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Juin 2010

ASSOCIATION FRANÇAISE DES JURISTES D’ENTREPRISE

dossier spécial :
fusions-acquisitions

DOSSIER Entretien
Paris, capitale mondiale La défense de la Propriété Intellectuelle,
de l’arbitrage un sujet citoyen !
Interview de Gilles Mauduit, arbitre Entretien avec Christian Peugeot, Directeur central du
international et Président d’honneur de l’AFJE Marketing Peugeot SA, Président de l’UNIFAB
éditorial

L
a compétence, encore et toujours !
Parmi les disciplines qui illustrent le rôle-clé joué par les juristes d’aujourd’hui,
celle des fusions-acquisitions arrive en bonne place. Souvent qualifiée de noble –
mais loin d’être la seule dans ce cas – cette matière est le domaine d’élection de bon
nombre de grands cabinets d’avocats.
Dans ce domaine comme dans les autres disciplines du Droit des affaires, le juriste
d’entreprise a, lui aussi, sa place à tenir. Ce qui est ici attendu de lui, c’est une véritable
multi-compétence ainsi qu’une capacité à gérer la complexité au sein d’une équipe
pluridisciplinaire. Qu’il s’agisse de Droit des sociétés, de Droit boursier, de Droit
des contrats, de règlementation économique ou encore de Droit social, les fusions-
acquisitions se situent au confluent de la plupart des disciplines juridiques. Depuis
les due diligences jusqu’à la conclusion de l’accord, en passant par la formalisation
souvent délicate des garanties de passif, le juriste d’entreprise doit savoir naviguer
au milieu d’un océan de paramètres parfois abscons. Il est au cœur du dossier. Bien
comprendre, synthétiser, discerner l’essentiel, tels sont les défis auxquels le confrontent
les opérations complexes.
Les très intéressants témoignages fournis pas nos collègues qui ont contribué à ce
numéro font foi de la nécessité pour les juristes d’entreprise d’acquérir la maîtrise de
concepts que leur formation juridique ne leur a pas toujours enseigné, en particulier
dans les domaines de la finance, du marketing et du management. Les écoles et
universités ont bien compris cette demande de multi-compétences et de leadership.
Bon nombre d’entre elles intègrent désormais dans leur cursus des formations 1
extra-juridiques. Mais, au-delà, c’est un véritable leadership qu’on attend du juriste
d’entreprise. Dès lors en effet que lui revient la mission de présider à la formalisation de
l’accord, c’est bien souvent de sa capacité à asseoir son autorité que dépend le succès
de l’opération. Les chefs d’entreprise l’ont bien compris : il n’est plus rare, aujourd’hui,
que le juriste se voie confier le rôle de coordination des opérations, voire même des
pouvoirs de direction sur les autres services concernés par la transaction.
Il est fréquent que les litiges liés aux affaires de fusion-acquisition se trouvent portés
devant des arbitres. Ainsi la combinaison, dans ce numéro, des thèmes de l’arbitrage et
des fusions-acquisitions n’est-elle pas neutre. Le témoignage de Gilles Mauduit, arbitre
réputé et Président d’honneur de notre association, montre s’il en est besoin à quel
point l’expérience d’un juriste d’entreprise peut être source d’opportunités.
Avec ce sixième numéro de Juriste d’Entreprise Magazine, nous en revenons toujours
au même thème : la compétence. C’est à nos compétences que nous devons notre
position dans l’entreprise. C’est en raison de ces compétences, et non par l’effet d’un
statut professionnel réglementé, que notre métier existe aujourd’hui, et continue de se
développer.
Sachons faire reconnaître et propager cette vérité.

Jean-Charles Savouré
Président de l’AFJE

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


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sommaire

p. 1 éDITORIAL
Par Jean-Charles Savouré
P. 4 ENTRETIEN
La défense de la Propriété Intellectuelle, un sujet citoyen !
Entretien avec Christian Peugeot
p. 6 Dossier : fusion-acquisition
p. 7 Le juriste d’entreprise au cœur des opérations stratégiques
Par Jean-Yves Trochon
p. 12 “We have a deal!”
Par Edouard Silvério
p. 14 Les opérations d’acquisitions cessions
N° 6 – Juin 2010 Par Jean-Marc Loncle
p. 16 Métier : expert en fusions acquisitions
2ème Année
Par Neil Curtis
Publication trimestrielle p. 17 Pacman à Paname
Numéro tiré à 5 000 exemplaires Par Alain-Marc Irissou, Président d’honneur de l’AFJE
p. 19 10 questions au Professeur Bertrel
Editeur : Par Luc Athlan, Vice-président de l’AFJE
Association Française des Juristes
d’Entreprise p. 23 Paris, Capitale mondiale de l’arbitrage
Association Loi 1901 Entretien avec Gilles Mauduit
9, rue du Faubourg Poissonnière
75009 Paris P. 28 Point de vue
tél. : 01 42 61 53 59 Quand la délégation de pouvoirs ne suffit pas à exonérer le dirigeant...
fax : 01 42 61 01 61 Par Brigitte Brom
www.afje.org Le développement durable, un engagement stratégique auquel participe la filière
Directeur de la publication : juridique 3
Jean-Charles Savouré Entretien avec Sandra Lagumina

Rédactrice en chef : p. 35 Chronique Formation des juristes d’entreprise


Anne Laure Paulet Focus sur l’École de Droit et de Management de l’Université Paris II Panthéon-Assas
Secrétaire de rédaction : Entretien avec le Professeur Jérôme Duval-Hamel
Gaëlle Touffette p. 37 Chronique initiative
Journaliste : Le Prix AFJE
Juliette Loir Point de vue de Luc Athlan
Responsable technique : Prix AFJE : Une relève assurée !
Sophie Rigal Entretien avec Vincent Briand
Retour sur expérience d’une candidate au Prix AFJE
Ont collaboré à ce numéro : Sophie Delplanke, étudiante à Paris II
Philippe Coen
Rémy Sainte Fare Garnot P. 40 CULTURE juridique
Jean-David Sichel La fonction juridique chez TBWA : vélocité et réactivité
Hervé Delannoy Par Jean-David Sichel
Catherine Roux Rubrique suivie par Christophe Roquilly, professeur à EDHEC Business School et Rémy Sainte
Luc Athlan Fare Garnot
Maquette :
Laetitia Langlois
P. 42 CULTURE
Livres
Photographie :
Exposition
Gettyimages
Caroline Doutre Cinéma
Edition et Régie Publicitaire : P. 46 ATELIERS DE L’AFJE
FFE
18 av. Parmentier p. 47 ACTUALITés AFJE
75011 Paris Communiqué AFJE : Projet de rapprochement des professions de juristes
Isabelle De La Redonda d’entreprise-avocats
Tél. : 01 53 36 20 42 L’équipe de l’AFJE se renforce
i.redonda@ffe.fr
Edition de l’annuaire AFJE 2010 – Un partenariat Wolters Kluwer
Imprimeur :
Chirat-42 p. 52 AGENDA
Les évènements que l’AFJE organise pour vous !

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Entretien | La défense de la Propriété Intellectuelle, un sujet citoyen !

La défense de la Propriété
Intellectuelle, un sujet citoyen !
Entretien avec Christian Peugeot, Directeur central du Marketing Peugeot
SA, Président de l’UNIFAB (UNIon des FABricants)

Récemment élu Président de l’Union des


Fabricants (UNIFAB), Christian Peugeot répond
aux questions du Juriste d’Entreprise Magazine.

Quel est la place des juristes au sein du


groupe auquel vous appartenez ?
4
La Direction Juridique de notre groupe auto-
mobile mondial est intégrée dans un Secréta-
riat Général qui regroupe également les affaires
publiques. La prise en compte de la sensibilité
juridique des différentes zones mondiales (anglo-
saxonne et maintenant chinoise notamment) est
Christian Peugeot une des difficultés de notre groupe industriel.
« Vérité en-deçà, erreur au-delà ». L’idée générale
est de construire des relations solides dans nos
partenariats et relations, pour éviter de ne traiter
les sujets qu’en réactivité et limiter les risques de
contentieux de toute sorte.

UNIFAB en quelques mots…


Créée en 1872, l’UNIon des FABricants (UNIFAB), association française reconnue d’utilité publique, regroupe plus de 300 entreprises issues
de l’intelligence, de la tradition et de la publicité, et des plus grandes fédérations professionnelles. Elle promeut la protection internationale
de la propriété intellectuelle et lutte contre la contrefaçon en menant des opérations de lobbying, de formation et de sensibilisation.
Ses missions : agir auprès des instances nationales et internationales pour améliorer la protection des titulaires de droit et tendre vers
une meilleure application des lois sur la propriété intellectuelle. Elle publie des rapports et dossiers qui viennent en support de ses argu-
ments, participe à de nouveaux groupes de travail (CNAC, OMD, OMPI, Interpol…) et collabore à de nombreux travaux de la Commission
européenne.
Sensibiliser le consommateur et les spécialistes pour qu’ils prennent réellement conscience des conséquences sociales, économiques et
commerciales, environnementales et criminelles de la contrefaçon. Elle organise notamment des campagnes d’information, des événe-
ments comme la Journée Mondiale Anti-Contrefaçon et le Forum Européen de la Propriété Intellectuelle, anime le Musée de la Contrefaçon
à Paris, et assure l’information continue des médias en matière de propriété intellectuelle.

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


La défense de la Propriété Intellectuelle, un sujet citoyen ! | Entretien

Qu’attendez-vous d’un juriste en termes çon est tout à fait réelle et l’engagement pris au
d’esprit, d’approche, de créativité ? conseil d’administration de l’Unifab depuis 1997
témoigne de l’importance de ce sujet. La lutte
Comme dans tous les services, la qualité d’un ser- contre la contrefaçon n’est plus l’affaire d’une
vice juridique se mesure au potentiel des hommes industrie mais de l’économie toute entière, plus
et des femmes qui le composent. L’application celle d’un pays, mais celle du monde.
d’un texte, la référence à une directive comme
simple justification, l’interprétation littérale d’un Que comptez-vous faire dans le cadre de
jugement ne sont plus suffisants. Il s’agit désor- votre mandat de président de l’Union des
mais d’identifier les risques, d’avoir une percep- Fabricants ?
tion prospective des dossiers et d’analyser les
évolutions législatives. Il faut aussi savoir s’adap- Je compte poursuivre l’excellent travail de mobi-
ter aux besoins de l’entreprise qui peuvent être lisation déjà entrepris depuis quelques années au
extrêmement différents en fonction de sa taille, sein de l’Unifab tout en proposant de nouvelles
ses marchés, ses objectifs… pistes à explorer. Elles concerneront par exem-
ple le renouvellement partiel du conseil d’admi-
Quelle est l’importance de la lutte contre la nistration que nous allons étoffer et diversifier,
piraterie pour vous ? l’implication d’entreprises jusque là timides sur
le sujet de la lutte contre la faux mais également
La lutte contre le faux est aujourd’hui une néces- une présence renforcée auprès des institution-
sité non seulement pour l’entreprise mais éga- nels nationaux et européens et une politique de
lement pour les consommateurs et les États. Il communication diversifiée.
ne s’agit plus de protéger des marques et des
marges mais de penser à la santé et à la sécurité Pourquoi est-il important pour un
du consommateur, au développement durable, ayant-droit de se battre auprès de vous 5
à l’emploi, et d’empêcher l’accroissement des à l’Union des Fabricants ?
réseaux criminels qui ont trouvé en cette activité
illicite de nouvelles ressources financières. C’est Tout d’abord parce que l’Unifab est une associa-
la raison pour laquelle la mobilisation contre le tion en perpétuelle évolution qui permet à chacun
faux doit être l’affaire de tous. de ses adhérents de s’exprimer et de voir ses
problématiques mises à l’ordre du jour, l’expé-
Pourquoi êtes vous engagé auprès de rience des uns servant souvent aux autres. Mais
l’Union des Fabricants ? surtout car l’Unifab dispose d’un réseau important
en France et à l’étranger qu’elle met à disposition
La défense de la propriété intellectuelle est un de ses membres. Ainsi une entreprise adhérente
sujet citoyen important et il est essentiel que des à l’Unifab est toujours accompagnée et soutenue
industriels issus de tous les secteurs d’activité dans ses démarches afin d’obtenir satisfaction et
se mobilisent contre le faux. Au sein de PSA la dispose ainsi d’une écoute plus attentive. Enfin, je
conscience des enjeux de la lutte anti-contrefa- ne vous apprends rien, l’union fait la force et une
association a toujours besoin de pouvoir s’appuyer
sur des membres nombreux, représentatifs et
l’UNIFAB en quelques dates régulièrement renouvelés afin d’être la plus solide
et influente possible. C’est une réalité que nous
1872 : date de création constatons tous les jours alors que nous repré-
1877 : reconnue d’utilité publique sentons les intérêts de nos adhérents auprès des
1891 : participation à l’arrangement de Madrid instances publiques comme des médias.
1951 : création du musée de la Contrefaçon
■ Philippe Coen, administrateur de l’AFJE.
1968 : Convention de Paris
1998 : création du Forum européen de la propriété intellectuelle Site internet :
1999 : création de la Journée Mondiale anti-contrefaçon www.unifab.com
2005 : signature de la charte contre le faux avec les mairies de France
Coordonnées :
2009 : signature de la charte Brochand Sirinelli sur le commerce 16 rue Faisanderie 75116
électronique. Tél : 01.56.26.14.00

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


fusions-acquisitions

dossier spécial :
fusions-acquisitions

Les opérations de fusions-acquisitions sont au cœur de la stratégie de développement


des entreprises. Les Directions Juridiques sont de plus en plus souvent impliquées
très en amont dans ces projets, aux stades de la conception et de la validation de leur
faisabilité juridique. Elles sont ensuite partie intégrante de leur équipe de négociation,
responsables de la rédaction des accords et du processus de levée des conditions
suspensives, en particulier les approbations requises des autorités de concurrence.

p. 7 Le juriste d’entreprise au cœur des opérations stratégiques


Par Jean-Yves TROCHON, administrateur de l’AFJE, co-auteur de « Pratique des
négociations dans les rapprochements d’entreprises », Editions EFE, 2ème Edition 2010
p. 12 “We have a deal!”
Par Edouard Silvério
p. 14 Les opérations d’acquisitions cessions
Par Jean-Marc LONCLE, Directeur Juridique Contrats Industriels Veolia Environnement
p. 16 Métier : expert en fusions acquisitions
Par Neil Curtis, Solicitor irlandais, Membre du Law Society of Ireland, du Law Society of
England and Wales ainsi que de l’AFJE
p. 17 Pacman à Paname
Par Alain-Marc Irissou, Président d’honneur de l’AFJE
p. 19 10 questions au Professeur Bertrel
Par Luc Athlan, Vice-président de l’AFJE

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Le juriste d’entreprise au cœur des opérations
“We have a deal” | Fusions-Acquisitions
stratégiques

Le juriste d’entreprise au cœur des


opérations stratégiques
Par Jean-Yves Trochon, administrateur de l’AFJE, co-auteur de « Pratique
des négociations dans les rapprochements d’entreprises », Editions EFE,
2ème Edition 2010

dentialité et en appui de la Direction Générale


lors des réflexions stratégiques préparatoires à
de telles opérations, notamment pour valider les
aspects essentiels de leur faisabilité : structuration,
financement, acceptabilité au regard du droit des
concentrations ou du Droit boursier, etc.

Au cours des dernières décennies, la plupart des


grandes (et souvent moyennes) entreprises se sont
dotées d’équipes spécialisées dans les fusions et
acquisitions, le plus souvent pour accompagner
leur croissance internationale. Qu’ils consacrent 7
tout ou partie de leur temps à ces opérations (ce
qui fût moins le cas au cours des derniers mois,
du fait de la crise), les juristes d’entreprise sont
devenus au fil du temps les conseils privilégiés
des directions générales et les interlocuteurs
naturels des avocats d’affaires retenus, lorsque
la dimension de l’opération le justifie.

