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Faculté de Mohammedia

Licence Fondamentale Droit Français

S1
Introduction aux Relations Internationales
IRI
Cours
Faculté Mohammedia 2017 / 2018 LF Droit français S1
Introduction aux Relations Internationales Souad Rajeb
Plan

1. Les relations internationales : Précision conceptuelle


1.1. Sens étymologique et usuel
1.2. Sens terminologique
2. L’évolution historique
2.1. Genèse pré-étatique
2.2. Avènement post-étatique
3. Les théories
3.1. L'idéalisme politique
3.2. Le réalisme
3.3. Le néoréalisme ou le structuralisme
3.4. Le néolibéralisme
4. Les acteurs des relations internationales : L’État
4.1 L'acteur Etatique
4.1.1. L’État -Nation
4.1.2. L’État
4.1.2.1. Eléments matériels
4.1.2.1.1. Le Territoire
4.1.2.1.1.1. Le Territoire terrestre
4.1.2.1.1.2. Le Territoire maritime
4.1.2.1.1.3. Le Territoire aérien
4.1.2.1.2. La population
4.1.2.1.2.1. Les nationaux
4.1.2.1.2.2. Les non-nationaux
4.1.2.1.3. Le pouvoir politique
4.1.2.1.3.1. L'Effectivité du pouvoir politique
4.1.2.1.3.2. L’inexistence d’une forme unique d'organisation politique
4.1.2.2. La reconnaissance comme élément politique de l’État
4.1.2.2.1. Définition et effets de la reconnaissance de l'État
4.1.2.2.2. Les formes de la reconnaissance de l'Etat
4.1.2.3. Attributs juridiques
4.1.2.3.1. Personnalité
4.1.2.3.2. Souveraineté

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Cours Magistral

1. Les relations internationales : Précision conceptuelle


Le ternie Relations Internationales est relativement récent, inventé par Bentham à la fin du XVIIIe siècle.
Au sens étymologique, il désigne les rapports entre nations. Dans le passé, les frontières des Etats coïncidaient avec celles des nations (Etats-Nations). Aujourd’hui, le
concept de nation apparaît extrêmement polysémique : tantôt il coïncide avec la seule expression juridique susceptible de l'incarner. c'est-à-dire avec l'État ; tantôt il
préexiste à la formation d'un État (exemple de la nation allemande ou avant la réalisation de l'unité) ; tantôt il recouvre et englobe une série d'entités étatiques qui
revendiquent plus ou moins explicitement le même héritage et la même vocation (exemple de la « nation arabe ») ; tantôt il désigne deux ou plusieurs entités qui sont
placées, au moins momentanément_ sous le contrôle d'une autorité étatique unique (exemple de la Tchécoslovaquie jusqu'en 1992).
Au sens terminologique, le terme Relations Internationales a une double acception : Il désigne à la fois un ensemble de phénomènes et la discipline qui s'efforce de les
appréhender. Aujourd'hui, Les relations internationales sont reconnues comme une discipline autonome par les programmes universitaires. Ils constituent une discipline du
domaine des sciences politiques et se centrent sur les relations parmi les États et entre les États et d'autres institutions appartenant au système international. Il s'agit d'un
domaine interdisciplinaire où s’agrègent la politique, le droit, l'économie et l'histoire, par exemple.

2. L'évolution historique
Pendant des siècles, les relations internationales n'ont été, sauf quelques rares exceptions, que des relations de voisinage qui s'inscrivaient dans le cadre d'une région plus
ou moins vaste. Les ensembles régionaux passaient d'une domination à l'autre au cours du temps et étendaient plus ou moins loin leur puissance, mais ne communiquaient
pratiquement pas entre eux. Tout au plus s'efforçaient-ils de tenir à distance un adversaire immédiat réputé dangereux ; le plus souvent, ils ignoraient même l'existence
d'autres ensembles régionaux, trop lointains. Les grandes invasions, les conquêtes musulmanes et plus tard, les croisades provoquèrent de vastes brassages de populations
et contribuèrent à briser ce compartimentage.
Les rapports internationaux sont longtemps restés épisodiques (les ambassades permanentes ne datent que du XVIe siècle) et limités à des manifestations guerrières ou
protocolaires. Jusqu'à la Première Guerre Mondiale, la politique internationale avait lieu essentiellement par le biais de la diplomatie. Suite à ce conflit, une nouvelle
perspective des relations Internationales est survenue dans le but de trouver des manières systématiques pour pouvoir prévenir tout évènement lié aux guerres.
La Société Des Nation, fondée en 1919, n'atteindra pas l'universalité, et la conférence de San Francisco, qui devrait adopter en 1945 la Charte des Nations Unies, censée
atteindre ce titre ne réunira pas plus de cinquante États. L'universalité des relations internationales est donc un phénomène très récent, à l'échelle de l'histoire humaine.
On assiste alors à l'intensification et la diversification des relations mettant en exerce la distinction traditionnelle entre politique intérieure et politique extérieure.
Les relations internationales ne sont plus une activité isolée exclusivement préoccupée par la sécurité. La préoccupation sécuritaire est désormais associée à la quête
d'autres objectifs exigeant un effort collectif de coopération ou de solidarité. D'où, la naissance et la prolifération des institutions permanentes dans tous les domaines
renforçant ainsi le réseau des relations diplomatiques. Les relations internationales se complexifient, au gré, de ces transformations donnant naissance à des doctrines
systématiques ou à des interprétations déterministes tendant à privilégier tel ou tel des acteurs ou facteurs.

3. Les théories
Il existe plusieurs théories au sein des Relations Internationales.
L'idéalisme politique, dont le promoteur fut Woodrow Wilson, selon lequel la nature humaine est altruiste et les personnes sont capables de s'entraider et de collaborer les
unes avec les autres.
Le réalisme politique, par contre, s'est développé tout en percevant l'histoire comme le résultat de la nature de l'être humain du fait de convoiter le pouvoir et de souhaiter
la domination des autres. Autrement dit, on ne peut pas éradiquer l'instinct par le pouvoir.
Pour les adeptes de l'école classique, qui s'est imposée en Europe depuis Hobbes jusqu'à Raymond Aron, le fait majeur demeure le découpage de l'espace en collectivités
indépendantes et souveraines, habilitées en cas de besoin à se faire justice à elles-mêmes.
Cette vision des choses conduit à réserver à l'État le rôle de l'acteur essentiel et à considérer comme secondaires les manifestations de l'activité internationale qui ne sont
pas directement contrôlées par les gouvernements ; elle met aussi l'accent sur la persistance des rapports de force et sur la menace, permanente, que constitue le recours à la
guerre. Le réalisme qui préside à cette lecture des phénomènes internationaux peut sans doute trouver beaucoup d'arguments dans la pratique contemporaine. Il conduit
cependant à négliger le rôle de plus en plus important joué sur la scène internationale par des acteurs non étatiques, comme les firmes multinationales, les organisations
internationales, les internationales confessionnelles ou les organisations non-gouvernementales. Il rend compte, d'une manière satisfaisante, des phénomènes de tension et
des accès de violence qui traversent fort souvent le cours des relations internationales ; mais il sous-estime l'intérêt des phénomènes de solidarité aussi bien que l'irruption
des passions collectives qui introduisent dans le cours des affaires des éléments qui échappent à toute rationalité.
Le néoréalisme structurel considère qu'il est possible de se servir de la guerre pour parvenir à la paix, d'où le concept de guerre préventive.
Le néolibéralisme, pour sa part, minimise le rôle de l’État et trouve que les relations internationales devraient être réglées par les organisations internationales et les ONG.

