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Introduction
Pour vivre une vie saine et durable, l’homme doit satisfaire ses besoins fondamentaux au
nombre desquels nous avons l’alimentation. D’après le Haut-Commissariat des Droits de
l’Homme (2016), le droit à une nourriture suffisante est réalisé lorsque chaque homme,
chaque femme et chaque enfant, seul ou en communauté avec d’autres, a physiquement et
économiquement accès à tout moment à une nourriture suffisante, ou aux moyens de se la
procurer.
Dans la pensée économique, l’analyse du droit alimentaire s’est faite à travers les études sur la
pauvreté et la faim. Au cours des années 1990, cette analyse s’est plus portée sur le concept
de sécurité alimentaire. Ainsi, le Sommet mondial de l’alimentation de 1996 définit la sécurité
alimentaire comme : une situation dans laquelle tous les individus ont, en tout temps, un accès
physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive qui satisfait à
leurs besoins et préférences alimentaires et leur permet de mener une vie saine et active.
1.1.1 Mission
En application de l'ordonnance N° 73-72 du 16 Octobre 1973, l'Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Economique (I.N.S.A.E) est un établissement public à caractère
scientifique, placé sous la tutelle du Ministère chargé de la Statistique. L'INSAE est dotée de
la personnalité morale et de l'autonomie financière. L'Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique assure le secrétariat du Conseil National de la Statistique dont il est un
organe. Sa mission est de coordonner et de développer l'activité statistique et l'information
socio-économique.
1.1.2 Attributions
L'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique assure le Secrétariat du
Conseil National de la Statistique et de ses commissions techniques. A ce titre, il est chargé de
préparer les réunions du dit Conseil et celles de ses commissions techniques. La tâche
essentielle de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique consiste à
rassembler, dépouiller, analyser et présenter au Gouvernement dans les délais convenus des
statistiques sûres, scientifiquement élaborées dont les indicateurs et agrégats macro-
économiques d'évolution de l'économie ou de toutes autres activités nationales. Il veille aussi
à assurer ou aider au traitement des informations statistiques et comptables des organismes
publics, parapublics et autres qui lui en font la demande.
Générale. L'Institut entretient des rapports de collaboration avec les autres organes du Conseil
National de la Statistique, sans dépendance hiérarchique qui sont des Organes Extérieurs à
l'INSAE.
La Direction des Statistiques Sociales (DSS) comprend les trois services suivants :
rythme mensuel;
la conception, l'exécution, l'exploitation et l'analyse des enquêtes sur les conditions de
vie des ménages en vue de l'évaluation de l'impact socio-économique des mesures
prises par le gouvernement;
le suivi de la dynamique du secteur informel et son impact sur le bien-être des
ménages.
En 2013, au sein des pays de l’UEMOA, 20,2% de la population en moyenne était atteinte de
malnutrition et la norme calorifique de 2.400 calories/personne/jour n’était pas atteinte dans
tous les pays ; les pays sahéliens étant plus touchés que les pays côtiers (UEMOA, 2013).
Dans la même année, 23%des ménages au Bénin avaient une consommation alimentaire
inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et active (FAO, 2014).
Selon la Banque Mondiale (1986), assurer la sécurité alimentaire peut être vu comme un
investissement dans le capital humain qui fera une société plus productive. Une population
correctement nourrie, saine, active et alertée contribue plus efficacement au développement
économique qu'une autre fléchie physiquement et mentalement par une alimentation
inadéquate et une faible santé.
Selon Gerbe (2012), une étude des déterminants de l'insécurité alimentaire des ménages est
essentielle, car elle fournit des informations qui permettront de déterminer des mesures
efficaces pour améliorer la situation de la sécurité alimentaire et apporter le succès des
programmes de développement. Dans le même sens, Faridi et Wadood (2010) pensent qu’il
est important d'effectuer cette analyse au niveau ménage pour comprendre la demande
alimentaire réelle et ses effets sur la situation de sécurité alimentaire des ménages. Pour eux,
elle aidera à comprendre les différentes caractéristiques du ménage qui sont spécifiques à la
sécurité alimentaire et leur implication sur les questions nutritionnelles (Faridi et Wadood,
2010). En vue d’éclairer les pouvoirs publics sur l’état de l’insécurité alimentaire au Bénin et
ses causes, dans une perspective d’aide au développement, le présent mémoire porte sur « les
déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin ». Pour ce faire, il s’agit de répondre aux
questions suivantes : Quel est l’effet des caractéristiques socio-économiques du ménage sur
l’insécurité alimentaire ? Quel est l’effet des chocs physiques et climatiques sur l’insécurité
alimentaire ?
le sexe du chef de ménage et la taille du ménage ont un effet positif sur l’insécurité
alimentaire ;
les chocs biophysiques et climatiques ont un effet positif sur l’insécurité alimentaire.
