Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
A
LA POLITIQUE CRIMINELLE
CollectionSciences criminelles
dirigée par Robert Cario
A paraître
M. Born, P. Thys (Dir.), Délinquance juvénile et famille
M. Vaillant, J.P. Leblanc (Di.r.), Nouvelles problématiques adolescentes
Ouvrages parus
R. Cario, Les femmes résistent au crime
J.P. Céré, Le contentieux disciplinaire dans les prisons françaises et le droit européen
R. Cario (Dir.), La médiation pénale: entre répression et réparation
R. Nérac-Croisier (Dir.), Le mineur et le droit pénal
R. Cario, Jeunes délinquants. A la recherche de la socialisation perdue
R. Cario, J.C. Héraut (Dir.), Les abuseurs sexuels: quel(s) traitement(s) ?
P. Mbanzoulou, La réinsertion sociale des détenus
L. Ouvrard, La prostitution
M. Vaillant, A. Vulbeau, Action éducative spécialisée en placement familial
C. Cardet, Le contrôle judiciaire socio-éducatif
R. Nérac, J. Castaignède (OiL), La protection judiciaire du mineur en danger
A. Bernard, R. Cario (DiL), Les politiques publiques d'aide aux victimes
INTRODUCTION
A
LA POLITIQUE CRIMINELLE
@ L'Harmattan, 2000
ISBN: 2-7384-9495-1
Introduction
-
3 L'école positiviste
Il n'est pas excessif de dire que la doctrine de l'école
positiviste a bouleversé l'orientation de la politique crimi-
nelle au-delà même de l'Europe occidentale.
Cette doctrine a vu le jour en Italie à la fin du XIXème
siècle 7 ; elle est à l'origine du développement des sciences
criminologiques.
La pensée positiviste nie le libre arbitre, elle est avant
tout déterministe. Le crime est analysé comme le produit
fatal de causes diverses endogènes et exogènes. L' expia-
tion ne peut plus en conséquence être un objectif de la
sanction puisqu'elle suppose une faute et une responsabi-
lité morale. C'est la défense de la société qui est selon les
positivistes le fondement même du droit de punir et de
prévenir.
Pour garantir l'ordre social, le contrôle non seulement
du délinquant est nécessaire, mais aussi celui du déviant,
alcoolique par exemple. Ce contrôle préventif, avec les
risques que cela présente en matière de libertés, et répres-
sif, sera fonction de la personnalité de celui qui en fait
l'objet et du danger qu'il représente pour l'ordre public.
Un tel système conduit, comme l'avait réalisé Lombro-
so, à classer les criminels en catégories, forcément peu
nuancées, et à opter pour des sanctions, qualifiées de me-
sures de sûreté, adaptées à chaque type de délinquant.
En France, la politique criminelle législative ne s'est
jamais réclamée officiellement du positivisme, cependant
d'importantes dispositions législatives, comme l'intro-
duction du sursis simple en 1891 à l'intention des délin-
1 - L'idéologie sécuritaire
L'idéologie sécuritaire est sans doute née de la montée
de la petite et moyenne délinquance en liaison avec la
crise économique, le chômage et les réels problèmes
d'insertion professionnelle de plus de la moitié des jeunes
de moins de 25 ans.
Evoquer l'augmentation de la petite et moyenne délin-
quance invite à présenter des statistiques; pour la France,
soit celles du Ministère de la justice comptabilisant la cri-
minalité légale, soit celles du Ministère de l'intérieur,
comptabilisant la criminalité apparente. Nulle part bien
entendu n'est comptabilisée la criminalité réelle que l'on
ne peut apprécier que par projection, sans certitudes. Rien
Introduction à la politique criminelle 21
2 - L'idéologie de l'insertion
L'idéologie de l'insertion est aussi bien celle de l'école
néo-classique que de l'école de la Défense sociale nou-
velle ou des tenants d'une politique criminelle participa-
tive, elle conduit la politique criminelle à choisir pour axe
prioritaire la défense des libertés et l'adaptation de la so-
ses» 2. Ceci ne veut pas dire qu'il faille réduire les phé-
nomènes sociaux à des réalités matérielles, mais seulement
se contenter de les observer de l'extérieur sans faire appel
à l'introspection.