Ils ont souvent acquis leur première expérience en


Jean-Yves Trochon cabinets d’avocats, mais la plupart ont effectué
l’essentiel de leur carrière dans une ou plusieurs
Le rôle du juriste d’entreprise dans les opérations entreprises et ont participé à leur développement
de rapprochements d’entreprises n’a cessé de au travers d’opérations de croissance externe. Ils
croître au cours des dernières années.Il est au ont généralement exercé différents métiers dans
cœur d’une équipe de négociation pluridisciplinaire l’entreprise, car la diversité d’expériences au sein
et maître d’œuvre de la rédaction des accords en de la fonction juridique (contractuel, corporate,
partenariat étroit avec les cabinets d’avocats. concurrence, social, fiscal, etc) est un atout décisif
pour réussir dans ce domaine. Ce faisant, ils ont
Les opérations de fusions-acquisitions rythment acquis une connaissance intime de la stratégie,
la vie des groupes d’entreprises, parfois dans des enjeux financiers, des produits et surtout des
un fracas médiatique qui dramatise leurs moti- hommes et des femmes de leur entreprise.
vations et leurs conséquences (« risque de casse
sociale », « stratégie de prédateurs », « jeu d’échec Souvent localisés dans les holdings des groupes,
entre grands patrons », etc). ils travaillent en symbiose permanente avec les
opérationnels, avec le souci permanent de la
Au cœur de telles opérations se trouvent les juris- discrétion et de l’efficacité. Car ces opérations
tes de l’entreprise : qu’ils soient ceux de l’acqué- n’aboutissent pas toujours, et il est impératif de
reur, de la cible, ou des entreprises qui envisagent garantir la plus grande confidentialité des négo-
de fusionner « entre égaux », ils interviennent en ciations, y compris au sein de l’entreprise, a for-
général très en amont, dans la plus stricte confi- tiori lorsque les entreprises sont cotées et que

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fusions-acquisitions | Le juriste d’entreprise au cœur des opérations stratégiques

l’opération envisagée conduirait à la cession ou critique mondiale, acquisitions de savoir-faire en


au rapprochement d’une filiale de l’entreprise. matière d’innovation, génération de synergies
et d’économies de coûts, accès à de nouveaux
Les relations des juristes d’entreprise avec les marchés, etc.
cabinets d’avocat externes sont des relations
de partenariat. Les cabinets conseil sont parfois En outre, on observe que ces stratégies s’ancrent
choisis après consultation organisée par la Direc- de plus en plus dans la recherche par les entrepri-
tion Juridique, même si la relation de confiance ses françaises d’acquisitions ou de partenariats
entre le juriste d’entreprise et l’avocat demeure la dans les pays en forte croissance, c’est-à-dire les
règle d’or, de sorte que les choix restent encore pays émergents. Dès lors, les négociations sont
très personnels. Ce partenariat permet de maxi- rendues plus complexes sous l’effet conjugué de
miser les chances de succès d’une opération, plusieurs facteurs : diversité de droits applicables,
et de gagner un temps précieux, car le juriste différences d’approches culturelles (rapport au
d’entreprise, au cœur d’un réseau complexe « temps » de la négociation, sensibilité aux ques-
d’interlocuteurs, doit être capable de traduire tions de confidentialité, appréciation de la valeur
des contraintes juridiques souvent très comple- de la parole donnée, etc), multiplicité des « points
xes au sein de « l’éco-système économique » de d’impacts de l’opération » et des autorisations à
son entreprise. En revanche, l’appui d’une petite obtenir. Sur ce dernier point, il est intéressant de
équipe dédiée d’un cabinet d’avocat reste souvent constater que la notion d’autorisation adminis-
indispensable, tant la charge de travail nécessitée trative n’a pas la même valeur selon les pays, la
par la négociation et la rédaction de tels accords dimension politique risquant dans bien des cas
est souvent lourde et intense. d’affaiblir la sécurité juridique requise pour finali-
ser ces opérations.
Le juriste d’entreprise est donc maitre d’œuvre
8 de l’ensemble des aspects juridiques du dossier : Quel que soit le volume des transactions réalisées,
mise en place du cadre de la négociation (accords le nombre des négociations non abouties reste
de confidentialité, lettres d’intention, exclusivité de quant à lui toujours très élevé, car les négociations
négociation), organisation des « Due Diligences » aboutissent à des accords dans seulement un cas
et des « Data Rooms », rédaction et/ou validation sur 5 environ. Or, les risques juridiques naissent
des accords (eg contrats d’acquisition, « repre- plus souvent des négociations qui échouent que
sentations and warranties », financement), ou de celles qui aboutissent…
encore préparation du Closing (levée des condi-
tions suspensive), notamment après obtention De l’accord préliminaire (Letter of Intent) à
de différentes autorisations administratives ou l’accord engageant (Signing)
politiques requises pour permettre le débouclage
des opérations. Les risques afférents aux négociations dans les
rapprochements d’entreprises peuvent s’avérer
Au fil des années, le rôle des juristes d’entreprise importants. C’est pourquoi, les Parties convien-
dans ces opérations s’est renforcé sous l’effet nent de mettre en place un certain nombre de
conjugué de plusieurs facteurs. contrats préliminaires et de procédures pour les
encadrer.
La croissance externe au cœur de la mondialisa-
tion des entreprises Outre les contrats de confidentialité, nécessai-
res pour garantir la protection des informations
Avec 2000 Milliards d’Euros en 2009, le volume échangées, en particulier lorsque les entreprises
des opérations de fusions-acquisitions a sensi- impliquées sont cotées, la signature « d’avants
blement chuté (de l’ordre de 53 % par rapport contrats » (MOU, Letters of Intent, Preliminary
à 2007), même si 2010 promet d’être meilleur. Agreements, etc) s’impose à un stade très avancé
Pour mémoire, ce chiffre était de 3400 Milliards en des négociations. Ces accords permettent notam-
2000, avant l’éclatement de la bulle Internet… ment de définir les conditions essentielles de l’opé-
ration envisagée, notamment en ce qui concerne
Pour les entreprises, la croissance externe ou la structure de l’opération (acquisition, fusion,
au contraire les désinvestissements répondent création d’une société commune), le périmètre,
à des stratégies diverses créatrices de valeur la valorisation et le financement des actifs trans-
pour elles et leurs actionnaires: course à la taille férés, ainsi que le processus d’échange d’infor-

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Le juriste d’entreprise au cœur des opérations stratégiques | Fusions-Acquisitions

lier des différents écrits échangés entre les parties


dans le cours de la négociation. Ici encore, il est
essentiel que le juriste d’entreprise soit impliqué
à tous les stades essentiels des pourparlers. Il
existe d’ailleurs une jurisprudence relativement
abondante en la matière, en France comme dans
de nombreux autres pays. C’est pourquoi le choix
de la loi applicable n’est pas neutre en pratique,
les pays de tradition juridique romano-germanique
sanctionnant la violation du principe de la bonne
foi dans les négociations mieux que les pays de
common law.

En ce qui concerne l’échange d’informations


requises pour permettre la valorisation des acti-
vités concernées et définir le contenu des repre-
sentations and warranties, c’est-à-dire les garan-
ties contractuelles du vendeur, il doit être encadré
dans un processus de data room (souvent élec-
tronique). En particulier, la fourniture des Disclo-
sures (qui jouent comme autant d’exceptions aux
garanties) devra être supervisée par les juristes
mations et le calendrier des négociations (qui d’entreprise, en liaison avec les cabinets d’avo-
devrait idéalement être aussi court que possible cats et équipes opérationnelles. A cet égard,
notamment pour éviter les « fuites ». il est important de ne jamais oublier qu’outre 9
les garanties contractuelles (dont la négocia-
Ces contrats préliminaires prévoient générale- tion s’avère souvent difficile, notamment quant
ment une période d’exclusivité de négociation à leur contenu mais aussi à leurs limites), le droit
limitée, afin de laisser suffisamment de temps aux applicable à l’opération peut également permet-
parties pour valider la faisabilité de l’opération et tre d’obtenir in fine l’annulation ou l’obtention de
détecter les éventuels « deal breakers ». Ils sont dommages et intérêts par l’une des Parties en
généralement « non binding », c’est-à-dire qu’ils cas de vice de consentement (notamment le dol,
ne sont pas engageants au plan juridique, à l’ex- qui se manifeste le plus souvent par la réticence
ception de certaines obligations définies comme dolosive lors des négociations).
telles (notamment confidentialité, exclusivité, droit
applicable et reglement des conflits, etc ). A chacune des étapes de ces négociations, un
certain nombre d’arbitrages s’avère essentiel.
Une question plus spécifique lorsque de telles En effet, la négociation impose la recherche d’un
négociations concernent des concurrents, ce point d’équilibre nécessitant des concessions,
qui très souvent le cas : quelles protections par- notamment en ce qui concerne les risques juri-
ticulières faut-il prendre afin de limiter le contenu diques que l’entreprise peut ou non accepter de
des informations échangées et éviter tout risque prendre, tels que par exemple contenu et plafond
d’accusation de « collusion » entre les parties dans des garanties données par l’autre partie (pourcen-
l’hypothèse où la négociation échouerait, alors tage en valeur de la transaction), engagements
même que des informations stratégiques et com- sociaux du vendeur, engagements industriels du
merciales sensibles auraient été échangées ? partenaire destiné à assurer un plan de charge de
la cible, « promesses » et « engagements d’hon-
Autre risque qu’il convient d’appréhender, celui de neur » donnés par l’autre partie, pas toujours
la rupture des pourparlers. Selon le droit applica- encline à les voir traduites dans des accords
ble, elle peut conduire, selon les circonstances, à engageants au plan juridique, etc.
la mise en cause de la responsabilité de l’auteur
de la rupture, sur un fondement contractuel mais A chacune de ces étapes, le juriste d’entreprise
aussi délictuel. En pratique, la mise en jeu d’une se trouvent au point de jonction entre la néces-
telle responsabilité dépendra fondamentalement sité d’obtenir les garanties et protections les plus
des circonstances de la négociation et en particu- élevées pour son entreprise et celle de savoir pro-

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


fusions-acquisitions | Le juriste d’entreprise au cœur des opérations stratégiques

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poser les compromis acceptables pour permettre dans un contexte multi-culturel : à quel moment
à la négociation de se poursuivre. peut-on considérer que le consentement sur la
chose et sur le prix » a été obtenu, alors même que
Il doit aussi être échéant capable de recommander les accords ont atteint un degré de sophistication
la rupture des négociations si leur cours conduit tel qu’il est souvent difficile de faire le départ entre
à une impasse au vu des exigences du parte- des conditions essentielles pour matérialiser un
naire putatif. tel accord et ce qui devrait s’apparenter à des
modalités de mise en oeuvre d’un tel accord ?
La période du « signing » au « closing » C’est pourquoi, ici encore, il est essentiel que le
juriste d’entreprise contrôle le processus de la
Cette période est déterminante, car il s’agit de négociation afin de s’assurer que l’entreprise ne se
concrétiser l’accord des Parties. voit pas engagée « à son corps défendant »…

Au fur et à mesure de la négociation, le degré Lorsque la négociation aboutit à un « deal » global,


d’engagement des Parties s’accentue (théorie les accords qui le traduisent sont alors pleine-
dite de la « culpa in contrahendo »), et leur lati- ment engageants au plan juridique. Ils sont plus
tude quant à la rupture diminue, sauf si elle peut ou moins complexes, selon la structure de l’opé-
être justifiée par l’absence d’accord in fine sur un ration. Ainsi, s’agissant de la constitution d’une
des éléments essentiels de la transaction. C’est société commune, il pourra s’agir d’un Accord
d’ailleurs la raison pour laquelle les négociateurs Cadre, décrivant la structure de l’opération, la
devraient identifier le plus rapidement possible les valorisation convenue, les divers apports à réali-
éventuels « dealbreakers » plutôt que de s’obsti- ser, le calendrier de réalisation, et les conditions
ner parfois à poursuivre des discussions vouées suspensives à lever en vue de cette réalisation. A
à l’échec. cet Accord Cadre, seront annexés de nombreux
accords ancillaires dans une forme convenue
A cet égard, l’appréciation de l’accord des par- (« agreed form »), notamment les traités d’apport,
ties est une source potentielle de conflits, surtout les accords commerciaux et industriels convenus,

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Le juriste d’entreprise au cœur des opérations stratégiques | Fusions-Acquisitions

les statuts et l’accord d’actionnaires ou encore la les, on peut citer par exemple la production de
notification aux autorités de concurrence, dans garanties bancaires ou lettres de confort sécu-
une forme plus ou moins finalisée. risant le paiement de l’acquisition par l’acqué-
reur, les clauses d’ajustement du prix, le trans-
La levée des conditions suspensives pour faire fert effectif des actifs au travers d’un schéma de
aboutir la transaction est souvent un exercice dif- réorganisation préalable convenu, l’obtention
ficile, loin d’une « promenade de santé ». C’est en de « rulings » fiscaux ou d’accords politiques et
particulier le cas de l’obtention des approbations administratifs à la réalisation de l’opération ou
requises des autorités de concurrence. L’expé- encore la passation de contrats industriels ou
rience montre en effet que des opérations qui a commerciaux destinés à viabiliser l’entité résul-
priori ne devraient pas poser de difficultés particu- tant du rapprochement.
lières au regard des règles de concurrence peu-
vent rencontrer en fait des difficultés inattendues, De même, les parties prennent souvent soin de
notamment devant certaines juridictions où les prévoir une clause dite « MAC », « Material Adverse
standards en matière de droit des concentrations Change », pour permettre la renégociation ou la
n’ont pas été totalement harmonisés avec ceux rupture en cas de survenance d’un événement
utilisés en droit européen ou américain. extrême et inattendu avant la réalisation du clo-
sing. Cette clause a parfois été mise en œuvre et
Il arrive souvent en effet que les autorités de largement débattue lors des opérations conclues
concurrence conditionnent leur approbation de avant le déclenchement de la crise économique
l’opération à l’obtention d’engagements de ces- et financière à l’automne 2008.
sion ou à la souscription d’engagements dits
comportementaux par les parties, susceptibles On sait que les conditions suspensives doivent
de remettre en cause les fondamentaux de l’ac- être définies de manière objective, sans permettre
cord des parties. à une partie d’arguer de manière potestative de 11
sa non-réalisation pour tenter de sortir du contrat
C’est pourquoi il apparaît de plus en plus impor- avant le Closing. Ainsi, l’accord des conseils
tant que les juristes et avocats spécialisés en d’administration des parties ne saurait être utilisé
droit de la concurrence soient impliqués très en comme un levier de remise en cause de l’opé-
amont dans la négociation, car la structure des ration après la signature de l’accord « binding »,
accords, voire sa faisabilité, repose très largement sauf si l’évolution des circonstances ou la non-
sur l’analyse en amont des difficultés suscepti- réalisation des conditions suspensives avant la
bles d’être rencontrées lors de la notification des date contractuelle convenue le justifie.
accords. A cet égard, il est donc essentiel pour un
juriste d’entreprise impliqué dans des opération Or, il arrive souvent que la définition du contenu
de rapprochement de bien maîtriser les règles des conditions suspensives et l’évolution du
de droit de la concurrence et de concentration, contexte économique entre le « Signing » et le
compte tenu de l’importance déterminante pris « Closing », notamment en cas de détérioration de
par celui-ci au fil des années. la situation économique d’une des entreprises,
ne génère une demande de renégociation voire
Comme autres conditions suspensives essentiel- un contentieux en cas de rupture.

A tous les stades de l’opération, jusqu’à son


Parcours dénouement au Closing, puis ensuite après la
création de l’entité (ou son intégration en cas
• Sciences Po Paris d’acquisition), le juriste d’entreprise est ainsi au
• DESS Droit européen cœur de la négociation et responsable de la qua-
• MBA IAE Paris lité des accords signés, dont il devra assurer la
Exercice bonne application dans la durée. Son rôle est ainsi
devenu éminemment stratégique, à l’instar de celui
1990-1997 : Direction Juridique Matra-Lagardère des directions juridiques au sein des entreprises
1997-1998 : Direction Juridique Bouygues françaises, dont l’importance n’a cessé de croître
1999-2002 : Directeur Juridique EADS International au cours des dernières années.
Depuis 2007 : Directeur Juridique-Adjoint Groupe Lagardère
■ Jean-Yves Trochon, administrateur de l’AFJE

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


fusions-acquisitions | “We have a deal”

“We have a deal!”


Par Edouard Silvério
Titulaire d’un DEA de Droit des
Affaires complété par un DESS de
Finances, diplômé du Centre de
Perfectionnement aux Affaires et
du Centre de Formation à l’Analyse
Financière.

et de café froid à chercher le meilleur moyen de


clore le deal. On arrive au sommet épuisé mais
heureux d’admirer le chemin parcouru.

Cette opération qui a consisté à céder l’activité


R&D de MNC à Nokia, après des tentatives infruc-
tueuses de transfert de l’ensemble du business
12 auprès d’acteurs asiatiques est caractéristique
de l’investissement optimal du juriste dans une
Edouard Silvério négociation. Ainsi le juriste que je suis, a été impli-
qué dans l’ensemble du processus tel que décrit
Après une première expérience dans le monde ci-après et parfois bien au-delà.
des assurances, notamment en charge des opé-
rations de restructuration du Groupe Axa, j’ai La particularité de cette activité R&D, outre les
ensuite intégré le groupe Lagardère. Dans la filiale, compétences des hommes, étaient l’accès à des
Matra Nortel Communications (« MNC »), j’ai pro- brevets, essentiels pour le développement de la
cédé à la restructuration des activités du groupe téléphonie mobile, barrière stratégique d’entrée
au travers notamment de l’apport des activités de dans le club des fabricants. Ainsi, il fallait maîtriser
télécommunications sécurisées à EADS Defence non seulement les process d’usage en matière
and Security Networks, de la cession du Réseau de M&A mais aussi avoir une excellente com-
de distribution de Matra Nortel à SPIE SA, de la préhension technique des enjeux de propriété
cession de l’activité téléphones mobiles GSM intellectuelle.
à Nokia… Actuellement Secrétaire Général du
groupe Club Méditerranée, j’interviens sur tou- On ne peut entendre le sésame « We have a deal »
tes les opérations de cession et restructuration sans préparation rigoureuse : la clé de la réussite
du Groupe telles que récemment la cession de du deal est dans l’anticipation.
sociétés Jet Tours à Thomas Cook ou encore de
Club Med Gym au fonds 21 Central Partners. Tout d’abord, il faut bien choisir son banquier.
Selon la taille de l’opération, son rôle est fonda-
« We have a deal ». Quelques mots prononcés mental dans l’instruction du dossier, dans l’iden-
entre 4 yeux. C’est le moment le plus magique tification des acheteurs cibles potentiels, dans
dans une opération de M&A. Ce fut également l’élaboration du script qui permettra la valorisa-
pour moi le moment le plus excitant de la négocia- tion efficiente du business. C’est aussi celui qui
tion de la cession de l’activité téléphones mobiles peut sortir les parties de l’ornière des blocages
GSM de MNC. Il a fallu que je sorte mon homolo- et des egos froissés.
gue de son environnement afin de lui donner un
autre éclairage que celui renvoyé par ses équipes. Ensuite vient le moment de désigner son avocat,
Le temps s’arrête après des mois de nuits courtes exercice tout autant sélectif et exigeant. Outre

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


“We have a deal” | Fusions-Acquisitions

ses compétences professionnelles, sa principale Quand de plus, on a identifié le conseil fiscal, les
qualité personnelle est d’être un « deal maker », auditeurs et autres experts en M&A, ona l’équipe
un créatif doté d’une capacité de persuasion et nécessaire pour entamer une bonne négociation,
d’adhésion. Les discussions n’ayant pas voca- et enchainer les nuits blanches.
tion à durer, il sait mobiliser et apporter tout le
support nécessaire pour clore les négociations La réussite de ces opérations repose également
au plus vite. Un bon deal est aussi une question sur la capacité à créer un climat de confiance
de timing. avec la partie adverse. Cela permet ainsi de pas-
ser les mêmes messages à la Direction Générale
L’implication du juriste dans le processus de l’opé- de chaque partie en cas de blocage.
ration doit être immédiate. Le partage des doutes
et des choix avec la Direction Générale permet Ces opérations sont d’abord un travail d’équipe,
d’être en phase avec la stratégie de négociation. avec un maillage serré et cohérent, dans lequel
L’organisation des « data room », des « due diligen- chacun porte le succès de tous.
ces » et la négociation des «reps and warranties »
ne sont pas de simples exercices techniques et Alors, après avoir relu « l’Art de la guerre » de Sun
mineurs. Ils doivent être anticipés en conformité Tsu, on peut entamer la partie la plus excitante ;
avec la stratégie de négociation. la négociation – avec des postures choisies, des
parades et des esquives, des coups de gueule,
Le juriste est le garant primaire naturel de la qua- des interruptions de séance, des coups de théâ-
lité de la négociation, de son éthique, toujours à tre… jusqu’au sésame « We have a deal ».
l’aune de la bonne foi et des principes régissant
le consentement ■ Edouard Silvério

13

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


fusions-acquisitions | Les opérations d’acquisitions cessions

Les opérations d’acquisitions cessions


Par Jean-Marc Loncle, Directeur Juridique Contrats Industriels
Veolia Environnement

Les opérations de croissance ou décroissance externe s’étant considérablement


complexifiées ces dernières années ; elles nécessitent l’intervention d’équipes
pluridisciplinaires composées de spécialistes très qualifiés. Les juristes (conseils
internes et avocats) sont au cœur de ces opérations, tant en ce qui concerne la stratégie
à mettre en œuvre, que la négociation des multiples accords nécessaire pour les
concrétiser.

