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Investir Dans La Santé en Afrique PDF
Investir Dans La Santé en Afrique PDF
44143
Le secteur privé : un partenaire pour améliorer les conditions de vie des populations
Public Disclosure Authorized
Public Disclosure Authorized
Conclusion 51
Glossaire 111
Notes 117
Bibliographie 121
Remerciements 130
Investir dans la santé en Afrique
Le secteur privé : un partenaire pour améliorer
les conditions de vie des populations
Ce rapport expose différentes voies possibles pour
L
’Afrique subsaharienne abrite environ 11 % de la population de la planète mais
supporte 24 % de la charge de morbidité mondiale en coûts humains et financiers.
Près de la moitié des enfants du monde qui meurent avant l’âge de cinq ans
habitent en Afrique.
Les problèmes sanitaires de l’Afrique sont immenses mais pas insolubles. De
formidables possibilités existent d’exploiter le secteur privé pour améliorer l’accès des
populations d’Afrique à des produits et des services de santé de meilleure qualité.
Dans une région où les ressources publiques sont limitées, le secteur privé joue déjà
un rôle très actif. En Afrique, environ 60 % du financement de la santé viennent de
sources privées, et environ 50 % du total des dépenses de santé vont à des prestataires
privés. En outre, l’immense majorité des pauvres de la région utilisent des services de
santé privés, que ce soit en milieu rural ou urbain. Une femme pauvre dont l’enfant est
malade a autant de probabilités d’aller le faire soigner dans un centre de santé privé
que dans un établissement public.
Ce rapport expose un certain nombre de voies possibles pour développer, mobiliser
et appuyer un secteur privé bien géré et convenablement réglementé afin d’améliorer
la santé dans la région. Nous espérons que les États, les bailleurs de fonds, les investisseurs,
les organisations non gouvernementales et les prestataires de services de santé y
trouveront un complément utile aux stratégies habituelles fondées sur le secteur
public. Nous attendons avec impatience de nouer des partenariats avec des entreprises
africaines, des banques et des investisseurs, ainsi qu’avec des experts gouvernementaux
et d’autres parties prenantes du secteur de la santé. Malgré la dimension des problèmes
sanitaires de l’Afrique, je suis certain que beaucoup peut être fait en quelques années.
Je tiens à remercier les partenaires et les collègues qui ont permis la publication de
ce rapport. Leurs contributions diverses illustrent admirablement le pouvoir de la
coopération.
Lars H. Thunell
Vice-président exécutif et directeur général
problématique complexe.
Remerciements
N
ombreux sont ceux à qui nous devons rendre hommage pour l’aide apportée à la
rédaction de ce rapport. Nous remercions en premier lieu la Fondation Bill & Melinda
Gates, qui a assuré une part importante du financement nécessaire à l’accomplissement
de ce travail. Leur appui s’est transformé en un partenariat intellectuel et un engagement
mutuel à améliorer la qualité des services de santé en Afrique subsaharienne. Nous leur
sommes extrêmement reconnaissants de la confiance qu’ils nous ont témoignée en
finançant ce travail et de leur mobilisation à chaque étape du processus.
Nos remerciements vont également au cabinet de conseil en gestion McKinsey &
Company. Durant six mois, leur équipe a sillonné l’Afrique subsaharienne pour recueillir
des informations et nous aider à comprendre les difficultés et les opportunités associées
au secteur privé de la santé. L’étude indépendante réalisée par McKinsey & Company a
constitué une base factuelle essentielle à ce rapport, et nous leur savons gré du temps et
du dévouement qu’ils y ont mis.
Un comité directeur composé de responsables de la santé, en particulier en Afrique,
a été créé pour superviser ce travail. En dehors des agents de l’IFC, il a compté parmi ses
membres :
• le docteur Tadataka Yamada, président du Programme pour la santé mondiale de la
Fondation Bill & Melinda Gates
• Eyitayo Lambo, ancien ministre de la Santé de la République du Nigéria
• le docteur Jack Shevel, fondateur et ancien directeur général du groupe sud-africain
Netcare
Pendant toute la durée du projet, ce comité a apporté des contributions importantes et
aidé l’IFC à construire sa stratégie pour la santé en Afrique. Nous exprimons toute notre
gratitude à ses membres pour le temps qu’ils ont consacré au projet et leur mobilisation
tout au long de notre travail.
Nous avons également bénéficié du concours d’un Conseil consultatif technique
composé d’un panel de spécialistes des secteurs public et privé, du développement
international et du monde universitaire. Leur apport a été inestimable et nous les
remercions pour leur engagement et leurs nombreuses contributions grâce auxquels ce
rapport a pu voir le jour.
Nous remercions aussi tous nos collègues de la Banque mondiale qui nous ont apporté
des conseils et des éclairages irremplaçables. Enfin, nous sommes reconnaissants à toutes
les personnes nous ayant fait part de leurs avis sur les multiples aspects que nous avons
examinés pour construire une représentation de cette problématique complexe. Leur
aide nous a été extrêmement précieuse. On trouvera leurs noms, avec ceux des membres
du Conseil consultatif technique, à la fin de ce rapport dans la section Remerciements.
Guy Ellena
Directeur du département Santé et éducation
D
ans sa grande majorité, l’Afrique interrogations légitimes. Le secteur privé en
subsaharienne reste la région la plus mal Afrique subsaharienne est composite et fragmenté,
lotie du monde sur le plan des services de d’où une qualité parfois inégale. En outre, l’absence
santé. Malgré l’aide étrangère versée depuis des de cadres de réglementation et d’accréditation,
dizaines d’années, rares sont les pays de la région à s’ajoutant à un grand manque d’information des
pouvoir consacrer ne serait-ce que les 34 à patients, peut parfois permettre à une minorité de
40 dollars par habitant et par an qui constituent, personnes sans scrupules d’être favorisées par
selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), rapport aux prestataires responsables, au détriment
le minimum nécessaire pour assurer des soins de de la réputation de tous.
base à une population1. Malgré les milliards de Toutefois, la réalité est que des sociétés
dollars d’aide internationale injectés en Afrique commerciales, des organisations à but non lucratif et
subsaharienne, on arrive à l’incroyable constat des entreprises sociales — qu’il s’agisse d’assureurs,
qu’en dépit de la pauvreté ambiante, la moitié des de prestataires ou de fabricants — occupent déjà
dépenses de santé sont des paiements directs des une place importante et grandissante dans le secteur
ménages. Par ailleurs, la région manque de la santé puisqu’ils ne représentent pas moins de
d’infrastructures, d’équipements et de personnel 50 % de l’offre de santé dans la région.
qualifié pour pouvoir fournir un niveau minimum
de produits et de services de santé.
La présente étude, menée par l’IFC assistée du Un déficit qui s’accentue
cabinet McKinsey & Company, évalue entre 25 et Alors que l’Afrique subsaharienne compte 11 %
30 milliards de dollars le montant des nouveaux de la population mondiale, elle supporte 24 % de
investissements dont l’Afrique subsaharienne aura la charge de morbidité mondiale et représente
besoin dans les dix années à venir pour financer les moins de 1 % des dépenses mondiales de santé2.
hôpitaux, les centres de santé, les entrepôts et les Quelques initiatives remarquables ont été lancées
autres équipements nécessaires pour satisfaire la sous l’impulsion de donateurs extérieurs, qui ont
demande croissante de services de santé de cette permis d’injecter des milliards de dollars dans la
région. lutte contre les trois grands fléaux de la région, à
Ce rapport de l’IFC met en évidence le rôle savoir le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme.
central que le secteur privé peut jouer pour Mais pour l’essentiel, l’Afrique subsaharienne ne
répondre au besoin d’amélioration quantitative dispose pas des infrastructures ni des équipements
et qualitative de l’offre de santé en Afrique nécessaires pour fournir un niveau minimum de
subsaharienne. Il montre également comment les services et de produits de santé. Elle souffre aussi
États et les bailleurs de fonds peuvent infléchir d’une grave pénurie de personnel médical qualifié,
leurs politiques pour permettre au secteur privé avec seulement 3 % du personnel de santé
de participer de plus en plus activement à la mondial3.
réduction du déficit actuel de l’Afrique en matière D’autre part, les progrès économiques de
de soins de santé. l’Afrique subsaharienne vont très probablement
Avant toute chose, il faut savoir que de générer une demande croissante de services de
nombreux acteurs de la santé publique sont santé dans tous les secteurs de la société. Selon les
opposés par principe à l’implication du secteur estimations de cette étude, le marché de la santé
privé dans la fourniture de services de santé. Certes, sera multiplié par plus de deux d’ici 2016, pour
le rôle des prestataires privés soulève certaines atteindre 35 milliards de dollars.
L
’IFC a commandé le présent rapport dans le Délimitation du projet
but de mettre en évidence le rôle du secteur Pour les besoins de la présente étude, le terme
privé dans le financement et la fourniture de « offre de santé » recouvre :
services de santé en Afrique subsaharienne et
d’élaborer un plan d’action pour améliorer l’offre • les soins de santé primaires ;
disponible. • les soins de santé secondaires et tertiaires ;
Dans un souci de clarté, nous insistons sur le fait • les services de santé publique, notamment la
que ce document ne prône pas la privatisation du vaccination, l’assainissement et la planification
financement et de la fourniture des produits et des familiale ;
services de santé en Afrique subsaharienne. Son • les programmes de santé, notamment contre le
propos est de souligner le rôle que le secteur VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme ;
privé — une composante souvent négligée des • le financement de la santé ;
systèmes de santé africains — joue déjà, et de • la production pharmaceutique ;
montrer comment ce secteur pourrait être • la production de fournitures et d’équipements
davantage mobilisé et exploité dans l’optique médicaux ;
d’améliorer sa viabilité et les bénéfices qu’il apporte • la distribution et le commerce de détail de
pour la santé des populations. produits pharmaceutiques et d’équipements ;
et
• la formation médicale.
Le terme « secteur privé » comprend ici :
• les entreprises commerciales ;
• les entreprises sociales,— souvent décrites
ailleurs comme des entreprises à but non
lucratif ;
• les organismes à but non lucratif, comprenant
les ONG et les organisations confessionnelles ;
et
• les individus et groupes d’individus agissant à
titre privé.
BIRD 35671
TUNISIE SEPTEMBRE 2007
MAROC
MAURITANIE
CAP-VERT
ÉRYTHRÉE
SÉNÉGAL TCHAD
GAMBIE SOUDAN
BURKINA
GUINÉE-BISSAU FASO
GUINÉE BÉNIN
NIGÉRIA ÉTHIOPIE
RÉPUBLIQUE
LIBÉRIA CENTRAFRICAINE
CAMEROUN SOMALIE
RÉPUBLIQUE
CONGO DÉMOCRATIQUE BURUNDI
DU CONGO
TANZANIE
AFRIQUE SEYCHELLELS
1500 KILOMÈTRES
AFRIQUE
DU SUD Pour l’essentiel de notre analyse, l’Afrique du Sud a été exclue en
raison du niveau relativement élevé de son secteur de la santé et de
1000 MILES la maturité de ses marchés des capitaux. Toutefois, l’Afrique du Sud a
été prise en compte pour évaluer les opportunités d’investissement
dans le domaine de la fabrication. En outre, des entretiens ont été
menés auprès d’investisseurs et d’opérateurs basés en Afrique du Sud
pour recueillir leurs avis sur les perspectives d’investissement dans
d’autres parties de la région.
L
’ampleur de la crise sanitaire à laquelle secteur privé. De fait, l’offre de santé en Afrique
l’Afrique subsaharienne est confrontée est subsaharienne est principalement associée à des
largement reconnue. De nombreuses études initiatives privées. Près des deux tiers des dépenses
nous ont alerté sur la propagation du VIH/SIDA, totales de santé, et au moins la moitié de l’offre de
le fléau insidieux du paludisme et la persistance de santé dans la région, sont imputables au secteur
maladies parasitaires débilitantes. Et de plus en privé13. Dans beaucoup de pays, ces chiffres sont
plus d’Africains souffrent d’affections dites « liées plus élevés et le seraient encore plus si l’on disposait
au style de vie », comme le cancer, le diabète et les d’évaluations plus fiables des activités du secteur
maladies cardiovasculaires9. La crise sanitaire du informel.
continent est aggravée par la fragilité de ses Le présent rapport démontre que le secteur
systèmes de santé, qui ne sont pas armés pour privé joue actuellement, et continuera à jouer, un
affronter ces difficultés. La maladie mine ainsi rôle vital dans le financement et la fourniture des
l’énergie, la créativité et la productivité des services de santé en Afrique subsaharienne, et qu’il
670 millions d’habitants10 de la région. Chaque est indispensable de mobiliser l’esprit d’initiative
année, le paludisme entraîne à lui seul une perte du secteur privé pour améliorer l’accès aux soins
de salaires évaluée à 12 milliards de dollars sur dans la région. Pour cela, de nouveaux modes de
l’ensemble de l’Afrique subsaharienne11, et pour collaboration entre les acteurs publics et privés
prendre un exemple, l’espérance de vie au doivent être inventés, les bailleurs de fonds et les
Swaziland ne dépasse pas 30 ans, alors qu’elle est autres parties prenantes doivent revoir leurs
de 81 ans en Suisse12. modalités d’intervention, et des stratégies adaptées
Depuis des années, les plus grands esprits de la aux réalités locales doivent être élaborées.
planète ont été mis à contribution et des sommes
colossales ont été dépensées pour tenter de mettre
fin à cette situation scandaleuse, en vain : malgré Un déficit persistant dans le secteur
les progrès accomplis, l’Afrique subsaharienne de la santé
n’est pas en voie d’atteindre les objectifs de L’Afrique subsaharienne supporte beaucoup plus
développement pour le Millénaire concernant la que sa part des problèmes sanitaires mondiaux.
santé. Aussi dure soit-elle, la vérité est que l’aide Elle représente 11 % de la population mondiale
étrangère ne peut pas faire plus pour améliorer le mais 24 % de la charge de morbidité mondiale,
niveau de santé général des populations avec pourtant moins de 1 % des dépenses
d’Afrique. mondiales de santé14. Face à ce déséquilibre,
La raison en est simple. L’immense majorité du plusieurs grandes initiatives internationales d’aide
financement de la santé vient des ménages africains financière ont été lancées. En 2002, le Fonds
(à travers les impôts et taxes ou les paiements mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose
directs), et l’immense majorité des produits et des et le paludisme a été créé pour mobiliser les
services de santé sont aussi fournis par des ressources mondiales à l’encontre de ces trois
entreprises africaines. Fondamentalement, les maladies qui ravagent l’Afrique subsaharienne. Sur
systèmes de santé en Afrique sont administrés par les 7 milliards de dollars prévus au budget du
les Africains pour les Africains. Par conséquent, et à Fonds pour ses cinq premières années, près de la
cause aussi de l’état déplorable des finances moitié doivent aller à l’Afrique. Le niveau général
publiques dans la plupart des pays d’Afrique, de l’aide à la région a également augmenté. Au
beaucoup de ces systèmes sont dominés par le cours de la dernière décennie, les bailleurs de fonds
L
e dynamisme du secteur privé et sa Le secteur privé joue déjà un rôle
contribution positive au secteur de la santé important dans le domaine de la santé
en Afrique subsaharienne sont très en Afrique subsaharienne
encourageants. Dans toute la région, on peut voir Bien que le secteur privé de la santé n’ait pas
des exemples de participation du secteur privé, partout la même taille en Afrique subsaharienne, il
qui complètent et renforcent le secteur public, est étonnamment développé et constitue une
et améliorent la qualité, l’accessibilité et composante majeure et diversifiée des systèmes de
l’efficacité de l’offre de santé. santé de la région. Il est présent dans tous les
Le secteur privé ne suscite pas partout les maillons de la chaîne de valeur de la santé,
mêmes réactions parmi les bailleurs de fonds, les notamment la fourniture, le financement, la
ministères de la Santé et les autres responsables fabrication, la distribution et le commerce de
politiques. Certains connaissent mal le secteur, et détail. Sur un total de 16,7 milliards de dollars de
certains sont idéologiquement opposés à sa dépenses de santé en 200525, environ 60 %26 ont
participation au système de santé, estimant que le été financés par des parties privées (principalement
financement et la fourniture des services de santé sous la forme de paiements directs des ménages).
doivent rester strictement du ressort du secteur Environ la moitié du total des dépenses a bénéficié
public. Beaucoup d’autres reconnaissent son à des prestataires privés27.
potentiel mais se méfient de ses motivations La part du marché des services de santé détenue
mercantiles et craignent à juste titre que le niveau par le secteur privé varie beaucoup selon les pays
de qualité ne soit pas homogène et qu’il soit et les régions en fonction d’un ensemble de facteurs
difficile de réglementer un ensemble d’entités politiques, historiques et économiques. Dans
disparates. certains pays, notamment l’Ouganda et le Ghana,
Le secteur privé joue déjà un rôle majeur dans elle dépasse les 60 %, tandis que dans d’autres,
le financement et la fourniture de services de santé comme la Namibie, elle est inférieure à 10 %. La
dans toute l’Afrique subsaharienne. Il est clair figure 1.1 montre la répartition de la consommation
également que tous les scénarios futurs sur le de soins entre le secteur privé et le secteur public
secteur de la santé de la région feront une large pour des enfants malades, d’après les déclarations
place à l’initiative privée. Dans beaucoup de pays, des familles.
la demande de services de santé devrait connaître La partie structurée du secteur privé est
une forte hausse et, si un environnement approprié composée de différents types d’entités comprenant
est créé, le secteur privé, en tant que composante des sociétés commerciales, des organisations à but
d’un système pluriel, peut contribuer notablement non lucratif et des entreprises « sociales » (ne
à améliorer ces services en termes de choix, de recherchant pas le profit). Ces trois catégories se
couverture, de qualité et d’accès. distinguent l’une de l’autre selon trois critères :
Cette section fait le point sur le rôle joué leur objectif financier, leurs sources de financement
aujourd’hui par le secteur privé en Afrique et l’origine de leur capital, et les tarifs appliqués.
subsaharienne dans le domaine de la santé, et Ces différences sont résumées à la figure 1.2.
examine son potentiel de croissance. Il existe en outre un secteur informel de la santé
très développé, qui comprend des guérisseurs
traditionnels, des sages-femmes et des vendeurs de
médicaments. Bien qu’il ne constitue pas le sujet
principal de ce rapport, le secteur informel
Origine des soins dispensés en dehors du domicile à des enfants malades appartenant au quintile
le plus pauvre, 1990-2001*
Pourcentage de consultations
7 5 6 7 4 5 3 3 5
Autres 10 8
24 27
Public 25
47 47 52 51
63 68
68
90
69 68 65
Privé 47 46 44 44
32 29
24
Mali Ouganda Ghana Kenya Nigéria Cameroun Mozambique Tanzanie Zambie Namibie Moyenne
* Données des enquêtes DHS pour l’année la plus récente disponible
Source : Marek, 2005
représente une part importante, bien que peu activités à temps partiel dans des établissements
documentée, des services de santé dispensés, en privés30.
particulier au sein des populations rurales et Globalement, en ce qui concerne les dépenses
pauvres. En Zambie par exemple, les allant au secteur privé pour l’ensemble de la région,
40 000 guérisseurs traditionnels qui y exerceraient les prestataires de type commercial en recueillent
recueillent approximativement 60 % des dépenses 65 %, les entreprises sociales 15 %, les organisations
totales de santé des ménages28, soit environ 13 % à but non lucratif 10 % et les guérisseurs
du total des dépenses de santé de toutes origines traditionnels 10 % (figure 1.3)31.
dans ce pays. Dans une étude réalisée sur les
pratiques de soins des populations rurales au La participation du secteur privé suscite
Nigéria, on a constaté qu’elles se rendaient chez les des inquiétudes
guérisseurs traditionnels en première consultation Pendant la réalisation de cette étude, beaucoup
dans 12 % des cas29. Les estimations données dans d’acteurs publics de la santé nous ont fait clairement
ce rapport sur la participation du secteur privé aux comprendre qu’ils étaient opposés par principe à
services de santé sont fondées sur les comptes la participation du secteur privé — en particulier
nationaux de la santé et comprennent au moins d’entreprises commerciales — aux systèmes de
une part — sans doute sous-estimée — de ce santé.
secteur informel. Même ceux qui ne manifestaient pas
Enfin, les professionnels de santé fonctionnaires d’opposition de principe critiquaient souvent
qui travaillent aussi dans le secteur privé sont l’impact social négatif que le secteur privé pouvait
une composante importante tant du secteur avoir sur les produits et services de santé. Ils
structuré que du secteur informel de la santé. Au donnaient des exemples de mauvaise qualité, de
Mozambique par exemple, la grande majorité des gaspillage et de pratiques professionnelles
850 médecins du secteur public exercent aussi des contraires à l’éthique.
