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Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

Introduction
Pour vivre une vie saine et durable, l’homme doit satisfaire ses besoins fondamentaux au
nombre desquels nous avons l’alimentation. D’après le Haut-Commissariat des Droits de
l’Homme (2016), le droit à une nourriture suffisante est réalisé lorsque chaque homme,
chaque femme et chaque enfant, seul ou en communauté avec d’autres, a physiquement et
économiquement accès à tout moment à une nourriture suffisante, ou aux moyens de se la
procurer.

Dans la pensée économique, l’analyse du droit alimentaire s’est faite à travers les études sur la
pauvreté et la faim. Au cours des années 1990, cette analyse s’est plus portée sur le concept
de sécurité alimentaire. Ainsi, le Sommet mondial de l’alimentation de 1996 définit la sécurité
alimentaire comme : une situation dans laquelle tous les individus ont, en tout temps, un accès
physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive qui satisfait à
leurs besoins et préférences alimentaires et leur permet de mener une vie saine et active.

Le respect de la sécurité alimentaire s’est traduit par la mise en œuvre de nombreuses


politiques et initiatives telles que le sommet mondial sur l’alimentation en 2009, les politiques
de filets sociaux, l’aide au développement agricole, l’adoption de l’Objectif de
Développement Durable n°2 qui vise à éradiquer la faim dans le monde. En dépit de ces
politiques, l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) note
qu’en 2016, environ une personne sur neuf souffre de la faim dans le monde. En Afrique de
l’Ouest, l’indice de la faim en 2015 traduit une insécurité alimentaire sérieuse pour la majorité
des pays.

Au lendemain des objectifs du millénaire pour le développement et dans une perspective


d’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, l’analyse des
déterminants de l’ insécurité alimentaire permet de connaitre les causes de ce phénomène et
de mettre en œuvre des politiques économiques différenciées. Dans cette optique, la présente
étude s’articule sur l’analyse des déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin. Elle est
structurée en trois (3) chapitres : le premier présente le cadre institutionnel de l’étude ; le
deuxième concerne le cadre théorique et méthodologique ; le troisième est consacré à la
présentation et à l’interprétation des résultats.

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Chapitre 1 : Cadre institutionnel de l’étude


Ce chapitre présente le cadre institutionnel de l’Institut National de la Statistique et de
l’Analyse Economique (INSAE), la problématique ainsi que les questions de recherche
débouchant sur les objectifs et hypothèses.

1.1 Cadre institutionnel de l’INSAE

1.1.1 Mission
En application de l'ordonnance N° 73-72 du 16 Octobre 1973, l'Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Economique (I.N.S.A.E) est un établissement public à caractère
scientifique, placé sous la tutelle du Ministère chargé de la Statistique. L'INSAE est dotée de
la personnalité morale et de l'autonomie financière. L'Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique assure le secrétariat du Conseil National de la Statistique dont il est un
organe. Sa mission est de coordonner et de développer l'activité statistique et l'information
socio-économique.

1.1.2 Attributions
L'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique assure le Secrétariat du
Conseil National de la Statistique et de ses commissions techniques. A ce titre, il est chargé de
préparer les réunions du dit Conseil et celles de ses commissions techniques. La tâche
essentielle de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique consiste à
rassembler, dépouiller, analyser et présenter au Gouvernement dans les délais convenus des
statistiques sûres, scientifiquement élaborées dont les indicateurs et agrégats macro-
économiques d'évolution de l'économie ou de toutes autres activités nationales. Il veille aussi
à assurer ou aider au traitement des informations statistiques et comptables des organismes
publics, parapublics et autres qui lui en font la demande.

L'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique est notamment chargé de :

 œuvrer à l'élaboration d'une méthodologie scientifique pour les administrations et


organismes publics et privés, en vue d'harmoniser les techniques utilisées et de rendre
comparables les divers résultats obtenus et dans ce cadre contribuer à l'organisation
des services statistiques dans les organismes et administrations ;
 rassembler, exploiter et analyser les données statistiques provenant des enquêtes par
sondage, des recensements, des statistiques courantes et d'autres sources en vue d'une

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meilleure connaissance de la situation démographique, économique, financière et


sociale de la République du Bénin ;
 organiser et exécuter les recensements démographiques, agricoles, industriels et toutes
autres enquêtes statistiques et socio-économiques ou aider à leur réalisation ;
 étudier les projets d'enquêtes ou d'études de tous autres organismes et d'en faire un
rapport au Conseil National de la Statistique ;
 étudier et suivre la conjoncture économique et financière du pays, établir les comptes
économiques et produire les renseignements chiffrés utiles à l'élaboration des
programmes de développement économique ;
 assurer la publication périodique des informations statistiques sous forme de bulletins,
annuaires, revues, communiqués, répertoires et autres ;
 rassembler la documentation existante aussi bien dans le domaine des études
statistiques que celui des études démographiques et économiques et constituer une
bibliothèque d'ouvrages statistiques ;
 assurer la liaison avec les services statistiques des pays Africains et étrangers, les
organismes internationaux, et représenter le Bénin dans les réunions, conférences et
congrès relatifs à la statistique ;
 faciliter et encourager l'étude de la science statistique et les techniques de l'information
et assurer la formation du personnel technique pour la recherche statistique et le
traitement de l'information ;
 étudier les possibilités d'améliorer le rendement des services publics et entreprises
dans le domaine statistique ;
 assurer à tous les niveaux la formation et la spécialisation de ses cadres ;
 exécuter le traitement des informations, tant pour ses besoins propres que ceux des
services publics, des entreprises parapubliques ou autres, lorsque les conditions
objectives du pays l'exigent.

Les attributions de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique sont


exercées sur toute l'étendue du territoire National.

1.1.3 L'organisation et Fonctionnement


L'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique comporte une Direction
Administrative et Financière et des Directions techniques, toutes rattachées à la Direction

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Générale. L'Institut entretient des rapports de collaboration avec les autres organes du Conseil
National de la Statistique, sans dépendance hiérarchique qui sont des Organes Extérieurs à
l'INSAE.

L'INSAE comporte également les organes de Direction suivants:

 la Direction Générale de l'INSAE;


 le Comité de Direction;
 le Conseil d'Administration (CA) de l'Institut.

La Direction générale dispose d'un Secrétariat Particulier.

1.2 Déroulement du stage académique


Le stage académique en vue de la réalisation du mémoire s’est déroulé à la Direction des
Statistiques Sociales de l’INSAE.

1.2.1 Direction des Statistiques Sociales.


La Direction des Statistiques Sociales est chargée du suivi de l'évolution de la situation
sociale ainsi que de l'impact des politiques économiques sur l'emploi et les conditions de vie
des ménages. Elle est chargée également de coordonner la collecte des informations
statistiques liées à la dimension sociale du développement, au développement humain et à la
lutte contre la pauvreté. Elle fournit à la Direction des Etudes et Politiques de l'Emploi, les
informations statistiques sur l'emploi.

La Direction des Statistiques Sociales (DSS) comprend les trois services suivants :

Le Service des Statistiques Sociales (SSS), a pour tâches :

 la collecte, la synthèse et l'analyse des informations statistiques sur le secteur social :


santé, éducation, alphabétisation etc.... ;
 la conception, l'exécution et l'exploitation des enquêtes sociales au niveau national;
 l'élaboration du Tableau de Bord Social (TBS) à rythme annuel et intégrant l'indice du
développement humain (IDH).

