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Bertrand HuBert, Bruno PHiliPPonnat, Bertrand HuBert

FONDATIONS ET OUVRAGES EN TERRE


Manuel professionnel de géotechnique du BtP
olivier Payant & Moulay ZerHouni
Bruno PHiliPPonnat

FONDATIONS ET OUVRAGES EN TERRE olivier Payant

Ce document est la propriété exclusive de MONICA MORVANY (monica.morvany@outlook.fr) - 22 mars 2019 à 14:41
Moulay ZerHouni
Manuel professionnel de géotechnique du BtP
Les ingénieurs trouveront dans ce manuel professionnel contexte hydrogéologique et caractérisation des para- Carrières de Roussillon (Vaucluse), sables argileux colorés Anticlinal dit du « Chapeau de Gendarme » à Septmoncel
par oxydes et hydroxydes de fer © Bertrand Hubert dans le Jura © Bertrand Hubert
Réalisation d’une enceinte périmétrique butonnée Réalisation d’une paroi parisienne tirantée à Chartres comment résoudre les problèmes de conception, de mètres de sol.
à Abu Dhabi © Bertrand Hubert © Bertrand Hubert réalisation et de maintenance d’un ouvrage, et ceux La seconde partie présente la conception et le dimen-
que pose l’aménagement d’un site dans son interaction sionnement des ouvrages géotechniques : fondations,

FONDATIONS
avec le sol. améliorations de sols, soutènements, ouvrages en terre
Formant une équipe de quatre spécialistes appartenant et aménagements de terrains, ouvrages hydrauliques.
à trois générations de géotechniciens, les auteurs se Un index de plus de 700 entrées permet d’aller directe-
sont appuyés sur la plus récente normalisation en ment à l’information recherchée. D’abondantes annexes
géotechnique (dont la norme des missions d’ingénierie donnent accès aux sources et exposent en détail les prin-

ET OUVRAGES
géotechnique), sur l’Eurocode 7 (calcul géotechnique) et cipaux développements théoriques. Elles comprennent
sur les normes nationales d’application qui en ont résulté, les tableaux et les formulaires usuels (corrélations,
ainsi que la dernière réglementation parasismique. coefficients partiels, échelle stratigraphique, etc.). Les
La première partie contient les bases nécessaires aux références normatives y sont également regroupées
études géotechniques : géologie, mécanique des sols, tandis que chacun des quinze chapitres est suivi de la Vérification de la portance d’une plateforme par réalisation Réalisation d’un essai de chargement statique sur un pieu
d’essais de chargement statique à la plaque © Kornog © Kornog

EN TERRE
propriétés géotechniques des formations géologiques, bibliographie correspondante.
Réalisation d’un dallage sur terre-plein © David Simonot Outil de forage pour réalisation de
colonnes de Jet Grouting © Olivier Payant
Normalisation en géotechnique – 1. Les sols et la géologie – 2. Propriétés physiques – 3. Propriétés hydrauliques – 4. Théorie de la
consolidation – 5. Comportement mécanique – 6. Reconnaissance des sols – 7. Calcul géotechnique et Eurocode 7 – 8. Sollicitations
sismiques – 9. Stabilité des pentes et des talus – 10. Actions des terres sur les soutènements – 11. Fondations superficielles –
12. Fondations profondes – 13. Ouvrages de soutènement – 14. Fondations mixtes, amélioration et renforcement des sols –
15. Conception et dimensionnement des ouvrages hydrauliques – Symboles et notations – Annexes – Liste des normes – Index
Manuel professionnel
Géologue et ingénieur en géotechnique, Bertrand Hubert est, avec Gérard Philipponnat, le coauteur de la deuxième édition de Fondations et de géotechnique du BtP
ouvrages en terre. Après avoir participé à la création de Solen – bureau d’études spécialisé notamment en géotechnique – il a rejoint le groupe
Socotec comme spécialiste en sols et fondations. Membre de diverses sociétés savantes et de commissions techniques spécialisées, il s’est
également vu confier des fonctions de représentation au sein d’associations professionnelles. Á l’université de Franche-Comté et à l’université
Paris-Sud (faculté des sciences d’Orsay) il a enseigné aux futurs ingénieurs la géotechnique et la géologie appliquée.
Pour refondre ce manuel technique de référence, il a réuni une équipe de spécialistes en géotechnique dont le parcours professionnel a été en
grande partie associé à Solen.
Construction d’un barrage zoné à Kissir (Algérie) Réalisation d’une paroi moulée à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)
Ingénieur de Centrale Lille et fils de Gérard Philipponnat, Bruno Philipponnat est actuellement président de Sogéo Expert, bureau d’études en
Préface de Gérard Philipponnat
© Bertrand Hubert © Isabelle Halfon
géotechnique. Ancien secrétaire de l’USG (Union syndicale géotechnique), il enseigne l’ingénierie des ouvrages géotechniques à l’ENSIP (École Appareil pour essai de pénétration Forage destructif en rotopercussion sur un Système de chargement pneuma-

HuBert
PHiliPPonnat
Payant
OUNI
nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers). dynamique type DPL © Kornog ouvrage maritime à Ploumanac’h (Côtes tique pour essais de compressibilité
d’Armor) © Kornog à l’œdomètre (laboratoire Esiris)
Ingénieur diplômé de Polytech Lille, Olivier Payant est un expert reconnu des problématiques de fondations et de soutènements pour les projets © Bertrand Hubert

Maquette : studio Eyrolles • Réalisation : Linda Skoropad


de génie civil et de bâtiment. Il a notamment exercé pendant 13 années au sein de la direction technique Construction de Socotec en tant que
spécialiste sols et fondations avant d’intégrer le bureau d’études Terrasol (groupe Setec) en 2019.
Ingénieur TP d’Alger, ingénieur géotechnicien, docteur en mécanique des sols de l’École Centrale de Paris et membre de la direction technique
de Fondasol, Moulay Idriss Zerhouni préside actuellement la commission de normalisation Reconnaissances et essais géotechniques (CNREG).
Il enseigne la géotechnique à l’université Le Havre-Normandie et à l’école d’ingénieurs UniLasalle de Beauvais.

ISBN : 978-2-212-11890-2

9 782212 118902
Code éditeur : G11890
En couverture :
Sondage à la tarière hélicoïdale continue © Kornog
Analyse granulométrique par sédimentométrie © Sogéo Expert
Confection des cages d’armatures des pieux de fondation de gros diamètre pour un ensemble d’IGH à Abu Dhabi © Bertrand Hubert
Chantier d’amélioration de sol par inclusions rigides de sols traités au liant (Deep Soil Mixing®) © Olivier Payant
Mise place du ferraillage du radier d’une tour de bureaux à Marseille © Pierre Janeix 90 €
Réalisation de semelles isolées pour un immeuble Dégarnissage de colonnes de sols traités au liant
de bureaux à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines) (Soil Mixing) © Olivier Payant Glissement de terrain dans des flyschs à Tétouan (Maroc) Ouverture d’un carottier SPT © Kornog
© Bertrand Hubert © Hervé Grisey

Hubert170.indd Toutes les pages 23/01/2019 16:16


Bertrand HuBert, Bruno PHiliPPonnat, Bertrand HuBert

FONDATIONS ET OUVRAGES EN TERRE


Manuel professionnel de géotechnique du BtP
olivier Payant & Moulay ZerHouni
Bruno PHiliPPonnat

FONDATIONS ET OUVRAGES EN TERRE olivier Payant

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Moulay ZerHouni
Manuel professionnel de géotechnique du BtP
Les ingénieurs trouveront dans ce manuel professionnel contexte hydrogéologique et caractérisation des para- Carrières de Roussillon (Vaucluse), sables argileux colorés Anticlinal dit du « Chapeau de Gendarme » à Septmoncel
par oxydes et hydroxydes de fer © Bertrand Hubert dans le Jura © Bertrand Hubert
Réalisation d’une enceinte périmétrique butonnée Réalisation d’une paroi parisienne tirantée à Chartres comment résoudre les problèmes de conception, de mètres de sol.
à Abu Dhabi © Bertrand Hubert © Bertrand Hubert réalisation et de maintenance d’un ouvrage, et ceux La seconde partie présente la conception et le dimen-
que pose l’aménagement d’un site dans son interaction sionnement des ouvrages géotechniques : fondations,

FONDATIONS
avec le sol. améliorations de sols, soutènements, ouvrages en terre
Formant une équipe de quatre spécialistes appartenant et aménagements de terrains, ouvrages hydrauliques.
à trois générations de géotechniciens, les auteurs se Un index de plus de 700 entrées permet d’aller directe-
sont appuyés sur la plus récente normalisation en ment à l’information recherchée. D’abondantes annexes
géotechnique (dont la norme des missions d’ingénierie donnent accès aux sources et exposent en détail les prin-

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géotechnique), sur l’Eurocode 7 (calcul géotechnique) et cipaux développements théoriques. Elles comprennent
sur les normes nationales d’application qui en ont résulté, les tableaux et les formulaires usuels (corrélations,
ainsi que la dernière réglementation parasismique. coefficients partiels, échelle stratigraphique, etc.). Les
La première partie contient les bases nécessaires aux références normatives y sont également regroupées
études géotechniques : géologie, mécanique des sols, tandis que chacun des quinze chapitres est suivi de la Vérification de la portance d’une plateforme par réalisation Réalisation d’un essai de chargement statique sur un pieu
d’essais de chargement statique à la plaque © Kornog © Kornog

EN TERRE
propriétés géotechniques des formations géologiques, bibliographie correspondante.
Réalisation d’un dallage sur terre-plein © David Simonot Outil de forage pour réalisation de
colonnes de Jet Grouting © Olivier Payant
Normalisation en géotechnique – 1. Les sols et la géologie – 2. Propriétés physiques – 3. Propriétés hydrauliques – 4. Théorie de la
consolidation – 5. Comportement mécanique – 6. Reconnaissance des sols – 7. Calcul géotechnique et Eurocode 7 – 8. Sollicitations
sismiques – 9. Stabilité des pentes et des talus – 10. Actions des terres sur les soutènements – 11. Fondations superficielles –
12. Fondations profondes – 13. Ouvrages de soutènement – 14. Fondations mixtes, amélioration et renforcement des sols –
15. Conception et dimensionnement des ouvrages hydrauliques – Symboles et notations – Annexes – Liste des normes – Index
Manuel professionnel
Géologue et ingénieur en géotechnique, Bertrand Hubert est, avec Gérard Philipponnat, le coauteur de la deuxième édition de Fondations et de géotechnique du BtP
ouvrages en terre. Après avoir participé à la création de Solen – bureau d’études spécialisé notamment en géotechnique – il a rejoint le groupe
Socotec comme spécialiste en sols et fondations. Membre de diverses sociétés savantes et de commissions techniques spécialisées, il s’est
également vu confier des fonctions de représentation au sein d’associations professionnelles. Á l’université de Franche-Comté et à l’université
Paris-Sud (faculté des sciences d’Orsay) il a enseigné aux futurs ingénieurs la géotechnique et la géologie appliquée.
Pour refondre ce manuel technique de référence, il a réuni une équipe de spécialistes en géotechnique dont le parcours professionnel a été en
grande partie associé à Solen.
Construction d’un barrage zoné à Kissir (Algérie) Réalisation d’une paroi moulée à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)
Ingénieur de Centrale Lille et fils de Gérard Philipponnat, Bruno Philipponnat est actuellement président de Sogéo Expert, bureau d’études en
Préface de Gérard Philipponnat
© Bertrand Hubert © Isabelle Halfon
géotechnique. Ancien secrétaire de l’USG (Union syndicale géotechnique), il enseigne l’ingénierie des ouvrages géotechniques à l’ENSIP (École Appareil pour essai de pénétration Forage destructif en rotopercussion sur un Système de chargement pneuma-

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OUNI
nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers). dynamique type DPL © Kornog ouvrage maritime à Ploumanac’h (Côtes tique pour essais de compressibilité
d’Armor) © Kornog à l’œdomètre (laboratoire Esiris)
Ingénieur diplômé de Polytech Lille, Olivier Payant est un expert reconnu des problématiques de fondations et de soutènements pour les projets © Bertrand Hubert
de génie civil et de bâtiment. Il a notamment exercé pendant 13 années au sein de la direction technique Construction de Socotec en tant que
spécialiste sols et fondations avant d’intégrer le bureau d’études Terrasol (groupe Setec) en 2019.
Ingénieur TP d’Alger, ingénieur géotechnicien, docteur en mécanique des sols de l’École Centrale de Paris et membre de la direction technique
de Fondasol, Moulay Idriss Zerhouni préside actuellement la commission de normalisation Reconnaissances et essais géotechniques (CNREG).
Il enseigne la géotechnique à l’université Le Havre-Normandie et à l’école d’ingénieurs UniLasalle de Beauvais.

En couverture :
Sondage à la tarière hélicoïdale continue © Kornog
Analyse granulométrique par sédimentométrie © Sogéo Expert
Confection des cages d’armatures des pieux de fondation de gros diamètre pour un ensemble d’IGH à Abu Dhabi © Bertrand Hubert
Chantier d’amélioration de sol par inclusions rigides de sols traités au liant (Deep Soil Mixing®) © Olivier Payant
Mise place du ferraillage du radier d’une tour de bureaux à Marseille © Pierre Janeix

Réalisation de semelles isolées pour un immeuble Dégarnissage de colonnes de sols traités au liant
de bureaux à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines) (Soil Mixing) © Olivier Payant Glissement de terrain dans des flyschs à Tétouan (Maroc) Ouverture d’un carottier SPT © Kornog
© Bertrand Hubert © Hervé Grisey

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Fondations et

Géotechnique du BTP
ouvrages en terre

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Bertrand HUBERT
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Bruno PHILIPPONNAT
Olivier PAYANT
Moulay ZERHOUNI

Fondations et
ouvrages en terre
Géotechnique du BTP

Nouvelle édition refondue

Préface de Gérard Philipponnat

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ÉDITIONS EYROLLES
61, bd Saint-Germain
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75240 Paris Cedex 05


www.editions-eyrolles.com

Sauf mention contraire, les photographies et les schémas sont de l’auteur.


Droits réservés pour les autres illustrations.
Mise en pages : GraphieProd/Jean-Louis Liennard
Adaptation des schémas : Lionel Auvergne

Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation intégrale


ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie,
microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants
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et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par
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– 20, rue des Grands- Augustins –75006 Paris.

© Éditions Eyrolles, 2019


ISBN : 978-2-212-11890-2

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Sommaire

Préface ..................................................................................................................... XXVII


Avant-propos .......................................................................................................... XXIX
Introduction. N
 ormalisation en géotechnique .................................................. 1

CHAPITRE 1. Les sols et la géologie .......................................................................... 11

CHAPITRE 2. Propriétés physiques des sols ............................................................ 33

CHAPITRE 3. Propriétés hydrauliques des sols ....................................................... 53

CHAPITRE 4. Théorie de la consolidation ................................................................ 81

CHAPITRE 5. Comportement mécanique des sols ................................................. 97

CHAPITRE 6. Reconnaissance des sols ..................................................................... 131

CHAPITRE 7. Calcul géotechnique et Eurocode 7 ................................................... 277

CHAPITRE 8. Sollicitations sismiques ........................................................................ 297

CHAPITRE 9. Stabilité des pentes et des talus ......................................................... 313

CHAPITRE 10. Actions des terres sur les soutènements ......................................... 347

CHAPITRE 11. Fondations superficielles .................................................................... 389

CHAPITRE 12. Fondations profondes ........................................................................ 461

CHAPITRE 13. Ouvrages de soutènement ............................................................... 549

CHAPITRE 14. Fondations mixtes, amélioration et renforcement des sols .......... 625

CHAPITRE 15. Conception et dimensionnement des ouvrages hydrauliques .... 679

Annexes ................................................................................................................... 699

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Table des matières

Préface .................................................................................................................. XXVII


Avant-propos ....................................................................................................... XXIX

INTRODUCTION.  Normalisation en géotechnique .......................... 1


Introduction ................................................................................................ 1
1. Les organismes de normalisation ........................................................... 2
2. Les instances de normalisation en géotechnique ................................ 2
3. Les différents types de norme ................................................................. 3
4. Le panel normatif en géotechnique ....................................................... 4
4.1 Normes de conception – Les Eurocodes ............................................. 5
4.2 Normes d’essais .................................................................................. 6
4.3 Normes de classification et de spécification de produits ...................... 7
4.4 Normes d’exécution de travaux géotechniques spéciaux ...................... 8
4.5 Normes d’organisation ....................................................................... 9
Conclusion .................................................................................................. 9
Bibliographie ................................................................................................ 10

CHAPITRE 1.  Les sols et la géologie ........................................................ 11


1.1 Introduction ................................................................................................ 11
1.1.1 Géotechnique et géologie ................................................................... 11
1.1.2 Structure du globe terrestre ................................................................. 12
1.1.3 Histoire de la Terre ............................................................................. 13
1.1.4 Mouvements des plaques lithosphériques ........................................... 13
1.2 Minéralogie ................................................................................................. 14
1.2.1  Diversité minérale .............................................................................. 14
1.2.2 Silicates .............................................................................................. 14
1.2.3 Spécificité des minéraux argileux ........................................................ 15
1.2.4 Minéraux non silicatés ........................................................................ 16
1.3 Pétrologie .................................................................................................... 16

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Table des matières | VII

1.3.1  Roches magmatiques .......................................................................... 17


1.3.1.1  Généralités ............................................................................. 17
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1.3.1.2  Classification ......................................................................... 17


1.3.1.3  Structure des roches magmatiques ............................................ 18
1.3.2 Roches sédimentaires .......................................................................... 18
1.3.2.1  Généralités ............................................................................. 18
1.3.2.2  Formation des roches sédimentaires .......................................... 19
1.3.2.3  Classification ......................................................................... 21
1.3.2.4  Stratigraphie .......................................................................... 23
1.3.3 Roches métamorphiques ..................................................................... 23
1.3.3.1  Généralités ............................................................................. 23
1.3.3.2  Classification ......................................................................... 24
1.3.3.3  Structure des roches métamorphiques ....................................... 24
1.4 Éléments de tectonique ........................................................................... 25
1.4.1 Différents comportements des roches ................................................. 25
1.4.2 Déformations ductiles ........................................................................ 25
1.4.3 Déformations cassantes ...................................................................... 26
1.4.4 Représentation des éléments structuraux ............................................ 27
1.5 Disciplines apparentées à la géologie .................................................... 27
1.5.1 Géomorphologie ................................................................................ 27
1.5.2 Pédologie ............................................................................................ 28
1.6 Géologie et missions d’ingénierie géotechnique ................................. 29
1.6.1 Analyse préliminaire ........................................................................... 29
1.6.2 Informations géologiques ................................................................... 30
1.6.3 Aléas géologiques ................................................................................ 31
Bibliographie ................................................................................................ 32

CHAPITRE 2.  Propriétés physiques des sols ..................................... 33


2.1 Définition des sols – Notations ............................................................... 33
2.2 Structure des sols ...................................................................................... 33
2.2.1  Classification des grains solides ........................................................... 33
2.2.2 Structure et eau interstitielle ............................................................... 35
2.2.2.1  Structure des sols pulvérulents .................................................. 35
2.2.2.2  Structure des argiles ................................................................ 36
2.3 Classification géotechnique des sols ...................................................... 38
2.3.1  Analyse granulométrique .................................................................... 38
2.3.2 Limites d’Atterberg – Activité des argiles ............................................ 40
2.3.3 Valeur de bleu du sol .......................................................................... 42
2.3.4 L’équivalent de sable ........................................................................... 42
2.3.5 Teneur en matières organiques ............................................................ 43
2.3.6 Classifications des sols ........................................................................ 43

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VIII | Fondations et ouvrages en terre

2.4 Caractéristiques pondérales des sols ..................................................... 48


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2.4.1  État remanié et non remanié – Représentation pondérale d’un sol ...... 48
2.4.2  Principales caractéristiques des sols ..................................................... 49
2.4.3  Relations entre les paramètres pondéraux ........................................... 50
Bibliographie ................................................................................................ 52

CHAPITRE 3.  Propriétés hydrauliques des sols .............................. 53


3.1 Introduction ................................................................................................ 53
3.1.1  Cycles de l’eau .................................................................................... 53
3.1.2  Systèmes hydrologiques ...................................................................... 54
3.1.2.1  Identification ......................................................................... 54
3.1.2.2  Bilan hydrique ....................................................................... 54
3.1.3  Différents états de l’eau dans les sols ................................................... 55
3.1.4  Eaux souterraines ............................................................................... 56
3.1.4.1  Définitions ............................................................................. 56
3.1.4.2  Nature géologique des aquifères ............................................... 56
3.1.4.3  Types hydrodynamiques d’aquifères .......................................... 57
3.1.4.4  Niveaux piézométriques .......................................................... 58
3.2 Propriétés de l’eau libre ........................................................................... 60
3.2.1  Écoulement linéaire – Loi de Darcy .................................................... 60
3.2.2 Mesure en laboratoire du coefficient de perméabilité .......................... 62
3.2.2.1  Conditions d’essai ................................................................... 62
3.2.2.2  Essai à charge constante .......................................................... 62
3.2.2.3  Essai à charge variable ............................................................ 63
3.2.3 Ordre de grandeur du coefficient de perméabilité des sols ................... 64
3.2.4 Sols lités – Définition de kh et kv ........................................................ 64
3.3 Écoulements souterrains .......................................................................... 66
3.3.1  Écoulements permanents à deux dimensions en milieu homogène
et isotrope .......................................................................................... 66
3.3.1.1  Réseau d’écoulement ............................................................... 66
3.3.1.2  Calcul du débit à travers un massif de terre .............................. 67
3.3.1.3  Conditions aux limites en régime permanent ............................ 68
3.3.2 Exemple de traitement informatique (code Plaxis) .............................. 68
3.3.3 Force d’écoulement ............................................................................ 69
3.3.4 Mesure in situ de la perméabilité et des paramètres connexes .............. 70
3.3.4.1  Généralités ............................................................................. 70
3.3.4.2  Écoulement en régime permanent – Formule de Dupuit ............ 71
3.3.4.3  Écoulement en régime transitoire - Formule de Theis ................. 73
3.4 Eau capillaire .............................................................................................. 74
3.4.1  Définition de l’eau capillaire ............................................................... 74
3.4.2  Capillarité de l’eau – Loi de Jurin ....................................................... 74
3.4.3  Tube de section variable ...................................................................... 75
3.4.4  Porométrie ......................................................................................... 76

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Table des matières | IX

3.4.5  Notion de succion – Ascension capillaire ............................................ 76


3.4.6  Généralisation – Relation succion/teneur en eau ................................ 77
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3.4.7  Profil hydrique ................................................................................... 78


Bibliographie ................................................................................................ 80

CHAPITRE 4.  Théorie de la consolidation .......................................... 81


4.1 Définition des contraintes dans un sol .................................................. 81
4.2 Sols saturés ................................................................................................. 82
4.2.1  Contraintes normales ......................................................................... 82
4.2.2 Contrainte tangentielle ....................................................................... 83
4.2.3 Cas des sols partiellement saturés ........................................................ 83
4.3 Étude qualitative de la consolidation ..................................................... 84
4.3.1  Remarques préliminaires .................................................................... 84
4.3.1.1  Définition .............................................................................. 84
4.3.1.2  Condition d’application .......................................................... 84
4.3.1.3  Conditions initiales ................................................................ 84
4.3.2 Tassement dans le temps sous une charge donnée ............................... 85
4.3.3 Tassement en fonction de la charge ..................................................... 87
4.4 Théorie mathématique de la consolidation unidimensionnelle ........ 88
4.5 Consolidation d’une couche drainée par les deux faces .................... 90
4.6 Cas particuliers ........................................................................................... 90
4.6.1  Multicouche compressible .................................................................. 90
4.6.2  Prise en compte du temps de chargement ........................................... 91
4.7 Essai de compressibilité à l’œdomètre .................................................. 92
4.7.1  Caractéristiques de compressibilité ..................................................... 92
4.7.2  Classification des sols vis-à-vis de la compressibilité ............................ 93
4.7.2.1  Différents états de consolidation ............................................... 93
4.7.2.2  Comportement des sols selon leur état de consolidation .............. 93
4.7.3  Consolidation secondaire ................................................................... 94
4.8 Applications pratiques de la consolidation ........................................... 95

Bibliographie ................................................................................................ 96

CHAPITRE 5.  Comportement mécanique des sols ..................... 97


5.1 Introduction ................................................................................................ 97
5.2 Répartition des contraintes autour d’un point ...................................... 98
5.2.1  Rappel de mécanique des milieux continus ......................................... 98
5.2.2 Définition et conventions de signe ...................................................... 99
5.2.3 Propriétés du cercle de Mohr .............................................................. 99

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X | Fondations et ouvrages en terre

5.3 Les sols et la théorie de l’élasticité ......................................................... 102


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5.3.1  Rappel de quelques notions ................................................................ 102


5.3.2 Modules drainé et non drainé ............................................................. 103
5.3.3 Champs d’application de l’élasticité .................................................... 103
5.3.3.1  Divergences avec la théorie de l’élasticité .................................. 103
5.3.3.2  Différents modules d’élasticité .................................................. 103
5.3.4 Ordres de grandeur ............................................................................ 106
5.3.5 Relation entre le module œdométrique et le module
d’élasticité drainé ................................................................................ 106
5.4 Les sols et la théorie de la plasticité ....................................................... 107
5.4.1  Courbe intrinsèque, critère de Mohr-Coulomb .................................. 107
5.4.2 État d’équilibre limite des sols pulvérulents ........................................ 108
5.4.3 Sols cohérents – Théorème des états correspondants ........................... 110
5.4.4 Propriétés particulières de la droite intrinsèque et
du cercle de Mohr .............................................................................. 111
5.4.5 Directions conjuguées ........................................................................ 112
5.5 Mesure des caractéristiques mécaniques des sols .............................. 112
5.5.1  Détermination des caractéristiques de plasticité φ et c ........................ 112
5.5.2  Conditions particulières d’essai ........................................................... 113
5.5.2.1  Consolidation ........................................................................ 113
5.5.2.2  Drainage ............................................................................... 113
5.5.2.3  Vitesse d’essai ......................................................................... 113
5.5.3  Principales caractéristiques mécaniques d’un sol ................................. 114
5.5.3.1  Caractéristiques apparentes ..................................................... 114
5.5.3.2  Caractéristiques effectives ........................................................ 115
5.5.3.3  Caractéristiques consolidées non drainées .................................. 115
5.5.4  Exemples d’application pratique des différents essais ........................... 116
5.5.4.1  Exemple d’application des caractéristiques apparentes φuu, cuu
et effectives φ´, c´ ................................................................... 116
5.5.4.2  Exemple d’application du facteur d’augmentation
de la cohésion λcu ................................................................... 117
5.5.5  Essai de compression simple ............................................................... 118
5.5.6  Mesure des caractéristiques d’élasticité ................................................ 118
5.6 Compléments sur la rhéologie des sols ................................................ 119
5.6.1  Critères de rupture – État critique – Dilatance – Contractance ........... 119
5.6.1.1  Comportement des sables ......................................................... 119
5.6.1.2  Comportement des argiles ........................................................ 120
5.6.2  Chemin des contraintes ...................................................................... 122
5.6.3  Modèles rhéologiques ......................................................................... 122
5.7 Liquéfaction des sols ................................................................................. 124
5.7.1  Description du phénomène ................................................................ 124
5.7.2  Catégories de sols sensibles à la liquéfaction ........................................ 124
5.7.3  Étude du risque de liquéfaction .......................................................... 125
Bibliographie ................................................................................................ 130

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Table des matières | XI

CHAPITRE 6.  Reconnaissance des sols ................................................. 131


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6.1 Investigations géotechniques .................................................................. 131


6.1.1  Documents de référence ..................................................................... 131
6.1.1.1  Préambule ............................................................................. 131
6.1.1.2  Eurocode 7 NF EN 1997-2 .................................................... 131
6.1.1.3  Norme NF P 94 500 ............................................................. 132
6.1.1.4  Recommandations de l’Union syndicale géotechnique –
Syntec-Ingénierie .................................................................... 132
6.1.1.5  Normes d’essais ....................................................................... 132
6.1.2  Programme de l’étude géotechnique ................................................... 132
6.1.2.1  Modèle géologique préliminaire ............................................... 132
6.1.2.2  Établissement du programme de reconnaissance ........................ 133
6.1.2.3  Diversité des techniques de reconnaissance ................................ 134
6.1.2.4  Maillage des sondages de reconnaissance ................................... 134
6.1.2.5  Profondeur d’investigation ...................................................... 136
6.1.2.6  Repérage et nivellement des sondages ........................................ 136
6.2 Géophysique .............................................................................................. 137
6.2.1  Principes généraux .............................................................................. 137
6.2.2 Gravimétrie ........................................................................................ 137
6.2.2.1  Principe ................................................................................. 137
6.2.2.2  Applications ........................................................................... 138
6.2.2.3  Mise en œuvre ........................................................................ 138
6.2.2.4  Limites d’utilisation ............................................................... 139
6.2.3 Méthodes sismiques ............................................................................ 139
6.2.3.1  Principe ................................................................................. 139
6.2.3.2  Sismique réfraction ................................................................. 140
6.2.4 Méthodes électriques .......................................................................... 143
6.2.4.1  Principe ................................................................................. 143
6.2.4.2  Applications ........................................................................... 143
6.2.4.3  Description des méthodes usuelles ............................................. 143
6.2.4.4  Limites d’utilisation ............................................................... 145
6.2.5 Électromagnétisme ............................................................................. 145
6.2.5.1  Principe ................................................................................. 145
6.2.5.2  Applications ........................................................................... 145
6.2.5.3  Mise en œuvre ........................................................................ 145
6.2.5.4  Limites d’utilisation ............................................................... 146
6.2.6 Domaines d’application des méthodes géophysiques .......................... 147
6.3 Sondages et forages .................................................................................. 147
6.3.1  Introduction ...................................................................................... 147
6.3.1.1  Définitions ............................................................................. 147
6.3.1.2  Méthodes de prélèvemen .......................................................... 149
6.3.2 Différents types de forages .................................................................. 150
6.3.2.1  Choix de la technique de forage ............................................... 150
6.3.2.2  Sondages par puits, tranchée, fouille et galerie .......................... 150

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XII | Fondations et ouvrages en terre

6.3.2.3  Sondages carottés .................................................................... 150


6.3.2.4  Sondages semi-destructifs ......................................................... 151
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6.3.2.5  Sondages destructifs ................................................................ 152


6.3.3 Sondages carottés ............................................................................... 152
6.3.3.1  Objectifs ................................................................................ 152
6.3.3.2  Techniques de carottage ........................................................... 152
6.3.3.3  Choix des techniques de carottage ............................................ 155
6.3.3.4  Coupe de sondage ................................................................... 155
6.3.4 Forages destructifs .............................................................................. 158
6.3.4.1  Introduction .......................................................................... 158
6.3.4.2  Opérations liées à la foration ................................................... 158
6.3.4.3  Techniques de foration ............................................................ 160
6.3.4.4  Choix des techniques de foration .............................................. 161
6.3.4.5  Diagraphies instantanées ......................................................... 162
6.3.5 Diagraphies différées .......................................................................... 165
6.3.5.1  Présentation ........................................................................... 165
6.3.5.2  Différents types de diagraphies différées .................................... 165
6.3.6 Géophysique de forage ....................................................................... 165
6.3.6.1  Généralités ............................................................................. 165
6.3.6.2  Principales techniques ............................................................. 167
6.4 Essais mécaniques in situ ......................................................................... 167
6.4.1  Essais par battage ................................................................................ 167
6.4.1.1  Présentation ........................................................................... 167
6.4.1.2  Essai de pénétration au carottier .............................................. 167
6.4.1.3  Essai de pénétration dynamique .............................................. 170
6.4.2  Essai de pénétration statique (CPT) et piézocône ............................... 174
6.4.2.1  Principe ................................................................................. 174
6.4.2.2  Types d’appareil – Appareil normalisé ...................................... 174
6.4.2.3  Résultats ................................................................................ 177
6.4.2.4  Interprétation ......................................................................... 177
6.4.2.5  Piézocône ............................................................................... 177
6.4.3  Essai au pressiomètre Ménard ............................................................. 179
6.4.3.1  Présentation ........................................................................... 179
6.4.3.2  Principe de l’essai ................................................................... 179
6.4.3.3  Appareillage ........................................................................... 179
6.4.3.4  Mise en place de la sonde dans le sol ......................................... 181
6.4.3.5  Réalisation de l’essai – Courbe brute ........................................ 182
6.4.3.6  Résultats – Courbes corrigées ................................................... 183
6.4.3.7  Présentation des résultats – Forage pressiométrique .................... 184
6.4.3.8  Principes théoriques ................................................................ 186
6.4.3.9  Corrélation entre module pressiométrique et oedométrique –
Coefficient rhéologique ............................................................ 188
6.4.3.10  Classification conventionnelle des sols ....................................... 189
6.4.3.11  Module pressiométrique de rechargement .................................. 189
6.4.4  Essai de cisaillement au phicomètre .................................................... 190
6.4.4.1  Présentation ........................................................................... 190

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Table des matières | XIII

6.4.4.2  Principe ................................................................................. 190


6.4.4.3  Description de l’appareil ......................................................... 190
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6.4.4.4  Interprétation – Domaine d’application ................................... 192


6.4.4.5  Comparaison avec les essais de laboratoire ................................ 193
6.4.5  Essai scissométrique en place .............................................................. 194
6.4.5.1  Présentation ........................................................................... 194
6.4.5.2  Principe de l’essai ................................................................... 194
6.4.5.3  Appareillage et procédure d’essai .............................................. 195
6.4.5.4  Résultats ................................................................................ 195
6.4.5.5  Utilisation – Correction .......................................................... 195
6.5 Instrumentation et suivi des ouvrages ................................................... 197
6.6 Essais hydrauliques in situ ....................................................................... 198
6.6.1  Introduction ....................................................................................... 198
6.6.2  Piézométrie ........................................................................................ 198
6.6.2.1  Introduction .......................................................................... 198
6.6.2.2  Types de piézomètres ............................................................... 198
6.6.2.3  Qualité des mesures ................................................................ 200
6.6.3  Essais de perméabilité dans un forage à tube ouvert ............................ 200
6.6.3.1  Principe ................................................................................. 200
6.6.3.2  Réalisation de l’essai ............................................................... 201
6.6.3.3  Interprétation des résultats ...................................................... 201
6.6.4  Essai de pression d’eau dans les roches ................................................ 202
6.6.5  Essai de pompage ............................................................................... 203
6.6.5.1  Principe ................................................................................. 203
6.6.5.2  Préparation de l’essai .............................................................. 203
6.6.5.3  Réalisation de l’essai ............................................................... 204
6.6.5.4  Interprétation des résultats ...................................................... 204
6.6.6  Essai de perméabilité dans un forage en tube fermé ............................ 206
6.6.7  Essai d’infiltration .............................................................................. 206
6.7 Essais de laboratoire ................................................................................. 206
6.7.1  Introduction ....................................................................................... 206
6.7.2  Essais d’identification et de classification ............................................ 207
6.7.2.1  Analyse granulométrique par tamisage ..................................... 207
6.7.2.2  Analyse granulométrique par sédimentation ............................. 209
6.7.2.3  Teneur en eau ........................................................................ 212
6.7.2.4  Masse volumique des particules solides ..................................... 214
6.7.2.5  Limites de consistance d’Atterberg ............................................ 216
6.7.2.6  Masse volumique apparente des sols fins ................................... 224
6.7.2.7  Indice des vides emin et emax et indice de densité relative ............. 226
6.7.2.8  Teneur en carbonate ............................................................... 228
6.7.2.9  Teneur en matières organiques ................................................. 230
6.7.2.10  Coefficient de fragmentabilité .................................................. 231
6.7.2.11  Coefficient de dégradabilité ..................................................... 232
6.7.2.12  Valeur de bleu de méthylène du sol .......................................... 232

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XIV | Fondations et ouvrages en terre

6.7.3  Essais mécaniques de résistance, de compressibilité et


de déformation des sols ...................................................................... 233
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6.7.3.1  Essai de compression uniaxiale ................................................ 233


6.7.3.2  Essais de cisaillement rectiligne à la boîte ................................. 234
6.7.3.3  Essais de cisaillement à l’appareil triaxial de révolution ............. 239
6.7.3.4  Essai de compressibilité à l’œdomètre avec chargement
par paliers .............................................................................. 251
6.7.3.5  Essai de gonflement à l’œdomètre par chargement
de plusieurs éprouvettes ........................................................... 261
6.7.3.6  Essai de dessiccation – Détermination de la limite
de retrait effective ................................................................... 262
6.7.4  Essais hydrauliques de perméabilité .................................................... 264
6.7.4.1  Mesure du coefficient de perméabilité – Principaux dispositifs ... 264
6.7.4.2  Mesure de la perméabilité – Essai à charge constante –
Essai à charge variable ............................................................ 266
6.7.5  Essais de compactage et de portance ................................................... 267
6.7.5.1  Essai de détermination des références de compactage Proctor ...... 267
6.7.5.2  Indice portant IPI et CBR ...................................................... 270
6.8 Choix des techniques d’investigation ..................................................... 271
Bibliographie ................................................................................................ 274

CHAPITRE 7.  Calcul géotechnique et Eurocode 7 ....................... 277


7.1 Présentation générale – Bases du calcul géotechnique ..................... 277
7.2 Justification par la méthode observationnelle ...................................... 279
7.3 Justification par la méthode prescriptive ............................................... 280
7.4 Justification sur la base d’essais de chargement .................................. 280
7.5 Justification par le calcul ........................................................................... 280
7.5.1  Préambule – Fiabilité des modèles de calcul ........................................ 280
7.5.2  Principe .............................................................................................. 281
7.5.3  Situations et actions ............................................................................ 281
7.5.3.1  Situations .............................................................................. 281
7.5.3.2  Actions .................................................................................. 281
7.5.4  Valeurs caractéristiques ....................................................................... 282
7.5.4.1  Valeur caractéristique d’une action .......................................... 282
7.5.4.2  Valeurs caractéristiques des paramètres géotechniques ................ 282
7.5.4.3  Valeurs caractéristiques des données géométriques ...................... 283
7.5.4.4  Modèle géotechnique ............................................................... 284
7.5.5  Valeurs de calcul ................................................................................. 284
7.5.5.1  Définition ............................................................................. 284
7.5.5.2  Valeur de calcul d’une action ................................................... 284
7.5.5.3  Niveaux d’eau ........................................................................ 287
7.5.5.4  Facteurs de modèle ................................................................. 287
7.5.6  Combinaisons d’actions – Sollicitations .............................................. 288

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Table des matières | XV

7.5.7  Différents types d’états limites ultimes ................................................ 288


7.5.8  Approches de calcul et facteurs partiels ............................................... 290
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7.5.8.1  Les trois approches de calcul .................................................... 290


7.5.8.2  Principaux paramètres partiels ................................................ 291
7.5.8.3  Approche retenue par l’annexe nationale française .................... 291
7.5.9  Justifications suivant les différents états limites ................................... 292
7.5.9.1  Vérifications aux états limites ultimes ....................................... 292
7.5.9.2  Vérifications aux états limites de service .................................... 294
7.5.9.3  Exemple de détermination de l’effet d’une action ...................... 295
Bibliographie ................................................................................................ 296

CHAPITRE 8.  Sollicitations sismiques ..................................................... 297


8.1 Préambule .................................................................................................. 297
8.2 Effet d’un séisme ....................................................................................... 297
8.3 Réglementation sismique ........................................................................ 298
8.4 Action sismique ......................................................................................... 299
8.5 Paramètres définissant l’action sismique .............................................. 301
8.5.1  Zonage sismique de la France ............................................................. 301
8.5.2 Classes de sol ...................................................................................... 303
8.5.3 Coefficient de sol ................................................................................ 305
8.5.4 Coefficient topographique .................................................................. 305
8.5.5 Catégorie d’importance des ouvrages .................................................. 306
8.6 Justification des ouvrages géotechniques
sous sollicitations sismiques .................................................................... 307
8.6.1  Préambule .......................................................................................... 307
8.6.2  Justification des fondations ................................................................. 308
8.6.3  Justification des talus et soutènement ................................................. 308
8.6.4  Justifications sous sollicitations sismiques ........................................... 309
Bibliographie ................................................................................................ 312

CHAPITRE 9.  Stabilité des pentes et des talus ................................ 313


9.1 Introduction – Classification des mouvements de terrain .................. 313
9.1.1  Pentes naturelles ................................................................................. 314
9.1.2  Talus artificiels .................................................................................... 314
9.2 Description des principaux types de mouvement ................................ 314
9.2.1  Écroulements et chutes de pierres ....................................................... 314
9.2.2 Glissements ........................................................................................ 314
9.2.2.1  Glissement plan ...................................................................... 314
9.2.2.2  Glissement rotationnel simple .................................................. 315
9.2.2.3  Glissement rotationnel complexe .............................................. 315

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XVI | Fondations et ouvrages en terre

9.2.3 Fluage et solifluxion ........................................................................... 316


9.2.3.1  Fluage ................................................................................... 316
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9.2.3.2  Solifluxion ............................................................................. 316


9.2.4 Coulées boueuses ................................................................................ 316
9.2.5 Talus en déblai et talus en remblai sur sols non compressibles ............. 317
9.2.6 Talus en remblai sur sols compressibles ............................................... 317
9.2.7 Stabilité sous les soutènements ........................................................... 318
9.2.8 Digues et barrages en terre .................................................................. 318
9.3 Stabilité en rupture circulaire avec coefficient de sécurité global ..... 318
9.3.1  Préambule .......................................................................................... 318
9.3.2 Méthode des tranches de Fellenius ...................................................... 318
9.3.2.1  Stabilité selon un cercle donné ................................................. 318
9.3.2.2  Recherche du coefficient de sécurité minimal ............................. 321
9.3.3 Prise en compte des nappes et des écoulements ................................... 323
9.3.3.1  Nappe statique ....................................................................... 323
9.3.3.2  Prise en compte des écoulements au-dessus du niveau aval ......... 323
9.3.3.3  Prise en compte des écoulements en dessous du niveau aval ........ 324
9.3.4 Méthodes des tranches de Bishop ....................................................... 325
9.3.4.1  Méthode détaillée ................................................................... 325
9.3.4.2  Méthode de Bishop simplifiée .................................................. 325
9.3.5 Choix de la méthode de calcul ............................................................ 326
9.3.6 Choix du coefficient global de sécurité ............................................... 326
9.4 Stabilité en rupture circulaire aux états limites –
Calcul aux Eurocodes ................................................................................ 327
9.5 Stabilité des pentes en rupture plane .................................................... 328
9.5.1  Pente indéfinie – Rupture selon un plan parallèle à la pente ................ 328
9.5.1.1  Décomposition des forces ......................................................... 328
9.5.1.2  Coefficient de sécurité global .................................................... 329
9.5.1.3  Calcul aux états limites ........................................................... 330
9.5.2  Pente de hauteur finie ......................................................................... 330
9.6 Stabilité en rupture non circulaire .......................................................... 331
9.7 Abaques et formules ................................................................................. 331
9.7.1  Talus dans un sol pulvérulent ............................................................. 332
9.7.1.1  Sans écoulement ..................................................................... 332
9.7.1.2  Avec écoulement ..................................................................... 332
9.7.2  Talus dans un sol homogène cohérent ................................................ 333
9.7.2.1  Sols purement cohérents – Abaques de Taylor ............................ 333
9.7.2.2  Sols cohérents à frottement interne ........................................... 335
9.7.3  Talus verticaux .................................................................................... 336
9.8 Choix des caractéristiques mécaniques ................................................. 338
9.9 Stabilité en zone sismique ....................................................................... 340
9.9.1  Préambule .......................................................................................... 340
9.9.2  Principe du modèle statique équivalent ............................................... 341

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Table des matières | XVII

9.10 Confortement des talus ............................................................................ 342


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9.10.1  Principe .............................................................................................. 342


9.10.2  Modification de la pente ..................................................................... 342
9.10.3  Drainage ............................................................................................ 343
9.10.4  Renforcement ..................................................................................... 345
Bibliographie ................................................................................................ 346

CHAPITRE 10.  Actions des terres sur les soutènements .......... 347


10.1 Introduction ................................................................................................ 347

10.2 États d’équilibre limite .............................................................................. 347


10.2.1  Définitions ......................................................................................... 347
10.2.1.1  Sol au repos ............................................................................ 347
10.2.1.2  Équilibre limite de butée ........................................................ 348
10.2.1.3  Équilibre limite de poussée ...................................................... 349
10.2.2  Étude d’un cas simple ......................................................................... 349
10.2.2.1  Valeurs de Ka et Kp ................................................................. 349
10.2.2.2  Résultante des efforts sur l’écran ............................................... 350
10.2.2.3  Volume plastifié ...................................................................... 350
10.2.3  Plan de l’étude détaillée de la poussée et de la butée ............................ 351
10.2.3.1  Étude d’un milieu pulvérulent pesant en équilibre limite .......... 351
10.2.3.2  Étude d’un milieu non pesant surchargé ................................... 352
10.2.3.3  Influence de la cohésion ........................................................... 352
10.2.3.4  Cas général ............................................................................ 352
10.2.4  Étude du milieu pesant pulvérulent .................................................... 352
10.2.4.1  Équilibres limites de Rankine .................................................. 352
10.2.4.2  Équilibres limites généraux ..................................................... 355
10.2.5  Étude d’un milieu non pesant surchargé et pulvérulent ...................... 358
10.2.5.1  Hypothèses ............................................................................. 358
10.2.5.2  Étude de l’équilibre de poussée ................................................. 359
10.2.5.3  Étude de l’équilibre de la butée ................................................ 360
10.2.6  Milieux cohérents ............................................................................... 361
10.2.6.1  Prise en compte de la cohésion ................................................. 361
10.2.6.2  Rugosité (contact écran-sol) ..................................................... 362
10.2.6.3  Influence de la cohésion sur le coefficient de sécurité .................. 363
10.2.7  Étude particulière du milieu purement cohérent ................................. 363
10.2.8  Tableaux récapitulatifs ........................................................................ 364
10.3 Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans ........ 365
10.3.1  Simplifications – Rugosité – Diagramme de pression des terres .......... 365
10.3.1.1  Remarques préliminaires ......................................................... 365
10.3.1.2  Rugosité – Inclinaison de la contrainte ..................................... 366
10.3.1.3  Diagramme de pression des terres ............................................. 370
10.3.1.4  Calcul pratique des contraintes de poussée et de butée ................ 371

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XVIII | Fondations et ouvrages en terre

10.3.2  Coin de Coulomb .............................................................................. 371


10.3.2.1  Principe ................................................................................. 371
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10.3.2.2  Milieu pesant pulvérulent non surchargé .................................. 371


10.3.2.3  Action de la surcharge ............................................................. 372
10.3.3  Sols stratifiés ....................................................................................... 372
10.3.4  Présence d’une nappe ......................................................................... 374
10.3.5  Talus et risberme ................................................................................ 374
10.3.5.1  Surface libre de forme quelconque ............................................ 374
10.3.5.2  Talus limités en amont de l’écran ............................................. 375
10.3.5.3  Risberme ................................................................................ 376
10.3.6  Surcharges .......................................................................................... 377
10.3.6.1  Préambule ............................................................................. 377
10.3.6.2  Surcharge uniforme semi-infinie .............................................. 378
10.3.6.3  Surcharge partielle de longueur infinie ..................................... 378
10.3.6.4  Surcharges locales ................................................................... 380
10.3.7  Tranchées blindées .............................................................................. 381
10.3.7.1  Détermination de la pression des terres ..................................... 381
10.3.7.2  Action des surcharges .............................................................. 383
10.3.8  Méthode de Culmann ........................................................................ 383
10.4 Sollicitations sismiques ............................................................................. 384
10.4.1  Principe général du calcul statique équivalent ..................................... 384
10.4.2  Paramètres et formules de calcul de Ed ................................................ 386
Bibliographie ................................................................................................ 388

CHAPITRE 11.  Fondations superficielles ................................................ 389


11.1 Description, comportement et principes de justifications .................. 389
11.1.1  Définitions ......................................................................................... 389
11.1.2  Comportement d’une semelle chargée ................................................ 390
11.1.2.1  Comportement sous charge verticale ......................................... 390
11.1.2.2  Influence de l’encastrement ...................................................... 391
11.1.2.3  État de saturation du sol ......................................................... 391
11.1.2.4  Comportement sous charge excentrée ........................................ 392
11.1.2.5  Comportement sous charge inclinée .......................................... 393
11.1.2.6  Comportement en bord de pente .............................................. 394
11.1.3  Principes de justification d’une semelle superficielle ............................ 394
11.2 Capacité portante du sol .......................................................................... 395
11.2.1  Comportement du sol à la rupture ..................................................... 395
11.2.2  Formulation générale et coefficients de sécurité .................................. 396
11.2.3  Méthodes fondées sur les propriétés de cisaillement du sol .................. 399
11.2.3.1  Méthode analytique – Conditions drainées ............................... 399
11.2.3.2  Méthode analytique – Conditions non drainées ........................ 402
11.2.3.3  Méthode analytique – Prise en compte de la proximité
d’un talus .............................................................................. 402
11.2.3.4  Méthodes numériques ............................................................. 402

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Table des matières | XIX

11.2.4  Méthode basée sur les données mesurées in situ .................................. 402
11.2.4.1  Méthode pressiométrique ......................................................... 403
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11.2.4.2  Méthode à partir d’essais au pénétromètre statique .................... 409


11.2.4.3  Pénétromètre dynamique ......................................................... 411
11.2.4.4  Essais de pénétration au carottier – SPT .................................. 411
11.2.5  Semelles superficielles ancrées dans un bicouche ................................. 413
11.2.5.1  Présence d’une couche d’argile en profondeur ............................ 413
11.2.5.2  Présence d’un substratum rigide en profondeur ......................... 414
11.3 Excentrement admissible des charges ................................................... 414
11.4 Glissement .................................................................................................. 415
11.5 Justifications sous sollicitations sismiques ............................................ 416
11.5.1  Portance sous sollicitations sismiques .................................................. 417
11.5.2  Glissement sous sollicitations sismiques .............................................. 420
11.5.2.1  Fondations situées au-dessus de la nappe phréatique .................. 420
11.5.2.2  Fondations situées en dessous de la nappe phréatique ................. 420
11.6 Estimation des tassements ...................................................................... 421
11.6.1  Méthodologie – Contraintes de contact sous la fondation .................. 421
11.6.2  Détermination du tassement par la théorie de l’élasticité –
Coefficient de réaction du sol ............................................................. 422
11.6.3  Détermination du tassement par la méthode d’intégration
par tranches ........................................................................................ 425
11.6.3.1  Principe ................................................................................. 425
11.6.3.2  Répartition des contraintes en profondeur
sous une charge ponctuelle ....................................................... 425
11.6.3.3  Répartition des contraintes en profondeur
sous une semelle souple ............................................................ 426
11.6.3.4  Contrainte dans l’angle d’un rectangle et au centre
d’une semelle circulaire ........................................................... 427
11.6.3.5  Effet radier ............................................................................ 428
11.6.3.6  Diagramme de répartition des contraintes en profondeur –
Méthode des tranches .............................................................. 428
11.6.3.7  Tassement total – Correction de A. W. Skempton et
L. Bjerrum ............................................................................ 430
11.6.3.8  Semelle rigide ......................................................................... 432
11.6.4  Calcul des tassements par la méthode pressiométrique ........................ 432
11.6.4.1  Formule générale .................................................................... 432
11.6.4.2  Valeurs de Ec et Ed .................................................................. 433
11.6.5  Calcul des tassements à partir du pénétromètre statique ..................... 435
11.6.5.1  Méthode de Schmertmann ...................................................... 435
11.6.5.2  Utilisation de corrélation ........................................................ 436
11.6.6  Calcul des tassements à partir du SPT ................................................ 436
11.6.7  Tassements admissibles ....................................................................... 437
11.6.7.1  Tassement total et tassement différentiel .................................... 437
11.6.7.2  Estimation des tassements totaux ............................................. 438
11.6.7.3  Estimation des tassements différentiels ...................................... 438
11.6.7.4  Tassements admissibles ............................................................ 438

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XX | Fondations et ouvrages en terre

11.7 Déplacements et rotations – Coefficients de raideurs ........................ 440


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11.8 Fondations des machines vibrantes ....................................................... 442


11.8.1  Introduction ....................................................................................... 442
11.8.2  Réponse d’une machine vibrante ........................................................ 443
11.8.2.1  Principes du calcul ................................................................. 443
11.8.2.2  Paramètres « dynamiques » du sol ............................................. 445
11.8.2.3  Tassements dus aux vibrations ................................................. 446
11.9 Dispositions constructives ........................................................................ 447
11.9.1  Règle des 3 pour 2 .............................................................................. 447
11.9.2  Protection contre le gel ....................................................................... 447
11.9.3  Dispositions constructives spécifiques relatives aux sols gonflants
et rétractables ..................................................................................... 449
11.10 Fondations semi-profondes ..................................................................... 450
11.10.1  Définition et description des sollicitations .......................................... 450
11.10.2  Fondations semi-profondes soumises à une charge verticale centrée .... 451
11.10.2.1  Réaction verticale normale à la base ........................................ 451
11.10.2.2  Frottement vertical sur les faces latérales ................................... 451
11.10.3  Fondations semi-profondes soumises à un effort d’arrachement .......... 451
11.10.3.1  Domaine d’application – Types de massif étudiés ...................... 451
11.10.3.2  Détermination de l’effort d’arrachement à la rupture Qft .......... 452
11.10.4  Fondations semi-profondes soumises à un effort latéral ...................... 453
11.10.4.1  Réaction normale frontale horizontale ..................................... 453
11.10.4.2  Frottement horizontal à la base de la fondation ........................ 454
11.10.4.3  Frottement horizontal sur les faces latérales ............................... 454
11.10.5  Déplacement et rotation d’une fondation semi-profonde .................... 454
11.10.6  Situations de calcul et vérifications ..................................................... 454
11.10.7  Exemples de fondations semi-profondes soumises
à des efforts latéraux et de renversements ............................................ 455
11.10.7.1  Méthode de M. Cassan ........................................................... 455
11.10.7.2  Méthode du réseau d’état ........................................................ 456
11.10.7.3  Méthode simplifiée ................................................................. 457
Bibliographie ................................................................................................ 459

CHAPITRE 12.  Fondations profondes ...................................................... 461


12.1 Descriptions, comportement et principes de justifications ................ 461
12.1.1  Définitions ......................................................................................... 461
12.1.2  Comportement des fondations profondes ........................................... 461
12.1.2.1  Comportement sous charge axiale ............................................ 461
12.1.2.2  Comportement sous sollicitations transversales .......................... 464
12.1.2.3  Pieu soumis à des efforts parasites et divers ................................ 465
12.2 Principes de justifications ......................................................................... 465
12.2.1  Vérifications aux états limites .............................................................. 465

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Table des matières | XXI

12.2.2  Classement des différents types de fondations profondes .................... 465


12.2.3  Matériaux constitutifs des fondations profondes ................................. 466
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12.2.3.1  Paramètres de calcul des matériaux béton, béton armé,


coulis ou mortier à base de ciment ........................................... 467
12.2.3.2  Agressivité des eaux et des sols pour les bétons ............................ 469
12.2.3.3  Structures métalliques en acier de construction ......................... 473
12.2.3.4  Agressivité des eaux et des sols pour le métal .............................. 474
12.2.4  Capacités portantes limites sous charges verticales .............................. 477
12.2.4.1  Données théoriques et expérimentales de dimensionnement
sous charge verticale – Méthode par essais de laboratoire ............ 477
12.2.4.2  Détermination de la charge limite sous charges verticales
à partir d’essais mécaniques in situ .......................................... 480
12.2.5  États limites de portance et de traction ............................................... 495
12.2.5.1  Portance d’une fondation profonde isolée (ELU, compression) .... 495
12.2.5.2  Résistance de traction d’une fondation profonde isolée
(ELU, traction) ...................................................................... 496
12.2.5.3  Fondation profonde isolée sous charge axiale de compression
à l’ELS (ELS, compression) ..................................................... 496
12.2.5.4  Fondation profonde isolée sous charge axiale de traction
à l’ELS (ELS, traction) ........................................................... 497
12.2.6  Méthodes de calcul sous chargement axial .......................................... 497
12.2.6.1  Méthode de calcul à partir d’essais de pieux .............................. 498
12.2.6.2  Procédure du pieu modèle ....................................................... 499
12.2.6.3  Procédure du modèle de terrain ............................................... 502
12.2.6.4  Présence d'une couche sous-jacente peu résistante ....................... 505
12.2.6.5  Réduction du frottement axial limite sous effort de traction ....... 507
12.3 Tassement des pieux ................................................................................. 508
12.4 Portance d’un groupe de pieux ............................................................... 509
12.4.1  Comportement d’un groupe de pieux ................................................. 509
12.4.2  Effet de groupe lié au rapprochement des pieux .................................. 510
12.4.3  Effet de groupe lié au comportement du bloc ..................................... 511
12.4.4  Tassement d’un groupe de fondations profondes ................................ 511
12.5 Résistance de traction d’un groupe de fondations profondes ........... 512
12.5.1  Combinaisons d’actions et coefficients de sécurité .............................. 513
12.5.2  Résistance mobilisable par le groupe de fondations profondes ............ 513
12.5.2.1  Volume unitaire associé en sol homogène à frottement
interne prédominant ............................................................... 515
12.5.2.2  Volume unitaire associé en sol homogène
à cohésion prédominante ......................................................... 515
12.5.2.3  Réduction du volume d’influence ............................................. 515
12.5.3  Résistances mobilisables complémentaires .......................................... 516
12.6 Pieux soumis à des sollicitations non verticales en tête ..................... 517
12.6.1  Nature des sollicitations ...................................................................... 517
12.6.2  Lois d’interaction sol-pieu .................................................................. 517

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XXII | Fondations et ouvrages en terre

12.6.3  Résolution dans le domaine élastique ................................................. 520


12.6.3.1  Équations générales ................................................................ 520
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12.6.3.2  Pieu à géométrie et inertie constantes et sol homogène ................ 521


12.6.3.3  Applications pratiques ............................................................. 522
12.7 Efforts parasites sur les pieux .................................................................. 523
12.7.1  Frottement négatif .............................................................................. 523
12.7.1.1  Description du phénomène ...................................................... 523
12.7.1.2  Méthode de calcul .................................................................. 524
12.7.1.3  Application pratique ............................................................... 527
12.7.1.4  Frottement négatif sur les pieux d’un groupe ............................. 529
12.7.2  Fluage latéral d’une couche compressible ............................................ 530
12.7.2.1  Description du phénomène ...................................................... 530
12.7.2.2  Méthode de Tschebotarioff ....................................................... 531
12.7.2.3  Principe de la méthode en g(z) ................................................ 531
12.7.3  Flambement des pieux ........................................................................ 533
12.7.3.1  Méthode de M. Mandel .......................................................... 533
12.7.3.2  Pieu avec hauteur libre ........................................................... 534
12.7.3.3  Prise en compte d’un défaut de forme ....................................... 534
12.7.3.4  Vérification du non-flambement d’un micropieu ....................... 534
12.8 Contrôle de l’intégrité des pieux ............................................................. 536
12.9 Considérations parasismiques ................................................................. 539
12.9.1  Détermination des ressorts de pieux ................................................... 540
12.9.1.1  Matrice de rigidité ................................................................. 540
12.9.1.2  Matrice de souplesse ................................................................ 541
12.9.1.3  Détermination des termes de la matrice de souplesse .................. 541
12.9.1.4  Détermination de la raideur verticale
sous sollicitations sismiques ...................................................... 544
12.9.2  Détermination des effets cinématiques ............................................... 544
12.9.2.1  Déplacement en surface ........................................................... 544
12.9.2.2  Profil du g(z) dans le cas d’un sol monocouche .......................... 544
12.9.2.3  Profil du g(z) dans le cas d’un sol bicouche ............................... 545
12.9.3  Justification de dimensionnement ...................................................... 546
12.9.3.1  Capacité portante et de traction ............................................... 546
12.9.3.2  Reprise d’efforts horizontaux et de moments .............................. 546
Bibliographie ................................................................................................ 547

CHAPITRE 13.  Ouvrages de soutènement .......................................... 549


13.1 Préambule – Classification des soutènements ..................................... 549
13.2 Critères de choix ........................................................................................ 550
13.3 Murs de soutènement .............................................................................. 552
13.3.1  Remarque préliminaire – Notion d’écran fictif .................................... 552
13.3.2  Définition des actions ......................................................................... 553
13.3.3  Approche de calcul et combinaisons d’actions .................................... 554

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Table des matières | XXIII

13.3.4  Justification d’un mur de soutènement sous sollicitations statiques ..... 555
13.3.4.1  Démarche générale ................................................................. 555
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13.3.4.2  Stabilité générale (ELU) ......................................................... 556


13.3.4.3  Résistance structurelle (ELU) ................................................... 557
13.3.4.4  Portance du sol support (ELU et ELS) ..................................... 557
13.3.4.5  Limitation de l’excentrement (ELU et ELS) ............................. 558
13.3.4.6  Glissement sur la base du mur (ELU) ...................................... 558
13.3.4.7  Autres vérifications ................................................................. 559
13.3.5  Justification d’un mur de soutènement sous séisme (Eurocode 8) ....... 559
13.4 Écrans de soutènement ............................................................................ 559
13.4.1  Classification, fonctionnement et méthodes de calcul ......................... 559
13.4.2  Déformations admissibles de la paroi .................................................. 562
13.4.3  Méthode élastoplastique ..................................................................... 562
13.4.3.1  Principe ................................................................................. 562
13.4.3.2  Détermination du coefficient de réaction horizontal .................. 564
13.4.3.3  Autres paramètres liés au sol .................................................... 566
13.4.3.4  Produit d’inertie de la paroi .................................................... 566
13.4.3.5  Poussée et butée sur une paroi discontinue ................................ 567
13.4.3.6  Butons et tirants ..................................................................... 568
13.4.3.7  Tirants d’ancrages .................................................................. 569
13.4.3.8  Autres paramètres ................................................................... 570
13.4.3.9  Phasage ................................................................................. 570
13.4.3.10  Calcul ................................................................................... 571
13.4.4  Dimensionnement des parois à la rupture (MEL) ............................... 571
13.4.4.1  Principe ................................................................................. 571
13.4.4.2  Vérification de la fiche ............................................................ 573
13.4.4.3  Vérification de la contre-butée (approche simplifiée) .................. 573
13.4.4.4  Calcul à la rupture d’un rideau ancré en tête
et encastré en pied .................................................................. 574
13.4.5  Justification d’un écran de soutènement sous sollicitations statiques
(NF P94-282) .................................................................................... 575
13.4.5.1  Démarche générale ................................................................. 575
13.4.5.2  Stabilité générale (ELU) ......................................................... 576
13.4.5.3  Défaut de butée (ELU) ........................................................... 577
13.4.5.4  Résistance structurelle (ELS et ELU) ........................................ 578
13.4.5.5  Stabilité du fond de fouille (ELU) ........................................... 580
13.4.5.6  Poinçonnement et capacité portante du sol support
(ELU et ELS) ........................................................................ 580
13.4.5.7  Stabilité du massif d’ancrage (ELU) ........................................ 581
13.4.5.8  Résistance des ancrages (ELU et ELS) ...................................... 584
13.4.5.9  Résistance de l’appui (ELU et ELS) ......................................... 589
13.4.5.10  Ruines d’origine hydraulique (ELU) ........................................ 589
13.4.6  Justification d’un écran de soutènement sous séisme (Eurocode 8) ...... 589
13.5 Massifs de sols renforcés et parois clouées .......................................... 590
13.5.1  Classification des ouvrages en remblai renforcé ................................... 590
13.5.2  Description d’une paroi clouée ........................................................... 592

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XXIV | Fondations et ouvrages en terre

13.5.3  Justification sous sollicitations statiques .............................................. 594


13.5.3.1  Démarche générale ................................................................. 594
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13.5.3.2  Écran fictif ............................................................................. 596


13.5.3.3  Mobilisation des efforts dans les renforcements .......................... 596
13.5.3.4  Actions et sollicitations ............................................................ 596
13.5.3.5  Stabilité générale (ELU) ......................................................... 597
13.5.3.6  Stabilité externe (ELU) .......................................................... 598
13.5.3.7  Stabilité interne (ELU) .......................................................... 601
13.5.3.8  Stabilité mixte (ELU) ............................................................. 620
13.5.3.9  États limites de services – Déformations ................................... 622
13.5.4  Justification sous sollicitations sismiques ............................................. 623
Bibliographie ................................................................................................ 624

CHAPITRE 14.  Fondations mixtes, amélioration


et renforcement des sols ............................................... 625
14.1 Présentation générale ............................................................................... 625
14.2 Fondations mixtes ..................................................................................... 626
14.2.1  Principe .............................................................................................. 626
14.2.2  Définitions et hypothèses ................................................................... 626
14.2.3  Détermination de la charge limite d’une fondation mixte
pour H ≥ BS ....................................................................................... 627
14.2.4  Estimation des tassements – Cas général H ≥ BS ................................. 628
14.2.4.1  Principe – Compressibilité de la fondation mixte ...................... 628
14.2.4.2  Lois charge-déformation ......................................................... 628
14.2.5  Cas particulier des pieux courts : H < BS ............................................. 630
14.3 Amélioration et renforcement des sols d’assise ................................... 631
14.3.1  Introduction ....................................................................................... 631
14.3.2  Procédés de substitution ..................................................................... 632
14.3.2.1  Principe ................................................................................. 632
14.3.2.2  Domaine d’application ........................................................... 633
14.3.2.3  Mise en œuvre ........................................................................ 633
14.3.2.4  Avantages, inconvénients, limites ............................................. 633
14.3.2.5  Principe de dimensionnement .................................................. 634
14.3.2.6  Contrôles d’exécution .............................................................. 634
14.3.3  Procédés par traitement dans la masse ................................................. 634
14.3.3.1  Préchargement ....................................................................... 634
14.3.3.2  Vibrocompactage ou vibroflottation ......................................... 639
14.3.3.3  Compactage dynamique .......................................................... 641
14.3.3.4  Injection solide ....................................................................... 644
14.3.4  Procédés par inclusion de matériaux d’apport ..................................... 646
14.3.4.1  Inclusions souples par colonnes ballastées .................................. 646
14.3.4.2  Inclusions souples par plots ou puits ballastés ............................ 651
14.3.4.3  Autres types d’inclusions souples ............................................... 652

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Table des matières | XXV

14.3.4.4  Inclusions rigides en béton ou mortier de petit diamètre ............ 653


14.3.4.5  Inclusions rigides de sols traités aux liants ................................. 661
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14.3.4.6  Inclusions rigides réalisées par jet ............................................. 663


14.3.4.7  Inclusions composites .............................................................. 667
14.3.5  Procédés par traitement du sol ............................................................ 667
14.3.5.1  Traitement des sols aux liants .................................................. 667
14.3.5.2  Injections ............................................................................... 668
14.3.6  Autres procédés .................................................................................. 671
14.3.7  Amélioration du sol et génie parasismique .......................................... 671
14.3.7.1  Généralités ............................................................................. 671
14.3.7.2  Amélioration du sol dans la masse ............................................ 672
14.3.7.3  Inclusions souples .................................................................... 673
14.3.7.4  Inclusions rigides .................................................................... 674
Bibliographie ................................................................................................ 676

CHAPITRE 15.  Conception et dimensionnement


des ouvrages hydrauliques .......................................... 679
15.1 Généralités sur les ouvrages hydrauliques ............................................ 679
15.2 Étude du débit d’écoulement sous ou à travers un ouvrage ............. 680
15.2.1  Généralités ......................................................................................... 680
15.2.2  Écran vertical dans une couche perméable .......................................... 680
15.2.2.1  Solution analytique pour un écran vertical sans fouille .............. 680
15.2.2.2  Écran vertical avec ou sans fouille dans une couche perméable
d’épaisseur limitée .................................................................. 681
15.2.3  Batardeaux avec ou sans fouille de longueur infinie ............................. 682
15.2.3.1  Définition des batardeaux larges et étroits ................................ 682
15.2.3.2  Batardeaux larges avec ou sans fouille ...................................... 683
15.2.3.3  Batardeaux étroits sans fouille ................................................. 683
15.2.3.4  Batardeaux étroits avec fouille ................................................. 683
15.2.4  Batardeaux avec ou sans fouille de longueur finie ................................ 683
15.2.4.1  Batardeaux circulaires, carrés ou rectangulaires ........................ 683
15.2.4.2  Rideaux parallèles .................................................................. 684
15.2.5  Tranchées et canaux ............................................................................ 685
15.2.5.1  Fouille de longueur finie à la surface d’une couche
perméable épaisse .................................................................... 685
15.2.5.2  Débit de fuite d’un canal ........................................................ 685
15.3 Drainage et rabattement .......................................................................... 686
15.3.1  Techniques diverses ............................................................................ 686
15.3.2  Règles des filtres ................................................................................. 687
15.4 Rupture du fond de fouille d’origine hydraulique ................................ 688
15.4.1  Généralités ......................................................................................... 688
15.4.2  Soulèvement hydraulique global du terrain (UPL) .............................. 688
15.4.3  Soulèvement hydraulique des particules de sol – Boulance (HYD) ..... 688

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XXVI | Fondations et ouvrages en terre

15.4.4  Rupture par érosion interne – Suffusion ............................................. 689


15.4.5  Rupture par érosion régressive (renard hydraulique) ........................... 689
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15.4.6  Stabilité du fond de fouille (renard solide) .......................................... 690


15.5 Digues et barrages en terre ...................................................................... 692
15.5.1  Principaux types de barrages en terre .................................................. 692
15.5.2  Réseaux d’écoulement ........................................................................ 693
15.5.2.1  Détermination de la surface phréatique ................................... 693
15.5.2.2  Débit, pression interstitielle, règle de Lane ................................ 694
15.5.3  Stabilité des talus ................................................................................ 696
15.5.3.1  Types de vérification ............................................................... 696
15.5.3.2  Stabilité en fin de construction ................................................ 696
15.5.3.3  Stabilité en régime permanent ................................................. 697
15.5.3.4  Vidange rapide ....................................................................... 697
Bibliographie ................................................................................................ 698

Symboles et notations ....................................................................................... 699

Annexes ................................................................................................................ 729


Annexe A – Norme NF P94-500 du 30 novembre 2013 .................................... 729
Annexe B – Échelle stratigraphique internationale ............................................. 734
Annexe C – Équation générale de l’écoulement permanent ................................ 737
Annexe D – Force d’écoulement ....................................................................... 739
Annexe E – Résolution mathématique de la théorie de la consolidation
d’après Terzaghi et Froehlich .......................................................... 742
Annexe F – Cercle de Mohr ............................................................................. 746
Annexe G – Corrélations entre paramètres de sol ............................................... 748
Annexe H – Coefficients de sécurité partiels de l’EC7 ........................................ 759
Annexe I – Méthode des tranches de Bishop ..................................................... 775
Annexe J – Liste des normes du domaine géotechnique ..................................... 777

Index ..................................................................................................................... 783

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PRÉFACE

À un stade ou un autre, un projet de construction quel qu’il soit est toujours confronté à la
géotechnique. Il faut bien fonder toutes les constructions ! Les routes, voies ferrées, installa-
tions portuaires entraînent des terrassements parfois gigantesques.
Que ce soit les bureaux d’études, les entrepreneurs ou les contrôleurs, les ingénieurs qui parti-
cipent à l’acte de construire ont besoin de s’appuyer sur des bases solides pour accomplir leurs
missions.
Comme dans toute discipline, il convient de comprendre qualitativement les phénomènes
abordés. Comment s’attaquer à un problème de stabilité de pente sans comprendre physique-
ment le mécanisme d’un glissement de terrain ? Cette partie descriptive est essentielle.
Dans un deuxième temps, il convient de quantifier le problème et de mettre en œuvre des
solutions constructives adaptées et, pour cela, disposer des méthodes de calculs actuellement
utilisées.
Dans l’esprit des précédentes éditions, cet ouvrage a pour objet de répondre à ces objectifs. La
complémentarité des quatre auteurs, avec lesquels j’ai eu le plaisir de former une équipe très
soudée, est, de ce point de vue, remarquable. Ce sont tous les quatre des hommes de terrain
qui mettent chaque jour leurs connaissances au service de réalisations concrètes.
Bertrand Hubert, docteur en géologie, a acquis au cours de sa carrière tant en bureau d’études
de sol qu’en qualité de spécialiste sols et fondations de l’Agence Nationale Construction de
Socotec une grande expérience. Il aborde les sujets avec son œil de géologue car la nature ne
se résume pas uniquement à des équations.
Moulay Zerhouni, docteur en mécanique des sols de l’École centrale de Paris qui a fait toute
sa carrière dans de grands bureaux de géotechnique (Sopena, Solen, Arcadis et maintenant
Fondasol), maîtrise totalement les méthodes de calcul.
Bruno Philipponnat, ingénieur IDN (Centrale Lille), qui par ailleurs me fait la grande joie
d’être mon fils, s’est d’abord spécialisé dans la maîtrise d’œuvre d’ouvrages géotechniques.
Il  dirige maintenant le bureau de géotechnique et de maîtrise d’œuvre Sogeo Expert et le
laboratoire Mageo.
Olivier Payant, ingénieur diplômé de Polytech Lille, est un expert reconnu des probléma-
tiques de fondations et de soutènements pour les projets de génie civil et de bâtiment. Il a
notamment exercé pendant treize années au sein de la Direction Technique Construction de
Socotec en tant que spécialiste sols et fondations, avant d’intégrer le bureau d’études Terrasol
(groupe Setec) en 2019.

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XXVIII | Fondations et ouvrages en terre

L’esprit que j’avais essayé de donner à l’ouvrage éponyme que j’avais publié en 1978 puis
refondu avec l’aide précieuse de Bertrand Hubert en 1997 a été parfaitement conservé. Un
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travail énorme de mise à jour et de complément a été fait par les quatre co-auteurs, en parti-
culier vis-à-vis des méthodes de calcul, rendues conformes aux Eurocodes.
Que ce soit les étudiants, les ingénieurs d’études ou les autres participants à l’acte de construire,
ils trouveront tous ici un outil de travail précieux pour les aider à résoudre les problèmes liés
à la géotechnique auxquels ils seront confrontés.

Gérard Philipponnat
Ingénieur ETP
Professeur honoraire
au Centre des hautes études
de la construction

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AVANT-PROPOS

En visite chez des confrères structuralistes, il m’arrive de trouver encore sur des bureaux
d’ingénieurs le « petit livre vert » de Gérard Philipponnat et d’entendre certains anciens élèves
au Centre des hautes études de la construction parler de l’enseignement en géotechnique que
ce dernier y dispensait.
De ses cours, il avait su tirer un ouvrage traitant des applications pratiques de la géotech-
nique, destiné aux ingénieurs et techniciens du domaine de la construction. Ouvrage pratique,
clair, cohérent et didactique qui eut un succès dans le milieu des bureaux d’études, des entre-
prises et aussi auprès des étudiants.
Gérard Philipponnat, après son arrivée au sein du bureau d’études Sopena, envisagea la mise
à jour de Fondations et ouvrages en terre à laquelle il me fit l’honneur de m’associer. Une
vingtaine d’années ayant passé et après de multiples retirages, au vu de l’évolution de la
normalisation dans le domaine de la géotechnique, avec notamment la mise en pratique des
Eurocodes et les normes nationales d’application qui en ont résulté, sans oublier la nouvelle
réglementation parasismique, il est apparu nécessaire de donner une suite à ce que beaucoup
de praticiens appelaient la Bible en géotechnique, quitte à oser ce blasphème.
Sachant la rude tâche en laquelle cette refonte allait consister, je fis appel à certains de mes
anciens collègues, dont j’avais pu, en travaillant à leur côté, apprécier les compétences :
Bruno Philipponnat, Olivier Payant et Moulay Zerhouni.
Si nous avons souhaité garder le titre « fétiche » de Fondations et ouvrages en terre, c’est bien sûr
en hommage à son inventeur, mais aussi afin de montrer que l’esprit pratique de ce manuel
était préservé. Les anciens utilisateurs ne seront donc pas décontenancés par cette nouvelle
mouture, où le canevas de l’ouvrage initial a été repris.
La première partie présente les bases nécessaires à l’étude du comportement théorique des sols
sollicités par la construction d’ouvrages ou l’action d’efforts d’origine naturelle. Dans
l’optimi­sation technique et économique d’un projet de construction, bâtiment ou ouvrage de
génie civil, il n’est pas d’éléments qui puissent présenter des variations aussi importantes que
ceux liés à la géologie, ou l’hydrogéologie, d’où la préséance accordée à ces disciplines. Sur la
base des propriétés géotechniques des sols, caractéristiques physiques et mécaniques, et des
données hydrauliques, les relations fondamentales de la mécanique des sols constituent le
socle des calculs de dimensionnement des ouvrages. L’adéquation et la qualité des investiga-
tions, indispensables à la caractérisation des paramètres géotechniques applicables aux calculs,
conditionnent l’évaluation correcte des risques ainsi que la pertinence du dimensionnement
des ouvrages géotechniques. En conséquence, le chapitre relatif aux méthodes de reconnais-
sance des sols, aux essais in situ et de laboratoire est particulièrement développé. La partie

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XXX | Fondations et ouvrages en terre

concernant les essais de laboratoire, trop souvent délaissés au profit des essais sur les sols en
place, a été notablement privilégiée.
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La deuxième partie est consacrée aux différents ouvrages géotechniques dans leur conception
et leur dimensionnement :
• les ouvrages en terre et aménagements de terrains ;
• les fondations, superficielles et profondes, ainsi que les fondations mixtes ;
• les ouvrages de soutènements ;
• l’amélioration et le renforcement des sols ;
• les ouvrages hydrauliques.

Les méthodes de calcul dont l’ingénieur aura le plus couramment besoin ont été développées,
dans le respect des méthodes décrites dans les textes de l’Eurocode 7 et des annexes d’applica-
tion nationale qui lui ont été associées. Par ailleurs, il n’était pas possible d’ignorer que le Plan
Séisme a étendu à plus de la moitié des communes du territoire français l’application des
normes de construction parasismique. Une partie de cet ouvrage traite donc du génie para­
sismique et on y trouvera les grandes lignes de conception et de dimensionnement des
ouvrages géotechniques vis-à-vis du risque sismique.
En complément d’un index des termes techniques, le lecteur trouvera également à travers un
glossaire l’outil lui permettant de s’y retrouver dans la profusion des symboles et notations
utilisés dans cet ouvrage, le plus souvent issus des documents normatifs.
En complément des références bibliographiques rassemblant les différents documents source
utilisés pour chaque chapitre, les normes spécifiques au domaine de la géotechnique, en
vigueur à la date de rédaction de cet ouvrage et utilisées dans le cadre de cet ouvrage, ont été
réunies en adoptant un mode de classement basé sur leur codification identifiant leur origine
et leur statut.
Parmi les annexes, on trouvera diverses démonstrations et résolutions mathématiques rela-
tives à des développements purement théoriques. Par ailleurs, bien que les corrélations entre
paramètres géotechniques doivent être utilisées avec précaution, elles peuvent néanmoins
s’avérer très utiles en phase d’avant-projet et contribuer à un travail de synthèse. Les corréla-
tions les plus courantes issues de la littérature ont été reprises ici. Afin d’épargner des
recherches fastidieuses au sein des documents normatifs, il a été jugé profitable de rassembler
au sein de tableaux divers coefficients partiels nécessaires à la détermination des valeurs de
calcul, voire aux calculs de dimensionnement de certains ouvrages géotechniques.
Que les utilisateurs de ce manuel soient étudiants, ingénieurs d’études ou autres participants
à l’acte de construire, nous espérons qu’ils trouveront tous ici un outil de travail précieux pour
les aider à résoudre les problèmes liés à la géotechnique auxquels ils seront confrontés.

Bertrand Hubert

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INTRODUCTION

Normalisation en géotechnique

Introduction
Une norme est un document de référence approuvé par un institut de normalisation reconnu
tel que l’Afnor, en France. Elle définit des caractéristiques et des règles volontaires applicables
aux activités. Elle est le consensus entre l’ensemble des parties prenantes d’un marché ou d’un
secteur d’activité. Elle permet de définir un langage commun entre les acteurs économiques
– producteurs, utilisateurs et consommateurs –, de clarifier, d’harmoniser les pratiques et de
définir le niveau de qualité, de sécurité, de compatibilité et de moindre impact environne-
mental des produits, services et pratiques.
Les normes facilitent les échanges commerciaux, tant nationaux qu’internationaux, et contri-
buent à mieux structurer l’économie et à faciliter la vie quotidienne de chacun. À l’exception
de quelques normes réglementaires dont l’application est obligatoire, comme certaines
normes relatives à la sécurité des personnes, les normes sont en général d’application volon-
taire ou contractuelle.
Les champs couverts par les normes sont aussi variés que les activités économiques et
répondent aux questions de société.
C’est ainsi que les recommandations d’une norme peuvent porter aussi bien sur des produits,
des procédés, des bonnes pratiques, des méthodes de mesure et d’essais, des systèmes d’organi­
sation, des méthodes de calcul, etc.
Ces dernières décennies, la normalisation dans le domaine de la géotechnique s’est largement
intensifiée sous l’impulsion des instances de normalisation européenne (CEN : Comité
européen de normalisation) et internationale (ISO  : International Organization for
Standardization), ainsi qu’au niveau des instituts de normalisation nationaux des pays
membres de ces instances, par exemple l’Afnor, le DIN, le BSI, etc., au travers des groupes et
comités de normalisation miroirs.
Un aperçu de l’organisation des structures normatives œuvrant pour la normalisation en
géotechnique et une synthèse des principales normes publiées ou en cours d’élaboration sont
présentés ci-après.

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2 | Introduction

1. Les organismes de normalisation


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Dans un souci d’harmonisation et pour faciliter les échanges, les normes sont majoritaire-
ment élaborées au niveau international. En effet, désormais, les normes peuvent être élabo-
rées non seulement au niveau du pays sous l’égide de l’institut ou du bureau de normalisation
national correspondant, comme l’Afnor en France, mais également au niveau européen, sous
l’égide du CEN et de ses commissions techniques, ou encore au niveau international ISO, qui
dispose également de commissions techniques correspondantes selon le domaine couvert par
la norme considérée.
Des accords internationaux permettent d’harmoniser et de transposer les normes entre ces
niveaux CEN et ISO et les pays qui s’y rattachent.
L’un des principaux accords de coopération technique entre CEN et ISO est connu sous le
nom de Vienna Agreement (CEN et ISO, 2001).
Cet accord, qui régit aujourd’hui le fonctionnement de la normalisation CEN et ISO, prévoit
deux modes essentiels pour le développement collaboratif de normes : le mode où l’ISO est
pilote (ISO lead) et le mode où le CEN est pilote (CEN lead). Les projets de normes et les
documents sont élaborés par l’un des modes et sont soumis à l’approbation simultanée de
l’autre mode.
Dans ce contexte, aujourd’hui plus de 80 % des normes du domaine de la construction, du
bâtiment et des travaux publics, dont fait partie la géotechnique, sont désormais élaborées
soit au niveau européen, avec un pilotage du CEN, soit au niveau international, avec un pilo-
tage de l’ISO. Les normes élaborées au niveau du CEN et celles élaborées par l’ISO dans le
cadre de l’accord de Vienne conduisent obligatoirement les pays européens à reprendre et à
transposer les normes homologuées européennes dans leur collection nationale de normes
(ex. en France NF EN… ou NF EN/ISO… ou NF ISO…) et à supprimer les normes du pays
(ex. NF) qui sont en contradiction avec ces normes européennes.

2. Les instances de normalisation en géotechnique


En France, différentes commissions de normalisation (CN) sont responsables des travaux
normatifs dans le domaine de la géotechnique et des domaines connexes et apparentés. La
plupart de ces commissions dépendent du Bureau de normalisation des transports, des routes
et de leurs aménagements (BNTRA).
Au niveau européen (CEN) et au niveau international (ISO), ce sont les comités techniques
(TC : Technical Committees) consacrés au domaine géotechnique et aux domaines connexes
qui sont chargés de l’élaboration des normes de ces domaines. À ces comités techniques sont
rattachés des groupes de travail (WG : Working Groups), affectés aux travaux d’élaboration
d’une collection identifiée de normes.
Les commissions de normalisation françaises (CN) ont pour mission de gérer les normes
nationales et de servir de groupe miroir pour les comités techniques du CEN et de l’ISO, et,
notamment, de préparer les positions françaises pour les discussions européennes et interna-
tionales relatives à l’élaboration, la maintenance et à l’évolution des normes.

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Les différents types de norme | 3

Le tableau 1 ci-après donne la correspondance entre les commissions de normalisation fran-


çaises et les différents comités techniques CEN et ISO.
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Tableau 1. Correspondance des commissions françaises, européennes et internationales (source BNTRA 2017)

Domaine Nombre de France CEN ISO


normes

Justification des ouvrages géotechniques 9 CN JOG TC250/SC7 TC182

Reconnaissances et essais géotechniques 114 CN REG TC341 TC182

Exécution des travaux géotechniques 15 CN ETG TC288 -

Géosynthétiques 93 CN GSY TC189 TC122

Terrassements 42 CN T TC396 -

Granulats 67 CN GRA TC154 -

Paravalanches 10 CN PAB - -

Missions géotechniques 1 CN MG - -

3. Les différents types de norme


Une norme est un document de référence qui apporte des réponses à des questions techniques
et commerciales que se posent de façon répétée les acteurs sur des produits, des biens d’équipe­
ments ou des services. Elle est élaborée en consensus par l’ensemble des acteurs d’un marché
(producteurs, utilisateurs, laboratoires, pouvoirs publics, consommateurs, etc.). Elle a pour
vocation de présenter l’état de l’art, reconnu par l’ensemble des parties concernées par une
technique ou une pratique répétitive.
Étant le fruit d’une réflexion approfondie des experts qui participent à sa mise au point, une
norme est établie par consensus et approuvée par un organisme reconnu. Elle fournit des
règles, des lignes directrices ou des caractéristiques pour des activités, ou leurs résultats,
garantis­sant un niveau d’ordre optimal dans un contexte donné.
Une norme doit être univoque et non ambiguë. Son respect doit garantir un résultat et donc
des décisions basées sur ce résultat de manière reproductible et avec une marge d’erreur
connue à l’avance. C’est pourquoi elle est utilisée dans les marchés comme spécification
technique, dans les contrats commerciaux pour clarifier les relations client-fournisseur, dans
l’évaluation de la compétence et de la capacité à atteindre la qualité en vue d’accréditation ou
de certification, et dans bien d’autres applications.
De par son mode d’élaboration, elle constitue un référentiel accepté par tous.
Une norme est d’application volontaire et contractuelle. Mais, de manière réglementaire, les
pouvoirs publics d’un pays peuvent rendre certaines normes d’application obligatoire. C’est
notamment le cas pour des raisons d’ordre public, de sécurité publique, de protection de
l’environ­nement, de protection du patrimoine national, de loyauté des transactions commer-
ciales, de défense du consommateur, etc.

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4 | Introduction

À titre d’exemple, il y a en France près de 150 normes homologuées d’application obligatoire,


ce qui représente environ 1 % de l’ensemble des normes homologuées. Parmi ces normes
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d’application obligatoire, on peut citer, par exemple, certaines parties de l’Eurocode  8


(NF EN 1998), relatif à la sécurité des structures sous séisme, certaines normes sur la sécurité
au travail et également des normes sur la prévention en cas de travaux à réaliser à proximité
de réseaux (NF S70-003).
Les principaux types de normes ou de documents normatifs qui peuvent être publiés par les
instituts de normalisation sont résumés ci-après. En France, ces normes peuvent être d’origine
française, européenne (EN) ou internationale (ISO).
La référence d’une norme comporte des sigles qui permettent d’identifier son statut. Par
exemple, en France, la codification est la suivante :
• « NF », « NF EN », « NF ISO » et « NF EN ISO » : il s’agit là de normes homologuées,
d’origine, respectivement, française, européenne, internationale ou européenne et inter­
nationale en cas d’accord. L’homologation est une officialisation publique d’une norme en
raison de sa destination (référence dans la réglementation, les contrats ou les marchés
publics, codification des règles de l’art…) ;
• « XP », « CEN/TS », « ISO/TS » : lorsqu’il s’agit de normes expérimentales, d’origine,
respectivement, française, européenne ou internationale. Les normes expérimentales
doivent faire l’objet, dans un délai n’excédant pas cinq ans après leur publication, d’un
nouvel examen par la commission de normalisation compétente, en vue soit de les
soumettre à l’homologation, soit de les remettre à l’étude, soit de les supprimer ;
• « FD », « CEN/TR », « ISO/TR » : lorsqu’il s’agit de fascicules de documentation (technical
report), d’origine, respectivement, française, européenne ou internationale. Ce sont des
documents de normalisation à caractère essentiellement informatif ;
• « AC », « CWA », « IWA » : lorsqu’il s’agit d’accords techniques (workshop agreement),
d’origine, respectivement, française, européenne ou internationale. Dans cette catégorie,
on peut inclure également les guides d’application « GA » et les référentiels de bonne
pratique « BP ».

4. Le panel normatif en géotechnique


Dans le domaine de la géotechnique et ceux connexes ou apparentés, le catalogue de normes
comporte plusieurs catégories qui peuvent être listées comme suit, avec :
• des normes de conception, justification et calcul, par exemple les Eurocodes, leurs annexes
nationales et les normes d’application nationale associées ;
• des normes d’essais, comme les normes de prélèvements et d’essais géotechniques in situ
ou en laboratoire et les essais sur ouvrages géotechniques et leur instrumentation ;
• des normes de classification et de spécification de produits, par exemple les géotextiles,
géomembranes et produits apparentés, les granulats, les bétons, les liants hydrauliques
y compris ceux destinés au traitement des sols, les graves traitées, les classifications de sols,
les filets et dispositifs de protection contre la chute de blocs, etc. ;
• des normes d’exécution de travaux géotechniques spéciaux, comme celles relatives à la
réalisation de pieux, de parois, de sol renforcé, d’injections, d’amélioration des sols, etc. ;

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Le panel normatif en géotechnique | 5

• des normes d’organisation et de certification, comme celles relatives à la qualification


des  personnels et des entreprises, ou encore celle relative aux missions
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d’ingénierie géotechnique.

4.1. Normes de conception – Les Eurocodes


Les Eurocodes sont des codes européens (CEN) de conception et de calcul des ouvrages de
bâtiment et de génie civil. Ils ont le statut de normes volontaires, et ont été transposés en
normes nationales dans les États membres du Comité européen de normalisation (CEN).
En France, depuis 2010 (fin de la période de transition), ils remplacent officiellement les
normes ou règlements nationaux équivalents existants.
Les Eurocodes servent de documents de référence pour les usages suivants :
• comme moyen de prouver la conformité des bâtiments et des ouvrages de génie civil aux
exigences essentielles de la directive Produits de la construction (directive DPC, 89/106/
CEE et règlement UE, 305/2011), en particulier :
–– l’exigence essentielle n° 1 Stabilité et résistance mécanique ;
–– l’exigence essentielle n° 2 Sécurité en cas d’incendie ;
–– l’exigence essentielle n° 7 Utilisation durable des ressources naturelles ;
• comme base de spécification des contrats pour les travaux de construction et les services
techniques associés (ex. ingénierie, CCTP, DCE) ;
• comme cadre d’établissement de spécifications techniques harmonisées pour les produits
de construction (marquage CE et agréments ATE).
Le programme des Eurocodes structuraux compte aujourd’hui dix Eurocodes :
• EN 1990 : Eurocode 0 Bases du calcul des structures,
• EN 1991 : Eurocode 1 Actions sur les structures,
• EN 1992 : Eurocode 2 Calcul des structures en béton,
• EN 1993 : Eurocode 3 Calcul des structures en acier,
• EN 1994 : Eurocode 4 Calcul des structures mixtes acier-béton,
• EN 1995 : Eurocode 5 Calcul des structures en bois,
• EN 1996 : Eurocode 6 Calcul des ouvrages en maçonnerie,
• EN 1997 : Eurocode 7 Calcul géotechnique,
• EN 1998 : Eurocode 8 Calcul des structures pour leur résistance aux séismes,
• EN 1999 : Eurocode 9 Calcul des structures en aluminium.

La transposition de l’Eurocode 7 Calcul géotechnique dans chaque pays européen, comme en


France, a conduit à la publication des normes homologuées suivantes :
• la norme NF EN 1997-1, Calcul géotechnique - Règles générales, publiée en juin 2005 par
l’Afnor (P94-251-1), et son amendement A1 d’avril 2014, qui apporte des corrections au
texte initial et complète la section 8 de la norme EN 1997-1 ;
• l’annexe nationale française NF- EN 1997-1/AN, publiée en septembre 2006 par l’Afnor.
Cette annexe nationale est actuellement en cours de révision ;
• la norme NF EN 1997-2, Calcul géotechnique - Reconnaissance des terrains et essais
géotechniques, publiée en septembre 2007 par l’Afnor (P94-252 - 2e tirage).

