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REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X

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Revue D’Etudes en Management et Finance D’Organisation


N°2 Juin 2016

LES INITIATIVES EN FAVEUR DE L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC


BILAN ET PERSPECTIVES
INITIATIVES FOR ENTREPRENEURSHIP IN MOROCCO
SUMMARY AND OUTLOOK

Mama HAMIMIDA
Professeures chercheures
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales, Mohammedia
Université Hassan II de Casablanca – Maroc
E-mail : mamahamimida@gmail.com
Fatiha KHIHEL
Professeures chercheures
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales, Mohammedia
Université Hassan II de Casablanca – Maroc

Résumé
L’objet de notre article est tout d’abord de dresser un état des lieux de la contribution des PME
marocaines à la création de la richesse, de l’emploi et au développement des territoires. Ensuite
de faire une évaluation de quelques programmes en termes d’amélioration des conditions des
PME et d’augmentation de leur volume d’investissements. Les défaillances caractérisant les
initiatives des organismes dédiés à accompagner les PME et TPE en matière de formation, de
développement et de financement seront mises en exergue avec une analyse des causes et une
mesure d’impact.
Mots clés : PME / TPE - initiatives en faveur des PME – formation professionnelle –
financement.
Abstract
The purpose of our article is first to draw up an inventory of the contribution of Moroccan SMEs
in the creation of wealth, employment and regional development. Then make an assessment of
several programs in improving conditions for SMEs and increase their volume of investment.
Failures that characterize the initiatives of organizations dedicated to supporting SMEs and very
small in terms of training, development and funding will be highlighted with root cause analysis
and impact measurement.
Keywords: SME / VSE - initiatives for SMEs - training - funding.

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Introduction
Les mesures prises par le gouvernement pour venir en aide aux PME et TPE n’ont pas abouti
aux objectifs préconisés en termes de contribution à la croissance économique, à la création de
l’emploi et à l’encouragement des initiatives privées, surtout de la part des jeunes.

L’Etat a mis en place plusieurs organismes publics pour développer l’investissement,


promouvoir la formation professionnelle et permettre ainsi aux entreprises de se développer et de
créer de l’emploi. L’Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise
(ANPME) par exemple, fournit un soutien d’ordre général aux PME comme l’assistance
technique et la formation en matière de gestion et d’administration de l’entreprise. La
Caisse Centrale de Garantie, de son côté a pour objectif la prise en charge de la problématique du
financement de la PME. D’autres organismes ont été créés et mis à la disposition des PME.

Les centres régionaux d’investissements (CRI) dont l’objectif est d’alléger les procédures
administratives ; L’Office de la Formation Professionnelle et la Promotion du Travail (OFPPT),
qui dispose également de cellules d’accompagnement et d’assistance à la création d’entreprise et
les chambres de commerce et d’industrie (CCI).

À côté de ces organismes publics, on retrouve des organismes internationaux comme la


Délégation de la Commission Européenne qui appuie les PME par des crédits de la Banque
Européenne d’Investissement (BEI). Le Programme ECIP (European Community Investment
Parteners) intervient en effectuant des investissements sous forme d’entreprises conjointes entre
partenaires européens et marocains. La Banque Mondiale à travers son programme North Africa
Entreprise Développement (NAED) réalisé par sa filiale la Société Financière Internationale
(SFI) apporte son appui au développement des PME au Maroc. Il existe aussi des associations de
promoteurs dont le rôle principal est d’appuyer les PME/PMI en termes de formation et
d’information. Elles accompagnent les jeunes promoteurs par l’orientation dans la recherche des
différentes possibilités de financement.

L’objet de ce travail est tout d’abord de dresser un état des lieux de la contribution des PME
marocaines à la création de la richesse, de l’emploi et au développement des territoires. Ensuite,
de faire une évaluation de quelques programmes en termes d’amélioration des conditions des
PME, d’augmentation de leur volume d’investissements. Les défaillances caractérisant les
initiatives des organismes dédiés à accompagner les PME et TPE en matière de formation, de

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développement et de financement seront mises en exergue avec une analyse des causes et une
mesure d’impact.

