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Emballage des charges palettisées

sous film plastique

par René BENTEJAC


Diplômé de l’Enseignement Militaire Supérieur Scientifique et Technique
Ingénieur attaché à la division Machines d’Emballage de la société Thimon

1. Comportement dynamique des charges palettisées ...................... A 1 017 - 2


1.1 Conditions de transport et de manutention .............................................. — 2
1.2 Déformation sous l’effet des accélérations ............................................... — 2
2. Procédés d’emballage............................................................................. — 3
2.1 Emballage sous film rétractable................................................................. — 3
2.1.1 Caractéristiques des films.................................................................. — 3
2.1.2 Principe du procédé............................................................................ — 5
2.1.3 Machines et appareils......................................................................... — 5
2.1.4 Applications ........................................................................................ — 7
2.2 Emballage sous film étirable ...................................................................... — 7
2.2.1 Caractéristiques des films.................................................................. — 7
2.2.2 Principe du procédé............................................................................ — 8
2.2.3 Machines et appareils......................................................................... — 8
2.2.4 Applications ........................................................................................ — 9
3. Comparaison et choix entre films étirable et rétractable ............ — 9
3.1 Aspect technique ......................................................................................... — 9
3.2 Aspect économique..................................................................................... — 9
3.3 Conclusion.................................................................................................... — 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. A 1 017

orsque des produits, en général identiques, ont été palettisés (rubrique


L Manutention et stockage dans le présent traité), il faut encore assurer le
maintien et la protection des charges ainsi formées. Plusieurs procédés sont
utilisés pour cela mais le plus répandu actuellement est, sans conteste,
l’emballage avec du film plastique, celui-ci étant employé soit sous forme
de film rétractable, soit sous forme de film étirable.
L’emballage sous film rétractable existe en France depuis les années
1967-1968 ; il est largement répandu dans de nombreux pays et, en particulier,
dans les pays industrialisés mais à des degrés différents. Son emploi, au départ
limité à la verrerie et aux produits de terre cuite pour la construction, s’est
répandu et continue à se développer dans toutes les industries.
De plus, aux possibilités des films rétractables s’ajoutent, depuis les années
1972-1973, celles des films étirables, appliqués sans intervention thermique,
qui présentent leurs avantages spécifiques.
Un tel développement s’explique par les avantages présentés par ces
procédés :
— protection contre la poussière, les intempéries et les salissures, d’où pos-
sibilité de stockage extérieur ;
— maintien et cohésion des charges ;
— dissuasion contre le vol ;
— diminution très nette des accidents et litiges de transport ;

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— marquage facile sur le plastique ;


— mécanisation aisée des opérations d’emballage ;
— déballage facile et rapide (apprécié en hypermarché) ;
— effet de promotion (visualisation d’une grande quantité de produit) ;
— emballage sans volume propre, gain de place ;
— très grande légèreté de l’emballage.
De plus, à une plus grande diversité des machines et des appareils s’ajoute
celle des films, d’où une large gamme de solutions s’adaptant à de nombreux
cas. Enfin, s’appuyant sur une expérience maintenant grande, l’industrie maîtrise
parfaitement ces techniques.

1. Comportement dynamique Si l’on compare les deux formes, on constate pour les faces avant
et arrière que la déformation s’est traduite par un allongement :
des charges palettisées • AB′ plus grand que AB et DC ′ plus grand que DC, pour les
faces latérales ;
• AC ′ plus grand que AC, l’allongement oblique R 1 pouvant se
1.1 Conditions de transport décomposer en deux composantes perpendiculaires, l’une horizon-
et de manutention tale OHh , l’autre verticale OHv .

