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Logistique & Management

ISSN: 1250-7970 (Print) 2377-9640 (Online) Journal homepage: http://www.tandfonline.com/loi/tlam20

Pratiques collaboratives de mutualisation en


univers frais : une analyse du canal de distribution
par la théorie des coûts de transaction

Olivier Mevel, Thierry Morvan & Nélida Morvan

To cite this article: Olivier Mevel, Thierry Morvan & Nélida Morvan (2014) Pratiques
collaboratives de mutualisation en univers frais : une analyse du canal de distribution
par la théorie des coûts de transaction, Logistique & Management, 22:2, 51-60, DOI:
10.1080/12507970.2014.11517052

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Logistique & Management

Pratiques collaboratives de mutualisation


en univers frais : une analyse du canal
de distribution par la théorie des coûts
de transaction

Olivier MEVEL
Université de Brest/ICI - IUT de Brest, France
Olivier.mevel@univ-brest.fr

Thierry MORVAN
Université de Rennes 1/ICI - IUT de Saint Malo, France
Thierry.morvan@univ-rennes1.fr

Nélida MORVAN
Université de Rennes 1/I IUT de Saint Malo, France
nelida.morvan@univ-rennes1.fr

En rapprochant l’émergence d’un puissant courant lié au phénomène de mutualisation


logistique dans le canal de distribution à la théorie des coûts de transaction, cet article,
basé sur une approche empirique du terrain, a pour but d’interpréter l’évolution
des comportements de certains chargeurs, tout particulièrement dans la domaine
des filières alimentaires, du point de vue de l’organisation et de la restructuration
actuelle de leurs logistiques aval autour des nouvelles pratiques collaboratives de
mutualisation des flux.
Mots-clés : collaboration, mutualisation logistique, coûts de transaction, prestataire
de services logistiques, relation industrie/commerce.
1 - Il obtient en 1991 le
Introduction meure la forme ultime de l’organisation Prix de la Banque de Suède
commerciale ? en Sciences Economiques
Quelques mois après la disparition de Ronald « pour la découverte
Coase, il nous semble opportun de rendre La question de recherche vise ici à reposi- et la clarification de
tionner le questionnement originel de Coase l’importance des coûts de
hommage au brillant théoricien qu’il fût en transaction et des droits de
dans le canal de distribution du commerce
rapprochant très directement la théorie des propriété dans la structure
de détail français dans le but d’interpréter institutionnelle et dans
coûts de transaction (1984) de l’émergence
l’évolution des comportements de certains le fonctionnement de
d’un puissant phénomène de mutualisation chargeurs, tout particulièrement dans la do- l’économie ».
des flux logistiques dans le canal de distri- maine des filières alimentaires, du point de 2 - La nature de la firme,
bution (Livolsi et Camman, 2012, Pan et al., vue de l’organisation et de la restructuration publiée en 1937.
2011, Hiesse et Paché 2010). L’économiste actuelle de leurs logistiques aval autour des 3 - La circulaire du
de l’Université de Chicago, nobélisé1 en nouvelles pratiques collaboratives de mutua- 31 mars 1960 relative à
1991 pour ses travaux liés à l’existence2 de lisation des flux (Camman et al., 2013, Sen- l’interdiction des pratiques
kel et al., 2013, Gozé-Bardin, 2009).  commerciales restreignant
l’entreprise, a constamment pointé du doigt la concurrence, dite
l’un des grands trous noirs de l’économie né- En France, depuis l’application de la circu- « circulaire Fontanet »
oclassique à savoir pourquoi des acteurs se laire Fontanet3 (1960), les relations Indus- vient sanctionner le refus
de vente mais aussi donner
réunissent-ils au sein d’entreprises afin de trie-Commerce se caractérisent par une très le vrai coup d’envoi à
produire plus efficacement sous contrainte forte asymétrie informationnelle en faveur l’essor de la grande
hiérarchique alors même que le marché de- des distributeurs. Ce faisant, dans un tel distribution en France.