1. LA RÉALITÉ DES PME-TPE AU MAROC

Le Maroc est confronté au défi de créer des emplois et d’augmenter les revenus pour élargir
sa classe moyenne et développer un marché intérieur qui stimulera la consommation et la
croissance économique. Cette dernière est jusque-là très peu productive en termes d’emploi
car l’investissement public y occupe une grande part. Il entraîne beaucoup de dépenses et
crée peu d’emploi. De plus, l’investissement public représente une variable d’ajustement,
c'est-à-dire qu’en période de déficit budgétaire, le gouvernement fait baisser les dépenses
d’investissement; ce qui se répercute négativement sur le marché du travail. Pour sa part, le
secteur agricole est soumis aux aléas climatiques et enregistre même des pertes d’emplois. Le
secteur des services quant à lui reste le seul en mesure de créer de l’emploi mais il représente
une niche pour l’économie informelle. Concernant le secteur industriel, (…), la faible
compétitivité de nos produits, le manque de qualification de la main d’œuvre et une
diversification réduite de notre offre met le Maroc dans une position défavorable par rapport
à ses concurrents » (HAMIMIDA, 2016). Sa compétitivité au niveau international se trouve de
ce faite réduite.

Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) peuvent jouer un rôle central par
leur grand nombre et leur capacité à créer de l’emploi. Cependant leur environnement
économique et professionnel ne leur ai pas favorable. Des incitations fiscales, un allégement
des charges, une protection sociale, des programmes de formation et de renforcement des
capacités en matière de gestion et d’organisation, des facilitations de crédit, l’accès à
l’information, etc. sont toujours insuffisants pour parler d’une politique d’accompagnement
efficace des PME-TPE. Cela limite largement leur performance et leur contribution à la valeur
ajoutée du pays.

La PME marocaine se caractérise par son manque d’organisation et de compétence vu ses


moyens financiers très faibles. Il faut noter aussi que la quasi-totalité des entreprises
marocaines sont familiales. Ce qui fait que sa gestion et son style de management sont biaisés
par la nature des rapports entre les membres de son personnel et qui privilégie le statut
familial au détriment des compétences et des performances. Cet état de fait rend les
entreprises moins innovantes. Le manque de formation et l’absence d’une visibilité et d’une

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vision sur le moyen et long terme diminuent sa vigilance quant aux aléas du marché et la rend
moins compétitives.

Les PME marocaines souffrent aussi du problème de financement, soit parce qu’elles ignorent
toutes les possibilités de crédit qui s’offrent à elles ; soit parce qu’elles ne disposent pas de
critères d’éligibilité pour y accéder. La PME est absente sur le marché obligataire. Elle doit
d’abord être informée de l’existence et du fonctionnement de ce mode de financement
alternatifs. Or l’information est le point faible des PME. Le recourt au marché de la dette
privée permet aux entreprises de diversifier leurs sources de financements, tout en prenant des
risques éventuellement. Mais pour que la PME puisse trouver sa place sur ce marché, il
faudrait présenter une bonne santé financière. Ajoutant à cela, la taille de la PME, son mode
de gouvernance d’entreprise ainsi que ses compétences en matière de choix de son
financement, tous ces éléments bloquent son accès au marché de la dette privée.

Concernant la TPE, l’étude réalisée par Inforisk1, montre que 1 très petite entreprise (TPE)
sur 4 est dans une situation très difficile et près d’une TPE sur 10 dans une situation critique.
Le chiffre d’affaires a baissé de 11% entre 2011 et 2013. En 2013, les très petites entreprises
ont été deux fois moins rentables qu’en 2010. Cette situation est due à un niveau de fonds de
roulement médiocre et à un besoin de trésorerie. Le délai client dans les TPE est de 2632, celui
du fournisseur est de 227 jours seulement. Les possibilités de financement auprès des banques
sont très minces d’où le recours aux fonds propres et aux comptes courants des associés, qui
constituaient en 2013 plus de 67% du financement du besoin de trésoreries d’après la même
source. Pourtant ces entreprises représentent plus de 80% du tissu économique marocain.