Par opposition, les personnes en situation d'insécurité alimentaire sont celles qui ne disposent
pas d'aliments sains et nutritifs en quantités suffisantes soit pour mener une croissance et un
développement normal dans le cas des enfants, ou une vie saine et active dans celui des
adultes. (PAM, 2003)
De nombreuses études ont été effectuées pour déterminer les facteurs explicatifs de
l’insécurité alimentaire et de la sécurité alimentaire. Ces deux notions étant opposées l’une de
l’autre, les facteurs influençant la sécurité alimentaire, influencent l’insécurité alimentaire ; la
seule différence étant le sens de leurs effets. En effet, les facteurs améliorant la sécurité
alimentaire auront un effet négatif sur l’insécurité alimentaire et vice versa.
Badolo (2015) note trois approches explicatives de l’insécurité alimentaire : l’approche par la
production, l’approche par le marché et celle par le défaut d’institutions.
L'approche par la production est basée sur l'hypothèse que l'insécurité alimentaire est le
résultat d’une diminution de la disponibilité de nourriture (Badolo, 2015). Cette analyse porte
sur la relation entre la croissance de la population et la capacité humaine à utiliser les
ressources naturelles pour lutter contre la faim (Berry et Cline (1979); Boserup (1965);
Ehrlich et al. (1993) précités par Badolo, 2015). Dans le même sens que l’approche par la
production, les théories Malthusienne et techno-écologique offrent beaucoup d'informations
sur l’impact de la population sur l'environnement et les menaces à la sécurité alimentaire.
Selon Malthus (1992), l'expansion de la population suit une progression géométrique alors
que l'offre alimentaire suit une progression arithmétique. Il conclut que la croissance de la
population dépasse la capacité de la terre à fournir des ressources alimentaires à ses habitants.
Cette théorie a été renforcée par les néo- Malthusiens (Ehrlich et Ehrlich, (1991), Ophuls et
Boyan (1992)). Ces auteurs concluent que la croissance démographique est une menace pour
la sécurité alimentaire, car elle conduit à une diminution de la nourriture disponible (Badolo,
2015).
Les auteurs comme Tweeten (1997) suggèrent que la politique commerciale efficace et
l’amélioration de l'accès aux marchés contribueront à limiter l'insécurité alimentaire. Par
exemple, une augmentation de la production agricole ou une meilleure distribution
alimentaire par le biais d'une bonne infrastructure de transport peut compenser les effets
négatifs de la croissance de la population en augmentant la disponibilité alimentaire et l'accès
aux aliments (Badolo, 2015). Tout comme Tweeten, Diagne (2013) pense que l’accès aux
ressources est la principale cause de l’insécurité alimentaire en milieu rural. En effet, selon
l’auteur, les caractéristiques des terres arables, le matériel agricole et les technologies
utilisées, l’investissement dans le secteur agricole, sont des facteurs déterminants pour
l’accessibilité à l’alimentation.
L'approche par le marché est basée sur l'idée que la famine n’est pas due à un manque de
nourriture, mais à des problèmes d'accès à la nourriture (Badolo, 2015). Le concept de droit à
l’alimentation (entitlements) développé par Sen (1983) se joint à cette approche. L'auteur
suggère que les gens ont un droit à l'alimentation. Le concept du droit à l’alimentation est
défini comme l'ensemble de toutes les combinaisons possibles de biens et services qu'une
personne peut obtenir en utilisant la totalité des droits et des chances (Badolo, 2015). Le droit
à l’alimentation dépend principalement de deux facteurs qui sont les dotations personnelles et
les conditions d'échanges. Les dotations sont la combinaison de toutes les ressources
appartenant légalement à des personnes, qui comprennent les actifs corporels (tels que la terre,
l'équipement, les animaux, etc.) et des actifs incorporels tels que les connaissances et les
compétences, le travail, l'appartenance à une communauté particulière, etc. Selon Badolo
(2015), les dotations sont basées sur les revenus d'emploi et les gains possibles en vendant
d’autres produits. Les conditions d'échange quant à elles permettent aux gens d'utiliser leurs
ressources pour accéder à l'ensemble des produits par le commerce, par la production et par la
détermination des prix relatifs des produits ou de marchandises (Badolo, 2015). Sen (1983),
précité par Badolo (2015) conclut plus tard qu'un changement défavorable dans les conditions
d'échanges peut être source d'insécurité alimentaire. De même, un déficit général de l'emploi
dans l’économie réduit la capacité des individus à acquérir une quantité suffisante de
nourriture. Autrement dit, une variation des prix relatifs des produits ou des taux de salaire
vis-à-vis des prix alimentaires peut causer de l’insécurité alimentaire (Badolo, 2015).