Le Service des Conditions de vie des Ménages (SCVM), a pour tâches :

 la collecte des relevés de prix et le calcul des indices de prix à la consommation à

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rythme mensuel;
 la conception, l'exécution, l'exploitation et l'analyse des enquêtes sur les conditions de
vie des ménages en vue de l'évaluation de l'impact socio-économique des mesures
prises par le gouvernement;
 le suivi de la dynamique du secteur informel et son impact sur le bien-être des
ménages.

Le Service des Statistiques de l'Emploi (SSE), a pour tâches :

 la collecte et le rassemblement des informations sur les créations ou les demandes


d'emploi en vue des études de politiques de l'emploi;
 la réalisation des enquêtes sur l'emploi et le travail auprès des ménages;
 la collaboration à la réalisation de la collecte d'informations de l'emploi auprès des
entreprises du secteur moderne;
 la réalisation des études synthétiques sur les facteurs déterminants de l'évolution de
l'emploi.

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Chapitre 2 : Cadre théorique et méthodologique de l’étude

2.1 Enoncé du problème


Les progrès se poursuivent dans la lutte contre la faim mais force est de constater que le
nombre de personnes qui sont privées de la nourriture dont elles ont besoin pour mener une
vie saine et active reste inacceptable (FAO, 2015). En effet, la FAO indique qu’environ 795
millions de personnes (soit une personne sur neuf) ont souffert de sous-alimentation
chronique pendant la période 2014-2016.

En 2013, au sein des pays de l’UEMOA, 20,2% de la population en moyenne était atteinte de
malnutrition et la norme calorifique de 2.400 calories/personne/jour n’était pas atteinte dans
tous les pays ; les pays sahéliens étant plus touchés que les pays côtiers (UEMOA, 2013).
Dans la même année, 23%des ménages au Bénin avaient une consommation alimentaire
inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et active (FAO, 2014).

Toutes ces statistiques témoignent de l’importance du phénomène d’insécurité alimentaire,


tant au plan régional que national. La question de la sécurité alimentaire est d’autant plus
importante que la production agricole au Bénin ne satisfait pas encore complètement les
besoins alimentaires des populations (PNUD, 2015).

Selon la Banque Mondiale (1986), assurer la sécurité alimentaire peut être vu comme un
investissement dans le capital humain qui fera une société plus productive. Une population
correctement nourrie, saine, active et alertée contribue plus efficacement au développement
économique qu'une autre fléchie physiquement et mentalement par une alimentation
inadéquate et une faible santé.

Selon Gerbe (2012), une étude des déterminants de l'insécurité alimentaire des ménages est
essentielle, car elle fournit des informations qui permettront de déterminer des mesures
efficaces pour améliorer la situation de la sécurité alimentaire et apporter le succès des
programmes de développement. Dans le même sens, Faridi et Wadood (2010) pensent qu’il
est important d'effectuer cette analyse au niveau ménage pour comprendre la demande
alimentaire réelle et ses effets sur la situation de sécurité alimentaire des ménages. Pour eux,
elle aidera à comprendre les différentes caractéristiques du ménage qui sont spécifiques à la
sécurité alimentaire et leur implication sur les questions nutritionnelles (Faridi et Wadood,
2010). En vue d’éclairer les pouvoirs publics sur l’état de l’insécurité alimentaire au Bénin et

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ses causes, dans une perspective d’aide au développement, le présent mémoire porte sur « les
déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin ». Pour ce faire, il s’agit de répondre aux
questions suivantes : Quel est l’effet des caractéristiques socio-économiques du ménage sur
l’insécurité alimentaire ? Quel est l’effet des chocs physiques et climatiques sur l’insécurité
alimentaire ?

2.2 Objectifs et hypothèses de recherche

2.2.1 Objectifs de recherche


L’objectif général de l’étude est de déterminer les facteurs qui influencent l’insécurité
alimentaire. Il s’agit de façon spécifique de:

 examiner l’effet des caractéristiques socio-économiques du ménage sur la sécurité


alimentaire ;
 déterminer l’effet des chocs biophysiques et climatiques sur l’insécurité alimentaire.

2.2.2 Hypothèses de recherche


Pour atteindre ces objectifs, deux hypothèses seront formulées et vérifiées par la suite :

 le sexe du chef de ménage et la taille du ménage ont un effet positif sur l’insécurité
alimentaire ;
 les chocs biophysiques et climatiques ont un effet positif sur l’insécurité alimentaire.

2.3 Revue de littérature et méthodologie

2.3.1 Revue de littérature


Cette section présente les débats théoriques, les travaux empiriques et les méthodes utilisées
lors de l’explication des déterminants de l’insécurité alimentaire. Dans une première étape
nous allons aborder les modèles théoriques élaborés par certains auteurs, avant de présenter
dans la deuxième étape les résultats empiriques et les méthodes utilisées.

2.3.1.1 Revue théorique


La sécurité alimentaire désigne une situation dans laquelle tous les individus ont, en tout
temps, un accès physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive
qui satisfait à leurs besoins et préférences alimentaires et leur permet de mener une vie saine
et active (Sommet mondial de l’alimentation, 1996). De cette définition, la FAO ressort quatre

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concepts fondamentaux qui permettent de mieux saisir la notion de sécurité alimentaire:

 la disponibilité suffisante de nourriture qui est la quantité de nourriture disponible


dans un pays ou une zone, en tenant compte de toutes les formes de production
domestique et industrielle, ainsi que la balance des importations et exportations, l’aide
alimentaire et les stocks ;
 l’accessibilité est la possibilité pour tout ménage de pouvoir régulièrement acquérir la
quantité nécessaire de nourriture, grâce à la combinaison de sources telles que sa
propre réserve et la production, l’achat, le troc, le don, l’emprunt ou l’aide
alimentaire ;
 l’utilisation appropriée de la nourriture: Il s’agit de l’utilisation de la nourriture au
sein du ménage et de la satisfaction des besoins en éléments protéino-énergétiques et
micronutriments des individus. L’utilisation de la nourriture tient compte des éléments
tels que la préparation de la nourriture, la situation sanitaire, l’hygiène, la variété de la
diète, etc ;
 la stabilité dans le temps de la disponibilité, de l’accès et de l’utilisation de la
nourriture. (INSAE, 2014)

Par opposition, les personnes en situation d'insécurité alimentaire sont celles qui ne disposent
pas d'aliments sains et nutritifs en quantités suffisantes soit pour mener une croissance et un
développement normal dans le cas des enfants, ou une vie saine et active dans celui des
adultes. (PAM, 2003)

De nombreuses études ont été effectuées pour déterminer les facteurs explicatifs de
l’insécurité alimentaire et de la sécurité alimentaire. Ces deux notions étant opposées l’une de
l’autre, les facteurs influençant la sécurité alimentaire, influencent l’insécurité alimentaire ; la
seule différence étant le sens de leurs effets. En effet, les facteurs améliorant la sécurité
alimentaire auront un effet négatif sur l’insécurité alimentaire et vice versa.

Badolo (2015) note trois approches explicatives de l’insécurité alimentaire : l’approche par la
production, l’approche par le marché et celle par le défaut d’institutions.

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a) Approche basée sur la production et les théories malthusienne et


techno-écologique

L'approche par la production est basée sur l'hypothèse que l'insécurité alimentaire est le
résultat d’une diminution de la disponibilité de nourriture (Badolo, 2015). Cette analyse porte
sur la relation entre la croissance de la population et la capacité humaine à utiliser les
ressources naturelles pour lutter contre la faim (Berry et Cline (1979); Boserup (1965);
Ehrlich et al. (1993) précités par Badolo, 2015). Dans le même sens que l’approche par la
production, les théories Malthusienne et techno-écologique offrent beaucoup d'informations
sur l’impact de la population sur l'environnement et les menaces à la sécurité alimentaire.