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6 | Introduction

La transposition est complétée par les normes d’application nationale suivantes :


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• Fondations superficielles (NF P94-261 : juin 2013 et amendement A1 de février 2017) ;


• Fondations profondes (NF P94-262 : 2e tirage de 01/2013, dont l’amendement A1 a été
publié en 2018) ;
• Murs de soutènement (NF P94-281 : avril 2014) ;
• Écrans de soutènement (NF P94-282 : mars 2009 et amendement A1 de février 2015) ;
• Remblais renforcés et clouage (NF P94-270 : juillet 2009 - 2e tirage).
Ces normes annulent et remplacent certains textes de référence comme le fascicule  62 -
titre V ou les normes NF P94-220 et NF P94-240.
Il est à noter qu’une révision de l’Eurocode 7 a été lancée en 2015 par le TC250/SC7 du
CEN, avec un objectif de parution du nouvel Eurocode 7 à l’horizon 2020.

4.2. Normes d’essais


Dans cette catégorie, on trouve aujourd’hui principalement les normes d’essais aussi bien
in  situ qu’en laboratoire référencées par l’Eurocode 7 ou par les autres normes associées à
l’Eurocode 7, comme les normes d’exécution de travaux.
Comme on l’a vu précédemment, l’élaboration de ces normes d’essais est prise en charge et
pilotée (lead) soit par le comité technique du CEN/TC341 soit par celui de l’ISO/TC182.
Les collections de normes existantes à ce jour sont :
• la série des normes NF EN/ISO 17892-xx : celles-ci, initialement publiées sous la forme
de normes expérimentales (XP/TS), couvrent les principaux essais géotechniques d’identi-
fication et mécaniques réalisés en laboratoire. Ils sont actuellement en cours de révision par
le CEN/TC341 et plus particulièrement par le groupe de travail WG6 dédié ;
• la série des normes NF EN/ISO 18674-xx : celles-ci sont en cours d’élaboration par
l’ISO/TC182-WG2. Elles couvrent les mesurages, la surveillance et l’instrumentation
géotechniques in situ comme l’inclinométrie, la piézométrie, les tassomètres, les mesures
de contraintes, etc. ;
• la série des normes NF EN/ISO 22282-xx : celles-ci sont relatives aux essais géohydrau-
liques réalisés in situ, comme les essais de pompage et les essais de perméabilité en forage.
Élaborées par le groupe de travail WG1 du CEN/TC341, elles ont été homologuées et
publiées en 2013 ;
• la série des normes NF EN/ISO 22475-xx, qui couvrent les méthodes de prélèvement et
les mesurages piézométriques (exécution des forages, des prélèvements, piézométrie…). La
norme homologuée a été publiée en 2007. Elle est actuellement en révision, avec notam-
ment la séparation de la partie « mesurages piézométriques », qui fera partie désormais
d’une norme de la série ISO 18674-xx ;

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Le panel normatif en géotechnique | 7

• la série des normes NF EN/ISO 22476-xx, relatives aux essais géotechniques réalisés en
place. Les normes couvrant les principaux essais comme les essais pénétrométriques
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statique et dynamique, l’essai au carottier SPT, l’essai pressiométrique Ménard ont été
élaborées par le CEN/TC341 et ont été publiées en tant que normes homologuées ;
• la série des normes NF EN/ISO 22477-xx, relatives aux essais géotechniques réalisés sur
des structures géotechniques. Parmi celles-ci, on peut citer les essais de pieux, les essais de
clous, les essais de tirants, etc.

4.3. Normes de classification et de spécification de produits


Certaines normes définissent des spécifications et des caractéristiques de produits en fonction
notamment de la destination et du domaine d’application des produits concernés. Ces
normes sont utilisées entre autres pour aider au choix des produits adaptés et également
comme référence pour le marquage et la certification de produits, notamment dans le cadre
des règlements couvrant les produits de la construction.

Parmi les produits pouvant être utilisés dans le domaine géotechnique, on peut citer :
• les produits de fondations :
–– NF EN 12794, Produits préfabriqués en béton - Pieux de fondation,
–– NF EN 10248-xx, Palplanches laminées à chaud en aciers non alliés,
–– NF EN 10249-xx, Palplanches profilées à froid en aciers non alliés,
–– NF EN 10305-xx, Tubes de précision en acier ;
• les produits géosynthétiques et produits apparentés. Le tableau 2 ci-après fournit un
exemple de normes produits rattachées à cette catégorie :

Tableau 2. Exemple de normes de spécifications de produits géosynthétiques

Référence de la norme Titre

Géotextiles et produits apparentés - Caractéristiques requises pour l’utilisation


NF EN 13249 : 2017 dans la construction de routes et autres zones de circulation (à l’exclusion des
voies ferrées et des couches de roulement)

Géotextiles et produits apparentés - Caractéristiques requises pour l’utilisation


NF EN 13250 : 2017
dans la construction des voies ferrées

Géotextiles et produits apparentés - Caractéristiques requises pour l’utilisation


NF EN 13251 : 2017 dans les travaux de terrassement, les fondations et les structures
de soutènement

Géotextiles et produits apparentés - Caractéristiques requises pour l’utilisation


NF EN 13252 : 2017
dans les systèmes de drainage

Géotextiles et produits apparentés - Caractéristiques requises pour l’utilisation


NF EN 13253 : 2017 dans les ouvrages de lutte contre l’érosion (protection côtière et revêtement
de berge)

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8 | Introduction

• les granulats et enrochements (CEN/TC154). Le tableau 3 ci-après fournit un exemple de


normes produits rattachées à cette catégorie :
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Tableau 3. Exemple de normes de spécifications de granulats et enrochements

Référence de la norme Titre

NF EN 13242+A1 : 2008 Granulats pour matériaux traités aux liants hydrauliques et matériaux
non traités utilisés pour les travaux de génie civil et pour la construction
des chaussées

NF EN 12620+A1 : 2008 Granulats pour béton

NF EN 13383-1 : 2006 (tirage 3) Enrochements - Partie 1 : spécifications

NF EN 13383-2 : 2006 (tirage 2) Enrochements - Partie 2 : méthodes d’essai

NF EN 13450 : 2005 (tirage 2) Granulats pour ballasts de voies ferrées

4.4. Normes d’exécution de travaux géotechniques spéciaux


Ces normes définissent les processus et règles d’exécution de travaux géotechniques spéciaux.
Elles sont élaborées au niveau du TC288 du CEN. Aujourd’hui, la majeure partie des
techniques pratiquées d’exécution de fondations, d’ancrages, de renforcement et d’améliora-
tion des sols et des travaux d’injection, etc., font l’objet de normes homologuées.
Le tableau 4 fournit en exemple un extrait des normes publiées entrant dans cette catégorie.

Tableau 4. Exemple de normes de travaux géotechniques spéciaux

Référence de la norme Titre

NF EN 1536+A1 : 2015 Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Pieux forés

NF EN 1537 : 2013 Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Tirants d’ancrage

NF EN 1538+A1 : 2015 Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Parois moulées

NF EN 12063 : 1999 Exécution de travaux géotechniques spéciaux - Rideaux de palplanches

Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Pieux avec refoulement


NF EN 12699 : 2015
du sol

NF EN 12715 : 2000 Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Injection

Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Colonnes, panneaux et struc-


NF EN 12716 : 2001
tures de sol-ciment réalisés par jet

NF EN 14199 : 2015 (tirage 2) Exécution des travaux géotechniques spéciaux - Micropieux

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Le panel normatif en géotechnique | 9

4.5. Normes d’organisation


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Il est possible de regrouper dans cette catégorie :


• les normes (expérimentales) de qualification des entreprises et du personnel :
–– TS EN ISO22475-2, Reconnaissances et essais géotechniques - Critères de qualification
des entreprises et du personnel,
–– TS EN ISO22475-3, Reconnaissances et essais géotechniques – Évaluation de la confor-
mité des entreprises et du personnel ;
• la norme française homologuée NF P94-500, Missions d’ingénierie géotechnique, publiée
par l’Afnor en 2013.

Conclusion
L’élaboration des normes se fait désormais à l’échelle internationale EN ou ISO. Ceci va bien
entendu en faveur d’une harmonisation des pratiques et des produits.
Les normes sont devenues incontournables dans de nombreux domaines. Il en est de même
en géotechnique, que ce soit dans l’aide à la conception et au dimensionnement des ouvrages,
dans la gestion des contrats entre les différents intervenants, pour l’assurabilité des ouvrages, …
En revanche, il devient parfois plus compliqué de suivre et de participer à cette élaboration
des normes, qui exigent une présence et une implication dans les comités et groupes de travail
chargés de la rédaction des normes. Cette participation, bien que facilitée aujourd’hui par les
outils collaboratifs informatiques, nécessite malgré tout une assiduité régulière et une veille
normative permanente.
L’éventail normatif en géotechnique est vaste, avec des centaines de normes répertoriées
(calcul, essais, produits, exécution…).
La veille technique et normative à assurer doit être rigoureuse et continue, en particulier pour
les laboratoires et les concepteurs (ingénieristes, maîtres d’œuvre…) qui participent à l’établis­
sement des cahiers des charges et des contrats, ainsi qu’à ceux responsables du suivi d’exécu-
tion des travaux.

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10 | Introduction

Bibliographie
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[AFNOR 2006] AFNOR NORMALISATION, Éventail des documents normatifs, fascicule Afnor, 2006
(téléchargeable sur www.afnor.org).
[AFNOR 2013] AFNOR NORMALISATION, Règles pour la normalisation française - Partie 1 :
instances et procédures de travail, fascicule Afnor, 5e édition, 2006 (téléchargeable sur www.afnor.org).
[Daubilly 2014] DAUBILLY B., Organisation générale de la normalisation, présentation à la journée
CFMS du 8 octobre 2014, Paris, 2014.
[ISO & CEN 2001] ISO & CEN, Agreement on technical co-operation between ISO and CEN –
VA codified – Version 3.3, 2001.
[Magnan 2014] MAGNAN J.-P., Organisation de la normalisation en France, présentation à la journée
CFMS du 8 octobre 2014, Paris, 2014.
[Zerhouni 2002] ZERHOUNI M.I., BIGOT G., « La normalisation en géotechnique », Géologues 132,
p. 65-71, 2002.
Site Internet de l’ISO – www.iso.org
Site Internet du CEN – www.cen.eu
Site Internet BNTRA – www.cerema.fr
Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 1

Les sols et la géologie

1.1. Introduction

1.1.1. Géotechnique et géologie


Le domaine d’étude de la géotechnique se limite généralement à la tranche superficielle de la
croûte terrestre. Les matériaux que l’on y rencontre sont issus des roches qui, placées dans des
conditions autres que celles où elles se sont formées, se sont plus ou moins transformées sous
les effets des intempéries, des climats et du temps.
Il nous est donc apparu nécessaire d’aborder ici diverses notions nécessaires à la compréhen-
sion de la géologie :
• la nature, l’organisation et la formation des différentes roches ;
• la déformation des roches soumises aux pressions des forces tectoniques ;
• les phénomènes d’érosion et de formation des paysages.
Au préalable, il paraît nécessaire de préciser que si, pour le géologue, le nom de roche a
longtemps englobé tous les matériaux constitutifs de l’écorce terrestre, on tend actuellement
à associer à ce terme une notion de cohérence et à utiliser ceux de sédiments ou de sols pour
les matériaux meubles. Si cette limite est souvent imprécise, les mécaniciens du sol désignent
par « roches » les matériaux naturels dont la résistance reste très élevée, même après immersion
prolongée dans l’eau. Ils réservent à l’étude des comportements de celles-ci le nom de « méca-
nique des roches », complémentaire à la « mécanique des sols », mais très différente de cette
dernière, et dont l’examen déborderait du cadre de cet ouvrage.
Bien que les relations entre la diversité pétrographique et les propriétés géomécaniques des
formations concernées par les études de fondations soient souvent ténues, il convient de ne
pas sous-estimer la connaissance géologique des sites. Elle permet bien souvent de prévoir et
d’expliquer certaines propriétés des sols, d’appréhender la synthèse géotechnique d’un projet,
de mettre en évidence, par exemple, une singularité localisée modifiant les conditions d’équi-
libre d’un massif.

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12 | Les sols et la géologie

Il est donc utile de rappeler les différents types de roches les plus couramment rencontrées,
ainsi que leur structure et leur composition minéralogique : celles-ci jouent un rôle primor-
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dial dans les processus d’altération responsables de l’état dans lequel le géotechnicien rencontre
ces roches lors de ses investigations.

1.1.2. Structure du globe terrestre


Il est possible de résumer la structure du globe terrestre à travers le schéma de la figure 1.1.

Couverture
sédimentaire
Croûte océanique Croûte continentale
Atmosphère (5–15 km) SIMA (30–65 km) SIAL

Biosphère &
Hydrosphère d = 2,7

d = 3,2

d = 3,3
Lithosphère d=3
MOHO
Manteau
supérieur 70–150 km
Asthénosphère

700 km

Manteau
inférieur

d = 5,5
d = 9,5
GUTENBERG
Noyau (2 885 km)
externe

d = 11,5
Échelle non
respectée
d = 12 LEHMANN
(5 155 km)

Fig. 1.1. Structure du globe terrestre (d = densité)

Entourant un noyau chaud et dense, solide au centre et liquide en périphérie, un manteau


chaud et plastique est l’objet d’un gigantesque brassage sous les effets de courants de convec-
tion. Ces mouvements provoquent, à la surface de l’asthénosphère, le glissement de sortes de
radeaux rocheux rigides constituant la « peau » du globe terrestre : les plaques lithosphériques.
Ces plaques, qui peuvent être continentales, comme la plaque eurasienne, ou océaniques,
comme la plaque pacifique, sont séparées par trois types de frontières :
• des frontières divergentes, là où les plaques s’éloignent les unes des autres et où se forme
une nouvelle croûte océanique, par remontée d’un magma en provenance de l’asthéno­
sphère (dorsales médio-océaniques) ;

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Introduction | 13

• des frontières convergentes, appelées marges actives, là où les plaques entrent en collision,
une des plaques passant sous l’autre, généralement une plaque océanique sous une plaque
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continentale (subduction) ; ces phénomènes sont à l’origine de la formation de l’essentiel


des chaînes de montagnes ;
• des frontières transformantes, lorsque les plaques glissent latéralement les unes contre les
autres le long de failles.
Dans certains cas, les croûtes continentales et océaniques peuvent être supportées par une
lithosphère continue, c’est-à-dire appartenir à la même plaque ; on parle alors de marge passive.

1.1.3. Histoire de la Terre


Pendant longtemps, les géologues n’ont su dater les formations géologiques que de façon
relative, en ayant recours notamment aux principes élémentaires utilisés en stratigraphie
(voir § 1.3.2.4). Depuis la découverte des méthodes de radiochronologie, basées sur la varia-
tion régulière au cours du temps de la proportion de radio-isotopes dans certains éléments
rocheux, il est possible de dater de manière relativement précise les formations géologiques.
La planète Terre est vieille de 4,55 milliards d’années ; elle présente une histoire que nous
commençons à peine à connaître :
• il y a 1,1 milliard d’années, il n’existe qu’un unique supercontinent, appelé Rodinia, situé
dans l’hémisphère sud et entouré par un seul océan ;
• il y a 650 millions d’années, ce supercontinent se disloque en plusieurs petits continents
qui vont dériver pendant des millions d’années avant de former le Gondwana, un super-
continent toujours situé dans l’hémisphère sud ;
• il y a 300 millions d’années, le mouvement des plaques a donné naissance à un super-
continent baptisé la Pangée, à cheval sur les deux hémisphères ;
• il y a 200 millions d’années, la Pangée commence à se morceler pour former les divers
continents que nous connaissons aujourd’hui.
Dans le futur, tous les continents actuels sont destinés à se rassembler à nouveau. Tant que la
dérive des continents sera alimentée par la chaleur rayonnante du noyau terrestre et diffusée
au travers du manteau, la croûte terrestre restera mobile. C’est ainsi que, par exemple,
l’Afrique va continuer son déplacement vers le nord, substituant à terme une chaîne de
montagnes à la mer Méditerranée.

1.1.4. Mouvements des plaques lithosphériques


Les volcans et les séismes témoignent de l’activité interne du globe terrestre. Leur répartition
est en relation avec la structure externe de la Terre. On constate notamment que l’essentiel de
l’activité sismique est localisé le long des limites de plaques tectoniques. Les technologies
modernes permettent de mieux connaître cette structure ainsi que les mouvements qui l’ani-
ment. Il est ainsi possible de mesurer la vitesse de déplacement des plaques lithosphériques :
du centimètre par an, jusqu’à vingt centimètres dans certaines régions du Sud-Est asiatique et
du Pacifique.

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14 | Les sols et la géologie

1.2. Minéralogie
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1.2.1. Diversité minérale


En général, les roches sont constituées d’un assemblage d’éléments différents, de composition
chimique bien spécifique, les minéraux. Lorsque ces minéraux présentent des géométries
simples limitées par des faces, ils traduisent leur état cristallin. Les faces de ces cristaux
reflètent un arrangement régulier des atomes qui les composent. L’aptitude que présentent
certains minéraux à se fendre selon des plans privilégiés s’appelle le clivage.
Parmi les milliers d’espèces minérales, seule une centaine est suffisamment courante au sein
des roches pour intervenir dans leur détermination. Deux grandes familles de minéraux,
décrites ci-après, sont généralement distinguées :
• les silicates possèdent un motif élémentaire tétraédrique (SiO4)4−. Ces tétraèdres sont
reliés entre eux soit par des cations, soit par un ou plusieurs atomes d’oxygène ; leur classi-
fication est établie selon l’agencement des tétraèdres entre eux ; les silicates constituent
l’essentiel des roches magmatiques (voir § 1.3.1) et métamorphiques (voir § 1.3.3) ;
• les minéraux non silicatés sont parfois appelés minéraux accessoires ; bien qu’ils soient en
faible proportion dans la lithosphère, ils peuvent former à eux seuls certaines roches sédi-
mentaires (voir § 1.3.2).

1.2.2. Silicates
Les silicates se rangent au sein de six grandes familles.
• Les nésosilicates : les tétraèdres de ces minéraux sont isolés et reliés par des cations. Dans
cette famille, il faut citer les grenats et les silicates alumineux avec les trois minéraux indis-
sociables du métamorphisme : le disthène, la sillimanite et l’andalousite, caractéristiques
des roches où l’aluminium est en excès par rapport aux autres éléments. Il faut surtout
retenir les péridots, série continue allant d’un pôle magnésien à un pôle ferreux ; minéraux
ne pouvant cohabiter avec le quartz, ces derniers sont caractéristiques des roches intrusives
provenant du manteau ; la variété la plus commune est aussi appelée olivine, du fait de sa
couleur. Ces minéraux sont très sensibles à l’altération.
• Les sorosilicates : ces minéraux possèdent la particularité d’avoir leur ossature constituée
de tétraèdres unis par paire, avec un atome d’oxygène en commun. L’épidote est le seul
minéral vraiment répandu dans cette famille.
• Les cyclosilicates : la disposition des tétraèdres en anneaux confère souvent à ces minéraux
une cristallisation en prismes. Parmi ces minéraux généralement accessoires, nous retien-
drons les tourmalines, compte tenu de leur présence fréquente dans les roches magma-
tiques, métamorphiques mais aussi détritiques.
• Les inosilicates : ils possèdent une structure formée de chaînes simples ou de rubans de
tétraèdres, d’où la cristallisation allongée de ces minéraux. Ils sont représentés par deux
grandes familles : les pyroxènes et les amphiboles, minéraux essentiels des roches métamor-
phiques et magmatiques.

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Minéralogie | 15

• Les phyllosilicates : ils sont constitués par une superposition de couches de tétraèdres,
d’où une structure caractéristique en feuillets. En font partie les micas (biotite, musco-
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vite…) mais aussi les argiles. Ces dernières, issues le plus souvent de l’altération d’autres
silicates et notamment des feldspaths, présentent la particularité d’être des minéraux doués
de propriétés particulières (voir § 1.2.3).
• Les tectosilicates : les tétraèdres y étant liés par tous leurs sommets, l’insertion au sein de
la structure d’autres ions est relativement difficile. Les minéraux essentiels des roches
magmatiques et métamorphiques, le quartz et les feldspaths se situent dans cette famille.
–– Le quartz (SiO2), en raison de sa grande stabilité, est le minéral le plus commun des
roches. Sa dureté, son insolubilité et son absence de clivage le rendent très résistant
vis-à-vis des phénomènes d’altération et en font l’élément de base des roches sédi-
mentaires détritiques. Finement cristallisé et assemblé en fibres, il porte le nom
de  calcédoine, constituant des accidents siliceux des roches sédimentaires (silex,
chailles, etc.).
–– Les feldspaths et feldspathoïdes sont issus d’une substitution de certains ions Si4+
par Al3+, avec une compensation des charges par K+, Na+ ou Ca2+. Cette grande
hétérogénéité chimique conduit à les classer en feldspaths alcalins, sodipotassiques
(ex. : l’orthose) et sodicalciques ou plagioclases (ex. : l’albite). Quant aux feldspa-
thoïdes, plus rares, ils se caractérisent par une moindre richesse en silice et une
incompatibilité avec le quartz. Les feldspaths sont des minéraux essentiels dans la
classification des roches magmatiques.
Les feldspaths sont diversement sensibles à l’altération, en fonction de leur teneur en
silice, les plus pauvres étant moins résistants. Sous les climats chauds, ils donnent
naissance à des argiles alors que les phénomènes de dissolution prédominent en
climat tempéré ou froid.

1.2.3. Spécificité des minéraux argileux


Parmi les silicates, il apparaît utile d’accorder une attention particulière aux minéraux argi-
leux. Produits de l’altération ou néoformés, ces derniers présentent une structure en feuillets
constitués eux-mêmes de plusieurs couches de tétraèdres (cation de silicium Si4+ encadré
d’anions O2−) et d’octaèdres (cation d’aluminium Al3+, voire Mg2+, K+, Fe3+, entouré de
6 hydroxyles OH−). On distingue trois types de feuillets (figure 1.2) :
• une couche d’octaèdres (O) et une couche de tétraèdres (T) : ce sont les phyllites 1/1 ou
T.O., comme la kaolinite ;
• une couche d’octaèdres, insérée entre deux couches de tétraèdres : phyllites 2/1 ou T.O.T.,
comme l’illite et la montmorillonite ;
• un feuillet de type 2/1 avec une couche d’octaèdres supplémentaire, insérée dans l’espace
interfoliaire : phyllites 2/1/1 ou T.O.T.O., comme la chlorite.
Contrairement au schéma théorique précédent, pour certaines argiles, à un cation du réseau
tétraédrique ou octaédrique est substitué un autre cation de valence moindre. Il en résulte,
pour ces dernières, une modification de l’espace interfoliaire ainsi qu’une charge négative des
feuillets. Ce phénomène de substitution, selon les cations concernés, influe notablement sur

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16 | Les sols et la géologie

les propriétés des argiles ; il peut notamment leur conférer des capacités d’adsorption excep-
tionnelles, comme pour la montmorillonite.
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Les propriétés physiques et mécaniques des sols fins sont conditionnées par la nature de la
fraction argileuse qu’ils renferment. D’un point de vue géotechnique, cette structure spéci-
fique des minéraux argileux conduit, pour les sols dont ils constituent une fraction impor-
tante, à un comportement particulier justifiant la place importante qu’il convient de leur
accorder (voir § 2.2.2.2).
Parmi les très nombreux types de minéraux argileux, généralement classés en fonction de
l’espacement des feuillets, nous retiendrons les trois principales familles : kaolinite, illite ou
montmorillonite et chlorite.

Si
Al
0
0H
Fig. 1.2. Représentation schématique de la structure des 3 types de feuillets : T.O., T.O.T. et T.O.T.O.

1.2.4. Minéraux non silicatés


Parmi ces nombreux minéraux hétéroclites et souvent accessoires, les principaux sont décrits
ci-après :
• les chlorures : formés par évaporation en milieu marin ou lacustre, ils peuvent constituer
une grande part de certaines roches sédimentaires, les évaporites. Le plus commun est le sel
gemme ou halite (NaCl) ;
• les sulfures : parmi ce grand groupe de minéraux dits « minéraux minerais », il convient de
citer la pyrite (FeS2) et la galène (PbS) ;
• les sulfates : les plus communs sont souvent associés aux chlorures au sein des évaporites.
Il s’agit de l’anhydrite (CaSO4) et de sa forme hydratée, le gypse (CaSO4.2H2O) ;
• les carbonates : le plus répandu d’entre eux, le carbonate de calcium (CaCO3), ou calcite
dans sa forme cristallisée la plus répandue, est l’un des minéraux essentiels des
roches sédimentaires.

1.3. Pétrologie
Trois grandes familles de roches sont distinguées en fonction de leur mode de formation :
les roches magmatiques, les roches sédimentaires et les roches métamorphiques. Il convient

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Pétrologie | 17

de signaler que plusieurs normes présentent une classification simplifiée des roches
(NF EN  ISO 14689-1) et (XP P94-402), classification géologiquement contestable.
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1.3.1. Roches magmatiques

1.3.1 .1 . Généralités
Ces roches, également appelées ignées, présentent en commun la particularité de s’être formées
par consolidation d’un magma, c’est-à-dire d’un liquide renfermant des cristaux en propor-
tion variable.
Dans le cadre des mouvements des plaques lithosphériques, ces magmas sont d’origine plus
ou moins profonde, depuis le manteau jusqu’à la croûte terrestre, à partir de roches préexis-
tantes. Lorsqu’ils ont atteint la surface pour se solidifier, ils ont alors donné naissance à des
roches volcaniques ou extrusives. Ils peuvent également avoir cristallisé à l’intérieur de la litho­
sphère et former des roches plutoniques ou intrusives, roches anciennes, de mise en place
profonde, que seule l’érosion permet d’observer actuellement. La nature de ces magmas
est  extrêmement variable, variété qui résulte des conditions de formation mais aussi
des  phénomènes ultérieurs de différenciation (sédimentation magmatique par
cristallisa­tion fractionnée).

1.3.1 .2. Classification


La logique actuelle se fonde sur un regroupement génétique des roches au sein des séries
magmatiques, mais une classification systématique est néanmoins nécessaire. Celle-ci peut
être basée sur la minéralogie ou la géochimie. La tendance consiste à classer les roches pluto-
niques selon les proportions de minéraux présents et les roches volcaniques selon la géochimie.
Il est important de signaler que, selon les systèmes, une même roche peut être désignée sous
des dénominations différentes.
Le tableau 1.1 présente la composition minéralogique des roches magmatiques les plus
fréquemment rencontrées.

Tableau 1.1. Classification simplifiée des roches magmatiques


100 %
K-Feldspath
75 Ca
Plagioclase
50 Quartz Olivine

25 Na Pyroxène
Amphibole
Origine Texture 0 Biotite

Extrusive Aphanitique Rhyolite Andésite Basalte

Intrusive Phanéritique Granite Diorite Gabbro Péridotite

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18 | Les sols et la géologie

1.3.1 .3. Structure des roches magmatiques


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La dimension et l’arrangement des minéraux des roches magmatiques dépendent des condi-
tions de cristallisation ; notamment plus le refroidissement a été lent, plus les cristaux ont pu
se développer.
Trois grandes catégories de structures peuvent être distinguées :
• la structure vitreuse : c’est le cas, rare, où la roche est issue d’un magma qui s’est brutale-
ment refroidi. Le plus souvent, le verre existe sous forme de matrice enserrant
des cristaux ;
• la structure microcristalline : la plus grande partie des cristaux, voire la totalité, est invi-
sible à l’œil nu. L’examen au microscope montre que ces derniers peuvent être de forme
allongée (structure microlitique) ou en grains (structure microgrenue). Lorsque de gros
cristaux sont individualisés au sein de la pâte microcristalline, cette disposition est quali-
fiée de porphyrique ;
• la structure macrocristalline : la majorité des cristaux sont visibles à l’œil nu. Ils peuvent
être de taille très variable, du millimètre à plusieurs centimètres. La présence de cristaux de
très grande taille au sein d’une roche grenue lui confère la dénomination de porphyroïde.
Les roches magmatiques sont souvent hétérogènes. Des enclaves, provenant de fragments de
roches entraînés par le magma, peuvent y être rencontrées. Lorsque le refroidissement a figé
les traces de mouvement du magma, des figures de flux sont observées, et ceci non seulement
dans les laves, mais aussi au sein des roches plutoniques.
Enfin, il n’est pas rare d’observer des phénomènes de sédimentation dans les roches magma-
tiques, figures liées à des différenciations minérales au sein des chambres magmatiques.

1.3.2. Roches sédimentaires

1.3.2.1 . Généralités
Par définition, les roches sédimentaires sont des roches exogènes, c’est-à-dire formées à la
surface de la Terre où elles se sont sédimentées. Leur caractéristique principale est de se
présenter généralement sous forme de dépôts en couches successives parallèles entre elles
(stratification). Une conséquence importante en mécanique des sols est que les roches sédi-
mentaires sont anisotropes.
Si les roches sédimentaires ne représentent, en masse, qu’une petite partie des roches formant
la croûte terrestre, elles en constituent l’essentiel de la couverture, d’où l’intérêt qu’elles
présentent pour le géotechnicien.
Qu’elles soient d’origine détritique, c’est-à-dire constituées de débris, biologique ou chimique,
les roches sédimentaires sont issues de roches préexistantes. Leur formation repose sur trois
étapes :
• la mobilisation des constituants ;
• la mise en place des sédiments (transport et dépôt) ;
• la diagenèse (transformation du sédiment en roche sédimentaire).

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Pétrologie | 19

1.3.2.2. Formation des roches sédimentaires


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Première phase : mobilisation


Afin que les futurs sédiments puissent être transportés, il leur faut préalablement être indivi-
dualisés. L’ensemble des mécanismes qui libère les particules de roches et les éléments dissous
est résumé sous le terme d’altération.
Il est possible de distinguer :
• l’altération physique : le plus souvent en raison de leurs discontinuités, les roches sont
sensibles aux chocs qui vont contribuer à les désagréger, tels que l’action mécanique du
vent, de l’eau, du gel, de la dessiccation, l’action biologique des terriers d’animaux, des
racines des plantes, etc. ;
• l’altération chimique : elle est souvent associée à l’altération physique et constitue l’un des
processus essentiels de la formation des sols, au sens pédologique, à partir des roches. Le
mécanisme d’altération chimique le plus important est l’hydrolyse, c’est-à-dire l’attaque des
minéraux par des eaux pures ou chargées en CO2. L’eau étant le vecteur essentiel de cette
action, l’altération des roches est particulièrement importante dans les régions humides.
Cependant, d’autres conditions favorisent l’hydrolyse :
–– la nature des minéraux : si le quartz n’est pratiquement pas soluble, les ferromagné-
siens, comme les péridots, le sont particulièrement,
–– la taille des minéraux : plus leur taille est petite, plus leur surface spécifique est élevée,
ce qui favorise l’attaque,
–– l’activité bactérienne, par la production d’acides organiques,
–– la température, qui accélère les réactions chimiques,
–– le drainage des sols, qui maintient des conditions de sous-saturation des eaux.
Les particules minérales issues de l’altération sont essentiellement des silicates :
• les minéraux argileux dégradés (ex. : l’illite) ;
• les minéraux argileux transformés (ex. : la vermiculite) ;
• les minéraux argileux néoformés (ex. : la kaolinite).
Par ailleurs, l’altération entraîne la mise en solution des ions solubles.
Enfin, il ne faut pas oublier la matière organique qui subit généralement une décomposition
microbienne conduisant à la minéralisation et participe à la formation des sols. Cependant,
dans certaines conditions (manque d’oxygène, faible activité biologique, forte acidité), la
minéralisation peut être considérablement ralentie et la matière organique peut s’accumuler
et entraîner la formation de tourbes.

Deuxième phase : transport et dépôt


Selon la nature des produits de l’altération, les processus de transport et de dépôt vont être
très différents.
Éléments en solution
La concentration des éléments en solution est variable selon la nature des eaux. Si les eaux
continentales sont peu minéralisées, généralement de l’ordre de 100 mg·l−1, les eaux de mer

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20 | Les sols et la géologie

atteignent des concentrations très importantes pouvant dépasser, exceptionnellement,


200 g·l−1. Les ions dissous sont également différents, Ca+ et HCO3− étant prépondérants dans
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le cas des eaux douces, alors que Cl− et Na+ dominent largement dans les eaux de mer.
La précipitation, et donc le dépôt des minéraux, peut se produire dès que le seuil de satura-
tion est atteint. Si ce processus est courant dans la formation des roches salines, par évapora-
tion de l’eau de mer, en revanche la précipitation directe des carbonates est peu répandue.
L’essentiel du calcium contenu dans l’eau est fixé par les organismes dont les tests, squelettes,
coquilles, etc. vont être utilisés dans la formation de certaines roches sédimentaires. Enfin,
signalons un autre processus de formation des carbonates suffisamment important pour être
cité ici : la précipitation physico-chimique engendrée par l’action de certains organismes
(algues, bactéries).
Éléments solides
Le transport des éléments solides dépend de deux types de paramètres :
• les paramètres spécifiques aux éléments eux-mêmes, c’est-à-dire leur taille, qui peut varier
de la poussière au bloc, mais aussi leur forme, leur densité, leurs propriétés de surface, etc. ;
• les paramètres dépendant de l’agent de transport : sa nature (l’eau, le vent, la glace), sa
vitesse, sa force, etc.
Le transport s’accompagne d’une mise en forme et d’un tri des éléments.
Lorsque l’énergie de l’agent de transport n’est plus suffisante (figure 1.3), les éléments se
déposent selon une organisation dépendant des conditions de sédimentation. Cette organisa-
tion est à l’origine de la grande diversité des structures sédimentaires (rides, granoclassements,
stratifications, etc.). Les dépôts peuvent également garder la trace de phénomènes postérieurs
à leur mise en place : érosion, déformations mécaniques, traces d’organismes, etc.

Vitesse du
courant
(en cm/s)

1 000

ÉROSION
100

10
TRANSPORT
DÉPÔT
1

Dimention
0,1 des particules
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1 000
(en mm)

Fig. 1.3. Comportement des grains en fonction de leur taille et de la vitesse d’un courant d’eau
– Diagramme expérimental de Hjulström

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Pétrologie | 21

Troisième phase : diagenèse


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Il s’agit de la phase ultime du phénomène sédimentaire. Elle recouvre tous les processus
permettant la transformation d’un sédiment en une roche solide, à savoir :
• les transformations minérales : la matière organique, sauf conditions particulières, est
généralement détruite ; les squelettes organiques sont dissous et remplacés par des miné-
raux néoformés ; d’autres minéraux, par remplacement de certains ions, se transforment ;
• la compaction : sous l’action de la surcharge liée à l’enfouissement des sédiments, l’eau est
chassée et les particules subissent un réarrangement ; la réduction de volume qui en résulte
est très variable selon la nature des sédiments ;
• la cimentation : les vides résiduels situés entre les particules vont être remplis, le cas
échéant, par des éléments en solution (principalement carbonates et silice, accessoirement
oxydes de fer, phosphates, etc.) ; le liant peut également être constitué de minéraux
argileux.

1.3.2.3. Classification
Compte tenu de leur complexité, il n’est pas envisageable d’adopter pour les roches sédimen-
taires un système simple de classification. Leur distinction impose de retenir plusieurs
caractéristiques :
• leur composition chimique (siliceuse, calcaire, argileuse, etc.) ;
• leur origine (détritique, chimique, biologique, etc.) ;
• la taille et la nature des éléments qui les composent.
Il en découle de nombreuses nomenclatures plus ou moins subordonnées entre elles. Parmi
les nombreux groupes de roches sédimentaires, seuls les plus courants en géotechnique sont
abordés ici.
• Les roches terrigènes. Elles sont formées de matériaux issus de terres émergées ; pour ces
roches, il est possible de retenir une classification liée à la granulométrie et présentée dans
le tableau 1.2.

Tableau 1.2. Classification des roches terrigènes

État Taille des éléments

Rudites Arénites Pélites


(> 2 mm) (entre 62,5 mm et 2 mm) (< 62,5 mm)

Roches meubles Blocs (D > 20 cm) Sables Boues


Galets (2 < D < 20 cm) Vases
Graviers (0,2 < D < 2 cm)

Roches consolidées Poudingues (éléments roulés) Grès Argilites


Brèches (éléments anguleux) Arkoses (> 30 % feldspath)
Grauwakes (débris rocheux)

Parmi ces formations sédimentaires, il est important de citer les lœss qui sont des dépôts
continentaux d’origine éolienne constitués de particules fines, plus ou moins carbonatées,

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22 | Les sols et la géologie

et qui ont recouvert au quaternaire une grande partie de l’Europe, et ce parfois sur de
grandes épaisseurs.
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• Les roches carbonatées. Il est d’usage d’utiliser la classification de Folk établie selon deux
critères, la nature du ciment et celle des éléments. Indépendamment de cette classification,
purement pétrographique, il convient de retenir des dénominations issues d’autres critères
comme l’origine, le chimisme, etc.
Sous le terme de calcaires sont regroupées les roches dont le minéral prédominant est la
calcite. Les calcaires peuvent être différenciés selon :
–– leur mode de dépôt : calcaires lacustres, travertins (dépôts de sources), etc. ;
–– leur grain : calcaires lithographiques (à grain très fin), cristallins, etc. ;
–– leur structure : calcaires massifs, lités, oolithiques, noduleux, etc. ;
–– les fossiles qui peuvent y être présents en grande proportion : calcaires récifaux,
coquilliers, lumachelliques, à entroques, etc. ;
–– les éléments détritiques qu’ils renferment : calcaires sableux, argileux, etc.
Du calcaire à l’argile, et selon le pourcentage de carbonate de calcium que contient la
roche, les appellations suivantes sont généralement utilisées par les géologues :
–– plus de 95 % : calcaire ;
–– de 65 à 95 % : calcaire marneux ;
–– de 35 à 65 % : marne ;
–– de 5 à 35 % : marne argileuse ;
–– moins de 5 % : argile.
La dolomite étant l’équivalent magnésien de la calcite, la roche correspondante s’appelle la
dolomie. La plupart des dolomies proviennent de la transformation de calcaires, si bien
qu’il existe une série continue entre ces deux natures de roches.
Parmi les calcaires, il convient de faire une place particulière aux craies compte tenu de
l’épaisseur de ces dépôts durant le Crétacé. Ces roches à grain fin sont formées d’une accu-
mulation de coccolites, petits tests calcaires d’algues. Poreuses, souvent peu résistantes,
sensibles au remaniement, elles constituent un matériau « délicat » pour le géotechnicien.
• Les évaporites. Elles sont le résultat de l’évaporation de l’eau de mer dans des conditions
exceptionnelles. Des successions d’invasions marines au sein de bassins subsidents sont en
effet nécessaires pour permettre des dépôts sur de grandes épaisseurs.
Les évaporites étant sensibles aux phénomènes de dissolution, seule la protection d’hori-
zons imperméables a permis la préservation de ces formations.
Parmi les évaporites, les plus couramment rencontrées sont le sel gemme (appellation
commune du chlorure de sodium, l’halite), l’anhydrite (sulfate de calcium) et le gypse,
forme hydratée de l’anhydrite, l’une des plus communes des évaporites.
• Les roches combustibles. Parmi celles-ci, nous ne retiendrons que la série des charbons,
compte tenu de la faible probabilité pour le géotechnicien de rencontrer des hydrocarbures.
Ces roches carbonées proviennent de l’évolution physico-chimique des débris végétaux
due aux augmentations de température et de pression liées à leur enfouissement. Les
lignites, les houilles et les anthracites constituent des évolutions croissantes de cette
transformation.
Quant à la tourbe, elle en constitue le premier stade. Fréquemment rencontrée dans les
vallées alluviales et les dépressions mal drainées, elle se forme au sein des nappes phréa-
tiques permanentes où elle est l’objet d’une lente décomposition en condition anaérobie.

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Pétrologie | 23

Matériau éminemment compressible, elle est redoutée pour l’ampleur et la durée des tasse-
ments qu’elle génère.
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1.3.2.4. Stratigraphie
Traiter des roches sédimentaires nécessite d’aborder quelques notions de stratigraphie, science
qui permet la datation relative des dépôts sédimentaires les uns par rapport aux autres, en
s’appuyant notamment sur trois principes fondamentaux :
• le principe de superposition : en l’absence de mouvements tectoniques qui auraient pu
les renverser, une couche sédimentaire est plus récente que celle qu’elle recouvre ;
• le principe de continuité : une couche bien limitée dans l’espace a le même âge sur toute
son étendue ;
• le principe d’identité paléontologique : deux couches renfermant les mêmes fossiles
strati­graphiques ont le même âge ; un fossile stratigraphique se caractérise par une large
répartition géographique et une existence courte à l’échelle géologique.
Différentes subdivisions peuvent ainsi être distinguées :
• une formation est une série de couches sédimentaires caractéristiques du point de vue
lithologique ou paléontologique et définie le plus souvent géographiquement, par exemple
le calcaire de Saint-Ouen ;
• un étage rassemble une série de formations et correspond à une division fondamentale du
temps en géologie, par exemple le Stampien qui regroupe, dans le Bassin parisien, la série
allant de la formation des marnes à huîtres à la base jusqu’à celle du calcaire d’Étampes
au sommet ;
• un système regroupe un ensemble d’étages (ex. : le Crétacé) ;
• l’ère est le plus grand diviseur des temps géologiques, depuis l’apparition des fossiles au
sein des sédiments : l’ère primaire ou Paléozoïque, l’ère secondaire ou Mésozoïque (celle
des grands reptiles), l’ère tertiaire ou Cénozoïque (celle des mammifères) et l’ère quater-
naire caractérisée par la présence de l’homme.
La corrélation entre les différentes séries sédimentaires de toute la planète a permis l’établis-
sement d’une échelle stratigraphique internationale qui reflète l’état actuel des connaissances
(voir annexe B en fin d’ouvrage). Compte tenu de cette évolution, on ne s’étonnera donc pas
de constater que, selon leur date d’établissement, les cartes géologiques font mention de noms
d’étages variables, voire attribuent des âges différents à une même formation.

1.3.3. Roches métamorphiques

1.3.3.1 . Généralités
Dans le cadre des mouvements entre plaques, les roches de l’écorce terrestre peuvent être
soumises à des phénomènes d’enfouissement et de compression. Les augmentations de pression
et de température qui en résultent entraînent des transformations de la texture et de la miné-
ralogie des roches préexistantes. En revanche, leur chimisme est globalement conservé, bien
que quelques éléments puissent être mis en solution. C’est l’ensemble de ces changements qui
est appelé métamorphisme.

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24 | Les sols et la géologie

Une roche métamorphique dérive donc toujours d’une roche antérieure qui peut être sédi-
mentaire, magmatique, voire déjà métamorphique.
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1.3.3.2. Classification
La première distinction qui peut être faite est basée sur la texture des roches métamorphiques,
selon qu’elles sont foliées ou non. Parmi les roches non foliées, les cornéennes sont des roches
très dures issues du métamorphisme de contact, au voisinage immédiat d’une roche magma-
tique intrusive. Les roches métamorphiques foliées, qui ont gardé la trace des déformations
qu’elles ont subies par une orientation de leurs minéraux, sont les plus nombreuses.
Une nomenclature précise des roches métamorphiques est complexe puisqu’elle dépend,
d’abord, de critères hérités de la roche originelle et, ensuite, de ceux acquis lors de ses trans-
formations. Ces dernières sont liées à l’intensité des conditions de pression et de température
auxquelles les roches ont été soumises.
À défaut de classement, il convient de retenir les roches les plus couramment rencontrées :
• les gneiss sont des roches foliées très communes, dont les minéraux essentiels sont les
feldspaths, associés au quartz et aux micas ; ils peuvent provenir de roches sédimentaires ou
de roches magmatiques et, pour les distinguer, on peut leur associer respectivement les
préfixes para et ortho ; une variété de gneiss, pauvre en micas et donc peu foliée, est
la leptynite ;
• les granulites sont des roches proches des gneiss, où le degré de métamorphisme a été tel
que les micas n’ont pu se développer ;
• les micaschistes sont des roches à la foliation fortement marquée, riches en micas, qui
dérivent essentiellement de roches sédimentaires argileuses ; ils sont souvent caractérisés par
les silicates d’alumine secondaires qu’ils renferment : grenats, andalousite, disthène, etc. ;
• les quartzites sont essentiellement formés de cristaux de quartz ; ils proviennent générale-
ment de la recristallisation d’un grès ;
• les schistes sont des roches d’origine sédimentaire affectées par un métamorphisme
relative­ment faible ; très finement cristallisés, ils se caractérisent par un débit en feuillets, la
schisto­sité  ; les schistes ardoisiers présentent une schistosité bien marquée et régulière qui les
rend utilisables pour l’industrie ;
• les marbres sont des calcaires ou dolomies qui, par métamorphisme, ont recristallisé avec
souvent apparition de minéraux spécifiques : pyroxènes, grenats, etc. ;
• les amphibolites désignent un ensemble de roches plus ou moins foliées composées
d’amphi­boles et de plagioclases ; elles peuvent être : soit d’origine para (pélites, marnes),
soit d’origine ortho (basaltes, diorites, gabbros) ;
• les migmatites présentent la particularité d’être à la limite des roches magmatiques et
métamorphiques puisqu’elles ont été l’objet d’une fusion partielle ; elles sont composées
d’une partie granitique et d’une partie gneissique.

1.3.3.3. Structure des roches métamorphiques


Du fait même de leur mode de formation, la structure des roches métamorphiques est
extrême­ment complexe.

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Éléments de tectonique | 25

Indépendamment de l’augmentation de la pression liée à l’enfouissement, l’anisotropie des


contraintes entraîne des déformations sous forme de plissements affectant la structure
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d’origine et notamment la stratification.


Lorsque la profondeur d’enfouissement augmente, un feuilletage se développe, parallèlement
aux plans axiaux des plis. Ce feuilletage, appelé schistosité, est à l’origine du débit caractéris-
tique de certaines roches métamorphiques, comme les schistes ardoisiers.
Pour une plus grande profondeur, de nouvelles espèces minérales apparaissent, orientées
parallèlement à la schistosité. Ces minéraux peuvent se regrouper sous forme de lits. Ce type
de structure, appelé foliation, est caractéristique des micaschistes et des gneiss.

1.4. Éléments de tectonique


1.4.1. Différents comportements des roches
Sous l’effet des contraintes mécaniques qui ont affecté la croûte terrestre, les roches ont eu des
réponses rhéologiques différentes. Cette aptitude à plus ou moins résister à la déformation,
dénommée compétence, détermine leur comportement :
• les roches incompétentes, qui ont un comportement ductile et acceptent de grandes
déformations plastiques ;
• les roches compétentes, qui ont un comportement cassant et ne subissent que peu de
déformation plastique avant la rupture.
De très nombreux facteurs ont une influence sur la rhéologie des roches, leur nature, l’assem-
blage des minéraux, la pression lithostatique, la pression de fluide dans les pores, etc.

1.4.2. Déformations ductiles


Le plissement est la manifestation la plus courante de la déformation ductile.
Un pli est dit antiforme si sa concavité est tournée vers le bas et synforme si elle est tournée
vers le haut. On parle d’anticlinal pour un pli antiforme dont le cœur est constitué par les
terrains les plus anciens et de synclinal lorsque les terrains les plus récents sont au cœur d’un
pli synforme.
Les éléments géométriques caractérisant un pli (figure 1.4) sont :
• la charnière, ou axe, qui est la ligne passant par les points de courbure maximale de la
surface d’une couche ;
• la surface axiale qui contient l’ensemble des axes des surfaces plissées et dont l’inclinaison
permet un classement en plis droits, déversés, couchés ; cette surface peut elle-même être
déformée ;
• les flancs, qui sont les surfaces les moins incurvées, reliant les charnières.

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26 | Les sols et la géologie

Axe de pli Plan axial


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Ch du
ar pli
ni
èr
e
Flanc
normal Flanc
inverse

Points d’inflexion
Fig. 1.4. Éléments descriptifs d’un pli

1.4.3. Déformations cassantes


Les failles sont des surfaces sur lesquelles a eu lieu un déplacement. Ce sont des fractures de
cisaillement. Elles séparent deux compartiments, décalés de part et d’autre d’une disconti-
nuité dont l’épaisseur peut être très variable, du millimètre à plusieurs mètres, voire plus. Le
décalage entre les deux compartiments s’appelle le rejet (figure 1.5).

Plan ou miroir
de faille
Lèvre
soulevée Stries

Lèvre
affaissée

Compartiment R Compartiment
soulevé affaissé
RV
α RL R = rejet
RV = rejet vertical
RT RT = rejet transversal
RL = rejet latéral
α = pendage

Fig. 1.5. Éléments descriptifs d’une faille normale

Lorsque le déplacement est principalement proche de la ligne de plus grande pente et traduit
un phénomène d’extension, la faille est dite normale ; lorsqu’elle résulte d’une compression
des terrains, la faille est dite inverse. Un chevauchement est une faille inverse pratiquement
horizontale et présentant un fort déplacement ; lorsque ce déplacement est très important on
parle de charriage.

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Disciplines apparentées à la géologie | 27

Une faille qui traduit un mouvement essentiellement horizontal est dite coulissante ou encore
appelée décrochante.
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Les failles sont en général associées à des roches broyées et écrasées, qu’on range sous le terme
générique de roches de failles (brèches, mylonites, cataclasites…). Ces roches peuvent être le
siège de circulations d’eau importantes et à ce titre, ou du fait de leur altération, être à l’ori-
gine de problèmes géotechniques.
Il convient de ne pas confondre les failles avec les diaclases ou joints qui sont des fractures
tensiles (et non cisaillantes) et ne présentent pas de déplacement. Ces diaclases ou joints
peuvent cependant revêtir une importance capitale en géotechnique dans la mesure où ils
conditionnent la stabilité d’une masse rocheuse. Par ailleurs, en hydrogéologie, ils définissent
la perméabilité en grand d’un réservoir aquifère.

1.4.4. Représentation des éléments structuraux


Afin de repérer dans l’espace un élément structural, plan de foliation, de schistosité, de faille,
ou même une surface sédimentaire, comme une couche, il est nécessaire de définir :
• sa direction donnée par l’intersection de ce plan avec un plan horizontal, exprimée en
degrés par rapport au nord (dans le sens des aiguilles d’une montre) ;
• son pendage traduisant l’angle maximal fait par ce plan avec l’horizontale.
Usuellement, une faille notée 155 W 30 présente donc une direction de 155° avec le nord et
un pendage de 30° vers l’ouest.

1.5. Disciplines apparentées à la géologie

1.5.1. Géomorphologie
La géomorphologie est une science qui a pour objet la description et l’explication des formes
du relief terrestre. Elle est en relation étroite avec les autres disciplines de la géographie
physique et de la géologie. Les formes de la surface terrestre évoluent en réponse à une combi-
naison de processus naturels et anthropiques et tendent à équilibrer les phénomènes d’érosion
et d’accumulation. Ces processus agissent à des échelles spatiales et temporelles variables. Le
relief est un des facteurs importants des activités humaines : aménagement du territoire,
risques naturels, ressources naturelles, etc.
Il est possible d’aborder la géomorphologie selon deux approches, ce qui conduit à
distinguer :
• la géomorphologie structurale, qui traite de l’influence de la structure géologique (litho-
logie et tectonique…) sur le relief à différentes échelles ;
• la géomorphologie dynamique, qui a pour objet l’étude des processus externes qui contri-
buent à la formation et à l’évolution des formes de relief (l’altération superficielle, l’action
des eaux courantes, du vent, des glaciers…) ; elle concerne également l’influence des
climats actuels ainsi que l’héritage des climats anciens.

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28 | Les sols et la géologie

Les apports de la géomorphologie à la géotechnique sont innombrables. Notamment, dans le


cadre d’une mission d’étude géotechnique, lors de la phase d’analyse préliminaire d’un site
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(voir § 1.6.1), avant toute investigation par sondage, il apparaît indispensable que l’ingénieur
géotechnicien puisse étayer sa connaissance documentaire de la géologie locale à l’aide de ses
observations de terrain, où la géomorphologie constitue une aide précieuse.

1.5.2. Pédologie
Il apparaît difficile de traiter des sols sans dire quelques mots de la pédologie, l’objet d’étude
de cette science étant la couche superficielle de l’écorce terrestre. Cette dernière possède des
caractéristiques morphologiques et minéralogiques ainsi que des propriétés physico-chimiques
distinctes de celles du matériau originel dont il dérive, du fait de sa position à la surface de la
lithosphère et de l’influence des facteurs du milieu qui y agissent. Le sol, au sens pédologique,
n’est pas un milieu inerte et stable ; il évolue sous l’influence du climat et de la végétation au
détriment du substrat géologique. Au cours de cette évolution il s’approfondit et se diffé-
rencie en divers « horizons » dont l’ensemble constitue un profil (figure 1.6), pour atteindre
un équilibre relativement stable.
L’évolution d’un sol ressort de trois sortes de processus :
• une incorporation de matière organique et un phénomène d’humification qui concernent
la partie supérieure du profil, caractérisant les horizons désignés par la lettre A ;
• une altération des minéraux primaires en minéraux secondaires et notamment en miné-
raux argileux ; cet horizon, dit « structural », est notifié B ;
• un enrichissement par illuviation en éléments fins ou amorphes (argiles, oxydes de fer et
d’aluminium…) ; cet horizon est appelé  B agrémenté d’un indice qualifiant le type
d’accumulation.
Certains profils peuvent comporter un horizon appelé G, caractérisé par une décoloration du
sol de couleur gris verdâtre avec taches rouille, se formant au sein ou à la limite supérieure
d’une nappe phréatique. Enfin, la lettre C désigne le matériau d’origine et le R si ce matériau
est de consistance rocheuse.
Il n’existe pas de classification universelle, même si la plupart des systèmes présentent des
analogies. En Europe les sols sont définis selon leurs caractères propres, liés aux processus qui
leur ont donné naissance. Les très nombreuses classes peuvent être rangées au sein de grandes
familles parmi lesquelles nous retiendrons :
• les sols peu évolués qui présentent un profil AC, ayant eu généralement leur évolution
empêchée par un facteur climatique extrême ;
• les sols à altération biochimique dominante, qui caractérisent des zones bien drainées sous
des climats généralement tempérés : rendzines, sols bruns, sols lessivés, podzols… ;
• les sols à altération géochimique dominante qui sont surtout localisés dans les régions
chaudes où le phénomène d’altération a été particulièrement poussé : terra rossa, sols
latéritiques… ;
Certains sols ont évolué dans un milieu rendu réducteur par excès d’eau, soit en présence
d’une nappe phréatique permanente (gley), soit d’une nappe perchée temporaire (pseudo-

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Géologie et missions d’ingénierie géotechnique | 29

gley). Lors des investigations géotechniques, il est important de savoir identifier ces sols qui
présentent des traces d’hydromorphie caractéristiques.
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D’autres sols peuvent se former au sein de nappes phréatiques permanentes aux faibles
fluctua­tions et aux eaux très réductrices, dans les vallées alluviales ou dans les dépressions mal
drainées sur un substrat acide. Ce sont les tourbes, sols éminemment compressibles, redoutés
par les géotechniciens.

A1 A1 A1 A1
A1

A1 (B) A2 A2
(B)

Bt Bt
R
R R

Rendzine Sol brun Sol brun acide Sol brun Sol rouge
calcaire sur granite lessivé fersiallitique
(terra rossa)

Fig. 1.6. Exemples de profils pédologiques

1.6. Géologie et missions d’ingénierie géotechnique


1.6.1. Analyse préliminaire
Comme mentionné dans la norme NF P94-500 relative aux missions d’ingénierie géotech-
niques « Tout site est susceptible de présenter des aléas géologiques plus ou moins importants
qui peuvent entraîner des risques pour la réalisation d’un projet d’aménagement de site ou de
construction d’ouvrage. L’existence de ces risques rend nécessaire leur gestion et nécessite un
certain nombre d’études géotechniques, qui visent à les détecter, les évaluer et les maîtriser. »
Préalablement à l’établissement d’un programme d’investigations géotechniques pour la
construction d’un ouvrage, il est indispensable de prendre connaissance du contexte géolo-
gique, hydrogéologique et géotechnique du site concerné. Pour ce faire il est nécessaire de
procéder à une analyse préalable à partir des éléments disponibles :
• une recherche documentaire (cartes géologiques, banques de données du sous-sol, plans de
prévention des risques, études antérieures…) ;
• la visite du site ;
• une enquête de voisinage ;
• la connaissance de l’historique du site.
À l’issue de cette analyse le géotechnicien doit pouvoir disposer d’un modèle géologique préli-
minaire. Le but des reconnaissances géotechniques sera d’améliorer ce modèle, voire de le
modifier, et de le rendre fiable, précis et aussi complet que possible, de manière à concevoir le
projet, tout au long de son avancement, sur des bases sûres et indispensables.

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30 | Les sols et la géologie

1.6.2. Informations géologiques


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L’examen du site peut fournir des indices importants à condition de savoir les interpréter, ce
qui nécessite une certaine expérience et une culture géologique régionale. À défaut la consul-
tation de la carte géologique et de sa notice doit permettre d’estimer la nature des sols consti-
tuant le soubassement du terrain étudié. Les quelques rudiments de géologie qui précèdent
ont pour but d’aider le non spécialiste dans cette lecture.
Internet a permis un accès aisé aux informations géologiques à travers des sites comme
InfoTerreTM, en France, qui constitue le portail géomatique d’accès aux données géoscienti-
fiques du BRGM : cartes géologiques au 1/50 000, dossiers de la banque de données du sous-
sol et logs géologiques, cartes des risques naturels et industriels, données sur les eaux
souterraines, etc.
L’examen d’une carte géologique doit toujours prendre en compte certains principes :
• elle doit être précédée de l’analyse de la topographie ;
• il ne faut jamais perdre de vue qu’une carte géologique reflète les conceptions de ses auteurs
à partir de faits observables ; certaines informations peuvent donc s’avérer erronées, notam-
ment en ce qui concerne les limites de formations géologiques ou la position des accidents
tectoniques.
Selon les cartes géologiques, les formations récentes (limons, colluvions, etc.), qui recouvrent
indifféremment les couches antérieures et les masquent souvent à l’observation, peuvent être
succinctement représentées. Les cartes les plus récentes, pour lesquelles l’utilisation à des fins
professionnelles a été prise en compte, privilégient la représentation des formations superfi-
cielles, tout en conservant par des artifices graphiques la figuration de leur substrat.
La lecture de la carte géologique ne peut être détachée de l’étude de sa légende, qui rassemble :
• une énumération des différentes formations décrites, des plus récentes aux plus anciennes,
avec leur code de représentation graphique accompagné de leur abréviation convention-
nelle faite de lettres et de chiffres, rappelant l’âge de la formation représentée ou la nature
de la roche ;
• les différents symboles correspondant à des informations ponctuelles relatives à la tecto-
nique, l’hydrogéologie, aux affleurements, etc.
Une carte géologique est complétée d’une notice explicative fournissant la description des
différentes formations ainsi que les conditions générales de genèse des grandes entités géolo-
giques de la carte et leur évolution tectonique et métamorphique. Enfin, une synthèse géolo-
gique régionale raconte l’histoire géologique de la région. Selon les cartes, une place plus ou
moins importante est accordée à l’hydrogéologie, au sein d’une rubrique dénommée le plus
souvent « ressources du sous-sol et exploitations ».
Cependant, si elle fournit des informations importantes sur la nature des sols au droit d’un
site, une carte géologique est malheureusement avare de renseignements sur l’hétérogénéité
potentielle desdits sols, notamment en raison de son échelle. Ce sont pourtant ces aléas géolo-
giques éventuels qui conditionnent, entre autres, le choix de la maille et de la profondeur des
investigations à réaliser.

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Géologie et missions d’ingénierie géotechnique | 31

1.6.3. Aléas géologiques


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Il n’est pas possible de dresser une liste exhaustive des aléas géologiques susceptibles d’être
rencontrés. Néanmoins, on en trouvera ci-après quelques phénomènes susceptibles d’entraîner
des risques pour la réalisation d’ouvrages géotechniques :
• la diversité lithologique : contrairement aux roches magmatiques ou métamorphiques,
qui sont généralement homogènes à l’échelle d’une étude géotechnique, les formations
sédimentaires peuvent présenter des successions de couches de nature très diverse et surtout
possédant des caractéristiques mécaniques hétérogènes ;
• les accidents tectoniques : le rejet d’une faille peut mettre en évidence des roches de
nature très différente, de part et d’autre de cet accident ; de plus, la faille proprement dite
peut se présenter sous la forme de roches broyées, et ce, sur une épaisseur non négligeable,
dépassant fréquemment le mètre ;
• les phénomènes de dépôt : certaines formations généralement récentes, comme les allu-
vions, les colluvions, les moraines, présentent la particularité, liée à leur mode de dépôt,
d’être particulièrement hétérogènes et de faible compacité car sous-consolidées ;
• l’altération : contrairement aux roches sédimentaires, les roches magmatiques et méta-
morphiques sont actuellement très éloignées des conditions physico-chimiques qui
régnaient lorsqu’elles se sont formées, d’où une plus ou moins forte altération, fonction du
grain de la roche, de sa fracturation, de sa foliation éventuelle ; il s’ensuit que l’épaisseur
d’altération peut être extrêmement variable, même au sein de massifs rocheux a priori
qualifiés d’homogènes ;
• les phénomènes karstiques : la formation de vides de dissolution ne concerne que
certaines catégories de roches sédimentaires (gypse, calcaire, etc.) et certains horizons
géologiques sont particulièrement concernés ; les phénomènes de dissolution, actuels ou
fossiles, étant liés à des circulations d’eau, une bonne connaissance de l’hydrogéologie d’un
site peut permettre d’appréhender le développement dans l’espace de ces accidents :
niveaux imperméables, orientations des systèmes de failles, etc. ;
• les vides anthropiques : certaines couches sédimentaires bien identifiées peuvent avoir été
l’objet d’exploitations souterraines (par exemple, le calcaire grossier du Lutétien en région
parisienne, la craie-tuffeau du Turonien dans la vallée de la Loire, etc.) ; l’évolution de ces
vides en direction de la surface peut créer des effondrements, appelés fontis, très dangereux
pour les constructions ; malheureusement, il existe aussi d’autres vides souterrains moins
directement liés à la géologie et dont la présence est beaucoup plus difficile à prévoir
(ouvrages militaires, souterrains-refuges, aqueducs, etc.).
De cette liste, il pourrait ressortir que les régions dites de « socle », c’est-à-dire formées de
roches magmatiques ou métamorphiques, sont géotechniquement plus simples que celles
situées dans les bassins sédimentaires. Il faut se garder d’un tel jugement, car les hétéro­
généités sont alors plus difficiles à mettre en évidence. Dans tous les cas, une approche géolo-
gique est indispensable dans la conduite d’une étude géotechnique sérieuse.
Le lecteur désireux de parfaire ses connaissances générales en géologie trouvera ci-après une
bibliographie non exhaustive d’ouvrages courants dans différents domaines en rapport avec
la géotechnique.

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32 | Les sols et la géologie

Bibliographie
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[1 Chamley 2000] CHAMLEY H., Bases de sédimentologie, Dunod, 2000.


[1 Chaput 2006] CHAPUT J.-L., Initiation à la géomorphologie, Ellipses, 2006.
[1 Cojan 2006] COJAN I. et RENARD M., Sédimentologie, 2e édition, Dunod, 2006.
[1 Dercourt 2006] DERCOURT J., PAQUET J., THOMAS P. et LANGLOIS C., Géologie, objets,
méthodes et modèles, 12e édition, Dunod, 2006.
[1 Derruau 1988] DERRUAU M., Géomorphologie, 7e édition, Masson, 1988.
[1 Duchaufour 1997] DUCHAUFOUR Ph., Abrégé de pédologie, 5e édition, Masson, 1997.
[1 Duchaufour 2001] DUCHAUFOUR Ph., Introduction à la science du sol, 6e édition, Dunod, 2001.
[1 Foucault 2005] FOUCAULT A. et RAOULT J.F., Dictionnaire de géologie, 6e édition, Dunod, 2005.
[1 Gidon 1987] GIDON M., Les structures tectoniques, collection Manuels et méthodes du BRGM,
no 15, 1987.
[1 Lameyre 1986] LAMEYRE J., Roches et minéraux, Doin, 1986.
[1 Mercier 2013] MERCIER D.F., Géomorphologie de la France, Dunod, 2013.
[1 Pomerol 1987] POMEROL Ch., BABIN C., LANCELOT Y., LE PICHON X., RAT P. et
RENARD M., Stratigraphie : principes, méthodes, applications, Doin, 1987.
[1 Pomerol 2011] POMEROL Ch., LAGABRIELLE Y., RENARD M. et GUILLOT S., Éléments de
géologie, 10e édition, Dunod, 2011.
[1 Sorel 2010] SOREL D., VERGELY P., Initiation aux cartes et coupes géologiques, 2e édition, Dunod,
2010.
[1 USG 2016] UNION SYNDICALE GÉOTECHNIQUE/SYNTEC, Recommandations sur la
consistance des investigations géotechniques pour les études géotechniques de conception (G2), USG-Syntec,
2016.
[1 Vergely 2011] VERGELY P., MISSENARD Y. et MERCIER J., Tectonique, 3e édition, Dunod,
2011.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 2

Propriétés physiques des sols

2.1. Définition des sols – Notations


Un sol est un complexe de trois éléments :
• des grains solides ;
• de l’eau ;
• de l’air (ou du gaz).
L’assemblage des grains solides forme le squelette du sol. Lorsque l’eau remplit tous les vides,
il n’y a pas d’air, le sol est dit saturé. Dans le cas contraire, l’eau se dépose par attraction capil-
laire en un film plus ou moins épais autour des grains solides.
Les définitions des nombreux paramètres et variables utilisés dans les chapitres suivants ainsi
que les notations correspondantes sont, pour la plupart, normalisées [XP P94-010 1996]. Le
chapitre  6 présente les différents essais de laboratoire et détaille les protocoles opératoires
pour mesurer et déterminer ces paramètres et grandeurs.

2.2. Structure des sols

2.2.1. Classification des grains solides


Les grains solides sont classés selon leur taille. Nous reviendrons sur la notion de taille et la
définirons plus précisément. En considérant le diamètre moyen des éléments D, les catégories
de sols suivantes sont distinguées :
• blocs rocheux D > 200 mm
• cailloux 20 < D < 200 mm
• graviers 2 < D < 20 mm
• sables grossiers 0,2 < D < 2 mm

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34 | Propriétés physiques des sols

• sables fins 20 µm < D < 0,2 mm


limons (ou silts) 2 µm < D < 20 µm
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• argiles D < 2 µm
Cette classification est arbitraire et variable selon les pays. Dans la norme internationale
EN ISO14688-1, les dimensions des fractions granulaires et de leurs subdivisions sont celles
du tableau 2.1. Il est évident que la plupart des sols naturels contiennent des éléments de
plusieurs catégories de grains de grosseurs différentes, ce qui conduit à des dénominations
plus complexes ou moins restrictives.

Tableau 2.1. Principales fractions granulaires

Fractions Subdivisions Symboles Taille des particules


granulaires en mm

Gros blocs lBo > 630

Sol très grossier Blocs Bo > 200 à 630

Cailloux Co > 63 à 200

Grave Gr > 2,0 à 63


Grave grossière cGr > 20 à 63
Grave moyenne mGr > 6,3 à 20
Grave fine fGr > 2,0 à 6,3
Sol grossier
Sable Sa > 0,063 à 2,0
Sable grossier cSa > 0,63 à 2,0
Sable moyen mSa > 0,2 à 0,63
Sable fin fSa > 0,063 à 0,2

Limon Si > 0,002 à 0,063


Limon grossier cSi > 0,02 à 0,063
Sol fin Limon moyen mSi > 0,0063 à 0,02
Limon fin fSi > 0,002 à 0,0063

Argile Cl ≤ 0,002

La majorité des sols sont composites et sont constitués d’une fraction granulaire principale et
de fractions granulaires secondaires. Ils sont alors désignés par un nom correspondant à la
fraction granulaire principale, et par un ou plusieurs qualificatifs se rapportant aux fractions
granulaires secondaires (par exemple, grave sableuse saGr, argile graveleuse grCl).
Les abréviations des qualificatifs des fractions granulaires secondaires des sols doivent être
écrites en lettres minuscules. Les abréviations des sols à couches multiples peuvent être écrites
en lettres minuscules soulignées (par exemple, argile graveleuse intercalée avec du sable :
grClsa).
En dehors de cette première classification, deux autres paramètres relatifs aux grains solides
tiennent un rôle important :
• la forme des grains : arrondie, anguleuse, sphérique, en plaquette, en aiguille, etc. ;
• la nature minéralogique des grains.

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Structure des sols | 35

2.2.2. Structure et eau interstitielle


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Étudions deux catégories de sols dont les comportements sont différents et typés :
• les sols pulvérulents diamètre des grains > 20 µm
• les argiles diamètre des grains < 2 µm
Les limons ont un comportement intermédiaire.

2.2.2.1 . Structure des sols pulvérulents


Les sols pulvérulents, sables, graviers, cailloux, blocs, sont constitués essentiellement de silice
(quartz), de calcaire ou d’autres roches ou minéraux inertes.
Par ailleurs, les effets de la capillarité sont négligeables car les phénomènes d’attraction capil-
laire sont superficiels et proportionnels à la surface des grains, c’est-à-dire à D 2.
Les forces de pesanteur (poids du sol) sont proportionnelles au volume du grain, c’est-à-dire
à D 3.
Le rapport : forces capillaires/pesanteur est proportionnel à 1/D.
Comme D est relativement grand dans le cas des sols pulvérulents, les forces capillaires qui
s’exercent sur chaque grain sont faibles et négligeables devant l’effet de la pesanteur. Les grains
se comportent alors comme les granulats inertes du béton. On peut considérer que le contact
est direct de grain à grain et que le sol est constitué par un empilement de grains solides avec
une quantité d’eau plus ou moins importante dans les interstices.

Cette notion peut être précisée par la surface spécifique d’un sol. Elle représente la somme des
surfaces de chacun des grains contenus dans 1 g de sol. Elle s’exprime en m2/g. Donc, plus un
sol est fin, plus la surface spécifique est élevée et plus les forces capillaires jouent un rôle
important.

Cohésion capillaire : soit un film d’eau coincé entre deux grains (figure 2.1), la tension capil-
laire t due au ménisque conduit à une résultante R sur chaque grain qui tend à souder les
deux grains.
Sur les sables fins humides, cet effet est manifeste. C’est ce phénomène, appelé cohésion capil-
laire, qui permet de construire des châteaux de sable sans qu’ils ne s’écroulent.

t t
t t

Fig. 2.1. Cohésion capillaire

EYR2212118902_Fondations.indb 35 07/01/2019 11:24


36 | Propriétés physiques des sols

Pour les sols argileux, l’effet relatif de cette attraction devient prépondérant par rapport au
poids des grains et a pour conséquence de coller les grains les uns aux autres : c’est ce qu’on
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appelle la cohésion. Dans le paragraphe 2.2.2.2 consacré aux argiles, nous verrons que le
phénomène est en fait plus complexe.
La distinction entre les deux grandes familles de sols définies précédemment se fait sur la
présence ou non d’une cohésion marquée :
• dans les sols pulvérulents, les grains se détachent les uns des autres sous leur poids ; le sol
s’écoule dans la main ;
• dans les sols cohérents, les grains sont collés les uns aux autres ; le sol se met en mottes
lorsqu’il est trituré.

2.2.2.2. Structure des argiles


Avec les argiles, les problèmes sont beaucoup plus complexes et l’étude de leur structure
s’effectue au microscope électronique ainsi que par analyse aux rayons  X. Seuls quelques
résultats essentiels sont présentés. Pour plus de détails le lecteur pourra se reporter aux réfé-
rences [2 Lambe 1969], [2 Leonards 1968] et [2 Skempton 1953].
Les argiles sont composées d’alumino-silicates hydratés associés à un ou plusieurs cations Ca,
Na, Mg, K, Fe, lesquels tapissent la surface des grains solides. La présence de l’un ou l’autre
de ces ions modifie considérablement les propriétés des argiles. Ainsi, une argile Na aura des
propriétés bien différentes d’une argile Ca.
Les grains d’argile ont une forme de plaquette. Ils sont formés par un empilement de feuillets.
Pour une nature d’argile donnée, ces feuillets ont une structure atomique précise. Ils sont
constitués d’un maillage d’ions O et OH de formes tétraédrique et octaédrique, les ions Si
et Al étant placés dans les cavités du maillage.
Les feuillets et, par conséquent, les grains ne sont pas électriquement neutres : ils sont chargés
négativement sur les surfaces des plaquettes.
Dans la nature, une particule de sol attire des ions pour neutraliser sa charge globale.
Cependant, les liens sont faibles et les ions correspondants (Ca, Na, Mg, etc.) sont appelés des
ions échangeables.
En présence d’eau, ces ions s’hydratent et le diamètre des ions hydratés est très supérieur à
celui d’un ion anhydre. Par exemple, le diamètre d’un ion Na varie de 0,90 Å à 7,8 Å. Après
hydratation, les ions ne disposent plus d’un espace suffisant pour former une seule couche à
la surface de la plaquette d’argile. Ils se répartissent alors sur une épaisseur atteignant 400 Å.
C’est pourquoi cette zone est appelée la double couche électronique. Cependant, plus on
s’éloigne de la surface du grain, plus la concentration en ions échangeables diminue (figure 2.2a)
et plus l’attraction entre l’eau de contact et le grain est faible.
Ainsi, il se crée autour du grain solide une pellicule d’eau dite eau adsorbée, dont les propriétés
sont très différentes de celles d’une eau libre. Au contact du grain, l’attraction est telle que
l’eau a un comportement de solide : plus on va vers l’extérieur, plus le potentiel électrique dû
à la présence des ions échangeables diminue et plus la viscosité apparente de l’eau diminue.

EYR2212118902_Fondations.indb 36 07/01/2019 11:24


Structure des sols | 37

Au-delà d’une distance de 100 Å, l’eau n’est pratiquement plus affectée et son comportement
est celui de l’eau libre.
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Surface
de
l’argile

Ions échangeables
Distance de la surface 400 Å

Grain de montmorillonite Grain de kaolinite


b

Eau absorbée

Fig. 2.2. Eau adsorbée et ions échangeables

L’épaisseur de la couche d’eau adsorbée étant à peu près constante, la proportion relative de
cette eau est fonction de la surface spécifique du type d’argile considéré (figure 2.2b). Les
répercussions sur les propriétés du sol sont considérables.
Alors que pour les sols pulvérulents le squelette solide constitue un empilement plus ou
moins lâche de grains, il peut s’établir dans les argiles des structures très différentes (figure 2.3)
dues aux phénomènes de répulsion et d’attraction des grains chargés électriquement.

Structure floconneuse En nid d’abeilles Empilement

Fig. 2.3. Différentes structures des argiles d’après Terzaghi

EYR2212118902_Fondations.indb 37 07/01/2019 11:24


38 | Propriétés physiques des sols

On distingue différentes familles d’argile en fonction de leur structure minéralogique.


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Le tableau 2.2 fournit les noms et les caractéristiques des principales familles d’argile :
Tableau 2.2. Principales familles d’argile

Noms Surface Diamètre des Épaisseur des Épaisseur des feuillets


spécifique plaquettes D plaquettes élémentaires
(m2/g) (μm) (Å)

Kaolinite 10 – 20 0,3 à 3 D/10 à D/3 7

Illite 80 – 100 0,1 à 2 D/10 10

Montmorillonite 800 0,1 à 1 D/100 14

2.3. Classification géotechnique des sols


Il est habituel de caractériser les sols à l’aide d’essais relativement simples. Ces essais sont
appelés essais d’identification. Les principaux sont les suivants :
• l’analyse granulométrique ;
• la détermination des limites d’Atterberg ;
• la valeur de bleu (méthode de la tache) ;
• l’équivalent de sable ;
• la teneur en matières organiques.
Nous indiquerons ici le principe de ces essais et la façon dont les résultats sont exprimés. Au
chapitre 6, le paragraphe « Essais de laboratoire » fournit plus d’information sur les modalités
d’exécution pratique de ces essais.
La teneur en eau naturelle w, décrite au paragraphe 2.4, joue également un rôle important.

2.3.1. Analyse granulométrique


L’analyse granulométrique a pour but de déterminer les proportions pondérales de grains de
différentes tailles dans le sol.
Elle s’effectue par :
• tamisage pour les grains d’un diamètre supérieur à 80 µm (norme d’essai NF P94-056) ;
• sédimentation pour les grains les plus fins (norme d’essai NF P94-057). L’essai consiste à
mettre en suspension dans de l’eau les particules inférieures à 80 µm et à les laisser décanter.
Les particules de sol sédimentent alors à différentes vitesses en fonction de leur taille. Plus
les grains sont fins, plus la vitesse de décantation est lente, conformément à la loi de
Navier-Stokes sur la vitesse de chute de billes sphériques dans l’eau. La mesure de la densité
de la suspension, au moyen d’un densimètre, à des intervalles de temps variables permet
de calculer la proportion de grains de chaque diamètre.

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Classification géotechnique des sols | 39

Les résultats sont exprimés sous forme d’une courbe appelée courbe granulométrique, qui
donne le pourcentage cumulé des éléments de dimension inférieure à chaque diamètre consi-
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déré. Les essais correspondants sont décrits plus en détail au chapitre 6.

La figure 2.4 présente quelques courbes granulométriques types caractéristiques :


• courbe 1 : granulométrie étalée et discontinue (alluvions de sables et graviers) ;
• courbe 2 : granulométrie étalée et continue (arène granitique) ;
• courbe 3 : granulométrie serrée (sable de Fontainebleau) ;
• courbe 4 : limon argileux ;
• courbe 5 : argile limoneuse ;
• courbe 6 : argile pratiquement pure (bentonite), le sol comportant 87 % d’argile inférieure
à 2 µm.

Argile Limon Sable fin Gros sable Graviers Cailloux


100 0
6
90 10

80 20
70 5
30
4 2 1
60 40
% PASSANT

% REFUS
3
50 50

40 60
30 70

20 80

10 90

0 100
2 5 2 5 2 5 2 5 2 5 2 5 2
10–3 10–2 10–1 1 10 102
0,2 0,5 1 2 5 10 20 50 100 OUVERTURE TAMIS (mm)
Sédimentométrie (µ)
(NF P94 – 056)
(NF P94 – 057)

Fig. 2.4. Exemples de courbes granulométriques

Les diamètres D60, D30 et D10 étant respectivement les diamètres correspondant à 60 %, 30 %
et 10 % d’éléments de dimension inférieure, deux paramètres sont utilisés pour caractériser
l’allure de la courbe granulométrique d’un matériau. Il s’agit :
D
• du coefficient d’uniformité tel que CU = 60  ;
D10
D30
• du facteur de courbure tel que CC = .
D10 · D60

Le tableau 2.3 extrait de la norme NF EN ISO14688-2 fournit les valeurs de CU et de CC


permettant de faire la distinction entre des distributions granulométriques bien graduées, mal
graduées et discontinues et d’apprécier la forme de la courbe granulométrique.

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40 | Propriétés physiques des sols

Tableau 2.3. Caractérisation de la forme des courbes granulométriques


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Forme de la courbe CU CC
granulométrique

Bien graduée > 15 1 < CC < 3

Moyennement graduée 6 à 15 <1

Mal graduée <6 <1

Uniforme <3 <1

Élevé Variable
Discontinue
(généralement > 15) (généralement < 0,5)

2.3.2. Limites d’Atterberg – Activité des argiles


Compte tenu de leur structure, les argiles ont la propriété d’absorber des quantités d’eau très
importantes ou, au contraire, de se dessécher, ceci en fonction des conditions d’humidité
auxquelles elles sont soumises. Les kaolinites n’absorbent qu’une quantité d’eau modérée car
celle-ci a uniquement la possibilité de se loger entre les grains d’argile. En revanche, l’eau a la
possibilité de s’introduire entre les feuillets élémentaires des montmorillonites. Les grains et
feuillets s’écartent les uns des autres, c’est-à-dire qu’il se produit un phénomène de gonfle-
ment. Inversement, s’il y a dessiccation, ils se rapprochent : l’argile réduit alors son volume
avec le départ de l’eau et fait du retrait.
Quelle que soit la nature de l’argile, celle-ci, lorsqu’elle est malaxée avec des quantités d’eau
de plus en plus importantes, finit par se transformer en boue. L’argile a alors un comporte-
ment liquide.
Au contraire, si l’argile est suffisamment desséchée, les grains sont très resserrés et les liaisons
deviennent intenses. L’argile a alors un comportement solide.
Entre ces deux états extrêmes, l’argile est malléable : elle a un comportement plastique.
Les limites d’Atterberg ont pour but de définir les états d’humidité correspondant aux limites
entre ces trois états, l’état d’humidité du sol étant exprimé par sa teneur en eau.
La teneur en eau d’un sol est le rapport entre le poids d’eau contenu dans un certain volume
de sol et le poids des grains solides contenus dans le même volume. Elle s’exprime en % et a
pour symbole w, de l’anglais water = eau.
• La limite de liquidité wL traduit le passage entre l’état liquide et plastique.
• La limite de plasticité wP correspond au passage entre l’état plastique et l’état solide.
Ces caractéristiques sont complétées par l’indice de plasticité IP , qui s’exprime en % et est
donné par la formule ci-après :
IP = wL − wP (1)
Les valeurs de wL , wP et IP sont fonction de la proportion et de l’activité des particules argi-
leuses contenues dans le sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 40 07/01/2019 11:24


Classification géotechnique des sols | 41

La mesure des limites d’Atterberg (voir chapitre 6) se fait par la méthode de la coupelle et du
rouleau (norme NF  P94-051). Il existe aussi pour la détermination de la limite de liqui-
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dité  wL une autre méthode par mesure d’enfoncement au cône de pénétration (norme
NF P94-052-1) qui apparaît moins dépendante de l’opérateur.
L’activité d’une argile, AC , se définit comme suit :

IP (2)
AC =
% < 2μ
où IP représente l’indice de plasticité et % < 2 µ le pourcentage d’éléments inférieurs à 2 µm.
À titre indicatif, A.W. Skempton [2 Skempton 1953] donne les valeurs suivantes :
• montmorillonite sodique : AC = 7,2
• illite : AC = 0,9
• kaolinite : AC = 0,38
Voici, à titre d’exemple, quelques valeurs de limites d’Atterberg pour différents types de sol :
• limon : wL = 24
wP = 17
IP = 7
• argile limoneuse peu plastique : wL = 40
wP = 24
IP = 16
• argile très plastique : wL = 130
wP = 45
IP = 85
Une limite de retrait, dite « conventionnelle », wR peut également être déterminée sur le
passant à 400 µ du matériau remanié (norme XP P94-060-1). Elle constitue un indicateur
sur l’aptitude d’un sol fin au retrait (réduction de volume par dessiccation) et peut être asso-
ciée aux limites d’Atterberg pour l’identification d’un tel sol. La limite de retrait « effec-
tive »  wRe est déterminée quant à elle sur des matériaux fins non remaniés (norme
XP P94-060-2). Les essais pour déterminer ces limites de retrait sont décrits au chapitre 6.
Ces deux limites de retrait, qui sont généralement différentes, sont utiles pour des cas très
particuliers examinés plus loin (sols gonflants et rétractables).
L’indice de consistance IC est également défini par :
w − w (3a)
IC = L
wL − wP
et l’indice de liquidité, moins utilisé, par :
w − wP (3b)
IL =
wL − wP
w étant la teneur en eau naturelle du sol.
Si IC > 1, le sol est à l’état solide.
Si 0 < IC < 1, le sol est à l’état plastique.
Si IC < 0, le sol est à l’état liquide.

EYR2212118902_Fondations.indb 41 07/01/2019 11:24


42 | Propriétés physiques des sols

Le tableau 2.4 extrait de la norme NF EN ISO14688-2 fournit les appellations recom­


mandées pour désigner l’état de consistance des sols fins (limons et argiles).
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Tableau 2.4. Caractérisation de l’état de consistance des limons et argiles à partir de l’indice de consistance

Consistance des limons et argiles Indice de consistance IC

Très mou < 0,25

Mou 0,25 à 0,50

Ferme 0,50 à 0,75

Très ferme 0,75 à 1,00

Dur > 1,00

2.3.3. Valeur de bleu du sol


Cet essai (norme NF P94-068) fournit une détermination indirecte de la surface spécifique
des grains d’un sol en injectant graduellement une solution de bleu de méthylène à 10 g/l
dans une solution d’eau et de sol et en mesurant la quantité de bleu de méthylène qui vient
se fixer par adsorption à la surface de ces grains. La détection de l’adsorption à saturation de
bleu de méthylène par le sol s’effectue par l’observation de la tache faite par le dépôt d’une
goutte de la solution du mélange sol, eau et bleu de méthylène, sur un papier filtre de
caractéris­tiques spécifiques. La présence persistante d’une auréole autour de la tache indique
l’adsorption à saturation par le sol et permet de définir la quantité de bleu correspondant à
cette adsorption.
Le résultat, VBS ou valeur de bleu du sol, s’exprime en grammes de bleu pour 100 grammes
de sol.
Les ordres de grandeur usuels sont les suivants :
• sols sableux : VBS < 0,2
• sols limoneux : 0,2 < VBS < 2,5
• sols limono-argileux : 2,5 < VBS < 6
• sols argileux : 6 < VBS < 8
• sols très argileux : VBS > 8

2.3.4. L’équivalent de sable


L’équivalent de sable (norme NF EN933-8) n’est intéressant que pour caractériser les sols et
matériaux sableux contenant très peu de particules fines. Il est principalement utilisé pour
caractériser les granulats et sables utilisés comme constituant dans le domaine routier et dans
la fabrication du béton hydraulique. Il est cependant également utilisé dans le guide « GTR »
des recommandations pour la réalisation des remblais et couches de forme  [2  LCPC-
SETRA 1992], comme paramètre de classification de deuxième niveau des sols sableux.
L’équivalent de sable longtemps désigné par ES est désormais désigné « SE » (Sand Equivalent)
dans les normes européennes. Sa valeur peut varier en pratique entre 10 et 100.

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Classification géotechnique des sols | 43

Une valeur d’équivalent de sable de 100 correspond à un sol qui ne contient ni argile ni
limon. Cette valeur chute très rapidement dès qu’il y a un faible pourcentage de limon et
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argile présent dans le sable.

2.3.5. Teneur en matières organiques


La présence de matières organiques en quantité notable modifie considérablement le
comporte­ment des sols et remet en cause leur stabilité volumique dans le temps.
Les sols organiques comprennent notamment les vases, tourbes, alluvions récentes ainsi que
la terre végétale.
La mesure du pourcentage pondéral de matières organiques (MO) se fait soit par analyse
chimique (norme NF P94-055), soit par calcination (norme XP P94-047). Ces essais sont
décrits au chapitre 6.
Un sol peut être considéré comme organique lorsque la teneur pondérale en matières orga-
nique dépasse MO > 3 %. Au-delà d’un pourcentage de MO > 10 %, le sol est considéré
comme fortement organique.
L’essai Von Post (norme NF P94-058) permet d’apprécier l’état de décomposition des
matières organiques. Il s’applique aux sols contenant plus de 10 % de MO.

2.3.6. Classifications des sols


Les sols sont désignés par le nom de la portion granulométrique prédominante qualifiée par
un adjectif relatif aux portions secondaires. Par exemple :
• grave argileuse,
• sable limoneux,
• argile sableuse.
De nombreuses classifications des sols ont été proposées dans différents pays. En France, la
principale classification qui est utilisée à ce jour et présentant un réel intérêt pratique est celle
utilisée dans les travaux de terrassement. Elle est communément désignée par classifica-
tion « GTR », en référence au guide des terrassements routiers que constitue le guide technique
pour la Réalisation des remblais et couches de forme [2 LCPC-SETRA 1992], publié en son
temps en 1992 par le LCPC et le SETRA. Cette classification a été normalisée en France dans
la norme NF P11-300 et son utilisation dans le domaine des terrassements est détaillée dans
le guide technique cité précédemment.
Les grandes familles de matériaux de cette classification sont présentées au tableau 2.5.
Pour les sols fins, il est d’usage de reporter les valeurs de IP et wL sur un diagramme ayant IP
en ordonnée et wL en abscisse. Ce diagramme est appelé diagramme de plasticité de
Casagrande (figure 2.5).
Sur ce diagramme figurent différentes lignes qui permettent de déterminer des zones de
grandes familles de matériaux fins. La ligne « A » permet de séparer les argiles (clays ou Cl)
lorsque le point représentatif (wL ; IP) se situe au-dessus de cette ligne, des limons (silts ou Si)
lorsque le point se situe en dessous de cette ligne. La ligne « U » représente une ligne limite
qui n’est généralement pas dépassée. Lorsque des points représentatifs se situent au-dessus de
cette ligne « U », une vérification et un examen approfondi sont à conduire.

EYR2212118902_Fondations.indb 43 07/01/2019 11:24


44 | Propriétés physiques des sols

Tableau 2.5. Principales classes et caractéristiques de la classification « GTR », norme NF P11-300


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Classe Définition Caractéristique Sous-classe

Dmax ≤ 50 mm
A Sols fins et A1 à A4 selon VBS ou IP
passant à 80 µm > 35 %

Dmax < 50 mm
Sols sableux et graveleux B1 à B6 selon VBS ou IP
B et
avec fines et tamisât
passant à 80 µm ≤ 35 %

Dmax > 50 mm
Sols comportant des fines et 30 sous-classes selon VBS,
C
et des gros éléments passant à 80 µm > 12 % IP et tamisât à 50 mm
ou passant à 80 µm ≤ 12 % + VBS > 0,1

VBS ≤ 0,1
Sols insensibles à l’eau D1 à D3 selon Dmax et
D et
avec fines tamisât à 2 mm
passant à 80 µm ≤ 12 %

R1 à R6 selon la nature
R Matériaux rocheux Voir la norme NF P11-300
pétrographique

Sols organiques et sous- F1 à F9 selon la famille de


F Voir la norme NF P11-300
produits industriels matériaux

Dmax = diamètre pour lequel 95 % des grains du sol ont un diamètre inférieur (soit D95 si la courbe granulo­
métrique est disponible, sinon appréciation visuelle de la dimension des plus gros éléments)

Selon la position de son point représentatif à l’intérieur du diagramme de Casagrande, et


conformément à la norme EN ISO14688-2, un sol non organique prend l’une des appella-
tions et est désigné par l’un des symboles ci-après.
Désignation Symbole international Symbole français

Limons peu plastiques Si L Lp


Argiles peu plastiques Cl L Ap
Limons très plastiques Si H Lt
Argiles très plastiques Cl V At

La nouvelle révision en cours de la norme internationale de classification EN ISO14688-2 : 2017


introduit l’utilisation du diagramme de Casagrande (figure 2.5) avec les appellations suivantes
pour déterminer la plasticité des sols applicables aux argiles (symbole Cl – clays) et aux limons
(symbole Si – silts) :
Symbole international Appellation Caractéristique

L Plasticité faible wL < 35


M Plasticité moyenne 35 < wL < 50
H Plasticité élevée 50 < wL < 70
V Plasticité très élevée wL > 70
O Organique MO > 2

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Classification géotechnique des sols | 45

À titre d’exemple, une argile dont la limite de liquidité wL est égale à 60 % et de teneur en
matières organiques MO égale à 4 % , sera désignée par Cl H O.
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Non plastique Faible plasticité Plasticité Plasticité élevée Plasticité très élevée
moyenne
80
Ligne « A » : Ip = 0,73 (wL – 20)

70
Ligne « U » : Ip = 0,9 (wL – 8)

60
CI V

Sol fin A4
Indice de plasticité IP (%)

50
CI H
Argiles très plastiques
40 (At)

Sol fin A3
Si V
30
Argiles peu plastiques Limons très plastiques
(Ap) (Lt)

Sol fin A1 Sol fin A2


CI M Si H
20

CI L Limons peu (Ot)


10 plastiques Si M
Sols organiques très plastiques
CI L - Si L (Lp)

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Limite de liquidité wL (%)

Fig. 2.5. Diagramme de plasticité de Casagrande et description des sols selon la norme EN ISO14688-2

Actuellement et dans le cadre de l’harmonisation apportée par l’Eurocode 7, la classification


géotechnique des sols qui prend place est celle de la norme internationale NF EN ISO14688
Dénomination, description et classification des sols. Cette norme donne les principes de classifi-
cation permettant de regrouper les sols en classes présentant des compositions et des propriétés
géotechniques similaires. Elle s’applique à tous les projets d’ingénierie géotechnique, tels que
fondations, améliorations de terrains, remblais, routes, barrages, etc.
Les principes de description et de dénomination des sols et de leur classification sont schéma-
tisés dans le diagramme de la figure 2.6. Ils restent sensiblement identiques et utilisent les
mêmes caractéristiques que celles présentées dans les paragraphes précédents.
Un exemple de classification des sols selon la norme NF EN ISO14688 et basée sur la
granulo­métrie est représenté sur la figure 2.7.