Selon Diagne (2013), en milieu urbain, les difficultés d’accès économique sont à l’origine de
l’insécurité alimentaire. En effet, pour l’auteur, la faiblesse du pouvoir d’achat, la précarité de
l’emploi, le prix élevé des denrées ainsi que le déficit de structuration des marchés
agroalimentaires constituent autant d’obstacles à la demande alimentaire des ménages.
Certains auteurs tels que Keen (1994), Haddad et Smith (2000) et Sen (2000) ont mis en
lumière l'importance des institutions comme facteur explicatif de l'insécurité alimentaire. Pour
eux, le défaut de distribution des produits alimentaires peut être due à la mise en œuvre des
politiques inappropriées ou à la mauvaise intervention des gouvernements et à l'existence de
conflits civils. Ainsi, Sen (2000) suggère que la démocratie et les libertés politiques peuvent
aider à prévenir la famine et autres catastrophes économiques. En effet, selon Badolo (2015),
la démocratie peut fournir une certaine autonomisation à travers le vote des pauvres à recevoir
des investissements en ressources humaines, en matière de santé, d'éducation et les transferts
alimentaires du gouvernement pour un développement généralisé. Dans le même sens que Sen
(2000), Haddad et Oshaug, (1998 ; précités par Badolo, 2015) pensent que les gouvernements
démocratiques peuvent être plus enclins à respecter les droits de l'homme, notamment les
droits à l’alimentation et la nutrition.
Sen (1983) pense également qu'une presse libre et la pratique de la démocratie contribuent
grandement à faire ressortir l'information qui peut avoir un impact énorme sur les politiques
de l'insécurité alimentaire, la prévention (par exemple, des informations sur la nature et
l'impact de la nouvelle technique de production sur l'approvisionnement alimentaire).
Selon Smith et Haddad (2000 ; précités par Badolo, 2015), l’affectation de grands revenus
dans l'éducation, les services de santé, et la redistribution des revenus contribuent à réduire les
problèmes d'insécurité alimentaire dans les zones touchées.
Les caractéristiques socio-économiques et les ressources individuelles des ménages ont été
identifiées par Sanusi et al (2006) comme les facteurs de base influençant leurs statuts de
sécurité alimentaire. Dans le même sens, pour Babatundé, Omotesho et Sholotan (2007), le
revenu est supposé améliorer la production alimentaire des ménages et aussi leur accès à plus
de quantité et de qualité de produits alimentaires.
S’agissant de l a taille de l’exploitation agricole du ménage, plus grande est la dimension, plus
haut est le niveau de la production. Les ménages ayant des exploitations agricoles de grande
taille sont moins soumis au risque d’insécurité alimentaire que ceux ayant des exploitations
agricoles de petite taille (Babatundé, Omotesho et Sholotan, 2007). De même, selon Bashir,
Pandit et Schilizi (2012), en milieu rural, les ménages ayant de petites exploitations agricoles
et ceux n’en ayant pas, souffrent d’insécurité alimentaire.
L'âge du chef de ménage est supposé avoir un impact sur son offre de travail pour la
production alimentaire. Il est aussi sensé avoir un impact sur sa capacité à chercher et obtenir
un travail en dehors de l'exploitation familiale; ce qui pourrait augmenter le revenu du
ménage (Babatundé, Omotesho et Sholotan, 2012).
Selon Bernell, Edwards et Weber (2006), il est raisonnable de s’attendre à ce que l'insécurité
alimentaire du ménage soit aussi influencée par la communauté locale dans laquelle il réside.
Par exemple, certaines communautés peuvent avoir un plus grand sens de solidarité sociale ou
des politiques sociales plus efficaces. Ces facteurs, peuvent réduire la probabilité d'insécurité
alimentaire du ménage (Bernell, Edwards et Weber, 2006).
