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Chapitre 3 : FILTRAGE FREQUENTIEL

OBJECTIFS SPECIFIQUES : A la fin de ce chapitre, l’étudiant(e) doit être capable de :

 traduire les équations différentielles en polynômes ;


 étudier le fonctionnement d’un système permettant de filtrer des fréquences.

I- TRANSFORMATION DE LAPLACE

La transformée de Laplace est un outil très efficace, utilisée pour l’étude des systèmes
asservis. La transformée de Laplace permet de traduire les équations différentielles linéaires en
polynômes.

Soit s(t) une fonction réelle telle que s(t) = 0 pour t < 0, la transformée de Laplace de cette
fonction est définit comme la fonction S de la variable complexe p telle que :

+∞
S(p) = ∫0 𝑠(𝑡)𝑒 −𝑝𝑡 𝑑𝑡

On parle dans ce cas de transformée de Laplace unilatérale.

S(p) est donc une fonction complexe de la variable complexe p (avec p = τ + jω). La transformée
de Laplace d’une fonction s(t) existe, si et seulement si l’intégrale ci-dessus converge, et cette
convergence est vérifiée si la partie réelle τ de la variable complexe p est supérieure à une valeur
donnée α, appelée seuil de convergence. La fonction s(t) s’appelle l’original de S(p) ou
transformée inverse. On suppose que les fonctions utilisées présentent les propriétés de
régularité pour pouvoir leur appliquer la transformée de Laplace.

Dans le cadre de la transformée de Laplace bilatérale d’une fonction s(t), on a :

+∞
S(p) = ∫−∞ 𝑠(𝑡)𝑒 −𝑝𝑡 𝑑𝑡

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I-1) PROPRIETES

Les transformées de Laplace de certains signaux peuvent être calculées facilement grâce
aux propriétés fondamentales suivantes :

 Linéarité

L [αf(t) + βg(t)] = αL[f(t)] + βL[g(t)]

L [f(t) + g(t)] = L[f(t)] + L[g(t)]

L[kf(t)] = kL[f(t)]

L[0] = 0

 Dérivation

𝑑𝑓
pF(p) – f(0)
𝑑𝑡
2𝑛
𝑑𝑛 𝑑𝑘−𝑛−1
𝑑𝑡 𝑛 𝑝 𝐹(𝑝) − ෍ 𝑝2𝑛−𝑘
𝑛
(0)
𝑑𝑡𝑘−𝑛−1
𝑘=𝑛+1

On retrouve dans ces expressions les conditions initiales. Dans le cas où ces conditions initiales
sont nulles, ce qui est souvent le cas, on peut retenir les relations suivantes :

𝑑𝑓 pF(p)
𝑑𝑡

𝑑𝑛
𝑝𝑛 𝐹(𝑝)
𝑑𝑡 𝑛

 Intégration

Soit P(t) la primitive d’une fonction f(t), et F(p) la transformée de Laplace de cette fonction.
On a :
𝐹(𝑝) 𝑃(0)
P(t) = ∫ 𝑓(𝑡) +
𝑝 𝑝

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Si la condition initiale P(0) est nulle, on retiendra tout simplement :
𝐹(𝑝)
P(t) = ∫ 𝑓(𝑡)
𝑝

 Propriétés de changement d’échelle


1 𝑝
f(kt) 𝐹
𝑘 𝑘

𝑡
𝑓( ) k F(p)
𝑘

 Autres

f(t - τ) 𝐹(𝑝)𝑒 −𝑝𝜏 (Théorème de retard)

f(0+) = lim [𝑝𝐹(𝑝)]


𝑝→+∞

lim [𝑓(𝑡)] = lim [𝑝𝐹(𝑝)]


𝑡→+∞ 𝑝→0

𝑒 −𝑎𝑡 𝑓(𝑡) F(p + a)

𝑑(𝐹)
𝑡𝑓(𝑡) −
𝑑𝑝

+∞
𝑓(𝑡)
∫ 𝐹(𝑝) 𝑑𝑝
𝑡
0

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I-2) TRANSFORMEE DE LAPLACE INVERSE

A partir d’une fonction F(p), il est possible de retrouver la fonction f(t). Pour ce faire on
calcule une intégrale dans le plan complexe :

𝑐+𝑗∞

𝑓(𝑡) = ∫ 𝐹(𝑝) 𝑒 𝑝𝑡 𝑑𝑝
𝑐−𝑗∞

Cette intégration se fait entre deux bornes complexes dont la partie réelle est une constante c
qui est supérieure au seuil de convergence α de F(p). Mais, cette formule est rarement utilisée
pour le calcul d’une transformée de Laplace inverse, car il suffit de connaitre les transformées
de Laplace usuelles et les propriétés fondamentales pour retrouver l’original d’une fonction
F(p).

