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TRANSFORMÉE DE LAPLACE

CHAPITRE 5

Table des matières

1. Intégrale de Laplace 2
2. Hypothèses sur f 2
3. Premières propriétés de la transformée de Laplace 4
Linéarité 4
Changement d’échelle 4
Translation sur la variable symbolique s 5
Translation sur la variable temporelle t 5
Transformée de Laplace d’une fonction périodique 5
Transformée d’une dérivée 6
Transformée d’une primitive 7
Multiplication par tn : dérivation de la transformée de Laplace 8
Division par t 8
Comportement de Lf (s) pour s = 0 ou +∞ 9
4. Transformées de fonctions usuelles 9
5. Dérivation et intégration de la transformée de Laplace 11
Dérivation de Lf 11
Intégration de Lf 12
Dérivation par rapport à un paramètre 12
6. La transformée de Laplace inverse 13
Injectivité de la transformée de Laplace 13
Formule de la transformée de Laplace inverse 14
Linéarité de la transformée de Laplace inverse 14
Première propriété de translation 15
Deuxième propriété de translation 16
Propriété de changement d’échelle 16
Propriété inverse de dérivation 16
Propriété inverse d’intégration 17
7. Convolution et produit de transformées de Laplace 18
8. Applications aux EDO à coefficients constants 20
9. Applications à la résolution des équations aux dérivées partielles 22
10. Convolution et équations différentielles 23
11. Table 27

La transformée de Laplace est un outil qui peut simplifier la résolution


d’équations différentielles, notamment lorsque l’on travaille sur une
équation différentielle dont le second membre est un champ de force
donné. La transformée de Laplace est une des nombreuses transformées
que l’on peut rencontrer en physique et ingénierie (transformée de Fou-
rier, de Radon,etc...). Sa compréhension est donc un premier pas vers
ces outils de calcul.
1
2 CHAPITRE 5

1. Intégrale de Laplace
La variable t, dans tout ce qui suit, sera réelle, et on la supposera
positive (elle représentera souvent le temps).
On fait correspondre à une fonction f de la variable t, une fonction
Lf d’une nouvelle variable s par la formule
Z ∞
Lf (s) = e−st f (t)dt (1.1)
0
La variable p sera généralement complexe, on posera s = x + iy.
Si l’intégrale précédente est définie, Lf s’appelle la transformée de
Laplace de f .

2. Hypothèses sur f
On ne peut pas calculer la transformée de Laplace de n’importe quelle
fonction f .
On supposera que
(1) f est nulle sur R−∗ (c’est une convention, dont l’utilité apparaı̂tra
plus tard), une telle fonction est appelée causale,
(2) f est définie et continue par morceaux sur R+ ,
(3) il existe une constante M positive telle que le produit
e−M t |f (t)|
reste borné pour toutes les valeurs de t assez grandes (i.e. pour
t > t0 avec t0 ∈ R+ , t0 dépendant de M et de f ).
La dernière condition signifie que f est d’ordre exponentiel M :
Définition 2.1. Une fonction f telle que
|f (t)| 6 CeM t , pour tout t ≥ t0
avec C ∈ R+ , est dite d’ordre exponentiel M .
Cette condition est suffisante pour que l’intégrale 1.1 soit définie pour
toutes les valeurs de s = x + iy telles que x > M .
Théorème 2.2. Si f est une fonction continue par morceaux sur R+ ,
et d’ordre exponentiel M , alors, ∀s ∈ C tel que <(s) > M , l’intégrale
1.1 est bien définie.
Démonstration. Dire que e−M t |f (t)| est borné pour t > t0 équivaut à
dire qu’il existe une constante C telle que

t > t0 entraı̂ne e−M t |f (t)| < C.


TRANSFORMÉE DE LAPLACE 3

Alors on a évidemment

|e−st f (t)| < Ce(M −x)t


R∞
et comme l’intégrale t0 e(M −x)t dt est convergente car M − x < 0,
l’intégrale 1.1 est bien définie.


Citons également un autre critère, plus général :

Théorème 2.3. Soit f une fonction continue par morceaux sur R+ .


Supposons qu’il existe un nombre positif s0 et un nombre positif C tels
que, pour toute valeur A > 0, on ait
Z A
−s0 t
e f (t)dt < ∞


0

alors l’intégrale 1.1 est définie pour tout s tel que <(s) > s0 .

Exemple 2.4. — Calculons L{1}. On a


Z ∞ Z x
−st
L{1}(s) = e × 1dt = lim e−st dt
0 x→+∞ 0
e−st x 1 − e−sx 1
= lim = lim = si <(s) > 0
x→+∞ −s 0 x→+∞ s s
— Calculons L{t}. On a
Z ∞ Z x
−st
L{t}(s) = e tdt = lim te−st dt
0 x→+∞ 0
 −st   −st 
e e x
= lim t −
−s s2

x→+∞ 0
−sx −sx
 
1 e xe 1
= lim − − = si <(s) > 0
x→+∞ s2 s2 s s2

— Calculons L{eat }. On a
Z x
at
L{e }(s) = lim e−(s−a)t dt
x→+∞ 0
−(s−a)t
e x 1 − e−(s−a)x
= lim = lim

x→+∞ −(s − a) 0 x→+∞ s−a
1
= si <(s) > a
s−a
4 CHAPITRE 5

— On montre aussi que :


n!
L{tn }(s) = , <(s) > 0
sn+1
a
L{sin at}(s) = , <(s) > 0
s2
+ a2
s
L{cos at}(s) = 2 , <(s) > 0
s + a2
a
L{shat}(s) = 2 , <(s) > |a|
s − a2
s
L{chat}(s) = 2 , <(s) > |a|
s − a2
3. Premières propriétés de la transformée de Laplace
Linéarité. Considérons deux fonctions f et g telles que l’on puisse
définir leur transformée de Laplace, pour <(s) > sf pour f et <(s) > sg
pour g. Alors, nous avons
∀(a, b) ∈ R, L {af + bg} (s) = aLf (s) + bLg(s)
pour tout s tel que <(s) > max(sf , sg ).
Exemple 3.1.
L{4t2 − 3 cos 2t + 5e−t }(s) = L{t2 }(s) − 3L{cos 2t}(s) + 5L{e−t }(s)
     