Selon Malthus (1992), l'expansion de la population suit une progression géométrique alors
que l'offre alimentaire suit une progression arithmétique. Il conclut que la croissance de la
population dépasse la capacité de la terre à fournir des ressources alimentaires à ses habitants.
Cette théorie a été renforcée par les néo- Malthusiens (Ehrlich et Ehrlich, (1991), Ophuls et
Boyan (1992)). Ces auteurs concluent que la croissance démographique est une menace pour
la sécurité alimentaire, car elle conduit à une diminution de la nourriture disponible (Badolo,
2015).

Contrairement aux néo-malthusiens, la théorie techno-écologique postule que la technologie


et l'ingéniosité humaine ont toujours confronté de manière adéquate les pénuries existantes et
continueront à le faire à l'avenir. Suivant cette idée, Simon (1998) suggère que la croissance
de la population ne devrait pas être considérée comme une menace, mais comme un atout
parce que les hommes sont la ressource naturelle la plus précieuse pour résoudre des
problèmes. Selon Cohen (2008) les actions politiques et économiques rationnelles, ainsi que
l'utilisation de la science et de la technologie contribuent à l'efficacité des systèmes de
production et de distribution des aliments, réduisant ainsi les menaces à la sécurité
alimentaire.

Les auteurs comme Tweeten (1997) suggèrent que la politique commerciale efficace et
l’amélioration de l'accès aux marchés contribueront à limiter l'insécurité alimentaire. Par
exemple, une augmentation de la production agricole ou une meilleure distribution
alimentaire par le biais d'une bonne infrastructure de transport peut compenser les effets
négatifs de la croissance de la population en augmentant la disponibilité alimentaire et l'accès

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aux aliments (Badolo, 2015). Tout comme Tweeten, Diagne (2013) pense que l’accès aux
ressources est la principale cause de l’insécurité alimentaire en milieu rural. En effet, selon
l’auteur, les caractéristiques des terres arables, le matériel agricole et les technologies
utilisées, l’investissement dans le secteur agricole, sont des facteurs déterminants pour
l’accessibilité à l’alimentation.

b) Approche basée sur le marché et la théorie de Sen

L'approche par le marché est basée sur l'idée que la famine n’est pas due à un manque de
nourriture, mais à des problèmes d'accès à la nourriture (Badolo, 2015). Le concept de droit à
l’alimentation (entitlements) développé par Sen (1983) se joint à cette approche. L'auteur
suggère que les gens ont un droit à l'alimentation. Le concept du droit à l’alimentation est
défini comme l'ensemble de toutes les combinaisons possibles de biens et services qu'une
personne peut obtenir en utilisant la totalité des droits et des chances (Badolo, 2015). Le droit
à l’alimentation dépend principalement de deux facteurs qui sont les dotations personnelles et
les conditions d'échanges. Les dotations sont la combinaison de toutes les ressources
appartenant légalement à des personnes, qui comprennent les actifs corporels (tels que la terre,
l'équipement, les animaux, etc.) et des actifs incorporels tels que les connaissances et les
compétences, le travail, l'appartenance à une communauté particulière, etc. Selon Badolo
(2015), les dotations sont basées sur les revenus d'emploi et les gains possibles en vendant
d’autres produits. Les conditions d'échange quant à elles permettent aux gens d'utiliser leurs
ressources pour accéder à l'ensemble des produits par le commerce, par la production et par la
détermination des prix relatifs des produits ou de marchandises (Badolo, 2015). Sen (1983),
précité par Badolo (2015) conclut plus tard qu'un changement défavorable dans les conditions
d'échanges peut être source d'insécurité alimentaire. De même, un déficit général de l'emploi
dans l’économie réduit la capacité des individus à acquérir une quantité suffisante de
nourriture. Autrement dit, une variation des prix relatifs des produits ou des taux de salaire
vis-à-vis des prix alimentaires peut causer de l’insécurité alimentaire (Badolo, 2015).

Selon Diagne (2013), en milieu urbain, les difficultés d’accès économique sont à l’origine de
l’insécurité alimentaire. En effet, pour l’auteur, la faiblesse du pouvoir d’achat, la précarité de
l’emploi, le prix élevé des denrées ainsi que le déficit de structuration des marchés
agroalimentaires constituent autant d’obstacles à la demande alimentaire des ménages.

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c) La défaillance des institutions comme cause d’insécurité


alimentaire

Certains auteurs tels que Keen (1994), Haddad et Smith (2000) et Sen (2000) ont mis en
lumière l'importance des institutions comme facteur explicatif de l'insécurité alimentaire. Pour
eux, le défaut de distribution des produits alimentaires peut être due à la mise en œuvre des
politiques inappropriées ou à la mauvaise intervention des gouvernements et à l'existence de
conflits civils. Ainsi, Sen (2000) suggère que la démocratie et les libertés politiques peuvent
aider à prévenir la famine et autres catastrophes économiques. En effet, selon Badolo (2015),
la démocratie peut fournir une certaine autonomisation à travers le vote des pauvres à recevoir
des investissements en ressources humaines, en matière de santé, d'éducation et les transferts
alimentaires du gouvernement pour un développement généralisé. Dans le même sens que Sen
(2000), Haddad et Oshaug, (1998 ; précités par Badolo, 2015) pensent que les gouvernements
démocratiques peuvent être plus enclins à respecter les droits de l'homme, notamment les
droits à l’alimentation et la nutrition.

Sen (1983) pense également qu'une presse libre et la pratique de la démocratie contribuent
grandement à faire ressortir l'information qui peut avoir un impact énorme sur les politiques
de l'insécurité alimentaire, la prévention (par exemple, des informations sur la nature et
l'impact de la nouvelle technique de production sur l'approvisionnement alimentaire).

Selon Smith et Haddad (2000 ; précités par Badolo, 2015), l’affectation de grands revenus
dans l'éducation, les services de santé, et la redistribution des revenus contribuent à réduire les
problèmes d'insécurité alimentaire dans les zones touchées.

d) Autres approches des causes de l’insécurité alimentaire

Selon Habyarimana (2015), les principaux déterminants de l’insécurité alimentaire sont : la


taille du ménage, le sexe du chef de ménage, son niveau d’éducation, les chocs climatiques
tels que les inondations, les glissements de terrain, la sécheresse, la production vivrière,
l’accès au crédit agricole, le niveau de dépense alimentaire et non alimentaire, l’accès aux
services sociaux, la possession d’un compte épargne.

Les caractéristiques socio-économiques et les ressources individuelles des ménages ont été
identifiées par Sanusi et al (2006) comme les facteurs de base influençant leurs statuts de

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sécurité alimentaire. Dans le même sens, pour Babatundé, Omotesho et Sholotan (2007), le
revenu est supposé améliorer la production alimentaire des ménages et aussi leur accès à plus
de quantité et de qualité de produits alimentaires.

S’agissant de l a taille de l’exploitation agricole du ménage, plus grande est la dimension, plus
haut est le niveau de la production. Les ménages ayant des exploitations agricoles de grande
taille sont moins soumis au risque d’insécurité alimentaire que ceux ayant des exploitations
agricoles de petite taille (Babatundé, Omotesho et Sholotan, 2007). De même, selon Bashir,
Pandit et Schilizi (2012), en milieu rural, les ménages ayant de petites exploitations agricoles
et ceux n’en ayant pas, souffrent d’insécurité alimentaire.