D’après les résultats d’estimation de Diang’a, Wodon et Zoyem (2002) sur les déterminants
de l’insécurité alimentaire au Burundi selon l’approche calorifique, le niveau d’études et la
taille du ménage sont parmi les principales variables qui présentent une influence fortement
significative sur l’apport calorifique. L’apport calorifique est d’autant plus élevé que le capital
physique (terre exploitée et valeur des animaux possédés) est important (cette variable n’est
pas statistiquement significative en milieu urbain). La valeur du nombre d’animaux possédés
est aussi importante en milieu rural, mais il y a ici un risque d’endogénéité. Un handicap ou
une maladie peuvent être associés à une baisse de l’apport calorifique, mais les impacts ne
sont pas systématiques. L’apport calorifique est plus élevé, toutes choses égales par ailleurs,
dans les ménages de personnes mariées que pour tout autre statut matrimonial.
Comparativement aux ménages dont le chef occupe un emploi, l’apport calorifique est plus
faible dans les situations de non emploi (inactivité et chômage).
Les résultats d’estimation d’Habyarimana (2015) sur les ménages rwandais montrent qu'une
augmentation de l'unité de la taille du ménage, de son problème d’accessibilité alimentaire, de
la contribution du marché à sa consommation alimentaire, entraîne une hausse du risque
d’insécurité alimentaire de l’ordre de 0,8% , 20% et de 0,1% respectivement. Une
augmentation d’une unité du nombre d’animaux du ménage, de son niveau de disponibilité,
des dépenses mensuelles, de la dimension de ses terres, de l’assistance alimentaire,
entraîneraient une baisse la probabilité d’insécurité alimentaire du ménage.
Les conclusions des recherches au Kenya et dans les autres régions indiquent que la sécurité
alimentaire est fortement liée à beaucoup d'autres facteurs tels que les marchés et les
politiques de marché (Summer, 2000), les infrastructures telles que les routes, les installations
de stockage, l’électricité, les institutions financières, la téléphonie, les services de
l’information et de la technologie (Atieno, 1996) et le revenu (Midmu , 1992 ; Metzger et
Zyl 1992 ; Thimm 1993 et Atieno, 1996) (Timothy et Sharon, 2010).
Applanaidu, Bakar et Baharudin (2013) ont utilisé une approche qui repose sur les travaux de
Thomson et Metz (1996). La variable dépendante est l’indice de la production alimentaire.
Leur estimation a été faite avec un modèle VAR (Vecteur Autorégressif) sur des données
temporelles à l’échelle nationale. Les variables indépendantes sont la production de biodiesel,
le Produit National Brut (PNB), le taux d’échange réel, les dépenses gouvernementales
allouées au développement agricole ; l’indice des prix des produits alimentaires et la taille de
la population.
L’approche utilisée par Diang’a, Wodon et Zoyem (2008) effectue une analyse en coupe
instantanée où la variable dépendante est l’apport calorifique. Ensuite, ils déterminent la
probabilité que cet apport soit inférieur à zéro (situation d’insécurité alimentaire) comme une
fonction des variables dépendantes.
L’approche la plus répandue (utilisée par Faridi et Wadood (2010), Gerbe (2012),
Habyarimana (2015) et Welderufael (2014)) consiste à utiliser un modèle qualitatif à choix
binaire ou à variable dépendante dichotomique.
ménages.
Une analyse descriptive préliminaire est réalisée pour connaître les grandes tendances de
notre échantillon, à l’aide du logiciel Excel. Elle est suivie d’une analyse économétrique
effectuée à l’aide du modèle logistique sous le logiciel STATA version 12.0.
Avant l’analyse économétrique, nous avons étudié la liaison entre les variables explicatives et
la variable expliquée au moyen du test d’indépendance de Khi-deux. Cette analyse a permis
de choisir les variables qui sont utilisées dans le modèle économétrique. En effet, les variables
non corrélées à la variable dépendante ont peu de chances d’être significatives dans son
explication par le modèle économétrique.
L’analyse des résultats du modèle économétrique se fait au moyen du signe des coefficients,
de leur significativité, le calcul des odd-ratio et des effets marginaux.
b) Modèle d’analyse
Nous avons utilisé le modèle économétrique logistique pour analyser les déterminants de
l’insécurité alimentaire au Bénin. La pertinence de ce choix se trouve dans le fait que, la
variable dépendante est dichotomique et que le modèle a déjà été utilisé dans la littérature. Le
modèle logistique est choisi parce qu’il est une approximation du modèle Probit permettant
des calculs plus simples (Hurlin, 2008). De même, selon Bocquier (1996), l’utilisation des
modèles logistiques est courante dans l’analyse des biographies (événements qui surviennent
au cours de la vie de l’individu).
