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c Christophe Bertault - MPSI

Nombres complexes

1 Le corps C des nombres complexes

1.1 Construction à partir du corps R des nombres réels

Définition (Loi de composition interne) Soit E un ensemble. On appelle loi de composition interne sur E, ou plus
simplement loi (interne) sur E toute application de E × E dans E.

   Explication Une loi interne est ce que vous avez appelé une « opération » dans les classes antérieures : l’addition
des réels, la multiplication des réels, l’addition des vecteurs. . . Par exemple, l’addition des vecteurs est une loi interne car c’est
une façon d’associer, à tout couple (~ u, ~v ) de vecteurs, un autre vecteur que l’on note ~
u + ~v .

Nous supposons dans ce qui suit que nous connaissons parfaitement l’ensemble R des nombres réels muni de ses deux lois +
et × d’addition et de multiplication. Partant de là, nous allons construire le corps C des nombres complexes.

• Au commencement est R2 . Dans tout ce chapitre, R2 est identifié au plan euclidien qu’on a muni d’un repère orthonormal
direct (O,~ı, ~) ; tout vecteur du plan est par là même identifié à ses coordonnées dans le repère (O,~ı, ~). On définit alors
sur R2 deux lois de composition internes, notées provisoirement ⊕ et ⊗, en posant :

(x, y) ⊕ (x0 , y 0 ) = (x + x0 , y + y 0 )
∀(x, y), (x0 , y 0 ) ∈ R2 , .
(x, y) ⊗ (x0 , y 0 ) = (xx0 − yy 0 , xy 0 + yx0 )
En tant qu’il est muni de ces deux lois, R2 est noté C et ses éléments sont appelés nombres complexes.

• Nous décidons à présent d’identifier, pour tout x ∈ R, le réel x et le nombre complexe (x, 0) ; cela signifie que nous noterons
désormais x à la place de (x, 0). Via cette identification, R peut-être vu comme une partie de C.

x ⊕ x0 = (x, 0) ⊕ (x0 , 0) = (x + x0 , 0) = x + x0
Pour tous x, x0 ∈ R, cette identification permet d’écrire : .
x ⊗ x0 = (x, 0) ⊗ (x0 , 0) = (xx0 , 0) = x × x0
On voit donc que, sur les réels, ⊕ se comporte comme l’addition usuelle + et que ⊗ se comporte comme la multiplication
usuelle ×. Les lois ⊕ et ⊗ sont donc des prolongements à C des lois usuelles + et × qui n’étaient pour le moment définies
que sur R. Ce résultat nous invite à laisser de côté les notations ⊕ et ⊗ : désormais, ⊕ et ⊗ seront notées respectivement
+ et × et appelées addition et multiplication. Le symbole × sera généralement omis.

Définition (Parties réelle et imaginaire d’un nombre complexe) z


Im(z) b

• Soit z = (x, y) ∈ C. Le réel x est appelé la partie réelle de z et noté Re(z) ; de même,
le réel y est appelé la partie imaginaire de z et noté Im(z).
~
• Pour tous z, z 0 ∈ C : z = z0 ⇐⇒ Re(z) = Re(z 0 ) et Im(z) = Im(z 0 ). b ~ı
O Re(z)

   Explication Géométriquement, Re(z) est l’abscisse du point z dans le repère (O,~ı, ~), et Im(z) est son ordonnée.

Nous avons décidé plus haut de noter 1 l’élément (1, 0), identifié au réel 1 ; nous décidons à présent de noter i l’élément (0, 1).

Définition (Forme algébrique d’un nombre complexe) Soit z ∈ C. Il existe un couple unique (x, y) de réels tels que
z = x + iy. On a en fait x = Re(z) et y = Im(z).

 
Démonstration Pour tous x, y ∈ R : x + iy = (x, 0) + (0, 1) × (y, 0) = (x, 0) + (0, y) = (x, y). 

   En pratique
• L’unicité de la forme algébrique d’un nombre complexe est utilisée fréquemment pour faire des identifications. Elle permet,
quand on a une égalité du type a + ib = a0 + ib0 , d’écrire que a = a0 et que b = b0 .
• Retenez bien l’idée suivante : une égalité de nombres complexes, c’est deux égalités de nombres réels.

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< Un nombre complexe est nul si et seulement si ses parties réelle et imaginaire le sont.
Remarque Un nombre complexe est réel si et seulement si sa partie imaginaire est nulle.
:
Un nombre complexe dont la partie réelle est nulle est appelé un imaginaire pur.

Définition (Affixe d’un point et d’un vecteur, image d’un nombre complexe)
• Soit M un point du plan de coordonnées (x, y). On appelle affixe de M le nombre complexe x + iy ; inversement M
est appelé l’image de x + iy.
• Soit ~
u un vecteur de coordonnées (x, y). On appelle affixe de ~
u le nombre x + iy.

   Explication Dans la mesure où on a identifié R2 , C et le plan euclidien, on a en réalité M = (x, y) = x + iy. On


conserve cependant les trois notations différentes ; chacune est utile dans son contexte : il est parfois plus facile de penser en
termes de points, parfois plus facile de penser en termes de nombres complexes, etc.

Le théorème suivant est une conséquence directe d’un théorème que nous avons démontré en géométrie élémentaire du plan.

Théorème (Règles de calcul sur les affixes)


• Soient ~
u et ~v deux vecteurs d’affixes respectifs u et v et λ, µ ∈ R. Le vecteur λ ~
u + µ ~v a pour affixe λu + µv.
−→
• Soient A et B d’affixes respectifs a et b. Le vecteur AB a pour affixe (b − a).
X
n
• Soient A1 , A2 , . . . , An des points d’affixes respectifs a1 , a2 , . . . , an et λ1 , λ2 , . . . , λn des réels. On pose Λ = λk et on
k=1
1 X
n
suppose que Λ 6= 0. Le barycentre des points pondérés (A1 , λ1 ), (A2 , λ2 ), . . . , (An , λn ) a pour affixe λk a k .
Λ
k=1

Nous disposons finalement d’un quadruple point de vue sur un même objet mathématique : R2 est à la fois l’ensemble de
couples de réels, le plan euclidien (constitué de points), l’ensemble des vecteurs du plan et l’ensemble C des nombres complexes.

Nous allons à présent démontrer les propriétés usuelles des lois + et × sur C. Soient donc z = x + iy, z 0 = x0 + iy 0 et
z = x00 + iy 00 trois nombres complexes.
00

1) Commutativité de + : z + z 0 = (x, y) + (x0 , y 0 ) = (x + x0 , y + y 0 ) = (x0 + x, y 0 + y) = (x0 , y 0 ) + (x, y) = z 0 + z.

2) Commutativité de × : zz 0 = (x, y)×(x0, y 0 ) = (xx0 −yy 0 , xy 0 +yx0 ) = (x0 x−y 0y, x0 y+y 0 x) = (x0 , y 0 )×(x, y) = z 0 z.

3) Associativité de + : L’ordre des parenthèses n’a pas d’importance quand on effectue des additions.
   
