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BREF APERCU SUR LES BASES TECHNIQUES DE

L’OPERATION D’ASSURANCE :
Plan

Introduction : Historique de l’opération d’assurance

Chapitre I : Les principes généraux de l’opération d’assurance

Section I- Définition et éléments constitutifs de l’opération d’assurance


A- Définition
B- Eléments constitutifs de l’opération d’assurance

Section II- Les règles techniques et l’utilité de l’opération d’assurance


A- Les règles techniques
B- L’utilité de l’assurance

Section III- Le contrat d’assurance


A- Les principaux caractères
B- Le cycle du contrat d’assurance

Chapitre II : Les formes d’assurance et leur distribution

Section I- Les différentes formes d’assurance


A- Distinction selon le mode de gestion
B- Distinction selon la nature du risque

Section II- Le réseau de distribution de l’assurance


A- Les courtiers
B- Les agents généraux
C- Les personnes physiques salariées
D- La banc assurance
E- Les conseillers ou agents commerciaux

Chapitre III : Les entreprises d’assurance : organisation, fonctionnement et contrôle

Section I- l’organisation
A- les différentes formes de sociétés
B- l’organisation

Section II- Le fonctionnement technique et financier


A- La constitution des provisions techniques
B- Le placement ou représentation des provisions techniques
C- Les indicateurs de gestion

Section III- Le contrôle des sociétés d’assurance


2 Qu’est ce que l’assurance

INTRODUCTION A L’ASSURANCE

Historique de l’opération d’assurance.

Vivre, c’est prendre des risques :


- entreprendre et se retrouver ruiné du jour au lendemain à cause d’un événement
aléatoire ;
- causer un dommage à autrui et être tenu à réparation en vertu des articles 1382
à 1386 du code civil ;
- vivre trop longtemps et être une charge pour sa famille ;
- mourir prématurément et laisser sa famille dans des difficultés de toute nature,
surtout financière.

L’homme côtoie donc quotidiennement des risques aléatoires contre l’arrivée desquels
il cherche toujours à se prémunir.
Que faire ?

La société dans la plus haute antiquité avait trouvé la solution car toute son
organisation était caractérisée par l’esprit de solidarité.
Mais avec l’évolution des mentalités et des affaires (risques de plus en plus élevés),
cette solidarité a montré ses limites au fil des années.
D’où l’apparition d’une autre forme de solidarité plus raffinée qu’est l’assurance.

De nos jours et pour le profane, l’assurance se présente comme une technique très
raffinée, tellement réglementée qu’elle devient une affaire de spécialistes.
Pourtant, l’opération a des principes et des bases techniques très simples que l’on peut
aisément comprendre en recherchant le pourquoi et le comment de l’assurance. C’est à
dire son fondement et son mécanisme de fonctionnement.

L’objectif du présent document est de donner, aux assurés ou aux visiteurs du site
SONAR, les éléments de bases pour une meilleure compréhension de l’opération
d’assurance et pour donner les premiers éléments de réponse aux diverses questions
des assurés et assurables. Nous nous limiterons aux aspects fondamentaux à travers les
chapitres ci-après :.

- Chapitre I : Les principes généraux de l’opération d’assurance


- Chapitre II : Les différentes formes d’assurances et leur distribution
- Chapitre III : Les entreprises d’assurances

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3 Qu’est ce que l’assurance

Chapitre I : Les principes Généraux de l’opération d’assurance

Section 1 : Définition et éléments constitutifs de l’opération d’assurance

A- Définition de l’opération d’assurance


D’une manière générale, l’assurance peut être définie comme :
- une REUNION DE PERSONNES qui, craignant l’arrivée d’un EVENEMENT DOMMAGEABLE
pour elles, SE COTISENT pour permettre à ceux qui seront frappés par cet
événement, de faire face à ses conséquences. (Définition technique) ;
- un contrat par lequel une partie, l’assuré, se fait promettre, moyennant une
rémunération, la prime, une prestation par une autre partie, l’assureur
(Définition juridique) ;

D’une manière plus précise, selon M. Joseph HEMARD « l’assurance est une
opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre, moyennant une
rémunération (la prime), pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d’un risque,
une prestation par une autre partie, l’assureur qui, prenant en charge un ensemble
de risques, les compense conformément aux lois de la statistique ».

Comme nous pouvons le remarquer :


1 – l’opération d’assurance met en présence au moins deux personnes :
l’assuré et l’assureur.
Il y a parfois l’intervention d’un tiers qui percevra la prestation. Ce sera le
bénéficiaire.
Il convient de distinguer l’assuré, qui est la personne exposée au risque, du
souscripteur qui est celui qui signe la police (conditions générales + conditions
particulières + conventions spéciales) et paie les primes.

2 – l’assurance est une opération organisée, comportant des éléments et des


règles techniques.
De la définition de M. Joseph HEMARD, quatre éléments importants apparaissent :
- le risque ;
- la prime ;
- la prestation de l’assureur ;
- la compensation.
Il est très important de bien comprendre la signification de chaque élément.

B- Les éléments constitutifs de l’opération d’assurance

1- Le risque :
Ce mot, en assurance, recouvre plusieurs notions :
- l’objet assuré : bâtiment, automobile, …
- la catégorie du risque : maritime, industriel, particulier, …
- l’événement dommageable contre l’arrivée duquel on cherche à se prémunir :
décès, incendie, accident, vol, …
C’est cette dernière notion qui est le plus souvent utilisée.

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4 Qu’est ce que l’assurance

Mais notons de prime à bord que tous les événements ne sont pas assurables.

Pour être assurable, le risque :


- doit être futur (l’événement ne doit pas être déjà réalisé) ;
- doit être aléatoire (incertitude) c’est à dire ne dépend que du hasard.
L’incertitude ou l’aléa peut résider soit dans la survenance de l’événement (y
aura-t-il vol, incendie, accident ?…) soit dans la date de survenance de
l’événement (à quand le décès ?) ;
- doit comporter une probabilité de réalisation mesurable ;
- doit être évaluable quant au montant de sa réparation ;
- ne doit pas dépendre exclusivement de la seule volonté de l’assuré : exclusion
de la faute intentionnelle (suicide, incendie provoqué, …).
- Ne doit pas être frappé d’une interdiction légale.

2- La prime ou cotisation
C’est le prix de l’assurance. Elle doit être suffisante pour permettre à l’assureur de
couvrir à la fois le sinistre (réalisation du risque prévu au contrat) et ses coûts de
gestion.
La prime est payable d’avance, d’où son nom (vient de « de prime à bord » ou
« primeur », le premier).

Mais d’une façon générale, comment détermine-t-on une prime d’assurance?


Cela n’est pas si simple car deux notions semblent se contredire.