2! s 1
= 4 3 −3 2 +5
s s +4 s+1
8 3s 5
= 3− 2 + .
s s +4 s+1
Dans la suite, on considère une fonction f continue par morceaux
sur R+ , et dont la transformée de Laplace existe pour <(s) > sf , avec
sf ∈ R+ .
Changement d’échelle. Soit f une fonction admettant une trans-
formé de Laplace, et k une constante positive. Si on change l’échelle
dans f en créant la nouvelle fonction t 7→ f (kt), alors
1 s
L{f (kt)}(s) = L{f (t)}( ),
k k
pour <(s) > ksf .
La démonstration est immédiate en utilisant le changement de va-
riables u = kt.
1
Exemple 3.2. Puisque L{sin t} = s2 +1
, on a
1 1 3
L{sin 3t} = 2
= 2
3 (s/3) + 1 s +9
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 5

Translation sur la variable symbolique s. Si Lf (s) est la trans-


formée de Laplace de f (t), alors
L{f (t)}(s + a) = L{e−at f (t)}(s),
pour <(s + a) > sf . R∞
En effet : L{e−at f (t)}(s) = 0 e−(a+s)t f (t)dt = Lf (s + a), à condi-
tion que Lf (s + a) soit définie.
s
Exemple 3.3. Puisque L{cos 2t} = s2 +4
, on a
s+1 s+1
L{e−t cos 2t} = 2
= 2
(s + 1) + 4 s + 2s + 5
Exercice 3.4. Calculer
L{e3t sin(2t)}(s).
Translation sur la variable temporelle t. Soit h > 0, alors :
L{f (t − h)}(s) = e−sh L{f (t)}(s),
pour <(s) > sf .
En effet, ayant supposé que f est nulle sur R−∗ , on a f (t − h) = 0
pour t < h :
Z ∞ Z ∞
−st −sh
L{f (t − h}(s) = e f (t − h)dt = e e−s(t−h) f (t − h)dt
0
Zh ∞
= e−sh e−su f (u)du.
0
3 3! 6
Exemple 3.5. Puisque L{t } = = s4 s4
, alors la transformée de La-
place de la fonction
(
(t − 2)3 t>2
g(t) =
0 t≤2
est
6e−2s
L{g(t)} = .
s4
Transformée de Laplace d’une fonction périodique. Considérons
une fonction f nulle pour t < 0, et périodique, de période T . Soit la
fonction f0 égale à f sur le segment [0, T [, nulle à l’extérieur. Elle a
pour transformée de Laplace

F0 (s) = Lf0 (s).


On peut alors représenter f (t) entre 0 et +∞ comme la somme de
la série
f0 (t) + f0 (t − T ) + f0 (t − 2T ) + . . . + f0 (t − nT ) + . . .
6 CHAPITRE 5

et par conséquent, sa transformée de Laplace est

F0 (s)
Lf (s) = F0 (s)[1 + e−st + . . . + e−nst + . . .] = ,
1 − e−sT
à condition qu’on ait le droit d’intervertir l’intégrale et la série et
que |e−sT | < 1.
Exercice 3.6. Prenons f (t) = sin t de période 2π. Retrouver alors que
1
L(sin)(s) = .
1 + s2
Transformée d’une dérivée. Le théorème suivant est fondamental
dans la théorie du calcul symbolique.
Théorème 3.7. Si f est une fonction de classe C 1 sur R+ , si elle est
d’ordre exponentiel M et si f 0 admet une transformée de Laplace, alors
L{f 0 (t)}(s) = sL{f (t)}(s) − f (0),
pour <(s) > M .
Démonstration. Soit s tel que <(s) > M , alors par intégration par
parties, on a :
Z ∞ Z ∞
−st 0 −st ∞
e f (t)dt = [e f (t)]0 + s e−st f (t)dt.
0 0
−st −(<(s)−M )t −M t −(<(s)−M )t
Or, e f (t) = e
e |f (t)| 6 Ce → 0 lorsque t →
∞ car <(s) > M .
On en déduit que la L{f 0 }(s) existe pour <(s) > M et la formule
annoncée. 
s
Exemple 3.8. Si f (t) = cos 3t, alors L{f (t)} = s2 +9
et nous avons
3 −9
L{f 0 (t)}(s) = L{−3 sin 3t}(s) = −3L{sin 3t}(s) = −3× = 2
s2 +9 s +9
et en utilisons la formule du théorème
 
0 s −9
L{f (t)}(s) = sL{f (t)}(s) − f (0) = s −1=
s2 + 9 s2 + 9

Si l’on applique plusieurs fois la règle précédente, on trouve, si f est


de classe C 2 , et f, f 0 d’ordre exponentiel M :
L{f 00 }(s) = s2 Lf (s) − sf (0) − f 0 (0),
et plus généralement, si f est de classe C n et f, f 0 , . . . , f n−1 d’ordre
exponentiel M :
L{f n }(s) = sn Lf (s) − sn−1 f (0) − sn−2 f 0 (0) − . . . − f (n−1) (0).
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 7

a
Exemple 3.9. Montrons que L{sin at} = x2 +a 2 . Posons f (t) = sin at,

donc f (t) = a cos at et f (t) = −a sin at. f (0) = 0, f 0 (0) = a, d’où


0 00 2

d’après
L{f 00 (t)}(s) = s2 L{f (t)}(s) − sf (0) − f 0 (0),
on a
L{−a2 sin at} = s2 L{sin at} − s × 0 − a
ou encore
−a2 L{sin at} = s2 L{sin at} − a
c-à-d.
a
L{sin at} = 2 .
s + a2
Remarque 3.10. (1) Une fonction f peut avoir une transformée de
Laplace, sans que sa dérivée f 0 en ait une.
−1/2
pLa fonction f0 (t) = t a une transformée de Laplace valant
π/s, mais f (t) n’a pas de transformée de Laplace, car pour
cette fonction, l’intégrale de Laplace diverge en 0.
(2) La transformation de Laplace fait correspondre à la dérivation par
rapport à t la multiplication de la transformée de Laplace par s,
avec l’addition d’une constante. C’est la simplicité de cette règle
qui explique l’emploi du calcul symbolique.
Exercice 3.11. Trouver la transformée de Laplace de y lorsque y est
solution du problème initial
 2
dy dy 2t
 dt2 − 7 dt + 12y = 16e