(z + z 0 ) + z 00 = (x, y) + (x0 , y 0 ) + (x00 , y 00 ) = (x + x0 , y + y 0 ) + (x00 , y 00 ) = (x + x0 ) + x00 , (y + y 0 ) + y 00
   
= x + (x0 + x00 ) , y + (y 0 + y 00 ) = (x, y) + (x0 + x00 , y 0 + y 00 ) = (x, y) + (x0 , y 0 ) + (x00 , y 00 ) = z + (z 0 + z 00 ).

4) Associativité de × : L’ordre des parenthèses n’a pas d’importance quand on effectue des multiplications.
 
(zz 0 )z 00 = (x, y) × (x0 , y 0 ) × (x00 , y 00 ) = (xx0 − yy 0 , xy 0 + yx0 ) × (x00 , y 00 )
 
= (xx0 − yy 0 )x00 − (xy 0 + yx0 )y 00 , (xx0 − yy 0 )y 00 + (xy 0 + yx0 )x00
 
= x(x0 x00 − y 0 y 00 ) − y(x0 y 00 + y 0 x00 ) , x(x0 y 00 + y 0 x00 ) + y(x0 x00 − y 0 y 00 )
 
= (x, y) × (x0 x00 − y 0 y 00 , x0 y 00 + y 0 x00 ) = (x, y) × (x0 , y 0 ) × (x00 , y 00 ) = z(z 0 z 00 ).
5) Distributivité de × sur + :
   
z(z 0 + z 00 ) = (x, y) × (x0 , y 0 ) + (x00 , y 00 ) = (x, y) × (x0 + x00 , y 0 + y 00 ) = x(x0 + x00 ) − y(y 0 + y 00 ) , x(y 0 + y 00 ) + y(x0 + x00 )
 
= (xx0 − yy 0 ) + (xx00 − yy 00 ) , (xy 0 + yx0 ) + (xy 00 + yx00 ) = (xx0 − yy 0 , xy 0 + yx0 ) + (xx00 − yy 00 , xy 00 + yx00 )
   
= (x, y) × (x0 , y 0 ) + (x, y) × (x00 , y 00 ) = (zz 0 ) + (zz 00 ).
6) Existence d’un élément neutre pour + : Cet élément neutre unique est 0. z +0 = (x, y)+(0, 0) = (x, y) = z.

7) Existence d’un élément neutre pour × : Cet élément neutre unique est 1. z ×1 = (x, y)×(1, 0) = (x, y) = z.

8) Existence d’un inverse pour + : Tout nombre complexe z possède  un inverse unique pour + qu’on appelle son
opposé : c’est −1 × z, noté −z. z + (−z) = (x, y) + [(−1, 0) × (x, y) = (x, y) + (−x, −y) = (0, 0) = 0.

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9) Existence d’un inverse pour × : Tout nombre complexe non nul z = x + iy possède un inverse unique pour ×
x − iy 1
qu’on appelle son. . . inverse : c’est 2 , noté (z étant non nul, x2 + y 2 6= 0).
x + y2 z
   
1 x −y x −y −y x
z× = (x, y) × , = x× −y× 2 , x× 2 +y× 2 = (1, 0) = 1.
z x2 + y 2 x2 + y 2 x2 + y 2 x + y2 x + y2 x + y2

   Explication Pourquoi avons-nous dans le titre de cette partie qualifié C de « corps » ? Nous aurons l’occasion d’étudier
la notion de corps dans un prochain chapitre, mais en voici tout de même une rapide définition. Un corps est un ensemble muni
de deux lois de composition internes, disons + et ×, qui vérifient toutes les propriétés que nous venons de passer en revue à
l’instant : commutativité, associativité, distributivité, élément neutre, inverse.
Par exemple, R et Q, munis des lois d’addition et de multiplication usuelles, sont des corps.

$ $ $ Attention ! Rappelons enfin que les inégalités n’ont aucun sens sur C. Quel sens donner à la proposition « i 6 i+1 » ?
Une inégalité sur des complexes dans une copie est un crime impardonnable.

1.2 Conjugué et module d’un nombre complexe

Définition (Conjugué et module d’un nombre complexe) Soit z ∈ C.


• On appelle conjugué de z, noté z̄, le nombre complexe Re(z) − iIm(z).
p
• On appelle module de z, noté |z|, le réel positif ou nul Re(z)2 + Im(z)2 .

   Explication
M
b
Ces deux notions ont une interprétation géométrique très naturelle, comme le montre la figure ci- Im(z)
contre : si nous notons M l’image de z et M l’image de z̄, M est le symétrique de M par rapport à |
|z
l’axe (Ox), et |z| = OM . Plus généralement, si A et B sont deux points du plan d’affixes respectifs
a et b, alors |b − a| = AB.
b

Re(z)
Remarque La fonction module coïncide avec la fonction valeur absolue sur R, c’est pourquoi
leurs notations sont identiques.
−Im(z) b
M

Théorème Pour tous z, z 0 ∈ C :


z + z̄ z − z̄
• Re(z) = , Im(z) = , z̄¯ = z, z + z 0 = z̄ + z̄ 0 et zz 0 = z̄z̄ 0 .
2 2i

• |z| = 0 ⇐⇒ z = 0, Re(z) 6 |z| et Im(z) 6 |z|.

z |z|
• z z̄ = |z|2 , |z̄| = |z|, |zz 0 | = |z|.|z 0 | et si z 0 6= 0, 0 = 0 .
z |z |

0 0 0
• Inégalité triangulaire : |z| − |z | 6 |z ± z | 6 |z| + |z |.

   Explication

b
z + z0
• L’interprétation géométrique des inégalités Re(z) 6 |z| et Im(z) 6 |z| est évidente à zb
partir de la figure précédente.
• Et que signifie l’inégalité triangulaire ? Elle signifie, sur le dessin ci-dessous, que la distance b

de O à (z + z 0 ) est inférieure ou égale à la somme des distances de O à z et de O à z 0 . z0


b



Démonstration Contentons-nous de démontrer l’inégalité triangulaire |z| − |z 0 | 6 |z + z 0 | 6 |z| + |z 0 |. Pour
démontrer cette inégalité avec |z − z 0 | à la place de |z + z 0 |, remplacer z 0 par −z 0 .

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• On part de l’inégalité Re(z z̄ 0 ) 6 |z z̄ 0 | = |z|.|z̄ 0 | = |z|.|z 0 | que l’on sait être vraie.
réel
z }| {
0 0 z z̄ 0 + z̄z 0
Re(z z̄ ) 6 |z|.|z | ⇐⇒ 6 |z|.|z 0 | ⇐⇒ z z̄ + z̄z 0 6 2|z|.|z 0 |
0
2
⇐⇒ |z|2 + z z̄ 0 + z̄z 0 + |z 0 |2 6 |z|2 + 2|z|.|z 0 | + |z 0 |2
2 2
⇐⇒ z z̄ + z z̄ 0 + z̄z 0 + z 0 z̄ 0 6 |z| + |z 0 | ⇐⇒ (z + z 0 )(z̄ + z̄ 0 ) 6 |z| + |z 0 |
2
⇐⇒ |z + z 0 |2 6 |z| + |z 0 | ⇐⇒ |z + z 0 | 6 |z| + |z 0 |.
L’inégalité de droite est ainsi démontrée. Remarquez bien que, contrairement aux apparences, nous travaillons
bien avec des inégalités sur des réels, puisque z z̄ 0 + z̄z 0 = 2Re(z z¯0 ) ∈ R.