6 ) Investir dans la santé en Afrique
Figure 1.2
53
51
48
45 44
* Données relatives à l’utilisation et non aux dépenses (année d’enquête disponible la plus récente entre 1995 et 2006) ; données non
disponibles pour tous les pays.
Source : indicateurs de développement de l’Afrique, Banque mondiale 2006.
Figure 1.5
Population utilisant des prestataires commerciaux privés pratiquant une médecine moderne
Pourcentage de population*
62
Ouganda
76
58
Nigéria
55
49
Kenya
59
45
Éthiopie
42
42
Ghana
45
30
Madagascar
36
27 Rurale
Sierra Leone
36 Urbaine
* Données relatives à l’utilisation et non aux dépenses (année d’enquête disponible la plus récente entre 1995 et 2004) ; données non
disponibles pour tous les pays.
Source : indicateurs de développement de l’Afrique, Banque mondiale 2006.
Appréciation « bonne » ou « très bonne » donnée par les patients sur les soins
en hospitalisation selon le type d’hôpital
Pourcentage de personnes interrogées*
Médicaments/
Compétences Équipements fournitures
Hôpital
privé 92 88 87
commercial
Hôpital 89 79 74
public
* D’après des enquêtes réalisées dans 18 pays d’Afrique subsaharienne : Afrique du Sud, Burkina Faso, Comores, Congo, Côte
d’Ivoire, Éthiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Namibie, Sénégal, Swaziland, Tchad, Zambie et Zimbabwe ;
pondérées en fonction de la population.
Source : Enquêtes OMS sur la santé dans le monde
Figure 1.8
Services*
Commodité 66 34
Courtoisie du
personnel 71 29
Une seule
consultation 80 20
nécessaire
Qualité des soins 72 28
Moindre temps
d’attente 78 22
Produits
pharmaceutiques**
Conseil/service 66 34
Disponibilité 64 36
Commodité 66 34
Qualité 73 27
Choix 70 30
Public Privé
* Le privé comprend des établissements privés modernes de type commercial ou à but non lucratif.
** Le privé comprend des pharmacies ou officines de type commercial ou à but non lucratif ainsi que des vendeurs individuels ; le public
comprend les établissements et les officines du secteur public.
Source : enquête McKinsey/TechnoServe réalisée en milieu rural en Tanzanie.
Figure 1.9
Évolution du PIB/habitant (nominal) et des dépenses totales de santé (DTS)/habitant, dans le monde
Dollars
Cameroun
6 000
Lesotho
Sénégal
Côte d'Ivore
5 000 Gambie
Guinée Zambe Nigéria
Kenya
Mali Bénin
Ouganda Ghana
Mauritanie
4 000 Tanzanie
DTS/habitant, 003
Togo Tchad
Malaw Mozambque Interpolation linéaire
Comores
Sierra Leone Niger
Burund
Madagascar y = 0,0383x - 0,249
Liberia
3 000 Éthiopie
Rwanda R2 = 0,9522
2 000
y = 0,0859x – 71,56
R2 = 0,8861
1 000
0
100 1 000 10 000 100 000
PIB/habitant (nominal) en dollars
Dépenses totales de santé (DTS), Afrique subsaharienne ; chiffres réels pour 1996-2005,
projections à partir de 2005
Millions de dollars
Réel Projection
40 000
35 000
30 000
3,9 % 12,9 %
25 000
20 000
15 000
10 000
7,8 % 7,1 %
5 000
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Note : l’annexe 6 expose en détail la méthode utilisée pour estimer les dépenses de santé futures.
Source : OMS ; Global Insights ; étude McKinsey.
de croissance de l’Asie50. Les dépenses de santé ont consacrées aux produits et services de santé
progressé tout aussi mollement. (figure 1.9).
La situation commence néanmoins à changer. D’après les projections des taux de croissance
Depuis 2001, le PIB global de l’Afrique a augmenté économique et démographique, les dépenses de
de 5 % par an, un chiffre supérieur à la moyenne santé en Afrique subsaharienne devraient
mondiale qui est de 4,2 %. Selon le FMI, ce rythme augmenter pour passer de 16,7 milliards de dollars
de croissance devrait se maintenir pendant au en 2005 à 35 milliards de dollars en 2016 (voir
moins les cinq prochaines années pour atteindre l’annexe 6 pour plus de détails), soit un taux de
5,6 %. Dans certains grands centres de population croissance annuel de 7,1 % (figure 1.10).
comme le Nigéria, et dans des régions sortant de Le présent rapport estime aussi qu’il faudra
conflit comme l’Angola et la République environ 25 à 30 milliards de dollars
démocratique du Congo, le PIB par habitant a d’investissements supplémentaires pour financer
augmenté de plus de 5 % par an durant chacune les actifs physiques (hôpitaux, centres de santé,
des cinq dernières années51,52. entrepôts de distribution, etc.) nécessaires à la
Selon les tendances observées au plan satisfaction de ce surcroît de demande au cours
international, cette croissance du PIB va générer des dix prochaines années.
une plus forte demande dans le secteur de la santé Les États d’Afrique subsaharienne voudront-ils
et une augmentation des dépenses par habitant et pourront-ils fournir cet effort ? Peut-être, mais
À
condition d’être bien réglementées, les d’entreprises ayant des pratiques de haute qualité,
entreprises du secteur privé peuvent favoriser le secteur privé pourrait s’étoffer, être mieux
l’efficacité et la qualité d’une part en se structuré, moins fragmenté et de meilleure qualité,
faisant concurrence entre elles, et d’autre part en et favoriser ainsi une amélioration des résultats
complétant l’offre des prestataires publics et en sanitaires au sein d’un modèle mixte public-privé.
leur opposant une concurrence. Même ceux qui Les entretiens conduits dans le cadre de cette
s’inquiètent de la participation du secteur privé étude ont permis de faire émerger de nombreuses
dans ce domaine reconnaissent de plus en plus le idées, formulées notamment par des représentants
rôle important qu’il peut jouer dans l’ensemble du du secteur privé, sur ce que les autorités
système de santé. gouvernementales, les conseillers en politique
Pour que le secteur privé puisse effectivement publique, les bailleurs de fonds et les autres acteurs
contribuer à l’amélioration et au développement pourraient faire pour encourager le développement
de l’offre de santé en Afrique subsaharienne, il est d’un secteur privé de la santé responsable.
toutefois indispensable d’analyser franchement ses De cette longue liste d’idées sont ressortis cinq
travers et d’y remédier. Les consommateurs et les grands impératifs, formant ensemble un programme
patients doivent avoir confiance dans le prix, la d’action que les responsables politiques, les
qualité et la valeur des soins et des produits qu’ils organismes de réglementation, les donateurs et les
achètent au secteur privé. autres parties prenantes doivent reprendre à leur
Réglementation et surveillance sont donc au compte pour améliorer l’offre de santé en Afrique
cœur du problème. Aux États-Unis, la fourniture subsaharienne, y compris par le biais du secteur
des soins de santé est ainsi entièrement réglementée. privé. Ces priorités sont les suivantes :
Pour les produits pharmaceutiques, la Food and
1. Mettre en place les mécanismes nécessaires
Drug Administration aux États-Unis et l’Agence
pour élaborer et faire appliquer des normes de
européenne pour l’évaluation des médicaments
(EMEA) assurent des niveaux élevés de surveillance qualité dans le domaine de la fabrication et de
qui ont été un facteur de réussite important de la distribution des produits et des services de
l’industrie pharmaceutique multinationale. En santé.
Colombie, une grande réforme de la santé a été 2. Maximiser le nombre de personnes couvertes
introduite avec la Loi n°100, qui instaure une par des systèmes de mutualisation des risques.
couverture maladie universelle pour les services de 3. Affecter au secteur privé de la santé une partie
santé publics et privés. Dans le cadre de cette du budget public et des fonds des donateurs.
réforme, le ministère colombien de la Santé a mis 4. Adopter des réglementations locales plus
en place un système d’autorisation puis le Système favorables au secteur privé de la santé.
d’accréditation unifié afin d’améliorer la qualité et 5. Améliorer l’accès au capital, notamment en
de réglementer l’activité médicale privée en plein augmentant la capacité des institutions
développement. financières locales à soutenir des entreprises
Quelques mesures préliminaires visant à privées dans le secteur de la santé.
améliorer et cibler la réglementation pourraient Pour produire des résultats, ce programme
déjà avoir des effets positifs importants et d’action doit être ciblé sur l’échelon local avec des
immédiats sur le secteur privé de la santé en stratégies d’intervention spécifiquement adaptées
Afrique subsaharienne. Si, en plus de renforcer la aux contextes locaux. La suite de cette section
surveillance, les États pouvaient prendre d’autres explique chacun de ces impératifs de façon plus
mesures pour stimuler le développement détaillée.
Investir dans la santé en Afrique ( 17
1. Élaborer et faire appliquer sur les différentes interventions pouvant améliorer
des normes de qualité la qualité (voir la figure 2.1).
La qualité des produits et services de santé en Les pays qui veulent renforcer la contribution
Afrique subsaharienne est extrêmement variable du secteur privé à l’offre de santé doivent
et souvent insuffisante. Les médicaments rechercher de nouveaux moyens de réglementer le
contrefaits ou de mauvaise qualité, les prestataires secteur de la santé tout en essayant de favoriser les
peu ou non qualifiés, l’hygiène défectueuse des initiatives qui vont dans le sens d’une plus grande
installations et le manque de fournitures et de transparence et qui donnent aux patients davantage
matériel sont des problèmes courants, tant dans le la possibilité de s’exprimer. Toutes les parties
secteur privé que dans le secteur public. prenantes doivent réfléchir à de nouveaux modes
Les raisons de ces faiblesses sont nombreuses et d’appui financier ou technique permettant de
variées : le manque de ressources, une formation soutenir et d’encadrer les mesures prises pour
insuffisante, la corruption, et des normes améliorer la qualité des produits et des services de
réglementaires techniquement inadaptées, santé, tant pour le secteur public que pour le
opaques, et mal contrôlées ou mal appliquées. secteur privé.
Comme partout, l’asymétrie d’information entre Les interventions les plus utiles tourneront
prestataires et patients met les consommateurs à la probablement autour des institutions et des
merci des prestataires incompétents ou incitations locales, et toutes les parties concernées
malhonnêtes. En Afrique subsaharienne, ce doivent s’efforcer de partir de ce qui fonctionne
manque d’information est aggravé par l’accès déjà dans le contexte local (souvent sur un mode
limité aux produits et services de santé qui collaboratif et non dirigé par l’État). Les mesures
concerne une bonne partie des populations les suggérées ci-dessous donnent une idée générale
plus vulnérables. des besoins, mais la situation locale doit être
Au-delà de ses conséquences évidentes sur la systématiquement analysée dans ses moindres
santé de la population, l’absence de normes de détails pour éviter que le surcroît d’intervention
qualité transparentes et effectivement appliquées de la puissance publique ne se traduise simplement
constitue un obstacle majeur au développement par un renforcement de la bureaucratie et des
d’un secteur privé de la santé plus structuré et de coûts de transaction.
meilleure qualité. Les prestataires de bonne Dans le domaine des produits pharmaceutiques
réputation se rendent compte qu’ils ne parviennent et médicaux, les différentes parties concernées
pas toujours à rentrer dans leurs frais s’ils veulent pourront participer à l’amélioration de la qualité
fournir des produits et des services de haute qualité en aidant à :
dans un marché où prospèrent des concurrents sans • Renforcer les autorités nationales de
scrupules ou moins compétents. Les investisseurs réglementation des médicaments. Toutes les
ne veulent pas être associés à des projets dans parties concernées doivent réfléchir aux moyens
lesquels des produits ou des services de santé de financiers et techniques qui permettraient de
qualité inférieure pourraient être proposés. renforcer les capacités des autorités nationales
Pour un grand nombre des entrepreneurs et des de réglementation des médicaments. Ces
exploitants que nous avons interrogés, il est organismes peuvent amener des améliorations
indispensable d’avoir des normes de qualité plus sensibles de la qualité. Au Nigéria par exemple,
claires — et plus clairement appliquées, et l’agence nationale de réglementation des
d’accréditer des prestataires de qualité pour médicaments, la NAFDAC, indique avoir fait
permettre l’émergence d’un secteur privé de la passer le pourcentage de produits contrefaits de
santé plus dynamique et viable en Afrique 40 à 17 % entre 2001 et 200655. Il faut aussi
subsaharienne. favoriser l’introduction de bonnes pratiques de
Il faut donc améliorer les normes de qualité. fabrication (BPF), la mise en place et la
Facile à dire, beaucoup moins facile à faire ! Une certification de laboratoires d’essais de
quantité d’idées ont été expérimentées à cet effet, bioéquivalence, et la définition et le maintien de
dans différents contextes53,54, mais très peu ont été normes pour l’autorisation de mise sur le
systématiquement évaluées puis reproduites à plus marché des médicaments56.
grande échelle. Une étude a été réalisée sur les • Développer la collaboration régionale, la
actions menées auprès des revendeurs de reconnaissance mutuelle et l’harmonisation des
médicaments antipaludéens. Elle constitue un bon normes. L’existence de normes et de procédures
point de départ et donne des idées intéressantes régionales pour la délivrance des autorisations de
Interventions pouvant améliorer la qualité des produits et services de santé en Afrique subsaharienne*
• Les réglementations publiques ne sont peut-être • Modification des politiques et des réglementations
Création d’un pas adaptées, pas correctement appliquées ou ont (ex. : modernisation des normes, décentralisation
environnement des conséquences imprévues et doivent être des organes de surveillance/application)
favorable analysées et réformées • Facilités de crédit pour les exploitants d’établissements
• Le manque d’accès à des financements peut être
un obstacle majeur pour investir dans la qualité
• La formation préalable des prestataires de soins de • Formations classiques (ex. : ateliers, cours)
Formation et santé (du secteur structuré et informel) peut être • Formations par les pairs et sur le tas
renforcement absente, inadaptée ou insuffisante, conduisant à • Utilisation d’outils d’aide professionnelle et de matériels
des capacités des résultats négatifs de formation
• Les mesures prises pour corriger ces problèmes
peuvent favoriser l’amélioration de la qualité
• L’asymétrie d’information est un problème qui se • Formations classiques (ex. : ateliers, cours)
Création d’une pose dans tout le secteur de la santé • Formations par les pairs et sur le tas
demande • En utilisant des techniques axées sur le marché et • Utilisation d’outils d’aide professionnelle et de matériels
en informant le public, on peut amener les de formation
consommateurs à exiger des produits/services de
haute qualité
* Schéma élaboré à partir d’une analyse de la littérature sur les tactiques employées pour améliorer la qualité des services fournis par les vendeurs de médicaments
antipaludéens en Afrique subsaharienne.
Source : Goodman, non publié.
mise sur le marché facilite l’entrée de fabricants d’organes d’inspection indépendants ou semi-
plus importants proposant des produits de indépendants ; pour les inspecteurs, une
meilleure qualité et permet à des établissements meilleure formation et des mesures d’incitation ;
comme les laboratoires de bioéquivalence d’être des inspections surprises (plutôt que planifiées)
exploités au niveau régional. Certains efforts dans et la poursuite des contrôles après la phase
ce sens ont été engagés par les ministères de la initiale d’agrément ou d’accréditation ; la
Santé de la Communauté économique des États publication des résultats des inspections ; et la
d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)57, mais l’absence création de mécanismes permettant de signaler
de centres d’excellence reconnus par tous rend la les abus de façon anonyme59, 60, 61. Parce que les
tâche particulièrement difficile. La communauté pauvres y ont beaucoup recours, il faut s’attaquer
internationale peut apporter un concours financier en priorité aux vendeurs de médicaments du
et technique pour rassembler les organismes de secteur informel et aux médicaments contrefaits
réglementation à l’échelon régional autour d’un pour obtenir un impact maximum sur le
programme d’harmonisation. développement.
• Renforcer les inspections et l’application des • Informer les patients et les prestataires. Les
réglementations existantes. La plupart des pays autorités gouvernementales et la communauté
ont instauré des mesures pour garantir la qualité internationale des donateurs peuvent soutenir
des biens proposés au public, mais dans et développer les initiatives visant à informer les
beaucoup de cas, les réglementations en patients — ainsi que les employés des hôpitaux,
question ne font l’objet d’aucun contrôle58. des centres de santé et des pharmacies — sur les
Différents moyens seraient possibles pour moyens d’éviter les médicaments contrefaits et
améliorer la situation, à savoir : la création sur le danger que représentent les vendeurs de
Figure 2.2
• Consultations médicales
31
• Tests de diagnostic
Analyses
• Pharmacie 98
• Information
21
• Soins d’urgence nécessaires
Échographies
• Premières vaccinations 81
50
La mortalité maternelle était de 747
Consultations
(pour 100 000 naissances) pour les
patientes non assurées, 83
et de 100 pour les
patientes assurées Non assurées Assurées
Note : programme expérimenté tout d’abord dans deux régions (Sebkha et El Mina) en novembre 2002 et déployé depuis dans d’autres
zones ; les taux d’adhésion pendant la période pilote ont dépassé les 60 %.
Source : entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
Figure 2.3
Dépenses de soins dans le cadre d’un régime de sécurité sociale* ou d’une assurance privée prépayée**, 2003
Pourcentage des dépenses totales
• Fonds d’assurance para-étatique ou • Kenya : le système a été créé au départ • Courant dans
Assurances indépendant, à but non lucratif, financé en 1966 en tant que régime universel l’Union
de santé principalement par des cotisations financé par l’État, mais a été européenne
communautaires obligatoires prélevées sur les salaires profondément réformé en 1998 pour (ex. : Allemagne,
• Couverture liée à la population cotisante devenir un régime d’assurance sociale France) et en
(employés du secteur structuré) bien qu’on associant une couverture obligatoire de Amérique latine
puisse essayer de l’étendre à d’autres (ex. : tous les employés et l’adhésion (ex. : Argentine)
chômeurs, employés du secteur informel), volontaire pour les autres ; nombre • République de
ce qui s’avère souvent difficile d’adhérents actuel : env. 1,6 million Corée
• De nombreux régimes ont été votés
récemment, notamment en Tanzanie
(1999) et au Nigéria (2006).