En effet le risque est aléatoire alors que la prime doit être suffisante pour
permettre à l’assureur de faire face à la réalisation du risque ainsi qu’aux coûts de
gestion.
Comment fixer alors un prix adéquat quant on ne connaît pas à combien seront
évalués les dommages de l’événement et pire sans savoir si le risque se réalisera ou
non ?
A défaut d’avoir une prime incontestable, l’assureur fait appel aux statistiques
et aux probabilités.
Il se base alors sur des coûts moyens et des fréquences de réalisation du risque
pour en fixer le montant de la prime.

Exemple : Pour assurer 10 000 villas de valeur moyenne 20 000 000 chaque, si
les statistiques de l’assureur lui révèle que dans ce domaine, il y a en moyenne 10
villas sur 10 000 qui sont sinistrés avec en coût moyen 15 000 000, l’assureur
demandera à chaque assuré (pour le risque) la somme de 10/10 000 * 15 000 000 soit
15 000. Ce qui correspond à un taux de 0,10% ou 1%0 du montant du dommage. C’est
ce taux qui sera appliqué sur la valeur du bâtiment pour toute nouvelle souscription.

Au montant ainsi obtenu, l’assureur inclura ses divers frais ainsi que la taxe
étatique pour avoir la prime totale que le client doit payer.

De l’exemple ci-dessus, on a l’impression que l’assureur a la certitude que


parmi les risques qu’il accepte, seuls quelque uns se réaliseront.

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5 Qu’est ce que l’assurance

Une telle certitude peut être compromise car rien n’exclut des incendies sur toutes
les 10 000 villas pendant la période d’assurance. Ce qui peut entraîner la faillite de la
compagnie. D’où le recours aux règles techniques de l’opération d’assurance (cf.
Section 2).

3- La prestation de l’assureur
C’est l’indemnisation promise par l’assureur en cas de réalisation du risque.
Elle prend en compte la remise en état du bien ou le paiement en somme
d’argent de l’équivalent (principe indemnitaire : remettre l’assuré ou la victime dans la
situation qui était la sienne juste avant le sinistre ==) l’assurance ne doit pas être une
source d’enrichissement sans cause) ou le versement d’une somme forfaitaire qui a été
contractuellement fixée (principe forfaitaire).

4- La compensation au sein de la mutualité


La mutualité est un système de solidarité sociale fondé sur l’entraide réciproque des
personnes qui se cotisent au sein d’un groupe.
En assurance, il est important de noter que l’assureur ne peut se contenter de traiter
avec un seul assuré.
S’il le faisait, il se livrerait plutôt à un pari qu’à l’assurance. Il percevrait alors, sous
forme de prime, une faible somme d’argent mais s’engagerait par contre à verser
éventuellement une très forte prestation.
Quant à l’unique assuré ainsi couvert, il s’exposerait à l’insolvabilité de son assureur.

Pour éviter cette éventualité, l’assureur rassemble un certain nombre de risques de


même nature avec la conviction que tous ne se réaliseront pas au cours de la période
d’assurance.
Les primes ou cotisations versées par les assurés serviront à dédommager ceux dont
les risques se seraient réalisés.
Dans le groupe ainsi constitué par l’assureur, certains membres contribuent au
règlement des sinistres des autres comme les autres pourraient par leurs
cotisations ou primes participer aux sinistres des premiers : il s’agit d’une
contribution mutuelle. D’où le nom de MUTUALITE donné à l’ensemble des
personnes assurées contre le même risque.

L’assureur doit donc faire en sorte que le total des primes puisse au moins permettre
de payer les indemnités relatives aux sinistres survenus. Les risques qu’il a rassemblés
doivent se compenser au sein de la mutualité.

La notion de mutualité a donné naissance à des sociétés particulières appelées


MUTUELLES.
Il importe cependant de noter que la mutualité qui permet de créer la sécurité
doit être réalisée au sein de tout organisme d’assurance quelque soit sa forme.
Chaque souscripteur verse donc sa prime ou cotisation chez l’assureur sans
savoir si c’est lui ou un autre qui en bénéficiera, mais est conscient (ou doit l’être)

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6 Qu’est ce que l’assurance

du fait que c’est grâce à ses versements et à ceux des autres souscripteurs que
l’assureur pourra indemniser ceux qui auront été sinistrés.

L’assureur n’est donc que l’organisateur de la solidarité entre les gens


assurés contre la survenance d’un même événement.
Exemple : assurance automobile.

Cette solidarité est très forte car :


- si le risque s’aggrave l’ensemble de la mutualité devra payer une prime plus
élevée. exemple, s’il y a plus d’accidents d’automobile ou si chaque accident
coûte plus cher.
- si le risque diminue la prime de chacun diminuera. Exemple, moins de décès en
assurance vie.
- si des assurés trichent en ne déclarant pas la gravité de leurs risques ou en
exagérant l’importance d’un sinistre ou encore en provoquant de faux sinistres,
l’ensemble de la mutualité en pâtira (augmentation de la prime).

L’idée de compensation implique que tous les membres de la mutualité


soient traités sur un pied d’égalité. Ce qui justifie l’existence de sanctions en
cas de tricherie et l’application de règles strictes de souscription et de
paiement des sinistres.
Toutes ces dispositions, parfois mal perçues par le public (vous êtes des
voleurs, on ne comprend rien à vos contrats, …) visent la protection de la
mutualité, donc celle de chaque membre.

Section 2 : Les règles techniques et l’utilité de l’opération d’assurance

A- Les règles techniques

Comme dit ci-dessus, pour éviter des surprises désagréables, l’assureur a


recours à des règles techniques dont :

- l’élaboration d’une politique pour étoffer le portefeuille et permettre ainsi une


bonne compensation par le jeu de la loi des grands nombres ;
- la sélection des risques : l’assureur n’accepte pas n’importe quel risque. Suivant
les cas, il peut refuser un risque, exiger une visite médicale ou une inspection
des lieux ou encore accepter le risque moyennant le paiement d’une surprime,
ou enfin conditionner l’acceptation du risque par l’adoption de moyens de
prévention supplémentaires (porte avec alarme, détecteur de fumée, …) ;
- la dispersion des risques : l’assureur doit éviter d’assurer un ensemble de
risques localisés et concentrés dans un seul endroit. Exemple : assurer en
incendie trois usines consécutives ;
- la division des risques : il existe deux techniques qui permettent à l’assureur de
ramener les garanties accordées et qui sont susceptibles de mettre en danger son

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7 Qu’est ce que l’assurance

équilibre financier à des proportions acceptables. Il s’agit de la coassurance et


de la réassurance.
La coassurance consiste en un partage proportionnel d’un même risque entre
plusieurs assureurs (généralement situés sur le territoire national). Le code CIMA
autorise la coassurance sous régionale.
Chaque assureur accepte une certaine fraction du risque, reçoit en contre partie
cette même fraction de la prime et, en cas de sinistre, sera tenu au paiement du même
pourcentage sur les prestations dues.
Ici, l’assuré s’adresse à son assureur et lui confie son risque. Ce dernier, appelé
« Apériteur », sur instruction de l’assuré ou en accord avec lui se retourne vers la
concurrence pour rechercher des partenaires appelés « coassureurs ». Il leur propose la
portion du risque qui dépasse ses capacités et ce moyennant une commission de
coassurance.
Une police collective à quittance unique est alors établie et précise les
conditions de coassurance.
Notons que juridiquement il n’y a aucune solidarité entre les coassureurs .
Chacun, y compris l’apériteur, n’est tenu que jusqu’à concurrence du montant par lui
assuré.