4. Les acteurs des relations internationales : L’État

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L'entrée dans le 21e siècle s'est faite parallèlement à un mouvement d'intensification des relations internationales, tendance qui a contribué à compliquer le décryptage de
l'actualité mondiale et de ses rouages. Dans le même temps, le système international est devenu plus difficile à appréhender.
Divers facteurs, politiques (avec la chute du mur de Berlin, un ordre mondial, difficile à qualifier : post-bipolaire, multi ou interpolaire, multilatéral. s'est installé),
économiques (l'économie mondiale a elle aussi évolué de manière sensible, et les notions de mondialisation. pays émergents et toutes notions corollaires traduisent une
complexité à la hauteur de la densité des échanges économiques et commerciaux internationaux.) et géopolitiques (depuis 2001, apparition des enjeux sécuritaires et
politiques inédits et protéiformes et pour des acteurs toujours plus nombreux) mettent en exergue la complexité du système mondial.
4.1 L'acteur Etatique
L'histoire moderne du droit international commence en 1648, à la fin de la guerre de Trente ans, à ce moment, est défini l'Etat comme une entité organisée, à l'intérieur de
laquelle quelqu'un possède le pouvoir suprême, la souveraineté. Un Etat non souverain n'est pas du tout un Etat pour les rédacteurs de la paix de Westphalie. Rapidement,
dans les décennies à suivre, on va élaborer la théorie sur laquelle un Etat mérite la qualité d'Etat lorsqu'il possède ce pouvoir suprême, mais également une population plus
ou moins stable, un territoire plus ou moins défini.
4.1.1. L’État -Nation
Ce modèle s'est constitué dans la postérité de la Révolution Française.
Il est dominant en Europe et en Asie il a été consacré au XIX e siècle avec le traité de Versailles. On distingue deux conceptions :
Française qui met l'accent sur des facteurs subjectifs tel que le caractère volontariste de l'appartenance à une nation. Elle donne à l'État un rôle de matrice, constitutif de la
Nation.
Germanique qui met l'accent sur des facteurs objectifs (langue, culture commune, ancêtre). Ce n'est pas la nationalité comme choix individuel, mais « nationalité de destin ».
La Nation existe indépendamment et antérieurement à l'État. La division de l'Allemagne n'a pas empêché le maintien de l'unité de la Nation. Dans un premier temps, la
conception française a été dominante, mais plus aujourd'hui, cela explique une revendication ethnique. Exemple des basques, les Catalans qui demandent l'indépendance.
4.1.2. L’État
Si l’État est souvent confondu avec son organisation institutionnelle (« machine étatique ») sa définition juridique est plus large et plus complexe : il s'agit d’une forme
particulière de collectivité sociale, juridiquement organisée. On distinguera donc ses éléments matériels, son élément politique et ses attributs juridiques.
4.1.2.1. Eléments matériels
Trois éléments sont constitutifs de : territoire, population et pouvoir organisé :
4.1.2.1.1. Le Territoire
Le Territoire est le champ d'application géographique du pouvoir : problème de l'étendue (Micro-états), problème de l'environnement (Insulaire, enclavé...) et problème des
frontières. Aujourd'hui, il n'existe plus de territoires sans maîtres et qu'on pourrait s'approprier. L’Etat est le seul à avoir des compétences territoriales souveraines. Le
territoire comporte de nos jours 3 volets : Territoire terrestre, Espace maritime et Espace aérien. Le principal est le volet terrestre.
4.1.2.1.1.1. Le Territoire terrestre
Il est constitué d'espaces solides et d'espaces fluides. Un Etat doit pour exister pouvoir occuper une certaine partie de la surface émergée de la planète terre. Le territoire
terrestre comprend :
Parties émergées ; Il comprend l'ensemble des terres émergées, y compris les lacs, fleuves et mers intérieures. Certaines terres émergées sont internationalisées : Dantzig
jusqu'en 1939, Tanger jusqu'en 1956, l'Antarctique depuis le 1er décembre1959. La remontée de plus en plus rapide du niveau de la mer, menace le territoire d'un certain
nombre d'états. Les Maldives, Etat archipélagique, sont menacées de disparition, car dans aucun de ces îlots, on ne trouve de hauteur supérieure A 4 ou 5 mètres.
Zones intérieures ; fleuves, les lacs, les ports, les haies historiques, les eaux intérieures. Ce territoire terrestre est en principe l'fermé par les frontières, une ligne continue
qui marque la limite de sa souveraineté.
Sur le territoire terrestre, les Etats exercent une pleine et entière souveraineté, sauf pour les limitations résultant d'engagements acceptés par voie de traité.
L'Etat est le plus grand au monde, est la Russie. Un tel territoire peut être une bénédiction, puisque de nombreuses richesses peuvent y être trouvées. Avec le
renchérissement des matières premières, la Russie est en train de revenir une grande puissance économique, Mais cet immense territoire, souvent inhospitalier, trop froid la
plupart de l'année, n'est presque pas habité. I 'immense majorité de la population réside dans lit région européenne, à l'ouest de l'Oural.
Autre exemple, le Canada, deuxième plus grand Etat du monde avec d'énormes ressources minérales, la population réside dans une bande du territoire, étroite près de la
frontière avec les Etats-Unis. La quasi-totalité du territoire est inhabité. Un état peut continuer d'exister même si son territoire est diminué. Exemple l'Etat de la principauté
de Monaco dans les années 1960 perd les 9 dixièmes de son territoire.
Un état sans son territoire n'est plus un Etat. Le territoire est une question existentielle pour l'Etat.
Un Etat peut vendre à un autre Etat une partie de son territoire. Par le passé cela pouvait se faire fréquemment, exemple l'Alaska est devenu un territoire américain car la
Russie l'a vendu, autre exemple Napoléon a vendu la Louisiane aux USA en 1804. Mais il peut y avoir acquisition de territoire sans contrepartie financière, exemple le
Paraguay qui a perdu la guerre a dû céder une partie de son territoire. De nos jours la charte des Nations Unies interdit le recours à la force armée. Donc on ne peut plus
concevoir des conquêtes militaires suivie d'une annexion du territoire conquis par l'Etat vainqueur.
Frontières ; Le début du XXIe siècle n'est pas marqué par une disparition des frontières, mais bien davantage par leur multiplication et leur renforcement. Multiplication, car
la disparition du bloc soviétique s'est traduite par des revendications de minorités soudées par une langue, une religion, voire des Etats, frustrations communes, et