L'approche systémale emprunte à la sociologie wébe-
rienne de la compréhension. A l'explication positiviste,
rationnelle, logique, doit s'ajouter une dimension nou-
velie: la compréhension, c'est-à-dire le fait de saisir le
phénomène de l'intérieur. Max Weber en établissant net-
tement la distinction entre les sciences de la nature et les
sciences de la culture (humaines) où la chaîne causale est
impossible parce qu'un comportement humain ne peut être
réduit à une réaction mécanique, mettra à charge du so-
ciologue l'interprétation des faits sociaux par le biais de la
construction des types idéaux 3.
La démarche explicative de Durkheim et compréhen-
sive de Max Weber ne sont pas antinomiques, la recherche
en sciences sociales aujourd'hui se caractérise par une
combinaison entre l'explication et la compréhension que
l'on retrouve dans l'analyse systémale. La théorie des
systèmes s'est développée surtout à partir de la seconde
moitié du XXème siècle à travers les interrogations posées
par la Gestalttheorie (théorie de la forme) et plus profon-
dément dans le prolongement du mouvement structura-
liste.
L'analyse des systèmes en sciences sociales aboutit à la
formulation de caractéristiques formelles indépendantes
du contenu concret et permet de dégager des caractéristi-
8
Schéma récapitulatif
Relations alternatives
Le processus peut être schématisé de la façon suivante:
I - Pén
--C
1- Pén'
I - Re I - Ad
I - Civ
I - Med
Relations complémentaires
Le processus peut être ainsi schématisé, autour de la
relation-mère représentée ici par une réponse étatique, de
type pénal à l'infraction:
Dl Lég
ram V~I-pen(JUd Pol
Gs/ [xeC~Ad. écofi
[COI?
Prof Ad.pénit
Milieu soc.
\. Méd. soc.
a - Le sous-modèleEtatjusticier
On entend par là un système dans lequel la relation à la
loi est fondée sur le raisonnement par analogie; le juge est
ainsi autorisé soit à prendre appui sur un texte proche du
cas à juger, soit à rechercher l'éthique ou les principes re-
ligieux, politiques ou sociaux dont le droit de son pays
s'inspire. Dans cette seconde hypothèse, l'Etat s'affranchit
de toute subordination à la loi. L'Etat totalitaire justicier
n'est plus un Etat de droit, l'Allemagne hitlérienne en est
un exemple.
Dans ce modèle, la relation aux instances sociétales
s'exprime par l'incitation insidieuse ou violente du groupe
tout entier au conformisme le plus absolu.
a - La variante pénale
La démarche suivie par Mireille Delmas-Marty consiste
à traverser le système pénal en montrant ses rapports avec
les autres instances étatiques, puis avec les instances so-
ciétales.
b - La variante administrative
On pourrait parler aussi de réponse administrative à
l'infraction pénale. L'administration se voit reconnaître
compétence pour ~pliquer sa propre sanction à l'auteur
d'une infraction 1. Nous nous bornerons à donner
quelques exemples de la variante administrative dans la
conception française. Il est utile de préciser que ces cas de
prévention ou de répression administrative sont sans doute
une mise en cause de l'idéologie libérale classique, si une
procédure bien établie et transparente ne garantit pas les
« poursuivis» et les « condamnés» administrativement.
La prévention-répression administrative
Elle se manifeste, par exemple, en droit pénal du
travail. On connaît le large pouvoir de contrôle social de
l'administration du travail qui s'exprime en marge du
procès pénal par le pouvoir de l'inspecteur du travail de
notifier des observations ou de mettre en demeure.
Lorsqu'il constate une infraction, l'inspecteur du travail
choisit fréquemment la solution de l'observation en raison
c - La variante civile
Sans évoquer même la décriminalisation et le transfert
possible du «pénal» au «civil» d'une partie du
contentieux relevant aujourd'hui des juridictions
répressives17, la variante civile sous deux formes est très
présente.
La variante civile,
sous laforme classique d'un procès civil
Dans cette hypothèse la relation à la loi, instance
étatique, est plus souple, preuve en est, l' œuvre du juge en
matière de responsabilité civile. Certains opposent à la
discontinuité du droit pénal, la continuité du droit civil de
la responsabilité. Le formalisme de la procédure civile est
moindre également que celui de la procédure pénale. La
relation aux instances sociétales par la relation à la victime
est essentielle. Le procès pénal est perçu comme « volant
leur conflit aux personnes directement impliquées »18alors
que la victime devant les juridictions civiles mène le
procès comme demanderesse, elle peut à tout moment
arrêter le cours de la procédure. La victime n'est
cependant maîtresse du choix de la solution civile, de
préférence à la solution pénale, que si des poursuites n'ont
pas été intentées par le parquet.