Pour l’UEMOA (2012), la persistance de l’insécurité alimentaire est liée à la faible


diversification de l'agriculture, ainsi qu'aux modes de production, caractérisés par une quasi
absence de la mécanisation et de l'irrigation, ainsi qu'une faible intensification des pratiques
culturales. Cette situation ne permet pas aux populations de l'UEMOA de faire face aux
incidences des aléas climatiques (sécheresses, inondations, incendies, etc.) sur leurs
productions et leurs revenus. (UEMOA, 2012)

L'âge du chef de ménage est supposé avoir un impact sur son offre de travail pour la
production alimentaire. Il est aussi sensé avoir un impact sur sa capacité à chercher et obtenir
un travail en dehors de l'exploitation familiale; ce qui pourrait augmenter le revenu du
ménage (Babatundé, Omotesho et Sholotan, 2012).

Selon Bernell, Edwards et Weber (2006), il est raisonnable de s’attendre à ce que l'insécurité
alimentaire du ménage soit aussi influencée par la communauté locale dans laquelle il réside.
Par exemple, certaines communautés peuvent avoir un plus grand sens de solidarité sociale ou
des politiques sociales plus efficaces. Ces facteurs, peuvent réduire la probabilité d'insécurité
alimentaire du ménage (Bernell, Edwards et Weber, 2006).

2.3.1.2 Revue empirique


Dans leur analyse économétrique de la sécurité alimentaire au Bangladesh, Faridi et Wadood
(2010), montrent l'importance de la structure démographique des ménages sur leur sécurité
alimentaire. En général, tous les coefficients sont négatifs, impliquant que plus le le ménage
présente d’hommes âgés de 50 ans, plus grand est l'effet négatif sur la situation de sécurité
alimentaire. Ils l’expliquent par le fait que l’homme est la principale source de revenu du

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ménage et l’augmentation de son âge réduit grandement le revenu potentiel du ménage ; ce


qui impacte négativement la situation de sécurité alimentaire du ménage. Leurs estimations
montrent également que les ménages dont le chef est un employé salarié ont une
vraisemblance d’être en insécurité alimentaire plus élevée que les ménages dont le chef est un
agriculteur.

D’après les résultats d’estimation de Diang’a, Wodon et Zoyem (2002) sur les déterminants
de l’insécurité alimentaire au Burundi selon l’approche calorifique, le niveau d’études et la
taille du ménage sont parmi les principales variables qui présentent une influence fortement
significative sur l’apport calorifique. L’apport calorifique est d’autant plus élevé que le capital
physique (terre exploitée et valeur des animaux possédés) est important (cette variable n’est
pas statistiquement significative en milieu urbain). La valeur du nombre d’animaux possédés
est aussi importante en milieu rural, mais il y a ici un risque d’endogénéité. Un handicap ou
une maladie peuvent être associés à une baisse de l’apport calorifique, mais les impacts ne
sont pas systématiques. L’apport calorifique est plus élevé, toutes choses égales par ailleurs,
dans les ménages de personnes mariées que pour tout autre statut matrimonial.
Comparativement aux ménages dont le chef occupe un emploi, l’apport calorifique est plus
faible dans les situations de non emploi (inactivité et chômage).

Les résultats d’estimation d’Habyarimana (2015) sur les ménages rwandais montrent qu'une
augmentation de l'unité de la taille du ménage, de son problème d’accessibilité alimentaire, de
la contribution du marché à sa consommation alimentaire, entraîne une hausse du risque
d’insécurité alimentaire de l’ordre de 0,8% , 20% et de 0,1% respectivement. Une
augmentation d’une unité du nombre d’animaux du ménage, de son niveau de disponibilité,
des dépenses mensuelles, de la dimension de ses terres, de l’assistance alimentaire,
entraîneraient une baisse la probabilité d’insécurité alimentaire du ménage.

Dans leur analyse des caractéristiques socio-économiques et du statut de l’insécurité


alimentaire des ménages agricoles du nord Nigéria, Babatundé, Omotesho et Sholotan (2008)
trouvent un effet significatif (au seuil de 5%) et positif du revenu du ménage, de
l’autoconsommation, du statut éducatif du chef de ménage sur la sécurité alimentaire. La taille
du ménage est significative et a un effet négatif sur la sécurité alimentaire. Au seuil de 10% ,
l’âge du chef de ménage a un effet significatif négatif sur la sécurité alimentaire.

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Les conclusions des recherches au Kenya et dans les autres régions indiquent que la sécurité
alimentaire est fortement liée à beaucoup d'autres facteurs tels que les marchés et les
politiques de marché (Summer, 2000), les infrastructures telles que les routes, les installations
de stockage, l’électricité, les institutions financières, la téléphonie, les services de
l’information et de la technologie (Atieno, 1996) et le revenu (Midmu , 1992 ; Metzger et
Zyl 1992 ; Thimm 1993 et Atieno, 1996) (Timothy et Sharon, 2010).

2.3.2 Méthodologie de l’étude


Dans la littérature, nous distinguons trois méthodes d’analyse de l’insécurité (ou de la
sécurité) alimentaire.

Applanaidu, Bakar et Baharudin (2013) ont utilisé une approche qui repose sur les travaux de
Thomson et Metz (1996). La variable dépendante est l’indice de la production alimentaire.
Leur estimation a été faite avec un modèle VAR (Vecteur Autorégressif) sur des données
temporelles à l’échelle nationale. Les variables indépendantes sont la production de biodiesel,
le Produit National Brut (PNB), le taux d’échange réel, les dépenses gouvernementales
allouées au développement agricole ; l’indice des prix des produits alimentaires et la taille de
la population.

L’approche utilisée par Diang’a, Wodon et Zoyem (2008) effectue une analyse en coupe
instantanée où la variable dépendante est l’apport calorifique. Ensuite, ils déterminent la
probabilité que cet apport soit inférieur à zéro (situation d’insécurité alimentaire) comme une
fonction des variables dépendantes.

L’approche la plus répandue (utilisée par Faridi et Wadood (2010), Gerbe (2012),
Habyarimana (2015) et Welderufael (2014)) consiste à utiliser un modèle qualitatif à choix
binaire ou à variable dépendante dichotomique.

2.3.2.1 Nature et source de données


Les données de l’étude proviennent de l’enquête sur l’Analyse Globale de la Vulnérabilité et
de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) réalisée par l’INSAE en 2013. Cette enquête a pour but
de mettre à jour les informations sur la situation de la sécurité alimentaire en 2013 afin de
mieux comprendre l’impact des grandes inondations de 2010 et de la sécheresse de 2011 dans
le Sahel et leurs répercussions sur la zone septentrionale du pays et sur les stratégies des

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ménages.

2.3.2.2 Population étudiée et méthode d’échantillonnage


L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 15.000 ménages, représentatif au niveau
national, départemental et communal. Cet échantillon a été obtenu suivant un tirage
systématique à deux degrés, avec une marge d’erreur de 5%. Au premier degré, les 750
grappes enquêtées lors de l'Enquête Modulaire Intégré sur les Conditions de Vie des Ménages
(EMICoV) 2011 couplée avec celles de l'Enquête Démographique et de Santé (EDS) ont été
sélectionnées, puis au second degré, 20 ménages ont été tirés de façon systématiquement
aléatoire dans chaque grappe. Les ménages échantillons ont été répartis dans chaque
département proportionnellement à leur taille en nombre de ménages. L’échantillon a été
réparti en tenant compte du nombre total de ménages par département obtenu après le RGPH-
2002. (AGVSA, 2014)

2.3.2.3 Outil et modèle d’analyse


a) Outil d’analyse

Une analyse descriptive préliminaire est réalisée pour connaître les grandes tendances de
notre échantillon, à l’aide du logiciel Excel. Elle est suivie d’une analyse économétrique
effectuée à l’aide du modèle logistique sous le logiciel STATA version 12.0.