EYR2212118902_Fondations.indb 45 07/01/2019 11:24


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46
|
Le sol s’est-il NON
déposé par voie
naturelle?

OUI
Sols naturels

Le sol comprend-il des


matériaux organiques et OUI

EYR2212118902_Fondations.indb 46
a-t-il une odeur de
matière organique?

NON
Propriétés physiques des sols

Le sol a-t-il OUI


une faible masse
volumique

NON
Retirer les cailloux et les blocs (> 63 mm)

La masse est-elle
OUI NON
supérieure à celle Le sol humide est-il
du reste du sol? collant?
NON OUI
Sol très grossier Sol grossier Sol fin Sol volcanique Sol organique Sol artificiel

Le sol présente-t-il une faible Le sol comprend-il des


plasticité, une faible dilatance, matériaux naturels?
La plupart des particules La plupart des particules un toucher soyeux?
sont-elles sont-elles Se désintègre-t-il dans l’eau
> 200 mm? > 2 mm? et sèche-t-il rapidement? OUI NON
Description Description Décrire la proportion,
OUI NON OUI NON OUI NON à faire identique la nature et l’état
Gros (cf. EN ISO Description à celle des sols des composants
Blocs Grave Sable Limon Argile
cailloux 14688-1) à faire naturels

• Décrire les fractions granulaires secondaires • Décrire les fractions granulaires secondaires • Décrire les fractions granulaires secondaires • Décrire les fractions granulaires secondaires • Faire la distinction entre sols
• Décrire la granularité (sol fin, grossier ou très grossier) • Décrire la granularité (sol fin, grossier ou très grossier) • Décrire la plasticité (faible ou élevéee) des sols minéraux de remblais (à dépôt contrôlé)
• Décrire la formes des particules (angularité/arrondi, • Décrire la forme des particules (angularité/arrondi, • Décrire le contenu organique • Décrire la plasticité (faible ou élevéee) et sols artificiels
forme, état de surface) forme, état de surface) (teneur, couleur, odeur,…) • Décrire la structure (discontinuités, stratification…) (à dépôt non contrôlé)
• Décrire la structure (discontinuités, stratification…) • Décrire la structure (discontinuités, stratification…) • Décrire la structure (discontinuités, stratification…) • Décrire la couleur
• Décrire la couleur • Décrire la couleur • Décrire la couleur • Décrire la consistance (très mou, mou, ferme, dur,
• Décrire la masse volumique • Décrire la masse volumique • Décrire la consistance (très mou, mou, très dur)
• Ajouter toute autre information utile et les • Remettre les cailloux et les blocs ferme, dur, très dur) • Ajouter toute autre information utile et les
composants mineurs • Ajouter toute autre information utile et les • Remettre les cailloux et les blocs composants mineurs
• Ajouter l’origine géologique composants mineurs • Ajouter toute autre information utile et les • Ajouter l’origine géologique
• Ajouter l’origine géologique composants mineurs
• Ajouter l’origine géologique

Fig. 2.6. Logigramme pour la dénomination et la description des sols selon la norme EN ISO14688-1

07/01/2019 11:24
Classification géotechnique des sols | 47
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100 0

90 10
Sa
80 20

70 30
siSa 1
grSa
60 clSa 40
grsiSa
50 grclSa 50
2
40 grsasiS 60
saSi grsaclS
saclSi grsaSi saGr
30 grsaCl sagrsiS 70
sasiCl sagrclS
sagrSi sasiGr
saCl saclGr
20 sagrCl 80
Si grSi
10 clSi grclSi siGr
Gr 90
siCl grsiCl clGr
Cl grCl
0 100
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
3
0
Si si
10 clSi
cl
20
siCl
1 pourcentage de grave
(2 mm à 63 mm)
2 pourcentage de sable
30
(0,063 mm à 2 mm)
3 pourcentage de fines
(< 0,063 mm) 40
4 teneur massique en
argile en % de sol grenu et fin
(dimension des particules 50
< 63 mm) Cl
5 sols fins (limon et argile)
4
6 sol mixtes (grave argileuse 60
ou limoneuse et sable)
7 sols grenus (grave et sable)
S sol 70

80

90
5 6 7
100
100 40 15 0

Fig. 2.7. Exemple de classification des sols établie uniquement sur la granularité

EYR2212118902_Fondations.indb 47 07/01/2019 11:24


48 | Propriétés physiques des sols

2.4. Caractéristiques pondérales des sols


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2.4.1. État remanié et non remanié –


Représentation pondérale d’un sol
Les paramètres décrits dans le paragraphe précédent ne concernent que les propriétés de la
phase solide. Ces essais peuvent être réalisés sur des échantillons remaniés tels que ceux
prélevés à la pioche et la pelle dans un puits et placés en vrac dans un sac.
Pour mesurer les caractéristiques pondérales d’un sol, il est nécessaire de préserver la structure
du squelette ainsi que la teneur en eau du sol telles qu’elles existent in situ. Les échantillons
présentant ces propriétés sont appelés échantillons non remaniés et sont souvent qualifiés
d’échantillons intacts.
Les méthodes de prélèvement (voir chapitre 6) sont définies dans la norme expérimentale
XP P94-202 Prélèvements des sols et des roches – Méthodologie et procédures et plus récemment
dans la norme NF  EN  ISO22475-1. On pourra également se reporter aux références
[2 Cambefort 1966], [2 Cambefort 1983] et [2 Reiffsteck 2012].
Un sol étant composé de grains solides, d’eau et d’air, on peut, schématiquement, rassembler
chacune de ces phases (grains, eau et air) en un volume partiel unique de section unité
(figure 2.8).

Va Air

Vv

Vw Eau
Pw

Vt Pt

Grains Ps
Vs
solides

Fig. 2.8. Schématisation d’un échantillon intact

Les notations suivantes sont adoptées :


• Vs = volume occupé par les grains solides,
• Vw = volume occupé par l’eau,
• Va = volume occupé par l’air,

EYR2212118902_Fondations.indb 48 07/01/2019 11:24


Caractéristiques pondérales des sols | 49

• Vv = volume total des vides = Vw + Va,


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• Vt = volume total = Vs + Vw + Va = Vs + Vv,


• Ps = poids des grains solides contenus dans le volume Vt,
• Pw = poids de l’eau contenue dans le volume Vt,
• Pa = le poids de l’air, qui est en général négligé,
• Pt = poids total = Ps + Pw.

2.4.2. Principales caractéristiques des sols


Les principales caractéristiques des sols et les ordres de grandeur classiquement observés de
ces caractéristiques figurent au tableau 2.6.

Tableau 2.6. Principales caractéristiques des sols

Appellation et Symbole Norme Expression Unité et ordre de grandeur


définition des valeurs numériques

Pourcentage
Teneur en eau Sable..................................... 2 à 15
NF P94-050 Pw Limon................................. 10 à 30
(Poids d’eau / w × 100
EN ISO17892-1 Ps Argile moyenne à raide........ 20 à 50
poids de sol sec)
Argile molle....................... 20 à 100
Vase et tourbe.................... 80 à 300

Masse volumique ρ P s + Pw ρ en kg/m3


apparente ρ=
NF P94-053 Vt γ en kN/m3
et Sable....................... 17 à 20 kN/m3
EN ISO17892-2 et
Poids volumique Argile...................... 16 à 22 kN/m3
apparent γ γ = ρ · g Tourbe.................... 13 à 17 kN/m3

Masse volumique ρd Ps ρ en kg/m3


du sol sec ρd =
NF P94-053 Vt γ en kN/m3
et Sable....................... 14 à 18 kN/m3
EN ISO17892-2 et
Poids volumique Argile...................... 10 à 20 kN/m3
sec γd γd = ρd · g Tourbe...................... 3 à 10 kN/m3

Masse volumique ρs Ps
ρs = ρ en kg/m3
des grains solides
NF P94-054 Vs γ en kN/m3
et
EN ISO17892-3 et Tous sols à l’exception des minerais
Poids volumique
γs γs = ρs · g et tourbes..........γs ≈ 26 à 30 kN/m3
des grains solides

Degré de
Pourcentage
saturation
Vw 0 à 100 % selon l’état d’humidité.
(Volume d’eau / Sr – × 100
Vv (Pour un sol saturé, tous les vides
volume total
sont remplis d’eau : Sr = 100 % et
occupé par
Va = 0.)
les vides)

EYR2212118902_Fondations.indb 49 07/01/2019 11:24


50 | Propriétés physiques des sols

Appellation et Symbole Norme Expression Unité et ordre de grandeur


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définition des valeurs numériques

Teneur en eau
de saturation
Pourcentage
Pour un poids
Sr = 100 % Observation : lorsque le sol est
volumique sec wsat – saturé, une augmentation de teneur
donné, c’est la Va = 0
en eau ne peut être provoquée que
teneur en eau
par un gonflement du sol.
nécessaire pour
avoir Sr = 100 %

Masse volumique ρsat Pw + Ps


ρsat = ρ en kg/m3
saturée
Vt γ en kN/m3
et –
avec Va = 0 Tous sols à l’exception des vases et
Poids volumique
γsat γsat = ρsat · g des tourbes......γsat ≈ 19 à 22 kN/m3
saturé

Sans dimension
Indice des vides Sable.................................... 0,5 à 1
(Volume des Va + Vw Vv Limon.................................. 0,4 à 1
e – =
vides / volume Vs Vs Argile compacte................. 0,3 à 0,5
des solides) Argile moyenne.................... 0,5 à 1
Argile molle, vase.................... 1 à 4

Porosité
(Volume des Vv
n – n= Sans dimension
vides / volume Vt
total)

Masse volumique ρ en kg/m3


déjaugée ρ´ γ en kN/m3
ρ´ = ρsat − ρw
et avec ρw = masse volumique de l’eau
– et
Poids volumique (ρw = 981 kg/m3)
γ´ = ρ´ ∙ g
déjaugé (ou γ´ γ´ ≈ 9 à 12 kN/m3 (sauf pour les
immergé) vases et les tourbes)

ID : sans dimension


Indice de densité e −e (DR : pourcentage)
ID = max
(ou densité ID emax − emin Sable très lâche..................... 0 à 0,2
relative) NF P94-059 Sable lâche......................... 0,2 à 0,4
(DR) et
des sols Sable moyen...................... 0,4 à 0,6
pulvérulents DR = 100 × ID Sable dense........................ 0,6 à 0,8
Sable très dense.................... 0,8 à 1

2.4.3. Relations entre les paramètres pondéraux

Les essais de laboratoire (voir chapitre 6) permettent de mesurer les paramètres suivants :

la teneur en eau naturelle du sol Pw (4)


• w=
Ps

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Caractéristiques pondérales des sols | 51

Pw + Ps
• le poids volumique apparent γ= (5)
Vt
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Pw
• le poids volumique des grains solides γs = (6)
Vs
Par le calcul, d’autres caractéristiques définies précédemment se déduisent de ces trois para-
mètres (voir tableau 2.7 ci-après).
Il convient de noter que les normes d’essais et certains documents font référence aux masses
volumiques exprimées en kg/m3 (symbole ρ). Dans les calculs de mécanique des sols, il est
usuel et beaucoup plus pratique d’introduire les poids volumiques en kN/m3 (symbole γ).
Dans la suite du texte, il sera souvent fait référence aux poids volumiques, avec γ = ρ · g.

Tableau 2.7. Relations entre paramètres

Paramètre et détail du calcul Expression

Poids volumique sec γd


γ
γd =
Ps
Vt
or, d’après (5), γ =
(
Ps P w
·
V t Ps
+1
) γd =
1+w
(7)

Indice des vides e


Vt Vs
− γs
Vv Ps Ps e= − 1 (8)
e= = γd
Vs Vs
Ps

Porosité n
Vv n= e (9)
Vv Vs e+1
n= =
Vt Vv Vs
+ e= n (9 bis)
Vs Vs 1−n

Teneur en eau de saturation wsat


P V ·γ
wsat = w = w w , comme Va = 0,
Ps
wsat = γw ·
Ps
Vt − Vs
wsat = γw · ( 1 1

γd γs )
× 100 (10)

Ps

Degré de saturation Sr
Vw · γw Pw
V Ps P w
Sr = w = = s Sr = × 100 (11)
Vv Vv · γw Pw sat wsat
Ps Ps

Poids volumique saturé γsat Compte tenu de (10), il vient :

( w
γsat = γd · 1 + sat
100 ) ( γ
γsat = γd · 1 − w + γw
γs )
(12)

Compte tenu de (12), il vient :


Poids volumique déjaugé (ou immergé) γ´
γ´ = γsat − γw ( γ
γ´ = γd · 1 − w
γs ) (13)

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52 | Propriétés physiques des sols

Bibliographie
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[2 Cambefort 1966] CAMBEFORT H., Forages et sondages, Eyrolles, 1966.


[2 Cambefort 1983] CAMBEFORT H., Géotechnique de l’ingénieur et reconnaissance des sols, Eyrolles,
1983.
[2 Germaine 2009] GERMAINE J.T., GERMAINE A.V., Geotechnical laboratory measurements for
engineers, John Wiley & sons, 2009.
[2 Lambe 1969] LAMBE T.W. et WHITMAN R. W., Soils Mechanics, John Wiley, 1969.
[2 Lautrin 1987] LAUTRIN D., Une procédure rapide d’identification des argiles, Bull. liaison LCPC,
n° 152, 1987.
[2 LCPC-SETRA 1992] LCPC-SETRA, Guide technique pour la réalisation des remblais et des couches de
forme, LCPC-SETRA, 2e édition 2000.
[2 Leonards 1968] LEONARDS G.A., Les Fondations, Dunod, 1968.
[2 Magnan 1980] MAGNAN J.P., Classification géotechnique des sols, Bull. liaison LCPC, n° 105, 1980.
[2 Skempton 1953] SKEMPTON A.W., The colloidal activity of clay, Proc. 3rd Intern. conf. Soil Mech.
and Found. Eng. (Suisse), vol. I, 1953.
[2 Reiffsteck 2012] REIFFSTECK P., LOSSY D., BENOIT J., Forages, sondages et essais géotechniques
in-situ, Presses des Ponts, 2012.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 3

Propriétés hydrauliques des sols

3.1. Introduction
3.1.1. Cycles de l’eau
L’eau est stockée sur la planète sous ses trois états, liquide, solide et gazeux, et répartie au sein
de cinq grands réservoirs :
• les océans,
• les glaces (calottes glaciaires, glaciers et neiges éternelles),
• les eaux de surface (lacs, cours d’eau…),
• les eaux souterraines, présentes jusqu’à plusieurs milliers de mètres de profondeur,
• l’atmosphère.
Les échanges entre ces cinq réservoirs sont assurés par la circulation de cette eau, en perpétuel
mouvement sous les effets de divers moteurs :
• l’énergie solaire,
• la gravité,
• les attractions solaire et lunaire,
• la pression atmosphérique,
• les forces intermoléculaires,
• les réactions chimiques et nucléaires,
• l’action biologique.
Ce cycle global de l’eau peut être divisé en deux cycles secondaires :
• un cycle océanique, pour lequel l’alimentation par évaporation est excédentaire par rapport
aux précipitations ;
• un cycle continental, alimenté par l’évapotranspiration (évaporation et transpiration
biologique) augmentée de l’excédent du cycle précédent.
L’équilibre entre les deux systèmes est assuré par l’écoulement superficiel et souterrain en
provenance des continents et rejoignant le milieu océanique.

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54 | Propriétés hydrauliques des sols

3.1.2. Systèmes hydrologiques


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3.1 .2.1 . Identification

Dans le cadre des études hydrogéologiques, il est nécessaire de distinguer, au sein du système
global précédent, des systèmes hydrologiques identifiés par des caractéristiques spatiales et
temporelles et constituant chacun une fraction du cycle de l’eau [3 Castany 1998].
Un système est caractérisé par des limites parfaitement définies, soit faisant obstacle aux rela-
tions avec l’extérieur, soit permettant des échanges quantifiés. Il est possible de distinguer
trois domaines d’espaces interdépendants, emboîtés et circonscrits. Ces trois systèmes hydro-
logiques sont, selon la décroissance de l’ordre de grandeur :
• le bassin hydrologique, délimité par les lignes de crêtes topographiques et les lignes de plus
grande pente isolant une surface constituant le bassin versant d’un cours d’eau et ses
affluents ;
• le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines, dont les limites se superposent plus ou
moins exactement à celles du bassin hydrologique ;
• l’aquifère, qui est le domaine des eaux souterraines, le bassin hydrogéologique pouvant
comporter plusieurs aquifères.
Une des caractéristiques des études hydrogéologiques est la grande variabilité des mesures :
variations annuelles mais aussi pluriannuelles, d’où la nécessité d’avoir recours à des valeurs
moyennes déterminées sur la base de données obtenues sur une période d’acquisition la plus
longue possible, au minimum une dizaine d’années, et avec une fréquence de mesure la plus
élevée possible.

3.1 .2.2. Bilan hydrique

L’alimentation du bassin hydrologique (figure 3.1) est uniquement assurée par les précipi­
tations efficaces (PE), c’est-à-dire les précipitations (P) diminuées de l’évapotranspiration
réelle (ETR). Cette évapotranspiration est la combinaison de deux phénomènes, l’évapora-
tion et la transpiration de la couverture végétale. Une partie de l’eau des précipitations effi-
caces alimente par ruissellement l’écoulement de surface (QS) et va directement rejoindre le
réseau hydrographique. L’importance du ruissellement dépend de divers facteurs : nature du
sol, couverture végétale, pente, intensité des précipitations… La fraction restante s’infiltre
dans le sol pour alimenter les stocks d’eau souterraine. L’écoulement souterrain (QW) va, au
terme d’un parcours très lent, rejoindre l’écoulement total naturel moyen (ET).
Sur la base des données météorologiques, il est possible d’établir le bilan d’un système hydro-
logique pour une durée déterminée.

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Introduction | 55
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ETR P

Évaporation
QS
Racines
Ruissellement hypodermique
Remontée
Infiltration
capillaire Remontée
capillaire

Surface piézométrique Rivière


Nappe phréatique
ET
QW écoulement souterrain

Fig. 3.1. Bilan hydrique

3.1.3. Différents états de l’eau dans les sols


L’eau s’infiltrant dans un sol perméable est essentiellement soumise aux effets de la gravité
contrariés par les forces de capillarité (voir § 3.4), tant que le sol n’est pas saturé. Lorsque la
gravité compense la capillarité, l’eau descend quasi verticalement au sein des terrains
perméables jusqu’à atteindre, le cas échéant, une nappe d’eau souterraine.
L’eau contenue au sein d’une masse de sol se décompose comme suit (figure 3.2) :
• en eau de constitution, qui entre dans la composition chimique des grains,
• en eau liée ou eau adsorbée (voir § 2.2.2.2),
• en eau interstitielle : eau capillaire et eau libre.

Eau de
constitution
Air

Eau liée
Eau capillaire
Nappe

Eau libre

Fig. 3.2. États de l’eau dans les sols

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56 | Propriétés hydrauliques des sols

L’eau interstitielle se présente sous forme d’eau libre lorsque le sol est saturé et baigne dans une
nappe d’eau souterraine. Cette eau est soumise aux lois des écoulements hydrauliques.
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L’eau interstitielle est sous forme d’eau capillaire au-dessus de la nappe. L’eau capillaire est en
équilibre, d’une part sous l’action de la gravité et, d’autre part, sous l’action des forces de
tension qui se développent à l’interface eau/air.
Les eaux libre et capillaire sont situées dans les pores et interstices du sol. Ce chapitre est
consacré à l’étude de l’eau interstitielle.
La pression interstitielle est la pression régnant dans l’eau interstitielle, en un point quelconque
du massif de sol. Elle est positive dans l’eau libre et négative dans l’eau capillaire.

3.1.4. Eaux souterraines

3.1 .4.1 . Définitions


Une nappe souterraine est définie [3 Castany 1992] comme « l’ensemble des eaux comprises
dans la zone saturée d’un aquifère, dont toutes les parties sont en liaison hydraulique », l’aqui-
fère étant une formation géologique perméable permettant l’écoulement significatif d’une
nappe d’eau souterraine.
La présence d’une nappe d’eau souterraine correspond donc à une saturation des sols et à une
pression interstitielle positive. L’eau est libre et circule plus ou moins vite dès qu’un gradient
hydraulique apparaît.

3.1 .4.2. Nature géologique des aquifères


Une formation géologique est dite aquifère lorsque l’eau y circule et que des débits impor-
tants peuvent être obtenus en raison de sa perméabilité élevée. On distingue deux grands
types d’aquifères selon la nature des vides existant au sein des roches qui constituent ces
réservoirs :
• les roches grenues présentant une porosité d’interstice, et perméables en petit ; ces roches
peuvent être meubles (sables, graviers…) mais aussi cohérentes (grès peu cimentés,
molasses, craie, arènes…) ;
• les roches compactes, de toutes natures, comportant des failles, diaclases, fissures, à l’ori-
gine d’une perméabilité en grand, et pour lesquelles on parle alors de porosité de fissure.
Dans le cas des roches calcaires, les phénomènes de dissolution peuvent accentuer avec le
temps la perméabilité.
Il convient de noter l’existence de formations dites semi-perméables, au sein desquelles un
écoulement non négligeable peut se produire, qui présentent des échanges par drainance (voir
§ 3.1.4.3.4) avec les aquifères contigus. Une structure hydrogéologique constituée d’une
succession de formations perméables et semi-perméables est désignée sous le terme d’aquifère
multicouche.
À l’état naturel, bien qu’il n’existe pas de terrain rigoureusement imperméable, certaines
formations, pour lesquelles les vitesses d’écoulement de l’eau souterraine sont insignifiantes,
constituent des limites aux aquifères. Ces roches présentent généralement un caractère argi-
leux très marqué (argiles, marnes, schistes…).

EYR2212118902_Fondations.indb 56 07/01/2019 11:24


Introduction | 57

3.1 .4.3. Types hydrodynamiques d’aquifères


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3.1.4.3.1. Classification

Si la base d’un aquifère est constituée par une formation hydrogéologique imperméable
(substratum ou mur), par contre sa limite supérieure peut présenter des comportements
hydrodynamiques différents, ce qui conduit à la classification suivante :
• aquifère à nappe libre,
• aquifère à nappe captive,
• aquifère à nappe semi-captive.

3.1.4.3.2. Aquifère à nappe libre

Une nappe libre est une nappe pour laquelle la pression interstitielle de l’eau au niveau de sa
surface supérieure est égale à la pression atmosphérique. L’aquifère peut alors présenter une
zone non saturée, zone à travers laquelle l’infiltration des eaux de pluie contribue à la recharge
de la nappe. Lorsqu’une nappe libre est peu profonde, au point de pouvoir être exploitée par
des puits, elle prend le nom de nappe phréatique. Au terme niveau phréatique, qui désigne
alors la surface supérieure de cette nappe, on préférera celui plus général de niveau piézo­
métrique (voir § 3.1.4.4), qui caractérise le niveau libre de l’eau observé dans un puits ou
forage rapporté à un niveau de référence.
Parmi ces nappes libres, il est possible de distinguer différents types :
• Une nappe de vallée est alimentée par les eaux pluviales qui, par infiltration, saturent les
sols en profondeur à partir d’un niveau appelé surface libre. Cette nappe est constituée par
cette zone saturée depuis cette surface libre jusqu’à un substratum imperméable. Elle est
drainée par les vallées qui sont suffisamment profondes pour atteindre cette zone saturée,
d’où le nom de ce type de nappe. Les autres vallées sont dites sèches.
• Une nappe alluviale siège au sein des alluvions et est drainée ou alimentée par un cours
d’eau. On dit d’une telle nappe qu’elle est soutenue. A contrario, une nappe non soutenue
ou perchée n’est pas en relation avec un cours d’eau.
• Une nappe perchée est une nappe limitée en profondeur par un niveau imperméable et qui
n’est pas en liaison avec un cours d’eau venant « soutenir » son alimentation.

3.1.4.3.3. Aquifère à nappe captive

Une nappe captive ou en charge est une nappe siégeant au sein d’un terrain perméable
compris entre deux couches imperméables et pour laquelle la pression de l’eau au toit de la
couche aquifère est supérieure à la pression atmosphérique. La surface piézométrique se situe
donc au-dessus de celle matérialisant le toit de la couche aquifère.
Lorsque le niveau piézométrique se situe au-dessus de la surface du sol, la nappe est dite
artésienne.

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58 | Propriétés hydrauliques des sols

Source de
dépression Nappe perchée
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Surface piézométrique
Toit imperméable

Mu Source artésienne
r im
pe
rm
éab
le
Eaux
Eaux ascendantes artésiennes
Zone de ruissellement portion libre de la nappe
souterrain (nappe phréatique) Nappe phréatique

Fig. 3.3. Différents types de nappes souterraines

L’ensemble des niveaux piézométriques permet de définir la surface piézométrique, qui,


contrairement à celle des nappes libres, est fictive.

3.1.4.3.4. Aquifère à nappe semi-captive


Une nappe semi-captive est une nappe pour laquelle le toit de l’aquifère et/ou le substratum
est constitué par une formation semi-perméable. Les échanges d’eau avec cette formation
semi-perméable superposée ou sous-jacente, réalisés dans certaines conditions hydrodyna-
miques favorables (différences de charge), sont appelés drainance.

3.1.4.3.5. Aquifère compartimenté


Ce type d’aquifère est constitué de plusieurs réservoirs de nature géologique différente,
l’ensemble étant le siège d’une nappe d’eau souterraine unique. Il est fréquemment rencontré
en fond de vallée où des alluvions perméables surmontent un substratum fissuré.
Une particularité de ce type d’aquifère est de fréquemment présenter une perméabilité
variable suivant les différents réservoirs. Dans le cas où un horizon est le siège d’un écoule-
ment privilégié, par exemple un niveau graveleux, on parle alors d’aquifère stratifié à strate
conductrice.

3.1.4.3.6. Aquifère à nappe temporaire


Dans le cas où la pente du sol est faible et que la perméabilité des sols décroît en profondeur,
les eaux d’infiltration ne peuvent s’évacuer par gravité et circulent latéralement très lente-
ment : il se forme ainsi pendant les périodes pluvieuses de petites nappes aquifères superfi-
cielles qui, au retour de saison sèche, disparaissent par évaporation et par drainage profond.
Ces nappes sont qualifiées de nappes perchées temporaires.

3.1 .4.4. Niveaux piézométriques


3.1.4.4.1. Cartographie
Il existe différentes façons de cartographier un aquifère :
• les cartes structurales fournissant les données géométriques (altimétrie du toit,
épaisseur…),
• les cartes piézométriques synthétisant les résultats d’une étude hydrogéologique et valable
pour une date donnée.

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Introduction | 59

Il existe pour la France un grand nombre de cartes et documents publiés fournissant des
informations sur l’hydrogéologie régionale :
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• notice des cartes géologiques publiées par le BRGM,


• cartes hydrogéologiques de diverses feuilles au 1/50 000,
• atlas des eaux souterraines régionales…

3.1.4.4.2. Fluctuations du niveau piézométrique


Il convient de rappeler que le niveau piézométrique est le niveau d’eau mesuré dans un forage
ou dans un puits, à un instant donné. Ce niveau est dit statique, par opposition au niveau
dynamique, résultant d’une intervention sur l’aquifère, comme un pompage ou une
injection.
Pour les aquifères à nappe libre, les fluctuations de la surface piézométrique peuvent être très
importantes, qu’elles soient saisonnières ou annuelles. En conséquence, pour tout projet
d’ouvrage géotechnique interférant avec un aquifère, il s’avère indispensable d’effectuer une
étude hydrogéologique sérieuse dont la finalité sera l’établissement de cartes des fluctuations
de la surface piézométrique, fluctuations prenant en compte le projet ainsi que les effets des
ouvrages pouvant avoir une influence sur le niveau piézométrique (par exemple un arrêt
de pompage).

3.1.4.4.3. Niveaux d’eau réglementaires


Selon l’annexe nationale française de l’Eurocode 0 (NF EN 1990/NA), les différents niveaux
d’eau sont définis par les notations suivantes :
• le niveau quasi permanent (ou niveau EB des basses eaux),
• le niveau fréquent (ou niveau EF),
• le niveau caractéristique (ou niveau EH des hautes eaux),
• le niveau accidentel (ou niveau EE).
EF et EB sont déduits du niveau EH (figure 3.4). Les niveaux EF et EB peuvent respective-
ment être dépassés durant 1 % et 50 % du temps de référence pris en compte pour définir EH.

EE
EH
EF

EB

50 %

t
1%
Tref = 50 ans

Fig. 3.4. Représentation des niveaux EE, EH, EF, EB d’après [NF P94-282/A1 2015]

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60 | Propriétés hydrauliques des sols

EH représente la valeur caractéristique du niveau d’eau et correspond en général à une période


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de retour de 50 ans. Cette période de retour doit être adaptée selon la durée de vie de l’ouvrage
(elle peut donc être plus importante pour les ponts) et selon le caractère permanent ou transi­
toire de la situation considérée. Pour des situations transitoires correspondant, par exemple,
à des travaux, elle peut être fixée pour des périodes de référence, par exemple de 5 ans (crue
de chantier). Dans le cas où des cotes d’inondabilité seraient définies dans un PPRI (Plan de
prévention des risques inondations), EH peut être supérieur au niveau EE défini par la cote
d’inondabilité exigée dans le PPRI et de ce fait physiquement sans signification.
EE correspond au niveau des plus hautes eaux connues et/ou prévisibles ou au niveau retenu
pour l’inondation des locaux, lorsqu’elle est admise, pour lequel il doit alors être prévu, un
dispositif d’écoulement empêchant l’eau d’exercer une action à une cote supérieure.
Au cours d’un projet géotechnique, lorsque la durée d’utilisation de projet n’est pas précisée,
la période de référence à prendre en compte est de 50 ans. Ainsi, la définition des niveaux EE,
EH, EF, EB doit, en théorie, être réalisée pour une période de référence de 50 ans. Or, en
pratique, il n’est pas possible de déterminer, de manière statistique, les valeurs des différents
niveaux pour une période de 50 ans, voire plus, puisqu’en général les données piézométriques
disponibles couvrent une période ne comprenant que quelques années, dans les meilleurs cas.
Il convient donc de déterminer les niveaux d’eau de manière prudente en fonction de l’état
limite considéré.

3.2. Propriétés de l’eau libre

3.2.1. Écoulement linéaire – Loi de Darcy


Considérons un cylindre de sol de section S (figure 3.5) et supposons qu’il se produise un
écoulement de M vers N. Soit Q le débit à travers la section S.
Par définition, la vitesse de l’eau est :
Q (1)
v=
S
Il s’agit d’une vitesse apparente puisque, d’une part, l’eau ne circule que dans les pores et la
section réelle disponible est réduite à n ·S (n = porosité) ; d’autre part, les pores ne sont pas
rectilignes et l’eau fait de nombreux détours, que caractérise la tortuosité du milieu.

Représentation vectorielle

La vitesse peut être représentée par un vecteur. En effet, elle possède une intensité définie par
la formule (1), une direction (MN) et un sens de M vers N si l’écoulement se fait dans le
sens MN.

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Propriétés de l’eau libre | 61
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u1
γw

S u2
M γw

N
L

z1
z2

X X’

Fig. 3.5. Écoulement linéaire

Charge hydraulique
En hydrodynamique, la charge h1 en un point M désigne la quantité suivante :
u1 v 2
h1 = z1 + + (2)
γw 2 g

Cette charge s’exprime en mètres d’eau. Elle correspond à l’énergie totale d’une particule
d’eau de masse unité :
• z1 est la cote du point M par rapport à un plan horizontal de référence (énergie de
position),
• u1 est la pression de l’eau interstitielle en M (u1/γw = énergie de pression),
• v est la vitesse de l’eau.

Dans les sols, les vitesses sont faibles (< 10 cm/s) et l’énergie cinétique v2/2 g est tout à fait
négligeable, si bien que la formule (2) se résume à :
u
h1 = z1 + 1 (3)
γw

La charge au point M étant toujours h1, désignons par h2 celle au point N. D’après le théo-
rème de Bernoulli :
• si h1 = h2, il n’y a pas d’écoulement et la nappe est en équilibre ;
• si h1 > h2, il y a écoulement de M vers N et la perte de charge (h1 − h2) correspond à
l’énergie perdue en frottement. La différence de charge est à la fois le moteur et la consé-
quence de l’écoulement.

Le gradient hydraulique est la quantité suivante :


h − h2
i= 1 (4)
L
avec L = longueur MN.

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62 | Propriétés hydrauliques des sols

La loi de Darcy, qui régit les phénomènes d’écoulement dans les sols, s’exprime par la formule :
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v = k ·i (5)
avec v : vitesse d’écoulement en m/s,
k : coefficient de perméabilité exprimé en m/s ou en cm/s,
i : gradient hydraulique (sans dimension).
Cette loi peut également s’écrire sous forme vectorielle :
v = k ·i = − k · grad h (5bis)

Le débit Q à travers la section S est donné par Q = v ·S d’où :


Q = k ·i ·S (6)

3.2.2. Mesure en laboratoire du coefficient de perméabilité

3.2.2.1 . Conditions d’essai


Le coefficient de perméabilité d’un sol saturé est une caractéristique du sol qui dépend
essentiel­lement de sa granularité, de sa nature, de sa structure, de son indice des vides et de
la température.
Plus un sol est fin, plus les pores sont petits, plus les frottements et les pertes de charge sont
importants et plus le coefficient de perméabilité est petit. Les argiles sont souvent considérées
comme imperméables car les débits qui y circulent sont négligeables, leur perméabilité étant
très faible.
Plus un sol est dans un état de compacité élevée, plus sa porosité est faible. L’espace dans
lequel l’eau peut circuler étant réduit, le sol est moins perméable. La mesure de la perméabi-
lité n’a donc de sens que sur un sol de poids volumique sec défini (échantillon intact ou sol
compacté à une compacité déterminée).
Deux méthodes, applications directes de la loi de Darcy, sont utilisées en laboratoire :
• la mesure sous charge constante pour les sols très perméables,
• la mesure sous charge variable pour les sols peu perméables.

3.2.2.2. Essai à charge constante


Un perméamètre (figure 3.6) est composé d’une enceinte étanche dans laquelle est placé un
échantillon de sol de section S et de longueur L. Les deux extrémités de l’échantillon sont
reliées à deux tubes par l’intermédiaire de pierres poreuses.
Dans le perméamètre à charge constante, la différence de charge h entre les deux faces de
l’échantillon est maintenue constante à l’aide de trop-pleins. L’essai consiste à mesurer la
quantité d’eau q qui passe au travers de l’échantillon pendant un temps donné t.
D’après la loi de Darcy (6), on a :
h q·L
q = k·i·S·t = k· ·S·t d’où k= (7)
L h·S·t

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Propriétés de l’eau libre | 63

Remarque
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Les notations utilisées sont conformes à la norme XP P94-010 relative au glossaire géotechnique : définitions,
notations, symboles. Le débit est désigné par Q et q est utilisé pour désigner des quantités d’eau.

3.2.2.3. Essai à charge variable


Dans le perméamètre à charge variable, le tube 1 de la figure 3.6 est rempli d’eau ; l’essai
consiste à mesurer la baisse de son niveau en fonction du temps.

h s

2
L

Pierre poreuse

Sol
Fig. 3.6. Principe des perméamètres

Soit s la section de ce tube.


Pendant un temps dt, la quantité d’eau qui s’écoule est : q = − s · dh ; mais c’est aussi :
q = v·S·dt = k·i·S·dt ; comme le gradient i à l’instant t est égal à h/L,
h
q = k·S·dt ·
L

Soit, en égalant, les deux expressions précédentes de q :

k·dt = − s ·L · dh
S h

d’où les formules (8) et (8bis) ci-après :


ln (h0/h1)
k = s ·L · (8)
S t1 − t0

log (h0/h1)
k = 2,3 s ·L · (8bis)
S t1 − t0

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64 | Propriétés hydrauliques des sols

dans lesquelles :
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• h0 : différence de charge au temps t0,


• h1 : différence de charge au temps t1,
• ln (h0/h1) : logarithme népérien de h0/h1,
• log (h0/h1) : logarithme décimal de h0/h1.

3.2.3. Ordre de grandeur du coefficient de perméabilité des sols


Nature Ordre de grandeur de k en m/s Degré de perméabilité

Graviers moyens à gros 10−3 à 10−1 très élevé

Petits graviers, sable 10−3 à 10−5 assez élevé

Sable très fin, sable limoneux, lœss 10−5 à 10−7 faible

Limon compact, argile silteuse 10−7 à 10−9 très faible

Argile franche 10−9 à 10−12 pratiquement imperméable

La perméabilité des sables peu compacts à granulométrie serrée peut être évaluée en utilisant la
formule de Hazen [3 Terzaghi 1957], que l’on peut écrire :
k (m/s) = 1,25 D102 (9)
où D10 est le diamètre efficace des grains en centimètres.
Le diamètre efficace est le diamètre pour lequel 10 % des grains du sol sont de dimension
inférieure à cette valeur (voir § 2.3.1). Il se lit sur la courbe granulométrique du sol. Notons
que cette formule est très approchée car la perméabilité, comme indiqué précédemment,
dépend également de la forme des grains et de l’indice des vides du sol.
Il convient de ne pas confondre la perméabilité et la transmissivité (notée T) qui, pour un
aquifère donné, est le produit de son coefficient de perméabilité par son épaisseur. Cette
transmissivité s’exprime généralement en m2/s et est surtout utilisée dans le cadre de l’exploita­
tion des nappes souterraines.

3.2.4. Sols lités – Définition de kh et kv


Les sols sont très souvent lités (origine sédimentaire ou métamorphique) et présentent une
anisotropie de perméabilité. La perméabilité est généralement beaucoup plus forte dans le
sens des lits que dans le sens perpendiculaire aux lits.
De nombreux sols sédimentaires sont constitués de couches superposées de granulométrie, et
donc de perméabilité, variables.
Soit :
• k1, k2 … kn, les coefficients de perméabilité,
• L1, L2 … Ln, l’épaisseur des différentes couches,
• L = L1 + L2 … + Ln, l’épaisseur totale,
• h, la perte de charge totale,

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Propriétés de l’eau libre | 65

• kv, le coefficient de perméabilité moyen perpendiculairement aux plans de stratification,


kh, le coefficient de perméabilité moyen parallèlement à la stratification.
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Si l’écoulement est perpendiculaire aux plans de stratification, le débit, donc la vitesse, est
identique dans chaque couche puisque l’écoulement est permanent :

v = h ·kv = k1·i1 = k2·i2 = kn·in


L

avec : h = L1·i1 + L2·i2 + … + Ln·in


De la première équation on tire :
k k
i1 = h · v ; … ; in = h · v
L k1 L kn
En portant ces valeurs dans l’expression de h on obtient :

(
L L L
h = h ·kv· 1 + 2 + … + n
L k1 k2 kn )
d’où :
kv = L (10)
L1 L2 L
+ +…+ n
k1 k2 kn
Si l’écoulement est parallèle aux plans de stratification, le débit total est la somme du débit de
chaque couche pour une tranche d’épaisseur unité et de gradient i.
L·kh·i = v1·L1 + v2·L2 + … + vn·Ln = (k1·L1 + k2·L2 + … + kn·Ln)·i
d’où :
L1·k1 + L2·k2 + … + Ln·kn
kh = (10bis)
L

Application
Soit un bicouche composé de 1,0 m de gros sable de perméabilité k = 10−3 m/s et de 0,20 m de silt argileux
de perméabilité k = 10−7 m/s. On obtient :
−3 −7
kv = 1,20 = 6 × 10−7 m/s kh = 1,00 × 10 + 0,20 × 10 = 8 × 10−4 m/s
1,00 + 0,20 1,20
10−3 10−7
kh est bien plus élevée que kv car la veine argileuse se contente de réduire légèrement la section perméable
horizontale, mais constitue une barrière peu perméable vis-à-vis de courants verticaux.

Une autre conséquence de l’anisotropie des sols et roches est le rôle joué par les fissures,
diaclases et autres discontinuités de toutes sortes. Des roches dont la matrice est imperméable
se comportent souvent à l’échelle de l’hydrogéologie et des travaux de génie civil comme des
terrains perméables, tout le débit passant par les discontinuités du sol. C’est ce qui conduit
à distinguer :
• la perméabilité en petit, mesurable par des essais de laboratoire ou des essais ponctuels
in situ ;
• la perméabilité en grand, mesurable par certains essais in situ (essais de pompage, voir
le § 6.6.5).

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66 | Propriétés hydrauliques des sols

Il faut donc être extrêmement prudent quant à l’interprétation des essais de perméabilité,
notamment en laboratoire. Des essais de perméabilité grandeur nature in situ sont indispen-
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sables pour obtenir une prévision raisonnable des débits provoqués par des travaux.

3.3. Écoulements souterrains


3.3.1. Écoulements permanents à deux dimensions
en milieu homogène et isotrope
3.3.1 .1 . Réseau d’écoulement
La plupart des problèmes courants de mécanique des sols peuvent être ramenés à deux dimen-
sions. Pour l’étude des problèmes à trois dimensions, les hypothèses sont les mêmes et
l’annexe C, en fin d’ouvrage, présente les équations différentielles de base régissant l’écoule-
ment des nappes, tant artificielles que naturelles.
La mise en équation repose sur les hypothèses ci-après :
• Première hypothèse : le milieu est homogène du point de vue de sa perméabilité. On peut
donc lui attribuer un coefficient de perméabilité constant k.
• Deuxième hypothèse : l’écoulement est laminaire et la vitesse de l’eau est faible.
• Troisième hypothèse : les écoulements sont régis par la loi de Darcy. Autrement dit, en un
point quelconque M, l’écoulement se fait dans une certaine direction. Les particules d’eau
qui étaient en M au temps t sont en M´ au temps t + Δt.
Soit ds la distance MM´ et t un vecteur unitaire définissant la direction de M vers M´.
En négligeant la tortuosité, il est possible de définir le vecteur vitesse en M par la relation
suivante :
v = − k· dh · t
ds
• Quatrième hypothèse : l’écoulement est permanent. Dans ces conditions, h étant la charge
en un point quelconque du milieu, l’équation fondamentale de l’écoulement s’écrit
comme suit :
∂2h + ∂2h = 0 (11)
∂x 2 ∂y 2
Cette équation (équation de Laplace) admet une solution lorsque les conditions aux
limites sont définies. Une solution analytique peut être obtenue dans les cas simples (voir
chapitre 15). Dès que le sol comporte plusieurs couches de perméabilités différentes ou
présente une anisotropie de perméabilité, la résolution pratique devient très complexe et il
convient de recourir au traitement informatique. Des logiciels performants sont dispo-
nibles. Une application de ce type est présentée au § 3.3.2.
Lorsque le sol est homogène, il est possible de recourir à la construction graphique, qui,
bien que fastidieuse, présente un intérêt pédagogique certain. Elle consiste à tracer un
réseau de lignes respectant certaines règles, en particulier les conditions aux limites. Ce
réseau, appelé réseau d’écoulement est composé de deux familles de courbes (figure 3.7) : les
lignes de courant et les courbes équipotentielles.

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Écoulements souterrains | 67

Les lignes de courant représentent le trajet de l’eau (à la tortuosité près), le vecteur vitesse
est tangent en chaque point à la ligne de courant.
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Les équipotentielles ont pour équation générale h = Cte. Elles sont orthogonales aux lignes
de courant.

Palplanches

Fond de rivière H
100 %
Fond de batardeau
0%

M v
90 %

10 %

80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 %
Sol imperméable

Fig. 3.7. Écoulement sous un batardeau

Pour tracer le réseau d’écoulement, on choisit un certain nombre d’équipotentielles (par


exemple 11 sur la figure 3.7). Les lignes de courant et les équipotentielles doivent former
des quadrilatères curvilignes ayant une forme aussi carrée que possible. Par ailleurs, les
conditions aux limites de l’écoulement doivent être respectées. Le réseau est tracé par
approximations successives. Avec cette façon de procéder, la perte de charge entre deux
équipotentielles voisines est constante.

3.3.1 .2. Calcul du débit à travers un massif de terre


Sur la figure 3.7, à chaque espace compris entre deux équipotentielles correspond une perte
de charge égale à 10 % de la perte de charge totale H.
Un tube de courant est, quant à lui, l’espace compris entre deux lignes de courant.
Considérons un tube de courant élémentaire de longueur Δl et compris entre deux équi­
potentielles h et h + Δh. Soit a la distance entre deux lignes de courant (figure 3.8).
La loi de Darcy s’écrit :
v = k· Δh
Δl | | par construction, Δl = a

Le débit passant à travers le tube par unité de temps est :


Δq = a·k· Δh = k·|Δh |
Δl
Soit Nh le nombre d’intervalles équipotentiels ; on a :
|Δh | = H d’où : Δq = k· H
Nh Nh

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68 | Propriétés hydrauliques des sols

h
h+Δ
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courant

h
Ligne
de

Δl = a

Fig. 3.8. Tube de courant élémentaire

Il est loisible de constater que ce débit est indépendant du tube considéré, autrement dit que
le débit dans chaque tube de courant est identique.
Soit Nc le nombre de tubes de courant. Le débit total sera le suivant :
N
Q = c ·k ·H (12)
Nh
La formule (12) donne le débit par unité de largeur de l’ouvrage. Le débit Q est de la forme :
Q = C·k·H avec C = constante.
Cette forme est très générale (voir § 3.5.1).

3.3.1 .3. Conditions aux limites en régime permanent


La loi de l’écoulement permanent conduit aux conditions aux limites suivantes :
• une surface libre horizontale correspond à une équipotentielle.
En effet : h = z + u = z = Cte  ;
γw
• une surface horizontale ou inclinée sur le contour d’un bassin correspond à une
équipotentielle.
En effet, le long de cette surface z + u = Cte = niveau de la surface du bassin quel que soit
le point considéré ; γw
• une surface inclinée à l’air libre recoupe les équipotentielles à intervalle régulier.
En effet, la perte de charge correspond à la perte d’altitude selon (3) puisque u = 0 ;
• une limite imperméable correspond à une ligne de courant.
Les équipotentielles y sont perpendiculaires (exemple : le rideau de palplanches et le socle
sur la figure 3.7).
En définitive, la détermination d’un réseau d’écoulement permet de connaître les trajets de
l’eau et de calculer les débits au travers des ouvrages.

3.3.2. Exemple de traitement informatique (code Plaxis)


Le site est constitué de sables fins de perméabilité kh = kv = 10−5 m/s.
Cependant, de 8 à 12 mètres de profondeur règne une couche de sable silteux ayant une
perméabilité dix fois plus faible : kh = kv = 10−6 m/s.
La nappe phréatique est horizontale et se situe à 1 mètre de profondeur.

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Écoulements souterrains | 69

Il est envisagé de réaliser une fouille de 6 mètres de profondeur et de 30 mètres de largeur à


l’abri d’une paroi de soutènement ancrée dans la couche intermédiaire. La nappe est supposée
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rabattue à 2 mètres sous le niveau du fond de fouille.


Les figures 3.9 et 3.10 représentent respectivement l’allure des vecteurs vitesse dont les enve-
loppes constituent les lignes de courant et la position des équipotentielles. Dans le cas présent,
la perte de charge est de 5 % entre deux courbes voisines. 

Général

k = 10−5 m/s
Fond de fouille
−6
−8 −8
k = 10−6 m/s − 10
− 12 − 12

k = 10−5 m/s

Fig. 3.9. Allure des vecteurs vitesse

Général

k = 10−5 m/s
Fond de fouille
−6
−8
k = 10−6 m/s

− 12

k = 10−5 m/s

Fig. 3.10. Position des équipotentielles

Ces figures montrent le rôle important que joue la couche la moins perméable. Elles font
également apparaître l’abaissement du niveau phréatique en amont de l’écran étanche sous
l’effet du rabattement dans la fouille.
Le calcul conduit à un débit sous l’ouvrage de 0,7 m3/h, ceci pour un mètre de longueur
de paroi.

3.3.3. Force d’écoulement


Si un obstacle est placé devant un écoulement d’eau, celle-ci exerce une poussée sur cet
obstacle, poussée d’autant plus grande que la vitesse du courant est élevée. De même, les eaux
souterraines en écoulement exercent une poussée appelée force d’écoulement ou force de

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70 | Propriétés hydrauliques des sols

filtration sur les obstacles que représentent les grains solides. Cette force joue un rôle consi-
dérable dans les problèmes de stabilité des massifs de sol.
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Il est démontré (voir annexe D) :


1) que la force d’écoulement j est une force volumique, c’est-à-dire que la force développée
est proportionnelle au volume concerné (comme la pesanteur) ;
2) que la force d’écoulement et la poussée d’Archimède sont les résultantes des pressions
interstitielles exercées sur le pourtour du massif de sol considéré ;
3) que la force d’écoulement est dirigée en chaque point dans le sens de l’écoulement ;
4) que son intensité par unité de volume est donnée par la formule :
j = γw ·i (13)
où i est le gradient hydraulique au point considéré ;
5) qu’en définitive, un massif élémentaire de sol dV baignant dans une nappe en écoulement
est soumis à trois forces massiques (figure 3.11a), à savoir :
–– son poids W = γsat · dV,
–– la poussée d’Archimède A = γw · dV,
–– la force totale d’écoulement J  : J = j · dV = i · γw · dV .
Ces trois forces peuvent être réduites à deux en considérant le poids volumique immergé
du sol : γ´ = γsat − γw (figure 3.11b).

A
dV
dV

→ →
→ → J = i · γw · dV
J = i · γw · dV

W W´ = γ ´·dV

(a) (b)

Fig. 3.11. Forces massiques s’exerçant sur un élément de sol

3.3.4. Mesure in situ de la perméabilité et des paramètres connexes

3.3.4.1 . Généralités
Précédemment, au § 3.2.2.3, il a été traité comment la perméabilité d’un échantillon de sol
peut être déterminée au laboratoire à l’aide de l’essai au perméamètre. Il apparaît très hasar-
deux d’étendre les résultats de ce type d’essai à l’ensemble d’un aquifère, en raison d’une part
de l’incertitude liée à la représentativité des échantillons de sol, d’autre part du risque de
remaniement qui peut altérer notablement les résultats des essais. En conséquence, la détermi­
nation de la perméabilité d’un aquifère ne peut être assurée que par des essais in situ, essais de
puits ou pompages d’essai. Il s’agit d’une expérimentation par pompage sur des puits ou des
sondages, consistant à mesurer l’accroissement du rabattement de la surface piézo­métrique en

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Écoulements souterrains | 71

fonction du temps de pompage puis sa remontée après arrêt du pompage. Il faut signaler que
la détermination des paramètres hydrodynamiques de l’aquifère nécessite l’installation d’au
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moins un piézomètre (voir § 6.6.2).


Nous présentons ci-après un certain nombre de formules utiles, permettant de déterminer le
coefficient de perméabilité du sol à partir du débit mesuré. Elles sont généralement relatives
à l’écoulement permanent et à des milieux de perméabilité homogène et isotrope. C étant une
constante dépendant uniquement des conditions aux limites et H étant la perte de charge
totale, le débit s’exprime par la formule générale suivante :
Q = C·k·H (14)
Il convient de distinguer :
• les essais de puits, réalisés sur des ouvrages de captage, par paliers de courte durée, et
destinés à caractériser l’ouvrage et déterminer son équipement ;
• les essais de pompage, exécutés en un seul palier de pompage à débit contant et sur une
longue durée, deux à trois jours, avec mesure du rabattement pendant le pompage, puis de
la remontée sur une durée équivalente ou jusqu’au retour à l’équilibre initial.
Du point de vue de l’interprétation des essais de pompage, il convient de ne pas perdre de vue
que le substratum d’un aquifère n’est pas nécessairement horizontal, qu’une nappe est sujette
à un écoulement naturel, qu’il existe des nappes libres et captives et enfin que la perméabilité
au sein d’un aquifère est rarement constante. Par ailleurs, on distingue deux concepts du
régime d’écoulement de l’eau souterraine vers un ouvrage de captage :
• un régime permanent : après un temps de pompage relativement court, de l’ordre d’une
heure, on atteindrait un état d’équilibre où la géométrie du cône de rabattement resterait
constante ; c’est l’hypothèse prise en compte dans la méthode dite de Dupuit ; il faut savoir
que le régime permanent stricto  sensu n’existe pas et qu’il vaut mieux parler de régime
quasi permanent ;
• un régime transitoire pour lequel on constate une augmentation du cône de rabattement
en fonction du temps : cette théorie est à l’origine des expressions d’hydrodynamique
établies par Theis et ses successeurs [NF EN ISO 22282-4 2014].
Pour une étude détaillée des écoulements, notamment en régime transitoire, il convient de se
reporter à la bibliographie en fin de chapitre et, en particulier, aux références [3 Castany 1998]
[3 Cassan 1994], [3 Cassan 2005], [3 Genetier 1984], [3 LCPC 1970] et [3 Schneebeli 1966].
Les essais in situ proprement dits sont traités au chapitre 6.

3.3.4.2. Écoulement en régime permanent – Formule de Dupuit


Dupuit a établi une formule relative à l’écoulement cylindrique (à deux dimensions), formule
qui a été étendue à l’écoulement radial. Dans cette approche, il est admis que, lors d’un
pompage à niveau constant, on atteint une stabilisation du niveau de l’eau (régime perma-
nent). Au-delà d’une distance R propre à chaque ouvrage, la surface piézométrique n’est pas
affectée. Dans cette hypothèse, ce rayon d’action serait indépendant du débit.
La perméabilité est déterminée à partir des caractéristiques géométriques du cône de rabatte-
ment. Le débit q et la perte de charge (H − h0) sont alors constants (figures 3.12 et 3.13) et
reliés à la perméabilité du milieu par les formules (15). Néanmoins, ces formules sont diffi-
ciles à utiliser car la valeur de R est imprécise. Dans le cas où l’abaissement de la nappe est
relevé dans des piézomètres installés à différentes distances du sondage, soit  r1 et r2, k  est

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72 | Propriétés hydrauliques des sols

calculé à l’aide des formules (15bis). Le détail des procédures d’essai et d’interprétation est
décrit dans la norme relative à l’essai de pompage (NF EN ISO 22282-4), lui-même traité
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au § 6.6.5.
Nappe libre Nappe captive
H 2 − h02 H − h0
Q = π·k · Q = 2 π·k ·e · (15)
ln (R/r0) ln (R/r0)
h22 − h12 h2 − h1
Q = π·k · Q = 2 π·k ·e · (15bis)
ln (r2/r1) ln (r2/r1)

r0

R
NP

h1 h2 H
h0 r1
r2

Substratum imperméable

Fig. 3.12. Essai de pompage (nappe libre)

r0

Sol imperméable NP

H
h0 e

Substratum imperméable
R

Fig. 3.13. Essai de pompage (nappe captive)

La valeur du rayon d’action (ou d’influence) d’un pompage Ra peut être estimée par la formule
de Sichardt :
Ra = 3 000 (H − h0)· k

où Ra, H et h0 s’expriment en m et k en m/s.

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Écoulements souterrains | 73

Pour un rabattement de 1 m, le rayon d’action prend les valeurs suivantes en fonction de
la perméabilité :
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k (m/s) R (m)

10−6 3
10−4 30
10−2 300

3.3.4.3. Écoulement en régime transitoire - Formule de Theis


Dans cette méthode ce n’est plus la géométrie du cône de rabattement qui permet de définir
les caractéristiques hydrauliques mais l’évolution du rabattement en fonction du temps. Elle
nécessite par contre plus de points de mesure (piézomètres) et implique que l’essai soit réalisé
au sein de formations aquifères captives et que l’instrumentation (puits de pompage) traverse
l’intégralité de l’aquifère.
Theis a proposé une solution :
Q r 2·S
s= ·W (u ) où u= (16)
4 π·T 4T·t
avec s : rabattement mesuré dans le piézomètre en m
Q : débit de pompage constant en m3/s
T : transmissivité en m2/s (voir § 3.2.3)
 S : coefficient d’emmagasinement (sans dimension : rapport de la quantité d’eau libérée
par unité de volume d’aquifère sous l’effet d’une variation unitaire de charge
hydraulique)
r : distance entre le puits de pompage et le piézomètre en m
t : durée du pompage en s.
W(u) est la fonction de puits dite de Theis dont les valeurs sont données dans la table suivante
[3 Wenzel 1942] qui donne W en fonction de 1/u.

Tableau 3.1. Table donnant W(u) en fonction de 1/u

1/u 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0
x1 0,219 0,049 0,013 0,0038 0,0011 0,00036 0,00012 0,000038 0,000012
x10– 1 1,82 1,22 1,91 0,70 0,56 0,45 0,37 0,31 0,26
x10– 2 4,04 3,35 2,96 2,68 2,47 2,30 2,15 2,03 1,92
x10– 3 6,33 5,64 5,23 4,95 4,73 4,54 4,39 4,26 4,14
x10– 4 8,63 7,94 7,53 7,25 7,02 6,84 6,69 6,55 6,44
x10– 5 10,94 10,24 9,84 9,55 9,33 9,14 8,99 8,86 8,74
x10– 6 13,24 12,55 12,14 11,85 11,63 11,45 11,29 11,16 11,04
x10– 7 15,54 14,85 14,44 14,15 13,93 13,75 13,60 13,46 13,34
x10– 8 17,84 17,15 16,74 16,46 16,23 16,05 15,90 15,76 15,65
x10– 9 20,15 19,45 19,05 18,76 18,54 18,35 18,20 18,07 17,95
x10–10 22,45 21,76 21,35 21,06 20,84 20,66 20,50 20,37 20,25
x10–11 24,75 24,06 23,65 23,36 23,14 22,96 22,81 22,67 22,55
x10–12 27,05 26,36 25,96 25,67 25,44 25,26 25,11 24,97 24,86
x10–13 29,36 28,66 28,26 27,97 27,75 27,56 27,41 27,28 27,16
x10–14 31,66 30,97 30,56 30,27 30,05 29,87 29,71 29,58 29,46
x10–15 33,96 33,27 32,86 32,58 32,35 32,17 32,02 31,88 31,76

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74 | Propriétés hydrauliques des sols

La méthode de Cooper-Jacob, proposée en complément de la précédente par la norme rela-


tive à l’essai de pompage (NF EN ISO 22282-4), est une méthode simplifiée de la précédente
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mais n’est strictement applicable que pour des aquifères captifs et sous réserve de maintenir le
pompage sur une longue durée.

3.4. Eau capillaire


3.4.1. Définition de l’eau capillaire
L’eau capillaire est caractérisée par sa pression négative. Cette tension peut atteindre des
valeurs très élevées.
Dans l’expérience (a) de la figure 3.14, le tube de gros diamètre est fermé à sa partie supé-
rieure ; l’eau ne peut s’élever, théoriquement, que jusqu’à une hauteur hmax telle que :
hmax · γw = Patm soit environ 10 m.
La pression interstitielle de l’eau est toujours positive ou nulle en valeur absolue : nulle en B
et égale à une atmosphère en A.

B
Patm
B

hmax

h
Patm Patm


a) Gros tube fermé b) Tube capillaire

Fig. 3.14. Élévation de l’eau au-dessus de la surface d’une nappe libre

Dans un tube capillaire, le phénomène est totalement différent : la pression atmosphérique


s’exerce à l’intérieur et à l’extérieur du tube.
L’eau est tractée par les forces de tension superficielle puisqu’elle est aussi indilatable qu’incom-
pressible. La pression en B´ est différente de celle en B. La capillarité qui joue un rôle consi-
dérable dans les sols fins mérite une étude particulière.

3.4.2. Capillarité de l’eau – Loi de Jurin


Dans un tube capillaire parfaitement propre de rayon r, l’eau monte jusqu’à une hauteur h
telle que le poids de la colonne d’eau ainsi obtenue équilibre les forces de tension superfi-
cielle T (figure 3.15).

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Eau capillaire | 75

La résultante des forces de tension capillaire est : 2 π·r·T et le poids de la colonne d’eau est :
π·r 2·h · γw d’où :
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2T
h= (17)
r ·γw
La tension superficielle de l’eau est de l’ordre de 8 × 10−4 N/cm, ce qui est faible. Il faut donc
que r soit très petit pour que h soit élevé.
D’après (17), h est proportionnel à 1/r ; soit pour : r = 1 mm : h = 1,6 cm
r = 10 μm : h = 1,6 m
r = 0,1 μm : h = 160 m
Avec un tube gras, le rayon du ménisque R est supérieur au rayon du tube r et la hauteur h est
plus faible (figure 3.16) : r/R = cos α ; la formule (17) devient :
2T · cos α
h= (18)
r ·γw
Il faut remarquer que la pression en B´ est une tension u telle que :
u = − h · γw
La formule (18) indique que le rayon R du ménisque est lié à la tension en B´ par la formule :
u = 2T/R
T T


T
R α R

h
r


Fig. 3.15. Loi de Jurin Fig. 3.16. Tube gras

Au travers d’une surface liquide de rayon R, la pression augmente de 2T/R lors du passage de
la partie concave à la partie convexe.

3.4.3. Tube de section variable


Dans un tube de section parfaitement constante, il semblerait selon la figure 3.17a que l’équi-
libre d’une colonne d’eau n’est possible qu’au contact de la nappe.
En effet, les tensions s’équilibrent et la goutte descend sous son poids. L’expérience montre
qu’en fait le phénomène est plus complexe et que les tubes capillaires retiennent des gouttes
parfois de grande longueur.

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76 | Propriétés hydrauliques des sols

A fortiori, dans un tube de section variable, l’équilibre est atteint dès que la différence des
forces de tension des ménisques inférieur et supérieur équilibre le poids de l’eau (figure 3.17b).
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On conçoit donc que dans les sols, et en particulier dans les sols fins où les interstices entre
les grains solides sont de très faibles dimensions, des quantités importantes d’eau peuvent être
retenues sous forme d’eau capillaire.

T T
T T

T T
T T

a b

Fig. 3.17. Tubes capillaires

3.4.4. Porométrie
Dans un sol, les vides ont un rayon constamment variable. Pour comprendre le comporte-
ment capillaire d’un sol, il est possible de le schématiser en représentant les vides sous forme
d’un certain nombre de capillaires de dimensions variables donc, admettant des hauteurs
d’ascension capillaire également variables.
Des essais spécifiques permettent même de déterminer une courbe porométrique donnant, à
l’instar d’une courbe granulométrique, la proportion de pores inférieurs à chaque diamètre
considéré. Plus le sol est argileux, plus les pores sont fins.

3.4.5. Notion de succion – Ascension capillaire


La succion est la pression interstitielle négative régnant en un point de l’eau retenue par capil-
larité dans un sol. 
Considérons un sol qui, pour simplifier, comporterait quatre familles de capillaires d’un
diamètre croissant (1 à 4 sur la figure 3.18) :
• à une hauteur h1, au-dessus de la nappe, le sol reste saturé mais l’eau interstitielle est en état
de succion ;
• pour la hauteur h2, le tube 4 est vide, le sol n’est plus saturé, la succion est égale à h2· γw ;
• plus la succion augmente, plus le degré de saturation diminue.

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Eau capillaire | 77
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h3
ha

h2
h1
0

1 2 3 4 a b

Fig. 3.18. Schématisation de l’état capillaire d’un sol

Il convient également de remarquer que si un état de succion égal à ha· γw est appliqué au tube
muni d’un renflement, la hauteur d’ascension capillaire sera différente selon que le tube était
initialement plein d’eau (figure 3.18a) ou vide (figure 3.18b).

3.4.6. Généralisation – Relation succion/teneur en eau


Compte tenu des possibilités de rétention d’eau dans les capillaires de section variable, les
observations précédentes restent valables lorsque le sol n’est pas en contact direct avec
la nappe.
Si une succion, exprimée en termes de hauteur d’ascension capillaire  h, est créée par un
procédé quelconque, l’eau va se réfugier dans les capillaires les plus fins, l’eau en excès étant
aspirée et évacuée en dehors du sol. Les capillaires correspondant à une hauteur d’ascension
inférieure à h se videront.
Plus h sera élevée, plus le nombre de pores secs sera grand.
Il existe donc une relation pour chaque sol entre sa teneur en eau et la succion existant dans
l’eau interstitielle.
Cette relation peut être établie en laboratoire avec des essais très particuliers. Comme les
faibles teneurs en eau correspondent à des pressions interstitielles négatives très élevées, il est
habituel d’exprimer la succion sous forme de pF (appelé en anglais potential of free energy)
[3 Cemsf 1961], [3 Rrl 1952], [3 Zerhouni 1991] :
avec : pF = log h h étant exprimée en cm. (19)
C’est ainsi qu’un pF de 4 correspond à une succion de 100 m d’eau ou 1 MPa.
La figure 3.19, due à Schofield, donne les courbes pF(w) d’une argile marneuse correspon-
dant à une humidification et à une dessiccation [3 Rrl 1952].

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78 | Propriétés hydrauliques des sols

On retiendra en définitive :
• que plus un sol est desséché, plus l’eau interstitielle est en dépression ; c’est pour cela
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qu’une argile sèche est avide d’eau ;


• qu’un sol fin peut être saturé au-dessus du niveau de la nappe et être dans un état où la
pression interstitielle est négative.

pF

Nature du sol : marne


5

Courbe de
dessiccation
4

2
Courbe
d’humidification
1

0
0 10 20 30 40 50
Teneur en eau w
Fig. 3.19. Relation entre la succion d’un sol et sa teneur en eau (d’après Schofield)

3.4.7. Profil hydrique


La courbe donnant les variations de teneur en eau d’un sol en fonction de la profondeur
(figure 3.20) s’appelle profil hydrique.
Ce profil varie selon les saisons :
• la courbe I correspond à une saison sèche, la dessiccation est patente, surtout à proximité
de la surface ;
• la courbe II correspond à une saison humide : le phénomène inverse est observé.

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Eau capillaire | 79

Ce n’est qu’à partir d’une certaine profondeur Hc, variable avec le climat, la végétation
environ­nante et la position de la nappe phréatique, que la teneur en eau atteint un certain
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équilibre. La profondeur Hc peut atteindre plusieurs mètres, en particulier à proximité de


certains arbres.

we w%

I
Hc II

Profondeur

Fig. 3.20. Profil hydrique

Une diminution de la teneur en eau (augmentation de la succion) correspond à une étreinte


sur le squelette, ce qui entraîne une diminution de volume (retrait) dans les sols argileux. Le
phénomène inverse conduit à un gonflement (voir chapitre 4).
Si les fondations d’une construction reposent à une profondeur inférieure à Hc, elles risquent
d’être soumises à des mouvements saisonniers qui peuvent entraîner des désordres impor-
tants, en particulier si le sol est constitué d’argile plastique ; cette question est traitée au
chapitre 11.
Pour illustrer ce qui précède, il est intéressant de signaler que les racines des arbres se
comportent comme des pompes aspirantes et exercent un effet de succion sur le sol environ-
nant, ce qui leur permet d’absorber l’eau et les sels minéraux qui leur sont nécessaires. Le
pouvoir de succion de certains arbres est considérable, ce qui leur permet de survivre, même
sur des sols très desséchés. Il faut, en effet, que le pouvoir de succion de l’arbre soit supérieur
au pF du sol naturel pour que celui-ci puisse continuer à absorber de l’eau.
Le point de flétrissure d’une plante correspond à la succion maximale qu’elle est capable de
développer. Si le pF du sol naturel devient supérieur (en valeur absolue) au point de flétrissure
de la plante, celle-ci meurt.
Il en découle que le développement d’un arbre planté dans un sol argileux génère un état de
succion, donc le retrait du sol, par diminution de sa teneur en eau, dans une zone de plus en
plus grande au fur et à mesure que le réseau des racines se développe. Ce phénomène est à
l’origine d’un certain nombre de désordres de fondations et d’instabilité de chaussées.

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80 | Propriétés hydrauliques des sols

Bibliographie
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[3 Cassan 1993] CASSAN M., Aide-mémoire d’hydraulique souterraine, 2e édition, Presses ENPC, 1993.
[3 Cassan 2005] CASSAN M., Les essais de perméabilité sur site dans la reconnaissance des sols, Presses
ENPC, 2005.
[3 Castany 1992] CASTANY G., MARGAT J., Dictionnaire français d’hydrogéologie, BRGM, 1992.
[3 Castany 1998] CASTANY G., Hydrogéologie - Principes et méthodes, Dunod, 1998.
[3 Caquot 1966] CAQUOT A. et KERISEL J., Traité de mécanique des sols, 4e édition, Gauthier-Villars,
1966.
[3 CEMSF 1961] Conférence de Londres du Comité européen de mécanique des sols et fondations,
Pore pressure and suction in soils, Butterworths, 1961.
[3 Genetier 1984] GENETIER B., La pratique des pompages d’essai en hydrogéologie, Éditions BRGM,
1984.
[3 LCPC 1970] LCPC, « Hydraulique des sols », supplément N au Bulletin de liaison des LPC, 1970.
[3 RRL 1952] Road Research Laboratory, Soil mechanics for road engineers, H.M. Stationery Office,
1952.
[3 Schneebeli 1966] SCHNEEBELI G., Hydraulique souterraine, Eyrolles, 1966.
[3 Terzaghi 1957] TERZAGHI K. et PECK R.B., Mécanique des sols appliquée, Dunod, 1957.
[3 Wenzel 1942] WENZEL L.K., Methods for determining the permeability of water-bearing materials,
with special reference to discharging well methods, US Geological Survey, Water-supply (paper 887), 1942.
[3 Zerhouni 1991] ZERHOUNI M.I., Rôle de la pression interstitielle négative dans le comportement des
sols – Application au calcul des routes. Thèse de doctorat - École centrale de Paris, 1991.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 4

Théorie de la consolidation

4.1. Définition des contraintes dans un sol


Contrainte totale
Soit une section unitaire SS´ dans un massif de sol. La résultante des forces qui s’exerce sur
cette section sous l’action des forces extérieures et du poids propre est la contrainte totale. On
peut la décomposer en :
• une contrainte normale σ,
• une contrainte tangentielle τ.

F
σ
τ

S

Fig. 4.1. Définition des contraintes

Contrainte effective ou intergranulaire


C’est la contrainte qui est transmise au squelette constitué de l’assemblage des grains solides.
Les symboles correspondants sont affectés de l’indice « prime » :
• contrainte normale σ´,
• contrainte tangentielle τ´.

Pression interstitielle
C’est la pression existant dans l’eau interstitielle. Il s’agit d’une contrainte du type hydro­
statique, c’est-à-dire normale à la section considérée.

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82 | Théorie de la consolidation

La pression interstitielle est désignée par le symbole u. Lorsque l’on veut distinguer la pression
interstitielle de l’air et celle de l’eau, on affecte le symbole u de l’indice a pour l’air (ua) et de
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l’indice w pour l’eau (uw).

4.2. Sols saturés


4.2.1. Contraintes normales
Imaginons le dispositif suivant : un cylindre de sol saturé, c’est-à-dire dont tous les vides sont
remplis d’eau, repose sur une toile de tamis tendue à proximité immédiate du fond d’un
réservoir de section S.
S

Δh

Tamis
Fig. 4.2. Contraintes totale et effective

L’eau interstitielle est libre et le niveau de la nappe correspond à celui de la surface du sol. Par
ailleurs, il est supposé que le poids du récipient et Δh sont négligeables.

a) Si l’ensemble est posé sur une balance, le poids mesuré sera :


P = S·h·γsat
P
et la contrainte sur le fond sera la contrainte totale σ = , c’est-à-dire :
S
σ = h·γsat (poids de la colonne de sol saturé).

b) Supposons qu’un dispositif permette de ne mesurer que la résultante verticale P´ des forces
appliquées sur le tamis. La pression de l’eau s’exerçant sur les deux faces du tamis, P´ est alors
donnée par :
P´ = S·h·γ´
et la contrainte sur le tamis est la contrainte effective, soit :
σ´ = P´ = h·γ´ (poids de la colonne de sol déjaugé).
S
c) La pression interstitielle au niveau du fond est :
u = γw·h
En comparant a), b) et c), il apparaît que :
σ = σ´ + u puisque γsat = γ´ + γw

Nous venons d’examiner le cas d’un massif de sol saturé, avec un niveau phréatique corres-
pondant à celui de la surface du sol et soumis à son propre poids.

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Sols saturés | 83

En fait, l’équation (1) peut être généralisée à tous les sols saturés, quelle que soit l’origine des
pressions interstitielles.
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σ = σ´ + u (1)
Dans les sols saturés, la contrainte normale totale est égale à la somme de la contrainte effec-
tive et de la pression interstitielle.

4.2.2. Contrainte tangentielle


La résistance de l’eau au cisaillement étant nulle, les phénomènes de viscosité mis à part, on a :
τ = τ´ (2)

Remarques
1. Les équations (1) et (2) jouent un rôle fondamental dans la compréhension du comportement mécanique
des sols. Les notions de contraintes totale, effective et interstitielle seront constamment utilisées par
la suite.
2. Lorsque les sols ne sont que partiellement saturés, la répartition des contraintes entre les phases solide, eau
et air est plus complexe.

4.2.3. Cas des sols partiellement saturés


Afin d’étendre le principe de la contrainte effective aux sols partiellement saturés, Bishop
[4 Bishop 1963] a établi la formule suivante :
σ = σ´ + ua − χ·(ua − uw) (1bis)
où ua : pression de l’air interstitiel,
uw : pression de l’eau interstitielle,
χ : coefficient compris entre 0 et 1.
Pour un sol saturé χ = 1, d’où σ = σ´ + uw,
et pour un sol parfaitement sec χ = 0, d’où σ = σ´ + ua.
Dès que le sol n’est plus saturé, la valeur de χ décroît rapidement.

Si la phase air est continue et reliée à la pression atmosphérique, on a :


ua = 0, d’où σ = σ´ + χ·uw.
Comme, d’autre part, uw est négatif dans les sols non saturés, ceci signifie que σ´ est supé-
rieure à σ, ce qui traduit l’effet de la cohésion capillaire.
L’expression (1bis), bien que pratique, a été largement critiquée pour différentes raisons :
• un certain empirisme réside dans la détermination du paramètre χ. En effet, les méthodes
de détermination se basent toutes sur la comparaison entre les résultats d’essais obtenus sur
un même échantillon en saturé et en non saturé, le paramètre d’ajustement étant alors le
coefficient recherché χ ;
• il apparaît que, pour un même matériau, les valeurs de χ déterminées par des essais de
compressibilité s’avèrent différentes de celles déterminées par des essais de cisaillement, ce
qui dément « l’unicité » de ce paramètre pour un matériau donné ;

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84 | Théorie de la consolidation

• il n’est pas possible de reproduire avec cette expression le phénomène d’effondrement sous
imbibition (collapse) que l’on observe parfois lors d’essais œdométriques sur sols
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compactés.
Suite à ces critiques sur cette expression de Bishop, la tendance s’est alors orientée vers une
description du comportement du sol en considérant les variables « contrainte totale : σ − ua »
et « succion : ua − uw » séparément, sans les combiner dans une expression de type contrainte
effective.
Ces deux contraintes indépendantes sont dénommées variables d’état [4 Zerhouni 1991].
L’introduction des modèles de comportement bâtis autour de ces variables d’état, comme le
modèle basique de Barcelone BBM (Basic Barcelona Model), sort du cadre de cet ouvrage. Le
cas échéant, on pourra utilement se référer à l’ouvrage de J.L. Briaud [4 Briaud 2013] qui en
présente une introduction.

4.3. Étude qualitative de la consolidation


4.3.1. Remarques préliminaires
4.3.1 .1 . Définition
La consolidation est le phénomène de réduction progressive de volume en fonction du temps
d’une couche de sol saturé sous l’action d’une contrainte totale normale constante. Cette
consolidation est due à deux principaux phénomènes que l’on distingue par consolidation
primaire et consolidation secondaire. La consolidation primaire se termine lorsque l’excès de
pression interstitielle qui a été généré par l’action de la contrainte totale se dissipe totalement.
La consolidation secondaire correspond à un fluage plus ou moins important du sol, qui se
poursuit dans le temps, alors que l’excès de pression interstitielle s’est déjà totalement dissipé.
L’étude de la consolidation primaire est présentée ci-après. Celle de la consolidation secon-
daire est abordée au paragraphe 4.7.3.

4.3.1 .2. Condition d’application


La théorie de la consolidation primaire due à Terzaghi ne s’applique qu’aux sols saturés.

4.3.1 .3. Conditions initiales


Avant exécution des travaux projetés, les terrains sont généralement en état d’équilibre. Dans
le cas le plus courant, les contraintes totale et effective sur un plan horizontal en un point M
quelconque correspondent au poids des terres respectivement saturées et déjaugées, soit σ0
et σ´0.
La pression interstitielle est, pour sa part, égale à la pression hydrostatique régnant dans la
nappe libre au point considéré, soit u0.
Considérons les suppléments de contraintes induits dans le massif de sol par l’application
d’efforts externes (par exemple, construction d’un immeuble sur radier général).

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Étude qualitative de la consolidation | 85

À un instant t quelconque, ces contraintes au point M peuvent s’écrire :


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σ1 = σ0 + σ σ´1 = σ´0 + σ´ u1 = u0 + u
où σ0 , σ´0 et u0 sont des constantes pour un point géométriquement défini.
Afin de simplifier le texte et les calculs, seuls les suppléments de contraintes σ, σ´ et u sont
considérés dans ce qui suit. Mais dans les applications pratiques, il convient de ne pas oublier
que les contraintes réelles en un point quelconque sont celles données par les formules
ci-dessus.

4.3.2. Tassement dans le temps sous une charge donnée


Le sol et l’état de chargement peuvent être schématisés à l’aide du modèle de la figure 4.3.
Le schéma réel est représenté sur la figure 4.5.
Le sol à étudier est contenu dans un cylindre supposé indéformable C de section  A. Ce
cylindre est rempli d’eau représentant l’eau interstitielle. Le ressort R modélise le squelette des
grains solides.

Résultante des contraintes totales


N = σ·A
Aire A Pression interstitielle : u

Résultante des contraintes effectives


N σ´·A

O
P O
ΔH
C
H
R

a) Position initiale : t = 0 b) Position au temps t

Fig. 4.3. Modèle rhéologique de la consolidation

Le sol est chargé par une force normale N appliquée à l’aide d’un piston P coulissant d’une
façon étanche dans le cylindre C. Dans ce piston est ménagé un orifice O. Moins le sol est
perméable, plus cet orifice est petit.
Le déplacement ΔH du piston vers le bas correspond au tassement du sol.
Voyons ce qui se passe lorsque la contrainte totale σ = N /A est appliquée.
• À l’instant t0 = 0 (figure 4.3a) correspondant au début du chargement, l’eau considérée
comme incompressible supporte toute la pression ; nous avons donc :
u = σ avec u = surpression interstitielle,
et σ´ = 0 σ´ = pression effective = N´/A
où N´ est la force transmise dans le ressort.
La relation (1) est vérifiée.

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86 | Théorie de la consolidation

Étant en pression, l’eau commence à s’évacuer par l’orifice. Son volume diminuant, le
piston s’abaisse (le sol tasse) et le ressort se comprime en reprenant une part de la charge
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totale. Plus l’orifice est petit, c’est-à-dire plus le sol est imperméable, plus le phénomène
est lent.
• À un instant t quelconque (figure 4.3b), nous avons :
σ´ ≠ 0
u ≠ 0
et toujours :
σ = N /A = σ´ + u
Au fur et à mesure que le temps passe, l’eau s’évacue, donc le ressort se comprime : la
contrainte effective σ´ augmente et u diminue.
u diminuant, l’eau sort de plus en plus lentement de l’orifice, la vitesse de tassement se
ralentit progressivement.
• Pour t = ∞, les valeurs de u, σ et σ´ sont les suivantes :
u = 0
σ = σ´
La figure 4.4 représente l’évolution des contraintes effective et interstitielle en fonction du
temps sous l’action de ce phénomène, appelé consolidation primaire. En pratique, le temps
nécessaire à la consolidation primaire est fini. L’abaissement du piston à la fin de la consoli-
dation primaire correspond au tassement final du sol, appelé tassement primaire.

σ= N
S σ´
tive
effec
e
int
ntra
Co
Pression

σ´ + u = σ (qq soit t)
Pre
ssio
n
inters
titielle
u

0
t Temps
Tassement

Fig. 4.4. Contraintes et déformations dans le temps

Au-delà de cette phase, toute la charge N est transférée au ressort, c’est-à-dire au squelette
solide. La pression interstitielle dans le sol est égale à la pression hydrostatique initiale ; la
pression supplémentaire u induite par le chargement est nulle.
L’expérience montre que le sol continue à tasser une fois la consolidation primaire achevée.
Cette nouvelle phase de tassement s’appelle la consolidation secondaire. Elle est principalement
due à des modifications dans l’arrangement des grains du squelette et dans les couches visco-

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Étude qualitative de la consolidation | 87

élastiques d’eau adsorbée. On peut comparer les tassements résiduels dus à la consolidation
secondaire au fluage du ressort du modèle de la figure 4.3 sous la charge permanente  N
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constante.
Le tassement dû à la consolidation secondaire est faible dans la plupart des sols et son effet
peut être généralement négligé. Cependant, dans certains sols organiques (tourbes en parti-
culier) ou non saturés, la consolidation secondaire peut jouer un rôle important. Sa prise en
compte est étudiée au § 4.7.6.
En définitive, un sol soumis à une charge constante tasse dans le temps. Ce tassement tend à
se stabiliser.
Soit s∞ le tassement primaire final (atteint théoriquement d’une façon asymptotique) ; par
définition, le degré de tassement Us est donné par :
s
Us = s t × 100 (en %) (3)

st étant le tassement obtenu au bout du temps t.
Ainsi, un degré de tassement de 50 % signifie que le sol a atteint un tassement égal à 50 % du
tassement final primaire.
Nota : le degré de consolidation U se définit comme le rapport entre l’augmentation moyenne de
la contrainte effective au temps t et l’augmentation finale de la contrainte effective. Ces deux
notions voisines sont confondues et le terme plus usité de degré de consolidation est adopté.

4.3.3. Tassement en fonction de la charge


Si, avec le modèle de la figure 4.3, l’expérience précédente est répétée en appliquant des
charges constantes croissantes N1, N2, N3, une fois la consolidation primaire achevée sous
chacune de ces charges, les tassements finaux S∞1, S∞2, S∞3 seront croissants. En effet, plus
N est grand, plus le ressort se déforme. Autrement dit, plus le sol est chargé, plus son volume
diminue. Puisque, dans notre modèle, la section du cylindre est constante, la réduction de
volume dépend directement de la réduction de hauteur. Ceci se traduit comme suit :
ΔV = ΔH
V H
ΔH
H | |
= tassement relatif du sol.

Le module œdométrique Eoed, mesuré à l’aide d’un œdomètre (voir § 6.7.3.4), est défini par la
formule (4) ci-dessous :
Eoed = − Δσ´ (4)
ΔH/H
Eoed a les dimensions d’une contrainte. Il est variable en fonction de l’intervalle de
contraintes σ´ considérées.
Le module œdométrique Eoed est le rapport entre la pression effective normale appliquée et le
tassement relatif lorsque le sol ne peut se déformer latéralement.

Remarques
1. Lorsque K. Terzaghi a élaboré la théorie de la consolidation, il a défini des coefficients différents, notam-
ment le coefficient de compressibilité volumétrique mv = 1/Eoed.
Ce paramètre est souvent utilisé dans la bibliographie anglo-saxonne ; cependant, la notion de module
œdométrique est largement répandue.

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88 | Théorie de la consolidation

2. Lorsque le tassement final de consolidation primaire (s∞) est atteint, la surpression interstitielle est nulle et
les contraintes totales et effectives sont égales. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, on peut écrire :
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Eoed = − Δσ (4bis)
ΔH/H
3. Le modèle utilisé est volontairement simplifié. Il montre qualitativement l’évolution du phénomène. Dans
la réalité, la part de la pression totale reprise respectivement par le squelette (σ´) et l’eau interstitielle (u)
varie à un instant t donné selon la position du point considéré au sein de la couche de sol.

4.4. Théorie mathématique de la consolidation


unidimensionnelle
Soit une couche de sol compressible, d’épaisseur verticale H et indéfinie dans le sens hori-
zontal, à la surface de laquelle est appliquée une pression uniforme s (figure 4.5).

Chargement
Γ

Drain

H Sol compressible

Couche imperméable

Fig. 4.5. Couche drainée d’un seul côté

Le problème consiste à étudier l’évolution des tassements dans le temps avec les hypothèses
suivantes :
• La couche compressible est homogène, isotrope et saturée.
• Cette couche est limitée dans sa partie supérieure par un drain permettant à l’eau intersti-
tielle de s’évacuer et dans sa partie inférieure par un substratum imperméable.
• La loi de Darcy est applicable.
• Le coefficient de perméabilité k est constant dans la couche compressible et dans le temps.
• Le milieu est infini dans le sens horizontal. Autrement dit, du fait de la symétrie, les lignes
de courant sont verticales et les équipotentielles sont horizontales. Dans la pratique, ce sera
par exemple le cas d’un terrain inondable ou sous nappe surchargé par un remblai général.
• La surcharge σ provoquant la consolidation est uniforme et appliquée instantanément.
L’équation différentielle qui régit le phénomène de la consolidation s’écrit :
∂u = C · ∂2u (5)
v
∂t ∂z 2
où u : pression interstitielle en un point quelconque situé à une cote z dans la couche et à
l’instant t,

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Théorie mathématique de la consolidation unidimensionnelle | 89

Cv : coefficient de consolidation du sol tel que :


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k ·Eoed
Cv = (6)
γw
Cv s’exprime en m2/s et dépend de la perméabilité k et de la compressibilité (Eoed) du sol.
L’annexe E donne la démonstration de ces formules ainsi que leur résolution pour les hypo-
thèses particulières citées ci-dessus.
La résolution du problème conduit à définir un nombre sans dimension Tv appelé facteur
temps.
C T ·H 2
Tv = v2 ·t ou t = v (7)
H Cv
Il existe une relation unique entre le degré de consolidation U (3) et le facteur temps Tv.
Pour un sol ayant un coefficient de consolidation Cv donné, le tableau 4.1 associé à la
formule (7), permet de connaître le degré de consolidation U correspondant, donc le pour-
centage de tassement en fonction du temps.
La mesure du coefficient Cv s’effectue au laboratoire à l’aide de l’œdomètre (voir § 6.7.3.4).

Tableau 4.1. Relation entre U et Tv

U% Tv U% Tv U% Tv

5 0,002 40 0,126 80 0,567

10 0,008 50 0,197 90 0,848

20 0,031 60 0,287 95 1,129

30 0,071 70 0,403 100 ∞

Les expressions empiriques (8) ci-après permettent d’estimer de manière analytique une
valeur approchée de Tv :
pour U < 60 % :

( )
2
Tv = π · U ou U = 4Tv (8a)
4 100 100 π
et pour U > 60 % :
U = 1 − 8 · e− π4 ·Tv
2

Tv = 1,781 − 0,933 log (100 − U ) ou (8b)


100 π2

Remarques
• Pour les sols compressibles courants, Cv est généralement compris entre 10−9 et 10−6 m2/s, soit 10−5 et
10−2 cm2/s.
• La formule (7) définissant le facteur temps montre que le temps nécessaire pour atteindre un certain degré
de consolidation est proportionnel au carré de l’épaisseur de la couche.
• Seul le cas le plus courant où la surcharge exerce une contrainte totale uniforme a été présenté. On trou-
vera sous la référence [4 Costet 1975] les valeurs des coefficients Tv en fonction de U pour des contraintes
de consolidation variables selon la profondeur.
• Les lignes de courant telles que représentées sur la figure 4.5 n’obéissent pas aux conditions aux limites
données dans le § 3.3.1.3. Ces conditions sont relatives au régime permanent alors que le phénomène de
consolidation est un régime transitoire.

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90 | Théorie de la consolidation

4.5. Consolidation d’une couche drainée


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par les deux faces
Soit H l’épaisseur de la couche. La figure 4.6 indique la direction de l’écoulement vers les
drains pendant le phénomène de consolidation. Par raison de symétrie, tout se passe comme
sur la figure 4.5, mais avec une épaisseur égale à H/2.
La moitié supérieure de la couche compressible s’évacue par le drain supérieur et l’autre
moitié par le drain inférieur.
De ce fait, les formules (7) sont remplacées par (9).
4C T ·H 2 (9)
Tv = 2v ·t ou t = v
H 4Cv
Désignons par longueur de drainage la distance maximale entre un point quelconque du sol et
le drain le plus proche. La deuxième remarque ci-dessus peut être généralisée comme suit : le
temps de consolidation est proportionnel au carré de la longueur de drainage.

Chargement σ

Drain

H/2

H/2

Drain

(couche perméable)

Fig. 4.6. Couche drainée des deux côtés

4.6. Cas particuliers


4.6.1. Multicouche compressible
Dans la pratique, cette situation se produit rarement. Nous ne donnerons que les résultats de
la théorie approchée établie par E. Absi en 1964 [4 L’herminier 1967].

Hypothèses
• Le sol compressible est composé d’une superposition de n  couches ayant chacune des
caractéristiques Cv, k, et une épaisseur h définies.
n
Soit pour la couche i : Cvi, ki, hi. L’épaisseur totale est H = ∑ hi .
1
• Le sol est chargé uniformément.

EYR2212118902_Fondations.indb 90 07/01/2019 11:24


Cas particuliers | 91

• Il repose sur une couche sous-jacente qui peut être :


–– soit parfaitement imperméable,
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–– soit parfaitement perméable.


L’évolution du tassement dans un tel multicouche est la même que celle d’une couche homo-
gène de même épaisseur H dont le coefficient de consolidation Cva est donné par la formule :

Cva = H2 (10)
( )
n h 2
∑ i
1 C
vi

4.6.2. Prise en compte du temps de chargement


L’estimation pratique de l’évolution dans le temps du tassement est très approximative, si bien
que, pour beaucoup d’ouvrages, le chargement peut être considéré comme instantané.
Cependant, il peut arriver que le chargement soit appliqué très progressivement dans le temps
(construction d’un barrage en terre, par exemple). Il est alors possible de prendre en compte
la durée de chargement à l’aide de la méthode approchée décrite par la figure 4.7 :
• la courbe théorique est la courbe de tassement obtenue en supposant que la charge défini-
tive a été appliquée instantanément au temps t0 = 0 ;
• le chargement est supposé linéaire entre les temps t0 et t1 ;
• on suppose que le tassement réel à l’instant t1 (point B) est identique à celui observé si la
contrainte σ1 avait été appliquée au temps t1/2 (point A de la courbe théorique) ;
• au-delà du temps t1, la courbe réelle est obtenue par translation AB de la courbe
théorique ;
• la courbe réelle entre 0 et B est obtenue en considérant qu’à un instant ti quelconque, tel
que ti < t1, le tassement est identique à celui observé si la charge σ < σ1 avait été appliquée
au temps ti/2. U´ étant le degré de consolidation correspondant, le degré de consolidation
réel est calculé en appliquant la formule : U = U´∙ σ/σ1, ce qui permet d’obtenir le point C
de la courbe réelle.

σ Fin de la construction

ti/2 Chargement σ1
σ
ti t1
t1/2 t
0

U C

B
A
Courbe réelle
U%

Courbe théorique

Fig. 4.7. Prise en compte du temps de chargement

EYR2212118902_Fondations.indb 91 07/01/2019 11:24


92 | Théorie de la consolidation

4.7. Essai de compressibilité à l’œdomètre


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L’essai de compressibilité à l’œdomètre, essai fondamental, est une application directe de la


théorie de la consolidation. Il permet d’évaluer l’amplitude des tassements des ouvrages ainsi
que leur évolution.
L’appareillage, la procédure d’essai et les principaux paramètres déterminés à partir de l’essai
de compressibilité à l’œdomètre sont détaillés au chapitre 6, § 6.7.3.4.
Cet essai permet d’établir, pour un échantillon donné, deux types de courbes :
• la courbe de compressibilité, qui indique le tassement total en fonction du logarithme de la
contrainte appliquée. Cette courbe est classiquement tracée en représentant la variation de
l’indice des vides e en fonction de la contrainte verticale effective σ´v0 (voir figure 6.75 du
chapitre 6) ;
• les courbes de consolidation, qui donnent le tassement de l’échantillon en fonction du temps
sous application d’une charge constante. Ces courbes permettent la détermination expéri-
mentale du coefficient Cv. La procédure correspondante est décrite au paragraphe 6.7.3.4
du chapitre 6.