y(0) = 6
 dy (0) = 4



dt
Transformée d’une primitive. Soit f une fonction continue sur R+
admettant une transformée de Laplace. Si F (t) est une primitive de
f (t), nulle pour t = 0, admettant une transformée de Laplace, on a :
1
LF (s) = Lf (s).
s
C’est une conséquence immédiate du théorème précédent. On peut
écrire Z t
1
L{ f (u)du}(s) = Lf (s)
0 s
et en appliquant n fois cette règle :
Z t Z tn−1 Z t1
1
L{ ... f (u)dudt1 . . . dtn−1 }(s) = n Lf (s).
0 0 0 s
8 CHAPITRE 5

Exemple 3.12. Puisque L{sin 2t} = s22+4 , on a


Z t
2
L{ sin 2udu} = 2
0 s(s + 4)
comme il peut être directement vérifié
Z t  
1 1 s 1 2
L{ sin 2udu} = L{ (− cos(2t) + 1)} = − 2 + = 2
0 2 2 s +4 s s(s + 4)
Multiplication par tn : dérivation de la transformée de Laplace.

Proposition 3.13. Si L{f (t)}(s) = F (s) alors pour tout entier n > 0
dn
L {tn f (t)} (s) = (−1)n F (s) = (−1)n F (n) (s)
dsn
1
Exemple 3.14. Puisque L{e2t } = s−2 , on a
 
2t d 1 1
L{te } = − =
ds s − 2 (s − 2)2
d2
 
1 2
L{t2 e2t } = 2
=
ds s − 2 (s − 2)3

Exemple 3.15. Calculons L{tn } pour tout entier n ≥ 0. On sait que


L{1}(s) = s12 pour <(s) > 0, donc

L{tn }(s) = L{tn × 1}(s)


n
 
n d 1
= (−1)
dsn s2
n!
= n+1
s
Division par t.
f (t)
Proposition 3.16. Si L{f (t)}(s) = F (s) et si limt→0 t
existe alors
  Z ∞
f (t)
L (s) = F (u)du
t s

Exemple 3.17. Puisque L{sin t} = s21+1 et limt→0 sint


t
= 1, on a
  Z ∞
sint 1 π 1
L (s) = 2
= − arctan s = arctan
t s u +1 2 s
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 9

Comportement de Lf (s) pour s = 0 ou +∞.


R∞ R∞
Proposition 3.18. Si 0 f (t)dt converge, alors 0 f (t)dt = Lf (0).
Proposition 3.19 (Théorème de la valeur initiale). Si les limites in-
diquées existent, alors
lim f (t) = lim sL{f (t)}(s)
t→0 s→∞

Proposition 3.20 (Théorème de la valeur finale). Si les limites in-


diquées existent, alors
lim f (t) = lim sL{f (t)}(s)
t→∞ s→0

4. Transformées de fonctions usuelles


On considère ici des fonctions causales.
Exercice 4.1. Soit f (t) = tn , avec n ∈ N. Montrer que
n!
Lf (s) = , si <(s) > 0.
sn+1
Exercice 4.2. Soit f (t) = eat , avec a ∈ R. Montrer que
1
Lf (s) = , si <(s) > a.
s−a
Exercice 4.3. Montrer que, si f (t) = eiat , avec a ∈ R, nous avons
1
Lf (s) = , si <(s) > 0.
s − ia
Exercice 4.4. Montrer que les transformées de Laplace des fonctions
cos(ωt) et sin(ωt), pour tout ω réel, sont données par
s
L{cos(ωt)}(s) = 2 , si <(s) > 0.
s + ω2
et
ω
L{sin(ωt)}(s) = 2 , si <(s) > 0.
s + ω2
Exercice 4.5. Montrer que les transformées de Laplace des fonctions
ch(bt) et sh(bt), pour tout b réel, sont données par
s
L{ch(bt)}(s) = 2 , si <(s) > |b|.
s − b2
et
b
L{sh(bt)}(s) = 2 , si <(s) > |b|.
s − b2
10 CHAPITRE 5

Maintenant, on désire calculer


Z ∞
α
L {t } (s) = e−st tα dt, s>0
0

avec α ∈] − 1; +∞[ (pour assurer la convergence de l’intégrale).


Posons u = ts. Alors, par changement de variables, nous avons
Z ∞
1
α
L {t } (s) = α+1 e−u uα du
s 0
pour s > 0 et α > −1. La dernière intégrale est indépendante de s, on
peut donc poser

L {tα } (s) = α+1
s
où Z ∞
cα = e−u uα du
0
Introduisons la fonction Γ définie par
Z ∞
Γ(x) = e−u ux−1 du.
0

Alors, cα = Γ(α + 1), ce qui implique que


Γ (α + 1)
L {tα } (s) = , s > 0.
sα+1
On peut montrer que la fonction Γ, bien connue dans le domaine des
mathématiques, est telle que

 
1
Γ = π
2
et
Γ (x + 1) = xΓ (x) , x > 0.
Considérons enfin la fonction de Heaviside H et prenons la translatée
de cette fonction par a : ua (t) := H (t − a), telle que

0, si t < a
ua (t) =
1, si t ≥ a
Alors, nous en déduisons que
Z ∞
L {ua (t)} (s) = e−st ua (t) dt
0

En découpant le calcul entre [0; a] et [a; ∞], on obtient, si <(s) > 0,


1
L {ua (t)} (s) = e−as , a ≥ 0.
s
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 11

Il existe des tables et on peut s’y référer pour connaı̂tre des trans-
formées de Laplace connues. Une autre possibilité consiste également à
utiliser des logiciels de calcul formel (Mathematica par exemple) pour
déterminer ces transformées.