« Cher ami, nous sommes bien d’accord sur un non ajustable (« locked box mechanism ») ; « debt
prix de 100 M d’euros, mais à la condition que le free cash free basis » (toute la dette financière
« deal » soit signé d’ici une semaine. J’ai demandé doit être entièrement remboursée par la cible au
à nos avocats de préparer les accords ». plus tard au closing) ; ajustement du besoin en
fonds de roulement normatif « earn out », etc….
Phrase entendue il y a une vingtaine d’années L’étendue des garanties du vendeur est égale-
14 entre deux dirigeants de groupes internationaux, ment très modulable (périmètre garanti, seuils de
signifiant que seul le prix est à considérer, le déclenchement unitaires et cumulés, franchises,
contenu du contrat d’acquisition relevant plus plafonds, limites, exclusions). Ceci illustre bien
de la tâche du scribe que de celle du « dealma- qu’aucune opération d’acquisition ou de ces-
ker ». Assurément une telle phrase ne serait plus sion ne ressemble aux précédentes. Ajoutons
prononcée aujourd’hui : les opérations d’acqui- qu’une acquisition de la totalité des titres n’aura
sitions / cessions sont devenues très diverses, à l’évidence pas la même approche aux plans
complexes et s’étalent en général sur plusieurs juridique, financier ou comptable, que lorsqu’il
mois. Elles ne sont plus la seule affaire du Direc- s’agira de l’entrée d’un partenaire minoritaire au
teur Général, mais sont prises en main par des capital de la cible.
équipes pluridisciplinaires, quant bien même le
dernier mot revient à celui-ci. Ces opérations requièrent quelques années de
pratique pour y évoluer aisément, d’autant qu’el-
Le déroulement des opérations d’acquisitions les se complexifient avec le temps (ne serait-ce
ou de cessions d’entreprises (phase préliminaire, que dans la mesure où les intervenants à l’opé-
due diligence, négociation du contrat d’acquisi- ration sont de plus en plus qualifiés) et parce que
tion, signature et closing) est, paradoxalement, la pratique est largement dominée par l’approche
assez standardisé, quelle que soit la taille de anglo-saxonne, même pour des opérations pure-
l’opération, alors même qu’elles sont par essence ment nationales. Même si on peut le déplorer, il
protéiformes. Elles peuvent ainsi mettre en pré- n’est pas rare de recevoir des projets de docu-
sence des acheteur(s) et vendeur(s) de diffé- mentation contractuelle en langue anglaise ou
rentes nationalités, et une cible d’une troisième soumis à un droit étranger pour une cible située
nationalité (internationalisant par là l’opération, dans l’Hexagone et pour laquelle acheteur et
avec les conséquences que l’on sait quant à vendeur sont français.
l’application de différentes règles d’ordre public,
du droit applicable ou de la clause de règlement Cette pratique est également devenue pluridisci-
des litiges par exemple). Les titres ou les actifs plinaire. Un juriste d’entreprise ou un avocat doit
(« share deal » vs « asset deal »), faisant l’objet de être pleinement intégré dans une équipe projet
l’acquisition peuvent être de natures très variées. aux côtés d’autres experts : financiers évidem-
Les modalités de calcul du prix et l’ajustement ment, comptables bien sûr, mais également en
de celui-ci sont également très divers : prix fixe matière de ressources humaines (problématique

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Les opérations d’acquisitions cessions | Fusions-Acquisitions

des « Pensions » au Royaume-Uni ou des « Bene- identification ou difficultés, zones de risques),


fits Plans » aux Etats-Unis par exemple), ou bien visio conférences hebdomadaires.... En outre,
technique (propriété intellectuelle et industrielle), des Accords préliminaires (accords de confi- 15
etc… La réussite (ou l’échec) d’une opération dentialité, exclusivité, lettres d’intention) doivent
d’acquisition ou de cession est collective, en encadrer au plus vite la négociation pour éviter
aucun cas individuelle. les dérives : indiscrétions, rupture abusive des
pourparlers, divulgation d’informations parcel-
Ces opérations ont également pour caractéris- laires ou mensongères, etc.
tiques d’être très consommatrices de temps, et
s’étalent généralement sur quelques mois. En La négociation cristallisera des points de blo-
conséquence, dès le démarrage du projet, la cage, qui, grâce à l’enthousiasme des uns et
mise en place d’une méthode est indispensa- des autres, pourront prendre plus ou moins
ble : création d’une « Participant’s list » avec nom, d’importance. Plus il y a d’intervenants à la table
fonction, téléphone, e-mail, de l’ensemble des de négociation, plus il y aura d’avis exprimés –
intervenants (acheteur, vendeur, cible, banque souvent non convergents –, rendant assez illu-
d’affaires, avocats, auditeurs, consultants,…) ; soire la tâche de trouver un accord rapidement,
établissement de comités (eg « steering commit- d’autant moins sur des sujets cruciaux (périmètre
tee »), conférences téléphoniques quotidiennes de l’opération, prix, garanties du vendeur par
pour faire un point de situation (avancement, exemple). Ces divergences seront en général
tranchées en plus petits comités, par le Directeur
Général et les Directeurs Juridiques et financiers
Parcours de chaque partie.
Jean-Marc Loncle commence sa carrière en 1987 en rejoignant la Direction De quelques centaines de milliers à parfois plu-
Juridique de Thalès. En 1995, il intègre la société SAUR (Groupe Bouygues) sieurs milliards d’euros, le juriste au cœur de
en tant que Directeur Juridique Adjoint en charge des montages de pro- l’opération devra savoir faire face à une très
jets internationaux d’infrastructures. En 2002, il devient Directeur Juridique grande diversité de situations, qui elles-mê-
Contrats Industriels, puis en 2006 Directeur Juridique Grands Projets au mes évolueront au fur et à mesure de l’avan-
sein du Groupe VEOLIA ENVIRONNEMENT. Auteur de nombreux articles cement des négociations. On touche là à une
parus dans plusieurs revues juridiques, il est le co-auteur avec Jean-Yves des qualités premières du juriste : sa capacité
Trochon de l’ ouvrage « Pratiques des négociations dans les rapprochements d’adaptation.
d’entreprises », Éditions EFE, récompensé en 1998 par le prix littéraire du
Cercle Montesquieu. ■ Par Jean-Marc Loncle

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fusions-acquisitions | Métier : expert en fusions acquisitions

Métier : expert en fusions-acquisitions


Par Neil Curtis, Solicitor irlandais, Membre du Law Society of Ireland, du
Law Society of England and Wales ainsi que de l’AFJE.
Neil Curtis exerce depuis 16 ans comme juriste d’entreprise en France, notamment dans
le domaine des fusions-acquisitions.

Les fusions-acquisitions m’ont permis de vivre de premier cimentier de la région. Désormais, plus de
près certains des grands mouvements industriels la moitié des profits de Lafarge sont attribuables
et économiques de ces vingt dernières années, aux pays émergents. Les fusions-acquisitions dans
dont deux exemples ci-après. les pays émergents posent des défis particuliers
pour les entreprises : dans des environnements
L’industrie européenne, Les restructurations économiques, juridiques et politiques complexes
du secteur aérospatial des années 1990 et instables, où l’absence totale de réglementation
côtoie parfois la sur-réglementation. Le rôle et l’avis
J’ai démarré ma carrière en France dans le groupe du juriste d’entreprise est par conséquent souvent
Lagardère, qui avait su nouer des joint ventures inter- crucial dans l’appréciation des risques et la décision
nationaux dans les années 90 avec de grands grou- ou non d’investir, puis dans le suivi de l’investis-
pes dans ses différents métiers (espace, défense, sement, notamment pour démêler les divers pro-
télécommunications, transport, automobile…).Les blèmes qui risquent de survenir. Le juriste est de
16 juristes du groupe étaient, avec les stratèges et les plus en plus sollicité pour représenter le Groupe
financiers, associés très étroitement aux opérations dans les organes de décision de ces nouvelles
les plus confidentielles et stratégiques du Groupe, filiales, aux côtés des partenaires publics ou privés
de leur conception à leur mise en œuvre. Précurseur locaux, grâce notamment aux liens de confiance
dans le montage de partenariats complexes dans établis lors des longues séances de négociations
les secteurs de la haute technologie, Lagardère a préalables! Présente depuis plusieurs années dans
été un des pivots de la restructuration aérospatiale les grands pays émergents ( par ex les BRICS),
européenne, étape essentielle afin de permettre à Lafarge est aussi pionnière dans l’investissement
l’Europe industrielle de concurrencer les Etats-Unis, vers la « dernière grande frontière » , soit les pays
qui avait restructuré son industrie aérospatiale autour sous-développés ( par exemple, ceux du der-
de quelques champions (dont Boeing et Lockheed nier tiers de l’indice de développement humain
Martin) quelques années auparavant . En tant que du PNUD), et il est très satisfaisant de monter et
juriste, cela a été une période fascinante, haletante, de réussir des opérations d’investissement dans
au confluent du droit et de la politique, avec moult un secteur si stratégique pour ces pays, et ainsi
projets, contre-projets, manœuvres et rebondis- participer de manière très concrète à leur futur
sements, jusqu’à la création d’Aérospatiale-Matra, développement. Il faut également souligner l’am-
puis de EADS en 2000. bition grandissante et la compétence des acteurs
des pays émergents, ainsi qu’un phénomène de
Les Pays Emergents, convergence dans la rédaction et la négociation
Croissance et Développement des opérations de fusion-acquisition ; en 2009,
dans le cadre d’un programme de désinvestisse-
Après une dizaine d’années dans le secteur aéros- ments, Lafarge a cédé sa participation majoritaire
patial, j’ai rejoint le groupe Lafarge en 2004. Leader dans une entreprise côtée au Chili à un groupe
mondial dans les matériaux de construction, pré- péruvien. L’opération a été bouclée et annoncée
sente dans plus de 80 pays, Lafarge a une stratégie aux marchés au bout d’une semaine de négocia-
de développement dans les pays émergents, afin tions ininterrompue, grâce notamment au profes-
d’accompagner la croissance à long terme de ces sionalisme et à la détermination de l’investisseur
pays, avec des besoins énormes dans le logement péruvien, qui n’avait rien à envier aux meilleurs des
et les infrastructures. En 2007, Lafarge a fait l’ac- places new-yorkaises ou européennes.
quisition la plus importante à ce jour dans le Moyen
Orient ( €8.8 Milliards), en rachetant Orascom, le ■ Neil Curtis

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Pacman à Paname ou la plus grande bataille boursière française | Fusions-Acquisitions

Pacman à Paname
Par Alain-Marc Irissou, ancien Directeur Juridique de Total
et Président d’honneur de l’AFJE

Si leurs actifs ne font pas double emploi, il n’en


demeure pas moins que ces deux compagnies
sont rivales. A la fin des années 80 ELF a pris le
leadership à TOTAL, longtemps numéro 1. Au
début de 1998 Elf se situe au 7ème rang dans le
classement mondial des pétroliers, TOTAL n’étant
que 10ème.

La valse des OPA excite les prédateurs et fait


trembler les proies. TOTAL bien que de taille-
respectable, ne pèse pas lourd face aux majors
anglo-saxonnes et se trouve à la portée d’ELF.

Or, voici comment en moins d’un an TOTAL la


modeste va s’emparer d’ELF la puissante, dans 17
Dans les dernières années du vingtième siècle un combat soudain auquel j’ai eu le privilège
règne une grande effervescence sur les marchés de participer en tant que directeur juridique du
boursiers. groupe TOTAL.

Avec la bulle Internet les concentrations se mul- Au printemps 1998, le baron Albert Frère, princi-
tiplient dans tous les secteurs. Dans l’industrie pal actionnaire de la compagnie belge Petrofina,
pétrolière on assiste à des fusions géantes comme propose à Thierry Desmarest, PDG de TOTAL,
BP-AMOCO en 1998 et la plus grosse de tous d’acquérir son bloc de contrôle. Pour TOTAL c’est
les temps, EXXON-MOBIL en 1999. Dans ce une aubaine, mais le baron négocie également
domaine la France dispose de deux champions avec Philippe Jaffré, Président d’ELF. Petrofina,
nationaux. D’une part il y a TOTAL descendante est un mets de choix pour les deux compagnies.
de la Compagnie Française des Pétroles, entre- Il faut faire vite.
prise privée née du traité de Versailles, qui a bâti
son empire en Irak dans l’entre-deux guerres. Profitant des hésitations de Philippe Jaffré, à
D’autre part il y a ELF Aquitaine créée par l’Etat l’automne TOTAL enlève prestement l’affaire sans
dans les années 50, comme instrument de la trop barguigner. L’acquisition est faite par échange
politique pétrolière nationale, après la découverte d’actions. Albert Frère avec 8 % du capital de
du gisement de gaz de Lacq, puis de pétrole et TOTAL en devient le principal actionnaire indivi-
de gaz en Algérie. duel. TOTAL pour sa part acquiert 40 % du capital
de Petrofina et s’engage à racheter les actions
Jusqu’à la fin des années 90, ELF et TOTAL n’ont des minoritaires après obtention du feu vert de
cessé d’étendre leurs domaines pétroliers qui, de la Commission européenne. Toutes les formalités
manière complémentaire, couvrent ensemble les seront achevées début juillet 1999.
principales zones productrices du monde : Moyen
Orient, Mer du Nord, Afrique, Amérique du Nord Le rapport de force avec ELF s’en trouve modi-
et Amérique Latine, Extrême Orient. Elles intègrent fié : le nouveau groupe, désormais dénommé
aussi toute la chaine pétrolière et gazière : explora- TOTALFINA bondit au 6ème rang des pétroliers.
tion-production, raffinage, distribution, pétrochimie Or le marché n’accueille pas bien cette opéra-
et chimie, là encore avec des complémentarités tion. Dans l’hiver 98/99 le cours de l’action perd
tant sur le plan industriel que géographique. 40 %. Chez TOTAL on n’en mène pas large et l’on

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fusions-acquisitions | Pacman à Paname ou la plus grande bataille boursière française

s’attend à un raid d’un concurrent, notamment


d’ELF.Mais début 1999 Philippe Jaffré négocie
un rapprochement avec l’italienne ENI. Deuxième
erreur stratégique de sa part : après avoir raté
Petrofina, il ne profite pas de l’affaiblissement
de TOTAL.

Chez TOTAL, comprenant que la meilleure défense


est l’attaque, l’on décide de préparer une offen-
sive sur ELF. Albert Frère nous y encourage, ainsi
que notre banque conseil, le Crédit Suisse First
Boston. C’est un pari audacieux qui ne peut réus-
sir que si l’opération est préparée dans le plus
grand secret. Nous constituons une équipe très
restreinte. Comme avocat spécialiste des M&A
je fais appel à Laurent Faugerolas, associé chez
Jones Day, qui est déjà notre excellent conseil Le marché semble faire plutôt confiance à l’offre
dans l’opération PetroFina. de TOTAL qu’à celle d’ELF, qui n’est pas très
bien accueillie. Par ailleurs, fait très important,
Le Lundi 5 juillet 1999 à 8 heures toutes les radios le premier ministre Lionel Jospin et son ministre
annoncent une OPE de TOTALFINA sur ELF. La des finances Dominique Strauss Kahn ne s’op-
stupeur est générale. L’offre porte sur la tota- posent pas à l’offre de TOTAL, alors qu’ils en ont
lité des actions ELF AQUITAINE dans le rapport le pouvoir grâce à la Golden share que l’Etat a
d’échange de 4 actions TOTALFINA contre 3 ELF conservée dans le capital d’ELF après sa priva-
18 AQUITAINE, soit une offre boursière de 42 mil- tisation en 1994.
liards d’euros, la plus importantefaite en France.
Devant la presse financière réunie le jour même, Durant l’été les deux compagnies se livrent à de
Thierry Desmarest fait valoir que cette opération multiples escarmouches médiatiques et judiciai-
logique va engendrer le 4ème groupe pétrolier mon- res. Début septembre certains administrateurs
dial, mettant les deux groupes français à l’abri d’ELF estimant que la guerre a assez duré vont
de prédateurs étrangers, et dont les synergies convaincre Philippe Jaffré d’entrer en négocia-
vont améliorer leur résultat opérationnel de 1,2 tion. Edouard de Royère, ancien président d’Air
milliards d’euros. Liquide va jouer les bons offices pour rappro-
cher les deux présidents. Finalement le président
Chez ELF c’est la consternation. Philippe Jaf- d’ELF accepte de s’effacer contre la promesse
fré prend très mal la nouvelle, aussitôt qualifiée que la fusion se fasse entre égaux. En contre-
d’offre hostile. Avec le soutien de son conseil, il partie Thierry Desmarest propose l’échange de
lance une offre en surenchère sur TOTAL le 19 19 actions TOTALFINA contre 13 ELF, soit une
juillet. C’est ce que les anglo-saxons appelle un amélioration de près de 10 % par rapport à son
Pacman, stratégie de défense utilisée en France offre de juillet. Le 12 septembre 1999 les deux
pour la première fois, inspirée du jeu électronique présidents signent un protocole d’accord.
du même nom.
Après autorisation de la fusion par la Commission
Elf propose un échange de 3 actions ELF européenne le 9 février 2000, Thierry Desmarest
plus une soulte de 190 euros contre 5 actions prend la présidence du nouveau groupe, baptisé
TOTALFINA, ce qui valorise l’offre à 50,3 mil- TotalFinaElf. La promesse faite d’une fusion entre
liards d’euros. Devant la presse Philippe Jaffré égaux à tous les niveaux de la hiérarchie sera
reconnaît à son tour que le rapprochement a tenue et s’avèrera un succès en ce qui concerne
du bon, mais promet 2,5 milliards d’euros de le rapprochement des équipes. Sans parler de la
synergies. La contre-offre d’ELF est rapidement réussite qui s’en est suivie pour TOTAL, toujours
rejetée par le conseil d’administration de TOTAL, en tête du CAC 4O, et constituant désormais
estimant en particulier que le coût de la partie la major pétrolière garantissant l’indépendance
de l’offre en cash va peser sur les finances du énergétique de la France.
nouveau groupe.
■ Alain-Marc Irissou

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


10 questions au Professeur Bertrel | Fusions-Acquisitions

10 questions au Professeur Bertrel


Professeur de Droit des affaires à ESCP Europe, Président de l’Institut
Européen des Fusions Acquisitions (IEFA)
Par Luc Athlan, Vice-président de l’AFJE
Le professeur Jean-Pierre Bertrel
est également Directeur Général
du Salon des Fusions Acquisitions.
com, Conseiller scientifique de
Fusions Acquisitions Magazine,
Fondateur de la Revue de Droit
Bancaire et Financier, Conseiller
de la rédaction de la revue Droit et
Patrimoine et associé fondateur de
Jureconseil, société de conseil en
rapprochement et recrutement pour
les professions juridiques.
19

sitions dans le domaine juridique très pointu qui


est le sien.