L’analyse descriptive vise à présenter la structure de la population d’étude. Elle consiste à


donner un résumé de l’information contenue dans les données au moyen de graphiques et de
tableaux. Elle comporte également l’élaboration des profils de sécurité alimentaire et
d’insécurité alimentaire sous le logiciel SPAD.

Avant l’analyse économétrique, nous avons étudié la liaison entre les variables explicatives et
la variable expliquée au moyen du test d’indépendance de Khi-deux. Cette analyse a permis
de choisir les variables qui sont utilisées dans le modèle économétrique. En effet, les variables
non corrélées à la variable dépendante ont peu de chances d’être significatives dans son
explication par le modèle économétrique.

L’analyse des résultats du modèle économétrique se fait au moyen du signe des coefficients,
de leur significativité, le calcul des odd-ratio et des effets marginaux.

Réalisé par Canut SAGBO 15


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

b) Modèle d’analyse

Nous avons utilisé le modèle économétrique logistique pour analyser les déterminants de
l’insécurité alimentaire au Bénin. La pertinence de ce choix se trouve dans le fait que, la
variable dépendante est dichotomique et que le modèle a déjà été utilisé dans la littérature. Le
modèle logistique est choisi parce qu’il est une approximation du modèle Probit permettant
des calculs plus simples (Hurlin, 2008). De même, selon Bocquier (1996), l’utilisation des
modèles logistiques est courante dans l’analyse des biographies (événements qui surviennent
au cours de la vie de l’individu).

En considérant, 𝑦𝑖∗ le statut de sécurité alimentaire du ménage et 𝑥𝑖 le vecteur des variables


explicatives, le modèle s’écrit comme suit :

𝒚𝒊 *= 𝒙𝒊 𝜷 + 𝝐𝒊 , avec :

𝟏 𝒔𝒊 𝒍𝒆 𝒎é𝒏𝒂𝒈𝒆 𝒆𝒔𝒕 𝒆𝒏 𝒔𝒊𝒕𝒖𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅′ 𝒊𝒏𝒔é𝒄𝒖𝒓𝒊𝒕é 𝒂𝒍𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆


𝒚𝒊 = {
𝟎 𝒔𝒊𝒏𝒐𝒏

𝒙𝒊 , la matrice des valeurs des variables explicatives,

𝜷, la matrice des coefficients du modèle,

𝝐𝒊 , le terme d’erreur suit une loi logistique

c) Identification des variables

La variable dépendante Y dans le cadre de notre étude est représentée par une variable
binaire, qui prend la valeur 1 lorsque le ménage est en situation d’insécurité alimentaire et 0
lorsqu’il est en situation de sécurité alimentaire. Cette variable a été obtenue à partir du Score
de Consommation Alimentaire (SCA).

Le Score de Consommation Alimentaire est un indicateur de l’accessibilité aux aliments et de


la qualité de la consommation alimentaire (PAM, 2014). La méthodologie de calcul de cet
indicateur est en annexe 1. Il est calculé à partir de:

 la diversité du régime alimentaire (nombre de groupes d’aliments consommés par un


ménage pendant les sept jours précédant l’enquête) ;
 la fréquence de consommation (nombre de jours au cours desquels un groupe

Réalisé par Canut SAGBO 16


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

d’aliments a été consommé pendant les sept jours précédant l’enquête) ;


 l’importance nutritionnelle relative des différents groupes d’aliments.

Sur la base du SCA, les ménages ayant un score inférieur ou égal à 35 sont considérés comme
en situation d’insécurité alimentaire: ils prennent la modalité 1 de la variable Y. Les ménages
ayant un score SCA supérieur à 35 prennent la modalité 0 de la variable Y. Le seuil de 35 a
été fixé par le Programme Alimentaire Mondial pour distinguer les ménages en insécurité
alimentaire de ceux en situation de sécurité alimentaire (confère annexe 1).

Le tableau des variables indépendantes et la raison de leur choix se présente comme suit:

Tableau 1 : Description des variables


Libellé de la Description de la variable
N° Auteur(s) Signe attendu
variable
Habyarimana Indique le nombre total de membre composant le
1 Taille du ménage (2015), Diang’a et ménage. Positif
al. (2002)
Prend les modalités
Habyarimana Négatif par rapport à
Niveau d’instruction  0 pour aucun niveau
2 (2015), Diang’a et la modalité aucun
du chef de ménage  1 pour le primaire
al. (2002) niveau
 2 pour le secondaire et le supérieur
Ceux sont les inondations, la sécheresse, érosion des Positif par rapport à
Habyarimana sols. Elle prend les modalités suivantes : la modalité absence
3 Chocs biophysiques
(2015)  0 pour absence de chocs biophysiques de chocs
 1 pour présence de chocs biophysiques biophysiques
Ceux sont les évènements qui influencent la structure
du ménage tels que les naissances, les décès, la maladie
Positif par rapport à
Habyarimana d’un membre actif du ménage. Elle prend les modalités
4 Chocs sociaux la modalité absence
(2015) suivantes :
de chocs sociaux
 0 pour absence de chocs sociaux
 1 pour présence de chocs sociaux
Ce sont les évènements qui modifient le niveau de
revenu du ménage. Nous avons la perte d’emploi d’un
Positif par rapport à
membre actif du ménage, revenus réduits d’un membre
Badolo (2015), la modalité absence
5 Chocs économiques du ménage, l’augmentation des prix des produits
Diagne (2013) de chocs
alimentaires. Elle prend les modalités suivantes :
économiques
 0 pour absence de chocs économiques
 1 pour présence de chocs économiques

Réalisé par Canut SAGBO 17


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

Ceux sont les évènements dont la survenance ont un


effet sur la sécurité alimentaire et qui ne sont pas
Positif par rapport à
Badolo (2015), classés dans les types de chocs précédents. Elle prend
6 Autres chocs la modalité absence
Diagne (2013) les modalités suivantes :
d’autres chocs
 0 pour absence d’autes chocs
 1 pour présence d’autres chocs
Faridi et Wadood Prend les modalités
Sexe du chef de (2010),  1 pour homme Négatif par rapport à
7
ménage Habyarimana  0 pour femme la modalité homme
(2015),
Prend les modalités
Positif par rapport à
Tranche d’âge du Faridi et Wadood  0 pour les moins de 24 ans
8 la modalité moins de
chef de ménage (2010)  1 pour les 25 à 60 ans
24 ans
 2 pour les 61ans et +
Prend les modalités
Aucun auteur à Positif par rapport à
Quintiles de l’indice  0 pour les plus pauvres
9 l’étape actuelle de la la modalité les plus
de richesse  1 pour les moyens
revue de littérature pauvres
 2 pour les plus riches
Prend les modalités
 0 moins d’un hectare
Faridi et Wadood  1 pour 1 à 1,99 hectares Négatif par rapport à
10 Superficie emblavée (2010), Diang’a et  2 pour 2 à 2,99 hectares la modalité moins
al. (2002)  3 pour 3 à 3,99 hectares d’un hectare
 4 pour 4 à 4, 99 hectares
 5 pour 5 hectares et plus
Aucun auteur à Prend les modalités
Pratique de Négatif par rapport à
11 l’étape actuelle de la  0 pour non
l’élevage la modalité non
revue de littérature  1 pour oui
Aucun auteur à Prend les modalités
Négatif par rapport à
12 Milieu de résidence l’étape actuelle de la  0 pour rural
la modalité rural
revue de littérature  1 pour urbain

NB : Les effectifs non pondérés de chaque variable sont présentés dans des tableaux en
annexe 2.