5. Dérivation et intégration de la transformée de


Laplace
Dérivation de Lf .

Théorème 5.1. Soit F = L {f }, où f est une fonction continue par


morceaux d’ordre exponentiel M . Alors F (s) est différentiable en tout
s tel que <(s) > M et
dF
L {tf (t)} (s) = −
ds
Démonstration. On applique le théorème de dérivation sous l’intégrale :
la fonction t 7→ e−st f (t) est continue par morceaux et intégrable sur
R+ , la fonction t 7→ −te−st f (t) est continue par morceaux, dérivable
et intégrable sur R+ , et pour tout s, t, | − te−st f (t)| 6 Cte−M t , qui est
intégrable sur R+ dès que <(s) > M . On a donc le droit de dériver
sous l’intégrale et on obtient la formule du théorème. 

Remarque 5.2. On a démontré le théorème dans le cas s ∈ R. Le


cas s ∈ C demande d’avoir eu le cours sur la dérivation des fonctions
complexes, au second semestre.

On a également la proposition.

Proposition 5.3. Soit F = L {f }, où f est une fonction continue par


morceaux d’ordre exponentiel M . Alors F (s) est infiniment différentiable
pour s tel que <(s) > M et
dn F
L {tn f (t)} (s) = (−1)n , n = 1, 2, ...
dsn
1
Exemple 5.4. Puisque L{e2t } = ,
on a
s−2
 
2t d 1 1
L{te } = − =
ds s − 2 (s − 2)2
d2
 
1 2
L{t2 e2t } = 2
=
ds s − 2 (s − 2)3
12 CHAPITRE 5

Exemple 5.5. Calculons L{tn } pour tout entier n ≥ 0. On sait que


L{1}(s) = s12 pour <(s) > 0, donc
L{tn }(s) = L{tn × 1}(s)
n
 
n d 1
= (−1) n
ds s2
n!
= n+1
s
Exercice 5.6. Soit la fonction de Heaviside H(t) = 1 pour tout t ∈ R+
et 0 sur R−∗ . Montrer que
1
(
, si <(s) > 0
LH(s) = s
∞, sinon
En déduire
(1) la transformée de Laplace de la fonction f (t) = a · H(t), où a est
une constante complexe.
(2) la transformée de Laplace de la fonction f (t) = tn H(t), n ∈ N.
Exercice 5.7. Calculer la transformée de Laplace de t sin(3t).
Intégration de Lf . On a, pour s ∈ R+∗ ,
Z ∞
f (t)
Lf (u)du = L{ }(s).
s t
En effet, formellement, en intégrant par rapport à s l’égalité 1.1 de
définition de Lf , on a :
Z ∞ Z ∞Z ∞ Z ∞ −st
−ut e
Lf (u)du = e f (t)dudt = f (t)dt
s 0 s 0 t
en admettant que l’interversion des intégrations est légitime.
Exemple 5.8. Puisque L{sin t} = s21+1 et limt→0 sint
t
= 1, on a
  Z ∞
sint 1 π 1
L (s) = 2
= − arctan s = arctan
t s u +1 2 s
Dérivation par rapport à un paramètre. Soit f (t, α) une fonction
dépendant d’un paramètre α, dérivable par rapport à α, qui admette
∂f
une transformée de Laplace Lf (s, α), et telle que la dérivée ∂α admette
une transformée de Laplace L1 f (s, α).
Si les hypothèses du théorème de dérivation sous l’intégrale sont
vérifiées, alors la fonction L1 f (s, α) est la dérivée de Lf (s, α) par rap-
port à α.
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 13

Exercice : Trouver la transformée de Laplace Y (s) = L {y (t)} |s ,


lorsque y est solution du problème initial
y” − 7y 0 + 12y = 16e2t
y (0) = 6
y 0 (0) = 4

Solution : Posons Y (s) = L{y(t)}(s). Prenons la transformée de


Laplace de l’équation :
L {y” − 7y 0 + 12y} (s) = L 16e2t (s)


Alors, ceci se signifie :


1
s Y (s) − s y (0) − y 0 (0) − 7 [s Y (s) − y (0)] + 12Y (s) = 16
 2 
s−2
y 0 (0) = 4
et en utilisant :
y (0) = 6
6s + 38 16
Y (s) = +
s2 2
− 7s + 12 (s − 2) (s − 7s + 12)

Exercice : Calculer la transformée de Laplace de t sin (3t)

Solution : Nous avons :


L {f (t)} = L {t sin (3t)}
d
= − L {sin (3t)} |s
dt
d 3 6s
= − =
ds s2 + 9 (s2 + 9)2

6. La transformée de Laplace inverse


Injectivité de la transformée de Laplace. Comme nous l’avons
vu, la transformation de Laplace est très intéressante lorsque l’on veut
simplifier des calculs, par exemple sur une équation différentielle. Tou-
tefois, cette démarche passe par le calcul de la transformée de Laplace
de la solution de l’équation. Il serait bon de pouvoir, ayant obtenu cette
fonction, revenir à la fonction de épart. Ceci s’effectue par transformée
de Laplace inverse. Toutefois, il faut être sûr que cette reconstruction
peut se faire de manière unique. Commençons par énoncer le résultat
(admis) suivant :
14 CHAPITRE 5