Quel est le rôle du Comité scientifique ?


Jean-Pierre Bertrel
Le Comité scientifique est composé de 22 mem-
bres, tous universitaires renommés ou praticiens
INSTITUT EUROPÉEN chevronnés, spécialistes de « corporate » et donc
des aspects juridiques des M&A et des opéra-
DES FUSIONS ACQUISITIONS tions assimilées. C’est le Comité scientifique qui
European Instutue of Mergers & Acquisitions
décide les thèmes de recherche sur lesquels
travaillent les membres de l’IEFA. Il faut ajouter
que l’Institut Européen des Fusions Acquisitions
Pouvez-vous nous présenter, en quelques bénéficie d’un réseau prestigieux de professeurs
mots, l’Institut Européen des Fusions correspondants dans la plupart des Universités
Acquisitions (IEFA) ? et Grandes Ecoles de Management.

Doté d’un comité scientifique composé d’ex- Quels sont les derniers colloques que avez
perts de haut niveau en droit des sociétés ensei- organisés et comment les consulter ?
gnant dans de grandes institutions d’enseigne-
ment supérieur, l’Institut Européen des Fusions Les derniers colloques que nous avons orga-
Acquisitions est à Paris un pôle d’excellence en nisés, en partenariat avec ESCP Europe et le
matière de Fusions Acquisitions sans équivalent Centre de Recherche en Droit Financier de l’Uni-
en Europe. Il a pour objet la promotion de la versité de Paris I Panthéon Sorbonne, portaient
recherche, de la formation et de l’information sur sur les thèmes suivants : « Pactes et opérations
les aspects juridiques des Fusions Acquisitions. de M&A » ; « Les opérations de rapprochement
Sa vocation est aussi d’être une sorte de « think dans le domaine de l’énergie » ; « Les garanties
tank » destiné à faire des études et des propo- lors de l’acquisition de contrôle d’une société »

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


fusions-acquisitions | 10 questions au Professeur Bertrel

et « Arbitrage et garantie de passif ». diques en projet, qui pourront également être


suivis sur le salondesfusionsacquisitions.com.
Les vidéos de ces colloques peuvent être consul- Le premier sur les « Techniques sociétaires et de
tées gratuitement, à toute heure du jour et de la rapprochement pour les professions juridiques »,
nuit, sur le Salon des Fusions Acquisitions (www. qui sera organisé par Jureconseil, société de
salondesfusionsacquisitions.com), partenaire de conseil en rapprochement et recrutement pour
l’IEFA et qui est le site européen de la commu- les professions juridiques, et par Bignon de Key-
nauté professionnelle du Droit et du Corporate ser, société de conseil en stratégie, management
Finance. Ce Salon on line, qui est également par- et organisation pour les professions juridiques.
tenaire de l’AFJE, intéressera vos membres non Les actes de ce colloque seront publiés dans
seulement par les colloques et conférences qui la revue Droit & Patrimoine. Le second sur « les
y sont diffusés mais aussi parce qu’ils pourront opérations de rapprochement transfrontalier », qui
y publier des articles juridiques et y consulter constituent évidemment un thème d’actualité là
des annonces d’emplois, ces dernières pouvant encore susceptible d’intéresser les membres de
être déposées gratuitement par les directions votre association.
juridiques.
www.ma-institute.com
Quels sont les thèmes sur lesquels vous
travaillez actuellement ? ■ Propos recueillis par Luc Athlan,
Vice-président de l’AFJE
Nous avons actuellement deux colloques juri-

20 Sont membres du Comité scientifique de l’Institut Européen des Fusions Acquisitions


• L uc ATHLAN, représentant l’AFJE en qualité d’administrateur et d’animateur de la commission «droit des sociétés, droit financier et
boursier, ingénierie financière»
• J ean-Pierre BERTREL, professeur à ESCP Europe
•O  dile de BROSSES, représentantl’AFEP en qualité de directrice juridique
• Alain COURET, professeur à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne
• J ean-Jacques DAIGRE, professeur à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne
• F lorence DEBOISSY, professeur à l’Université Montesquieu Bordeaux IV
•M  ichel GERMAIN, professeur àprofesseur à l’Université de Paris IIPanthéon Assas
• F rédéric GRILLIER,Avocat à la Cour, Herbert Smith LLP
•H  ervé LECUYER, professeur à l’Université de Paris II Panthéon Assas
•Hervé LE NABASQUE, professeur à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne
•D  idier MARTIN, Avocat à la Cour, Bredin Prat
• T hierry MASSART, professeur à l’Université d’Orléans
•M  ichel MENJUCQ, professeur à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne
•D  aniel OHL, professeur associé à l’Université d’Orléans
•A  nne OUTIN-ADAM, représentant la CCIP en qualité de directrice du pôle de politique législative et juridique
• Y ann PACLOT, professeur à l’Université de Paris XI
• J ean PAILLUSSEAU, professeur émérite à l’Université de Rennes
•D  idier PORACCHIA, professeur à l’Université d’Aix Marseille III
• P hilippe REIGNE, professeur au Conservatoire national des arts et métiers
•A  lain THEIMER, représentant l’ACE, Avocat à la Cour, Theimer Avocats
•S  téphane TORCK, professeur à l’Université de Rouen
•D  aniel TRICOT, professeur affilié à ESCP Europe, président honoraire de la chambre commerciale, financière et économique
de la Cour de cassation

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


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Paris, Capitale mondiale de l’arbitrage

Paris, Capitale mondiale de


l’arbitrage
Entretien avec Gilles Mauduit, Président d’honneur de l’AFJE

Mode alternatif de résolution des conflits,


l’arbitrage permet de confier à une personne
privée, n’ayant aucun intérêt à la cause, la
mission de rechercher une solution contractuelle,
qui liera les parties au litige, lesquelles doivent
d’abord avoir accepté de compromettre. Gilles
Mauduit, Président d’honneur de l’AFJE devenu
arbitre, nous explique comment et pourquoi Paris
est devenue la capitale mondiale de l’arbitrage.
Explications.
23

Gilles Mauduit

Pourquoi les entreprises recourent-elles de au contraire, le faire trancher, que ce soit par le
plus en plus à l’arbitrage ? glaive de la justice étatique, ou celui de la justice
arbitrale, dont le métal et le tranchant sont d’es-
Face à un conflit juridique, c’est-à-dire en pré- sence conventionnelle.
sence d’un nœud qui obstrue la fluidité de ses
opérations, une entreprise n’a que deux solutions : Or, pour toute une série de raisons, les parties
soit tenter de dénouer ce nœud, soit se résoudre n’arrivent pas toujours, de façon directe ou indi-
à le faire trancher. Le dénouer par la transaction recte, à dénouer elles-mêmes leurs conflits et,
ou en ayant recours à des techniques de tran- s’agissant de le faire trancher, la justice arbitrale
saction assistée (médiation, mini-trial, etc.), ou, présente pour les entreprises de nombreux avan-
tages par rapport à la justice étatique.

Parcours Il est d’abord des cas de plus en plus nombreux,


Diplômé d’Etudes Supérieures de Droit privé et de sciences criminelles, au plan international, où aucune partie n’étant
titulaire du CAPA, Gilles Mauduit a commencé sa carrière comme assistant prête à accepter la compétence des tribunaux
à la Faculté de Droit de Rennes, puis fut assistant-Professeur à la Faculté étatiques de l’autre, l’arbitrage est la seule solution
de Droit de l’Université Laval, Québec, Canada. Ayant rejoint le groupe IBM, car chacun exige un forum neutre. Or le dévelop-
il y occupa différentes fonctions de conseil à Paris, Londres et Bruxelles. pement mondial du commerce international avec
Plus tard Directeur-Adjoint des affaires juridiques et des accords du groupe des partenaires de plus en plus variés et lointains
Rhône-Poulenc, il termina sa carrière en entreprise au sein du groupe entraine ipso facto de plus en plus souvent cette
Sanofi dont il fut General Counsel et Directeur délégué auprès du Président. conséquence.
Consultant, il se consacre désormais essentiellement à l’arbitrage.
Par ailleurs, que ce soit au plan interne ou au plan
international, les atouts de l’arbitrage sont bien

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Paris, Capitale mondiale de l’arbitrage

connus. Si, malheureusement, cette justice est que celui-ci ait été d’avance choisi par les parties
plus chère, elle offre en revanche une confidentia- dans la clause d’arbitrage, soit que le tribunal
lité en principe absolue, une plus grande rapidité arbitral le détermine ultérieurement lui-même en
et une plus grande garantie de professionnalisme fonction de règles appropriées. Dans le second
dans la mesure où les parties sont à même de cas, le litige sera tranché par référence aux règles
choisir leurs propres juges en fonction de leur d’équité. Dans les deux cas cet arbitrage doit
notoriété et de leurs secteurs de compétence. être motivé.
Elle permet aussiune plus grande contractuali-
sation de l’administration de la preuve et de la La troisième distinction oppose les arbitrages
conduite du procès. Et si, comme on vient de institutionnels et les arbitrages ad hoc, distinction
le dire, son coût est plus élevé, encore celui-ci dont le choix appartient également aux parties.
est-il prévisible puisque son quantum dépend
soit de barèmes officiels soit d’un accord passé Un arbitrage institutionnel est un arbitrage que
entre les parties et le tribunal arbitral. Il faut en les parties choisissent de soumettre – avec les
outre souligner que les parties ne sont nullement garanties qui en découlent -, aux règles préétablies
étrangères à l’inflation des coûts dont elle se de telle ou telle institution d’arbitrage, en incor-
plaignent parfois puisque des statistiques CCI porant l’applicabilité de celles-ci dans le champ
ont établi que sur un arbitrage revenant à 100 de leur consensus. C’est le cas des règlements
aux parties, 2 % seulement représentent les frais de toutes les institutions bien connues que sont,
de l’institution, 16 %, les honoraires des arbi- au plan international, la CCI ou ICC (Chambre
tres (dont 2 % de débours) et 82 % le coût des de Commerce Internationale ou International
conseils, des experts et des frais internes. Chamber of Commerce), la LCIA (London Court
International Arbitration), la Cour d’arbitrage de
A quels types de procédure d’arbitrage les Stockholm, la Chambre de Milan ou, au plan
24 entreprises peuvent-elles faire appel ? interne, l’AFA (Association Française d’Arbitrage)
le CMAP (Centre de Médiation et d’Arbitrage de
Il faut rappeler trois distinctions fondamentales. Paris), pour la France, ou bien l’AAA (American
Arbitration Association) pour les Etats-Unis. Il faut
La première oppose les arbitrages internes et les d’ailleurs préciser que ces dernières institutions,
arbitrages internationaux, distinction dont les par- dont la vocation originelle était essentiellement
ties ne sont pas maîtresses puisqu’elle dépend de d’ordre interne cherchent également désormais
la mise en cause ou non d’intérêts du commerce à se développer de plus en plus dans le domaine
international. En Droit français, l’arbitrage interne de l’arbitrage international. Précisons à cet égard
est régi par les articles 1442 à 1491 du Code de que sur les 80 dernières sentences rendues sous
procédure civile, l’arbitrage international par les l’égide du CMAP, 1/3 vise des arbitrages inter-
articles 1492 à 1507. nationaux.

La seconde oppose les arbitrages en Droit et Toutes ces distinctions sont bien entendues sus-
les arbitrages en équité (ou en amiable compo- ceptibles de se recouper. C’est ainsi qu’on peut
sition). Le choix ici appartient aux parties. Dans être en présence d’un arbitrage interne AFA en
le premier cas, le litige sera tranché selon l’ap- équité, ou d’un arbitrage international ad hoc en
plication d’un droit substantiel donné (par ex : droit néerlandais.
Droit anglais, français, suisse, chinois, etc.), soit

La Chambre Arbitrale Internationale de Paris


Créée en 1926, la Chambre Arbitrale Internationale de Paris compte actuellement 540 arbitres, répartis en fonction de leurs spéciali-
tés (par secteur d’activité, expertise comptable ou juridique, etc.). En 85 ans d’activité, elle a connu près de 35.000 litiges, dont 75 %
sont internationaux.
Elle dispose de nombreux arbitres de dimension internationale susceptibles d’être désignés ou nommés dans des arbitrages qui traitent
des litiges de types très divers : litiges entre associés consécutifs à des restructurations d’entreprise, litiges de distribution et de vente,
sur des opérations de transport, des contrats de représentation, des licences de marque au des contrats de franchise... Sur plus d’un
millier de sentences rendues par la Chambre depuis 1990, aucune n’a été annulée en appel.

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Paris, Capitale mondiale de l’arbitrage

Pourquoi Paris est-elle devenue la capitale Précisons également que l’arbitrage CCI fait auto-
mondiale de l’arbitrage ? rité devant les juridictions françaises comme a eu
l’occasion de le rappeler la Cour de cassation
La vocation de Paris à ce titre tient à plusieurs dans un arrêt de principe du 6 juillet 2000.
raisons.
La seconde raison est que le droit français et
La première est le fait que Paris, outre qu’elle est les juridictions françaises sont, contrairement à
déjà le siège de nombreuses institutions d’ar- d’autre droits plus frileux, résolument favorables
bitrages spécialisées dans tel ou tel domaine au recours à l’arbitrage comme mode de règle-
professionnel, ainsi que le siège d’institutions à ment juridictionnel des conflits commerciaux.
caractère général déjà mentionnées (AFA, CMAP), C’est là une tendance lourde et constante de la
à la chance insigne d’être le siège mondial de la tradition française.
Cour d’Arbitrage de la CCI depuis sa création,
en 1923. Or, depuis lors, cette institution a connu La troisième raison peut-être est que de nom-
plus de 16.000 dossiers impliquant des parties breux juristes internationaux francophones et
et des arbitres ressortissants de 180 pays diffé- bilingues (français, mais aussi suisses, belges et
rents. En 2008, il y eut 685 nouvelles affaires por- autres) se sont révélés particulièrement talentueux
tées devant la Cour d’Arbitrage de la CCI. Paris dans la mise au point progressive d’un droit pro-
fut retenu comme lieu de l’arbitrage dans 85 de cessuel et d’administration de la preuve original
ces affaires (soit environ 12,5 %), et 81 arbitres et efficace dans les arbitrages internationaux,
de nationalité française furent désignées pour empruntant tant à la common law qu’à la civil
en connaître. law. Comme si, grâce à eux, Paris se révélait un

25

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=f 0- Yfk \ÌY[lanal $ dY ;`YeZj] 9jZaljYd] \] HYjak Y [gffm$ ]f ]^^]l$ hj†k \] +-&((( dala_]k$ \gfl /-  kgfl
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<]hdmk$]dd]\akhgk]\]fgeZj]mpYjZalj]k\]\ae]fkagfafl]jfYlagfYd]kmk[]hlaZd]k\̇lj]\ ka_f kgmfgee k
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« Toute contestation survenant à l’occasion de la présente convention et de ses annexes sera résolue par arbitrage conformément au règlement de
la CHAMBRE ARBITRALE INTERNATIONALE DE PARIS que les parties déclarent accepter ».

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www.arbitrage.org

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Paris, Capitale mondiale de l’arbitrage

lieu particulièrement créatif de solutions originales, arbitrages internes et internationaux, menés, selon
syncrétiques et adaptées sur la ligne de fracture le cas, en français ou en anglais, qu’il s’agisse
des deux systèmes tectoniques que sont ceux d’arbitrages ad hoc ou d’arbitrages institutionnels,
du Droit anglo-saxon et du droit continental. On en équité ou en droit. C’est ainsi que j’ai connu
cherche ainsi résolument à emprunter leurs best des délibérés consensuels, d’autres plus conflic-
practices à chacun des deux systèmes. Qu’on tuels et qu’il m’est arrivé, indépendamment du
pense par exemple à tous ces arbitrages où les Droit français, de statuer en Droit belge, suisse,
règles retenues pour l’administration de la preuve anglais, grec ou libanais…
s’inspirent pour l’essentiel de la civil law en ce
qui concerne la preuve écrite (avec cette consé- Mais il est vrai que j’eus souvent l’occasion, quand
quence qu’il n’y aura pas ou peu de discovery) , j’étais président de l’AFJE, de souligner dans tel
et de la common law pour la preuve orale (avec ou tel forum, l’intérêt et l’utilité qu’il y avait, pour
cette conséquence qu’il sera possible de prépa- les juristes d’entreprise, à investir davantage le
rer les témoins et de faire appel aux subtilités de domaine de l’arbitrage et celui, pour les entrepri-
la cross-examination). ses, d’avoir recours à des juristes d’entreprises
comme arbitres. Car tous les métiers du Droit
Ancien Président de l’AFJE,comment et peuvent apporter leur contribution propre au
pourquoi avez-vous choisi de devenir processus de l’arbitrage. Ainsi, pour conclure
arbitre ? en caricaturant volontairement un peu les cho-
ses, l’on peut observer que si la fée du Droit se
Mon intérêt pour l’arbitrage est bien antérieur à penche volontiers sur le berceau des profes-
l’honneur qui me fut donné d’être Président de seurs de faculté, celle de la Motivation sur celui
l’AFJE, et il n’a pas, en réalité, de relation directe des magistrats, celle du Contradictoire sur celui
avec lui. Cet intérêt, né dès la Faculté, avait déjà des avocats, le juriste d’entreprise a pour lui de
26 trouvé à s’exercer lorsque j’eus des fonctions de bien connaître l’Entreprise elle-même, ses dures
Direction Juridique et qu’à ce titre, j’étais respon- réalités, ses contraintes et ses aléas, et la façon
sable en interne du pilotage de très gros arbitra- dont le fait juridique y fait souvent, selon les cas,
ges internes ou internationaux. flétrir ou prospérer le fruit économique.