4.7.1. Caractéristiques de compressibilité


Les principales caractéristiques de compressibilité que permet de déterminer l’essai œdomé-
trique sont les suivantes :
• ei : indice des vides initial correspondant à la hauteur initiale de l’éprouvette Hi ;
• e0 : indice des vides en place correspondant à l’indice des vides sous la contrainte verticale
effective du sol en place σ´v0 ;
• la contrainte effective de préconsolidation σ´p , contrainte effective maximale sous laquelle le
sol s’est déjà consolidé au cours de son histoire. Elle permet de définir l’état de surconsoli-
dation du sol ;
• l’indice de compression Cc ;
• l’indice de décompression-recompression Cs ;
• le module œdométrique sécant Eoed.
Pour les sols gonflants, d’autres caractéristiques complémentaires sont aussi à considérer :
• la pression de gonflement σg, qui est la pression en deçà de laquelle le sol gonfle (augmenta-
tion de l’indice des vides) lorsqu’on le met en présence d’eau ;
• le coefficient de gonflement Cg, qui est la pente de la courbe de déchargement (e ; log σ´v)
déterminé dans l’essai œdométrique à chargement par paliers ;
• le rapport de gonflement Rg qui est la pente représentant les amplitudes de gonflement
(ΔH/H ; log σ´v) déterminé dans l’essai de gonflement à l’œdomètre par chargement de
plusieurs éprouvettes.
Les méthodes de détermination de ces différentes caractéristiques sont présentées au § 6.7.3.4
du chapitre 6.

EYR2212118902_Fondations.indb 92 07/01/2019 11:24


Essai de compressibilité à l’œdomètre | 93

4.7.2. Classification des sols vis-à-vis de la compressibilité


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4.7.2.1 . Différents états de consolidation


Soit σ´z0 la contrainte verticale effective appliquée sur un sol situé à la profondeur z par le
poids des terres qui le surcharge.
Il est possible de distinguer plusieurs catégories de sol en fonction des valeurs relatives de σ´z0
et σ´p (voir chapitre 6, § 6.7.3.4) :
• les sols surconsolidés pour lesquels σ´p > σ´z0 (voir chapitre 6, figure 6.78a) ;
• les sols normalement consolidés tels que σ´p = σ´z0 (voir chapitre 6, figure 6.78b). Ces sols ont
tassé uniquement sous leur propre poids et celui des terres de couverture actuelles ;
• les sols sous-consolidés tels que σ´p < σ´z0 (voir chapitre 6, figure 6.78c). Ces sols sont en
cours de consolidation sous leur propre poids : remblais récents mal ou non compactés,
vase, tourbes etc.
• les sols gonflants et rétractables : leur courbe de déchargement présente une pente marquée
sous faible contrainte (voir chapitre 6, figure 6.79). Ces sols sont particulièrement dange-
reux pour les fondations des constructions légères.
Selon leur histoire, deux états différents peuvent être rencontrés.
• S’il a été nécessaire d’empêcher le gonflement en début de chargement, il s’agit d’un sol
surconsolidé, éventuellement non saturé, en état de succion élevée. Le sol, dans l’état où il
a été prélevé, est susceptible de gonfler s’il est soumis, sous faible contrainte, au contact
d’eau libre (figure 6.79a).
• Si le même sol a été mis en présence d’eau libre et laissé libre de gonfler avant prélèvement,
son potentiel de gonflement a déjà été libéré et sa succion avoisine zéro. La courbe œdomé-
trique aura alors l’allure de la figure 6.79b. Un tel sol est susceptible de faire un retrait
important en cas de dessiccation et de réapparition d’une succion significative (action
d’une sécheresse prolongée par exemple).

4.7.2.2. Comportement des sols selon leur état de consolidation


La classification précédente présente un grand intérêt pratique puisqu’elle permet de prévoir
le comportement des sols sous les fondations.
• Si des fondations surchargent un sol surconsolidé sans que les contraintes supplémentaires
apportées au poids de terre dépassent σ´p , les tassements seront très faibles, voire
négligeables.
• En revanche, toute surcharge entraîne un tassement dans un sol normalement consolidé,
tassement d’autant plus important que l’indice de compression Cc est élevé.
La formule (11) montre que le tassement est proportionnel au terme Cc /(1 + e0).
On peut donner les appréciations suivantes :
Cc /(1 + e0) < 0,015 sol incompressible,
0,015 < Cc /(1 + e0) < 0,05 sol peu compressible,
0,05 < Cc /(1 + e0) < 0,20 sol moyennement compressible,
Cc /(1 + e0) > 0,20 sol très compressible.

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94 | Théorie de la consolidation

• Les sols sous-consolidés sont généralement inconstructibles sans traitement particulier, car
ils continuent à se déformer même en l’absence de surcharge.
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• Si des sols gonflants supportent des contraintes inférieures à σg, ils sont susceptibles de se
soulever dès que leur teneur en eau augmente. Par exemple, le fait de couper l’évaporation
naturelle par l’application d’un revêtement bitumeux suffit à faire gonfler certaines argiles
dans les zones de climat sec, ce qui conduit à de très graves désordres le long des routes.
Réciproquement, une dessiccation entraîne un tassement de ces sols sans qu’il y ait eu la
moindre modification aux contraintes totales appliquées, cela tant que la teneur en eau corres-
pondant à la limite de retrait n’est pas atteinte.
La répercussion de ces mouvements sur la stabilité des fondations est étudiée au chapitre 11.

4.7.3. Consolidation secondaire


La consolidation secondaire nécessite une étude spécifique pour certains problèmes particuliers
tels que la réalisation d’ouvrages reposant sur des sols très compressibles ou sur de grands
remblais.
La méthode la plus couramment utilisée est celle de Buisman et Koppejan (1948). Il est
admis que le tassement supplémentaire Δhs dû à la compression secondaire s’applique au-
delà de t100 , qu’il suit une loi linéaire en fonction du logarithme du temps et que le tassement
relatif est indépendant de l’épaisseur de la couche considérée.
Ceci peut se traduire par la formule suivante [4 Magnan 1994] :
( )
Δhs = Δσ · h · α · log t
t100
(11)

avec Δσ : contrainte uniformément répartie appliquée,


h : épaisseur de la couche compressible,
t100 : fin de la consolidation primaire,
α : Cα / Δσ*.
Cα est le coefficient de consolidation secondaire obtenu à l’aide d’un essai de fluage à l’œdomètre
sous une contrainte normale égale à σ0 + Δσ* (voir chapitre 6, § 6.7.3.4). La durée de chaque
palier est de 7 à 10 jours. Il convient de mesurer Cα sous une surcharge telle que Δσ* ≈ Δσ.
ΔH
H0
Cα = (12)
Δ log t
Ce type d’essai est décrit dans le mode opératoire LPC N° 13 [4 LCPC 1985].
En considérant les variations d’indice des vides e, on détermine l’indice de consolidation
secondaire Cαe par l’expression suivante :
Cαe = Δe = (1 + e0)·Cα (13)
Δ log t

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Applications pratiques de la consolidation | 95

À titre indicatif, le tableau 4.2, extrait des recommandations ASIRI [4 Asiri 2012] propose
un ordre de grandeur de quelques valeurs repères d’indice de consolidation secondaire en
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fonction de la nature et de la compressibilité du sol.


Tableau 4.2. Ordres de grandeur de valeurs de Cαe [4 Asiri 2012]

Type de sol Cαe / Cc

Argiles molles 0,03 à 0,05

Vases 0,03 à 0,05

Tourbes 0,05 à 0,10

4.8. Applications pratiques de la consolidation


Outre qu’elle permet de comprendre le comportement dans le temps des sols sous l’effet de
charges permanentes, la théorie de la consolidation a de nombreuses applications pratiques :
• Elle permet d’appréhender le calcul des tassements sous les ouvrages. Il faut distinguer :
–– l’estimation de l’amplitude du tassement total (tassement final obtenu après
stabilisation) ;
–– l’estimation de l’évolution du tassement dans le temps.
Le tassement total est obtenu avec un ordre de grandeur tout à fait acceptable, surtout
lorsque le chargement est conforme au schéma de Terzaghi, c’est-à-dire lorsque l’étendue
de la surface chargée est grande devant l’épaisseur de la couche compressible. Le calcul du
tassement lorsque la surface chargée est de dimensions limitées est étudié au chapitre 11.
L’estimation de la vitesse réelle de consolidation dans le temps est extrêmement grossière
et généralement pessimiste en l’absence de données expérimentales sur le site. Ceci se
comprend aisément puisque, les sols compressibles étant essentiellement d’origine sédi-
mentaire, la perméabilité n’est ni homogène ni isotrope.
La valeur de kh est souvent beaucoup plus élevée que la valeur de kv. De plus, il suffit de la
présence de lits plus perméables faisant office de drains pour que le temps de consolidation
soit considérablement raccourci. Par exemple, il suffit qu’un lit perméable soit situé à
mi-épaisseur de la couche pour que le temps de consolidation soit divisé par quatre, la
longueur de drainage étant divisée par deux.
• La théorie de la consolidation est à la base de procédés utilisés pour accélérer la vitesse de
tassement [4 CFMS 1995], [4 Magnan 1994] et [4 Bourges 1977]. Nous décrirons au
chapitre 14 le préchargement du sol, la technique des drains verticaux et la consolidation
par le vide…
Les techniques d’accélération des tassements ont pour but de provoquer la majeure partie
de ces derniers avant ou pendant la phase de construction des ouvrages de manière à éviter
les désordres en cours de service.

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96 | Théorie de la consolidation

Bibliographie
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[4 Asiri 2012] Projet national ASIRI, « Recommandations pour la conception, le dimensionnement,


l’exécution et le contrôle de l’amélioration des sols de fondations par inclusions rigides », Presses des
Ponts, 2012.
[4 Bigot 2000] BIGOT G., ZERHOUNI M.I., « Retrait, gonflement et tassement des sols fins »,
Bulletin de liaison des laboratoires des Ponts et Chaussées, 229, novembre-décembre 2000.
[4 Bishop 1963] BISHOP A. W. and BLIGHT G. E., « Some aspects of effective stress in saturated and
partly saturated soils », Géotechnique, vol. 13, p. 177-197, Thomas Telford Services Limited, 1963.
[4 Bourges 1977] BOURGES F., Remblais sur sols compressibles. Association des ingénieurs anciens
élèves de l’École nationale des ponts et chaussées, 1977.
[4 Briaud 2013] BRIAUD J.L., Geotechnical Engineering: Unsaturated and Saturated Soils, John Wiley
& Sons, 2013.
[4 Cognon 1991] COGNON J.M., « La consolidation atmosphérique », Revue française de géotechnique,
n° 57, 1991.
[4 CFMS 1995] Comité français de la mécanique des sols et des travaux de fondations, La densification
des sols, comptes rendus première journée Louis-Ménard, CFMS, 1995.
[4 Costet 1975] COSTET J., SANGLERAT G., Cours pratique de mécanique des sols, Dunod, 1975.
[4 L’herminier 1967] L’HERMINIER R., Mécanique des sols et des chaussées, Société de diffusion de
l’ITBTP, Eyrolles, 1967.
[4 LCPC 1985] LCPC, Essais œdométriques – Méthodes d’essai LPC n°.13, Laboratoire central des Ponts
et Chaussées, 1985.
[4 Magnan 1994] MAGNAN J.P., « Maîtrise des amplitudes et des vitesses de tassement des remblais
sur argiles molles », Bull. de liaison des LPC, n° 194, 1994.
[4 Mesri 1987] MESRI G., CASTRO A., « Cα/Cc concept and K0 during secondary compression »,
Journal of Geotechnical Engineering ASCE, vol.113-3, 1987.
[4 Pilot 1988] PILOT G. et al., Remblais routiers sur sols compressibles, ministère de la Coopération,
1988.
[4 Zerhouni 1991] ZERHOUNI M.I., Rôle de la pression interstitielle négative dans le comportement des
sols - Application au calcul des routes, Thèse de Doctorat, École Centrale de Paris, 1991.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 5

Comportement mécanique des sols

5.1. Introduction
En pratique, les sols peuvent être considérés comme des massifs semi-indéfinis ou finis à deux
ou trois dimensions. Ces massifs sont soumis à différentes sollicitations, parmi lesquelles il est
possible de distinguer :
• les forces massiques :
–– pesanteur,
–– poussée d’écoulement…
• les charges de surface :
–– ponctuelles,
–– réparties…
• les forces dynamiques :
–– machines vibrantes,
–– séismes…

Forces ponctuelles F2
F1

Charge répartie

Poussée
d’écoulement
Pi

Gravité
W

Fig. 5.1. Différentes sollicitations d’un massif de sol

EYR2212118902_Fondations.indb 97 07/01/2019 11:24


98 | Comportement mécanique des sols

L’un des buts principaux de la mécanique des sols est d’étudier le comportement du massif de
sol soumis à ces différentes sollicitations et de vérifier que sa stabilité reste assurée.
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Si les efforts sont faibles ou modérés, eu égard à la résistance du sol, les déformations du
massif restent faibles, se stabilisent dans le temps et sont grossièrement proportionnelles aux
forces appliquées. Une approche consiste à appliquer la théorie de l’élasticité.
Sous des efforts plus importants ou des déformations imposées plus grandes, des déforma-
tions du type plastique apparaissent. Enfin, la rupture se produit pour un certain niveau de
sollicitation.
En génie civil, bien que composé d’un matériau complexe, le sol peut être considéré comme
un milieu continu, mais souvent anisotrope et hétérogène.
L’étude de l’interaction sol/structure comporte généralement deux volets :
1. Vérifier que la stabilité de l’ouvrage est assurée avec un coefficient de sécurité satisfaisant.
2. S’assurer que les déformations dues à l’ouvrage à construire (tassement, par exemple) sont
compatibles avec la bonne tenue de celui-ci. Il convient donc d’utiliser une loi rhéologique
– ou loi de comportement – reliant contraintes et déformations.

5.2. Répartition des contraintes autour d’un point

5.2.1. Rappel de mécanique des milieux continus


L’étude de la répartition des contraintes autour d’un point d’un milieu continu conduit aux
résultats ci-après :
• Dans l’espace, lorsque l’orientation de la facette sur laquelle s’exerce la contrainte varie, le
lieu de l’extrémité des contraintes appliquées sur cette facette est un ellipsoïde.
• Il existe trois plans orthogonaux privilégiés appelés plans principaux sur lesquels les
contraintes sont normales au plan principal considéré. Ce sont les contraintes principales.
Elles sont désignées respectivement par :
–– σ1 pour la plus grande contrainte principale,
–– σ3 pour la plus petite,
–– σ2 pour la contrainte principale intermédiaire.
Les applications courantes de mécanique des sols peuvent être ramenées à des problèmes plan
ou de révolution (à deux dimensions).
Dans les systèmes plans étudiés, la contrainte principale intermédiaire σ2 est perpendiculaire
au plan considéré contenant σ1 et σ3. Dans les systèmes de révolution, σ2 = σ3 et un plan
méridien quelconque contient σ1 et σ3.
Il s’ensuit que l’étude de la répartition des contraintes dans le plan σ1,σ3 joue un rôle impor-
tant en mécanique des sols ; elle sera étudiée ci-après.

EYR2212118902_Fondations.indb 98 07/01/2019 11:24


Répartition des contraintes autour d’un point | 99

5.2.2. Définition et conventions de signe


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Nous précisons ci-après les conventions de signes utilisées dans cet ouvrage.
AB est une facette orientée autour du point M. Elle est définie par la normale n orientée vers
l’intérieur du solide et sa tangente t telle que l’angle (n , t ) = + π .
2
Le sens positif des angles est le sens trigonométrique.
ψ est la contrainte sur la facette AB ; β est l’inclinaison de la contrainte par rapport à la
normale.

ψ
β
(+) σ (+)

τ
(+) M

A B t


2

Fig. 5.2. Orientation des facettes

Cette contrainte peut être décomposée en une contrainte normale σ et une contrainte tangen-
tielle τ. Des conventions de signes précédentes, il découle que :
• si σ est une compression, σ est positif et τ est positif si β est positif (cas de la figure 5.2) ;
τ est négatif si β est négatif ;
• si σ est une traction, σ est négatif et τ est négatif si β est positif, τ est positif si β est négatif ;
• si β = 0, il s’agit d’une contrainte principale.

5.2.3. Propriétés du cercle de Mohr


La démonstration des résultats ci-après est donnée dans l’annexe F en fin d’ouvrage.
Sur un graphique ayant σ pour abscisse et τ pour ordonnée, chaque contrainte peut être
représentée par un point N (figure 5.3).

Théorème : Pour un état de contrainte donné, lorsque la facette AB tourne autour du


point M selon un axe de rotation orienté sur σ2, le point figuratif N des contraintes décrit
un cercle appelé cercle de Mohr. Ce cercle est centré sur l’axe des contraintes normales σ.

EYR2212118902_Fondations.indb 99 07/01/2019 11:24


100 | Comportement mécanique des sols

τ
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C
τ N

B N´

β
O σ3 O´ σ σ1 σ
A

Fig. 5.3. Représentation du cercle de Mohr

Théorème : Lorsqu’une facette tourne autour du point M, le point représentatif des


contraintes sur le cercle de Mohr tourne en sens inverse à une vitesse angulaire double.

Soit P1 le plan principal correspondant à σ1 et P3 le plan principal correspondant à σ3.


Sur la figure 5.3, l’angle au centre du cercle entre le point N et le point σ1 est + 2ω ; d’après
ce théorème, la facette sur laquelle s’applique la contrainte ON fait un angle négatif − ω avec
le plan P1.

Théorème : Si la facette AB est portée sur l’axe des τ, ON représente la contrainte sur AB
et l’angle orienté ( Oσ , ON ) = β .

Remarques
1. Définitions :
• Contrainte moyenne :
σ1 + σ2 + σ3
p= (1)
3
La contrainte moyenne p est aussi désignée contrainte normale octaédrique (σoct).
• Déviateur des contraintes :
q = σ1 − σ3 (2)
Le déviateur des contraintes correspond au diamètre du cercle de Mohr.
• Paramètres de Lambe s et t :
σ1 + σ3
s= (3)
2
σ − σ3
t= 1 (3bis)
2
Il faut noter que le cercle de Mohr est entièrement défini par ces deux paramètres qui sont les coordonnées
du point C de la figure 5.3. Les notations σ1, σ3, p, q, s et t sont remplacées par σ´1, σ´3, p´, q´, s´ et t´ pour
les contraintes effectives.
2. Il existe, en général, deux facettes différentes sur lesquelles l’inclinaison de la contrainte est identique, par
exemple des contraintes inclinées de + β s’exercent sur les deux facettes correspondant aux points N et N´
de la figure 5.3. Pour définir la facette sur laquelle une contrainte d’inclinaison connue s’exerce, il faut aussi
connaître l’angle de la facette AB avec un autre plan connu et repéré sur le cercle de Mohr.

EYR2212118902_Fondations.indb 100 07/01/2019 11:24


Répartition des contraintes autour d’un point | 101

Par exemple, si P1 est connu, la contrainte sera représentée par ON si la facette AB fait un angle − ω

( )
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O´σ1 · O´N´
avec P1 et par ON´ si cet angle est : − .
2
3. Les figures 5.4 montrent quelques positions respectives des facettes et des contraintes correspondantes
ainsi que leur représentation sur le cercle de Mohr.

τ σ1
ω=0
Contrainte principale σ1

M P1
M
σ1 n t

τ P3
ω=π τm t
4
τ ω
β
σ ω P1
β –2ω n Valeur maximale de τ
σm ω
n

τ ω=π–ψ
4 2 t
P3

ψ Inclinaison maximale
ω P1
ψ n
– 2ω
n

n
τ
t
ω=π
2 P3

Contrainte principale σ3
σ3 σ3 ω P1
n n
– 2ω

Fig. 5.4. État des contraintes lorsque la facette AB tourne autour de M

EYR2212118902_Fondations.indb 101 07/01/2019 11:24


102 | Comportement mécanique des sols

5.3. Les sols et la théorie de l’élasticité


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5.3.1. Rappel de quelques notions


En élasticité, le milieu pesant est caractérisé par son poids volumique γ, son module d’élasti-
cité E, son coefficient de Poisson ν et son seuil de plasticité.
Le seuil de plasticité délimite le domaine au-delà duquel le niveau de contraintes conduit à
des déformations plastiques irréversibles ; donc, si ce seuil est dépassé, la théorie de l’élasticité
ne s’applique plus.
À partir des paramètres cités ci-avant, la théorie de l’élasticité permet de déterminer les
contraintes et déformations en chaque point du massif [5 Courbon 1955]. Pour les problèmes
relativement simples, une résolution mathématique est possible à l’aide, par exemple, de la
théorie de Boussinesq. L’utilisation de méthodes numériques comme celle des éléments finis
permet de traiter les cas plus complexes.
Dans un système d’axes orthonormés, les formules qui relient contraintes et déformations se
traduisent par les équations (4) selon les conventions de la figure 5.5 étendues à un système à
trois dimensions.
εx = 1 ·[σx − ν·(σy + σz)] ; θyz = 1 ·τyz (4)
E G
εy = 1 ·[σy − ν·(σz + σx)] ; θzx = 1 ·τzx (4bis)
E G
εz = 1 ·[σz − ν·(σx + σy)] ; θxy = 1 ·τxy (4ter)
E G
Le module de cisaillement G est relié au module d’élasticité E et au coefficient de Poisson ν
par la formule (5) :
G= E (5)
2 (1 + ν)
Il en découle que G = E ∕ 2,6 pour ν = 0,3 et G = E ∕ 3 pour ν = 0,5.
Cependant, la théorie de l’élasticité ne peut être appliquée aux sols que moyennant certaines
précautions examinées aux paragraphes 5.3.2 et 5.3.3.

y y
σy

τ
δb

b σx
γ

τ
δa
a
εx = δa εy = δb τ = G·γ
a b
x x
a) Déformations relatives εx et εy b) Distorsion γ et module de cisaillement G

Fig. 5.5. Définitions

EYR2212118902_Fondations.indb 102 07/01/2019 11:24


Les sols et la théorie de l’élasticité | 103

5.3.2. Modules drainé et non drainé


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Au chapitre 4, nous avons vu que les déformations dépendent non seulement des charges
appliquées mais également du temps (phénomène de consolidation).
Ainsi, deux types de modules peuvent être définis [5 Giroud 1975] :
• Le module d’élasticité non drainé Eu associé au coefficient de Poisson non drainé νu. Ce
module définit le rapport entre contrainte et déformation lorsque la durée des charges est
suffisamment brève, eu égard à la perméabilité des sols et aux conditions de drainage, de
sorte que le phénomène de consolidation n’ait pas le temps de s’établir.
• Le module d’élasticité drainé E´ associé au coefficient de Poisson drainé ν´. Ce module est
utilisé lorsque les charges ont une durée d’application suffisante pour que la consolidation
ait le temps de se réaliser entièrement. Dans les sols très perméables, le module E´ s’applique
aussi pour des chargements de courte durée.

5.3.3. Champs d’application de l’élasticité


5.3.3.1 . Divergences avec la théorie de l’élasticité

Les principales différences entre la théorie de l’élasticité et le comportement des sols dans le
domaine dit « élastique » portent sur la non-linéarité de la courbe contrainte/déformation, la
non-réversibilité des déformations et l’influence de la vitesse d’application des sollicitations et
de la contrainte moyenne appliquée au sol :
• La courbe reliant contraintes et déformations n’est pas linéaire (figure 5.6a) ; par suite, le
module d’élasticité varie avec la contrainte moyenne et l’importance des déformations
(figure 5.6c).
• Cette courbe n’est pas réversible. Ce dernier point n’enlève rien cependant à la résolution
de la plupart des problèmes pratiques où le sol passe d’un état initial A (figure  5.6a),
correspondant en général au poids des terres, à un état final B permanent, correspondant
au poids des terres majoré des contraintes dues à l’ouvrage.
• La plupart des sols ont un comportement visqueux, par conséquent l’amplitude de la
déformation est fonction de la vitesse de chargement. Par exemple, la réponse d’un sol
soumis à des efforts dynamiques rapides (ex. vibrations, séisme) est différente de celle rela-
tive aux chargements statiques ou de durée notable.

5.3.3.2. Différents modules d’élasticité

5.3.3.2.1. Modules d’élasticité statiques

Nous supposerons que la courbe de la figure 5.6a correspond à un essai de compression


simple (σ2 = σ3 = 0). La formule ci-après se déduit des formules (4).
ε1 = 1 ·σ1 où ε1 et σ1 sont respectivement la déformation et la contrainte principales.
E

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104 | Comportement mécanique des sols

σ
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σB
B
M
1 module tangent au point M : Etan
2
3 2 module tangent à l’origine : Eini

σA 3 module sécant entre les points A et B : E(A−B)


A

εA εB ε

Fig. 5.6a. Définition des modules d’élasticité – Chargement monotone – Exemple d’un essai de compression simple

q q

Etan

Eini
Ecyc 2 σcyc E1

Esec E50

2 εcyc ε ε
x
εp 1 2

Fig. 5.6b. Définition des modules d’élasticité – Exemple d’un cas avec cycle de chargement-déchargement – Essai triaxial
(Reiffsteck 2018)

Nous supposerons que les courbes de la figure 5.6b correspondent à la variation du dévia-
teur q en fonction de la déformation axiale ε obtenue lors d’essais triaxiaux ; l’essai représenté
à gauche sur cette figure comporte également un cycle de déchargement-rechargement.
Plusieurs modules peuvent être distingués sur ces figures 5.6a et b :
• le module tangent Eini à l’origine, noté également E0, correspond à la pente de la tangente
à l’origine ;
• le module tangent en M est la pente de la tangente au point M. Il est également caracté-
risé par Etan à une déformation x donnée ;
• le module sécant entre deux points A et B est défini comme suit :
σ − σA
E(A−B) = B (6)
εB − εA
• le module sécant Esec entre l’origine et un point à une déformation x de la courbe ;
• le module du cycle de déchargement-rechargement Ecyc, également noté Eur (unload-reload
modulus), et qui correspond à la pente moyenne aux extrémités du cycle ;
• le module sécant E50, qui correspond au module sécant entre l’origine O et le point de la
courbe correspondant à 50 % de la résistance maximale qf.

EYR2212118902_Fondations.indb 104 07/01/2019 11:24


Les sols et la théorie de l’élasticité | 105

En système drainé, l’augmentation des contraintes effectives provoque une consolidation


progressive du sol, donc une diminution de l’indice des vides et une amélioration des caracté­
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ristiques mécaniques, en particulier du module d’élasticité drainé.


Le module tangent non drainé Eu décroît lorsque la contrainte augmente. En effet, lorsque la
contrainte augmente dans un système non drainé, des déformations plastiques apparaissent,
ce qui entraîne un abaissement du module d’élasticité sécant.

5.3.3.2.2. Module d’élasticité dit « dynamique » Ed


Le module d’élasticité est qualifié de « dynamique » lorsqu’il est utilisé pour résoudre des
problèmes de sollicitations dynamiques : vibrations de machines tournantes, séismes, passages
de véhicules, etc. Il correspond à la réponse du sol sous des sollicitations extrêmement brèves.
Hormis pour des sols très perméables, il s’agit d’un module non drainé de par la vitesse à
laquelle s’applique l’action qui ne permet aucune consolidation des sols. Si des mesures
directes de ce module ne sont pas connues, il est couramment considéré que sa valeur est au
moins de trois à six fois supérieure à celle du module d’élasticité non drainé statique du sol.
Pour les très faibles déformations, ce module « dynamique » correspond généralement au
module d’élasticité Emax mesuré pour des déformations inférieures à 10−4 (voir figure 5.6c).
En déformation de cisaillement, le module correspondant est noté Gmax.

Murs de soutènement
Module de déformation

Fondations

Tunnels
Remblais
sur sols
compressibles

10–6 10–5 10–4 10–3 10–2 10–1 100


Bender
Colonne résonnante
Laboratoire

Mesures locales
Triaxiaux de précision

Triaxiaux classiques,
œdomètres
Onde de surface
down- et cross-hole Pressiomètre autoforeur, essai de plaque
In situ

en fond de trou
Essais classiques,
pénétromètre

Fig. 5.6c. Évolution du module avec la déformation – Courbe type de dégradation et principaux essais de détermination
du module en fonction des gammes de déformations (Reiffsteck 2018)

En définitive, la théorie de l’élasticité peut être utilisée en mécanique des sols en tenant
compte de ces différents éléments présentés ci-avant et à condition d’associer à un module
d’élasticité le niveau et l’intervalle de contraintes et l’intervalle de déformation dans lequel il
est applicable ainsi que le type de chargement auquel il se rapporte.

EYR2212118902_Fondations.indb 105 07/01/2019 11:24


106 | Comportement mécanique des sols

En particulier, on devra tenir compte de la variation du module du sol avec la déformation,


comme le montre la courbe schématique de la figure 5.6c, qui représente la dégradation du
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module avec la déformation. Cette dernière varie selon les techniques d’essais utilisables et
selon les ouvrages considérés de 10−6 à 10−1.

5.3.4. Ordres de grandeur


Afin de fixer les idées, nous indiquons ci-après des ordres de grandeur des modules d’élasti-
cité pour différentes catégories de sol ainsi que les valeurs couramment adoptées pour le
coeffi­cient de Poisson :
• argile : E´ = 2 à 30 MPa,
Eu = 4 à 50 MPa.
• sable : E´ = 10 à 100 MPa,
Eu n’a pas de sens, le sable étant drainant.
• grave compactée : E´ = 150 à 500 MPa.
• roche tendre : E = 500 à 10 000 MPa (il n’y a pas de distinction entre E´ et Eu du fait
de la cimentation des grains).
Les valeurs habituellement retenues pour le coefficient de Poisson sont :
• νu = 0,45 à 0,50 si les sols sont saturés (déformation à volume constant),
• νu = ν´ = 0,25 à 0,35 dans les autres cas.

5.3.5. Relation entre le module œdométrique


et le module d’élasticité drainé
Le module œdométrique Eoed défini précédemment (voir § 4.3.3) traduit la relation entre la
contrainte et la déformation lorsque le sol ne peut pas se déformer latéralement. Il est lié au
module d’élasticité drainé E´ par la relation suivante :

E´ = Eoed·(1 + ν´)·(1 − 2 ν´) (7)


1 − ν´
Soit avec ν´ = 0,3 :
E´ = 0,74 Eoed (7bis)

Démonstration de la formule (7) : la théorie de l’élasticité conduit, entre autres, à la relation


ci-après entre contraintes et déformations [5 Courbon 1955] :

σ1 = − λ· ΔV − 2 μ· ΔH
V H
où λ et μ sont les coefficients de Lamé, ayant pour valeur :

λ= E´·ν´ μ=G= E´
(1 + ν´)·(1 − 2 ν´) 2 (1 + ν´)

Par ailleurs, dans le modèle œdométrique, la dilatation cubique du sol équivaut à :
ΔV = ΔH
V H

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Les sols et la théorie de la plasticité | 107

La relation (7) est obtenue en remplaçant λ et μ par leur valeur et en comparant avec la défi-
nition du module œdométrique :
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σ´ = − E´· 1 − ν´ · ΔH
(1 + ν´)·(1 − 2 ν´) H

5.4. Les sols et la théorie de la plasticité


5.4.1. Courbe intrinsèque, critère de Mohr-Coulomb
Considérons un matériau solide quelconque. Si, pour différentes valeurs de la contrainte
moyenne, le déviateur des contraintes est progressivement augmenté jusqu’à ce que la rupture
se produise, il apparaît que les cercles correspondant au déviateur maximum admettent une
même courbe enveloppe, appelée courbe intrinsèque (figure 5.7).

t
interdi
aine e
Dom intrinsèqu
Courbe

Domaine stable

0 σ
Fig. 5.7. Courbe intrinsèque

Nota : Sur la figure 5.7, seule la zone des contraintes tangentielles τ positives est représentée,
mais la courbe intrinsèque est évidemment symétrique par rapport à l’axe des contraintes
normales σ.
Il n’existe pas d’état stable de contrainte qui corresponde à un cercle de Mohr recoupant la
courbe intrinsèque. En effet, lorsqu’un cercle devient tangent à la courbe intrinsèque, il y a
rupture localisée au point correspondant (on dit qu’il y a plastification).
Pour les sols, la courbe intrinsèque peut être assimilée à une droite dans un champ de
contraintes assez vaste. Cette propriété constitue une simplification considérable.
Appelée droite de Coulomb, cette droite est définie à l’aide de l’ordonnée à l’origine, qui est la
cohésion c, et de l’angle que fait cette droite avec l’axe des contraintes normales σ, qui est
l’angle de frottement interne φ.

φ
c
0 σ

Fig. 5.8. Droite de Coulomb

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108 | Comportement mécanique des sols

Le critère de rupture de Mohr-Coulomb est la loi caractérisant un état de plastification du sol


en un point particulier du milieu. Il découle de la figure 5.8 que cet état est atteint lorsque τ
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et σ sont liés par la formule suivante :


τ = c + σ · tan φ (8)
Cette formule est valable si les contraintes considérées pour l’établissement de la courbe
intrinsèque sont les contraintes totales.
Si les axes du diagramme de Mohr représentent les contraintes effectives pour lesquelles (voir
chapitre 4) τ´ = τ et σ´ = σ − u, l’équation s’écrit alors comme suit :
τ´ = c´ + σ´· tan φ´
ou encore, sous sa forme plus habituelle :
τ´ = c´ + (σ − u) · tan φ´ (8bis)
Les caractéristiques effectives de Mohr-Coulomb s’écrivent c´ et φ´ afin de les distinguer de
celles en contraintes totales. En effet, la cohésion et l’angle de frottement interne prennent
des valeurs généralement différentes selon la nature des contraintes considérées.

5.4.2. État d’équilibre limite des sols pulvérulents


Un sol est pulvérulent lorsque sa cohésion est nulle. Sa courbe intrinsèque passe par O
(figure 5.9).
L’équilibre limite est atteint en un point du massif de sol si le cercle de Mohr correspondant
est tangent à la courbe intrinsèque.
La figure 5.9 montre que les contraintes critiques sont représentées par ON et ON´. Ces
contraintes sont inclinées de ± φ sur la normale à la facette.


φ
O
σ
− 2ω

Fig. 5.9. Courbe intrinsèque pour un sol pulvérulent

Les facettes sur lesquelles s’exercent ces contraintes sont les facettes le long desquelles la
rupture se matérialisera. Elles sont appelées facettes de glissement.
Désignons ces facettes par PN et PN´. Selon les propriétés du cercle de Mohr, les facettes de
glissement sont obtenues par une rotation de ± ω par rapport à P1. La formule (9) se déduit
donc de la figure 5.9.
π φ
ω= + (9)
4 2

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Les sols et la théorie de la plasticité | 109

La figure 5.10 représente les facettes PN et PN´ ainsi que les contraintes correspondantes ON
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et ON´ par rapport à σ1. Il est possible de distinguer sur cette figure :
• P1, n1 et σ1,
• PN, nN et ON incliné de + φ sur nN,
• PN´, nN´ et ON´ incliné de − φ sur nN´.

PN´

→N´


O

ON
−φ

M
+ (π4 + φ2) P1


(4 2)
– π+φ

nN
nN´

σ1 n1 PN

Fig. 5.10. Milieu pulvérulent – Facettes de glissement conjuguées

La formule (9) permet d’écrire (n1, nN ) = π + φ


4 2
or (n1, PN ) = π − φ , donc (nN´,PN ) = − φ .
4 2
La contrainte ON´ sur PN´ est dirigée selon PN ; de même, la contrainte ON sur PN est
dirigée selon PN´. Ces contraintes sont appelées contraintes conjuguées. En résumé :
Lorsqu’un point est en équilibre limite dans un milieu pulvérulent, les contraintes sur les facettes
de glissement sont inclinées de ± φ sur la normale et sont conjuguées. Les deux facettes de glisse-
ment forment entre elles un angle de π/2 ± φ.

Les termes définis ci-après sont couramment utilisés. Ils sont également valables pour les
milieux cohérents :
• Courbes ou lignes de glissement : elles sont caractérisées par le fait que la tangente en un
point quelconque de ces courbes correspond à une facette de glissement. Dans les sols
pulvérulents, la contrainte sur une facette tangente à la courbe de glissement est inclinée
de ± φ par rapport à la normale.
• Zone plastifiée : une zone est plastifiée lorsque, en chacun de ses points, le cercle de Mohr
est tangent à la courbe intrinsèque. Pour les sols pulvérulents, les courbes de glissement
dans une zone plastifiée se coupent selon des angles égaux à π/2 ± φ (figure 5.11.).
• Milieu en équilibre limite : un milieu est en équilibre limite lorsqu’au moins une courbe de
glissement part du contour du massif pour rejoindre un autre point de ce contour. Il y a
alors rupture du massif de sol.

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110 | Comportement mécanique des sols

Courbe de la 1re famille


(inclinaison de la contrainte – φ)
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π–φ
2

Courbe de la 2e famille
(inclinaison de la contrainte + φ)

Fig. 5.11. Milieu pulvérulent plastifié

5.4.3. Sols cohérents – Théorème des états correspondants


La figure 5.12a représente la courbe intrinsèque d’un sol cohérent (c ≠ 0, φ ≠ 0) avec deux
cercles de Mohr, C1 correspondant à un point en équilibre limite, C2 correspondant à un
point en équilibre surabondant, c’est-à-dire pour laquelle le cercle de Mohr n’est pas en
contact avec la courbe intrinsèque.
La figure 5.12b représente la courbe intrinsèque d’un sol pulvérulent (c = 0), de même angle
de frottement interne que le sol précédent. Les cercles C1 et C2 ont subi une translation égale
à OO´. L’état du sol vis-à-vis de la rupture est identique dans les deux cas.

τ
C1
C C2
φ σ
O O´ c
a tan φ

c
τ tan φ C1

C2
φ σ
O
b

Fig. 5.12. Illustration du théorème des états correspondants

La figure 5.12 montre que OO´ = c ∕ tan φ. Opérer une translation de c ∕ tan φ sur un cercle de
Mohr quelconque revient à appliquer une contrainte normale supplémentaire d’intensité
égale à c ∕ tan φ sur chaque facette de chaque point, quelle que soit sa direction. Il s’agit d’une
contrainte isotrope, d’où le théorème des états correspondants dû à A. Caquot [5 Caquot 1966].

EYR2212118902_Fondations.indb 110 07/01/2019 11:24


Les sols et la théorie de la plasticité | 111

Un milieu cohérent peut être transformé en un milieu pulvérulent, de même angle de frottement
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interne, en appliquant au pourtour du massif une pression hydrostatique d’intensité égale à c ∕ tan φ.
D’un point de vue purement théorique, la superposition de deux états est valable uniquement
dans le domaine élastique. En pratique, E. Absi a démontré [5 Absi 1965] que le théorème
des états correspondants conduit à une solution du côté de la sécurité.

Remarques

1. Dans les milieux cohérents, la contrainte correspondant au plan de rupture est inclinée selon un
angle α > φ (figure 5.13).

2. Le rôle de la cohésion est primordial sous faible contrainte moyenne, c’est-à-dire lorsque p ou s, définis par
les formules (1) et (3), sont petits ; en effet, elle permet de tolérer des inclinaisons élevées des contraintes
avant que le critère de rupture soit atteint. En revanche, l’influence de la cohésion est faible lorsque p ou s
sont élevées : si s croît, α tend vers φ.

3. Les directions des lignes de glissement ne sont plus conjuguées dans les milieux cohérents.

4. Dans les milieux purement cohérents (φ = 0), le théorème des états correspondants ne s’applique pas,
car c ∕ tan φ = ∞. Une étude particulière s’impose pour chaque cas.

c
α1 α2
s1 s2 σ

Fig. 5.13. Influence de la cohésion selon la contrainte moyenne

5.4.4. Propriétés particulières de la droite intrinsèque


et du cercle de Mohr
Un calcul trigonométrique conduit aux relations suivantes (figure 5.14) :

( 4π + φ2 ) + 2 c ·tan( 4π + φ2 )
σ1 = σ3·tan2 (10)

σ = σ ·tan ( − ) − 2 c ·tan( − )
2π φ π φ
3 1 (10bis)
4 2 4 2
pour φ = 0, σ1 = σ3 + 2 c (10ter)

Ce dernier résultat apparaît sur la figure 5.14a, qui représente la droite intrinsèque d’un sol
purement cohérent.

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112 | Comportement mécanique des sols

τ τ
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T
φ=0
φ
c c
σn σ
σ3 σ1 σ3 σ1

a) Sol purement cohérent b) Sol cohérent

Fig. 5.14. Critère de Mohr-Coulomb – Relation entre σ1 et σ3

5.4.5. Directions conjuguées


À partir des propriétés du cercle de Mohr, on démontre également que, M et N étant deux
points correspondant à l’intersection du cercle de Mohr avec deux droites passant par l’ori-
gine et inclinées de ± β, les facettes et contraintes correspondant à N et M sont conjuguées
quel que soit β (figure 5.15).
M et N doivent être choisis de façon que l’angle (CM,CN) soit le plus grand des deux angles
possibles.
Il est rappelé que, lorsque les contraintes sont conjuguées, la contrainte OM sur la facette M
est orientée selon la facette N et réciproquement.

N
β C σ
O β

Fig. 5.15. Position des contraintes conjuguées

5.5. Mesure des caractéristiques mécaniques


des sols

5.5.1. Détermination des caractéristiques de plasticité φ et c


Lorsque la nature et la granulométrie du sol autorisent le prélèvement d’échantillons intacts
et permettent le découpage d’éprouvettes, ces caractéristiques sont mesurées en laboratoire.

EYR2212118902_Fondations.indb 112 07/01/2019 11:24


Mesure des caractéristiques mécaniques des sols | 113

En pratique, seuls les sols fins présentant un minimum de cohésion peuvent être analysés de
cette façon.
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Deux types d’essais sont utilisés : l’essai de cisaillement rectiligne à la boîte (voir § 6.7.3.2) et
l’essai de cisaillement à l’appareil triaxial de révolution (voir § 6.7.3.3).
L’essai au phicomètre (voir § 6.4.4) est un essai in situ qui s’applique notamment aux sols
grossiers, hétérogènes et, d’une façon générale, non testables en laboratoire.
L’essai au scissomètre (voir § 6.4.5), également réalisé in situ, est bien adapté aux sols argileux
de consistance molle.
Ces essais sont décrits au chapitre 6.

5.5.2. Conditions particulières d’essai


5.5.2.1 . Consolidation
Cette phase consiste à appliquer, préalablement à l’essai, une contrainte normale à l’échan-
tillon. Celui-ci est saturé, puis mis à consolider (voir chapitre 4) sous cette contrainte :
• dans l’essai de cisaillement rectiligne, cette contrainte sera la contrainte σ = N /S. Elle est
appliquée sur la facette horizontale correspondant au plan de cisaillement ;
• dans l’essai triaxial, ce sera σ3. Pendant cette phase de l’essai, le piston est libre, F = 0 donc
σ1 = σ2 = σ3.
La consolidation n’est pas identique pour les deux essais. Dans l’essai triaxial, la contrainte
appliquée est isotrope. Dans l’essai de cisaillement, la contrainte sur une facette verticale est
inconnue, mais généralement différente de N /S.
Un essai peut être du type consolidé ou du type non consolidé selon que l’opération prélimi-
naire décrite ci-dessus a été réalisée ou non.

5.5.2.2. Drainage
L’essai est non drainé si l’éprouvette ne peut expulser (ou absorber) d’eau en cours de charge-
ment, donc si le robinet R (voir figure 6.59) est fermé dans l’essai triaxial.
L’essai est du type drainé lorsque le sol a la possibilité de se drainer et que la vitesse d’essai est
telle que le drainage s’effectue au fur et à mesure du chargement, c’est-à-dire que la pression
interstitielle reste constante (variation de pression interstitielle nulle Δu = 0).

5.5.2.3. Vitesse d’essai


Un essai de cisaillement rectiligne est dit rapide s’il est réalisé avec une vitesse de déformation
suffisamment rapide pour que l’eau n’ait pas le temps de s’expulser de l’échantillon sous l’effet
des pressions interstitielles induites par le cisaillement.
Un essai de cisaillement rectiligne est dit lent si la vitesse de cisaillement est suffisamment
lente pour que la consolidation se fasse totalement en cours d’essai, c’est-à-dire qu’à chaque
instant la pression interstitielle dans l’éprouvette reste constante (variation de pression inter­
stitielle nulle Δu = 0).

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114 | Comportement mécanique des sols

Pour qu’un essai triaxial soit drainé, il faut que le circuit de drainage soit ouvert et que la
vitesse d’application du déviateur des contraintes soit suffisamment faible, eu égard à la
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perméabilité du sol, pour éviter le développement d’un gradient de pression interstitielle dans
le corps de l’éprouvette.
La notion de rapidité ou de lenteur doit être considérée en fonction de la perméabilité du sol
et des possibilités de drainage, donc de la dissipation des pressions interstitielles.
Un essai ne peut être valablement interprété que si les conditions précédentes sont parfaite-
ment connues.

5.5.3. Principales caractéristiques mécaniques d’un sol


Deux principaux types de caractéristiques mécaniques sont distingués : les caractéristiques
apparentes et les caractéristiques effectives.
Les paramètres λcu et cu0, définis ci-après, peuvent également être utiles pour certaines appli-
cations bien précises.

5.5.3.1 . Caractéristiques apparentes


Elles sont également dénommées caractéristiques non consolidées non drainées lorsqu’elles sont
déterminées à l’essai triaxial. Leurs symboles sont les suivants :
• sols non saturés :
–– angle de frottement apparent φuu (degrés),
–– cohésion apparente cuu (kPa).
• sols saturés :
–– cohésion non drainée cu (kPa),
–– avec φu = 0.
Ces caractéristiques traduisent le comportement du sol lorsque les sollicitations sont telles
qu’aucune consolidation n’a le temps de se produire.
Lorsque le sol est saturé, toute augmentation de la contrainte σ se traduit par une augmenta-
tion identique de la pression interstitielle u, puisque le milieu est non drainé et l’eau incom-
pressible. D’après la formule (8bis), la contrainte effective σ´ = σ − u et la valeur de τ ne sont
pas influencées.
Les caractéristiques apparentes sont mesurées par un essai triaxial non consolidé non drainé
(UU). L’essai de cisaillement rectiligne non consolidé rapide (essai non normalisé) permet
d’obtenir une estimation de ces caractéristiques pour les sols fins.
Ces essais conduisent à déterminer des contraintes totales. Il faut donc appliquer l’équation
(8), qui prend les formes suivantes :
sols non saturés : τ = cuu + σ · tan φuu sol saturé : τ = cu (tan φu = 0) (8ter)

Remarques
1. L’essai de cisaillement non consolidé rapide est un essai non drainé pratiqué uniquement si la perméabilité
du sol est suffisamment faible pour qu’il n’y ait aucun drainage en cours de cisaillement. En pratique, seules
les argiles franches répondent à ce critère. S’il s’agit d’une argile saturée et que φu est sensiblement supérieur
à zéro, ceci signifie qu’un drainage s’est produit en cours d’essai, provoquant une certaine consolidation.

EYR2212118902_Fondations.indb 114 07/01/2019 11:24


Mesure des caractéristiques mécaniques des sols | 115

2. D’une façon générale, les essais de cisaillement rectiligne sont plus simples et moins onéreux que les essais
triaxiaux. En revanche, les conditions réelles de drainage, qui dépendent de la vitesse d’essai et de la
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perméabilité du sol, n’étant pas maîtrisées, ils sont moins précis et d’interprétation plus délicate que les
essais triaxiaux. C’est pour cette raison que les essais rapides ne sont pas normalisés.

Par conséquent, les essais triaxiaux doivent être privilégiés pour la mesure des caractéristiques
non consolidées non drainées.

5.5.3.2. Caractéristiques effectives


Ces caractéristiques, qui lient entre elles les contraintes effectives, représentent le comporte-
ment du matériau lorsque les pressions interstitielles sont nulles ou parfaitement connues.
Ce sont :
• l’angle de frottement effectif φ´ (degrés),
• la cohésion effective c´ (kPa).
Elles sont déterminées en appliquant la formule (8bis) rappelée ci-après.
τ = c´ + (σ − u) · tan φ´
c´ et φ´ sont mesurés :
• soit par un essai de cisaillement consolidé lent,
• soit par un essai triaxial consolidé drainé (CD),
• soit par un essai triaxial consolidé non drainé avec mesure de la pression interstitielle
(CU + u).
Ce dernier essai présente l’avantage d’être beaucoup plus rapide que le précédent. En revanche,
il est très délicat à réaliser et doit être confié à des laboratoires compétents et bien équipés.
φ´ représente l’angle vrai de frottement interne de la matrice granulaire du sol.
Étant donné que la réalisation et la mise en place des éprouvettes triaxiales sont plus délicates
dans les sols pulvérulents, les types d’essais recommandés sont les essais de cisaillement dans les
sables et les essais triaxiaux pour les sols cohérents.

5.5.3.3. Caractéristiques consolidées non drainées


Ces caractéristiques sont désignées, comme suit :
• facteur d’augmentation de la cohésion λcu (pente de la droite cu (σ´c)),
• cohésion consolidée non drainée cu0 (ordonnée à l’origine de la droite cu (σ´c)).
Elles représentent la cohésion apparente minimale cu0 d’un sol ainsi que l’augmentation de
résistance apparente cu lorsque le sol est soumis à des pressions de consolidation (σ´c) de plus
en plus élevées. Ces caractéristiques ne sont pertinentes que pour les sols fins cohérents et sont
reliées par : cu = cu0 + λcu∙ Δσ´c.
Des appellations et des symboles différents (figure 5.18) sont souvent utilisés : angle de frotte­
ment consolidé non drainé φcu et cohésion consolidée non drainée ccu correspondant à la
droite τ = ccu + σ´· tan φcu, tangente aux cercles obtenus dans le plan de Mohr représenté en
contraintes totales. Toutefois, ces dénominations sont moins utilisées par la norme car elles
prêtent à confusion, φcu n’étant pas à proprement parler un angle de frottement.

EYR2212118902_Fondations.indb 115 07/01/2019 11:24


116 | Comportement mécanique des sols

Les caractéristiques λcu et cu0 sont mesurées :


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• soit par un essai de cisaillement consolidé rapide (essai non normalisé),


• soit par un essai triaxial consolidé non drainé CU.

Le tableau 5.1 présente une synthèse des différentes procédures d’essai.


Tableau 5.1. Récapitulation des principaux essais

Essai Consolidation Drainage Mesure Résultats Type d’essai


de u

φuu ; cuu
Non Non Non ou cu Non consolidé non drainé (UU)
(φ = 0)

Oui Non Non λcu ; cu0 Consolidé non drainé (CU)


Triaxial
φ´ ; c´ Consolidé non drainé
Oui Non Oui
λcu ; cu0 avec mesure de u (CU + u)

Oui
Oui Oui φ´ ; c´ Consolidé drainé (CD)
Δu = 0

Essai Consolidation Vitesse u non Résultats Type d’essai


mesurée

φuu ; cuu
Non Rapide ou cu Non consolidé rapide (*)
(φ = 0)
Cisaillement
Oui Rapide λcu ; cu0 Consolidé rapide (*)

Oui Lente φ´ ; c´ Consolidé lent

(*) Essais non normalisés - Caractéristiques mesurées peu fiables

5.5.4. Exemples d’application pratique des différents essais


5.5.4.1 . Exemple d’application des caractéristiques apparentes φuu, cuu et effectives φ´, c´
Soit un terrain argileux, donc très peu perméable, sur lequel est prévue la construction d’un
immeuble transmettant au sol une charge Q. La vitesse de construction peut être considérée
comme très grande (vitesse de chargement) par rapport à celle de drainage du sol.
La justification de la stabilité des fondations vis-à-vis de la rupture en fin de construction se
fera en utilisant les caractéristiques non consolidées non drainées φuu et cuu, ou plus couram-
ment cu (φu = 0), appelées souvent caractéristiques à court terme.
Sous la charge Q, le sol de fondation se consolidera jusqu’à ce que les pressions interstitielles
reviennent à leurs valeurs initiales (consolidation primaire). Une fois la consolidation primaire
finie, il convient d’adopter les caractéristiques φ´ et c´, appelées encore caractéristiques à long
terme, pour vérifier la stabilité des fondations.
Au fur et à mesure que des pressions interstitielles induites par Q se dissipent, le coefficient de
sécurité vis-à-vis de la rupture évolue progressivement de la valeur à court terme vers la valeur
à long terme.

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Mesure des caractéristiques mécaniques des sols | 117

Si le bâtiment est construit sur un sable perméable, le drainage est rapide ; la consolidation
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primaire se fait en cours de construction et la capacité portante des fondations sera calculée à
l’aide de φ´ et c´.
Pour la justification des fondations soumises à une charge verticale, le court terme est la situa-
tion la plus défavorable. Cependant, cette règle ne doit pas être généralisée. En effet, de
nombreux ouvrages (soutènement, talus, etc.) doivent être justifiés à court et à long terme.

5.5.4.2. Exemple d’application du facteur d’augmentation de la cohésion λcu

Soit un sol compressible argileux saturé (figure 5.17a). Initialement, le sol a pour caractéris-
tiques apparentes cu1 ≠ 0 et φu1 = 0 (figure 5.16). La valeur de cu1 dépend de la pression de
consolidation σ´v du sol.

cu1

Fig. 5.16. Essai de cisaillement non consolidé, rapide, sur un sol saturé

Préchargement
σc Réservoir
Terrain vierge
cu1 ≠ 0 cu2 ≠ 0
φu1 = 0 φu2 = 0

a b c

Fig. 5.17. Utilisation des caractéristiques consolidées non drainées

Supposons qu’un préchargement soit réalisé (voir chapitre 14) sous une contrainte σc jusqu’à
consolidation totale du sol (figure 5.17b). La cohésion non drainée du sol s’est améliorée sous
l’effet de cette consolidation. Un essai du type non consolidé non drainé réalisé sur un prélè-
vement effectué après consolidation donnera une valeur plus élevée de la cohésion non
drainée, soit cu2 toujours associée avec φu = 0.

L’essai consolidé rapide ou non drainé permet de mesurer l’augmentation de résistance du sol sous
l’effet de la consolidation, soit ici cu2, la valeur de σc étant connue (figure 5.18).

EYR2212118902_Fondations.indb 117 07/01/2019 11:24


118 | Comportement mécanique des sols

τ
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arctan λcu φcu

cu2
cu1
cu0

σv σ v + σc σ

Fig. 5.18. Essai de cisaillement consolidé rapide

Supposons qu’après enlèvement de la surcharge un réservoir soit construit sur le sol préalable-
ment consolidé par préchargement sous σc. Dans ce cas, la stabilité à court terme de l’assise
du réservoir sera vérifiée en utilisant cu2, toujours associée avec φu = 0.

5.5.5. Essai de compression simple


L’essai de compression simple (figure 5.19) est un cas particulier de l’essai triaxial. En effet, la
contrainte σ3 est nulle (σ3 = 0). La contrainte de rupture à la compression Rc est liée à cuu et
à φuu par la formule suivante déduite de la formule (10) en prenant σ3 = 0.

Rc = 2 cuu ·tan ( 4π + φ2 )
uu (11)

Si le sol est purement cohérent (c’est-à-dire si φu = 0), la relation précédente devient :


Rc = 2 cuu (12)

La formule (12) permet d’évaluer la cohésion apparente des argiles saturées à partir d’un essai
de compression uniaxiale facile à réaliser et peu coûteux.

φuu

cuu
σ
Rc

Fig. 5.19. Essai de compression simple

5.5.6. Mesure des caractéristiques d’élasticité


En général, la détermination des valeurs de νu et ν´ ne fait pas l’objet d’essais, sauf pour
des  applications très particulières. Il suffit, alors, d’adopter les valeurs indiquées au
paragraphe 5.3.4.

EYR2212118902_Fondations.indb 118 07/01/2019 11:24


Compléments sur la rhéologie des sols | 119

Les modules peuvent être déterminés de différentes manières (figure 5.6c). Quelques exemples
sont donnés ci-après :
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• Module non drainé Eu :


–– en laboratoire, à l’aide d’essais triaxiaux non drainés classiques,
–– sur le chantier, à l’aide d’essais de plaque.
• Module drainé E´ :
–– à l’appareil triaxial, à l’aide d’essais consolidés drainés,
–– calculé à partir du module œdométrique à l’aide de la formule (7).
• Module d’élasticité en petites déformations Emax :
–– in situ à partir de la mesure de la vitesse de propagation d’ondes longitudinales dans
le sol (essai Cross-hole, essai MASW d’ondes de surface),
–– à l’aide d’essais spéciaux en laboratoire comme : la colonne résonante, les essais
triaxiaux équipés de dispositifs de mesures locales de faibles déformations fixés
directe­ment sur l’éprouvette ou à ses extrémités (capteurs locaux, bender elements…).

5.6. Compléments sur la rhéologie des sols

5.6.1. Critères de rupture – État critique – Dilatance – Contractance

5.6.1 .1 . Comportement des sables


Les courbes effort-déformation obtenues au cours des essais drainés de cisaillement rectiligne
ou triaxiaux ont généralement l’une des deux allures de la figure 5.20.
L’ordonnée de la figure 5.20a représente la contrainte de cisaillement τ mesurée au cours d’un
essai de cisaillement consolidé lent ou le déviateur des contraintes σ1 − σ3 mesuré au cours
d’un essai triaxial consolidé drainé. Pour les deux types d’essais précédents, l’ordonnée de la
figure 5.20b représente respectivement la variation d’épaisseur relative δh /h et la déformation
volumique εν.
La courbe I, d’allure monotone, correspond à des sables lâches qui se densifient pendant le
cisaillement (sols contractants), jusqu’à atteindre au voisinage de la surface de rupture, un
certain poids volumique dit poids volumique critique, également traduit par un indice des vides
critique.
Les essais réalisés sur des sables compacts qui se décompactent pendant le cisaillement (sols
dilatants) conduisent à des courbes ayant l’allure de la courbe II. Deux résistances au cisaille-
ment sont alors distinguées : une résistance maximale, dite résistance de pic, et une résistance
sous grande déformation, dite résistance à l’état critique.
Pour les sables lâches, ces deux résistances se confondent. Si le poids volumique initial du
sable correspond à celui de l’état critique, l’essai se fait à volume constant.
Sous grande déformation, la même résistance est obtenue quelle que soit la compacité initiale ;
c’est celle qui correspond à l’état critique.

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120 | Comportement mécanique des sols

τ
ou
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Pic
σ1 − σ3

II

État critique

I δl
l

Fig. 5.20a. Courbes cisaillement/déformation d’un sable

δh ou ε
v Dilatance
h

II Sable dense

δl
l

I Sable lâche

Contractance

Fig. 5.20b. Courbes variation de volume/déformation d’un sable

5.6.1 .2. Comportement des argiles


Les courbes effort-déformation obtenues au cours des essais triaxiaux ont généralement l’une
des deux allures de la figure 5.21a. Les essais de cisaillement rectiligne conduisent à des
courbes d’allure similaire.
L’ordonnée de la figure 5.21b représente les variations de u, mesurées au cours d’un essai
triaxial avec mesure de la pression interstitielle, en fonction de la déformation axiale ε1.
Le comportement des argiles est voisin de celui des sables. Selon que l’argile est surconsolidée
ou non, lorsque le cisaillement intervient sous une contrainte moyenne nettement inférieure
à la pression de préconsolidation, deux résistances au cisaillement peuvent être distinguées
(courbe II). De même que pour les sables denses, elles correspondent à la résistance de pic et à
la résistance à l’état critique.
Les argiles surconsolidées cisaillées sous contraintes moyennes inférieures à la pression de
préconsolidation révèlent une tendance à la dilatance se manifestant par une diminution de u.
Dans les autres cas, le comportement est contractant (courbe I).
Si des déplacements très importants sont imposés, de l’ordre du décimètre ou plus, la résis-
tance au cisaillement diminue pour atteindre un nouveau palier correspondant à de nouvelles
caractéristiques dites résiduelles φr et cr [5 Roscoe 1970], [5 Skempton 1964].

EYR2212118902_Fondations.indb 120 07/01/2019 11:24


Compléments sur la rhéologie des sols | 121

τ Pic
σ1 − σ3 II
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État critique

I + II
I Résiduel

ε1

Fig. 5.21a. Courbes (σ1 − σ3)/déformation d’une argile

Δu I

P
+

ε1
− II

Fig. 5.21b. Courbes variation de pression interstitielle/déformation d’une argile

Ces caractéristiques se mesurent à l’aide d’essais spéciaux [5 Blondeau 1976], dont le plus
courant est l’essai de cisaillement alterné (Norme NF P94-071-2) décrit au chapitre 6.
D’une façon plus schématique, on peut retenir ce qui suit (figure 5.22) :
• les caractéristiques de pic correspondent à l’effort nécessaire pour provoquer la rupture ;
• les caractéristiques à l’état critique sont mobilisables, après rupture avec contractance ou
dilatance du sol, mais sans réarrangement sensible du squelette des grains ;
• les caractéristiques résiduelles sont celles qui subsistent lorsque le déplacement a provoqué
un lissage du plan de rupture, c’est-à-dire une réorientation des grains ou plaquettes
d’argile selon ce plan.

Pic

État critique

Résiduelles

Fig. 5.22. Schématisation des niveaux de résistance au cisaillement

EYR2212118902_Fondations.indb 121 07/01/2019 11:24


122 | Comportement mécanique des sols

Selon les déformations qui peuvent survenir au cours de chaque phénomène étudié, il
conviendra de considérer l’une ou l’autre de ces trois caractéristiques (voir chapitre 9).
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5.6.2. Chemin des contraintes


L’étude détaillée du comportement d’un massif de sol soumis à un certain nombre de sollici-
tations nécessite de connaître la loi de comportement du sol. Celle-ci permet de définir le
tenseur des déformations et celui des contraintes en chaque point du milieu soumis à ces
sollicitations.
L’évolution des cercles de Mohr pendant le déroulement d’essais triaxiaux est un moyen
pratique de déterminer la loi de comportement du sol testé.
Un cercle de Mohr quelconque en contrainte effective est parfaitement défini par p´ et q´,
avec σ´2 = σ´3 selon les formules (1) et (2) ou le couple s´, t´ (3). Le chemin des contraintes,
c’est-à-dire l’histoire du sol pendant toute la durée de l’essai jusqu’à la rupture, peut donc être
représenté par une courbe sur un diagramme ayant p´ en abscisse et q´ en ordonnée
(diagramme p´, q´) ou s´ en abscisse et t´ en ordonnée (diagramme s´, t´).
La figure 5.23 présente un tel diagramme établi au cours d’un essai triaxial consolidé non
drainé avec la mesure de u. Les droites à 45° représentent l’évolution des contraintes totales
en cours d’essai. Sur cette figure 5.23, les valeurs correspondantes de u ont été matérialisées
pour l’éprouvette n° 4.

300
Contr. effective
Contr. totale
Contrainte t´ = (σ´1 − σ´3)/2 en kPa

4
3 u
200 2 u
u
u
u
u
100 u
1 u
u
u
0
0 100 200 300 400 500 600
Contrainte s´ = (σ´1 + σ´3)/2 en kPa

Fig. 5.23. Essai triaxial consolidé non drainé CU + u – Chemins de contraintes représentés dans le diagramme s´, t

5.6.3. Modèles rhéologiques


Les lois de comportement calées parfaitement sur des essais conduisent à des calculs très
lourds et complexes ; aussi utilise-t-on le plus souvent des lois simplifiées reliant contrainte et
déformation, qui se prêtent mieux à l’établissement de codes de calcul et qui fournissent une
bonne image du comportement réel du sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 122 07/01/2019 11:24


Compléments sur la rhéologie des sols | 123

σ
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σl

Schéma élasto-plastique

εl εp ε

σ
σl

σf
Schéma élasto-plastique
à double branche élastique

εf εl ε

σl

Schéma rigide-plastique

ε
Fig. 5.24. Exemples de modèles rhéologiques usuels

Les modèles les plus couramment utilisés sont représentés sur la figure 5.24.
• Modèle élastoplastique : ce modèle est le plus fréquemment utilisé. Lorsque σ < σl ou
ε < εl, la théorie de l’élasticité linéaire s’applique. Si ε > εl, le sol se déforme, la contrainte
restant égale à σl (plasticité parfaite). Si, ensuite, σ < σl, on retrouve un comportement
élastique, mais avec une part de déformation irréversible εp.
• Modèle élastoplastique à double branche élastique : ce modèle est identique au précédent,
mais comporte deux branches élastiques, avec un module d’élasticité en chargement plus
faible lorsque le niveau des contraintes est situé entre σf et σl. Il permet un meilleur ajuste­
ment sur le comportement réel des sols.
• Modèle rigide-plastique : ce modèle peut être appliqué aux roches saines, pour lesquelles le
module d’élasticité est très élevé.
La puissance de calcul de plus en plus grande des ordinateurs a permis ces dernières décennies
la généralisation des calculs numériques aux éléments finis avec des lois de comportement des
sols plus avancées et représentant mieux les aspects particuliers du comportement mécanique
des sols.
Parmi les lois de comportement les plus couramment mises en œuvre aujourd’hui, on peut
citer le modèle élasto-plastique de Mohr-Coulomb et des modèles élasto-plastique à écrouis-
sage, comme le modèle HSM (hardening soil model), implémenté dans le code aux éléments

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124 | Comportement mécanique des sols

finis Plaxis. Le détail de ces lois rhéologiques dépassant le cadre de cet ouvrage, on pourra
utilement se référer à la documentation de référence technique de ce logiciel [5 Plaxis 2017],
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téléchargeable sur le site www.plaxis.com.

5.7. Liquéfaction des sols


5.7.1. Description du phénomène
Les vibrations, et notamment les séismes, provoquent dans les sols des contraintes, et parti-
culièrement des contraintes de cisaillement.
S’agissant de sollicitations très brèves, les massifs de sols saturés, même sableux, se trouvent
en condition non drainée. Il s’ensuit, pour les sols contractants situés sous la nappe, une
augmentation rapide des pressions interstitielles et, corrélativement, une chute des contraintes
normales effectives.
Dans certaines conditions, ces modifications du tenseur des contraintes peuvent conduire à
la rupture du massif de sol, qui se manifeste par une forte diminution, voire une perte totale
de résistance et un comportement se rapprochant de celui d’un liquide : c’est le phénomène
de liquéfaction du sol. La référence [5 Pecker 1984] en présente une étude détaillée.
La liquéfaction se produit particulièrement pendant ou juste après les séismes (phénomène
post-séisme). Elle a des effets ravageurs : rupture de barrage, glissement de terrain du type
coulée boueuse, enfoncement et basculement d’immeuble, etc.

5.7.2. Catégories de sols sensibles à la liquéfaction


Si la contrainte effective moyenne est faible, c’est-à-dire si la profondeur est faible à modérée,
la liquéfaction peut intervenir ; il faut toutefois que les conditions suivantes soient réunies
(norme NF EN 1998-1/NA) :
• matériau pulvérulent ou à très faible cohésion,
• degré de saturation voisin de 100 % (en général sols noyés),
• sollicitation rapide.
La partie 5 de l’Eurocode 8 consacrée aux aspects géotechniques (norme NF EN 1998-5)
donne des indications pour évaluer la susceptibilité des sols à la liquéfaction et les reconnais-
sances exigées à cette fin. Celles-ci doivent comporter au minimum la réalisation in situ soit
d’essais de pénétration au carottier SPT, soit d’essais de pénétration statique au cône CPT,
ainsi que des essais d’identification en laboratoire et notamment les analyses granulomé-
triques. Ces différents essais sont décrits au chapitre 6.
Les règles de l’Eurocode 8 permettent de négliger le risque de liquéfaction lorsque l’accéléra-
tion maximale au niveau du sol n’excède pas 1,5 m/s2 (ou α ·S < 0,15) et que l’une des condi-
tions suivantes est remplie :
• les sables contiennent de l’argile en proportion supérieure à 20 % et ont un indice de
plasticité Ip > 10 % ;
• les sables contiennent des silts en proportion supérieure à 35 % et, simultanément, le
nombre de coups SPT normalisé N1(60) est supérieur à 20 ;
• les sables sont propres, avec une valeur du nombre de coups SPT normalisé N1(60) supé-
rieure à 30.

EYR2212118902_Fondations.indb 124 07/01/2019 11:24


Liquéfaction des sols | 125

Lorsque le risque de liquéfaction ne peut être négligé, il convient alors de l’évaluer quantita-
tivement, en évaluant d’une part les contraintes critiques de cisaillement cycliques qui pour-
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raient générer une liquéfaction et d’autre part la contrainte de cisaillement cyclique relative
au contexte du projet étudié, puis déterminer le coefficient de sécurité vis-à-vis de la liquéfac-
tion correspondant.
L’Eurocode 8 fixe la valeur minimale de ce coefficient de sécurité à 1,25.

5.7.3. Étude du risque de liquéfaction


Le phénomène de liquéfaction peut être étudié en laboratoire à partir d’essais triaxiaux
cycliques [5 Pecker 1984] dans lesquels, notamment, l’augmentation de la pression intersti-
tielle est observée en fonction du nombre de cycles pour le niveau de sollicitation cyclique du
projet. Le nombre de cycles causant la liquéfaction est alors comparé au nombre de cycles
équivalents créés par le séisme. Ce nombre de cycles équivalent est fonction de la zone de
sismicité et de la magnitude du séisme.
Des corrélations ont été établies entre les résultats de certains essais in situ, comme le SPT,
le  CPT et CPTu et l’existence ou non du risque de liquéfaction [5 Pecker 1984] et
[NF EN1998-5 2005].
L’approche d’analyse détaillée dans la partie 5 de l’Eurocode 8 se base sur les résultats d’essais
in  situ au SPT et sur les recommandations du NCEER (National Center for Earthquake
Engineering Research) [5 Youd 2001]. La méthode permettant de quantifier ce risque consiste
à comparer :
• le CSR (Cyclic Stress Ratio), qui correspond au rapport entre la contrainte de cisaillement
cyclique τθ engendrée par le séisme et la contrainte verticale effective σ´v0 à une profon-
deur donnée ;
• le CRR (Cyclic Resistance Ratio), qui est le rapport entre la résistance au cisaillement
cyclique critique du sol et la contrainte verticale effective à une profondeur donnée. Ce
rapport CRR est corrélé avec la valeur N du SPT.
Le CRR est conventionnellement calculé pour une magnitude MS de 7,5 (CRR7,5). Pour
ramener ce rapport CRR à la valeur qui se rapporte à la magnitude MS du site, l’Eurocode 8
introduit un facteur de correction de magnitude CM multiplicateur du CRR7,5 donné au
tableau 5.2.

Tableau 5.2. Valeurs du facteur CM en fonction de la magnitude des ondes de surface

MS CM

5,5 2,86

6,0 2,20

6,5 1,69

7,0 1,30

8,0 0,67

Il est à noter que pour la France, les magnitudes 5,5, 6,0 et 7,5 correspondent respectivement
aux zones de sismicité 3, 4 et 5.

EYR2212118902_Fondations.indb 125 07/01/2019 11:24


126 | Comportement mécanique des sols

Pour l’évaluation du CRR7,5, la méthode du NCEER [5 Youd 2001], basée sur les données
de l’essai SPT, sera utilisée.
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Le nombre N mesuré par l’essai SPT dans le sol présumé liquéfiable doit au préalable être
corrigé pour obtenir une valeur du nombre de coups SPT normalisé N1(60), comme indiqué
dans la formule (13).
N1(60) = N · CN · CE · CB · CR · CS (13)
où CN : coefficient pour normer la valeur de N mesurée in situ et la ramener à une valeur
prenant en compte le poids des terres à la profondeur de la mesure. Cette valeur , calculée
en prenant comme référence la pression atmosphérique (Pa ≈ 100 kPa), est plafonnée au
maximum à 1,7 ;
CE : correction du taux d’énergie effective du mouton SPT ;
CB : coefficient de correction pour tenir compte du diamètre du forage ;
CR : coefficient de correction pour tenir compte de la longueur des tiges de battage ;
 CS : coefficient de correction en cas d’utilisation d’un carottier SPT échantillonneur, non
équipé d’un étui.
Les valeurs de ces différents coefficients correcteurs sont données au tableau 5.3.
Tableau 5.3. Valeurs des coefficients correcteurs de N mesuré pour obtenir N1(60)

Facteur Type Coefficient Correction

– CN (Pa / σ´v0)0,5
Poids des terres
– CN CN ≤ 1,7

Cabestan CE 0,5 – 1,0

Type de mouton Sécurité CE 0,7 – 1,2

Automatique CE 0,8 – 1,3

65 – 115 mm CB 1,0

Diamètre du forage 150 mm CB 1,05

200 mm CB 1,15

<3m CR 0,75

3–4m CR 0,8

Longueur totale des tiges de battage 4–6m CR 0,85

6 – 10 m CR 0,95

10 – 30 m CR 1,0

Standard CS 1,0
Type de carottier
Sans étui CS 1,1 – 1,3

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Liquéfaction des sols | 127

La valeur de CSR est donnée par la relation (14) issue du NCEER et appliquée avec les déno-
minations de l’Eurocode 8 :
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τ σ
CSR = θ = 0,65 α · S · v0 · rd (14)
σ´v0 σ´v0
avec α : rapport entre l’accélération ag et l’accélération de la pesanteur (9,81 m/s2),
S : paramètre de sol,
σv0 : contrainte verticale totale à la profondeur considérée,
σ´v0 : contrainte verticale effective à la profondeur considérée,
rd : coefficient de réduction de contrainte avec la profondeur.
Le terme rd dépend de la profondeur z. Il est donné par les relations suivantes :
rd = 1,0 − 0,00765 z pour z ≤ 9,15 m (15a)
rd = 1,174 − 0,0267 z pour 9,15 m ≤ z ≤ 23 m (15b)
rd = 0,744 − 0,008 z pour 23 m ≤ z ≤ 30 m (15c)
La figure 5.25 représente les courbes correspondant à la limite de résistance (CRR7,5) en fonc-
tion de N1(60) pour des sables propres et pour des sables silteux, caractérisés par leur teneur
en fines (% < 74 µm).
Ainsi, en portant sur cette figure le point représentatif (N1(60),CSR) du cas étudié, il est
possible de voir s’il s’agit d’un sol liquéfiable ou non.
Le coefficient de sécurité Fs vis-à-vis du risque de liquéfaction peut être déterminé graphique-
ment par :
CRR7,5
Fs = · CM (16)
CSR

Sables propres Sables silteux


0,6 0,6

0,5 0,5
1 2 3

0,4 0,4

Liquéfiable Liquéfiable
CSR

0,3 0,3

0,2 0,2
Non liquéfiable

Non liquéfiable (1) = 35 % de fines


0,1 0,1 (2) = 15 % de fines
(3) < 5 % de fines

0 0
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
N1(60) N1(60)

Fig. 5.25. Courbes reliant les rapports de contraintes produisant la liquéfaction et les valeurs N1(60)
pour des sables et pour une magnitude MS = 7,5 (norme NF EN 1998-5)

EYR2212118902_Fondations.indb 127 07/01/2019 11:24


128 | Comportement mécanique des sols

De manière similaire à la méthode utilisant les résultats d’essais au SPT, une analyse du risque
de liquéfaction peut être conduite à partir de résultats d’essais au pénétromètre statique CPT,
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à savoir la résistance de pointe qc et le frottement latéral fs. Le principe consiste ensuite à


déterminer, à partir de la résistance normalisée qc1N, la valeur de CRR associée et à la comparer
à la valeur de CSR induite par le séisme.
Afin de tenir compte de la profondeur et du poids des terres, la résistance de pointe qc est
normalisée à une valeur adimensionnelle qc1N, telle que

q P n
qc1N = c · a
Pa σ´v0 ( ) (17)

où σ´v0 représente la contrainte verticale effective à la profondeur considérée et Pa la pression


atmosphérique prise comme référence (Pa ≈ 100 kPa).
L’exposant n prend les valeurs de 0,5 pour les sables propres, 1,0 pour les argiles et 0,7 pour
les sols intermédiaires.
Pour les sables propres, c’est-à-dire avec moins de 5 % de fines (< 80 µm), l’estimation de la
liquéfaction à partir de qc1N est représentée sur la figure 5.26 relative aux sables propres (Clean
sand CS) et pour une magnitude MS = 7,5.

0,6
MS = 7,5 0,25 < D50 (mm) < 2,0
FC (%) < 5

0,5

CPT Clean Sand Base Curve

0,4

Liquefaction
CSR
ou 0,3 No Liquefaction
CRR

0,2

0,1
Field Performance Liq. No Liq.
NCEER (1996) Stark & Olson (1995)
Workshop Suzuki et al. (1995b)
0
0 50 100 150 200 250 300
Résistance au cône normalisée q c1N

Fig. 5.26. Courbe reliant les rapports de contraintes produisant la liquéfaction et les valeurs qc1N pour des sables propres
(teneur en fines < 5 %) et pour une magnitude MS = 7,5 (Youd et al. 2001)

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Liquéfaction des sols | 129

Pour les autres sols, il est nécessaire de calculer, à partir de qc1N, la valeur équivalente corres-
pondant à celle d’un sable propre qc1N(CS) par l’expression :
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qc1N(CS) = K · qc1N (18)


où K représente le facteur de correction caractéristique des grains. Ce facteur qui dépend de
la teneur en fines du sol considéré est déterminé à partir de l’indice Ic de comportement type
de sol.
Pour la détermination de Ic et de K, on pourra se référer aux recommandations du NCEER
(National Center for Earthquake Engineering Research) [5 Youd 2001] ou au guide AFPS-
CFMS sur l’amélioration et le renforcement des sols sous actions sismiques [5 Afps 2012].

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130 | Comportement mécanique des sols

Bibliographie
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[5 Absi 1965] ABSI E., « Recherches sur la rhéologie des argiles », Annales ITBTP, série « Essais et
mesures », n° 213, 1965.
[5 Afps 2012] AFPS-CFMS, Procédés d’amélioration et de renforcement de sols sous actions sismiques.
Guide technique, Presses des Ponts, 2012.
[5 Atkinson 2007] ATKINSON J., The mechanics of soils and foundations, 2nd edition, Taylor & Francis,
2007.
[5 Blondeau 1976] BLONDEAU F. et JOSSEAUME H., « Mesure de la résistance au cisaillement
résiduel en laboratoire », Bull. de liaison des LPC, Spécial II, 1976.
[5 Caquot 1966] CAQUOT A. et KERISEL J., Traité de mécanique des sols, Éditions Gauthiers-Villars,
1966.
[5 Courbon 1955] COURBON J., Cours de résistance des matériaux, Éditions Dunod, 1955. 1966.
[5 Giroud 1975] GIROUD J.P., Tassement et stabilité des fondations superficielles, tome 1, Presses univer-
sitaires de Grenoble, 1975.
[5 Pecker 1984] PECKER A., Dynamique des sols, Presses de l’ENPC, 1984.
[5 Plaxis 2017] PLAXIS BV, PLAXIS 2D software, Material models manual, Plaxis, 2017 (téléchargeable
sur www.plaxis.com).
[5 Plumelle 2013] PLUMELLE C., CUI Y.J., FABRE D., FOUCHE O., HIRSCHAUER A. et
TABBAGH A., Théorie et pratique de la géotechnique, Éditions du Moniteur, 2013.
[5 Reiffsteck 2018] REIFFSTECK P., ZERHOUNI M.I. et AVERLAN J.L., Essais de laboratoire pour
la mécanique des sols et la géotechnique, à paraître.
[5 Roscoe 1970] ROSCOE K.H., « The influence of strains in soil mechanics », Rev. géotechnique,
volume XX, n° 2, Thomas Telford, 1970.
[5 Seed 2003] SEED R.B., CETIN K.O., MOSS R.E.S., KAMMERER A.M., WU J., PESTANA J.M.,
RIEMER M.F., SANCIO R.B., BRAY J.D., KAYEN R.E. et FARIS A., Recent advances in soil liquefac-
tion engineering: A unified and consistent framework, Keynote presentation, 26th Annual ASCE Los Angeles
Geotechnical Spring Seminar, Long Beach April 30, 2003.
[5 Skempton 1964] SKEMPTON A.W., « Long term stability of clay slopes », Rev. géotechnique,
volume XIV, Thomas Telford, 1964.
[5 Youd 2001] YOUD T.L., IDRISS I.M., « Liquefaction resistance of soils: Summary report from the
1996 NCEER and 1998 NCCER/NSF workshops on evaluation of liquefaction resistance of soils »,
Journal of Geotechnical and Geoenvironmental Engineering, vol. 127, No. 4, April, 2001.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 6

Reconnaissance des sols

6.1. Investigations géotechniques


6.1.1. Documents de référence

6.1 .1 .1 . Préambule
Indépendamment de toute obligation réglementaire ou contractuelle faite au maître d’ouvrage
de faire réaliser une étude géotechnique, il apparaît indispensable de rappeler la nécessité
pour tout constructeur de prendre en compte la nature du sous-sol pour adapter son projet
en conséquence, définir le système de fondation de l’ouvrage avec le meilleur
rapport  sécurité/coût et se garantir contre les effets de la réalisation des travaux sur les
constructions voisines.
Au sein du catalogue des normes françaises ou d’origine européenne couvrant le domaine de
la géotechnique, un grand nombre concerne les investigations, dans leur définition comme
dans leur réalisation.
Certains documents techniques concernant ce même sujet et établis par des associations ou
syndicats professionnels peuvent être également considérés comme des référentiels.
Les documents de référence essentiels auxquels il conviendra de se reporter sont énumérés
ci-après.

6.1 .1 .2. Eurocode 7 NF EN 1997-2


L’Eurocode 7 mentionne que « les reconnaissances de terrain doivent fournir une description
des conditions de terrain pertinente pour les travaux proposés et établir une base pour
l’évalua­
tion des paramètres géotechniques pertinente pour toutes les étapes de la
construction ».
Ce document, à titre informatif, fournit des règles simples à adopter dans l’établissement des
programmes de reconnaissance.

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132 | Reconnaissance des sols

En ce qui concerne les essais in situ et en laboratoire, il énonce et renvoie aussi à des normes
d’essais géotechniques
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6.1 .1 .3. Norme NF P94 500


La norme NF P94 500 précise que, dans le cadre de l’enchaînement des missions d’ingénierie
géotechnique, les investigations géotechniques doivent accompagner les différentes phases :
« Une bonne identification des risques impose donc nécessairement des investigations
géotechniques suffisantes et pertinentes au regard des besoins des différentes phases de
conception, voire des études d’exécution, ainsi qu’un suivi géotechnique en phase de travaux.
Cette progressivité des investigations permet de réduire les incertitudes éventuelles. »
Il est donc indispensable que le programme de ces différentes phases de reconnaissance ne soit
défini qu’à l’issue de la réalisation de chacune des phases d’étude précédentes.

6.1 .1 .4. Recommandations de l’Union syndicale géotechnique – Syntec-Ingénierie


Dans le respect des documents précédents, ces recommandations ont pour objet de définir les
grands principes des programmes d’investigations géotechniques à réaliser lors de la
mission G2 d’étude géotechnique de conception d’un projet.
Ces recommandations portent à la fois sur la nature des investigations, sur la quantité des
investigations et sur l’extension des investigations (profondeur, périmètre à investiguer…).
Elles concernent aussi bien les bâtiments que les ouvrages de génie civil ou les ouvrages
linéaires.

6.1 .1 .5. Normes d’essais


Au cours des dernières décennies, la normalisation dans le domaine de la géotechnique s’est
largement intensifiée et, aujourd’hui, pratiquement tous les essais in situ et de laboratoire
couramment réalisés font l’objet d’une norme.
Il convient de signaler que le domaine de la géophysique est l’objet d’un manque de référen-
tiels normatifs. Pour combler cette lacune, un recueil de fiches relatives aux différentes
techniques géophysiques a été élaboré en 1992 par les créateurs de l’association « AGAP » :
BRGM, CGG, CPGF et LCPC. Ce « Code de bonne pratique » est disponible sur le site de
cette association : www.agapqualite.org [6 Brgm 1992].

6.1.2. Programme de l’étude géotechnique

6.1 .2.1 . Modèle géologique préliminaire


Dans le cadre des missions d’ingénierie géotechnique, la phase étude de site (ES) de l’étude
géotechnique préalable (G1) [NF P94-500 2013] permet de décrire un modèle géologique
préliminaire.
Un modèle géologique est un ensemble de représentations d’un site sous ses différents aspects
(nature, répartition, propriétés des matériaux constitutifs). Ces représentations peuvent
prendre matériellement diverses formes : cartes, coupes, blocs-diagrammes, textes…

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Investigations géotechniques | 133

Ce premier modèle géologique peut être très sommaire, imprécis, voire de fiabilité douteuse.
Le but de la reconnaissance géotechnique est de l’améliorer pour permettre une conception
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de l’ouvrage qui repose sur des bases sûres et pertinentes.


La construction de ce modèle géologique, qui implique obligatoirement une visite du site
complétée de l’examen des ouvrages avoisinants, doit s’appuyer sur une enquête documen-
taire comprenant :
• la recherche et l’exploitation des cartes topographiques, géologiques (http ://infoterre.
brgm.fr) et autres documents géologiques existants, publications scientifiques, etc. ;
• l’étude des photos aériennes ;
• la consultation des documents relatifs aux risques naturels (cartes des carrières, cartes
des  risques, plan de préventions des risques naturels, cartes sismiques, etc.),
http ://www.risques.gouv.fr ;
• l’exploitation des banques de données, publiques et privées.
Ce modèle géologique doit également permettre une première identification des risques
géotechniques majeurs.
Le cas échéant, il convient de prendre en compte les résultats des investigations géotechniques
qui auraient été préalablement réalisées sur le site, voire les informations provenant de travaux
réalisés antérieurement à proximité.

6.1 .2.2. Établissement du programme de reconnaissance


Les investigations sont généralement progressives et accompagnent les différentes étapes de la
conception des ouvrages géotechniques. Elles doivent être adaptées à la phase de la mission à
réaliser, les investigations à prévoir dans les phases suivantes ne pouvant être entièrement
précisées qu’après l’exploitation des résultats de la phase précédente.
Le programme d’investigations géotechniques doit donc être établi en fonction de trois
éléments majeurs :
• la nature de l’ouvrage à réaliser, tel qu’il est connu dans les différentes phases de sa concep-
tion et de sa réalisation : phases esquisse, avant-projet sommaire, avant-projet détaillé,
projet et DCE ;
• le niveau d’avancement des études d’ingénierie géotechnique ;
• le contexte géologique, hydrogéologique et géotechnique, tel qu’il ressort du modèle
géologique préliminaire.
Elle devra en particulier permettre de définir :
• la géologie locale détaillée (modèle géologique à retenir),
• les caractéristiques physiques et mécaniques des sols (voire leurs caractéristiques chimiques),
• le contexte hydrogéologique avec les caractéristiques des aquifères,
• l’identification des risques avec leur impact sur le projet.
Il est important de préciser que ces investigations ne doivent pas nécessairement se limiter à
l’emprise du projet, mais être éventuellement étendue à la zone d’influence géotechnique
(ZIG), c’est-à-dire le volume de terrain au sein duquel il y a interaction entre d’une part le
projet (sa réalisation et son exploitation) et d’autre part son environnement (sols, ouvrages
environnants).

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134 | Reconnaissance des sols

6.1 .2.3. Diversité des techniques de reconnaissance


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Les types de sondages et essais géotechniques permettant de répondre aux différentes problé-
matiques ont été groupés en trois catégories :
• les sondages permettant de visualiser les sols, de prélever des échantillons, d’établir la
strati­graphie et la structure géologique des terrains ;
• les essais en laboratoire qui permettent d’identifier et de classer les sols, ainsi que de
mesurer certaines caractéristiques mécaniques ou hydrauliques (déformabilité, résistance,
perméabilité notamment) ;
• les essais in situ qui permettent de mesurer certains paramètres géotechniques des sols en
place, paramètres liés à leur nature, compacité, consistance, perméabilité, déformabilité et
résistance…
Ces différents outils de reconnaissance sont développés dans la suite de ce chapitre. Le para-
graphe 6.8 présente une analyse critique relative au choix des moyens d’investigation à mettre
en œuvre.
Par ailleurs, certains problèmes bien particuliers nécessitent de faire appel à des techniques
spécifiques (essais de perméabilité, diagraphies, géophysique, etc.).

6.1 .2.4. Maillage des sondages de reconnaissance


Il n’existe pas de règle simple quant à l’espacement à adopter entre les points d’investigation
sondages. Celui-ci est dicté par l’hétérogénéité supposée du site et par le projet lui-même,
d’où l’importance à accorder à l’enquête préliminaire et l’intérêt de la réalisation de l’étude
géotechnique en plusieurs phases.
L’annexe B.3 informative de la norme NF EN 1997-2 fournit des exemples de recommanda-
tions pour l’espacement entre sondages :
• pour les ouvrages industriels de grande hauteur, un quadrillage de sondages espacés de
15 m à 40 m ;
• pour les ouvrages de grande surface, un quadrillage de sondages espacés de moins de 60 m ;
• pour les ouvrages linéaires (routes, voies ferrées, canaux, canalisations, digues, tunnels,
murs de soutènement), des sondages espacés de 20 m à 200 m ;
• pour les ouvrages spéciaux (par exemple, ponts, cheminées, fondations de machines), deux
à six sondages de reconnaissance par fondation ;
• pour les barrages et déversoirs, des sondages espacés de 25 m à 75 m, au droit des coupes
pertinentes.

Le tableau 6.1 ci-contre extrait de [6 USG 2016] présente, pour une reconnaissance géotech-
nique réalisée dans le cadre d’une mission G2, un maillage minimum de reconnaissance pour
différentes catégories d’ouvrages, avec les profondeurs minimales associées.

La fréquence des essais in situ est parfois fixée par les normes relatives à ces essais. D’une façon
générale, les essais doivent être faits en nombre suffisant, eu égard à leur précision, afin
d’obtenir une valeur statistique représentative de chaque couche « homogène ».
Dans le cas où des essais de laboratoire sont envisagés, chaque couche de terrain identifiée, et
réputée homogène, doit faire l’objet d’un ou de plusieurs prélèvements d’échantillons non
remaniés selon son épaisseur.

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Tableau 6.1. Programme minimal de reconnaissance géotechnique lors des études de conception G2 (recommandations USG-Syntec)

Maille minimale en phase PRO


Ouvrage concerné Dont maille minimale en phase AVP Profondeur minimale
(intégrant reconnaissances des phases précédentes)

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1 point de reconnaissance tous les 50 m2 1 point de reconnaissance tous les 50 m2
Pavillon isolé avec un minimum de 3 points avec un minimum de 3 points 5 m sous la base des fondations prévisibles

Bâtiments de logements,
1 point de reconnaissance tous les 200 m2 avec un minimum de 1 point de reconnaissance tous les 300 m2 avec un minimum de
bureaux, tertiaires, publics, 5 m sous la base des fondations prévisibles
3 points et une distance maximale de 20 m entre points 3 points et une distance maximale de 25 m entre points
pavillons en bande…
1 point de reconnaissance tous les 400 m2 avec un minimum de 1 point de reconnaissance tous les 600 m2 avec un minimum de 2 m dans horizon peu compressible ou
Jusqu' à 10 000 m2 3 points et une distance maximale de 30 m entre points 3 points et une distance maximale de 40 m entre points 1,5 fois la largeur du bâtiment
Bâtiments industriels,
commerciaux, logistiques… 2 m dans horizon peu compressible ou
Au-delà de 10 000 m2 1 point de reconnaissance supplémentaire tous les 800 m2 1 point de reconnaissance supplémentaire tous les 1 200 m2
1,5 fois la largeur du bâtiment
Voiries (parkings aériens et 1 point de reconnaissance tous les 1 500 m2,
voiries liées au bâtiment) Selon contexte 3 m sous le niveau définitif de la voirie
avec un minimum de points

Pylônes 1 point de reconnaissance par pylône 1 point de reconnaissance par pylône 5 m sous la base des fondations prévisibles
Ouvrage isolé et ponctuel
Éoliennes terrestres Suivant recommandations CFMS du 5/07/2011 Suivant recommandations CFMS du 5/07/2011

Réseaux enterrés 1 point de reconnaissance tous les 100 ml Selon contexte 1 m sous fond de fouille prévu

Route / tramway / 1 point de reconnaissance tous les 100ml Selon contexte 5 m sous niveau fini, avec 5 m minimum
digue < 3 m sous TN initial
Ouvrages linéaires

Autoroute / ligne ferroviaire 1 point de reconnaissance tous les 100 ml Selon contexte 5 m sous niveau fini, avec 5 m minimum
sous TN initial

Quai / port /
1 point de reconnaissance tous les 50 ml Selon contexte 5 m dans substratum
digue > 3 m

2 ou 3 points de reconnaissance par ouvrage, suivant taille 1 point de reconnaissance par ouvrage 5 m dans horizon peu compressible ou
Stations d' épuration de l’ ouvrage et 1 point de reconnaissance tous les 500 m2 1,5 fois la largeur du bâtiment
1 point de reconnaissance tous les 150 m2 1 point de reconnaissance tous les 250 m2 5 m dans horizon peu compressible ou
Silos, réservoirs avec un minimum de 3 points avec un minimum de 2 points 1,5 fois la largeur du bâtiment

Ouvrages d' art Points 1 point de reconnaissance par appui 1 point de reconnaissance tous les 2 appuis 5 m sous la base des fondations prévisibles

ZIG Au minimum 1 point de reconnaissance par mitoyen Au cas par cas Au cas par cas
Investigations géotechniques
|
135

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136 | Reconnaissance des sols

La pose de piézomètres, en nombre suffisant, à l’intérieur des trous de sondage est un point à
ne pas négliger. Il apparaît utile de préciser que pour apprécier une direction d’écoulement, il
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faut au minimum trois points de mesures judicieusement disposés.