Les deux objets essentiels de la mise sous film plastique d’une


charge palettisée sont d’assurer sa protection et son maintien dans
des conditions de transport et de manutention déterminées. Dans
la pratique, il faut noter que ces conditions sont rarement définies
d’une façon chiffrée et que des essais en vraie grandeur sont donc
nécessaires. Dans ce domaine, outre une expérience empirique
étendue, on dispose des données fournies par certains utilisateurs,
par exemple par la SNCF (Société nationale des chemins de fer
français) :
— l’accélération horizontale maximale subie par une charge est
de 6 g (g accélération de la pesanteur) ;
— les accélérations verticales sont relativement plus faibles :
0,3 g.
Cette dernière donnée conduit à une variation de poids des
composants de 30 % et, par voie de conséquence, de la pression
verticale et des forces de frottement, ce qui n’est pas négligeable ;
quant à la variation de 6 g, elle est considérable puisqu’elle multiplie
la masse d’un composant par 6. D’une façon idéale, il faudrait
disposer des enregistrements d’accéléromètres, le long de trajets
types, pour les trois axes, et connaître les forces de frottement des
composants empilés.
Nota : pour des compléments sur les contraintes mécaniques de transport et de
manutention, le lecteur se reportera à l’article Protection mécanique du produit emballé
[A 9 935] dans le présent traité.

1.2 Déformation sous l’effet


des accélérations
Soit une charge palettisée de forme parallélépipédique
ABCDEFGH (figure 1) recouverte de film plastique rétractable ou
étirable. Il sera admis que les forces de frottement Ff qui s’opposent
au glissement des composants les uns sur les autres sont proportion-
nelles à leur éloignement y du sommet.
Si cette charge est soumise à une accélération suffisante pour
qu’elle soit déformée, elle devient AB ′C ′DEF ′G ′H (figure 2). La
déformation représentée ici est considérée comme linéaire ; c’est
Figure 1 – Forces de frottement entre les composants d’une charge
une simplification, souvent proche de la réalité, qui ne change rien
au raisonnement et à sa conclusion.
Les forces de frottement étant plus importantes en bas qu’en
haut, la déformation est beaucoup plus prononcée en haut.

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Figure 2 – Déformation d’une palette au freinage

Une tension verticale et horizontale du film est donc nécessaire Un film thermorétractable est un film plastique qui diminue de
pour éviter ou diminuer ces allongements. Pour cela, il faut que le dimension dans une ou deux directions perpendiculaires, sous
film soit maintenu à ses lisières haute et basse, ce qui requiert : l’effet d’une élévation de température.
— au bas de la palette : Appliqué à l’emballage, il épouse parfaitement la forme de la
• des dimensions de plateau contenant effectivement celles de charge qu’il enveloppe sans exercer de pression notable et en rend
la charge, les éléments solidaires.
• des entretoises de palette plus petites que le plateau afin que Par film plastique, on entend un film de résine de polyéthylène
celui-ci soit débordant, (PE), poly(chlorure de vinyle) (PVC), polystyrène (PS), polypropylène
• des coins de plateau chanfreinés pour éviter la déchirure du (PP), le premier matériau cité étant le plus employé et de beaucoup.
film ; Plus précisément, on emploie du polyéthylène de basse densité,
— en haut de la charge : c’est-à-dire comprise entre 0,916 et 0,925 (le polyéthylène haute
• un film dimensionné en conséquence (+ 10 à 20 cm par densité se situe à 0,941 et au-dessus).
exemple), Le film de polyéthylène est préparé à partir de granulés fondus
• un toit protégeant contre les intempéries et la poussière, et et extrudés. Ce sont les conditions de l’extrusion qui définissent la
qui, s’il est tendu, participe d’une façon substantielle à la résistance rétractilité recherchée : celle-ci est due aux déformations produites
aux déformations. par tirage et gonflage, à une certaine température, et figées dans
cet état par refroidissement (figure 3). Il s’agit donc d’une véritable
trempe. Lorsqu’on chauffe la gaine à 115o environ, l’agitation molé-
culaire permet le relâchement des contraintes et, par conséquent,
2. Procédés d’emballage le retour à l’état initial. La rétraction ainsi produite est importante
puisqu’elle peut atteindre 80 % de la dimension. Elle s’accompagne
d’un épaississement du film. Le film produit peut être présenté sous
2.1 Emballage sous film rétractable les formes suivantes :
— gaine à plat ;
2.1.1 Caractéristiques des films — gaine à soufflets ;
— film dossé (film plié d’un côté, à plat).
La théorie chimique et physique des films plastiques ne sera pas
La gaine à soufflets et le film à plat sont les plus utilisés.
refaite ici (le lecteur pourra se reporter au traité Plastiques et
Composites), nous indiquerons seulement les nombreuses particu-
larités pratiques des films utilisés dans le domaine qui nous occupe.