• Nigéria (2005) : déployé actuellement
pour les fonctionnaires, pour arriver,
à terme, à une couverture universelle
• L’Ouganda est en train d’élaborer un
régime d’assurance sociale
• Généralement des assurances volontaires • La plupart des pays ont un très petit • Chili, Singapour,
Assurances commerciales financées par des cotisations nombre d’assureurs privés qui couvrent États-Unis,
privées individuelles ou d’employeurs les populations riches ou étrangères Uruguay
indépendantes des revenus, ou avec le • Ces assurances sont plus répandues en
concours de donateurs Namibie et au Zimbabwe, bien qu’elles
• Peut assurer une couverture principale ou couvrent encore un pourcentage
exister parallèlement à des régimes publics relativement faible de la population
• La concurrence entraîne des gains (Zimbabwe : 6 % en 2002)
d’efficacité mais l’antisélection par les • Courantes aussi en Afrique du Sud
assureurs et le fait que les cotisations soient
uniquement privées limitent souvent l’accès
aux populations riches et en bonne santé
• Variante : au lieu d’acheter une couverture
auprès d’assureurs privés externes, les
grands employeurs peuvent constituer leur
propre groupe de risques et s’auto-assurer
Source : Gottret, 2006 ; Atim, 1998 ; Ndiaye, 2007 ; entretiens dans les pays.
Figure 2.4
Source : adapté de Marek, 2003 ; USAID, 2006 ; Loevinson, 2003 ; Harding, 2003.
Autres 0 4 0 0 0 1 0 0 0
7 10 7
15
25 21
35
Secteur 32
privé 55
65 57
(c-à-d.
ONG)
90 93
85
75 79
60 65
Secteur 45
35 39
public
Malawi Rwanda Ouganda Kenya Nigéria Mozambique Namibie Zambie Tanzanie Zimbabwe
Source : comptes nationaux de la santé 1997-2002 (année disponible la plus récente) ; étude McKinsey.
Exemples de dépenses et d’activité des employeurs en matière de santé dans plusieurs pays
Au Kenya, 100 % de l’activité des En Namibie, 83 % des dépenses de En Zambie, 95 % de l’activité des
employeurs concernent le secteur privé santé des employeurs vont au secteur employeurs concernent le secteur
privé privé
Participation des employeurs Dépenses de santé des employeurs Activité des employeurs
Pourcentage Pourcentage Pourcentage
Activité
publique
Prestataires
Assurance publics 5
privée 17
46 54 45 50
Assurance
privée
Prestataires 83
Prestataires Prestataires
privés privés privés
activité, quelle qu’elle soit, et empêcher la régional en matière d’autorisation de mise sur le
croissance des entreprises existantes. Au cours de marché des médicaments. Par exemple, les
nos entretiens avec des entreprises de la santé, organismes de réglementation des produits
différents problèmes spécifiques ont aussi été alimentaires et pharmaceutiques du Ghana et
évoqués concernant la création d’entreprises de du Nigéria ont commencé à coopérer de façon
santé solides et l’accès à des médicaments de officieuse,de manière que lorsqu’un médicament
qualité. En dehors de régler les questions de reçoit son autorisation de mise sur le marché
l’acceptation et de l’application de normes de dans l’un des pays, la procédure d’autorisation
qualité et celle du capital minimum requis pour engagée dans l’autre pays en tient compte.
créer un HMO (toutes deux déjà expliquées dans
cette section), les pouvoirs publics doivent Politiques des ressources humaines
s’employer à : pour la santé
• libéraliser la réglementation sur la propriété des Le secteur de la santé en Afrique subsaharienne
chaînes de pharmacies pour permettre le traverse une véritable crise des ressources humaines,
développement des chaînes et la concurrence qui représente un obstacle majeur au
des prix. Au Sénégal par exemple, les développement de l’offre de soins dans la région,
pharmaciens ne peuvent posséder qu’une seule tant dans le secteur public que dans le secteur
officine car la loi exige qu’ils soient présents en privé. La pénurie de personnel dans le secteur
permanence dans leur magasin. De même, le public de la santé explique pour beaucoup la
développement des laboratoires d’analyses réticence des hauts fonctionnaires à favoriser le
médicales est limité par le fait que seuls les développement des prestataires privés, lesquels
biologistes diplômés peuvent détenir des fonds risqueraient d’aller puiser dans les précieux effectifs
dans ce type d’entreprises ; de la fonction publique.
• établir des programmes de reconnaissance Le Mozambique est ici un cas d’espèce. Avec
régionale des qualifications, qui favoriseront la seulement 850 médecins pour une population
mobilité des prestataires et des agents de santé de 19 millions d’habitants, on comprend que les
entre pays voisins — et permettront le retour de responsables du ministère de la Santé voient d’un
professionnels nationaux formés à l’étranger ; mauvais œil les opérateurs privés commerciaux
• simplifier les procédures administratives pour la et à but non lucratif qui privent le secteur public
création d’organismes à but non lucratif de professionnels qualifiés. De même, certains
prestataires de services de santé dans un pays bailleurs de fonds, soucieux d’accélérer la prise
donné ; en charge des malades du VIH/SIDA, se
• élaborer des exigences communes au niveau concurrencent les uns les autres pour attirer le
L
e mauvais climat de l’investissement en Unis, au cours des dix dernières années, trois pays
Afrique subsaharienne a longtemps découragé de la région sont passés de « partiellement libres »
entrepreneurs et investisseurs. Mais à « libres », et huit sont passés de « non libres » à
aujourd’hui, de nombreux indicateurs tendent à « partiellement libres »84. Dans trois cas seulement
montrer que le climat de l’investissement devient (Érythrée, Malawi et Zimbabwe), on a observé
plus attractif. On le voit notamment à la hausse une diminution de la liberté politique et des
fulgurante de l’investissement direct étranger et libertés civiques.
des prises de participation étrangères ainsi qu’à la La corruption reste un obstacle majeur à
progression importante des indices des marchés l’investissement, et les perspectives de réformes de
boursiers sur le continent. Pour le moment, le fond qui pourraient la faire reculer sont très
secteur de la santé n’a pas beaucoup bénéficié de variables d’un pays à l’autre. Les institutions
cette évolution. Même si les investisseurs se disent chargées de maintenir l’équilibre des pouvoirs en
souvent intéressés par ce secteur, l’essentiel des Afrique subsaharienne n’ont généralement pas les
capitaux sont allés aux télécommunications, aux moyens ni le poids politique nécessaires. De
services financiers, au pétrole, aux minerais, à nouvelles organisations telles que la fondation Mo
l’industrie extractive et aux infrastructures. Ibrahim œuvrent à promouvoir la bonne
Cette section du rapport examine les progrès gouvernance en établissant un classement des pays
amorcés en Afrique subsaharienne du point de vue d’Afrique subsaharienne basé sur la qualité de la
du climat de l’investissement, et expose les gouvernance. Ces organisations cherchent aussi à
problématiques propres au secteur de la santé. Il attirer l’attention sur ce problème en décernant
donne également un ordre de grandeur des des prix d’excellence85. La société civile, elle aussi,
opportunités d’investissement qui existent dans ce est de plus en plus active et parle plus ouvertement
secteur et présente quelques modèles économiques des problèmes de gouvernance et de corruption.
potentiellement intéressants pour différents types Dans beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne,
d’investisseurs. On trouvera plus de détails sur ces les médias sont indépendants et critiques, et la
modèles économiques, y compris des études de corruption est un sujet dont on discute de plus en
cas, dans les annexes au présent rapport. plus publiquement.
Parallèlement à l’augmentation de la stabilité
politique, l’Afrique subsaharienne voit également
Le climat de l’investissement son environnement macroéconomique s’améliorer.
est en nette amélioration Le taux de croissance moyen du PIB dans cette
en Afrique subsaharienne région a atteint 5 % par an durant les sept dernières
La stabilité politique a fait des progrès considérables années, et devrait encore progresser d’ici la fin de la
en Afrique subsaharienne ces dernières années, décennie. Pendant la même période, le taux
comme le montre la figure 3.1. La probabilité que d’inflation moyen a été divisé par deux, passant de
cette stabilité se maintienne est plus élevée du fait 16 % à moins de 8 %. Dans beaucoup de pays, ces
des progrès enregistrés dans l’instauration de moyennes continentales masquent une réalité
processus et de structures démocratiques plus encore plus encourageante. L’un des principaux
solides. facteurs macroéconomiques responsables de
Selon le système de mesure de la liberté l’amélioration du climat de l’investissement est
politique utilisé par Freedom House, une précisément cette combinaison d’une croissance
organisation à but non lucratif basée aux États- stable et d’une inflation en baisse86, 87.
25
20 Instabilité politique
15
Conflits
10
0
1994 2000 2004
Les progrès enregistrés dans les domaines représente environ 800 milliards de dollars de
politique et macroéconomique ont créé un capitalisation du marché), tandis que des nouvelles
meilleur climat des affaires. En 2007, selon le bourses comme celles de l’Ouganda ou du
rapport Doing Business publié chaque année par la Cameroun représentent chacune un peu moins de
Banque mondiale, l’Afrique s’est placée en 3 milliards de dollars89.
troisième position dans le monde (juste derrière le Certaines sociétés d’Afrique subsaharienne
groupe Europe orientale-Asie centrale et les pays comme le réseau de télévision câblée M-Net et le
de l’OCDE) pour le rythme des réformes géant de la bière SAB Miller ont affiché des taux
économiques. En 2006, les deux tiers des pays de croissance remarquables ces dix dernières
d’Afrique subsaharienne avaient lancé au moins années. Le cas le plus notable est peut-être la
une grande réforme économique, et la Tanzanie et progression extraordinaire de MTN, l’opérateur
le Ghana figuraient parmi les dix premiers pays sud-africain de téléphonie cellulaire, qui s’est
réformateurs du monde. Certains pays se sont fixé étendu sur tout le continent et dans tous les
des objectifs ambitieux. Maurice compte ainsi secteurs de la société.
arriver d’ici 2009 dans les dix premiers États du Les investisseurs étrangers ont pris bonne note
monde pour la facilité de faire des affaires88. de ces changements. L’apport net d’investissements
On peut voir une mesure concrète de l’évolution étrangers est passé de 6 milliards de dollars en
du climat de l’investissement en Afrique 2000 à 18 milliards de dollars en 2005, et de moins
subsaharienne dans le nouveau paysage financier de 0,5 % à environ 2 % des investissements
de la région, en particulier la montée en puissance étrangers mondiaux90.Près de la moitié des grands
rapide des places boursières. En 1993, l’Afrique groupes d’investissement du monde s’intéressent
subsaharienne ne comptait que dix bourses des maintenant à cette région91, et plusieurs (dont JP
valeurs, pour une capitalisation du marché de Morgan, Citibank et AIG) ont créé des fonds
175 milliards de dollars. Aujourd’hui, il existe spécialisés pour y travailler. Les grandes institutions
19 places boursières sur lesquelles quelque de financement du développement telles que l’IFC,
800 sociétés sont cotées, avec une capitalisation la FMO92, la DEG93, NORFUND94, et l’OPIC95
totale du marché d’environ 1 billion de dollars. La ont commencé à investir en Afrique subsaharienne,
plus importante est celle de Johannesburg (qui et plusieurs d’entre elles y consacrent plus de 20 %
…
Le développement des marchés financiers… …a attiré de nouveaux capitaux étrangers……
Source : sites web des bourses de valeurs ; Freedom House ; Economist Intelligence Unit ; recherches sur Internet ; Emerging Markets Private Equity Association ;
étude McKinsey.
Produits de 14
santé * Entité 60
commerciale
Distribution
et commerce 14 0,25-3,00 43
de détail
Fourniture Entreprise 23
de services 50 sociale
de santé
<0,25 34
ONG/à but
17
non lucratif
* L’Afrique du Sud est incluse dans les produits pharmaceutiques et médicaux, et exclue dans tous les autres domaines
Source : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la santé ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
Les investisseurs ayant des objectifs à la fois Les cinq sous-secteurs et leurs principaux
financiers et sociaux (comme les IFD et les segments sont illustrés à la figure 3.4 selon trois
fondations) doivent être prêts à collaborer pour dimensions : la viabilité financière, la taille des
fournir du capital « patient » qui ne sera productif projets individuels et l’importance dans le total des
qu’à long terme. Cette approche doit permettre opportunités du marché. Il faut souligner que cette
d’obtenir des gains financiers tout en accélérant illustration (ainsi que celles qui suivent pour
l’accès aux produits et services de santé dans toute
chaque sous-secteur) montre la diversité des
l’Afrique subsaharienne.
entreprises et des organisations bien gérées
Enfin, les bailleurs de fonds peuvent apporter
une contribution majeure en finançant des projets rencontrées pendant la rédaction de ce rapport. Le
qui, sans être totalement viables sur le plan but est de donner une idée des ouvertures possibles
financier, sont susceptibles de jouer un rôle et de montrer les principales différences entre les
déterminant dans le développement d’un secteur sous-secteurs. D’autres types d’entreprises peuvent
privé de la santé de haute qualité, viable et exister en dehors de cet éventail, mais le volume
responsable, en Afrique subsaharienne. des opportunités qu’elles offrent ne devrait pas
Tout comme il n’existe pas un seul type être significatif.
d’investisseur, il n’y a pas une opportunité Chacun de ces sous-secteurs est exploré plus en
d’investissement meilleure que les autres.Toutefois, détail ci-après. On en trouvera une description
compte tenu de l’étendue et de la diversité du encore plus approfondie (comprenant les tendances
secteur privé de la santé en Afrique subsaharienne,
du marché, les modèles économiques gagnants, et
chaque investisseur devrait pouvoir trouver une
opportunité adaptée à ses besoins et ses objectifs des études de cas) aux annexes 1 à 5.
individuels.
Élevée Services
Totalement La taille indique la de soins – Services
viable dimension relative Commerce de diagnostic
dans le total des de détail
opportunités du marché Formation
médicale Produits
pharmaceutiques
et médicaux
Distribution
Services de Services
Viabilité financière
Non viable
Faible
Note : ce schéma est indicatif et vise à montrer la diversité des entreprises et des organisations bien gérées rencontrées pendant la
rédaction de ce rapport. Le but est de donner une idée des ouvertures possibles et de montrer les principales différences entre les sous-
secteurs. D’autres types d’entreprises peuvent exister en dehors de cet éventail.
Source : étude McKinsey.
médecine
assurance Hôpitaux
interne à fort débit
Hôpitaux et bas tarif
Fonctionnement utilisant des Médecins
courant viable mécanismes spécialistes
d’interfinancement couvrant un
(c-à-d. sans
réseau
les coûts d’hôpitaux
d’établissement)
Non viable
Faible
Note : ce schéma est indicatif et vise à montrer la diversité des entreprises et des organisations bien gérées qui existent, et à donner des
indications générales sur ce qui les différencie surtout. D’autres types d’entreprises peuvent exister en dehors de cet éventail.
Source : étude McKinsey.
À l’autre extrémité du spectre, on trouve les figure 3.6 donne une brève description de quelques
hôpitaux à fort débit et bas tarif. Ils sont autres possibilités. On trouvera à l’annexe 1 un
généralement situés dans des zones densément exposé plus complet du segment des services de
peuplées et ciblent les groupes à faible revenu soins de santé, comprenant plus de détails sur
ayant besoin de soins médicaux de base. Les chacun des modèles ci-dessous ainsi que des études
services disponibles étant limités, le débit est de cas.
extrêmement élevé (jusqu’à 100 patients par
médecin et par jour). Ce type d’établissement fait Systèmes de mutualisation des risques
typiquement entre 1 et 5 millions de dollars de Comme cela a été expliqué à la section II, les
chiffre d’affaires par an. Il s’agit par exemple de systèmes de mutualisation des risques sont
l’hôpital R-Jolad au Nigéria, de l’hôpital Selien en essentiels pour amener une amélioration durable
Tanzanie, et de l’hôpital Nsambya en Ouganda. de la fourniture de services de soins en Afrique
Parce qu’ils fournissent des services de soins à une subsaharienne. La mutualisation des risques est un
très vaste population, ces hôpitaux ont un impact mode de financement des soins de santé supérieur
important sur le développement. En outre, la à la méthode du paiement direct dont sont
productivité élevée de leur personnel médical aujourd’hui tributaires une majorité d’habitants
contribue à rendre les services abordables. de cette région. En outre, parce qu’ils sont à même
Ces centres haut de gamme et ces hôpitaux à de conclure des contrats directement avec des
fort débit et bas tarif ne constituent que deux organismes prestataires, ces systèmes peuvent
exemples des nombreux modèles d’investissement encourager le développement de prestataires
prometteurs qui existent dans ce sous-secteur. La privés de meilleure qualité et mieux organisés.
Chiffre Coûts
d’affaires d’établissement Impact sur le
Exemples Millions de dollars Millions de dollars développement
• Tanzania Heart Institute (Tanzanie), • 0,2-10,0 • 0,5-3,0 • Permet de retenir dans le pays des
Petits centres haut hôpital Lagoon (Nigéria), Bridge Clinic ressources spécialisées de haute
de gamme (Nigéria), hôpital Lister (Ghana) qualité
Réseau de centres • Christian Health Association (Kenya), • 0,01-0,3 • 0,02-0,6 • Améliore la desserte des zones
Biruh Tesfa (Éthiopie), Clinic Africa par centre par centre rurales en assurant des soins de
de soins primaires qualité aux populations sous-
(Ouganda)
et secondaires médicalisées
• Hôpital Kadic (Ouganda), AAR Clinic • 0,3-5,0 • 0,5-3,0 • Augmente l’accessibilité des services
Hôpitaux proposant (Ouganda), hôpital luthérien Selian de soins de santé dans les régions
une assurance interne (Tanzanie) sans régimes d’assurance établis
• Hôpital R-Jolad (Nigéria), hôpital • 1,0-5,0 • 0,5-3,0 • Augmente l’accès à des services
Hôpitaux à fort débit Nsambya (Ouganda), hôpital luthérien standardisés dans une population
et bas tarif Selian (Tanzanie) plus vaste
Hôpitaux utilisant • Hôpital international (Ouganda), • 0,2-2,0 • 0,2-1,5 • Permet à une population plus large
CCBRT (Tanzanie) d’avoir accès à des soins abordables,
des mécanismes
y compris pour les pauvres
d’interfinancement
• Bio24 (Sénégal), Radmed Diagnostic • 0,5-3,0 • 1,0-3,0 • Améliore l’efficacité globale du
Grands laboratoires Center (Nigéria) traitement en facilitant le diagnostic
d’analyses
• Pas d’exemples (modèle possible à • 0,1-1,0 • 0,2-2,0 • Augmente l’accès à des soins de
Médecins spécialistes spécialité dans la région
expérimenter)
couvrant un réseau
d’hôpitaux
La mutualisation des risques peut prendre La figure 3.7 présente des modèles
différentes formes. Elle est encore peu développée d’investissement particuliers dans le domaine de la
en Afrique subsaharienne mais les chiffres mutualisation des risques.
augurent bien de l’avenir. Les assurances privées Des HMO intégrés, qui fournissent
représentent entre 20 et 30 % des dépenses de généralement une couverture d’assurance de base
santé en Namibie. En Afrique de l’Ouest et de avec des prestataires recommandés sélectionnés,
l’Est, on compte jusqu’à 600 régimes d’assurance commencent à apparaître dans la région. Ils
maladie communautaires, couvrant plus de fonctionnent habituellement selon le principe de
1,5 million de personnes. Le Nigéria a adopté la capitation ou de la fourniture des soins en
récemment un régime national d’assurance interne. En fournissant des services de soins en
maladie obligatoire pour les fonctionnaires et les interne (en général des soins primaires), ces HMO
employés du secteur structuré, qui doit être arrivent mieux à maîtriser les coûts des prestations
appliqué par les entreprises privées avec, à terme, et à limiter la fraude. Bien que la maîtrise des coûts
l’objectif d’étendre la couverture à toute la puisse rendre l’assurance abordable, le principal
population. Globalement, les systèmes de impact sur le développement est le fait que ces
mutualisation des risques devraient représenter un structures encouragent le développement d’un
potentiel d’investissement compris entre 1,4 et réseau de prestataires plus étendu. Actuellement,
2,5 milliards de dollars en Afrique subsaharienne ce modèle est le plus développé en Namibie, au
sur les dix prochaines années. Nigéria et au Zimbabwe.