𝒚𝒊 *= 𝒙𝒊 𝜷 + 𝝐𝒊 , avec :
La variable dépendante Y dans le cadre de notre étude est représentée par une variable
binaire, qui prend la valeur 1 lorsque le ménage est en situation d’insécurité alimentaire et 0
lorsqu’il est en situation de sécurité alimentaire. Cette variable a été obtenue à partir du Score
de Consommation Alimentaire (SCA).
Sur la base du SCA, les ménages ayant un score inférieur ou égal à 35 sont considérés comme
en situation d’insécurité alimentaire: ils prennent la modalité 1 de la variable Y. Les ménages
ayant un score SCA supérieur à 35 prennent la modalité 0 de la variable Y. Le seuil de 35 a
été fixé par le Programme Alimentaire Mondial pour distinguer les ménages en insécurité
alimentaire de ceux en situation de sécurité alimentaire (confère annexe 1).
Le tableau des variables indépendantes et la raison de leur choix se présente comme suit:
NB : Les effectifs non pondérés de chaque variable sont présentés dans des tableaux en
annexe 2.
77,8
22,2
La population d’étude est composée en majorité de ménages dont le chef est un homme. En
effet, la proportion des hommes chef de ménage (77,8%) est plus élevée que celle des femmes
chefs de ménage (22,2%) (AGVSA, 2013).
56,2
22,3 21,5
Le graphique n°2 montre la prépondérance des ménages dont le chef est non instruit (soit
56,2% de l’échantillon). Ensuite viennent les ménages dont le chef a un niveau primaire
76,6
23,4
Insécurité alimentaire
Non Oui
Homme Chef de
Sexe du 78 77
Ménage
Chef de
Ménage Femme Chef de
22 23
Ménage
Total 100 100
Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)
Non Oui
Milieu de Urbain 48 28
résidence
(Urbain, Rural) Rural 52 72
31% Oui
52%
69% Non
48%
Les résultats montrent que les individus en insécurité alimentaire présentent des valeurs
différentes de celles des autres ménages de l’échantillon pour les variables indice de richesse,
pratique de l’élevage, superficie emblavée et milieu de résidence. Les variables chocs
biophysiques, économiques et autres chocs caractérisent faiblement l’insécurité alimentaire.
Les ménages en insécurité alimentaire sont les plus pauvres ; ils vivent en milieu rural,
pratique l’élevage, cultivent moins d’un hectare. Les ménages en insécurité alimentaire sont
soumis aux chocs biophysiques et ne sont pas affectés par les chocs économiques.
D’après ce tableau, nous remarquons que l’âge du chef de ménage, son niveau d’éducation, la
taille du ménage et la présence de chocs sociaux ont des p-values supérieures à 5 pour cent.
Donc elles ne sont pas corrélées avec l’insécurité alimentaire. De ce fait, seules les
variables quintile de l’indice de richesse, sexe du chef de ménage, superficie emblavée, milieu
de résidence, la pratique de l’élevage, la présence de chocs biophysiques, économiques et les
autres chocs entrent en ligne de compte pour expliquer l’insécurité alimentaire.
a) Quintiles de richesse
Cela résulte du lien déjà démontré entre pauvreté et insécurité alimentaire. Les ménages en
insécurité alimentaire, n’ayant pas satisfait ce besoin vital, accorderont une grande partie de
leur revenu à la consommation de biens vitaux ; au sens des lois d’Engel, ils sont pauvres. Les
ménages riches quant à eux disposent de ressources suffisantes et consomment plus de biens
non nécessaires car leurs besoins en biens vitaux sont satisfaits : ils ont une faible probabilité
d’insécurité alimentaire.
Les ménages dont le chef de ménage est un homme ont une probabilité d’insécurité
alimentaire plus faible que les ménages dont le chef de ménage est une femme. Lorsqu’un
ménage a pour chef de ménage un homme, sa probabilité d’insécurité alimentaire diminue de
1,5% par rapport à un ménage ayant une femme comme chef de ménage.