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Les caractéristiques pratiques des films thermorétractables sont Pour la palettisation, on utilise en général des films biorientés,
les suivantes : de préférence carrés, c’est-à-dire L = T  40 % .
— le grade, ou indice de fluidité, et la densité ; L’amplitude de la rétraction observée dépend essentiellement de
— les dimensions et en particulier l’épaisseur ; la température (figure 4).
— les coefficients de rétraction ;
La rétraction a lieu essentiellement entre 115 et 120 oC, mais la
— la force de rétraction plastique pendant la chauffe du film ; température de la masse du film dans un four peut atteindre des
— la force de rétraction thermique pendant le refroidissement ; valeurs plus élevées : 150 oC par exemple. La matière est alors
— la résistance mécanique (pour une température donnée : force ramollie mais pas suffisamment pour qu’elle coule réellement ;
d’allongement, limite élastique, charge de rupture et allongement cependant, si la température du film augmente encore, des trous
à la rupture) ; peuvent se produire, ce qui est observé sur les zones de surchauffe
— les propriétés thermiques (chaleur massique, dilatation, etc.) ;
ou si l’épaisseur des films devient trop faible.
— la résistance aux ultraviolets, ou vieillissement ;
— la perméabilité aux gaz, en particulier à la vapeur d’eau.
Les coefficients de rétraction permettent de définir le type de
film : biorienté ou monoorienté.
Par film biorienté, on entend un film dont les coefficients de
rétraction, L dans le sens longitudinal (ou sens coulée) et T, dans
le sens transversal (ou travers), remplissent les conditions :
L et T  35 %
L – T  10 %

et par monoorienté :
L  50 %
T  10 à 20 %

Figure 3 – Extrusion, fabrication de film de polyéthylène Figure 4 – Phénomène de rétraction

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À côté des films ordinaires, il existe des films spéciaux dont les
caractéristiques permettent de résoudre des problèmes particuliers ;
ce sont :
— les films longue durée, dont le vieillissement est ralenti par
un additif anti-UV ;
— les films irradiés par rayons gamma (utilisés jusque-là
seulement sous forme mince, en alimentaire par exemple), dont
les applications peuvent se développer en palettisation ;
— les films aluminisés, qui améliorent les conditions de chauf-
fage par infrarouge ;
— les films anticollants, qui permettent d’éviter le collage sous
l’effet de la chaleur entre une charge dont les composants sont
déjà sous polyéthylène et la housse extérieure ;
— les films colorés ;
— les films imprimés ;
— les films microperforés, qui permettent l’évacuation de l’air
chaud pendant la rétraction ;
— les films macroperforés qui permettent d’assurer une certaine
aération de la charge après l’emballage.
Le rétractable peut donc s’adapter à de nombreux problèmes.

2.1.2 Principe du procédé

L’application d’un film rétractable requiert les opérations


suivantes :
— recouvrir ou envelopper la charge d’une housse à soufflets ou
d’un film à plat, thermorétractable, de dimensions appropriées ;
— produire la rétraction du film en l’élevant à une température
de 110 à 135 oC pendant un temps déterminé (20 à 60 s en général) ;
— refroidir le film rétracté et ramolli pour qu’il acquière une
bonne rigidité et une bonne tension mécanique.
La charge est alors transportée dans son lieu de stockage ou au
poste d’expédition.
L’élévation de température du film rétractable peut se faire par
plusieurs moyens (§ 2.1.3), le plus répandu étant le four à convection
forcée (figure 5).
La température du four est généralement de l’ordre de 180
à 220 oC, ce qui permet d’obtenir les temps de séjour cités
précédemment.
En raison de la faible durée du traitement thermique, le produit
marchand de la charge n’est pas sensiblement affecté par l’aug-
mentation de température.

2.1.3 Machines et appareils

Toutes les opérations de houssage et de rétraction peuvent être


faites manuellement ou automatiquement. Il existe donc des
appareils simples et des machines plus compliquées. De plus, le
déplacement des charges à travers les lignes d’emballage requiert
des moyens de manutention adaptés à ce problème et incorporés
aux machines.

