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Session 2022
Dossier écrit
Epreuve de certification bloc 8
Analyse d’une situation partenariale
I. L’institution
A) Le service :
J’effectue mon stage de deuxième année au sein du service aide éducative à domicile
(AED). Ce service représente une mesure administrative de la protection de l’enfance. Il
découle des missions de la direction enfance famille du département.
Le département est le financeur et le gestionnaire. Le financement est public, il provient
d’une enveloppe votée et destinée à la protection de l’enfance.
Au sein de ce service, nous signons un contrat avec les parents et la responsable territorial
(RT) et établissons un Projet Pour l’Enfant (PPE) pour une durée qui peut aller de 6 mois a 1
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an renouvelable. Le public qui peut prétendre à une AED est les familles avec des enfants de
0 à 17 ans. Dès lors que le contrat est signé nous intervenons dans les familles à peu près
toutes les 3 semaines. Notre accompagnement est basé sur des entretiens au domicile des
parents, nous pouvons proposer des entretiens au sein de nos locaux et a l’extérieur. Nous
pouvons rencontrer les parents, les enfants et les personnes qui gravite autour de la famille.
Ce service a pour mission d’organiser la mise en œuvre du PPE décidé par la RT (responsable
territoriale). En effet, nous mettons en place l’accompagnement éducatif à domicile, le suivi
des jeunes majeurs et des mineurs relevant d’une prise en charge sans hébergement. Le
service participe également à l’observation des besoins et à l’évaluation des actions. Il
développe des actions collectives de soutien des compétences parentales.
Pour remplir toutes ces missions nous travaillons avec une équipe pluridisciplinaire.
Elle se compose comme ceci :
- Une cheffe de service domicile
- Une secrétaire
- Une psychologue à mi-temps
- Six assistants socio-éducatifs (assistant de service social ou éducateur spécialisé)
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ce qui se réfère au droit commun, ainsi que, l’éducation nationale et les assistants services
sociaux des écoles. Avec ces partenaires il n’y a pas de convention signée. Le partenariat
avec l’éducation nationale se met en place à partir du moment où il y’a un besoin dans
l’accompagnement des familles. Pour le CMS qui fait partie du département, nous avons le
devoir de répondre aux droits communs des personnes si cela répond à leurs besoins. Nous
sommes confrontées a des limites avec ces deux partenaires, puisque dans certaine situation il
nous ait complexe de rentrer en communication, de nous accorder et nous coordonner sur les
missions de chacun auprès des personnes accompagnées. Si nous ne réussissons pas à trouver
de point d’accord avec le partenaire, alors nous discutons en équipe AED de ce que nous
pouvons mettre en place afin de répondre à nos missions tout en prenant en compte la
personne.
Lors d’un accompagnement nous nous somme heurter à une ASS (assistante de service
social) du CMS avec qui nous avons eu du mal à définir les rôles de chacun. Nous avons pu
avoir un rendez-vous avec cette dernière afin de réussir à se coordonner. Néanmoins, malgré
ces limites que nous pouvons rencontrer avec les partenaires, nous réussissons dans la plupart
des situations à rentrer en lien et se rencontrer afin de co-construire notre action éducative.
Nous pouvons également faire des liens avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et
travailler ensemble dans l’accompagnement des objectifs du PPE, également s’il y’a une
mesure posée. Ce qui a pu poser problème dans notre travail en partenariat avec ce service
c’est que nous ne connaissons que très peu les professionnels. De plus, j’ai pu remarquer que
nous avons des représentations sur ce service comme le fait que nous ne soyons pas
compatibles dans nos accompagnements puisque cela inclut le côté judiciaire alors que nous
posons des mesures administratives, cela fait pour moi confrontation dans nos missions étant
donné que nous ne connaissons pas les leur. Mais alors est-ce qu’une mesure administrative
est compatible avec un accompagnement judiciaire ?