6.1 .2.5. Profondeur d’investigation


Il est toujours difficile d’estimer a priori la profondeur optimale des sondages puisqu’elle est
fonction de la qualité des terrains et du mode de fondation, objectifs non encore connus lors
de la reconnaissance. Pourtant, le critère systématiquement retenu pour fixer la profondeur
minimale d’une reconnaissance géotechnique dépend du niveau le plus bas prévisible des
fondations de l’ouvrage (ou des terrassements). La représentativité du modèle géologique
préliminaire est donc essentielle pour respecter ces recommandations.
Parmi les différentes règles figurant dans l’annexe B.3 informative de la norme NF EN 1997-2
P94-252, on retiendra pour cette profondeur minimale d’investigation dénommée za, définie
à partir du niveau le plus bas des fondations de l’ouvrage ou de l’élément structurel, ou du
fond de l’excavation :
• pour les ouvrages de grande hauteur et les ouvrages de génie civil, la plus grande des
valeurs suivantes :
–– za ≥ 6 m,
–– za ≥ 3,0 bF , où bF est la plus petite dimension de la fondation.
• pour les radiers et les ouvrages avec plusieurs éléments de fondation dont les effets se
superposent dans les couches en profondeur :
–– za ≥ 1,5 bB, où bB est la plus petite dimension de l’ouvrage.
• pour les pieux, la plus grande valeur parmi les trois conditions suivantes :
–– za ≥ 1,0 bg,
–– za ≥ 5,0 m,
–– za ≥ 3 DF , où DF est le diamètre de la base du pieu, et bg est la largeur du rectangle
circonscrit au groupe de pieux qui constitue la fondation, au niveau de la base des
pieux.
Rappel : le tableau 6.1 extrait de [6 USG 2016] fournit également des recommandations
concernant les profondeurs minimales à respecter pour les sondages de reconnaissance.
Ces valeurs sont comparables aux précédentes.

6.1 .2.6. Repérage et nivellement des sondages


L’implantation des sondages et essais in situ ainsi que leur repérage, tant en plan qu’en nivel-
lement, doivent être faits avec le plus grand soin. La meilleure solution est un rattachement
de chaque point en coordonnées Lambert ainsi qu’au nivellement général de la France ou du
pays concerné. Lorsque cela n’est pas possible, le repérage doit faire référence à des repères
indestructibles.

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Géophysique | 137

6.2. Géophysique
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6.2.1. Principes généraux


Les méthodes géophysiques peuvent trouver leur utilité à différentes phases d’une mission
d’ingénierie géotechnique. Par exemple, elles permettent d’apprécier l’hétérogénéité géolo-
gique d’un site ou bien encore, plus spécifiquement, de contribuer à la maîtrise d’un aléa
géotechnique détecté lors de l’analyse préliminaire, comme la recherche de cavités.
En aucune manière les méthodes géophysiques ne peuvent se substituer totalement aux
investi­gations par sondages. Dans certains cas, elles permettent cependant une meilleure
approche du programme de reconnaissance par une réduction du nombre de sondages et une
profondeur d’investigation optimisée.
Les méthodes utilisées dans le cadre des études géotechniques sont caractérisées par la mise en
œuvre de moyens adaptés aux problèmes posés et, notamment, d’un matériel relativement
modeste tant en termes d’encombrement que de coût, ce qui les distingue de la géophysique
dite profonde, pétrolière ou minière, même si elles en sont souvent dérivées.
Les principales méthodes utilisées dans le cadre des investigations géotechniques, et dont les
principes sont développés dans les paragraphes suivants, sont récapitulées dans le tableau 6.2.

Tableau 6.2. Méthodes géophysiques

Groupe de méthodes Paramètre physique étudié Champ mesuré Origine

Gravimétrie Densité Pesanteur Naturelle

Vitesse et/ou impédance acoustique Temps de trajet et amplitude


Sismique Provoquée
des ondes mécaniques des signaux transmis

Électrique en courant
Résistivité Différence de potentiel Provoquée
continu

Résistivité et/ou constante Naturelle ou


Électromagnétisme Champ magnétique
diélectrique provoquée

Les diagraphies différées, qui sont des techniques géophysiques mises en œuvre à l’intérieur
de forages, sont traitées séparément au paragraphe 6.11.

6.2.2. Gravimétrie
6.2.2.1 . Principe
Cette méthode est basée sur l’étude des variations du champ de pesanteur g à la surface de la
Terre, variations induites par les différences de masse des constituants du sous-sol. Utilisée
initialement en recherche pétrolière dans l’étude des structures des bassins sédimentaires, elle
a trouvé une application en génie civil grâce au développement d’appareils de haute sensibi-
lité. De ce fait, le terme microgravimétrie est utilisé.

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138 | Reconnaissance des sols

6.2.2.2. Applications
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La précision des mesures de l’accélération de la pesanteur de l’ordre de cinq microgals


(1 μGal = 10–8 m/s2) permet la détection d’anomalies peu profondes se traduisant par un
déficit de masse et, notamment :
• les cavités d’origine naturelle (vides karstiques),
• les cavités d’origine artificielle (carrières souterraines, galeries de mines, etc.),
• les zones de sols décomprimés (fontis).

6.2.2.3. Mise en œuvre


Un microgravimètre se présente sous la forme d’un boîtier que l’on pose sur le sol par l’inter-
médiaire d’une coupelle sur trépied réglable permettant d’assurer une horizontalité rigou-
reuse. Les mesures s’effectuent selon un maillage adapté à la taille et la profondeur des
anomalies recherchées, généralement de l’ordre de quelques mètres. Les points de mesure
doivent faire l’objet d’un relèvement topographique très précis, notamment en altimétrie, où
une précision du centimètre est nécessaire.
Si la Terre était homogène, parfaitement sphérique et immobile dans un espace vide, la valeur
de l’accélération de la pesanteur g serait égale en tout point de sa surface. Pour apprécier les
anomalies dues à l’hétérogénéité de la densité du sous-sol, il va falloir effectuer des corrections
pour éliminer l’influence de la forme de la terre, de sa rotation et de la présence des autres
corps célestes et prendre en compte la dérive de l’appareil de mesure, ce qu’une reprise des
mesures va permettre d’apprécier.
Toutes ces corrections conduisent à définir l’anomalie de Bouguer qui est le reflet des hétéro-
généités de densité des sols de subsurface conjuguées à celles d’origine profonde, qu’il convient
donc de filtrer. Après correction de cette anomalie dite « régionale », on obtient une carte
d’anomalie résiduelle (figure 6.1), où ne subsiste, a priori, que l’image des objets recherchés
dans les terrains superficiels.

Fig. 6.1. Exemple d’anomalie gravimétrique créée par une cavité souterraine

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Géophysique | 139

6.2.2.4. Limites d’utilisation


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Si la microgravimétrie est déconseillée dans les zones au relief très accidenté, en revanche, elle
se distingue de beaucoup d’autres méthodes par ses possibilités d’application dans les zones
urbaines ou industrielles, sous réserve de n’être pas perturbée par des vibrations parasites
(circulation, machines, etc.).
En ce qui concerne la profondeur d’investigation, la règle généralement adoptée est, que pour
qu’une cavité isolée soit décelable, il faut que l’épaisseur du recouvrement n’excède pas le
triple de sa hauteur.
La figure 6.2 illustre l’étude théorique des anomalies gravimétriques créées par la présence de
vides au sein de terrains d’une densité moyenne de 2. La figure 6.2a correspond à une salle de
carrière assimilée à une sphère et la 6.2b à une galerie assimilée à un demi-cylindre. L’anomalie
calculée est reportée en abscisse et le rayon de la cavité R en ordonnée. Chaque courbe corres-
pond à une épaisseur h de recouvrement en mètres. En dessous de 20 μGal il est couramment
admis qu’une anomalie n’est pas significative.

h= h=

R
R
20 20
Centièmes de milligal

Centièmes de milligal

2,5
1
2

7,5
4

15
7

10 10 ,5
22
10

,5
37
15
5 5

2 2
0 0
0 5 10 0 5 10
R (mètres) R (mètres)

a) Sphère b) Demi-cylindre

Fig. 6.2. Calcul théorique de l’anomalie gravimétrique créée par la présence d’un vide en profondeur
(selon document CGG)

6.2.3. Méthodes sismiques


6.2.3.1 . Principe
Les méthodes de reconnaissance sismique sont basées sur l’étude de la propagation des ondes
mécaniques dans le sol.
Au préalable, il convient de distinguer les deux principaux types d’ondes sismiques :
• les ondes dites de volume pour lesquelles on distingue :
–– les ondes P, appelées également ondes de compression ou ondes longitudinales, qui
sont les plus rapides ;
–– les ondes S, ondes de cisaillement ou ondes transversales, plus lentes que les précé-
dentes et qui ne se propagent pas dans les milieux liquides.

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140 | Reconnaissance des sols

• les ondes de surface (ondes de Love et ondes de Rayleigh) générées par les interférences
entre les ondes de volume, qui sont guidées par la surface du globe et qui n’existent et ne
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se propagent qu’au voisinage des interfaces séparant des matériaux de propriétés élastiques
différentes.
Nous ne présenterons ici que deux méthodes sismiques :
• La sismique réflexion analyse l’écho des ondes longitudinales émises par un choc créé en
surface (explosif, vibreur, etc.), après leur réflexion sur des interfaces entre formations
géologiques. Le déplacement en surface du dispositif comportant un émetteur et des
récepteurs permet l’obtention d’un « profil sismique » assimilable à une coupe géologique.
Réservée initialement aux reconnaissances profondes, cette méthode commence à trouver
des applications en génie civil avec le développement de la sismique de très haute résolu-
tion (SHR). Compte tenu de sa profondeur d’investigation (30 m à 150 m), elle n’est citée
que pour mémoire.
• La sismique réfraction est basée sur la mesure des temps de trajet des ondes de compres-
sion P se réfractant à la partie supérieure des différentes couches de sol, pour des distances
croissantes entre la source émettrice (chute de masse, explosif, etc.) et les récepteurs,
appelés géophones. Cette technique implique que le contraste des vitesses augmente avec
la profondeur.

6.2.3.2. Sismique réfraction

6.2.3.2.1. Applications
La sismique réfraction permet de définir la profondeur et l’inclinaison de différents horizons
géologiques suffisamment individualisés. Elle permet également d’apprécier leurs propriétés
élastiques à travers la mesure de la vitesse de propagation des ondes.
Cette méthode est utilisée notamment pour déterminer les épaisseurs des sols de couverture
meubles et pour apprécier le degré d’altération, de fissuration et de fracturation des massifs
rocheux. Elle permet également de mettre en évidence des accidents géologiques (failles) et de
localiser le toit de la nappe phréatique dans les alluvions.
Son principal domaine d’application est l’étude des terrassements pour lesquels elle permet de
différencier les terrains meubles des terrains rippables ou encore de ceux nécessitant l’emploi
du brise-roche ou de l’explosif (figure 6.3).

6.2.3.2.2. Mise en œuvre


La disposition adoptée pour la source émettrice et les géophones est désignée par le terme de
base sismique (figure 6.4). La profondeur d’investigation dépend des contrastes de vitesses et
de la longueur L du dispositif (en moyenne L/4 à L/5). La longueur de la base sismique doit
donc être fixée en fonction du but à atteindre. De même, l’espacement entre les géophones
est déterminé par la précision recherchée.
Généralement, la longueur des bases sismiques varie de 50 à 250 mètres pour un nombre de
géophones couramment égal à 12, 24 ou 48 selon les matériels utilisés.
En sismique réfraction traditionnelle, plusieurs dispositifs peuvent être réalisés :
• le tir direct : la source est située à l’extrémité de la base, côté géophone 1 (Ed) ;
• le tir inverse : la source est située à l’autre extrémité (Ei) ;
• le tir au centre : la source est placée au milieu de la base (Ec) ;

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Géophysique | 141

Nature des matériaux Vitesse sismique en m/s


500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000 4 500
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Limon
Moraine
R. IGNÉES
Granite
Basalte
Trapp
R. SÉDIMENTAIRES
Schiste
Grès
Marne
Argile
Poudingue
Brèche
Grès calcaire
Calcaire
R. MÉTAMORPHIQUES
Micaschiste
Quartzite
Gneiss
Ardoise
MINERAIS
Minerais de fer
Charbon
Défonçable Marginal ou défonçable Défonçable seulement
(1 tracteur) par 2 tracteurs en tandem après tirs d’ébranlement

Fig. 6.3. Table Caterpillar pour tracteur D9G (390 ch) avec défonceuse 9B une dent (tirée de l’ouvrage Reconnaissance
géologique et géotechnique des tracés de routes et autoroutes, laboratoire central des Ponts et chaussées, 1982)

Caméra « Flute »
+ Amplis Géophones
Boîte Ed Ec
Eo2 de tir Ei Eo1
G1 G2 G3 G4 G5 G6 G7 G8 G9 G10 G11 G12
Surface du sol
Charge
explosive v1
h Sol 1 (v1) i = arcsin
i v2
i

Sol 2 (v2)

Fig. 6.4. Principe d’une base sismique

• les tirs déportés, dits en offset : la source (Eo) est décalée de part et d’autre de la base à une
distance de l’ordre d’une demi-longueur. Ces tirs sont essentiels pour apprécier un éven-
tuel pendage des couches et les vitesses vraies des terrains.
Lorsque l’objectif de l’interprétation est une « tomographie sismique », les tirs sont implantés
tous les 2 ou 3 géophones.
La source sismique peut être constituée par une masse tombant sur le sol, par un impacteur,
voire par de l’explosif. Les informations obtenues sont fonction de l’énergie déployée. Après
amplification, les signaux perçus par les géophones sont enregistrés sur un support numérique.

EYR2212118902_Fondations.indb 141 07/01/2019 11:24


142 | Reconnaissance des sols

6.2.3.2.3. Interprétation
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Le traitement des données enregistrées consiste dans un premier temps à pointer pour chaque
tir les temps d’arrivée de l’onde aux capteurs. Leur report sous forme d’un graphique
temps/distance appelé branche de dromochronique traduit, pour chaque dispositif, la rela-
tion entre le temps de propagation et la distance parcourue par les ondes longitudinales
(figure 6.5). Lorsque les couches de sol sont homogènes, le graphique se compose de segments
de droite. Les pentes de ces segments permettent de déterminer les vitesses sismiques au sein
de chaque couche ; quant aux profondeurs des interfaces, elles peuvent être calculées à partir
des ordonnées à l’origine par la méthode dite des intercepts.
Cette méthode conventionnelle ne restitue pas les variations progressives de vitesse, ni verti-
calement ni horizontalement. L’interprétation par tomographie sismique, par l’application
d’un logiciel spécifique, permet de restituer les variations progressives de vitesse sismique par
zonation avec utilisation de codes de couleur.

Temps
m/s
250

200

150

100

50

0
Ed Ec Ei
15 15 m
Fig. 6.5. Dromochroniques

6.2.3.2.4. Limites d’utilisation


La principale contrainte de cette méthode est que les sols présentent des vitesses sismiques
croissantes avec la profondeur. Ainsi une anomalie de vitesse peu élevée située sous un horizon
à vitesse sismique élevée ne sera pas détectée. Sauf lorsque les vides évoluent en fontis vers la
surface, la recherche de cavité ne peut pas être traitée par la sismique réfraction
conventionnelle.
Par ailleurs, les méthodes sismiques sont très perturbées par les bruits de fond et leur utilisa-
tion est délicate en site urbain ou à proximité des voies de circulation.
L’usage de l’explosif peut être rendu nécessaire par la profondeur d’investigation à atteindre
ce qui, dans certains contextes, peut poser des problèmes de mise en œuvre.

EYR2212118902_Fondations.indb 142 07/01/2019 11:24


Géophysique | 143

6.2.4. Méthodes électriques


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6.2.4.1 . Principe
Les différentes méthodes de ce type ont en commun d’analyser la résistivité apparente ρ des
sols mesurée au moyen d’un système de quatre électrodes appelé dispositif quadripôle
(figure 6.6a). ρ s’exprime en Ω·m.
Le quadripôle comprend deux électrodes (A et B) par lesquelles un courant continu est
envoyé dans le sol et deux électrodes (M et N) entre lesquelles la différence de potentiel en
résultant est mesurée.

6.2.4.2. Applications
La résistivité des sols dépend principalement de leur teneur en eau et de la quantité de sels
dissous dans l’eau d’imbibition. Pour être différenciés, les sols doivent présenter des contrastes
de résistivité : argiles conductrices et graves résistantes, altérites conductrices et rocher sain
résistant.
Les méthodes électriques vont donc trouver leur application principalement dans les opéra-
tions suivantes :
• la recherche des variations d’épaisseur ou de nature lithologique des formations
superficielles,
• la mise en évidence d’anomalies naturelles ou artificielles (zones faillées, poches de disso-
lution, tranchées ou fossés remblayés, etc.),
• la détermination de niveaux aquifères.

6.2.4.3. Description des méthodes usuelles


Parmi les nombreuses méthodes, il en est deux primordiales qui permettent d’apprécier les
variations soit en profondeur soit latérales de la résistivité apparente du sous-sol.

6.2.4.3.1. Sondage électrique


Le sondage électrique consiste à effectuer en un même point une série de mesures en augmen-
tant progressivement l’écartement entre les électrodes d’émission A et B, situées aux extré-
mités du dispositif et centrées sur le point de sondage considéré. Les positions respectives des
électrodes A, B, M et N dépendent du type de dispositif utilisé :
• Le dispositif Wenner est tel que AM = MN = NB et les quatre électrodes sont déplacées à
chaque mesure. Il est peu utilisé en France.
• Le dispositif Schlumberger est tel que l’écartement entre M et N est fixe et petit devant AB.
Le matériel utilisé est relativement simple :
• le courant est produit par des piles ou par un groupe électrogène,
• l’intensité du courant injecté est contrôlée à l’aide d’un ampèremètre,
• la différence de potentiel est mesurée à l’aide d’un millivoltmètre auquel est adjoint un
système permettant de compenser la polarisation naturelle du sol.
Plus AB augmente, plus la valeur de la résistivité apparente mesurée intègre une tranche
de  sol profonde. Les résultats des mesures sont reportés sur un diagramme à échelle
bilogarithmique (figure 6.6b) avec AB/2 en abscisse et ρ en ordonnée. L’analyse des courbes

EYR2212118902_Fondations.indb 143 07/01/2019 11:24


144 | Reconnaissance des sols

obtenues, par comparaison avec des abaques théoriques précalculés ou par l’utilisation d’un
logiciel spécifique, permet la détermination d’une succession d’horizons électriquement
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homogènes, chacun défini par une épaisseur et une résistivité vraie.


Par interprétation géologique, il est ensuite possible d’associer à ces horizons une nature litho-
logique, comme le montre la figure 6.6b.
D’une façon générale, la profondeur d’investigation H dépend, selon les sols, de l’hétéro­
généité des terrains et de leur pendage. H varie de AB/10 à AB/5.

Générateur

mA
V
A M mv N B

Surfaces de courant

Surfaces équipotentielles

a) Dispositif quadripôle Schlumberger

2m Limons (100 Ω·m)


1 000 Calcaire (700 Ω·m)
Résistivité apparente (Ω·m)

6m

100 Marnocalcaire (85 Ω·m)

83 m
10 Argile (15 Ω·m)
1 10 100 1 000
AB/2 (m)

b) Interprétation d’un sondage électrique

Fig. 6.6. Sondage électrique

6.2.4.3.2. Traîné électrique


Le traîné électrique consiste à déplacer sur le terrain un dispositif quadripôle constant en vue
d’étudier les variations latérales de la résistivité apparente pour une tranche de terrain d’épais-
seur constante. Afin d’adapter le dispositif à l’épaisseur de sol à reconnaître, il convient de
procéder au préalable à quelques sondages électriques. Il est possible, parfois nécessaire,
d’effec­tuer plusieurs séries de traînés avec des dispositifs de géométries différentes (contrôles
des variations de résistivité à plusieurs profondeurs).
La profondeur d’investigation restant sensiblement constante pour une longueur de ligne AB
donnée, les hétérogénéités du sol se traduisent par des variations de la valeur de la résistivité
mesurée. Les résultats obtenus sont reportés sur des cartes de résistivité établies à partir des
différents profils effectués.

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Géophysique | 145

6.2.4.3.3. Panneau électrique


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Le panneau électrique consiste à déplacer sur le terrain le dipôle MN, avec pour chaque point
une double mesure ayant des positions symétriques de A, l’électrode B étant située à l’infini.
Cette technique est parfois utilisée pour la recherche de vides ou d’anomalies d’allure verti-
cale (faille, contact lithologique, etc.).

6.2.4.4. Limites d’utilisation


Les méthodes électriques peuvent être perturbées par les courants telluriques et les phénomènes
de polarisation spontanée, mais le principal obstacle à leur utilisation réside dans les courants
parasites induits par la présence de lignes électriques, câbles enterrés, conduites métalliques,
etc. Les sites urbains et industriels ne conviennent généralement pas à leur mise en œuvre.

6.2.5. Électromagnétisme

6.2.5.1 . Principe
Les méthodes regroupées sous cette appellation permettent de déterminer la conductivité
apparente des sols à partir de la mesure du champ magnétique (parfois électrique) créé par un
émetteur artificiel.

6.2.5.2. Applications
Liée à la fréquence de l’émetteur utilisé et à la distance émetteur-récepteur, la profondeur
d’investigation est relativement faible. Elle est cependant bien adaptée à l’étude des forma-
tions superficielles.
L’avantage de ces méthodes réside principalement dans leur facilité de mise en œuvre et la
possibilité, pour certaines d’entre elles, d’obtenir un profil continu de conductivité
apparente.
En génie civil, elles trouvent surtout leur application dans le domaine des terrassements mais
peuvent également être utilisées, en concurrence avec les méthodes électriques, pour la mise
en évidence de sols présentant des contrastes de résistivité (contacts lithologiques, zones
faillées, etc.).

6.2.5.3. Mise en œuvre


La distinction entre les différentes méthodes porte essentiellement sur la nature de
l’émetteur.

6.2.5.3.1. Méthode EM : émetteur proche contrôlé


L’appareillage comprend un émetteur et un récepteur séparés par une distance variant de 1 à
40 mètres, voire 100 mètres. L’émetteur est constitué d’un système de bobines dont l’orienta-
tion peut varier. Il est également possible d’intervenir sur la fréquence du champ électroma-
gnétique émis. Le récepteur, situé à une distance variable, mesure le champ magnétique total
et la comparaison avec le champ émis permet de déterminer une conductivité apparente.

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146 | Reconnaissance des sols

Le déplacement du dispositif le long des profils de mesure apparente cette méthode au traîné
électrique, différentes positions de l’émetteur permettant éventuellement plusieurs profon-
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deurs d’investigation. Une illustration de cette technique est donnée par la figure 6.7.

Tranchée remblayée
Fig. 6.7. Carte de conductivité (document CGG)

6.2.5.3.2. Méthodes VLF et RMT : émetteurs éloignés


La mesure du champ magnétique et du champ électrique créés par des émetteurs extérieurs
(émetteurs non contrôlés) s’effectue à l’aide de deux méthodes différentes :
• la méthode VLF (Very Low Frequency), reposant sur les émetteurs destinés aux sous-marins
(bande 8-25 kHz),
• la méthode RMT (radio-magnéto-tellurique), utilisant les émetteurs de radiodiffusion (de
8 kHz à 1,6 MHz).
Cette dernière, la plus courante, utilise des capteurs portés ou traînés derrière un véhicule se
déplaçant à une vitesse ne dépassant pas 3 km/h. Le traitement des mesures permet d’obtenir
des enregistrements graphiques continus de la valeur de la résistivité apparente des sols le long
des profils étudiés.

6.2.5.3.3. Radar géologique


Le radar géologique permet d’obtenir une « échographie » du sous-sol. Cet appareillage mobile
émet des impulsions électromagnétiques dont la fréquence varie de 20 MHz à 2,5 GHz. Les
échos créés par la réflection de ces impulsions sur les interfaces de milieux électriquement
contrastés sont alors enregistrés. L’imagerie ainsi obtenue met en évidence certaines anoma-
lies du sous-sol. La profondeur d’investigation est limitée ; elle atteint cependant plusieurs
mètres dans les terrains électriquement résistants.

6.2.5.4. Limites d’utilisation


Les perturbations liées aux milieux industriels et urbains sont très préjudiciables à ces
méthodes. Lorsqu’un émetteur éloigné non contrôlé est utilisé, des conditions de bonne
réception des ondes radio sont indispensables.

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Géophysique | 147

6.2.6. Domaines d’application des méthodes géophysiques


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L’utilisation des méthodes géophysiques nécessite la connaissance préalable des données du


problème posé. Par exemple, dans le cadre d’une recherche de cavités, il faut connaître : la
profondeur et la géométrie présumées des vides, le contexte géologique et l’environnement
du site.
En effet, le choix de la technique d’investigation dépend de la nature du problème mais aussi
des contraintes liées au site concerné.
Pour l’utilisateur, ceci implique d’accepter la possibilité d’un échec généralement explicable
a posteriori ; par exemple, lors de recherches de cavité, la présence d’hétérogénéités au sein des
sols de recouvrement (variation importante de la densité du sous-sol) peut oblitérer la mise
en évidence des anomalies liées aux seuls vides.
Bien qu’il soit délicat de recommander a priori une méthode pour une application donnée, il
est néanmoins possible d’orienter le choix de l’utilisateur sans que cela constitue une réfé-
rence absolue. Le tableau 6.3 (page suivante) est une adaptation résumée du « Code de bonne
pratique » [6 BRGM 1992] dans le domaine de la géotechnique.
En conclusion, les méthodes géophysiques viennent compléter harmonieusement les investi-
gations mécaniques ponctuelles mais ne peuvent se substituer à ces dernières. Elles permettent
d’obtenir des résultats d’ordre qualitatif à moindre coût et, dans une certaine mesure, des
informations quantitatives.
En tout état de cause, les résultats fournis par des méthodes géophysiques doivent impérati-
vement être étalonnés et contrôlés par des moyens appropriés.

6.3. Sondages et forages


6.3.1. Introduction

6.3.1 .1 . Définitions
Les deux termes de sondage et forage, qui sont souvent confondus, doivent pourtant être
distingués. La norme XP P94-202 relative au prélèvement des sols et des roches précise que
le terme de sondage englobe l’investigation, quel que soit son mode, avec ou sans exécution
d’un trou, ainsi que l’ensemble des informations recueillies. Le forage désigne l’exécution du
trou proprement dit, ou la technique utilisée.
Les buts des sondages peuvent être divers, c’est- à-dire :
• établir une coupe lithologique,
• prélever des échantillons de sol, non remaniés ou remaniés, afin de réaliser des essais de
laboratoire (voir plus loin),
• permettre la réalisation d’essais in situ (pressiométrie, essais de perméabilité, etc.) ou de
diagraphies.

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148
|
Tableau 6.3. Choix des méthodes géophysiques

Reconnaissance géologique des sites géotechniques Reconnaissance des tracés linéaires

Stratigraphie Formations Discontinuités Localisation Recherche Localisation Terrassements Détermination Réalisation


Lithologie superficielles Fracturation des aquifères de cavités de zones Rippabilité des zones de
(altérites alluvions) alluviaux karstifiées compressibles tranchées

EYR2212118902_Fondations.indb 148
Microgravimétrie –– – –– O ++ – O – ––
Reconnaissance des sols

Sismique réfraction + ++ + + –– – ++ + ––

Sondage électrique ++ + – ++ –– + – + –

Traîné électrique – – + + O + – + +

Panneau électrique + – ++ + –– ++ – – O

EM + – + + –– + – – +

RMT + – – – – – + + ++

VLF – – + – –– + – – +

Radar géologique – –– – –– + – – – +

Légende : O Technique considérée comme non applicable


−− Technique mal adaptée sauf exception
− Technique d’emploi limité nécessitant une justification
+ Technique adaptée mais potentiellement incomplète ou à combiner avec d’autres techniques géophysiques
++ Technique généralement considérée comme fournissant une excellente approche

07/01/2019 11:24
Sondages et forages | 149

Il apparaît important de préciser que les sondages sont rarement parfaitement polyvalents :
• pour un sondage destiné au prélèvement d’échantillons de sol, la qualité de ces derniers
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primera éventuellement sur la qualité des parois du trou de forage ;


• si le sondage doit permettre la réalisation d’essais d’eau ou d’essais géotechniques in situ, la
qualité du trou de forage sera privilégiée, dans le respect des exigences normatives des
essais concernés ;
• dans le cas de sondages de reconnaissance destinés à l’enregistrement des paramètres de
forage, le contrôle de la foration sera particulièrement soigné, la qualité de la paroi du trou
de forage devenant plus accessoire.

6.3.1 .2. Méthodes de prélèvement


D’après la norme NF EN ISO 22475-1 les méthodes de prélèvement de sol ont été classées
en trois catégories, A, B et C en fonction de la meilleure classe de qualité pouvant être obtenue
dans l’optique de la réalisation d’essais de laboratoire, comme résumé dans le tableau  6.4
extrait de la norme NF EN 1997-2.
La règle générale est que les échantillons doivent contenir tous les constituants minéraux de
la couche dans laquelle ils ont été prélevés. Ils ne doivent pas avoir été contaminés par un
quelconque matériau d’une autre couche, ni par des additifs utilisés lors de la phase de
prélèvement.
Tableau 6.4. Catégories de prélèvement

Propriétés du sol / Classe de qualité 1 2 3 4 5

Propriétés du sol inchangées


- granuralité × × × ×
- teneur en eau × × ×
- masse volumique, indice de densité, perméabilité × ×
- compressibilité, résistance au cisaillement ×
Propriétés pouvant être déterminées
- succession des couches × × × × ×
- limites grossières des couches × × × ×
- limites fines des couches × ×
- limites d’Atterberg, masse volumique des particules × × × ×
Teneur en matières organiques
- teneur en eau × × ×
- masse volumique, indice de densité, porosité, perméabilité × ×
- compressibilité, résistance au cisaillement ×
A
Catégories de prélèvement conformément à la norme
B
EN ISO 22475-1
C

Les méthodes de prélèvement de catégorie A doivent permettre d’obtenir des échantillons de


classe de qualité 1 ou 2, pour lesquels aucun remaniement ou un remaniement très léger de
la structure du sol se produit pendant la phase de prélèvement ou lors de la manutention des
échantillons.

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150 | Reconnaissance des sols

Les méthodes de prélèvement de catégorie B ne permettent pas d’obtenir des échantillons de


classe de qualité 1 ou 2. Leur but est d’obtenir des échantillons contenant tous les consti-
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tuants du sol en place dans leurs proportions originales et avec une teneur en eau naturelle
intacte. La disposition générale des différentes couches ou composants de sol peut être iden-
tifiée. La structure du sol a été remaniée.
Les méthodes de prélèvement de catégorie C ne permettent pas d’obtenir des échantillons de
classe de qualité autre que 5. La structure du sol prélevé a été complètement modifiée et les
couches en place ne peuvent être identifiées avec exactitude.

6.3.2. Différents types de forages


6.3.2.1 . Choix de la technique de forage
Si comme nous venons de le voir la finalité d’un sondage est déterminante dans ce choix,
d’autres critères sont également essentiels comme :
• la nature du sol, ou de la roche, à travers leur résistance, leur cohésion,
• la présence d’eau,
• les contraintes d’accessibilité au point de sondage…
Les quatre grandes familles de sondages développées ci-après se distinguent essentiellement
par la qualité des prélèvements obtenus. Les différents types de sondages peuvent être égale-
ment classés en quatre catégories d’après la technique de forage mise en œuvre : rotation,
percussion ou battage, rotopercussion, rotovibration.

6.3.2.2. Sondages par puits, tranchée, fouille et galerie


Le creusement s’effectue de façon mécanique ou manuelle. Ces sondages ne sont pas obliga-
toirement visitables, bien que ce soit leur principal intérêt, mais permettent généralement
une visualisation spatiale des coupes de terrain. Lorsqu’ils sont accessibles et si la nature du
terrain s’y prête, ils permettent de prélever des échantillons non remaniés de grande taille. Il
est possible de les classer parmi les méthodes de prélèvement de catégorie A ou B.
Si les puits et les tranchées sont d’un coût raisonnable, les galeries sont très onéreuses et ne
sont réalisées que dans le cadre d’études d’ouvrages complexes (tunnels, barrages, etc.).
Lorsqu’ils sont destinés à être visitables, la réalisation de ce type de sondages est soumise à des
règles de sécurité strictes concernant la tenue des parois (blindage).

6.3.2.3. Sondages carottés


Ce mode d’investigation permet d’obtenir des échantillons de sol peu ou pas remaniés. Le
prélèvement peut être réalisé :
• soit lors du forage, par carottage continu ;
• soit spécifiquement au moyen d’un outil adapté, dans le but d’obtenir des échantillons de
sol de classe de qualité 1 ou 2.
L’outil utilisé est appelé carottier. Le mode d’enfoncement du carottier dans le sol peut se faire
soit par poinçonnement, soit par rotation.
Les sondages carottés sont développés plus loin dans le paragraphe 6.3.3.

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Sondages et forages | 151

6.3.2.4. Sondages semi-destructifs


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Le terme de semi-destructif est utilisé lorsque la nature des sols prélevés est identifiable sans
équivoque, mais que leur remaniement est tel que cette technique ne peut être classée que
dans la catégorie B voire C. Ces sondages ne sont applicables qu’aux sols meubles du fait des
modes de creusement utilisés.
Dans cette catégorie, il est possible de distinguer les outils de forage en rotation ci-après, pour
lesquels l’outil, par l’intermédiaire d’un train de tige, reçoit la poussée nécessaire à la pénétra-
tion et le couple permettant le découpage du sol.
• La tarière à main. Rudimentaire, elle est toujours utile lorsqu’un site est inaccessible à du
matériel motorisé. Elle est constituée d’une hélice conique surmontée d’un cylindre ouvert
sur toute sa longueur (appelée cuillère), d’un diamètre de 35 à 150 mm, prolongé par un
train de tiges ; la rotation est assurée par un « tourne-à-gauche » manié par un opérateur
(figure  6.8a). Avec injection de boue, la tarière à main produit des trous d’excellente
qualité pour la réalisation d’essais pressiométriques dans les sols mous sous la nappe. Ce
mode d’investigation est limité en profondeur, surtout si le sol renferme des éléments
grossiers.
• Les tarières continues. Relativement simples, elles sont constituées d’une spire métallique
enroulée autour d’une tige (figure 6.8b), l’âme, terminée par un outil d’attaque, constitué
de doigts ou d’une « queue de carpe ». L’enfoncement dans le sol se fait par rotation à l’aide
d’une machine de forage. On distingue :
–– les tarières courtes (quelques tours de spires), qui peuvent être de gros diamètre
(jusqu’à plus d’un mètre), et pour lesquelles le forage s’effectue par passes successives
afin de recueillir les déblais retenus par les spires ;
–– les tarières longues continues (spires sur toute la longueur), généralement de diamètre
moins important que les précédentes, qui permettent au matériau de remonter à la
surface au fur et à mesure de la foration. Pour ces dernières, l’âme peut être pleine
ou creuse.


a) Tarière à main b) Tarières continues c) Seau rotatif

Fig. 6.8. Outils semi-destructifs

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152 | Reconnaissance des sols

En l’absence de tout système de tubage, les tarières usuelles ne peuvent être utilisées que
lorsque les parois du trou ne s’éboulent pas (sols cohérents sans venues d’eau importantes).
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Dans le cas contraire, seules les tarières à âme creuse permettent d’assurer la tenue des
parois grâce à l’utilisation d’une boue de forage.
La profondeur d’investigation des sondages à la tarière mécanique est extrêmement variable
puisqu’elle dépend des outils utilisés, de la puissance de la machine et surtout de la nature
des sols traversés. Le refus peut être obtenu soit sur un obstacle, par exemple un niveau de
roche dure, soit par frottement au sein des couches résistantes.
Pour un coût peu élevé, ce mode d’investigation permet de prélever des échantillons de
sols, certes remaniés, mais dans des quantités généralement suffisantes pour réaliser des
essais d’identification.
• Les seaux rotatifs (ou buckets). Ce sont des tarières simples coiffées d’un seau cylindrique
à fond ouvrant (figure  6.8c). Utilisés avec une boue de forage, ces outils permettent le
prélèvement de sols pulvérulents. Compte tenu des gros diamètres utilisés, la machine de
forage doit être relativement puissante.

6.3.2.5. Sondages destructifs


Le mode de foration le plus rapide consiste à désagréger le sol à l’aide d’un outil adapté et à
remonter vers la surface les débris, appelés cuttings, à l’aide d’un fluide. Selon les modes de
foration et les sols traversés, le fluide peut être de l’air comprimé, de l’eau ou de la boue.
L’attaque du sol se fait soit en rotation simple, soit en rotopercussion, la frappe de l’outil
pouvant être assurée depuis la surface (marteau hors du trou) ou directement sur celui-ci
(marteau fond de trou).
Compte tenu de leur coût modéré les sondages destructifs, bien que ne permettant pas le
prélèvement d’échantillons de sol, sont d’un usage très répandu pour la réalisation des essais
in situ et sont développés plus loin dans le paragraphe 6.3.4.

6.3.3. Sondages carottés


6.3.3.1 . Objectifs
La colonne de sols remontée lors d’un sondage carotté continu permet d’effectuer des observa­
tions d’ordre géologique (pétrographie, stratigraphie, données structurales, etc.). Cette
technique de reconnaissance peut être combinée avec une méthode de prélèvement conforme
à la catégorie A, permettant la réalisation d’essais de laboratoire destinés à l’identification des
sols et à la mesure de leurs caractéristiques mécaniques.

6.3.3.2. Techniques de carottage

6.3.3.2.1. Définition
Un carottier est, d’après la norme XP P94-202, « un outil de prélèvement cylindrique à
section circulaire destiné à obtenir un échantillon ou carotte, et mis en œuvre dans un forage
réalisé à cet effet, soit par poinçonnement (fonçage, battage ou vibropercussion), soit par
rotation ».

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Sondages et forages | 153

6.3.3.2.2. Carottage par poinçonnement


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Plusieurs moyens, décrits ci-après, sont utilisés pour enfoncer le carottier dans le sol :
• Le battage, qui est la technique la plus ancienne et la plus rudimentaire, consiste à battre
dans le sol à l’aide d’un mouton un tube à paroi épaisse dont l’extrémité inférieure est en
forme de trousse coupante biseautée intérieurement. Les risques de remaniement de
l’échantillon sont assez élevés. Dans cette technique, il est possible de classer :
–– les soupapes, carottiers rustiques où un système d’obturation par clapet, boulet ou
piston permet de retenir les matériaux récupérés ;
–– l’essai de pénétration au carottier [NF P94-116 1991] et [EN ISO 22476-3], qui est
traité plus loin (voir § 6.4.1.2).
• La benne preneuse, ou hammer-grab, qui est constituée d’un cylindre métallique lourd
muni à sa base de coquilles mobiles servant de trépan et manœuvrée à l’aide d’un câble,
utilise également la technique du battage, ou du battage-havage lorsque le caractère
boulant des sols nécessite la mise en place d’une colonne provisoire.
• La vibropercussion se distingue du battage par une fréquence de frappe plus élevée et par
une mise en œuvre nécessitant des moyens plus sophistiqués. Associée à un système de
tubage à l’avancement, elle est particulièrement bien adaptée au prélèvement des alluvions
sablo-graveleuses noyées. Grâce à un carottier échantillonneur équipé d’une gaine et
associé à un marteau fond de trou, il est possible de récupérer des échantillons représen­
tatifs en termes de granulométrie alors que les autres techniques conduisent souvent à un
délavage des fines.
• La pression permet de foncer par vérinage un carottier présentant une paroi plus ou moins
épaisse et muni d’une trousse coupante. Les carottiers poinçonneurs à paroi mince peuvent
être équipés d’une gaine intérieure. L’emploi de cette technique est limité aux sols meubles.
Le carottier utilisé (figure 6.9a) est appelé APM (appareil à paroi mince). Il comporte des
évents en partie supérieure pour éviter la compression de la carotte.
• Le carottier à piston stationnaire, ou APS (figure  6.9b), fonctionnant selon le même
principe, est particulièrement adapté aux prélèvements des sols fins de faible résistance. Il
peut être utilisé soit après un forage préalable soit foncé directement dans le sol. Il est
constitué d’un tube à paroi mince équipé d’un étui à l’intérieur duquel coulisse un piston
dont la face inférieure est de forme conique. Ce piston est verrouillé en partie basse du
carottier lors de sa mise en place à la profondeur de prélèvement. Lors du fonçage du tube
carottier dans le sol, il est alors désolidarisé de ce dernier et maintenu fixe grâce à un méca-
nisme piloté depuis la surface. Une parfaite étanchéité, assurée par un système de joints,
est indispensable pour garantir le maintien de l’échantillon à l’intérieur du carottier lors de
la remontée.

6.3.3.2.3. Carottage par rotation


Le carottage rotatif est pratiquement adapté à tous les types de sols présentant une certaine
cohésion. Contrairement aux techniques précédentes, il nécessite l’utilisation d’un fluide
d’injection qui permet le refroidissement de l’outil, l’évacuation des matériaux détruits et,
éventuellement, qui assure le maintien des parois de forage.
Le couple de force nécessaire au carottier pour découper le sol est transmis depuis la machine
de forage par un train de tiges creuses au travers duquel circule le fluide d’injection.

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154 | Reconnaissance des sols

Les carottiers rotatifs peuvent être de différents types :


• Carottier simple (figure  6.9c). Il est constitué d’un simple tube muni à sa base d’une
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couronne très résistante généralement surmontée d’un extracteur, pièce qui permet le
maintien de l’échantillon de sol au sein du carottier pendant la remontée. Cet échantillon
est soumis au frottement à l’intérieur du carottier ainsi qu’à la circulation du fluide de
forage : il s’en trouve très altéré, sauf dans certaines roches dures insensibles à l’eau.
• Carottier double. Afin de remédier aux inconvénients cités précédemment, il est possible
d’utiliser des carottiers présentant un double tube. Le tube intérieur est rendu indépen-
dant du mouvement de rotation par un système de roulements. Un extracteur à ressort est
le plus souvent interposé entre la couronne et le tube intérieur. La circulation du fluide
s’effectue entre les deux tubes sans perturber le sol.
• Carottier triple enveloppe (figure 6.9d). Le tube intérieur d’un carottier double peut être
éventuellement équipé soit d’un tube supplémentaire en acier à paroi mince divisé en deux
longitudinalement, soit d’un étui amovible en PVC. L’échantillon à prélever est ainsi récu-
péré directement dans cette enveloppe, ce qui assure sa protection lors de la manutention
et dispense d’un conditionnement ultérieur dans le cas d’étui en matière plastique.
• Carottier à trousse intérieure rétractable. Afin de carotter efficacement des terrains présen-
tant des alternances de couches de dureté variée, des améliorations ont été apportées aux
carottiers précédents. Un système de ressort permet au tube intérieur, muni d’une trousse
coupante, de dépasser de la couronne lorsque le sol est mou et de se rétracter lorsque la
résistance du terrain s’accroît.

Câble Circulation d’eau

Messager

Système Tête
de
verrouillage
Évent
Pivot
Bille Tube Tube
carottier intérieur
Étui

Tube Tube
Étui
carottier carottier
Piston
Trousse Extracteur
coupante

Trousse Couronne
coupante

a) APM b) APS c) Simple d) Triple

Fig. 6.9. Les principaux types de carottiers

• Carottiers à câble. Pour cette technique, le tubage de section constante, qui remplace le
train de tige, transmet le mouvement de rotation et découpe le terrain, étant équipé d’une
couronne. Le carottier proprement dit est descendu à l’aide d’un treuil à l’intérieur de ce
tubage auquel il est verrouillé pendant le forage. En fin de passe de carottage le carottier
est remonté au câble grâce à un système repêcheur. Cette technique présente divers avan-
tages : sécurité vis-à-vis des risques d’éboulement, limitation de la déviation du forage et

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Sondages et forages | 155

rapidité des manœuvres. Elle est bien adaptée aux sondages profonds dans des terrains
rocheux relativement homogènes. Ils sont relativement peu utilisés pour les reconnais-
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sances géotechniques, en particulier lorsqu’elles sont peu profondes.

6.3.3.2.4. Les couronnes


Les couronnes équipant la base des carottiers sont destinées à découper par rotation un
cylindre de sol ou de roche, appelé carotte. Il existe une grande variété de couronnes, dans
leur nature et leur forme, selon les types de terrain traversés, mais aussi des caractéristiques de
la machine et du type de fluide utilisés :
• couronnes en métal dur à base d’inserts en carbure de tungstène (prismes, plaquettes,
éclats) qui sont utilisées pour les formations tendres ou friables ;
• couronnes à diamants sertis ou dites imprégnées qui sont réservées aux roches dures.

6.3.3.3. Choix des techniques de carottage


Ce choix dépend principalement de la destination des informations recherchées. Il convient
d’être beaucoup plus exigeant sur la qualité des échantillons récupérés s’ils sont destinés à des
essais en laboratoire que s’il s’agit d’une simple identification visuelle des horizons
rencontrés.
Le principal critère en matière de carottage est le taux de récupération (%), rapport entre la
longueur de la carotte et la longueur correspondante du forage. La mise en œuvre d’une
mauvaise technique peut entraîner un taux de récupération nul dans certains sols qui, alors,
ne sont pas détectés par la reconnaissance.
La norme NF P94-202, Prélèvement des sols et des roches, préconise les moyens de prélèvement
à utiliser en fonction de la nature du sol et de la destination des échantillons. Le tableau 6.5
(page suivante) résume ces recommandations relatives aux prélèvements d’échantillons non
remaniés. Pour certains types de sols très hétérogènes, un remaniement est inévitable.

6.3.3.4. Coupe de sondage


Les échantillons de sols, appelés carottes, sont placés au fur et à mesure de la foration dans un
emballage garantissant leur intégrité lors du transport. Cet emballage, en bois ou en polypro-
pylène, est appelé couramment « caisse à carotte ». Il doit nécessairement comporter un
étiquetage pérenne de l’identification précise du sondage (entreprise, chantier, ouvrage, date
d’exécution…) et, sur les cloisonnements intérieurs, l’indication des profondeurs des diffé-
rentes passes de carottage.
Une coupe de sondage qui récapitule les informations recueillies est établie (figure 6.10). Elle
comporte notamment les indications suivantes :
• la profondeur et l’altitude des changements de nature des sols ;
• la description lithologique et la représentation symbolique des sols ;
• l’unité stratigraphique correspondante, si elle est identifiable ;
• le pourcentage de récupération traduisant la qualité du carottage ;
• pour les roches, le RQD (Rock Quality Designation), donné par la formule suivante, qui
exprime la densité de fracturation :
∑ longueur des carottes > 10 cm
RQD (%) = × 100
longueur de la passe de carottage

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156
|


Tableau 6.5. Moyens de prélèvement d’échantillons non remaniés

Moyen de prélèvement Carottier poinçonneur Carottier rotatif

à piston à paroi mince à paroi épaisse simple double triple triple


Type de sol stationnaire par fonçage par battage ou à trousse
vibofonçage dépassante

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très mous à mous
++ +
(vases, tourbes)
Reconnaissance des sols

fermes (limons,
++ + +
argiles)
Sols fins raides à très raides
(limons, argiles + + ++
consolidées)

durs (marnes, argiles

une formation lithologiquement homogène.


++ +
surconsolidées)

sables lâches ++*


Sables propres
sables compacts ++* ++*

++*
Graves propres (tubage à

• les niveaux aquifères relevés avec les dates correspondantes.


l’avancement)

Sables argileux ou limoneux ++ ++

Sols hétérogènes (argiles graveleuses,


++*
à silex, moraines, éboulis…)

Roches + + +

++ : recommandé + : adapté * : échantillon remanié

longueur moyenne (en cm) des éléments de carottes pour une longueur donnée, par exemple
à travers un autre paramètre que le RQD : l’intervalle entre discontinuités, noté ID, qui est la
la description de l’équipement piézométrique éventuel : hauteur crépinée, étanchéité, etc. ;

Il convient de noter que, pour les roches, il est possible d’apprécier la densité de fracturation

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Sondages et forages | 157

En complément de la coupe de sondage, il est également d’usage, voire imposé contractuelle-


ment, de fournir des planches photographiques des caisses de carottes avec échelle et mire
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de couleur.

Fig. 6.10. Exemple de coupe de sondage carotté

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158 | Reconnaissance des sols

6.3.4. Forages destructifs


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6.3.4.1 . Introduction
Les forages destructifs peuvent être réalisés dans des diamètres variables pouvant dépasser le
mètre lorsqu’ils sont utilisés pour des fondations profondes ou des forages d’eau. En recon-
naissance de sols, les diamètres sont généralement inférieurs à 150 mm.
Compte tenu de sa destination, un mode de forage destructif adapté aux études géotech-
niques doit permettre la foration dans tous les types de sol jusqu’aux profondeurs requises,
qui excèdent rarement la cinquantaine de mètres. Il doit également présenter certaines
garanties quant à la qualité du trou de forage ainsi créé, notamment quand il est destiné aux
essais in situ.
La technique de foration doit assurer :
• la désagrégation du sol,
• la remontée des sédiments vers la surface,
• la tenue des parois du forage.

6.3.4.2. Opérations liées à la foration

6.3.4.2.1. Désagrégation du matériau


L’essai géotechnique le plus représentatif pour apprécier la dureté, c’est-à-dire la forabilité des
roches, est la résistance à la compression (voir chapitre 4). Toutefois, parmi les roches dures,
il faut différencier deux types de roches, qui se comportent différemment à la foration :
• les roches au comportement fragile, constituées de grains plus ou moins fins, imbriqués et
cimentés entre eux ; ce sont les roches magmatiques comme le granite, certaines roches
sédimentaires, les calcaires, le grès, etc. ;
• les roches au comportement plastique, comme les argiles, les marnes, les évaporites.
L’abrasivité est une autre caractéristique essentielle eu égard à la foration : elle a pour consé-
quence une usure plus ou moins rapide des outils et dépend de la forme et de la dureté des
grains formant la roche.
Trois techniques sont utilisées pour désagréger le matériau :
• La rotopercussion : la percussion fragmente le sol ou la roche sous l’effet de chocs répétés.
La rotation qui lui est associée permet de déplacer l’impact. Les outils sont des taillants
présentant des arêtes ou des boutons équipés de plaquettes en carbure de tungstène
(figure 6.11a). Ce mode de foration est surtout adapté aux roches fragiles où l’onde de
choc provoque une fracturation du matériau.
• Le découpage : comme le ferait un foret, il est possible d’arracher des fragments de sol
grâce à un outil travaillant en rotation et présentant un angle de coupe positif (figure 6.11b).
Cette technique est adaptée aux roches plastiques qui transmettent mal les ondes de choc
et sont insensibles à la percussion.
• L’écrasement : l’action de mollettes munies de dents ou de picots roulant ou glissant sur le
sol permet de broyer ce dernier. De forme conique, les mollettes sont généralement au
nombre de trois : l’outil s’appelle alors tricône (figure  6.11c). Il existe également des
bicônes pour les forages en petit diamètre.

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Sondages et forages | 159

Extrait documentation APAGEO


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a) Taillant en croix b) Outil à lame pour c) Tricône pour


pour rotopercussion découpage en rotation écrasement rotatif

Fig. 6.11. Outils destructifs

6.3.4.2.2. Évacuation des sédiments


Le produit de la désagrégation des sols se présente sous la forme de sédiments (ou cuttings)
qu’il convient d’évacuer du forage. Cette remontée des sédiments à la surface s’opère à l’aide
d’un fluide qui, dans le cas des forages géotechniques, est injecté à l’intérieur du train de tiges
et remonte, chargé de sédiments, dans l’espace annulaire extérieur. On parle dans ce cas de
circulation directe par opposition à la circulation inverse, où le fluide remonte par le train
de tiges.
Plusieurs natures de fluide peuvent être utilisées :
• L’air comprimé : la rotopercussion utilise souvent une énergie pneumatique. Il est alors
possible de nettoyer le trou de forage par soufflage à l’air comprimé. Le forage au tricône
peut également s’accommoder de ce fluide.
Il existe cependant des limites à cette pratique :
–– l’espace annulaire autour du train de tiges doit être modéré ;
–– la présence de matériaux argileux peut entraîner des bourrages ;
–– la technique n’est pas applicable en présence de venues d’eau.
La remontée des cuttings peut être améliorée par l’addition de produits moussants.
• L’eau claire : il s’agit du fluide le plus utilisé car le moins coûteux. Il permet également de
refroidir et nettoyer les outils. Cependant, les terrains trop perméables ou fissurés ne
permettent pas la bonne remontée des cuttings.
• La boue de forage : elle consiste à utiliser des produits additifs lorsque la tenue du trou n’est
pas assurée à l’eau claire. La plus connue est la boue à base de bentonite. Le choix du type
de boue et sa bonne préparation constituent un paramètre déterminant pour la qualité
du forage.

6.3.4.2.3. Tenue des parois de forage


La faisabilité d’un forage implique que soit assuré l’équilibre des parois de forage. Cette tenue
du forage peut être limitée à la durée de la foration, mais aussi être étendue au temps néces-
saire à la mise en œuvre d’autres techniques : essais in situ, instrumentation, diagraphies
différées. Deux procédés permettent le maintien des parois de forage : le tubage et la boue
de forage.

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160 | Reconnaissance des sols

Le tubage
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Cette méthode consiste à protéger le trou du sondage à l’aide d’une colonne de tubes lisses
raccordés entre eux par des filetages. La mise en place de ce tubage peut s’effectuer selon
plusieurs méthodes :
• Tubage préalable à l’avancement. Le tube est enfoncé directement dans le sol par battage,
pression ou rotation, puis vidé à l’aide d’un outil. Cette technique ne peut être réalisée que
dans des sols relativement meubles et sur des profondeurs modérées.
• Forage et tubage simultanés. Cette technique est spécifique au forage en rotopercussion
hors du trou et surtout en fond de trou (Odex→). Elle comprend un taillant pilote avec
aléseur excentrique, qui assure la foration, et un tubage muni à sa base d’un sabot avec
épaulement, ce qui lui permet d’être entraîné par le taillant, sans rotation.
• Tubage de revêtement posé après forage. Le forage peut être équipé a posteriori d’un
tubage d’un diamètre inférieur à l’outil, ce qui suppose que la stabilité des parois, à court
terme, soit suffisante. Il est donc nécessaire de procéder par passes de faibles longueurs.
Deux solutions sont alors possibles :
–– la progression s’effectue par télescopage en diminuant le diamètre de l’outil puis
du tubage ;
–– le forage est réalésé à l’aide d’un outil spécifique permettant la mise en place
du tubage.

La boue de forage
La pression exercée par un liquide contre la paroi d’un forage permet d’assurer une fonction
de soutènement si elle permet de compenser la poussée du sol augmentée de la pression
hydrostatique. Pour que cette pression, qui dépend de la densité de la boue, puisse s’exercer
efficacement, il faut qu’il existe le long des parois une gaine semi-imperméable créant une
perte de charge. Cette gaine s’appelle le cake et peut se créer soit naturellement lorsque l’on
fore à l’eau claire dans des sols argileux, soit par utilisation d’une boue de forage, soit par addi-
tion à l’eau de produits spécifiques.
Bien qu’il existe actuellement des boues présentant des caractéristiques très performantes, leur
utilisation peut être inadaptée, par exemple lorsque les terrains sont trop perméables ou frac-
turés ou lorsque les forages sont destinés à la réalisation d’essais de perméabilité ou à la pose
de piézomètres.

6.3.4.3. Techniques de foration


Les forages destructifs peuvent être divisés en deux grandes familles.

6.3.4.3.1. Forages destructifs en rotation


Pour forages en gros diamètres, le forage est effectué principalement au tricône, dont la
technique est directement dérivée de la recherche pétrolière.
Des bicônes et des outils à lames ou à dents sont plutôt utilisés pour les forages géotechniques
destinés à la réalisation d’essais in situ.

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Sondages et forages | 161

6.3.4.3.2. Forages en rotopercussion


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Il convient de distinguer les deux méthodes ci-après.

Le marteau hors du trou


Deux types de machines sont utilisés : les machines de perforation pneumatiques et les
sondeuses rotatives.
• Les machines de perforation pneumatiques comportent un marteau de frappe se déplaçant
verticalement le long d’une glissière, grâce à une chaîne d’entraînement. Ces machines
présentent l’avantage d’être robustes, mais, limitées à la rotopercussion, elles sont de moins
en moins utilisées en reconnaissance géotechnique car peu adaptées à la réalisation d’essais
in situ dans certains sols, notamment dans les sols mous ou lâches.
• Les sondeuses rotatives équipées d’un marteau hydraulique assurant la frappe permettent
également le forage en rotopercussion.

Le marteau en fond de trou


La frappe s’effectue au niveau de l’outil, le train de tiges n’assurant plus que le mouvement de
rotation. Cela permet de s’affranchir de la perte d’énergie dissipée le long du train de tige. Le
fluide d’injection est exclusivement l’air, avec éventuellement une addition de produits mous-
sants. Sa vulnérabilité vis-à-vis des sols boulants peut être compensée par l’utilisation d’un
système de tubage à l’avancement. Ce mode de foration est peu utilisé en géotechnique mais
trouve son application dans les forages profonds.

6.3.4.4. Choix des techniques de foration


De sa destination va généralement dépendre le mode de réalisation d’un forage destructif :
• Forages géotechniques pour essais in situ (pressiomètre, phicomètre, etc.). Selon la nature
du terrain traversé, la technique de foration est choisie afin de remanier le moins possible
le sol au voisinage de l’essai. Certaines normes d’essai (EN ISO 22476-4), (XP P94-120),
fournissent des recommandations portant sur le choix du mode de foration ainsi que sur
les limitations de la longueur des passes.
• Forages de reconnaissance. Leur but étant de distinguer les différents horizons traversés, il
convient d’adopter une méthode de foration sensitive qui permette au sondeur d’apprécier
la profondeur et la nature des sols rencontrés. L’identification des cuttings est donc essen-
tielle et l’enregistrement des paramètres de forage est recommandé.
• Forages pour essais de perméabilité ou pose de piézomètre. Afin de ne pas altérer les
caracté­ristiques hydrauliques des terrains, l’usage de la boue est prohibé et la technique de
tubage à l’avancement s’avère mieux adaptée.
• Forages pour pose d’instrumentation (inclinométrie, tassométrie, etc.). Dans ce cas, la
succession des terrains est généralement connue et seule la tenue des parois est essentielle
pour permettre la pose sans risque de l’appareillage. La boue utilisée doit être chimique-
ment compatible avec le ciment du coulis de scellement afin de ne pas nuire à la prise de
ce dernier.

EYR2212118902_Fondations.indb 161 07/01/2019 11:24


162 | Reconnaissance des sols

6.3.4.5. Diagraphies instantanées


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6.3.4.5.1. Présentation
L’enregistrement des paramètres de forage en fonction de la profondeur, ou diagraphie instan-
tanée, permet de compléter les informations sur les variations de nature des sols traversés par
les forages destructifs. Le système de mesure est composé d’un enregistreur numérique, d’un
enrouleur situé en tête du mat de forage et relié à la tête de foration, de capteurs de pression
placés en différents points du circuit hydraulique de la machine. Il peut être installé sur toutes
les machines de forage hydrauliques utilisées en reconnaissance géotechnique, qu’elles
travaillent en rotation ou en rotopercussion.

Enrouleur

Poussée
sur l’outil
Pression Enregistreur
de rotation
Pression
d’injection

Batterie
Fig. 6.12. Enregistreur de paramètres de forage (document Apageo)

Le principal atout de cette technique est de pouvoir lire et exploiter les résultats au fur et à
mesure de la foration, les enregistreurs disposant d’une sortie graphique en complément du
système de stockage des données.

6.3.4.5.2. Choix des paramètres enregistrés


Le nombre des paramètres enregistrés peut varier selon le type de matériel utilisé. Un
minimum de trois est indispensable pour envisager une interprétation correcte. Pour les
forages en rotation, la norme NF EN ISO 22475-1, relative aux méthodes de prélèvement et

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Sondages et forages | 163

mesurages piézométriques [6 NF EN ISO 22475-1 2007] recommande d’enregistrer, outre


les paramètres liés à la technique mise en œuvre (type de machine, d’outil, diamètre, fluide
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d’injection…), différents paramètres en fonction de la profondeur atteinte par l’outil de


forage : la vitesse d’avancement, le couple de rotation, la vitesse de rotation et les forces de
poussée et de remontée.

Méthode : destruct Outil : Tricône


Fluide : Eau + GS Diamètre : 90 mm
Tubage : Profondeur :
1/100
Description lithologique Vitesse Pression de Pression de Couple de Pression de
d’avancement poussée d’injection rotation retenue
(m/h) (bar) (bar) (bar) (bar)

Remblais

Marne infragypseuse

Marno-calcaire de Saint Ouen


beige rosé

Sable de Beauchamp

Fig. 6.13. Coupe de sondage avec enregistrement des paramètres de forage

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164 | Reconnaissance des sols

Il convient de distinguer les différents types de paramètres enregistrables [6 Reiffsteck 2012] :


• paramètres dépendant de l’opérateur :
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–– la poussée sur l’outil (PO), paramètre indispensable permettant de vérifier la régula-


rité de forage et, éventuellement, lors de l’interprétation, de pondérer la vitesse
d’avancement ;
–– la vitesse de rotation (VR) ;
–– le débit d’injection (QI).
Afin de faciliter l’interprétation, ces paramètres sont à maintenir les plus constants possible
par l’opérateur.
• paramètres caractérisant la réponse du terrain :
–– la vitesse d’avancement (VA), déduite de la mesure de la profondeur et du temps de
foration, systématiquement enregistrée, qui constitue le paramètre indispensable
permettant d’apprécier la forabilité des terrains traversés, non nécessairement liée à
la dureté du matériau ;
–– le couple de rotation (CR), qui traduit, pour les forages en rotation, la résistance du
terrain à l’attaque de l’outil de forage et permet d’apprécier l’hétérogénéité d’une
formation ;
–– la pression d’injection (PI), mesurée pour les forages réalisés à l’eau claire ou à la
boue, qui traduit les pertes de charge et constitue un paramètre essentiel lors de la
recherche de vides : la présence de matériaux de remplissage génère un phénomène
de bourrage qui se traduit par une montée en pression tandis que la traversée d’une
cavité franche entraîne une chute de pression ;
–– le débit de retour (QO), à comparer au débit d’injection ;
–– la pression de retenue (PR), complémentaire de la poussée sur l’outil, qui permet de
déterminer la poussée nette appliquée sur l’outil ;
–– l’énergie réfléchie (ER), ou percussion réfléchie, mesurée, pour les forages en roto­
percussion, à l’aide d’un capteur fixé sur le marteau de frappe, qui permet d’évaluer
l’amplitude de l’onde de percussion transmise depuis le sol foré à travers le train de
tiges et traduit la dureté du terrain.
• paramètres non maîtrisés, comme l’usure de l’outil ou les variations de composition du
fluide d’injection.

6.3.4.5.3. Applications des diagraphies instantanées


Cette technique trouve son application dans différents domaines, à savoir :
• les diagraphies instantanées réalisées sur des forages destinés aux essais in situ permettent
de repérer les changements de nature des horizons traversés et de positionner au mieux
les essais ;
• dans le cadre des recherches des cavités naturelles ou artificielles, l’interprétation des
courbes d’enregistrement fournit des renseignements concernant l’ampleur des vides et la
présence de matériaux de remplissage ;
• les corrélations avec d’autres types d’investigation (sondages carottés, profils pressiomé-
triques,  etc.) permettent de réduire, à peu de frais, le maillage des sondages dans les
campagnes de reconnaissance ;
• les diagraphies instantanées permettent de contrôler la qualité des travaux d’injection (voir
chapitre 14).

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Sondages et forages | 165

De plus, la numérisation et le traitement informatique, par combinaison des paramètres des


différentes diagraphies instantanées, élargissent considérablement les possibilités
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d’interprétation.

6.3.5. Diagraphies différées


6.3.5.1 . Présentation
Les applications des méthodes géophysiques aux puits de forage n’ont cessé d’évoluer dans
l’industrie pétrolière. Ces techniques se sont étendues au domaine du génie civil et les diagra-
phies dites au câble sont de plus en plus utilisées [6 BRGM 1992].
Compte tenu de l’importance des informations qu’elles peuvent apporter, leur faible coût
rend certains types de diagraphies, telle la radioactivité naturelle, pratiquement indispen-
sables pour résoudre des problèmes spécifiques.

6.3.5.2. Différents types de diagraphies différées


Les différents types de diagraphies pouvant être mis en œuvre dans le cadre d’études géotech-
niques sont résumés dans le tableau 6.6a (page suivante).
Il est également possible de ranger dans cette catégorie différentes techniques destinées au
contrôle de l’exécution des forages :
• le diamètreur est un outil mécanique ou ultrasonique permettant de mesurer le diamètre
d’un trou de forage, d’apprécier ses variations et de déterminer la présence de cavités ou de
fractures ouvertes…
• l’outil de trajectométrie est un outil doté de plusieurs gyroscopes ou d’un magnétomètre
associé à un accéléromètre mesurant l’inclinaison et l’azimut d’un forage.

6.3.6. Géophysique de forage


6.3.6.1 . Généralités
Comme pour les diagraphies différées, les techniques de géophysique de forage sont mises en
œuvre à partir d’un forage, voire plusieurs [6 Lagabrielle 1999]. Par contre, elles en diffèrent
dans la mesure où leur rayon d’investigation ne se limite pas à l’environnement immédiat du
trou de forage, mais où, à l’identique des méthodes géophysiques de surface, elles intègrent
des volumes de sol importants.
Il est possible de distinguer :
• Les méthodes qui n’utilisent qu’un seul forage, pour lesquelles la distance entre la source
et les récepteurs est grande en regard du diamètre du trou. Dans les techniques dites down-
hole, la source est en surface, à proximité de la tête de forage, tandis que les récepteurs sont
répartis sur toute la longueur du forage.
• Les méthodes qui nécessitent deux forages ou deux forages et la surface du sol, les sources
étant installées dans l’un des forages et les récepteurs dans l’autre. C’est le cas des méthodes
de tomographie (électrique, électromagnétique, radar, sismique) ou, plus simplement, des
techniques dites cross-hole. Le volume de terrain exploré est alors celui situé entre les forages.

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166
|
Tableau 6.6a. Les diagraphies différées

Type de diagraphie Méthodes Résultats Conditions d’utilisation Application

Enregistrement qualitatif de la radioactivité Différenciation de sols présentant des


Gamma-ray naturel ou
naturelle émise spontanément par les contrastes de radioactivité naturelle
Radioactivité naturelle (RAN)
Diagraphies éléments radioactifs du sol Trou nu ou tubé, noyé ou (argile et gypse par exemple)

EYR2212118902_Fondations.indb 166
Gamma-ray sélectif ou nucléaires naturelles Identiques à ceux de la technique précédente sec
Identification plus précise que par la
Radioactivité naturelle sélective mais limités à certaines bandes spectrales
Reconnaissance des sols

technique précédente
(RANS) particulières (Ra226, Th232, K40)

Variations qualitatives des densités en fonc-


Gamma-gamma Diagraphies Reconnaissance des sols difficilement
tion de la profondeur Trou nu ou tubé, noyé ou
nucléaires prélevables (zones compressibles)
Variations qualitatives des teneurs en eau sec
Neutron-neutron provoquées Contrôles de grands remblais
volumiques en fonction de la profondeur

Enregistrement en continu de la vitesse


Sonique ou carottage sismique Trou non tubé et noyé Étude de la fracturation des massifs
sismique
rocheux (terrassements)
Microsismique Diagraphies Mesure de la vitesse sismique Trou non tubé
sismiques
Image orientée et déroulée de la paroi du
Trou non tubé et rempli
Imagerie acoustique ou BHTV forage visualisant la réflectivité acoustique Étude de la fracturation
d’eau claire
des matériaux

Trou non tubé (ou tubage


Résistivité normale isolant crépiné) et rempli
Diagraphies d’un fluide conducteur
Enregistrement de la résistivité apparente Établissement des coupes lithologiques
électriques
Trou non tubé et rempli
Résistivité focalisée ou latérolog
d’un fluide conducteur

Image numérique déroulée et orientée de la Interprétation structurale


Imagerie de paroi
Diagraphies paroi du forage Étude lithologique
Trou sec ou en eau claire
techniques Image vidéo obtenue à partir d’une caméra
Inspection vidéo Observation de cavités
descendue en forage

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Sondages et forages | 167

• Les méthodes qui utilisent un forage et la surface du sol, le volume de terrain exploré se
situant entre le forage et la surface.
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Lorsque des forages sont implantés pour vérifier des anomalies géophysiques décelées en
surface et qu’ils n’ont pas rencontré l’hétérogénéité recherchée, il n’y a pas de certitude que
cette hétérogénéité n’existe pas ; une technique géophysique de forage permet alors de
rechercher et caractériser l’hétérogénéité au voisinage du forage, ou entre le forage et la
surface, ou entre deux forages.

6.3.6.2. Principales techniques


Les différents types de techniques géophysiques de forage pouvant être mis en œuvre dans le
cadre d’études géotechniques sont résumés dans le tableau 6.6b (page suivante).

6.4. Essais mécaniques in situ


6.4.1. Essais par battage

6.4.1 .1 . Présentation
Compte tenu de leur relative simplicité, ces essais sont d’un usage courant. Le développement
des essais de pénétration dynamique est notamment dû à la similitude qu’ils présentent avec
le battage des pieux ou des palplanches.
Les essais de battage sont utilisés au stade de l’étude préliminaire ou en complément d’autres
essais, où ils permettent de resserrer le maillage de la reconnaissance à moindre coût.
Selon la normalisation, il convient de distinguer :
• l’essai de pénétration au carottier,
• les essais de pénétration dynamique.
Destinées au contrôle de la qualité du compactage, il existe des méthodes de pénétration
dynamique qui ne sont pas abordées ici, car ressortant du domaine des terrassements.

6.4.1 .2. Essai de pénétration au carottier


Cet essai est normalisé par la norme NF EN ISO 22476-3 : Essai en place – Partie 3 : Essai de
pénétration au carottier, et son amendement NF EN ISO 22476-3/A1. Il est connu sous le
nom de Standard Penetration Test ou SPT.

6.4.1.2.1. Principe et résultats


Il s’agit de l’essai le plus ancien et le plus pratiqué dans le monde bien que rudimentaire. C’est
un moyen d’investigation simple et rapide ; son domaine d’application est essentiellement
utilisé dans les sols sans cohésion. Il peut être étendu aux sols grenus dont les grains n’excèdent
pas 20 mm et aux roches tendres.

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168
|
Tableau 6.6b. La géophysique de forage adaptée au génie civil

Techniques Méthodes Résultats Conditions d’utilisation Application

Contrôle de travaux (injections)


Image de la structure du sol entre forages Trou nu ou tubé,
Tomographie sismique Recherche de cavités et d’anomalies
à partir des vitesses sismiques noyé ou sec
Étude de la fracturation

EYR2212118902_Fondations.indb 168
Sismique transmission Mesure des vitesses sismiques niveau Recherche d’anomalies
Reconnaissance des sols

Sol horizontalement
Sismique cross-hole par niveau (source et récepteur situés à même
stratifié Génie parasismique
profondeur dans des forages différents)

Sismique parallèle ou Mesure des temps de parcours des ondes Sondage parallèle et Contrôle de pieux (longueur,
microsismique-transparence sismiques au sein d’une structure verticale proche du pieu ausculté intégrité)

Forages relativement
Électrique en courant Image de la nature des sols entre forages proches
Panneau électrique entre forages Étude de la fracturation
continu à travers leur résistivité apparente
Trou nu

Image de la nature des sols entre forages


Tomographie électromagnétique
à travers la longueur caractéristique Détection de cavités souterraines
en ondes monochromatiques
des matériaux, fonction de leur résistivité
Trou nu ou tubé plastique
Électromagnétisme à Étude de la fracturation
Électromagnétisme de forage émetteur proche Mesure de la conductivité des sols traversés
Détection de niveaux argileux
contrôlé
Sols résistants Étude de la fracturation
Radar de forage Image de la coupe des sols traversés Recherche de zones d’altération,
d’anomalies karstiques, etc.

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Essais mécaniques in situ | 169

Cet essai consiste à battre dans le sol, au fond d’un forage, un carottier de caractéristiques et
de dimensions définies, équipé d’une trousse coupante :
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Carottier : longueur utile : ≥ 450 mm


diamètre intérieur : 35 ± 1 mm
diamètre extérieur : 51 ± 1 mm
Masse du mouton : 63,5 ± 0,5 kg
Hauteur de chute : 760 ± 10 mm

Après avoir réalisé le forage maintenu par une boue ou par un tubage, le carottier y est
descendu puis battu en trois étapes. Le nombre de coups de mouton Ni nécessaires à chaque
enfoncement de 15 cm est relevé, soit :
–– N0 : enfoncement d’amorçage de 0 à 15 cm,
–– N1 : premier enfoncement d’essai de 15 à 30 cm,
–– N2 : deuxième enfoncement d’essai de 30 à 45 cm.
Le nombre N = N1 + N2 est appelé résistance à la pénétration (il est également possible de
procéder à quatre phases successives d’enfoncement de 75 mm chacune au lieu de deux de
150 mm).
Lorsqu’un nombre de coups supérieur à 50 ne permet pas d’obtenir un enfoncement
de 15 cm, l’essai est arrêté et l’enfoncement correspondant noté. Dans les roches tendres, le
nombre maximal de coups peut être porté à 100 coups pour 300 mm de pénétration après
l’enfoncement d’amorçage.
Le carottier est constitué de deux demi-coquilles en acier équipé d’un clapet anti-retour ; en
fin de battage, un échantillon est récupéré afin d’apprécier la nature du sol testé, éventuelle-
ment sous étui.
Dans les sols graveleux et les roches tendres, un carottier peut être remplacé par une pointe
conique pleine de 60° d’angle au sommet.
Il existe des facteurs de correction liés à l’énergie transmise aux tiges de battage (frottement,
longueur des tiges) ainsi qu’à l’état de consolidation dû au poids des terres
[NF EN ISO 22476-3 2005].

6.4.1.2.2. Interprétation
À partir de milliers d’essais, réalisés en particulier aux États-Unis, des corrélations ont été
établies entre N et les caractéristiques suivantes :
• la compacité des sables et leur angle de frottement interne,
• la résistance des sols à la compression simple,
• la capacité portante des fondations (voir chapitres 11 et 12).
• le risque de liquéfaction des sables.
La figure 6.14 présente une corrélation entre le nombre N et l’angle de frottement interne des
sables [6 Peck 1957]. Toutefois, l’utilisation de ces corrélations impose une extrême prudence
en raison de la dispersion importante qui leur est attachée.
En résumé, l’essai de pénétration au carottier est un essai simple fournissant essentiellement
des caractéristiques de rupture. Il doit être utilisé avec prudence, notamment dans les sols
cohérents, et nécessite un étalonnage avec d’autres essais in situ.

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170 | Reconnaissance des sols

Très peu compact

Assez compact
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Moyennement

Très compact
Peu compact

compact
0

Essai de pénétration au carottier, N coups/30 cm


20
N

40

60

80

28 32 36 40 44
Angle de frottement interne φ

Fig. 6.14. Relation entre N et l’angle de frottement φ dans les sables

6.4.1 .3. Essai de pénétration dynamique


Il existe de très nombreux types d’appareil de puissance et de conception différentes ; les
caractéristiques des appareils normalisés sont précisées plus loin.

6.4.1.3.1. Description
La pénétration dynamique consiste à enfoncer dans le sol, par battage et de manière quasi
continue, un train de tiges muni à son extrémité d’une pointe débordante. Le nombre de
coups de mouton correspondant à un enfoncement donné est noté au fur et à mesure de la
pénétration de la pointe dans le sol.
Un appareil de pénétration dynamique se compose des éléments suivants :
• un mouton de battage,
• une enclume et une tige-guide de battage,
• un train de tiges,
• une pointe (fixe ou perdue),
• des systèmes annexes de guidage, repérage et comptage.
Le mouton coulisse sur la tige-guide et frappe l’enclume, transmettant ainsi l’énergie du
battage au train de tiges et à la pointe.

6.4.1.3.2. Types d’appareils normalisés


La normalisation distingue :
• Les deux types de matériel concernés par les normes françaises NF P94-114 Essai de péné-
tration dynamique type A et NF P94-115 Sondage au pénétromètre dynamique type B, le
second étant plus rudimentaire que le premier.

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Essais mécaniques in situ | 171

• Les essais de pénétration dynamique selon la norme européenne NF EN ISO 22476-2 :


Reconnaissance et essais géotechniques – Essais en place – Partie 2 : Essai de pénétration dyna-
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mique qui regroupe diverses énergies de battage par coups.


Les principales caractéristiques de ces matériels sont réunies dans les tableaux 6.7 et 6.8.

Tableau 6.7. Caractéristiques des pénétromètres normalisés selon NF P94-114 et 115

Désignation NF P94-114 NF P94-115


(type A) (type B)

Masse m du mouton (kg) 32 à 128 64

Hauteur h de chute (m) 0,75

Cadence de battage (cps/min) 15 à 30

Masse enclume + tige-guide (kg) ≤ 25

Longueur de tige (m) 1à2

Masse d’une tige (kg/m) 4 ≤ 8,5

Diamètre ext. de tige (mm) 42,5 34

Angle au sommet du cône (°) 90

Section droite A du cône (cm2) 30 20

Diamètre du cône (mm) 61,8 50,5

Plage N de coups /10 cm 2 à 30 –


/20 cm – 1 à 100

Injection de boue oui non

Tableau 6.8. Caractéristiques des pénétromètres normalisés selon NF EN ISO 22476-2

Désignation DPL DPM DPH DPSH


A B

Masse m du mouton (kg) 10 30 50 63,5 63,5

Hauteur h de chute (m) 0,50 0,50 0,50 0,50 0,75

Cadence de battage (cps/min) 15 à 30

Masse enclume + tige-guide (kg) ≤6 ≤ 18 ≤ 18 ≤ 18 ≤ 30

Longueur de tige (m) ≤2

Masse d’une tige (kg/m) ≤3 ≤6 ≤6 ≤6 ≤8

Diamètre ext. de tige (mm) ≤ 22 ≤ 32 ≤ 32 ≤ 32 ≤ 35

Angle au sommet du cône (°) 90

Section droite A du cône (cm2) 10 15 15 16 20

Diamètre du cône (mm) 35,7 43,7 43,7 45,0 50,5

Longueur de la partie cylindrique (mm) 35,7 43,7 43,7 90,0 51

Plage N de coups /10 cm 3 à 50 3 à 50 3 à 50


/20 cm 5 à 100 5 à 100

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172 | Reconnaissance des sols

Masse fixe (type B)


Système Masse variable (type A)
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de levage

Mouton

Matériel de battage
Système
de comptage Tige rigide Clé dynamométrique
type B

Enclume

Touret et pompe
Système Système d’injection type A
de repérage de guidage

Tige de battage

Tige creuse
Injection
de boue

Pointe

Détail (type A)
Pointe

Fig. 6.15. Schéma de principe des pénétromètres dynamiques selon NF P94-114 et 115

6.4.1.3.3. Utilisation et résultats


• L’essai au pénétromètre dynamique type A [NF P94-114 1990], qui permet de réaliser des
essais de référence, se distingue par :
• l’injection d’une boue de forage entre la paroi du sondage et les tiges de manière à éliminer
les frottements parasites,
• le nombre de coups mesuré pour un enfoncement de 10 cm,
• l’utilisation d’un mouton de masse variable de 32, 64, 96 ou 128 kg, de manière à obtenir
un nombre de coups compris entre 2 et 30, selon la résistance des terrains traversés.
Cet essai fournit la résistance dynamique de pointe qd exprimée en pascal et donnée conven-
tionnellement par la formule suivante :
M·g·H m
qd = · (1)
A·e m + m´
avec m : masse du mouton (kg),
g : accélération de la pesanteur (m/s2),
H : hauteur de chute (m),
A : section droite de la pointe (m2),
e : enfoncement moyen sous un coup : e = 0,1/ Nd10 (m),
m´ : masse frappée comprenant l’enclume, la tige-guide, les tiges et la pointe (kg).

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Essais mécaniques in situ | 173

Les résultats sont présentés sous forme graphique (figure 6.16). La profondeur est positionnée
en ordonnée. En fonction de celle-ci sont fournies :
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• la valeur de qd en abscisse (avec une échelle arithmétique et non logarithmique contraire-


ment à certains usages),
• la masse du mouton utilisé.

Fig. 6.16. Coupe d’essai au pénétromètre type A

Nota : la nature présumée des couches de sol indiquée sur cette figure découle d’une interpréta-
tion de l’essai par le géotechnicien en fonction des données géologiques connues par ailleurs.

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174 | Reconnaissance des sols

• Le sondage au pénétromètre dynamique type B [6 NF P94-115 1990] est utilisé pour effec-
tuer des sondages de reconnaissance d’une profondeur inférieure à 10 mètres. Il permet
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d’apprécier qualitativement la résistance et la position des terrains traversés.


Nd20 désigne le nombre de coups pour chaque enfoncement de 20 cm. Les résultats sont
présentés sous forme graphique. La profondeur est positionnée en ordonnée. En fonction de
celle-ci sont fournies :
• la valeur de Nd20 (échelle arithmétique),
• la valeur, mesurée tous les mètres, du couple nécessaire pour faire tourner le train de tiges ;
ce couple donne une indication sur l’importance des efforts parasites, il ne doit pas
excéder 200 N·m.

Remarque
Il est d’usage de fournir également, hors normalisation, la résistance obtenue par la formule (1), et de la dési-
gner par le symbole Rd et non qd afin d’éviter toute confusion sur l’appareil utilisé.

6.4.1.3.4. Interprétation
À partir des courbes obtenues, que ce soit pour les types A ou B, il est possible de distinguer
différents horizons de sol, de détecter la présence d’anomalies et de déterminer la position du
toit d’une couche résistante.
Seul l’essai de type A permet d’estimer les capacités portantes d’un sol vis-à-vis d’un système
de fondation. En fait, il ne fournit qu’un ordre de grandeur et doit être le plus souvent
complété par d’autres essais, comme l’essai au pressiomètre, par exemple (voir §  6.4.3),
notamment lorsque des risques de tassement sont à considérer.

6.4.2. Essai de pénétration statique (CPT) et piézocône


6.4.2.1 . Principe
L’essai de pénétration statique consiste à enfoncer dans le sol, à vitesse constante et à l’aide
d’un vérin hydraulique, une pointe terminée par un cône. Un dispositif particulier permet de
mesurer la résistance à la pénétration du cône, ainsi qu’éventuellement le frottement latéral
mobilisé sur une longueur donnée.
La pression interstitielle générée par le fonçage dans le sol peut également être mesurée,
l’appareil est alors appelé piézocône.

6.4.2.2. Types d’appareil – Appareil normalisé


Il existe de nombreux types d’appareil qui peuvent se caractériser de plusieurs manières.
• Par leur puissance. Un pénétromètre statique nécessite une structure de réaction stable qui
permette de transmettre au train de tige un effort de fonçage suffisant. Ce dispositif de
chargement peut-être constitué soit d’un lest (généralement sur camion), soit d’un système
d’ancrage par vis. Selon les appareils, l’effort de fonçage peut varier de 25 à 250 kN.
• Par le type de cône. Il existe des pénétromètres dits à cône mobile, où le déplacement
relatif du cône par rapport au reste de la pointe a une forte amplitude, et des appareils dits
à cône fixe, où le mouvement est faible.

EYR2212118902_Fondations.indb 174 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 175

• Par le mode de mesure du frottement latéral. La mesure peut être effectuée soit sur un
manchon de longueur réduite, d’un diamètre égal à celui de la pointe, et situé juste
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au-dessus de celle-ci, soit sur toute la hauteur du tube extérieur.


• Par le système de mesure des différents efforts. Il faut notamment distinguer les appareils
à pointe mécanique, les mesures étant réalisées à l’aide de manomètres branchés sur le
circuit hydraulique, et les appareils à pointe électrique munie de capteurs. La saisie des
données à l’aide d’une chaîne d’acquisition des mesures tend à se généraliser.
Il existe des appareils mixtes, statiques et dynamiques, qui présentent une puissance de péné-
tration particulièrement élevée. Le battage avec une très forte énergie permet de traverser des
niveaux résistants et donc de s’affranchir des risques de refus prématuré. Il s’agit de matériels
lourds, montés sur camion.
Deux normes européennes couvrent dorénavant les essais de pénétration statique :
• NF EN ISO 22476-1 : Reconnaissance et essais géotechniques - Essais en place – Partie 1 :
Essais de pénétration au cône électrique et au piézocône,
• NF EN ISO 22476-12 : Reconnaissance et essais géotechniques - Essais en place – Partie 12 :
Essais de pénétration au cône à pointe mécanique.
Pour ces pénétromètres statiques normalisés, il convient de retenir les caractéristiques en
commun :
• la vitesse de forage : 2 cm/s ± 0,5 cm/s,
• l’angle au sommet du cône : 60° ± 5°,
• la section de la pointe : 10 cm2,
• la surface latérale du manchon de frottement : 150 cm2.

• Il convient néanmoins de distinguer, pour les essais de pénétration au cône électrique, deux
types de pénétration au cône selon les paramètres mesurés :
• le type TE1 : résistance à la pénétration du cône et frottement latéral sur le manchon,
• le type TE2 : résistance à la pénétration du cône, frottement latéral sur le manchon et pres-
sion interstitielle.
Quatre classes d’application (1 à 4) ont été définies en fonction des types de sol et suivant
l’exactitude exigée des mesures.

• Dans le cas des essais de pénétration à pointe mécanique, trois types de pointes se distinguent
suivant leur géométrie :
• M1 : pointe pénétrométrique à cône à manchon,
• M2 : pointe pénétrométrique à cône à manchon et manchon de frottement,
• M4 : pointe pénétrométrique à cône simple.
Quatre types d’essais sont différenciés suivant les paramètres mesurés, sans relation avec les
types de pointe :
• le type TM1 : résistance à la pénétration du cône et résistance totale à la pénétration ou
résistance à la pénétration du cône et frottement sur le manchon, essai discontinu avec
mesure par capteur électrique ;
• le type TM2 : résistance à la pénétration du cône et résistance totale à la pénétration ou
résistance à la pénétration du cône et frottement sur le manchon, essai discontinu avec
mesure par manomètres ou par capteur électrique convertissant les pressions
hydrauliques ;

EYR2212118902_Fondations.indb 175 07/01/2019 11:24


176 | Reconnaissance des sols

• le type TM3 : résistance à la pénétration du cône, essai discontinu avec mesure par mano-
mètres ou par capteur électrique convertissant les pressions hydrauliques ;
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• le type TM4 : résistance à la pénétration du cône, essai continu avec mesure par mano-
mètres ou par capteur électrique convertissant les pressions hydrauliques.
Ici aussi trois classes d’application (5 à 7) ont été définies en fonction des types de sol et
suivant l’exactitude exigée des mesures.

Résistance de pointe qc [MPa]

.0 .1 .2 .3 .4 .5 .6 .7 .8
Frottement unitaire fs [MPa]
Rapport frottement/pointe Rf [%]
Profondeur [m]

Cône Pénétration Test

Fig. 6.17. Coupe d’un essai au pénétromètre statique

EYR2212118902_Fondations.indb 176 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 177

6.4.2.3. Résultats
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Les résultats sont présentés sous forme graphique [EN ISO 22476-1 2013] en fonction de la
profondeur atteinte par la pointe (figure 6.17). Sur ce diagramme figurent, en fonction de la
longueur (échelle arithmétique) :
• la résistance à la pénétration du cône qc exprimée en MPa,
• le frottement latéral unitaire sur le manchon fs exprimé en kPa,
• le rapport de frottement Rf = fs /qc exprimé en %,
le cas échéant :
• la pression interstitielle mesurée u exprimée en MPa,
• l’inclinaison α exprimée en °,
et pour [EN ISO 22476-12 2010] :
• la résistance totale à la pénétration Qt exprimée en kN,
• le frottement latéral total Qst exprimé en kN.

6.4.2.4. Interprétation
L’essai de pénétration statique présente de nombreux avantages. C’est un essai sensible dont
les résultats sont très fiables. Il permet :
• de dresser une coupe de sol lorsque le contexte géologique est bien connu,
• d’apprécier l’homogénéité d’un horizon et de détecter des lentilles de sol de faible
épaisseur,
• de dimensionner les fondations et notamment les fondations profondes (voir chapitre 12).
La détermination de la nature des sols à partir de qc et Rf peut être facilitée, avec les précau-
tions de rigueur, par l’utilisation d’abaques [6 Schmertmann 1978] et [6 Robertson 2015]
tels ceux représentés sur les figures 6.18 et 6.19 (page suivante). En revanche, ils n’apportent
que peu d’informations sur la compressibilité des sols, bien que certains auteurs aient établi
des corrélations entre le module œdométrique et qc [6 Costet 1981] ; toutefois ces corréla-
tions (voir annexe G) sont peu précises.

6.4.2.5. Piézocône
Cet appareil fait l’objet de la norme relative à l’essai de pénétration au cône électrique et au
piézocône : EN ISO 22476. La mesure des variations de pression interstitielle provoquées par
le fonçage du pénétromètre est réalisée à l’aide d’un élément filtrant et d’un capteur situés
juste au-dessus du cône.
Ces mesures permettent de mieux identifier la nature des sols : par exemple, la présence de
formations lenticulaires de sables au sein d’un milieu argileux se traduit par des chutes de
pression interstitielle. En outre, il est possible [6 Parez 1988] d’en déduire la perméabilité
horizontale (voir chapitre 3) et le coefficient de consolidation (voir chapitre 4). L’étalonnage
avec d’autres essais est toujours nécessaire.

EYR2212118902_Fondations.indb 177 07/01/2019 11:24


178 | Reconnaissance des sols

100
80
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60

40
Sable
S A B L E CO Q U I L L I E R e t G R AV I E R S Très dense
Résistance de pointe en Mpa qc

20
Dense MÉLANGE DE
SABLE et SILT
10
SABLE ARGILEUX
8 et SILT
Moyen ARGILE SABLEUSE
6
et SILTEUSE
ARGILE NON
4
FISSURÉE
Lâche INORGANIQUE
Très raide
2
Très lâche Raide
1
0,8 Ferme
0,6 ARGILE
ORGANIQUE
Molle et TOURBE
0,4

Très molle
0,2
0 1 2 3 4 5 6 7
fs
Rapport de frottement Rf en % = × 100
qc

Fig. 6.18. Estimation de la nature des sols d’après qc et Rf pour des cônes/pointes à jupe (Schmertmann 1969)

1 000

7 8

9 1 Sols fins argileux ou silts sensibles

2 Sols organiques et tourbes


Cône résistance, qc/pa

100 6
3 Argiles à argiles silteuses

4 Silts argileux à argiles silteuses


5
5 Sables silteux à silts sableux
10 4 6 Sables propres à sables silteux

7 Sables à sables graveleux


3
1 8 Sables cimentés ou dilatants
2
9 Sols fins intermédiaires très raides
1
0,1 1 10
Friction ratio, Rf

Fig. 6.19. Classification de Robertson

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Essais mécaniques in situ | 179

6.4.3. Essai au pressiomètre Ménard


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6.4.3.1 . Présentation
Depuis sa mise au point par Louis Ménard en 1955, l’essai pressiométrique connaît un essor
considérable. En France, c’est actuellement l’outil de base utilisé pour le dimensionnement
des fondations. Cet essai fait l’objet de la norme NF EN ISO 22476-4 : Reconnaissance et
essais géotechniques – Essais en place – Partie 4 : essai au pressiomètre Ménard.
Le succès de la méthode pressiométrique est dû à de nombreux avantages :
• relative simplicité d’exécution, rapidité des mesures et des dépouillements, coût modéré ;
• essai praticable dans tous les types de sol et de roches ;
• seul essai in situ fournissant à la fois un critère de rupture et un critère de déformabilité
du sol.