• L’inégalité de gauche en découle : |z| = (z + z 0 ) + (−z 0 ) 6 |z + z 0 | + | − z 0 |, d’où : |z| − |z 0 | 6 |z + z 0 |.
Permutant les rôles de z et z 0 , on obtient de même : |z 0 | − |z| 6 |z + z 0 |. Le résultat en découle. 

   En pratique L’égalité z z̄ = |z|2 est utilisée généralement pour déterminer la forme algébrique de l’inverse d’un
1 a − ib
nombre complexe. Pour tout couple de réels (a, b) 6= (0, 0) : = 2 .
a + ib a + b2

La notion de module d’un nombre complexe permet une description aisée des cercles et des disques dans le plan complexe.

Théorème (Cercles, disques et affixes) Soit A un point d’affixe a et R ∈ R×


+. R R
n o (i) b (ii) b
(i) Le cercle de centre A et de rayon R est l’ensemble z ∈ C/ |z − a| = R . A A
n o
(ii) Le disque fermé de centre A et de rayon R est l’ensemble z ∈ C/ |z − a| 6 R .
n o R
(iii) Le disque ouvert de centre A et de rayon R est l’ensemble z ∈ C/ |z − a| < R . (iii) b
A

2 Le groupe U des nombres complexes de module 1

2.1 Définition, caractérisation

n o
Définition (Groupe U des nombres complexes de module 1) On note U l’ensemble z ∈ C/ |z| = 1 .

   Explication
n o n p o n o
• U = z ∈ C/ |z| = 1 = (x, y) ∈ R2 / x2 + y 2 = 1 = (x, y) ∈ R2 / x2 + y 2 = 1 .
Dans le plan euclidien, U est donc en réalité le cercle de centre O et de rayon 1, i.e. le cercle trigonométrique.
• Pourquoi qualifier U de « groupe » dans la définition précédente ? Nous aurons l’occasion d’étudier la notion de groupe
dans un prochain chapitre, mais en voici tout de même une définition. Un groupe est un ensemble G muni d’une loi de
composition interne, disons , qui vérifie quelques propriétés intéressantes :
1) est associative : ∀g, g 0 , g 00 ∈ G, g (g 0 g 00 ) = (g g 0 ) g 00 ;
2) possède un élément neutre, disons e : ∀g ∈ G, g e=e g =g ;
3) tout élément de G possède un inverse pour : ∀g ∈ G, ∃ g 0 ∈ G/ g g 0 = g 0 g = e.
Dans le cas présent, U est un groupe pour la loi × de multiplication des nombres complexes ; on peut bien dire que × est
une loi de composition interne sur U car le produit de deux éléments de U est un élément de U.

Définition (Exponentielle iθ) Soit θ ∈ R. On appelle exponentielle (de) iθ, notée eiθ , le nombre complexe :
eiθ = cos θ + i sin θ.

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   Explication La notation eiθ , qui cache un cosinus et un sinus, n’est qu’une notation : eiθ n’est pas « e à la puissance
iθ », ce qui n’a aucun sens. Quel rapport avec l’exponentielle classique alors ? Le choix de la notation eiθ est justifié par l’assertion
(iii) du théorème suivant, où l’on montre que eiθ se comporte comme une exponentielle classique.
En réalité, la notation eiθ n’est pas seulement liée par analogie à l’exponentielle usuelle ; derrière tout cela se cache une et une
seule exponentielle. Mais ce n’est pas de votre âge.

Théorème (Propriétés algébriques de l’exponentielle iθ) Soient θ, θ0 ∈ R et n ∈ N.


eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ
(i) cos θ = et sin θ = (formules d’Euler).
2 2i
1
(ii) eiθ 6= 0 et eiθ = e−iθ = .
eiθ
0 0
(iii) ei(θ+θ ) = eiθ eiθ .
n n
(iv) einθ = eiθ , ou encore : cos θ + i sin θ = cos(nθ) + i sin(nθ) (formule de Moivre).
θ (1 + it)2
(v) Posons t = tan . Alors : eiθ = .
2 1 + t2

Démonstration
0 0
(iii) Montrons que : ei(θ+θ ) = eiθ eiθ .
0       
eiθ eiθ = cos θ + i sin θ × [cos θ0 + i sin θ0 = cos θ cos θ0 − sin θ sin θ0 + i sin θ cos θ0 + cos θ sin θ0
0
= cos(θ + θ0 ) + i sin(θ + θ0 ) = ei(θ+θ ) .

n
(iv) Montrons que : eiθ = einθ . Supposons θ fixé et raisonnons par récurrence sur n.

iθ 0 i0×θ
Initialisation : e =1=e .
n n+1
Hérédité : Soit n ∈ N. On suppose que eiθ = einθ . Montrons que eiθ = ei(n+1)θ . Or en vertu du

iθ n+1

iθ n iθ inθ iθ i(nθ+θ) i(n+1)θ
point précédent : e = e ×e = e e = e =e . Fin de la récurrence.

1 − t2 2t 1 − t2 + 2it (1 + it)2
(v) Nous savons que cos θ = 2
et que sin θ = 2
. Du coup eiθ = 2
= . 
1+t 1+t 1+t 1 + t2

Théorème (Paramétrisation de U par l’exponentielle iθ)


• Pour tout nombre complexe z : z∈U ⇐⇒ ∃ θ ∈ R/ z = eiθ .
0
• Pour tous θ, θ0 ∈ R, l’égalité eiθ = eiθ implique l’égalité de θ et θ0 à 2π près ; en d’autres termes :
 0

∀θ, θ0 ∈ R, eiθ = eiθ =⇒ θ ≡ θ0 mod 2π .

i
   Explication n o n o
Le premier point signifie que U = z ∈ C/ ∃ θ ∈ R/ z = eiθ = eiθ . Ce résultat eiθ
θ∈R
~ b
n’est rien de plus que la version « nombres complexes » de la paramétrisation cartésienne M
trigonométrique du cercle trigonométrique ; pour tout point M de coordonnées (x, y) :
 θ
b
x = cos θ
M appartient au cercle trigonométrique ⇐⇒ ∃ θ ∈ R/ . O ~ı 1
y = sin θ
 −−→
Pour tout réel θ, eiθ est l’affixe du point M tel que OM = 1 et ~ı, OM ≡ θ mod 2π.
U
Démonstration
• Montrons que : ∀θ ∈ R, eiθ ∈ U.
p √
Soit donc θ ∈ R. Alors : eiθ = cos θ + i sin θ = cos2 θ + sin2 θ = 1 = 1. Donc en effet eiθ ∈ U.