2.1.3.1 Housseuse
Avant de rétracter une housse, il faut poser celle-ci sur la charge ;
cette opération peut être manuelle ou automatique.
Dans le premier cas, deux personnes sont nécessaires et
l’opération reste difficile si la charge est haute ; dans le second cas,
la machine utilisée est appelée housseuse.
Figure 5 – Exemple de soufflage dans un four de rétraction
Ces machines (figure 6) confectionnent aussi la housse avant de
la placer sur la charge ; elles sont de trois types : à descente
verticale, à rideau, à double banderolage à 90o.

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Figure 6 – Machines de houssage

■ Les machines à descente verticale sont alimentées par des ■ Les machines à double banderolage à 90o procèdent en trois
bobines de gaine à soufflets ; elles assurent : temps :
— la détermination, manuelle ou automatique, de la hauteur de — elles enveloppent complètement la charge dans une bande
housse nécessaire à la palette présentée ; horizontale de film à plat dont les deux parties sont assemblées et
— la confection de la housse, par soudage horizontal du sommet soudées ensemble au bas de la palette ;
et détachement de la gaine restante par coupe au-dessus de la — elles font tourner la palette de 90o ;
soudure ; — elles procèdent alors à un second enveloppage identique au
— la pose sur la charge par descente verticale. premier.
La cadence obtenue dépasse 70 palettes à l’heure et l’autonomie La palette est donc complètement enveloppée, avec un recouvre-
de la machine est égale au poids de la bobine d’alimentation (par ment de deux bandes de film sur le sommet de la charge, sous la
exemple : 700 kg) divisé par le poids d’une housse, qui dépend des palette et sur les arêtes verticales et horizontales.
dimensions de la charge et de l’épaisseur de film utilisé : de 80 L’avantage de ce procédé est que la palette et la charge sont soli-
à 200 µm ; il est souvent de l’ordre du kilogramme. dement assemblées ; par contre, l’emballage est moins esthétique
La séquence des opérations peut être commandée de plusieurs que celui qui serait réalisé par l’un des deux procédés précédents.
façons : ensemble d’interrupteurs, de relais électromagnétiques et Il s’impose lorsque l’accrochage d’une housse à la palette se révèle
de minuteries, ou de circuits à transistors, ou d’automates program- impossible ou d’une sûreté incertaine, par exemple si la charge est
mables. Ces machines existent aussi en version semi-automatique, plus grande que la palette. Avec ce procédé, on peut également
et leur exploitation nécessite alors un opérateur. utiliser des palettes à plateaux non débordants.
■ Les machines à rideau relèvent de principes différents, car elles
houssent les charges à partir de film à plat provenant de deux 2.1.3.2 Appareils de rétraction
rouleaux verticaux placés de part et d’autre du passage de la palette Ils sont de trois sortes : les fours, les rampes, les canons
(figure 6). Initialement, la charge à housser trouve devant elle un chauffants.
rideau de film vertical qu’elle pousse en s’avançant dans la machine,
entraînée par les rouleaux motorisés d’une table de manutention. ■ Les fours : ce sont des enceintes thermiques dans lesquelles les
charges houssées sont placées et chauffées jusqu’à ce que le film soit
Lorsque la palette est suffisamment avancée, le rideau de film est
rétracté, ce qui se produit rapidement (figure 5). La température des
refermé derrière elle par les mors d’une soudeuse, les deux côtés
fours de rétraction peut être réglée entre 180 et 250 oC et la durée de
du rideau étant alors soudés sur deux bandes verticales parallèles
séjour des charges varie de 20 à 60 s. La puissance de chauffe de ces
séparées par un fil chauffé électriquement. Ainsi le rideau de film
appareils atteint 120 à 130 kW ; elle est produite soit par des
est soudé, maintenu derrière la charge, puis reconstitué pour la
résistances électriques, soit par des brûleurs à gaz ou au fuel. Ce sont
palette suivante.
des appareils à convection forcée, l’air étant mis en circulation par un
Il est possible d’adjoindre un toit à ce drapage par le dépôt d’un ventilateur ou une turbine. La répartition du soufflage est importante,
format de film à plat sur le sommet de la charge, soit avant, soit car elle doit assurer une bonne homogénéité de chauffage de la gaine
après le drapage. Cette opération est également réalisée automati- de bas en haut et sur le toit. Des précautions doivent être prises pour
quement par une machine dite de dépose de format. assurer l’accrochage de la housse au bas de la palette (§ 1.2).