Théorème 6.1. (unicité ou injectivité de la transformée). Supposons


que f et g soient deux fonctions continues par morceaux d’ordre expo-
nentiel et ayant les mêmes transformées de Laplace
L {f } = L {g} .
Alors, nous avons l’égalité
f (t) = g (t) , ∀t > 0.
Remarque 6.2. En fait, c’est une égalité presque partout (i.e. partout
sauf en des points isolés), et c’est une égalité partout si f et g sont
continues.
Dans cette dernière proposition, nous voyons que nous pouvons conclure
pour t > 0. Que se passe-t-il alors pour t < 0 ? En fait, nous ne pouvons
pas reconstruire d’informations sur f pour t < 0 puisque la formule
donnant la transformée de Laplace a lieu pour t > 0. En pratique,
nous supposerons que nous résolvons un problème temporel et donc
que f est une fonction causale : f (t) = 0, pour t < 0.
Formule de la transformée de Laplace inverse. Définissons main-
tenant la transformée de Laplace inverse : étant donnée une fonction
F (s), la transformée de Laplace inverse de F , notée L−1 {F }, est la
fonction f dont la transformée de Laplace est F .
On n’a, grâce à l’unicité de la représentation, aucune ambiguı̈té sur
ce qu’est réellement L−1 {F }. Ceci a pour conséquence qu’une table
de transformée de Laplace peut être lue ”de gauche à droite” ou ”de
droite à gauche”. Nous avons donc :
f (t) = L−1 {F (s)} (t) ⇐⇒ L {f (t)} (s) = F (s)
Avant de passer à la suite, notons qu’il existe une autre formule (de
Mellin-Fourier) pour calculer une transformée de Laplace inverse. Nous
pouvons, en passant dans le plan complexe, montrer que
Z γ+iβ
−1 1
L {F (s)} (t) = lim etz F (z) dz
2iπ β→∞ γ−iβ
L’intégrale est prise le long d’une ligne se trouvant dans le plan com-
plexe. Toutefois, nous n’aborderons pas l’utilisation de cette relation
ici qui demande des résultats d’analyse complexe plus poussé (calculs
de résidus).

Linéarité de la transformée de Laplace inverse. De manière si-


milaire à la transformée de Laplace, la transformée de Laplace inverse
est une transformation linéaire.
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 15

Théorème 6.3. La transformée de Laplace est une transformation


linéaire, c’est-à-dire :
L−1 {aF1 (s) + bF2 (s)} = aL−1 {F1 (s) + bL−1 {F2 (s)}
où a, b ∈ C et F1 , F2 sont des fonctions admettant une transformée de
Laplace inverse.
La linéarité permet en particulier de trouver la transformée de La-
place inverse d’une fraction rationnelle F (s) pour laquelle le degré
du dénominateur est supérieur au degré du numérateur. Il suffit de
décomposer F (s) en éléments simples de première et seconde espèces,
et d’utiliser les propriétés de la transformée de Laplace (translation,
changement d’échelle, dérivation, intégration).
Exemple 6.4.
 
−1 4 3s 5
L − +
s − 2 s2 + 16 s2 + 4
     
−1 1 −1 s −1 1
= 4L − 3L + 5L
s−2 s2 + 16 s2 + 4
= 4e2t − 3 cos 4t + 5/2 sin 2t
Voici quelques transformées de Laplace inverse usuelles :
f (s) L−1 {f (s)}(t) f (s) L−1 {f (s)}(t)

1 1 sin at
s
1 s2 +a2 a

1 s
s2
t s2 +a2
cos at

1 tn 1 shat
sn
n≥0 n! s2 −a2 a

1
s−a
eat s
s2 −a2
chat

Première propriété de translation.


Proposition 6.5. Si L−1 {F (s)} = f (t), alors
L−1 {F (s − a)} (t) = eat L−1 f (t)
16 CHAPITRE 5

Exemple 6.6. Calculons L−1 s2 −8s+25


1

. On a
   
−1 1 −1 1
L (t) = L
s2 − 8s + 25 (s − 4)2 + 9
 
4t −1 1
= e L
s2 + 9
 
1 4t −1 3
= e L
3 s2 + 9
1 4t
= e sin 3t
3
Deuxième propriété de translation.
Proposition 6.7. Si L−1 {F (s)} = f (t), alors
(
f (t − a) , t > a
L−1 {e−as F (s)}(t) =
0 ,t < a

Exemple 6.8. Puisque L−1 { s21+1 }(t) = sin t, on a


 −πs/3  (
e f (t − π/3) , t > π/3
L−1 2
(t) =
s +1 0 , t < π/3

Propriété de changement d’échelle.


Proposition 6.9. Si L−1 {F (s)} = f (t), alors
1 t
L−1 {F (ks)}(t) = f )
k k
Exemple 6.10. Puisque L−1 { s2 +16
s
}(t) = cos 4t, on a
 
−1 2s 1 4t 1
L 2
(t) = cos = cos 2t
(2s) + 16 2 2 2
Propriété inverse de dérivation.
Proposition 6.11. Si L−1 {F (s)} = f (t), alors
L−1 {F (n) (s)}(t) = (−1)n tn f (t)
−2s
Exemple 6.12. Puisque L−1 { s21+1 }(t) = sin, et que d 1

ds s2 +1
= (s+1)2
on a  
−1 −2s
L (t) = −t sin t
(s + 1)2
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 17

Propriété inverse d’intégration.


Proposition 6.13. Si L−1 {F (s)} = f (t), alors
Z ∞ 
−1 f (t)
L F (u)du (t) =
s t
Exemple 6.14. Puisque L−1 { s(s+1)
1
}(t) = L−1 { 1s − s+1
1
}(t) = 1 − e−t ,
on a
Z ∞
1 − e−t
  
−1 1 1 −1 1
L ( − )du (t) = L ln(1 + ) (t) =
s u u+1 s t
Exercice 6.15. Calculer la transformée de Laplace inverse de
1
2
s +s−6
Exercice 6.16. Trouver la transformée de Laplace inverse de
3s + 1
.
s4 + s2
Exercice 6.17. Trouver la transformée de Laplace inverse de
s2 + 2
.
s(s + 1)(s + 2)
Exercice : trouver la transformée de Laplace inverse de
30 8
F (s) = 7 +
s s−4
Solution : Nous savons que :
 
−1 6!
L (t) = t6
s7
et  
−1 1
L (t) = e4t
s−4
ce qui donne :
 
−1 30 8 30 6
L + t + 8 e4t=
s7 s−4 6!
1 6
= t + 8 e4t
24
Exercice : Calculer la transformée de Laplace inverse :
 