2. RÔLE ÉCONOMIQUE DE LA PME AU MAROC

Les PME au Maroc se concentrent dans le secteur tertiaire (72%). Elles sont très fortement
présentes dans le commerce et les services. Elles ne représentent par contre que 27% dans le
secteur secondaire. Cette répartition sectorielle reflète en quelque sorte tout un modèle
économique suivi au Maroc et qui a privilégié le secteur des services au détriment du secteur
industriel.

Il s’agit d’un saut d’une économie basée sur l’agriculture vers une économie où le secteur des
services occupe une grande part avec le court-circuitage du développement du secteur industriel.

1
Société spécialisée dans le renseignement commercial sur les sociétés marocaines.
2
Le délai client dans une grande entreprise a un délai-clients de 90 jours

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Beaucoup d’expérience de par le monde montre que le développement d’un secteur


manufacturier est nécessaire pour créer de l’emploi et lutter contre les inégalités et la pauvreté.

Le Brésil par exemple, a élaboré un plan visant à stimuler la croissance du secteur


manufacturier (2013) par l’exonération des impôts sur les salaires, l’encouragement de
l’innovation technologique industrielle et l’amélioration de la compétitivité de l’industrie. Des
barrières commerciales ont été dressées contre des douzaines de produits importés afin de
protéger l’industrie locale. En Chine, le développement des entreprises rurales et artisanales a
contribué à la diversification de la propriété industrielle qui a absorbé la main d’œuvre venue
du monde rural. Des réformes du secteur social dans des domaines tels que la santé et le
logement. Durant les années 60, la Corée du Sud s’est basée sur une politique d’industrialisation
dirigée par l’État et une approche sélective de l’investissement direct étranger et des
importations.

Malgré des ressources naturelles, le pays a réussi son décollage économique grâce à la
compétitivité industrielle et à l’innovation. Le passage de l’industrie légère à l’industrie lourde
dans les années 80 a donné naissance aux secteurs de l’automobile, de l’ingénierie, des produits
chimiques et de l’électronique, ce qui a permis à la Corée du Sud de pénétrer le marché mondial.
La promotion industrielle a été favorisée par un régime de taux de change flottants favorisant la
compétitivité des prix des exportations.

Au Maroc, l’industrie textile et cuir est à la tête des exportations avec 46%, suivie de l’industrie
agroalimentaire 39% et enfin les industries chimiques et para chimiques, 10%. Alors que le
volume d’investissements du secteur des industries chimiques et para chimiques ne représente
que 34%, suivi du secteur de l’agroalimentaire 30% et enfin le secteur du textile et du cuir 21%.

3. PLACE DES PME-TPE DANS LA STRATÉGIE 2014-2020

La stratégie d'accélération industrielle 2014-2020, met les PME-TPE opérant dans le secteur de
l’industrie, au centre de ses préoccupations car la mise en place d’une industrialisation urgente
passera nécessairement par une réorganisation structurelle du tissu économique. Ceci suppose
avant tout la prise en charge des PME – TPE dans leurs activités car elles constitueront un
potentiel considérable si les conditions leur sont favorables.

Ce qui n’est pas le cas actuellement. Les TPE sont fortes par leur dynamisme et leur potentiel de
créativité, elles sont également un levier pour l’amélioration de la compétitivité. Elles sont
pourvoyeuses d’emplois et représentent 94% du secteur informel. Cela justifiera l’importance

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qui faudrait leur accorder pour transiter vers l’économie formelle3. Les TPME sont un levier
pour l'industrie nationale. Leurs interactions avec les grands groupes et avec les IDE de manière
générale permettent le transfert technologique et le savoir-faire nécessaires pour se développer.

Pour cela, une série de mesure a été mise en place dans le cadre de cette stratégie comme
l'injection de fonds directement dans les capitaux des PME/TPE pour mettre fin à la sous-
capitalisation chronique ou les programmes de formation continue et de qualification ou encore
la réduction du secteur informel. Il est nécessaire de développer le secteur manufacturier pour
réduire l’informalité. Les pays développés sont passés d’abord par une phase d’industrialisation
avant d’entamer la phase des activités de services.