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Il existe deux types de four : 2.1.4 Applications


— les fours borgnes ou fours armoires ;
— les fours tunnels ou traversants. Elles sont très nombreuses et intéressent différents secteurs
Les fours borgnes disposent d’une seule ouverture avec porte par d’activités :
laquelle les palettes entrent et sortent. Les fours tunnels, comme leur — la verrerie ;
nom le suggère, ont une ouverture d’entrée et, à l’opposé, une porte — les matériaux de construction et surtout les briques et les
de sortie ; ils permettent des cadences plus élevées que les fours tuiles ;
borgnes. — la chimie ;
Les dimensions des palettes étant normalisées, il a été possible — les industries alimentaires, etc.
de standardiser les dimensions des fours.
À un four est toujours associé un système de manutention dont
les possibilités sont importantes pour la cadence de travail du four 2.2 Emballage sous film étirable
(rubrique Manutention et stockage dans le présent traité).
Plusieurs dispositifs de manutention sont possibles avec un four 2.2.1 Caractéristiques des films
borgne : simple transpalette, chariot sur rails, deux chariots avec
translateur, un chariot et deux tables à rouleaux fous, un chariot et Pour cette application particulière, l’accent est mis sur les carac-
deux tables à rouleaux motorisés. Avec un four tunnel, on utilise le téristiques suivantes :
plus souvent un convoyeur intérieur prolongeant la table d’entrée — la résistance des soudures ;
et évacuant les palettes sur la table de sortie extérieure au four. — l’étirabilité et l’élasticité (figure 7 et tableau 1) ;
Le choix entre les deux types de four dépend essentiellement de — la résistance à la déchirure. (0)
la cadence maximale spécifiée et du mode d’association à la ligne
de production.
Tableau 1 – Comparaison des caractéristiques
■ Les rampes : elles utilisent soit le rayonnement infrarouge, soit
d’un film PEbd homogène
l’effet thermique d’une ligne de gaz enflammée. En ce qui concerne
les premières, il faut noter que le polyéthylène est transparent à et d’un film étirable copolymère EVA
l’infrarouge, sauf pour une bande de longueur d’onde centrée sur
3,5 µm et dont la largeur est environ de 1 µm pour les épaisseurs des Caractéristiques (à 23 oC) PEbd EVA
films rétractables utilisés en palettisation. De ce fait, le polyéthylène Limite élastique (1) ...................................... N/mm2 10,3 4,5
est peu chauffé par le rayonnement, et la rétraction est difficile ; de
Allongement à la limite élastique (2) .................. % 8 12,5
plus, le produit de la charge est chauffé par le rayonnement, et son
Charge à la rupture (sens longitudinal) ..... N/mm2 25,3 22,6
élévation de température superficielle peut conduire à une dilatation
Allongement à la rupture ..................................... % 257 270
importante de l’air qui se trouve entre lui et le film, d’où le gonflement
de celui-ci. Résistance à la perforation
(pour un film de 100 µm) (3) ................................. g 400 800
Les rampes à gaz produisent un effet thermique important, mais
(1) Dans la profession, on utilise le kgf /cm2 ;
on rappelle que 1 N/mm2 ≈ 10 kgf/cm2.
elles présentent des inconvénients en ce qui concerne la sécurité
et la salubrité du poste de travail, le niveau de bruit, etc. (2) En fait, les enregistrements peuvent montrer deux limites élastiques
successives ; dans le cas présent, les secondes limites étaient
■ Les canons chauffants : c’est un moyen manuel de rétraction qui
17,3 N/mm2 à 58 % d’allongement pour PEbd et 10,3 N/mm2 à 57 %
se compose d’un brûleur à gaz propane, entouré d’une grille d’allongement pour EVA.
protectrice et muni d’un système d’allumage piézo-électrique. (3) Test du poinçon selon norme NF T 54-109.
Alimenté par une bouteille de gaz, il est donc complètement auto-
nome, ce qui permet son déplacement sur les lieux d’emballage. Son
utilisation intensive nécessite un ensemble d’accessoires tels que
table tournante placée devant l’opérateur, sur laquelle on pose les
palettes, chariot qui transporte la bouteille et l’appareil, etc.
En travail continu, la cadence est évidemment réduite.