6.4.3.2. Principe de l’essai


L’essai pressiométrique consiste à descendre, à une profondeur donnée et n’excédant pas
50 mètres, une sonde cylindrique gonflable dans un forage soigneusement calibré. Les varia-
tions de volume du sol au contact de la sonde sont mesurées en fonction de la pression radiale
appliquée.
Trois caractéristiques du sol sont ainsi déduites :
• le module pressiométrique EM, qui définit le comportement pseudo-élastique du sol ;
• la pression limite pLM, qui caractérise la résistance de rupture du sol ;
• la pression du fluage pfM, qui définit la limite entre le comportement pseudo-élastique et
l’état plastique.

6.4.3.3. Appareillage
La figure 6.20 présente un schéma de l’appareil historique dit de type G équipé de la sonde
de 60 mm.
Descendue dans un forage, la sonde comporte trois cellules. Seule la cellule centrale sert à la
mesure. Les deux cellules de garde ont pour seul but de créer un champ de contrainte
bidimension­nel sur la hauteur de la cellule de mesure qui est remplie d’eau.
Le contrôleur pression-volume (CPV) comporte trois manomètres ou capteurs :
• le manomètre n° 1 indique la pression à la sortie de la réserve de gaz,
• le manomètre n° 2 indique la pression dans la tubulure reliée à la sonde de mesure,
• le manomètre n° 3 indique la pression dans la tubulure reliée aux cellules de garde.
Normativement, la pression d’essai est limitée à 5 MPa.
Le tube gradué de 0 à 750 cm3 contient de l’eau. Il est relié à la sonde de mesure par une
tubulure également remplie d’eau. En conséquence, toute variation de volume de la cellule
centrale est directement lue sur la règle graduée.

EYR2212118902_Fondations.indb 179 07/01/2019 11:24


180 | Reconnaissance des sols

Manomètre
cellule centrale
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2 1
3
Détendeur

0
Contrôleur
pression-volume Gaz comprimé

Niveau
d’eau h0

Tubulures 750

Forage

Cellule de garde supérieure

Cellule centrale de mesure


Sonde

Cellule de garde inférieure

Fig. 6.20. Schéma du pressiomètre

Deux procédures alternatives peuvent être mises en œuvre selon les types de CPV utilisés :
données consignées manuellement (procédure A) ou enregistrement automatique
(procédure B).
Différents modèles de sondes peuvent être utilisés, désignés AX, BX et NX, de diamètres
respectifs 44, 58 et 70/74 mm. Les sondes peuvent être à gaine souple ou dites avec tube
fendu, ces dernières pouvant être battues ou foncées dans le sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 180 07/01/2019 11:24


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Tableau 6.9. Techniques de forage adaptées pour la réalisation des essais pressiométriques selon le type de sol d’après NF EN ISO 22476-4

Placement de la sonde
Placement de la sonde sans refoulement de sol
avec fonçage direct

EYR2212118902_Fondations.indb 181
1 < dt /dc ≤ 1,08 (dt /dc ≈ 0)
Technique
de forage Forage rotatif Rotopercussion Tube battu, foncé ou vibro foncé Tube fendu foncé
OHD HA/HAM CFA CD RP RPM STDTM PT DT VDT DST
Type de sol

la cellule centrale.
* *
      
  °    ° — — — — —
Vase et argiles molles TWT
Argiles moyennement    
   °    °     —  °  °   —
compactes
  
Argiles compactes    °   °       °    °   ° —  —
 
Limons :   °   °     ° —  °   °    —
– au-dessus de la nappe
– sous la nappe  °   ° —  ° —  °   ° — — —  

Sables lâches :   °    °    —  °  ° — — — —
– au-dessus de la nappe
– sous la nappe  
 °   ° — — —  °  ° — — —  +
Sables moyennement    °    °    °    °   ° —     +
compacts et compacts

6.4.3.4. Mise en place de la sonde dans le sol

Graviers, cailloux   ° —° — —     °  °     +

Sols grossiers cohérents   °  °    °     °  °  


(par exemple,argile avec blocs)
Sols non hétérogènes, sols  
  °  °   °    °   ° —     +
atypiques (par exemple,
dépôts, dépôts alluvionnaires,
sols artificiels, remblais traités
ou non, etc.)
  
Roches altérées, roches tendres    °   °     °    °   °  

OHD Forage destructif PT Tube battu


les longueurs maximales autorisées, en se reportant au tableau 6.10.

HA OHD exécuté avec une tarière à main TWT Tube à paroi mince battu
dans le respect des recommandations résumées au sein du tableau 6.9.

   Recommandé HAM OHD exécuté avec une tarière à main et avec injection de boue DT Tube fonçé
  Approprié CFA Tarière continue VDT Tube vibrofonçé
 Acceptable CD Carottage DST Tube fendu foncé
— Ne convient pas RP Rotopercussion
RPM Rotopercussion avec injection de boue
Non couvert par la présente norme STDTM Tube fendu avec outil désagrégateur interne et circulation de boue

 Dépend des conditions sur sites réelles et de l’évaluation de l’opérateur -


* La vitesse de rotation ne doit pas excéder 1 s–1 et le diamètre de l’outil ne doit pas être plus important que 1,15 dc

° Circulation de la boue : la pression ne doit pas excéder 500 kPa et le débit 15 l/min. Le débit peut être temporairement interrompu si nécessaire.
Essais mécaniques in situ

+ Trou pilote avec des techniques de préforage possibles : DST, RP et RPM


|

L’espacement minimal entre essais doit respecter une distance de 1 m entre l’emplacement de
Dans le cas de réalisation d’essais pressiométriques après forage, il est nécessaire de respecter
quence, la technique de forage doit être adaptée par l’opérateur en fonction du type de sol,
La qualité d’un essai pressiométrique dépend de la qualité de la paroi du forage. En consé-
181

07/01/2019 11:24
182 | Reconnaissance des sols

Tableau 6.10. Longueur maximale d’une passe de forage avant réalisation d’un ou des essais selon le type de sol
d’après NF EN ISO 22476-4
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Longueur maximale d’une passe de forage


(m)

Type de sol Forage Roto Battage,


rotatif percussionb fonçage et
adaptéb vibrofonçage
du tube lissec

Vase et argiles molles 1a — 1a


Argiles moyennement compactes 2 2 3

Argiles compactes 5 4 4

Limons 4 3 3
– au-dessus de la nappe
– sous la nappe 2a 1a —
Sables lâches 3 2 —
– au-dessus des eaux souterraines
– sous la nappe 1a 1a —

Sables moyennement compacts et compacts 5 5 4

Sables grossiers : graviers, cailloux 3 5 3

Sols grossiers cohérents 4 5 3

Sols non hétérogènes, sols atypiques 2 3 2


(comme par exemple tills, etc.)

Roches altérées, roches tendres 4 5 3

a) ou l’intervalle requis entre deux essais successifs


b) se référer au tableau 6.9 pour les techniques acceptables
c) non applicable à la technique TFEM

6.4.3.5. Réalisation de l’essai – Courbe brute


La sonde étant descendue dans le forage à une profondeur H, l’essai consiste à appliquer au
sol une pression radiale croissante par paliers successifs. L’incrément de pression entre deux
paliers est adapté à la résistance supposée du sol. La pression dans les cellules de garde est
toujours voisine de celle régnant dans la cellule centrale.
À chaque palier de chargement, les variations de volume au bout de 15, 30 et 60 secondes
sont mesurées avant de passer au palier suivant.
La courbe brute est obtenue en reportant les mesures à 60 secondes en fonction de la pression
(figure 6.21).
Volume Résistance propre
de la sonde Sondage : X
750 cm3 Profondeur : H

Vr
Courbe brute

pe pr Pression p

Fig. 6.21. Résultats bruts des mesures

EYR2212118902_Fondations.indb 182 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 183

Avant d’introduire la sonde dans le forage, des étalonnages de la sonde, décrits ci-après, sont
effectués.
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• La résistance propre de la sonde (inertie de la sonde) est obtenue en gonflant la sonde


placée à l’air libre à côté du forage. Il est ainsi possible de définir une courbe expérimen-
tale par interpolation linéaire entre les points expérimentaux, par interpolation de type loi
de puissance ou encore par ajustement par une fonction du type « double hyperbole ».
• La constante de dilatation a de l’appareillage et des tubulures exprimée en  cm3/MPa
traduit la déformabilité propre de l’appareillage et des tubulures. Elle est déterminée en
gonflant la sonde sous forte pression après l’avoir placée dans un tube en acier parfaite-
ment indéformable.

Pour un volume Vr mesuré, la pression réelle appliquée au sol à la profondeur H est :


p = pr − pe + ph (2)
avec p : pression corrigée (contrainte radiale totale appliquée au sol),
pr : pression mesurée au manomètre,
pe : pression correspondant au volume Vr sur la courbe de résistance propre de la sonde,
ph : pression liée à la charge hydrostatique :
ph = (H + h0)· γw
où H et h0 sont définis par la figure 6.20 ;
et le volume de la sonde après correction est :
V = Vr − a · pr (3)
avec V : volume corrigé,
Vr : volume mesuré,
a : constante de dilatation.

6.4.3.6. Résultats – Courbes corrigées


Les corrections correspondant à l’application des formules (2) et (3) étant faites, deux courbes
sont présentées sur un même diagramme (figure 6.22).
La courbe de fluage traduit les variations de volume mesurées entre 30 et 60 secondes pour
chaque palier de pression. Cette courbe a l’allure indiquée sur la figure 6.22 et permet de
définir la pression de fluage pfM.
La courbe corrigée donnant V en fonction de p délimite trois domaines :
• le premier correspond à la mise en contact de la sonde sur la paroi du forage ;
• le second correspond au domaine pseudo-élastique. Dans ce domaine, la relation volume-
pression est linéaire. Elle peut être représentée par le module pressiométrique Ménard EM
défini par la formule :
Δp
EM = K · (4)
ΔV
K est un coefficient qui dépend du type de sonde utilisée et de la valeur du volume
moyen Vm de la plage pseudo-élastique ;
• le troisième est le domaine plastique qui s’étend de pfM à pLM.

EYR2212118902_Fondations.indb 183 07/01/2019 11:24


184 | Reconnaissance des sols

La rupture se traduit par une branche asymptotique des courbes brutes ou corrigées. La
pression limite est définie conventionnellement comme étant la pression nécessaire pour
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doubler le volume de la cavité.


VL = VC + 2 V1
Par contre lorsque le volume injecté est inférieur à VC + 2 V1, il n’est pas possible d’utiliser la
méthode directe et la pression limite doit donc être extrapolée, sous réserve que le nombre de
paliers au-delà de pfM soit au moins égal à 2. Dans le cas contraire la valeur retenue pour pLM
doit être la dernière pression corrigée appliquée.
Les méthodes d’extrapolation recommandées sont celles dites de la courbe inverse et de la
double hyperbole.

V
VL

Mise en Domaine Domaine Sondage : X


contact peudo-élastique plastique Profondeur : H

Courbe
corrigée

ΔV Vm
Courbe
V0 de fluage

Δp pfM pLM p

Fig. 6.22. Résultats corrigés

6.4.3.7. Présentation des résultats – Forage pressiométrique


La norme NF EN ISO 22476-4 impose de fournir au sein d’une feuille de donnée pour
chaque essai, les paramètres suivants, entre autres :
• la pression horizontale des terres au repos σhs,
• la pression de fluage pfM,
• la pression limite pLM,
• le module pressiométrique Ménard EM,
• le rapport EM / pLM.
avec σhs = K0·(σvs – us) + us au-dessous de la nappe et σhs = K0· σvs au-dessus,
K0 : coefficient de pression des terres au repos,
σvs : contrainte verticale totale au niveau de l’essai,
us : pression interstitielle au niveau de l’essai.
Bien que la pression limite nette pLM* ( pLM* = pLM – σhs) soit souvent confondue avec
pLM  –  ph par simplification de calcul [6 Ménard 1965], il convient néanmoins de retenir
comme caractéristiques pressiométriques : pfM, pLM et EM.
La figure 6.23 illustre la présentation des résultats d’un sondage pressiométrique.

EYR2212118902_Fondations.indb 184 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 185
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Fig. 6.23. Sondage pressiométrique


292.5

291.5

290.5

289.5

288.5

287.5

286.5

285.5

284.5

283.5

282.5

Remarque
Les forages pressiométriques étant généralement du type destructif (voir § 6.3.4), la nature des couches
traversées n’est souvent appréciée que par l’examen des sédiments qui remontent avec le fluide de forage. Ces
coupes sont très grossières et les risques d’erreur d’interprétation assez élevés, surtout lorsque le contexte
géologique est mal connu et que des sondages carottés n’ont pas été faits parallèlement.

EYR2212118902_Fondations.indb 185 07/01/2019 11:24


186 | Reconnaissance des sols

6.4.3.8. Principes théoriques


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6.4.3.8.1. Phase pseudo-élastique


L’étude de l’expansion d’une cavité cylindrique dans un milieu indéfini élastique (figure 6.22)
conduit aux résultats suivants (équations de Lamé) :
p − σhs 2
σr = σhs + · a0 (5)
r2
p − σhs 2
σθ = σhs − · a0 (5bis)
r2
1 a2
ur = ·( p − σhs)· 0 (6)
2G r
avec r : distance d’un point quelconque au centre,
σhs : pression horizontale des terres au repos,
p : pression radiale dans le cylindre,
a0 : rayon initial du cylindre (pour p = σhs),
G : module de cisaillement du sol (voir chapitre 5).
σr , σθ et ur sont définis sur la figure 6.24a.
Plusieurs résultats importants peuvent être déduits de ces formules :
• σr , σθ sont des contraintes principales par raison de symétrie (figure  6.24a). Les
formules (5) et (5bis) montrent que les variations de ces contraintes au cours de l’essai
pressiométrique sont égales et opposées :
σr – σhs = – (σθ – σhs)
ou encore Δσr = – Δσθ
L’essai pressiométrique peut être considéré comme un essai de cisaillement pur
(figure 6.24b).
• La déformation se fait à volume constant. Considérons un volume élémentaire : il y a
contraction dans la direction radiale (σr est une compression) et dilatation dans la direc-
tion tangentielle (σθ est une traction), mais le volume ne change pas. Autrement dit,
aucune consolidation n’entre en jeu. Pour les sols argileux du moins, le pressiomètre est du
type non drainé.
Il s’ensuit que l’essai pressiométrique ne peut refléter directement la compressibilité du sol
lorsque celle-ci est due au phénomène de consolidation tel qu’il a été exposé au chapitre 4.
σ (r +
dr)

M σθ
τ
σθ τr

a
a0
σθ3 σθ2 σθ1 σr1 σr2 σr3
r
p0 pf n

ur


Fig. 6.24a. Définitions Fig. 6.24b. Cercles de Mohr en M

EYR2212118902_Fondations.indb 186 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 187

• Les formules (5) et (5bis) montrent que, dans le domaine élastique, les contraintes
décroissent en valeur absolue en fonction inverse du carré de la distance du point consi-
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déré à l’axe de la sonde (figure 6.24c).

Δσr

p0
r
a
Δσθ

Fig. 6.24c. Répartition des contraintes dans le massif de sol

• La formule (6) permet de préciser la signification de K, tel que ce coefficient apparaît dans
la formule (4). En effet, considérons un état où la pression est p et le rayon de la cavité
est a ; pour r = a, la formule (6) donne la déformation u0 de la cavité correspondant à une
variation de pression Δp.
Δp·a
u0 =
2G
La variation de volume correspondante pour une sonde de longueur L s’écrit :
π·Δp·a2·L
ΔV =
G
Puisque le volume de la cavité est V = π·a2·L, il s’ensuit que :
V·Δp
G=
ΔV
La formule (7) est obtenue en remplaçant G par sa valeur en fonction du module d’élasticité
(voir chapitre 5) :
Δp
E = 2V·(1 + ν)· (7)
ΔV
Cette formule montre que E dépend de V. Dans la pratique, V prend la valeur Vc + Vm corres-
pondant au volume moyen de la sonde au cours de la phase élastique, Vc étant le volume de
la sonde correspondant au niveau zéro du contrôleur pression-volume. La comparaison des
formules (4) et (7) fournit la valeur de K.
K = 2 (Vc + Vm)·(1 + ν) (8)

6.4.3.8.2. Phase plastique


Lorsque la pression appliquée au sol par la sonde augmente et dépasse la pression de fluage, il
se forme autour du sol un anneau plastifié qui joue le rôle d’une sonde pressiométrique vis-à-
vis du terrain extérieur, qui, lui, est encore dans le domaine élastique (figure 6.25).
L’existence d’une pression limite peut être démontrée en se fondant sur la théorie de la plasti­
cité. Lorsque la pression limite est atteinte, le sol continue à se déformer, mais l’épaisseur de
la zone plastifiée demeure constante.

EYR2212118902_Fondations.indb 187 07/01/2019 11:24


188 | Reconnaissance des sols

Bien que des tentatives ont été faites pour relier les caractéristiques pressiométriques et le
critère de rupture du sol de Coulomb [6 Cambou 1993, 6 Combarieu 1995], dans la pratique
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et sauf cas particulier, l’utilisation du pressiomètre n’est pas adaptée pour déterminer l’angle
de frottement interne et la cohésion du sol.
σ

pl σr
pf ≤ p ≤ pl r2f
Zone σr = σhs + (pf – σhs).
r2
plastifiée
pf
σθ
a σhs
rf a r
r2f
σθ = σhs – (pf – σhs).
r2
pf
Cavité Zone Zone élastique
plastifiée

a) Extension du domaine plastique b) Répartition des contraintes dans le sol

Fig. 6.25. Phase plastique

6.4.3.9. Corrélation entre module pressiométrique et oedométrique –


Coefficient rhéologique
Comme cela a été précisé, l’essai pressiométrique est, pratiquement, un essai non drainé et ne
traduit pas le phénomène de consolidation.
Toutefois, les applications de l’essai pressiométrique aux prévisions de déformation à long
terme conduisent à se rattacher empiriquement à la théorie de la consolidation.
À cet effet, L. Ménard a défini un coefficient α appelé coefficient rhéologique ou coefficient
de structure du sol. Ce coefficient fournit la corrélation entre le module pressiométrique et le
module œdométrique (9), approche généralement acceptable pour des charges réparties sur
de grandes dimensions.
EM = α · Eoed (9)

Les valeurs numériques du coefficient α dépendent de la nature et de l’état du sol. Elles sont
données aux tableaux 6.11 et 6.12, extraits de [NF P94-261 2013].
Tableau 6.11. Coefficient rhéologique du sol

Type Tourbe Argile Limon Sable Grave

α EM/pl α EM/pLM α EM/pLM α EM/pLM α

surconsolidé ou
– > 16 1 >14 2/3 >12 1/2 >10 1/3
très serré

normalement consolidé
1 9 – 16 2/3 8 – 14 1/2 7 – 12 1/3 6 – 10 1/4
ou normalement serré

sous-consolidé altéré et
– 7–9 1/2 5–8 1/2 5–7 1/3 – –
remanié ou lâche

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Essais mécaniques in situ | 189

Tableau 6.12. Coefficient rhéologique applicable au rocher


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Rocher

Type α

très peu fracturé 2/3

normal fracturé 1/2

très fracturé 1/3

très altéré 2/3

6.4.3.10. Classification conventionnelle des sols


Les formules et abaques utilisés dans les méthodes semi-empiriques actuelles de dimension-
nement des fondations à partir des essais in situ (voir chapitres 11 et 12) font référence à des
classes conventionnelles de sol présentées dans le tableau 6.13.
Tableau 6.13. Catégories conventionnelles de sols

Classe de sol Pressiomètre Pénétromètre


pLM (MPa) qc (MPa)

A Argiles et limons mous < 0,7 < 3,0

Argiles, limons B Argiles et limons fermes 1,2-2,0 3,0-6,0

C Argiles très fermes à dures > 2,5 > 6,0

A Lâches < 0,5 < 5,0

Sables, graves B Moyennement compacts 1,0-2,0 8,0-15,0

C Compacts > 2,5 > 20,0

A Molles < 0,7 < 5,0

Craies B Altérées 1,0-2,5 > 5,0

C Compactes > 2,5 —

A Tendres 1,5-4,0 —
Marnes, marno-calcaires
B Compacts > 4,5 —

A Altérées 2,5-4,0 —
Roches*
B Fragmentées > 4,5 —

(*) L’appellation « roches » peut regrouper des matériaux divers : calcaire, schiste, granite, etc.
Cette classification est réservée aux matériaux présentant des modules pressiométriques > 50 à 80 MPa.

6.4.3.11. Module pressiométrique de rechargement


En complément à l’essai pressiométrique Ménard, il a été défini un mode opératoire dans
lequel est incluse une boucle de déchargement-rechargement, permettant la détermination
d’un module cyclique de déformation [XP P94-110-2 1999].

EYR2212118902_Fondations.indb 189 07/01/2019 11:24


190 | Reconnaissance des sols

Le module pressiométrique de rechargement ER est le module de déformation calculé lors de


la phase de rechargement.
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6.4.4. Essai de cisaillement au phicomètre

6.4.4.1 . Présentation
Les difficultés, voire l’impossibilité de prélever des échantillons non remaniés dans certains
sols, grossiers ou sensibles au remaniement, ont conduit à la mise au point d’un essai in situ,
l’essai de cisaillement au phicomètre. Il permet de mesurer des caractéristiques de cisaillement
désignées par φi et ci [6 Philipponnat 1986]. Sa simplicité et son faible coût sont à l’origine
du développement de cet essai qui fait l’objet d’une norme expérimentale XP P94-120 Essai
de cisaillement au phicomètre.

6.4.4.2. Principe
L’essai de cisaillement au phicomètre est un essai en place réalisé dans un forage préalable d’un
diamètre équivalent à celui d’un essai pressiométrique. Il consiste (figure 6.26) à introduire
dans le forage une sonde cylindrique présentant des dents annulaires, à gonfler cette sonde
pour faire pénétrer les dents dans le sol et, enfin, à cisailler le sol en arrachant la sonde à vitesse
constante, selon sa direction axiale.
Le cisaillement est effectué sous différents paliers croissants de la pression radiale.
Constituée de coquilles métalliques rigides munies d’indentations, la sonde est soumise à une
pression normale σ. La surface sollicitée de la sonde est τ = T/S
S = π·d·l, avec :
• d : diamètre extérieur des dents (variables selon σ),
• l : longueur de la sonde de mesure.
L’effort limite mobilisable T sous la contrainte σ donne
la contrainte de cisaillement correspondante :
d
τ =T (10)
S
Des couples (τi, σi) sont relevés par paliers de pressions
croissantes. σ
G. Mazier a montré qu’avec une sonde dilatable il était
possible d’opérer par paliers successifs au même empla- l S = π·d·l
cement [6 Mazier 1971]. Du fait de la dilatation, une
nouvelle surface est cisaillée à chaque fois. Cette possi-
bilité présente un avantage considérable tant pour la
simplicité de l’essai que pour l’homogénéité des
résultats. Fig. 6.26. Principe de l’essai

6.4.4.3. Description de l’appareil


La figure 6.27 présente le schéma de l’appareil qui comprend trois organes principaux : la
sonde du phicomètre, un organe de liaison et un appareillage de surface.

EYR2212118902_Fondations.indb 190 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 191

La partie centrale de la sonde du phicomètre (A) est constituée de coquilles métalliques


de 230 mm de longueur utile et de 58 mm de diamètre extérieur initial. La surface de cisail-
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lement, variable pendant l’essai, reste voisine de 500 cm2. Une cellule gonflable est placée à
l’inté­rieur des coquilles. L’organe de liaison (B) est composé d’un train de tiges, auquel est
associée une tubulure reliant la cellule gonflable à l’appareillage de surface.
De part et d’autre de la partie centrale de mesure, des lames d’acier permettent de dilater et
de rétracter la sonde.
L’appareillage de surface (C) comprend :
• un contrôleur pression-volume (1) permettant de connaître le volume de la sonde et de
régler la pression appliquée aux coquilles,
• une plaque d’appui (2) sur le sol,
• un vérin creux (3) permettant d’exercer l’effort d’arrachement,
• une cale dynamométrique (4) permettant de mesurer l’effort T d’arrachement,
• un système de blocage (5) de l’ensemble,
• un cadencemètre (6) permettant de maintenir une vitesse d’arrachement constante et égale
à 2 mm par minute.

C Appareillage de surface

4 Cale T
dynamométrique
C.P.V.
0 5 Blocage
1
t
V Δl
P 6
3 Vérin
750

2 Plaque Train de tiges


d’appui

B Organe
de liaison

Système
de rappel

Coquilles de frottement
A Sonde
phicométrique
Cellule gonflable

Fig. 6.27. Schéma du phicomètre

EYR2212118902_Fondations.indb 191 07/01/2019 11:24


192 | Reconnaissance des sols

6.4.4.4. Interprétation – Domaine d’application


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Préalablement à la réalisation d’essais au phicomètre, il est nécessaire, comme pour l’essai


pressiométrique, de réaliser un étalonnage permettant de déterminer la déformation propre
de la sonde ainsi que son diamètre externe dans la plage de mesure.
Une fois les corrections effectuées, les résultats sont tracés sur trois graphiques (figure 6.28).
L’abscisse des trois graphiques représente la pression radiale appliquée au sol et désignée
par pc.

Fig. 6.28. Présentation d’un essai au phicomètre

Sur un premier graphique τ(pc) sont reportés les points de résistance maximale obtenus à
chaque palier de cisaillement. L’alignement de ces points donne une droite permettant de
définir les caractéristiques φi et ci, l’indice i indiquant qu’il s’agit de caractéristiques in situ.

EYR2212118902_Fondations.indb 192 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 193

Le graphique intermédiaire donne la variation de volume intervenue en cours de cisaillement


pour chaque palier de pression. On y distingue une diminution de variation de volume
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correspondant à la mise en contact et à la recompression du terrain, une zone intermédiaire


pratiquement constante et une troisième partie où la variation de volume augmente, indi-
quant le début du fluage du sol.
Le troisième graphique relie le volume de la sonde à la pression normale, et la courbe obtenue
a l’allure d’une courbe pressiométrique.
Les deux derniers graphiques permettent de cerner le domaine dans lequel les couples τ, pc
sont significatifs et sur lesquels la droite permettant de déterminer φi et ci peut être valable-
ment ajustée.
Cet essai est applicable à tous les sols, à l’exception :
• des vases, argiles molles et autres sols lâches (pLM < 0,3 MPa),
• des roches et sols raides (pLM > 4 MPa) dans lesquels les dents de la sonde ne peuvent
pénétrer,
• des sols grossiers présentant de gros éléments en proportion importante.

6.4.4.5. Comparaison avec les essais de laboratoire


Les études comparatives des essais au phicomètre et en laboratoire, effectués sur des sols simi-
laires ont montré :
• que l’essai était du type non consolidé non drainé dans les argiles franches,
• que l’essai était du type consolidé drainé dans les sols pulvérulents,
• qu’un drainage partiel se développait dans les limons et, plus généralement, dans les sols
de perméabilité intermédiaire.
Des règles d’interprétation ont été établies [6 Philipponnat 1993]. Les caractéristiques
déduites de l’essai sont utilisables directement ou avec des corrections mineures pour les
études de stabilité à court terme. À défaut d’essais de laboratoire, le tableau 6.14 présente une
estimation des caractéristiques effectives φ´ et c´ qui, comme toute corrélation, doit être
utilisée avec prudence.
Tableau 6.14. Estimation des caractéristiques effectives

φi (°) ci (kPa) Estimation

φ´ (°) c´ (kPa)

< 20 Argile molle** 17 0


≤ 15
≥ 20 Argile moyenne à raide 17 ci /4

> 15 < 20 Autres sols lâches φi* 0


et Limon, complexe argilo-sableux
≤ 30 ≥ 20 φi* ci /3
Marnes argileuses
< 10 Sols granulaires φi 0
> 30 Sols granulaires et cohérents
≥ 10 φi ci /2
sauf roches tendres
(> 25) – Roches tendres** φi > ci
* où φ´ = 25° si φi < 25° ** hors domaine d’application de l’essai

EYR2212118902_Fondations.indb 193 07/01/2019 11:24


194 | Reconnaissance des sols

6.4.5. Essai scissométrique en place


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6.4.5.1 . Présentation
Le scissomètre ou vane-test est un appareil de cisaillement direct des sols en place permettant
de mesurer la cohésion apparente des sols fins cohérents et saturés de faible résistance :
tourbes, vases argileuses, argiles molles. Il ne s’applique pas aux sables lâches. Bien que des
matériels très divers existent, une norme internationale est en cours de préparation :
PR NF EN ISO 22476-9 : Reconnaissance et essais géotechniques – Essais en place – Partie 9 :
essai au scissomètre de chantier. Dans l’attente, la norme française NF P94-112 est toujours en
vigueur : Reconnaissance et essais – Essai scissométrique en place.

6.4.5.2. Principe de l’essai


L’essai consiste à introduire par fonçage dans le sol un moulinet comprenant quatre pales
(figure 6.29). Un couple de torsion T est alors appliqué au moulinet par l’intermédiaire du
train de tiges. Sous l’effet de ce couple, le sol est cisaillé selon une surface cylindrique.
La résistance au cisaillement du sol τ dépend directement du moment de torsion et
s’écrit  τ  =  T/K, K étant un coefficient tenant compte des caractéristiques géométriques
du moulinet.
La courbe des valeurs de T en fonction de la rotation θ permet de déterminer (figure 6.30) :
la résistance maximale au cisaillement appelée cohésion scissométrique su et la résistance rési-
duelle appelée cohésion remaniée sr . Celle-ci est mesurée après que le moulinet a effectué
plusieurs tours dans le sol.

Moment T

Tube de fonçage

Tige d’entraînement

H
Moulinet

Fig. 6.29. Principe de l’essai

EYR2212118902_Fondations.indb 194 07/01/2019 11:24


Essais mécaniques in situ | 195

6.4.5.3. Appareillage et procédure d’essai


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Les caractéristiques de cet appareillage comprennent, selon [NF P94-112 1991] :


• un moulinet constitué de pales disposées à angle droit et dont le rapport hauteur H sur
largeur D doit être de 2 (D = 70 mm et H = 140 mm) ;
• un système de fonçage composé d’un train de tubes permettant d’enfoncer lentement le
moulinet (< 2 m/s) dans le sol ;
• des tiges de torsion tournant librement à l’intérieur des tubes précédents et à l’extrémité
desquelles est fixé le moulinet ;
• un couplemètre, placé en surface, permettant de transmettre un moment de torsion au
train de tiges, moment dont la valeur est mesurée à l’aide d’un dynamomètre. La vitesse de
rotation doit être constante et de 18° par minute environ.
D’après [PR EN ISO 22476-9 2014] la taille du moulinet peut varier, toujours dans le
rapport H/D = 2 :
• D = 100 mm et H = 200 mm pour une résistance au cisaillement non drainée faible à
extrêmement faible ;
• D = 40 mm et H = 80 mm pour une résistance au cisaillement non drainée moyenne
à élevée ;
• D = 33 mm et H = 66 mm pour une résistance au cisaillement non drainée très élevée à
extrêmement élevée.

6.4.5.4. Résultats
Les lectures sont reportées sur une feuille d’essai (figure 6.30 en page suivante) et les valeurs
caractéristiques su et sr sont déterminées graphiquement.
La sensibilité St du sol au remaniement, donnée par le rapport des deux caractéristiques précé-
dentes (11), est également mentionnée.
s
St = su (11)
r
Lorsque plusieurs essais scissométriques sont réalisés en un même emplacement à différentes
profondeurs, l’ensemble des résultats constitue un sondage scissométrique présenté graphi-
quement à la manière d’un profil pressiométrique.

6.4.5.5. Utilisation – Correction


Cet essai simple et d’un coût modéré est surtout utilisé pour les études de stabilité des remblais
sur sols compressibles. Toutefois, il convient d’être prudent dans l’utilisation des valeurs obte-
nues, l’expérience ayant montré que celles-ci sont souvent surestimées, surtout dans les sols à
fort indice de plasticité.
Il est recommandé d’appliquer un coefficient correcteur, fonction de l’indice de plasticité du
sol Ip [6 Pilot 1972] afin de déduire la cohésion non drainée cu de su (figure 6.31).
La valeur de cu est alors donnée par la formule suivante :
cu = k · su (12)

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196 | Reconnaissance des sols
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Fig. 6.30. Feuille d’essai au scissomètre

EYR2212118902_Fondations.indb 196 07/01/2019 11:24


Instrumentation et suivi des ouvrages | 197

k
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1,1

1,0

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 Ip
Fig. 6.31. Coefficient de correction k (d’après G. Pilot)

6.5. Instrumentation et suivi des ouvrages


L’instrumentation est un volet très important des investigations concernant les sols et les
ouvrages. Elle permet de valider les hypothèses de calcul en cours de construction et d’adapter
les procédures d’exécution (par exemple, la vitesse de montée d’un remblai sur sol compres-
sible en fonction des pressions interstitielles mesurées).
L’instrumentation joue un rôle primordial dans les grands terrassements et les tunnels. Elle est
également indispensable pour le suivi des glissements de terrain ou des ouvrages présentant
des désordres.
L’Eurocode 7 recommande d’utiliser la méthode observationnelle quand il est difficile de
prévoir le comportement géotechnique d’un ouvrage. Cette méthode, qui est une méthode
de dimensionnement et utilise pleinement l’instrumentation, consiste à réexaminer le dimen-
sionnement et à prévoir des mesures correctives pendant l’exécution des travaux en fonction
des observations faites en temps réel (voir chapitre 7).
Le sujet des mesures géotechniques, qui fait l’objet de l’ISO 18674, est en cours d’élaboration
et ne peut être développé dans le cadre de cet ouvrage. Seules les règles générales ont été
publiées [NF EN ISO 18674-1 2015] et nous nous limiterons à mentionner les instrumen-
tations les plus courantes, qu’il est possible de classer comme suit :
• mesures de déplacement en surface : nivellement, système GPS, suivi de repères en trois
dimensions, dispositifs à fil d’invar…
• mesures de déformation d’ouvrage : fissuromètres, extensomètres, tiltmètres, mesures de
convergence (tunnel)…
• mesures de déformation de massifs de sol : tassomètres divers pour les déformations verti-
cales ponctuelles, profilomètres pour les déformations le long de profils de mesures, incli-
nomètres pour les déformations horizontales…
• mesures de pression d’eau ou d’eau interstitielle : piézomètres ouverts, à corde vibrante,
capteurs de pression interstitielle…
• mesures de force et de contrainte totale  : capteurs de contrainte totale, cellules
dynamométriques…
• mesures de vibration : géophone accéléromètre.

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198 | Reconnaissance des sols

6.6. Essais hydrauliques in situ


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6.6.1. Introduction
Les règles et principes généraux relatifs aux essais géohydrauliques sont présentés dans la
norme européenne NF EN ISO 22282-1, Reconnaissance et essais géotechniques – Essais
géo­hydrauliques – Partie 1 : règles générales (indice de classement : P 94-523-1).
Ces essais peuvent être utilisés à déterminer les paramètres relatifs aux eaux souterraines
nécessaires aux calculs géotechniques et à l’exécution des travaux.

6.6.2. Piézométrie

6.6.2.1 . Introduction
Toute succession d’une couche perméable surmontant un horizon imperméable conduit à
suspecter la présence d’une nappe aquifère, ou pour le moins de circulations d’eau tempo-
raires. La mise en place d’équipements spécifiques, appelés piézomètres, est donc nécessaire
pour le vérifier. Ces systèmes utilisés pour réaliser des mesures piézométriques, c’est-à-dire
mesurer la charge hydraulique à l’intérieur d’un aquifère, peuvent être de type ouvert ou
fermé, selon la perméabilité des sols. Ils sont concernés par la norme européenne
NF EN ISO 22475-1, Reconnaissance et essais géotechniques − Méthodes de prélèvement et mesu-
rages piézométriques − Partie 1 : Principes techniques des travaux (indice de classement :
P 94-510-1).
Il convient de rappeler au préalable (voir chapitre 3) que, dans le cas d’une nappe non
confinée, dite libre, le niveau piézométrique correspond à la surface libre de la nappe aquifère
et que, dans le cas d’une nappe confinée, dite captive, il correspond à la pression de l’eau dans
le sol.

6.6.2.2. Types de piézomètres

6.6.2.2.1. Piézomètres ouverts


Un piézomètre à tube ouvert mesure la charge hydraulique au sein d’un tube descendu au sein
d’une formation aquifère dont la perméabilité k est estimée supérieure à  1·10–7 m/s. Il
comprend à la base un filtre pourvu d’une crépine prolongé jusqu’à la surface du sol par
un tube.
Les piézomètres ouverts sont le plus souvent installés dans des trous de forage, mais peuvent
l’être également par battage ou par lançage, sous certaines conditions garantissant le fonction-
nement du filtre.
La longueur et la profondeur de la crépine doivent être déterminées en fonction du contexte
hydrogéologique afin notamment de prévoir les variations piézométriques saisonnières et liées
à des éventuels travaux. Les systèmes de filtre et de crépines doivent être adaptés à la granulo-
métrie du terrain encaissant. Dans les sols grenus la granulométrie du filtre doit satisfaire la
règle suivante :
5 d15 sol ≤ d15 filtre ≤ 5 d85 sol

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Essais hydrauliques in situ | 199

où dN désigne la taille caractéristique des filtres ou du sol, telle que la masse de la fraction du
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matériau passant à travers un tamis de maille de dimension d représente N % de la masse


totale du matériau.
Sur la hauteur du tube plein surmontant la crépine, la mise en place d’un bouchon étanche
doit empêcher toute communication d’eaux extérieures en direction de l’aquifère concerné
par les mesures (figure 6.32).

Protection métallique
(bouchon vissé)

TN
Dalle béton

Bouchon
Partie lisse étanche
(1, 50 m sous TN, ou adaptée
à chaque cas)

Filtre en gravillons
Partie calibrés
crépinée ou
(Position et longueur définies suivant
position du toit de la (les) nappe(s)) gaine géotextile

Paroi du forage

Bouchon d’extrémité

Fig. 6.32. Schéma de principe d’un piézomètre ouvert

Les niveaux d’eau dans le tube piézométrique peuvent être mesurés soit manuellement, à des
instants fixés, par des sondes de niveau à contact électrique, soit de manière continue à l’aide
de capteurs et d’enregistreurs.

EYR2212118902_Fondations.indb 199 07/01/2019 11:24


200 | Reconnaissance des sols

6.6.2.2.2. Piézomètres fermés


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Un piézomètre fermé comprend une chambre remplie d’eau pourvue d’un filtre en relation
avec la pression interstitielle régnant au sein de l’aquifère. Différents types de piézomètres
fermés se distinguent suivant le mode de mesure de cette pression :
• le système hydraulique, où la pression interstitielle est transmise par le biais d’une tubulure
remplie de liquide à un capteur de pression situé en surface ;
• le système pneumatique, où un diaphragme déformable avec contre-pression permet de
déduire la pression interstitielle au sein du sol ;
• le système électrique, où, sous l’effet de la pression interstitielle, la déformation d’un
diaphragme élastique agit sur des jauges, permettant un enregistrement des données en
continu, à des intervalles courts et réguliers.
Ces capteurs électriques sont actuellement les plus utilisés.
Ces capteurs peuvent être mis en place soit par fonçage, soit par fonçage après préforage, soit
au sein d’un trou de forage. Avant et pendant la mise en place, une saturation du filtre est
nécessaire et le système doit être ensuite étalonné.

6.6.2.3. Qualité des mesures


Il est important de rappeler que les équipements piézométriques doivent être protégés, autant
que faire se peut, de toute détérioration, volontaire ou accidentelle, à l’aide de massifs en
béton, tubes de protection, systèmes de fermeture…
Les informations issues des relevés piézométriques peuvent être entachées d’erreurs résultant
de fautes :
• mise en communication de deux nappes, suite par exemple à un forage trop profond,
• zone crépinée située hors de la zone aquifère,
• absence de bouchon annulaire d’étanchéité.

6.6.3. Essais de perméabilité dans un forage à tube ouvert

6.6.3.1 . Principe
Ce type d’essai est destiné à la détermination de la perméabilité des sols, et des roches, à la
faveur d’une section de trou de forage, au-dessus ou au-dessous de la surface d’une nappe, par
prélèvement ou injection d’eau. Il fait l’objet de la norme européenne NF EN ISO 22282-2 :
Reconnaissance et essais géotechniques – Essais géohydrauliques – Partie 2 : essai de perméabilité à
l’eau dans un forage en tube ouvert (indice de classement : P 94-523-2).
Une cavité cylindrique de longueur L et diamètre D correspondant au diamètre du forage est
ménagée à la partie inférieure d’un sondage (figure 6.33) ; elle est surmontée d’un tubage de
revêtement. L’essai consiste à pomper ou à injecter de l’eau ; le pompage est préférable, les
risques de colmatage de la cavité étant plus faibles. L’essai Lefranc, objet de l’ancienne norme
française NF P94-132 : Essai d’eau Lefranc, peut être rangé dans cette catégorie.

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Essais hydrauliques in situ | 201

Pompage
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h
Tubage

L Cavité

Fig. 6.33. Essai de perméabilité dans un forage à tube ouvert

6.6.3.2. Réalisation de l’essai


Selon la perméabilité des sols testés on distingue trois méthodes d’essai :
• l’essai à débit constant pour les sols relativement perméables tels que k > 10−6 m/s, essai où
l’on génère une variation de charge hydraulique en injectant ou prélevant un débit
constant, cette variation étant mesurée en fonction du temps ;
• l’essai à charge variable pour les sols peu perméables tels que 10−6 m/s > k > 10−9 m/s, essai
où l’on crée une variation instantanée de la charge hydraulique, mesurée en fonction
du temps ;
• l’essai à charge constante pour les sols tels que 10−4 m/s > k > 10−7 m/s ; essai consistant à
maintenir une charge hydraulique constante, le débit étant mesuré en fonction du temps.

6.6.3.3. Interprétation des résultats


L’interprétation des résultats, quelle que soit la méthode, nécessite la détermination d’un
facteur de forme [NF EN ISO 22282-1 2014] :
• cavité sphérique en fond du puits : F = 2 π ·D
• cavité hémisphérique en fond du puits : F = π ·D
4L + 1
• cavité cylindrique avec 0,7 < L/D < 1,2 : F = π ·D ·
D
2 π ·L
• cavité cylindrique avec 1,2 < L/D < 10 : F =

D [ () ]
ln L + L + 1
D
2

• cavité cylindrique avec L/D >10 : F= 2 π ·L


ln 2L
D
Dans le cas de la méthode à débit constant le coefficient de perméabilité k doit être obtenu à
l’aide de la formule (13) :
Q
k= (13)
F·h
où Q est le débit constant percolant à travers la paroi de la cavité sous une charge hydraulique
stabilisée en régime permanent h, F étant le facteur de forme de la cavité calculé comme
indiqué précédemment.

EYR2212118902_Fondations.indb 201 07/01/2019 11:24


202 | Reconnaissance des sols

Cette même formule (13) est utilisée pour un essai à charge constante, où dans ce cas Q est le
débit en régime permanent et h la charge hydraulique d’essai.
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Si l’essai est répété sous différents cas de débit (méthode à débit constant) ou cas de charge
(méthode à charge constante) l’établissement de graphiques est une aide à l’interprétation.
Il est possible d’interpréter un essai réalisé à charge variable par la méthode dite de la courbe
de vitesse.
Il existe également, toujours décrites dans cette même norme, d’autres méthodes d’interpré-
tation d’essai à charge variable comme celles de Hvorslev, de Cooper-Bredehoeft-Papadopoulos
ou celle de Bouwer et Rice.
Il est nécessaire de rappeler que le type d’essai réalisé dans un forage à tube ouvert reste un
essai ponctuel et que le résultat peut être entaché d’erreur, par suite, notamment, du colma-
tage de la cavité. Seul un essai de pompage permet d’obtenir une estimation assez précise des
débits de pompage à attendre.
Lorsque l’essai est réalisé par injection dans un sol situé au-dessus du niveau de la nappe, dans
des sols non saturés, il est néanmoins possible de les interpréter sous certaines conditions
[NF EN ISO 22282-2 2014].

6.6.4. Essai de pression d’eau dans les roches


Cet essai est utilisé pour étudier les propriétés hydrauliques des massifs rocheux. Il fait l’objet
de la norme européenne NF EN ISO 22282-3 : Reconnaissance et essais géotechniques – Essais
géohydrauliques – Partie 3 : essai de pression d’eau dans des roches (indice de classement :
P 94-523-3). Il consiste à injecter de l’eau sous pression dans une tranche de sondage isolée
par un ou deux obturateurs. L’évolution du débit injecté en fonction de la pression appliquée
permet d’obtenir, outre la perméabilité en grand du milieu, des indications précieuses sur
l’importance des fissures et leur fréquence. Cet essai réalisé avec un plus grand nombre de
palier que celui figurant dans NF  EN  ISO  22282 est encore connu sous le nom d’essai
Lugeon ; il faisait l’objet de la norme française NF P94-131, Essai d’eau Lugeon.
L’essai est généralement effectué sous plusieurs paliers de pressions croissantes puis décrois-
santes, le programme étant défini préalablement. La durée des paliers doit permettre
d’atteindre le régime permanent, c’est-à-dire une stabilisation du débit et de la pression.
À défaut, la durée du palier peut être limitée à 10 min si la variation de débit reste inférieure
à 5 % par minute ou 30 min dans le cas contraire.
L’interprétation des essais de pression d’eau peut être effectuée grâce à l’établissement de
diagrammes pression-débit. Il est ainsi possible d’apprécier le comportement des disconti-
nuités au sein de la roche en fonction du débit de l’eau et de la pression : écoulement turbu-
lent, colmatage, débourrage… (figure 6.34).
En termes de coefficient de perméabilité, le résultat de cet essai peut s’exprimer en unité
Lugeon (symbole UL). Un Lugeon correspond conventionnellement à l’absorption d’un litre
par minute et par mètre linéaire de tranche de forage sous une pression de 1 MPa. On admet
généralement la correspondance approximative de 1 UL avec 10−7 m/s.

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Essais hydrauliques in situ | 203

Laminaire Turbulent Dilatation


Q Q Q
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OIE OIE OIE


p1 p2 p3 p p1 p2 p3 p p1 p2 p3 p

Lessivage Turbulent + Lessivage Dilatation + Lessivage


E
Q Q Q

E E

O O O
p1 p2 p3 p p1 p2 p3 p p1 p2 p3 p

Remplissage Turbulent + Remplissage Dilatation + Remplissage


Q Q Q
O
O O
O
E E E
p1 p2 p3 p p1 p2 p3 p p1 p2 p3 p

Fig. 6.34. Différents types de diagramme p/Q d’essais de pression d’eau

6.6.5. Essai de pompage

6.6.5.1 . Principe
L’essai de pompage consiste à rabattre le niveau piézométrique de la nappe par pompage à
partir d’un puits d’essai, à mesurer ce niveau pompé et à mesurer les effets sur le niveau piézo-
métrique dans le puits ainsi que dans divers piézomètres, avant, pendant et après le pompage,
ceci en fonction du temps. Cet essai fait l’objet de la norme européenne NF EN ISO 22282-4 :
Reconnaissance et essais géotechniques – Essais géohydrauliques – Partie 4 : essai de pompage
(indice de classement : P 94-523-4).
Il s’agit d’un essai « en grand », c’est-à-dire intégrant un volume de sol important, assurant une
bonne représentativité de la mesure des paramètres hydrodynamiques du système aquifère
testé.

6.6.5.2. Préparation de l’essai


L’équipement principal constitué par le puits d’essai, réalisé par forage en gros diamètre, doit
répondre à diverses exigences [NF EN ISO 22282-4 2014] :
• un ancrage suffisamment profond dans l’horizon aquifère saturé (> 25 fois le  Ø de la
crépine du puits, avec un minimum de 3 mètres, en fait si possible jusqu’au plancher de
l’aquifère) ;
• un diamètre suffisant pour installer le filtre, la crépine et l’équipement de pompage néces-
saire à l’obtention du débit de décharge (voir ci-après) ;

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204 | Reconnaissance des sols

• la protection contre les entraînements de fines par un filtre de granulométrie adéquate


(voir 6.6.2.2.1) ;
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• un espace annulaire d’une épaisseur minimale de 50 mm entre le sol et la crépine.


Il convient tout particulièrement de veiller à ce que le point de rejet soit suffisamment éloigné
pour que les eaux ne rejoignent pas prématurément l’aquifère et viennent perturber l’essai.
Lors d’une première phase de l’essai, il est nécessaire d’estimer le débit de décharge Qd permet-
tant de s’assurer, par le matériel de pompage mis en œuvre, des objectifs envisagés, en termes
notamment de rabattement. Outre l’expérience du contexte hydrogéologique local, il peut
être fait appel à diverses méthodes [NF EN ISO 22282-4 2014].
Quant aux piézomètres, ils doivent être installés conformément à la norme NF EN ISO 22475.
Leur nombre dépend de la quantité et de la qualité des informations recherchées, un minimum
de trois piézomètres est recommandé. La distance vis-à-vis du puits de pompage est fonction
de plusieurs facteurs : du type d’aquifère, de sa transmissivité, du débit de pompage, de la
durée de l’essai… Par exemple, plus la transmissivité sera importante, plus il sera possible
d’éloigner les piézomètres [6 Chapuis 2007]. Il est néanmoins recommandé de positionner
un piézomètre à proximité du puits de pompage, de 3 à 5 mètres. Quant au piézomètre le
plus éloigné, même dans le cas d’une forte transmissivité, une distance d’une centaine de
mètres semble être un maximum. Il convient de mentionner que la norme française relative
à l’essai de pompage (NF P94-130), actuellement obsolète, était plus exigeante vis-à-vis de
l’implantation et du nombre des piézomètres que la norme européenne.

6.6.5.3. Réalisation de l’essai


L’essai peut être réalisé selon deux modes opératoires :
• essai à débit variable où le pompage est réalisé de manière progressive,
• essai à débit constant maintenu pendant toute la durée de l’essai.
La fréquence des mesures est plus rapide en début d’essai, où les fluctuations de niveaux sont
susceptibles d’être plus importantes. La durée du pompage est soit spécifiée préalablement,
sous réserve de ne pas être inférieure à vingt-quatre heures, soit poursuivie jusqu’à l’obtention
du régime permanent, vérifié par la stabilisation des niveaux d’eau dans les piézomètres. On
admet généralement que la durée de surveillance de la remontée des niveaux d’eau, après arrêt
du pompage, est la même que celle de la descente, constatée par le retour à l’état initial.

6.6.5.4. Interprétation des résultats

6.6.5.4.1. Analyse en régime permanent (aquifère captif)


La transmissivité peut être calculée, dans le cas d’un aquifère captif, selon la méthode de
Dupuit-Thiem par la formule (14) :
Q r
T= · ln 2 (14)
2π ·(h2 − h1) r1
où T est la transmissivité de l’aquifère en m2/s ;
Q est le débit de pompage en m3/s ;
h1 est la hauteur piézométrique à une distance r1 du puits de pompage, en m ;
h2 est la hauteur piézométrique à une distance r2 du puits de pompage, en m.

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Essais hydrauliques in situ | 205

r2
r1
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h1 h2

b 3

Fig. 6.35. Formation aquifère captive

6.6.5.4.2. Analyse en régime permanent (aquifère libre)


Dans le cas d’un aquifère libre, l’équation de Dupuit-Thiem a été modifiée (15) :
Q r
T= · ln 2 (15)
2π ·(h22 − h12) r1

r2
r1

h1 h2

Fig. 6.36. Formation aquifère libre

6.6.5.4.3. Analyse en régime transitoire


La méthode de Theis, mentionnée au § 3.3.4.3, peut être utilisée dans le cas de nappes aqui-
fères captives lorsque le puits de pompage et les piézomètres, descendent jusqu’au plancher de
l’aquifère, et ce, pour des formations relativement drainantes.

EYR2212118902_Fondations.indb 205 07/01/2019 11:24


206 | Reconnaissance des sols

6.6.6. Essai de perméabilité dans un forage en tube fermé


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Dans le cas de sols peu perméables (k < 10−8 m/s), un essai peut être mis en œuvre à l’inté-
rieur d’un forage en tube fermé ; il fait l’objet de la norme européenne NF EN ISO 22282-6 :
Reconnaissance et essais géotechniques – Essais géohydrauliques – Partie 6 : essai de perméabilité à
l’eau dans un forage en tube fermé (indice de classement : P 94-523-6).
Cet essai est fondé sur une variation instantanée de la charge hydraulique au sein d’une
section de forage, isolée par un ou deux obturateurs, la dissipation de la pression étant
mesurée dans le temps.
Diverses méthodes existent, permettant de déterminer notamment le coefficient de perméa-
bilité k et la transmissivité T, méthodes parmi lesquelles il est possible de citer celle de Cooper,
Bredehoeft et Papadopoulos, mentionnée par [NF EN ISO 22282-6 2014].

6.6.7. Essai d’infiltration


Divers dispositifs, appelés infiltromètres, ont été développés, permettant de mesurer en
surface le coefficient de perméabilité  ; ces systèmes, qui peuvent être ouverts
(10−5 < k < 10−8 m/s) ou fermés (k < 10−8 m/s), font l’objet d’une norme européenne
NF EN ISO 22282-5 : Reconnaissance et essais géotechniques – Essais géohydrauliques – Partie 5 :
essai d’infiltration (indice de classement : P 94-523-5) [6 NF EN ISO 22282-5 2014].
Ces infiltromètres sont constitués d’un anneau cylindrique, ou de deux anneaux coaxiaux,
fermés ou non, enfoncés ou scellés dans le sol.
Après remplissage de la cellule d’essai, et éventuellement de la cellule de garde, le volume
infiltré est précisément mesuré, sous charge variable ou constante, selon les cas. La phase de
mesure doit nécessairement être précédée d’une phase de saturation et la durée de l’essai, qui
dépend de la perméabilité du sol, peut atteindre plusieurs jours.
La détermination de la perméabilité dépend des modes opératoires, à charge constante ou
variable, développés dans la norme NF EN ISO 22282-5, norme à laquelle on peut se
reporter.

6.7. Essais de laboratoire


6.7.1. Introduction
Pour étudier le comportement des terrains, en relation ou non avec un ouvrage, le géotechni-
cien doit recueillir les données liées aux caractéristiques du sol, aux actions dues à l’ouvrage et
à leurs interactions.
Ces données sont nécessaires aux calculs de dimensionnement de la plupart des ouvrages
géotechniques. Ces informations comprennent différentes caractéristiques spécifiques au
problème posé, qui dépendent à la fois des sols rencontrés, de ceux mis en œuvre et des fonc-
tions recherchées de l’ouvrage.
La partie 2 de l’Eurocode 7 dédié au calcul géotechnique (norme NF EN1997-2) fournit des
indications pour la planification et l’exploitation des essais géotechniques en place et en labo-

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Essais de laboratoire | 207

ratoire utilisés pour servir de base au calcul géotechnique des ouvrages. Après avoir présenté,
dans les paragraphes précédents, les principaux outils de reconnaissance et d’essais en place
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réalisés in situ, nous présentons ci-après les essais en laboratoire couramment utilisés dans la
pratique géotechnique qui permettent la mesure de diverses caractéristiques nécessaires au
dimensionnement des ouvrages géotechniques, comme :
• les essais de classification, d’identification et de description des sols (caractérisation
physique des sols, caractéristiques de nature et caractéristiques d’état) ;
• les essais mécaniques, de résistance du sol, de compressibilité et de déformation des sols ;
• les essais hydrauliques, de perméabilité et d’érosion ;
• les essais pour les terrassements et le compactage.

6.7.2. Essais d’identification et de classification

6.7.2.1 . Analyse granulométrique par tamisage


L’analyse granulométrique d’un sol permet de déterminer les proportions pondérales des
grains de différentes tailles présents dans le sol. Elle permet de déterminer la distribution de
la taille des particules qui composent un sol et d’étudier la répartition des grains solides
constituant le sol et d’en définir ainsi la granularité. Comme on l’a vu au chapitre 2, la granu-
larité constitue l’un des premiers paramètres de caractérisation et de classification des sols.
Elle s’effectue, classiquement et en fonction de la taille des grains, par tamisage au moyen de
tamis d’ouvertures normalisées pour les grains d’un diamètre supérieur à 80 µm (norme
d’essai NF P94-056) ou 63 µm (norme NF EN ISO 17892-4) et par sédimentation pour les
grains les plus fins (norme d’essai NF P94-057). L’analyse granulométrique par sédimenta-
tion sera présentée dans le paragraphe suivant (voir § 6.7.2.2).
Les tamis d’ouverture carrée doivent répondre aux spécifications des normes ISO  3310-1
pour les tamis à mailles tissées d’ouvertures carrées ou ISO  3310-2 pour les tamis à tôle
perforée d’ouvertures carrées.

Fig. 6.37. Exemple de tamis d’ouvertures carrées

6.7.2.1.1. Réalisation de l’essai par tamisage


L’essai consiste à séparer les grains agglomérés d’une masse connue de matériau par trempage
dans l’eau, puis par brassage et lavage sous aspersion d’eau au-dessus d’un tamis de 80 µm
ou  de  63 µm constituant le plus petit tamis utilisé et surmonté d’au moins deux tamis

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208 | Reconnaissance des sols

intermédiaires. Ces tamis intermédiaires, appelés tamis de décharge, permettent de limiter


la  quantité de matériau arrivant sur le plus petit tamis afin d’éviter sa surcharge et de
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le détériorer.
La part de matériau restant retenue après brassage et lavage au-dessus de ce tamis (refus) est
ensuite séchée à l’étuve puis tamisée et fractionnée au moyen d’une série de tamis empilés et
emboîtés les uns au-dessus des autres afin de constituer une colonne de tamis classés par
maille d’ouverture décroissant de haut en bas. La colonne est équipée à sa base d’un fond de
tamis et d’un couvercle en haut de tamis afin d’éviter des pertes de matériau pendant le
processus de tamisage de la part de matériau qui a été déversée sur le premier tamis en haut
de la colonne.
On procède ensuite au tamisage de cette colonne en l’agitant pendant quelques minutes, soit
manuellement soit au moyen d’une machine tamiseuse. Ce premier tamisage est complété
ensuite manuellement tamis par tamis en imprimant à la main des secousses horizontales
régulières sur le tamis équipé d’un fond et d’un couvercle et en le tournant d’un quart de tour
régulièrement. Une fois le tamisage terminé sur ce tamis, on pèse le refus ayant été retenu
au-dessus de ce tamis et on verse le passant ayant traversé le tamis sur le tamis suivant d’ouver­
ture inférieure, afin de procéder à son tour à son tamisage manuel selon le même processus.
De la même manière que le précédent tamis, le refus sur ce tamis est pesé par cumul avec les
refus précédents et son passant est rajouté sur le tamis suivant. Le processus est ainsi réitéré à
chaque tamis jusqu’au dernier tamis de la colonne (tamis de 80 µm ou de 63 µm). Outre le
refus sur ce dernier tamis, on pèse également le passant éventuel pour vérification et pour
s’assurer que la séparation des particules élémentaires a bien été réalisée. Cette vérification
consiste à s’assurer que l’écart entre la masse de la quantité de matériau récupérée sur chaque
tamis après tamisage (refus cumulés) ne dépasse pas 1/100 de la masse initiale de la part de
matériau disposée en haut de la colonne de tamis avant tamisage.
Le schéma de la figure 6.38 représente le principe du tri granulométrique des particules de sol
obtenu par le tamisage en fonction de leur dimension.

100 %
Passant
1 mm
0,4 mm
% massique
0,2 mm
80 μm
0%
Ouverture des tamis
Fig. 6.38. Principe du tri granulométrique par tamisage

6.7.2.1.2. Expression des résultats et rapport d’essai


Les résultats de l’essai sont exprimés sous la forme de relation entre le pourcentage de la masse
de matériau sec passant à chaque tamis (le tamisat) en fonction de la dimension d’ouverture
de ce tamis.
On calcule d’abord le pourcentage massique de refus r à chaque tamis de la colonne :
R
r = 100 (16)
ms

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Essais de laboratoire | 209

Puis on en déduit le pourcentage en masse du matériau sec du tamisat (passant p) au tamis


considéré par :
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(
p = 100 − r = 100 1 −
ms)
R (17)

où R est la masse des refus cumulés de matériau sec au tamis d’ouverture d considéré,
ms est la masse totale initiale de l’échantillon de sol sec.
Les résultats sont présentés ensuite sous forme graphique en représentant la courbe donnant
la variation du pourcentage de tamisat, représenté en ordonnée, en fonction de l’ouverture de
la maille du tamis considéré. L’axe en abscisse représentant l’ouverture des tamis est en échelle
logarithmique à base 10.
Les éléments que doit contenir le rapport d’essai sont listés dans la norme d’essai utilisée.
Celui-ci doit comporter entre autres :
• les informations concernant la provenance de l’échantillon (site, sondage, mode de
prélèvement…) ;
• la plus grande ouverture de maille de tamis utilisée dm ;
• la dimension des plus gros éléments et le pourcentage estimé des éléments de dimension
supérieure ou égale à dm dans le prélèvement.
Un exemple de rapport d’essai est présenté à la figure 6.39 (page suivante).

6.7.2.2. Analyse granulométrique par sédimentation


Après l’analyse granulométrique par tamisage, qui s’intéresse aux particules de taille supé-
rieure à 80 µm ou à 63 µm selon la norme considérée, on peut compléter l’analyse granulo-
métrique des particules de taille inférieure ou égale à 80 µm, en procédant à une analyse par
sédimentation (norme NF P94-057 ou norme NF EN ISO 17892-4).
Le principe de l’essai consiste à mettre en suspension dans de l’eau les particules inférieures
à 80 µm et à les laisser décanter. Les particules de sol sédimentent alors à différentes vitesses
en fonction de leur taille. Plus les grains sont fins, plus la vitesse de décantation est lente,
conformément à la loi de Stokes sur la vitesse de chute de billes sphériques dans l’eau. La
mesure de la densité de la suspension, au moyen d’un densimètre, à des intervalles de temps
variables permet de calculer la proportion de grains de chaque diamètre.
La loi de Stokes peut donc s’écrire :

g ·(ρs − ρw) 2 18 η·v (18)


v= ·D ou D=
18 η g ·(ρs − ρw)
avec v vitesse de décantation de la particule ;
D diamètre de la particule ;
ρs masse volumique de la particule ;
ρw masse volumique du liquide à la température considérée ;
η viscosité dynamique du liquide en Poiseuille ;
η = 0,00179 2 (19)
1 + α·θ + β·θ
où α = 0,03368 et β = 0,00022 ;
θ température du liquide exprimée en degrés Celsius.

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210 | Reconnaissance des sols
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Fig. 6.39. Exemple de rapport d’essai d’analyse granulométrique par tamisage


(document Fondasol)

EYR2212118902_Fondations.indb 210 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 211

6.7.2.2.1. Réalisation de l’essai par sédimentation


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La prise d’essai, constituée d’une quantité de 80 ± 10 g de passant à 80 µm, recueilli après le
tamisage et séché, est dispersée dans une solution à 5 % d’eau et de défloculant à base d’hexa-
métaphosphate de sodium (Na6(PO3)6 ,  10 H2O) au moyen d’un agitateur à grande vitesse
(mixer à 10 000 tr/min) pendant 3 minutes.
La suspension dispersée obtenue est versée dans une éprouvette en verre d’une contenance
d’au moins 2 500  cm3 et est complétée par de l’eau distillée ou déminéralisée jusqu’à obtenir
une suspension de  2 000 cm3. Une seconde éprouvette témoin de mêmes caractéristiques,
remplie de 2 000 cm3 d’eau distillée ou déminéralisée et disposée à proximité de l’éprouvette
d’essai, servira à conserver le thermomètre et le densimètre de mesure.
La suspension (sol + défloculant + eau) dans la première éprouvette est vigoureusement agitée
à la main au moyen d’un agitateur manuel afin d’obtenir une concentration uniforme sur la
hauteur de la suspension. Après avoir retiré l’agitateur, le chronomètre est déclenché et le
cycle de mesures de la densité R de la suspension au cours du temps et de la température θ
de l’eau de l’éprouvette témoin est engagé. Les lectures sont effectuées aux temps suivants :
0,5  – 1 – 2 – 5 – 10 – 20 – 40 – 80 – 240 – 1 440 minutes ou en s’y rapprochant le
plus possible.

6.7.2.2.2. Expression des résultats et rapport d’essai


Pour chaque série de lectures, le pourcentage pondéral p de particules de dimension inférieure
ou égale à D contenues dans la suspension et le diamètre équivalent D des plus grosses parti-
cules non encore sédimentées à cet instant sont déterminés comme suit :
V
p = s·
ρs ρ
(
·ρ · t − 1
m ρs − ρw w ρw ) (20)

où p est le pourcentage des particules de diamètre inférieur ou égal à D ;


Vs est le volume de la suspension ;
m est la masse de sol sec de la prise d’essai prélevée au tamis de 80 µm ;
ρs est la masse volumique des particules solides ;
ρw est la masse volumique de l’eau à la température au moment de la lecture ;
ρt est la masse volumique de la suspension au temps t, obtenue par la formule suivante :
ρt = Rc · ρw = (R + Ct + Cm + Cd) · ρw (21)
avec Rc lecture corrigée du densimètre à l’instant t ;
R lecture du densimètre à l’instant t (lecture faite au sommet du ménisque) ;
Ct correction dues aux variations de température au cours de l’essai ;
Cm correction due au ménisque ;
Cd correction due au défloculant.

Les corrections Ct , Cm et Cd sont déterminés par étalonnage de l’appareillage (voir norme
NF P94-057).

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212 | Reconnaissance des sols

Le diamètre équivalent D est obtenu à partir de l’expression (22) déduite de la formule de


Stokes (18) :
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18 η H
D= · t (22)
g ·(ρs − ρw) t
avec η viscosité dynamique en Poiseuille de la solution (voir expression (18)) ;
ρs masse volumique de la particule ;
 ρw masse volumique du liquide (ρw = 999 kg/m3 pour 12 °C ≤ θ ≤ 18 °C ou 998 kg/m3
pour 18 °C ≤ θ ≤ 24 °C ou 997 kg/m3 pour 24 °C ≤ θ ≤ 30 °C) ;
g accélération de la pesanteur ;
 Ht profondeur effective du centre de poussée du densimètre au moment de la lecture à
l’instant t (voir norme NF P94-057).
Après avoir calculé le pourcentage pondéral p, ramené au tamisat à 80 µm, des particules de
dimension inférieure ou égale au diamètre équivalent D correspondant, les résultats sont
présentés ensuite sous forme graphique en représentant la courbe donnant la variation du
pourcentage pondéral p´ de particules de dimension inférieure ou égale au diamètre équi­
valent D correspondant, mais ramené à la masse initiale du tamisat du sol utilisé pour l’ana-
lyse granulométrique par tamisage. Ce pourcentage p´ est calculé en effectuant une règle de
trois, en multipliant le pourcentage p par le pourcentage de passant à 80 µm.
Les autres éléments que doit contenir le rapport d’essai sont listés dans la norme d’essai
utilisée. Un exemple de rapport d’essai est présenté à la figure 6.40.

6.7.2.3. Teneur en eau


La teneur en eau d’un sol permet de quantifier la proportion d’eau qu’il renferme et ainsi de
connaître son état d’humidité. Elle constitue un paramètre d’état et permet d’approcher
certaines caractéristiques mécaniques et d’apprécier la consistance d’un sol fin.
La teneur en eau pondérale d’un sol est le rapport entre la masse d’eau Mw contenue dans un
certain volume de sol et la masse Ms des grains solides contenus dans le même volume. Elle
s’exprime en % et a pour symbole w, de l’anglais water (eau).
M
w = w × 100 (23)
Ms
Différentes méthodes de détermination de la teneur en eau existent. Elles diffèrent par le
procédé de séchage utilisé du sol (séchage par étuvage, séchage par micro-ondes, séchage
au-dessus d’une plaque chauffante). La méthode de référence couramment utilisée est celle de
l’étuvage. Les normes d’essais décrivant cette méthode sont la norme NF  P94-050 ou la
norme NF EN ISO 17892-1. Les autres méthodes de détermination, citées pour mémoire,
ne seront pas présentées ici. Le lecteur pourra se référer aux normes d’essais correspondantes
(NF P94-049-1 pour la méthode au four à micro-ondes et NF P94-049-2 pour la méthode à
la plaque chauffante) afin d’obtenir plus de détails sur ces méthodes et sur leur domaine
d’application.

Certains sols pouvant être sensibles à la chaleur, par exemple les sols organiques dont certains
éléments constituants peuvent se consumer par combustion à température élevée, ou certains
sols gypsifères ou latéritiques, dont la structure peut être modifiée sous l’effet prolongé de la
chaleur, il convient au préalable de s’assurer de cette sensibilité, notamment en fonction de

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Essais de laboratoire | 213
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Fig. 6.40. Exemple de rapport d’essai d’analyse granulométrique par tamisage et par sédimentation
(document Fondasol)

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214 | Reconnaissance des sols

l’origine et de la nature du sol. En cas de présomption de sol sensible à la chaleur, l’étuvage


est réalisé à une température réduite de 50 ± 5 °C. Dans les autres cas (matériaux insensibles),
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la température d’étuvage conventionnelle est de 105 ± 5 °C.


La prise d’essai constituée d’une quantité suffisante et représentative de l’échantillon de sol à
tester est d’abord pesée à son état humide (masse mh), puis elle est mise à l’étuve pour être
séchée pendant une durée minimale t. Après cette première durée d’étuvage, la prise d’essai
est sortie de l’étuve et, après refroidissement, elle est pesée (masse ms1), puis placée à nouveau
dans l’étuve pendant une durée t. La prise d’essai est alors à nouveau sortie de l’étuve puis
pesée, après refroidissement (masse ms2).
m − ms2
écart = s1 (24)
ms1
Une vérification de la variation de masse sèche est alors effectuée en calculant par l’expres-
sion (24) l’écart de masse sèche entre les pesées successives ms1 et ms2. Si cet écart est inférieur
à 2/1 000, alors l’évaporation de l’eau du sol à la température d’étuvage appliquée et consi-
dérée comme terminée et la teneur en eau de l’échantillon peut être déterminée (voir expres-
sion  (25)). Dans le cas contraire, la prise est à nouveau placée à l’étuve pour une durée  t
(pesée ms3) et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’écart entre deux masses sèches successives soit
inférieur ou égal à 2/1 000.
m − ms2
w= h × 100 (25)
ms2
La valeur de la teneur en eau w est exprimée en % et l’intervalle d’arrondissage est de 0,1.

6.7.2.4. Masse volumique des particules solides


La masse volumique des particules solides ρs constituant un sol représente le rapport de
la masse des grains constituant la part solide et sèche du sol sur le volume occupé par cette
part solide.
La masse volumique des particules solides est un paramètre utilisé pour connaître l’indice des
vides, le degré de saturation et la porosité d’un sol. Il peut constituer aussi un indicateur sur
la nature de la part solide d’un matériau, en indiquant par exemple la présence de minéraux
lourds, comme dans des matériaux naturels ou artificiels contenant des éléments ferriques
(masse volumique ρs élevée) ou, au contraire, la présence d’une part solide légère renfermant
par exemple des vides fermés ou constituée de particules non minérales ou organiques (masse
volumique ρs peu élevée).
Elle est souvent utilisée dans le calcul de résultats d’essais mécaniques ou de compactage et
pour vérifier la représentativité de ces résultats en contrôlant la cohérence des relations entre
les phases air + eau + solide des éprouvettes soumises à essai.
La méthode de détermination la plus connue repose sur l’utilisation d’un pycnomètre à eau
comme ceux représentés sur la figure  6.41. Cette méthode est décrite dans les normes
NF P94-054 et EN ISO 17892-3. D’autres liquides, comme l’éthanol ou le kérosène, peuvent
également être utilisés, sous réserve de compatibilité avec le matériau et vis-à-vis des aspects
sanitaires.
La dimension maximale des particules est généralement limitée à 2 mm, afin de pouvoir être
introduites dans le pycnomètre et pour faciliter la saturation de la prise d’essai par le liquide.
Ceci nécessite de séparer et désagréger les particules solides au moyen d’un mortier à pilon.

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Essais de laboratoire | 215
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1 2

1 : pycnomètre en verre avec tube capillaire et thermomètre


2 : pycnomètre en verre avec tube capillaire

Fig. 6.41. Exemples de pycnomètres pour la détermination de ρs (NF EN ISO 17892-3).

6.7.2.4.1. Principe de l’essai au pycnomètre à eau


Après s’être préalablement assuré de la sensibilité du sol à tester à l’action de la chaleur, afin
de retenir la température adaptée de séchage (50 °C ou 105 °C), l’échantillon est séché et
préparé, désagrégé puis homogénéisé afin de prélever une prise d’essai de 25 g environ sur le
tamisat à 2 mm de l’échantillon ainsi préparé.
La prise d’essai est séchée jusqu’à ce que sa masse sèche ne varie pas de plus de 2/1 000 et, si
nécessaire, une séparation des particules agglomérées est réalisée au pilon.
Le pycnomètre est pesé avec ses accessoires (bouchon, capillaire…) nettoyés et secs (masse m1).
La prise d’essai séchée est ensuite introduite dans le pycnomètre et l’ensemble (pycnomètre
avec accessoires  +  prise d’essai) est pesé (masse  m2). Ensuite, le pycnomètre avec la prise
d’essai est rempli quasi complètement d’eau distillée ou déminéralisée et est soumis au
processus de désaération jusqu’à ce qu’aucune bulle de gaz ne reste présente.
Ce processus de désaération peut être réalisé soit par dépression, par application d’un vide
dans le pycnomètre pendant au moins trente minutes, soit par ébullition du liquide du
pycnomètre pendant au moins une heure. Le but de ce processus est de ne plus observer de
bulles de gaz dans le pycnomètre lorsqu’il est agité.
Une fois ce processus terminé et le retour aux conditions ambiantes atteint, le contenu du
pycnomètre équipé de son bouchon et de ses accessoires est soigneusement complété avec de
l’eau jusqu’au repère de remplissage. Le pycnomètre est ensuite pesé ainsi rempli, après l’avoir
essuyé et séché (masse m3).
À la fin de cette étape, le pycnomètre est vidé et lavé, puis rempli avec de l’eau distillée ou
déminéralisée jusqu’à son repère de remplissage. Le pycnomètre ainsi rempli et essuyé est
ensuite pesé (masse m4).

6.7.2.4.2. Expression des résultats


La masse volumique des particules solides ρs est obtenue à partir des différentes masses déter-
minées ci-avant en appliquant la relation (26).

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216 | Reconnaissance des sols

m2 − m1
ρs = ρw· (26)
m4 + m2 − m1 − m3
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avec m1 masse du pycnomètre vide ;


m2 masse du pycnomètre contenant la prise d’essai ;
m3 masse du pycnomètre contenant la prise d’essai, désaéré et rempli d’eau ;
m4 masse du pycnomètre plein d’eau ;
ρw masse volumique de l’eau, conventionnellement prise égale à 1 000 kg/m3.
La masse volumique ρs du sol est déterminée par la moyenne de deux mesures effectuées
sur deux prises d’essai du même échantillon. Elle est exprimée en kg/m3 avec un intervalle
d’arron­dissage de 10 kg/m3.

6.7.2.5. Limites de consistance d’Atterberg


Compte tenu de leur structure, les sols argileux et limoneux ont la propriété d’absorber des
quantités d’eau très importantes ou, au contraire, de se dessécher, ceci en fonction des condi-
tions d’humidité auxquelles ils sont soumis. En fonction de la quantité d’eau que renferment
ces sols, leur consistance change. En effet, pour des quantités d’eau de plus en plus impor-
tantes, la fraction argileuse ou limoneuse du sol finit par se transformer en boue. L’argile a
alors le comportement et la consistance d’un liquide.
Au contraire, si l’argile est suffisamment desséchée, les grains sont très resserrés et les liaisons
deviennent intenses. L’argile a alors le comportement et la consistance d’un solide.
Entre ces deux états extrêmes de consistance, l’argile est malléable : elle a un comportement
plastique.
Les limites de consistance servent à caractériser le comportement des sols argileux et limo-
neux lorsque leur teneur en eau varie et permettent le classement de ces types de sols du point
de vue de leur plasticité et de leur comportement. Les limites d’Atterberg1 constituent des
seuils conventionnels de teneur en eau où l’on définit le changement de consistance du sol. Il
s’agit de caractéristiques de nature. On distingue :
• la limite de liquidité wL, teneur en eau qui traduit le passage entre l’état liquide et
plastique ;
• la limite de plasticité wP, qui correspond à la teneur en eau de passage entre l’état plastique
et l’état solide.
Ces caractéristiques sont complétées par l’indice de plasticité IP, qui représente l’étendue de
teneur en eau où le sol est plastique et qui s’exprime en pourcentage par la formule ci-après :
IP = wL − wP (27)
Outre leur utilisation comme paramètres caractéristiques d’identification et de classement
(voir chapitre 2), ces paramètres sont importants, car de nombreuses corrélations géotech-
niques basées sur ces paramètres ont été établies pour les sols fins.
Avec les limites d’Atterberg (wL et wP), une autre limite conventionnelle, appelée limite de
retrait conventionnelle, notée wR, est également introduite. Cette limite constitue un indica-
teur sur l’aptitude d’un sol fin au retrait (réduction de volume par dessiccation) et peut être

1 Du nom de l’ingénieur agronome suédois Albert Mauritz Atterberg, qui a introduit en 1911 ces notions de limites
de plasticité.

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Essais de laboratoire | 217

associée aux limites d’Atterberg pour l’identification d’un tel sol. Pour un sol argileux donné,
elle correspond généralement à une teneur en eau inférieure à celle de la limite de plasticité
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de ce sol. La figure 6.42 indique la position sur l’échelle des teneurs en eau des différentes
limites et la consistance correspondante du sol argileux.
w=0 wR wP wL

solide semi- plastique liquide


État sec
solide
étuvage

Fig. 6.42. Position schématique des différentes limites d’Atterberg et états de consistance correspondants du sol

La détermination des limites d’Atterberg et de la limite de retrait conventionnelle se fait sur


une partie du sol, correspondant à la fraction du sol de granulométrie inférieure à 400 µm.
Ainsi, afin d’être représentatives du comportement du sol, le guide de réalisation des remblais
et couches de forme (guide « GTR ») indique que cette fraction doit être supérieure à 50 % du
poids sec de sol pour que l’utilisation des limites d’Atterberg afin de qualifier le comporte-
ment d’un sol soit fiable, et qu’en deçà d’une proportion de 35 % de cette fraction, l’utilisa-
tion des limites d’Atterberg pour qualifier le comportement d’un sol devient impossible.
Pour la détermination de la limite de liquidité, les principales techniques d’essais générale-
ment utilisées sont la limite de liquidité à la coupelle de Casagrande et la limite de liquidité
au cône de pénétration. Ces méthodes sont présentées ci-après.
La limite de plasticité est déterminée à partir de la méthode au rouleau présentée ci-après.
Il est à noter, à titre indicatif, qu’afin d’améliorer les conditions de reproductibilité dans la
détermination de la limite de plasticité et afin de réduire l’incertitude due à l’opérateur, une
méthode de détermination de la limite de plasticité à partir du cône de pénétration a été
proposée (projet de norme NF P94-052-2), mais elle n’a toujours pas été normalisée.

6.7.2.5.1. Limite de liquidité à la coupelle de Casagrande

57

12

93,5
60
27 46 Coupelle
54
Came 2

6
Manivelle
Socle 50

150 125

Fig. 6.43. Schéma de l’appareil de Casagrande et cotes nominales – Exemple (dimensions en mm)

Dans cet essai, la limite de liquidité est déterminée à l’aide de l’appareil de Casagrande
(figure 6.43). Si l’on se réfère à la norme NF P94-051, cet appareil est constitué :
• d’un socle plein en bakélite de masse volumique comprise entre 1 250 et 1 300 kg/m3 et de
résistance en compression de 180 à 220 MPa ;

EYR2212118902_Fondations.indb 217 07/01/2019 11:24


218 | Reconnaissance des sols

• d’un cadre support en métal portant la coupelle et équipé d’un mécanisme rotatif à came
permettant, à chaque tour de came, de soulever la coupelle de 1 cm et de la laisser chuter
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de cette hauteur sur le socle ;


• d’une coupelle en laiton chromé, facilement amovible et de forme correspondant à une
portion de sphère. La surface interne qui sera au contact du sol peut être soit lisse pour les
sols argileux plastiques à très plastiques, soit rugueuse pour les sols à texture plus sablo-
limoneuse, peu plastiques ;
• d’un outil à rainurer, rigide (en métal ou en plastique) plat, ayant les caractéristiques
géométriques indiquées sur la figure 6.44 ;
• d’une cale de 10 mm d’épaisseur destinée à vérifier la hauteur de chute de la coupelle.

20 10 11,2 40
50 mm
rayon

60
Cotes en mm 8

Fig. 6.44. Schéma et cotes nominales de l’outil à rainurer

Dans la norme EN ISO 17892-12 en projet, quelques différences par rapport à la norme
française dans certains éléments de l’appareil sont à noter, comme le socle, qui est désormais
constitué de caoutchouc dur, caractérisé par un indice de dureté Shore D d’au moins 80 et
d’une résilience mesurée par rebond élastique S compris entre 0,80 et 0,90. Il est important
de noter que le matériau constituant le socle, sa dureté et sa résilience ont une influence sur
la valeur de limite de liquidité obtenue. Germaine et al. [6 Germaine 2009] mentionnent
qu’une limite de liquidité déterminée avec un socle en bakélite s’avère plus faible de l’ordre
de 83 à 95 % de celle déterminée avec un socle en caoutchouc dur.
Cet écart a conduit, entre autres, à l’écart sur l’enfoncement de référence du cône pour la
détermination de la limite de liquidité suivant les normes d’essais utilisées. Dans la norme
française NF P94-052-1, cet enfoncement de référence est de 17 mm, alors qu’il est de 20 mm
dans la norme anglaise  BS  1377. La norme EN  ISO  17892-12 en projet harmonisera les
pratiques en retenant un socle en caoutchouc dur comme indiqué ci-avant pour l’appareil de
Casagrande et un enfoncement de référence au cône de 20 mm.
Les principales étapes du mode opératoire de l’essai de limite de liquidité à la coupelle
comportent :
a) La préparation de la prise d’essai. Celle-ci est obtenue par imbibition dans l’eau pendant
24 heures au moins d’une quantité d’échantillon de sol. Ensuite, un tamisage à l’eau sur le
tamis de 400 µm de cette quantité est effectué. Le tamisat doit permettre d’obtenir une
prise d’essai, passant au tamis de 400 µm, d’au moins 200 g de matériau sec.
b) Après décantation du tamisat à 400 µm pendant au moins 12 heures, l’eau excédentaire
est éliminée par siphonnage puis par un séchage éventuel à 50 °C de manière à obtenir une
pâte fluide qui sera malaxée et homogénéisée, puis utilisée pour réaliser l’essai.

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Essais de laboratoire | 219

c) La réalisation de l’essai consiste ensuite à remplir la coupelle avec de la pâte, en l’étalant en


plusieurs couches en utilisant une spatule et sans entraîner de bulles d’air. Ce remplissage
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doit conduire à compléter le fond de la coupelle de manière symétrique, comme le montre


la figure 6.45.
d) Une rainure est ensuite pratiquée dans la zone médiane de la coupelle au moyen de l’outil
à rainurer. Cette rainure divise la pâte en deux parties sensiblement égales et crée un profil
de rainure ayant la forme de l’outil, avec notamment deux lèvres en fond de coupelle.
e) Placer la coupelle sur l’appareil de Casagrande et actionner la manivelle de la came afin de
soulever et soumettre la coupelle à une série de chocs, à une cadence d’environ deux coups
par seconde, et ce, jusqu’à observer la fermeture des lèvres en fond de coupelle sur une
longueur d’environ 10 mm (figure 6.45).
f ) Relever le nombre de coups correspondant  N. Celui-ci doit être compris entre  15 et
35 coups inclus. Si ce n’est pas le cas, le processus est recommencé à partir de l’étape c),
après avoir procédé selon le cas à un séchage additionnel ou à une humidification de
la pâte.
g) Prélever une quantité de pâte dans la zone de fermeture des lèvres et en déterminer sa
teneur en eau par étuvage (voir § 6.7.2.3 « Teneur en eau »).
h) Modifier la teneur en eau de la pâte et l’homogénéiser à nouveau, puis réitérer le processus
à partir de l’étape c), de manière à avoir au moins 4 valeurs de N encadrant 25 et telles que
l’écart entre 2 valeurs n’excède pas 10.

Fig. 6.45. Remplissage de la coupelle avec de la pâte, réalisation de la rainure et fermeture des lèvres sur 10 mm

La limite de liquidité à la coupelle est la teneur en eau correspondant à la fermeture des lèvres
sur 1 cm pour un nombre de coups N = 25. Elle est déterminée à partir de la droite d’ajuste-
ment des points (teneur en eau w ; nombre de coups N) reportés sur un diagramme semi-
logarithmique w = f (log N ), comme dans l’exemple de la figure 6.46.

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220 | Reconnaissance des sols

Mesures 1 2 3 4
Nombre de chocs 16 22 27 33
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Teneur en eau % 65,3 61,6 59,2 56,7

100

90

80

70
Teneur en eau en %

60 wL = 60

50

40

30

20

10

0
10 15 20 25 30 35 40 50 60 70 80 90 100
Nombre de chocs

Fig. 6.46. Exemple de diagramme (log N, w) et de détermination d’une limite de liquidité wL


à la coupelle (wL = 60, pour N = 25 coups)

6.7.2.5.2. Limite de liquidité au cône de pénétration


Dans cet essai, la limite de liquidité est déterminée à l’aide de l’appareil au cône de pénétra-
tion (figure 6.47). Si l’on se réfère à la norme NF P94-052-1, cet appareil est constitué :
• d’un socle équipé d’un dispositif de réglage d’horizontalité et d’un support vertical réglable
en hauteur sur lequel viendra coulisser verticalement la tige du cône de pénétration. Ce
dispositif comporte un système de blocage de la tige qui peut être soit à déclenchement
manuel, soit à déclenchement automatique ;

Comparateur

Guide tige
et blocage

Cône et Support
tige vertical

Godet
Socle

Fig. 6.47. Schéma de principe de l’appareil au cône de pénétration

EYR2212118902_Fondations.indb 220 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 221

• d’un cône de pénétration constitué d’une tige métallique sur laquelle est fixé un cône en
acier lisse de  30° d’angle au sommet et d’au moins 35  mm de hauteur. La masse de
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l’ensemble tige + cône est de 80 g ;


• d’un comparateur permettant de mesurer l’enfoncement, après 5 secondes, du cône et de
sa tige dans la pâte ;
• d’un récipient cylindrique (godet) en métal, verre, aluminium, etc., dans lequel la pâte de
sol sera étalée jusqu’à le remplir. Son diamètre sera d’au moins 55 mm et sa hauteur d’au
moins 35 mm.

Les principales étapes du mode opératoire de l’essai de limite de liquidité au cône comportent :
a) La préparation de la pâte. Celle-ci est identique à celle de l’essai à la coupelle. Elle est
présentée dans le paragraphe précédent (6.7.2.5.1).
b) La réalisation de l’essai consiste ensuite à remplir le godet avec de la pâte, en l’étalant en
plusieurs couches, en utilisant une spatule et en tapotant la base du récipient afin d’éli-
miner les bulles d’air. Un arasement de la surface du récipient rempli est ensuite effectué
afin d’obtenir une surface de pâte plane, lisse et horizontale.
c) Après avoir nettoyé le cône, placer le godet sur le socle et ajuster la position de la pointe du
cône juste au contact de la pâte à la surface et au centre du godet. Le cône est en position
correcte lorsqu’il est sensiblement au centre de la surface et qu’en déplaçant légèrement le
godet la pointe laisse une légère trace à la surface de la pâte. Bloquer alors la tige et relever
à ce moment la position initiale du cône avec le comparateur.
d) Libérer ensuite la tige afin de laisser l’ensemble tige + cône s’enfoncer dans la pâte pendant
5 secondes. Relever avec le comparateur la nouvelle position du cône et faire la différence
avec la lecture initiale afin de déterminer l’enfoncement e du cône. Celui-ci doit être
compris entre 12 mm et 25 mm. Si ce n’est pas le cas, le processus est recommencé à partir
de l’étape b), après avoir procédé selon le cas à un séchage additionnel ou à une humidifi-
cation de la pâte.
e) Prélever une quantité de pâte (15 g environ) dans la zone d’enfoncement du cône et en
déterminer sa teneur en eau par étuvage (voir § 6.7.2.3 « Teneur en eau »).
f ) Modifier la teneur en eau de la pâte, l’homogénéiser à nouveau et réitérer le processus à
partir de l’étape b) ci-avant, de manière à avoir au moins 4 valeurs de l’enfoncement e,
encadrant 20 mm et telles que l’écart entre 2 valeurs n’excède pas 2 à 5 mm.

La limite de liquidité au cône est la teneur en eau correspondant à une valeur conventionnelle
d’enfoncement e. La norme française NF P94-052-1 actuellement en vigueur fixe cette valeur
à 17 mm. Il est à noter que la norme EN ISO 17892-12 en projet et qui remplacera à terme
la norme française harmonisera les pratiques en vigueur dans d’autres pays en retenant une
valeur d’enfoncement de référence au cône de 20 mm.

La limite de liquidité est déterminée à partir de la droite d’ajustements des points (teneur en
eau w ; enfoncement e) reportés sur un diagramme w = f (e), comme dans l’exemple de la
figure 6.48, sur laquelle ont été représentées les valeurs de wL obtenues pour des enfonce-
ments conventionnels de 17  mm (norme NF  P94-052-1) et de 20  mm (norme
EN ISO 17892-12, en projet).

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222 | Reconnaissance des sols

Mesures 1 2 3 4
Enfoncement en (mm) 15,8 19,3 21,1 23,9
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Teneur en eau en % 65,3 61,6 59,2 56,7

100

90

80
Teneur en eau en %

70

60

50

40

30

20
10 15 14 16 17 18 20 22 24 26 28 30
Enfoncement e (mm)
Limite de liquidité (e = 17 mm). wL : 64 %
Limite de liquidité (e = 20 mm). wL : 61 %

Fig. 6.48. Exemple de diagramme (e, w) et de détermination d’une limite de liquidité wL au cône –
wL = 64 % pour e = 17 mm (norme NF P94-052-1) et wL = 61 % pour e = 20 mm (norme EN ISO 17892-12)

6.7.2.5.3. Limite de plasticité au rouleau


La limite de plasticité wP, selon la norme NF P94-051, est la teneur en eau conventionnelle
d’un rouleau de pâte de sol qui se fissure lorsque son diamètre atteint 3,0 mm ± 0,5 mm et sa
longueur 10 cm environ. Ce rouleau ne doit pas être creux. Il est à noter que, dans la norme
harmonisée EN ISO 17892-12 actuellement en projet, le diamètre nominal du rouleau est
de 3,0 mm ± 0,5 mm.
La préparation de la pâte de sol est identique à celle pour la limite de liquidité, telle que
présentée au paragraphe précédent (6.7.2.5.1). En effet, on procède généralement à la déter-
mination de la limite de plasticité à la suite de la limite de liquidité sur la même prise d’essai
préparée.
La réalisation de l’essai consiste, à partir d’une boulette de pâte, à former un rouleau de sol en
l’amincissant graduellement jusqu’à atteindre un diamètre de 3 mm, que des fissures appa-
raissent et que le rouleau reste entier sur une longueur de 10 cm environ. Lorsque cette condi-
tion est atteinte, prélever les morceaux du rouleau obtenu dans sa partie centrale et en
déterminer la teneur en eau par étuvage (voir §  6.7.2.3 « Teneur en eau »). Reformer une
nouvelle boulette et réitérer l’essai en formant un nouveau rouleau respectant les critères de
diamètre (3,0 mm ± 0,5 mm) et de longueur (10 cm environ) lorsque les fissures apparaissent.
Déterminer la teneur en eau par étuvage de cette seconde mesure.
Si, pendant la confection du rouleau, aucune fissure n’apparaît ou que le diamètre obtenu est
inférieur à 3 mm, cela signifie que la teneur en eau à ce moment est au-dessus de la limite de
plasticité et qu’il faut recommencer l’essai, après avoir fait baisser légèrement la teneur de la
boulette.
Si, au contraire, le rouleau commence à se fissurer trop tôt, c’est-à-dire pour un diamètre
supérieur à 3 mm, cela signifie que la teneur en eau à ce moment est inférieure à la limite de

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Essais de laboratoire | 223

plasticité. L’essai doit être recommencé en humidifiant légèrement la pâte avant de reprendre
la boulette et la confection d’un nouveau rouleau.
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La limite de plasticité wP est la moyenne arithmétique des teneurs en eau obtenues à partir
des deux essais des rouleaux respectant les critères de diamètre et de longueur. Elle est arrondie
au pourcent près.