42 ) Investir dans la santé en Afrique
Figure 3.7
assurance
maladie associée
à des institutions
de micro-
financement HMO intégrés à des
prestataires de services
Fonctionnement
courant viable
(c-à-d. sans
les coûts
d’établissement)
Non viable
Faible
MUSD 0-0,25 MUSD 0,25-1 MUSD 1-3 > MUSD 3
Note : ce schéma est indicatif et vise à montrer la diversité des entreprises et des organisations bien gérées qui existent, et à donner des
indications générales sur ce qui les différencie surtout. D’autres types d’entreprises peuvent exister en dehors de cet éventail.
Source : étude McKinsey.
La micro-assurance est encore rare en Afrique trouvera à l’annexe 2 un exposé plus complet des
subsaharienne. Pourtant, le marché pourrait se opportunités qui existent, comprenant plus de
développer si des incitations étaient mises en place détails sur chacun de ces modèles ainsi que des
pour encourager les consommateurs à acheter une études de cas.
assurance maladie avec les produits traditionnels
Produits de santé
de microcrédit. Cette solution permettrait de
Globalement, les produits de santé représentent
stimuler la croissance du marché et de couvrir les
un potentiel d’investissement compris entre 1,6 et
couches les plus pauvres de la société et les
2,9 milliards de dollars sur les dix prochaines
populations rurales. Des polices d’assurance
années, le segment le plus important étant la
comprenant une couverture de base pour les production de médicaments génériques. Les quatre
affections courantes ou graves pourraient être segments du sous-secteur « produits de santé » qui
vendues par les sociétés de microfinance et liées à sont examinés dans ce rapport sont la fabrication
des prêts ou d’autres produits. Bien que les de médicaments génériques, la fabrication de
exemples actuels de ces modèles en Afrique fournitures médicales, l’innovation en matière de
subsaharienne soient principalement des maladies infectieuses (basée en dehors de l’Afrique
entreprises sociales acceptant des taux de rentabilité subsaharienne), et l’innovation en matière de
inférieurs à ce qu’attendent des entités produits de santé basée en Afrique du Sud. Fait
commerciales, l’expérience Grameen au notable, la majorité des opportunités
Bangladesh semble montrer que les marges d’investissement dans le domaine des produits de
peuvent être élevées. santé devraient dépasser les 3 millions de dollars,
La figure 3.8 donne une brève description des soit bien davantage que les petits projets plus
modèles économiques dans ce sous-secteur. On courants dans les autres sous-secteurs.
Investir dans la santé en Afrique ( 43
Figure 3.8
Des opportunités d’investissement prometteuses dans les systèmes de mutualisation des risques
Chiffre d’affaires Coûts
annuel d’établissement Impact sur le
Exemples Millions de dollars Millions de dollars développement
Fabrication de
fournitures
médicales
Commercialisation
d’innovations en
Fonctionnement matière de maladies
courant viable infectieuses
(c-à-d. sans
les coûts
d’établissement)
Non viable
Faible
fabriqués localement et les produits importés101. activités grâce aux bénéfices de leurs pharmacies.
La figure 3.10 donne une brève description des On a ainsi l’exemple d’un centre de consultations
modèles d’investissement dans le domaine des externes, au Kenya, qui tire 70 % de ses bénéfices
produits de santé. On trouvera à l’annexe 3 un de sa pharmacie.
exposé plus complet des opportunités disponibles, Le fléau des médicaments contrefaits qui s’est
comprenant plus de détails sur chacun de ces abattu sur l’Afrique subsaharienne (et les risques
modèles ainsi que des études de cas. sanitaires qu’ils représentent) fait de la distribution
et du commerce de détail des composantes
Distribution et commerce de détail extrêmement sensibles du secteur de la santé. Au
La distribution et le commerce de détail Kenya, une étude des National Quality Control
représentent un potentiel d’investissements de Laboratories (NQCL) et du Pharmacy and Poisons
1,6 à 2,8 milliards de dollars sur les dix Board basée sur un échantillon aléatoire de
prochaines années, dont 80 % dans la mise en 116 produits antipaludéens a conclu que près de
place d’infrastructures de distribution (entrepôts, 30 % des médicaments vendus dans le pays étaient
camions, systèmes d’information de gestion de la contrefaits102. L’ampleur du problème des produits
chaîne logistique, etc.). Le secteur du commerce contrefaits vient notamment de la fragmentation
de détail, malgré sa taille beaucoup plus modeste, souvent très importante de la chaîne
est le segment le plus rentable du secteur de la d’approvisionnement qui alimente tant le secteur
santé dans la plus grande partie de l’Afrique public que le secteur privé. En Ouganda, on
subsaharienne, avec des marges nettes pouvant compte plus d’une centaine d’importateurs ou
atteindre 50 %. Dans toute la région, les hôpitaux distributeurs officiellement immatriculés, et 12 à
et les centres de santé financent souvent leurs 14 « leaders du marché ». Au Nigéria, il existe
* Quelques fabricants d’Afrique subsaharienne ont un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions de dollars, le plus notable étant Aspen Pharmacare, dont le chiffre
d’affaires consolidé avoisine les 500 millions de dollars.
Source : entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
292 importateurs agréés de produits médicaux et importants. Bien qu’il n’y ait qu’une poignée de
724 distributeurs agréés de produits médicaux. Un chaînes de pharmacie dans le reste de l’Afrique
grand fabricant a expliqué qu’il livrait à un réseau subsaharienne, celles qui existent sont
complexe constitué de plus d’une centaine de extrêmement florissantes, avec des taux de
distributeurs, comprenant des filiales et des croissance dépassant parfois les 100 %. Cette
entreprises indépendantes. opportunité est très variable d’un pays à l’autre
La figure 3.11 présente des modèles en raison des réglementations publiques qui
d’investissement dans le domaine de la distribution limitent le développement des chaînes de
et du commerce de détail. pharmacie dans beaucoup de régions.
En dehors des pharmacies attachées à des Compte tenu du volume relativement faible de
hôpitaux et des centres de santé publics, la plupart produits médicaux qui passent par les circuits de
des points de vente « officiels » sont des officines distribution officiels dans un ensemble de pays,
privées uniques. Par exemple, plus de certains distributeurs ont choisi d’opérer dans
1 500 officines sont immatriculées auprès du plusieurs secteurs et de distribuer, en plus des
Conseil des pharmaciens du Nigéria, mais la seule produits pharmaceutiques, des boissons non
chaîne d’officines est Mediplus, qui en comprend alcoolisées et des biens de consommation. Bien
dix. Cette situation offre d’importantes possibilités que cette solution ait des limites pour certaines
de concentration. En Afrique du Sud, où les marges catégories de produits (par exemple la chaîne du
des détaillants sont strictement réglementées froid à respecter pour les vaccins), elle convient à
depuis quelques années, le secteur évolue la grande majorité des médicaments en vente libre.
rapidement vers la constitution de grandes chaînes, Il s’agit souvent des produits ayant les marges les
qui compensent les faibles marges par des volumes plus faibles, et pour lesquels il est particulièrement
Plates-formes
Viabilité financière
Plates-formes de
Programmes multimarques à distribution
de gestion intégration multisectorielles
Programme de la chaîne verticale
d’accréditation logistique pour
pour les les donateurs
Fonctionnement revendeurs
ou les États
courant viable informels
(c-à-d. sans
les coûts
d’établissement)
Non viable
Faible
Note : ce schéma est indicatif et vise à montrer la diversité des entreprises et des organisations bien gérées qui existent, et à donner des
indications générales sur ce qui les différencie surtout. D’autres types d’entreprises peuvent exister en dehors de cet éventail.
Source : étude McKinsey.
intéressant d’avoir une plate-forme de transport ressources humaines qualifiées dans le domaine de
partagée qui permette d’abaisser les coûts. Selon la la santé. Cette situation a peu évolué depuis 40 ans,
région où elles opèrent, les entreprises de ce type alors que des pays comme l’Inde ou le Maroc ont
peuvent faire entre 1 et 15 millions de chiffre vu leur densité de médecins et de personnel
d’affaires par an. Ces modèles ont un impact infirmier augmenter entre 200 et 400 %.
important sur le développement dans la mesure Malheureusement, les capacités actuelles de
où ils augmentent l’accessibilité et la disponibilité formation médicale sont cruellement insuffisantes
dans bon nombre d’économies émergentes. Selon
des médicaments. Et en permettant la distribution
les estimations de l’OMS, c’est en Afrique
de produits pharmaceutiques en petits volumes, ils subsaharienne que le déficit relatif de professionnels
réduisent aussi les ruptures de stock et de santé (médecins, personnel infirmier et sages-
l’obsolescence. femmes) est le plus important, avec un besoin
La figure 3.12 donne une brève description de d’augmentation de l’ordre de 140 % pour atteindre
plusieurs modèles d’investissement dans le la norme minimale pour 1 000 habitants.
domaine de la distribution et du commerce de Le manque de ressources humaines qualifiées
détail. On trouvera à l’annexe 4 un exposé plus est l’un des principaux freins à la croissance de
complet des opportunités qui existent, comprenant l’offre de santé en Afrique subsaharienne. Le déficit
plus de détails sur chacun de ces modèles ainsi que mondial de professionnels de santé s’élèverait à
des études de cas. 4,3 millions de personnes, réparties inégalement
entre les régions géographiques et économiques.
Formation médicale Par conséquent, l’augmentation de la capacité des
Comme il a été dit à la section II, c’est en Afrique établissements de formation médicale a assurément
subsaharienne que l’on trouve le moins de un impact important sur le développement.
Investir dans la santé en Afrique ( 47
Figure 3.12
• Mediplus (Nigéria), • 0,5-3,0 • 0,3-1,0 • Sert de base pour étendre les points de
Vine Pharmacy vente aux zones rurales
Chaînes de pharmacies (Ouganda) • Les gains d’efficacité permettent de
baisser les prix et rendre les produits plus
abordables
laborantins
Formations à
distance en
soins
Fonctionnement infirmiers
courant viable
(c-à-d. sans
les coûts
d’établissement)
Non viable
Faible
Sénégal ou la Tanzanie tendent à avoir des réglementation touche souvent le premier cycle de
politiques plus ouvertes concernant la participation l’enseignement supérieur.
du secteur privé à l’éducation, et sont peut-être L’enseignement médical privé pourrait
mieux placés pour développer des modèles privés représenter un potentiel d’investissement de 1,1 à
de formation des professionnels de santé. 1,9 milliard de dollars sur les dix prochaines
À court terme, les écoles de soins infirmiers années. Les études de médecine nécessitent des
paraissent constituer une opportunité équipements importants, et il est probable que
d’investissement plus intéressante — les plus de la moitié des investissements potentiels
réglementations étant souvent moins restrictives dépasseraient les 3 millions de dollars. Compte
que pour les écoles de médecine, et les frais tenu des barrières à l’entrée qui existent, les
d’établissement étant plus faibles, ce qui permet hôpitaux privés déjà établis qui peuvent obtenir
d’abaisser le prix des enseignements. Ainsi, les frais une accréditation en tant qu’établissement
de scolarité dans les établissements privés ghanéens d’enseignement sont manifestement les mieux
s’élèvent à environ 2 500 dollars par an — soit placés pour exploiter ce type de possibilités. Bien
50 % de plus que dans les écoles publiques. Mais entendu, les hôpitaux privés du monde entier
ils restent suffisamment bas pour que les salaires créent souvent des écoles privées, en particulier de
des employeurs locaux permettent de rembourser formation en soins infirmiers, pour satisfaire leurs
rapidement la dette. Dans les pays où la propres besoins de personnel soignant.
réglementation est plus restrictive, les formations La figure 3.13 présente des modèles
en soins infirmiers spécialisés seront peut-être une d’investissement dans le domaine de la formation
opportunité plus intéressante dans la mesure où la médicale.
Investir dans la santé en Afrique ( 49
Figure 3.14
• Institut Santé Service (Sénégal) • 0,3-2,0 • 0,3-2,0 • Développe les capacités globales
Écoles d’infirmiers, • Central University College du système de santé à l’intérieur
de sages-femmes, (Ghana)* d’un pays
de laborantins
La figure 3.14 donne une brève description de cours des dix prochaines années, la fourniture
certains modèles d’investissement actuels dans le des soins de santé en représente environ la moitié,
domaine de la formation médicale en Afrique le reste se répartissant entre la distribution et le
subsaharienne. On trouvera à l’annexe 5 un exposé commerce de détail, la fabrication de produits
plus complet des opportunités qui existent, pharmaceutiques et médicaux, les systèmes de
comprenant plus de détails sur ces modèles ainsi mutualisation des risques et la formation
que des études de cas. médicale. Environ la moitié de ces investissements
intéressera des entités à vocation entièrement
commerciale, les entreprises sociales et les ONG
Conclusion se partageant l’autre moitié de façon égale.
L’ampleur des problèmes de santé auxquels Le potentiel économique inexploité du secteur
l’Afrique subsaharienne est confrontée fait souvent de la santé signifie qu’avec des changements
oublier les opportunités remarquables qui se relativement mineurs des politiques publiques et
cachent derrière des chiffres décourageants. des attitudes, les candidats à l’investissement, quel
L’amélioration de la situation politique et que soit leur profil, trouveront de nombreuses
économique en Afrique subsaharienne ouvre de opportunités de gains. En même temps, ces
nouvelles possibilités d’investissement, et les changements et les investissements rendus ainsi
économies en plein essor de la région vont générer possibles auront un immense impact sur le
une demande croissante de produits et de services développement de la région et la santé de ses
de santé. populations.
Sur les 11 à 20 milliards de dollars
d’investissements privés nécessaires pour
répondre à la demande en matière de santé au
P
as moins de 30 milliards de dollars de nouveaux investissements seront
nécessaires pour répondre à la demande régionale de services de santé, dont les
deux tiers pourraient devoir venir du secteur privé. Heureusement,
l’augmentation de la stabilité politique a amélioré les perspectives économiques. Les
bourses de valeurs animées de la région et l’afflux de nouveaux investisseurs étrangers
attestent de la place grandissante du secteur privé dans toutes les activités économiques
en Afrique subsaharienne, et le secteur de la santé ne fait pas exception.
Le privé représente déjà une part notable du secteur de la santé de la région. Environ
60 % du total des dépenses de santé ont été financées par des parties privées —
principalement sous la forme de paiements directs des ménages, et environ 50 % de
ces dépenses ont bénéficié à des prestataires privés. Mais le secteur privé de la santé
aura besoin d’être soutenu et davantage supervisé s’il doit continuer à jouer le rôle très
L
a participation du secteur privé à la fourniture La répartition entre le public et le privé, et la
des soins de santé varie beaucoup d’un pays à composition du secteur privé sur le plan des
l’autre (figure A1.1). En règle générale, les objectifs financiers, sont encore plus variables à
principaux facteurs qui interviennent sont les l’intérieur de chacune des quatre catégories de
capacités du secteur public et l’attitude de la services de soins de santé (soins ambulatoires, soins
population à l’égard du secteur privé de la santé. en hospitalisation et de spécialité, médecine
Dans certains pays, l’accès aux services publics de préventive, et services de diagnostic), comme le
soins de santé est considéré comme un droit, et montre la figure A1.2.
l’utilisation de services payants fait l’objet d’une La contribution des entités commerciales aux
forte résistance. On trouve également de grandes services de soins ambulatoires varie de 84 % des
différences dans la vision que les pouvoirs publics recettes privées pour ce type de services au
ont du rôle du secteur privé dans la fourniture des Kenya103 à seulement 15 % en Tanzanie104. Les
soins de santé. guérisseurs traditionnels sont également très actifs
Figure A1.1
Nigéria
Malawi
Ouganda
Zimbabwe
Éthiopie
Angola
Rwanda
Kenya
Tanzanie
Zambie
Namibie
0 10 20 30 40 50 60 70
Source : comptes nationaux de la santé, OMS ; étude McKinsey.
• La participation du secteur privé est parmi • La participation du secteur privé est • La plus petite participation du secteur privé du
les plus élevées (~58 %), dominée par les relativement modeste (33 %) et est continent : le ministère de la Santé gère
Participation entreprises commerciales. La part du répartie de façon égale entre les entreprises 5 000 établissements dans tout le pays, soit
du secteur secteur privé est appelée à augmenter par commerciales, sociales et à but non lucratif. 85 % du total de la fourniture des soins. Large
rapport à la croissance globale du marché. La part du secteur privé devrait augmenter présence en milieu rural, avec des postes de
privé avec la libéralisation de l’économie. santé non tenus par un professionnel de santé.
Structure du
secteur privé
• Les activités commerciales dominent avec • La fourniture des soins primaires est • Les médecins des spécialités courantes (ex. :
Soins 65 % de la part du secteur privé assurée à 30 % par le secteur privé en cardiologie, chirurgie) ayant une pratique privée
ambulatoires (couvrant 52 % du marché). milieu rural et à 40 % en milieu urbain. représentent environ 20 % du secteur privé des
• Les entreprises sociales couvrent 45 % de soins ambulatoires.
l’activité privée. • Les guérisseurs traditionnels occupent une place
importante (13 % de l’activité privée).
• 72 % des recettes des hôpitaux privés (la • 44 % de l’activité privée • Accès limité partout aux services hautement
Soins en moitié du total du secteur) vont au secteur spécialisés.
(41 % du marché) est de type commercial.
hospitalisation privé commercial. • Deux hôpitaux tertiaires de référence -pas d’installations de dialyse dans le pays ;
et de spécialité • Les spécialistes ont souvent une pratique appartiennent à des organisations -chirurgie cardiaque dans un seul établissement
privée tout en exerçant dans les centres confessionnelles. privé ; la plupart des patients vont se faire
publics de soins tertiaires. • Les services spécialisés sont extrêmement soigner au Portugal.
limités. Beaucoup de patients sont envoyés • Les centres de santé commerciaux représentent
en Inde pour les soins de spécialité (ex. : seulement 10 % du petit secteur privé (8 %),
cardiologie, dialyse, transplantations, etc.). principalement couvert par les organisations
confessionnelles et d’autres ONG (45 %).
• Le ministère de la Santé implique le • Toutes les entreprises sociales participent • La participation du secteur privé aux soins
Prévention secteur privé dans des actions de au programme public de vaccination, mais préventifs se limite aux organisations
prévention (ex. : distribue des vaccins la part du privé ne s’élève qu’à 10 %. confessionnelles, aux ONG et au secteur
gratuits aux centres de santé privés) mais • 90 % des soins prénatals sont assurés par informel, qui couvrent environ 13 % des services
seulement les entreprises sociales. le secteur public. préventifs. Le secteur privé devrait se développer
• Pas d’activités commerciales dans ce domaine. au même rythme que le secteur public.
• Environ la moitié des services de • Aucun service de diagnostic privé connu. • Le secteur privé n’a pas les moyens de s’équiper
Services de diagnostic modernes (ex : • Une société sud-africaine fournit quelques en scanners/IRM et utilise les équipements du
diagnostic mammographie, scanner, IRM) services. secteur public.
sont assurés par le secteur • Une grande partie des services d’analyses de
privé commercial. base sont assurés dans les hôpitaux des
organisations confessionnelles (45 % de la
contribution privée).