2.1.3.3 Lignes d’emballage


Elles sont constituées par l’association :
— d’une housseuse ;
— d’un four ;
— d’un système de manutention.
Le four est généralement du type tunnel ; les deux machines
sont placées en série, les charges étant déplacées à travers elles
par le système de manutention. La longueur de ces lignes est de
10 à 12 m.
Les lignes de cadence de 60 à 75 palettes à l’heure sont généra-
lement placées en bout de ligne de production, mais elles peuvent
aussi être employées isolément, les palettes étant alors amenées et
évacuées par des chariots élévateurs.

Figure 7 – Allongement en fonction de la force exercée


sur des films plastiques

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Le polyéthylène basse densité (PEbd) présente déjà des per- 2.2.3.1 Machines à rideau (figure 9a)
formances honorables dans ces trois domaines, mais l’expérience
Leur principe est identique à celui des housseuses à rideau décrites
montre qu’elles doivent être améliorées en ce qui concerne les deux
dans le paragraphe 2.1.3.1 avec, cependant, deux différences que l’on
derniers points. Ce résultat est habituellement obtenu par l’emploi
ne retrouve d’ailleurs pas sur toutes les machines mais qu’il convient
de copolymère EVA (éthylène-acétate de vinyle) ou de compounds,
de connaître.
par exemple polyéthylène-élastomère.
Si la charge étire elle-même le film en pénétrant dans le rideau,
Comme pour le rétractable, la densité et surtout le grade sont
le résultat est limité par sa résistance globale ; elle peut glisser et
importants, ce dernier paramètre étant plus élevé que pour les
même se renverser. Aussi, pour améliorer les performances en
rétractables.
étirage, on fait précéder la charge d’un cadre étireur puis, le film
Pour les machines à rideau, on utilise des films épais, de 80 étant étiré au taux fixé, l’étireur est ramené derrière les soudeuses
à 125 µm. Pour les machines à rotation de palette, le film est mince, afin que le film soit refermé derrière la charge. Celle-ci ne supporte
de l’ordre de 30 µm ; pour celles-ci, toutes les caractéristiques donc que l’effet de serrage de film, inférieur à l’effort d’étirage et,
précédentes sont valables mais, en plus, il est recommandé que le de plus, elle peut être maintenue par un presseur, ce qui lui assure
film soit autocollant, ce qui assure l’homogénéité des couches une stabilité parfaite pendant cette opération.
superposées et la commodité de sa mise en œuvre. Différents films
Afin que le taux d’étirage soit uniformisé pendant les différentes
sont proposés sur le marché, du type EVA, PEbd ou PVC.
phases de l’emballage, il est également nécessaire de faire jouer
La tension d’un film étiré serrant une charge diminue dans le un dispositif dit récupérateur d’étirage.
temps : c’est la relaxation. La vitesse de relaxation est d’abord
Ces machines sont entièrement automatiques et permettent
grande, puis elle diminue progressivement pour devenir très lente,
d’atteindre des cadences de l’ordre de 85 palettes à l’heure.
pratiquement nulle (figure 8).
L’emballage latéral ainsi réalisé peut être complété par un toit ;
L’effet de la température est aussi à considérer sur le compor-
celui-ci est soit confectionné par la machine elle-même en utilisant
tement d’un film étirable. La chaleur lui fait perdre une partie de sa
la même laize (largeur) que le film du rideau, soit déposé sous
tension qu’il ne récupère pas si la température est rétablie. Par
forme d’un format plat avant ou après le drapage.
ailleurs et d’une façon générale, les EVA conservent mieux leurs
caractéristiques au froid que les homopolymères PEbd.
Comme tous les matériaux, ceux des films étirables présentent
le phénomène d’hystérèse : étirés puis relâchés, ils ne retrouvent
pas exactement leurs dimensions initiales, et ce d’autant plus que
l’on est davantage éloigné de la limite d’élasticité.

