sur les moyens de transmettre ou
de prendre compte de la légitimité dans notre accompagnement. En effet, je pense que la
légitimité est quelque chose que l’institution nous donne. De plus, le cadre légal que nous
soutenons en tant que professionnels nous permettent d’intervenir auprès des personnes en
nous sentant légitime de cette intervention. Ce cadre nous donne la légitimité de pouvoir nous
exprimer sur sa situation et de l’accompagner en lui faisant par de nos analyses. Afin de nous

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sentir légitime il faut pour moi que plusieurs conditions soient réunies comme : notre
expérience professionnelle, nos compétences, l’institution dans laquelle nous évoluons.
Au regard de la personne accompagnée, je pense que la détention d’informations et le
transfert de celles-ci sans l’accord de la personne nous met en porte à faux avec l’usager et le
partenaire. Si nous nous référons à la loi de 2002-2 qui traite la participation des personnes
accompagnées, nous sommes pour moi aller à l’encontre de l’application de cette loi en ne
prévenant pas Will et sa famille que nous avions de nombreuses informations à leur encontre
sur leur problématique familiale.
Pour moi, il n’y a pas de choix à faire entre l’éthique et la légitimité puisque ces deux
notions apportent des éclairages sur ma situation partenariale. En effet, les deux notions ont
pu me questionner et me permettre d’analyser davantage ce qui s’est joué pour moi dans cet
échange d’information.
Afin d’analyser davantage ce qui s’est joué entre le partenaire et ma structure je vais
m’intéresser au terme de « curiosité », pour développer le rôle que l’AED à joué dans la
transmission d’information.

B) Les liens partenariaux


1) Communication partenariale
Je vais dans un premier temps parler de la relation partenariale avec la PJJ. En effet,
j’ai pu observer que pour cette relation, c’est l’AED qui prenait essentiellement contact avec
le partenaire. A contrario, La PJJ a pu me dire qu’elle n’avait pas cette intuition de prendre
contact avec nous. De plus, ils ne sont pas toujours au courant qu’une mesure administrative
est mise en place, contrairement aux mesures judiciaires. Cela peut pour moi, provoquer un
frein dans la communication entre l’AED et la PJJ. Je suis convaincu que si nous pouvions
plus facilement rentrer en lien, la communication ne serait que meilleure. Et cela serait
avantageux dans notre accompagnement commun pour l’intérêt du jeune et de la famille.
Afin d’introduire cette notion je me suis penchée sur la définition de cette notion dans
le sens commun. D’après le dictionnaire la communication est : « le fait de communiquer,
d’établir une relation avec quelqu’un, quelque chose. » (Petit Robert). La communication
permet donc en général de mettre en commun une information.
V. Chaudet : « La relation entre les interlocuteurs détermine la signification du message et
en modifie l’impact » (2019, P-236).

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Effectivement, après lecture de cette citation je m’aperçois qu’il est important de crée un lien
partenarial en amont, c’est-à-dire avant qu’une situation commune nous soit confiés. Afin,
d’être dans un lien horizontal et de pouvoir saisir ce que l’autre partenaire attend de cet
accompagnement.
Dans la situation exposée préalablement ma collègue et moi-même avons cherché à obtenir
des informations. En effet, je pense que nous avons été prises dans « une réaction
symétrique », cela signifie que l’éducatrice de la PJJ nous a donné des informations et par
« symétrie » nous sommes aller lui en demander.
Lors d’un entretien avec la mère de Will elle a pu exprimer qu’elle ne sentait pas écouter
auprès des professionnels de la PJJ. De plus, elle m’a exprimé qu’ils ne communiquent que
très peu avec elle sur l’avancer de la mesure. Il ne travaille que très peu avec la famille et
accompagne à l’inverse de l’AED d’après elle.