La relation au délinquant, sauf dans le cas du recours en
indemnisation devant les CIVI (Commission d'Indem-
nisation des Victimes d'Infractions) est forte puisque les
deux parties disposent juridiquement des mêmes moyens
La variante civile,
sous laforme du recours en indemnisation devant les CIVI
La loi du 6 juillet 1990 a élargi le champ de
l'indemnisation d'une victime d'infraction pénale.
Cette réparation se veut désormais intégrale pour les
victimes d'atteintes à la personne dès lors que les faits ont
entraîné le décès, une incapacité permanente ou que
l'incapacité totale de travail est égale ou supérieure à un
mois, cette condition n'étant pas exigée en matière
d'atteintes sexuelles. Dans ce cas, la variante civile n'est
pas alternative de la variante pénale, elle fonctionne en pa-
rallèle, indépendamment de la variante pénale. Une com-
mission d'indemnisation des victimes d'infractions péna-
les existe auprès de chaque tribunal de grande instance. Il
est fait appel pour siéger dans cette commission, qui a le
caractère d'une juridiction civile, à deux magistrats ainsi
qu'à une personne s'étant signalée par l'intérêt qu'elle
porte, aux problèmes des victimes. Cette composition
même, manifeste l'intérêt de la relation aux instances so-
ciétales. La personne choisie l'est fréquemment au sein
des services ou associations d'aide et d'information aux
victimes. L'une des tâches de ces associations est préci-
d - La variante de médiation
Médiation est entendue au sens le plus large et englobe
la médiation proprement dite, l'arbitrage et la conciliation.
Ces formules alternatives sont préconisées par les
« abolitionnistes» de la variante pénale, elles se sont con-
sidérablement développées depuis la fin des années 1980
en France.
Citons le médiateur français institué à l'image de
« l'ombudsman» nordique par la loi du 3 janvier 1973,
mais il ne joue pas de rôle de régulation dans le domaine
de la politique criminelle.
On sait que nommé par décret en conseil des ministres
il reçoit simplement «les réclamations concernant dans
leurs relations avec les administrés le fonctionnement des
administrations de l'Etat, des collectivités publiques terri-
toriales, des établissements publics et de tout autre orga-
nisme investi d'une mission de service public» (art. 1er).
Les réclamations sont adressées au médiateur par
l'intermédiaire d'un député ou d'un sénateur (art. 6).
Ce médiateur n'est donc pas compétent en cas de
conflit entre particuliers. Il n'intervient pas en outre en cas
de conflit grave relatif aux libertés individuelles.
a - La variante protestataire
La passivité de l'Etat ou la disparition de l'Etat, son
éclatement (le Liban hier) expliquent la variante
protestataire.
Le droit étatique a perdu toute effectivité ou
n'incrimine pas un comportement considéré comme
dangereux, délictueux par le groupe social; se mettent
alors en place des formules sociétales de substitution au
silence de l'Etat ou des Etats. On pense au rôle que joue
l'association «Amnesty international» en matière de
défense des droits de I'homme. On pense aux « tribunaux
d'opinion» qui ponctuellement émergent comme le
« tribunal Russel» pendant la guerre du Vietnam.
Dans l'ordre interne la pression d'associations
d'écologistes en matière de protection de l'environnement
ou d'associations de consommateurs en matière
Introduction à la politique criminelle 55
b - La variante d'auto-défense
Dans ce cas, la réponse à l'infraction sera individuelle
et émanera de la victime elle-même, elle pourra se
superposer à une réponse étatique considérée en général
insuffisante par la victime, ou tendre à suppléer l'absence
de réponse étatique.
La victime potentielle répondra sur un mode préventif
lorsqu'elle mettra en place, par exemple, des mécanismes
d'auto-défense, mais sa riposte pourra aussi bien être
réactionnelle. La presse se fait bien souvent l'écho de
drames de l'auto-défense.
Les sociétés de gardiennage et de surveillance dont on a
cherché la moralisation par une loi du 12 juillet 1983,
correspondent à la variante d'auto-défense. L'Etat de droit
ne peut tolérer ce type de sociétés qu'en ce qu'elles
agissent préventivement uniquement, ou en état de
légitime défense.
L'Etat de droit fait de la légitime défense une
institution juridique, il rejette l'auto-défense réactionnelle
en marge des conditions de la légitime défense.
c - La variante disciplinaire
La mise en lumière de cette variante n'est pas la
conséquence d'une défaillance de l'Etat mais de
l'existence de structures intermédiaires, souvent
56 Christine Lazerges
1 - L 'objectivation insidieuse
Les options nettes prises par la loi "sécurité et liberté"
dans le choix des faits à incriminer et à réprimer en prio-
rité ainsi que la souplesse dans la définition de certaines
infractions, sont signes de cette tendance à l'objectivation
dans le droit pénal.