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contexte d’asymétrie de l’information, les dans une relation triadique complexe (Mevel
négociations commerciales restent inlassa- et al., 2013).
blement dominées par les différents jeux de
Pour répondre à notre problématique dans
pouvoir mais aussi par l’opportunisme déve-
un premier développement, nous présentons
loppé par les sept supers centrales d’achat de
un état des lieux transactionnel de la logis-
la grande distribution vis-à-vis de leurs four-
tique dans le canal avant de confronter le
nisseurs (Colla, 2006). concept de mutualisation à une analyse par
Sur le terrain et en réponse à une situation de la Théorie des Coûts de Transaction. Dans
négociation commerciale sous contrainte des un second temps, nous avons souhaité me-
GMS, certains industriels, définis à l’instar ner une enquête empirique in vivo auprès
de Coase comme des agents autonomes de- d’un échantillon représentatif d’industriels
vant discuter en permanence des volumes de des différentes filières des industries agroa-
prestations et des prix de marché dans le seul limentaires bretonnes. Les aspects métho-
but d’optimiser leurs processus, renoncent dologiques seront présentés en premier lieu
aujourd’hui à négocier contractuellement avant de discuter des principaux résultats
avec les Prestataires de Services Logistiques liés à l’étude empirique et d’analyser les im-
(PSL) pour agencer et sous-tendre leurs plications managériales.
chemins logistiques autour de nouvelles re-
lations inter-organisationnelles verticales La mutualisation des services
avec les distributeurs et/ou horizontales avec
d’autres industriels (Mével et al., 2014). logistiques au sein du canal
de distribution
Plus précisément, en s’engageant dans un
processus complexe de mutualisation, les Dans un premier temps, nous présentons
industriels tendent actuellement de contour- un état des lieux de la situation transaction-
ner le mur logistique (l’importance du coût nelle de la logistique dans le canal avant de
logistique par rapport à la valeur du pro- conceptualiser la mutualisation au travers de
duit) dressé par les PSL (Mével et al., 2014) la Théorie des Coûts de Transaction.
alors même que ces derniers n’ont prospéré, Un état des lieux de la situation
à partir des années 90, que par la seule vo- transactionnelle de la logistique dans le
lonté des industriels et des distributeurs de canal de distribution
confier à un tiers une fonction transport qui
leur semblait devenue une simple activité En amont du canal, face aux exigences ac-
support de leur chaine de valeur respective tuelles des distributeurs (circuits imposés,
(Fimbel, 2004 ; Lièvre et Tchernev, 2004). heures de livraison sur plateformes par mé-
En effet, au travers du contexte économique tier, temps de réactivité de plus en plus court,
de crise qui frappe les industries agro-ali- etc.), les PSL sont désormais devenus les
mentaires fraîches et ultra-fraîches en Eu- seules organisations en mesure de proposer
rope depuis 2008 et des exigences actuelles une formule de services logistiques perti-
des distributeurs en termes de logistique, le nente pour assurer, au coût le plus juste, la
PSL a définitivement acquis, en France, une projection rapide des flux des industriels en
fonction normative, intégrative mais égale- quantité et en qualité (Tyan et al., 2003) vers
ment organisationnelle nouvelle au cœur des les cinq principaux formats de magasins des
relations Industrie-Commerce (Filser et al., enseignes de grande distribution : hyper-
2012 ; Camman et Livolsi, 2007). Ce faisant, marchés, supermarchés, proximité, hard-dis-
la réallocation des processus logistiques au count et drive (Mével et al., 2013).
profit des PSL a eu aussi pour corollaire de Cette situation est consubstantielle d’un
favoriser la revendication par ces derniers puissant mouvement d’externalisation des
d’un nouveau partage de la valeur ajoutée activités logistiques des industriels vers les
plus orientée vers le service logistique. En PSL qui, paradoxalement, commence sé-
menaçant très directement la rente ricar- rieusement à poser problème aux chargeurs
dienne détenue par les distributeurs depuis mais aussi aux distributeurs (Fulconis et al.,
l’application de la Loi Galland4, cette re- 2011). En effet, c’est le prix auquel est factu-
4 - Loi du 1er juillet 1996 vendication pose néanmoins question aux rée la relation de service désormais étendue
qui a facilité l’explosion des
marges arrière payées par différents maillons des filières alimentaires à de multiples activités (transport, couche in-
les industriels au profit des puisqu’il s’agit, ni plus ni moins, pour les dustrielle, système d’information) par le PSL
enseignes de distribution. PSL de rejoindre industriels et distributeurs qui paraît souvent excessive aux chargeurs