Source : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la santé ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
dans le sous-secteur des soins ambulatoires. Ils les plus utilisés). Les parts de marché les plus
représentent par exemple jusqu’à 30 % de l’activité importantes s’élèvent à 45 % au Nigéria108 et 30 %
privée en Éthiopie105. en Ouganda109. Ailleurs, la participation du secteur
On retrouve la même diversité dans le domaine privé dans ces activités est inférieure à 20 %. Les
des soins en hospitalisation. Au Nigéria, les organisations confessionnelles et les ONG sont les
entreprises commerciales recueillent 72 % des principaux prestataires de services privés, souvent
dépenses pour ces services lorsqu’ils sont assurés en partenariat avec le secteur public.
dans un cadre privé (environ la moitié du marché Bien que les services de diagnostic ne soient
total)106. À l’inverse, au Mozambique, 10 % souvent disponibles que dans les grands hôpitaux,
seulement des services privés très limités (ils ne on trouve différents exemples de prestataires
représentent que 8 % du marché) concernent les spécialisés extérieurs dont l’activité est rentable.
acteurs commerciaux107. En Ouganda, jusqu’à 50 % des services de
Sur l’ensemble du continent, le secteur privé diagnostic sont assurés par des entreprises privées,
participe peu aux services de prévention (la et plus de la moitié d’entre elles sont de type
vaccination et les soins prénatals étant les services commercial110.
Figure A1.3
Soins 29
ambulatoires 0,25–3,00 28
Entité 56
commerciale
Entreprise sociale
Soins en 20
65 61
hospitalisation <0,25
Source : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la santé ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
• Tanzania Heart Institute (Tanzanie), • 0,2-10,0 • 0,5-3,0 • Permet de retenir dans le pays des
Petits centres haut hôpital Lagoon (Nigéria), Bridge Clinic ressources spécialisées de haute
de gamme (Nigéria), hôpital Lister (Ghana) qualité
Réseau de centres • Christian Health Association (Kenya), • 0,01-0,3 • 0,02-0,6 • Améliore la desserte des zones
de soins primaires Biruh Tesfa (Éthiopie), Clinic Africa par centre par centre rurales en assurant des soins de
et secondaires (Ouganda) qualité aux populations sous-
médicalisées
• Hôpital Kadic (Ouganda), AAR Clinic • 0,3-5,0 • 0,5-3,0 • Augmente l’accessibilité des services
Hôpitaux proposant (Ouganda), hôpital luthérien Selian de soins de santé dans les régions
une assurance interne (Tanzanie) sans régimes d’assurance établis
• Hôpital R-Jolad (Nigéria), hôpital • 1,0-5,0 • 0,5-3,0 • Augmente l’accès à des services
Hôpitaux à fort débit Nsambya (Ouganda), hôpital luthérien standardisés dans une population
et bas tarif Selian (Tanzanie) plus vaste
• Hôpital international (Ouganda), • 0,2-2,0 • 0,2-1,5 • Permet à une population plus large
Hôpitaux utilisant CCBRT (Tanzanie) d’avoir accès à des soins abordables,
des mécanismes y compris pour les pauvres
d’interfinancement
• Bio24 (Sénégal), Radmed Diagnostic • 0,5-3,0 • 1,0-3,0 • Améliore l’efficacité globale du
Grands laboratoires Center (Nigéria) traitement en facilitant le diagnostic
d’analyses
• Pas d’exemples (modèle possible • 0,1-1,0 • 0,2-2,0 • Augmente l’accès à des soins
Médecins spécialistes à expérimenter) de spécialité dans la région
couvrant un réseau
d’hôpitaux
Dar es Salaam, de l’hôpital Lagoon à Lagos, du peuplées, de rareté des moyens de gestion, et de
Bridge Clinic à Abuja, et du Nyaho Medical Clinic faible pouvoir d’achat.
au Ghana. La figure A1.5 ci-dessous présente un Des entreprises commerciales, souvent basées
autre exemple d’hôpital haut de gamme : l’hôpital sur un modèle de franchise, sont apparues plus
Lister à Accra. C’est un hôpital de 25 lits à vocation récemment. Chaque établissement est exploité de
commerciale, créé il y a deux ans, qui comprend façon indépendante, avec un chiffre d’affaires
un centre de fécondation in-vitro. Il jouit d’une généralement compris entre 20 000 et
très large clientèle. Ayant très vite rencontré le 300 000 dollars par an. Le capital de départ,
succès, l’hôpital Lister souhaite développer à la l’assistance technique et les compétences en
fois ses installations et son fichier de patients. gestion sont fournies par une agence centrale
également chargée d’acheter le matériel, les
Réseau de centres de soins primaires médicaments et les fournitures, et de faire appliquer
et secondaires des procédures standardisées. D’autres formes de
La Christian Health Association of Kenya a réussi réseaux commerciaux comprennent les grandes
à coordonner depuis les années 1930 les opérations chaînes de centres de santé fonctionnant selon les
d’un réseau de 363 établissements (24 hôpitaux, mêmes principes.
43 centres de santé et 296 dispensaires). Sur tout Faire partie d’un réseau permet aux gestionnaires
le continent, d’autres organisations confessionnelles de répartir les frais généraux sur un volume de
ont constitué des réseaux intégrés de centres recettes plus large et de partager les moyens de
médicaux pour remédier aux problèmes de gestion entre les établissements du réseau.
demande limitée dans les régions faiblement L’augmentation du volume d’activité permet aussi
Étude de cas d’un petit hôpital haut de gamme : l’hôpital Lister, au Ghana
L’hôpital Lister est un hôpital privé moderne de 25 lits à Accra
au prestataire d’offrir une vaste gamme de services regroupement de plusieurs médecins généralistes
spécialisés, comprenant souvent des services et spécialistes fonctionnant selon le même schéma.
dentaires ou de maternité, en utilisant du personnel
Hôpitaux proposant une assurance interne
médical travaillant sur plusieurs hôpitaux.
Ces modèles peuvent permettre de toucher les Dans la section II, nous avons vu que la mise en
populations rurales sous-médicalisées ; en outre, place d’un système de mutualisation des risques
leur efficacité de fonctionnement et leurs augmentait sensiblement la viabilité financière des
procédures standardisées peuvent aussi améliorer établissements de soins. Face au manque
d’instruments de financement de la santé en Afrique
la qualité des soins. La réputation de qualité qu’ils
subsaharienne, certains prestataires ont créé leurs
acquièrent contribue souvent à augmenter leurs
propres régimes d’assurance internes.
recettes grâce au surcroît de volume et/ou
Ces entreprises rendent les soins de santé plus
de primes. accessibles à des segments de la population qui
La figure A1.6 présente le modèle économique n’auraient pas autrement les moyens de payer des
et les caractéristiques financières de Clinic Africa, services spécialisés. En même temps, la
un réseau intégré de centres de santé en Ouganda. mutualisation des risques permet aux entreprises
Un autre exemple est le projet éthiopien Biruh d’être bénéficiaires, en particulier si elles arrivent
Tesfa, lancé en 2000, qui s’est développé à un à attirer au moins 20 000 adhérents, leur
rythme spectaculaire et gère aujourd’hui 92 centres garantissant un chiffre d’affaires d’au moins
de santé. L’hôpital Mucas, au Nigéria, est un 500 000 dollars par an.
Étude de cas d’un réseau de centres de soins primaires : Clinic Africa, en Ouganda
En Ouganda, Clinic Africa est un réseau de centres de soins primaires en plein essor. Après avoir établi la rentabilité de ses
établissements urbains, Clinic Africa doit faire de ses centres ruraux des sites rentables tout en poursuivant sa forte dynamique de
croissance.
• Ce réseau de centres de santé, créé il y a deux Les centres des villes sont
ans, a ouvert 5 centres (3 en ville, 2 en milieu Rentabilité rapidement bénéficiaires
rural) et accueilli plus de 5 000 patients, en
• Marge bénéficiaire d’environ 5 % pour
grande majorité pauvres, au cours de ses
les centres faisant plus de 30 000 dollars
18 premiers mois d’existence.
de chiffre d’affaires.
• Les centres appartiennent tous au même
• Les centres ruraux ne sont pas encore
propriétaire mais sont exploités chacun par les
rentables de façon durable.
médecins locaux.
– L’ONG s’occupe du développement • En règle générale, chaque centre
et du contrôle qualité du réseau. nécessite environ 15 000 dollars de
– Les médecins conservent la plupart des capital de départ venant de l’ONG, pour
bénéfices (une petite part des bénéfices des payer principalement l’établissement, le
centres urbains servent à couvrir les frais de fonds de roulement et les équipements.
fonctionnement de l’ONG dans le pays).
• Les centres des villes sont bénéficiaires après Expansion rapide : 5 centres en 18 mois
Évolution
trois à six mois, mais les centres situés en zone passée • Démonstration de la rentabilité du
rurale ne peuvent pas obtenir les mêmes modèle urbain et de la capacité d’ouvrir
résultats. de nouveaux centres.
• Activité d’un centre de santé type : • La rentabilité du modèle rural n’est pas
– de 3 à 6 médecins encore établie.
– 2 600 patients pour la pharmacie
– 1 500 patients pour les soins ambulatoires Objectif de 100 centres dans la région
– 1 400 analyses médicales Perspectives
– 500 hospitalisations de croissance • Besoin de financement pour maintenir la
dynamique de croissance rapide, pouvant
être satisfait par des dons à l’ONG ou par
des investissements privés aux centres.
• Fort potentiel de croissance en ville.
• Pour développer le réseau en milieu rural,
il faudra :
– soit parvenir à un modèle
individuellement bénéficiaire ;
– soit étendre le réseau sous la forme
d’une entreprise sociale,
subventionnée par des fonds de l’ONG
et les bénéfices du réseau urbain.
Certains régimes internes peuvent avoir besoin luthérien Selian, en Tanzanie, qui dépend d’une
d’une réassurance ou de subventions d’organismes organisation confessionnelle, n’utilise une assurance
donateurs pour les protéger en cas de problème de interne que pour une partie de son bassin de
santé très grave ou d’épidémie, mais le modèle est population. D’autres applications de ce modèle
fondamentalement viable, comme le montre existent actuellement au Nigéria, en Ouganda et
l’exemple de l’hôpital Kadic en Ouganda (décrit à en République démocratique du Congo sous la
la figure A1.7). Bien que sa rentabilité soit encore forme d’entreprises commerciales ou sociales.
faible, l’hôpital Kadic pourrait augmenter Des pays comme le Cameroun, le Tchad, la
sensiblement ses marges s’il doublait sa capacité, Sierra Leone et le Soudan, où les systèmes de
perspective tout à fait envisageable compte tenu mutualisation des risques sont peu développés,
de la demande prévisionnelle. sont des candidats probables à la mise en place
Un autre exemple est l’AAR Clinic à Kampala réussie de ce modèle, à condition d’obtenir les
(200 patients/jour et 30 000 adhérents). L’hôpital fonds nécessaires.
Étude de cas d’un prestataire offrant une assurance interne : l’hôpital Kadic, en Ouganda
L’hôpital Kadic, à Kampala, est un établissement privé de 32 lits accueillant des patients de la classe moyenne, dont la marge
bénéficiaire s’élève à environ 5 %. Il accueille également des patients à faible revenu, principalement dans le cadre de programmes
de proximité. L’hôpital a d’abord créé une police d’assurance interne pour aider les patients à financer leurs dépenses de santé à une
époque où la plupart des patients n’avaient aucune source externe d’assurance.
Un hôpital qui propose une assurance interne Points clés dans une optique d’investissement
Assurance interne
• Réduire l’assurance interne pour
• L’hôpital Kadic propose des polices d’assurance pour Perspectives les groupes ayant des solutions
les familles, les écoles et les entreprises. de croissance de remplacement externes plus
• L’assurance interne a été créée car il n’existait pas de intéressantes.
compagnies d’assurance maladie au moment où • Investir 1,1 million de dollars pour
l’hôpital a ouvert. Aujourd’hui toutefois, l’hôpital noue doubler la capacité d’accueil.
des relations avec des compagnies d’assurance maladie
privées pour remplacer progressivement son assurance • L’hôpital Kadic est en concurrence
interne. avec d’autres hôpitaux pour
répondre à la demande en hausse
• L’adhésion coûte 15 dollars par an et couvre les des patients de la classe
consultations externes et deux jours d’hospitalisation. moyenne, notamment avec
• Les adhérents au régime d’assurance interne doivent 5 nouveaux hôpitaux en
aussi payer une partie des frais et des suppléments (par construction à Kampala, ciblant
exemple pour les médicaments). les classes moyennes et
supérieures.
• Actuellement, les cotisations des adhérents (environ
6 000 personnes) représentent 10 % du chiffre
d’affaires de l’hôpital.
Hôpitaux à fort débit et bas tarif l’utilisation de leur personnel. Ces hôpitaux ont
Les hôpitaux implantés dans les zones densément un impact important sur le développement car ils
peuplées utilisent souvent un modèle économique peuvent fournir des services de santé à une très
à fort débit et bas tarif qui leur permet de desservir large population ; d’autre part, la productivité
des populations à faible revenu ayant besoin élevée du personnel médical et donc la possibilité
d’interventions simples. Le débit des patients est de contenir les prix rendent les services plus
extrêmement élevé (jusqu’à 100 patients par jour abordables.
et par médecin) dans la mesure où l’ensemble de La figure A1.8 montre les détails du modèle
services proposés est limité ; le chiffre d’affaires de économique et des éléments financiers de R-Jolad,
ces établissements est généralement compris entre un hôpital nigérian dont il est question à la section I.
1 et 5 millions de dollars. D’autres exemples de ce modèle sont l’hôpital
On trouve parfois une variante de ce modèle Selien en Tanzanie et l’hôpital Nsambya en
économique, dans lequel les soins sont spécialisés : Ouganda (350 lits).
en se concentrant sur un seul type de services (par En règle générale, les pays qui ont mis en place
exemple la chirurgie de la cataracte, les pathologies un régime national d’assurance maladie (Ghana,
cardiaques), les hôpitaux peuvent atteindre des Namibie, Nigéria et Sénégal) offrent un
niveaux d’efficience élevés et maximiser environnement bien adapté à ce modèle, car ces
• L’hôpital a des clients dans toutes les • 3,3 millions de dollars de chiffre d’affaires
catégories de revenus : prévus
• Un problème majeur est l’accès à un
financement abordable de longue durée
(les taux actuels s’élèvent à 22-25 % pour
un prêt sur 5 ans)
> 930 39 % 43 % < 730
dollars/an dollars/an
17 %
739-930
dollars/an
régimes favorisent les prestataires capables de Les patients qui peuvent payer plus cher
contenir les prix. bénéficient d’un niveau de service plus élevé, ce
qui comprend généralement des salles d’attente
Hôpitaux utilisant des mécanismes plus agréables, des chambres individuelles et un
d’interfinancement service de prise de rendez-vous. À l’inverse, les
Le secteur privé commercial ne peut pas se clients plus pauvres payent moins cher, dans
développer autant qu’il le pourrait en raison du certains cas une participation qui couvre seulement
nombre limité de patients ayant les moyens de la fourniture du service, et les services d’accueil
payer pour un traitement de haute qualité. sont plus élémentaires, mais la qualité des soins
Néanmoins, beaucoup d’établissements ont reste identique.
commencé à utiliser des mécanismes La figure A1.9 présente quelques aspects du
d’interfinancement pour remédier à cette situation. modèle économique et des éléments financiers
En établissant des tarifs différenciés, les hôpitaux d’un établissement basé sur l’interfinancement en
parviennent à répondre aux besoins de divers Afrique de l’Est111. Les modèles d’interfinancement
segments de la population et à répartir les coûts qui existent actuellement sont des entreprises
fixes élevés du fonctionnement sur un grand commerciales ou sociales (souvent d’organisations
nombre de clients. confessionnelles). Le chiffre d’affaires de ces
entreprises est généralement de l’ordre de 0,3 à est souvent limitée par la pénurie de personnel
2 millions de dollars. Le niveau d’interfinancement technique et de moyens financiers.
détermine la rentabilité globale des opérations. Dans l’exemple décrit à la figure A1.10, un
Enfin, dans quelques cas, l’interfinancement vient laboratoire sénégalais prospère a obtenu un taux
de l’intervention de bailleurs de fonds, comme de rentabilité net de 14 % en ayant pour clients
pour l’unité « Hope » de l’hôpital international de des particuliers, des centres de santé privés et
Kampala. même des établissements publics.
Les laboratoires d’analyses médicales améliorent
Laboratoires d’analyses médicales l’accès aux soins en développant des services sous-
Les services d’analyses sont une composante représentés dans cette partie du continent. Ils
essentielle du secteur de la santé dans la mesure où améliorent ainsi l’efficacité générale des traitements
le dépistage du VIH/SIDA, de la tuberculose, des et contribuent à l’obtention d’importants résultats
maladies sexuellement transmissibles (MST) et positifs en matière de santé.
d’autres maladies est déterminant pour pouvoir D’autres laboratoires d’analyses desservent des
planifier les traitements. En Afrique subsaharienne, régions entières ; des établissements satellites
la plupart des laboratoires d’analyses réalisent un recueillent les échantillons et les transportent au
chiffre d’affaires de 500 000 à 3 millions de dollars laboratoire central où ils sont analysés par les
et la plupart fonctionnent à pleine capacité, avec quelques techniciens spécialisés qui existent.
des marges bénéficiaires élevées. Leur expansion
Source : entretiens dans les pays ; étude McKinsey ; site web de l’entreprise.
• Initiative : ce projet de télésanté en • Rentabilité : bien que le modèle n’ait pas fait la preuve de sa
Afrique du Sud utilise un système dans viabilité financière, il peut être interfinancé avec d’autres services du
lequel un(e) infirmier(e) peut envoyer des centre. Jusqu’ici, les fonds sont venus du budget public, de bailleurs
images d’un patient en direct par un réseau de fonds et d’entreprises privées.
sans fil à un médecin à distance, tout en lui • Impact sur le développement :
parlant avec un téléphone VoIP.
– Le Tsilitwa Telehealth Project dessert 10 000 patients ruraux de la
• Mise en œuvre : le réseau sans fil, y province du Cap-Oriental, en Afrique du Sud.
compris la liaison téléphonique VoIP, a été – À Tsilitwa, il y a un dispensaire sans docteur. Ce service permet
installé par les autorités publiques de donc aux patients d’avoir accès à des médecins, sans avoir à
télécommunications. parcourir au moins une quinzaine de kilomètres.
• Contexte local : le village est à plus de – Ce modèle diminue le coût des soins en évitant des frais de
16 km du centre le plus proche, qui est une transport et de consultation.
petite ville à 32 km au nord d’un centre – Ce modèle prend mieux en compte les préoccupations des
régional. patients car il leur évite de perdre du temps dans les transports
ou dans d’autres salles d’attente.
– Ce modèle améliore la qualité des soins car il permet au
personnel infirmier de consulter plus facilement un médecin.
• Possibilités de croissance :
– Étendre le réseau à d’autres zones rurales autant que le permet le
développement de l’accès sans fil en Afrique.
– La viabilité financière sera difficile à établir sur une base
commerciale compte tenu des coûts de la technologie et du
temps de travail des médecins. Un modèle partiellement ou
entièrement subventionné permettrait plus facilement d’atteindre
les objectifs fixés en matière de croissance et de santé.