Ce qui fait que la taille de leur secteur informel est très réduite. C’est le cas aussi des pays
émergents comme la Corée du Sud, Taiwan ou Singapour, qui se sont basés sur une
industrialisation rapide. Dans d’autres pays, les encouragements à l’entrepreneuriat passaient par
l’acquisition de compétences, l’accès au financement et l’extension de la protection sociale.
C’est le cas de plusieurs pays d’Amérique latine. Si le secteur informel est un objectif primordial
dans cette stratégie, c’est parce qu’il est impossible de construire une plate-forme industrielle
avec les PME-TME sur base d’un secteur informel très large.

4. RÔLE DES DIFFÉRENTS ORGANISMES PUBLICS, PRIVÉS ET


INTERNATIONAUX DANS LA PROMOTION DE LA PME-TPE

L’Etat a mis en place plusieurs organismes publics pour développer l’investissement et la


promotion de la formation professionnelle. Ceci rentre dans le cadre de sa politique
d’encouragement des PME.

Parmi ces organismes, on peut citer l’ANPME, qui fournit un soutien d’ordre général à la PME.
Cet organisme est chargé de coordonner et de mettre en œuvre le programme national de
compétitivité et de modernisation des entreprises. Dans sa première phase qui va de 2002 (date
de sa création) à 2008, son rôle était d’apporter un soutien technique, d’expertise et de formation
en matière de gestion et d’administration de l’entreprise. S’ajoutant à cela, un appui
financier aux PME se trouvant dans des situations financières critiques4.

La seconde phase et qui va de 2009 à 2015, consistait en la mise en œuvre du Pacte National
pour l’Emergence Industrielle (PNEI). Ceci dans le but de renforcer les capacités des PME en
matière d’acquisition de nouvelles technologies et du développement de l’innovation et de la

3
Hamimida M., op-cite.
4
Les financements de l’Union Européenne dans le cadre du programme MEDA constituaient une grande part.

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qualité. Une assistance dans les domaines de l’accès aux marchés extérieurs, L’allégement des
procédures administratives ; L’assistance aux administrations, collectivités locales et autres
organismes publics concernés pour promouvoir et faciliter l’accès des PME aux marchés publics
constituaient des objectifs majeurs de l’ANPME.

Plusieurs programmes ont été lancés depuis sa création. « Imtiaz » vise à soutenir les entreprises
à fort potentiel de croissance disposant de projets de développement. L’objectif est de permettre
à ces entreprises, d’augmenter leur chiffre d’affaires, de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée.
« En termes d’objectifs tracés par le cadre contractuel 2009-2015, le programme Imtiaz a pour
but d’accompagner chaque année 500 entreprises à fort potentiel en leur accordant une prime à
l’investissement matériel et immatériel à hauteur de 20% de l’investissement, plafonnée à 5
millions de DH. Cet accompagnement s’effectue sur la base d’un contrat dit « contrat de
croissance » ».

Le projet Imtiaz est la première initiative prévue dans le contrat-programme 2015 – 2020 entre
l’Etat et l’ANPME pour renforcer le dispositif de soutien aux PME, TPE et aux auto-
entrepreneurs. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Accélération
Industrielle.

Le programme « Tatwir » vise l’encouragement de l’innovation dans les secteurs de l’industrie et


des services. Sont concernées toutes les entreprises porteuses de projets de recherche et
développement exerçant dans le secteur industriel, des TIC ou des technologies avancées. Le
financement Tatwir peut couvrir 50 % des dépenses engagées dans le cadre d’un projet de
développement de R&D, dans la limite de 4 millions de Dhs TTC.

Le programme « Moussanada » accompagne les PME dans leurs actions de modernisation et


d’amélioration de leur productivité et de leur compétitivité. Il vise l’accompagnement de 700
entreprises par an. Ce programme prend en charge 60% à 80% des coûts de prestations de
services pouvant atteindre 1 million de Dh notamment dans le cadre de plans de progrès. Ces
services sont multiples et concerne aussi bien les diagnostics stratégiques et les plans d’affaires,
la gestion des ressources humaines et des compétences ; le pilotage des performances, le
développement durable, la qualité et la labélisation, etc.