Quant à la réassurance, elle est une opération par laquelle une société
d’assurance (la cédante) s’assure elle même auprès d’une autre société (le réassureur
ou le cessionnaire) pour une partie des risques qu’elle a assuré.
La réassurance est internationale. Elle est basée sur la confiance et on peut y
recourir au cas par cas (réassurance facultative) ou par traités (réassurance par traités).
Entre ces deux types, il existe la facultative obligatoire (FACOB).

ARBRE DE LA REASSURANCE

Réassurance Facultative Facultative Réassurance de traités


Obligatoire
===) (====
(FACOB)
___

Traités proportionnels Traités non proportionnels


Réassurance de capitaux Réassurance de sinistres

Quote Part Excédent de Excess Loss Stop Loss


plein

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8 Qu’est ce que l’assurance

En sus des règles ci-dessus, il faut noter qu’en matière d’indemnisation, pour les
assurances relatives aux biens, un principe fondamental est appliqué. Il s’agit du
principe indemnitaire. Celui-ci vise à remettre l’assuré ou la victime dans la
situation qui était la sienne juste avant le sinistre. D’où l’intérêt pour l’assuré de
déclarer exactement les vraies valeurs des biens. Il doit donc éviter la sur-
assurance, la sous-assurance et les assurances cumulatives.

Sur-assurance : Assurance d’un bien au delà de sa valeur réelle.


Sanctions :
Sur-assurance de bonne foi ==) résiliation ou ajustement de la prime
Sur-assurance de mauvaise foi ==) nullité du contrat

Sous-assurance : Assurance d’un bien en deçà de sa valeur réelle.


Sanction: application de la règle proportionnelle des capitaux (application d’une
règle de trois, pour déterminer le montant de l’indemnité.
Mais il y a une possibilité d’avoir recours à l’assurance « valeur à neuf » :
moyennant le paiement d’une surprime l’assurance renonce à l’application de la
règle proportionnelle (incendie surtout).
Identique pour les assurances au premier risque comme la partie dommages-
incendie-bris de glaces du contrat Top Auto Moto.

Assurances cumulatives : Il s’agit de l’assurance d’un même bien contre le même


risque dans plusieurs compagnies d’assurance.
Sa pratique n’est pas interdite mais la somme des valeurs assurées auprès des
différentes sociétés ne doit pas excéder la valeur réelle du bien.

B- L’utilité de l’assurance.
En rappel, vivre, c’est prendre des risques :
- entreprendre et se retrouver ruiner du jour au lendemain à cause d’un
événement aléatoire ;
- causer un dommage à autrui et être tenu à réparation en vertu des articles 1382
à 1386 du code civil ;
- vivre trop longtemps et être une charge pour sa famille ;
- mourir prématurément et laisser sa famille dans des difficultés de toute nature,
surtout financière.

Ces quatre points interpellent tout individu à une meilleure organisation de ses
activités, de son existence et de celle de sa famille.

L’assureur qui, par définition, est celui qui se propose de supporter les risques ou
plus exactement de faire en sorte, si l’on paraphrase la Reine Elisabeth, que la perte
pèse légèrement sur beaucoup plutôt que lourdement sur peu, le meilleur recours de
l’homme demeure l’assurance.

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9 Qu’est ce que l’assurance

Ce recours est d’autant mieux cerné à travers cette affirmation du Président Henry
FORD : « New York n’est pas la création des architectes, c’est la création des
assureurs. Sans les assurances,
- il n’y aurait pas de gratte-ciel, car :
* aucun ouvrier n’accepterait de travailler à une pareille hauteur, en risquant de
faire une chute mortelle et laisser sa famille dans la misère ;
* aucun capitaliste n’investirait dans ces buildings, qu’un simple mégot de cigarette
réduirait en cendres ;
- personne ne circulerait en voiture, un bon chauffeur est conscient qu’il court à
chaque instant le risque d’écraser un piéton » .

La nécessité de l’assurance est donc totale, surtout dans un monde de plus en plus
procédurier.

Bref, l’assurance joue essentiellement trois rôles :


- l’assurance est un facteur de progrès économique car elle assure la sécurité et la
rentabilité des investissements (rôle économique);
- par l’indemnisation des victimes l’assureur maintient l’équilibre social (rôle de
régulateur social)
- par le volet prévention des risques, l’assureur épargne à la société un certain
nombre de désastres (rôle de conseiller).

Section 3: Le contrat d’assurance


C’est un accord juridique conclu entre un souscripteur qui s’engage à payer le
prix convenu et un assureur qui accepte de couvrir un risque.

A- Les principaux caractères du contrat d’assurance


Les principaux caractères du contrat d’assurance sont :
- consensuel : il est réputé conclu dès le moment où intervient l’accord des
parties ;
- aléatoire : si la prime est exigible au moment de la signature du contrat, le
paiement de l’indemnité ne peut s’effectuer que dans certaines conditions
aléatoires ;
- synallagmatique : c’est à dire qui fait naître des obligations réciproques
(paiement de la prime pour le souscripteur et paiement de l’indemnité par
l’assureur en cas de réalisation du risque) ;
- bonne foi : l’assureur suppose que les déclarations du souscripteur sont exactes.
Elle est présumée (ex. en automobile).
- onéreux : car il a un coût ;
- d’adhésion : les textes des conditions et des clauses sont établies d’avance par
l’assureur ;
- exécution successive : la prime est payée pour une période donnée mais couvre
le risque au prorata du temps. ==) possibilité de ristournes.

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10 Qu’est ce que l’assurance

B- Le cycle du contrat d’assurance

1- La formation
Elle débute par une information du client sur les garanties, franchises (somme à
la charge de l’assuré dans un sinistre), exclusions et prix concernant le contrat
d’assurance sollicité.
Le client décrit son risque sur le questionnaire de l’assureur.
Sur la base des données consignées et en fonction de l’opinion qu’il se fait du
risque, l’assureur refuse ou élabore une proposition (garanties, franchises,
coûts) qu’il soumet à l’appréciation au client.
Notons qu’aucune des propositions n’engage ni l’assureur ni l’assuré. Seule la
note de couverture (document contractuel provisoire) ou la police (conditions
générales + conditions particulières + clauses) constatent leurs engagements
réciproques.