2) La curiosité dans l’accompagnement


Je vais vous parler ici de la curiosité puisque dans la situation que je vous ai exposée
je me suis sentie ainsi. Je me questionne, la curiosité est-elle vraiment une émotion
compatible avec notre métier ?
Je pense que cette curiosité doit être mesurée, il faut qu’elle soit utilisée à bon escient c’est-à-
dire tourné vers la personne et dans le but d’améliorer son accompagnement.
Pour étayer mes propos, je me suis basée sur une lecture de Monique LEANDRI-MARTIN.
Elle définit tout d’abord le mot « curieux », c’est un mot qui vient du latin « curiosus » cela
signifie « prendre soin, s’inquiété de ». Au fil du temps, la signification de ce mot à évoluer
et est devenu assez péjoratif « désireux de savoir, indiscret ».
Préalablement à cette lecture j’envisageais ce mot sous un angle péjoratif. Cependant,
Monique LEANDRI-MARTIN explique que curieux c’est être dans « une posture
d’ouverture », c’est aussi pouvoir se réinterroger, se mettre en mouvement. Elle associe le
mot curieux a la bienveillance. En effet, dans notre profession nous nous devons d’être dans
une posture bienveillante face à l’autre. Nous pouvons donc pour moi faire preuve de
curiosité durant l’accompagnement de la personne, cependant cela ne doit pas se transformer
en indiscrétion. Cependant, pour moi, nous aurions dû accepter dans cette situation de ne pas
« tout savoir » même si cela nous aurait peut-être empêché de comprendre pleinement la
situation de Will. C’est pour cela que je me questionne quant à mon échange avec la PJJ, qui
était pour moi de la curiosité et non de l’indiscrétion mais que dit la loi à ce propos ? quelles

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responsabilités avons-nous sur la détention d’information à propos de cette famille sans son
consentement ?

C) La collaboration entre les professionnels et une famille


Afin d’introduire davantage l’importance des lois dans la collaboration partenariale je
me suis appuyée sur l’entretien que j’ai effectué auprès de professionnel de la PJJ. J’ai pu
comprendre que l’AED et la PJJ peuvent être complémentaire si elles réussissent à collaborer.
Il est néanmoins important de prendre en compte les missions et le cadre très différents entre
ces deux structures. En effet, la protection judiciaire de la jeunesse travaille essentiellement
avec le jeune. Or, le service dans lequel j’effectue mon stage va plutôt être comme un
soutien, une écoute pour la personne et son environnement. Nous essayons de crée un lien de
confiance avec la famille et nous co-construisons avec eux l’accompagnement de leur enfant.
Dans certaine mesure nous devons travailler en pluridisciplinarité afin d’obtenir une pluralité
de regard et comprendre davantage d’éléments comme dans la situation que j’ai vécue.
Pour cette partie je me suis appuyée sur l’article 226-2-2 du code de « l'action sociale
et des familles ». Ce dernier explique qu’il nécessaire de remplir tous les critères. Il est par
exemple inscrit que les personnes exerçant une autorité parentale doivent être au courant des
information transmises entre les différentes structures. Une des éducatrice PJJ que j’ai
interrogé a pu me confier que la loi leur pose des restrictions. En effet, ils ne sont pas
autorisés à transmettre des informations à l’encontre de la volonté d’une personne. De ce fait,
nous n’avons pas les droits dans le partage d’information. Cet article nous explique
également que la transmission d’information n’est pas une obligation, elle repose sur la
conscience professionnelle et il faut que ce soit entrepris dans le seul but d’accompagner la
personne. Finalement, pour moi, il faut que cet échange d’information soit discuté avec la
famille pour qu’ils puissent comprendre le sens de cette transmission.