−1 1
L (t)
s4 + s − 6
18 CHAPITRE 5

Solution : Une décomposition en fractions rationnelles montre que :


1 1 1
= −
s4 + s − 6 5 (s − 2) 5 (s + 3)
Par conséquent,
     
−1 1 1 −1 1 1 −1 1
L | t= L − L
s4 + s − 6 5 s−2 5 s+3
1 2t 1 −3t
= e − e
5 5
Exercice : Trouver la transformée de Laplace inverse de s3s+1
4 +s2

Solution : On montre qu’on a la décomposition :


3s + 1 As + B Cs + D
= + 2
s4 + 5 2 s2 S +1
Des calculs simples montrent que :
A = 3, B = 1, C = −3, D = −1
Ainsi :
3s + 1 3 −3s 1
4 2
= + 2 − 2
s +s S s +1 s +1
En considérant la transformée de Laplace inverse, nous avons :
L−1 s3s+1

4 +s2 (t) =
1 1  s
(t) − L−1 s21+1 (t)

3L −1 (t) + L −1 (t) − 3L −1
s s2 s2 +1
ou encore :
 
−1 3s + 1 1
L (t) = 3 + − 3 cos (t) − sin (t)
s4 + s2 t

7. Convolution et produit de transformées de Laplace


Afin de voir l’intérêt de la transformation de Laplace lors du calcul
de convolution, donnons le théorème suivant :
Théorème 7.1. Soient deux fonctions f et g, d’ordre exponentiel M .
On note leurs transformées de Laplace
Z ∞
Lf (s) = e−st f (t) dt
0
et Z ∞
Lg (s) = e−st g (t) dt.
0
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 19

Alors f ∗ g est aussi d’ordre exponentiel M , sa transformée de Laplace


existe, et elle est égale au produit des transformées de Laplace de f et
g:
L(f ∗ g)(s) = Lf (s) · Lg(s)
De plus
L−1 {Lf (s) · Lg(s)}(t) = f ∗ g(t)
Démonstration. Soit s tel que <(s) > M , montrons que f ∗ g admet
une transformée de Laplace.
Montrons que l’intégrale
Z ∞ Z ∞Z t
−st
| (f ∗ g) (t) e |dt = e−<(s)t |f (x) g (t − x) |dxdt
0 0 0

est finie.
Si nous posons R = {(t, x) /0 < t < ∞, 0 < x < t}, nous avons
Z ∞Z t ZZ
−<(s)t
e |f (x) g (t − x) |dxdt = e−<(s)t |f (x) g (t − x) |dxdt
0 0
R
(7.1)
La région R désigne donc le deuxième octant du plan (t, x) que l’on
peut récrire
R {(t, x) / 0 < x < +∞ ; x < t < +∞}
Il s’ensuit que 7.1 peut se récrire :
Z +∞ Z +∞
e−<(s)t |f (x) g (t − x) |dtdx
0 x
ou encore :
Z +∞ Z +∞ 
−<(s)t
|f (x) | e |g (t − x) |dt dx
0 x

Effectuons le changement de variables : y = t − x. Nous avons alors :


Z +∞ Z +∞ 
−<(s)(y+x)
|f (x) | e |g (y) |dy dx
0 0

c’est-à-dire :
L|f |(<(s)) · L|g|(<(s)) < ∞
car |f | et |g| sont d’ordre exponentiel M et <(s) > M .
La transformée de Laplace de f ∗ g existe donc, pour <(s) > M . Les
mêmes calculs montrent alors que L(f ∗ g)(s) = Lf (s) · Lg(s). 
20 CHAPITRE 5

Exemple 7.2. Puisque L−1 { s−1 1


}(t) = et et que L−1 { s−21
}(t) = e2t , on
a
  Z t
−1 1 t 2t
L (t) = e ∗ e = eu e2(t−u) du = e2t − et
(s − 1)(s − 2) 0

Exercice 7.3. Calculer la transformée de Laplace inverse de la fonc-


tion
1
√ 2 ,
s(s + 9)
s > 0.

8. Applications aux EDO à coefficients constants


Exemple 1 Résoudre y 00 + y = t avec y(0) = 1 et y 0 (0) = −2
Posons L{y(t)}(s) = Y (s) et en prenant les transformée de Laplace
de deux membre de l’équation différentielle et en tenant compte des
conditions données,
1 1
s2 Y − sy(0) − y 0 (0) + Y = 2 , soit s2 Y − s + 2 + Y = 2
s s
d’où
1 s 2
Y (s) = 2 2 + 2 − 2 ,
s (s + 1) s + 1 s + 1
1 1 s 2
= 2− 2 + 2 − 2
s s +1 s +1 s +1
1 s 3
= 2+ 2 − 2
s s +1 s +1
et par suite
1 s 3
y(t) = L−1 { 2 + 2 − 2 } = t + cos t − 3 sin t
s s +1 s +1
Réciproquement, on vérifie assez facilement que cette fonction est
bien solution du problème posé.
Exemple 2 Résoudre y 000 − 3y 00 + 3y 0 − y = t2 et avec y 0 (0) = 0 et
0
y (0) = −2
Posons L{y(t)}(s) = Y (s), donc
2
L{y 000 } − 3L{y 00 } + 3L{y 0 } − L{y} = L{t2 et } =
s − 1)3
donc
(s3 Y − s2 y(0) − sy 0 (0) − y 00 (0)) − 3 (s2 Y − sy(0) − y 0 (0))
2
+3 (sY − y(0)) − Y = s−1) 3
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 21