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(Mével et al, 2014), durement confrontés aux logistique sous de nouvelles formes organi-
exigences de compétitivité du distributeur, sationnelles (Frisk et al., 2010, Filser et Pa-
lui-même soumis à une exigence en termes ché, 2008).
de leadership des coûts (Camman et Livolsi,
Par conséquent, si dans l’esprit des indus-
2007).
triels, le recours à la mutualisation s’oppose
En aval, la présence d’un consommateur re- autant à la logique de contractualisation
cherchant constamment les prix les plus bas jusqu’alors définie principalement avec le
possibles tout en déplorant in fine les emplois PSL, c’est parce que les deux modes de gou-
perdus près de chez lui, incite le distributeur, vernance ont des formes de coordination
contre toute logique économique, à bloquer fondamentalement différentes. La collabo-
ses marges à la vente en linéaires au profit ration avec le PSL nécessite un ajustement
de la construction d’importantes marges à périmétrique et volumétrique permanent des
l’achat réalisées pendant la phase de négo- flux, en référence à un système complet de
ciations commerciales et de référencement prix de marché, tandis que la mutualisation
des industriels (Allain et Chambolle, 2003). requiert un ajustement plus incertain des
Ce faisant, la pression sur les prix de cession volumes par voie hiérarchique, voire par
des industriels est intense et cette tension l’autorité des entrepreneurs quand la mutua-
se transmet aux différentes filières, remon- lisation se déploie au travers d’organisations
tant depuis les distributeurs jusqu’aux pro- hybrides acquises aux asymétries d’informa-
ducteurs en impactant la formation des prix tion et à la sélection adverse (Akerlof, 1970).
agricoles mais aussi le mix- logistique des L’émergence de la mutualisation des
industriels (Samii, 2004). services logistiques au sein du canal de
Aussi, face à la logique d’affrontement tari- distribution : une approche par la théorie
faire qui prévaut, en France, depuis plus de des coûts de transaction
cinquante ans, le PSL semble un coupable Si ce courant théorique a pour principal ob-
d’autant plus désigné que la radicalisation jet d’analyse l’étude des échanges, en l’oc-
de la politique stratégique des distributeurs currence les transactions, entre agents éco-
autour de la logique des seuls prix bas, im- nomiques (Williamson, 1991), il s’est aussi
plique l’impérieuse nécessité, pour les dis- progressivement scindé en deux courants
tributeurs, d’infléchir le coût logistique total distincts. D’abord, celui de l’environnement
des chargeurs (Hertz et alfredsson, 2003). institutionnel (North, 1990, 1994) qui ex-
D’un point de vue transactionnel, la radica- plique et délimite les zones de liberté des
lisation du distributeur, vent debout contre chefs d’entreprise et, ensuite, celui des ins-
les hausses tarifaires présentées par les char- titutions de l’économie (ou modes de gou-
geurs lors des négociations commerciales vernance) qui caractérise les actions d’inté-
gration verticale, horizontale (Williamson, 5 - L’optimisation du
2014, fait alors apparaitre une asymétrie5 coût logistique total d’un
majeure entre les besoins en prestations lo- 1970) mais aussi d’internationalisation
industriel nécessiterait
gistiques des industriels et les métiers dé- (Stuckey et White, 1993). C’est ce deuxième l’achat de camion complet
veloppés aujourd’hui par le PSL. Confron- courant qui nous sera ici le plus utile dans tandis que le métier d’un
tés aux exigences des centrales d’achat en le cadre de la résolution de la question de PSL est de vendre du
termes d’ajustement à la baisse de la taille recherche. transport partiel pour
reconstruire et/ou acheter
des lots livrés, de nombreux industriels6 se L’approche par la théorie des coûts de tran- du camion complet.
voient contraints de se positionner sur des saction de la couverture des besoins des in- 6 - Essentiellement les
flux inférieurs à 300 kg qui les situent systé- dustriels, en termes de mutualisation ver- TPI et les PMI mais aussi
matiquement sur la partie la moins favorable ticale ou horizontale du service logistique, parfois quelques ETI au
des conditions générales de vente des PSL. doit nous permettre de finaliser la typologie sens de la Loi du 5 août
des choix de la structure de gouvernance 2008.
Dorénavant confrontés à un double jeu de
pouvoir imposé par les distributeurs et les ex ante (institutions) nécessaire aux char- 7 - Le mix-logistique rend
geurs en fonction de la transaction logistique compte du coût logistique
PSL, les industriels s’engagent donc pro- total qui est lui-même la
considérée avec les distributeurs. La transac-
gressivement vers des pratiques verticales somme systémique des cinq
tion logistique est susceptible alors d’être vé-
et horizontales plus collaboratives en termes coûts logistiques (coût de
hiculée, au sens de Williamson par les trois traitement des commandes,
de mutualisation des coûts logistiques dans
institutions principales que sont le marché, coût de préparation
l’espoir de mieux maîtriser leur mix-logis-
le contrat et la hiérarchie (Ghertman, 2004). des commandes, coût
tique7 (Livolsi et Camman, 2012, Pan et al., de stockage, coût
2011). Pour les chargeurs, le temps est donc Dans le canal de distribution, l’industriel d’entreposage et coût de
venu de reconsidérer la réintégration de leur doit faire face actuellement, à la fois, à un transport).