6.7.2.5.4. Limite de retrait conventionnelle sur le passant à 400 µm


Les sols argileux présentent d’importantes variations de volume lorsqu’ils sont soumis à
dessiccation ou à imbibition. Il importe donc d’identifier les sols susceptibles de telles varia-
tions de volume.
L’essai de dessiccation pour la détermination de la limite de retrait conventionnelle sur le
passant à 400 µm d’un matériau remanié est décrit dans la norme française XP P94-060-1.
Cet essai vient compléter la détermination des limites de consistance wL et wP en caractéri-
sant la teneur en eau correspondant à l’arrêt du retrait volumique du sol remanié, lorsque
celui-ci est soumis à dessiccation à partir d’un état de consistance liquide, jusqu’à son séchage
complet à l’étuve à 105 °C. La variation de volume entre l’état initial liquide et l’état sec après
étuvage est également mesurée.
Comme pour la détermination des limites d’Atterberg, cet essai est effectué sur la fraction de
matériau passant au tamis de 400 μm. Cette partie est préparée sous forme de pâte de teneur
en eau voisine de la limite de liquidité du matériau, puis est disposée dans une coupelle rigide
de volume et de masse connus. Le remplissage de la coupelle par la pâte doit être fait soigneu-
sement sans emprisonner de bulles d’air, de manière à considérer l’éprouvette comme saturée.
Après pesage, le contenu de la coupelle est laissé à dessécher graduellement à l’air ambiant
pendant au moins 12 heures. Le séchage est ensuite terminé à l’étuve à 105 °C, jusqu’à stabi-
lisation du poids sec. À la sortie de l’étuve, l’éprouvette est disposée dans un dessiccateur puis
pesée après refroidissement.
Après avoir soigneusement extrait l’éprouvette de la coupelle, son volume est déterminé par
immersion dans du mercure (figure 6.49).

5
1
1
6
2 2
4
4 3
3 7

a) préparation b) immersion de la prise d’essai dans le mercure

1. Récipient rempli de mercure. 2. Bac. 3. Eau. 4 Mercure. 5. Plaque rigide avec pointes.
6 Prise d’essai. 7. Mercure chassé du récipient 1 par l’introduction de la prise d’essai.

Fig. 6.49. Schéma du processus de détermination du volume de l’échantillon par immersion dans du mercure

La limite de retrait conventionnelle wR d’un échantillon résulte de la moyenne des mesures


effectuées sur trois prises d’essai. Elle est exprimée en pourcentage. Elle est déterminée à partir
des masses humide mh (initiale) et sèche md (finale) et des volumes correspondants Vh et Vd,

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224 | Reconnaissance des sols

en postulant que la variation de volume entre les états initial et final est égale au volume d’eau
perdue pendant la dessiccation et que le volume de l’éprouvette ne varie plus en deçà de la
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limite de retrait (figure 6.50), soit :


m − ρ ·(V − Vd)
wR = h w h − 1 (28)
md

50 Courbe de retrait volumique 50 Courbe de retrait volumique


d’une marne argileuse d’une marne argileuse

Déformation volumétrique (%)


wL = 42 IP = 21 (Éch. remanié) wL = 42 IP = 21 (Éch. remanié)
Volume de l’éprouvette (cm3)

40 40

Vh
30 30

20 Vd 20

10 10
wR wR

0 0
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Teneur en eau (%) Teneur en eau (%)
a) b)

Fig. 6.50. Courbes de retrait conventionnelles, représentant la variation, en fonction de la teneur en eau, du volume de
l’échantillon (a) entre l’état humide initial Vh et l’état sec Vd et de la déformation volumique ΔV/V correspondante (b)

Un inconvénient majeur de cet essai réside dans l’utilisation de mercure pour déterminer le
volume final de l’éprouvette. En effet, ce produit présente des risques vis-à-vis de la sécurité
et de la santé au travail et nécessite la mise en œuvre de précautions particulières d’utilisation
et de mesures de prévention et de protection du personnel et de l’environnement.
Les essais de dessiccation présentés ci-avant permettent la détermination de caractéristiques
de retrait du matériau testé et notamment des limites de retrait conventionnelles  wR sur
l’échantillon remanié et effectives wRe, sur l’échantillon intact.
Des essais de dessiccation effectués sur un même matériau (Zerhouni et al. 1998) ont montré
que ces limites de retrait sont généralement différentes et dépendent de l’état initial et de
l’histoire du sol (Biarez et al. 1988).
Ainsi, pour caractériser le comportement d’un matériau naturel non remanié, il est indispen-
sable de réaliser des essais de dessiccation pour la détermination de la limite de retrait effec-
tive et du facteur de retrait qui est lié à l’état du matériau.
La limite de retrait conventionnelle apparaît être indépendante de l’état initial et doit être
considérée comme un paramètre intrinsèque d’identification au même titre, par exemple, que
les limites d’Atterberg wL et wP.

6.7.2.6. Masse volumique apparente des sols fins


Cet essai permet de déterminer la masse volumique apparente d’un sol. L’échantillon de sol à
utiliser doit être de classe de qualité 2 ou mieux (voir § 6.3.1.2) et être représentatif de la
masse volumique en place du sol à tester. La masse volumique ρ représente le quotient de la
masse m du sol par le volume V qu’il occupe. Elle constitue un paramètre d’état du sol et
permet de déterminer, entre autres, l’état de contraintes totales en place dû au poids des terres.

EYR2212118902_Fondations.indb 224 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 225

La norme NF P94-053 spécifie trois méthodes de détermination de la masse volumique en


laboratoire. Deux méthodes (a et b) sont basées sur des mesures géométriques et une (c) sur
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des mesures par pesées :


a) Méthode de la trousse coupante : dans cette méthode, une trousse coupante rigide, et dont
les dimensions, le volume V et la masse m2 sont connus, est utilisée pour prélever et tailler
dans l’échantillon de sol une éprouvette dont les dimensions et le volume au final seront
celles de la trousse coupante. L’éprouvette une fois taillée et arasée et la trousse coupante
dans laquelle elle est logée sont pesées (masse m1). La masse volumique apparente humide ρ
est alors déterminée par :
m − m2
ρ= 1 (29)
V
b) Méthode du moule : dans cette méthode, un moule rigide, généralement cylindrique, dont
le volume intérieur V et la masse m3 sont connus, est rempli jusqu’à débordement par le
sol. Le mode de remplissage du moule est à définir au préalable, par exemple par compac-
tage statique ou dynamique, pluviation, etc. La partie supérieure du moule est ensuite
arasée et l’ensemble moule + sol est pesé (masse m4). La masse volumique apparente
humide ρ est alors déterminée par :
m − m4
ρ= 3 (30)
V
c) Méthode par immersion dans l’eau : dans cette méthode, la prise d’essais extraite de
l’échantillon de sol sur lequel l’essai est à réaliser est taillée de manière à avoir une forme
géométrique relativement simple, sans creux ni aspérités ou vides, de manière à pouvoir
être facilement enduite de paraffine. Elle doit être suffisamment cohérente afin de pouvoir
se tenir pendant tout le processus d’essai. La prise d’essai une fois préparée est pesée
(masse m). Elle est ensuite enduite et entièrement recouverte d’une couche de paraffine
fondue liquide, de manière à la rendre étanche. Après durcissement de la paraffine, la prise
d’essai est à nouveau pesée (masse mp). L’étape suivante consiste à placer la prise d’essai
paraffinée dans un panier et à procéder à une pesée hydrostatique en immergeant dans
l’eau l’éprouvette placée dans un panier (masse  m´p). La masse volumique apparente
humide ρ de la prise d’essai est alors déterminée par :
m
ρ= (31)
V
m − m´p mp − m
où V= p − (32)
ρw ρp
avec ρw masse volumique de l’eau, conventionnellement prise égale à 1 000 kg/m3 ;
 ρp masse volumique de la paraffine, qu’il convient de déterminer. À défaut, celle-ci
est conventionnellement prise égale à 880 kg/m3.
La norme harmonisée EN ISO 17892-2, qui remplacera la norme française NF P94-053,
reprend les méthodes décrites ci-avant. Elle comporte également une autre méthode de déter-
mination de la masse volumique intitulée « méthode par déplacement de fluide ». Elle est
basée sur l’immersion de la prise d’essai paraffinée dans un récipient contenant de l’eau et
équipé d’un système de trop-plein et la pesée (masse mw) du volume d’eau déplacée par cette
immersion et s’évacuant par le trop-plein permet de déterminer le volume de la prise d’essai
paraffinée. Le calcul du volume V de la prise d’essai est déduit de manière similaire à la
formule (32) en remplaçant le terme (mp − m´p) par mw.

EYR2212118902_Fondations.indb 225 07/01/2019 11:24


226 | Reconnaissance des sols

La masse volumique sèche ρd peut être calculée à partir de la masse volumique humide ρ et
de la teneur en eau w de l’échantillon par l’expression :
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ρ
ρd = w (33)
1+
100

6.7.2.7. Indice des vides emin et emax et indice de densité relative


Pour les sols granulaires pulvérulents et non cohérents, l’état de densité influe largement sur
le comportement du sol. Il est donc important de caractériser l’état de densité d’un sol pulvé-
rulent une fois en place par rapport à l’intervalle de densités maximale (état le plus dense) et
minimale (état le plus lâche) qu’il peut atteindre. L’indice des vides e et la masse volumique
sèche apparente ρd sont des paramètres qui caractérisent l’état de densité.
La détermination conventionnelle des masses volumiques minimale (ρd min et emax) et maxi-
male (ρd max et emin) des sols non cohérents fait l’objet de la norme d’essai NF P94-059.
On peut définir à partir de ces masses volumiques l’indice de densité ID comme suit :
1 1

emax − e ρd min ρd
ID = = (34)
emax − emin 1 1

ρd min ρd max

Cet indice est identique à la densité relative DR (relative density), exprimée en pourcents
(DR = 100 × ID), utilisée notamment dans la bibliographie anglo-saxonne.
L’indice de densité ou la densité relative sont des paramètres fréquemment utilisés comme
paramètres caractéristiques d’identification ou d’état des sols pulvérulents, mais aussi dans de
nombreuses corrélations géotechniques ou de comportement, comme celles utilisées dans la
qualification de la susceptibilité des sols à la liquéfaction.
L’essai de détermination de emax et emin s’applique aux sables et graviers secs dont la dimension
maximale dmax des grains ne dépasse pas 50 mm et le passant à 80 µm est inférieur ou égal
à 12 %. Le principe de l’essai repose sur la détermination de la masse volumique d’un échan-
tillon de sol pulvérulent obtenue successivement :
a) à l’état lâche : on procède au remplissage avec le matériau d’un moule métallique rigide
dont les dimensions sont données dans le tableau 6.15 en fonction de la dimension maxi-
male des particules de l’échantillon. Ce remplissage s’effectue de manière normalisée, soit
par répandage au moyen d’un dispositif à goulotte (figure 6.51) lorsque le dmax est infé-
rieur ou égal à 10 mm (sables), soit par remplissage manuel à la pelle lorsque le dmax est
supérieur à 10 mm (graves). Après remplissage, on procède à l’arasement soigné du moule
ainsi rempli, puis on effectue le pesage du moule rempli afin de déterminer la masse
sèche m de matériau à l’état lâche. Connaissant la masse volumique des grains solides ρs
(voir § 6.7.2.4) et le volume du moule Vm, la masse volumique sèche ρd et l’indice des
vides emax sont obtenus par :
m ρ
ρd min = et emax = s − 1 (35)
Vm ρd min

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Essais de laboratoire | 227

Tableau 6.15. Dimensions des moules et masses de matériau à utiliser.


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Taille dmax Moule d’essai à utiliser Masse de matériau


des plus grosses sec nécessaire
particules de matériau Diamètre intérieur Dm Volume nominal Vm (kg)
(mm) (mm) (cm3)

d<5 100 750 ≥ 7,5

5 ≤ d < 31,5 150 2 500 ≥ 25

31,5 ≤ d ≤ 50 250 10 000 ≥ 100

Entonnoir de
remplissage Système
de
70°
relevage
± 3°
Guidage et
centrage
hg = 175 ± 5 mm

Goulotte

Moule

Table vibrante

Fig. 6.51. Dispositif de répandage par goulotte (dmax ≤ 10 mm) et table vibrante (document Afnor)

b) à l’état dense : le moule obtenu à l’étape a), rempli de son échantillon arasé, est équipé
d’une réhausse permettant l’insertion d’une surcharge au-dessus de la surface de l’échan-
tillon. Cette surcharge doit permettre d’appliquer une pression de 10 kPa sur l’échantillon.
Ensuite, l’ensemble moule équipé de sa réhausse rempli de l’échantillon (voir étape a)) et
surcharge est fixé à la table vibrante et soumis à une phase de vibration pendant une durée
de 8 min ± 15 secondes afin de densifier l’échantillon. L’amplitude de vibration à imposer
est de  0,5 mm  ± 0,1 mm à une fréquence de  50 Hz. Après avoir retiré délicatement la
réhausse, on détermine le nouveau volume de l’échantillon en mesurant la hauteur finale
atteinte par l’échantillon après vibration. Pour ce faire, on utilise une cale métallique posée
à la surface de l’échantillon et on détermine au moyen d’un capteur de déplacement ou

EYR2212118902_Fondations.indb 227 07/01/2019 11:24


228 | Reconnaissance des sols

d’un comparateur la différence entre la hauteur de l’échantillon obtenu à l’état lâche et


correspondant à la hauteur du moule (étape a)) et la hauteur obtenue après vibration.
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Cette différence Δh correspond à la moyenne des lectures du comparateur effectuées en


trois points disposés à 120° à la surface de l’échantillon. Le volume final Vmin correspon-
dant à l’état dense peut ensuite être obtenu à partir de Δh et des caractéristiques du moule
utilisé (voir tableau 6.15) en connaissant la section Sm intérieure du moule :
m Δh·π·Dm2
ρd max = avec Vmin = Vm − (36)
Vmin 4
ρs
et emax = − 1 (37)
ρd max

6.7.2.8. Teneur en carbonate


Cet essai est destiné à la détermination et à la quantification conventionnelle du pourcentage
de la fraction carbonatée, par exemple le carbonate de calcium (CaCO3), contenue dans un
sol, une roche ou un matériau.
Cette teneur en carbonate permet d’identifier les matériaux carbonatés (calcaires, marnes…)
et de distinguer les sols marneux des sols argileux, dont le comportement géotechnique est
très différent. En particulier, ce paramètre est primordial dans la distinction des sols marneux
des sols argileux, souvent similaires d’apparence, et pour déterminer les catégories convention­
nelles de sols à considérer pour le dimensionnement des fondations profondes ou superfi-
cielles et leurs interactions avec le sol. À ce titre, les normes récentes de dimensionnement
NF P94-261 des fondations superficielles et NF P94-262 des fondations profondes permettent
de classer les sols cohérents en fonction de la teneur en carbonate, comme indiqué dans le
tableau 6.16. Cette classification diffère quelque peu de celle adoptée par les géologues (voir
chapitre 1).
Tableau 6.16. Classement des sols en fonction de leur teneur en carbonate,
selon les normes NF P94-261 et NF P94-262

Teneur en carbonate (CaCO3) Classe de sol

0 – 10 % Argile ou limon

10 – 30 % Argile marneuse ou limon marneux

30 – 70 % Marne

70 – 90 % Calcaire marneux

90 – 100 % Calcaire (ou craie)

Le principe de l’essai consiste à déterminer la quantité de dioxyde de carbone (CO2) qui se


dégage lorsqu’un échantillon de sol contenant du carbonate est attaqué par de l’acide chlorhy-
drique dilué. Cet essai fait l’objet de la norme NF P94-048.
Le dispositif d’essai utilisé est un calcimètre, dont le schéma de principe est donné à la
figure 6.52.
Le matériau à tester est d’abord séché puis broyé finement. Une prise d’essai est prélevée. La
masse sèche m de cette prise d’essai dépend de la teneur en carbonate du matériau. Cette
masse varie de 10 grammes environ pour des matériaux à très faible teneur en carbonate

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Essais de laboratoire | 229

(moins de 5 %) à moins de 0,5 gramme pour une teneur élevée (supérieure à 80 %). Pour une
teneur de l’ordre de 20 à 40 %, la masse de la prise d’essai est de l’ordre du gramme. Cette
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prise d’essai (7) est ensuite introduite dans le flacon à réaction (5). Remplir le tube d’essai (6)
avec 10 cm3 d’acide chlorhydrique (HCl) de densité 1,19 et le placer délicatement dans le
flacon à réaction. Ouvrir le robinet (3) pour équilibrer la pression du système avec la pression
atmosphérique et pour initialiser et équilibrer les niveaux d’eau dans la burette (2) et dans le
réservoir (1). Pour ce faire, déplacer le réservoir vers le haut de manière à ramener le niveau
d’eau au zéro de la burette, situé en haut de la burette.
Obturer le flacon à réaction avec son bouchon, tout en laissant le passage, au travers du
bouchon, du gaz qui s’échappera du flacon (5) vers le haut de la burette (2) en transitant par
le refroidisseur (8). Fermer ensuite le robinet (3) et vérifier que la lecture initiale du volume
d’eau dans la burette est bien à 0.

10

5
2

8
7

1. Réservoir d’eau. 2. Burette graduée. 3. Robinet. 4. Bac d’eau à température ambiante. 5. Flacon à réaction. 6. Tube
d’essai. 7. Prise d’essai du matériau à tester. 8. Système refroidisseur du CO2 (serpentin). 9. Tubulure souple. 10. Eau.

Fig. 6.52. Dispositif d’essai pour déterminer la teneur en CaCO3 – Schéma d’un calcimètre (document Afnor)

Procéder ensuite à la réaction d’attaque de la prise d’essai par l’acide en inclinant ou en


renversant le tube à essai (6) qui se trouve dans le flacon (5) de manière à déverser et imbiber
la prise d’essai avec l’acide chlorhydrique. La réaction d’attaque produit le dégagement de gaz
et provoque l’abaissement du niveau d’eau dans la burette. Déplacer alors le réservoir vers le
bas de manière à équilibrer son niveau avec celui de la burette. Maintenir cet équilibre tant
qu’un dégagement gazeux se produit. Agiter le flacon de façon à permettre l’imbibition
complète de la prise d’essai et jusqu’à ce que le volume ne varie plus pendant 5  minutes.
Placer alors le flacon (5) dans le bac d’eau (4) afin de le refroidir pendant 5 minutes environ.
Équilibrer alors les niveaux d’eau de la burette et du réservoir et relever sur la burette la lecture
du volume final Vb atteint.

EYR2212118902_Fondations.indb 229 07/01/2019 11:24


230 | Reconnaissance des sols

Relever alors la température θb en °C de la salle d’essai et la pression atmosphérique p en kPa.


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L’essai est ensuite réitéré sur une deuxième prise d’essai en reprenant l’ensemble du processus
décrit ci-avant.
La teneur en carbonate, exprimée en pourcentage, est calculée sur chaque prise d’essai à
partir de l’expression suivante :
1,2 Vb· p (38)
CaCO3 =
m ·(θb + 273)
La valeur retenue correspond à la moyenne des résultats obtenus sur les deux prises d’essai.
Dans le cas où la mesure de la pression atmosphérique n’est pas effectuée, l’essai est également
conduit sur une masse mt d’un échantillon de référence constitué de carbonate de calcium
pur, dans les mêmes conditions ambiantes de température et de pression atmosphérique que
celles des essais conduits sur les prises d’essai du matériau à tester. Le volume de gaz dégagé Vt
correspondant à une teneur en carbonate de 100 %, la teneur en carbonate du matériau peut
alors être déduite par :
m V
CaCO3 = 100 × t · b (39)
m Vt

6.7.2.9. Teneur en matières organiques


La teneur en matières organiques constitue un paramètre d’identification important pour la
classification des sols susceptibles de renfermer des matières organiques dans leur constitu-
tion. Ces matières influent largement sur le comportement du sol et en particulier de son
évolution dans le temps.
Les sols organiques sont généralement fortement compressibles et présentent des tassements
de fluage importants sur de longues périodes (tassement secondaire), atteignant plusieurs
années. En outre, la présence de matières organiques peut empêcher l’efficacité d’un traite-
ment ou d’une amélioration des sols fins aux liants hydrauliques.
La teneur en matières organiques MO correspond au rapport de la masse sèche des matières
organiques contenues dans un échantillon à la masse sèche de l’échantillon. Elle est exprimée
en pourcentage.
Afin de pouvoir déterminer sa masse sèche, le matériau renfermant des matières organiques
doit être séché par étuvage à une température de 50 °C de manière à ne pas altérer ces matières.
Pour la détermination de la masse sèche des matières organiques contenues dans le matériau,
deux méthodes d’essais peuvent être mises en œuvre :
a) La méthode chimique : cette méthode fait l’objet de la norme française NF P94-055 et
consiste à déterminer, par un procédé chimique, la teneur en carbone présent dans un
échantillon de sol. Après avoir prélevé environ 200 g de matériau tamisé à  20 mm, on
procède à son séchage à 50 °C à l’étuve jusqu’à masse constante. Cette quantité est ensuite
broyée, puis tamisée au tamis de 315 µm. Une prise d’essai de l’ordre du gramme est
ensuite prélevée sur le tamisat à 315 µm. Cette prise d’essai est placée dans un ballon
chauffant dans lequel on rajoute une solution de dichromate de potassium, additionnée
d’acide sulfurique. Après agitation, le ballon est placé dans un chauffe-ballon et le mélange
est porté à ébullition. Ce processus permet d’oxyder le carbone organique contenu dans la
prise d’essai. Une fois l’oxydation réalisée, on procède au dosage de dichromate de potas-

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Essais de laboratoire | 231

sium restant après oxydation dans le mélange, par l’ajout d’un volume d’une solution de
sulfate double d’ammonium et de fer. Le dosage est caractérisé par un changement de
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couleur caractéristique du mélange. Le volume ajouté de la solution de sulfate double


d’ammonium est directement relié à la quantité de carbone organique et donc de matières
organiques contenues dans la prise d’essai. Le mode opératoire détaillé, l’appareillage et le
calcul de la teneur en matières organiques par la méthode chimique sont détaillés dans la
norme NF P94-055, à laquelle il convient de se référer.
b) La méthode par calcination : dans cette méthode, qui fait l’objet de la norme française
XP P94-047, l’essai consiste à déterminer la perte de masse due à la calcination des matières
organiques contenues dans le matériau placé dans un four à une température de 450 °C
à  500 °C. Après avoir procédé au séchage du matériau à l’étuve à  50 °C, une quantité
d’environ 200 g de matériau tamisé à 2 mm est prélevée, puis broyée. Deux prises d’essai
d’environ 50 g sont prélevées et disposées dans des creusets réfractaires, préalablement
séchés entre 450 °C et 500 °C et pesés (masse m0). Peser alors chacun des creusets conte-
nant la prise d’essai et noter leur masse m1. La calcination des prises d’essai est réalisée en
plaçant les creusets dans le four et en les laissant pendant au moins trois heures à une
température comprise entre 450 °C et 500 °C. Après calcination, les creusets et le résidu
de la prise d’essai qu’ils contiennent sont extraits du four et laissés à refroidir puis pesés
individuellement (masse m2). La teneur en matières organiques de chaque prise d’essai est
déduite alors par :
m − m2
MO = 100 × 1 (40)
m1 − m0

6.7.2.10. Coefficient de fragmentabilité


Le coefficient de fragmentabilité, noté FR, constitue un des paramètres d’identification et
de classification des matériaux rocheux utilisables dans la construction de remblais et de
couches de forme ou en travaux de terrassement. En effet, il constitue un des paramètres
représentatifs du comportement de certains matériaux rocheux plus ou moins friables, dont
la granularité évolue et se modifie au cours des différentes opérations de travaux de mise en
œuvre, comme l’extraction, le régalage, le compactage, etc.
Ce coefficient est déterminé à partir d’un essai de fragmentation, décrit dans la norme
NF P94-066. Il s’exprime par le rapport des diamètres D10 d’un échantillon, mesurés avant
et après lui avoir fait subir une séquence de pilonnage dans un moule CBR de 100 coups de
compactage avec la dame de compactage de l’essai Proctor normal (voir § 6.7.5.1).
D10 avant pilonnage
FR = (41)
D10 après pilonnage
Les diamètres D10, représentant le diamètre de tamis auquel correspond 10 % de passant, sont
déterminés en réalisant une analyse granulométrique simplifiée par tamisage de l’échantillon
avant, puis après cette séquence de pilonnage.
La détermination de ce coefficient est particulièrement utile pour préciser le classement des
roches argileuses (marnes, schistes, argilites, pélites), des roches siliceuses (grès, poudingues,
brèches) et des roches magmatiques et métamorphiques (granite, basalte, gneiss, schiste), avec
notamment un seuil de FR = 7, au-delà duquel le matériau est considéré comme fragmentable
(FR > 7).

EYR2212118902_Fondations.indb 231 07/01/2019 11:24


232 | Reconnaissance des sols

6.7.2.11. Coefficient de dégradabilité


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Le coefficient de dégradabilité, noté DG, constitue un des paramètres d’identification et de


classification de matériaux rocheux utilisables dans la construction de remblais et de couches
de forme ou en travaux de terrassement. En effet, il constitue un des paramètres représenta-
tifs du comportement de certains matériaux rocheux, qui se traduit par une évolution de leurs
caractéristiques géotechniques, comme la granularité et l’argilosité, par rapport à celles
observées immédiatement après leur extraction. Cette évolution est imputable à l’action
combinée des agents climatiques et hydrogéologiques auxquelles le matériau est soumis (gel,
cycles séchage-imbibition), et des contraintes mécaniques subies au cours des différentes
opérations de travaux de mise en œuvre.
Ce coefficient est déterminé à partir d’un essai de dégradabilité par des cycles d’imbibition-
séchage, décrit dans la norme NF P94-067. Il s’exprime par le rapport des diamètres D10 d’un
échantillon, mesurés avant et après lui avoir fait subir une série de 4  cycles comprenant
chacun une immersion pendant 8 heures dans l’eau, puis un séchage pendant 16 heures à
l’étuve, à 105 °C.
Au terme de ces quatre cycles, un tamisage de l’échantillon est effectué afin de déterminer le
diamètre D10 du matériau qui en résulte. Ce diamètre est comparé à celui de l’échantillon initial.
Le coefficient de dégradabilité DG est défini alors par le rapport entre ces valeurs de D10 :
D10 initial, avant le 1er cycle d’immersion–séchage
DG = (42)
D10 final, après le 4e cycle d’immersion–séchage
La détermination de ce coefficient est particulièrement utile pour préciser le classement des
roches argileuses (marnes, schistes, argilites, pélites), plus ou moins sensibles aux actions des
effets climatiques, notamment.
Deux seuils de valeurs de DG, à 5 et à 20, permettent le classement comme peu dégradable
lorsque DG est inférieur ou égal à 5, comme moyennement dégradable lorsque 5 < DG ≤ 20 et
comme très dégradable lorsque DG est supérieur à 20.

6.7.2.12. Valeur de bleu de méthylène du sol


La valeur de bleu de méthylène du sol, notée VBS, constitue un des paramètres d’identifi-
cation et de classification des sols permettant de caractériser l’argilosité des sols et plus particu­
lièrement des sols peu à moyennement plastiques, pour lesquels la caractérisation par les
limites de consistance (limites d’Atterberg) devient inapplicable ou peu précise.
Ce paramètre représente la quantité de bleu de méthylène pouvant s’adsorber sur les surfaces
accessibles internes et externes des particules de sol. Il s’agit ainsi d’une grandeur directement
corrélée à la surface spécifique du sol. Cette surface spécifique est d’autant plus importante
qu’il y a des particules fines présentes dans le sol et notamment les particules argileuses
(< 2 µm). Comme l’argilosité du sol est corrélée à la surface spécifique et à la capacité d’adsorp­
tion, on peut considérer que la valeur de bleu d’un sol VBS exprime la quantité et l’activité de
l’argile contenue dans ce sol.
La détermination de la VBS d’un sol est réalisée par l’essai à la tâche, décrit dans la norme
NF P94-068.
Cet essai consiste à mesurer par dosage la quantité de bleu de méthylène pouvant être adsorbé
par une quantité de l’échantillon de matériau testé, écrêté à 5 mm, mise en suspension dans

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Essais de laboratoire | 233

de l’eau et constamment agitée par un agitateur mécanique. Le bleu de méthylène, sous forme
d’une solution à 10 g/l, est introduit par injections successives de 2, 5 ou 10 cm3 à l’aide
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d’une burette ou d’un doseur volumétrique.


À chaque injection, un test à la tache est effectué afin de détecter la saturation des particules
par le bleu de méthylène. Ce test consiste à déposer sur un papier-filtre de caractéristiques
spécifiques une goutte de la suspension agitée de sol et de solution de bleu méthylène injectée,
puis à observer la forme et la couleur de la tache formée par la goutte sur le papier-filtre. Si
on observe une auréole bleue claire autour de la tache déposée, alors le test est dit positif. Une
minute après ce premier test, celui-ci est répété 5 fois à raison d’une tache par minute et sans
ajout de bleu, afin de confirmer la saturation par le bleu de méthylène. Si les 5 tests à la tache
successifs s’avèrent positifs, alors l’essai est arrêté et on note le volume total VB de bleu de
méthylène injecté. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si l’auréole autour de la tache disparaît,
alors, la saturation n’est pas terminée et on poursuit l’injection en plus petites quantités de
solution de bleu de méthylène et la réalisation des tests à la tache, jusqu’à obtenir la série
successive de tests positifs, comme décrit ci-avant.
Connaissant la masse sèche m0 de la prise d’essai de sol qui a été mise en solution et C la
proportion exprimée en % de la fraction 0/5 mm dans la fraction 0/50 mm du sol, la valeur
de bleu du sol VBS est déterminée par :
VB
VBS = 0,01 × C · (43)
m0

6.7.3. Essais mécaniques de résistance, de compressibilité


et de déformation des sols

6.7.3.1 . Essai de compression uniaxiale


Nous traiterons ici de l’essai de compression uniaxiale (compression simple) réalisé sur sols
cohérents, afin de caractériser leur résistance en compression Rc et en déduire le cas échéant
leur cohésion non drainée cu.
La norme française décrivant l’essai de compression uniaxiale sur sols est la norme NF P94-077
publiée en 1997. Elle s’applique à des échantillons de sols non remaniés de classe 1 ou des sols
reconstitués. Le projet de norme harmonisée EN  ISO  17892-7 qui remplacera la norme
française NF P94-077 sera globalement similaire, à quelques détails mineurs près.
Le principe de l’essai consiste à écraser à vitesse de déformation constante une éprouvette
cylindrique ou prismatique préparée de sol. L’essai s’effectue en plaçant l’éprouvette entre les
deux plateaux parallèles d’une presse, l’axe de l’éprouvette étant orthogonal à ces plateaux.
On procède ensuite à l’écrasement graduel de l’éprouvette en imposant une vitesse de défor-
mation longitudinale constante, et à la mesure de la force F appliquée sur l’éprouvette tout au
long de cet écrasement.
L’éprouvette testée doit avoir un diamètre D d’au moins 35 mm et une hauteur H, tel que
l’élancement  H/D soit compris entre 1,9 et  2,2. Il est à noter que la norme harmonisée
permet un élancement compris entre 1,8 et 2,5 pour des éprouvettes cylindriques et entre 2,0
et 2,8 pour des éprouvettes prismatiques à section carrée. Le diamètre D de l’éprouvette doit
tenir compte de la taille maximale dmax des particules de sol et être tel que D ≥ 6 dmax.

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234 | Reconnaissance des sols

La vitesse d’écrasement doit être sélectionnée entre 0,5 et 1,5 % de déformation longitudinale
(ΔH/H) par minute. Ceci correspond pour une éprouvette de 70 mm de hauteur à une vitesse
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allant de 0,35 mm/min à 1,05 mm/min.


La phase d’écrasement peut être arrêtée, lorsque la déformation de l’éprouvette a atteint 15 %.
Dans le cas où un pic de résistance est observé, l’écrasement peut être arrêté après une défor-
mation d’au moins 5 % à partir de ce pic.
La résistance à la compression uniaxiale est déterminée par :
F
Rc = max (44)
A
où Fmax représente la valeur maximale atteinte par la force axiale F et A la section transversale
de l’éprouvette.
La teneur en eau et la masse volumique humide et sèche de l’éprouvette sont également
déterminées.
Dans le cas d’un sol cohérent et saturé pour lequel φu ≈ 0, la cohésion non drainée cu peut être
déduite de la résistance à la compression par :
R
cu = c (45)
2

6.7.3.2. Essais de cisaillement rectiligne à la boîte


La détermination des caractéristiques de résistance au cisaillement φ et c peut être faite au
laboratoire avec des essais de cisaillement rectiligne dans lesquels on procède au cisaillement
du sol selon un plan de cisaillement imposé par la configuration de la boîte dans laquelle
l’échantillon est placé. Cette boîte qui reçoit l’échantillon est constituée de deux demi-boîtes,
notées C1 et C2, qui peuvent coulisser horizontalement l’une sur l’autre et provoquer ainsi le
cisaillement du sol dans le plan horizontal π situé à l’interface entre ces deux demi-boîtes
(figure 6.53). Un piston vertical permet d’appliquer sur l’échantillon une charge verticale N,
normale au plan de cisaillement imposé.

Comparateur

Piston δh
C1

Dynamomètre
δl
π T
Sol v
Socle C2

Pierres poreuses

Fig. 6.53. Exemple de dispositif de cisaillement rectiligne à la boîte

L’application de cette charge associée au dispositif de drainage par les pierres poreuses permet
de consolider l’éprouvette avant et pendant la phase de cisaillement.

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Essais de laboratoire | 235

Des capteurs de déplacement ou des comparateurs permettent de mesurer et de suivre la


variation δh de hauteur de l’éprouvette et le déplacement δl dans le plan horizontal de cisail-
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lement. Un capteur de force ou un anneau dynamométrique fixé à la demi-boîte supé-


rieure C1 permet de mesurer et suivre l’effort T de cisaillement. Le cisaillement de l’éprouvette
est généré par le déplacement, grâce à un moteur, de la demi-boîte inférieure C2. Ce déplace-
ment est réalisé à une vitesse constante suffisamment lente pour permettre le maintien de
conditions drainées, sans génération de surpression interstitielle pendant toute la phase de
cisaillement.

Fig. 6.54. Exemple de machine de cisaillement rectiligne à la boîte

Comme on l’a vu au chapitre 5, différentes caractéristiques de cisaillement peuvent être consi-


dérées en fonction des conditions de consolidation, de drainage et de déplacement qui sont
imposées au sol, par exemple : caractéristiques non drainées, caractéristiques drainées, caracté­
ristiques résiduelles, etc.
Les appareillages classiques de cisaillement rectiligne à la boîte couramment utilisée ne
permettent pas un contrôle précis des conditions de pression interstitielle ou sa mesure. Il est
donc difficile avec ce type de dispositif de réaliser des essais dans des conditions non drainées
maîtrisées, avec une mesure de la pression interstitielle. De ce fait, seuls des essais de cisaille-
ment en conditions consolidées et drainées peuvent être réalisés lors des essais de cisaillement
rectiligne.
Deux essais de cisaillement rectiligne sont actuellement normalisés en France. Il s’agit de
l’essai de cisaillement direct en conditions drainées d’éprouvettes préalablement consolidées
sous des contraintes définies (norme NF  P94-071-1) et de l’essai de cisaillement alterné
(norme NF P94-071-2) dans lequel, le processus de cisaillement du sol est poursuivi par une
série de déplacements alternés répétés des demi-boîtes, afin de déterminer la résistance au
cisaillement résiduelle du sol.
Il est à noter que la norme harmonisée EN ISO 17892-10 en projet traitera de l’essai de cisail-
lement direct et viendra remplacer, une fois homologuée et publiée, la norme française
équivalente.

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236 | Reconnaissance des sols

6.7.3.2.1. Essai de cisaillement rectiligne direct à la boîte NF P94-071-1


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L’essai comporte le cisaillement d’au moins trois éprouvettes de mêmes dimensions préparées
dans les mêmes conditions à partir d’un seul et même échantillon. Le cisaillement des éprou-
vettes s’effectue à la même vitesse, mais à des charges verticales N différentes.
Le choix des valeurs de la charge verticale N est déterminé par le niveau des contraintes que
subira le sol en place. Lorsque ces contraintes ne sont pas définies ou spécifiées, on peut se
référer aux valeurs par défaut proposées par la norme et rappelées dans le tableau 6.17, dans
lequel σ´v0 représente la contrainte verticale effective agissant sur le sol en place avant son
prélèvement et A la section de l’éprouvette.
Tableau 6.17. Effort vertical à appliquer aux éprouvettes – Exemple

σ´v0 < 100 kPa > 100 kPa

50 kPa 0,5 σ´v0

N / A 100 kPa σ´v0

200 kPa 2 σ´v0

Une fois l’éprouvette mise en place dans la boîte de cisaillement, on procède à sa saturation
et à sa consolidation sous l’effort vertical N correspondant. Le déplacement vertical  δh
pendant cette phase est mesuré et suivi en fonction du temps, de manière à déterminer la fin
de la consolidation.
La phase de cisaillement peut alors être entamée, toujours sous l’application de la charge
verticale N. Le cisaillement doit s’effectuer à une vitesse de déplacement suffisamment lente
pour considérer que le drainage est total et qu’aucune variation de pression interstitielle ne se
développe pendant ce cisaillement.
La mesure et le suivi régulier des différents capteurs de déplacement δh et variation δl et du
capteur de la force de cisaillement T sont effectués jusqu’à ce que l’effort T se stabilise ou se
mette à diminuer et que le déplacement total de cisaillement δl ait atteint au moins 5 mm.
À la fin du cisaillement, l’éprouvette est démontée et pesée en totalité, puis séchée à l’étuve
afin de déterminer sa teneur en eau et sa masse sèche.
L’expression des résultats et la détermination des paramètres de cisaillement s’effectuent après
avoir réalisé le cisaillement de toutes les éprouvettes, en traçant sur un même diagramme les
courbes de variation en fonction de δl de la contrainte de cisaillement τ et de la hauteur δh,
comme représenté sur l’exemple de la figure 6.55.

(τ)

δl
(δl)
δh

Fig. 6.55. Exemple de courbes de variation de τ et de δh en fonction du déplacement δl pendant le cisaillement


d’une éprouvette sous une contrainte verticale σ constante

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Essais de laboratoire | 237

L’essai étant réalisé sur les différentes éprouvettes avec des contraintes verticales différentes,
par exemple σ1, σ2, σ3 et σ4, la courbe intrinsèque du sol peut être déterminée en portant sur
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le diagramme de Coulomb (τ, σ1) les points correspondant aux contraintes de cisaillement
maximales mesurées τ1, τ2, τ3 et τ4, comme représenté sur la figure 6.56.

τ4
τ3
τ2
τ1 φ

σ1 σ2 σ3 σ4 σ

Fig. 6.56. Exemple de détermination de c et φ à partir de résultats d’un essai de cisaillement direct

Cette courbe permet de définir l’angle de frottement φ´ et la cohésion c´, l’essai ayant été
réalisé dans des conditions consolidées, drainées.

6.7.3.2.2. Essai de cisaillement alterné NF P94-071-2


L’essai de cisaillement alterné permet la détermination à la fois des paramètres de cisaille-
ment c´ et φ´ d’un sol correspondant à la résistance maximale (résistance de pic) et des para-
mètres de résistance au cisaillement résiduelle.
Le matériel d’essai est globalement identique à celui de l’essai de cisaillement direct décrit
ci-avant. Il doit cependant permettre de procéder à un cisaillement du même plan en effec-
tuant des déplacements relatifs des deux demi-boîtes de la cellule de cisaillement et répétés
dans les deux sens alternativement. Ainsi, le déplacement δl sera démultiplié et sera cumulé
d’un sens à l’autre de cisaillement, jusqu’à atteindre la résistance au cisaillement minimale
résiduelle sous une même contrainte verticale.
La préparation des éprouvettes et leur montage dans les boîtes de cisaillement se font de la
même manière que pour l’essai de cisaillement direct.
L’essai comporte le cisaillement d’au moins trois éprouvettes de mêmes dimensions préparées
dans les mêmes conditions à partir d’un seul et même échantillon. Le cisaillement des éprou-
vettes s’effectue avec les mêmes vitesses, mais à des charges verticales N différentes.
Le choix des valeurs de la charge verticale N est déterminé par le niveau des contraintes que
subira le sol en place. Lorsque ces contraintes ne sont pas définies ou spécifiées, on peut se
référer aux valeurs par défaut proposées par la norme et rappelées dans le tableau 6.17, dans
lequel σ´v0 représente la contrainte verticale effective agissant sur le sol en place avant son
prélèvement et A la section de l’éprouvette.
Une fois l’éprouvette mise en place dans la boîte de cisaillement, on procède à sa saturation
et à sa consolidation sous l’effort vertical N correspondant. Le déplacement vertical  δh
pendant cette phase est mesuré et suivi en fonction du temps, de manière à déterminer la fin
de la consolidation.
À la fin de la consolidation, la phase de cisaillement peut alors être entamée, toujours sous
l’application de la charge verticale N. Le cisaillement dans l’essai alterné comporte plusieurs
cycles de cisaillement effectués à des vitesses différentes. La mesure et le suivi régulier des

EYR2212118902_Fondations.indb 237 07/01/2019 11:24


238 | Reconnaissance des sols

différents capteurs de déplacement δh et variation δl et du capteur de la force de cisaille-


ment T sont effectués sur l’ensemble des cycles.
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Le 1er cycle de cisaillement est réalisé dans les mêmes conditions que celles d’un essai de cisail-
lement direct. Il doit s’effectuer à une vitesse de déplacement suffisamment lente pour consi-
dérer que le drainage est total et qu’aucune variation de pression interstitielle ne se développe
pendant ce cisaillement. Ce 1er cycle est arrêté lorsque l’effort T se stabilise ou se met à dimi-
nuer et que le déplacement total de cisaillement δl a atteint au moins 5 mm.
Le sens de cisaillement est alors inversé afin de réaliser les cycles suivants de cisaillement. Ces
cycles sont effectués à une vitesse plus grande que celle du 1er cycle. Toutefois, celle-ci doit
rester inférieure à 5 fois la vitesse du 1er cycle et ne doit pas dépasser 40 µ/min. Une fois en
bout de course, le sens de déplacement est inversé et le cisaillement est poursuivi sur les cycles
suivants, jusqu’à ce que la résistance au cisaillement observée se stabilise. Enfin, le dernier
cycle après cette stabilisation de la résistance est effectué à la même vitesse que le 1er cycle.
À la fin des cycles de cisaillement, l’éprouvette est démontée et pesée en totalité, puis séchée
à l’étuve afin de déterminer sa teneur en eau et sa masse sèche.
Le processus est ensuite répété pour les autres éprouvettes, mais à des charges verticales
différentes.
L’expression des résultats et la détermination des paramètres de cisaillement s’effectuent après
avoir réalisé le cisaillement de toutes les éprouvettes, en traçant pour l’ensemble des cycles et
sur un même diagramme les courbes de variation en fonction du déplacement cumulé δl de
la contrainte de cisaillement τ comme représenté sur l’exemple de la figure 6.57.
100
série 1, 3, 5, 7 série 2, 4, 6, 8
90 σ4 = 200 kPa
1 σ3 = 150 kPa
80
Contrainte de cisaillement τ (kPa)

σ2 = 100 kPa

70 σ1 = 50 kPa

60 2

50 4
3 6 8
40 5 7

30
20

10

0
0 20 40 60 80 100 120
Déplacement δI (mm)

Fig. 6.57. Exemple de courbes expérimentales : contrainte de cisaillement/déplacement cumulé


(cas d’une argile plastique de IP = 65) – Extrait de Reiffsteck et al., 2018

L’essai étant réalisé sur les différentes éprouvettes avec des contraintes verticales différentes,
par exemple σ1, σ2, σ3 et σ4, on détermine par un ajustement linéaire les droites et para-
mètres de résistance au cisaillement correspondant à chacun des critères (figure 6.58) :
• celui de pic correspondant à la résistance maximale et déterminé sur les résultats (τ, σ) et
courbes obtenues au 1er cycle. Les paramètres de pic déduits sont notés c´p et φ´p ;
• celui correspondant à l’état résiduel et à la résistance au cisaillement obtenue après l’appli-
cation des autres cycles. Les paramètres de résistance résiduelle déduits sont notés  c´R
et φ´R.

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Essais de laboratoire | 239

Contrainte de
cisaillement à la rupture Critère de pic
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φ´p
τf
kPa

φ´R Critère d’état résiduel


c´p

c´R σ´ Contrainte
0 kPa normale
Fig. 6.58. Exemple de détermination des paramètres c´ et φ´ correspondant aux états de pic et de résistance résiduelle
à partir de résultats d’un essai de cisaillement alterné

6.7.3.3. Essais de cisaillement à l’appareil triaxial de révolution


L’essai de cisaillement à l’appareil triaxial de révolution consiste à solliciter jusqu’à la rupture
en compression des éprouvettes de sol consolidées ou non, maintenues confinées sous une
contrainte isotrope. Cet essai, pratiqué de façon courante, est décrit par les normes françaises
NF P 94-070 pour les principes généraux de réalisation et de dépouillement des résultats de
l’essai et NF P 94-074 pour les caractéristiques de l’appareillage et les modalités de prépara-
tion des éprouvettes et de réalisation des différents essais à l’appareil triaxial de révolution.
L’éprouvette de sol a la forme d’un cylindre droit d’élancement voisin de 2 (figure 6.59). Elle
est placée dans une chambre appelée cellule triaxiale. L’éprouvette est protégée par une gaine
élastique étanche et parfaitement déformable. Ses faces inférieure et supérieure sont générale-
ment au contact d’un disque drainant (pierre poreuse).

Mesure de déformation
F = (σ1 – σ3)·S
(δl)
Piston
Burette
Sol
σ3 σ3 Eau
Pression
latérale σ3
Chambre

σ3 Membrane élastique étanche


σ3

Capteur de pression interstitielle

Pierre poreuse

Fig. 6.59. Appareillage d’essai de compression triaxiale de révolution – Exemple

La cellule est remplie d’eau. Le dispositif d’essai permet de mettre cette eau en pression et
ainsi d’appliquer à l’éprouvette une contrainte isotrope σ3 (σ1 = σ2 = σ3).
Par ailleurs, l’éprouvette peut être comprimée verticalement à l’aide d’un piston. Soit F la
force ainsi appliquée. La déformation verticale correspondante δl est mesurée à l’aide d’un
capteur de déplacement.

EYR2212118902_Fondations.indb 239 07/01/2019 11:24


240 | Reconnaissance des sols

Un robinet R permet, s’il est ouvert, le drainage de l’éprouvette par l’intermédiaire des disques
drainants (pierres poreuses) : l’essai est dit drainé. S’il est fermé, le sol ne peut pas se drainer :
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l’essai est dit non drainé.


Si R est fermé et le sol saturé, il est possible de mesurer la pression interstitielle régnant à
l’inté­rieur de l’éprouvette à l’aide d’un capteur.
Si R est ouvert, un dispositif représenté sur la figure par une burette permet de mesurer la
quantité d’eau expulsée ou absorbée par l’échantillon. D’autres dispositifs que des burettes
sont désormais disponibles (volumètres, contrôleurs pression-volume) et permettent d’avoir
un suivi et un enregistrement des variations de volume au cours des essais.
L’essai proprement dit consiste à faire croître F en enfonçant le piston à vitesse constante tout
en maintenant la pression σ3 constante. Par symétrie, les contraintes principales σ1 et σ3 sont
respectivement verticale et horizontale.
Comme σ3 s’applique également sur la face supérieure de l’éprouvette, il s’ensuit que :
F
= q = σ1 − σ3 (46)
S
S étant la section droite de l’éprouvette à l’instant considéré.
Au moment de la rupture, le déviateur maximal des contraintes q = σ1 − σ3 (figure 6.60)
correspondant au cercle de Mohr tangent à la courbe intrinsèque (figure 6.61) est connu.
q = σ1 – σ3
σ3i = Cte
Constante
(σ1 – σ3)i

δl
Fig. 6.60. Courbe contrainte/déformation – exemple de l'éprouvette i

En répétant l’essai pour différentes valeurs de σ3, plusieurs cercles de Mohr correspondant à
la rupture peuvent être déterminés. Il est alors possible de tracer la courbe intrinsèque
(figure 6.61).

c
1er essai 2e essai 3e essai

σ31 σ32 σ33 σ11 σ12 σ13 σ

Fig. 6.61. Détermination de la droite intrinsèque d’un sol, à partir de l’essai triaxial et de l’interprétation
par cercles de Mohr

EYR2212118902_Fondations.indb 240 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 241

Outre la détection du déviateur maximal, il existe d’autres critères de rupture différents qui
permettent de bien détecter le moment où la rupture se produit et où l’éprouvette entre
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en plasticité.
En effet, dans certains cas, les courbes du déviateur q en fonction de la déformation de
l’éprouvette ne se stabilisent pas et restent croissantes, et il est difficile de déterminer claire-
ment une valeur maximale qmax.
Dans ce cas, une interprétation avec un critère basé sur l’évolution du rapport des
contraintes σ´1 / σ´3 et de la détection du maximum de ce rapport devient souvent plus perti-
nente. Un exemple de ce type d’interprétation est représenté sur la figure 6.62.

valeurs maximales
3,0
Ep1
2,5 Ep2
3 2
Ep3
2,0
1
σ´1/σ´3

1,5

1,0

0,5

0,0
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0
ε1 = ΔH/H déformation axiale (%)

Fig. 6.62. Détermination du critère de rupture en exploitant les courbes d’évolution du rapport σ´1 /σ´3
dans un essai triaxial CU + u – Exemple

La représentation des essais de compression triaxiale sous la forme de chemins de contraintes


permet une analyse plus fine du comportement de chaque éprouvette et de son homogénéité
pendant sa compression triaxiale.
Cette représentation utilise les variables suivantes, selon les représentations classiques de
Lambe ou de Cambridge, qui combinent le déviateur de contraintes (résistance) en fonction
d’une contrainte moyenne effective s´ ou p´ définis comme suit :
• représentation de Lambe :
σ + σ3
s= 1
2
s´ = s − u
σ1 − σ3 σ´1 − σ´3
t = t´ = = (47)
2 2
• représentation de Cambridge :
σ1 + 2 σ3
p=
3
p´ = p − u

q = σ1 − σ3 = 2 t (48)

Dans ce type de représentations, comme dans l’exemple de la figure 6.63, les courbes de
chemins de contraintes viennent rejoindre puis longer la droite intrinsèque qui caractérise la

EYR2212118902_Fondations.indb 241 07/01/2019 11:24


242 | Reconnaissance des sols

résistance maximale du sol. Cette droite permet ainsi de définir les paramètres de résistance
au cisaillement correspondants, à partir de l’angle θ´ de cette droite et de son ordonnée à l’ori-
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gine t´0 en appliquant les formules (49).

1 000 Ep1

900 Ep2
t = (σ1 − σ3)/2 (kPa)

2
800
Ep3
θ
700
3 (σ´1/σ´3)max
600

500 État critique

400 Linéaire
((σ´1/σ´3)max)
300
Linéaire
200 (État critique)
1
100
t0
0
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600 1 800 2 000
s´ = (σ´1 + σ´3)/2 (kPa)

Fig. 6.63. Représentation dans le plan de Lambe des chemins de contraintes suivies par trois éprouvettes
lors d’un essai triaxial CU + u – Exemple

sin  φ´ = tan θ´
t´0
c´ = (49)
cos φ´
Comme pour l’essai de cisaillement rectiligne, les valeurs de c et φ que l’on peut déterminer
avec l’essai triaxial dépendent des conditions de consolidation ou non et de drainage ou non
pendant l’essai. Les différents essais classiquement réalisés sont présentés dans les paragraphes
suivants.

6.7.3.3.1. Essai triaxial UU – Non consolidé, non drainé


La réalisation d’un essai triaxial non consolidé non drainé UU est décrite dans la norme
NF P94-074 et dans la norme ISO 17892-8. Elle comporte le cisaillement d’au moins trois
éprouvettes du même échantillon. Une fois les éprouvettes taillées et préparées, elles sont
installées chacune dans une cellule triaxiale et soumise à une pression extérieure de confine-
ment σ3, différente pour chaque éprouvette, avec le robinet de drainage fermé.
En général, l’éprouvette est testée dans son état de saturation à réception. Toutefois, une
phase de saturation préalable peut être conduite afin de pouvoir considérer l’éprouvette
comme saturée et conduire l’essai en mesurant, si besoin, la pression interstitielle régnant
dans l’éprouvette pendant le cisaillement.
Dans le cas de sols fins saturés ou très proches de la saturation, il n’y a pratiquement aucun
effet du confinement sur la résistance apparente du sol. De ce fait, l’angle de frottement non
drainé est quasi nul (φu = 0) et la résistance apparente est caractérisée par la cohésion non
drainée cu, qui est déduite de l’essai. Un exemple de résultat correspondant est représenté sur
la figure 6.64.

EYR2212118902_Fondations.indb 242 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 243

Dans le cas de sols non saturés ou compactés, on observe lorsque la contrainte de confine-
ment augmente un accroissement de la résistance au cisaillement et l’angle de frottement
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apparent φUU déterminé est non nul et supérieur à 0. La cohésion apparente cUU associée à
cet angle de frottement non nul est dans ce cas différenciée de la cohésion non drainée cu asso-
ciée à φu = 0 (figure 6.65). Cependant, il convient de noter qu’avec l’augmentation du confi-
nement le degré de saturation augmente aussi et tend vers 100 %, ramenant ainsi le
comportement du sol vers celui d’un sol saturé, avec un angle de frottement apparent φUU qui
diminue et qui tend vers 0. La pente de la courbe intrinsèque tend alors vers l’horizontale,
avec φu = 0 et une cohésion apparente non drainée cu.

0,300
1

φu = 0
Contrainte de cisaillemnt (MPa)

0,200

cu
0,100

0,000
0,000 0,200 0,400 0,600
Contrainte normale (MPa)

Fig. 6.64. Représentation dans le plan de Mohr d’un résultat d’essai triaxial UU sur sol fin saturé – Exemple

φUU

cUU

0 σ

Fig. 6.65. Représentation dans le plan de Mohr d’un résultat d’essai triaxial UU sur sol non saturé ou compacté –
Exemple

6.7.3.3.2. Essai triaxial CU + u – Consolidé, non drainé


avec mesure de la pression interstitielle u
La réalisation d’un essai triaxial consolidé non drainé CU + u décrit dans la norme
NF P94-074 comporte le cisaillement d’au moins trois éprouvettes du même échantillon.
Une fois les éprouvettes taillées et préparées, elles sont installées chacune dans une cellule
triaxiale. Une phase de saturation est alors réalisée afin de ramener et parfaire l’état de satura-
tion de ces éprouvettes à 100 %.

EYR2212118902_Fondations.indb 243 07/01/2019 11:24


244 | Reconnaissance des sols

En effet, cette phase de saturation préalable est indispensable pour pouvoir appliquer le
principe de la contrainte effective σ´ = σ − u et ainsi interpréter l’essai en contraintes effec-
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tives et en déduire les paramètres et résultats correspondant aux caractéristiques effectives.


Cette saturation peut être obtenue en appliquant à l’extérieur de l’éprouvette une pression de
confinement σ3 et à l’intérieur une contre-pression interstitielle ucp de manière à saturer tous
les vides de l’éprouvette en comprimant l’air interstitiel résiduel. La différence (σ3 – ucp) dans
cette phase doit rester constante et peu élevée, de l’ordre de 20 à 50 kPa. L’obtention de la
saturation nécessite de répéter l’application de σ3 et de ucp en les incrémentant par pas, mais
en maintenant toujours constante la différence (σ3 – ucp).
Afin de contrôler la saturation suffisante de l’éprouvette, il est procédé à la mesure du coeffi-
cient de Skempton  B, représentant le rapport entre l’accroissement de pression intersti-
tielle  Δu lorsqu’est appliqué à l’éprouvette un accroissement  Δσ3 de sa contrainte de
confinement, le drainage du sol étant fermé :
Δu (50)
B=
Δσ3
L’accroissement Δσ3 appliqué est généralement de l’ordre de 50 kPa. Pour les sols mous à
fermes, ce coefficient B doit être supérieur à 0,95 afin de pouvoir considérer l’applicabilité du
principe de la contrainte effective. Dans le cas des sols raides à très raides, il est parfois diffi-
cile d’obtenir une telle valeur de B compte tenu de la plus faible compressibilité du sol. Il est
alors acceptable de considérer une valeur plus faible de B, sans toutefois être inférieure à 0,80.
Tant que la valeur déterminée de B reste inférieure aux valeurs indiquées ci-avant, le processus
de saturation et de contrôle de cette saturation par détermination de B est réitéré. Une fois la
condition de saturation obtenue et vérifiée, l’essai se poursuit par la phase de consolidation de
l’éprouvette sous la contrainte de consolidation σ´3 choisie.
Cette phase de consolidation s’effectue en maintenant la contre-pression ucp à la dernière
valeur atteinte et en appliquant une pression de confinement extérieure σ3 telle que la diffé-
rence (σ3 – ucp) soit égale à la contrainte effective de consolidation choisie σ´3. Pendant cette
phase de consolidation, le drainage est ouvert et les variations de volume de l’éprouvette ΔV
sont mesurées en fonction du temps, jusqu’à stabilisation. En traçant sur un diagramme la
variation de volume ΔV en fonction du temps t, sur une échelle en racine, il est possible de
déterminer la valeur  t100 correspondant à 100 % de consolidation, comme indiqué sur la
figure 6.66.
t100
ts
Temps de
(min) consolidation

Fig. 6.66. Représentation


d’une courbe de consolidation
et détermination de t100 –
Exemple
ΔVs
Fin conventionnelle de consolidation
ΔV

Variation de
volume de
l’éprouvette

EYR2212118902_Fondations.indb 244 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 245

Une fois la phase de consolidation terminée, l’essai est poursuivi par la phase de cisaillement
non drainé de l’éprouvette. Le cisaillement triaxial de l’éprouvette s’effectue en appliquant un
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effort axial de compression en tête de l’éprouvette après avoir fermé le robinet de drainage.
L’éprouvette reste toujours confinée sous la contrainte σ3 et la valeur de la pression intersti-
tielle avant de lancer le cisaillement est égale à la contre-pression ucp.
L’application de l’effort s’effectue par l’intermédiaire d’une presse d’écrasement (figure 6.67)
en imposant une vitesse de déplacement suffisamment lente pour permettre à la pression
interstitielle régnant dans l’éprouvette d’être considérée comme homogène en tous points de
l’éprouvette. Cette vitesse est déterminée à partir de la valeur mesurée de t100 et des disposi-
tifs drainants équipant l’éprouvette (disques drainants, papier-filtre drainant, etc.). Elle peut
varier de moins de 1 µm/min à quelques dizaines de µm/min.

Fig. 6.67. Exemple d’équipement pour la réalisation d’essai triaxial avec presse, contrôleurs pression-volume,
cellule triaxiale et capteurs (document Fondasol)

EYR2212118902_Fondations.indb 245 07/01/2019 11:24


246 | Reconnaissance des sols

Pendant toute la phase de cisaillement, les paramètres suivants sont mesurés :


• la force axiale F, qui permet de déterminer le déviateur de contrainte q ;
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• la pression interstitielle u, à partir de laquelle on déterminera la variation Δu = u − ucp ;


• la contrainte de confinement σ3, afin notamment de vérifier sa constance pendant l’essai ;
• la déformation axiale de l’éprouvette ε1 = δl/l correspondante.
L’essai étant non drainé et l’échantillon étant saturé, il n’y a pas de variation de volume
pendant la phase de cisaillement.
Un extrait de rapport d’essai est reproduit sur les figures 6.68 et 6.69.

a) 2 000,0
1 800,0
1 600,0 Ep 1
1 400,0 Ep 2
Ep 3
1 200,0
1 000,0
800,0
600,0
400,0
200,0
0,0
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0

b) 100,0

0,0
2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0
− 100,0

− 200,0 Ep 1
Ep 2
− 300,0 Ep 3

− 400,0

− 500,0

− 600,0

c) 4,0
3,5
3,0 Ep 1
2,5 Ep 2
2,0 Ep 3

1,5
1,0
0,5
0,0
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0

Fig. 6.68. Exemple de résultats d’essai triaxial CU + u : courbes en fonction de la déformation ε1 du a) déviateur q,
b) de la variation de pression interstitielle Δu et c) du rapport des contraintes σ´1/σ´3

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Essais de laboratoire | 247

Sur la figure 6.68, les graphiques reproduits représentent, de haut en bas :


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a) le déviateur de contraintes q = σ1 − σ3 en fonction de la déformation ε1 pour les trois


éprouvettes testées ;
b) la variation de pression interstitielle Δu en fonction de la déformation ε1 pour les trois
éprouvettes testées. Lorsque la pression interstitielle croît, l’éprouvette présente une
tendance à la contractance. À l’inverse, lorsque la pression interstitielle décroît, l’éprou-
vette présente une tendance à la dilatance. Cette dilatance et la décroissance de u associée
contribuent à l’augmentation de la résistance effective ;

d) 1 000
900
Ep 1
800
Ep 2
700
Ep 3
600
500 (σ´1/σ´3)max
400 État
critique
300
Ajustements
200
linéaires
100
0,0
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600 1 800 2 000

e) 2 000
1 800
Ep 1
1 600
Ep 2
1 400
Ep 3
1 200
1 000 Rupture
800
Ajustement
600
linéaire
400
200
0,0
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000

f ) 1 600

1 400
Ep 1
1 200
Ep 2
1 000 Ep 3

800

600

400

200
0,0
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600 1 800 2 000 2 200 2 400 2 600 2 800 3 000 3 200

Fig. 6.69. Exemple de résultats d’essai triaxial CU + u : représentations dans les plans (s´, t´) de Lambe (d),
(p´, q) de Cambridge (e) et (σ´, τ) de Mohr (f) (document Fondasol)

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248 | Reconnaissance des sols

c) le rapport des contraintes σ´1/σ´3 en fonction de la déformation ε1 pour les trois éprou-
vettes testées. Ce rapport, lorsqu’il est maximal, constitue un critère pertinent pour
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détecter le début de rupture des éprouvettes et pour déterminer les paramètres de résis-
tance du sol.
Sur la figure 6.69, les graphiques reproduits représentent, de haut en bas :
d) les chemins de contraintes représentés dans le plan de Lambe, avec en abscisse la contrainte
moyenne s´ = (σ´1 + σ´3)/2 et le terme déviatorique t´ = (σ´1 − σ´3)/2. Ce type de représen-
tation permet de suivre l’évolution de la résistance en fonction de la contrainte moyenne
effective et de détecter la droite du critère de résistance maximale t´ = s´· tan θ´ + t´0 sur
laquelle viennent s’aligner les points expérimentaux de l’essai ;
e) les chemins de contraintes représentés dans le plan de Cambridge, avec en abscisse la
contrainte moyenne p´ = (σ´1 + 2 σ´3)/3 et le terme déviatorique q´ = σ´1 − σ´3. De la même
manière que dans le plan de Lambe, cette représentation permet de suivre l’évolution de la
résistance en fonction de la contrainte moyenne effective et de détecter la droite du critère
de résistance maximale q´ = M·p´ + q´0 sur laquelle viennent s’aligner les points expérimen-
taux de l’essai ;
f ) les cercles de Mohr correspondant au moment où le critère de résistance maximale
(rupture) pour chaque éprouvette est atteint. La droite qui tangente les cercles permet de
déterminer directement la cohésion effective c´ égale à l’ordonnée à l’origine de cette droite
et l’angle de frottement effectif φ´ déduit de la pente tan φ´ de la droite.

6.7.3.3.3. Essai triaxial CD – Consolidé, drainé


La réalisation d’un essai triaxial consolidé drainé CD décrite dans la norme NF P94-074 et
dans la norme ISO 17892-9, comporte le cisaillement d’au moins 3 éprouvettes du même
échantillon. Une fois les éprouvettes taillées et préparées, elles sont installées chacune dans
une cellule triaxiale. Ensuite, les étapes de l’essai consolidé drainé CD comportent pour
chaque éprouvette : une phase de saturation, une phase de consolidation et enfin une phase
de cisaillement en condition drainée.
La phase de saturation est réalisée de la même manière que pour l’essai CU + u décrit ci-avant
au paragraphe 6.7.3.3.2. Cette phase de saturation préalable est indispensable pour pouvoir
appliquer le principe de la contrainte effective σ´ = σ – u et ainsi interpréter l’essai en
contraintes effectives et en déduire les paramètres et résultats correspondant aux caractéris-
tiques effectives.
Le contrôle de la saturation suffisante de l’éprouvette est effectué par la mesure du coefficient
de Skempton B représentant le rapport entre l’accroissement de pression interstitielle  Δu
lorsqu’est appliqué à l’éprouvette un accroissement Δσ3 de sa contrainte de confinement, le
drainage du sol étant fermé. Le processus est décrit au paragraphe 6.7.3.3.2.
Une fois la condition de saturation obtenue et vérifiée, l’essai se poursuit par la phase de
consolidation de l’éprouvette sous la contrainte de consolidation σ´3 choisie.
De la même manière que pour l’essai CU + u, cette phase de consolidation s’effectue en
maintenant la contre-pression ucp à la dernière valeur atteinte et en appliquant une pression
de confinement extérieure σ3 telle que la différence (σ3 − ucp) soit égale à la contrainte effec-

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Essais de laboratoire | 249

tive de consolidation choisie σ´3. Pendant cette phase de consolidation, le drainage est ouvert
et les variations de volume de l’éprouvette ΔV sont mesurées en fonction du temps pour
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déterminer la valeur de t100 correspondant à 100 % de consolidation, comme indiqué sur la


figure 6.66.
Une fois la phase de consolidation terminée, l’essai est poursuivi par la phase de cisaillement
drainé de l’éprouvette. Le cisaillement triaxial de l’éprouvette s’effectue en appliquant un
effort axial de compression en tête de l’éprouvette, le robinet de drainage étant laissé ouvert.
L’éprouvette reste toujours confinée sous la contrainte σ3 et la valeur de la contre-pression
reste maintenue constante et égale à la contre-pression ucp pendant tout le cisaillement.
La vitesse de déplacement doit être suffisamment lente pour permettre à la pression intersti-
tielle régnant dans l’éprouvette d’être considérée comme homogène et constante en tous
points de l’éprouvette. Cette vitesse est déterminée à partir de la valeur mesurée de t100 et des
dispositifs drainants équipant l’éprouvette (disques drainants, papier-filtre drainant,  etc.).
Elle est généralement plus faible que celle qui aurait été utilisée pour un essai CU + u effectué
dans les mêmes conditions et peut varier de moins de 1  µm/min à quelques dizaines
de µm/min.
Pendant toute la phase de cisaillement, les paramètres suivants sont mesurés :
• la force axiale F, qui permet de déterminer le déviateur de contrainte q ;
• la variation de volume de l’éprouvette ΔV, correspondant aux volumes d’eau expulsé ou
absorbé par l’éprouvette pendant le cisaillement ;
• la contrainte de confinement σ3, afin notamment de vérifier sa constance pendant l’essai ;
• la déformation axiale de l’éprouvette ε1 = δl/l correspondante.
L’essai étant drainé et l’échantillon étant saturé, la pression interstitielle reste constante et il y
a variation de volume pendant la phase de cisaillement.
Un extrait de rapport d’essai est reproduit sur les figures 6.70 et 6.71.
Sur la figure 6.70, les graphiques reproduits représentent, de haut en bas :
a) le déviateur de contraintes q = σ1 − σ3 en fonction de la déformation ε1 pour les quatre
éprouvettes testées ;
b) la variation de volume ΔV en fonction de la déformation ε1 pour les quatre éprouvettes
testées. L’allure des courbes des éprouvettes 1, 2 et 4 montre une contractance (réduction
du volume de l’éprouvette) au début du cisaillement, puis une dilatance (augmentation de
volume), qui s’accroît avec la déformation de cisaillement. L’éprouvette 3, avec une forte
dilatance dès le début du cisaillement, montre une variation de volume anormal, qui a
entraîné la réalisation d’une 4e éprouvette d’essai ;
c) les chemins de contraintes représentés dans le plan de Lambe, avec en abscisse la contrainte
moyenne s´ = (σ´1 + σ´3)/2 et le terme déviatorique t´ = (σ´1 − σ´3)/2. Dans un essai de
cisaillement drainé, les chemins de contraintes obtenus sont des segments de droite dont
la pente est 1 (droites à 45°). Ce type de représentation dans le cas d’essai drainé CD appa-
raît moins pertinent que dans le cas de l’essai non drainé CU + u pour détecter la droite
du critère de résistance maximale t´ = s´· tan θ´ + t´0.

EYR2212118902_Fondations.indb 249 07/01/2019 11:24


250 | Reconnaissance des sols

a) 900,00
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800,00
Ep 1
400,00
Ep 2
600,00 Ep 3
Ep 4
500,00

400,00

300,00

200,00

100,00

0,00
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0

b) 4,00

3,50
Ep 1
3,00 Ep 2
2,50 Ep 3
Ep 4
2,00

1,50

1,00

0,50
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0
− 0,50

− 100

c) 450

400
Ep 1
350 Ep 2
300 Ep 3
250 Ep 4
(σ´1/σ´3)max
200
État
150 critique
100 Ajustements
linéaires
50

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800

Fig. 6.70. Exemple de résultats d’essai triaxial CD : courbes en fonction de la déformation ε1 du a) déviateur q,
b) de la variation de volume ΔV et c) des chemins des contraintes (s´, t´)

Sur la figure 6.71, les graphiques reproduits représentent, de haut en bas :


d) les chemins de contraintes représentés dans le plan de Cambridge, avec en abscisse
p´ = (σ´1 + 2 σ´3)/3 et en ordonnée q´ = σ´1 − σ´3. De la même manière que dans le plan de
Lambe, cette représentation conduit à des chemins de contraintes linéaires caractérisés par
une pente de 3 (3 verticalement pour 1 horizontalement). La droite du critère de résistance
maximale dans ce plan est caractérisée par q´ = M·p´ + q´0 ;

EYR2212118902_Fondations.indb 250 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 251

e) les cercles de Mohr correspondant au moment où le critère de résistance maximale


(rupture) pour chaque éprouvette est atteint. La droite qui tangente les cercles permet de
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déterminer directement la cohésion effective c´ égale à l’ordonnée à l’origine de cette droite


et l’angle de frottement effectif φ´ déduit de la pente tan φ´ de la droite.

d) 900,00

800,00

700,00

600,00 Ep 1
Ep 2
500,00
Ep 3
400,00 Ep 4
Rupture
300,00
Ajustement
linéaire
200,00

100,00

0,00
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600 1 800

e) 800,00

700,00 Ep 1
Ep 2
600,00
Ep 3
500,00 Ep 4
400,00

300,00

200,00

100,00

0,00
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600

Fig. 6.71. Exemple de résultats d’essai triaxial CD : représentations dans les plans (s´, t´) de Lambe (d), et de Mohr (e)
(document Fondasol)

6.7.3.4. Essai de compressibilité à l’œdomètre avec chargement par paliers


La réalisation d’un essai de compressibilité à l’œdomètre avec chargement par paliers est
décrite dans la norme XP P94-090-1 et dans la norme ISO 17892-5. Cet essai permet de
déterminer les caractéristiques de compressibilité, de déformation et de consolidation d’un
échantillon de sol fin saturé.
L’essai consiste à appliquer, par paliers constants, une succession de charges sur une éprou-
vette de sol placée dans une enceinte cylindrique rigide (sans déformation latérale) et à
mesurer, pendant l’application de chaque charge, les variations de hauteur de cette éprouvette
maintenue saturée d’eau.

EYR2212118902_Fondations.indb 251 07/01/2019 11:24


252 | Reconnaissance des sols

L’appareillage comprend une cellule œdométrique contenant l’échantillon et un bâti de


chargement.
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La cellule est représentée sur la figure 6.72 ; ses organes essentiels sont les suivants :
• un cylindre rigide en métal (bague œdométrique) contenant l’échantillon,
• deux pierres poreuses assurant le drainage des deux faces de l’échantillon,
• une réserve d’eau en contact avec les pierres poreuses,
• un piston coulissant dans le cylindre et venant charger l’échantillon,
• un capteur ou un comparateur permettant de mesurer les variations d’épaisseur de l’échan-
tillon (tassement ou gonflement).
Comparateur

Charge
Piston Eau

Réservoir
Pierre poreuse
supérieure
Bague
Éprouvette œdométrique

Pierre poreuse
inférieure

Fig. 6.72. Schéma d’une cellule œdométrique (Magnan, Techniques de l’ingénieur, 2000)

Généralement, l’échantillon de sol a un diamètre de 70 mm et une épaisseur initiale voisine


de 20 mm. Des diamètres plus petits de 50 mm, voire de 35 mm sont également utilisés afin
de pouvoir appliquer des contraintes très élevées. Les tassements sont mesurés avec une incer-
titude inférieure au 1/100 de millimètre.
Le bâti de chargement le plus classique (figure  6.73a) est le système utilisant des poids
suspendus et un bras de levier permettant de démultiplier la charge appliquée sur le piston de
l’échantillon. Des bâtis de chargement plus compacts basés sur des systèmes pneumatiques ou
hydrauliques de génération de pression et associés à des capteurs de force permettent un gain
de place et des possibilités d’asservissement ou d’automatisme (figure 6.73b).


a) Bâti de chargement par poids b) Système de chargement pneumatique

Fig. 6.73. Exemples de dispositifs de chargement pour l’essai œdométrique

EYR2212118902_Fondations.indb 252 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 253

Les contraintes applicables par ces différents systèmes peuvent aller de quelques kPa à plus
de 5 000 kPa, en fonction du diamètre de l’échantillon testé.
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L’essai œdométrique permet d’établir, pour un échantillon donné, deux types de courbes :
• la courbe de compressibilité, qui indique le tassement total, traduit en indice des vides, en
fonction du logarithme de la contrainte appliquée ;
• les courbes de consolidation, qui donnent le tassement de l’échantillon en fonction du
temps sous application d’une contrainte constante. Ces courbes permettent la détermina-
tion expérimentale du coefficient de consolidation verticale Cv . La procédure correspon-
dante pour cette détermination est décrite plus loin dans ce paragraphe.
L’établissement de la courbe de compressibilité se fait en appliquant des contraintes normales
à l’échantillon par paliers successifs en présence d’eau. Le tassement (ou le gonflement au
déchargement) ΔH est mesuré sous chaque palier de chargement jusqu’à ce qu’une stabilisa-
tion soit pratiquement atteinte. La durée d’application de chaque charge ne doit pas dépasser
24 heures en général.
Deux procédures différentes de chargement sont utilisées selon le comportement du sol sous
la première charge appliquée (charge faible ≤ 10 kPa) :
• sols non gonflants à la mise en eau (figure 6.79a),
• sols gonflants à la mise en eau (figure 6.79b).
Si le sol est non gonflant, deux cycles de chargement/déchargement sont réalisés.
Si le sol a tendance à gonfler sous les faibles charges, la contrainte appliquée est immédiate-
ment augmentée jusqu’à ce qu’une amorce de tassement apparaisse, ceci afin d’empêcher le
gonflement de se produire.
Les résultats sont présentés sous forme de variations de l’indice des vides du sol e en fonction
de log σ´. En fait, celles-ci sont liées au tassement relatif par la relation (51).
ΔH Δe
= (51)
Hi 1 + ei
où Hi et ei représentent respectivement l’épaisseur et l’indice des vides initiaux de l’échan-
tillon (figure 6.74).

ΔH
Hi H1

Fig. 6.74. Schéma du tassement de l’éprouvette d’essai

En effet, la section A étant constante et les variations de volume ne résultant que des vides, il
en découle que :
ΔH ΔVt ΔVv
= = (52)
H Vt Vv + Vs
La formule (50) est obtenue en divisant le numérateur et le dénominateur du dernier terme
de l’équation ci-dessus par Vs et en introduisant ei et Δe. Par définition, e = Vv/Vs et Δe = ΔVv/Vs.
La signification de Vv, Vs et Vt est donnée au chapitre 2.

EYR2212118902_Fondations.indb 253 07/01/2019 11:24


254 | Reconnaissance des sols

Le volume Vs est déterminé en fin d’essai à partir de la pesée de la masse Ms de l’éprouvette


en totalité après séchage à l’étuve. La connaissance de la masse volumique des particules
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solides ρs permet de calculer Vs = Ms/ρs. La section de l’éprouvette A restant constante, la part


solide de l’éprouvette peut être représentée par la hauteur Hs également constante de cette
part solide.
L’indice des vides e peut alors être calculé à chaque fin de palier par :
Hi − ΔH − Hs
e= (53)
Hs
Il est à noter qu’une correction de la déformation du bâti doit être prise en compte et intégrée
dans la valeur de ΔH dans l’expression (53).

L’allure des courbes de compressibilité donne des indications précieuses sur le remaniement
éventuel de l’éprouvette d’essai, l’histoire du sol et son comportement sous charge. Plusieurs
caractéristiques du sol sont définies à partir de ces courbes : la contrainte effective de préconso-
lidation, l’indice de compression, l’indice de décompression-recompression, les modules
œdométriques sécants ; par ailleurs, le cas particulier des sols gonflants est traité plus loin dans
ce paragraphe.

Contrainte effective de préconsolidation σ´p


C’est la contrainte effective maximale sous laquelle le sol s’est déjà consolidé au cours de son
histoire.
Les figures 6.75 et 6.76 montrent la méthode graphique décrite dans la norme XP P94-090-1
utilisée pour déterminer  σ´p. Il est à noter que d’autres méthodes, comme la méthode de
Casagrande, décrite dans la norme ISO 17892-5, peuvent également être utilisées.

Indice des vides


Contrainte normale σ´v (MPa)
e
0,005 0,01 0,05 0,1 0,2 0,4 0,8 1 log σ´v
1,4
σ´p
ei
Cs

Cs
1,2

σ´1
M1
σ´2
1,0

Cc M2

0,8
7,3 2,6 1,7 2,6 4,7 9,3 Module Eoed
(MPa)

Fig. 6.75. Courbe de compressibilité d’un sol non gonflant et paramètres de compressibilité

EYR2212118902_Fondations.indb 254 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 255

e
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σ´p

e0 σ´1
Cs

M1
σ´2

Cc
Cs M2

log σ´

Fig. 6.76. Courbe de compressibilité d’un sol gonflant et paramètres de compressibilité

Pour la plupart des sols, la courbe de chargement présente des inclinaisons sensiblement diffé-
rentes selon que la contrainte se situe en deçà ou au-delà de σ´p.
Le tassement du sol est faible, voire nul (sol gonflant par exemple) sous des contraintes infé-
rieures à σ´p puisque celui-ci était déjà consolidé à cette contrainte. Au-delà de cette contrainte,
le processus de consolidation, tel que décrit précédemment, se développe et les tassements
sont sensibles et plus ou moins importants selon la nature du sol. Cette deuxième partie du
cycle de chargement s’appelle courbe vierge, dans laquelle on définit l’indice Cc.

Indice de compression Cc
L’indice de compression Cc , qui, par définition, est la pente (au signe près) de la tangente à la
courbe vierge, permet de préciser la sensibilité du sol au tassement le long de cette courbe.
Soit deux points quelconques M1 et M2 sur cette tangente (figures 6.75 et 6.76), il s’ensuit :
e2 − e1 = − Cc · (log σ´2 − log σ´1) = − Cc · log (σ´2 / σ´1),
d’où (54), compte tenu de la formule (51) :
C σ´
ΔH = − H · c · log 2 (54)
1 + e0 σ´1
Nota : puisque la consolidation primaire est supposée achevée sous chaque palier de chargement,
il est licite d’écrire indifféremment σ ou σ´, ces contraintes étant alors égales.
La formule (54) fournit le tassement d’une couche d’épaisseur H lorsque la contrainte
normale appliquée croit de σ1 à σ2. Elle n’est valable que si σ2 > σ1 > σ´p. Sinon, il faut utiliser
la formule (55), sous peine de surestimer parfois considérablement les tassements. L’indice
des vides e0 correspond à l’indice des vides du sol en place, c’est-à-dire celui qui correspond à
la contrainte verticale effective σ´z0 appliquée à la profondeur de prélèvement de l’échantillon
et qui est due au poids des terres σ´v0 et au poids des éventuels ouvrages qui le surchargent
(voir formules (58) et (59) ci-après).

Indice de décompression-recompression Cs
Cet indice (figures 6.75 et 6.76) traduit la déformabilité d’un échantillon non gonflant en
deçà de la contrainte de consolidation à laquelle il a été soumis. Il ne faut pas confondre cet
indice avec le coefficient de gonflement Cg (voir ci-après).
ΔH = − H · ( Cs
1 + e0
σ´
· log p +
Cc
σ´1 1 + e0
σ´
· log 2
σ´p ) (55)

EYR2212118902_Fondations.indb 255 07/01/2019 11:24


256 | Reconnaissance des sols

Module œdométrique sécant Eoed


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Le module œdométrique sécant entre deux points N1(σ1, e1) et N2(σ2, e2) de la courbe de
chargement est défini par la formule  (56). Compte tenu de la formule  (51), le module
œdométrique s’écrit également comme (57) :
σ − σ1
Eoed = 2 ·H (56)
H1 − H2 i
Δσ
Eoed = − ·(1 + ei) (57)
Δe
Sur la figure 6.75, les valeurs des modules œdométriques calculés entre chacun des paliers de
chargement sont données en bas du diagramme de compressibilité.
Le module œdométrique sécant n’a pas une valeur constante. Il dépend de la position de N1
et N2 et n’est valable que dans l’intervalle de contraintes correspondant à ces points.
La notion de module présente un grand intérêt pratique et est utilisée dans de nombreux logi-
ciels de calcul. Il est généralement possible, sans grande erreur, de considérer un module
œdométrique constant dans un assez large domaine. Il faut cependant s’assurer pour chaque
application que cette approximation est acceptable. Dans le cas contraire, la valeur de module
de chaque intervalle de contraintes doit être considérée.

L’état de surconsolidation du sol revêt un intérêt particulier dans le calcul du tassement et


dans la connaissance du comportement du sol et l’essai œdométrique permet de l’évaluer.
Soit σ´z0 la contrainte verticale effective appliquée sur un sol situé à la profondeur z par le
poids des terres σ´v0 et par le poids des éventuels ouvrages qui le surchargent, à la profondeur
considérée, avec une contrainte Δq (figure 6.77) :
σ´z0 = σ´v0 + ∆q (58)

Terrain naturel

hi γi h

Nappe

hi γ´j

M
Fig. 6.77. Définition de la pression due au poids des terres

Si la nappe phréatique est à la profondeur h telle que h < z, la contrainte σ´v0 découle de
l’appli­cation du principe de la contrainte effective : σ´v0 = σv0 − u et est donnée par la formule
générale suivante :
h z
σ´v0 = ∑ γi·hi + ∑ γ´j·hj (59)
0 h

EYR2212118902_Fondations.indb 256 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 257

γi étant le poids volumique apparent des couches situées au-dessus de la nappe et hi leur épais-
seur, γ´j étant le poids volumique déjaugé des couches immergées situées au-dessous de la
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nappe et hj leur épaisseur.


Il est possible de distinguer plusieurs catégories de sol en fonction des valeurs relatives de σ´z0
et σ´p :
• Les sols surconsolidés (figure 6.78a) pour lesquels σ´p > σ´z0. Si des fondations surchargent
un sol surconsolidé sans que les contraintes supplémentaires apportées au poids des terres
dépassent σ´p , alors les tassements seront faibles, voire négligeables.
• Les sols normalement consolidés (figure 6.78b) tels que σ´p = σ´z0 ; ces sols ont tassé et se
sont consolidés uniquement sous leur propre poids et celui des terres de couverture et des
ouvrages existants actuels. Toute surcharge au-delà de la contrainte actuelle σ´p  =  σ´z0
entraîne un tassement dans un sol normalement consolidé. Ce tassement est d’autant plus
important que l’indice de compression Cc est élevé.
• Les sols sous-consolidés (figure 6.78c) tels que σ´p < σ´z0. Ces sols sont en cours de consoli­
dation sous leur propre poids : remblais récents mal ou non compactés, vase récemment
sédimentée, tourbes, etc. Les sols sous-consolidés sont généralement inconstructibles sans
traitement particulier, car ils continuent à se déformer même en l’absence de surcharge.

e σ´z
σ´p

Sol surconsolidé log σ´

e
σ´p

Sol normalement consolidé log σ´

e
σ´p

Sol sous-consolidé log σ´

Fig. 6.78. Différents états de consolidation

• Les sols gonflants : leur courbe œdométrique au déchargement présente une pente marquée
sous faible contrainte (figure 6.79). Ces sols sont particulièrement dangereux pour les
fondations des constructions légères.

EYR2212118902_Fondations.indb 257 07/01/2019 11:24


258 | Reconnaissance des sols

Selon leur histoire, deux états différents peuvent être rencontrés :


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• S’il a été nécessaire d’empêcher le gonflement en début de chargement, il s’agit d’un sol
surconsolidé, éventuellement non saturé, en état de succion élevée. Le sol, dans l’état où il
a été prélevé, est susceptible de gonfler s’il est soumis, sous faible contrainte, au contact
d’eau libre (figure 6.79a).
• Si le même sol a été mis en présence d’eau libre et laissé libre de gonfler avant prélèvement,
son potentiel de gonflement a déjà été libéré et sa succion avoisine zéro. La courbe œdomé-
trique aura alors l’allure de la figure 6.79b. Un tel sol est susceptible de faire un retrait
important en cas de dessiccation et de réapparition d’une succion significative (action
d’une sécheresse prolongée par exemple).

e e

Cg a b

Cg

σ´z σ´g
log σ´v log σ´v

Fig. 6.79. Courbes de compressibilité de sols gonflants

Deux paramètres sont utilisés pour caractériser le gonflement :


• la pression de gonflement σg , qui est la pression en deçà de laquelle le sol gonfle (augmen-
tation de l’indice des vides) lorsqu’on le met en présence d’eau ;
• le coefficient de gonflement Cg , qui est la pente de la courbe de déchargement (à ne pas
confondre avec l’indice de décompression-recompression Cs défini précédemment).

Courbe de consolidation – Détermination du coefficient de consolidation Cv


Les courbes de consolidation sont établies en représentant les variations de hauteur de l’éprou-
vette en fonction du logarithme ou de la racine carrée du temps sous une charge constante
(figures 6.80 et 6.81).
Le temps t = 0 correspond au début du chargement. Les tassements sont mesurés à des temps
variables, par exemple : 10 s, 20 s, 30 s, 1 min, 2 min, 5 min, 10 min, 20 min, 40 min,
60 min, 2 h, 4 h, etc.
Si la durée du chargement est suffisamment longue, la courbe de consolidation représentée
en  log t permet de mettre en évidence à la fois la consolidation primaire et la consolidation
secondaire. L’intersection des tangentes aux deux branches de la courbe relative à ces deux
types de consolidation définit la fin conventionnelle de la consolidation primaire correspon-
dant à H100 et t100 sur la figure 6.80.

EYR2212118902_Fondations.indb 258 07/01/2019 11:24


Essais de laboratoire | 259
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H0
Consolidation
primaire
Variation de hauteur σ´ = Cte

H50
Consolidation secondaire

H100

t50 t100 log t

Fig. 6.80. Courbe de consolidation représentée en log t – Méthode de Casagrande

Dans la représentation de Casagrande en log t, la valeur de H0 correspondant au début de la


consolidation est définie conventionnellement par une construction graphique en considé-
rant la variation de hauteur entre les temps t1 et 4 t1 et en reportant cette variation au-dessus
du point correspondant à t1 [ISO 17892-5 2016], [6 Costet 1981], [6 L’herminier 1967].
Soit H50 le point à mi-distance entre H0 et H100 correspondant au tassement obtenu pour un
degré de consolidation de 50 %. On en déduit le temps t50 sur la courbe de consolidation.
Le coefficient Cv est obtenu par application de la formule de la consolidation verticale (voir
chapitre 4) avec Tv = 0,197 pour U = 50 %, soit (60).
H2
0,197
Cv = 4 (60)
t50

La méthode de Taylor, basée sur la représentation de la consolidation en fonction de la racine


carrée du temps (figure 6.81), permet également la détermination de Cv [ISO 17892-5 2016],
[XP P94-090-1 1997]. Dans cette méthode, on détermine d’abord la droite D1 correspon-
dant à l’ajustement sur les premiers points de la courbe. L’intersection à l’origine de cette
droite correspond au point sc. À partir de ce point sc, on trace la droite D2, dont la pente est
1,15 fois plus faible que celle de la droite D1.
L’intersection entre la droite D2 et la courbe définit le point de coordonnées ( t90 , s90). Le
coefficient  Cv est obtenu par application de la formule de la consolidation verticale (voir
chapitre 4) avec Tv = 0,848 pour U = 90 %, soit (61).
H2
0,848
Cv = 4 (61)
t90

EYR2212118902_Fondations.indb 259 07/01/2019 11:24


260 | Reconnaissance des sols

√t90
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0 1 2 3 4 5 6 √t
s0 Temps t
(minutes)

sc

Sous contrainte
σv constante

s60

s90

L D1

1,15 L
D2
D1
ΔH
Variation de hauteur
de l’éprouvette

Fig. 6.81. Courbe de consolidation représentée en t – Méthode de Taylor

Consolidation secondaire - Coefficient de consolidation secondaire Cα


La phase de consolidation secondaire qui suit la phase de consolidation primaire est déter-
minée à partir de la courbe de consolidation établie en représentant les variations de hauteur
de l’éprouvette en fonction du logarithme sous une charge constante (figure 6.80) et en déter-
minant la pente de la partie linéaire au-delà de t100, comme représenté figure 6.80.
Le coefficient de consolidation secondaire Cα , appelé également taux de fluage
[6 Magnan 2000], est déterminé à partir de cette représentation par :
H − HB (62)
Cα = A t
H0 · log B
tA
En considérant les variations d’indice des vides e, on détermine l’indice de consolidation
secondaire Cαe par l’expression suivante :
Δe
Cαe = = (1 + e0)·Cα (63)
Δlog t
Généralement, l’étude de la consolidation secondaire nécessite une étude spécifique pour
certains problèmes particuliers tels que la réalisation d’ouvrages reposant sur des sols très
compressibles, ou sur de grands remblais. Le suivi de la consolidation à l’œdomètre sur une
durée de 24 heures par palier peut s’avérer insuffisant pour déterminer correctement les para-
mètres de consolidation secondaire.
On doit alors recourir à des essais spécifiques de plus longue durée, avec des paliers de charge
maintenus et suivis pendant 7 à 10 jours. Ce type d’essai est décrit dans le mode opératoire
LPC n° 13 [6 LCPC 1994].

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Essais de laboratoire | 261

6.7.3.5. Essai de gonflement à l’œdomètre par chargement de plusieurs éprouvettes


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La réalisation d’un essai de gonflement à l’œdomètre par chargement de plusieurs éprouvettes


d’un échantillon de sol donné est décrite dans la norme XP P94-091. Cet essai permet la
détermination du potentiel de gonflement d’un sol et des paramètres caractéristiques du
gonflement provoqué par imbibition à l’eau de ce sol. Le matériel d’essai est identique à celui
de l’essai de compressibilité à l’œdomètre, décrit au paragraphe 6.7.3.4.
L’essai s’effectue sur plusieurs éprouvettes (au moins 4) provenant d’un même échantillon et
prélevées sensiblement au même niveau. Il consiste à placer chacune des éprouvettes dans une
cellule œdométrique et à appliquer sur chaque éprouvette une contrainte verticale différente,
jusqu’à atteindre une stabilisation de la hauteur Hi de l’éprouvette sous cette contrainte.
À partir de cet instant, l’éprouvette ainsi chargée est mise en eau et sa variation de hauteur est
mesurée et suivie pendant cette imbibition, jusqu’à stabilisation. Les mesures de la variation
de hauteur (gonflement ou tassement) sont effectuées au minimum à 1 min, 5 min, 30 min,
1 h, 2 h, 4 h, 8 h, 24 h, puis toutes les 8 h jusqu’à stabilisation finale, à laquelle correspond
la variation de hauteur ΔHf.
Le choix des contraintes σi à appliquer à chacune des éprouvettes est fait de telle manière à
avoir une répartition régulière des contraintes, représentées en échelle logarithmique, entre la
contrainte appliquée la plus faible, correspondant en général au poids du piston seul de la
cellule (environ 5 à 10 kPa), et la contrainte estimée de gonflement, c’est-à-dire la contrainte
pour laquelle la déformation de l’éprouvette est quasi nulle ou très faible. Dans le cas d’un
échantillon provenant d’un prélèvement en place, une des éprouvettes sera soumise à une
contrainte correspondant sensiblement à la contrainte effective verticale  σ´z0 régnant à
l’emplace­ ment du prélèvement. Les autres éprouvettes restantes seront soumises à des
contraintes choisies afin d’avoir dans le diagramme (log σ ; ΔHf /Hi) des points représentatifs
répartis au mieux entre les valeurs de contraintes fixées ci-dessus.
L’exploitation des résultats consiste à représenter dans le diagramme  (log σ ;  ΔHf /Hi)
l’ensemble des points (σi ; ΔHf /Hi) et à déterminer par un ajustement la droite passant par
l’ensemble des points, comme dans l’exemple de la figure 6.82.
15
Courbe ΔH/H
12,5
Régression
10
Rg = 7,17 × 10–2
7,5
ΔH/H (%)

5
σg = 41 kPa
2,5

− 2,5
1 10 100
Contrainte verticale (kPa) σv

Fig. 6.82. Courbe de gonflement à l’œdomètre et détermination de σg et Rg – Exemple

Avec cet ajustement, la contrainte qui correspond à une déformation nulle est la contrainte
de gonflement σg. La valeur absolue de la pente de cette droite ajustée représente le rapport
de gonflement Rg.