• Montrons que tout élément de U admet une écriture de la forme eiθ pour un certain θ ∈ R et qu’un tel θ est
unique à 2π près.
Soit donc u ∈ U. Nous avons |u|2 = Re(u)2 + Im(u)2 = 1. Nous savons qu’il existe alors un réel θ, unique à
2π près, tel que Re(u) = cos θ et Im(u) = sin θ. On a donc bien u = eiθ et θ est unique à 2π près. 

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2.2 Forme trigonométrique d’un nombre complexe

Définition (Arguments et forme trigonométrique d’un nombre complexe) Soit z ∈ C non nul.
z
• Alors ∈ U. Il existe donc un réel θ, unique à 2π près, tel que z = |z|eiθ . Un tel réel θ est appelé un argument de z.
|z|
Il existe un unique argument de z dans l’intervalle ] − π, π] : on l’appelle l’argument principal de z et on le note arg(z).

• L’écriture « z = |z|ei arg(z) » est appelée la forme trigonométrique de z. Géométriquement, |z|, arg(z) est un couple
de coordonnées polaires de l’image de z.

$ $ $ Attention ! Notez bien que zéro n’a pas d’argument, et qu’en général, faute d’unicité, on parle d’un argument.

Théorème (Propriétés des arguments) Soient z, z 0 ∈ C non nuls.



z
arg(z̄) ≡ − arg(z) mod 2π, arg(zz 0 ) ≡ arg(z) + arg(z 0 ) mod 2π et arg ≡ arg(z) − arg(z 0 ) mod 2π.
z0

Démonstration Démontrons par exemple la seconde égalité.


0 0 0
On a : z = |z| ei arg(z) et z 0 = |z 0 | ei arg(z ) . Ainsi zz 0 = |z| ei arg(z) × |z 0 | ei arg(z ) = |zz 0 | ei(arg(z)+arg(z )) , mais
0 0 i arg(zz 0 )
par ailleurs zz = |zz | e . L’« unicité » de la forme trigonométrique des nombres complexes montre alors
que arg(zz 0 ) ≡ arg(z) + arg(z 0 ) mod 2π comme voulu. 

2.3 Racines nèmes



Pour tout entier naturel n > 2, nous supposons
√ connue la fonction n · racine nème sur R+ , fonction réciproque de la fonction
n
x 7−→ x bijective de R+ sur R+ . La fonction n · est donc définie par :

∀x, y ∈ R+ , y = n x ⇐⇒ x = y n .

Pour n = 2, on parle de racine carrée et on note simplement · ; pour n = 3, de racine cubique.
Nous reviendrons sur ces fonctions dans de prochaines aventures. Notez bien — c’est un principe général — que la courbe
représentative d’une fonction réciproque est le symétrique par rapport à la droite d’équation y = x de la courbe représentative
de la fonction de départ.
y=x y=x y=x
x 7−→ x2 x 7−→ x3 x 7−→ x4


·

3 √
b b · b 4
·

b b b

Définition (Racines nèmes )


• Soient z ∈ C et n ∈ N× . On appelle racine nème de z tout nombre complexe ζ tel que z = ζ n .
• Les racines nèmes de 1 sont généralement appelées les racines nèmes de l’unité. Leur ensemble est noté Un .


$ $ $ Attention ! Si z est un nombre complexe qui n’est pas un réel positif ou nul, la notation n
z est la plus interdite
des notations interdites.

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Théorème Soit n ∈ N× .
• La seule racine nème de 0 est 0.
• Soit z ∈ C non nul, donné sous une forme trigonométrique z = reiθ . Alors z possède exactement n racines nèmes ; ce
√ iθ 2ikπ
sont les nombres complexes n
r e n + n , k décrivant l’ensemble J0, n − 1K.
n 2ikπ
o
• En particulier : Un = e n .
06k6n−1

   En pratique Vous devez connaître et savoir démontrer ce résultat parfaitement.

Démonstration Le cas du nombre 0 est une idiotie, car un produit de nombres complexes est nul si et seulement
si l’un des facteurs l’est.
Nous allons commencer par travailler sur les racines de l’unité ; nous généraliserons ensuite à partir de ce cas.

• Racines nèmes de l’unité : Soit ω ∈ C. Notons ρ = |ω| et ϕ l’unique argument de ω dans l’intervalle
[0, 2π[. Utilisons alors l’« unicité » de la forme trigonométrique des nombres complexes :
 n
ωn = 1 ⇐⇒ ρ eiϕ =1 ⇐⇒ ρn einϕ = 1.ei.0
⇐⇒ ρn = 1 et nϕ ≡ 0 mod 2π ⇐⇒ ρ=1 et ∃ k ∈ Z/ nϕ = 2kπ
2kπ 2kπ
⇐⇒ ρ=1 et ∃ k ∈ Z/ ϕ = ⇐⇒ ρ=1 et ∃ k ∈ J0, n − 1K/ ϕ = .
n n
On a pu remplacer Z par J0, n − 1K, car ϕ ∈ [0, 2π[. Nous avons donc obtenu l’équivalence suivante :
2ikπ
ωn = 1 ⇐⇒ ∃ k ∈ J0, n − 1K/ ω=e n , comme voulu.

Cela nous fait bien un total de n racines nèmes de l’unité, car les exponentielles ainsi découvertes sont toutes
distinctes.
√ iθ
• Cas général : Soit z ∈ C non nul, donné sous une forme trigonométrique z = reiθ . On pose ζ = n r e n .
n
Il est immédiat que ζ = z, et ζ est non nul puisque z ne l’est pas. Nous disposons donc d’au moins une
racine nème de z. Nous allons trouver toutes les autres à partir d’elle.
Soit alors ω ∈ C.
 n
ω
ωn = z ⇐⇒ ωn = ζ n ⇐⇒ =1 (ζ 6= 0)
ζ
ω 2ikπ √ iθ 2ikπ
⇐⇒ ∃ k ∈ J0, n − 1K/ =e n ⇐⇒ ∃ k ∈ J0, n − 1K/ ω= n
r en+ n .
ζ
C’est le résultat voulu. 
jb
   Explication Tâchons de visualiser ce théorème au moyen de quelques dessins.

• A quoi ressemblent les racines cubiques de l’unité ? b


2iπ
n o 1
2
Posons j = e — notation à connaître. Alors U3 = 1, j, j . Graphiquement, U3 est
3

l’ensemble des trois sommets du triangle équilatéral représenté ci-contre.


b
j2 = j

• Et en général ? Plus généralement, Un est l’ensemble des sommets de l’unique polygone régulier — i.e. à côtés de même
longueur — à n côtés de centre O, passant par le point d’affixe 1.
2iπ
i e 5 2iπ
e

b b j=e 3
b b
3
4iπ
e 5
b

−1b b b b b
1 1 −1 1
b
4iπ
b
e− 5
b
b b

2iπ
−i e−
2iπ
5 j 2 = j = e− 3 e− 3

U4 est l’ensemble U5 est l’ensemble des sommets U6 est l’ensemble des sommets
des sommes d’un carré d’un pentagone régulier d’un hexagone régulier

7
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Théorème (Propriétés des racines nèmes de l’unité) Soit n ∈ N, n > 2.