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désireuses de se constituer en Etat. Certaines y sont parvenues comme au Kosovo, d'autres, sont à l'origine de conflits parfois violents comme en Tchétchénie, en Abkhazie
ou en Ossétie du Sud. Renforcement des frontières aussi, car les Etats ont été confrontés à des facettes négatives de la mondialisation. L'immigration clandestine comme la
menace terroriste ont incité les autorités publiques à renforcer leurs prérogatives et les contrôles des frontières. La crise financière et économique a également suscité un
interventionnisme nouveau, par le contrôle du secteur bancaire et la mise en œuvre de plans de relance. Non seulement l'institution étatique n'est pas actuellement remise
en cause, mais elle est même considérée comme une solution à bien des problèmes. C'est ainsi que la défaillance des Etats constitue une menace pour la sécurité
internationale, comme en témoigne le développement de la piraterie dans le Golfe d'Aden, par exemple.
4.1.2.1.1.2. Le Territoire maritime
La diversité et l'inégalité sont considérables, c'est vrai sur le plan maritime, il y a une cinquantaine d'États enclavés (Suisse, Afghanistan, Paraguay), des Etats avec la mer sur
les côtes (France) et des États archipélagiques constitués d'un ensemble d'îles (Japon, Grèce). Avant le XIXe siècle, c'est le principe de la mer libre qui régit le droit
international. Les Etats ne pouvaient exercer leur souveraineté sur une quelconque partie de la mer, tous les océans et mers étaient libres. Depuis, la convention de
Montego Bay (Jamaïque) de 1982, le territoire maritime recouvre : Les eaux intérieures, La mer territoriale, Le plateau continental. La ZEE (zone économique exclusive) eau
au-dessus du plateau continental et La haute mer. L'Etat côtier n’exerce pas les mêmes droits dans toutes ces zones,
Les eaux intérieures ; Les eaux intérieures suivant les configurations géographiques peuvent être d'étendue variable. La souveraineté de l'Etat dans les eaux intérieures
n'est pas limitée, exemple : les eaux des ports sont des eaux intérieures, l‘Etat côtier trace une ligne de fermeture du port entre les installations portuaires permanentes qui
vont le plus loin vers la mer et toutes les autres qui se trouvent en deca de cette ligne sont des eaux intérieures. Autre exemple : certaines baies, golfs. Toutes ces lignes-là
sont appelées de base,
La mer territoriale ; C'est une bande de mer adjacente aux côtes, dont la largeur est généralement de 12 miles marins. (≈ 20 km). L'Etat côtier peut tracer à l'entrée de la
baie une ligne de fermeture qui sera une ligne de base. Les eaux en deçà de cette ligne de base sont des eaux intérieures et c'est à partir de cette ligne de base que sont
mesurés les 12 miles de la mer territoriale. Il comprend : La colonne d'eau, le sol, le sous-sol de la mer, l'espace aérien, situé au-dessus de la mer. Sur cette zone la
souveraineté est pleine et entière ; elle n'est limitée que par le droit de passages inoffensifs dont bénéficient les navires étrangers (navires marchands et navire militaire).
Ces derniers circulent soit pour gagner un port, mais ils n'ont pas de droit de pénétrer dans le port. Le port fait partie des zones intérieures et relève donc du territoire
terrestre d'un Etat.
Le plateau continental ; Cette notion est apparue en 1945, avec la proclamation du Président Truman qui a affirmé le droit des États-Unis sur le socle continental adjacent
aux côtés de l'État. Les USA rendent effective, leur souveraineté, depuis, l'exploitation exclusive, sur le plateau continental.
En 1982, la convention de Montego Bay la définit comme le prolongement du territoire terrestre sous la mer. Au-delà de la mer territoriale, le plateau continental, s'étend
jusqu'à une distance de 200 miles marins. Globalement. Il comprend le fond et le sous-sol des mers. Le plateau continental n'est pas soumis à la souveraineté de l'Etat côtier.
Sa souveraineté se réduit à l'exploitation de certaines ressources naturelles : minérale, énergétique (liquides. gazeuses. solides) et biologiques (qui ont un contact
permanent avec le sol ou le sous-sol du fonds marin.). Le pouvoir de l'Etat côtier en ce qui concerne les ressources biologiques est minime (les ressources biologiques, les
plus utiles à l'homme -le poisson- n'ont pas un contact permanent avec le sol). Sur le plateau continental, l'Etat n'est pas véritablement souverain ; il doit laisser passer les
câbles, tubes, pipelines... sur le plateau sans autorisations. Il a des droits souverains pour : l'exploitation, l'exploration, la protection des ressources. Ce sont des zones
patrimoniales, de souverainetés économiques avec un droit de transit reconnu. Le plateau continental est quand même synonyme de richesse, de grands développements
économiques. La Norvège a pu devenir en 3 décennies l'État européen le plus riche grâce aux richesses de son plateau.
La ZEE (Zone Économique Exclusive) ; En 1983, dans la convention de Montego Bay, est apparue la notion de ZEE (Zone Économique Exclusive). Il s'agissait de trouver un
compromis pour les incidents de pêche (3 Etats latino-américains : le Chili, le Pérou et l’Équateur vont défier le droit international en établissant au large de leur côtes des
zones de pêche exclusives). Tous les Etats côtiers peuvent avoir une zone économique exclusive qui s'étend jusqu'à 200 miles marins au-delà des côtes et 188 miles marins
au-delà de la mer territoriale. Elle concerne la colonne d'eau qui est au-dessus du plateau continental. Elle diffère juridiquement du plateau continental dans le sens où ce
dernier est attribué de plein droit tandis que la ZEE est facultative. Pour posséder une ZEE, il faut une proclamation exclusive. Le droit qu'un État exerce sur la ZEE est le
même que celui qu'il exerce sur le plateau continental : la protection, l'exploitation, la mise en valeur, les ressources naturelles et biologiques.
La Haute mer ; Au-delà de ces espaces, commence la haute mer, c'est un espace libre qui appartient à aucun État. Les Etats vont exercer toute sorte d'activités ne
contraignant pas le droit international (les exercices navals). La haute mer est un espace qui est ouvert à la libre compétition, et à un ensemble de libertés, dont la liberté de
navigation de pêche, de survol.
4.1.2.1.1.3. Le Territoire aérien
C'est une colonne atmosphérique qui surplombe le territoire terrestre et la mer territoriale.
La convention de paris de 1919 et celle de Chicago du 7 décembre 1944 ont créé l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (une institution spécialisée de l’ONU) et
prévoient que la souveraineté de l'État riverain empêche la pénétration de l'espace aérien par un aéronef étranger sauf autorisation.
Mais, il existe des assouplissements à ce principe, notamment avec la reconnaissance des « libertés de l’air » qui prévoient que les aéronefs civils ont un droit de survol et un
droit d’escale technique.
Le problème vient de la délimitation exacte de cet espace. Ce problème s'est posé au début du XXe siècle les aviations militaires avec le développement des aviations
militaires sous la Première Guerre mondiale, il fallait une protection territoriale. On considérait fictivement que cette souveraineté s'étendait jusqu'aux étoiles, à l’infini dans
l’espace « usque ad sidera ».

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Pour le traité de l’espace du 27 janvier 1967, l'espace extra atmosphérique est libre, détaché de la souveraineté de l'État riverain mais aucune solution n'a été retenue pour
l’espace extra atmosphérique.
Le premier critère : La ligne Von Karman coïncide avec la limite supérieure du déplacement aérodynamique soit une centaine de kilomètres au-dessus du niveau de la mer.
D’autres critères : Limite de la gravité terrestre, altitude de Périgée des satellites (160 kms).
La souveraineté de l’État s’étend donc à l'espace aérien au-dessus de l'espace terrestre, mais aussi de l’espace maritime (seulement la mer territoriale)
Le traité de l’Espace de 1967 est très bref, il ne pose que des principes et il est pleinement accepté
4.1.2.1.2. La population
Une double approche, démographique et culturelle pose le problème de la Nation et de ses définitions. Le poids des idéologies pèse dans la définition ; le poids de l’histoire
dans la construction de la communauté nationale. D’où le concept de État-nation.
Il n'y a pas d’État sans population.
L’appartenance à la population d'un Etat donné résulte de l'existence d'un lien juridique de rattachement entre une personne physique et un Etat : C’est la nationalité.
4.1.2.1.2.1. Les nationaux
Son attribution peut être originaire et est alors fondée sur le Jus Sanginis (droit du sang), sur le Jus Solis (droit du sol), ou sur une combinaison des deux. Mais, il peut aussi
faire l'objet d'une acquisition : substitution d'un état à un autre, mariage, adoption, naturalisation.
Le Droit international en principe n'intervient pas en matière de conditions de perte ou d'acquisition de la nationalité. Cette attribution est discrétionnaire, c'est une des
prérogatives de l'État. C'est l'État qui va définir le système d'attribution sur une base de la politique de la nécessité qu'il détermine
Cela sera fonction de son attitude face à l’émigration et à l’immigration.
En droit comparé, on constate qu’il y a depuis toujours deux modèles juridiques : le droit du sang et le droit du sol.
Le droit du sang ; lie l'attribution de la nationalité à celle des parents.
Ce système peut être complexe lorsque les parents ont des nationalités différentes. Il est difficile pour une personne d’acquérir la nationalité de cet Etat sauf si les parents de
cette personne avait déjà la nationalité. La nationalité se transmet par la naissance. Cela signifie que dans un tel Etat prévaut une conception étroite de la nationalité.
Ce système ne signifie pas une préférence ethnique mais simplement, on préfère que la nationalité se transmette de génération en génération.
L'Allemagne est très adepte du droit du sang. Il est difficile d'acquérir la nationalité d'un Etat partisan du droit du sang.
Le droit du sol ; Tout enfant né sur le territoire ou suivant immatriculation bateau ou avion, d'un État possède sa nationalité.
Une législation basée sur le droit du sol signifie politiquement que cet Etat veut attirer des populations venant d'ailleurs et encourager l’immigration et l’assimilation.
La population ne cesse d'augmenter dans un Etat qui est une puissance économique. Lorsqu'un Etat est adepte de la théorie du droit du sol il n’est pas un ennemi de la
théorie du droit du sang.
On peut devenir national par la naturalisation qui le plus souvent suppose un changement de la nationalité. Dans la ville de Vancouver (Canada), une personne sur 4 n'est
pas née sur le sol canadien.
Le droit International a fini par intervenir dans ce domaine modestement mais quand même assez clairement. Pour que la nationalisation ait une valeur juridique, la CIJ
demande qu'il y ait un lien effectif : arrêt Nottebohn de 1955. Nottebohn, citoyen allemand vivant au Guatemala demande la nationalité du Liechtenstein de peur que
l'Allemagne et le Guatemala n'entrent en guerre (la 2ème Guerre Mondiale). La nationalité lui est accordée, mais ses biens ont été saisis pendant la guerre et il a été interné : il
a demandé la protection diplomatique du Liechtenstein qui lui a accordé, mais le Guatemala l'a contesté et la nationalité était une fiction. La CIJ a donné raison au
Guatemala, car Nottebohn n'a pas de lien effectif avec le Liechtenstein.
Conséquences de l'appartenance à la population de l'Etat ; sur le territoire national : l’Etat a le droit de légiférer sur les nationaux, qui font bénéficier de droits plus ou
moins important. Ils vont aussi être soumis à des obligations.
En dehors du territoire national, un national peut demander à bénéficier de la protection diplomatique s'il est victime à l’étranger d'actes dommageables. L'exercice de cette
protection est discrétionnaire.
La nationalité peut faire l'objet d'une perte, car la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 dispose seulement que « nul ne peut être privé de sa nationalité » :
La perte peut donc être imposée.
4.1.2.1.2.2. Les non-nationaux ;
Les étrangers ce sont qui sont dotés de la nationalité d'un autre État, alors que les apatrides ne possèdent aucune.
Exemple : les Bolcheviks ont privé de la nationalité russe les russes blancs qui avaient pris les armes contre la révolution bolchévique.
Cela peut résulter : de l'application mécanique du système de la nationalité, d'une déchéance par exemple pour haute trahison, ou d'États qui disparaissent.
Une fois que l’étranger se trouve sur le territoire, on impose à l'État certains standards : l'étranger ne doit pas être discriminé, les mêmes droits que les nationaux, soit un
standard minimum (pas exercice des droits civiques).
Les réfugiés sont une catégorie particulière, spécialement protégée ; ne peuvent pas être expulsés. Ce sont-des situations individuelles mais de plus en plus collectives qui
résultent de conflits politiques, catastrophes naturelles... Il existe une institution internationale : Haut-Commissariat aux Réfugiés (UNHCR) qui met en œuvre des
mécanismes de protection, il gère assistance alimentaire, éducation, hygiène des camps de réfugiés.
En contrepartie, les réfugiés doivent avoir un devoir de réserve afin de ne pas nuire à la sécurité de l'État dans lequel il se trouve.