De plus, dans certaines situations nous pouvons être amenés à travailler avec des structures
adaptées comme le Dispositif Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (DITEP), le
Service d’Education Spéciale et de Soin A Domicile (SESSAD) et le dispositif
d’accompagnement pour les mineurs en surpoids (PREO). Dans les échanges avec ces
structures nous somme essentiellement présent pour coordonner les informations. Puisque ces
services sont totalement différents du notre en termes de missions il nous ait plus simple de
travailler avec eux puisque chacun reste dans le cadre de son accompagnement et leur
fonction. Cependant, j’ai pu remarquer qu’avec PREO nous avons plus de mal à collaborer.
En effet, pour moi, ils ne prennent pas suffisamment en compte la problématique familiale de
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la personne et l’accompagne comme s’il n’y avait pas de mesure de protection de l’enfance.
Je pense qu’il est important de prendre en compte l’environnement complet de l’usager dans
son accompagnement si non nous prenons le risque de passer à côté de certaines pistes
d’analyse.
C) Ma définition du partenariat :
La définition du partenariat est propre à chaque professionnel et structure. Pour moi,
le partenaire se définit comme un travail en équipe qui peut favoriser une pluralité de regard
sur les situations et donc permettre de répondre au mieux aux besoins des personnes
accompagnées. Le partenariat est indispensable afin d'éviter la toute-puissance des
professionnels. Par toute puissance j’entends le fait qu’un professionnel s’il travaille dans
l’isolement d’une équipe va avoir l’impression qu’il est le seul à pouvoir trouver des
solutions et à contrario la personne accompagnée va être dépendant du professionnel. Durant
la lecture d’un ouvrage, une phrase m’a fait écho “interdire ces échanges serait condamner le
travail social moderne et renvoyer les travailleurs sociaux à leur solitude d’antan quand
chacun sait que le plus souvent aucun ne peut tout seul régler la situation à laquelle il est
confronté.” (J-P. ROSCENCZVEIG, P. VERDIER, C. DAADOUCH, 2016, P- 102). Cette
citation démontre que le travail en partenariat et en équipe est indispensable dans un
accompagnement.
II. Situation
Je vais vous exposer la situation que j’ai vécu durant un entretien avec une
professionnelle de la PJJ afin d’avoir des informations sur un jeune que nous accompagnons.
Après de longs échanges nous finissons par parler des différentes missions de nos structures.
Au fil, de cette discussion, cette professionnelle vient à nous parler d’une situation, celle d’un
jeune garçon que nous nommerons Will. Il se trouve justement que nous avions reçu son
dossier et que nous allions avoir un rendez-vous avec la RT (responsable territoriale) afin de
nous accorder sur la potentielle mise en place d’une AED. Nous avions donc seulement
connaissance de l’évaluation du CMS qui a pu nous apporter quelques informations sur
l'histoire de ce jeune et sa famille.
Durant cet entretien, l'éducatrice PJJ nous a confié des informations sur le jeune : il a une
mesure PJJ qu’il n’a pas effectuée puisque d’après ces dires les parents de Will ne se
rendaient pas disponible lors des rendez-vous posés. De ce fait Will a eu pour obligation
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d'intégrer un Centre Éducatif Renforcé (CER), dans lequel il s’est rendu durant 4 mois. De
plus, nous apprenons quelle est la nature de ses relations avec son environnement familial et
plus particulièrement avec sa mère.
Durant ces échanges avec la professionnelle de la PJJ, j’ai pu remarquer qu’elle n’est pas la
seule à nous donner des informations puisque ma collègue et moi-même posons également
plusieurs questions et recherchons à détenir des informations sur ce jeune.
Dès lors que nous avons ces informations nous nous questionnons sur la responsabilité de les
détenir. Nous parlons avec notre chef de service des ces informations, et nous prenons la
décision dans référer à la RT étant donner qu’elle est la garante du parcours du jeune. Pour
nous, nous nous devons de la tenir informer puisque nous pensons que cela peut avoir un
impacte sur la décision lors du rendez-vous AED.