2- La vie du contrat
Après la conclusion du contrat (signature), le souscripteur est tenu de payer la
prime (obligation principale de l’assuré/souscripteur) et de déclarer à l’assureur
toute situation nouvelle ayant une incidence sur la vie du contrat : changement
d’adresse, de profession, d’usage, aggravation ou amélioration du niveau du
risque, sinistre, …et ce dans les délais prévus au contrat.

Suivant les données, il peut y avoir des ristournes, une demande de prime
complémentaire ou une résiliation du contrat.

L’assureur, en cas de sinistre, est tenu au paiement de l’indemnité y


relative (obligation principale de l’assureur). A l’issue du paiement, il est
d’office subrogé dans les droits et actions de l’assuré contre l’éventuel tiers
responsable du sinistre ou son assureur et ce jusqu’à concurrence de la somme
versée ou mise en provision. (pas de recours contre les enfants, ascendants,
descendants et préposés de l’assuré sauf dans le cas des sinistres intentionnels).

En cas de contentieux,
- la compétence d’attribution sera déterminée par la qualité du demandeur et la
nature du contrat. Ex :Tribunal Civil pour l’assurance auto (intérêts civils).
- la compétence territoriale quant à elle, en matière de fixation et de règlement
des sinistres, est le tribunal du domicile de l’assuré sauf en matière d’immeuble
(lieu de situation de l’immeuble).

En ce qui concerne le délai de la prescription (extinction d’un droit ou d’une


obligation si aucune partie qui a intérêt ne fait de réclamation dans les délais prévus
par la loi ), pour le code de la Conférence Interafricaine des marchés d’assurance
(code CIMA), il est de :
- deux ans dans les relations assureur – assuré ;
- cinq ans dans les relations assureur – tierce victime

Il reste entendu que cette prescription peut faire l’objet d’une suspension : désignation
d’un expert, envoi d’une lettre recommandée, …

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11 Qu’est ce que l’assurance

C- Les principales obligations des parties

1- Les obligations de l’assuré

La principale obligation technique de l’assuré réside dans le paiement d’une


somme d’argent appelée prime ou cotisation.
Ce paiement peut se faire en une seule fois ou en plusieurs fois. Les primes peuvent
être payées par anticipation (primes payables d’avance) ou être payées à l’expiration
du contrat (primes payables à terme échu).

Lorsque la prime est fractionnée, l’assureur la frappe d’un coefficient pour tenir
compte du crédit qu’il accorde à l’assuré.

La prime payée par l’assuré doit être suffisante pour permettre à l’assureur de
faire face aux différents coûts (coût du risque, coût de gestion et celui relatif à la
commercialisation).

La seconde obligation majeure réside, pour l’assuré, dans la déclaration de toute


modification concernant le contrat et qui a une incidence sur l’appréciation de
l’assureur.

2- Les obligations de l’assureur

De la définition de l’opération d’assurance il ressort que l’obligation technique de


l’assureur réside essentiellement dans l’exécution de la prestation déterminée
uniquement par le contrat ;

Pour une meilleure exécution de la prestation promise, le service concerné (service


sinistre) règlera et paiera le préjudice subi par la victime en respectant les clauses du
contrat et en suivant les règles techniques en la matière.

De ce fait seuls les sinistres sur les contrats en vigueur et dont aucune exclusion ne s’y
oppose seront payés.
Cette obligation de l’assureur est donc liée à la réalisation d’une éventualité indiquée
au contrat.

Pour la détermination du préjudice subi, l’assureur portera un jugement sur la nature et


l’ampleur du dommage et prendra la décision de régler directement le sinistre sur la
base des preuves apportées par la victime ou aura recours à d’autres personnes
(physiques ou morales) ayant plus de qualification en la matière : il s’agit des experts
(mécaniques ou médicaux).
Généralement, le service sinistre détermine un ordre de grandeur au delà duquel toute
réclamation doit faire l’objet d’une expertise (mécanique ou médicale).

Dans certains cas de sinistre (assurance de dommages surtout), l’assuré se voit parfois
opposer une déchéance pour non paiement de prime. La déchéance étant la perte d’un
droit pour non exécution d’une obligation de base.

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12 Qu’est ce que l’assurance

Lorsqu’il signe le contrat, l’assuré prend un engagement quantitatif qui est celui de
payer la prime.
Quant à l’assureur, il fait une promesse. Son engagement est donc qualitatif. Et pour
être à mesure de tenir la promesse qu’il fait, l’assureur doit effectuer des opérations
quantitatives.

Par ailleurs, lorsque l’assuré paie sa prime par anticipation, celle-ci n’est pas
immédiatement acquise à l’assureur.

Si la prime est annuelle, et dans le cas où l’assurance est souscrite en cours d’exercice,
à la clôture de l’exercice, l’assureur doit constituer une Provision pour Risques en
Cours. Cela consiste à mettre de côté une fraction de la prime en vue de disposer de
ressources financières suffisantes pour payer les sinistres qui pourraient se produire de
la date de clôture de l’exercice à la prochaine échéance du contrat.

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13 Qu’est ce que l’assurance

Chapitre II- Les formes d’assurance et leur distribution

Section 1 : Les différentes formes d’assurance

A- Distinction selon le mode de gestion (Juridique)

1- Les assurances gérées en répartition


Ce sont les assurances contre les Incendie, Accident et Risques Divers (IARD).
Dans la répartition, toutes les primes de tous les assurés sont affectées à un
fonds collectif et les sommes sont immédiatement redistribuées aux personnes ayant
un sinistre. P = f x c avec P= prime de risqué; f = fréquence de réalisation du risque
et c = coût moyen d’un sinistre.

2- Les assurances gérées en capitalisation


Dans la capitalisation, chaque assuré est titulaire d’un compte géré à long terme par le
système de l’intérêt composé en y associant, le cas échéant, une probabilité de survie.
P = C(1+i)-n x p avec :
P = prime de risque ; C = Capital promis ou assuré ;
i = taux d’intérêt ; n = nombre d’annuités ; p = probabilité de réalisation du risque.

B- Distinction selon la nature du risque (Technique et pratique)

1- Les assurances de dommages


Les assurances de dommages ont pour but la réparation des conséquences d’un
événement dommageable affectant le patrimoine de l’assuré. Elles visent donc la
protection du patrimoine et se subdivisent en deux catégories :
a- les assurances de choses qui garantissent les biens appartenant à
l’assuré (garantie directe du patrimoine de l’assuré) ;
b- les assurances de responsabilités qui garantissent les dommages
que l’assuré peut occasionner à autrui (garantie indirecte du
patrimoine de l’assuré).

