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UNIVERSITÉ ABDELMALEK ESSADI

Département de Géologie

Faculté des Sciences et Techniques de Tanger

Cours de cristallographie
Un cristal de composition déterminée peut, selon les
conditions physico-chimiques du milieu au sein duquel il
cristallise, se présenter sous des formes polyédriques
différentes.
leur examen morphologique a conduit très tôt les
minéralogistes à essayer d’établir des lois pour mieux
comprendre les relations entre les faces cristallines.
Ainsi, Nicolas Sténon (ou Steno ; 1638-1686) démontra, en
1669, que des cristaux de la même espèce, qui se
différencient par leur aspect extérieur (nombre 3 et longueur
des côtés), sont limités par des faces qui forment entre elles
deux à deux des angles égaux dans tous les individus
examinés.
Cette loi, confirmée par Romé de l’Isle en 1772, est connue
sous le nom de loi de constance des angles (Fig. 1.1.).
Figure 1.1. Illustration de la loi de constance des angles. Les cristaux de quartz
déformés (a) ou non déformés (b) présentent sans distinction des angles de 120°
entre leurs faces.
UN CRISTAL EST UN CORPS SOLIDE CHIMIQUEMENT
HOMOGÈNE, PARTIELLEMENT OU COMPLÈTEMENT
DÉLIMITÉ PAR DES FACES PLANES. LES ANGLES
ENTRE CES FACES SONT CONSTANTS POUR
LES CRISTAUX D’UNE MÊME ESPÈCE

UN MINÉRAL EST UN SOLIDE INORGANIQUE


CRISTALLIN DE COMPOSITION CHIMIQUE DÉFINIE,
QUI RÉSULTE DE PROCESSUS COSMOLOGIQUES OU
GÉOLOGIQUES
LES ORIGINES

La cristallographie est la science des cristaux. Le mot


cristal d’origine grecque (krustallas) signifie «solidifié
par le froid ». Les grecs pensaient que le cristal de
roche, le quartz, provenait de la transformation de la
glace par le froid.

A l’origine, la cristallographie était purement descriptive


et constituait une branche de la minéralogie.
Par la suite on a constaté que l’état cristallin n’était pas
réservé aux minéraux et que c’était un état de la
matière très répandu.
Depuis très longtemps on pense que la forme
extérieure des cristaux est liée à un
ordonnancement interne régulier de la matière.

La première loi quantitative de la cristallographie, la


loi sur la constance des angles, a été pressentie
par le Danois Nicolas Sténon en 1669 à partir de
mesures des angles entre les faces de cristaux de
quartz.
La seconde loi (loi des indices rationnels) a été
énoncée en 1774 par René-Just Haüy. Il avait
remarqué que lorsqu’il clivait des cristaux de calcite il
obtenait des morceaux dont la forme était
rigoureusement semblable à celle du cristal initial.

Il a alors introduit la notion de « molécules


intégrantes » en admettant que les cristaux étaient
constitués d’assemblage de parallélépipèdes
identiques. Il découle de cette notion que la position
de chaque face d’un cristal peut être repérée dans
l’espace par trois nombres entiers.
C’est en 1849 qu’Auguste Bravais énonce le postulat
qui constitue la base de la cristallographie :
« Etant donné un point P, quelconque dans un
cristal, il existe dans le milieu, une infinité discrète,
illimitée dans les trois directions de l’espace de
points, autour desquels l’arrangement de la matière
est la même qu’autour du point P »
De ce postulat résulte la notion de réseau
tridimensionnel cristallin et toutes les propriétés de
symétrie qui en découlent
État cristallin
On distingue la matière suivant ses propriétés basées sur :

l'isotropie : les propriétés physiques sont identiques suivant toutes


les direction (ex. une bille de verre) ;
l'anisotropie : il y a variation de ces propriétés suivant les directions
;
l'état ordonné : les atomes se disposent suivant un arrangement
régulier et symétrique ;
l'état désordonné : les atomes ont une disposition quelconque, les
uns par rapport aux autres à un instant donné.