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fort contexte d’incertitude et d’information de coûts sur leurs chaines logistiques. Ces
imparfaite sur les trois différents systèmes coûts sont principalement liés à des coûts
de prix (matières premières, services logis- dits informationnels autrement appelés coûts
tiques, produits finis) qui conditionnent son de transaction (Williamson, 1996). En effet,
équilibre économique. En outre, relativement en univers logistique en particulier, l’infor-
à un contexte législatif 8 fragile et mouvant mation n’est ni parfaite, ni gratuite, très peu
qui préfigure aux échanges dans le canal de disponible naturellement (bien au contraire)
distribution, les chargeurs sont trop souvent ce qui représente déjà par là-même un coût
amenés à quasiment prendre l’ensemble de de transaction relativement important pour
leurs décisions sous hypothèse de rationalité l’industriel qui cherche à l’obtenir (Asawas-
limitée (Simon, 1955). akulson, 2009).
Ensuite, au sein des supply-chains, l’idée De fait, l’accès au marché de la prestation
pourtant primordiale de l’optimisation du de services logistiques n’est absolument pas
rapport poids/volume s’efface et disparait neutre économiquement pour l’industriel
pour être remplacée par la seule logique de (Visser, 2010) puisqu’il implique, d’un point
la minimisation des coûts. C’est là tout le de vue managérial, une coordination et une
problème aussi que rencontrent les chargeurs synchronisation importante de la fonction
français aujourd’hui qui, dès lors, tentent de logistique autour de la recherche d’informa-
trouver la solution logistique la plus adaptée tions. En outre, le recours à un PSL implique
à la projection de leurs flux dans le cadre souvent la mise en œuvre d’instruments
d’une coordination souvent très incomplète lourds de coordination de type EDI, WMS,
entre PSL, d’une part, et mutualisation verti- Work Flo qui nécessite des compétences
cale et/ou horizontale avec le distributeur ou rares dans la conduite des équipes au travail
d’autre(s) industriel(s), d’autre part. (Cruijssen et al., 2007).
Par conséquent, du côté des industriels, Le management externalisé de la sup-
l’émergence d’un besoin de mutualisation ply-chain industrielle suppose donc l’iden-
est donc bien à rechercher du côté des dé- tification et la minimisation des trois prin-
faillances du marché de la prestation de ser- cipaux coûts de transaction que sont le coût
vices logistiques surtout lorsque les coûts de découverte des prix adéquats au juste
de transaction qu’il définit sont nettement service logistique pour le bon chemin logis-
supérieurs à ceux pratiqués par ces institu- tique, le coût de négociation et de conclusion
tions que sont devenues les nouvelles formes des contrats avec le PSL et enfin le coût de
inter-organisationnelles générée par la mise contrôle de la qualité et du prix de la servuc-
en œuvre d’une action mutualisatrice des tion rendue par le prestataire dans le cadre
flux. Cependant, pour les industriels, éco- de la relation de service établie. En outre, la
nomiser sur les coûts de transaction avec les fonction principale de l’industriel reste de
PSL est sans doute préférable au gaspillage comparer inlassablement le coût supplémen-
des ressources résultant de choix guidés par taire d’une transaction par le marché à celui
le hasard ou « l’intuition managériale » (Wil- de son internalisation. A bien y regarder, il y
liamson, 1975). a donc une relative incertitude pour l’indus-
triel à continuer d’ajuster sa logistique par le
8 - La loi de Consommation Chez les chargeurs, cette substitution du
seul recours au marché.
de Benoit Hamon, PSL au profit d’un management plus mu-
applicable au 1er janvier tualisé des flux logistiques reste assujettie Les attributs des transactions, en tant que dé-
2015, est la 10ème réforme à une volonté persistante de ces derniers terminants principaux des coûts de transac-
fondamentale du canal.
de constamment rechercher des économies tion, sont donc des éléments essentiels pour

Tableau n°1 - Typologie du choix des structures organisationnelles en fonction des attributs des transactions

Attributs des transactions

Spécificité des actifs


Incertitude des échanges Fréquence des transactions
transactionnels
Peu privilégié en dehors Très privilégié par Privilégié par les industriels
PSL (le marché)
des centrales d’achat les acteurs du canal et les GMS
structures
Choix des

Très privilégié Peu privilégié par Peu privilégié par les industriels
Internalisation (hiérarchie)
par les industriels les industriels et les GMS et les GMS
Non privilégié par les différents Théoriquement non privilégié Théoriquement très privilégié
Mutualisation (hybride)
acteurs du canal par les acteurs par les acteurs du canal