C
omme il a été exposé en détail à la section II, compte tenu de l’acceptation bien meilleure
on trouve en Afrique subsaharienne des aujourd’hui du principe du prépaiement112.
systèmes de mutualisation des risques La figure A2.1 montre les grands écarts qui
circonscrits à des régions ou des populations existent dans le niveau de développement du
particulières. Les systèmes privés se rencontrent marché du financement de la santé dans trois pays.
principalement dans les classes aisées, chez les Bien que le marché soit naissant, certains États
étrangers et/ou les employés des grandes commencent à voir dans les systèmes de
entreprises. Par exemple, en Namibie et au mutualisation des risques privés un moyen d’élargir
Zimbabwe — qui font partie des marchés de la population ayant accès à des soins de santé. Le
l’assurance les plus développés — l’assurance Nigéria, pays le plus peuplé du continent, a ainsi
privée représente 20 à 30 % des dépenses de santé, adopté récemment un régime national d’assurance
alors qu’elle ne couvre que 3 à 7 % de la population. maladie obligatoire applicable aux entreprises
On trouve un autre noyau concentré dans les privées, avec l’objectif ultime d’étendre la
régimes d’assurance gérés par les employeurs, qui couverture à toute la population. Au Nigéria
sont de plus en plus courants même parmi les encore, des donateurs bilatéraux allouent des fonds
petites entreprises. Une autre solution qui se à un HMO privé pour financer l’assurance maladie
développe sur le marché de l’assurance maladie et de base de 115 000 personnes dans deux groupes
des HMO en Afrique subsaharienne consiste pour cibles pauvres.
les entreprises à sous-traiter l’administration de Globalement, nous estimons que les systèmes
leurs programmes de prestations médicales à des de mutualisation des risques représenteront
compagnies d’assurance ou des centres de santé environ 13 % du total de la demande
situés sur le lieu de travail. d’investissements prévue dans le secteur privé de
En Afrique de l’Ouest et de l’Est, les assurances la santé, soit environ 1,4 à 2,5 milliards de dollars.
maladie communautaires (un terme qui regroupe Environ 80 % de ce montant devraient concerner
différents types de systèmes de mutualisation des des investissements inférieurs à 3 millions de
risques plus ou moins viables) sont répandues ; pas dollars (figure A2.2).
moins de 600 d’entre elles ont été créées en Afrique
francophone au cours des 20 dernières années, Des stratégies ciblées sont en cours
représentant plus de 1,5 million de bénéficiaires. d’expérimentation
Beaucoup de pays se sont efforcés de mettre en
place des systèmes de sécurité sociale, mais leur Dans ces marchés naissants, les nouvelles entreprises
succès est limité par la taille de la population sont confrontées à un double problème : comment
employée dans le secteur structuré, qui reste peu atteindre le seuil de rentabilité le plus rapidement
importante. Les micro-assurances maladie, les possible, et comment financer les opérations
comptes épargne santé ou les crédits à la santé pendant la phase initiale déficitaire.
jouent tous un rôle minime dans la société On trouvera ci-dessous quelques-unes des
d’Afrique subsaharienne, où la très grande diversité stratégies ayant donné de bons résultats. Les
ethnique se traduit par un faible niveau de cohésion entreprises qui les adoptent peuvent constituer
sociale et où les gens ont donc du mal à croire que des opportunités d’investissement intéressantes.
d’autres groupes seront prêts à payer pour eux. • Accès à des grands groupes, dont les membres
Ces mécanismes offrent néanmoins des possibilités sont sélectionnés aléatoirement. La taille du
de développement sur le long terme, en particulier groupe de population assuré est déterminante.
• Développement récent et rapide de la • Une loi doit être votée en 2007 pour • Large gamme de modèles d’assurance
Structure du couverture du régime national rendre obligatoire l’adhésion des maladie au Sénégal, la plupart à but non
marché d’assurance maladie, qui touche employés du secteur structuré à un lucratif ou publics.
aujourd’hui 38 % de la population. HMO. • La plupart des assurés sont couverts par
• Les conditions de paiement sont • Des fonds d’assurance maladie des régimes obligatoires d’entreprise
inférieures à ce que la plupart des fournissent des subventions pour les (50/50 employeur-employé). Il en existe
prestataires privés acceptent. Est donc pauvres. environ 120 au Sénégal.
surtout utilisé pour les prestataires publics.
• Des assurances privées existent aussi, mais • Les assurances privées sont • L’assurance privée existe depuis
Participation sont généralement limitées aux riches. essentiellement accessibles aux riches longtemps, mais concerne des petits
du secteur privé • On trouve également des régimes et aux employés, principalement par le groupes à revenu élevé, plus faciles à
d’assurance d’entreprise. biais des avantages accordés par les gérer.
entreprises. • Sept compagnies d’assurance privées avec
• Une seule compagnie, UNIC, couvre en moyenne 1 500 bénéficiaires.
20 000 assurés. Représentent 1 % des bénéficiaires mais
• L’État a fait appel à des HMO pour 31 % des dépenses.
assurer les fonctionnaires. • Le faible volume se répercute sur le
• Subventions de donateurs à titre montant des cotisations.
expérimental pour assurer les pauvres
par des HMO privés.
Figure A2.2
Un système de mutualisation des risques doit
regrouper au minimum 20 000 personnes. Avec Opportunités d’investissement
cette taille, le risque non systématique peut être dans la mutualisation des risques, 2007-2016
diversifié au sein de la population assurée, de Pourcentage, millions de dollars
sorte qu’il n’est pas nécessaire que chaque
produit soit bénéficiaire pour que l’ensemble 1 400 – 2 500 1 400 – 2 500
du régime soit viable. Au-delà de >3,00 20
100 000 personnes, un régime peut optimiser
les groupes de risques individuels et rendre ainsi
chaque produit bénéficiaire, ou il peut proposer Entité 70
commerciale
une couverture plus étendue, couvrant par
exemple les maladies chroniques, ou encore des
0,25 – 3,00
produits pour des groupes à plus haut risque. 80
L’une des autres conditions de succès de cette
stratégie est que la population soit sélectionnée Entreprise
de façon aléatoire, pour éviter le problème de sociale 30
l’antisélection qu’un régime volontaire pose ONG/à but 0
toujours. Compte tenu de la taille et de la nature non lucratif
Par objectif Par taille
des populations qui composent la fonction financier de projet
individuel
publique, les contrats de sous-traitance conclus
avec les pouvoirs publics pour couvrir un groupe Source : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la
santé ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
d’employés sont un exemple type de ce que ces
régimes peuvent permettre de faire.
Figure A2.3
Des opportunités d’investissement prometteuses dans les systèmes de mutualisation des risques
Assurance • Strategis (Tanzanie), UNIC • 1,0–5,0 • 2,0–4,0 • Crée une culture d’assurance
remboursement Health (Nigéria), GLICO • À condition d’être bien dimensionnée et bien
comprise dans une (Ghana), CFC Life (Kenya), gérée, peut conduire à des gains d’efficacité
assurance générale The Cooperative dans le réseau de prestataires
Insurance-CIC (Ouganda)
• N’existe pas en Afrique • 0,5–5,0 • 1,0–2,0 • Fournit une protection financière à des
Micro-assurance subsaharienne populations à faible revenu
maladie associée à • Pourrait être appliquée au • Crée une culture d’assurance dans les
des institutions de modèle Grameen Kaylan populations rurales ou très défavorisées
microfinancement (Bangladesh) • Stimule le développement des prestataires
desservant ces populations
Figure A2.4
Figure A2.5
• Fait partie d’un grand groupe hospitalier. Les centres des villes sont rapidement
• Fonctionne en tant que HMO depuis Rentabilité bénéficiaires
1986, entité séparée depuis 2005. • Marge actuelle du bénéfice avant impôts,
amortissement et éléments financiers : 5 %
• 170 000 membres en 2006 :
– 70 000 employés de grandes • Projection : bénéfice avant impôts, amortissement
entreprises et éléments financiers de 10 % grâce à une
– 100 000 fonctionnaires fédéraux meilleure maîtrise des coûts.
– 400 particuliers
Croissance rapide récemment
• Nouveau groupe ciblé depuis 2007 : Évolution
• Première entreprise du secteur au Nigéria, avec 29
populations pauvres subventionnées. passée
HMO enregistrés, la société s’est beaucoup
• Réseau de plus de 200 prestataires sous développée ces trois dernières années, stimulée
contrat dans 85 villes, y compris certains par la mise en place du Fonds national
centres de santé publics. d’assurance nigérian.
• Travaille avec un groupe hospitalier
étranger pour optimiser les opérations Poursuite de la croissance rapide à court terme
Perspectives
hospitalières. • Augmentation de 150 % du nombre d’adhérents
de croissance
en 2007
• Reçoit une subvention du Fonds mondial
de lutte contre le VIH/SIDA et une aide du – 125 000 payés par le Fonds d’assurance
Fonds d’assurance maladie néerlandais et maladie néerlandais
de la fondation PharmAccess. – 120 000 policiers
– 10 000 salariés d’entreprises
• Est en train de lancer sa propre agence de
– adhésions individuelles par des banques locales
contrôle de qualité pour ses prestataires
externes. • Pour assurer la croissance, il faudra :
– mieux maîtriser les coûts sans que la qualité
des soins s’en ressente ;
– investir dans des capacités de souscription pour
assurer la rentabilité de l’activité
« particuliers ».
Figure A2.6
L
e marché de la pharmacie en Afrique possibilités intéressantes de transfert de savoir pour
subsaharienne était estimé en 2006 à les investisseurs recherchant des opportunités d’un
3,8 milliards de dollars, dont 25 à 30 % faible montant. La plupart des investissements
imputables aux fabricants locaux. Les fournitures envisageables dans des CRO devraient se situer en
et dispositifs médicaux représentaient dessous de 250 000 dollars.
2,1 milliards de dollars supplémentaires, dont Dans l’ensemble, la plupart des opportunités
moins de 10 % produits localement. d’investissement dans le domaine des produits de
Deux autres composantes des produits de santé santé sont d’une taille importante : les deux tiers
concernent l’Afrique subsaharienne. L’une est devraient dépasser les 3 millions de dollars, et un
l’innovation qui existe dans la région, tiers devrait se situer entre 250 000 et 3 millions
principalement en Afrique du Sud, où des sociétés de dollars ; une partie négligeable sera inférieure à
comme Bioclones — qui met au point des 250 000 dollars (voir la figure A3.1).
formulations nouvelles pour l’érythropoïétine On trouvera ci-après une description des
(EPO), une hormone utilisée pour traiter les principales tendances du secteur et des
insuffisantes rénales — contribuent à la création opportunités d’investissement prometteuses dans
d’un secteur de l’innovation viable. L’autre est la ces quatre sous-secteurs.
recherche menée en dehors de l’Afrique
subsaharienne mais qui vise à remédier à des Figure A3.1
problèmes de santé majeurs en Afrique
subsaharienne — comme la Fondation pour Opportunités d’investissement dans les
l’innovation en matière de nouveaux diagnostics produits de santé, total 2007-2016,
(FIND), qui a développé des tests de diagnostic Afrique du Sud comprise
Pourcentage, millions de dollars
rapide de la tuberculose.
Sous réserve que les fabricants soient en mesure 1 600 – 2 900 1 600 – 2 900
de supporter la concurrence des importations, le Fabrication de
3
fournitures
secteur des produits de santé devrait représenter médicales
21
dans la région (Afrique du Sud comprise) 14 % du Innovation
total des opportunités d’investissement anticipées produits de
pour le secteur de la santé, soit entre 1,6 et santé Afrique
>3,00 64
du Sud
2,9 milliards de dollars. La production de Innovation 36
médicaments génériques apportera la plus grosse maladies
contribution individuelle avec 40 % des infectieuses
Figure A3.2
Sénégal 22
Côte d’Ivoire 14
Génériques importés 28
Tanzanie 12
Ouganda 9
Reste de l’Afrique 36
anglo/lusophone
Reste de l’Afrique 25
Médicaments 44 francophone
d’origine importés
Afrique subsaharienne 1 072
Figure A3.3
Nigéria 100 x
Ghana 100 x
Tanzanie 90 4x
Afrique
75 10x
du Sud
Inde 65 10x
–35 %
* Les coûts comprennent les matériaux bruts (principes actifs pharmaceutiques, excipients et conditionnement) et la transformation.
** Volumes relatifs basés sur des usines de fabrication ayant une production de 1,2 milliard de comprimés en Afrique du Sud, contre
500 millions en Tanzanie, 120 millions au Nigéria, environ 120 millions au Ghana et 1,2 milliard en Inde.
Source : ministère ghanéen de la Santé ; prix de l’électricité en 2003 indiqués par l’Agence d’information sur l’énergie ; entretiens dans les
pays ; étude McKinsey.
Taille des marchés nationaux, 2006 Taille des marchés régionaux, 2006
Millions de dollars Millions de dollars
Production locale* Importations Production locale* Importations
CEDEAO
Sénégal 17 115 anglo/lusophone 153 587
Ouganda 8 81
Tanzanie 33 53
CEDEAO
37 375
francophone
Moyenne 2 18
des 37 autres
pays
1. Swipha est l’un des 3 premiers …avec une …et des perspectives
fabricants nigérians… réputation de qualité… de croissance.
Part estimée du marché nigérian de la fabrication Certification de qualité Perspectives de croissance
Percent Le seul fabricant • Un marché potentiel important
nigérian ayant obtenu – marché pharmaceutique nigérian :
la certification ISO 9000 env. 400 millions de dollars
Emzor 23
– marché pharmaceutique de la
CEDEAO : env. 1 milliard de dollars
Evans* 16 • Des normes de qualité strictes créent
des perspectives de croissance
– la qualité est une préoccupation
Swipha* 13 essentielle pour les multinationales
qui cherchent des fabricants à façon
May & – les autorités réglementaires
12 nigérianes comptent relever le
Baker*
niveau d’exigence des bonnes
pratiques de fabrication locales
2. Swipha investit dans la croissance mais a encore beaucoup de chemin à faire pour devenir un leader à l’échelle du continent.
* Sans la part estimée des produits importés (en valeur) sous forme de produit fini, qui s’élève à 25 % pour Swipha (importations Roche), 33 % pour Evans (Cipla)
et 25 % pour May & Baker (Aventis). GlaxoSmithKline est le plus grand groupe pharmaceutique du Nigéria, mais la valeur de la production locale est inférieure à
celles énumérées dans la figure.
Source : entretiens dans les pays ; plans d’entreprise des sociétés ; étude McKinsey.
existante, comme les textiles. Trois grandes dollars par an pour le mobilier médical et
catégories de produits qui répondent aux critères dentaire.
ci-dessus sont les moustiquaires (la tendance L’étude de cas des moustiquaires imprégnées
actuelle est aux moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action, décrit ci-
d’insecticide à longue durée d’action), les gazes dessous (figure A3.7), montre les difficultés
médicales et le mobilier médical. associées à un investissement dans ce type de
Comme on le voit sur la figure A3.6, les produits, ainsi que les opportunités potentielles.
moustiquaires longue durée représentent en 2007
un marché mondial compris entre 150 et
300 millions de dollars, dont environ les deux tiers Innovation
sont concentrés en Afrique subsaharienne118. Le En 2006, l’Afrique du Sud a consacré 0,9 % de ses
marché régional est évalué entre 90 et 120 millions 250 milliards de dollars de PIB à la recherche et au
de dollars par an pour les gazes médicales, l’ouate développement (R&D) dans l’ensemble des
et les pansements, et entre 80 et 120 millions de secteurs d’activités. À titre de comparaison, les
Aiguilles, cathéters, Produits moulés simples mais peu d’avantages par rapport à la
110 concurrence
canules, etc.
Ouate médicale, gaze, Extension des industries existantes du coton et du textile déjà bien
105
pansements, etc. développées
Vêtements en caoutchouc
souple, notamment gants
90 Potentiellement intéressante
* À l’exception des moustiquaires, tous les chiffres sont des importations, les estimations étant extrapolées à partir des données Comtrade sur les fournitures médicales
importées avec 65 % du total 2007 des dépenses de santé en Afrique subsaharienne, et en estimant que les importations représentent 95 % des fournitures
médicales en Afrique subsaharienne. Le marché des moustiquaires longue durée est basé sur la projection du programme Faire reculer le paludisme qui s’établit à une
demande de 42 millions de moustiquaires en 2006, avec une répartition de 70-30 (30 millions – 12 millions) entre les moustiquaires longue durée et les moustiquaires
classiques, et un prix avant distribution de 5 dollars par moustiquaire sur la base des entretiens menés auprès des fabricants et des prix nets indiqués sur le site web du
programme Faire reculer le paludisme. Les prix vont de 4 à 6 dollars avant distribution.
Source : Comtrade ; Faire reculer le paludisme ; étude McKinsey.
dépenses de R&D de l’Inde s’établissent à 1,2 % de • Peu de possibilités de sortie. Il n’existe pas de
son PIB, soit 9,5 milliards de dollars, et celles des sociétés de capital-risque intervenant à un stade
États-Unis à 2,7 % de leur PIB, soit 350 milliards plus avancé et les sociétés de financement par
de dollars. capitaux propres ne sont pas intéressées par ce
Les investissements de R&D du secteur privé type d’entreprises jeunes ni par des
dans le domaine de la biologie, de la médecine et investissements risqués dans les biotechnologies.
de la santé ont représenté moins de 10 % de ce En outre, les grandes sociétés d’équipement et
montant en Afrique du Sud119. On ne s’étonnera de biotechnologies (qui constituent
pas que le pays ne compte qu’une seule société de généralement la principale porte de sortie) ont
capital-risque tournée vers les biotechnologies, acheté moins de nouvelles entreprises ces
Bioventures, avec un capital investi ne dépassant dernières années.
pas 11 millions de dollars. • Un réservoir limité. Les sociétés de capital-
Un certain nombre de facteurs limitent le risque seraient obligées d’aller chercher plus
développement de fonds de capital-risque loin dans la recherche fondamentale pour
investissant dans la création d’entreprises de « mettre en selle » des entreprises naissantes, et
biotechnologie : finiraient par conserver leurs investissements
pendant très longtemps.
Étude de cas de la fabrication de fournitures médicales : les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue
durée d’action
La fabrication des moustiquaires longue durée illustre quelques-unes des opportunités et des difficultés associées à la fabrication de fournitures
en Afrique subsaharienne. Il y a actuellement un fabricant de moustiquaires longue durée en Afrique : la société tanzanienne A to Z Textiles, qui
produit 3 à 4 millions de moustiquaires par an.
Un produit volumineux donne un avantage … qui ne compense toutefois pas l’écart de coût
en termes de transport…
• Un produit volumineux peut permettre des économies sur les • Les coûts de distribution sont estimés à seulement 5 % du
coûts de distribution s’il est fabriqué localement. coût total des moustiquaires utilisant une technique de
ramage. Les principaux éléments de coût qui interviennent
concernent le fil, le piquage, le ramage, les produits
chimiques et le financement.
Il peut y avoir une préférence pour … et il faudra pour cela développer des marchés
l’approvisionnement local… privés viables
• La prévalence du paludisme est telle que l’Afrique peut • Pour qu’une offre locale compétitive puisse se développer, il
vouloir assurer un marché stable pour ces moustiquaires, et faut que les fabricants locaux et les propriétaires de
notamment un approvisionnement stable. technologies étrangères investissent ensemble sur le long
terme.
• Possibilité d’avoir une position préférentielle en tant que
fournisseur local dans les appels d’offres, surtout pour des • Pour que des entreprises soient tentées d’investir ensemble
marchés publics. sur le long terme, les donateurs, les pouvoirs publics et les
fournisseurs doivent collaborer pour développer des marchés
• L’approvisionnement local favoriserait le développement de
privés viables pour les moustiquaires longue durée.
marchés viables pour pouvoir toucher une plus grande
population.