ou encore
2
(s3 − 3s2 + 3s − 1)Y − s2 + 3s − 1 =
s − 1)3
et
s2 − 3s + 1 2
Y (s) = +
(s − 1)3 (s − 1)6
On décompose la première fraction rationnelle et on trouve
1 1 1 2
Y (s) = − 2
− 3
+
s − 1 (s − 1) (s − 1) (s − 1)6
d’où
1 1 1 2
y(t) = L−1 { − 2
− 3
+ }(t)
s − 1 (s − 1) (s − 1) (s − 1)6
t2 et t5 et
= et − tet − +
2 60
00 0
Exemple 3 Résoudre ty + 2y + ty = 0 avec y(0+ ) = 1 et y(π) = 0
Posons L{y(t)}(s) = Y (s), donc
L{ty 00 } + L{y 0 } + 4L{ty} = L{0} = 0
donc
d 2 d
s Y − sy(0+ ) − y 0 (0+ ) + 2 sY − y(0+ ) − Y = 0
 

ds ds
c-à-d.
dY
−(s2 + 1) −1=0
ds
et en intégrant cette équation différentielle du 1er ordre on trouve
Y (s) = − arctan s + C, C ∈ R
Comme lims→∞ Y (s) = 0 on trouve A = π/2 d’où
π 1
Y (s) = − arctan s = arctan
2 s
on utilise le développement de la fonction arctanx en série entière
P (−1)n 2n+1
2n+1
x donc
1 X (−1)n 1
y(t) = L−1 {arctan } = L−1 { }
s 2n + 1 s2n+1
1 t2 1 t2n
= 1− + · · · + (−1)n + ···
3 2! 2n + 1 (2n)!
sin t
=
t
qui satisfait bien y(π) = 0.
22 CHAPITRE 5

sin t
Réciproquement, on vérifie que la fonction y(t) = t
est bien solu-
tion du problème posé.

9. Applications à la résolution des équations aux


dérivées partielles
Exemple, tiré du test de Novembre 2016 Résoudre l’équation
aux dérivées partielles suivantes
∂ 2y ∂ 2y
− 4 + y = 16x + sin x (9.1)
∂t2 ∂x2
où y = y(x, t), avec les conditions y(0, t) = 0, y(π, t) = 16π, yt (x, 0) =

∂t
y(x, t)|t=0 = 0 et y(x, 0) = 16x + 12 sin 2x − 8 sin 3x
On pose Y (x, s) = L(y(x, t))(s) (transformée de Laplace par rapport
à la variable t).
On prend la transformée de Laplace de l’EDP par rapport à la va-
riable t, on trouve
d2 Y (x, s) 16x sin x
(s2 Y (x, s) − sy(x, 0) − yt (x, 0)) − 4 2
+ Y (x, s) = +
dx s s

Puisque y(x, 0) = 16x+12 sin 2x−8 sin 3x et yt (x, 0) = ∂t y(x, t)|t=0 = 0,
on trouve l’équation différentielle suivante (du second ordre par rapport
à x) :
d2 Y 1 2 4(s2 + 1)x sin x
− (s +1)Y = − − −3s sin(2x)+2s sin(3x). (9.2)
dx2 4 s 4s
avec les conditions initiales suivantes
Y (0, s) = L[y(0, t)](s) = L[0](s) = 0, et
(9.3)
Y (π, s) = L[y(π, t)](s) = 16πL[1](s) = 16π
s

D’après la forme du second membre de l’équation (2) [ en tant que


fonction de x ] on déduit qu’une solution particulière de (2) est de
la forme YP (x, s) = ax + b sin x + c sin 2x + d sin 3x. En dérivant et
substituant dans (2) et en égalant les coefficients des termes analogues,
on trouve
16x sin x 12s sin 2x 8s sin 3x
YP (x, s) = + + − 2
s s(s2 + 5) s2 + 17 s + 37
La solution générale de l’équation homogène associée à (2) est de la
forme
1
√ 1

s2 +1x s2 +1x
YH (x, s) = c1 e− 2 + c2 e 2
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 23

où c1 et c2 sont des constantes réelles. La solution générale de (2) est


donc
Y (x, s) = YH (x, s) + YP (x, s)
1
√ 1

2 2
= c1 e− 2 s +1x + c2 e 2 s +1x
16x sin x 12s sin 2x 8s sin 3x
+ + 2
+ 2 − 2
s s(s + 5) s + 17 s + 37
Les conditions initiales (3) portées en (4) donne
0 = Y (0, s) = c1 + c2 ,
et
16π 1
√ 1
√ 16π
2 2
= Y (π, s) = c1 e− 2 s +1π + c2 e 2 s +1π +
s s
donc c1 = c2 = 0 et
16x sin x 12s sin 2x 8s sin 3x
Y (x, s) = + + − 2 .
s s(s2 + 5) s2 + 17 s + 37
En prenant la transformée de Laplace inverse, on trouve la solution
cherchée
sin x √ √ √
y(x, t) = 16x+ (1−cos 5t)+12 sin 2x cos 17t−8 sin 3x cos 37t.
5

10. Convolution et équations différentielles


La transformée de Laplace joue un rôle essentiel notamment dans la
résolution des équations différentielles et, en particulier, par la convo-
lution. Considérons une équation différentielle du second ordre
 00
ay + by 0 + cy = f
y (0) = y 0 (0) = 0
où a, b et c sont des constantes.
Si nous posons : Y (s) = L {y (t)} (s) et F (s) = L {f (t)} (s), alors
des calculs immédiats donnent
Y (s) = W (s) F (s)
1
avec W (s) = . Par conséquent, nous avons
as2 + bs + c
Z t
y (t) = (w ∗ f ) (t) = w (x) f (t − x) dx
0
où  
−1 1
w (x) = L 2
(t)
as + bs + c
24 CHAPITRE 5

Cette dernière forme de la solution est souvent appelée principe de


Duhamel, la fonction W est appelée fonction de transfert et son
inverse, fonction poids ou (fonction) réponse impulsionnelle. La
fonction f est le signal d’entrée et y le signal de sortie. C’est une
formule intéressante si, par exemple, on veut calculer y pour différents
temps. On peut généraliser ce résultat pour des systèmes d’ordres plus
élevés.
Théorème 10.1. (Principe de Duhamel). Soit n ∈ N∗ , a0 , ..., an ∈ R,
f une fonction admettant une transformée de Laplace. Alors la solution
de
n
X dj
aj j y (t) = f (t)
dt
j=0 (10.1)
dj
y (0) = 0, 0 6 j 6 n − 1
dtj
est donnée par :
Zt
y (t) = (w ∗ f ) (t) = w (x) f (t − x) dx
0

où  

 

 1 
w (x) = L−1 {W (s)} (x) = L−1 n
P (x)
aj sj 

 
 
j=0

Il est facile de montrer que si l’on veut calculer la solution de :


n
X dj
aj y (t) = f (t)
j=0
dtj

avec des conditions initiales non nulles, il suffit d’additionner la solu-


tion obtenue par le principe de Duhamel à la solution de l’équation
différentielle homogène
n
X dj
aj y (t) = 0
j=0
dtj

avec les conditions initiales choisies.