Les cristaux ont les caractéristiques fondamentales suivantes :


l'isotropie, l'homogénéité à partir d'une certaine échelle (non pas à
l'échelle de l'atome, mais à celle du microscope ou de
l'observation macroscopique)
l'état ordonné
** les gaz sont isotropes, homogènes et désordonnés.
Évolution de la nomenclature de la cristallographie

Au 19ème siècle, la cristallographie correspondait à l’étude de la forme des


cristaux. Par de telles études, Haüy et Bravais ont établi des hypothèses
comme :
(i) “les molécules intégrantes sont censées être les plus petits solides
que l’on puisse extraire d’un minéral”,
(ii) la définition du réseau cristallin
(iii) “le cristal est clivable parallèlement à deux ou trois formes
cristallines”
Cette cristallographie morphologique définit un cristal comme étant un
solide chimiquement homogène, délimitée par des plans naturels qui
se coupent à angle prédéterminé . Elle décrit les principaux éléments et
opérations de symétrie, les nomenclatures des formes des cristaux et
aussi les bases théoriques des macles.
Des outils mathématiques, comme la méthode Patterson
ou les méthodes directes, ont été développées. La voie
pour résoudre les structures cristallines s’est ouverte
d’abord pour des structures simples et la
cristallographie était associée principalement à l’étude
de cristaux parfaits.
 La cristallographie moderne s’attaque aussi aux
études de touts petits cristaux, de poudres
mélangées, et de matériaux mal ordonnés ou mal
cristallisés.
 Ceci lui permet de s’ouvrir à l’étude de matériaux
artificiels comme les nano-structures, les systèmes
multi-échelles et aussi les matériaux imparfaits du
« monde réel ».
Etat cristallin
Maille primitive ou simple
Une maille primitive ou simple est le motif géométrique le plus simple
qui, en Se répétant indéfiniment, constitue un réseau cristallin. Les
mailles représentées sur la figure 1 sont des mailles primitives.

Une maille élémentaire est définie par les trois vecteurs a, b, c


linéairement Indépendants. Et trois angles a, b, g. Le choix de ces
trois vecteurs n’est pas Unique, on peut donc définir plusieurs mailles
élémentaires qui pourront plus ou moins bien montrer la symétrie du
réseau.

Une maille primitive contient un nœud du réseau à chaque sommet,


mais aucun nœud à l’intérieur de son volume ou de l’une de ses faces

Pour des raisons de commodité ou pour mieux ressortir la symétrie,


on utilise pour décrire le cristal une maille multiple, contenant
plusieurs nœuds et qui n’est donc pas élémentaire.
Etat cristallin à l'échelle de l'atome
Motif atomique, maille élémentaire et notion de réseau spatial
 Notion de motif
 Motif atomique, maille élémentaire et notion de réseau
spatial

a)

Le motif

b)

Relation entre le motif répété


La maille retenue périodiquement et une maille
Maille élémentaire
Construction d'un solide quelconque à partir d'éléments
cubiques (=mailles élémentaires)

Nœuds du
réseau

c Face cristallographique

β α b
Y
a Υ

Construction d'un solide quelconque à partir d'éléments


cubiques Maille élémentaire
(=mailles élémentaires)
X
Maille élémentaire


â
RESEAUX 2D

2D : dans un espace à deux dimensions nous prenons une origine et deux


vecteurs non colinéaires pour définir un repère.
Les deux vecteurs a et b sont caractérisés en particulier par leur longueur
a et b et par l’angle g entre leurs directions.
Quels sont les différentes possibilités pour ces trois paramètres a, b et g?

a≠b g quelconque  parallélogramme


a≠b g = π/2  rectangle
a = b g quelconque  losange
a = b g = 2π/3  losange à 2π/3
a = b g = π/2  carré
A partir de ces différents repères on peut définir des
ensembles de points qui sont les extrémités des vecteurs

R = ua + vb avec u et v des nombres entiers

Ces ensembles de points constituent des réseaux. Les


points sont appelés nœuds du réseau.

En prenant un de ces ensembles de points plusieurs


constatations générales peuvent être faites.
b’ a’

b
a

La surface d’une maille est donné par le produit vectoriel des deux vecteurs a
et b :

S = |a b| = |a| |b| sin(a,b)


Toutes les mailles primitives ont la même surface, les mailles d’ordre n ont
une surface égale à nS (n est égal au nombre de nœuds dans la maille).
Exemple : a’=2a+b b’=b

S’= |a’ b’|= |(2a+b) b|= |2a b + bb|= |2a b|=2S
On prend un réseau construit à partir de deux vecteurs de longueur
quelconque et faisant un angle g égal à π/2. La maille formée est un
rectangle.
Si on ajoute au centre de chaque rectangle un autre nœud on obtient
une maille double (4x1/4+1=2). C’est une maille centrée.
Ce nouveau réseau de points peut être défini à partir d’une maille losange
« primitive » (4x1/4=1). En général on prend la maille double rectangulaire car
avec ses angles droits elle fait mieux apparaître les éléments de symétrie du
réseau.