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4.1.2.1.3. Le pouvoir politique
La formation de l'Etat suppose le dépassement des formes purement personnelles du pouvoir. On aboutit au pouvoir institutionnalisé. Quant au pouvoir consenti, il pose
des problèmes de légitimité. Sans le pouvoir politique, il ne peut y avoir d'Etat.
4.1.2.1.3.1. L'Effectivité du pouvoir politique
Ce pouvoir politique doit s'exercer sur toute la population et sur tout le territoire étatique.
D'ailleurs peuvent uniquement devenir membres des nations unies, des entités, des états capables de remplir leurs obligations assumées en vertu de la Charte des Nations
Unies. Se pose donc la question de l'effectivité du pouvoir gouvernemental. Dans les Etats faillis, les gouvernements n'exercent pas réellement leur effectivité sur les
territoires nationaux. En Somalie, il n'y a pas de gouvernement qui contrôle la population et le territoire. Ne pourrait donc pas dire que la Somalie a cessé d'exister en tant
qu’Etat ? Les talibans n'étaient-pas le gouvernement de l'Afghanistan alors qu'ils contrôlaient 90% du pays ?
Certains États du monde sont réticents pour reconnaitre la disparition d’un État du point de vue juridique alors que c'était n’a plus depuis longtemps de pouvoir effectif.
4.1.2.1.3.2. L’inexistence d’une forme unique d'organisation politique
Le principe de la liberté d'organisation interne de l'État découle de la souveraineté et de l'indépendance de l'État, résolution 2625 XXV adoptée en 1970, pour le 25ème
anniversaire de l'ONU à « Tout État a le droit de bien choisir son système politique, économique, social, et culturel sans aucune forme d'ingérence de la part d'un autre
État ».
En dépit de cette diversité, il existe des modèles économiques et institutionnels, régimes parlementaires, présidentiels qui révèlent une entité conceptuelle.
Cependant, les différences l'emportent toujours sur les similitudes.
Aujourd’hui, tout de même, la pluparts des États se réclament démocratiques.
4.1.2.2. La reconnaissance comme élément politique de l’État
4.1.2.2.1. Définition et effets de la reconnaissance de l'État
La reconnaissance est l’acte par lequel un Etat existant dans la communauté internationale constate et accepte officiellement l'existence d'un nouvel état. Il s’agit d’un acte
juridique unilatéral par lequel an Etat atteste l'existence à son égard d'une situation de fait et s’engage tirer les conséquences que le droit attache à cette existence droit au
profit de son auteur m'aimait à sa charge des obligations. Un Etat qui a reconnu ne pas revenir sur sa position dans la mesure où d'autres états en pu se fier à son
comportement.
Pour les tenants de la théorie constitutive ; La reconnaissance a pour objet et pour effet de créer légalement la situation reconnue. Elle donne un statut légal à ce qui
resterait sans elle un pur fait
Pour les tenants de la théorie déclarative ; La reconnaissance n'a d'autre objet que de constater l'existence d'un fait, qui porte en lui ses vertus légales.
La liberté de reconnaitre ; La reconnaissance devrait être une institution légale obéissant à des conditions de fond. En pratique, les Etats décident dans chaque situation
s’ils vont ou non reconnaître un état. L’Etat qui reconnaît, obéit à des mobiles politiques d'opportunités plus qu’à des mobile juridiques.
Les effets de la reconnaissance ; Elle n’affecte pas la situation objective de la collectivité en cause. L'effet politique est incontestable, car la situation d'un Etat est d'autant
plus assise qu'il est reconnu par un grand nombre d'Etat. Les effets légaux de la reconnaissance sont nuls ou inexistants, car la collectivité qui remplit les conditions
nécessaires à la qualité d'Etat jouit de tous les droits et attributs attachés à cette qualité d'Etat.
Elle modifie la situation subjective de l'Etat. La reconnaissance tire l'Etat de l'existence purement introvertie qu'il menait avant pour le faire entrer en relation avec les Etats
qui le reconnaissent. Seuls les Etats reconnus peuvent mener une vie internationale complète.
4.1.2.2.2. Les formes de la reconnaissance de l'Etat
Reconnaissance expresse ; Par un acte spécial qui fait mention de la reconnaissance et de son application à un Etat. Un message de félicitations adressé par un chef d'Etat à
un gouvernement provisoire constitue une forme moins solennelle de reconnaissance expresse.
Reconnaissance tacite ou implicite ; Elle résulte des relations qu'entretiennent certains Etats. Les relations qui supposent que l'Etat existant a entendu traiter son
partenaire comme un Etat. Cette pratique est peu cohérente, ainsi depuis 1978, les USA entretiennent des « relations privées » avec Taiwan, alors qu'en 1978, ils ont
reconnu la Chine Populaire ; la réception d'agents consulaires par un Etat est considérée comme une reconnaissance tacite alors que l'envoi d'agents consulaires n'est pas
considéré ainsi : la conclusion d'un traité bilatéral vaut reconnaissance tacite de l'autre signataire, mais pas dans le cadre d'un traité multilatéral.
Reconnaissance individuelle ou collective ; Une reconnaissance individuelle est le fait d'un Etat ; une reconnaissance collective est le fait d'une organisation
internationale, telle que l'ONU.
Reconnaissance de jure ou de facto ; Une reconnaissance de jure se veut définitive, plénière et irrévocable, alors qu'une reconnaissance de facto se veut provisoire et
donc révocable.
4.1.2.3. Attributs juridiques
L'Etat possède deux attributs juridiques : Personnalité et Souveraineté.
4.1.2.3.1. Personnalité
L'Etat est une personne morale de droit public : d'où l'aptitude à exercer des droits, à respecter des obligations, à avoir une responsabilité... Cet attribut est nécessaire mais
non suffisant. La personnalité de l'Etat et l'identité nationale s'expriment par les symboles nationaux de l'Etat drapeau, hymne, icônes ...
4.1.2.3.2. Souveraineté