Y Y
n−1
2ikπ
 Y Y
n−1
2ikπ
 X
n−1
(i) Pour tout z ∈ C : (z − ω) = z−e n = zn − 1 et (z − ω) = z−e n = zk .
ω∈Un k=0 ω∈Un r{1} k=1 k=0

X X
n−1
2ikπ
(ii) La somme des racines nèmes de l’unité est nulle, i.e. : ω= e n = 0. En particulier, 1 + j + j 2 = 0.
ω∈Un k=0

Démonstration
(i) Nous démontrerons ces égalités avec plus de rigueur dans le chapitre sur les polynômes. Pour le moment,
contentons-nous de remarquer que les racines nèmes de l’unité sont tous les zéros de la fonction polynomiale
Y Y
n−1
2ikπ

z 7−→ z n − 1 ; cela explique qu’on ait : (z − ω) = z−e n = z n − 1. On obtient la seconde
ω∈Un k=0
identité en divisant la première par (z − 1) — division problématique quand z = 1, mais nous reverrons cela
plus tard.
n
X k 2iπ
2iπ X
n−1
2ikπ
n−1
2iπ e n −1 e2iπ − 1
(ii) Puisque n 6= 1, e n 6= 1. Du coup : e n = e n = 2iπ = 2iπ = 0. 
k=0 k=0 e n −1 e n −1

   En pratique Nous étudions à présent une technique susceptible de nous fournir les racines carrées d’un nombre
complexe donné sous forme algébrique. Pour les racines nèmes avec n > 2, cette recherche s’avère périlleuse.
Soit donc z ∈ C, donné sous forme algébrique z = x + iy. Nous voulons calculer les racines carrées de z, i.e. résoudre l’équation
ω 2 = z d’inconnue ω ∈ C donnée sous forme algébrique ω = a + ib. L’idée géniale de la méthode est cachée dans l’équivalence
suivante : ω 2 = z ⇐⇒ ω 2 = z et |ω|2 = |z|. Cette équivalence peut paraître idiote, mais c’est pourtant grâce à
elle que nous allons réussir notre calcul.

a 2 − b2 = x p
ω2 = z ⇐⇒ ω2 = z et |ω|2 = |z| ⇐⇒ et a 2 + b2 = x2 + y 2
2ab = y
p p
2 x+ x2 + y 2 −x + x2 + y 2
⇐⇒ a = , b2 = et 2ab = y
2 2
(effectuer la somme et la différence des équations a2 + b2 = . . . et a2 − b2 = . . .)
Le résultat obtenu semble compliqué, mais on en tire aisément les valeurs de a et b : les égalités a2 = . . . et b2 = . . . nous
permettent de connaître a et b au signe près ; pour savoir si a et b sont de même signe ou de signes contraires, on utilise l’égalité
2ab = y. On obtient finalement, si z 6= 0, deux racines carrées ω distinctes opposées de z.

5+i
Exemple Les racines carrées de 12 + 5i sont ± √ .
2
En effet Soit ω ∈ C, donné sous forme algébrique ω = a + ib.
8 2 2

< a + b = 122 + 52
ω 2 = 12 + 5i ⇐⇒ ω 2 = 12 + 5i et |ω|2 = |12 + 5i| ⇐⇒ a2 − b2 = 12
:
2ab = 5
⇐⇒ a2 + b2 = 13, a2 − b2 = 12 et 2ab = 5
13 + 12 13 − 12
⇐⇒ a2 = , b2 = et 2ab = 5
2 2
5 1
⇐⇒ a = ±√ , b = ±√ et 2ab = 5
2 2
   
5 1 5 1
⇐⇒ (a, b) = √ , √ ou (a, b) = − √ , − √ (a et b sont de même signe car 2ab = 5 > 0)
2 2 2 2
5+i 5+i
⇐⇒ ω= √ ou ω = − √ comme annoncé.
2 2

La technique précédente de calcul des racines carrées d’un nombre complexe est ce dont nous avons besoin pour résoudre les
équations du second degré à coefficients complexes.

Théorème (Equation du second degré à coefficients complexes) Soient a, b, c ∈ C avec a 6= 0. Les solutions de
−b ± δ
l’équation az 2 + bz + c = 0 d’inconnue z ∈ C sont , où δ est l’une quelconque des deux racines carrées du discriminant
2a
b c
b2 − 4ac. La somme de ces solutions vaut − et leur produit .
a a

8
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Démonstration Pour tout z ∈ C :


  " 2 # " 2 #
2 b c 2 b b2 c b b2 − 4ac
az + bz + c = a z + z + =a z+ − 2 + =a z+ −
a a 2a 4a a 2a 4a2
" 2  2 # "  # "  #   
b δ b δ b δ −b − δ −b + δ
=a z+ − =a z+ + . z+ − =a z− z− .
2a 2a 2a 2a 2a 2a 2a 2a

Or un produit de nombres complexes est nul si et seulement si l’un de ses facteurs l’est. . . 

√ √ 5+i
Exemple Les solutions de l’équation 4z 2 + 8z 3 − 5i = 0 d’inconnue z ∈ C sont − 3 ± √ .
2 2
√ 2
En effet Le discriminant de cette équation du second degré est ∆ = (8 3) − 4.4.(−5i) = 16(12 + 5i). Or nous
5+i 5+i
avons trouvé tout à l’heure les racines carrées de 12 + 5i ; par exemple, √ en est une. Du coup, δ = 4 × √
√ 2 2
−8 3 ± δ √ 5+i
est une racine carrée de ∆. Les solutions recherchées sont donc bien =− 3± √ .
2.4 2 2

2.4 L’exponentielle complexe

Définition (Exponentielle complexe) Soit z ∈ C, donné sous forme algébrique z = x + iy. On appelle exponentielle (de)
z, notée ez , le nombre complexe ez = ex eiy .

Théorème (Propriétés de l’exponentielle complexe)


(i) L’exponentielle complexe est 2iπ-périodique, i.e. : ∀z ∈ C, ez+2iπ = ez .
0 0
(ii) Equation fonctionnelle : Pour tous z, z 0 ∈ C : ez+z = ez ez .
L’exponentielle transforme les sommes en produits.
(iii) L’exponentielle complexe ne s’annule pas, et pour tous z ∈ C, ζ ∈ C× :
ez = ζ ⇐⇒ ∃ k ∈ Z/ z = ln |ζ| + i arg(ζ) + 2ikπ.

   Explication L’assertion (iii) implique que 0 est le seul nombre complexe qui n’est l’exponentielle d’aucun nombre
complexe ; pour tout ζ ∈ C non nul, il existe z ∈ C — une infinité en fait, via la 2iπ-périodicité — tel que ζ = ez .

Démonstration
(i) Facile : ∀z ∈ C, ez+2iπ = eRe(z) eiIm(z)+2iπ = eRe(z) eiIm(z) = ez .

(ii) Soient z, z 0 ∈ C.
0 0 0 0 0 0 0 0
ez+z = eRe(z+z )
eiIm(z+z ) = eRe(z)+Re(z )
eiIm(z)+iIm(z ) = eRe(z) eRe(z )
eiIm(z) eiIm(z ) = ez ez .