* Estimation du programme Faire reculer le paludisme basée sur une durée de vie de 3 ans (avec 7 lavages par an) et la réimprégnation des moustiquaires tous les
six mois.
Source : entretiens dans les pays ; Faire reculer le paludisme ; étude McKinsey.
• Le manque d’expérience. Peu de sources de l’innovation dans le domaine des produits de santé
financement comprennent suffisamment bien en dehors des dépenses de recherche clinique des
le secteur pour ne pas craindre d’investir grands groupes reçoit actuellement un montant
dedans. estimé entre 50 et 60 millions de dollars — le
D’un autre côté, on trouve environ 51 sociétés secteur naissant de l’innovation en produits de
de biotechnologie actives, utilisant des technologies santé en Afrique du Sud repose sur des bases
de première, seconde et troisième génération120. solides. Le pays est politiquement stable et est le
Bien que modeste par rapport à ce qui existe mieux noté de la région pour la facilité de faire des
dans le reste du monde — le secteur privé de affaires121. L’Afrique du Sud est dotée
Étude de cas d’une société d’innovation en biotechnologies : Disa Vascular, en Afrique du Sud
Disa Vascular est une entreprise de biotechnologies sud-africaine qui développe des stents coronaires. Ses fondateurs, titulaires de
diplômes de haut niveau mais avec très peu d’expérience commerciale préalable, ont développé des innovations prêtes à être
commercialisées avec un financement externe limité.
Transfert d’un savoir- Stent de première Développement et Fabrication ; vente en Doit investir dans le
Activités
faire informatique de génération utilisé à cession sous licence du Afrique du Sud et à marketing, dans les essais
l’orthopédie à la l’hôpital Groote-Schuur stent de 1e l’export ; cliniques pour les stents à
conception de stents (Le Cap) génération ; développement de élution médicamenteuse
vasculaires fabrication encore stents à élution et dans de nouvelles
sous-traitée médicamenteuse activités de R&D ; pas
encore bénéficiaire ;
International chiffre d’affaires du
Auto-financé par des Les business angels ont Bioventures : 0,6 Development dernier trimestre 0,2
Finance- consultations doublé leur mise à la million de dollars Corporation (IDC) : million de dollars
ment d’orthopédie sortie 0,9 million de dollars
de fonds propres + 2007 : 0,4 million de
prêt de 4 millions de dollars des actionnaires
dollars actuels
Infections 38 62 94,6
respiratoires
VIH/SIDA 76 24 84,5
Maladies
diarrhéiques 38 62 62,0
Tuberculose 27 73 34,7
Paludisme 88 12 46,5
3
Trypanosomiase 97 1,5
82
Leishmaniose 18 2,1
100
Maladie de Chagas 0 0,7
22
Schistosomiase 78 1,7
Dengue 1 0,6 99
Filariose 35 65
lymphatique 5,8
Onchocercose 97 0,5
3
Total 53 47 335
Source : statistiques 2002 de l’OMS sur la charge de morbidité mondiale ; sites web de l’OMS ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
financement dans les premiers stades de majeur, car la charge de morbidité mondiale pour
développement, et le long délai de sortie. Le ces affections pèse de façon disproportionnée sur
paysage actuel montre que les investisseurs la région (figure A3.9).
préfèrent les innovations qui ne coûtent pas cher à L’Afrique supporte 88 % de la charge de
développer et qui peuvent être commercialisées morbidité mondiale due au paludisme, 76 % de
rapidement, comme les dispositifs médicaux et les celle liée au VIH, et 58 % de celle associée au total
nouvelles formulations de médicaments existants. du VIH, de la tuberculose, du paludisme et des
La figure A3.8 montre les possibilités maladies négligées. L’essentiel de cette charge est
d’investissement associées à Disa Vascular, une localisée en Afrique subsaharienne. Pour soulager
société de biotechnologies sud-africaine qui l’Afrique subsaharienne de ses principaux
fabrique des stents coronaires. problèmes de santé, il est essentiel d’investir dans
des solutions ciblées sur ces maladies, quel que soit
le lieu où l’innovation se fait.
Commercialisation de la recherche Financer la commercialisation de produits
sur les maladies infectieuses développés au niveau international pour prévenir
et négligées ou soigner des maladies infectieuses et négligées
Pour l’Afrique subsaharienne, le développement et apporterait une contribution majeure à
la commercialisation de médicaments et de l’amélioration des soins de santé en Afrique
produits destinés à la prévention ou au traitement subsaharienne. Bien qu’il existe plusieurs sources
des maladies infectieuses représentent un enjeu et modèles d’innovation pour ce type de produits,
L
e fléau des médicaments contrefaits qui s’est En Ouganda, on compte plus d’une centaine
abattu sur l’Afrique subsaharienne — et les d’importateurs ou distributeurs officiellement
risques sanitaires qu’ils représentent — fait de immatriculés, et 12 à 14 « leaders » du marché. Au
la distribution et du commerce de détail des Nigéria, il existe 292 importateurs agréés de
composantes extrêmement sensibles du secteur produits médicaux et 724 distributeurs agréés de
de la santé. Au Kenya, une étude des National produits médicaux. Un grand fabricant a expliqué
Quality Control Laboratories (NQCL) et du qu’il livrait à un réseau complexe constitué de plus
Pharmacy and Poisons Board basée sur un d’une centaine de distributeurs, comprenant des
échantillon aléatoire de 116 produits filiales et des entreprises indépendantes.
antipaludéens a conclu que près de 30 % des La seule exception à cette fragmentation dans
médicaments vendus dans le pays étaient la région est l’Afrique de l’Ouest francophone,
contrefaits124. Certains ne contenaient pas une desservie par quatre grands distributeurs qui
quantité suffisante de principes pharmaceutiques utilisent souvent la France comme plate-forme
actifs, d’autres ne contenaient pas les bons, ou opérationnelle. Naturellement, le paysage est aussi
étaient inutilisables. En dehors de la menace fondamentalement différent dans les pays où le
immédiate évidente qu’ils présentent pour le secteur public est plus présent dans cette filière.
patient, ils risquent aussi d’accroître les taux de Au Mozambique et en Tanzanie, par exemple,
résistance. Les dégâts qu’ils provoquent sont donc
l’essentiel de la distribution est assuré par des
catastrophiques.
entreprises quasi-gouvernementales qui dominent
Selon l’Association kényane de l’industrie
le marché, ce qui permet d’assurer beaucoup plus
pharmaceutique, les produits pharmaceutiques
facilement un contrôle de qualité.
contrefaits représentent environ 130 millions de
Parallèlement à cette fragmentation, la place
dollars de ventes annuelles dans ce pays ; au
occupée par les circuits informels (où la qualité est
Nigéria, marché le plus vaste de la région, 17 % des
médicaments en circulation sont encore contrefaits, naturellement plus difficile à contrôler) ne fait que
malgré les mesures spécifiques prises récemment compliquer la situation ; ainsi, 60 % de la
par la NAFDAC, l’Agence nationale pour distribution secondaire au Nigéria a lieu sur des
l’administration et le contrôle des produits marchés informels, où s’approvisionnent aussi bon
alimentaires et pharmaceutiques. nombre de revendeurs informels. Les pharmaciens
Plusieurs éléments favorisent la demande de préfèrent souvent acheter des marchandises sur un
médicaments contrefaits ou de qualité inférieure, marché à prix réduit que les commander par les
les plus évidents étant le prix trop élevé des circuits de distribution officiels.
médicaments de base et leur accès physique limité. Le manque d’infrastructures de transport dans
Si des médicaments de qualité et abordables la région constitue aussi un handicap majeur au
étaient vendus dans des points de vente fiables, ou développement des activités de distribution en
si la couverture des médicaments pouvait être général. Le mauvais état des routes et des ports
améliorée, les revendeurs de médicaments augmente les coûts d’équipement et diminue la
contrefaits n’auraient pas autant de clients. durée de vie du matériel. D’autres problèmes
En plus de ces facteurs, l’ampleur du problème d’infrastructures, comme les aléas de l’alimentation
des produits contrefaits en Afrique subsaharienne électrique, rendent difficile la mise en place de
vient notamment de la difficulté qu’il y a à utiliser chaînes du froid pour les vaccins et les autres
une chaîne logistique extrêmement fragmentée médicaments sensibles à la chaleur. D’autre part,
qui alimente tant le secteur public que le secteur les volumes à transporter d’un point à un autre
privé. sont trop faibles pour qu’il soit financièrement
88 ) Investir dans la santé en Afrique
intéressant d’établir des capacités de distribution chaque pharmacien ne peut exploiter qu’un
directe à l’intérieur d’un pays ou entre des pays, maximum de deux officines. Compte tenu de la
d’où la nécessité d’avoir des réseaux en étoile. La pénurie de pharmaciens diplômés, le pays ne
plupart des sociétés de distribution se spécialisent compte que 250 pharmacies. De même, la loi
soit dans certaines lignes de produits, soit dans des sénégalaise interdit aux pharmaciens d’être
régions géographiques données. Une majorité propriétaires de plus d’une officine, et il n’est donc
d’entreprises établies font des marges nettes de 7 à pas possible de posséder une chaîne de pharmacies
20 % et les importateurs peuvent obtenir jusqu’à dans ce pays. Dans d’autres domaines, la capacité à
30 % de marge (selon le médicament) s’ils intègrent regrouper des pharmacies pour créer une chaîne
l’importation et la distribution. d’officines peut être limitée tant par la
La vente au détail est le segment le plus rentable réglementation que par la difficulté de gérer des
du secteur de la santé dans pratiquement toute entreprises géographiquement dispersées, du point
l’Afrique subsaharienne, avec des marges nettes de vue des infrastructures.
qui varient entre 5 et 50 % selon les pays. En La figure A4.1 montre les différents paysages
Tanzanie, où les marges ne sont pas limitées et où de ce secteur d’activités dans trois pays
il y a peu de concurrence compte tenu du petit représentatifs.
nombre d’autorisations délivrées à des pharmacies,
les détaillants obtiennent une marge brute de 80 à
La distribution et le commerce de détail
100 % selon les produits.
représentent plus de 2 milliards de
Au Sénégal au contraire, les marges brutes des
dollars d’opportunités d’investissement
ventes au détail sont fixées à 23 % par la
réglementation, ce qui n’incite pas les pharmaciens Selon les estimations, la distribution et le commerce
à vendre des médicaments bon marché mais au de détail attireront environ 14 % du total de la
contraire les pousse à proposer le plus possible les demande d’investissements anticipée, soit entre
produits de marque, plus chers. 1,6 et 2,8 milliards de dollars (voir la figure A4.2).
Dans toute l’Afrique subsaharienne, les hôpitaux Près de 80 % des investissements financeront la
et les centres de santé financent souvent certaines mise en place d’infrastructures de distribution
activités grâce à leurs pharmacies. On a ainsi (entrepôts, camions et systèmes d’information de
l’exemple d’un centre de santé, au Kenya, qui tire gestion de la chaîne logistique), dont la grande
70 % de ses bénéfices de sa pharmacie. majorité seront concentrés dans des entreprises de
En dehors des pharmacies des centres de santé taille moyenne (87 % des investissements dans la
et des hôpitaux publics, la plupart des officines distribution seront compris entre 0,25 et 3 millions
sont privées et indépendantes. Par exemple, plus de dollars). À l’intérieur du commerce de détail,
de 1 500 points de vente sont immatriculés auprès où l’on trouve les 21 % restants, la plupart des
du Conseil des pharmaciens du Nigéria, mais la investissements iront aider des PME, avec des
seule chaîne d’officines est Mediplus, qui en projets inférieurs à 250 000 dollars.
comprend dix. On voit donc qu’il existe un
potentiel de concentration important. En Afrique Des stratégies efficaces existent
du Sud, où les marges sur les ventes au détail ont pour être compétitif
été soumises à des réglementations strictes ces
dernières années, le secteur évolue rapidement et Pour réussir dans cet environnement difficile,
de grandes chaînes sont en train de se former afin entrepreneurs et dirigeants d’entreprise ont trouvé
de compenser la réduction des marges par une de nombreuses stratégies sur lesquelles il faudra
augmentation du volume des ventes. Dans le reste s’appuyer afin d’être compétitif au niveau national
de l’Afrique subsaharienne, on ne trouve que ou régional.
quelques chaînes d’officines, mais celles qui • L’intégration vers l’amont ou vers l’aval. La
existent sont très florissantes, avec des taux de distribution est un secteur d’activité qui offre
croissance dépassant parfois les 100 % en un an. des perspectives d’intégration dans le monde
Les situations nationales étant très différentes à entier. Néanmoins, en Afrique subsaharienne,
l’intérieur de la région sur le plan de la l’expérience de l’intégration est restée jusqu’ici
réglementation et des infrastructures, le potentiel très limitée (à l’exception de l’Afrique
de croissance par des regroupements est propre à francophone), principalement à cause des
chaque pays. À titre d’exemple, en Ouganda, restrictions d’accès au capital. Dans l’immense
• Le regroupement de pharmacies dans • Peu d’opportunités compte tenu des • Regroupement de pharmacies, avec au
des chaînes d’officines représente une restrictions imposées à la profession par moins un pharmacien pour deux officines ; la
opportunité importante, d’autant plus la réglementation. demande existe pour des pharmacies
Opportunités
que les pharmacies existantes sont très supplémentaires, mais le pays manque de
concentrées dans les centres urbains pharmaciens diplômés.
(l’État de Lagos possède 30 % de
l’ensemble des pharmacies du pays, et
l’État d’Abuja 11 %).
Distribution • Les marges déclarées sont faibles • Les marges brutes sont plafonnées • Marges nettes estimées entre 10 et 20 %.
(2 à 10 %), en fonction du volume à 18 % par la loi dans la distribution, • La distribution est largement contrôlée par 8
Structure et de la région. et descendent souvent à 15 % après à 12 entreprises ; le pays étant enclavé, les
• Essentiellement privé et très fragmenté les remises. produits importés passent souvent d’abord
du marché
(290 importateurs agréés et • Trois grands distributeurs et un plus petit. par les pays voisins.
720 distributeurs agréés) ; la fragmenta- La réglementation oblige les distributeurs
tion stimule la concurrence mais introduit à desservir tous les points de vente, ce
des faiblesses dans la chaîne logistique, qui augmente les coûts d’entrée.
qui favorisent l’obsolescence et la
pénétration de contrefaçons. • L’entrée sur le marché nécessite un • Des possibilités d’intégration régionale des
investissement important. Possibilité de distributeurs, favorisées par une concentra-
• Intégration verticale entre la fabrication créer un réseau de pharmacies tion moyenne du marché national, par la
Opportunités et la distribution, ou entre le commerce appartenant à différentes personnes pour situation enclavée qui nécessite de passer par
de détail et la distribution pour les zones investir ensemble dans une entreprise de d’autres pays pour importer, par la présence
densément peuplées. Dans les zones distribution compte tenu du niveau élevé de grands fabricants tournés vers l’export
rurales, des opportunités existent si l’on d’organisation à l’intérieur du secteur des dans les pays voisins, et par les politiques
combine la distribution des produits pharmacies. commerciales régionales du COMESA et de
médicaux à la distribution d’autres la CEA.
marchandises ou à des services de
transport.
Source : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la santé ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
majorité des cas, les produits passent par un mécanismes de contrôle nécessaires — peut
importateur/distributeur national, qui les vend constituer une source de compétitivité
à un distributeur primaire, qui les vend à son importante. Au Sénégal par exemple, certains
tour à un grossiste local. Très souvent, la chaîne distributeurs de produits pharmaceutiques ont
d’approvisionnement comporte encore d’autres des partenariats avec des redistributeurs locaux,
étapes, ce qui occasionne bien évidemment de qui expédient des colis de produits via le réseau
nombreux gaspillages en termes d’actifs et de informel d’autobus qui couvre les zones rurales
gestion des stocks. du pays.
• L’exploitation du réseau informel de points de • L’augmentation du volume d’affaires ou le
vente de médicaments en dehors des franchisage pour garantir la qualité.
pharmacies. Malgré une extrême fragmentation, Aujourd’hui, une garantie de qualité est un
le réseau informel constitue une infrastructure avantage stratégique plus important
capillaire qui permet de pénétrer les zones qu’auparavant. Des initiatives comme les
rurales là où le secteur structuré ne pourrait pas campagnes d’information des consommateurs
être présent du fait de la petite taille du marché. lancées par la NAFDAC ont sensiblement
L’exploitation de ce réseau — avec les modifié l’attitude des consommateurs d’Afrique
Entreprise 68
Distribution 79 commerciale 0,25 – 3,00 70
Entreprise
24
sociale
<0,25 24
Commerce 21
de détail ONG/à but
8
non lucratif
Sources : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la santé ; entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
• Mediplus (Nigéria), Vine • 0,5-3,0 • 0,3-1,0 • Sert de base pour étendre les points de
Pharmacy (Ouganda) vente aux zones rurales
Chaînes de pharmacies • Les gains d’efficacité permettent de
baisser les prix et rendre les produits plus
abordables
Vine Pharmacy est en train de développer une … et prévoit une croissance de 23 % par an sur les
chaîne d’officines lucrative… 3 à 5 prochaines années.
Prévisions de croissance
du chiffre d’affaires. 2,5
Millions de dollars
• A démarré fin 1999, en ouvrant environ une nouvelle
officine chaque année. +23 %
• L’investissement de départ pour chaque nouvelle 1,9
officine a été récupéré en moyenne après 12 à 18 mois.
• Nombre d’employés : env. 15 personnes
• Jusqu’ici, l’expansion de la chaîne a été essentiellement
financée de façon interne.
1,1
Chiffres clés 2006
Millions de dollars
Opérations Actifs
• Ventes 1,1 • Magasins
• Coûts des
marchandises vendues 0,5 • Employés
• Dépenses de
fonctionnement 0,2 • Dettes
• Bénéfice net 0,4
2006 2008 2010
Source : entretiens dans les pays ; étude McKinsey ; site web de l’entreprise.
plus accessibles et moins chers. Dans la mesure où d’approvisionnement est encore plus longue, ce
ils permettent la distribution de faibles volumes de qui entraîne naturellement des gaspillages en
produits pharmaceutiques, ils améliorent la termes d’immobilisations et de gestion de stocks.
fréquence de distribution et réduisent ainsi les Une fois développée, une infrastructure de
ruptures de stock et l’obsolescence. distribution qui couvre la totalité de la chaîne
d’approvisionnement attirera facilement les
Plates-formes multimarques fabricants de produits pharmaceutiques. En
à intégration verticale l’absence de grands distributeurs nationaux bien
La distribution peut également être rentable avec organisés et fiables, ces fabricants d’Afrique
un modèle d’intégration verticale dans différents subsaharienne ont souvent pris en charge la
segments de la chaîne logistique du secteur des distribution de leurs propres produits jusqu’à
produits de santé. présent. Cependant, la distribution n’est
En Afrique subsaharienne, les produits sont généralement pas leur cœur de métier et ils seraient
traditionnellement importés par l’intermédiaire plus qu’heureux de la sous-traiter et bénéficier des
d’un agent national, qui a souvent l’exclusivité, gains générés par une chaîne logistique globalement
lequel vend ensuite à un distributeur primaire qui moins coûteuse. Dans l’exemple de la figure A4.6,
s’occupe de distribuer le produit à un réseau Fuel Africa non seulement couvre la totalité de la
d’entrepôts régionaux. Au niveau de l’entrepôt, le chaîne d’approvisionnement pour la distribution
produit est vendu à un grossiste local qui le revend de produits pharmaceutiques, mais il opère pour le
à un réseau de pharmacies et d’hôpitaux situés compte de nombreux clients. Cela lui permet
dans sa zone d’influence. Très souvent, la chaîne d’augmenter à chaque fois ses économies d’échelle,
Étude de cas d’un distributeur à intégration verticale : Fuel Africa, en Afrique subsaharienne
Fuel Africa est une filiale du groupe sud-africain Fuel. Elle distribue des produits médicaux dans toute l’Afrique subsaharienne, avec des
plates-formes en Afrique du Sud, au Kenya et au Ghana. Selon ses estimations, les prix de vente au consommateur de produits
pharmaceutiques importés sont diminués de 15 à 30 %.