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L'article 2 de la charte de l'ONU consacre la souveraineté «L'Organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de ses membres ».
Le détenteur de la souveraineté a la compétence de la compétence : le droit inaliénable d'organiser librement toutes ses compétences.
La souveraineté interne ; Caractéristique du pouvoir de l'Etat, c'est l’aptitude suprême à commander. Le pouvoir souverain est le pouvoir originaire (ne dépend d'aucune
autre autorité positive). Le Pouvoir est enfin suprême (ni supérieur, ni égal, ni concurrent). «Le souverain par cela même qu’il est, est toujours tout ce qu'il doit être ».
Rousseau.
La souveraineté internationale ; Elle est située sur un autre registre, elle est un élément du statut international de l'État, elle ne prend son sens que par rapport aux autres
Etats souverains.
L'article 2 paragraphe 1 de la Charte des Nations Unies : « l'organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses membres ». Elle implique que l'État ne
peut être lié que par lui-même sur le plan international. Elle implique, également, que l'État doit assumer les conséquences de ses actes. Ces caractéristiques de l'Etat,
notamment la notion de souveraineté ont sur le plan international deux types de conséquences :
De 1. Comme acteurs de l'ordre international, les Etats sont égaux entre eux, quelle que soit leur puissance respective. Par ailleurs les relations entre Etats sont régies par le
principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.
De 2. Sur le plan procédural, une technique tendant à constater l'existence d'un Etat s'est instaurée : c'est la reconnaissance d'Etat qui soulève de nombreux problèmes en
droit international public. Cet ordre international purement interétatique tend à évoluer dans le cadre du développement des organisations internationales (ONU) voire
supranationales (Union Européenne). Dans cette perspective on assiste - davantage sans doute sur le plan idéologique que sur le plan concret - à une critique de l'Etat,
supposé subir une double influence réductrice. D'une part, sur le plan intérieur, la tendance à la démocratisation conduit à multiplier les centres de pouvoir
(décentralisation administrative, organisations de la société civile et de l'opinion publique...). L'Etat se voit donc concurrencé.
Exemples : Lors du sommet sur le climat de Copenhague, alors que les pourparlers entre Etats s'enlisent, un groupe de régions décide de reprendre la main et de se faire
entendre en créant le R20 (à l'ambassade des Etats Unis par Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie). Ce regroupement est la réunion des 20 plus importantes
régions des cinq continents (parmi lesquelles l’Île de France, le pays basque espagnol, l'Ecosse, le Québec, la Californie, la Région brésilienne de Sao Paulo, celle de Jiangsu
en Chine, ou de Gyeonggi en Corée du Sud.) La volonté est clairement de peser sur les positions internationales des Etats. Le poids des régions est aujourd'hui
incontournable dans les négociations climatiques car elles constituent l'échelon de mise en œuvre de 50 à 70% des mesures environnementales.
La région devient un pôle moteur de coordination de l'action économique, de l'innovation et de la recherche, mais aussi un contrepouvoir ou un régulateur.
C’est d'ailleurs ce qu'il fait avec de nombreux transferts de compétences vers les Régions qui ont vu leur pouvoir renforcé et leurs budgets triplés en moins de 20 ans. Les
conséquences sont considérables et en évolution permanente. Multipliant les relations avec les Régions ou pays étrangers afin de promouvoir la Région, elles développent
une véritable politique économique développement des orientations non concertées au risque d'aller à contre-courant des intérêts généraux, des priorités ou des alliances
de l’Etat.
Les régions sont conduites à exercer un lobbying intensif sur les centres de décision (Bruxelles particulièrement) mais aussi à travers des implantations dans les grandes
capitales ou à travers des voyages ou salons internationaux. Nous voyons là s'établir un pouvoir qui va disposer de ses propres règles, de ses propres intérêts, qui peut
développer des politiques parallèle, ou même antagonistes de la politique voulue par le pouvoir central. D'autre part, sur le plan international, au niveau mondial ou
régional, le souci de structurer la coopération et d'assurer la sécurité tend à réduire les marges de décision des Etats et de limiter leur souveraineté. D'autres révèlent la
résurgence de nouvelles féodalités, de nouveaux acteurs font craindre la résurgence de féodalités : au cas devenu classique des groupes économiques multinationaux, il
faudrait ajouter le développement de nouveaux mercenaires et le risque de privatisation de la guerre.
L’existence de forces militaires distinctes du pouvoir politique apparaît dès la haute antiquité et se développe après la fin de la guerre froide. Il prend alors deux formes bien
distinctes mais qui expriment, l'une et l'autre, un certain déclin de l'état. La première est celle des milices, groupes paramilitaires armés, a finalités idéologiques ou
politiques, visant à l'exercice du pouvoir au sein d'ensemble où l'autorité de l'État a du mal à s'imposer (Liban Afrique Balkans…). La seconde concerne les sociétés militaires
privées qui tendent à exercer des activités relatives à la défense que les grands États, pour diverses raisons, désirent externaliser.
Elles se situent dans trois principaux secteurs, la participation directe au combat, étant en principe exclue : celui de toutes les formes de sécurité / sûreté, celui très diversifié
de la logistique, du soutien opérationnel du renseignement etc. et celui du conseil, ingénierie, formation.

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Partie 2 : L'internationalisation

L'internationalisation porte deux sens pouvant être complémentaires :


Développement des organisations internationales ou intergouvernementales (institutions publiques créées et maîtrisées par les États qui sont essentiellement volontaires,
ONU, OTAN, OUA, UE). Un phénomène de transnationalisation (mouvement plus spontané, provient pas des Etats mais concerne les individus et groupes privés sur le plan
économique, culturel, humanitaire, organisation non gouvernementales ONG).
Définition
Une Organisation Internationale Intergouvernementale (OIG) est une association d'états à vocation permanente établie par accord, (traité interétatique) entre ses membres
et dotée d'un appareil permanent d'organe, chargé de poursuivre la réalisation d'objectifs d'intérêts communs. Elles disposent de leur propre structure et de compétences
d'attributions. Chacune d'elle est encadrée par une charte, un traité constitutif qui est particulier, elles sont subordonnées à un principe de spécialité.
Elles ne vont disposer que d'installations sur le territoire du pays hôte avec un personnel qui provient des États membres et qui ne dispose pas d’une nationalité mais d'une
protection diplomatique, une immunité fonctionnelle. Les OIG se répartissent en différentes classifications : OIG universelles (ONU) ou régionales (UA) ; OIG générales
(ONU) ou spéciales (Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture) ; les OIG économiques (MERCOSUR), militaires (OTAN), politiques. (ONU, UE), ou techniques
(Union Internationale des Télécommunications).
Historique
Les racines remontent au XIXème Siècle. Les premières Organisations sont techniques. Elles visent le développement d'une coopération limitée dans le domaine de la
communication. Elles auront un pouvoir de réglementation et le pouvoir d'aménager les communications fluviales, notamment dans le plus important d'Europe, le Rhin.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, des unions apparaissent ex : Union Télévisuel Internationale (1865), Union Internationale des Communications et Union Postale
Universelle (1878), Union des Chemins de Fer. Au XXe siècle, les organisations politiques apparaissent. Elles ont une compétence large avec une étendue au domaine
politique et de la souveraineté, à la question de sécurité... Elles s'inscrivent dans les tentatives de reconstruction et d'organisation de la paix après 1945. La charte de San
Francisco donne naissance à l'ONU 26 juin 1945 après l'échec de la SDN.
1. Les membres
1.1. Les Etats
Seuls les États peuvent être membres à part entière. On distingue les membres originaires et admis - le plus souvent, ils ont les mêmes droits -.
Membres originaires
Ce sont les États qui ont négocié et conclu le traité, qui ont assuré la création de l'organisation. Exemple, pour l'ONU, 51 États originaires ont participé à la conférence de San
Francisco. Ils en sont les pères-fondateurs, ce sont eux qui ont déterminé la structure, la compétence...
Membres admis
Les membres admis n'ont pas pu peser sur la conception même de l’organisation. La charte constitutive définit la procédure d'admission.
Même pour la charte des Nations Unies à vocation universelle, l'admission est réglée par l'art 4 qui prévoit que « peuvent être admis par une décision de l'Assemblée
Générale sur une recommandation du Conseil de Sécurité, les États pacifiques acceptant les obligations de la charte et au jugement de l'organisation capables de les remplir
et disposé à le faire ». L’Union Européenne et l'OTAN exigent l'unanimité. Dans la pratique on peut voir qu'il est plus difficile de rentrer dans une organisation régionale que
dans une organisation à vocation universelle dont la vocation est de s'ouvrir sur plusieurs État.
1.2. Les autres membres
Les Organisations Internationales ; Il est rare qu'une organisation puisse participer à une autre organisation. Elles ont, le plus souvent, un statut d'observateur. Exemple,
l'Union Européenne est observateur à l'ONU.
Les ONG ; Elles n'ont pas le droit de vote, mais ont un pouvoir important. Elles entretiennent une diplomatie de couloir, en proposant des textes, par exemple.
L'article 71 de la charte prévoit une certaine participation, qu'elles peuvent être consultées sur les questions de leur compétence par le Conseil Économique et Social (CES)
qui est l'un des organes des Nations Unies. La diplomatie non gouvernementale est développée dans les grandes conférences ou assemblées. Exemple, Conférence
d'Ottawa sur les mines anti-personnel suite à une campagne des ONG contre les mines, la Convention de Rome sur la création de la CPI (Cour Pénale Internationale), très
active où certains représentants des ONG occupaient le fauteuil de certains États.
2. Le financement des Organisations Internationales
Généralement, une organisation vote son budget de sorte qu'elle dispose d'une autonomie financière, mais limitée car l'essentiel des ressources provient des États
membres, parfois sous forme de contribution volontaire ou obligatoire.
Pour les dépenses de l'organisation, elles sont librement déterminées et utilisées par l'organisation suivant ces procédures.
Les recettes, elles sont de natures différentes : nature propre de l'organisation (publication, littérature, document, les Nations Unies éditent des timbres par exemple.) La
plupart des recettes viennent des contributions.
Aux Nations Unies, les contributions proviennent des États membres. Il y a une différenciation des contributions à partir d'un critère capacitaire à capacité contributive sur
des critères économiques et financiers.
L'Union Européenne est très originale car elle bénéficie de ressources diversifiées et importantes par rapport aux autres organisations internationales : Elle va bénéficier