IV. Le positionnement professionnel


Durant l’échange avec l’éducatrice PJJ, j’ai pu être dans une posture de curiosité, dans
le sens où j’avais envie comprendre l’obligation pour Will d’aller en CER (centre éducatif
renforcé). De plus, nous maquions cruellement d’éléments sur le parcours familial et j’ai dans
un premier temps trouver cela intéressant d’en apprendre un peu plus. En effet, les dossiers
que nous avons reçu du CMS ne nous donnais que très peu de matière à analyser sur ce jeune.
Nous nous sommes donc saisis de cet échange pour en apprendre davantage. Néanmoins, par
la suite je me suis questionné sur mon futur positionnement face à la famille durant notre

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rencontre puisque je détenais des informations sur leur vie et ils n’en avaient pas
connaissance. De plus j’ai pu me rendre compte que la détention de ces connaissances sur la
famille me dérangeait énormément c’est pour cela que nous avons prit la décision avec ma
collègue de les transmettre à la RT. Pour moi, nous avons eu besoin de nous décharger de
cette responsabilité. Nous avons pu en discuter davantage en équipe et j’ai pu apprendre que
c’est un sujet qui revient régulièrement dans leur accompagnement et leurs relations
partenariales.
Cela m’interroge sur les informations que nous avons besoin de détenir ou non pour prendre
une décision et la potentielle influence de celles-ci sur notre choix.
Je pense que cette curiosité durant l’entretien avec la PJJ à créer un clivage avec la famille.
Effectivement, je ne me suis pas senti de leur expliquer que nous avions des informations qui
nous avaient été transmis sans leur accord puisque j’ai cherché aussi à avoir des informations
en questionnant l’éducatrice PJJ. Au final, informations qu’elle ne nous aurait peut-être pas
transmises si nous ne lui avions pas demandé.
Durant ma future carrière professionnelle je pense que je serais amené à me requestionner sur
le sujet du partage d’information entre les différents acteurs qui gravite autour d’une situation
d’accompagnement et la place de la famille dans celui-ci. Je pense qu’il aurait été facilitateur
de rencontrer la PJJ afin de les questionner sur cette situation et ce que nous avons pu
ressentir face aux parents de Will ayant des informations supplémentaires sur son dossier
sans qu’ils soient au courant. De plus, d’un ordre plus général, je trouve nécessaire
d’organiser des rencontres avec ce partenaire afin de comprendre les axes de travail, leurs
missions, de renforcer les liens partenariaux et donc la communication. Il me semble que les
questionnements qu’il est bon de faire persister tout au long de mes accompagnement sont
ceux : de la place que je laisse à la personne, de son intégrité dans l’accompagnement et de
comment je coconstruis le projet de la personne avec les partenaires qui l’entoure.

V. La conclusion :
Cet écrit m’a permis de réfléchir mon positionnement professionnel face à certaine
situation. De plus, de comprendre l’importance de la dynamique dans un partenariat. J’ai pu
avoir une vision plus large des liens que nous avons avec les acteurs qui nous entourent. J’ai
observé que parfois nous avons eu du mal a consolidé les relations partenariales même dans
le but d’être bienveillant et d’apporter des éclairages sur l’accompagnement de la personne.
Nous avons besoins de ces partenaires pour avancer dans un accompagnement, cela est

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indispensable au bon fonctionnement de l’institution et des liens créer avec l’usager. Pour
moi, il est aussi essentiel que nous puissions rencontrer les différents professionnels afin que
l’on puisse co-construire avec le partenaire et la famille. Ces rencontres peuvent avoir pour
but de comprendre davantage les missions des autres structures, mais aussi de consolider le
partenariat tout en élaborant dans une même direction. Nous n’aurons pas tous la même
finalité mais nous avons un objectif commun qui est d’accompagner au mieu la personne
dans le respect et la bienveillance.

Bibliographie :

 CHAUDET, V.(dir). (2019). Je réussis le DEES Diplôme d’état réformé d’éducateur spécialisé
adossé au grade licence. Elsevier Masson
 BOUQUET, B. (2014). La complexité de la légitimité. Vie sociale, (8), 13-23
 LEANDRI-MARTIN, M. (2010). (S’) accueillir avec une « bienveillance curiosité » : l’ABC du
« contacter ». Cahier de Gestalt-thérapie, (25), 7-32
 ROSENCZVEIG, J-P, VERDIER, P, DAADOUCH, C. (2016). Le secret professionnel en travail
social et médico-social. Dunod

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