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comprendre l’arbitrage entre les différents des stocks, minimisation des périodes d’en-
modes de gouvernance. Pour ce faire, trois treposage, etc.) afin de maintenir la compé-
attributs distincts sont utilisés par William- titivité-prix des productions régionales sur
son : la spécificité des actifs, l’incertitude et l’échiquier européen.
la fréquence des échanges transactionnels.
Pour évaluer, sur le terrain, la perception
Le tableau n°1 ci-dessus rend compte des ré-
du concept de mutualisation par les IAA
sultats prédictifs qu’apporte l’analyse théo-
bretonnes, nous avons eu recours à un outil
rique de choix de la structure organisation-
spécifique de mesure de la satisfaction  des
nelle en fonction de l’attribut transactionnel
industriels : le Net Promoter Score (Reich-
considéré.
held, 2003 ; 2006). Cet outil s’appuie sur une
En conclusion, la théorie des coûts de tran- construction de perception non observable,
saction définit bien trois modes majeurs de l’intention de comportement futur vis-à-vis
gouvernance dans le canal : l’achat de pres- d’une entreprise, d’une marque, d’un service,
tation logistiques en faisant appel au marché, etc. (Schmitt et al, 2012 ; Keniningham et
l’internalisation des moyens logistiques et al., 2007 ; Morgan et Rego, 2006). Il va donc
l’association d’entreprises indépendantes nous permettre de savoir si les industriels
dans le but de mutualiser un ensemble de sont prêts à recommander la mutualisation
moyens logistiques ayant pour objet et pour comme une réponse à leurs exigences logis-
effet de réduire les coûts de gestion de l’in- tiques au sein du canal de distribution. Pour
formation et de limiter les possibilités de déterminer le NPS, dans le cadre de notre
comportements opportunistes sans pour au- étude de terrain, nous avons souhaité sa-
tant se traduire par des structures de gestion voir si les entreprises de l’échantillon étaient
très intégrées. convaincus par la mutualisation des moyens
logistiques en utilisant une échelle de mesure
de 0 à 10 et en classant, comme le suggère la
Aspects empiriques : méthode du NPS (Reichheld, op.cit.), les in-
le cas des filières agroalimentaires dividus en trois catégories : les promoteurs
en Bretagne (personnes interrogées qui ont répondu entre
9 et 10), les neutres (personnes interrogées
Dans une première partie, nous traitons des
qui ont répondu 8 ou 7) et les détracteurs
aspects méthodologiques de l’enquête me-
(personnes interrogées qui ont répondu 6 ou
née auprès d’un échantillon représentatif
moins). Le NPS est alors calculé comme la
d’industriels des différentes filières des in-
différence entre le pourcentage des promo-
dustries agroalimentaires bretonnes, ensuite
teurs et le pourcentage des détracteurs car
dans une seconde partie, nous analysons les
les personnes aux extrêmes de l’échelle de
résultats obtenus et nous commentons les
mesure expriment une attitude plus engagée
implications managériales liées aux résultats
au contraire des neutres qui traduisent un
qui émergent de nos travaux.
manque d’implication voire une indifférence
Méthodologie à la question posée. Il est à souligner que le
NPS se définit comme un nombre situé entre
Afin d’analyser le phénomène émergent de – 100 (les individus sont dans leur ensemble
la mutualisation des moyens logistiques, détracteurs) et + 100 (les individus sont dans
nous avons souhaité savoir si les industries
leur ensemble promoteurs).
agroalimentaires de la région Bretagne per-
çoivent cette mutualisation comme une ré- Afin de donner toute sa pertinence à cet outil
ponse à envisager comme choix de structure de mesure de la performance, il est recom-
organisationnelle. En effet, cette région se mandé d’ajouter un certain nombre de ques-
caractérise par un fort développement de ses tions complémentaires qui consistait, dans
filières alimentaires depuis plus de 50 ans notre cas, à déterminer les raisons pour les-
avec l’obligation de maitriser un positionne- quelles les chargeurs mutualisaient ou non
ment géographique situé à l’extrémité ouest leurs moyens logistiques mais aussi à évaluer
de l’Union Européenne. Ainsi, les industriels la perception de la qualité de la prestation de
implantés en Bretagne sont en quelque sorte service proposée par leur PSL principal (ils
condamnés à l’excellence logistique aussi correspondent aux PSL auxquels les entre-
bien technologiquement (système d’informa- prises font appel régulièrement), tout en les
tion, traçabilité, etc.) que d’un point de vue citant. En effet, recommander un PSL tra-
organisationnel (mutualisation des trans- duit non seulement une satisfaction en tant
ports, massification des volumes, réduction que client mais surtout une forme de fidélité