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d'un prélèvement obligatoire et direct sur les entreprises, elle bénéficie aussi d'une petite proportion de la TVA et enfin la contribution obligatoire des États membres.
Depuis quelques années, on constate le développement de contributions privées (individu ou entreprise), le risque c'est que cela réoriente les priorités ou méthodes de
gestion. Cela risque d'entraîner une privatisation de certaines activités. Exemple, Ted Turner fondateur de la CNN a offert à l'ONU 1 milliard de dollar versé en 10 ans (dette
des EU à l'ONU).

3. La personnalité juridique internationale de l'Organisation Internationale


L'Organisation dispose d'une personnalité Internationale en devenant sujet du Droit international. La personnalité va lui permettre de se distinguer d'une conférence
diplomatique, de se détacher des États, de mener une action propre (prendre les actes juridiques nécessaire à son activité).
Elle va aussi adopter ses propres actes qui, comme les résolutions du Conseil de Sécurité, peuvent avoir une très grande autorité internationale (obligatoire pour les États). Il
convient de distinguer la personnalité internationale et interne de l'organisation.
La personnalité interne lui permet d'accomplir des actes juridiques (contrat pour s'installer dans un État, contrat pour utiliser les ressortissants de l'État. Exemple, La charte
des Nations Unies (art 104) confère à l'organisation une personnalité dans l'ordre interne de tous les Etats membres (art 104).
Eléments de la personnalité juridique
La Cour Internationale de Justice dans un avis consultatif du 11 avril 1949 « avis du dommage » a précisé que toute organisation avait une personnalité morale
internationale objective, qui s'impose à tous les États, même lorsque celle-ci n'était pas prévue (implicite).
La personnalité de l'organisation est différente de celle des États qui existe objectivement et qui a la plénitude de sa capacité puisqu'il est souverain.
Cette personnalité n'est ni originaire (n'existe pas objectivement) ni plénière (limitée à ses compétences définies par Charte ou pratique). Elle est dérivée car elle découle du
Traité de base et pas plénière car dépend des missions de l'organisation.
Parmi les compétences qu'elles vont normalement exercer, il y a :
* Conclusion des traités, et notamment l'accord de siège qui prévoit l'immunité, condition de séjour, de mobilité du personnel.
* Le pouvoir d'auto réglementation et organisation pour ses organes et peut les opposer aux Etats membres.
* Le pouvoir de légation, elle accrédite et envoie les fonctionnaires. * Elle encourt une responsabilité internationale.

4. Structure des Organisations Internationales


Il n'existe pas de modèle uniforme d'organisation. Chaque organisation a sa propre structure, sa logique institutionnelle. Cela n'empêche pas de distinguer plusieurs types
d'organe qu'on va retrouver fréquemment. On peut illustrer cette diversité et distinguer plusieurs catégories. La pluralité n'est pas nécessaire, une conférence annuelle
suffit, cela rappelle l'origine des organisations qui dérivent des conférences diplomatiques (négociation entre les Etats membres). Très vite on y ajoute un secrétariat, un
organe exécutif et éventuellement un organe de règlement des différends.
4.1. Les organes interétatiques et intégrés
4.1.1. Les organes interétatiques
Ces organes existent dans toutes les organisations, l'État y est représenté par des délégués désignés par le gouvernement et ces délégués (Chef d'État, chef du
gouvernement, ministre des affaires étrangères, parlementaire, syndicaliste, personnalité qualifiée) se prononcent et votent sur instruction. Ils peuvent être rappelés par le
gouvernement. Ils peuvent être permanents (mission diplomatique permanente auprès des Nations Unies) ou occasionnels. Exemple, pour le débat de l’Assemblée
Générale qui a lieu à chaque automne, on envoie une délégation présidée par le ministre des affaires étrangères avec des parlementaires de la majorité et de l'opposition,
des syndicalistes et des personnalités. Parfois on ne sait pas bien quel est le gouvernement qui doit parler pour l'État.
4.1.2. Les organes intégrés
Personnel nommé par les organes de l'organisation, ils agissent en son nom, indépendants des États, disposent de l'immunité. Ce personnel est varié (administrateur, juge,
expert, responsable politique). On distingue entre les organes de décision et les organes d’exécution
4.1.2.1. Organes de décision
Ils sont maîtres de leur action mais n'ont pas forcément le dernier mot. On distingue :
Les organes politico administratifs ; Ils peuvent être unipersonnels (Secrétaire Général des Nations Unies, Directeur Général des institutions spécialisées) ou organe
collégial (commission des communautés en Europe).
Les organes juridictionnels ; Ce sont des organes collégiaux. Ils sont élus pour 6 ans à la CJCE et 9 ans pour la CIJ par exemple. Les 15 juges de la CIJ sont élus par
l'Assemblée Générale et CS en des votes séparés et parallèles et sans droit de veto. Les juges représentent la diversité géographie et juridique.
Les organes d'expertise et de conseil ; Ils ne sont pas prévus par les chartes niais sont très nombreux. Ce sont des organes subsidiaires créé en cours de l'Organisation.
Exemple, de la Commission du Droit International, qui a pour tâche de préparer la codification du droit international et projet de convention de codification du droit
international soumis à l'Assemblé Générale des Nations Unies et au Conseil de Sécurité.
4.1.2.1. Organes d’exécution
Composés de fonctionnaires ou agents internationaux, on distingue traditionnellement entre les fonctionnaires (carrière dans l'organisation et recrutés parfois par