Dans le cas particulier où l’angle entre les deux vecteurs est égal à 2π/3, on
garde la maille losange car il apparaît un axe d’ordre 6. Dans ce cas
particulier cette maille met plus en évidence les éléments de symétrie du
réseau que la maille du système rectangulaire centré.
On peut maintenant compléter le tableau au niveau des différents systèmes.

Maille Système
a≠b g quelconque  parallélogramme  oblique
a≠b g = π/2  rectangle  rectangulaire

a = b g quelconque  losange  rectangulaire centré

a = b g = 2π/3  losange à 2π/3  hexagonal

a = b g = π/2  carrée  carré


LES RANGEES 2D
Toute droite passant par deux nœuds est une rangée, elle contient une
infinité de nœuds. Elle fait partie d’un ensemble de rangées parallèles,
équidistantes qui passent par tous les nœuds du réseau, aucune rangée de
cet ensemble n’est vide.
A toute rangée correspond une rangée particulière qui passe par l’origine
et par un nœud extrémité du vecteur R=ua+vb avec u et v premiers entre
eux qui est l’un des deux premiers nœuds de la rangée à partir de l’origine.
On notera la famille de rangée correspondante [u,v]R= . distance entre deux
nœuds voisins de la
rangée

[1,1] [-1,3]

a
[1,2]
RESEAUX 3D
Dans un espace à trois dimensions nous prenons une origine et trois vecteurs non
colinéaires pour définir un repère. Les trois vecteurs a, b et c sont caractérisés en
particulier par leur longueur a, b et c et par les angles a, b et g entre leurs
directions.

a
c
b
g a
b
Quels sont les différentes possibilités pour ces six paramètres?

Paramètres Polyèdre Système cristallin


a, b et g Parallélépipède
a≠b≠c Triclinique
quelconques quelconque
a=b=π/2 Prisme droit à base
a≠b≠c Monoclinique
g quelconque parallélogramme
Parallélépipède
a≠b≠c a=b=g=π/2 Orthorhombique
rectangle
a=b=g
a = b=c Rhomboèdre Rhomboédrique
quelconques
Prisme droit à base
a = b≠c a=b=g=π/2 Quadratique
carrée
a=b=π/2 Prisme droit à base
a = b≠c Hexagonal
g = 2π/3 losange à 2π/3

a = b=c a=b=g=π/2 Cube Cubique

On obtient donc 7 systèmes cristallins chacun avec une forme


de maille spécifique.
Systèmes cristallins
(ou polyèdres fondamentaux)

 chacun de ces systèmes peut être repéré par rapport à 3 axes,


dont les angles α, β et γ sont droits ou non, égaux entre eux ou
non.
 La maille élémentaire est rapportée à ces axes et est caractérisée
en outre par les valeurs a, b et c de ses arêtes.
 Les mailles empilées dessinent le réseau cristallin et leurs
sommets en constituent les nœuds, chacun d'eux pouvant être
repéré par ses coordonnées (les valeurs a, b et c étant prises
comme unité sur chaque axe, ces derniers étant souvent désignés
par les mêmes lettres).
 Trois vecteurs a, b et c avec a, b et c représentant les longueurs α,
β et Υ étant les angles que forment ces vecteurs entre eux. α angle
de b et de c ; β angle de c et de a ; Υ angle de a et de Face
cristallographique.
II - Les quatorze réseaux de Bravais

Parfois, des particules supplémentaires, situées


au centre de la maille ou au milieu des faces.
Auguste Bravais distingua ainsi quatorze types
de réseaux cristallins différents.