Mon intérêt pour cette matière fut donc assez ■ Propos recueillis par Juliette Loir
tôt connu et dès le début des années 1990, j’ai
eu la chance de commencer à me voir désigné
comme arbitre, soit par les parties, soit par les
institutions elles-mêmes.

Ce qui fait qu’à ce jour, au travers de plus d’une


trentaine d’arbitrages, j’ai pu me familiariser avec à
peu près tous les cas de figure : co-arbitre, arbitre
unique, Président du Tribunal arbitral dans des

Association : Paris, the Home of International Arbitration


26 janvier 2006, à l’occasion d’une assemblée constitutive réunissant plus de 30 personnalités du monde de l’arbitrage international.
L’association a pour but de promouvoir Paris en tant que place mondiale de l’arbitrage.
Elle est animée par un bureau composé de praticiens de l’arbitrage de diverses nationalités, basés à Paris et bénéficie du parrainage
de trois personnalités de premier plan : Jean-Pierre Ancel, Président de Chambre Honoraire de la Cour de Cassation, Yves Derains,
Président du Comité Français de l’Arbitrage, et Serge Lazareff, Président de l’Institut du droit des affaires de la Chambre deCommerce
Internationale (ICC).
Les premières activités envisagées sont la création et la diffusion d’une plaquette d’information sur la place de Paris, l’organisation d’ac-
tions promotionnelles internationales et la création d’un site web destiné aux usagers de l’arbitrage international.

L’association est ouverte à tous les usagers et praticiens de l’arbitrage international.

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Point de vue

Quand la délégation de pouvoirs ne


suffit pas à exonérer le dirigeant...
A propos de Cass. crim., 8 déc. 2009, no 09-82.183, F-P+F+I
Par Brigitte Brom, Secrétaire général de la Rédaction Lamy Droit pénal des
affaires

Si le chef d’entreprise peut échapper aux foudres de la sanction pénale


en déléguant ses pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité, c’est
à la condition que le délégataire soit à la hauteur des pouvoirs qui lui
sont confiés (pour une version intégrale de ce commentaire, cf. Bulletin
d’actualité Lamy Droit pénal des affaires 2010, E).

Les faits de l’espèce étaient les suivants. Des


28 contrôleurs du travail, visitant le chantier de
construction d’un centre commercial, ont constaté
que du matériel était stocké dans des conditions
n’assurant pas sa stabilité, et que plusieurs salariés
Le juge pénal admet depuis très longtemps qu’une procédant à l’édification des murs travaillaient en
délégation de pouvoirs exonère le dirigeant d’une hauteur sans protection suffisante. Le dirigeant de
entreprise de sa responsabilité pénale. Initialement la société de construction, présent lors du contrôle
cantonné à des domaines précis, le mécanisme de l’inspection du travail, ainsi que cette société,
a pris de l’ampleur depuis cinq fameux arrêts de ont été cités à comparaître devant le juge correc-
la chambre criminelle du 11 mars 1993 (Cass. tionnel pour infractions à la sécurité des travailleurs.
crim., 11 mars 1993, nos 90-84.931, 91-83.655, Ils ont été condamnés par les juges du fond, et
91-80.958, 91-80.598, et 92-80.773, Bull. crim., ce malgré l’existence d’une délégation de pou-
no 112, cf. également Lamy Droit pénal des affai- voirs consentie par le dirigeant au chef de chan-
res 2010, no 118), dont l’attendu de principe a fixé tier, responsable des travaux. Le tribunal a estimé
les conditions de validité : « Sauf si la loi en dispose dans un premier temps que le préposé, jeune et
autrement, le chef d’entreprise qui n’a pas person- inexpérimenté au jour de la signature de l’acte de
nellement pris part à la réalisation de l’infraction délégation, ne disposait pas de la compétence
peut s’exonérer de sa responsabilité pénale s’il et de l’autorité nécessaires à l’effectivité de cet
rapporte la preuve qu’il a délégué ses pouvoirs acte. La cour d’appel a, quant à elle, jugé que le
à une personne pourvue de la compétence, de chef d’entreprise aurait dû vérifier si le délégataire
l’autorité et des moyens nécessaires ». assurait correctement sa responsabilité en matière
de sécurité des travailleurs, en le suppléant le cas
Depuis lors, la jurisprudence ne s’est guère écar- échéant. Et la chambre criminelle de confirmer la
tée de la règle posée. Affaire après affaire, les condamnation, en s’en remettant à l’appréciation
décisions de la Cour de cassation ont seulement souveraine des juges du fond.
apporté des éclaircissements sur son interpré-
tation : l’arrêt du 8 décembre 2009 contribue Compétence et autorité du délégataire sont donc
ainsi à préciser les conditions de compétence et des conditions essentielles à la validité de toute
d’autorité du délégataire, tout en ajoutant que délégation de pouvoir dans l’entreprise (I). Mais
l’appréciation de ces critères doit se faire au jour ces exigences doivent s’apprécier au regard du
de la signature de l’acte de délégation. rôle joué par le chef d’entreprise lors de la signa-

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Point de vue

ture de la délégation et dans l’exercice des mis- sécurité au travail, une compétence juridique est
sions du salarié choisi par lui (II). indispensable, cf. Cass. crim., 25 sept. 2007, no
06-85.945).
Compétence et autorité du délégataire
En l’espèce, c’est plutôt la jeunesse du déléga-
La règle est inchangée depuis les arrêts de 1993 : taire (21 ans seulement) et son inexpérience (la
le délégataire doit être pourvu de la compétence, délégation a été signée moins d’un an après son
de l’autorité et des moyens nécessaires à la mise arrivée dans l’entreprise) qui ont motivé la décision
en œuvre de la délégation, sans quoi celle-ci ne des juges du fond. Autrement dit, inutile de véri-
saurait exonérer le chef d’entreprise de sa res- fier si le délégataire disposait des compétences
ponsabilité pénale. requises dès lors qu’il n’exerce pas ses fonctions
depuis un temps suffisant. À partir de cette déci-
Compétence du délégataire sion, toute la difficulté pour le praticien sera de
déterminer à partir de quand un salarié peut être
Le délégataire doit en premier lieu disposer des jugé suffisamment âgé et expérimenté. Dans le
connaissances techniques nécessaires à l’ac- doute, on ne pourra que conseiller aux dirigeants
complissement de sa mission. Un tel bagage de choisir comme délégataire le salarié le plus
peut d’ailleurs résulter de sa formation initiale, « ancien », tout en lui assurant une formation suf-
ou encore d’une formation dispensée ultérieu- fisante afin que l’ensemble des conditions soient
rement à l’initiative de l’employeur. En second remplies. Sans perdre de vue que la question de
lieu, la jurisprudence exige du bénéficiaire de la l’inexpérience du délégataire est également liée à
délégation qu’il maîtrise le droit applicable à son une seconde condition essentielle, celle de son
domaine d’activité (en matière d’hygiène et de autorité dans l’entreprise.

29

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Point de vue

Autorité du délégataire peu importe que le salarié ait bénéficié par la suite
d’une formation, ou acquis l’expérience requise.
L’autorité du délégataire est une condition essen- À noter d’ailleurs que l’attitude du chef d’entre-
tielle, qui comprend l’exercice d’un pouvoir de prise au moment du choix (et même ensuite) est
commandement et l’octroi des compétences également prise en compte par le juge pénal pour
disciplinaires qui y sont attachées. Mais peut-on apprécier l’effectivité de la délégation. Ainsi, une
considérer qu’un simple chef de chantier dis- attitude de dénigrement des capacités du salarié
pose d’une autorité suffisante ? Ici encore, la est incompatible avec la confiance qui aurait dû
jurisprudence se détermine au cas par cas, sous-tendre l’acte de délégation (cf. Cass. crim.,
en fonction de l’organisation de l’entreprise. 17 févr. 2004, no 03-81.687). Enfin, l’éventualité
En l’espèce, la question n’a pas été discutée, d’une faute de gestion n’est pas à écarter (cf.
même si au départ, le délégataire occupait un Cass. com., 7 juill. 1992, no 90-19.323, et Lamy
poste de simple chef d’équipe et aurait donc sociétés commerciales 2009, no 678).
pu être soulevée.
Après conclusion des délégations :
En revanche, le juge pénal a sans aucun doute l’autonomie du délégataire
retenu une conception plus subjective, ou plus
morale, de l’autorité. On imagine mal en effet Les juridictions pénales sont particulièrement
comment un jeune homme de 21 ans aurait l’as- attentives au rôle conservé par le dirigeant après
cendant suffisant sur une équipe d’ouvriers, dont signature des délégations. En effet, le déléga-
certains devaient être nécessairement plus âgés taire doit disposer d’une autonomie suffisante,
que lui et plus expérimentés, pour leur inspirer sans quoi il n’apparaîtrait que comme un simple
l’obéissance nécessaire au respect des normes bouc émissaire dont la désignation ne servirait
de sécurité applicables sur le chantier... On ne qu’à faire endosser à un tiers la responsabilité
30 peut donc qu’approuver l’appréciation du tribunal effective du chef d’entreprise. La jurisprudence
et de la cour d’appel dans cette affaire, qui relève est particulièrement fournie et toujours constante
avant tout du bon sens, et s’inscrit dans le sens sur ce point (cf., par exemple, pour une infrac-
d’une jurisprudence constante (cf. Cass. crim., tion de travail dissimulé, et alors que le dirigeant
26 mars 2008, no 07-84.730, pour un déléga- s’immisçait régulièrement dans la gestion du per-
taire employé de l’entreprise depuis quelques sonnel de l’entreprise, Cass. crim., 9 oct. 2007,
jours seulement). no 06-89.028).

Rôle du chef d’entreprise délégant L’espèce ici rapportée pouvait sembler assez
proche de ce cas : lors du contrôle de l’inspec-
Le dirigeant est non seulement à l’origine du choix tion du travail, il avait été souligné que le chef
du délégataire, mais il conserve son autorité sur d’entreprise était présent sur le chantier. De là à
ce dernier dont il est l’employeur. en déduire qu’il avait conservé une partie de ses
pouvoirs de direction dans la construction du
Avant la conclusion de la délégation : centre commercial, il n’y avait qu’un pas à fran-
le choix du délégataire chir... Pourtant, curieusement, les juges du fond
n’ont pas cherché à étayer ce raisonnement, qui
Le second enseignement de l’arrêt rapporté est aurait pu aller de pair avec le constat de l’inex-
relatif à la question du moment où les qualités périence du salarié.
du délégataire doivent s’apprécier. La réponse
est sans équivoque : le délégataire doit être suf- L’arrêt du 8 décembre 2009 le confirme : seuls
fisamment compétent et son autorité suffisam- les dirigeants avertis sur les conditions de validité
ment reconnue lorsque le chef d’entreprise prend d’une délégation et suffisamment diligents dans
sa décision de déléguer une partie de ses mis- le choix du délégataire et dans l’exercice ultérieur
sions à ce dernier. En l’espèce, l’inexpérience de leurs missions pourront ainsi échapper à leur
du délégataire au jour de la signature de l’acte a responsabilité pénale.
été jugée rédhibitoire par le juge correctionnel. La
signature de la délégation suppose en tout état ■ Brigitte Brom
de cause que ce dernier ait vérifié les compéten-
ces du délégataire avant de prendre sa décision
puisque c’est une condition de son effectivité. Et

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


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Point de vue

Le développement durable,
un engagement stratégique
auquel participe la filière
juridique
Entretien avec Sandra Lagumina, Directeur Juridique
Corporate GDF Suez

De la lutte contre le réchauffement climatique en


passant par la préservation des ressources fossiles
et naturelles jusqu’à la promotion d’une énergie
respectueuse de l’environnement, GDF SUEZ
œuvre à la maîtrise de l’impact des activités du
Groupe sur l’environnement. Pour relever ce défi, le
32 département juridique composé de 680 membres
dont 575 juristes, joue un rôle actif comme nous
l’explique Sandra Lagumina, Directeur Juridique
Corporate.

Sandra Lagumina

De par la nature de ses activités liées aux de production est l’un des plus propres d’Eu-
métiers de l’énergie, GDF SUEZ est au cœur rope. Par ailleurs, tout nouveau site fait l’objet de
des enjeux environnementaux et est engagé mesures des impacts sur l’environnement de sa
dans une démarche développement durable conception jusqu’à son arrêt définitif voire bien
depuis ses débuts…

Le changement climatique, la pression sur les quelques chiffres...


ressources en eau et la maîtrise de l’énergie Fin 2008, 92,2 % des activités concernées par les risques environnemen-
sont au cœur de la stratégie du Groupe. C’est taux étaient engagées dans un processus de maîtrise de leur performance
la raison pour laquelle nous privilégions un déve- environnementale. Ces processus peuvent inclure la mise en place d’un
loppement industriel qui s’appuie sur des tech- système de management environnemental ou d’un plan de gestion des
nologies sobres en CO2, telles que le nucléaire, risques dont certains certifiés (ISO 14001, ISO 9001 avec volet environ-
les turbines gaz à cycle combiné, et bien sûr les nement, etc.). Au 31 décembre 2008, 48,8 % du chiffre d’affaires généré
énergies renouvelables, dans lesquelles nous par les activités ayant un impact environnemental était couvert par un
avons investi un milliard d’euros en 2008. Avec SME certifié.
38 % d’électricité produite sans CO2, notre parc

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Point de vue

au-delà comme on le constate avec les ancien- les textes du Grenelle. Nous participons également
nes usines à gaz par exemple. à la réflexion sur l’évolution de ces textes. Enfin,
certains des contentieux ayant trait à ces matiè-
Quel est le rôle du service juridique res demeurent gérés directement par la Direction
dans l’action du Groupe en faveur de la Juridique centrale à la fois pour des raisons histo-
protection de l’environnement ? riques et parce que ces contentieux nécessitent 33
souvent un suivi sur plusieurs années.
Bien évidemment, nous devons tout d’abord
interpréter, expliquer aux collaborateurs et faire En matière d’environnement, quel sont les
respecter les textes réglementaires d’une grande contentieux que vous gérez ?
complexité : au niveau européen, les directives
environnementales (IPPC, sur l’eau, l’air ambiant et Le principal risque en matière de gaz naturel a
la responsabilité environnementale), le règlement trait au risque d’explosion et aux dramatiques
REACH, mais aussi des directives sectorielles ou conséquences sanctionnées au pénal. Notre
spécifiques comme SEVESO et sur le plan natio- priorité est la protection des personnes. Nous
nal, les règles de notre code de l’environnement et sommes en revanche moins concernés en raison
des caractéristiques de la molécule de gaz par
les dommages de pollutions au sens environne-
Parcours mental du terme. En revanche, nous sommes très
attentifs aux atteintes au voisinage de nos sites
Après une première expérience comme auditeur et maître de requêtes au
industriels : pollution sonore ou visuelle par exem-
Conseil d’Etat, Sandra Lagumina devient conseiller technique et juridique
ple. Sur le sujet particulier de la dépollution, notre
du Président de l’Assemblée nationale. Elle est ensuite de chargée du droit
démarche a été très volontariste dans la remise en
de la concurrence et de la commande publique au cabinet du ministre de
état des anciennes usines à gaz pour lesquelles
l’économie et de finances. De 2002 à 2005, elle est sous-directeur à la
nous avions passé une convention avec l’Etat.
Direction des affaires juridiques du Ministère de l’économie, des finances
Notre responsabilité administrative demeure en
et de l’industrie. Elle intègre en 2005 le Groupe Gaz de France en tant
tant qu’ancien exploitant pendant 30 ans après
que Directeur Adjoint de la Direction de la Stratégie et devient Directeur
la cessation d’activité et quoi qu’il en soit, nous
Juridique du Groupe Gaz de France en février 2007. Depuis juillet 2008,
assumons notre responsabilité en tant que pro-
elle est directeur juridique corporate du Groupe GDF SUEZ.
priétaire initial des sites. Nous devons donc être
Formation : organisés de manière à gérer le long-terme ces
• Ecole Nationale d’Administration (ENA) dossiers et c’est la raison pour laquelle nous
• DESS de droit du marché commun avons décidé de conserver cette compétence
• DESS de droit public de contentieux au même titre que nous avions
gardé les contentieux liés à l’amiante.
• Institut d’études politiques de Paris (IEP)

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Point de vue

En matière d’énergie, l’anticipation des mentalités. Faire du développement durable c’est


changements de modes de consommation aussi cela : transformer la contrainte en oppor-
est une question de survie financière pour tunités, prendre ces défis comme éléments de
les entreprises énergétiques. Quel rôle joue croissance et de compétitivité. Il en va de même
la Direction Juridique ? quand nous accompagnons les évolutions struc-
turelles de l’entreprise.
L’anticipation de la demande en énergie est évi-
demment cruciale. Elle nous conduit à transfor- Mais concrètement, quel est votre rôle
mer en profondeur la structure de l’entreprise, à dans cette démarche de développement
réinventer continuellement nos offres et à adap- durable ?
ter notre sourcing amont.Pour une entreprise
énergétique dont le marché historique est le gaz C’est une démarche globale soutenue au plus
naturel, comprendre la transformation de la per- haut niveau de l’entreprise. Quelques exemples
ception des énergies par la société est, en effet, concrets. La Direction Juridique va créer les outils
essentiel. Aujourd’hui, une chose est sûre : nous et agir en support de la direction DD placée au
ne pouvons nous contenter de commercialiser sein de la direction de la stratégie. Elle va égale-
une seule énergie. Il faut désormais proposer ment, avec la direction des achats des cahiers
de l’électricité produite sous toutes ses formes : des charges stricts et respectueux de l’environ-
l’éolien, le photovoltaïque, l’hydroélectrique, le nement par nos fournisseurs. Nous travaillons
nucléaire etc. aussi avec un réseau de déontologues internes
qui se révèlent être pour la plupart des juristes
Le rôle de la Direction Juridique est d’accompa- pour toute question délicate ou éthique et notre
gner ces transformations en amont d’anticipersur département sera consulté sur certains accords
les nouvelles réglementations et de faire du droit d’intermédiaires commerciaux ou sur les politi-
34 un instrument comme les autres au service de ques d’embargos par exemple.
l’évolution de l’entreprise. Le rôle de la Direction
Juridique n’est donc pas seulement curatif mais ■ Propos recueillis par Catherine Roux,
également préventif sur l’évolution du cadre régle- Responsable de la commission Environnement
mentaire de l’activité de l’entreprise. & Développement durable de l’AFJE et
Juliette Loir, journaliste
Vous êtes donc en quelque sorte chargés
d’accompagner la redéfinition du modèle
énergétique du Ggroupe…

Incontestablement. Encourager nos équipes com-


merciales à préconiser auprès des clients des
réductions de consommation d’énergie entraîne
non pas une évolution mais une révolution des

Les Objectifs de la Commission Environnement et Développement Durable


• Faire prendre conscience aux juristes que l’Environnement et le Développement Durable constituent des enjeux majeurs pour l’entre-
prise au sein de laquelle les juristes ont un rôle fondamental à jouer dans ces domaines.
• Aborder le Développement Durable dans sa généralité qui se décline dans l’entreprise en démarche « RSE » ou comment l’entreprise
maîtrise les conséquences environnementales, sociales et économiques de ses activités et ses relations avec les parties prenantes.
La Commission doit permettre aux juristes d’entreprise d’être source de propositions, de favoriser leur participation à l’évolution et à la
rédaction des textes, les juristes étant par définition les premiers acteurs dans l’entreprise à devoir les appliquer, les diffuser voire à en
constater les imprécisions ou manquements. C’est ce que nous avons tenté de réaliser avec la rencontre Grenelle II que nous avons ani-
mée en octobre 2009.
Elle doit aussi permettre de développer les échanges entre les autres commissions de l’AFJE puisque la RSE est, par nature, un concept
transversal. C’est enfin un concept volontaire, d’autorégulation et normalisé (global compact, GRI, et bientôt l’ISO 26 000...) mais qui
peut avoir des incidences juridiques.