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concours) et les agents simples contrat périodiques, courte durée. Fonctionnaire ou agent, ont les même obligations de réserve, indépendance et même de garantie,
immunité, droit syndical.
4.2. Les organes pléniers et les organes restreints
Cela ne concerne que les organes interétatiques.
4.2.1. Les organes pléniers
Ce sont des organes qui regroupent l'ensemble des Etats membres. On en retrouve dans toutes les organisations. Ils rappellent l'origine des organisations internationales
qui dérivent des conférences diplomatiques. Chaque Etat membre a le droit d'y participer. Exemple, ONU : Assemblée Générale / UE : Conseil des Ministres
Egalité du droit mais pas d'égalité dans la représentation, pondération possible. De même, parfois y a une pondération des votes, ce qui entraîne cercaires inégalités.
4.2.2. Les organes restreints
Ils ne comportent la participation que d'un nombre limité d'Etats membres. Ils se retrouvent souvent dans les organisations internationales à vocation universelle et
éventuellement régionale nombreuse (Union Africaine). Le plus connu est le Conseil de Sécurité de l'ONU qui se compose de 15 membres, dont 5 membres permanents :
Chine, États-Unis d'Amérique, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni, et 10 membres élus par l'Assemblée générale pour un mandat de deux ans.
Le conseil d'administration de l'OIT, 56 membres. Le conseil exécutif de l'UNESCO, 45 membres.
4.3. Les organes originaires et les organes dérivés
La différence repose sur l'origine. Parfois, on parle d'organes principaux et subsidiaires, mais cela revient au même qu'originaire et dérivé.
4.3.1. Les organes originaires
Ils sont créés par le traité de base. Il y a 6 organes originaires à l'ONU (art 7 par1 de la Charte) : Assemblée Générale, le Conseil de Sécurité, Conseil Economique et Social,
conseil de tutelle, secrétaire d'Etat, CIJ. Ces organes sont de nature différente : 4 sont interétatiques, 2 sont intégrés (secrétariat et CIP) ; 1 est plénier et 3 sont restreints ; 1
organe administratif et juridictionnel...
Les pouvoirs sont différents : Les décisions du conseil de sécurité sont obligatoires pour tous les membres, les arrêts de la CIJ ont l'autorité de la chose jugée.
4.3.2. Les organes dérivés
Ils sont créés par les organes principaux pour les assister dans leur mission. Cette possibilité d'en créer est, parfois, prévu par le Traité de base.
Il peut s'agir d'organes interétatiques : le CNUCED (1964, pour développement économique entre Etat développé et non développé, spécialisé dans les questions
économiques et sociales).
Intégré : Le Conseil de Sécurité crée des opérations de maintien de la paix.
Il peut s'agir d'organes juridictionnels : L'Assemblée Générale a créé le tribunal administratif des NU, la Commission du droit international (CDI). Cependant, les organes
dérivés ne sont pas nécessairement subordonnés à l'organe qui les a créés.
5. Les compétences et pouvoirs de l'Organisation
5.1. Les compétences de l'Organisation
Elles sont définies et limitées par le principe de spécialité contrairement à l’Etat (plénitude de la souveraineté), II provient de sa charte, du traité qu'il institue. On parle de
compétences dérivées.
Dans le cadre des pouvoirs de l'organisation internationale, on distingue des : actions normatives et opérationnelles. Les arrêts de la Cour Internationale de Justice sont des
actions normatives. A l'inverse une action opérationnelle : une organisation internationale se donne les moyens de faire appliquer le texte.
Ex. Il peut y avoir une action sur le terrain : missions militaires (casques bleus) ou des missions d'inspections (en Irak), ou même dans le domaine du développement (appel
à certains Etats ou ONG).
5.2. Les pouvoirs de l'Organisation
Les organisations internationales des Nations-Unies, peuvent prendre soit des recommandations (n'est pas obligatoire) soit des résolutions (décisions qui sont
juridiquement beaucoup plus forte et impliquent un acte obligatoire). La CIJ peut émettre soit des arrêts (autorité de la chose jugée) soit des avis consultatifs (pas
obligatoires). Les organisations internationales régionales, comme l'Union Européenne prennent des règlements ou directives.
6. Les modes de votation au sein de l'Organisation
Les décisions sont prises soit à l'unanimité, soit à la majorité ou par consensus. A l'Assemblée Générale, le vote sur les questions importantes (art 18 paragraphe 2) est fait à
la majorité qualifiée (Deux tiers) et les autres à la majorité simple. Au Conseil de Sécurité, l’article 27 de la Charte, les modes de votation diffèrent suivant la nature des
questions (procédure ou fond).
Les décisions de procédure sont prises par un vote de 9 sur 15 des membres quelconques du Conseil. Et les votes sur les questions de fond sont aussi fait sur les 9 sur 15
mais les votes positifs des 5 membres permanents doivent être compris dans ce total (veto par un vote négatif). L'absence ou l'abstention d'un membre permanent
n'empêche pas de prendre la décision, si 9 sur 15 atteint. Exemple, la résolution sur la Guerre de Corée la chaise vide de l'URSS ne signifie pas l'opposition. Les membres
permanents ne sont pas liés par la charte, aucune décision ne peut être prises contre eux (l'immunité des seigneurs). Le Consensus est une décision prise sans vote, donc par
accord général tacite. Le consensus n'est pas l'unanimité, parce qu'il n'y a pas de vote formel. Il suffit qu'aucun Etat ne s'oppose. Exemple. dans la Conférence de sécurité.

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Partie 3 : Les ONG, acteurs des Relations Internationales cours des Organisations Internationales

Introduction
Les acteurs non étatiques constituent, avec les États et organisations internationales une catégorie des protagonistes des relations internationales, la plus diverse, la plus
changeante, la plus foisonnante, la plus hétérogène, la plus informelle, la plus éphémère, en un mot, la plus insaisissable. Les acteurs non étatiques ne sont pas une
nouveauté contemporaine. Dès le XIXe siècle, les compagnies de marchands, mouvements religieux et, cartels internationaux, Internationales politiques et syndicales
cohabitent voire rivalisent depuis longtemps avec les États.
Aujourd'hui, la notion d'acteurs non étatiques s'applique à un vaste éventail d'entités allant de l'individu à des groupes organisés en passant par des réseaux plus informels
(ONG, mouvements sociaux, réseaux criminels, médias, firmes transnationales, agences de notation, etc.).
Avec la démocratisation des sociétés, il y a un nouveau phénomène qui s'est répandu de plus en plus qui est la capacité des sociétés civiles de s'organiser librement. Les
citoyens peuvent, désormais, fonder des partis politiques, des associations de solidarité, des syndicats, des associations à un but de protection de quelques chose, ( les
animaux, la nature, les droits de l'homme...) Ils peuvent donc s'associer librement peu importe l'objectif à condition que ce ne soit pas contre la constitution de la
démocratie. Cela se fait à la fois entre des associations privées et des gouvernements, autant qu'avec les associations à vocation internationale et les organisations
intergouvernementales.
Les statistiques concernant les ONG sont extrêmement floues et variées. Déjà, il y a le problème de distinguer une ONG ou un acteur philanthropique, charitable, solidaire
locale et une ONG internationale. Les chiffres sont en général des estimations.
On peut mesurer leurs effets sur la vie internationale de plusieurs manières. Il peut s'agir de la prise de conscience d'un problème, d'une « défrontiérisation » de la solidarité
à travers des ONG qui parlent à l'autrui éloigné, des effets normatifs, c'est-à-dire leur contribution à l'adoption des conventions internationales, leur contribution au
transfert interculturel des idées et des normes dans d'autres sociétés...
1. ONG : Précision conceptuelle
L'ONG peut être définie comme tout groupement, association ou mouvement constitué de façon durable par les particuliers appartenant à différents pays en vue de
poursuite d'objectifs non lucratifs.
Les caractéristiques des ONG.
Les ONG présentent les principales caractéristiques suivantes :
Une personne juridique de droit interne : et comme telle l'ONG est soumise au droit interne de l'Etat ou elle a son siège.
L'ONG ne jouit pas de la personnalité juridique internationale elle bénéficie de la protection diplomatique de l'État de siège.
Une association à but non lucratif : l'ONG n'est pas créée dans le but de réaliser des profits et des bénéfices ou de se livrer à des activités lucratifs et rentables, sa création et
son fonctionnement sont mis au service humanitaire, environnemental, politique, moral...
Une dimension plurinationale : l'origine plurinationale de l'ONG réside dans la diversité des nationalités, des membres adhérents ou sympathisants de leurs cotisations.
2. Les ONG, désormais, acteurs reconnus des Relations Internationales bénéficient de plusieurs transformations.
Plusieurs dynamiques se conjuguent pour renforcer le développement des ONG.
En premier lieu, les processus de démocratisation des États, qui, plus ou moins poussés selon les cas, permettent à un certain nombre d'acteurs de se dégager du contrôle
étatique et donc aux individus de s'associer et aux groupes de s'organiser.
En deuxième lieu, l'essor des moyens de communication (Internet) et la révolution de l'information a considérablement accru l'autonomisation des acteurs - de l'individu
connecté aux groupes en réseaux -, c'est-à-dire leur capacité à échanger et à se mobiliser.
En troisième lieu, la dilution de la notion de souveraineté des Etats. Les organisations internationales jouent un rôle important en contribuant à dynamiser, encourager et
légitimer le développement d'un certain nombre d'acteurs non étatiques (principalement les ONG) en les associant à leur fonctionnement selon des modalités diverses
mais de plus en plus exclusives, exemple la résolution de l'ONU de 1988 sur l'assistance aux victimes de catastrophes naturelles, ou la résolution sur le début de I' «
ingérence humanitaire ».
Enfin, en dernier lieu, la libéralisation politique croissante et le désengagement des Etats développés du tiers monde (1992/2002) : baisse de 30% de l'aide publique au
développement. Les ONG sont devenues les opérateurs des politiques d'aide.
3. Les statuts et la puissance internationale des ONG restent très divers et inégaux
Le terme d'ONG répond à une multitude de catégories : associations, fondations, communautés... Au mieux, on peut dire qu'une ONG est une organisation à but non
lucratif qui n'émane pas de la volonté d’un gouvernement. Le droit international reconnaît les ONG. Pour la première fois en 1945, les ONG obtiennent une forme de
reconnaissance officielle au sein d'une organisation internationale. En vertu de I’article 71 de la Charte des Nations Unies, les ONG peuvent, en effet, se voir accorder un
statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social (ECOSOC) de l'ONU. Ce dernier, peut inviter des ONG compétentes à donner des conseils au Conseil économique
et social. Certaines ONG sont officiellement accréditées auprès du Conseil économique et social.
Ce sont des intervenants raisonnables qui apportent la raison, de l'expertise, de l'autorité morale à un débat qui est bienvenue. On dénombre une quarantaine d'ONG ainsi
reconnues dès 1946. Elles sont plus de 3.700 aujourd'hui (leur nombre a triplé entre 1990 et 2000 et doublé de 2000 à 2010). Au-delà de la croissance du nombre des
ONG, le plus remarquable est la façon dont le phénomène ONG a pénétré le fonctionnement de toutes les organisations internationales. Selon des modalités très variables,