2 - L 'objectivation manifeste
Sont signes d'objectivation manifeste la régression de
la part du juge dans le choix de la sanction et dans
l'exécution de cette sanction. Ces signes révèlent
l'évacuation non voilée de la personne du délinquant au
profit de l'acte commis.
L'un des buts de la loi du 2 février 1981 était de
restaurer la certitude de la peine. Cet objectif ne pouvait
être atteint sans lutter contre le décalage entre les peines
encourues et les peines prononcées d'une part, et le
décalage entre les peines prononcées et les peines
effectivement exécutées d'autre part.
2 - Le mineur en danger
Dans un Etat libéral, dont la politique criminelle ren-
verrait uniformément au modèle Etat-société démocrati-
que, le mineur en danger, pas même déviant forcément,
pourrait être abandonné au groupe social dans lequel il vit,
et la réponse à la situation de danger n'être que sociétale.
Or le législateur est intervenu prévoyant autoritairement
l'intervention de l'Etat dans les hypothèses où, au siècle
dernier, il était uniquement envisagé de priver le repré-
sentant légal de la puissance paternelle, où aujourd'hui
sans aller en général jusqu'à la déchéance de l'autorité pa-
rentale, une mesure d'assistance éducative sera prise.
« Si la santé, la sécurité ou la moralité d'un mineur non
émancipé sont en danger, ou si les conditions de son édu-
cation sont gravement compromises, des mesures
d'assistance éducative peuvent être ordonnées par justice à
la requête des père et mère conjointement ou de l'un
d'eux, du gardien ou du tuteur, du mineur lui-même ou du
ministère public. Le juge peut se saisir d'office à titre ex-
ceptionnel, dispose l'article 375 du Code civil ».
Songeons qu'on évalue à plus de 50 000 les seuls en-
fants violentés en France. Très diverses sont les situations
de danger pour un mineur où l'Etat, non pas «provi-
dence» mais plutôt «responsable », se doit d'intervenir
par l'intermédiaire d'un magistrat garant des libertés, en
l'occurrence le juge des enfants.
Le juge des enfants dispose là encore d'une palette de
mesures dont la mise en œuvre peut aussi bien être confiée
à des structures étatiques que privées « habilitées ».
Avec l'assistance éducative, on est 'en présence d'un
projet législatif de politique criminelle ne passant pas par
le droit pénal, consistant en réponses étatiques non pénales
à la situation de danger ou de déviance.
82 Christine Lazerges
2 - Conseil constitutionnel
et protection des droits de l'homme
Avec la célèbre décision du Conseil constitutionnel du
16 juillet 1971, qui a intégré les textes visés par le
préambule de la constitution de 1958 dans le «bloc de
constitutionnalité », la constitution est devenue la
principale source du droit.
La constitution au sens large, s'entend désormais non
seulement du texte de 1958, mais aussi de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen de 1789, du
préambule de la Constitution de 1946, de l'ensemble des
principes fondamentaux reconnus par les lois de la
République. Pose problème l'intégration de la Convention
européenne de sauvegarde des droits de I'homme.
a - Le conseil constitutionnel
et la Convention européenne des droits de I'homme
A ce jour la Convention n'est pas comprise dans le bloc
de constitutionnalité. Saisi d'une question de politique
criminelle, celle de la.constitutionnalité de la loi autorisant
l'interruption de la grossesse et de la méconnaissance par
cette loi du droit à la vie proclamé par la Convention
européenne de sauvegarde, le Conseil constitutionnel s'est
déclaré incompétent pour apprécier la compatibilité de
cette loi avec la Convention, son pouvoir se limitant à
contrôler la conformité des lois à la constitution 4. Cette
interprétation restrictive de sa compétence a été confirmée
depuis lors en plusieurs occasions pour la Convention et
d'autres traités.