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active chez l’industriel au travers du souhait à terme dans un processus nécessitant de


manifesté par ce dernier de promouvoir ce mobiliser des ressources qu’elles n’ont pas
PSL. Il s’agit alors de déterminer s’il existe nécessairement à leur disposition eu égard
ou non une relation entre la satisfaction des à leur taille. En effet, nous remarquons que
industriels vis-à-vis de leur PSL et la promo- le NPS obtenu par ces entreprises est for-
tion de la mutualisation des moyens logis- tement négatif (-71,4) ; il résulte d’une très
tiques comme réponse alternative. En défi- large majorité de détracteurs (80% à com-
nitive, nous avons soumis un questionnaire parer aux 11,4% de neutres et aux 8,6% de
auprès d’un échantillon représentatif d’in- promoteurs). Cette perception fortement
dustriels des différentes filières des indus- négative de la mutualisation démontre que
tries agroalimentaires bretonnes (produits les TPI se sentent écartées de la mutualisa-
carnés, plats préparés, lait, fruits et légumes, tion, comme le confirme le fait que 91 % des
transformation de poisson, pâtisserie et ovo TPI de notre échantillon ne se sont pas en-
produits). gagées dans un processus de mutualisation.
Il est également à noter qu’au sein de notre Un ensemble de raisons organisationnelles,
échantillon, nous avons distingué trois ca- concurrentielles et logistiques, révélées par
tégories d’entreprises : ETI, PMI, TPI au les réponses apportées par les TPI, explique
sens de la loi de Modernisation Economique. cette perception de la mutualisation par
Nous avons ainsi sollicité 114 entreprises qui ces structures. Ainsi, un seuil minimum de
se répartissent comme suit : 21 ETI, 58 PMI compétences et de moyens s’avèrent indis-
et 35 TPI. pensables pour mettre en place un processus
de mutualisation ; compétences et moyens
Analyse des résultats et implications qu’elles ne possèdent pas au regard de la
managériales taille des structures. Par ailleurs, leur très
Six résultats principaux émergent de l’en- petite taille, la faiblesse voire l’obsolescence
quête empirique menée sur le territoire spé- de leur outil industriel, induisent l’absence
cifique défini. de tout référencement commercial en cen-
trale d’achat les contraignant à livrer en di-
Le premier résultat souligne que la mu- rect les magasins des distributeurs, plusieurs
tualisation est globalement mal perçue par fois par semaine. Cette situation (faiblesse et
l’ensemble des entreprises de l’échantillon éparpillement des poids livrés en magasin)
puisque le NPS calculé est négatif et d’une implique aussi que la mutualisation s’avère
valeur élevée (-32,17), (cf. tableau n°2). Ce une solution alternative quasi-inapplicable
NPS s’explique par l’existence d’une majo- dans ce contexte.
rité de détracteurs (55%) et des proportions
équivalentes de promoteurs (22,6%) et de Le troisième résultat de recherche a trait
neutres (21,7%). Plus précisément, les rai- au fait que, les PMI, qui présentent le NPS le
sons invoquées pour ne pas s’inscrire dans plus élevé des trois catégories d’entreprises
un processus de mutualisation9 sont, tout étudiées, tout en restant malgré tout négatif
particulièrement, la forte concurrence entre (-12), regroupent la plus grande part de pro-
industriels, les contraintes de livraison im- moteurs (31% à comparer aux 8,60% des TPI
posées par le distributeur, la perte de réac- et aux 23,5% des ETI). Au regard de ces ré-
tivité et de flexibilité engendrées par la mise sultats ils perçoivent plus positivement, mais
en place d’une organisation commune. Au de manière toute relative, la mutualisation
regard de ces raisons invoquées et du pour- comme une solution organisationnelle en-
centage peu élevé de promoteurs, la mise en visageable. Ce résultat est corroboré par le
place d’organisations logistiques communes fait qu’elles apparaissent majoritaires dans la
semble encore très hypothétique dans la me- mise en place de processus de mutualisation
sure où les industriels ont le sentiment que (63,3% à comparer aux 26,70% des ETI et
le risque de ne pas pouvoir répondre aux de- aux 10% des TPE).
mandes du client est trop important et, donc, Malgré tout, le pourcentage élevé de détrac-
à terme de voir leur image se dégrader dans
teurs (43%) souligne le fait que cette catégo-
un environnement concurrentiel exacerbé.
rie d’entreprises n’est pas non plus disposée
Le second résultat de recherche met en lu- dans son ensemble à promouvoir la mutuali-
mière le fait que les TPI sont les entreprises sation comme une réponse à envisager. Au
9 - 74 % des entreprises
interrogées ne sont pas les moins disposées à recommander la mu- regard des raisons de non mutualisation évo-
engagées dans un processus tualisation comme une solution logistique quées par les PMI interrogées, nous consta-
de mutualisation. alternative et, par conséquent, à s’engager tons qu’elles sont fortement réticentes à la

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Tableau n°2 - NPS Mutualisation