Les assurances de dommages sont soumises à un principe fondamental dit « principe


indemnitaire » selon lequel la prestation de l’assureur ne peut en aucun cas excéder le
préjudice réel subi par l’assuré ou la victime. L’assurance ne doit pas être une source
d’enrichissement sans cause.

2- Les assurances de personnes


Les assurances de personnes ont pour objet le versement de prestations forfaitaires en
cas d’événement affectant la personne même de l’assuré. Elles se subdivisent en deux
catégories principales :
a- les assurances « Individuelle accident et maladie »
b- les assurances sur la vie

Les assurances de personnes ne sont pas soumises au principe indemnitaire puisque, en


dehors des domaines où il existe une barémisation, aucune valeur pécuniaire ne peut
être attribuée à la personne humaine.

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14 Qu’est ce que l’assurance

En lieu et place du principe indemnitaire, il est fait application du « principe


forfaitaire » sauf pour ce qui concerne les frais médicaux.

NB : La distinction entre les assurances de dommages et celles de personnes ne


coïncide pas avec la différenciation concernant le mode de gestion.
Ainsi, les Individuelle Accidents et la maladie sont gérées en répartition alors qu’elles
sont classées dans les assurances de personnes.

TABLEAU RECAPITULATIF
Assurances de choses

Assurances de
dommages

Assurances de
responsabilités
ASSURANCES PRINCIPE INDEMNITAIRE

Assurances Individuelle
Accidents et Maladie
Assurances de
personnes
Assurances Vie

PRINCIPE FORFAITAIRE

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15 Qu’est ce que l’assurance

Section 2 : Le réseau de distribution de l’assurance

Outre la vente des produits à travers les guichets de la société mère ou de ses
succursales ou bureaux directs l’assurance se vend également par le biais des
intermédiaires dont :

A- Les courtiers
Ce sont des mandataires (personne physique ou morale) des assurés. Ils placent des
contrats auprès des compagnies de leur choix en ayant bien sûr le souci de la sécurité
de leurs clients et de leur possibilités financières.
Ils doivent avoir pour objectif le développement du marché en suscitant la souscription
de nouveaux risques ou en complétant les garanties déjà existantes.
Autrement dit, ils doivent préserver le marché en évitant sa dégradation par une
compétition tarifaire qui peut être suicidaire.
Le code CIMA impose aussi bien aux courtiers qu’aux agents généraux, des conditions
de qualification professionnelle et de garantie financière.

B- Les Agents généraux


A l’inverse des courtiers, les agents généraux (personnes physiques) sont les
mandataires des compagnies et dans des circonscriptions territoriales bien déterminées.
Ils peuvent être mandataires de plusieurs compagnies mais à condition que cela soit
pour des branches différentes.
De ce fait, il y a une exclusivité de production au profit de ses compagnies.
Le traité qui lie un agent général avec une compagnie est un « traité de nomination ».

C- Les personnes physiques salariées


C’est en général les salariés des compagnies d’assurance à qui on a confié le soin de
commercialiser un produit moyennant un commissionnement. Au renouvellement du
contrat, cette commission peut être reversée mais d’un montant inférieur.

D- La bancassurance
C’est un phénomène assez récent qui, comme son nom l’indique, est la vente des
produits d’assurance à travers les guichets des banques. Dans certains pays cette
activité a connu un progrès spectaculaire en raison notamment de la position
stratégique de la banque dans le financement des ménages mais aussi et surtout en
raison de la gamme de produits qui sont commercialisés au niveau des banques.
En effet, leur contenu, simple et complet est une réponse aux griefs formulés par les
clients aux compagnies d’assurances.

E- Les conseillers ou agents commerciaux


Ce sont des personnes physiques recrutées par les compagnies d’assurances en vue de
la prospection (recherche clientèle) tant en vie qu’en IARD.

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16 Qu’est ce que l’assurance

Chapitre III- Les entreprises d’assurance : organisation, fonctionnement et contrôle

Section 1 : L’organisation

A- Les différentes formes de sociétés

On distingue principalement quatre types de sociétés :


- les sociétés anonymes qui sont des sociétés commerciales de type classique
(capital social, actionnaires, conseil d’administration, …) poursuivant un but
lucratif ;
- les sociétés mutuelles dotées d’un fonds d’établissement et qui sont à but non
lucratif. Ce sont parfois des regroupements de personnes sur le plan
professionnel pour se couvrir des risques spécifiques à la profession (mutuelle
des médecins, des enseignants, des taxis compteurs, …). Les membres de la
mutuelle sont des sociétaires et ils participent au fonctionnement de la mutuelle
par des cotisations fixes ou variables.
- Les sociétés à forme mutuelle qui sont des sociétés hybrides : Sociétés
Anonymes du point de vue fonctionnement et sociétés mutuelles quant à
l’organisation juridique.
- les sociétés tontinières qui sont des associations se répartissant les fonds
provenant de la capitalisation en commun de leur cotisation.

B- La structuration

Toutes les sociétés ne se ressemblent pas. En fonction de leur taille et de leurs objectifs
techniques ou commerciaux, elles ont une organisation spécifique. Néanmoins, on
retrouve dans la plupart d’entre elles certaines fonctions essentielles qui sont :
- la direction technique qui supervise la production, le service sinistre et
contentieux et celui de la réassurance ;
- la direction commerciale qui contrôle le service commercial (suivi de la
clientèle, publicité, lancement d’un nouveau produit, …) et le service de
l’inspection des intermédiaires ;
- la direction administrative et comptable qui regroupe la comptabilité, les
services généraux, et le service du personnel ;
- la direction financière qui s’occupe de la gestion des placements ;
- la direction informatique qui assure la maintenance et la disponibilité du
système informatique ;
- le contrôle de gestion qui veille sur les tableaux de bord afin de détecter les
éventuelles anomalies dans la gestion de la société.

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17 Qu’est ce que l’assurance

Section 2 : Le fonctionnement technique et financier

A- La constitution des provisions techniques


Les compagnies d’assurance sont des gestionnaires de mutualités à qui appartiennent
les fonds qu’elles gèrent.
A ce titre, elles sont soumises à des règles de fonctionnement techniques et financiers
très strictes.
L’objectif principal est de faire en sorte que les assureurs soient en mesure, à tout
moment, de faire face à leurs engagements.
C’est pourquoi la législation leur impose la constitution de provisions techniques.