2.2.2 Principe du procédé

La charge est enserrée dans un film plastique étiré au moment


de la pose ; l’élasticité du film assure l’action mécanique de maintien.
L’opération de pose et d’étirage s’effectue à froid ; elle ne nécessite
donc pas un apport d’énergie important comme cela est nécessaire
pour le rétractable.

2.2.3 Machines et appareils

Il existe deux familles de machines pour emballer les charges


palettisées sous film étirable : les machines à rideau et les machines
à rotation de palette.

Figure 8 – Courbe type de relaxation

Figure 9 – Procédés utilisés avec le film étirable

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On peut alors procéder à la rétraction du format avec une cloche 2.2.4 Applications
et à son thermosoudage avec la partie haute de l’emballage latéral ;
on améliore ainsi considérablement le maintien mécanique de En principe, ce sont les mêmes que pour le rétractable, mais, dans
l’emballage et l’étanchéité aux intempéries. la pratique, les deux procédés sont plutôt complémentaires que
Les cadences obtenues sont évidemment réduites par rapport à concurrents. Par exemple, la verrerie reste utilisatrice exclusive du
celles du simple drapage ; néanmoins, elles peuvent atteindre rétractable.
60 palettes à l’heure. Les domaines où l’on trouve le plus d’étirable sont l’alimentaire,
la chimie et de multiples activités comme l’édition, certains
2.2.3.2 Machines à rotation de palette (figures 9b et c) matériaux de construction, etc.
Le principe de ces machines consiste à faire tourner la palette de
façon qu’elle enroule elle-même le film en l’étirant.
Plusieurs couches de film, généralement deux, sont superposées,
d’où l’appellation parfois utilisée d’emballage multicouches. 3. Comparaison et choix
Deux types de banderolages peuvent être réalisés : le banderolage entre films étirable
droit et le banderolage hélicoïdal.
Pour le premier, la largeur du film est égale à la hauteur de la
et rétractable
charge ; pour le second, la bobine de film étroit (500 mm) est placée
sur un chariot animé d’un mouvement vertical de va-et-vient sur
toute la hauteur de la charge pendant que celle-ci tourne. Fondamentalement, les deux procédés prétendent au même
but : protéger et maintenir des charges avec du film plastique ; les
Le film utilisé est mince, c’est-à-dire que son épaisseur est de différences proviennent des comportements des films et des mises
l’ordre de 30 µm, ce qui permet un étirage facile et important ; en œuvre.
celui-ci se produit soit entre la bobine freinée et la palette, soit
entre un système de rouleaux placé entre la bobine et la palette.
On règle le taux d’étirage en réglant le freinage de la bobine ou
celui des rouleaux. 3.1 Aspect technique
Au départ, on attache le film à un plot de la palette ou on le glisse
de force entre deux composants de la charge. À la fin du banderolage,
le film est soudé ou collé et coupé. Le plus commode est évidemment Le rétractable enserre bien le produit sans exercer de force
de disposer d’un film autocollant ou adhésif, propriété qui, de plus, notable sur lui, alors qu’en étirable le produit supporte des forces
assure une excellente homogénéité de l’emballage, constitué, qui peuvent être considérables. Un emballage rétractable s’oppose
rappelons-le, de plusieurs couches. aux déformations se traduisant par des augmentations de volume
de produit mais ne suit pas les diminutions de dimensions alors
Ces machines existent en versions semi-automatique et automa- que l’étirable accompagne les deux variations. Dans les limites du
tique. Dans le premier cas, elles sont servies par un opérateur qui vieillissement du polyéthylène, un rétractable conserve bien ses
assure la fixation initiale du film, le déclenchement du cycle, la caractéristiques, alors que les forces de serrage de l’étirable sont
fixation finale du film et sa coupe et le changement de bobine. plus sensibles à la température. En rétractable, l’emploi d’une
Certaines machines sont équipées d’un presseur qui assure le housse à soufflets procure naturellement un toit à l’emballage, ce
maintien de la charge sans déformation pendant le banderolage. qui est parfois nécessaire pour la protection et toujours utile pour
Les avantages du procédé sont importants : la résistance de l’emballage.
— possibilité d’une grande plage d’étirages, jusqu’à 35 % voire Le tableau 2 résume les caractéristiques techniques des deux
davantage en hélicoïdal, permettant de disposer de forces de types d’emballage.
maintien bien adaptées au produit de la charge ;
— économie de film, d’autant plus grande que le taux d’étirage
est plus élevé, mais on est limité par les performances du film dans
ce domaine et par la résistance mécanique du produit ; 3.2 Aspect économique
— adaptation du nombre de couches à la résistance de l’embal-
lage recherchée, et même, en hélicoïdal, renfort de l’emballage où
cela est nécessaire. En tenant compte de tous les facteurs : amortissement du matériel,
coût du film, coût de la main-d’œuvre, entretien, énergie, l’avantage
De plus, comme pour les machines à rideau, le film s’applique
est, dans tous les cas, à l’étirable, en particulier pour la gamme des
sans apport notable d’énergie.
cadences correspondant à des installations semi-automatiques
Enfin, il faut noter que les machines à banderolage droit acceptent (tableau 3).
naturellement les variations de format des palettes et, les machines
à banderolage hélicoïdal, les variations de format et de hauteur ; ce
sont des machines universelles. Cette propriété est à comprendre
dans les limites dimensionnelles des machines, bien entendu. 3.3 Conclusion
L’emballage réalisé avec ces machines peut être complété par la
dépose d’un toit soit manuellement, soit automatiquement. On
peut donc réaliser un emballage complet. L’étirable étant plus économique que le rétractable sans imposer
d’impératifs énergétiques, il est naturel de songer d’abord à cette
Manutention : ces deux types de machines peuvent travailler d’une solution, mais l’examen des caractéristiques techniques du pro-
façon isolée, mais elles peuvent aussi être installées en bout de ligne blème peut conduire finalement au rétractable, par exemple si la
de production avec des tables de manutention appropriées. Ainsi, résistance du produit ou de son contenant à l’écrasement se révèle
les charges à emballer sont prises en compte et déplacées de bout insuffisante en étirable, ou si le produit présente des aspérités
en bout du dispositif suivant une séquence programmée et coupantes (cas de certains produits en terre cuite).
automatique.
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EMBALLAGE DES CHARGES PALETTISÉES SOUS FILM PLASTIQUE _______________________________________________________________________________