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Chronique formation DES JURISTES D’ENTREPRISE

Focus sur l’École de Droit et de


Management de l’Université Paris II
Panthéon-Assas
Entretien avec le Pr Jérôme Duval-Hamel, co-directeur du MBA-Master 2
Droit des affaires et de management-gestion

En septembre 2008, l’Ecole de Droit


et de Management de Paris de
l’Université Paris 2 Panthéon -Assas
lançait le MBA/Master 2 de Droit des
Affaires et de Management-Gestion,
en partenariat avec 15 grandes
entreprises et cabinets ainsi que
l’AFJE. Le point avec le Pr Jérôme
35
Duval-Hamel, Co-Directeur de l’Ecole
de Droit et de Management de Paris –
Université Paris Panthéon-Assas.

Pr Jérôme Duval-Hamel

zaine d’entreprises. Aujourd’hui, elles sont plus


de trente à s’investir activement dans ce parte-
Près de deux ans après le lancement du nariat.
MBA/Master 2 de Droit des Affaires et de
Management-Gestion, quel bilan tirez-vous D’un point de vue qualitatif, notons que les pro-
de cette formation ? fessionnels sont de plus en plus désireux d’inter-
venir dans le Master, ce qui est un gage de qualité
D’un point de vue quantitatif, nous accueillons et de reconnaissance et qu’ils recrutent vite nos
aujourd’hui des promotions de 22 ou 23 étu- étudiants. Et en termes de notoriété justement,
diants. A noter que nous recevons chaque année nous sommes le premier diplôme universitaire en
l’équivalent de 350 candidatures, un vrai succès Droit des Affaires et Gestion.
quand on sait que les autres diplômes de Droit et
de Gestion atteignent les mêmes performances En quoi répond-t-elle aux attentes des
après une dizaine d’années d’existence. entreprises ?

Par ailleurs, lors du lancement de ce Master 2, Elle offre un double diplôme complet, en un an:
nous avions noué des partenariats avec une quin- une formation complète de Droit des affaires et de

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Chronique formation DES JURISTES D’ENTREPRISE

Gestion des entreprises. En parallèle, le MBA offre


aussi une professionnalisation réelle : 8 mois en
contrat d’apprentissage en entreprise et 12 mois
de gestion d’une junior entreprise parrainée par
un dirigeant de grand Groupe. Tout ceci conduit
à une réelle double compétence. Or aujourd’hui,
les entreprises sont de plus en plus désireuses
de créer des passerelles entre les carrières. Cela
ne concerne pas seulement les grandes entrepri-
ses mais également les PME qui ont besoin de
cadres polyvalents. C’est la raison pour laquelle
les entreprises veulent des juristes experts dans
leur domaine, qui connaissent leurs problémati-
ques et qui sont également des managers sus-
ceptibles de sortir de la fonction juridique.

Quels sont aujourd’hui les défis de la


profession de juriste d’entreprise ?

Je ne répondrai pas en tant qu’universitaire mais


en tant que dirigeant d’entreprise. Il y a 20 ans,
les juristes d’entreprise comme les DRH étaient
aux marches des Comités de direction. Alors
que le DRH fait désormais partie intégrante des
36 équipes de direction, le juriste reste encore trop
souvent écarté. Le défi de la profession est donc
d’être associé à la stratégie de l’entreprise et de
participer à sa direction. Chaque année, le programme est revalidé par
l’AFJE (qui participe aux jurys d’examens) et par
Justement, que peut apporter un juriste aux les entreprises partenaires. L’occasion donc de
instances dirigeantes ? coller au plus près des attentes des professionnels
comme en témoigne l’augmentation du nombre de
Le juriste d’entreprise a un raisonnement de pro-
cess très précieux. Une pensée ordonnée est la
bienvenue dans le management de projets. Par « Chaque année, le programme est
ailleurs, dans un contexte judiciarisé, internatio-
nalisé et complexe, il est un élément de sécurité revalidé par l’AFJE et les entreprises
mais aussi de créativité car dans le foisonne-
ment juridique international, il peut créer des
partenaires »
solutions juridiques ou juridiquement compatibles
auxquelles les managers ne vont pas forcément recrutements, par les entreprises, des étudiants…
penser ! en cours d’année ! Et ce, avec des salaires en
haut de grille : entre 40 et 60 K€ annuel.
En quoi cette formation répond-t-elle à ces
défis et aux exigences des entreprises ? ■ Propos recueillis par Juliette Loir

Nous veillons à ce que nos étudiants aient les


compétences techniques en Droit et Gestion
mais aussi les compétences comportemen- Parcours
tales pratiquées par les cabinets et les entre-
prises. Nous favorisons au sein du MBA des Jérôme Duval-Hamel, Professeur des Universités, Capa, ancien Directeur
pratiques « pro », comme le travail en groupe, le Général et membre de Comités exécutifs de grands Groupes, aujourd’hui
management d’équipes, la conduite de projet, Membre de Conseils de surveillance et d’administration , Arbitre inter-
la gestion du stress, la rédaction de notes de national, et Co-Directeur de l’École de Droit et Management de Paris
synthèses etc. Panthéon Assas.

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Chronique CHRONIQUE INITIATIVE AFJE

Le Prix AFJE
Point de vue d’un des membres du jury : Luc Athlan,
Responsable Juridique France Telecom-Orange
et Vice-Président de l’AFJE

Cette année, l’édition 2010 du Prix


AFJE a rencontré un franc succès :
36 candidatures venues de tous les
DJCE de France. Pour sa troisième
année, l’Association est fière de
cet engouement et remercie tous
ces étudiants, futurs juristes en
entreprise.

37
Un bon Juriste d’Entreprise n’est pas
uniquement un homme de dossier mais doit
être capable d’animer une équipe.

La pédagogie est un point essentiel ! Le Juriste


Luc Athlan d’Entreprise ne se contente pas de régler un
litige ou de rédiger un contrat de travail… Il est
Prix AFJE : l’expression du talent ! au cœur des stratégies de l’entreprise ; il doit
être capable de transmettre son savoir.
La raison d’exister d’un prix, quelqu’il soit est de
valoriser un diplôme, un écrit ou une action. Prix AFJE : trait d’union

Concernant le Prix AFJE ; il s’agit de valoriser le Beaucoup d’étudiants en droit, à tort ou à raison,
diplôme DJCE et plus particulièrement un étu- privilégient le métier d’avocat. Un des nombreux
diant qui posséderait potentiellement les quali- enjeux pour l’AFJE est d’être présente dans les
tés que l’on est en droit d’attendre d’un Juriste Grandes Écoles, les Universités notamment dans
d’Entreprise : l’ouverture au monde, l’esprit d’ini- les DJCE, comme avec le Prix AFJE et permet-
tiative et l’envie. Il s’agit pour le jury d’obtenir tre ainsi aux étudiants de privilégier le métier de
la parfaite adéquation entre la personnalité du Juriste d’Entreprise.
candidat et sa formation.
Prix AFJE : une montée en puissance !

à savoir… Le jury est heureux de constater que le niveau


des candidats est à nouveau excellent ! En effet,
Le Prix AFJE offre au lauréat une récompense de 1 000 €, ainsi qu’un stage grâce à sa renommée, les candidats sont de
de 2 mois au service juridique d’Orange – France Télécom, pouvant être plus en plus motivés, de plus en plus nombreux.
réalisé dans le cadre du stage obligatoire. Le prix ainsi que l’engagement Cette année a été exceptionnelle.
de stage chez Orange – Groupe France Télécom à Paris seront remis par
les représentants de l’AFJE, le vendredi 25 juin 2010 lors de la Journée ■ Luc Athlan
Nationale des DJCE à Montpellier.

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Chronique CHRONIQUE INITIATIVE AFJE

Prix AFJE : Une relève assurée !


Entretien avec Vincent Briand, étudiant en Master 2 :
Droit de l’entreprise et des Affaires

Vincent Briand, étudiant en Master 2 Droit de


l’entreprise et des Affaires – DJCE à Rennes, est
l’heureux gagnant de la troisième édition du Prix
AFJE réservé aux étudiants du Master 2 Diplôme
de Juriste Conseil en Entreprise (DJCE). A la clé,
une récompense de 1000 euros et un stage de
deux mois au sein du service juridique d’Orange-
Groupe France Télécom. Un début de carrière qui
s’annonce, pour ce futur juriste d’entreprise, riche
en opportunités et perspectives. Itinéraire.

Vincent Briand
38

Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir juridiques et Responsables Juridiques compo-


exercer le métier de juriste d’entreprise ? sant son Conseil d’administration. Enfin, c’est
une bonne expérience pour de futurs entretiens
C’est en étudiant le Droit des sociétés en troi- professionnels.
sième année de Droit que j’ai eu l’occasion de
découvrir, ou tout du moins de mieux connaître Une photo de vous en costume, une planche
le métier de juriste d’entreprise. Cela m’a permis de surf dans une main, le Code Civil dans
de me rendre compte à quel point le juriste est l’autre. Une candidature atypique ! Pourquoi
nécessaire au développement de l’entreprise. avoir choisi cette image ?
Il a les moyens de participer activement à son
succès et à sa réussite, intervenant à la fois en J’ai joué la carte de l’originalité. Et comme je le
appui de la gestion commerciale, de la gestion précisais dans l’autoportrait que j’ai écris pour
financière, de la politique sociale. Le juriste est ma candidature : cette photo c’est moi, ce n’est
ainsi au cœur de l’entreprise. Il connait ses forces que moi, mais c’est tout moi... Le Droit est cer-
et ses faiblesses, la voit grandir. Il vit avec elle en tes une vocation mais il est, selon moi, essentiel
quelque sorte. de s’épanouir dans d’autres activités, conserver
ses passions, sa jeunesse.
Pourquoi avoir décidé de postuler au Prix
AFJE ? Quel est votre programme pour les
prochains mois ?
J’ai entendu parler du Prix AFJE par notre direc-
trice de Master. A l’heure où le marché de l’emploi Une fois diplômé du DJCE, mon objectif est de
reste difficile, ce concours représentait une belle partir pendant un an en Angleterre pour suivre un
opportunité. D’une part parce qu’il m’a permis de LLM en Droit des Affaires internationales. L’idéal
remporter un stage de deux mois chez Orange – étant que je puisse effectuer le stage de deux
Groupe France Télécom mais d’autre part, parce mois chez Orange dès mon retour.
qu’il m’a permis de rencontrer les membres de
l’AFJE et plus particulièrement, les Directeurs ■ Propos recueillis par Juliette Loir

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Chronique CHRONIQUE INITIATIVE AFJE

Retour sur expérience d’une candidate


au Prix AFJE
Sophie Delplanke, étudiante à Paris II
Sophie, vous avez déposé une candidature J’ai aussi retrouvé dans la rigueur juridique la
pour le prix AFJE, quelles qualités pensez- logique scientifique qui me plaisait. Je suis allée
vous avoirpour y prétendre ? à l’Université de droit de Nice Sophia Antipolis.
Pendant toute ma licence, j’ai plutôt choisi des
Ce prix récompense un étudiant de DJCE qui se options en sciences politiques. Les matières juri-
destine à la profession de Juriste d’Entreprise. Je diques « techniques » m’intéressent, mais je trouve
remplis ces deux conditions et je suis passionnée important d’avoir l’esprit ouvert. Même s’il on
par le droit en général et le droit des entreprises dit qu’en droit, les étudiants oublient très vite ce
en particulier. J’aime les problèmes complexes, qu’ils ont appris, la diversité des enseignements
où se mêlent plusieurs branches du droit et qui apporte une vision assez large et un enrichisse-
font appel a la créativité du juriste. ment intellectuel.

Quelle est la place du droit dans votre vie ? J’ai ensuite intégré l’Université de Paris Il, Pan-
théon-Assas en master 1 et j’ai présenté ma
Il a une place très importante. Dès le début de candidature au master 2 juriste d’affaires-DJCE.
mes études, je me suis enthousiasmée pour cette Je me suis orientée vers le droit des affaires. Au
matière. Le droit permet de rendre intelligible départ, j’étais attirée par le droit du travail. Mais
énormément de choses dans le fonctionnement cette matière est trop factuelle. J’ai un esprit 39
et l’organisation de notre société. Au-delà des carré, logique, et je redoute les matières où il
matières juridiques, j’ai étudié l’histoire et les existe aussi peu de certitudes.
sciences politiques. Ces enseignements sont
nécessaires même aux non juristes, ne serait-ce N’est-ce pas un parcours un peu banal pour
que pour comprendre nos institutions, l’évolution prétendre à un tel prix ?
liée à l’Union Européenne et les débats économi-
ques et sociaux de notre époque. Mais la place Peut être. Je ne suis pas partie étudier à l’étranger,
du droit dans ma vie reste limitée à mes études. j’ai suivi mon cursus sans aucune vague. Mais
Je suis curieuse, et m’intéresse au monde qui j’espère compenser par ma personnalité. Je suis
m’entoure. Je ne me suis jamais enfermée dans curieuse et ouverte d’esprit. Je pense qu’un bor
une passion particulière. Je suis plutôt touche juriste doit être un bon technicien du droit mais
à tout et j’aime découvrir ce qui m’est inconnu. pas seulement. Je crois que les carrières ne se
J’ai pratiqué le théâtre pendant neuf ans, j’ai bâtissent pas que sur les compétences, mais
assisté à de nombreux spectacles. Pourtant j’ai aussi la personnalité et les valeurs humaines.
tout autant de plaisir à assister à un bon match
de football. Vous êtes sortie major de votre promotion,
vous êtes arrivée deuxième du concours
Décrivez-nous votre parcours. Francis Lefebvre, tout cela ne vous a pas
donné la grosse tête ?
J’ai effectué des études scientifiques au lycée,
j’ai eu le bac S avec mention très bien. J’ai hésité Ces distinctions ont été très agréables, mais
entre des études scientifiques et des études juri- malheureusement ne font pas tout. J’ai peut
diques. J’aimais beaucoup la rigueur et la logique être réussi en milieu universitaire car j’ai travaillé,
scientifique : un raisonnement de mathématique appris mes cours, mais je vais devoir faire mes
est concis, clair et sans une grande casuistique preuves dans le milieu professionnel. Je pense
comme on peut retrouver en droit. Mais l’idée de que seul Ie travail pourra m’aider et non ces belle
faire des sciences toute ma vie ne m’attirait pas récompenses.
du tout. Ce qui m’a initialement séduite dans le
droit est la culture qu’il apporte. Il permet de mieux ■ Interview extraite de la Gazette du DJCE,
comprendre et appréhender les débats sociaux. février 2010.

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Culture Juridique

La culture juridique d’entreprise

en partenariat avec :

La fonction juridique chez TBWA :


vélocité et réactivité
Par Jean-David Sichel, Directeur Juridique et Vice-Président de l’AFJE
TBWA est un des trois réseaux publicitaires
du groupe OMNICOM, numéro un mondial
dans ce domaine. TBWA est le 3è groupe de
communication en France et compte parmi ses
clients, entre autres, Apple, Nissan, Michelin,
40
Pfizer, SNCF, McDonald’s, Total, Système U,
l’Armée de Terre…

Jean-David Sichel

Le groupe TBWA France est une ETI (Entreprise crise par exemple) : plan média, achat d’espace,
de Taille Intermédiaire) qui compte une vingtaine achat de droits auprès des comédiens, des musi-
d’agences à Paris et en régions. ciens (maisons de disques/éditeurs), recherche
d’un réalisateur, dépôt d’une marque ou d’une
L’exercice de la fonction juridique dans le cadre baseline, tournage, post-production, validation
d’une entreprise de communication implique à des campagnes auprès de l’ARPP, tout cela va
mon sens plusieurs caractéristiques : grande très vite et l’équipe juridique ainsi que nos avocats
réactivité et rapidité d’exécution, diversité des spécialisés en droit de la communication doivent
missions et nécessité de sensibilisation. réagir très rapidement tout en s’assurant que les
droits de propriété intellectuelle de tous les inter-
Réactivité et rapidité d’abord. venants sont respectées et dûment « clearés » et
que la campagne ne posera aucune difficulté eu
La communication publicitaire est un domaine égard aux contraintes de plus en plus nombreuses
dans lequel la relation avec le client s’inscrit certes qui sont imposées sur ce type de création (lutte
dans la durée mais dont les opérations peuvent se contre l’obésité, respect de la diversité, loi Evin,
succéder très rapidement en fonction des néces- susceptibilités communautaires, argumentaires
sités marketing/évènementielles ou parfois en rai- écologiques, mentions obligatoires…)
son d’évènements extérieurs (communication de

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culture Juridique

En dehors même du seul aspect métier, les struc- photographe, designer, comédien), sans quoi la
tures des agences de publicité sont changeantes : contrefaçon est inévitable.
suivant les exigences des clients et les contrain-
tes du groupe, des agences peuvent être créées Dès lors, les questions suivantes sont fréquem-
pour être plus tard fusionnées pour regrouper ment posées et rappelées : « Avez-vous bien
certaines activités connexes. Acquisition et ces- vérifié que l’œuvre créée n’est pas approchante
sions de fonds de commerce également. Activité d’une œuvre préexistante ? Avez-vous obtenu
corporate soutenue et en évolution permanente de l’annonceur ou du diffuseur le plan média en
donc. Tout comme les questions immobilières France et à l’étranger de façon à déterminer les
qui en découlent. droits dus aux ayant-droit ? Vous êtes-vous fait
garantir par nos fournisseurs sur ces sujets ?
Diversité ensuite. Avez-vous bien identifié dans votre documentation
les prestations qui sont régies par la loi Sapin sur
TBWA est un groupe de communication intégré, l’achat d’espace et les imprimés publicitaires ?
ce qui signifie que les prestations de publicité Avez-vous pensé aux assurances RC liés au type
« classique » (TV, internet, radio) y côtoient l’évè- de communication envisagé ? ».
nementiel, le production de contenus (exemple :
les magazines TGV ou Aéroports de Paris), le C’est la contrepartie indispensable à la « vélo-
merchandising (objets publicitaires), la produc- cité » du métier. Les juristes doivent s’adapter au
tion audiovisuelle, les « marketing services », la rythme soutenu des campagnes mais ne peuvent
communication corporate et médicale. En une laisser l’agence prendre le risque de diffuser une
journée, le Directeur Juridique est donc confronté campagne dont le contenu n’a pas été préala-
à la fois à des problématiques d’assurance de blement validé juridiquement. Ce « principe de
tournage, de bail commercial, d’édition musicale, précaution » est d’ailleurs régulièrement rappelé
de contrat de prestations informatiques pour la par la Direction Générale. A cet égard, On peut 41
création d’une boutique d’objets publicitaires en dire que le réflexe juridique est très bien ancré
ligne, de contrats avec des médecins pour l’ani- chez TBWA et ce, depuis longtemps: la culture
mation d’un symposium. juridique y est donc ancienne et solide, que l’ap-
partenance à un groupe américain (Omnicom) n’a
Sensibilisation enfin. fait que renforcer.