(iii) L’exponentielle réelle ne s’annule pas, nous le savons déjà, et la fonction θ 7−→ eiθ non plus car eiθ = 1 ;
produit de ces deux fonctions, l’exponentielle complexe ne s’annule donc pas.
Soient alors z ∈ C et ζ ∈ C× . Utilisons l’« unicité » de la forme trigonométrique des nombres complexes.
z 
ez = ζ ⇐⇒ e = |ζ| et arg ez ≡ arg(ζ) mod 2π
Re(z)
⇐⇒ e = |ζ| et Im(z) ≡ arg(ζ) mod 2π
⇐⇒ Re(z) = ln |ζ| et ∃ k ∈ Z/ Im(z) = arg(ζ) + 2kπ
⇐⇒ ∃ k ∈ Z/ z = ln |ζ| + i arg(ζ) + 2ikπ. 

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2.5 Linéarisation et factorisation d’expressions trigonométriques


   En pratique Linéariser une expression polynomiale en cos x et sin x, c’est l’exprimer à l’aide de cos x, cos(2x). . . et
sin x, sin(2x). . . en supprimant toutes les puissances qui pouvaient apparaître. Pour mener à bien une linéarisation, on dispose
de deux outils : les formules d’Euler et la formule du binôme de Newton.
Les exemples valent ici mieux qu’un long discours. Vous devez savoir faire ce genre de calcul rapidement et sans aide.

sin(5x) − 5 sin(3x) + 10 sin x


Exemple ∀x ∈ R, sin5 x = .
16
En effet Soit x ∈ R.
• Première étape : On remplace sin x grâce à la formule d’Euler pour le sinus, puis on développe grâce à
la formule du binôme de Newton.
 5
eix − e−ix 1  5ix 
sin5 x = = e − 5e3ix + 10eix − 10e−ix + 5e−3ix − e−5ix .
2i 32i
• Seconde étape : On regroupe les puissances de eix de manière à pouvoir utiliser les formules d’Euler dans
l’autre sens.
1  5ix    sin(5x) − 5 sin(3x) + 10 sin x
sin5 x = e − e−5ix − 5 e3ix − e−3ix + 10 eix − e−ix = .
32i 16

− cos(6x) − 2 cos(4x) + cos(2x) + 2


Exemple ∀x ∈ R, sin2 x cos4 x = .
32
En effet Soit x ∈ R.
• Première étape : On remplace cos x et sin x à l’aide des formules d’Euler, puis on développe grâce à la
formule du binôme de Newton les deux parenthèses ainsi obtenues ; finalement on développe de nouveau.
 2  4
2 eix − e−ix
4 eix + e−ix 1  2ix  
sin x cos x = =− e − 2 + e−2ix e4ix + 4e2ix + 6 + 4e−2ix + e−4ix
2i 2 64
1  6ix 
=− e + 2e4ix − e2ix − 4 − e−2ix + 2e−4ix + e−6ix .
64
• Seconde étape : On regroupe les puissances de eix de manière à pouvoir utiliser les formules d’Euler dans
l’autre sens.
1  6ix −6ix     − cos(6x) − 2 cos(4x) + cos(2x) + 2
sin2 x cos4 x = − e +e +2 e4ix +e−4ix − e2ix +e−2ix −4 = .
64 32

   En pratique Pour effectuer des factorisations, vous devez connaître la technique de l’angle moitié. Cette technique
sert à écrire les complexes de la forme eix + eiy sous forme de produit. L’idée est simple :
i(x+y)  i(x−y) −i(x−y)  i(x+y) x−y
∀x, y ∈ R, eix + eiy = e 2 e 2 +e 2 = 2e 2 cos .
2
x+y
On parle de l’angle moitié car la technique consiste seulement à mettre en facteur l’exponentielle associée à l’angle . Cette
2
technique s’adapte bien sûr au cas des complexes de la forme eix − eiy .

8  
>
> sin (n + 1)x cos(nx)
X
n < si x ∈
/ πZ
Exemple Soient n ∈ N et x ∈ R. cos(2kx) = sin x .
>
>
k=0 :
n+1 si x ∈ πZ
En effet Vous devez savoir refaire cette démonstration, l’exercice est très classique.
X
n
Si x ∈ πZ, alors cos(2kx) = 1 pour tout k ∈ J0, nK, et donc cos(2kx) = n + 1 comme annoncé. Supposons
k=0
/ πZ, de sorte que e2ix 6= 1.
désormais que x ∈
! 0  1
X
n X
n   X
n   Angle
ei(n+1)x ei(n+1)x − e−i(n+1)x
2ix
6=1 e2i(n+1)x − 1 moitié
Re @ A
e
cos(2kx) = Re e2ikx = Re e2ikx = Re =  
k=0 k=0 k=0
e2ix − 1 eix eix − e−ix
0  1    
Formule
d’Euler sin (n + 1)x sin (n + 1)x   sin (n + 1)x cos(nx)
= Re @einx A= Re einx = . C’est terminé.
sin x sin x sin x

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3 Nombres complexes et géométrie plane


z−b
3.1 Interprétation géométrique de
z−a

z−b
Théorème (Interprétation géométrique de ) Soient a, b, z ∈ C tels que z 6= a et z 6= b. On note A l’image de a, B
z−a
celle de b et M celle de z.   −−→ −−→
z −b MB z−b

z − a = MA et arg
z−a
≡ M A, M B mod 2π.

   En pratique Ce résultat peut être utilisé pour démontrer l’alignement de A, B et M , ou pour montrer l’orthogonalité
des droites (AM ) et (BM ).
−−→ −−→ z−b
A, B et M sont alignés ⇐⇒ M A, M B ≡ 0 mod π ⇐⇒ ∈ R.
z−a
−−→ −−→ π z−b
(AM ) et (BM ) sont orthogonales ⇐⇒ M A, M B ≡ mod π ⇐⇒ ∈ iR.
2 z−a

3.2 Produit scalaire et déterminant

Théorème (Produit scalaire, déterminant et affixes) Soient ~


u et ~v deux vecteurs d’affixes respectifs u et v.
  
u · ~v = Re ūv
~ et u, ~v = Im ūv .
det ~

Démonstration Notons u = x + iy et v = x0 + iy 0 les formes algébriques de u et v respectivement.


 
ūv = (x − iy)(x0 + iy 0 ) = (xx0 + yy 0 ) + i(xy 0 − yx0 ) = ~
u · ~v + i det ~
u, ~v . 

   En pratique Nous en déduisons un nouveau moyen de montrer l’alignement de trois points, la colinéarité de deux
vecteurs ou l’orthogonalité de deux vecteurs.

3.3 Transformations usuelles

Théorème (Transformations usuelles élémentaires) Soit M un point d’affixe z.