Réalisé par Canut SAGBO 18


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

Chapitre 3 : Présentation des résultats

3.1 Analyse descriptive de la population


a) Répartition de la population suivant le sexe du chef de ménage

Figure 1: Répartition en pourcentage de la population suivant le sexe du chef de ménage

77,8

22,2

Homme Chef de Menage Femme Chef de Menage

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

La population d’étude est composée en majorité de ménages dont le chef est un homme. En
effet, la proportion des hommes chef de ménage (77,8%) est plus élevée que celle des femmes
chefs de ménage (22,2%) (AGVSA, 2013).

b) Répartition de la population selon le niveau d’instruction du chef de


ménage

Figure 2: Répartition en pourcentage de la population suivant niveau d’instruction du chef de


ménage

56,2

22,3 21,5

Aucun Primaire Secondaire et supérieur

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

Le graphique n°2 montre la prépondérance des ménages dont le chef est non instruit (soit
56,2% de l’échantillon). Ensuite viennent les ménages dont le chef a un niveau primaire

Réalisé par Canut SAGBO 19


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

(22,3%) et ceux dont le chef a un niveau secondaire ou supérieur (21,5%).

c) Répartition de la population selon le statut de sécurité alimentaire

Figure 3 : Répartition en pourcentage de la population selon le statut de sécurité alimentaire

76,6

23,4

sécurité alimentaire insécurité alimentaire

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

La population souffrant d’insécurité alimentaire s’élève à 23,4% de la population totale.


Parmi cette proportion souffrant d’insécurité alimentaire, 5,16% ont une consommation
alimentaire pauvre et 18,24% ont une consommation alimentaire limite.

d) Répartition de l’insécurité alimentaire selon le sexe du chef de


ménage

Tableau 2 : Répartition en pourcentage des ménages selon l’insécurité alimentaire et le sexe


du chef de ménage

Insécurité alimentaire

Non Oui

Homme Chef de
Sexe du 78 77
Ménage
Chef de
Ménage Femme Chef de
22 23
Ménage
Total 100 100
Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

D’après le tableau n°2, on observe une inégale répartition de la population souffrant


d’insécurité alimentaire suivant le sexe. En effet, 77% des ménages en insécurité alimentaire
ont pour chef de ménage un homme contre 23% pour les femmes chefs de ménages.

Réalisé par Canut SAGBO 20


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

e) Répartition de la population selon l’insécurité alimentaire et le


milieu de résidence

Tableau 3 : Répartition en pourcentage des ménages selon l’insécurité alimentaire et le milieu


de résidence
Variable insécurité alimentaire

Non Oui

Milieu de Urbain 48 28
résidence
(Urbain, Rural) Rural 52 72

Total 100 100

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

Le tableau n°3 présente la répartition du statut de sécurité alimentaire suivant le milieu de


résidence. D’après ce tableau, l’insécurité alimentaire est plus localisée en milieu rural qu’en
milieu urbain. En effet, 72% des ménages souffrant d’insécurité alimentaire sont en milieu
rural, contre 28% en milieu urbain.

f) Insécurité alimentaire et pratique de l’agriculture

La figure n°4 présente la répartition du statut de sécurité alimentaire suivant la pratique


d’activité agricole. Il ressort de ce graphique que les ménages en situation de sécurité
alimentaire sont non agricole (69%). De même, les ménages en situation d’insécurité
alimentaire ont effectué une activité agricole (52%). On peut postuler que l’insécurité
alimentaire est fortement liée à l’agriculture de subsistance.

Figure 4 : Insécurité alimentaire et activité agricole

31% Oui
52%
69% Non
48%

sécurité alimentaire insécurité alimentaire

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

Réalisé par Canut SAGBO 21


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

g) Insécurité alimentaire et niveau d’éducation du chef de ménage

Le tableau n°4 présente la répartition du statut d’insécurité alimentaire suivant le niveau


d’éducation du chef de ménage. On remarque que les ménages en insécurité alimentaire ont
majoritairement pour chef de ménage des personnes n’ayant aucun niveau d’éducation
(57,9%) ou ayant le niveau primaire (21,7%). Le risque d’insécurité alimentaire diminue avec
la hausse du niveau d’instruction.

Tableau 4 : Répartition en pourcentage des ménages selon l’insécurité alimentaire et le


niveau d’éducation du chef de ménage

Education chef de ménage


Secondaire Total
Aucun Primaire
et supérieur
Effectif 760935 304575 291182 1356692
Non
Insécurité Pourcentage 56,1 22,4 21,5 100,0
alimentaire Effectif 240098 89930 84545 414573
Oui
Pourcentage 57,9 21,7 20,4 100,0
Effectif 1001033 394505 375727 1771265
Total
Pourcentage 56,5 22,3 21,2 100,0
Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

3.1.1 Profil d’insécurité alimentaire au Bénin


Pour construire le profil d’insécurité alimentaire, une analyse des correspondances multiples a
été effectuée. Mais la faible représentation de la variable insécurité alimentaire nous amène à
présenter les résultats de l’ACM en annexe.

Face à cette limite (faible représentation de la variable insécurité alimentaire), le profil


d’insécurité alimentaire a été obtenu à l’aide de la méthode de caractérisation automatique
d’une variable nominale sous SPAD.

Les résultats montrent que les individus en insécurité alimentaire présentent des valeurs
différentes de celles des autres ménages de l’échantillon pour les variables indice de richesse,
pratique de l’élevage, superficie emblavée et milieu de résidence. Les variables chocs
biophysiques, économiques et autres chocs caractérisent faiblement l’insécurité alimentaire.

Les ménages en insécurité alimentaire sont les plus pauvres ; ils vivent en milieu rural,
pratique l’élevage, cultivent moins d’un hectare. Les ménages en insécurité alimentaire sont

Réalisé par Canut SAGBO 22


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

soumis aux chocs biophysiques et ne sont pas affectés par les chocs économiques.

Tableau 5 : Profil d’insécurité alimentaire


Modalités % de la modalité % de la modalité % de la classe dans Valeur- Probabilité
caractéristiques dans la classe dans l'échantillon la modalité Test
insécurité alimentai 100,00 24,60 100,00 129,19 0,000
C4=les plus pauvres 35,45 21,44 40,66 22,94 0,000
C7=Rural 70,30 58,65 29,48 16,75 0,000
C8=Oui 49,38 37,88 32,06 16,40 0,000
moins de 1 hectare 13,84 8,70 39,14 12,15 0,000
C6=1 à 1,99 hectares 13,60 10,44 32,05 7,02 0,000
C6=2 à 2,99 hectares 10,42 8,13 31,55 5,70 0,000
C6=3 à 3,99 hectares 5,51 3,88 34,94 5,65 0,000
C10=Non 86,73 83,88 25,43 5,47 0,000
5 hectares et plus 6,13 4,61 32,75 4,90 0,000
C11=Non 98,48 97,56 24,83 4,32 0,000
C9=Oui 16,02 14,35 27,44 3,25 0,001

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

3.1.2 Profil de sécurité alimentaire au Bénin


Les ménages en situation de sécurité alimentaire ont des valeurs différentes de celle des autres
ménages de l’échantillon pour la variable indice de richesse. Les variables superficie
emblavée, pratique de l’élevage, milieu de résidence et présence de chocs économiques
caractérisent faiblement la situation de sécurité alimentaire. Ces ménages sont les plus riches.
En effet, 94,66% des ménages riches sont en sécurité alimentaire. Ils habitent en milieu
urbain, ne pratiquent pas l’élevage et sont affectés par les chocs économiques et les autres
chocs.