Le programme « Rawaj » concerne le commerce avec une prise en charge de 75 % des frais
d’équipements. Ajoutons à cela les fonds d’investissement publics/privés orientés Capital
Risque, Capital développement et Capital Transmission.

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On peut citer également la Caisse Centrale de Garantie5, institution publique assimilée à un


établissement de crédit qui a été créée en 1949 et qui a pour objectif la prise en charge de la
problématique du financement de la PME. La CCG facilite l’accès au crédit des PME à travers la
garantie et le cofinancement et aussi le financement du haut de bilan. La garantie des risques se
fait à chaque étape de la vie de l’entreprise. Les opérations de financement sont proposées en
partenariat avec les banques à un taux avantageux de 2 %. Le financement peut atteindre jusqu’à
90 % de l’investissement avec des délais de traitement courts et un faible coût de la commission.
Il s’agit pour cet organisme de sécuriser les banques et de les encourager dans leurs opérations
de financement des PME en créant un climat de confiance entre les banques et les entrepreneurs.

D’autres organismes ont été créés et mis à la disposition des PME. Les centre régionaux
d’investissements6 (CRI) ont été créés en 2002 dans l’objectif d’alléger les procédures
administratives, de fournir les informations nécessaires pour les investisseurs et de faire la
promotion de leur région.

L’Office de la Formation Professionnelle et la Promotion du Travail (OFPPT), organisme public


dédié à la formation des jeunes pour les insérer sur le marché du travail. Il dispose également de
cellules d’accompagnement et d’assistance à la création d’entreprise.

Les chambres de commerce et d’industrie (CCI), organismes publics gérés par des personnes
privées élues, représentent les différents secteurs économiques et ont pour objectif l’assistance,
le conseil et l’information des promoteurs dans des domaines technique, commercial, juridique et
financier.

À côté de ces organismes publics, on retrouve des organismes internationaux comme la


Délégation de la Commission Européenne qui appuie les PME par des crédits de la Banque
Européenne d’Investissement (BEI).

Le Programme ECIP (European Community Investment Parteners) intervient en effectuant des


investissements sous forme d’entreprises conjointes entre partenaires européens et marocains.
Dans ce cadre, l’entreprise marocaine doit cibler les projets porteurs et faire appel à une
entreprise européenne pour lui apporter soutien technique et ressources financières.

5
La caisse centrale de Garantie est une institution publique marocaine à caractère financier. Elle a comme objectif
d’encourager la création, le développement et la modernisation des entreprises. Les principaux domaines d’activité
stratégiques de la CCG couvrent la garantie des crédits d’investissement, de restructuration financière et de capital
risque ; Le cofinancement avec les banques des programmes d’investissement et d’innovation ; La garantie des
prêts à l’habitat social.
6
Au nombre de 16. Un centre régional d’investissement par région.

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La Banque Mondiale à travers son programme North Africa Entreprise Développement (NAED)
réalisé par sa filiale la Société Financière Internationale (SFI) apporte son appui au
développement des PME au Maroc7. Ce programme permet aux PME l’accès au financement
et l’amélioration de leur climat d’affaires. La SFI vise l’établissement d’un partenariat avec les
banques pour le financement des PME et avec l’entreprise de microcrédit Al Amana 8 pour le
financement des projets individuels. La Banque Mondiale finance aussi les entreprises pour
effectuer leur diagnostic stratégique à hauteur de 70%. Ceci a été le cas pour les entreprises de
textile et le cuir, les pêches maritimes, le BT, etc.

Il existe aussi des associations de promoteurs dont le rôle principal est d’appuyer les PME/PMI
en termes de formation et d’information. Elles accompagnent les jeunes promoteurs par
l’orientation dans la recherche des différentes possibilités de financement. On peut citer dans ce
cadre l’Association espace point départ (ESPOD), le syndicat national de la PME/PMI et des
jeunes promoteurs, la fédération des PME/PMI de la CGEM9. Cette dernière est la plus active.
Elle est l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics représentant les PME. Parmi ses objectifs
d’ordre financier, l’amélioration de l’accès au financement bancaire à de meilleures conditions
par la mise en place d’un fonds de garantie et d’un fonds de restructuration financière et l’accès
au financement sur le marché de la bourse.