(i) Soit ~
u un vecteur d’affixe u. L’image de M par la translation de vecteur ~
u a pour affixe le nombre complexe z + u.
(ii) Soit λ ∈ R. L’image de M par l’homothétie de centre O et de rapport λ a pour affixe le nombre complexe λz.
(iii) Soit θ ∈ R. L’image de M par la rotation de centre O et d’angle de mesure θ a pour affixe le nombre complexe eiθ z.
π
En particulier, iz est l’affixe de l’image de M par la rotation de centre O et d’angle de mesure .
2
(iv) L’image de M par la symétrie centrale de centre O a pour affixe le nombre complexe −z.
(v) L’image de M par la symétrie par rapport à l’axe des abscisses (Ox) a pour affixe le nombre complexe z̄.
(vi) L’image de M par la symétrie par rapport à l’axe des ordonnées (Oy) a pour affixe le nombre complexe −z̄.

Démonstration
−−−→ −−→
(i) La translation de vecteur ~ u envoie M sur un certain point M 0 défini par : OM 0 = OM + u. En termes
0 0 0
d’affixes, si z est l’affixe de M , nous obtenons comme voulu l’égalité : z = z + u.
−−−→ −−→
(ii) L’homothétie de centre O et de rapport λ envoie M sur un certain point M 0 défini par : OM 0 = λOM .
En termes d’affixes, si z 0 est l’affixe de M 0 , nous obtenons comme voulu l’égalité : z 0 = λz.

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0
(iii) La rotation de centre O et d’angle
−−→ de mesure
 θ envoie M sur un certain point M défini cette fois par deux
−−−→
relations : OM 0 = OM et OM , OM 0 ≡ θ mod 2π. En termes d’affixes, si z 0 est l’affixe de M 0 ,
nous obtenons donc d’abord deux égalités : |z 0 | = |z| et arg(z 0 ) − arg(z) ≡ θ mod 2π. D’où enfin :
0
z 0 = |z 0 |ei arg(z ) = |z|ei arg(z)+iθ = eiθ z.
(iv) La symétrie centrale de centre O n’est autre que l’homothétie de centre O et de rapport −1 — utiliser
l’assertion (ii).
(v) Déjà observé.
(vi) La symétrie par rapport à (Oy) n’est autre que la composée de la symétrie par rapport à (Ox) et de la
symétrie centrale par rapport à O — utiliser les assertions (iv) et (v). 

   En pratique Il est important de connaître la démonstration précédente, qui d’ailleurs est très simple. Car elle
nous fournit la méthode à adopter pour caractériser en termes d’affixe n’importe quelle transformation usuelle composée de
transformations élémentaires.

Exemple L’homothétie de centre Ω = i et de rapport 2 est l’application z 7−→ 2z − i.


En effet Soit M un point d’affixe notée z. Notons M 0 l’image de M par l’homothétie étudiée et z 0 l’affixe de
−−→ −−→
M . Alors M 0 est défini par : ΩM 0 = 2ΩM . En termes d’affixes, cette identité s’écrit : z 0 − i = 2(z − i), i.e.
0

z 0 = 2z − i.

π
Exemple La rotation de centre A = 2 + i et d’angle de mesure − est l’application z 7−→ −iz + 1 + 3i.
2
En effet Soit M un point d’affixe notée z. Notons M 0 l’image de M par larotation étudiée et z 0 l’affixe de M 0 .
 −−→ −
−−→ π
Alors M 0 est défini par les deux relations : AM 0 = AM et AM , AM 0 ≡− mod 2π, qui s’écrivent en
2
0 0 π
termes d’affixes : |z − 2 − i| = |z − 2 − i| et arg(z − 2 − i) − arg(z − 2 − i) ≡ − mod 2π.
2 iπ
0 0 i arg(z 0 −2−i) i arg(z−2−i)− iπ −
Par conséquent : z − 2 − i = |z − 2 − i| e = |z − 2 − i| e 2 = e 2 (z − 2 − i).

Et finalement : z 0 = e− 2 (z − 2 − i) + 2 + i = −i(z − 2 − i) + 2 + i = −iz + 1 + 3i comme voulu.

3.4 Similitudes et isométries

Définition (Similitude, isométrie)


• Soit λ > 0. On appelle similitude (plane) de rapport λ toute application f du plan dans lui-même telle que pour tous
points M, N :
f (M )f (N ) = λM N.

• On appelle isométrie (plane) toute application f du plan dans lui-même telle que pour tous points M, N :
f (M )f (N ) = M N .

   Explication Une isométrie est une application qui préserve les distances — étymologiquement, « iso-métrie » signifie
« même mesure ». Une similitude est une application qui mulitplie les distances dans un rapport constant. En particulier, il est
clair que toute isométrie est une similitude de rapport 1.

Exemple Les translations, les rotations et les symétries axiales sont des isométries. Les homothéties sont des similitudes.

Le théorème suivant montre que les similitudes sont des transformations très simples quand on les observe à travers le miroir
des affixes.

Théorème (Caractérisation complexe des similitudes/isométries planes)


(i) Les similitudes planes sont exactement toutes les applications de la forme z 7−→ az + b ou z 7−→ az̄ + b, où a, b ∈ C
et a 6= 0.
(ii) Les isométries planes sont exactement toutes les applications de la forme z 7−→ az + b ou z 7−→ az̄ + b, où a, b ∈ C
et |a| = 1.

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Démonstration
(i) Il est clair que
toute application de la forme z 7−→ az + b, où a, b ∈ C et a 6= 0, est une similitude, car :
∀z, z 0 ∈ C, (az 0 + b) − (az + b) = |a|.|z 0 − z| — le rapport de la similitude est précisément |a|. Même
chose pour les applications de la forme z 7−→ az̄ + b.

Réciproquement, soit f une similitude de rapport λ > 0. Nous voulons montrer que f est soit de la forme
z 7−→ az + b, soit de la forme z 7−→ az̄ + b, où a, b ∈ C et a 6= 0. La preuve s’effectue en plusieurs étapes.

• Puisque f est une similitude : f (1) − f (0) = λ|1 − 0| = λ > 0. Par conséquent f (0) 6= f (1).
f (z) − f (0)
Nous pouvons donc poser, pour tous z ∈ C : g(z) = . Alors pour tous z, z 0 ∈ C :
f (1) − f (0)

0 0 f (z 0 ) − f (z) λ|z 0 − z|
g(z 0 ) − g(z) = f (z ) − f (0) − f (z) − f (0) = f (z ) − f (z) = = = |z 0 − z|.
f (1) − f (0) f (1) − f (0) f (1) − f (0) f (1) − f (0) λ|1 − 0|

Ce calcul montre que g est une isométrie. Nous allons étudier g pour obtenir des informations sur f .
Remarquons qu’on a g(0) = 0 et g(1) = 1.
 
• Montrons que : ∀z ∈ C, g(z) = z ou g(z) = z̄ .
Fixons z ∈ C. Introduisons les formes algébriques de z et g(z) : z = x + iy et g(z) = x0 + iy 0 , où
x, x0 , y, y 0 ∈ R. Puisque g est une isométrie et puisque g(0) = 0 et g(1) = 1, alors :

g(z) = g(z) − g(0) = |z − 0| = |z| et g(z) − 1 = g(z) − g(1) = |z − 1|.

