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Le 26 juin 2013, une commissaire divisionnaire de Dans cette affaire, six personnes ont été mises en
la Division nationale des investigations financières examen. Parmi elles, un ancien directeur de la police
et fiscales (Dniff) écrira toutefois un rapport de judiciaire parisienne, un ancien haut magistrat, des
synthèse à l’adresse du juge Van Ruymbeke pour lui agents des services secrets intérieurs (DGSI)… Ils sont
signaler que certains faits découverts dans les bandes présumés innocents.
Squarcini méritent néanmoins une attention judiciaire Du point de vue policier, les investigations ont été
particulière. La commissaire note d’ailleurs que si confiées, cette fois-ci, à l’Inspection générale de
les écoutes n’ont pas été retranscrites, elles restent « la police nationale (IGPN). Et c’est à elle qu’il
retracées à toutes fins utiles ». Comprendre : archivées est logiquement revenu d’exploiter à nouveau les
et disponibles pour une autre enquête en cas de besoin. interceptions réalisées sur la ligne téléphonique de
Et puis ? Et puis rien. Bernard Squarcini en 2013, mais dans un tout
Le rapport de la commissaire dormira pendant des autre contexte judiciaire. Des retranscriptions ont été
années dans les archives de la justice, sans qu’aucune réalisées et versées à la procédure.
enquête soit diligentée sur les faits découverts. Seulement voilà, Mediapart a découvert que l’IGPN
L’intérêt de ces interceptions, telles qu’elles sont n’avait pas transmis bon nombre d’éléments pouvant
sommairement résumées sous la plume policière, est apparaître gênants pour Bernard Squarcini et ses
pourtant manifeste : interaction de Squarcini avec le proches. Résultat : des informations majeures n’ont
cabinet de l’ancien président Sarkozy pour obtenir pas été exploitées dans la procédure, qui est toujours
au sein de l’État des informations confidentielles en cours. En résumé, voilà une enquête ignorante de
sur l’affaire Cahuzac ; utilisation de la police au ses propres éléments factuels.
profit de la multinationale LVMH afin de connaître Poursuivant sa mission d’information du public sur
l’évolution de dossiers judiciaires gênants ; liens avec des sujets d’intérêt général, Mediapart a pris la
des policiers pour obtenir des informations sur des décision de publier, au moyen d’extraits sonores de
enquêtes corses, etc. ces interceptions ignorées, ces faits qui contribuent
Il faudra attendre trois années pour que le rapport soit au débat démocratique sur les pratiques de certains
finalement joint, le 10 mai 2016, à une autre enquête responsables de services de renseignement et de
visant cette fois-ci spécifiquement Bernard Squarcini. police.
Confié au juge d’instruction Serge Tournaire et Le premier épisode de notre série « Le Squale,
désormais entre les mains de sa successeure Aude opérations secrètes », publié aujourd’hui, révèle
Buresi, ce dossier vaut à l’ancien maître espion comment la présidence de LVMH a directement
plusieurs mises en examen, pour des faits soit qu’il demandé à Bernard Squarcini d’« infiltrer » le journal
conteste, soit dont il exclut le caractère délictueux. indépendant Fakir du futur député François Ruffin – et
Sur mediapart.fr, un objet graphique est disponible à cet endroit. comment le maître espion s’y est pris en missionnant
Il lui est notamment reproché d’avoir usé et abusé de un cabinet privé.
ses anciens réseaux au cœur de la police et des services L’épisode met également en lumière la puissance du
de renseignements afin d’obtenir illégalement, pour réseau Squarcini, capable de mettre en branle d’un
le compte de ses puissants clients, dont LVMH, claquement de doigts les services de renseignements
des informations confidentielles sur d’innombrables ou la police pour calmer l’agit-prop’ d’un journal un
sujets. peu trop remuant. Le tout, au seul profit de LVMH et
de son patron, Bernard Arnault.
Pour son enquête, Mediapart a exclu tout élément
susceptible d’attenter à la vie privée de quiconque.
Les informations mises au jour ont par ailleurs été
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confrontées avec les principaux intéressés, dans le Lorsque des faits questionnent les pratiques policières
souci du débat contradictoire. À ce propos, Bernard et le bien-fondé de leurs interventions, mais aussi
Squarcini et le groupe LVMH, respectivement l’emprise des intérêts privés sur la chose publique,
destinataires d’une trentaine et d’une quinzaine de il appartient au journaliste, dans le respect de sa
questions circonstanciées, se sont refusés à tout déontologie, de les publier, pour que le contrôle
commentaire. démocratique puisse s’effectuer pleinement.
Il va sans dire que la révélation de ces informations ne Ce faisant, Mediapart remplit son rôle de « chien de
préjuge de la culpabilité de personne et que tous les garde de la démocratie », selon la jurisprudence de la
protagonistes mentionnés sont présumés innocents. Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Il s’agit d’informations brutes telles qu’elles figurent À l’inverse, ne pas publier ces informations serait
dans les interceptions, dont la révélation contribue au un crime contre le journalisme. Ainsi que Benjamin
débat sur des sujets d’intérêt général à l’exclusion Constant l’avait écrit en 1815 dans ses Principes de
de toute autre considération. Ces informations ne politique, ouvrage qui porte aussi bien sur la liberté
peuvent être dissimulées à la connaissance du public, de la presse que sur la responsabilité de la fonction
les institutions étatiques, notamment policières et publique, « on ne conjure point les dangers en les
de renseignements, intervenant statutairement au dérobant aux regards, ils s’augmentent au contraire
bénéfice de la collectivité dans le cadre de missions de la nuit dont on les entoure ».
d’intérêt général.
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