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de nombreuses ONG sont ainsi consultées, voire associées aux délibérations et à la mise en œuvre de certaines décisions des organisations internationales. Les ONG
peuvent participer aux travaux du Conseil et de ses divers organes subsidiaires. Les Secrétaires Généraux de l'ONU, depuis Koffi Anan sont attachés aux liens avec la société
civile. Une commission chargée de réfléchir à l'amélioration des liens entre ONU et ONG est instituée.
Ce mouvement initié par l'ONU a été poursuivi par la Banque mondiale, l'UNESCO, le HCR, l'UNICEF (existence de comités nationaux de l'UNICEF, qui ont le statut
d'ONG)... L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) collaborent avec plusieurs centaines d'entre
elles. Longtemps essentiellement consultatives et/ou opérationnelles les ONG sont aujourd'hui souvent étroitement associés à la définition des politiques et des priorités
des programmes des organisations internationales. Les ONG ayant un réel pouvoir restent toutefois en nombre limité. Les ONG du Nord sont mieux loties grâce à leur
budget. Greenpeace a un budget de 177 millions € et Amnesty International 40 millions €.
4. L'action internationale des ONG est multiforme
L'action internationale des ONG prend des formes multiples, de même qu'elle est caractérisée par la forte expansion spatiale des ONG. L'influence mondiale des ONG
s'exprime diversement compte tenu de leur aspect hétéroclite et l'extrême diversité de leurs champs d'action ou de réflexion. Mais en schématisant, on peut distinguer trois
grands axes d'expression de cette influence :
Les ONG opérationnelles, de terrain, dans les domaines humanitaires et du développement durable (séparées entre «philantropistes» et «sans frontiéristes» ) ;
Les ONG d'influence, comme Greenpeace ;
Les ONG négociatrices, forces de propositions, restent rares. Exemple : le Carter center.
L'émergence d'une "diplomatie non-gouvernementale"
On assiste, ces dernières années, à l'apparition d'une diplomatie non gouvernementale pratiquée par certaines ONG. La diplomatie non-gouvernementale n'est d'ailleurs
pas fondamentalement nouvelle puisque le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) y recourt depuis plus d'un siècle.
Les ONG inaugurent une diplomatie alternative ou para-diplomatie. Grâce a la compétence opérationnelle et à la maîtrise de secteurs d'activités, alliées à l'expertise et aux
capacités transnationales acquises par certaines, il est de mieux en mieux admis que sur nombre de sujets techniques certaines ONG disposent d'une expertise
indispensable à un débat bien informé et à l'exercice d'un contre-pouvoir performant. D'autre part, ces acteurs organisés, s'invitent sur la scène internationale avec des
moyens d'information et de communication de plus en plus performants. Elles réclament une participation plus active à la résolution des grands problèmes internationaux
qui, avec l'appui de la mondialisation, sont aussi des problèmes régionaux, nationaux et locaux. La coopération internationale évolue en ce sens et les ONG revendiquent
plus d'intégration internationale marqueur de la démocratie.
5. Les ONG à l'épreuve de la question de leur responsabilité, de leur légitimité et de leur indépendance
5.1. Bilan de l'action des ONG
Quelques beaux succès ne masquent pas une tendance lourde : le désintérêt progressif des ONG pour les actions de développement dans la durée.
Réussites :
1996 : Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines anti personnelles, portée par l'association ICBL. Stratégie de la honte.
1998 : traité de Rome sur la CPI. Une réussite mais aussi une preuve de l'ingérence des ONG dans le droit international. Les ONG ont milité pour que le procureur art des
pouvoirs importants au sein de la CPI. L'article 15 de la Charte prévoit que le procureur peut demander des renseignements supplémentaires à des ONG.
Dérapages :
1995 : campagne de Greenpeace contre Shell, sur le démantèlement d'une plateforme.
L'abandon du développement au profit de l'humanitaire : La part de l'humanitaire dans l'aide au développement est passée, en dix ans, de 5 à 20%. Les ONG volent de crise
en crise et oublient les projets à long terme ;
5.2. L'écueil de l'instrumentalisation par les Etats ou les intérêts privés
Les ONG sont différentes quant à leurs origines intellectuelles, leurs principes, leurs valeurs lorsqu'elles se mettent en place, leurs formes d'organisation parce qu'il y a des
différences assez intéressantes, les types d'activités et les pratiques qu'elles ont développées, les coopérations et les rivalités parce que le champ des ONG se densifie et se
complexifie, il y a parfois des rivalités entre les ONG qui investissent les mêmes terrains et les problèmes qui en découlent. Il y a aussi ta question des ressources financières,
(est-ce qu'on accepte de l'argent d'un gouvernement ? des entreprises ?). Ce sont des questions éthiques pour certaines ONG, les réponses sont très variées. Les USA ont
massivement soutenu la création d'ONG, l'ONU et l’UE sont de très grands sponsors des ONG. Parfois, le sponsoring est très particulier :
Certaines ONG sont misES en place plus ou moins clandestinement par des gouvernements ou par des dictatures dans le but de prétendre à des libres associations ou pour
contourner l'action des ONG actives et concurrentes.
L’ONG d'origine allemande Transparency International est alimentée par des fonds de gouvernements occidentaux, ainsi que par Boeing et Ford. L'indice de corruption y
est pour le moins obscur.
Un autre écueil a trait au problème de la légitimité des ONG elles-mêmes. Les ONG restent principalement une émanation du Nord.
Beaucoup d'entre elles sont critiquées pour leur détachement progressif du terrain. Cette tendance risque de convertir leur action vers du lobbying plutôt qu'autre chose.

Jalil El Outmani 13
Faculté Mohammedia 2017 / 2018 LF Droit français S1
Introduction aux Relations Internationales Souad Rajeb

Bibliographie :
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Zarka, Jean-Claude, RI, Ellipses. 2010.

Revues :
Revue internationale et stratégique Annuaire Français de Relations Internationales (AFRI)
Annuaire français de droit international (AFDI)
L'année stratégique Ramsès (Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies)
Revue générale de droit International public (RGDIP)
Journal du droit international

Sites internet :
Centre d'études et de recherches internationales http://www.sciencespo.fr/ceri/fr
Centre Thucydide http://www.afri-ct.org/
Diploweb https://www.diploweb.com/
Fondation pour la recherche stratégique https://www.frstrategie.org/
Ministère des Affaires étrangères français https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
Institut Français de Relations Internationales http://www.ifri.org/
Institut de Relations Internationales et Stratégiques http://www.iris-france.org/
International Crisis Croup https://www.crisisgroup.org/
Le Monde diplomatique https://www.monde-diplomatique.fr/

Jalil El Outmani 14

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