Au Bénin, les chefs de ménage sont majoritairement des hommes. Lorsqu’une femme se
retrouve chef de ménage, elle n’a en général pas de conjoint apte à subvenir aux besoins du
ménage. Avec le sous-emploi féminin élevé, les sources de revenu des ménages dont le chef
est une femme diminuent. Cela réduit l’accessibilité aux produits alimentaires et donc
augmente la probabilité d’insécurité alimentaire.
c) Superficie emblavée
d) Milieu de résidence
Les résultats d’estimation montrent que les ménages résidents en milieu urbain ont une
probabilité d’insécurité alimentaire plus élevée (0,778 fois plus) que les ménages résidents en
milieu rural. Aussi, lorsqu’on passe du milieu rural au milieu urbain, le risque d’insécurité
alimentaire croît de 5%.
Ce résultat s’explique par le fait que les ménages urbains n’ont pas accès à la terre ; ils
n’effectuent pas des activités agricoles et donc n’ont pas accès aux produits alimentaires par
l’autoconsommation : leur risque d’insécurité alimentaire s’accroît. Egalement, l’incidence
plus élevée de chocs économiques en milieu urbain qu’en milieu rural est à la base d’une
hausse du risque d’insécurité alimentaire.
84,7 82,8
Rural
Non Oui
e) Pratique de l’élevage
Les ménages pratiquant l’élevage ont une probabilité d’insécurité alimentaire plus élevée que
ceux n’effectuant pas l’élevage. Le niveau de cette probabilité est de 0,657 en plus et
lorsqu’on passe d’un ménage ne pratiquant pas l’élevage à un ménage pratiquant l’élevage, la
probabilité augmente de 9,1%.
Le signe obtenu est contraire au signe attendu. En effet, on s’attend à ce que la vente des
produits de l’élevage facilite l’accès aux produits alimentaires. Mais tel n’est pas le cas.
Au Bénin, les ménages éleveurs sont les plus exposés aux risques de chocs biophysiques.
L’analyse de la répartition des chocs biophysiques selon la pratique de l’élevage montre que
la proportion des ménages pratiquant l’élevage et soumis aux chocs biophysique est 10% plus
élevé que celle des ménages non pratiquant et soumis aux chocs biophysiques. Ceci entraîne
une fuite des revenus des ménages éleveurs vers la résolution des chocs biophysiques. Il s’en
suit une hausse de la probabilité d’insécurité alimentaire.
89,9 78,7
Non Oui
f) Différents chocs
Les différents chocs sont significatifs dans l’explication des déterminants de l’insécurité
alimentaire. Mais, ils présentent tous des signes contraires aux signes attendus. La propension
aux types de chocs est plus faible pour les ménages en insécurité alimentaire que ceux en
sécurité alimentaire. En effet, l’analyse de la répartition des chocs suivant le statut de sécurité
alimentaire montre que les ménages en situation de sécurité alimentaire subissent en moyenne
entre 72 et 85% des chocs.
79,7% 84,7%
72,6%
Sécurité alimentaire
27,4%
20,3% 15,3% Insécurité alimentaire
Conclusion
La proportion élevée de ménages ayant une consommation alimentaire inadéquate
(23%) nous amènent à examiner les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin. On
s’intéresse dans cette étude à l’influence des caractéristiques socio-économiques du ménage et
des chocs (biophysiques, sociaux et économiques) sur le statut d’insécurité alimentaire.
Pour cela, nous avons réalisé une analyse économétrique à l’aide du modèle logistique,
en utilisant le logiciel STATA sur 15.000 ménages. De cette analyse, se dégage les résultats
suivants : les caractéristiques du chef de ménage ne sont pas significatives dans l’explication
de l’insécurité alimentaire. Les chocs sont eux significatifs à l’exception des chocs sociaux.
L’augmentation de la superficie emblavée réduit le risque d’insécurité alimentaire tandis que
la pratique de l’élevage augmente ce risque, en raison des chocs biophysiques tels que les
épidémies du bétail. De même, la pauvreté constitue un facteur d’insécurité alimentaire. En
effet, les ménages en insécurité alimentaire sont les plus pauvres.
Ainsi, nous suggérons aux pouvoirs publics, la promotion de cultures résistantes aux
variations climatiques et la mise en œuvre de technique d’irrigation afin d’améliorer la
rétention dans le statut de sécurité alimentaire. De même, la mise en œuvre de politique
d’aides aux filières d’élevage contribuera à réduire les chocs biophysiques et à améliorer la
sécurité alimentaire des ménages. Enfin, nous suggérons l’exploitation de grande superficie
afin de réduire les coûts de production et faciliter l’utilisation de machines agricoles.
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