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Exercice de consolidation : Trouver la transformée de Laplace de la fonction suivante :

f(t) = sin ωt ; t > 0.

II- TRANSFORMEES DE LAPLACE DE QUELQUES SIGNAUX USUELS

II-1) ECHELON UNITE

u(t)

t
0

L’échelon unité est la fonction u(t) telle que :


 u(t) = 0, pour t < 0 ;
 u(t) = 1, pour t ≥ 0.
La transformée de Laplace de cette fonction a pour expression suivante :

1
u(t) 𝑈(𝑝) =
𝑝

En prenant en compte la linéarité de la transformée de Laplace, tout échelon d’amplitude A


(échelon non unitaire) a pour transformée de Laplace :

𝐴
f(t) = A.u(t) 𝐹(𝑝) =
𝑝

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II-2) ECHELON DE VITESSE OU RAMPE

v(t)

v(t) = t

t
0

De manière générale, cette fonction est notée v(t) et elle est l’intégrale de la fonction u(t)
précédente.
On peut donc écrire : v(t) = t . u(t)
La transformée de Laplace de cette fonction a pour expression suivante :

𝑈(𝑝) 1
𝑉(𝑝) = = 2
𝑝 𝑝

Toute rampe de type s(t) = k.t a pour transformée de Laplace :


1
𝑆(𝑝) =
𝑝2

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II-3) IMPULSION UNITAIRE OU IMPULSION DE DIRAC

δ(t)

1
𝜃

t
0 θ

Notée habituellement δ(t), cette fonction s’obtient en dérivant la fonction u(t).

On a alors : δ (t) Δ (p) = 1

II-4) SIGNAL SINUSOIDAL

Soit un signal s(t) = sin (ωt+φ) pour t ≥ 0, et nul pour t < 0.

𝑝 sin 𝜑+ 𝜔 cos 𝜑
On a : S(p) = 𝑝2 +𝜔2

𝜔
Pour s(t) = sin ωt, S(p) = 𝑝2 +𝜔2

𝑝
Pour s(t) = cos ωt, S(p) = 𝑝2 +𝜔2

N.B : Lorsqu’il s’agit de trouver la transformée de Laplace d’un signal quelconque, on peut
procéder par calcul direct. Le calcul direct peut parfois être délicat. Alors, on se réfère
généralement à une table des transformées de Laplace.

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Au cas où la table ne contient pas la fonction qui nous intéresse, on fait usage des propriétés
fondamentales et de la linéarité de la transformation pour décomposer la fonction en éléments
simples facilement identifiables au niveau de la table, et il en est ainsi lorsqu’il faut chercher
l’original d’une fonction F(p).

III- FONCTION DE TRANSFERT

Un système peut posséder plusieurs entrées et plusieurs sorties. Un système possède au


moins une entrée et une sortie. Un système est capable de transformer un signal d’entrée e(t) en
un signal de sortie s(t). Un système est un dispositif transformant de l’énergie ou de la matière,
et pouvant être décomposé en plusieurs sous-systèmes. On représente généralement un système
par un schéma fonctionnel ou schéma bloc. Et, lorsqu’un système est formé par la composition
de plusieurs sous-systèmes, chaque sous système est représenté par un schéma fonctionnel ou
schéma bloc, et est caractérisé par sa transmittance complexe ou sa fonction de transfert H(p)
ou G(p).