1- En IARD (Incendie Accidents Risques Divers)

a- La provision pour risques en cours (PREC)


Elle est destinée à couvrir les risques et leurs frais de gestion pour chacun des contrats
à prime payable d’avance et au titre de la période allant de la date d’inventaire (31
décembre généralement) à la prochaine échéance.
n n n n+1 n+1
!_______ !____________________ !________ !___________________________ !
1-1 1-3 31-12 28-2 31-12
souscription échéance

Pour la détermination du montant de la provision, plusieurs méthodes sont


disponibles :
- la méthode « contrat par contrat au prorata »
L’analyse du fondement de la PREC suggère un calcul de la PREC au prorata temporis
et contrat par contrat.
Pour chaque contrat, on calcule la PREC en fonction du nombre de jours d’assurance à
reporter.
C’est la méthode technique la plus rigoureuse mais elle est d’application extrêmement
difficile car très lourde, surtout pour les sociétés où l’informatisation n’est pas très
poussée.

Dans cette méthode, le travail administratif qui résulterait de la mise en œuvre de cette
méthode sera considérable pour une entreprise qui gère des milliers de contrats.
Pour cela le code CIMA à son article 334 (10) autorise la méthode dite « forfaitaire ».

- la méthode « forfaitaire » de 36%


La règle forfaitaire de 36% est celle prescrite par le code CIMA en son article 334-9.
Selon cette méthode, le montant minimal de la PREC s’obtient en multipliant par le
pourcentage de 36% par les primes ou cotisations de l’exercice inventorié non
annulées à la date de l’inventaire et déterminées comme suit :
- prime ou cotisation à échéance annuelle émise au cours de l’exercice ;
- prime ou cotisation à échéance semestrielle émise au cours du second semestre ;
- prime ou cotisation à échéance trimestrielle émise au cours dernier trimestre ;
- prime ou cotisation à échéance mensuelle émise au cours de décembre ;
Les primes ou cotisations à terme échu sont exclues du calcul.

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18 Qu’est ce que l’assurance

- la méthode des 24è


Elle est d’application lorsque les primes sont inégalement reparties le long de l’année
sans que la méthode prorata temporis contrat par contrat ne soit utilisée.
Cette méthode consiste à regrouper les primes par mois d’émission et suivant leur
durée. On supposera que les primes de chaque mois sont émises le 15 de ce mois.
Un mois comportant 2 quinzaines, une durée de 12 mois au 24 quinzaines. D’où le
nom 24è.

C’est une méthode au prorata mais moins contraignante que la méthode contrat par
contrat et plus objectif que la méthode de 36%.
De ce qui précède, il s’agit d’appliquer les fractions ci-après aux différents types de
primes émises et nettes d’annulations pour obtenir la PREC:

C’est une méthode au prorata mais moins contraignante que la méthode contrat par
contrat et plus objectif que la méthode de 36%.
De ce qui précède, il s’agit d’appliquer les fractions ci-après aux différents types de
primes émises et nettes d’annulations pour obtenir la PREC:

Mois) J F M A M J J A S O N D
durée
1 an 1/24 3/24 5/24 7/24 9/24 11/24 13/24 15/24 17/24 19/024 21/24 23/24
6 mois 0 0 0 0 0 0 1/12 3/12 5/12 7/12 9/12 11/12
3 mois 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1/6 3/6 5/6
1 mois 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1/2

b- La provision pour sinistres à payer (PSAP)

* Fondement
Lorsqu’un assuré déclare un sinistre à une société d’assurance, celle-ci évalue le
sinistre pour en déterminer le montant probable.
S’il s’agit d’un sinistre en assurance incendie ou en assurance vol ou dégâts des eaux,
l’instruction du dossier se fait rapidement.
Il en va autrement pour les dommages corporels causés aux tiers par les assurés en
assurance de Responsabilité Civile. Dans ces cas en effet, il faut au préalable examiner
les circonstances du sinistre pour en déterminer la part de responsabilité incombant à
l’assureur. Il faut attendre la consolidation des blessures de la victime pour apprécier
l’atteinte à son intégrité corporelle.
Cette consolidation peut durer des mois, parfois des années.
Toutes ces opérations sont longues est compliquées. De plus, dans certains cas, il faut
recourir au service des tribunaux.
Il s’en suit qu’au 31 décembre, beaucoup de sinistres ne sont pas réglés et certains qui
sont réglés (montants connus) ne sont pas payés.
L’assureur doit alors mettre de l’argent de côté pour faire face aux dépenses relatives
au paiement desdits dossiers. C’est cette somme d’argent qui est appelée Provision
pour Sinistres à Payer.
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19 Qu’est ce que l’assurance

La PSAP est donc la valeur estimative des dépenses pour sinistres non réglés ou pour
sinistres réglés mais restant à payer à la date de l’inventaire.

Régler un dossier sinistre consiste à arrêter de manière définitive le montant à mettre à


la charge de l’assureur.

La PSAP doit donc concerner :


- les sinistres non réglés ;
- les sinistres réglés mais non payés ;
- les sinistres inconnus à la date de l’inventaire ou sinistres tardifs.

* Les méthodes de calcul

- la méthode réglementaire dossier par dossier


Au terme de l’article 334-12 du code CIMA, la PSAP doit être calculée exercice par
exercice et dossier par dossier.
Cette méthode consiste à recenser tous les dossiers de sinistres, à évaluer le coût de
chacun d’eux en tenant compte des éléments qui y sont versés, de la conjoncture
économique et sociale et de l’expérience de l’assureur.
C’est une méthode d’application pénible, pour les compagnies qui n’ont pas une
informatisation poussée, compte tenu de l’importance du travail administratif auquel il
donne lieu. C’est pourquoi trois autres méthodes ont été mises au point par la
profession avec l’accord du législateur.

- la méthode des coûts moyens


Elle consiste à calculer les coûts moyens des sinistres réglés et payés au cours des
derniers (10 ou 5) exercices et à suivre l’évolution du coût moyen.
A partir des coûts moyens de sinistres des années antérieurs, l’assureur détermine le
coût moyen prévisible des sinistres de l’exercice inventorié.
Connaissant le nombre de sinistre incombant à cet exercice, l’assureur détermine la
charge totale de sinistres de l’exercice, en déduisant le montant des sinistres déjà payé
pour obtenir la dette sur les sinistres non encore réglés et/ou payés.

Il importe cependant de tenir compte dans cette évaluation du coût moyen prévisible
de l’érosion monétaire et de la tendance des tribunaux.

Exemple :On considère une entreprises où les statistiques suivantes ont été notées :
Exercice de survenance 1991 1992 1993
Rubriques
Charge totale des sinistres 10 000 000 11 060 000 12 400 000
Nombre de sinistres survenus 10 000 10 055 10 248
Coût moyen des sinistres 1 000 1 100 1 210
On suppose qu’on est en fin 1994 et l’on veut déterminer la PSAP.
Le nombre de sinistres enregistrés jusqu’au 31/12/94 = 9 810.
Le taux de tardifs est de 5% des sinistres déclarés et le montant total des sinistres
payés au 31/12/94 s’élève à la somme de 7 500 000.
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20 Qu’est ce que l’assurance

Déterminer le coût moyen des sinistres et la PSAP sachant que d’une année sur l’autre,
compte tenu de la conjoncture et de l’érosion monétaire, le coût moyen augmente de
10% et qu’un taux de 5% est appliqué comme chargement de gestion.