Dès lors, je me questionne sur la légitimité, l’éthique que nous avons à détenir des
informations sur une famille dont nous n’avons pas encore contractualisé la mesure. En effet,
je m’interroge sur la part de responsabilité des deux parties à donner et détenir des
informations qui peuvent potentiellement mettre en péril la mise en place d’un
accompagnement.
Avant notre rendez-vous avec les parents de Will, mon équipe et moi-même ne savons pas si
les professionnels de la PJJ ont prévenu les parents de Will de notre échange et des
informations que nous détenions à cet instant. Finalement, nous n’avons pas signé l’AED
pour Will, cependant, nous l’avons fait pour son petit frère. Je pense que la détention
d'informations sur ce jeune préalablement à notre rencontre avec son enivrement a pu en
quelque sorte orienter notre décision. De plus, Will n’étant pas présent durant la potentielle
signature de l’AED, nous n’avons pas pu nous faire une idée de ce jeune et nous nous
sommes basées uniquement sur les informations que nous détenions et les représentations qui
en découlaient.
Cette situation est venue m’interroger sur la question de la légitimité et de l’éthique. En effet,
lorsque je me suis questionnée sur ces deux termes, j’ai pu avoir des difficultés à comprendre
le sens de chacun et lequel répondrait au mieux à ma situation et mes questionnements. Je me
questionne également sur notre responsabilité à détenir ses informations sur Will sans qu’il
ne soit lui et sa famille mit au courant. Mais alors comment la famille peut nous percevoir si
elle apprend que nous détenons des informations qu’elle ne voulait pas forcément nous
transmettre ? Quelle est notre responsabilité et les conséquences face à notre service ? Quelle
est le rôle de la PJJ dans cette transmission d’information ?
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Suite à tous ces questionnements j’ai pu réfléchir à une problématique à laquelle j’essaierais
de répondre par la suite en mêlant théorie et pratique.
En quoi le partage d’information partenariale peut remettre en cause notre
accompagnement des familles ?
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sentir légitime il faut pour moi que plusieurs conditions soient réunies comme : notre
expérience professionnelle, nos compétences, l’institution dans laquelle nous évoluons.
Au regard de la personne accompagnée, je pense que la détention d’informations et le
transfert de celles-ci sans l’accord de la personne nous met en porte à faux avec l’usager et le
partenaire. Si nous nous référons à la loi de 2002-2 qui traite la participation des personnes
accompagnées, nous sommes pour moi aller à l’encontre de l’application de cette loi en ne
prévenant pas Will et sa famille que nous avions de nombreuses informations à leur encontre
sur leur problématique familiale.
Pour moi, il n’y a pas de choix à faire entre l’éthique et la légitimité puisque ces deux
notions apportent des éclairages sur ma situation partenariale. En effet, les deux notions ont
pu me questionner et me permettre d’analyser davantage ce qui s’est joué pour moi dans cet
échange d’information.
Afin d’analyser davantage ce qui s’est joué entre le partenaire et ma structure je vais
m’intéresser au terme de « curiosité », pour développer le rôle que l’AED à joué dans la
transmission d’information.
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Effectivement, après lecture de cette citation je m’aperçois qu’il est important de crée un lien
partenarial en amont, c’est-à-dire avant qu’une situation commune nous soit confiés. Afin,
d’être dans un lien horizontal et de pouvoir saisir ce que l’autre partenaire attend de cet
accompagnement.
Dans la situation exposée préalablement ma collègue et moi-même avons cherché à obtenir
des informations. En effet, je pense que nous avons été prises dans « une réaction
symétrique », cela signifie que l’éducatrice de la PJJ nous a donné des informations et par
« symétrie » nous sommes aller lui en demander.
Lors d’un entretien avec la mère de Will elle a pu exprimer qu’elle ne sentait pas écouter
auprès des professionnels de la PJJ. De plus, elle m’a exprimé qu’ils ne communiquent que
très peu avec elle sur l’avancer de la mesure. Il ne travaille que très peu avec la famille et
accompagne à l’inverse de l’AED d’après elle.