à tel point que les prix de vente au consommateur structuré ne pourrait être rentable, les modèles de
des produits qu’il distribue peuvent être abaissés distribution qui mettent à profit les infrastructures
de 15 à 30 % (par rapport à un distributeur exclusif physiques existantes et les habitudes des
ou dans le cas d’une distribution directe). consommateurs pour distribuer des médicaments
En outre, une chaîne logistique plus performante dans des zones reculées présentent un formidable
peut améliorer la qualité des produits vendus sur potentiel en termes de développement.
le marché tout en diminuant les risques de rupture Un programme d’accréditation et de formation
de stock. permettant à des petits commerces ruraux de
Les entreprises de ce type sont généralement de vendre des médicaments essentiels est un modèle
taille importante (dans le contexte de l’Afrique économique intéressant du point de vue du
subsaharienne), de l’ordre de 3 à 10 millions de développement, mais qui peut aussi être
dollars de chiffre d’affaires. financièrement viable. Compte tenu des marges
élevées des détaillants, il est tout à fait possible de
Programmes d’accréditation faire payer aux propriétaires de magasins un
pour les revendeurs informels programme de formation de 40 jours au terme
Parce qu’ils permettent d’avoir accès à un duquel ils seront autorisés à vendre des
traitement dans des régions et des situations où médicaments essentiels, ce qui rend le modèle
aucune entreprise commerciale du secteur viable. Cette solution a été mise en œuvre en
• Le modèle ADDO apporte des avantages aux détaillants, • Marché ciblé important.
qui pourraient être soumis à une redevance.
Population par point
– Gamme de produits plus étendue de vente Points de vente
(x 1000) (x 1000)
– Formation
– Appui marketing Aujourd’hui 1,8
(estim.) 19,5
– Vaste potentiel commercial
Déficit actuel 16,0 7,8
Cible 3,5 9,6
Source : entretiens dans les pays ; site web « Strategies for Enhancing Medicines to Africa » ; étude McKinsey.
Étude de cas d’une solution de sous-traitance pour des donateurs : le programme MEDA de bons
pour des moustiquaires longue durée, en Tanzanie
Le programme MEDA de bons pour des moustiquaires longue durée est un mécanisme utilisant le secteur privé, qui subventionne la
distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. Il améliore l’accès à ces moustiquaires tout en favorisant
le développement d’un marché privé.
produire des résultats positifs en matière de santé. rurales est très souvent insuffisant pour permettre
D’un autre côté, les donateurs s’appuient à une entreprise entièrement commerciale d’être
habituellement sur le secteur privé pour profiter viable.
de leurs compétences locales et de leur connaissance L’importance de ces modèles est fondamentale
du contexte local. Bien que les services sous-traités dans la mesure où ils peuvent soulager les systèmes
au secteur privé par les donateurs concernent publics et donc libérer des capacités
surtout des ONG, un certain nombre d’entreprises supplémentaires. Compte tenu des niveaux
commerciales ont été créées récemment et d’efficience élevés qu’ils peuvent atteindre, ils
parviennent à être financièrement viables grâce à utilisent souvent de façon optimale l’argent de
leur très grande efficience. l’État et des donateurs.
Les entreprises de ce type sont généralement de
petite taille, avec un chiffre d’affaires compris
entre 0,3 et 1,0 million de dollars.
Plusieurs d’entre elles ont pris la forme
d’entreprises sociales, car le prix payé par les
pouvoirs publics et les donateurs à leurs sous-
traitants pour desservir les pauvres ou les zones
C
omme il a été dit à la section II, l’Afrique C’est donc une augmentation de 140 % de ces
subsaharienne est la région du monde où personnels dont les 36 pays ont besoin pour fournir
l’on trouve le moins de ressources humaines les services de santé les plus élémentaires.
qualifiées dans le domaine de la santé (figure Au-delà de ce problème majeur, la couverture
A5.1). des RHS ne s’est guère améliorée dans la région
Dans 36 pays sur les 45 que compte l’Afrique depuis 40 ans, alors que d’autres pays comme
subsaharienne, le nombre de professionnels de santé l’Inde et le Maroc ont vu leur densité de médecins
est très inférieur aux normes définies par l’OMS126, et de personnel infirmier augmenter entre 200 et
et le déficit cumulé de ressources humaines pour la 400 %.
santé (RHS) est d’environ 1,3 million de personnes, Le rythme d’augmentation du nombre de
dont 750 000 de personnels soignants (figure A5.2). médecins a stagné en Afrique subsaharienne, voire
Ce chiffre représente environ 30 % du déficit diminué dans certains pays de la région. Dans les
mondial de RHS. autres catégories professionnelles, les effectifs
Bien que l’Afrique subsaharienne compte près progressent lentement, mais pas assez vite pour
d’un million de RHS, elles ne sont que suivre l’évolution démographique et remédier au
590 000 dans les 36 pays « en situation de pénurie ». déficit actuel.
Figure A5.1
Répartition des travailleurs de santé par niveau de dépenses de santé et charge de morbidité,
par région OMS
35
30 Asie du Sud-est
Pourcentage de la charge
25 Afrique
de morbidité mondiale
L’Afrique supporte
20 24 % de la charge de
Pacifique occidental
morbidité mondiale
15 Europe mais n’a accès qu’à 3 %
Amériques
du personnel de santé
10 mondial et à moins de
Méditerranée orientale
1 % des ressources
’s
5 financières mondiales.*
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Pourcentage des ressources humaines mondiales
Europe 11,1
* Dérivé de la régression d’Anand Baernighausen qui montre que 2,5 travailleurs de santé pour 1 000 habitants sont nécessaires pour assurer
deux interventions de base, à savoir la vaccination des enfants de moins d’un an contre la rougeole, et les accouchements assistés par du
personnel de santé qualifié, à au moins 80 % de la population.
Source : Joint Learning Initiative, OMS ; étude McKinsey.
La figure A5.3 compare la situation du Ghana, pourrait stimuler le développement des formations
du Sénégal et du Kenya sur le plan des RHS. Bien médicales privées. Il est néanmoins manifeste que
qu’ils diffèrent du point de vue de l’organisation les capacités actuelles d’enseignement médical ne
de l’enseignement médical et de la couverture de sont pas capables de répondre à la demande en
leurs besoins de RHS, ces trois pays manquent de Afrique subsaharienne. Au Ghana par exemple, les
professionnels de santé et auraient besoin d’une établissements publics ne peuvent absorber que
augmentation immédiate des formations 40 % des demandes d’inscription recevables aux
médicales privées. formations en soins infirmiers.
Plus de 64 000 nouveaux médecins seront Comme le montre la figure A5.4, on estime que
nécessaires sur les 10 ans à venir pour faire face à la formation médicale privée représente environ
la croissance estimée des services de santé. Le 9 % du total des opportunités d’investissement
déficit de RHS a de fortes chances de durer si l’on anticipées, soit entre 1,1 et 1,9 milliard de dollars
ne s’emploie pas activement à résoudre la crise environ.
actuelle au moyen de solutions privées ou de Les médecins étant très nombreux à quitter
partenariats public-privé, car le secteur public ne l’Afrique subsaharienne à la fin de leurs études, les
paraît pas disposer de ressources suffisantes. établissements d’enseignement devront accroître
Toutefois, le secteur privé a joué jusqu’à présent considérablement leurs capacités pour pouvoir
un rôle limité sur ce marché, pour diverses raisons, former les 80 000 et quelque nouveaux médecins
en particulier les réglementations publiques, les qui seront nécessaires. Le même problème se pose
coûts d’investissement élevés associés à certains pour les formations en soins infirmiers, les écoles
éléments des études médicales, et dans certains cas, de pharmacie et les établissements de formation
le pouvoir d’achat insuffisant des étudiants. des agents de santé communautaires. Le secteur
Le financement des études augmenterait privé devra intervenir pour combler partiellement
énormément le nombre d’étudiants potentiels et le déficit. L’enseignement médical nécessite
Source : ministères de la Santé ; comptes nationaux de la santé ; Document d’information n°75 de la Banque mondiale, 2004 ; Center for Global Development ;
entretiens dans les pays ; étude McKinsey.
beaucoup d’équipements, c’est pourquoi la plupart privés des États-Unis pour garantir un apport
des investissements concerneront des entreprises d’infirmiers et infirmières qualifiés aux
de taille moyenne à grande, plus de la moitié des États-Unis. Les établissements américains
investissements dépassant les 3 millions de dollars. financeraient en partie la mise en place des
installations et aideraient à l’élaboration du
programme d’enseignement. Les personnels
Des stratégies gagnantes
infirmiers retourneraient dans leur pays après
Pour réussir dans cet environnement difficile, des avoir travaillé aux États-Unis pendant le temps
stratégies existent sur lesquelles il faudra s’appuyer convenu.
afin d’être compétitif au niveau national ou • L’interfinancement avec d’autres disciplines.
régional : Dans la mesure où l’enseignement médical
• Des partenariats avec des institutions étrangères. nécessite des investissements importants, les
Aux États-Unis, la demande de personnel écoles privées devraient probablement
infirmier est très supérieure aux effectifs fonctionner plusieurs années avant de devenir
immatriculés127. Le Nursing Relief for bénéficiaires. En instaurant des mécanismes
Disadvantaged Areas Act de 1999 visait à d’interfinancement entre des programmes
remédier à ce problème en introduisant le d’enseignement médical et d’autres disciplines,
programme de visas H-1C, qui permet à des les établissements de formation pourraient être
personnels infirmiers étrangers de travailler financièrement viables beaucoup plus vite. Au
pendant trois ans aux États-Unis. Puisque les Ghana par exemple, l’Université centrale
États-Unis cherchent à combler leur déficit, des d’Accra prévoit d’ouvrir une grande école
écoles d’Afrique subsaharienne pourraient spécialisée dans la formation de pharmaciens,
s’associer avec des hôpitaux ou des cliniques de personnels infirmiers et d’assistants
• Institut Santé Service • 0,3-2,0 • 0,3-2,0 • Développe les capacités globales du système
Écoles d’infirmiers, (Sénégal) de santé à l’intérieur d’un pays
de sages-femmes, • Central University
de laborantins College (Ghana)*
• AMREF (Kenya) • 0,2-0,5 • 0,2-0,5 • Permet aux étudiants des zones rurales d’accéder
Formation à distance à l’éducation et leur évite le coût d’un
en soins infirmiers déménagement
• Augmente la disponibilité de compétences
spécialisées en milieu rural
Figure A5.6
Figure A5.7
Étude de cas d’une école de soins infirmiers : Institut Santé Service, au Sénégal
Institut Santé Service (ISS) est une école de soins infirmiers privée qui existe depuis 20 ans, avec trois campus au Sénégal. Les
établissements publics d’enseignement en soins infirmiers étant loin de pouvoir absorber toutes les demandes d’inscription, ISS
pourrait se concentrer sur ces études et sur les disciplines connexes. Le fait de se limiter aux soins infirmiers permet de diminuer les
coûts par rapport à une école proposant différents cursus, et donc d’avoir des frais de scolarité compétitifs.
Figure A5.8
Étude de cas d’une formation à distance pour les personnels infirmiers : l’AMREF, au Kenya
L’AMREF est une association à but non lucratif qui propose une formation à distance assistée par ordinateur à 4 500 infirmiers et
infirmières auxiliaires à travers un réseau de 127 écoles et centres de télé-enseignement. Les étudiants sont préparés au grade d’infirmier
diplômé via une combinaison d’apprentissage sur ordinateur et de formation pratique en établissement de santé.
Le modèle de télé-enseignement de l’AMREF Un succès rapide reposant sur des partenariats public-privé solides
L
es projections des opportunités d’investisse- • les opportunités d’investissement ont été
ment dans le secteur de la santé en Afrique calculées pour les produits pharmaceutiques et
subsaharienne ont été établies de la façon médicaux en tenant compte de l’Afrique du
suivante (récapitulée à la figure A6.1) : Sud, et ce montant a été ajouté au reste des
opportunités d’investissement en Afrique
• la croissance prévisionnelle du marché de la subsaharienne.
santé en Afrique subsaharienne a été chiffrée
(sans l’Afrique du Sud ni les produits
pharmaceutiques et médicaux) ; Projection du marché privé de la santé
• cette croissance prévisionnelle a été traduite en La forte corrélation linéaire qui existe entre le PIB
opportunités d’investissement en Afrique nominal par habitant et les DTS par habitant
subsaharienne (sans l’Afrique du Sud ni les (R2= 0,89) permet d’estimer les DTS futures
produits pharmaceutiques et médicaux) ; (figure A6.2). Des estimations fiables du PIB par
Figure A6.1
Méthode utilisée pour estimer les opportunités d’investissement générées par le développement des services
de soins de santé en Afrique subsaharienne
• Projection de la part des services de santé • Part des services de santé assurés • Comptes nationaux de
Projection de la part
assurés par le secteur privé, ventilée par par le secteur privé. la santé, enquêtes sur
des services de santé sous-secteur, type de prestataire (entreprise • Ventilation des services privés. les ménages.
assurés par le commerciale ou ONG), et du volume • Entretiens dans les pays
secteur privé d’investissements requis.
• Traduction de la croissance globale du chiffre • Ratios de rotation de l’actif • Entretiens dans les pays
Traduction de la d’affaires du secteur privé en besoins • Durée de vie des actifs • IFC
croissance du chiffre d’investissement en utilisant les ratios de • Besoins d’investissement externes • Entretiens dans les pays
d’affaires du secteur
rotation de l’actif propres à chaque /études primaires
privé en besoins
d’investissement sous-secteur.
6 000
États-Unis
5 000 Norvège
DTS/habitant, 2003
4 000
3 000
2 000
y = 0,0859x – 71,56
Afrique R² = 0,8861
1 000 Brésil du Sud
Burundi Kenya Nigéria Inde Chine
0
100 1 000 10 000 100 000
PIB/habitant (nominal)
habitant peuvent être utilisées pour prévoir les calculée à partir d’une croissance démographique
DTS futures par habitant sur la base de la moyenne de 2,4 % et d’une augmentation de 3,5 %
corrélation ci-dessous. du PIB/habitant nominal, surtout concentrée sur
On notera que la corrélation est extrêmement les cinq dernières années), ainsi que par une
forte dans la plage de PIB la plus basse. La plupart augmentation des dépenses des bailleurs de fonds.
des 45 pays d’Afrique subsaharienne (hors Afrique Afin d’établir des projections pour les dix
du Sud) se trouvent dans le segment le plus bas de prochaines années, on a pris comme hypothèse
la courbe (R2 = 0,95) (voir la figure A6.3), tandis une augmentation de 7,7 % du PIB nominal,
que sur l’ensemble du monde, on a une corrélation associée à une hausse de 5,7 % du PIB/habitant et
R2 = 0,89. un taux de croissance démographique de 1,9 % ;
Dans un pays donné, les DTS/habitant on est toutefois resté prudent en considérant que
augmentent en même temps que le PIB/habitant. la croissance des DTS serait plus lente que celle du
Les DTS/habitant prévisionnelles peuvent PIB en raison du fait qu’une part importante du
alors être multipliées par les estimations PIB sera produite par des entreprises exploitant les
démographiques pour arriver aux dépenses futures. ressources naturelles de la région, et ne sera donc
Sur la base de ce modèle, on prévoit que les DTS pas répartie uniformément dans toute la population.
en Afrique subsaharienne passeront de On a également adopté une attitude prudente en
16,7 milliards de dollars en 2006 à 35,4 milliards ce qui concerne la propension des donateurs à
de dollars en 2016. Le taux de croissance annuelle continuer d’augmenter le volume de leur aide au
des DTS, estimé à 7,1 %, combine l’augmentation rythme enregistré ces dix dernières années.
des DTS/habitant (elle-même déterminée par la Du fait du contexte évoqué à la section I, le
croissance du PIB/habitant) et la croissance niveau de participation du secteur privé est variable
démographique. dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. C’est
L’augmentation des DTS de ces dix dernières pourquoi les estimations de la participation du
années a été alimentée par une hausse importante secteur privé ont pris en compte, pour chaque
du PIB (environ 6 % de croissance nominale, pays, le caractère plus ou moins favorable dans
Évolution du PIB/habitant (nominal) et des dépenses totales de santé (DTS)/habitant, dans le monde
Dollars
Cameroun
6 000
Lesotho
Sénégal
Côte d'Ivore
5 000 Gambie
Guinée Zambe Nigéria
Kenya
Mali Bénin
Ouganda Ghana
Mauritanie
4 000 Tanzanie
DTS/habitant, 003
Togo Tchad
Malaw Mozambque Interpolation linéaire
Comores
Sierra Leone Niger
Burund
Madagascar y = 0,0383x - 0,249
Liberia
3 000 Éthiopie
Rwanda R2 = 0,9522
2 000
y = 0,0859x – 71,56
R2 = 0,8861
1 000
0
100 1 000 10 000 100 000
PIB/habitant (nominal) en dollars
lequel le secteur privé opère et les différents pour réaliser le chiffre d’affaires ou les dépenses du
scénarios auxquels on peut s’attendre pour chacun secteur de la santé. Par exemple, pour les
d’eux, en ce qui concerne la participation du établissements de soins en hospitalisation, le coût
secteur privé. Les estimations actuelles indiquent d’investissement moyen en pourcentage du chiffre
que cette participation représente en 2005 environ d’affaires est estimé à 175 % (en se fondant sur les
50 % des dépenses. entretiens et sur l’analyse d’études de cas dans les
Selon les estimations, le secteur privé va accroître pays en développement).
sa part du marché de la santé de près de 10 % grâce Pour traduire le chiffre d’affaires 2007-2015 en
à l’essor rapide que connaissent certaines économies opportunités d’investissement externes, il faut :
de la région, où il va augmenter sa part à un rythme
1. déterminer les ratios de rotation de l’actif
accéléré. Néanmoins, cette progression ne modifiera
spécifiques à chaque secteur séparément pour
pas nécessairement la composition du secteur privé
les nouveaux actifs et pour le remplacement
lui-même, et ses différents segments ne se
d’actifs existants ;
développeront pas forcément à la même vitesse
2. déterminer le pourcentage des opportunités
qu’actuellement (figure A6.4).
d’investissement qui viendraient de sources
externes (là encore, de façon séparée pour les
Traduction du chiffre d’affaires en nouveaux actifs et le remplacement d’actifs
opportunités d’investissement existants).
Après avoir obtenu le total des dépenses de santé Les ratios de rotation de l’actif sont basés sur les
privées, on calcule les opportunités d’investissement études de cas les plus pertinentes. Les ratios coût
en utilisant les ratios de rotation de l’actif propres d’investissement/recettes sont déterminés à partir
à chaque composante du secteur de la santé. Ces de deux éléments : 1) le coût de l’actif nécessaire
ratios représentent l’investissement moyen requis pour générer les niveaux de recettes prévus ; et
Figure A6.5