La symétrie d'un cristal peut alors être inférieure


à celle de sa maille primitive dans le cas où les
groupes d'atomes situés aux sommets de la
maille ne présentent pas la même symétrie que la
maille.
Chaque système, ou réseau élémentaire, peut se
décliner de quatre manières :
• primitive (notée P) : il y a une particule (ou
motif) à chaque sommet

• centrée (notée I, de l'allemand innenzentriert)


: il y a en plus une particule au centre de la maille

• à faces centrées (notée F) : il y a en plus une


particule au centre de chaque face

• à deux faces centrées (notée A, B ou C


suivant l'axe concerné) : il y a une particule au
centre de deux faces opposées
La forme primitive du système rhomboédrique peut
également être notée R.

Tous les systèmes possèdent une forme primitive P


mais pas obligatoirement toutes les autres formes
dérivées. Voici la liste des réseaux acceptés par
chaque systèmes :
Les 7 systèmes cristallins - les 14 réseaux de Bravais

Réseaux: P F
I

Systèmes cristallins : Cubique

P I P I

Quadratique Orthorhombique
(Tetragonal)
R P
C F

Trigonal
Orthorhombique
(Rhomboédrique) Hexagonal

P C
P
29 Monoclinique © [C.Esnouf], [2011], INSA
Triclinique
de Lyon, tous droits réservés
• cubique : P, I et F (3 réseaux)

• quadratique : P, I (2 réseaux)

• orthorhombique : P, I, F, A (ou B ou C) (4 réseaux)

• monoclinique : P, A (si 90°) (2 réseaux)

• triclinique : P (1 réseau)

• rhomboédrique : P (ou R) (1 réseau)

• hexagonal : P (1 réseau)
Les 7 systèmes cristallins

A l’échelle macroscopique les propriétés de symétrie


des cristaux se ramènent à celles des polyèdres
représentant les éléments de symétrie suivantes:
1. Plan de symétrie M:
Eléments de symétrie
Une figure est symétrique si elle peut être superposée à
elle-même de plusieurs façons.

Un triangle équilatéral possède une symétrie qui lui permet


de se superposer à lui-même de trois façons :
1

2 3

Triangle équilatéral

Figure symétrique (un angle a été repéré par un petit cercle plein) :
L'axe de symétrie est représenté par un triangle plein :
Exemples

 Un axe d'ordre 2 est tel que pour une rotation d'un demi-tour (1/2) de cet axe
(360°/2=180°), le cristal se retrouve dans une position équivalente ;
 Un axe d'ordre 3 est tel que pour une rotation d'1/3 de tour de cet axe
(360°/3=120°), le cristal se retrouve dans une position équivalente (cas du triangle où
l'axe de symétrie est perpendiculaire au plan de la feuille) ;
 Un axe d'ordre 4 est tel que pour une rotation d'1/4 de tour de cet axe (360°/4=90°),
le cristal se retrouve dans une position équivalente ;
 Un axe d'ordre 6 est tel que pour une rotation d'1/6 de tour de cet axe
(360°/6=60°), le cristal se retrouve dans une position équivalente.

 Ces différents axes sont notés par les symboles suivants :

Symbole de l'axe

Ordre de l'axe 2 3 4 6
A3

A2

A4
Plan de symétrie

Plan de symétrie ou
miroir (M)

A'
Les minéraux sont donc caractérisés par la façon dont les atomes sont arrangés dans
leur intimité profonde. Cet arrangement géométrique parfait qui se prolonge indéfiniment
dans toutes les directions de l’espace constitue ce que les minéralogistes nomment la
structure cristalline.
Pour chaque espèce minérale, la façon dont sont disposés les atomes à l'intérieur de la
structure a pour effet de définir l'orientation et le développement des faces des cristaux.
Grâce aux techniques de la diffraction des rayons X, on peut aujourd'hui déterminer la
structure atomique de chaque espèce minérale.
Par exemple, la structure de la pérowskite (CaTiO3) peut être décrite de la manière suivante:
− Les atomes de titane (Ti) sont situés aux sommets d'un cube imaginaire de 3.8 Å d'arête.
− L'atome de calcium (Ca) est situé au centre du cube.
− Les atomes d'oxygène (O) occupent le milieu des arêtes.

− Calcium
− Titane
− Oxygène

(CaTiO3)
 minéral = corps cristallisé de composition chimique donné

Cristallographie
Exemple l’Albite Cristallochimie

Na(AlSi3O8)
Tectosilicate

système triclinique

cristallographie = étude des formes, des structures et des propriétés


des cristaux (applicables aux minéraux et molécules organiques)

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