On suppose qu’en 1994, le coût moyen augmentera de 10% par rapport à 1993. ===)
CM1994 = 1 210*1,1 = 1331

Nombre de sinistres non déclarés = 9 810 * 5% = 491


==) nombre de sinistres survenus en 1994 = 9 810 + 491 = 10 301
==) charge totale de sinistres = 10 301 * 1 331 = 13 710 631

Or de cette charge totale, la somme de 7 500 000 F a déjà été payée (sinistres réglés et
payés). ==) PSAP = (13 710 631 – 7 500 000)*1,05 = 6 521 163

NB : Dans le cas où les augmentations du coût moyen sont différents, on recourra à


l’établissement d’un coût moyen sur la base des autres coûts moyens.
Ex : CM1994 = ( 1 000 + 1 100 + 1 250)/3 = 1 117.

- la méthode de la cadence des règlements


Elle vise à dégager sur une période donnée le pourcentage des sinistres réglés et payés
au cours d’un exercice un, deux, trois ou plusieurs années après la clôture de
l’exercice.
Il s’agit d’une méthode rétrospective puisqu’elle est basée sur les statistiques des
exercices antérieurs.
L’application des pourcentages ainsi déterminés aux sinistres réglés et payés par
exercice de survenance donne le montant des sinistres restant à payer pour chaque
exercice de survenance à la clôture de l’exercice inventorié.
Exemple sur la méthode de la cadence de règlement:
Données extraites de l’exercice d’inventaire 1991
Exercice de Exercices de survenance
paiement
1985 1986 1987
Montant payé % Montant payé % Montant payé %
(106 ) (106 ) (106 )
1985 350 35
1986 250 25 415 34,53
1987 200 20 300 24,96 528 35,20
1988 150 15 242 20,13 370 24,67
1989 50 5 183 15,22 303 20,20
1990 60 4,99 223 14,86
1991 2 0,17 76 5,07
1 000 100 1 202 100 1 500 100
Selon la comptabilité, au 31/12/91, le cumul des sinistres réglés et payés était de:
- 16 500 au titre de 1988,
- 14 750 au titre de 1989,
- 13 100 au titre de 1990,

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21 Qu’est ce que l’assurance

- 9 000 au titre de 1991,


Calculer la PSAP au 31/12/1991.
Moyenne du taux de paiement en 1ère année X0= (35%+34,53%+35,20%)/3 = 34,91%
Moyenne du taux de paiement en 2è année X1= (25%+24,96%+24,67%)/3 = 24,87%
Moyenne du taux de paiement en 3è année X2= ( 20%+20,13%+20,20%)/3 = 20,11%
Moyenne du taux de paiement en 4è année X3= (15%+15,22%+14,86%)/3 = 15,03%
Moyenne du taux de paiement en 5è année X4= (05%+04,99%+05,07%)/3 = 05,02%
Moyenne du taux de paiement en 6è année X5= (00%+00,17%+00%)/3 = 0,06%
On négligera X5 et on supposera qu’on met 5 ans pour payer les sinistres.
Cadence de règlement ==) X0 = 35% ; X1=25% ; X2=20% ; X3=15% et X4=5%
- PSAP(1988)91 = 16 500*5/95 = 868,42
- PASP(1989)91 = 14 750*20/80 = 3 687,5
- PSAP(1990)91 + 13 100*40/60 = 8 733,33
- PSAP(1991)91 = 9 000*65/35 = 16 714,28
==) PSAP Totale = (868,42+3687,5+8733,33+16714,28)*1,05 = 30 003,53*1,05
= 31 503,70

- La méthode forfaitaire globale


C’est une méthode qui s’applique aux sinistres des exercices récents (les 2 derniers).
Selon cette méthode, la PSAP nette de recours à encaisser ne peut pas être inférieur
pour chaque exercice à la différence majorée de 5%, à titre de chargement de gestion ,
entre d’une part le montant des primes de l’exercice nette d’annulation et d’autre part
la somme des éléments suivants :
- le montant des commissions et des frais généraux de l’exercice pour la branche
considérée, dans la limite fixée par la réglementation ;
- le montant des sinistres survenus au cours de l’exercice et payés à la date de
l’inventaire nette de recours déjà encaissés.

PSAP >= 1,05*( Primes – Commissions – Frais Généraux - Sinistres payés en net )

Primes = Primes nettes d’annulations

Cette méthode permet de déterminer un montant minimal de PSAP pour les exercices
dont les sinistres sont mal connus. Elle évite ainsi aux compagnies de dégager des
bénéfices les premières années, lesquels peuvent se révéler inexistant quelques années
plus tard.

La PSAP, déterminée par quelque manière, doit être majorée d’une provision pour
sinistres survenus mais non déclarés (sinistres tardifs)
A la PSAP (tardifs compris) il faut ajouter un minimum de 5% du montant total pour
chargement de gestion.

NB : A ces principales provisions, il faut ajouter d’autres comme :


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22 Qu’est ce que l’assurance

- provision pour annulation de primes


- provision pour recours
- provision pour risques croissants (ex maladie croissance avec l’âge)
- provision pour égalisation (faire face aux conséquences des catastrophes nat.)
- réserve pour amortissement d’emprunt (mutuelle)
- provision pour prévoyance.

2- En VIE ET CAPITALISATION
a- la provision mathématique.
C’est la principale provision technique
Son mode de calcul est précisé à l’article 334-4 du code CIMA.
Elle représente la prime d’épargne que l’assureur met de côté pour faire face à ses
engagements dans les années à venir (versement d’un capital ou d’une rente).
C’est donc la différence, à la date d’inventaire , entre les valeurs actuelles des
engagements respectifs de l’assureur et de l’assuré.

b- la provision pour participation aux excédents


Il s’agit du montant de la participation aux bénéfices attribués aux bénéficiaires de
contrats lorsque ces bénéficies ne sont pas payables immédiatement après la
liquidation de l’exercice qui les a produits.
Autrement dit, l’assureur doit partager avec les assurés les bénéfices réalisés avec les
primes. Généralement, 85% du bénéfice revient aux assurés.

B- Le placement ou représentation des provisions techniques


S’agissant d’engagement, les provisions techniques sont inscrites au passif du bilan.
Elles doivent à tout moment être représentées à l’actif par des actifs équivalents et
localisés sur le territoire de l’Etat sur lequel les risques ont été souscrits.
Toutefois, le code permet dans une limite de 50%, autorisée par le Ministre en charge
du secteur des assurances de l’Etat membre concerné de faire des placements dans
d’autres Etats de la CIMA.