Catégories % Détracteurs % Promoteurs % Neutres NPS
Echantillon global 54,80% 22,60% 21,70% -32,17
TPI 80% 8,60% 11,40% -71,40
PMI 43% 31% 25,80% -12
ETI 47,62% 23,8% 28,57% -28,57

Tableau n°3 - NPS des PSL principaux


Catégories % Détracteurs % Promoteurs % Neutres NPS
Echantillon global 14,10% 11,80% 74,10% -2,40
TPI 20 % 15% 65% -5
PMI 15,60% 13,30% 71,10% -2,20
ETI 5% 5% 90% 0,00

mise en commun des moyens logistiques en quelque soit la taille de l’industriel : -5 pour
arguant que la concurrence exacerbée exis- les TPE, - 2,20 pour les PME et 0 pour les
tant au niveau des produits frais et ultra frais ETI. Les entreprises interrogées ont donc des
est un frein. A ces raisons concurrentielles difficultés à exprimer une opinion franche à
s’ajoutent aussi, comme pour les TPI, des l’égard de leurs PSL et par conséquent, elles
raisons organisationnelles, des raisons logis- ne souhaitent pas les recommander au regard
tiques (horaires de livraison, modifications des prestations offertes. Finalement, le résul-
des tournées, gestion des urgences, etc.) tat peut s’expliquer par le fait que si les PSL
mais aussi des raisons liées à la perception font bénéficier leurs clients d’économies de
contraignante de cette forme d’organisation compétences, ils n’apportent pas vraiment
impliquant selon les PMI une perte d’auto- de réponses personnalisées face aux exi-
nomie. Les PMI souhaitent donc garder en gences des industriels ce qui implique une
interne leurs pleines capacités en termes de notation « neutre » des chargeurs. A moins
flexibilité et de réactivité tout comme les que ce soit la structure même du marché,
TPI. l’existence d’un duopsone formé par STEF
et STG (Mével et al., 2014) et confirmé par
Le quatrième résultat de recherche porte
notre étude empirique10, qui légitime aussi
sur les ETI dont le NPS est proche de celui
l’absence de volonté claire de différenciation
de l’échantillon global (-28,57 et -31,37 pour
des PSL.
l’échantillon global). Elles présentent un peu
plus de 25% de neutres, 23,8% de promo- Enfin, si nous rapprochons les résultats ob-
teurs et un peu moins de la moitié de détrac- tenus, en ce qui concerne la mutualisation et
teurs : la mutualisation est donc aussi mal la satisfaction des PSL par les chargeurs, le
perçue par les ETI qui ne sont pas prêtes à 6ème résultat de recherche met en exergue
recommander cette solution logistique origi- le fait que nous ne pouvons pas valider l’hy-
nale, notamment, par le fait qu’au regard des pothèse selon laquelle les entreprises peu ou
volumes transportés, elles sont capables de pas satisfaites de leurs PSL sont des promo-
transporter des lots complets vers les plate- teurs de la mutualisation. En effet, parmi ces
formes des distributeurs. entreprises interrogées nous n’avons pas plus
de promoteurs de la mutualisation. La ten-
Le cinquième résultat de recherche
dance serait même plutôt l’inverse : parmi
concerne la perception des PSL par les in-
les entreprises satisfaites de la prestation de
dustriels. En effet, lorsque nous interrogeons
leur PSL, 33% des entreprises interrogées re-
les industriels sur la perception qu’ils ont de
commanderaient la mutualisation alors que
leurs PSL principaux, les entreprises inter-
sur l’ensemble de l’échantillon elles ne repré-
rogées semblent satisfaites de leur PSL sans
sentent que 23,5%.
pour autant être disposées à le recomman-
der (cf. tableau 3). Le NPS, -2,40, est ob- En définitive, et au regard des différents ré-
10 - Au regard des
tenu en raison d’une majorité importante de sultats qui émergent de notre étude empirique entreprises sollicitées les
neutres (74, 10%) et des proportions presque fondée sur une analyse des modes de gouver- PSL principaux cités se
équivalentes entre les promoteurs (11,80%) nance par les coûts de transaction, nous pou- découpent comme suit : 49,
et les détracteurs (14,10%). Nous pouvons vons résumer ci-dessous les principales impli- 3% pour STEF, 25, 3% pour
souligner que ce score, faible, varie très peu cations managériales (cf. tableau 4). STG et 5% pour Delanchy

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Logistique & Management

Tableau n°4 - Typologie des choix de la structure de gouvernance en fonction


de la taille des lots et de la nature de la transaction logistique

Attributs des transactions

Spécificité des actifs Fréquence des


Incertitude des échanges
transactionnels transactions
Faible : PSL Faible : PSL Faible : PSL
Lot
Moyenne : Mutualisation Moyenne : Mutualisation Moyenne : PSL
complet
Elevé : Internalisation Elevé : Internalisation Elevé : PSL
Taille des lots