Ces deux égalités nous conduisent à un système de deux équations :


 ( 
x02 + y 02 = x2 + y 2 x02 + y 02 = x2 + y 2 x0 = x
⇐⇒ 1 1 ⇐⇒ .
(x0 − 1)2 + y 02 = (x − 1)2 + y 2 x0 = x L2 ← L1 − L2 y 0 = ±y
2 2
Ceci montre comme voulu que g(z) = x0 + iy 0 = x + iy = z ou g(z) = x0 + iy 0 = x − iy = z̄.
   
• Montrons que : ∀z ∈ C, g(z) = z ou ∀z ∈ C, g(z) = z̄ .
Nous venons de montrer que pour tout z, g(z) vaut z ou z̄. Mais on peut avoir a priori g(z) = z pour
certains z et g(z 0 ) = z̄ 0 pour d’autres z 0 . Il s’agit maintenant de montrer qu’on a soit toujours g(z) = z,
soit toujours g(z) = z̄ — résultat beaucoup plus fort. Remarquons qu’en vertu du point précédent, on a
soit g(i) = i, soit g(i) = ī = −i.
1) Supposons d’abord que g(i) = i et montrons que : ∀z ∈ C, g(z) = z.
Soit z ∈ C. Faisons l’hypothèse que g(z) = z̄. Alors |z̄ − i| = g(z) − g(i) = |z − i|, i.e. |z + i| = |z − i|.
Cette égalité signifie que z est équidistant des points i et −i, donc que z est situé sur leur médiatrice
qui est l’axe des réels. Ainsi z ∈ R et donc g(z) = z̄ = z.
2) On montrerait de même que si g(i) = −i, alors : ∀z ∈ C, g(z) = z̄.

• Tâchons de conclure. Posons a = f (1) − f (0) 6= 0 et b = f (0). Alors par définition de g :


f (z) − b
∀z ∈ C, g(z) = . Via le dernier point, nous avons bien soit : ∀z ∈ C, f (z) = az + b,
a
soit : ∀z ∈ C, f (z) = az̄ + b. Fin de la preuve.

(ii) Les isométries sont exactement toutes les similitudes de rapport 1. Or toute similitude est de la forme
z 7−→ az + b ou z 7−→ az̄ + b, où a, b ∈ C et a 6= 0. Mais nous avons vu par ailleurs que le rapport d’une telle
similitude est |a|. Les isométries sont donc comme voulu toutes les applications de la forme z 7−→ az + b ou
z 7−→ az̄ + b avec |a| = 1. 

Définition (Similitude plane directe/indirecte)


(i) Toute similitude plane de la forme z 7−→ az + b avec a, b ∈ C et a 6= 0 préserve les angles orientés de vecteurs. Une
telle similitude est dire directe.
(ii) Toute similitude plane de la forme z 7−→ az̄ + b avec a, b ∈ C et a 6= 0 transforme tout angle orienté de vecteurs en
son opposé. Une telle similitude est dire indirecte.

   Explication Ce résultat est tout à fait non trivial : il n’était pas du tout évident, quand nous avons défini la notion
de similitude, qu’une application qui multiplie les distances dans un rapport constant préserve ou renverse les angles orientés.

13
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Démonstration
(i) Soient a, b ∈ C tels que a 6= 0 et f la similitude z 7−→ az + b. Soient en outre U, V, W trois points distincts
d’affixes respectives u, v, w. Leurs images respectives par f sont notées U 0 , V 0 , W 0 , d’affixes u0 , v 0 , w0 . Alors :
   
u0 − w0 (au + b) − (aw + b) a(u − w) u−w u0 − w0 u−w
= = = , et donc : arg ≡ arg mod 2π.
u0 − v 0 (au + b) − (av + b) a(u − v) u−v u0 − v 0 u−v
−
−0−→0 −−0−→0  −
−→ −−→
Nous avons ainsi montré l’égalité : U V ,U W ≡ U V , U W mod 2π. Comme voulu, f préserve les
angles orientés.
(ii) Imiter la preuve de l’assertion (i). 

Exemple Les translations, les rotations et les homothéties sont des similitudes directes. Les symétries axiales sont quant à
elles indirectes.

Théorème (Caractérisation géométrique des similitudes/isométries planes directes)


(i) Toute similitude plane directe est soit une translation, soit la composée d’une homothétie de rapport strictement
positif et d’une rotation de même centre. Dans ce second cas, si f est la composée d’une homothétie de centre Ω et de rapport
λ > 0 et d’une rotation de même centre Ω et d’angle de mesure θ, alors on dit que f est la similitude (directe) de centre Ω, de
rapport λ et d’angle de mesure θ.
(ii) Toute isométrie plane directe est soit une translation, soit une rotation.

   Explication

• Encore un résultat non trivial. Dans le cas isométries par exemple, il n’était pas du tout clair a priori s(M )
b
qu’une application qui préserve les distances et l’orientation est soit une translation (déplacement Ici λ = 2.
suivant un vecteur constant), soit une rotation (déplacement angulaire constant autour d’un point
fixe). On aurait pu imaginer que d’autres transformations plus exotiques préservaient les distances.
θ
• La figure ci-contre illustre l’action d’une similitude s de centre Ω, de rapport λ et d’angle de mesure b b

θ sur un point M . On tourne et on dilate, ou bien on dilate et on tourne. Ω M

Démonstration
(i) Soient a, b ∈ C tels que a 6= 0 et f la similitude directe z 7−→ az + b. Si a = 1, alors f est la translation
de vecteur d’affixe b. Supposons donc désormais a 6= 1. Alors l’équation f possède un unique point fixe :
b
l’équation f (ω) = ω d’inconnue ω ∈ C possède une unique solution ω = . Notons Ω le point d’image
1−a
ω. Du coup, pour tout z ∈ C :
   
f (z)−ω = f (z)−f (ω) = (az+b)−(aω+b) = a(z−ω) = |a| × ei arg(a) (z − ω) = ei arg(a) × |a|(z − ω) .
| {z } | {z }
Rotation de centre Ω Homothétie de centre Ω
et d’angle de mesure arg (a) et de rapport |a| > 0
| {z } | {z }
Homothétie de centre Ω Rotation de centre Ω
et de rapport |a| > 0 et d’angle de mesure arg (a)

Comme voulu, f apparaît comme la composée d’une homothétie et d’une rotation de même centre.
(ii) Le cas des isométries directes se déduit du cas des similitudes directes : une similitude directe de rapport
1 est soit une translation, soit une rotation. 

1 + 2i π
Exemple L’application f : z 7−→ 2iz + 1 est la similitude de centre , de rapport 2 et d’angle de mesure .
5 2
En effet Comme le coefficient de z dans la forme de f est 2i 6= 1, f n’est pas une translation. Son rapport est
π
alors |2i| = 2 et son angle a pour mesure arg(2i) = .
2
1 1 + 2i
Enfin le centre de f est son unique point fixe ω. Calculons son affixe : f (ω) = ω ⇐⇒ ω = = .
1 − 2i 5

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