Si on considère un système linéaire qui est régi par l’équation différentielle suivante :

𝑑𝑛 𝑆 𝑑𝑛−1 𝑆 𝑑𝑆 𝑑𝑚 𝑒 𝑑𝑚−1 𝑒 𝑑𝑒
𝑎𝑛 𝑑𝑡 𝑛 + 𝑎𝑛−1 𝑑𝑡 𝑛−1 + ⋯ + 𝑎1 𝑑𝑡 + 𝑎0 𝑠(𝑡) = 𝑏𝑚 𝑑𝑡 𝑚 + 𝑏𝑚−1 𝑑𝑡 𝑚−1 + ⋯ + 𝑏1 𝑑𝑡 + 𝑏0 𝑒(𝑡) ;

la transformée de Laplace appliquée aux deux membres de l’équation en supposant les


conditions initiales nulles, nous donnera :

[𝑎𝑛 𝑝𝑛 + 𝑎𝑛−1 𝑝𝑛−1 + 𝑎1 𝑝 + 𝑎0 ]𝑆(𝑝) = [𝑏𝑚 𝑝𝑚 + 𝑏𝑚−1 𝑝𝑚−1 + 𝑏1 𝑝 + 𝑏0 ]𝐸(𝑝)

𝑆(𝑝) [𝑏𝑚 𝑝𝑚 + 𝑏𝑚−1 𝑝𝑚−1 + 𝑏1 𝑝 + 𝑏0 ]


=
𝐸(𝑝) [𝑎𝑛 𝑝𝑛 + 𝑎𝑛−1 𝑝𝑛−1 + 𝑎1 𝑝 + 𝑎0 ]

𝑆(𝑝) 𝑆(𝑝)
Généralement notée 𝐻(𝑝) = 𝐸(𝑝) ou 𝐺(𝑝) = 𝐸(𝑝), cette fraction de deux polynômes de la

variable complexe p est appelée fonction de transfert du système.

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IV- FILTRES ANALOGIQUES

En fonction des fréquences atténuées, on distingue :

- les filtres passe-bas ;


- les filtres passe-haut ;
- les filtres passe-bande ;
- les filtres coupe-bande.

IV-1) FILTRES PASSE-BAS

Un filtre passe-bas est un dispositif électrique qui ne laisse passer que les fréquences
inférieures à la fréquence de coupure. Notée 𝑓𝐶 , la fréquence de coupure est une fréquence
limite pour laquelle l’amplitude du signal est atténuée de -3dB.

Un filtre passe-bas de premier ordre a pour fonction de transfert :

𝑆(𝑝) 𝑘
𝐻(𝑝) = =
𝐸(𝑝) 1 + 𝑇𝑝

𝑆(𝑗𝜔) 𝑘
𝐻(𝑗𝜔) = =
𝐸(𝑗𝜔) 1 + 𝑗 𝜔
𝜔𝑂

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IV-2) FILTRES PASSE-HAUT

Un filtre passe-haut est un dispositif électrique qui ne laisse passer que les fréquences
supérieures à la fréquence de coupure. Notée 𝑓𝐶 , la fréquence de coupure est une fréquence
limite pour laquelle l’amplitude du signal est atténuée de -3dB.

Un filtre passe-haut de premier ordre a pour fonction de transfert :

𝑆(𝑝) 𝑘
𝐻(𝑝) = =
𝐸(𝑝) 1 − 𝑇𝑝

𝑆(𝑗𝜔) 𝑘
𝐻(𝑗𝜔) = =
𝐸(𝑗𝜔) 1 − 𝑗 𝜔𝑂
𝜔

IV-3) FILTRES PASSE-BANDE

Un filtre passe-bande est un dispositif électrique qui ne laisse passer qu’une bande de
fréquences.

Un filtre passe-bande de second ordre a pour fonction de transfert :

𝑆(𝑝) 𝐾
𝐻(𝑝) = =
𝐸(𝑝) 𝑝 𝑝2
1 + 2𝑚 𝜔 +
𝑂 𝜔𝑂 2

Avec :

K : Gain statique ;

m : Coefficient d’amortissement ;

𝜔𝑂 : pulsation propre

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IV-4) FILTRES COUPE-BANDE

Un filtre coupe-bande est un dispositif électrique qui laisse passer toutes les fréquences
sauf celles comprises dans un intervalle donné. Un filtre coupe-bande est aussi appelé
« éjecteur de bande».

𝐻(𝑗𝜔)

𝑓
0 𝑓𝐵 𝑓𝐻

Gabarit d’un filtre coupe-bande

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