A - Refonder la prévention
Cette refondation des politiques de prévention s'est tra-
duite par un double mouvement de politique criminelle:
d'une part l'inclusion progressive de la politique de pré-
vention de la délinquance dans ce qui deviendra la politi-
Stop la violence
Le manifeste
1. Cà ne peut plus durer comme ça
« Nous on dit: ça suffit comme ça. Il y a des crapules dans
les quartiers comme partout. Trop de violence. Agressions, ba-
garres, armes à feu, viols... Les victimes, c'est toujours nous,
mais quand les télés en parlent, c'est pour nous traiter en cou-
pables. On ne nous écoute plus, on nous condamne. On veut
pouvoir vivre en paix. Circuler sans avoir peur. Le droit
d'étudier sans crainte. On n'a rien de tout ça. La première des
injustices, c'est ça ».
2. Respect? On se parle sur un autre ton.
« L'agression, ça peut commencer par un regard. Mais c'est
surtout Les mots. Certains s'amusent à provoquer et utilisent
des mots qui poussent à la guerre. C'est vrai, tout le monde peut
péter les plombs. Ca arrive. Mais ce langage de défi! Cette ma-
nie d'afficher sa force sur l'autre, en permanence, ça chauffe les
esprits. Il faut se parler normalement, garder le contrôle. Cer-
tains disent: il faut être respecté. Nous, on dit: « Si tu veux le
respect, commence par respecter les autres ».
3. Pas besoin de sa bande pour se parler
« C'est quoi, cette manie d'aller toujours chercher sa bande
dès qu'il y a un malaise? Règle numéro 1 : si t'as un problème,
tu viens me le dire. Dès qu'on se parle franchement, on com-
mence à se connaître. Tout peut se résoudre en se parlant. Mais
avec une bande, pas de dialogue possible. C'est Je plus chaud
qui gagne. Résultat: la guerre. Pour rien ».
4. Rendre la justice, ça devrait être merveilleux!
« Quand on était tout petit, on rêvait tous de devenir policier.
Certains nous parlent normalement. Ils connaissent le quartier,
savent nous serrer la main et dire bonjour quand on se croise.
La plupart, dès qu'ils arrivent, ils alignent tout le monde contre
les murs, et ils fouillent en hurlant. Ils nous prennent pour les
ennemis.
Introduction à la politique criminelle 119
B - Refonder la répression
Dès lors qu'un acte de délinquance a été commis,
quelle que soit la gravité de cet acte, s'agirait-il même
d'une incivilité non qualifiable pénalement, une réponse
doit être apportée. Cette systématicité nécessaire de la ré-
ponse ne signifie pas unicité de la réponse au travers de la
poursuite pénale proprement dite. On sait que la sanction
civile ou administrative, les procédures de médiation ou
encore la réponse thérapeutique peuvent conduire à un ré-
tablissement de l'ordre public et du lien social sans qu'il
soit fait appel à la répression classique. Mais lorsque la
poursuite et la sanction pénale sont nécessaires, prôner une
politique criminelle participative exige aussi le renouvel-
lement des réponses propres des institutions que sont la
police et la justice sur le devant de la scène en matière de
co-production de la sécurité.
Il faut oser de nouvelles modalités d'intervention pour
la police et la gendarmerie et bousculer le fonctionnement
de la justice.
a - la police de proximité
La police de proximité est instituée progressivement
dans les vingt-six départements français les plus sensibles
et les quartiers où le besoin s'en fait le plus sentir. La po-
122 Christine Lazerges
Ouvrages
Marc ANCEL, La défense sociale nouvelle (Un mouve-
ment de politique criminelle humaniste), Paris, Cujas,
1954, 2èmeéd., 1966, 3èmeéd. 1981.
Gilbert BONNEMAISON, Rapport des maires sur la sécu-
rité : Face à la délinquance: prévention, répression, soli-
darité, La Documentation Française, 1983.
Christian BUCHMANN, Nicole LE GUENNEC, Violen-
ces urbaines: ascension et chute des classes moyennes à
travers 50 ans de politique de la ville, Albin Michel, Paris,
1996.
Robert CARIa, Jeunes délinquants. A la recherche de la
socialisation perdue, L'Harmattan, 2èmeéd. 1999.
Jean-Claude CHESNAIS, Histoire de la violence, Paris,
Laffont, 1981.
A. COHEN, La déviance, Duculot, 1971.
La criminologie. Bilan et perspectives, « Mélanges offerts
à Jean Pinatel », Paris, Pédone, 1980.
134 Christine Lazerges
In trod uctio n 7
Première partie
L'élaboration d'une politique criminelle 11
B - La juxtaposition d'options
en politique criminelle .20
1 - L'idéologie sécuritaire 20
2 - L'idéologie de l'insertion 22
138 Christine Lazerges
Deuxième partie
La réception d'une politique criminelle 59
Conclusion 131