Faible : PSL Faible : Mutualisation Faible : PSL


Lot
Moyenne : Internalisation Moyenne : PSL Moyenne : PSL
semi-complet
Elevé : Internalisation Elevé : PSL Elevé : Mutualisation
Faible : Mutualisation Faible : Mutualisation Faible : PSL
Groupage Moyenne : Internalisation Moyenne : PSL Moyenne : PSL
Elevé : Internalisation Elevé : PSL Elevé : Mutualisation

Conclusion tranche à l’autre dans ses conditions géné-


rales de vente.
Même si la résolution de la question de re-
cherche démontre assez clairement que la Enfin, la mutualisation agit aussi comme
mutualisation ressemble encore aujourd’hui un aiguillon pour des PSL qui acceptent en-
à l’échelle d’un territoire au paradoxe qui fin d’avancer sur la transmission aux char-
frappe la productivité américaine selon So- geurs d’un taux de service quotidien ce qui
low11 (1987), à savoir que tout le monde en constitue indéniablement pour ces derniers
parle sans que jamais personne finalement un vrai progrès transactionnel. En effet, lors
ne la constate concrètement, le concept de d’un rendez-vous commercial en centrales
mutualisation logistique prend progressive- d’achat, l’industriel a souvent besoin de jus-
ment de l’épaisseur chez les industriels des tifier de son taux de service vis-à-vis de son
industries agro-alimentaires fraîches en Bre- client final et seul le PSL peut construire un
tagne tout en étant freinée dans son dévelop- script de service permettant de livrer pré-
pement par un ensemble de raisons organi- cisément cette information jour après jour.
sationnelles, concurrentielles et logistiques Cela signifie aussi que l’information logis-
révélées par notre étude empirique. tique est en train de conditionner et d’orien-
Pour autant, les PSL ont aussi senti le vent ter durablement la négociation commerciale.
du boulet et ces derniers entrent désormais La mise en œuvre de la Loi de Consomma-
aussi progressivement dans une logique de tion devrait venir conforter ce phénomène
regroupement des flux de leurs clients sur un dès l’entame des négociations commerciales
seul site, notamment, pour ceux qui évoluent 2014/2015.
dans une logique de multi-pick/multi-drop
afin de construire du complet et/ou au moins
des flux supérieurs à 300 kg. En outre, la Bibliographie
réponse des PSL à la demande de mutuali- Akerlof, G., (1970), The Market for Lemons:
sation s’inscrit aussi dans une logique de Quality Uncertainty and the Market Mecha-
contractualisation insistant sur une volumé- nism, The Quaterly Journal of Economics,
trie et un tarif fixe à l’euro/tonne. On s’aper- vol. n°84, pp.488-500.
çoit aussi que la volonté de mutualisation
des chargeurs peut-être largement battue en Allain, M.L., Chambolle, C., (2003), Les
brèche par la logique d’optimisation des flux relations entre la grande distribution et ses
que propose aujourd’hui les PSL autour de fournisseurs. Bilan et limites de trente ans
la maximisation du poids/palette par expé- de régulation, Revue française d’économie,
dition afin d’abaisser les coûts de transaction vol. XVII, n°4, pp. 169-212.
de leurs clients. Asawasakulson, A., (2009), Transportation
Ce faisant, le PSL redécouvre aussi que son collaboration : partner selection criteria and
vrai métier est celui d’un optimisateur des inter-organizational system (IOS) design
flux logistiques de ses clients en leur facili- issues fort supporting trust, International
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Olivier MÉVEL, Maître de Conférences en Sciences de Gestion à l’université de Bretagne Occidentale, est l’auteur de nombreux articles
dans le domaine de la logistique, du management opérationnel des services ainsi que des relations Industrie-Commerce. Ses travaux s’in-
téressent tout particulièrement au partage de la valeur ajoutée au sein des chaînes logistiques multi-acteurs.

Thierry MORVAN, Maitre de conférences en Sciences de Gestion à l’Université de Rennes1, est l’auteur d’articles dans le domaine de la
logistique. Ses travaux concernent plus spécifiquement les Prestataires de Services logistiques et les ports maritimes au sein des chaînes
logistiques multi-acteurs.

Nélida MORVAN, Maitre de conférences en Sciences de Gestion à l’Université de Rennes1 est l’auteur d’articles dans le domaine de la
logistique. Ses travaux portent sur la perception de la qualité du service par le client et sur les relations entre le marketing et la logistique.

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