L’article 335-1 du code CIMA, afin de garantir la solvabilité des sociétés d’assurance
énumère la liste des placements autorisés ainsi que les proportions admises pour
chacun d’eux.

Le législateur a cependant estimé que toutes ces dispositions peuvent se révéler


insuffisantes en raison de certains événements extérieurs à l’assureur.
Exemple : - l’inadéquation des tarifs à cause de l’inflation ;
- la survenance d’une crise économique grave qui peut affecter dangereusement
les placements et donc menacer la solvabilité de l’entreprise et donc sa capacité
à faire face à ses engagements.

Beyi/Site_web_SONAR 29/11/07
23 Qu’est ce que l’assurance

De ce fait, le législateur a imposé des normes prudentielles supplémentaires


spécifiques aux compagnies d’assurances et reposant sur leurs fonds propres. C’est la
constitution de la marge de solvabilité qui est un élément de sécurité financière
supplémentaire permettant à l’entreprise, en cas de difficulté, de faire face à ses
engagements. Cette marge doit, sous peine de sanctions, être au moins égale à un
montant minimal déterminé par la loi.

C- Les indicateurs de gestion


En dehors de ce que le législateur lui impose, le gestionnaire de la mutualité qu’est
l’assureur, doit disposer de certains indicateurs pouvant lui permettre d’analyser
l’évolution de ses activités, leurs résultats , leurs rendement, la justesse de ses choix,
etc…
Les indicateurs les plus couramment utilisés sont :
- l’évolution du chiffre d’affaire (par branche et par mois) par rapport à son
niveau l’année précédente. Si le chiffre baisse on peut se demander s’il y a eu
des résiliations et départ vers la concurrence ou si des risques n’ont pas été
renouvelés ou encore si la non assurance ne gagne pas du terrain, … ;
- le ration S/P ou Charges de Sinistres sur Primes Acquises. Calculé branche par
branche, il permet d’apprécier la sinistralité ou la rentabilité d’une branche
donnée ;
- la comparaison entre le nombre de sinistres et leurs évaluation d’une année sur
l’autre. Ce nombre peut être comparé à l’évolution du nombre d’affaires
assurées pour la même période ;
- le rapport primes cédées aux réassureurs sur les primes émises. Ce ration doit
être rapproché à celui sinistres cédés aux réassureurs sur charge totale de
sinistres. Ce rapprochement permet de se faire une idée sur la justesse des
formes de traités de réassurance adoptées.

Section III- Le contrôle des sociétés d’assurance


Le législateur CIMA a eu pour souci premier la protection de l’assuré et des
bénéficiaires de contrats d’assurance. D’où l’imposition aux assureurs d’un certain
nombre de règles techniques ou de prudence.
Mais la meilleure législation ne vaut que par l’application qu’on en fait. C’est
pourquoi le code CIMA a dévolu à une commission régionale le soin de vérifier le
respect et l’application des dispositions du code.
Dans son article 310, il définit les compétences de cette commission.
Elle organise le contrôle sur pièces et sur places des sociétés d’assurance et de
réassurance opérant sur le marché des Etats membres.
Dans ce cadre, elle peut demander communication de tout rapport, pièces ou
documents comptables dont elle peut avoir besoin.
Un rapport contradictoire est établi et communiqué au ministre en charge du secteur.
En cas de non observation de la réglementation, la commission enjoint à la société
concernée de prendre toutes les mesures de redressement qu’elle juge nécessaires.
A défaut de ces mesures, la commission peut prononcer des sanctions allant de
l’avertissement au retrait d’agrément en passant par le blâme ou l’interdiction de
pratiquer une ou plusieurs branches données.

Beyi/Site_web_SONAR 29/11/07
24 Qu’est ce que l’assurance

Aussi, dans le cadre des sanctions, une société peut connaître plusieurs sorts sur le plan
juridique :

1)- le transfert de portefeuille :


C’est l’opération par laquelle une société d’assurance cède tout ou partie de son
portefeuille à une autre société dans les circonstances ci-après :
- conséquence d’une sanction de la commission régionale de contrôle pour
sauvegarder les intérêts des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurance ;
- rachat pur et simple du portefeuille par une autre société ;
- fusion de sociétés de tailles moyennes ;
- conséquence d’une stratégie commerciale par le regroupement de son
portefeuille pour renforcer son potentiel commercial (société + filiales)

Cette opération de transfert est matérialisée sur le plan juridique par un document
appelé convention de transfert. Celle-ci précise :
- l’étendue du transfert (branche, ensemble de branches) ;
- le prix du transfert qui est généralement fixé en fonction du chiffre d’affaires et
du résultat technique.

2)- la liquidation
C’est l’opération qui entraîne la disparition d’une entreprise en réalisant son actif et en
payant ses engagements. Elle peut résulter soit d’une faillite de l’entreprise soit d’un
retrait d’agrément ou des deux à la fois.

CONCLUSION GENERALE

Cet aperçu a eu pour objectif de présenter les mécanismes de fonctionnement, de


gestion des sociétés d’assurances et de jeter les bases nécessaires pour une meilleure
compréhension des différents contrats d’assurance (Assurance automobile, assurance
incendie, maladie, vie, …).

Aussi les différents points évoqués ne donnent pas tous les détails relatifs à l’exercice
de la profession d’assureur.
Un rapprochement régulier des différents services des compagnies d’assurances vous
permettra de mieux vous imprégner de la résolution pratique de certaines
interrogations. Nous vous proposons des réponses à certains d’entre elles dans la
rubrique « Réponse à vos questions ».

Je vous remercie.

NOMENCLATURE DES BRANCHES D’ASSURANCE


(Suivant l’article 328 du Code CIMA)

Beyi/Site_web_SONAR 29/11/07
25 Qu’est ce que l’assurance

BRANCHES IARD

1- Accidents (y compris les accidents de travail et les m/ladies


professionnelles)
2- Maladie
3- Corps de véhicules terrestres (autres que ferroviaires)
1- Corps de véhicules ferroviaires
2- Corps de véhicules aériens
3- Corps de véhicules maritimes, lacustres et fluviaux
4- Marchandises transportées (y compris les marchandises, bagages et tous
autres biens)
5- Incendie et éléments naturels
6- Autres dommages aux biens
7- Responsabilité Civile véhicules terrestres automoteurs
8- Responsabilité Civile véhicules aériens
9- Responsabilité Civile véhicules maritimes, lacustres et fluviaux
10- Responsabilité Civile générale
11- Crédit
12- Caution
13- Pertes pécuniaires diverses
14- Protection juridique
15- Assistance
16- (Réservé)

BRANCHES VIE

17- Vie, décès


18- Assurances liées à des fonds d’investissement
19- Opérations tontinières
20- Capitalisation

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