Les équipes commerciales et créatives doivent Mon passé en cabinet d’avocat et l’expérience de
être régulièrement sensibilisées au risque juridique. la création d’entreprise m’ont bien préparé à ce
Les juristes, via les annonceurs et les directeurs type d’exercice du métier de juriste d’entreprise,
commerciaux de l’agence, doivent par exemple, l’étape de création ayant été en quelque sorte un
se tenir en permanence au courant du plan media « sas » entre le cabinet d’avocat et l’exercice dans
de chaque campagne (territoire, media, durée) afin un groupe. Chez TBWA, la fonction juridique existe
qu’aucune diffusion n’ait lieu sans l’autorisation depuis plus d’une quinzaine d’années tout en étant
préalable de chacun des ayant-droits (musicien, jeune dans sa composition. Avec mon équipe nous
sommes très mobilisés pour défendre les intérêts
du groupe dans différents domaines (pour le cor-
Parcours porate, pour les droits images, pour les droits liés
à la musique). Nous nous réunissons pour un brie-
• ESSEC 1992 fing hebdomadaire en plus du traitement quotidien
• Maîtrise de Droit (Paris II) des dossiers. Présence également indispensable
• DEA Droit des Affaires (Paris II) d’un cabinet d’avocat partenaire pour les aspects
spécialisés du droit de la communication et pour
• CAPA 1994
le droit social, en liaison avec la DRH.
Exercice
• De 1995 à 2000 : avocat chez Moquet Borde (Paul Hastings) puis Gide ■ Jean-David Sichel
Loyrette Nouel
• De 2000 à 2004 : cofondateur d’une SSII liée à ORACLE Rubrique suivie par Christophe Roquilly,
• Depuis 2005 : Directeur Juridique de TBWA France professeur à EDHEC Business School
et Rémy Sainte Fare Garnot, administrateur
• 2008 : administrateur et vice-président de l’AFJE de l’AFJE.

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publi-rédactionnel

Lamy Axe Droit

42

Les Editions Lamy lancent une nouvelle Autant de questions nouvelles, à la croisée de
collection d’ouvrages, Lamy Axe Droit. différents domaines juridiques, auxquelles les
Quels en sont les fondements clés ? professionnels du droit sont confrontés, avec
la nécessité de rapidement bien les maîtriser
Les besoins d’information des professionnels pour apporter les solutions concrètes et fiables
du droit sont constamment renouvelés par les attendues.
évolutions de la vie économique et sociale.
Le monde change à très vive allure, et, avec Autant d’opportunités aussi à saisir pour enrichir
lui, les problématiques juridiques : droit de la palette de leurs compétences et développer
l’Internet et téléchargement illégal, droit des leur activité.
créations immatérielles, droit des séniors, droit
des énergies renouvelables, responsabilité A ce besoin d’information sur des thématiques
environnementale des entreprises, droit des émergentes, innovantes et fortement liées à
arts visuels, révolution dans le monde des l’actualité, doit correspondre une démarche
institutions sans but lucratif avec les fonds de éditoriale ambitieuse.
dotation, situation de l’étudiant en entreprise,
emprise croissante du droit communautaire, Dans le prolongement de nos publications quo-
évolutions constantes de la cellule familiale, de tidiennement utilisées par les professionnels,
sa création à sa séparation, son patrimoine, cette nouvelle collection Lamy Axe droit, par
le statut de l’enfant, les problématiques de la le choix exigeant des titres publiés, une forte
souffrance au travail, … réactivité aux besoins nouveaux générés par

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publi-rédactionnel

la pratique juridique, la qualité experte de ses Une dimension « nouveaux enjeux


auteurs, universitaires et praticiens reconnus, juridiques »qui, par delà le choix des
un format dynamique de type monographies et thématiques, se reflète dans la dynamique
une tarification adaptée,propose des ouvrages que vous souhaitez insuffler à cette
inédits à tous les juristes désireux de placer leur collection. Pouvez-vous nous en dire plus ?
pratique à la pointe des évolutions.
Comme vous l’avez en effet remarqué, nous
Concrètement, pouvez-vous nous dire avons adopté une couverture et une maquette
comment, par exemple, un ouvrage dédié résolument dynamiques, reflets d’une ligne édi-
au « Droit des créations immatérielles » toriale qui se démarque d’une approche par trop
répond à ce positionnement éditorial ? académique.

Depuis 2007, la lutte contre les contrefaçons, Nous lancerons cette année près de 5 nouveau-
qui touche de nombreux secteurs tels que les tés par mois, soit 45 titres d’ici la fin de l’an-
nouvelles technologies, le luxe, la santé, les née 2010. Nos premiers titres, lancés en mars,
meubles d’intérieur, est devenue une priorité concernent : « La lutte contre le téléchargement
pour les pouvoirs publics s’agissant tant des illégal » sous la signature d’Agnes Granchet et
œuvres matérielles qu’immatérielles. Les inves- d’Emmanuel Derieux, « Le droit des créations
tissements des entreprises mais également les immatérielles » signé par Hubert Bitan, « Famille
créations artistiques originales se voient confé- et patrimoine », recueil de contributions publiées
rer une protection accrue, notamment en droit dans la revue Droit & Patrimoine, « Evolution du
français. droit social », sous la plume de Jacques Barthé-
lémy ou encore « Le contentieux de la circulation
Les développements juridiques mais également routière » précité, par Rémy Josseaume et Jean-
techniques que consacre l’auteur à la lutte contre Baptiste Le Dall. Ont suivi en avril5 nouveaux 43
la contrefaçon des biens immatériels permettent ouvrages consacrés aux Fonds de dotation, à
d’appréhender au mieux les problématiques l’Étudiant en entreprise, au Droit des énergies
contemporaines notamment liées à la breveta- renouvelables, à l’Année du droit social 2009, aux
bilité des logiciels, au peer to peer, au statut de déontologies des professionnels du droit…
l’adresse IP ou encore à la responsabilité des
différents intervenants sur le Web 2.0. Notre collection, présente dans un large réseau
de libraires, traditionnels et en ligne, et parfaite-
Au plan juridique, les questions s’agissant de la ment référencée dans Googlebooks, est relayée
protection par le droit d’auteur (pour les auteurs par un site Internet dédié, http://librairie-droit.
de logiciels et de bases de données), et par le lamy.fr et par notre blog (Lamyblog.fr). Notre
droit sui generis (pour les producteurs de bases réseau est aussi pleinement engagé auprès des
de données), sont mises à jour et minutieusement étudiants et des professeurs dans les universi-
développées. Au plan technique, il est envisagé tés juridiques.
une approche accessible des mesures expertales
nécessaires dans le domaine de la contrefaçon ; Professionnels et futurs professionnels pourront
ce qui est d’autant plus appréciable que les ainsi facilement accéder à cette collection et aux
réponses se trouvent à la croisée des chemins nouveautés permanentes que nous leur propo-
entre juridique et technique. serons. Nous serons particulièrement attentifs
aux retours des praticiens et aux propositions
qu’ils pourront nous adresser pour développer
une collection parfaitement en phase avec leurs
attentes.

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Culture

Livres
Droits de propriété intellectuelle dans un monde
globalisé
Ouvrage coordonné par Viviane de Beaufort, Vuibert, octobre 2009, 233 pages.
Rare ouvrage collectif peine tant à vous tomber des mains. Cet ouvrage mené rondement
par la co-directrice du Centre Européen de Droit et d’Economie de l’ESSEC accueille plé-
thore de contributions palpitantes pour qui développe le moindre intérêt pour le Droit de la
propriété intellectuelle. On y retrouve la plume de membres éminents du Conseil de l’AFJE
dont Luc Athlan et Jean-David Sichel, aux côtés d’autres signatures telles que Guy Cani-
vet, Patrick Rey ou Guiseppe di Martino. L’innovation, Hadopi, la problématique des États
trop peu conscients de la valeur de leurs actifs immatériels, la copie libre, l’actualité de la
contrefaçon sont autant de sujets qui donnent à réfléchir et trop peu d’ouvrages se penchent sur une telle prise de
recul dans le domaine, tous les jours, évolutif, du Droit de la propriété intellectuelle.Si notre page Culture, comportait
un système d’étoiles, celui-ci mériterait le maximum tant le soin intellectuel surnage à chaque chapitre de ce livre qui
a été préfacé par Christine Lagarde.
■ Philippe Coen

44

L’esprit de Philadelphie, la justice sociale face au


marché total
Par Alain Supiot, Seuil, 180 pages, janvier 2010, 13 €.
Relire la déclaration de Philadelphie de 1944 rédigée par l’Organisation Internationale du
Travail et revue avec un œil de 2010, voici un projet qui ressemble à ce que les anglophones
appellent de la « nourriture pour la pensée ». Alain Supiot est directeur de l’Institut d’Études
Avancées de Nantes et il enseigne le Droit.L’intérêt de l’ouvrage réside dans la mise à jour du
concept issu du droit romain de solidarité sociale qui met en avant des formes non contrac-
tuelles d’échange.Alain Supiot plaide pour un système de protection sociale supra-nationale
en Europe.A bien y penser c’est logique, reste à faire.
■ Philippe Coen

Les 100 mots du Droit des affaires


Par Alain Couret et Lucien Rapp, PUF, Que sais-je, 128 pages, 9 €.
Relire la déclaration de Philadelphie de 1944 rédigée par l’Organisation Internationale du Tra-
vail et revue avec un œil de 2010, voici un projet qui ressemble à ce que les anglophones
appellent de la « nourriture pour la pensée ». Alain Supiot est directeur de l’Institut d’Études
Avancées de Nantes et il enseigne le Droit. L’intérêt de l’ouvrage réside dans la mise à jour du
concept issu du droit romain de solidarité sociale qui met en avant des formes non contrac-
tuelles d’échange.Alain Supiot plaide pour un système de protection sociale supra-nationale
en Europe.A bien y penser c’est logique, reste à faire.
■ Philippe Coen

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culture

Exposition
Crime et châtiment au Musée d’Orsay
Du 16 mars au 27 juin 2010.
« La guillotine transformée en objet de musée ! On ne peut pas
rêver un symbole plus éclatant de l’abolition de la peine de mort »
a déclaré Robert Badinter à l’AFP. Le ton est donné !
L’exposition explore le regard fasciné des artistes sur le crime et
questionne la réalité troublante de l’homme criminel et de la so-
ciété punitive. Du premier crime originel, celui de Caïn, en passant
par l’introduction de la guillotine à la Révolution Française jusqu’à
la Seconde Guerre mondiale : 457 dessins, tableaux, sculptures
de Goya, Guéricault, Delacroix, Moreau, Munch, Dix, Picasso,
Magritte… Mais aussi des têtes coupées et des crânes phrénolo-
giques. Bref, ce sont plus de deux siècles d’histoire de l’art mais
aussi d’histoires d’hommes !
Intérieur (Le Viol) d’Edgar Degas
Au programme de cette exposition, au travers de vos déambu-
lations dans le musée, vous retrouverez les thématiques de la guillotine, du crime romantique, de l’homme et de la
femme criminels, de l’institution pénitentiaire et des derniers jours du condamné à mort, mais aussi l’évolution des
institutions judiciaires françaises depuis 1791, année marquée par des débats violents à l’Assemblée Constituante
à propos de la peine de mort, jusqu’à son effective abolition en 1981. Ce sont également deux siècles d’affaires
qui ont nourri la chronique judiciaire, bouleversé la société et intrigué les artistes, particulièrement les peintres et les
écrivains.
Cette exposition est réservée à un public averti car certaines des œuvres présentées pourraient heurter les âmes
sensibles. 45
■ Gaëlle Toufette

Cinéma
Coffret Blu-Ray Jim Jarmusch
3 Blu-Ray : Ghost dog + Dead man + Broken flowers.
Un coffret de 3 films réalisés par l’inclassable cinéaste à la fois introspectif, méditatif et léger :
Jim Jarmusch. Commençant sa carrière avec Stranger Than Paradise (1984) et Down by Law
(1985), Jim Jarmusch est devenu un réalisateur fétiche pour toute une génération. La pratique
de son art le rapproche de la première vague du cinéma indépendant new-yorkais du début
des années 60 et de la Nouvelle Vague dont il s’inspire, version jean Eustache : esthétique
minimaliste, noir et blanc et acteurs peu connus.
Héritier à la fois de la Nouvelle Vague française, du cinéma tchèque des années 60 et de Wim
Wenders, qui l’a soutenu, Jarmusch a su toucher une sensibilité contemporaine faite de désœuvrement, d’humour,
de vagabondage et de dérision. Dans Down by Law, il a même su intégrer à son univers l’acteur comique italien Ro-
berto Benigni. Ses films contemplatifs établissent un pont entre la sensibilité américaine et la culture européenne. En
1989, il signa Mystery Train, troisième volet d’une trilogie sur l’Amérique contemporaine où l’on retrouve son goût des
dérives désenchantées, musicales et humoristiques, puis Coffee and Cigarettes, Night on Earth (1991) et en 1995,
Dead Man, un étrange western initiatique présent dans le coffret nouvellement édité. Après un documentaire consa-
cré au musicien Neil Young (Year of the Horse, 1997), il revient à un ton détaché et lent qu’il applique à un film d’ac-
tion, Ghost Dog, la voie du samouraï (1999) puis Broken Flowers (2006) avec Bill Murray en Don Juan d’aujourd’hui,
Sharon Stone, Jessica Lange, Tilda Swinton, Julie Delpy et Chloë Sevigny.
Le cinéma de Jim Jarmusch joue beaucoup sur l’absence avec des héros qui ne sont pas tout à fait là. Il y a à chaque
fois une quête du père à la recherche du fils improbable. Et surtout il joue sur l’incertitude de l’existence qui sonne
comme un parfum de vérité surtout dans l’œil du juriste qui jugule au jour le jour l’incertitude des entreprises comme
Jarmusch observe avec enthousiasme l’incertitude humaine à travers l’œil de sa caméra.
■ Philippe Coen

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Ateliers de l’AFJE

Programme des ateliers AFJE


10 Juin Le nouveau mariage du Droit public et du Droit
des affaires
Intervenants : François Xavier TESTU avocat associé
Pr. Armel PECHEUL, agrégé de Droit public

16 Juin La cartographie des risques : anticiper les


menaces et maîtriser le coût du risque
Intervenants : Éric DEMANGE Managing Director
Département Entreprises et PME, Hervé MARZAL,
Directeur adjoint et Céline LE BARS, Risk Management
Director

9 Septembre Droit de la concurrence et « compliance »


Intervenants : Audrey AMSELLEM, associée Claude
LAZARUS
46

30 Septembre La question des délégations de pouvoirs et des


conditions de leur validité
Intervenants : Edith BOUCAYA, avocate, Jean-Marc
ALBIOL, avocat associé

4 Novembre Les sanctions de l’AMF


Intervenants : Hubert SEGAIN, Denis CHEMLA,
avocats associés

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Actualités AFJE

Communiqué AFJE :
Projet de rapprochement des professions
de juristes d’entreprise-avocats
L’AFJE, association professionnelle regroupant sans aucune justification la suppression immédiate
4 000 juristes d’entreprise, dont 650 directeurs de la passerelle, disposition en vigueur depuis près
juridiques, est partie prenante dans les travaux de vingt ans.
liés au projet de rapprochement des professions
juridiques envisagé suite au rapport Darrois. Elle L’AFJE rappelle que le CAPA ne confère pas à
consulte régulièrement ses adhérents via un groupe ce jour et dans l’attente de sa réforme une com-
de travail dédié et des réunions d’information spé- pétence particulièrement adaptée à la pratique
cialement consacrées à ce projet. concrète du droit dans les entreprises