Exercice 10.2. On s’intéresse à la résolution explicite du problème
de l’oscillateur harmonique de type masse-ressort. On considère une
masse m et un ressort de raideur k. On peut alors montrer à l’aide
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 25

de considérations simples physiques que le problème est régit par le


système différentiel suivant : trouver x(t) solution de
d2 x
m (t) + kx(t) = 0, t > 0,
dt2
dx
assujetti aux conditions initiales x(0) = x0 et (0) = v0 .
dt
(1) Donner la transformée de Laplace de e−at H(t), où H est la fonc-
tion de Heaviside, a un réel (éventuellement à préciser).
(2) On pose X(s) = L(x(t))(s) la transformée de Laplace de x. Mon-
trer que
r r
X(s) = +
s + iω0 s − iω0
r
k
où ω0 = , et r s’écrit r = Rr eiθr . Donner les expressions de
m
Rr et θr en fonction de x0 , v0 et ω0 .
(3) En déduire, par transformée de Laplace inverse que
p
v02 + ω02 x20 v0
x(t) = cos(ω0 t − tan−1 ( )).
ω0 ω 0 x0
Exercice 10.3. Soit u la solution de l’équation dite ”des télégraphistes”
∂t2 u = a∂x2 u + ku,
qui satisfait également aux conditions aux limites
u(0, t) = f (t)
u(+∞, t) = 0,
où f est une fonction donnée, et aux conditions initiales
u(x, 0) = ∂t u(x, 0) = 0.
Exprimer la solution à partir de la transformée de Laplace.
Exercice 10.4. On s’intéresse à l’équation différentielle suivante :
 00
y (t) + y(t) = sin t, t > 0
y(0) = y 0 (0) = 1
Résoudre cette équation. On pourra introduire Y (s) la transformée de
Laplace de y.
Exercice 10.5. Soit l’équation suivante :
Z t
0
tf (t) + 2 f (u) sin(t − u)du = 0, pour t > 0
0
26 CHAPITRE 5

avec f (0) = 1. f (t) sera supposée nulle pour t < 0. Résoudre cette
équation. On pourra introduire F (s) = Lf (s) la transformée de Laplace
de f , pour s ∈ R.
Exercice 10.6. Soit fR une fonction de classe C 1 sur R+ . On suppose

qu’il
R ∞ existe γ0 tel que 0 |f (t)|e−γ0 t dt < ∞. On suppose de plus que
0
|f 0 (t)|dt < ∞. On notera F la transformée de Laplace de f .
Pour cet exercice, on rappelle la formule d’interversion de la li-
mite et d’une intégrale : Soient U un ouvert de R, et k une fonc-
R ∞ sur U × R : (s, x) → k(s, x), telle que pour tout s ∈ U ,
tion définie
K(s) = −∞ k(s, x)dx existe. Soit s0 un point de l’adhérence de U .
— Si pour tout x ∈ R, la limite suivante existe : lims→s0 k(s, x) =
l(x)
— et si il existe une fonction m définie sur R, positive, intégrable
sur R et telle que
∀s ∈ U, ∀x ∈ R, |k(s, x)| 6 m(x),
alors on a
Z ∞ Z ∞
lim K(s) = lim k(s, x)dx = l(x)dx.
s→s0 −∞ s→s0 −∞

R∞
(1) Exprimer la transformée de Laplace de f 0 : L(f 0 )(s) = 0
f 0 (t)e−st dt
en fonction de F et f . Montrer que
lim sF (s) = f (0)
s→∞

(2) On suppose que limt→∞ f (t) existe. Montrer que


lim sF (s) = lim f (t)
s→0 t→∞
TRANSFORMÉE DE LAPLACE 27

11. Table
Toutes les fonctions temporelles considérées ci-dessous sont mul-
tisliées par l’échelon unité de Heaviside (elles sont causales).

Fonction f (t) L{f (t)}(s) Région de convergence


impulsion unité δ(t) 1 ∀s ∈ C
délai idéal δ(t − τ ) e−τ s ∀s ∈ C
1
échelon unité H(t) s
<(s) > 0
e−τ s
échelon retardé H(t − τ ) s
<(s) > 0
1
rampe t s2
<(s) > 0
tn 1
puissance nème n! sn+1
<(s) > 0
tn −αt 1
idem avec décalage fréquentiel n!
e (s+α)n+1
<(s + α) > 0
(t−τ )n −α(t−τ ) e−τ s
idem avec retard temporel n!
e (s+α)n+1
<(s + α) > 0
tq 1
puissance qème (q > −1) Γ(q+1) sq+1
<(s) > 0
−αt 1
décroissance exsonentielle e s+α
<(s + α) > 0
approche exponentielle 1 − e−αt α
s(s+α)
<(s + α) > 0
ω
sinus sin(ωt) s2 +ω 2
<(s) > 0
s
cosinus cos(ωt) s2 +ω 2
<(s) > 0
α
sinus hyperbolique sh(αt) s2 −α2
<(s) > |α|
s
cosinus hyperbolique ch(αt) s2 −α2
<(s) > |α|
décr. expo. d’une onde sinusoı̈dale e−αt sin(ωt) ω
(s+α)2 +ω 2
<(s + α) > 0
décr. expo. d’une onde cosinusoı̈dale e−αt cos(ωt) s+α
(s+α)2 +ω 2
<(s + α) > 0

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