Tableau 2 – Comparaison des films étirable et rétractable


Paramètres techniques Rétractable Étirable
Caractéristique du produit Accepte toutes les formes, y compris celles qui Accepte bien :
à emballer sont irrégulières, même avec des arêtes vives et — les formes régulières et même certaines formes
des pointes. irrégulières avec des films très étirables ;
— les produits sensibles à la chaleur, l’opération
se faisant à froid.
Emballage du produit Tous contenants n’adhérant pas au polyéthylène Tous contenants de résistance à l’écrasement suffisant,
ramolli par la chaleur (collage). y compris ceux qui colleraient à du polyéthylène
ramolli.
Cadence De 2 à 80 palettes à l’heure. De 15 à 80 palettes à l’heure.
Implantation
— surface au sol De 16 à 40 m2. D’une façon générale, nettement plus réduite qu’en
rétractable.
— énergie De 70 à 120 kW plus air comprimé en automa- Pas de raccordement thermique, les puissances
tique. installées sont petites : 1,5 à 8,5 kW plus air comprimé
en automatique.

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Tableau 3 – Comparaison économique de l’utilisation
des films étirables et des films rétractables
aux conditions de 1980
Étirable Rétractable
Éléments de coût (F/palette) (F/palette)

Installation semi-automatique
amortissement 0,81 1,48
film 5,94 6,84
main-d’œuvre 6,50 6,50
entretien 0 0,06
énergie 0 0,31
total 13,25 15,19
Installation automatique
amortissement 0,33 0,37
film 4,90 8,25
main-d’œuvre 0 0
entretien 0,039 0,043
énergie 0 0,352
total 5,27 9,01

Parfois, le cas est litigieux et ne sera tranché que par des résultats
d’essais ou une spécification particulière. Il faut également avoir
présent à l’esprit que les machines de film étirable sont utilisables
pour poser du film rétractable ou du film barrière thermique pour
l’anticollage. Il existe donc une très large gamme de solutions
étirables, rétractables et mixtes qui permet de s’adapter d’une façon
optimale au problème posé.

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