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responsabilités avons-nous sur la détention d’information à propos de cette famille sans son
consentement ?
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rencontre puisque je détenais des informations sur leur vie et ils n’en avaient pas
connaissance. De plus j’ai pu me rendre compte que la détention de ces connaissances sur la
famille me dérangeait énormément c’est pour cela que nous avons prit la décision avec ma
collègue de les transmettre à la RT. Pour moi, nous avons eu besoin de nous décharger de
cette responsabilité. Nous avons pu en discuter davantage en équipe et j’ai pu apprendre que
c’est un sujet qui revient régulièrement dans leur accompagnement et leurs relations
partenariales.
Cela m’interroge sur les informations que nous avons besoin de détenir ou non pour prendre
une décision et la potentielle influence de celles-ci sur notre choix.
Je pense que cette curiosité durant l’entretien avec la PJJ à créer un clivage avec la famille.
Effectivement, je ne me suis pas senti de leur expliquer que nous avions des informations qui
nous avaient été transmis sans leur accord puisque j’ai cherché aussi à avoir des informations
en questionnant l’éducatrice PJJ. Au final, informations qu’elle ne nous aurait peut-être pas
transmises si nous ne lui avions pas demandé.
Durant ma future carrière professionnelle je pense que je serais amené à me requestionner sur
le sujet du partage d’information entre les différents acteurs qui gravite autour d’une situation
d’accompagnement et la place de la famille dans celui-ci. Je pense qu’il aurait été facilitateur
de rencontrer la PJJ afin de les questionner sur cette situation et ce que nous avons pu
ressentir face aux parents de Will ayant des informations supplémentaires sur son dossier
sans qu’ils soient au courant. De plus, d’un ordre plus général, je trouve nécessaire
d’organiser des rencontres avec ce partenaire afin de comprendre les axes de travail, leurs
missions, de renforcer les liens partenariaux et donc la communication. Il me semble que les
questionnements qu’il est bon de faire persister tout au long de mes accompagnement sont
ceux : de la place que je laisse à la personne, de son intégrité dans l’accompagnement et de
comment je coconstruis le projet de la personne avec les partenaires qui l’entoure.
V. La conclusion :
Cet écrit m’a permis de réfléchir mon positionnement professionnel face à certaine
situation. De plus, de comprendre l’importance de la dynamique dans un partenariat. J’ai pu
avoir une vision plus large des liens que nous avons avec les acteurs qui nous entourent. J’ai
observé que parfois nous avons eu du mal a consolidé les relations partenariales même dans
le but d’être bienveillant et d’apporter des éclairages sur l’accompagnement de la personne.
Nous avons besoins de ces partenaires pour avancer dans un accompagnement, cela est
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indispensable au bon fonctionnement de l’institution et des liens créer avec l’usager. Pour
moi, il est aussi essentiel que nous puissions rencontrer les différents professionnels afin que
l’on puisse co-construire avec le partenaire et la famille. Ces rencontres peuvent avoir pour
but de comprendre davantage les missions des autres structures, mais aussi de consolider le
partenariat tout en élaborant dans une même direction. Nous n’aurons pas tous la même
finalité mais nous avons un objectif commun qui est d’accompagner au mieu la personne
dans le respect et la bienveillance.
Bibliographie :
CHAUDET, V.(dir). (2019). Je réussis le DEES Diplôme d’état réformé d’éducateur spécialisé
adossé au grade licence. Elsevier Masson
BOUQUET, B. (2014). La complexité de la légitimité. Vie sociale, (8), 13-23
LEANDRI-MARTIN, M. (2010). (S’) accueillir avec une « bienveillance curiosité » : l’ABC du
« contacter ». Cahier de Gestalt-thérapie, (25), 7-32
ROSENCZVEIG, J-P, VERDIER, P, DAADOUCH, C. (2016). Le secret professionnel en travail
social et médico-social. Dunod
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