L’AFJE travaille de concert avec les autres associa- Ladite motion déclare en outre que « l’avocat fran-
tions de juristes ainsi qu’avec le Conseil National çais est un garant de la sécurité juridique des opé-
des Barreaux et les organisations patronales pour rations économiques dont le rôle, à l’instar de ses
explorer les voies proposées pour la création éven- confrères européens, doit pouvoir constituer une
tuelle d’un statut d’avocat en entreprise. Elle reste véritable valeur ajoutée pour les entreprises compte
vigilante dans ces discussions de façon à ce que, tenu des exigences actuelles en matière sociale,
dans l’éventualité où ce projet aboutirait, le statut d’éthique et de bonne conduite des affaires »,
d’avocat en entreprise constitue bien un progrès semblant ainsi méconnaître ou négliger le rôle que
pour les entreprises qui les emploient, renforce leur jouent déjà les juristes d’entreprise en la matière, 47
compétitivité notamment internationale et la place rôle pourtant parfaitement avéré et reconnu.
qu’occupe le droit au sein des entreprises, tout en
permettant aux professionnels du droit que sont les L’AFJE regrette très vivement le manque d’esprit
juristes d’entreprise d’accéder à ce nouveau statut constructif dont cette motion fait preuve, motion
dans des conditions acceptables pour cette pro- qui, curieusement, après avoir exclu toute forme de
fession dont la compétence est aujourd’hui incon- fusion entre les professions d’avocat et de juriste
testablement établie dans les entreprises. d’entreprise, envisage ensuite et de la manière la
plus unilatérale et contestable qui soit, un statut
Dans ce contexte, l’AFJE a toutefois pris acte du d’avocat en entreprise niant la profession de juriste
vote de la Conférence des Bâtonniers intervenu le d’entreprise et l’intérêt des entreprises elles-mê-
30 avril 2010 et de son résultat opposé à la création mes, pour ne se préoccuper que de l’introduc-
du statut d’avocat en entreprise (près de 86 % de tion des seuls avocats au sein de cette nouvelle
votes contre). Ellenote qu’un vote est prévu les 11 profession.
ou 12 septembre prochain sur ce projet au sein
du Conseil National des Barreaux. L’AFJE ne peut que contester la forme et le fond
d’une telle prise de position et ne soutiendra pas
L’AFJE a aussi pris connaissance de la motion une réforme qui s’inscrirait dans une telle logi-
votée par la FNUJA le 15 mai dernier et a constaté que d’exclusion et d’absence de prise en compte
que celle-ci, après avoir rappelé « son opposition à des intérêts et réalités de l’entreprise.
toute forme de fusion entre les professions d’avo-
cats et de juriste d’entreprise », « exige qu’à titre L’AFJE espère que la positionde la FNUJA ne reflète
préalable, le CAPA devienne la seule voie d’ac- pas l’esprit de l’ensemble de la profession d’avo-
cès à la profession d’avocat pour les juristes cat et souhaite que celle-ci se montre plus ouverte
d’entreprise, ce qui implique la suppression de aux implications de ce projet pour les entreprises,
la passerelle prévue à l’article 98-3 du décret pour la modernisation du Barreau et pour la prati-
de 91, et ce, sans mesure transitoire ». L’AFJE que du droit des affaires en France.
constate que cette déclaration, au-delà de son
opposition à toute forme de fusion des professions, Contact presse :
se montre particulièrement hostile vis-à-vis de la Anne-Laure Paulet, Secrétaire Général
profession des juristes d’entreprise en demandant annelaure.paulet@afje.org

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Actualités AFJE

La Commission Droit de la Concurrence devient la Commission


Compliance, Conformité, Concurrence
Vous êtes nombreux à vous êtes de leurs entreprises. Depuis plusieurs de conformité, qui aujourd’hui sont
inscrits à la Commission concur- années, les Directions Juridiques éla- la trame transversale de toute Direc-
rence et ses travaux vous intéres- borent des programmes de préven- tion Juridique.
sent. Vous n’êtes pas nécessaire- tion des risques juridiques qui sont La Commission nouvellement confi-
ment des spécialistes des questions l’occasion de travailler à partir de cas gurée laissera évidemment toute sa
de Droit de la concurrence, mais vous pratiques et de situations réelles pour place au droit de la concurrence, mais
appréciez de participer à ses travaux, diffuser une culture de conformité. Par
ce sera l’occasion d’élargir ces ques-
nombre de Responsables Juridiques la formation, les équipes opération-
tions aux thématiques d’organisation
étant venus partager leur expérience nelles respectent mieux le Droit et les
pendant les séances de cette Com- et de stratégie que sont les program-
pratiques éthiques pour le bénéfice
mission. Alors pourquoi faire évoluer mes de conformité. Ce sera égale-
de tous les partenaires de l’entreprise.
cette Commission ? ment la place idéale pour partager
Cette façon de procéder s’est géné-
ralisée et a dépassé le champ du Droit les expériences des Directions Juri-
Nous avons écouté les questions et
de la concurrence, pour modeler la diques françaises diversifiées dans la
les témoignages des participants et
culture juridique des sociétés. mise en place de stratégies de « com-
au sein du conseil d’administration
de l’AFJE, il nous a semblé oppor- pliance ».
C’est avec Jean-Yves Trochon, et
tun que le sujet de la Conformité Beatrix Laurent Moulin, dont les expé- Alors à très bientôt au sein de la
trouve sa place au sein des travaux riences sont complémentaires aux Commission Compliance, Confor-
de l’AFJE. miennes, que j’aurai le plaisir d’animer mité, Concurrence.
Le rôle du juriste d’entreprise a signifi- cette nouvelle commission. Loin de
cativement évolué en matière de Droit vouloir limiter ou diluer le sujet de la ■ Isabelle Cretenet
48
de la concurrence au cours des der- concurrence, nous avons considéré
nières années, mais aussi dans bien que la concurrence ne devait pas
d’autres domaines du Droit, condui- rester un sujet de simple expertise www.afje.org/commissions/
sant à une responsabilité accrue pour réservée à une catégorie de juristes concurrence
les juristes d’accompagner par des spécialistes mais une des thémati-
avis éclairés les actions stratégiques ques principales des programmes isabelle.cretenet@areva.com

Un moment sympathique, riche en discussions et échanges !


L’AFJE organisait le 6 avril dernier, riche, qu’au-delà de l’impératif de
un cocktail dinatoire autour du rayonnement de l’AFJE au niveau
Président, Jean-Charles Savouré national, connaitre les nouveaux
et de Béatrix Laurent-Moulin, membres relève de l’intérêt de notre
administratrice AFJE et des nou- organisation dans son ensemble et
veaux adhérents 2010. du métier de Juriste d’Entreprise plus
L’occasion pour la gouvernance de particulièrement.
l’association de rencontrer les derniers Tous ces plaisirs authentiques font
arrivés et de créer du lien entre eux. tout simplement de ces rencontres,
Également présente, l’équipe AFJE une évidence, et nous vous invitons
au complet avec Anne-Laure Paulet, à revenir plus nombreux pour de pro-
Secrétaire général, Jill Jacq, Houda chains rendez-vous !
Boulkhemair, bénévole, et Gaëlle
■ Gaëlle Touffette
Touffette.
Nous retiendrons de cet échange

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Actualités AFJE

Journée Nationale AFJE du 5 juin 2010 :


cultiver son réseau
Bien entretenu, un réseau permet d’élargir les opportunités de carrière,
de se reconvertir, de créer sa propre entreprise, de partager pourquoi
QUI A PEUR DES KPIs ?
pas ses projets avec ceux qui ont déjà vécu ces expériences.
Un directeur juridique s’interroge L’Association Française des Juristes d’Entreprise anime un réseau basé sur
sur les conséquences de l’in- la convivialité, le professionnalisme et la solidarité. La mobilisation des adhé-
troduction d’un système d’in- rents au sein de l’Association permet de créer et de développer des relations
dicateurs de performance clé amicales mais aussi d’affaires. L’engagement des juristes contribue également
(key performance indicators en au rayonnement de la profession et à la valorisation de ses formations.
anglais – KPI) que sa direction à L’AFJE a également ses réseaux, c’était l’objet de cette journée nationale.
l’intention d’appliquer à toutes L’AFJE a fait appel à Hervé Bommelaer, spécialiste des réseaux profession-
nels qui a animé cette journée dynamique et instructive.
les fonctions de l’entreprise, y
compris, la Direction Juridique. Il Les objectifs étaient multiples : identifier les réseaux de l’AFJE, préparer et
construire un plan d’action de maillage et professionnaliser les démarches de
se demande si un tel système ne
chaque acteur de l’AFJE grâce au développement de bons outils.
constitue, au fond, qu’une charge
Des groupes de travail se sont penchés sur cinq pôles : les juristes d’entre-
bureaucratique sans retombées
prise, le monde juridique, le monde politique et administratif, les Universités
positives réelles.
et les Grandes Écoles, l’Entreprise, et enfin l’International.
C’est une crainte qui n’a pas lieu Hervé Bommelaer a tout au long de cette journée rappelé les valeurs du
d’être. Bien au contraire, notre networking : solidarité, bienveillance, générosité, partage et échange, res-
collègue va pouvoir se servir des pect et fidélité.
KPIs pour démontrer la valeur Ce fut l’occasion de retrouvailles conviviales et ludiques, d’échanges d’expé- 49
ajoutée de la fonction juridique. riences, de conférences/débats favorisant l’esprit réseau, le développement
En effet, ce système de mesure, personnel et professionnel.
qui s’applique depuis quelques Ce fut l’occasion de retrouvailles conviviales et ludiques, d’opportunités pro-
années seulement dans les direc- fessionnelles et d’échanges d’expériences, de rencontres d’affaires et de
tions juridiques, permet de quan- nouveaux contacts, de conférences/débats favorisant l’esprit réseau, le déve-
tifier la contribution des juristes loppement personnel et professionnel.
dans un assez large éventail ■ Gaëlle Touffette
de fonctions telles que nom-
bre de dossiers traités, délais
de réponse, respect du budget,
nombre de formations assurées
en interne etc.
Certes, tout ceci représente
Baromètre AFJE des Juristes d’Entreprise
une charge administrative sup- Pour la première fois, une enquête sur le métier de Juriste d’Entre-
plémentaire mais avec de réels prise ! Sondage IPSOS/ AFJE réalisé en partenariat avec LAMY, LEGAL
SUITE et l’École du Droit et de Management de Paris II.
avantages en termes de valori-
sation. Autre atout non négligea- L’AFJE publiera dans le prochain numéro du Juriste d’Entreprise Magazine,
en partenariat avec les groupes WOLTERS KLUWER, LEGAL SUITE et l’École
ble : comme la charge de travail
du Droit et de Management de Paris II les résultats d’une étude réalisée par
des juristes ne cesse d’augmen- IPSOS du 15 mars au 16 avril 2010 auprès d’un échantillon de 902 entre-
ter, au bout de quelques années, prises de 100 salariés et plus. Cette étude vise à évaluer le nombre de juris-
le directeur juridique disposera tes d’entreprise exerçant en France. Il s’agit également de les interroger sur
de preuves objectives du besoin l’évolution de leur fonction et de leurs conditions de travail.
d’effectifs supplémentaires !
Colm Mannin
colm.mannin@wanadoo.fr

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Actualités AFJE

L’équipe de l’AFJE se renforce

Gaëlle Touffette

50
Diplômée du Master 2 en « Création Multimédia et Direction de projet » de l’Université
de Nice, Gaëlle Touffette a rejoint les rangs de l’AFJE en février 2010. L’occasion pour
l’association de renforcer ses équipes et contribuer ainsi au développement de ses outils
de communication, du site internet en passant par le magazine des juristes d’entreprises
(JEM) jusqu’à l’annuaire. Itinéraire d’une intégration réussie.

Comment passe t-on des bancs de prises. Pour tout vous dire, à mon arrivée, j’ai été
l’Université de Nice à l’AFJE ? étonnée par le très grand nombre de femmes
exerçant la profession de juriste d’entreprise.
Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en 2007, je me Une agréable surprise à l’heure où la parité est
suis rapidement rendue compte que le bassin au centre des préoccupations sociales.
méditerranéen offrait beaucoup moins d’oppor-
tunités que la région parisienne dans le domaine En tant que nouvelle collaboratrice, quels
de la communication. C’est donc naturellement sont vos principaux chantiers pour 2010 ?
que j’ai quitté ma côté d’azur d’adoption pour
rejoindre la capitale fin 2009. L’actualisation et la mise à jour du site internet,
la charge du secrétariat de rédaction du JEM et
Vous avez rejoint l’équipe de l’AFJE début la qualification du fichier adhérent nécessaire à
2010. Le monde des juristes d’entreprise la réalisation de l’annuaire.
vous était-il familier ?
Aux côtés d’Anne-Laure Paulet, je suis également
Pas vraiment. En réalité, l’image des métiers du chargée d’organiser et de préparer les petits
droit qui prédomine est encore celle de l’avocat déjeuners débat ou encore les Ateliers de l’AFJE
en plaidoirie. Les juristes, quant à eux, se révè- et ce, main dans la main avec Jill Jacq.
lent beaucoup plus discrets. Une discrétion qui
pas justifiée compte tenu de l’ampleur que prend ■ Propos recueillis par Juliette Loir
aujourd’hui la fonction juridique au sein des entre-

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Actualités AFJE

Edition de l’annuaire AFJE 2010


Un partenariat Wolters Kluwer
L’édition 2010 de l’annuaire AFJE sera disponible au cours du 4ème trimestre 2010.
2 0 1
0 Réalisé en partenariat avec le groupe Wolters Kluwer, il sera édité à plus de 6000
a ir e
A n n u
exemplaires et diffusé auprès des acteurs du marché du travail et l’ensemble des
acteurs juridiques.

Française
L’annuaire AFJE s’impose aujourd’hui comme l’outil indispensable du réseau de
o cia ti o n
Ass ise près de 4000 juristes d’entreprise tous adhérents de votre association.
Ju riste s dʼEntrepr
des Photographie du réseau à un instant T, il nécessite de chacun d’entre vous
quelques minutes de votre temps pour mettre à jour votre espace personnel
sur le site : www.afje.org.
Nous remercions le groupe Wolters Kluwer pour cette troisième édition et les
annonceurs qui soutiennent notre publication et nous font confiance.

uropéenne
ciationE eprise
de l’Asso es d’Entr
Membre des Jurist

51

COTISATION 2010
Avez-vous pensé à régulariser votre cotisation 2010 ?
Pour bénéficier de l’ensemble des services mis à votre disposition par l’AFJE, pour continuer
à faire partie du réseau de l’organisation professionnelle la plus représentative du métier de
juriste d’entreprise, nous vous invitons à nous retourner le coupon ci-joint.

Je, soussigné (nom, prénom, mail)..................................................................................................................................... , souhaite renouveler mon adhésion en qualité de :

Juriste Senior Île de France : 200 euros Juriste Retraité : 55 euros

Juriste Junior Île de France (- de 3 ans d’expérience) : 100 euros Juriste en recherche d’emploi : 35 euros

Juriste Senior Région : 125 euros Membre honoraire : 200 euros

Juriste Junior Région (- de 3 ans d’expérience) : 70 euros Membre bienfaiteur : à partir de 265 euros

Je joins à ce coupon-réponse mon règlement :


 ar chèque :
P
Envoyer un chèque à l’ordre de l’AFJE à l’adresse suivante : AFJE – 9, rue du Faubourg Poissonnière – 75009 Paris, France

 ar virement : HSBC PARIS GAILLON


P
Code Banque : 30056 – Code Guichet : 00005 – N° de compte : 0005 007 7929 – Clé RIB : 14
International Bank Account Number : FR76 3005 6000 0500 0500 7792 914
Bank Identification Code : CCFRFRPP

 n ligne : sur le site www.afje.org, rubrique « mon compte »


E
Pour vous identifier sur votre compte, munissez vous de vos code et identifiant.

Pour un document d’adhésion plus complet, connectez-vous sur le site www.afje.org

Juriste d’Entreprise Magazine N°6 Juin 2010


Agenda

Voici les évènements que l’AFJE


organisent pour vous chers adhérents !

MAI Mardi 15 Juin 2010 – 12H30 JUILLET


Apprendre à développer son réseau
Jeudi 20 Mai 2010 – 19H00 AFJE – Commission Carrière et Évolution Lundi 7 Juillet 2010 – 18H30
Dîner-Débat Statut de l’opérateur économique agrée et
Mardi 15 Juin 2010 – 18H30 l’entreprise
AFJE – Délégation Provence-Alpes-Côte
d’Azur-Corse Conseil d’Administration AFJE – Commission Supply Chain, Transports
AFJE et Logistique
Jeudi 20 Mai 2010 – 08H30
Les règles de Rotterdam : le Droit des transports Mercredi 16 Juin – 08H30 Mardi 8 Juillet 2010
maritimes du XXIème siècle Visite privée du Musée de la Contrefaçon Conseil d’Administration
AFJE – Colloque AFJE – Commission Propriété Intellectuelle AFJE
et Audiovisuel
Jeudi 20 Mai 2010 – 12H30 SEPTEMBRE
Le management transversal et à distance Mercredi 16 Juin 2010 – 18H30
d’équipes et de projets juridiques Atelier Risk Management n°2 : Mardi 21 Septembre 2010
AFJE – Commission Managers de la Fonction Conseil d’Administration
La cartographie des risques : anticiper les
Publique AFJE
menaces et maîtriser le coût du risque
52 AFJE – Cabinet Marsh
Mercredi 26 Mai 2010 – 08H30 Jeudi 23 Septembre 2010
L’entreprise et le Droit constitutionnel Convention et prestation intra-groupe
Vendredi 18 Juin 2010 – 9H00
AFJE – Colloque CREDA AFJE – Délégation Rhône-Alpes
Opportunités et risques juridiques en matière
d’investissements au Brésil
Lundi 31 Mai 2010 – 18H30 OCTOBRE
L’émergence du risque écologique : risques et 2 èmes rencontres Franco-Brésiliennes de la
enjeux pour les entreprises Société de Législation Comparée Mardi 19 Octobre 2010
AFJE – Commission Environnement et CCI Conseil d’Administration
Développement Durable AFJE
Mardi 22 Juin 2010 – 18H30
JUIN Accès au dossier et confidentialité en Droit de NOVEMBRE
la concurrence : un équilibre fragile !
Jeudi 3 Juin 2010 – 08H30 AFJE – Commission Compliance, Conformité Mardi 16 Novembre 2010
Savoir faire face à la contrefaçon : quels risques, et Concurrence Conseil d’Administration
quel plan d’actions à mettre en place ?
Jeudi 24 Juin 2010 AFJE
AFJE – Commission Supply Chain, transports
et logistique Rapprochement Juristes d’Entreprise et Lundi 22 Novembre 2010
Avocats : où en est-on ?
Assemblée Générale
Samedi 5 Juin 2010 – 09H00 AFJE – Commission Managers de la Fonction
AFJE
Journée Nationale Publique
AFJE –
Lundi 28 Juin 2010 – 19H00
Jeudi 10 Juin 2010 – 08H30 Apéritif convivial
Atelier AFJE n°7 AFJE – Délégation Rhône-Alpes
Le nouveau mariage du Droit public et du Droit
des affaires
Cabinet Ginestié Magellan Paley-Vincent Cet agenda n’est pas
exhaustif, retrouvez tous
Jeudi 10 Juin 2010 – 08H30 nos évenements sur
Techniques contractuelles www.afje.org
AFJE – Délégation Rhône-Alpes

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