Tableau 6: Profil de sécurité alimentaire


Modalités % de la modalité % de la modalité % de la classe Valeur- Probabilité
caractéristiques dans la classe dans l'échantillon dans la modalité Test
sécurité alimentaire 100,00 75,40 100,00 129,19 0,000
C4=les plus riches 21,17 16,86 94,66 27,79 0,000
*Reponse manquante 66,36 61,72 81,07 20,23 0,000
C7=Urbain 45,15 41,35 82,33 16,75 0,000
C8=Non 65,88 62,12 79,96 16,40 0,000
C10=Oui 17,04 16,12 79,74 5,47 0,000
C11=Oui 2,74 2,44 84,70 4,32 0,000
C9=Non 86,19 85,65 75,88 3,25 0,001

Réalisé par Canut SAGBO 23


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

3.2 Test d’indépendance de Khi-deux et test de multicolinéarité

3.2.1 Test d’indépendance de Khi-deux


Le tableau n°7 présente les résultats du test d’indépendance de Khi-deux entre la variable
insécurité et ses variables explicatives.

Tableau 7 : Test de Khi-deux


Variables valeur du Khi-deux degré de liberté p-value décision
quintiles de l'indice de richesse 933,877 2 0,000 liaison
sexe du chef de ménage 3,876 1 0,049 liaison
superficie emblavée 26,037 5 0,000 liaison
milieu de résidence 273,490 1 0,000 liaison
tranche d'âge du chef de ménage 7,335 3 0,062 indépendance
niveau d'éducation du chef de ménage 3,483 3 0,323 indépendance
taille du ménage 0,147 3 0,986 indépendance
pratique de l'élevage 274,606 1 0,000 liaison
présence de chocs biophysiques 10,962 1 0,001 liaison
présence de chocs sociaux 0,343 1 0,558 indépendance
présence de chocs économiques 29,217 1 0,000 liaison
présence d'autres chocs 17,479 1 0,000 liaison

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

D’après ce tableau, nous remarquons que l’âge du chef de ménage, son niveau d’éducation, la
taille du ménage et la présence de chocs sociaux ont des p-values supérieures à 5 pour cent.
Donc elles ne sont pas corrélées avec l’insécurité alimentaire. De ce fait, seules les
variables quintile de l’indice de richesse, sexe du chef de ménage, superficie emblavée, milieu
de résidence, la pratique de l’élevage, la présence de chocs biophysiques, économiques et les
autres chocs entrent en ligne de compte pour expliquer l’insécurité alimentaire.

3.2.2 Test de multicolinéarité


Les résultats du test de multicolinéarité sont obtenus par l’analyse de la matrice des
corrélations. Seule la variable autre choc présente des corrélations linéaires non significatives
avec les autres variables. Ces résultats montrent une faible liaison entre les variables
explicatives retenues ; il y a donc absence de multicolinéarité.

Réalisé par Canut SAGBO 24


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

Tableau 8 : Test de multicolinéarité


quintiles de sexe du superficie milieu de pratique de présence de présence de présence
l'indice de chef de emblavée résidence l'élevage chocs chocs d'autres
richesse ménage biophysiques économiques chocs
quintiles de 1,00 0,08 0,13 0,53 -0,31 -0,25 0,05 0,00
l'indice de richesse
sexe du chef de 0,08 1,00 0,19 -0,04 0,09 0,09 -0,06 0,01
ménage
superficie 0,13 0,19 1,00 0,11 0,12 0,02 -0,08 0,01
emblavée
milieu de résidence 0,53 -0,04 0,11 1,00 -0,25 -0,16 0,03 -0,01
pratique de -0,31 0,09 0,12 -0,25 1,00 0,15 -0,02 -0,01
l'élevage
présence de chocs -0,25 0,09 0,02 -0,16 0,15 1,00 -0,18 -0,06
biophysiques
présence de chocs 0,05 -0,06 -0,08 0,03 -0,02 -0,18 1,00 -0,07
économiques
présence d'autres 0,0030 0,01 0,013 -0,01 -0,01 -0,06 -0,07 1,00
chocs
Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

3.3 Analyse économétrique


Les variables suivantes sont significatives au seuil de 5%, dans l’analyse des déterminants de
l’insécurité alimentaire : quintiles de l’indice de richesse, la superficie emblavée, le milieu de
résidence, la pratique de l’élevage et la présence des chocs biophysiques, économiques et les
autres chocs. Par contre, le sexe du chef de ménage n’est pas significatif au seuil de 5% dans
l’explication des déterminants de l’insécurité alimentaire. Le tableau ci-dessous présente les
résultats de la modélisation des déterminants de l’insécurité alimentaire.

Tableau 9 : Résultats d’estimation


Variable dépendante: insécurité alimentaire
Variables Modalités Coefficient p-value odd ratio 1/odd ratio effets
marginaux
quintile de l'indice de moyen -0,777 0,000* 0,460 2,175 -0,169
richesse
les plus riches -1,971 0,000* 0,138 7,228 -0,342
sexe du chef de Homme chef de ménage -0,068 0,553 0,934 1,071 -0,015
ménage
superficie emblavée 1 à 1,99 hectares -0,307 0,003* 0,736 1,359 -0,067
2 à 2,99 hectares -0,304 0,007* 0,738 1,355 -0,066
3 à 3,99 hectares -0,155 0,283 0,857 1,167 -0,034
4 à 4,99 hectares -0,534 0,002* 0,586 1,706 -0,114
5 hectares et plus -0,277 0,047* 0,758 1,319 -0,060
milieu de résidence urbain 0,251 0,006* 1,285 0,778 0,055

Réalisé par Canut SAGBO 25


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

pratique de l'élevage oui 0,425 0,000* 1,523 0,657 0,091


chocs biophysiques oui -0,607 0,000* 0,545 1,835 -0,127
chocs économiques oui -1,224 0,000* 0,294 3,401 -0,224
autres chocs oui -1,137 0,000* 0,321 3,118 -0,204
constante 0,103 0,425 1,109 0,902

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA 2013

* : modalité significative au seuil de 5%

3.3.1 Interprétation des résultats


D’après les résultats d’estimation présentés dans le tableau ci-dessus, nous déduisons les
résultats suivants :

a) Quintiles de richesse

La probabilité d’insécurité alimentaire diminue lorsque l’indice de richesse augmente. En


effet, les ménages les plus riches ont 7 fois moins de chance d’être en insécurité alimentaire
que les ménages les plus pauvres. S’agissant des ménages moyens, leur probabilité
d’insécurité alimentaire est deux fois plus faible par rapport aux ménages les plus pauvres.
Aussi, lorsqu’on passe des ménages les plus pauvres aux ménages les plus riches, la
probabilité d’insécurité alimentaire diminue de 34,2%.

Cela résulte du lien déjà démontré entre pauvreté et insécurité alimentaire. Les ménages en
insécurité alimentaire, n’ayant pas satisfait ce besoin vital, accorderont une grande partie de
leur revenu à la consommation de biens vitaux ; au sens des lois d’Engel, ils sont pauvres. Les
ménages riches quant à eux disposent de ressources suffisantes et consomment plus de biens
non nécessaires car leurs besoins en biens vitaux sont satisfaits : ils ont une faible probabilité
d’insécurité alimentaire.

b) Sexe du chef de ménage

Les ménages dont le chef de ménage est un homme ont une probabilité d’insécurité
alimentaire plus faible que les ménages dont le chef de ménage est une femme. Lorsqu’un
ménage a pour chef de ménage un homme, sa probabilité d’insécurité alimentaire diminue de
1,5% par rapport à un ménage ayant une femme comme chef de ménage.