5. ANALYSE DU BILAN

Pour le programme Imtiaz, la mission de contrôle a constaté que la présélection des bénéficiaires
de la prime se fait exclusivement par un prestataire externe. L’ANPME se réserve le rôle de
coordination seulement. En ce qui concerne les déblocages des fonds, les banques ne respectent
pas leurs engagements dans la mesure où le montage financier des projets se fait sur la base de
TTC alors que les banques débloquent les fonds sur la bases de HT. Cette différence représente
8% du projet que le bénéficiaire doit couvrir.

7
Le programme se réalise par l’intermédiaire de sa filiale, la société financière internationale (SFI) qui appui le
secteur privé dans les pays en voie de développement. Le programme NAED concerne le Maroc, l’Algérie et
l’Egypte. Le budget réservé à ce programme est de 20 millions de dollars sur 5 ans. Au Maroc, le bureau de la
société financière internationale existe depuis 2003.
8
Al Amana est une association à but non lucratif, régie par le dahir du 15/11/1958 et les lois 18/97 et 58/03 relatives
à l’exercice de l’activité du microcrédit. Elle a été créée le 13 février 1997 et agréée en tant qu’Association de
microcrédit par le Ministère des Finances le 31 mars 2000.
9
Créée en 1947, la Confédération des entreprises du Maroc est une association privée regroupant les entrepreneurs
du Maroc. La CGEM représente des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs sur l'ensemble du territoire.
95 % de ses adhérents sont des petites et moyennes entreprises. Elle constitue à ce titre un interlocuteur de poids
auprès des pouvoirs publics et des partenaires sociaux.

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Quant au programme Moussanada, difficile d’en évaluer l’impact à cause de l’absence de


traçabilité montrant les actions engagées par les programmes, leur degré d’avancement et leurs
résultats. Les rapports des prestataires manquent souvent de propositions concrètes pour
améliorer la situation des PME. Il n’existe aucune vérification quant aux versements de 40%
faits par les PME. Concernant l’appui du secteur textile, les résultats de l’appel à manifestation
d’intérêt montrent que l’évaluation faite par le bureau d’études a porté sur un nombre limité de
dossiers (13 candidatures pour la manifestation d'intérêt couvrant la période octobre-décembre
2011), ce qui réduit la marge de sélection des entreprises qualifiées pour bénéficier du
programme ; Pour la sélection d’un distributeur, l’entreprise retenue était l’unique candidat lors
de l’évaluation. Plus encore, il s’est avéré que sur les quatre agrégateurs retenus, seuls deux
maintiennent leurs engagements vis-à-vis de l’ANPME, relatifs aux montants des
investissements, les emplois à créer et le nombre de sous-traitants. Le programme est peu
attractif pour les industriels du textile.

Des défaillances relèvent de la structure de l’ANPME elle-même. Un manque de suivi


concernant les programmes Imtiaz et Moussanada. La Cour des comptes a constaté que le comité
de suivi ne s’est réuni qu’une seule fois. Il n’existe aucun suivi ou réaction face à des
réclamations adressées par les PME. Ceci provoque un manque de communication entre
l’Agence et les PME. L’agence manque également d’un réseau régional pour la mise en œuvre
de ces programmes. Ce manque de proximité avec les bénéficiaires amoindrit la portée de ses
actions.

Le système de gestion des programmes est défaillant dans la mesure où il n’existe pas de suivi,
ni de contrôle, ni d’indicateurs d’évaluation des résultats. La maîtrise de ses activités par le biais
d'évaluations systématiques et méthodiques des processus de contrôle interne et de management
des risques est biaisée ce qui empêche la réalisation de ses objectifs.

Sensé être un organisme qui fournit la formation adéquate pour répondre aux besoins des
employeurs, du marché de travail et aux besoins économiques de manière générale, l’OFPPT
peine à honorer cet engagement. Les contrats spéciaux de formation sont un échec total. Les
formations ne sont suivies d’aucune initiative pour la réinsertion du jeune dans le monde du
travail. La Cour des comptes a relevé plusieurs dysfonctionnements organisationnels en 2011.