Au Bénin, les chefs de ménage sont majoritairement des hommes. Lorsqu’une femme se

Réalisé par Canut SAGBO 26


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

retrouve chef de ménage, elle n’a en général pas de conjoint apte à subvenir aux besoins du
ménage. Avec le sous-emploi féminin élevé, les sources de revenu des ménages dont le chef
est une femme diminuent. Cela réduit l’accessibilité aux produits alimentaires et donc
augmente la probabilité d’insécurité alimentaire.

c) Superficie emblavée

L’augmentation de la superficie emblavée par le ménage réduit la probabilité d’insécurité


alimentaire. En effet, les ménages ayant emblavé une superficie comprise entre 2 et 3 hectares
ont 1,355 fois moins de chance d’être en insécurité alimentaire. Au-delà de 5 hectares, la
probabilité d’insécurité alimentaire du ménage diminue de 6% par rapport à celle d’un
ménage ayant moins d’un hectare de superficie emblavée. La baisse du risque d’insécurité
alimentaire est plus importante pour les ménages dont la superficie emblavée varie entre 4 et 5
hectares. Cette baisse est de 11,4%.

Avec la précarité des techniques agricoles, l’augmentation de la superficie emblavée constitue


la principale méthode d’amélioration des rendements agricoles. Ainsi, les ménages ayant
emblavé de grandes superficies ont une meilleure accessibilité aux produits alimentaires, soit
au moyen des revenus issus de la vente des produits agricoles, soit par l’autoconsommation.
Le risque d’insécurité alimentaire se réduit donc pour ces ménages.

d) Milieu de résidence

Les résultats d’estimation montrent que les ménages résidents en milieu urbain ont une
probabilité d’insécurité alimentaire plus élevée (0,778 fois plus) que les ménages résidents en
milieu rural. Aussi, lorsqu’on passe du milieu rural au milieu urbain, le risque d’insécurité
alimentaire croît de 5%.

Ce résultat s’explique par le fait que les ménages urbains n’ont pas accès à la terre ; ils
n’effectuent pas des activités agricoles et donc n’ont pas accès aux produits alimentaires par
l’autoconsommation : leur risque d’insécurité alimentaire s’accroît. Egalement, l’incidence
plus élevée de chocs économiques en milieu urbain qu’en milieu rural est à la base d’une
hausse du risque d’insécurité alimentaire.

Réalisé par Canut SAGBO 27


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

Figure 5: Répartition en pourcentage des chocs économiques selon le milieu de résidence.

84,7 82,8

Rural

15,3 17,2 Urbain

Non Oui

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

e) Pratique de l’élevage

Les ménages pratiquant l’élevage ont une probabilité d’insécurité alimentaire plus élevée que
ceux n’effectuant pas l’élevage. Le niveau de cette probabilité est de 0,657 en plus et
lorsqu’on passe d’un ménage ne pratiquant pas l’élevage à un ménage pratiquant l’élevage, la
probabilité augmente de 9,1%.

Le signe obtenu est contraire au signe attendu. En effet, on s’attend à ce que la vente des
produits de l’élevage facilite l’accès aux produits alimentaires. Mais tel n’est pas le cas.

Au Bénin, les ménages éleveurs sont les plus exposés aux risques de chocs biophysiques.
L’analyse de la répartition des chocs biophysiques selon la pratique de l’élevage montre que
la proportion des ménages pratiquant l’élevage et soumis aux chocs biophysique est 10% plus
élevé que celle des ménages non pratiquant et soumis aux chocs biophysiques. Ceci entraîne
une fuite des revenus des ménages éleveurs vers la résolution des chocs biophysiques. Il s’en
suit une hausse de la probabilité d’insécurité alimentaire.

Figure 6 : Répartition en pourcentage des chocs biophysiques suivant la pratique de


l’élevage

Réalisé par Canut SAGBO 28


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

89,9 78,7

21,3 pratique de l'élevage Non


10,1 pratique de l'élevage Oui

Non Oui

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

f) Différents chocs

Les différents chocs sont significatifs dans l’explication des déterminants de l’insécurité
alimentaire. Mais, ils présentent tous des signes contraires aux signes attendus. La propension
aux types de chocs est plus faible pour les ménages en insécurité alimentaire que ceux en
sécurité alimentaire. En effet, l’analyse de la répartition des chocs suivant le statut de sécurité
alimentaire montre que les ménages en situation de sécurité alimentaire subissent en moyenne
entre 72 et 85% des chocs.

Figure 7 : Répartition en pourcentage des différents chocs suivant le statut de sécurité


alimentaire

79,7% 84,7%
72,6%

Sécurité alimentaire
27,4%
20,3% 15,3% Insécurité alimentaire

chocs biophysiques chocs économiques autres chocs

Source : Etabli par l’auteur, Base AGVSA (2013)

3.4 Proposition de solutions


Au terme de cette étude, il ressort que les variables quintiles de l’indice de richesse, la
superficie emblavée, le milieu de résidence, la pratique de l’élevage et la présence des chocs
biophysiques, économiques et les autres chocs sont significatives dans l’explication des
déterminants de l’insécurité alimentaire. Ainsi, nous proposons les mesures suivantes :

 Promouvoir les cultures résistantes aux variations climatiques afin d’améliorer la


rétention dans le statut de sécurité alimentaire ;
 Promouvoir l’autoconsommation à travers l’amélioration de l’accès à la terre pour

Réalisé par Canut SAGBO 29


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

améliorer l’accès des ménages urbains aux produits alimentaires ;


 Améliorer les techniques de production à travers la subvention de l’utilisation des
machines agricoles en vue d’augmenter les rendements agricoles ;
 Promouvoir l’exploitation de grande superficie ou les exploitations communautaires
afin de réduire les coûts de production et de faciliter l’utilisation des machines
agricoles ;

Conclusion
La proportion élevée de ménages ayant une consommation alimentaire inadéquate
(23%) nous amènent à examiner les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin. On
s’intéresse dans cette étude à l’influence des caractéristiques socio-économiques du ménage et
des chocs (biophysiques, sociaux et économiques) sur le statut d’insécurité alimentaire.

Pour cela, nous avons réalisé une analyse économétrique à l’aide du modèle logistique,
en utilisant le logiciel STATA sur 15.000 ménages. De cette analyse, se dégage les résultats
suivants : les caractéristiques du chef de ménage ne sont pas significatives dans l’explication
de l’insécurité alimentaire. Les chocs sont eux significatifs à l’exception des chocs sociaux.
L’augmentation de la superficie emblavée réduit le risque d’insécurité alimentaire tandis que
la pratique de l’élevage augmente ce risque, en raison des chocs biophysiques tels que les
épidémies du bétail. De même, la pauvreté constitue un facteur d’insécurité alimentaire. En
effet, les ménages en insécurité alimentaire sont les plus pauvres.

Ainsi, nous suggérons aux pouvoirs publics, la promotion de cultures résistantes aux
variations climatiques et la mise en œuvre de technique d’irrigation afin d’améliorer la
rétention dans le statut de sécurité alimentaire. De même, la mise en œuvre de politique
d’aides aux filières d’élevage contribuera à réduire les chocs biophysiques et à améliorer la
sécurité alimentaire des ménages. Enfin, nous suggérons l’exploitation de grande superficie
afin de réduire les coûts de production et faciliter l’utilisation de machines agricoles.

Réalisé par Canut SAGBO 30


Les déterminants de l’insécurité alimentaire au Bénin

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