En plus de ces résultats d’audit, l’OFPPT a été accablée aussi par les positions des associations
et fédérations professionnelles sondées et qui jugent que l’office propose des formations en
masse sans une réelle adéquation avec le marché du travail et les jeunes formés manquaient
toujours de compétences et de savoir-faire à leur sortie de cet organisme et ne donnent aucune

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satisfaction aux employeurs. Ceci est le résultat d’un manque de communication et de


coordination avec les interfaces concernées et qui sont les entreprises et les autres partenaires
socioéconomiques. Sur le plan institutionnel, l’OFPPT est pourtant un organisme à gestion
tripartite, répartie entre l’Etat, les employeurs et l’Office, ce qui est sensé l’aider à travailler en
concertation avec les représentants sectoriels.

Concernant le financement, les banques montrent des réticences quant à l’octroi des crédits au
privé et préfèrent investir dans les bons du trésor. Un taux directeur de 3% et les injections
massives de liquidités par Bank Al Maghrib se sont avérés insuffisants pour redresser la
situation. Ceci est d’autant plus préoccupant quand on pense que le secteur bancaire est la
principale source de financement de l’économie marocaine. Cet effet d’éviction neutralise toute
volonté de l’Etat de dynamiser le financement des entreprises du privé. Car
pour financer son déficit budgétaire, l’Etat émet des bons de trésor, avec des conditions très
avantageuses, ce qui nuit au financement des entreprises et renchérie le goût du crédit en
gonflant les demandeurs sur le marché (Hamimida, 2014).

Concernant la bourse, la part du financement en provenance du marché reste de moindre


importance, et représente environ 2,5%10 des investissements réalisés. En ce qui concerne le
capital investissement, le rapport 2011 de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital
(AMIC), montre que les investissements (88%) bénéficient surtout aux entreprises dans un stade
avancé au détriment de celle qui sont en début de leur développement.

Conclusion
Les PME au Maroc peuvent jouer un rôle primordial en termes de création d’emploi, de
contribution aux exportations et de lutte contre la pauvreté. Conscient de ce rôle, l’Etat, à travers
un ensemble de programmes essaie depuis les années 80 de leur apporter soutien et
encouragement mais les résultats demeurent toujours dérisoires. Plusieurs organismes ont été
dédiés à l’accompagnement des PME sur tous les plans et plusieurs programmes ont été mis en
œuvre.

Cependant, les défaillances au niveau de ces organismes et de leur fonctionnement ainsi que de
ces programmes font que les PME en pâtissent et dévient du rôle qu’elles sont supposées jouer
dans l’économie. Il est indispensable, pour que le secteur privé puisse se développer, de réduire
le sentiment de risque et de l’accompagner dans ces initiatives par l’amélioration de ses
compétences et la multiplication de ses possibilités d’accès à des crédits. Les PME innovantes ou
10
Rapport 2011 du Ministère des finances et de l’économie. P57.

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à fort potentiel de croissance doivent être encouragées par un programme d’accompagnement


ciblé visant la protection de l’innovation pour maintenir leur compétitivité.

Il faudrait également favoriser la dynamique des acteurs (réseaux associatifs d’accompagnement,


collectivités locales) pour soutenir les PME dans leur développement et la satisfaction de leur
besoin en matière de formation. Il faudrait orienter les interventions de l’État en faveur des PME
par une politique d’amélioration de l’environnement global de la PME ainsi que de ses atouts
internes. Pour cela, une adéquation de ses besoins avec les programmes d’accompagnement est
une condition primordiale pour aboutir à des résultats satisfaisants.

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Bibliographie
Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (2013),
ANPME, Bilan du premier contrat-programme, édition n°4012.
Bank Al-Maghrib, Rapports annuels 2007-2008-2009-2010-2011-2012.
Bulletin officiel (BO), Charte PME/PMI, loi 50.00, N° 50.36/septembre 2002, p 920.
Caisse de dépôt et de gestion (2011), Etat des lieux du marché marocain de la dette
privée.
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REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page - 13 -

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