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262 | Reconnaissance des sols

À partir de ces paramètres, on peut déduire la relation exprimant le gonflement relatif, qui se
produit lorsque le terrain, surchargé par une contrainte σ ≤ σg , est mis en contact avec de
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l’eau de manière prolongée, par :


ΔHf σ
= − Rg· log g
Hi σ
(64)
Dans le cas où la relation entre log σ et ΔHf /Hi ne peut être assimilée à une droite, seule la
courbe reliant les points est tracée. Afin de déterminer la pression de gonflement σg dans ce
cas, on trace la courbe obtenue en indice des vides et l’on détermine la contrainte de gonfle-
ment correspondant à l’indice des vides e0 du sol en place.

6.7.3.6. Essai de dessiccation – Détermination de la limite de retrait effective


Cet essai permet de caractériser la variation dimensionnelle axiale d’un échantillon de sol non
remanié naturel ou reconstitué, soumis à dessiccation. Il consiste à suivre, par mesure directe,
la variation de hauteur d’une éprouvette cylindrique de sol disposée sur un bâti rigide et
soumise à dessiccation graduelle à l’air, puis totale à l’étuve à 105 °C.
Le bâti de l’appareil d’essai est constitué (figure 6.83) d’un socle rigide (1) dans lequel vient
se loger un réceptacle amovible recevant l’éprouvette (2). Un dispositif de mesure de la varia-
tion de hauteur de l’éprouvette (3) est fixé solidairement au bâti. Il s’agit généralement d’un
comparateur ou d’un capteur électronique permettant une lecture au l/100 de mm.

2
Éprouvette

Fig. 6.83. Schéma de l’appareil de mesure de retrait linéaire

L’essai est mené sur une éprouvette préalablement découpée dans l’échantillon de sol à
caracté­riser soit au moyen d’une trousse coupante, soit au moyen d’un tour équipé d’un
gabarit. Le diamètre initial D0 de l’éprouvette est compris entre 35 mm et 50 mm, et sa
hauteur entre 0,4 D0 et 0,6 D0.
Les paramètres d’état initial (géométrie, teneur en eau, indice des vides, degré de saturation)
sont alors déterminés.
Pendant sa dessiccation, l’éprouvette est régulièrement pesée et sa variation de hauteur ΔH
mesurée.
Un exemple de courbe de retrait ΔH/H0 en fonction de la teneur en eau w ainsi obtenue est
donné sur la figure 6.84.

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Essais de laboratoire | 263

20 Courbe de retrait linéaire


d’une argile verte
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(échantillon non remanié)

15

Déformation axiale (%)


10

RI
5

wRe

0
0 10 20 30 40 50
Teneur en eau (%)

Fig. 6.84. Exemple de courbe de retrait linéaire et caractéristiques mesurées par l’essai

Cette courbe peut être décomposée en deux parties sensiblement linéaires à l’intersection
desquelles correspond la teneur en eau de limite de retrait effective wRe.
La pente de la première partie linéaire représente le facteur de retrait linéaire effectif Rl. Dans
cette partie de la courbe, l’éprouvette reste, pendant sa dessiccation, très proche de la satura-
tion et tout départ d’eau se traduit par une variation correspondante de son volume.
La deuxième partie, sensiblement horizontale, correspond à la désaturation du matériau et à
l`arrêt du retrait, le sol ayant atteint l’essentiel de sa déformation.
Bien que la mesure de variation de hauteur ne se fait que dans la direction axiale, alors que la
variation pendant le retrait est volumique, la limite de retrait effective déterminée à partir de
la courbe de variation de volume est identique ou très proche de celle déterminée à partir de
la courbe de variation de hauteur.
Des mesures comparatives de limite de retrait effective wRe avec celles déterminées à partir de
suivi de mesures du retrait volumique global d’éprouvettes par immersion dans du mercure
[6 Philipponnat 1991] montrent une très bonne concordance entre les courbes et les limites
de retrait obtenues selon les deux méthodes, comme l’illustrent les graphiques de la figure 6.85.

14 Courbes de retrait d’une argile vert et ocre 14 Courbes de retrait d’une argile vert et ocre
(échantillon non remanié - S1b/B à 1,90 m) (échantillon non remanié - P4/D à 0,85 m)
12 12
Mesure du retrait linéaire Mesure du retrait linéaire
Mesure du retrait volumique Mesure du retrait volumique
10 10
Déformation axiale (%)

Déformation axiale (%)

8 8

6 6
1

4 4 RI

1
2 2 wRe
wRe RI

0 0
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
Teneur en eau (%) Teneur en eau (%)

Fig. 6.85. Courbes de retrait par dessiccation déduites d’essais de retrait linéaire selon la norme XP P94-060-2
et d’essais de mesure du retrait volumique par immersion dans du mercure, réalisés sur deux échantillons
d’une argile naturelle

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264 | Reconnaissance des sols

6.7.4. Essais hydrauliques de perméabilité


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6.7.4.1 . Mesure du coefficient de perméabilité – Principaux dispositifs


Les principes généraux de la mesure du coefficient de perméabilité à l’eau k en laboratoire
sont décrits au chapitre 3. Ils s’appuient sur l’application de la loi de Darcy.
Deux méthodes sont utilisées en laboratoire :
• la mesure sous charge constante, généralement appliquée aux sols très perméables,
• la mesure sous charge variable, appliquée principalement pour les sols peu perméables.
Actuellement, trois types d’équipements sont principalement utilisés en laboratoire pour
déterminer le coefficient de perméabilité. Il s’agit :
• du perméamètre à paroi rigide. Un exemple classiquement utilisé de ce type de perméa-
mètre est dérivé du moule Proctor, auquel des embases adaptées, équipées de plaques drai-
nantes et d’un système d’alimentation contrôlée en eau, sont rajoutées. Ce type de
dispositif d’essai et le protocole opératoire de l’essai sont décrits dans la norme NF
X30-441, dont la figure 6.86 est extraite ;

Fig. 6.86. Exemple de perméamètre à paroi rigide – Norme Afnor NF X30-441

• de l’œdomètre, qui permet de déterminer le coefficient de perméabilité d’une éprouvette


soumise à une contrainte verticale (charge  F) et dans laquelle une circulation d’eau la
traversant de bas en haut est réalisée. Il est possible grâce à ce dispositif d’étudier la varia-
tion du coefficient de perméabilité d’un sol en fonction de la contrainte appliquée. Un

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Essais de laboratoire | 265

exemple de ce type de perméamètre est représenté sur la figure 6.87. Ce type de dispositif


d’essai et le protocole opératoire de l’essai sont décrits dans la norme NF X30-442 ;
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h1

h2

Fig. 6.87. Exemple de perméamètre de type œdomètre à charge variable [6 Reiffsteck 2018]

• du perméamètre à paroi flexible qui permet de déterminer le coefficient de perméabilité


d’une éprouvette soumise à une contrainte de confinement isotrope et dans laquelle une
circulation d’eau la traversant de bas en haut est réalisée. Il est possible, grâce à ce dispo-
sitif, d’étudier la variation du coefficient de perméabilité d’un sol en fonction de la
contrainte appliquée. L’équipement employé pour l’essai triaxial est généralement utilisé
pour conduire ce type d’essai de perméabilité. Un exemple de ce type de perméamètre
utilisant une cellule triaxiale et des contrôleurs pression-volume à piston est représenté sur
la figure 6.88. Ce type de dispositif d’essai et le protocole opératoire de l’essai sont décrits
dans la norme NF X30-443.

σ3

I0 us
M

ue
M

Fig. 6.88. Exemple de perméamètre à paroi souple de type cellule triaxiale et contrôleurs pression-volume à piston
[6 Reiffsteck 2018]

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266 | Reconnaissance des sols

6.7.4.2. Mesure de la perméabilité – Essai à charge constante – Essai à charge variable


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La détermination du coefficient de perméabilité se fait sur une éprouvette représentative de


l’échantillon à tester mise en place dans l’un des dispositifs de perméamètre décrits précédem-
ment. Une circulation d’eau à travers l’échantillon, généralement du bas vers le haut, est
établie en appliquant une charge hydraulique entre l’entrée et la sortie afin, d’une part, de
saturer l’éprouvette, puis de déterminer la perméabilité sous cette charge en mesurant les
quantités d’eau traversant l’échantillon en fonction du temps et en appliquant la loi de Darcy.
La charge hydraulique appliquée entre l’entrée et la sortie peut soit être constante pendant
tout l’essai, dans ce cas on réalise un essai à charge constante, soit être variable et décroissante
pendant l’essai, et dans ce cas on réalise un essai à charge variable.

6.7.4.2.1. Essai à charge constante


Le maintien d’une charge constante peut être obtenu au moyen de différents dispositifs. Le
plus simple repose sur l’utilisation d’un réservoir amont d’eau équipé d’un trop-plein permet-
tant de fixer la charge d’eau he à l’entrée de l’éprouvette. En sortie de l’éprouvette, la charge
d’eau hs est généralement fixée au niveau du robinet de sortie, juste au-dessus de l’éprouvette.
La charge constante Δh dans ce cas vaut Δh = he − hs.
Dans un système utilisant des contrôleurs à piston comme ceux schématisés sur la figure 6.88,
la charge hydraulique constante est obtenue en réglant une différence constante entre la
contre-pression interstitielle ue en entrée et la contre-pression interstitielle us en sortie. Dans
ce cas, la charge hydraulique h vaut :
u − us
Δh = e (65)
g · ρw
Une fois l’écoulement en régime permanent établi, le débit d’écoulement Q est déterminé en
mesurant, en fonction du temps t, le volume d’eau V traversant l’éprouvette de longueur L et
de section S. L’application de la loi de Darcy donne :
ΔV
Δh ·L
Q = k·i·S = k· ·S d’où k = Δt (66)
L Δh · S
Une mesure de la température T, en degrés Celsius, pendant l’essai permet de corriger en
fonction de la viscosité dynamique η de l’eau la perméabilité kT obtenue à cette tempéra-
ture T et de la ramener à la valeur k du coefficient de perméabilité k20 à la température de réfé-
rence de 20 °C :
η
k20 = kT · T (67)
η20
ηT
où = exp[2,44 ×10−2 ·(20 − T ) + 1,8 ×10−4 ·(20 − T )2 + 2,5 ×10−6 ·(20 − T )3] (68)
η20

6.7.4.2.2. Essai à charge variable


L’application d’une charge variable peut être obtenue au moyen d’une burette graduée
connectée à l’entrée de l’éprouvette (charge hydraulique he amont). En sortie de l’éprouvette,
la charge d’eau hs est généralement fixée au niveau du robinet de sortie.
Le dispositif de la figure 6.87 présente un exemple de montage à charge variable sur perméa-
mètre à l’œdomètre.

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Essais de laboratoire | 267

Après avoir procédé à la saturation de l’éprouvette par une circulation d’eau, l’essai propre-
ment dit consiste à mesurer la durée Δt entre un niveau de charge hydraulique initial h1 et un
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niveau final h2 lus sur la burette. Le volume d’eau s’étant écoulé pendant cette durée est déter-
miné en connaissant la section a de la burette.
En considérant l’éprouvette de longueur L et de section S, le coefficient de perméabilité
s’obtient par :
h
ln 1 · a · L
h2
k= (69)
S · Δt

Une mesure de la température T pendant l’essai permet de corriger en fonction de la viscosité


dynamique η de l’eau la perméabilité kT obtenue à cette température T et de la ramener à
la valeur k du coefficient de perméabilité k20 à la température de référence de 20 °C, en appli-
quant les formules (67) et (68).

6.7.5. Essais de compactage et de portance

6.7.5.1 . Essai de détermination des références de compactage Proctor


L’essai de compactage Proctor est décrit dans la norme NF P94-093. Il permet de déterminer
les caractéristiques de références de compactage d’un matériau. Ces caractéristiques sont la
teneur en eau optimale et la masse volumique sèche maximale obtenue du matériau compacté
à cette teneur en eau optimale. Deux énergies de compactage normalisées peuvent être utili-
sées pour cet essai :
• l’énergie de l’essai Proctor normal, correspondant à une valeur de 0,6 MJ/m3 ;
• l’énergie de l’essai Proctor modifié, correspondant à une valeur de 2,7 MJ/m3.
Les caractéristiques de références de compactage obtenues à l’OPN (optimum Proctor
normal) ou à l’OPM (optimum Proctor modifié) sont utilisées en travaux de terrassement et
constituent des valeurs caractéristiques de teneur en eau et de masse volumique sèche de réfé-
rence par rapport auxquelles on se calera pour définir les objectifs à atteindre par ces travaux
en termes de compacité, de portance et de teneur en eau.
Le principe de l’essai consiste à humidifier au moins cinq prises d’essais du matériau à caracté­
riser, chacune à une teneur en eau différente. Après mélange et homogénéisation de la teneur
en eau, chaque prise d’essai est compactée dans un moule cylindrique métallique de caracté-
ristiques définies, avec une dame de compactage spécifique selon un procédé et une seule des
énergies conventionnelles de l’essai (normal ou modifié).
Pour chacune des teneurs en eau w testée, on détermine la masse volumique sèche de la prise
d’essai obtenue après ce compactage et on trace sur un diagramme (w, ρd) l’évolution des
masses volumiques sèches ρd obtenues en fonction de la teneur en eau w correspondante. La
courbe obtenue est appelée courbe Proctor. Elle présente en général une valeur maximale de la
masse volumique sèche ρd max, à laquelle correspond une valeur particulière de teneur en eau,
appelée teneur en eau optimum notée wOPN ou wOPM, selon l’énergie de compactage normale
ou modifiée utilisée (figure 6.89).

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268 | Reconnaissance des sols

2,10
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Courbe Proctor

ρd (Mg/m3 )
2,00 Sr = 80 %
Sr = 100 %
1,90
ρd max

1,80

1,70

1,60
wOPN
w (%)
1,50
8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 18,0 20,0

Fig. 6.89. Exemple de courbe Proctor normal avec la détermination des caractéristiques ρd max = 1,82 Mg/m3
et wOPN = 14,4 % et tracé des courbes de saturation à 80 % et à 100 %

Il est à noter que dans sa dernière version de 2014, la norme NF P94-093 a introduit quelques
modifications dans la géométrie des moules et des dames de compactage à utiliser et dans
l’utilisation de disque d’espacement. Ces modifications ont été apportées afin d’harmoniser
les pratiques avec la norme européenne EN 13286-2.
Ainsi, deux types de moules sont utilisables. Le moule de type A, qui correspond sensible-
ment au moule Proctor connu jusqu’à présent, et le moule de type B, qui correspond sensible-
ment au moule CBR défini par la précédente version de la norme et utilisé jusqu’à présent.
Les caractéristiques géométriques de ces moules A et B sont données dans le tableau 6.18 et
sur la figure 6.90. Une rehausse amovible d’au moins 50 mm de haut équipe ces moules.

h1

ø d1 w t

ø d1 + 100 mm

Fig. 6.90. Schéma et caractéristiques d’un moule Proctor – Norme NF P94-093

Le moule de type A (moule Proctor) est réservé aux matériaux dont le dmax est inférieur ou
égal à 5 mm et lorsqu’il n’y a pas d’essai de détermination de l’indice portant par poinçonne-
ment à réaliser (voir § 6.7.5.2).
Le moule de type B (moule CBR) peut être utilisé pour tous les matériaux dont le dmax est
inférieur ou égal à 50 mm ou lorsque des essais de détermination de l’indice portant sont
envisagés.
On notera cependant que lorsque la fraction supérieure à 20 mm représente plus de 30 % du
matériau dans sa fraction 0/50 mm, l’essai reste réalisable, mais seulement pour évaluer l’état

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Essais de laboratoire | 269

hydrique du matériau conformément à la norme NF P11-300. Les références de compactage


déterminées par l’essai dans ce cas ne sont pas considérées comme représentatives.
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Deux types de dames de compactage sont utilisés selon l’énergie de compactage souhaitée
pour l’essai. La dame de type A, qui est utilisée pour l’essai Proctor normal, et la dame de
type B, plus grande, qui est utilisée pour l’essai Proctor modifié. Les caractéristiques de ces
dames sont données dans le tableau 6.19.
Le fonctionnement des dames permet de compacter les couches de matériaux étalées dans le
moule, en soulevant et en faisant chuter verticalement d’une hauteur définie et constante une
masse cylindrique en métal guidée par un tube. Le compactage est obtenu par répétition du
damage en appliquant un nombre normalisé de coups, régulièrement répartis sur chaque
couche.

Tableau 6.18. Dimensions des moules Proctor de types A et B – Normes NF P94-093 et EN 12386-2

Type de moule Diamètre d1 Hauteur h1 Épaisseur w Embase t


Proctor mm mm mm mm

A 100 ± 1,0 120 ± 1,0 7,5 ± 1,0 11,0 ± 0,5


B 150 ± 1,0 120 ± 1,0 9,0 ± 1,0 14,0 ± 0,5

Ce processus de compactage peut être réalisé soit manuellement en utilisant une dame
manuelle, soit mécaniquement en utilisant une machine de compactage automatique.

Tableau 6.19. Caractéristiques des dames de compactage de types A et B – Normes NF P94-093 et EN 12386-2

Type de dame Masse de la dame Diamètre de la dame Hauteur de chute


kg mm mm

A
2,50 ± 0,02 50,0 ± 0,5 305 ± 3
(Proctor normal)
B
4,50 ± 0,04 50,0 ± 0,5 457 ± 3
(Proctor modifié)

Le remplissage des moules par couches et le compactage de chaque couche est défini selon les
indications de la figure 6.91, en fonction du moule utilisé et de l’énergie de compactage.

ESSAI PROCTOR NORMAL ESSAI PROCTOR MODIFIÉ

Compactage en 3 couches, à raison de : Compactage en 5 couches, à raison de :

25 coups 56 coups 25 coups 56 coups


par couche par couche par couche par couche

Si moule Avec dame A Si moule Si moule Avec dame B Si moule


Proctor (Proctor normal) CBR Proctor (Proctor modifié) CBR
(type A) (type B) (type A) (type B)

Fig. 6.91. Schéma du processus de compactage à appliquer à chaque moule pour l’essai Proctor normal
et pour l’essai Proctor modifié

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270 | Reconnaissance des sols

Une fois le moule entièrement rempli et compacté, on retire sa rehausse et on procède à l’ara-
sage de la surface du moule avec une règle à araser et on pèse la masse du moule et du maté-
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riau qu’il contient. Connaissant la masse et le volume du moule, il est possible alors de
déterminer la masse volumique humide ρh obtenue du matériau.
Si l’on ne doit pas procéder à un essai d’indice portant sur ce moule, le matériau peut alors
être démoulé et on détermine sa teneur en eau w par séchage à l’étuve (voir § 6.7.2.3).
La masse volumique sèche sur ce moule peut alors être déterminée par :
ρh
ρd = w (70)
1+
100
Le processus ci-dessus est répété pour chaque prise d’essai, afin d’obtenir tous les points
permettant de tracer la courbe Proctor et la détermination des références de compactage,
comme dans l’exemple de la figure 6.89.

6.7.5.2. Indice portant IPI et CBR


L’essai de détermination de l’indice portant est décrit dans la norme NF P94-078 encore en
vigueur et plus récemment dans la norme européenne EN 13286-47. Cette dernière norme
servira à terme de norme harmonisant les pratiques en ce qui concerne l’appareillage et la
conduite de l’essai et pour l’exploitation des résultats.
L’essai permet la détermination des indices caractéristiques de portance d’un sol ou d’un
matériau préparé par compactage dans un moule à une énergie Proctor donnée (voir l’essai
Proctor au paragraphe 6.7.5.1) et à une teneur en eau connue. Sur ce matériau préparé dans
le moule, un essai de poinçonnement par enfoncement, à vitesse contrôlée de 1,27 mm/min,
d’un poinçon de géométrie normalisée et de 50 mm de diamètre est effectué. Pendant
l’enfonce­ment, l’effort appliqué est mesuré. Les forces F2,5 correspondant à 2,5 mm d’enfonce­
ment et F5,0 correspondant à  5,0 mm sont alors déterminées et comparées à des efforts
conventionnels de référence afin de déterminer l’indice de portance du matériau compacté
testé, comme suit :

Indice de portance = max (13,35


F 2,5;
19,93 )
F 5,0 × 100 (71)

Dans l’expression (71), les forces sont en kN et l’indice de portance (IPI, CBR ou CBR
immergé) en %.
Nota : Dans certains cas, le contact du poinçon avec le sol au début du poinçonnement n’est
pas parfait et un décalage de la courbe d’effort en fonction de l’enfoncement peut apparaître.
Il convient alors de corriger la courbe de ce décalage avant de déterminer correctement les
efforts F2,5 et F5,0.
Les indices de portance sont utilisés pour caractériser le comportement d’un matériau ou
d’un sol utilisé dans les terrassements et la construction d’ouvrages en terre, ou en assises de
chaussées.
Les indices de portance qui peuvent être déterminés par l’essai de poinçonnement sont :
• l’indice de portance immédiate IPI, déterminé immédiatement après compactage et sans
application de surcharges sur l’échantillon ;
• l’indice portant californien CBR immédiat, déterminé immédiatement après compactage
et avec application de surcharges sur l’échantillon ;

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Choix des techniques d’investigation | 271

• l’indice portant californien CBR après immersion est déterminé comme pour le CBR
immédiat, avec application de surcharges, mais après avoir conservé le matériau dans son
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moule immergé dans l’eau pendant 4 jours. Pendant cette période d’immersion, l’évolu-
tion du gonflement du matériau est mesurée.
Les surcharges appliquées permettent de simuler le poids de la chaussée au-dessus du sol.
Dans le cas où celles-ci ne sont pas spécifiées, on pourra choisir une surcharge de 2,3 kg ou
de 4,6 kg à appliquer à la surface du matériau dans le moule. Ces surcharges sont constituées
de disques métalliques comportant un évidement central permettant le passage du poinçon
CBR et son contact avec la surface du matériau.
Un exemple de résultat d’enfoncement et de détermination des forces d’enfoncement
à 2,5 mm et à 5,0 mm obtenues après correction de la courbe (effort-enfoncement) brute est
présenté sur la figure 6.92.

Effort - Enfoncement
25
Effort - Enfoncement corrigé
Force (kN)

20

15
F5,0

10
F2,5
5

Enfoncement (mm)
0
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0

Fig. 6.92. Exemple de résultat effort-enfoncement d’un poinçonnement CBR immédiat obtenu
sur un matériau compacté à l’OPM

La valeur d’indice de portance obtenue dans cet exemple, déterminée par l’expression (72),
est de :
Indice CBR = max
7,1 13,6
;
13,35 19,93 (
× 100 = 68 % )(72)

6.8. Choix des techniques d’investigation


Au début de ce chapitre, les différentes phases de l’étude géotechnique ont été décrites en
termes de volume et de profondeur des investigations à réaliser. Il importe maintenant de
définir les moyens de reconnaissance à mettre en œuvre en fonction des problèmes géotech-
niques à étudier et de la nature des sols susceptibles d’être rencontrés. Cette dernière est déter-
minante dans le choix des méthodes, d’autant plus que les sites étudiés présentent souvent
une hétérogénéité verticale liée à la géologie.
Établir la synthèse des méthodes à préconiser pour les applications les plus courantes est très
délicat dans la mesure où certaines ne recueillent pas toujours l’unanimité des spécialistes
en mécanique des sols quant à leur validité. Il faut d’ailleurs convenir qu’aucune n’est parfaite

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272 | Reconnaissance des sols

ni universelle. Néanmoins, le tableau 6.20, extrait de [6 USG 2016], présente un choix de


techniques qui ne constitue qu’un guide. Les éléments de ce tableau sont purement indicatifs
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et ne prennent pas en compte certains facteurs essentiels, comme le contexte géologique ou


l’accessibilité aux points de sondage.
Un projet comportant généralement plusieurs problématiques géotechniques, le programme
d’investigation doit inclure la mise en œuvre de plusieurs procédés parmi les sondages, essais
in situ et en laboratoire.
La consistance de la campagne d’investigation doit être pensée cas par cas, la règle d’or restant
de conjuguer plusieurs moyens de reconnaissance se complétant efficacement. Le fait de
combiner les types d’essais permet par ailleurs de vérifier la qualité des résultats obtenus en
ayant recours à des corrélations (voir annexe G) et de pouvoir, éventuellement, recouper les
méthodes de calcul des ouvrages.

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Tableau 6.20. Pertinence des techniques usuelles de reconnaissance (Union syndicale géotechnique)

Problématique géotechnique Sondages Essais en laboratoire Essais in situ

Modèle géologique Sondage carotté R Piézocône S


Pelle mécanique S Pénétromètre statique S
Tarière S Pénétromètre dynamique Q
Sondages destructifs avec diagraphies Q

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Déblai/Remblai Échantillon intact ou remanié représentatif, R Essais d’identification R
prélevé dans les sondages précédents Essais Proctor, de traitements R
Capacité portante Sondage carotté + échantillon intact + labo S Cisaillement triaxial S Pressiomètre R
Compression simple S Pénétromètre statique R
Cisaillement direct S Standard pénétration test S
Pénétromètre dynamique Q
Phicomètre ou scissomètre Q
Tassement (fondations, Sondage carotté + échantillon intact + labo R Œdomètre R Pressiomètre R
dallages,…) Triaxial avec module R Pénétromètre statique R
DMT S
Soutènement Échantillon intact R Triaxial R Scissomètre R
Cisaillement rectiligne R Phicomètre S
Eau souterraine
1- Niveau des nappes Piézomètres avec suivi automatique R
Piézomètres avec suivi manuel S
Cellules de pression interstitielle S
2- Rabattement Forage d’eau + piézomètres R Essai de pompage R
Sondage carotté + échantillon intact + labo S Essai de perméabilité in situ Q
Aléa sismique Échantillon intact R Triaxial cyclique R Piézocône R
Granulométrie R Standard pénétration test R
Pénétromètre statique R
Retrait gonflement Échantillon intact R Essais de retrait, essai de gonflement R
Essais d’identification Q
Reconnaissance de fondations Fouilles mécaniques R Résistance compression du béton ou R Essais MSP dans forage équipé R
existantes ou avoisinantes Fouilles manuelles / Puits blindés R de la maçonnerie Essai d’impédance en tête de Q
Sondage carotté S fondation profonde
Sondage destructif S
Choix des techniques d’investigation
|

R : sondages/essais recommandés S : sondages/essais satisfaisants Q : sondages/essais qualitatifs


273

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274 | Reconnaissance des sols

Bibliographie
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Choix des techniques d’investigation | 275

[6 LCPC 2001] Collectif LCPC et Scetauroute, Guide technique. Commande et contrôle des reconnais-
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[6 LCPC 2004] Guide technique. Détection de cavités souterraines par méthodes géophysiques, LCPC, 2004
[6 L’herminier 1967] L’HERMINIER R., Mécanique des sols et des chaussées, Société de diffusion de
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tion, LCPC, 2005.
[6 Mathieu 1998] MATHIEU C., PIELTAIN F., Analyse physique des sols – Méthodes choisies, Lavoisier,
Tec & Doc, 1998.
[6 Mazier 1971] MAZIER G., Les essais in situ en rocher et dans les sols meubles – Session automne, Société
suisse de mécanique des sols et des roches, 1971.
[6 Ménard 1965] MÉNARD L., Le pressiomètre Louis Ménard - Règles d’utilisation des techniques pressio-
métriques et d’exploitation des résultats obtenus pour le calcul des fondations – Brochure D60, 1965 – Les
techniques Louis Ménard.
[6 Millon 2002] MILLON R., Les Cahiers de l’AGAP n° 1 – Magnétisme et prospection magnétique,
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[6 Peltier 1965] PELTIER R., Manuel du laboratoire routier, 3e édition, Dunod, 1965.
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française de géotechnique n° 35, 1986
[6 Philipponnat 1991] PHILIPPONNAT G., « Retrait-gonflement des argiles, proposition de métho-
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[6 Philipponnat 1993] PHILIPPONNAT G. et ZERHOUNI M.I., « Interprétation de l’essai au phico-
mètre », Revue française de géotechnique n° 65, 1993.
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2016.
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LPC, n° 125, 1983.

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276 | Reconnaissance des sols

[6 Zerhouni 1998a] ZERHOUNI M.I., BIGOT G. & PHILIPPONNAT G., Les essais normalisés de
dessiccation et de gonflement des sols argileux, Colloque MAGI’50 – École nationale supérieure de géologie
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- Nancy, 1998.
[6 Zerhouni 1998b] ZERHOUNI M.I., GÉRARD C., FLEUREAU J-M., Étude du retrait de deux sols
argileux naturels, Colloque MAGI’50 – École nationale supérieure de géologie - Nancy, 1998.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 7

Calcul géotechnique et Eurocode 7

7.1. Présentation générale – Bases du calcul


géotechnique
On s’intéressera dans ce chapitre essentiellement à la première partie de l’Eurocode 7 – Calcul
géotechnique [NF  EN  1997-1  2005], qui contient les règles générales. L’Eurocode  7 est
souvent désigné sous son abréviation, EC7.
L’Eurocode 7 différencie trois catégories d’ouvrages géotechniques, à définir par le maître de
l’ouvrage :
• Catégorie 1 : ouvrages petits et simples (conditions de terrains connues et simples) et
risques négligeables.
• Catégorie 2 : ouvrages courants, absence de risques anormaux ni de conditions de terrains
ou de surcharges inhabituelles.
• Catégorie 3 : ouvrages n’entrant pas dans les catégories 1 et 2, ouvrages très grands et inha-
bituels et risques anormaux et/ou conditions de terrain et de charges exceptionnelles…
L’Eurocode 0 définit également trois classes de conséquences de la ruine d’un ouvrage :
• CC1 : conséquences faibles, ayant des effets faibles ou négligeables sur les personnes, sur
l’ouvrage à construire ou les constructions avoisinantes, en termes sociaux, économiques
ou d’environnement.
• CC2 : conséquences moyennes, ayant des effets modérés sur les personnes et/ou impor-
tants sur l’ouvrage à construire ou les constructions avoisinantes.
• CC3 : conséquences élevées, ayant des effets importants sur les vies humaines et/ou des
conséquences très importantes sur l’ouvrage à construire ou les constructions
avoisinantes.
Les bases de justifications pour un ouvrage sont fonction de la catégorie de l’ouvrage, de la
classe de conséquences et des conditions de site. Elles sont données dans le tableau 7.1 ci-après
pour les normes NF P94-261 et NF P94-281. Il est à noter que les normes d’applications plus
anciennes, telles que la norme NF P94-282, classent dans la catégorie géotechnique 2 les
ouvrages de classe de conséquence CC2 situés en conditions de sites « complexes » .

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278 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

Tableau 7.1. Base des justifications (Afnor NF P94-261 et NF P94-281)


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Catégorie Classes de Conditions de site Base des justifications


géotechnique conséquences

Expérience et reconnaissance géotechnique


1 CC1 Simples et connues
qualitative admise

CC1 Complexes Reconnaissance géotechnique et calcul


2
CC2 Simples nécessaires

CC2 Complexes Reconnaissance géotechnique et calcul


3
CC3 Simples ou complexes approfondis

L’Eurocode introduit également la notion de durée de vie de l’ouvrage, ou « catégorie d’utili-


sation de projet », qui est par exemple déterminante dans le calcul des épaisseurs de métal
sacrifié à la corrosion pour certains éléments d’ouvrages lorsque ces derniers ne sont pas
protégés (palplanches, armatures de tirants ou de micropieux). Il s’agit d’une durée à fixer par
le maître de l’ouvrage. Par défaut, il peut être appliqué le tableau 2.1 de l’Eurocode 0 complété
par l’annexe nationale (norme NF EN1990/NA, indice P 06-100-1/NA), donné ci-dessous.

Tableau 7.2. Durées de vie indicatives des ouvrages (Afnor NF P06-100)

Catégorie de durée Durée indicative Exemples


d’utilisation de projet (années)

Structures provisoires (hors structures ou éléments de


1 10
structure pouvant être démontés dans un but de réutilisation)

Éléments structuraux remplaçables, par exemple poutres de


2 25
roulement et appareils d’appui

3 25 Structures agricoles et similaires

4 50 Structures courantes de génie civil et de bâtiments

Autres structures de génie civil, ponts et structures


5 100
monumentales de bâtiments

L’Eurocode 7 admet différentes méthodes pour la justification des ouvrages géotechniques :


• méthode observationnelle,
• méthode prescriptive, réservée aux ouvrages simples,
• justification par essais de chargement,
• justification par le calcul.
L’Eurocode 7 est un document général complété par des normes d’application nationale
spécifiques pour le calcul des ouvrages géotechniques. Celles publiées en France sont :
• Fondations superficielles : NF P94-261 ;
• Fondations profondes, NF P94-262 ;
• Ouvrages de soutènement - Murs : NF P94-281 ;
• Ouvrages de soutènement - Écrans : NF P94-282 ;
• Remblais renforcés et massifs en sol cloué : NF P94-270.

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Justification par la méthode observationnelle | 279

Ces normes d’application ne s’appliquent pleinement qu’aux projets relevant de la catégorie


géotechnique  2, c’est à dire aux ouvrages courants qui ne présentent pas de risque excep-
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tionnel et ne sont pas exposés à des conditions de terrain ou de chargement exceptionnelle-


ment difficiles.

7.2. Justification par la méthode observationnelle


La méthode observationnelle ou « dimensionnement interactif des ouvrages » a pour principe
général d’adapter le modèle de calcul et les travaux en découlant au comportement réel de
l’ouvrage pendant la construction de ce dernier.
Les exigences suivantes doivent être remplies avant le début de la construction de l’ouvrage :
• les limites du comportement acceptable de l’ouvrage doivent être établies (exemple : défor-
mation maximum d’un écran de soutènement) ;
• le domaine des comportements possibles doit être analysé et on doit montrer qu’il existe
une probabilité acceptable que le comportement réel soit compris dans le domaine des
comportements acceptables. En d’autres termes, on dispose d’un modèle de calcul fiable
qui montre que l’on reste dans les limites acceptables fixées ;
• un plan d’instrumentation et de suivi adapté doit être établi pour mesurer le comporte-
ment réel de l’ouvrage (exemple : repères topographiques, cellule de mesure de la tension
de tirants, inclinomètres…) ;
• un plan d’actions de sauvegarde doit être établi, pour être mis en œuvre si le suivi montre
que l’ouvrage sort des limites acceptables (exemple : butonnage supplémentaire…).
Pendant la construction, le suivi doit être exécuté tel que planifié, et les résultats des observa-
tions analysés en comparaison avec la modélisation. Si l’on sort du comportement autorisé, le
plan d’action de sauvegarde doit être mis en œuvre, l’instrumentation éventuellement
complétée, et la modélisation revue pour correspondre à ce comportement réel.
Le dimensionnement interactif impose ainsi :
• de connaître dès la conception de l’ouvrage les hypothèses susceptibles de modifier le
comportement de l’ouvrage et les incertitudes liées à ces hypothèses ;
• de prendre en compte dès la conception de l’ouvrage géotechnique les conséquences sur
l’ouvrage (par exemple en prévoyant le ferraillage nécessaire dans une paroi moulée si un
buton supplémentaire doit être mis en place) ;
• que l’ouvrage étudié est un comportement ductile et non fragile.
Il se distingue d’un calcul traditionnel où les moyens classiquement mis en œuvre permettent
de maîtriser avec suffisamment de certitudes les hypothèses retenues et où l’instrumentation
et le suivi de l’ouvrage ne sont appliqués que pour s’assurer de la validité des hypothèses et du
bon comportement de l’ouvrage.
Dans la pratique, le dimensionnement interactif ne doit pas pallier une insuffisance dans les
reconnaissances de sol et reste limité à des cas spécifiques où les moyens traditionnels ne
permettent pas de maîtriser avec suffisamment de certitudes certains paramètres et impose-
raient alors de prendre des valeurs très prudentes avec des conséquences fortes sur l’ouvrage
(coûts, délais, etc.).

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280 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

7.3. Justification par la méthode prescriptive


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Cette méthode consiste à justifier un ouvrage, ou un état limite, par un choix classique et
sécuritaire basé sur l’expérience.
Elle peut être utilisée pour des ouvrages simples, où le calcul ne s’avère pas nécessaire, lorsque
l’on dispose de l’expérience d’une construction semblable érigée dans les mêmes conditions
de terrain.
Elle peut également être utilisée pour traiter de questions de durabilité (gel, attaques chimiques
et biologiques), pour lesquels des calculs ne sont en général pas appropriés.
À titre d’exemple, l’annexe G de l’Eurocode 7, partie 1, donne une méthode prescriptive de
détermination de la capacité portante de semelles fondées au rocher, à partir de la nature de
la roche, de sa résistance en compression et de l’espacement des discontinuités.

7.4. Justification sur la base d’essais de chargement


L’Eurocode 7 admet l’utilisation d’essais de chargement ou d’essais sur des modèles à grande
ou petite échelle pour justifier un projet ou pour compléter une des autres alternatives de
vérifi­cation des états limites. La méthode de dimensionnement des pieux à partir d’essais de
charge­ment en est un exemple.

7.5. Justification par le calcul

7.5.1. Préambule – Fiabilité des modèles de calcul


L’Eurocode 7 et ses normes de calcul développent des modèles de calculs qui peuvent s’avérer
relativement complexes.
Il faut toutefois retenir qu’il ne s’agit que de modèles dont les données de départ sont issues
de reconnaissances géotechniques très ponctuelles par nature et qui ne donnent qu’une image
approchée du comportement réel du sol, hétérogène par nature.
Il faut donc garder une certaine prudence par rapport aux calculs purs et avoir un regard
critique sur les résultats obtenus.
Il convient également de tenir compte de l’incertitude liée à une valeur caractéristique donnée.
Par exemple, il est illusoire, compte tenu des différentes sources d’incertitudes associées à
l’essai pressiométrique, de considérer une valeur de pression limite avec une précision meil-
leure que le dixième de MPa.
Les rédacteurs des normes d’application de l’Eurocode 7 sont conscients de ces considérations
puisqu’ils précisent dans leurs avant-propos que la connaissance du terrain et le contrôle de la
qualité de la réalisation des travaux sont plus importants que la précision des modèles de
calcul et des facteurs partiels.

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Justification par le calcul | 281

7.5.2. Principe
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L’Eurocode 7 retient le principe d’un calcul aux états limites, associé à la prise en compte de
coefficients de sécurité partiels.
La théorie des états limites est une approche déjà ancienne des calculs justificatifs des
constructions.
Par opposition aux anciennes méthodes de calcul dites déterministes, le calcul aux états
limites est du type semi-probabiliste. Une méthode probabiliste a pour objectif de justifier les
ouvrages en fixant un niveau de probabilité, suffisamment bas pour être acceptable, pour
qu’un type de désordre survienne. L’exemple type est le calcul parasismique qui est conduit
en vue de résister à une intensité de séisme ayant une probabilité très faible de se produire
dans une région donnée. Mais il n’est toutefois pas possible de se protéger à 100 % contre tout.
Cependant, la complexité du problème conduit à certaines simplifications, d’où l’utilisation
du terme semi-probabiliste.
Le calcul aux états limites comporte trois étapes principales :
• la définition des situations et actions,
• la définition des sollicitations de calcul,
• les justifications de l’ouvrage.

7.5.3. Situations et actions

7.5.3.1 . Situations
Une situation est un état défini de l’ouvrage et de son environnement qui nécessite une vérifi­
cation de sa solidité et/ou de sa stabilité. L’Eurocode 7 distingue différents types de
situations :
• des situations provisoires en cours de travaux (phasage dans la construction d’un mur de
soutènement, talutage provisoire d’une fouille, etc.) ;
• des situations en cours d’exploitation (situation durable ou transitoire, telle l’action de la
crue centennale sur un pont).
L’Eurocode 8 aborde les situations sismiques.

7.5.3.2. Actions
Une action est une sollicitation élémentaire parfaitement caractérisée qui s’applique à
l’ouvrage.
Les actions se classent en trois grandes catégories :
• les actions permanentes (G) : par exemple poussée des terres, actions indirectes provoquées
par un retrait ou par des tassements différentiels, etc. On notera :
–– les actions d’origine pondérale (poids, poussée, butée), qui doivent être traitées
comme des actions permanentes ;
–– les charges permanentes transmises au sol par des structures établies (par exemple :
un tablier de pont, un radier, etc.), qui sont bien sûr des actions permanentes ;

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282 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

–– la poussée hydrostatique, qui est considérée comme une action permanente. Le


caractère variable des niveaux d’eau est pris en compte en considérant différentes
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situations (comme, par exemple, le niveau exceptionnel, la décrue, etc. ;


• les actions variables (Q) : par exemple, les surcharges d’exploitation, les actions du vent et
de la neige, les actions hydrodynamiques, la houle, etc. ;
• les actions accidentelles (A) : par exemple, les explosions, les chocs de véhicules ou de
bateaux, les séismes, les affaissements miniers, etc. Ces actions ne seront pas abordées dans
ce livre ; il conviendra de se reporter à des ouvrages spécialisés.
Les actions relatives aux sols, hormis le calcul parasismique, entrent dans la catégorie des
actions permanentes.
On distingue l’action (par exemple, la poussée des terres) et l’effet de l’action (par exemple, le
moment de renversement, l’effort tranchant dû à la poussée des terres).

7.5.4. Valeurs caractéristiques

7.5.4.1 . Valeur caractéristique d’une action


La valeur caractéristique d’une action est sa valeur représentative.
Elle peut être déterminée de manière statistique où elle constitue une valeur représentative
ayant une probabilité donnée d’être dépassée du côté défavorable au comportement de
l’ouvrage. L’Eurocode 0 recommande de retenir une valeur de 5 % pour cette probabilité.
Exemples de choix de la valeur caractéristique :
• actions climatiques : période de retour de 50 ans (probabilité de dépassement de  0,02
par an) ;
• actions dues au trafic routier sur un ouvrage : probabilité de dépassement de  10 % en
100 ans ;
• action sismiques (EN 1998) période de retour de 475 ans (probabilité de dépassement
de 10 % en 50 ans).
La valeur caractéristique de l’action (ou de l’effet de l’action) est notée avec un indice « k » (par
exemple Qk : valeur caractéristique de l’action Q).

7.5.4.2. Valeurs caractéristiques des paramètres géotechniques


L’Eurocode 7 précise que la valeur caractéristique d’un paramètre géotechnique doit être une
estimation prudente de la valeur qui influence l’occurrence de l’état limite, en tenant compte :
des informations disponibles, de la variabilité des valeurs mesurées, du volume des investiga-
tions, du type et du nombre d’échantillons, des dimensions du terrain concerné, de la capa-
cité de l’ouvrage à transférer les charges des zones plus faibles aux zones plus fortes.
Par exemple, pour un soutènement la cohésion a une influence très importante sur la stabilité
et, s’agissant d’un paramètre délicat à mesurer et pouvant souvent varier avec le temps et les
conditions hydriques, sa valeur caractéristique doit être choisie avec grand soin.
Il est possible de faire appel aux statistiques pour déterminer la valeur caractéristique d’une
mesure donnée quand le nombre de mesures d’essai permet d’avoir un échantillonnage suffi-
samment représentatif. On se reportera par exemple à [7 Cassan 2000], [7 Baguelin 2011] ou
[7 Reiffsteck 2012].

EYR2212118902_Fondations.indb 282 07/01/2019 11:24


Justification par le calcul | 283

Dans la pratique de la géotechnique, il arrive que l’on ne dispose pas d’un nombre suffisant
de valeurs pour en effectuer une analyse statistique, en particulier pour les paramètres néces-
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sitant des essais complexes, long ou coûteux. Ainsi dans le cadre d’une opération courante, les
mesures pressiométriques et pénétrométriques disponibles sont souvent élevées, au contraire
des mesures de cisaillement ou de compressibilité œdométrique, au mieux limitées à quelques
valeurs éparses.
L’Eurocode 7 contient quelques précisions sur les paramètres géotechniques mesurés et ceux
pouvant être déduits. Les corrélations, si elles sont utilisées, doivent être maniées avec une
précaution particulière et ne donnent généralement qu’un ordre de grandeur (voir annexe G).
Les Eurocodes proposent la démarche illustrée par le tableau 7.3.

Tableau 7.3. Principe de détermination des valeurs caractéristiques et de calcul des propriétés des terrains
(NF P94-261 annexe K)

Étape Propriété des terrains Base de calcul

Valeurs mesurées et/ou valeurs Reconnaissance géotechnique et/ou corrélations et/ou


1
dérivées. expérience

Valeur moyenne, Xm.


2 Géotechnique + Hydrogéologie
Valeur basse, Xb.

Géotechnique + Hydrogéologie + État-limite + Méthode de


3 Valeur caractéristique, Xb < Xk < Xm
calcul

4 Valeur de calcul, Xd = Xk / γM

Concernant les paramètres les plus courants, après élimination des valeurs non représenta-
tives, les praticiens appliquent fréquemment les règles suivantes, qui permettent de se placer
entre la valeur basse et la valeur moyenne :
• Pression limite nette d’une couche de sol : moyenne des valeurs mesurées diminuée de la
moitié de l’écart-type, sans excéder 150 % de la plus faible des valeurs.
Cette règle est jugée optimiste par certains auteurs [7 Reiffsteck 2012].
• Module pressiométrique d’une couche de terrain 
: moyenne géométrique ou
harmonique.

7.5.4.3. Valeurs caractéristiques des données géométriques


Les données géométriques les plus usuelles en géotechnique sont la cote et la pente du terrain,
les niveaux d’eau, les interfaces entre les couches, les niveaux des excavations et les dimensions
des ouvrages géotechniques.
L’Eurocode 7 indique que les valeurs caractéristiques des niveaux de terrain, de la nappe ou
de l’eau libre doivent être des valeurs par excès ou par défaut des niveaux mesurés, nominaux
ou estimés.
Il précise que, dans le cas des niveaux de terrain et des dimensions des ouvrages géotech-
niques, il convient de retenir généralement les valeurs nominales.

EYR2212118902_Fondations.indb 283 07/01/2019 11:24


284 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

7.5.4.4. Modèle géotechnique


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À l’issue d’une reconnaissance, au stade des missions préalables G1 ou de conception G2, il


est d’usage d’établir un modèle géotechnique donnant une coupe géologique schématique
comportant la nature des sols, les cotes de leurs interfaces, avec éventuellement leurs varia-
tions, ainsi que les valeurs caractéristiques des paramètres géotechniques nécessaires aux
calculs de l’ébauche dimensionnelle des ouvrages géotechniques.
Si besoin est, dans le cas d’une géologie hétérogène, ou encore d’une dispersion des propriétés
géotechniques, il y a lieu d’avoir recours à un zonage avec différentes coupes représentatives.

7.5.5. Valeurs de calcul

7.5.5.1 . Définition
Les valeurs de calculs sont les valeurs caractéristiques pondérées par des coefficients partiels et
qui seront utilisés pour les différentes justifications.
La valeur de calcul est notée avec un indice « d » (ex. Qd, valeur de calcul de l’action Q).

7.5.5.2. Valeur de calcul d’une action


La valeur de calcul Fd d’une action est déterminée conformément à l’Eurocode  0
(EN 1990 :2002) par :
Fd = γF · Frep (1)
avec Frep : valeur représentative de l’action considérée et liée à la situation considérée,
 γF : facteur partiel pour les situations permanentes ou transitoires (annexe A EC7), voir
§ 7.5.8.2.
Tableau 7.4. Valeurs représentatives des actions

Valeurs représentatives des actions Frep

Actions Actions Actions Actions


permanentes variables accidentelles sismiques

Valeur caractéristique Gk Qk AEk

Valeur nominale Ad AEd = γl · AEk

Valeur de combinaison Qk

Valeur fréquente Ψ1·Qk

Valeur quasi permanente Ψ2·Qk

Pour les actions variables, Frep = ψ·Fk, avec Ψ : coefficients liés à la superposition des actions
variables considérées.
Les annexes de l’Eurocode 0 donnent des valeurs recommandées pour les couples (γF ,ψ). Les
annexes nationales peuvent donner des valeurs différentes.

EYR2212118902_Fondations.indb 284 07/01/2019 11:24


Justification par le calcul | 285

Tableau 7.5. Valeurs recommandées des coefficients ψ pour les bâtiments (Afnor - NF P EN 1990)
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Actions ψ0 ψ1 ψ2

Charges d’exploitation des bâtiments, catégorie (voir EN 1991-1-1)


- Catégorie A : habitations, zones résidentielles 0,7 0,5 0,3
- Catégorie B : bureaux 0,7 0,5 0,3
- Catégorie C : lieux de réunion 0,7 0,7 0,6
- Catégorie D : commerces 0,7 0,7 0,6
- Catégorie E : stockage 1,0 0,9 0,8
- Catégorie F : zone de trafic, véhicules de poids ≤ 30 kN 0,7 0,7 0,6
- Catégorie G : zone de trafic, véhicules de poids compris entre 30 et 160 kN 0,7 0,5 0,3
- Catégorie H : toits 0 0 0

Charges dues à la neige sur les bâtiments (voir EN 1991-1-1)a


- Finlande, Islande, Norvège, Suède 0,7 0,5 0,2
- Autres États Membres CEN, pour les lieux situés à une altitude H > 1 000 m a.n.m. 0,7 0,5 0,2
- Autres États Membres CEN, pour les lieux situés à une altitude H ≤ 1 000 m a.n.m. 0,5 0,2 0

Charges dues au vent sur les bâtiments (voir EN 1991-1-5) 0,6 0,2 0

Température (hors incendie) dans les bâtiments (voir EN 1991-1-5) 0,6 0,5 0

Note : les valeurs des coefficients ψ peuvent être donnés dans l’Annexe nationale
a Pours des pays non mentionnés, se référer aux conditions locales appropriées

La norme NF EN 1990/A1 donne également les coefficients Ψ à considérer pour les passe-
relles et les ponts ferroviaires.

Tableau 7.6. Valeurs recommandées des coefficients ψ pour les ponts routiers (Afnor - NF EN 1990/A1)

Actions Symbole ψ0 ψ1 ψ2

TS 0,75 0,75 0

gr1a (LM1 + charges de piétons UDL 0,4 0,4 0


ou de pistes cyclables)(1)
Charges de piétons
0,4 0,4 0
+ pistes cyclables(2)
Charges de trafic
(voir l’EN 1991-2, gr1b (essieu unique) 0 0,75 0
tableau 4.4) gr2 (forces horizontales) 0 0 0

gr3 (charges dues aux piétons) 0 0 0

gr4 (LM4 – chargement par une foule) 0 0,75 0

gr5 (LM3 - véhicules spéciaux) 0 0 0

FWk
- situations de projet durables 0,6 0,2 0
Forces dues au vent - exécution 0,8 – 0

FW 1,0 – –

EYR2212118902_Fondations.indb 285 07/01/2019 11:24


286 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

Actions de la
Tk 0,6(3) 0,6 0,5
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température

Charges de neige QSn,k (pendant l’exécution) 0,8 – –

Charges de
Qc 1,0 – 1,0
construction

(1) Les valeurs recommandées de ψ0, ψ1 et ψ2 pour gr1a et gr1b sont données pour un trafic routier correspondant
à des coefficients d’ajustement αQi, αqi, αqr et βQ égaux à 1. Celles qui concernent le système UDL corres-
pondent à des scénarios de trafic courants, dans lesquels une accumulation rare de camions peut se produire.
D’autres valeurs peuvent être envisagées, pour d’autres types de routes ou de trafic attendu, en relation avec le
choix des coefficients α correspondants. Par exemple, une valeur de ψ2 différente de zéro peut être envisagée,
pour le système UDL de LM1 seulement, pour les ponts portant un trafic lourd et continu. Voir aussi l’EN 1998.
(2) La valeur de combinaison de la charge de piétons et de piste cyclable mentionnée dans le tableau  4.4a de
l’EN 1991-2 est une valeur « réduite ». Les coefficients ψ0 et ψ1 sont applicables à cette valeur.
(3) La valeur recommandée de ψ0 pour les actions dues à la température peut dans la plupart des cas être réduite à
zéro pour les états-limites ultimes EQU, STR et GEO. Voir aussi les Eurocodes de projet.

La détermination de la valeur de calcul d’une action, ou de l’effet d’une action (par exemple
le moment de renversement lié à l’effet d’une surcharge d’exploitation sur un mur de soutène­
ment), est susceptible de faire intervenir :
• des paramètres géotechniques (angle de frottement interne, cohésion, masse volumique) ;
• la valeur représentative de l’action (ex. surcharge routière en action variable d’accompa-
gnement et de l’effet du vent pris comme action variable principale) ;
• des données géométriques (ex. imprécision et tolérance sur la hauteur remblayée du mur,
position de la surcharge…).
Ces différents paramètres sont pris en compte comme suit pour la détermination des valeurs
de calculs.

7.5.5.2.1. Valeurs de calcul des paramètres géotechniques


La valeur de calcul Xd des paramètres géotechniques est déterminée par la relation :
X
Xd = k (2)
γM
avec γM : facteur partiel pour les situations permanentes ou transitoires (annexe A de l’EC7),
Xk : valeur caractéristique du paramètre géométrique.
L’Eurocode précise qu’il est possible d’évaluer directement les valeurs de calcul des actions
géotechniques, en recommandant toutefois d’utiliser les valeurs des facteurs partiels préco­
nisées comme guide.

7.5.5.2.2. Valeurs de calcul des données géométriques


Les facteurs partiels sur les actions et les matériaux γF et γM tiennent compte des variations
mineures des données géométriques.
Lorsque ces variations sont importantes ou ont un effet significatif sur la fiabilité de la struc-
ture (par exemple flambement), il convient d’introduire une valeur de calcul de la donnée
géométrique
ad = anom + ∆a (3)
L’Eurocode 7, partie 1, précise les valeurs de Δa à considérer dans certains cas : charges forte-
ment excentrées des semelles ou écrans de soutènement.

EYR2212118902_Fondations.indb 286 07/01/2019 11:24


Justification par le calcul | 287

Il n’est pas nécessaire d’introduire de variations sur les hauteurs de couches de sols si le modèle
géotechnique a été défini avec prudence sur ce point.
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7.5.5.3. Niveaux d’eau


Pour les niveaux d’eau, l’annexe nationale NF EN 1990/NA propose de définir les niveaux :
• EB comme niveau quasi permanent,
• EF le niveau fréquent,
• EH (eaux hautes) niveau caractéristique,
• EE (eaux exceptionnelles), comme niveau accidentel.
Le niveau EB n’est pas un niveau d’étiage mais un niveau « moyen ». Il est défini comme le
niveau susceptible d’être dépassé pendant la moitié du temps de référence (en général 50 ans).
Il est évident que les niveaux d’eau ci-dessus, décrits selon les principes de l’Eurocode 0, sont
définis en supposant que, plus le niveau d’eau est haut, plus il est défavorable vis-à-vis de l’état
limite considéré. En géotechnique, cette hypothèse n’est pas toujours vérifiée, comme par
exemple pour les problèmes de portance ou de soutènement, où des niveaux d’eau bas
s’avèrent être parfois plus défavorables.
Cela a amené à considérer des niveaux d’eau Eh, Ef et Ee pour les cas où un niveau d’eau élevé
n’est pas sécuritaire sur le dimensionnement d’un ouvrage. C’est par exemple le cas lorsqu’une
nappe intercepte un ouvrage enterré et cuvelé reposant sur des pieux ; la charge sur les pieux
calculée sous le poids de l’ouvrage est alors soulagée par la poussée d’Archimède.

h
EE
EH
EF

A + B = 50 % Tref
C C = 1 % Tref
EH ou Eh = 1 fois Tref
EB = Eb

A B
Ef
Eh
Ee
t

Tref = 50 ans

Fig. 7.1. Représentation schématique des niveaux EE, EH, EF, EB, Ef, Eh, Ee [7 CNJOG, 2014]

7.5.5.4. Facteurs de modèle


Les normes de calculs introduisent souvent en complément un facteur de modèle γR ;d ou γS ;d,
à appliquer pour déterminer la valeur de calcul de la résistance Rd ou de l’effet des actions Ed,
soit pour assurer l’exactitude des résultats du modèle de calcul soit pour apporter une sécurité
supplémentaire.

EYR2212118902_Fondations.indb 287 07/01/2019 11:24


288 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

7.5.6. Combinaisons d’actions – Sollicitations


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Les combinaisons d’actions permettent de définir une sollicitation d’ensemble ou une situa-
tion sous laquelle il conviendra de justifier le bon comportement de l’ouvrage.
Deux catégories de sollicitations sont considérées :
• les états limites ultimes (ELU) correspondent à un événement qui n’a qu’une très faible
probabilité de se produire. L’objectif de la justification de l’ouvrage est d’éviter la ruine de
ce dernier et d’assurer la protection des personnes. En revanche, des désordres mineurs tels
que des fissurations sont acceptables pour ce cas très exceptionnel ;
• les états limites de services (ELS) correspondent à un événement ayant la probabilité de
se produire une fois au cours de la vie de l’ouvrage. L’objectif de la justification de l’ouvrage
est alors d’éviter tout désordre, même mineur, incompatible avec l’intégrité et le fonction-
nement de l’ouvrage sous cette sollicitation.
Dans les combinaisons d’actions sont associées aux valeurs caractéristiques Xk des actions des
valeurs de combinaisons ψ·Xk, qui prennent en compte la probabilité réduite d’une occur-
rence simultanée des valeurs les plus défavorables de plusieurs actions indépendantes :
• valeur fréquente : déterminée pour les bâtiments, de façon que la fraction du temps au
cours de laquelle elle est dépassée représente 1 % de la période de référence. Pour le trafic
routier, par exemple, elle correspond à une période de retour d’une semaine ;
• valeur quasi permanente : déterminée pour les bâtiments, de façon que la fraction du
temps au cours de laquelle elle est dépassée représente 50 % de la période de référence.
Pour le trafic routier, elle est généralement nulle.

7.5.7. Différents types d’états limites ultimes


L’Eurocode 7 différencie plusieurs types d’états limites ultimes :
Tableau 7.7. Les différents états limites ultimes

Type ELU Description Exemple

Perte d’équilibre statique (concerne la


EQU Stabilité au renversement.
structure sauf cas particulier)

Perte d’équilibre par soulèvement dû à des Poussée d’Archimède.


UPL
forces verticales. Stabilité aux sous-pressions d’un cuvelage.

STR Rupture ou déformation excessive du terrain


Stabilité d’une fondation, d’un profilé de
et (GEO) ou des éléments constitutifs de la
berlinoise…
GEO structure (STR)

HYD ELU Provoqué par les gradients hydrauliques Stabilité du fond de fouille, renard.

Cette différenciation permet l’introduction de jeux de coefficients partiels différents et adaptés


à chaque état limite ultime.

EYR2212118902_Fondations.indb 288 07/01/2019 11:24


Justification par le calcul | 289

b 1 3
1 σvd
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2
Gstb; d
Td Td

Udst; d

b) soulèvement d’un remblai léger pendant des inondations

1 niveau de nappe (dans le terrain)

2 2 surface imperméable
Udst; d 3 matériau de remblai léger
a) soulèvement d’un ouvrage creux enterré

1 niveau de nappe (dans le terrain)

2 surface imperméable 1

4
6
1
5 5
5 5
b
6 6

8
7 Udst; d Udst; d 6 7
Gstb; d 2 Udst; d
c) soulèvement du fond d’une excavation d) exécution d’un radier sous l’eau

4 surface du sol avant travaux 1 niveau de nappe (dans le terrain)

5 sable 2 surface imperméable

6 argile 5 sable

7 gravier 6 sable

8 sable injecté

Gstb; d
Td Td
5

1 niveau de nappe (dans le terrain)

5 sable
9 9 ancrage
e) structure ancrée pour résister au soulèvement

Fig. 7.2. Exemples d’états limites ultimes UPL (AFNOR - NF EN1997-1)

EYR2212118902_Fondations.indb 289 07/01/2019 11:24


290 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

3
1 2 1
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1
6
6
4

1 niveau de nappe externe 3


2 niveau piézométrique dans le substratum perméable

3 sol peu perméable

4 substratum perméable 1 niveau de l’excavation (gauche) : niveau de la nappe droite

5 point de départ possible pour l’érosion régressive 2 eau

6 tunnel d’érosion régressive possible 3 sable

Fig. 7.3. Exemple d’états limites ultimes HYD (Afnor - NF EN1997-1)

7.5.8. Approches de calcul et facteurs partiels

7.5.8.1 . Les trois approches de calcul


L’Eurocode 7 introduit trois approches de calcul pour la vérification des ELU STR et GEO,
soit trois manières différentes de pondérer les actions (jeu de paramètres A), les paramètres
géotechniques ou relatifs aux matériaux (jeu de paramètres  M) et les résistances (jeu de
paramètres R) :

Approche de calcul 1
• Sauf pour le calcul des pieux sous charge axiale et les ancrages :
–– Combinaison 1 : pondération des actions et des paramètres de résistance du terrain,
soit jeux de paramètres A1 « + » M1 « + » R1.
–– Combinaison 2 : pondération des actions et de la résistance du terrain et introduction
des efforts parasites ; jeu de paramètres A2 « + » M2 « + » R1.
Les facteurs de sécurité partiels sont principalement appliqués à la source (sur tan φ, c, cu,
actions).
On teste ensuite les deux combinaisons et on retient la plus défavorable.
• Pour les pieux sous charge axiale et ancrages :
–– Combinaison 1 : pondération des actions, A1 « + » M1 « + » R1.
–– Combinaison 2 : pondération des paramètres de résistance du terrain, A1 « + » (M1
ou M2) « + » R4.
De la même manière, on teste les deux combinaisons et on retient la plus défavorable.

Approche de calcul 2
Pondération des actions ou des effets des actions et des résistances du terrain ; jeu de para-
mètres A1 « + » M1 « + » R2.

EYR2212118902_Fondations.indb 290 07/01/2019 11:24


Justification par le calcul | 291

Approche de calcul 3
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Pondération des actions ou des effets des actions et des paramètres de résistance du terrain (c´,
tan φ´…).
Dans l’approche 3, on pondère « à la source » les variables de base (ex. cohésion, tan φ…).
La combinaison à utiliser est : A1 ou A2 « + » M2 « + » R3.
A1 s’appliquant aux actions venant de la structure et A2 aux actions géotechniques.

7.5.8.2. Principaux paramètres partiels


Les principaux jeux de coefficients partiels sont donnés dans le tableau ci-après :
• A représente les actions,
• M les paramètres de sol,
• R la résistance des éléments constitutifs de l’ouvrage.

Tableau 7.8. Principaux facteurs partiels suivant l’approche de calcul

Approche 1 Approche 2 Approche 3

A1+M1+R1 A2+M2+R1 A1+M1+R2 A1/2+M2+R3


Facteurs partiels pour les actions γF ou leurs effets γE

Action permanente défavorable γG,sup 1,35 1 1,35 1,35 ou 1

Action permanente favorable γG,inf 1 1 1 1

Action variable défavorable γQ,sup 1,5 1,3 1,5 1,5 ou 1,3

Action variable favorable γQ,inf 0 0 0 0


Facteurs partiels pour les paramètres de sol γM

Poids volumique γγ 1 1 1 1

Angle de frottement interne γφ 1 1,25 1 1,25

Cohésion effective γc´ 1 1,25 1 1,25

Cohésion non drainée γcu 1 1,4 1 1,4


Facteurs partiels de résistance γR

Résistance/soutènement 1 1 1,4 1
Résistance/stabilité globale 1 1 1,1 1
Résistance/ancrages 1,1 1,1 1,1 1

7.5.8.3. Approche retenue par l’annexe nationale française


L’annexe nationale française de l’Eurocode 7 précise que les approches qui s’appliquent en
France sont les approches 2 et 3, et que l’approche 2 est recommandée.
Toutefois, pour certains calculs ne faisant pas intervenir la structure, par exemple la stabilité
générale d’un talus, les normes nationales d’application de l’Eurocode 7 retiennent
l’approche 3.

EYR2212118902_Fondations.indb 291 07/01/2019 11:24


292 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

7.5.9. Justifications suivant les différents états limites


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7.5.9.1 . Vérifications aux états limites ultimes

7.5.9.1.1. Vérification de l’équilibre statique (ELU EQU)


Il est nécessaire de vérifier l’inéquation :
Edst;d ≤ Estb;d + Td (4)
avec Edst ;d = E{γF·Frep ;Xk/γM;ad}dst : actions ou effet des actions de calcul déstabilisatrices,
Estb ;d = E{γF·Frep ;Xk/γM;ad}stb : actions ou effet des actions de calcul stabilisatrices,
 Td = valeur de calcul d’une résistance stabilisatrice de l’équilibre de la structure ou du
terrain, considérés comme un corps rigide. (Td doit être de faible importance vis-à-vis
de Estb ;d.)

7.5.9.1.2. Vérification de la résistance de la structure et du terrain (ELU STR et GEO)


Il est nécessaire de vérifier l’inéquation :
Ed ≤ Rd (5)
avec Ed : action de calcul (pondérée),
Rd : résistance de calcul (pondérée).
Les combinaisons d’actions suivantes sont à considérer pour la détermination de Ed :
• Situations de projet durables ou transitoires :
Ed = E{∑ γGj,sup·G kj,sup «+» ∑ γGj,inf ·Gkj,inf «+» γQ,1·ψ0,1·Q k,1 «+» ∑ γQ,i ·ψ0,i ·Q k,i}
j ≥1 j ≥1 i >1

Si on applique les facteurs partiels aux actions (voir § 7.5) :


γ γ γ
Ed = γGj,sup·E{∑ Gkj,sup «+» ∑ Gj,inf ·Gkj,inf «+» Q,1 ·ψ0,1·Q k,1 «+» ∑ Q,i ·ψ0,i ·Q k,i}
j ≥1 j ≥1 γGj,sup γGj,sup i >1 γGj,sup

Si on applique les facteurs partiels à l’effet des actions :


• Situations de projet accidentelles :
Ed = E{∑ Gkj,sup «+» ∑ Gkj,inf «+» Ad «+» (ψ1,1 ou ψ2,1)·Q k,1 «+» ∑ ψ2,i ·Q k,i}
j ≥1 j ≥1 i >1

• Situation sismique (chapitre 8) - Exemple pour un soutènement :


1
Ed = ·γ*·(1 ± Kv)·K·H 2 + Ews + Ewd
2
avec Gkj,sup : action permanente défavorable
Gkj,inf : action permanente favorable
Q k,1 : action variable dominante défavorable
Q k,i : action variable défavorable d’accompagnement
γ*  : poids volumique « sismique » du sol
Kv  : coefficient sismique vertical
K : coefficient de poussée des terres (statique + dynamique)

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Justification par le calcul | 293

H : hauteur du mur


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Ewd  : force de poussée statique de l’eau


Ews  : force de poussée hydrodynamique de l’eau
La valeur de calcul de la résistance Rd est déterminée par l’une des formules suivantes selon
l’approche retenue, où les facteurs partiels sont appliqués aux propriétés des matériaux (X) ou
aux résistances (R) :
Rd = R{γF·Frep ; Xk/γM ; ad}
ou
R{γF·Frep ; Xk ; ad}
Rd =
γR
ou
R{γF·Frep ; Xk/γM ; ad}
Rd =
γR
η
La valeur de calcul des propriétés des matériaux Xd peut également être de la forme Xd = ·X ,
γM k
où η est un facteur de conversion.

7.5.9.1.3. Vérification du non soulèvement hydraulique (ELU UPL)


Pour s’affranchir du risque de soulèvement global provoqué par l’eau, il est nécessaire de
vérifier :
Vdst;d = Gdst;d + Qdst;d ≤ Gstb;d + Rd (6)
avec Gdst,d : actions permanentes déstabilisatrices de calcul,
Qdst,d : actions variables déstabilisatrices de calcul
Gstb,d : actions permanentes stabilisatrices de calcul,
 Rd : résistances additionnelles au soulèvement de calcul.
Avec les jeux de coefficients suivants :

Tableau 7.9. Principaux facteurs partiels – ELU UPL

Actions Paramètres de sol et résistances

Désignation Symbole Valeur Paramètre Symbole Valeur

Permanente
Angle de frottement interne
Déstabilisatrice γG;dst 1 γφ´ 1,25
(facteur appliqué à tan φ)
Stabilisatrice γG;stb 0,9

Variable
Cohésion effective γc´ 1,25

Cohésion non drainée γcu 1,4


Déstabilisatrice γQ;dst 1,5
Résistance à la traction d’un pieu γs:t 1,4

Résistance de l’ancrage γa 1,4

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294 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

7.5.9.1.4. Vérification de la résistance à la rupture par soulèvement du terrain


du fait de l’écoulement de l’eau (ELU HYD)
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Pour s’affranchir du risque de rupture du terrain du fait de l’écoulement de l’eau vers le haut,
il est nécessaire de vérifier, pour toute colonne de sol pertinente que :
udst;d ≤ σstb;d ou Sdst;d ≤ G´stb;d (7)
avec udst,d : valeur de calcul de la pression interstitielle totale à la base de la colonne,
σstb,d : contrainte totale verticale stabilisatrice de calcul,
Sdst,d : valeur de calcul de la force d’écoulement dans la colonne,
G´stb,d : poids déjaugé de la colonne.
Avec les jeux de coefficients suivants :
Tableau 7.10. Principaux facteurs partiels – ELU HYD

Actions

Action Symbole Valeur

Permanente
Déstabilisatrice γG;dst 1,35
Stabilisatrice γG;stb 0,9

Variable
Déstabilisatrice γQ;dst 1,5

7.5.9.2. Vérifications aux états limites de service


Il est nécessaire de vérifier l’inégalité :
Ed ≤ Cd
avec Cd : valeur limite de calcul du critère d’aptitude au service considéré,
 Ed : valeur de calcul des effets d’actions spécifiées dans le critère d’aptitude au service
considéré et déterminée sur la base de la combinaison appropriée (exemple : tassement,
déforma­tion horizontale, contrainte à l’ELS).
Toutes les valeurs de γf et γm sont fixées à 1,0 (les coefficients γRd sont par contre supérieurs
à 1,0).
Les combinaisons d’actions suivantes sont utilisées aux ELS :
• Combinaison caractéristique (ELS irréversibles)
Ed = E{∑ Gk,j «+» P «+» Q k,1 «+» ∑ ψ0,i ·Q k,i}
j ≥1 i >1

• Combinaison fréquente (ELS réversibles)


Ed = E{∑ Gk,j «+» P «+» ψ1,1·Q k,1 «+» ∑ ψ2,i ·Q k,i}
j ≥1 i >1

EYR2212118902_Fondations.indb 294 07/01/2019 11:24


Justification par le calcul | 295

• Combinaison quasi permanente (ELS réversibles)


Ed = E{∑ Gk,j «+» P «+» ∑ ψ2,i ·Q k,i}
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j ≥1 i ≥1

avec P : précontrainte,


Q k,1 : action variable de base,
ψ·Q k,i : actions variables d’accompagnement.
Il est également possible de vérifier, au lieu de l’inégalité ci-dessus, qu’une fraction suffisam-
ment faible de la résistance du terrain est mobilisée pour maintenir les déformations dans les
limites admissibles pour l’ouvrage en service, à condition qu’aucune valeur de déformation
spécifique ne soit exigée et qu’une expérience comparable (terrain, structure, méthode de
construction) soit bien établie.

7.5.9.3. Exemple de détermination de l’effet d’une action


À titre d’exemple, on souhaite déterminer, suivant l’approche 3, la valeur de calcul de la résul-
tante de la poussée sur un mur de soutènement simple de L = 2 m de haut et due à une
surcharge d’exploitation routière de 10 kPa, le sol sans cohésion ayant un angle de frottement
de 30° (valeur caractéristique) et une masse volumique de 18 kN/m3.
La surcharge est considérée comme une action variable d’accompagnement, l’action variable
principale pouvant être par exemple être l’effet du vent sur une structure accrochée au mur.
Approche 3 : le jeu de coefficient est A2 « + » M2 « + » R3 si on s’intéresse à l’effet sur le sol :

φ´d = tan−1
( γφ´ )
tan φ´k
= tan−1
( )
tan 30°
1,25
= 24,79 ≈ 25°

Les tables de Caquot–Kérisel donnent alors k´a = 0,41 pour φ´d = 25°.
La résultante R de la poussée due à cette surcharge est k´a· q1·L.
Les coefficients d’accompagnement ψ prennent les valeurs suivantes si l’on suppose que la
surcharge correspond à une catégorie G d’après le tableau 7.5 ci-dessus :
ψ0 = 0,7 ; ψ1 = 0,5 et ψ2 = 0,3
La valeur de calcul de cette action vaut alors :
• γQi ·ψ0,i · k´a· q1·L = 1,5 × 0,7 × 0,41 × 10 × 2 = 8,61 kN/ml à l’ELU,
• ψ2,i · k´a· q1·L = 0,3 × 0,41 × 10 × 2 = 2,46 kN/ml à l’ELU accidentel, ainsi qu’aux ELS
fréquent et quasi permanent,
• ψ0,i · k´a· q1·L = 0,7 × 0,41 × 10 × 2 = 5,74 kN/ml à l’ELS caractéristique.

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296 | Calcul géotechnique et Eurocode 7

Bibliographie
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[7 Baguelin 2000] BAGUELIN F., KOVARIK J.B., « Une méthode de détermination des valeurs
caracté­ristiques des paramètres géotechniques », Revue française de géotechnique n° 93, 2000.
[7 Baguelin 2011] BAGUELIN F., ZERHOUNI M., Dimensionnement des fondations, d’après l’Euro-
code 7, Éditions CSTB, 2011.
[7 Cassan 2000] CASSAN M., « Utilisation de la statistique descriptive en géotechnique », Revue
française de géotechnique n° 93, 2000.
[7 CNJOG 2014] CNJOG - Commission de normalisation « justification des ouvrages géotechniques »,
Prise en compte des niveaux d’eau selon l’Eurocode 7, 24 février 2014.
[7 Reiffsteck 2012] REIFFSTECK P., LOSSY D. & BENOIT J., Forages, sondages et essais in  situ
géotechniques, Presses des Ponts, 2012.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 8

Sollicitations sismiques

8.1. Préambule
L’objet de ce chapitre est de donner au lecteur les principes généraux de prise en compte du
séisme dans la conception et le dimensionnement des ouvrages géotechniques.
Il ne s’agit en aucun cas d’une étude détaillée du phénomène sismique et de son effet sur les
constructions, phénomène qui fait appel à des notions de géodynamique qui sortent du cadre
de cet ouvrage.
Le lecteur pourra approfondir le sujet en se référant aux publications spécialisées et publiées
notamment sous l’égide de l’AFPS, Association française du génie parasismique.

8.2. Effet d’un séisme


Les mouvements des plaques lithosphériques créent des contraintes dans l’écorce terrestre.
Lorsque ces contraintes deviennent trop élevées, elles provoquent une rupture d’équilibre à
l’origine d’une propagation d’ondes sismiques qui, en atteignant la surface du sol, mettent
celle-ci en vibration.
Le foyer d’un séisme est la zone de la faille où s’est produite la rupture et d’où les ondes
sismiques commencent à se propager. Il se situe le plus souvent dans les 60 premiers kilo-
mètres de la couche externe de la Terre. L’épicentre d’un séisme est la projection de l’hypo-
centre à la surface du sol.
Le séisme se propage à partir du foyer sous la forme d’ondes de volume :
• ondes de volume P (longitudinales ou primaires) se propageant suivant des cycles de
compression/décompression du sol,
• ondes de volume S (transversales ou secondaires) provoquant un cisaillement dans le sens
perpendiculaire à la direction de propagation.

EYR2212118902_Fondations.indb 297 07/01/2019 11:24


298 | Sollicitations sismiques

Les ondes de volume se propagent quasi verticalement. Lorsqu’elles arrivent à la surface


du  sol, elles provoquent l’apparition d’ondes de surface, plus dangereuses pour les
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constructions :
• ondes de Love L : ondes de cisaillement qui se produisent quand le massif de sol comporte
une superposition de couches horizontales de caractéristiques différentes ;
• ondes de Rayleigh R : ce sont des ondes pour lesquelles les points du sol décrivent des
ellipses dans le sens de propagation.
L’effet d’un séisme peut être localement amplifié par les dernières couches de sols. Les couches
meubles se comportent en effet comme un oscillateur, amplifiant l’excitation appliquée à la
base du substratum rocheux. La topographie du terrain a également une importance, la pente
provoquant une amplification des secousses.
Différentes échelles ont été créées pour décrire l’intensité du séisme sur les constructions.
L’EMS 98 (European Macroseismic Scale 1998) est actuellement utilisée en Europe. Cette
intensité s’exprime à partir des dégâts causés par le séisme et décroît au fur et à mesure que
l’on s’éloigne de l’épicentre.
La magnitude est un autre paramètre qui permet de définir un séisme. Elle représente l’énergie
libérée par le séisme. La magnitude est calculée à partir de l’amplitude du signal mesurée au
sismographe. Il n’existe pas de vraie relation entre la magnitude et l’intensité.
La liquéfaction des sols, qui affecte les sols lâches à la granulométrie faible et sous nappe, est un
phénomène qui nécessite plusieurs sollicitations cycliques pour se déclencher. Elle est étudiée
au chapitre 5. Elle peut être à l’origine de mouvements de terrain de grande ampleur.

8.3. Réglementation sismique


Le dimensionnement sous sollicitations sismiques est régi par l’Eurocode 8, complété en
France par des arrêtés et décrets d’application, notamment l’arrêté du 22 octobre 2010, relatif
aux bâtiments dits « à risque normal » mis à jour par l’arrêté du 15 septembre 2014 et les
décrets n° 2010-1254 du 22 octobre 2010 sur la prévention du risque sismique et n° 2010-1255
de la même date définissant les zones de sismicité du territoire français.
L’objectif de l’Eurocode 8 est d’assurer qu’en cas de séisme les vies humaines soient protégées,
les dommages soient limités et les structures importantes pour la protection civile restent
fonctionnelles.
L’Eurocode 8 s’applique aux bâtiments et ouvrages de génie civil courants. Les structures
spéciales telles que les centrales nucléaires ou les grands barrages font l’objet de dispositions
spécifiques.
L’Eurocode 8 est décomposé en plusieurs parties, selon les ouvrages, et notamment :
• la partie 1 [NF EN 1998-1 2005] et [NF EN 1998-1/NA 2013] : Bâtiments,
• la partie 2 [NF EN 1998-2 2006], modifiée par [NF EN 1998-2/A1 2012] et
[NF EN 1998-2/A2 2012], ainsi que [NF EN 1998-2/NA 2013] : Ponts,
• la partie 4 [NF EN 1998-4 2007] et [NF EN 1998-4/NA 2008] : Silos, réservoirs et
canalisations,
• la partie 6 [NF EN 1998-6 2005] et [NF EN 1998-6/NA 2007] : Mâts et cheminées.

EYR2212118902_Fondations.indb 298 07/01/2019 11:24


Action sismique | 299

L’Eurocode 8 partie 5 [NF EN 1998-1 2005] et [NF EN 1998-1/NA 2007] traite des fonda-
tions, ouvrages de soutènement et aspects géotechniques pour les différents types de construc-
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tions cités ci-dessous. L’annexe E présente une analyse simplifiée pour les ouvrages de
soutènement.
En France, seul l’Eurocode 8 et, par extension, l’ensemble des textes qui sont conformes avec
l’Eurocode 8, sont applicables.
Pour les ouvrages simples, comme les maisons individuelles ou les bâtiments simples de caté-
gorie II (voir définition, § 8.5.5) répondant à certains critères, il est possible d’appliquer des
dispositions forfaitaires définies par les règles suivantes :
• PS-MI : « Construction des maisons individuelles et bâtiments assimilés », applicables dans
les zones de sismicité 3 et 4 ;
• CP-MI : « Construction parasismique des maisons individuelles aux Antilles », applicables
dans la zone de sismicité 5 (forte).

8.4. Action sismique


Les séismes provoquent des mouvements du sol qui excitent les ouvrages par déplacement de
leurs fondations. Cela revient à un problème de force imposée en se plaçant dans un repère
lié aux fondations. L’ouvrage subit une force d’inertie liée à l’accélération d’entraînement qui
vient affecter les masses de l’ouvrage. Les mouvements sont plus ou moins amplifiés dans la
structure en fonction principalement de la période de la structure et de la nature du sol.
Pour le dimensionnement des structures, on peut se limiter à rechercher l’effort maximal que
le séisme va appliquer à la structure, permettant ainsi de définir des spectres de réponse. Ces
spectres de réponse définissent l’accélération maximale appliquée à une structure pour diffé-
rentes périodes de la structure (voir figure 8.1).
Dans certains cas, l’action du séisme peut aussi être modélisée à partir d’accélérogrammes
enregistrés lors de séismes naturels ou construits à partir de spectres de réponses.
L’action sismique est décrite alors par deux composantes horizontales orthogonales et une
composante verticale représentées par ces spectres de réponse.
La définition de ces spectres résulte d’une approche probabiliste. L’aléa est la probabilité
d’atteindre ou de dépasser un certain niveau d’un phénomène naturel au cours d’une période
donnée.
À cette notion de spectre de réponse est associée une notion d’amortissement regroupant les
phénomènes qui atténuent les sollicitations au cours du mouvement. Cet amortissement est
caractérisé par le coefficient d’amortissement η dont la valeur de référence est fixée à  1
pour 5 % d’amortissement visqueux [NF EN 1998-1 2005].
En France, l’arrêté du 22 octobre 2010, relatif à la classification et aux règles de construction
parasismiques applicables aux bâtiments dits « à risque normal », définit les spectres de réponse
applicables pour ces ouvrages conformément à l’Eurocode 8.

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300 | Sollicitations sismiques

Se /ag
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2,5Sg

TB TC TD T

Fig 8.1. Forme du spectre de réponse élastique selon NF EN 1998-1

Les valeurs des périodes TB, TC et TD et du paramètre de sol S qui décrivent la forme du
spectre de réponse élastique dépendent de la classe du sol. Ils sont définis par l’arrêté du
22 octobre 2010.

Tableau 8.1. Valeurs de TB, TC et TD à prendre en compte pour l’évaluation des composantes horizontales
du mouvement sismique (en secondes) (arrêté du 22 octobre 2010)

Classes Zones de sismicité 1 à 4 Zones de sismicité 5


de sol
TB TC TD TB TC TD

A 0,03 0,2 2,5 0,15 0,4 2

B 0,05 0,25 2,5 0,15 0,5 2

C 0,06 0,4 2 0,2 0,6 2

D 0,1 0,6 1,5 0,2 0,8 2

E 0,08 0,45 1,25 0,15 0,5 2

Tableau 8.2. Paramètres des spectres de réponse élastiques verticaux (arrêté du 19 juillet 2011)

Zones de sismicité avg/ag TB TC TD

1 (très faible) à 4 (moyenne) 0,9 0,03 0,20 2,5

5 (forte) 0,8 0,15 0,40 2

EYR2212118902_Fondations.indb 300 07/01/2019 11:24


Paramètres définissant l’action sismique | 301

Les paramètres qui définissent l’action sismique sur un ouvrage donné, et en particulier les
périodes TB, TC et TD définissant les spectres de réponses élastiques, sont :
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• l’accélération au rocher agr (qui est l’accélération de référence sur la zone étudiée en consi-
dérant le sol rigide), définie en France par un zonage communal,
• un coefficient d’importance de l’ouvrage γ l,
• l’accélération horizontale de calcul ag pour un sol rocheux définie par :
ag = agr · γ l (1)
• un coefficient α défini comme le rapport entre ag et l’accélération de la pesanteur g,
• le coefficient de sol S qui dépend de la qualité du sol sur les 30 m à partir de la surface,
• le cas échéant un coefficient d’amplification topographique ST lorsque le terrain présente
une pente moyenne supérieure à 15 degrés,
• un rapport entre l’accélération verticale de calcul avg et l’accélération horizontale de
calcul ag égal à 0,8 pour les zones de sismicité faible (1) à moyenne (4) et à 0,9 pour la zone
de sismicité forte (5), suivant l’arrêté précité,
• un déplacement du sol défini par :
dg = 0,025 ag · S ·TC ·TD (2)
• une caractérisation de la rigidité du sol par le module de cisaillement dynamique G dépla-
cement de calcul du sol défini par :
G = ρ ·VS2 (3)
ρ étant la masse volumique du sol.
• la magnitude conventionnelle, qui intervient notamment dans l’étude de la liquéfaction
des sols et qui est prise égale à 5,5 en zone de sismicité 3, 6,0 en zone 4 et 7,5 en zone 5.
Ces différents paramètres sont explicités ci-après.

8.5. Paramètres définissant l’action sismique


8.5.1. Zonage sismique de la France
Le zonage réglementaire est basé sur un découpage communal, défini par le décret 2015-5 du
6 janvier 2015 présentant le découpage le plus récent au moment de la rédaction de ce livre.
La législation définit cinq zones de sismicité croissante, de très faible à forte, illustrée par la
figure 8.2 ci-dessous.
Ces zones sont différenciées par l’accélération du sol « au rocher » ag (le sol rocheux étant pris
comme référence).

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302 | Sollicitations sismiques
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Zones de sismicité
1 très faible
2 faible
3 modéré
Guadeloupe 4 moyen
5 fort

Marie-Galande Mayotte

Martinique Réunion Guyane Saint-Pierre-et-Miquelon

Fig. 8.2. Zonage sismique de la France (source www.planseisme.fr)

Les valeurs de l’accélération du sol « au rocher » agr pour chacune des cinq zones sont précisés
au tableau 8.3.
Tableau 8.3. Valeurs de l’accélération au rocher par zone de sismicité

Zone de sismicité Niveau d’aléa agr (m/s2)

Zone 1 Très faible 0,4


Zone 2 Faible 0,7
Zone 3 Modéré 1,1
Zone 4 Moyen 1,6
Zone 5 Fort 3

EYR2212118902_Fondations.indb 302 07/01/2019 11:24


Paramètres définissant l’action sismique | 303

8.5.2. Classes de sol


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La nature locale du sol constituant les quelques dizaines de mètres les plus proches de la
surface du sol influent fortement sur la sollicitation ressentie au niveau des bâtiments, comme
illustré par la figure 8.3 ci-dessous.

Sol mou

Rocher Rocher

Fig. 8.3. Amplification du signal sismique suivant la nature du sol ([8 MEDTL 2011])

La classification des sols a pour objet de traduire l’influence des conditions locales d’un site
étudié sur l’action sismique.
L’Eurocode 8 définit ainsi 5 classes de sols « courantes », notées de A à E, et deux classes de sols
« spéciales » S1 et S2, en fonction de leur sensibilité de réaction au phénomène sismique (voir
tableau 8.4).
Le paramètre retenu pour la classification sismique des sols est la vitesse moyenne des ondes
de cisaillement vs,30 sur les 30 m supérieurs de sol. La vitesse peut être mesurée par différentes
méthodes : mesures en sondage (essais down-hole et cross-hole, piézocône sismique), en labora-
toire (triaxial cyclique ou colonne résonante) ou par prospection géophysique : analyse des
ondes de surface (MASW), sismique réfraction, sismique réflexion. Chacune de ces méthodes
comporte des incertitudes et limites. La valeur représentative vs,30 est estimée à partir de la
formule (4) :
30
vs,30 = i =N (4)
h
∑ i
i =1 vi
avec N : nombre de couches sur les 30 m supérieurs,
hi : épaisseur de la couche i,
vi : célérité des ondes de cisaillement dans la couche i.
Lorsque la valeur de vs,30 n’est pas disponible, la classe de sol peut être estimée à partir de
l’essai SPT, voire de corrélations (annexe G), excepté pour des structures importantes dans
des régions de fortes sismicité.
Les sols de la classe S nécessitent une étude particulière pour la détermination de l’action
sismique. Notamment les sols de la classe S1 peuvent produire des effets anormaux d’amplifi­
cation du mouvement sismique.

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304 | Sollicitations sismiques

Tableau 8.4. Classes de sols avec des ordres de grandeur des valeurs de qc ([8 AFPS 2017])
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Paramètres Ordre de grandeur


Classe de sol

Description du profil
stratigraphique vs,30 NSPT Cu qc EM pI
(m/s) (coups/30 cm) (kPa) (MPa) (MPa) (MPa)

Rocher ou autre formation


géologique de ce type
A comportant une couche > 800 – – > 100 >5
superficielle d’au plus 5 m
de matériau moins résistant.

Dépôts raides de sable,


de graviers ou d’argile
surconsolidée, d’au moins
B 360 – 800 > 50 > 250 > 3,5 (argile) 25 – 100 > 1,2 (argile)
plusieurs dizaines de mètres > 20 (sable) 2,0 à 5,0
d’épaisseur, caractérisés par (sable)
une augmentation progressive
des propriétés mécaniques
avec la profondeur.
Dépôts profonds de sable de
densité moyenne, de gravier 180 – 360 15 – 50 70 – 250 De 1 à 3,5 5 – 25 0,5 à 1,2
C ou d’argile moyennement (argile) (argile)
raide ayant des épaisseurs de De 6 à 20 0,8 à 2 (sable)
quelques dizaines à quelques (sable)
centaines de mètres.
Dépôts de sol sans cohésion
de densité faible à moyenne
D (avec ou sans couches cohérentes
< 180 < 15 < 70 < 1(argile) <5 < 0,5 (argile)
molles) ou comprenant une
< 5 (sable) < 0,8 (sable)
majorité de sols cohérents
mous à fermes.
Profil de sol comprenant une
couche superficielle d’alluvions
E avec des valeurs de vs de classe C
ou D et une épaisseur comprise
entre 5 m environ et 20 m, reposant
sur un matériau plus raide
avec vs > 800 m/s.

Dépôts composés ou contenant


une couche d’au moins 10 m
S1 d’épaisseur d’argiles molles/vases < 100 – 10 – 20 < 0,6 < 0,2
avec un indice de plasticité élevé
(Ip ou Pl > 40) et une teneur en
eau importante.

Dépôts de sols liquéfiables,


d’argiles sensibles ou tout autre
S2 profil de sol non compris dans
les classes A à E ou S1

EYR2212118902_Fondations.indb 304 07/01/2019 11:24


Paramètres définissant l’action sismique | 305

8.5.3. Coefficient de sol


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À chaque classe de sol est défini un coefficient de sol S qui traduit l’amplification de la solli-
citation sismique exercée par les conditions locales.
Tableau 8.5. Coefficient de sol S (arrêté du 22 octobre 2010)

Classes de sol S (zones 1 à 4) S (zone 5)

A 1 1

B 1,35 1,2

C 1,5 1,15

D 1,6 1,35

E 1,8 1,4

8.5.4 Coefficient topographique


L’effet sismique est amplifié par la pente du terrain. Le cas échéant, un coefficient d’amplifi-
cation topographique ST doit être pris en compte. Ce coefficient est défini au tableau 8.6
ci-après :
Tableau 8.6. Coefficient topographique ST (d’après [8 NF EN 1998-5 2005])

Pente
Type Configuration moyenne ST

Versants
et
pentes > 15° 1,2
isolées
α

Buttes dont
la largeur 15 à 30° 1,2
en tête
est
notablement
inférieure α
à la largeur > 30° 1,4
en pied

– Dans le cas d’une couche lâche, le coefficient donné ci-dessus doit être
augmenté d’au moins 20 %.
– On peut admettre que ST décroît linéairement en fonction de la hauteur
au-dessus de la base jusqu’à valoir 1 à la base.

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306 | Sollicitations sismiques

8.5.5. Catégorie d’importance des ouvrages


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Le décret n° 2010-1254 du 22/10/2010 relatif à la prévention du risque sismique classe les


ouvrages dits « à risque normal » en 4 catégories d’importance en fonction de l’effet d’un
séisme. Ces catégories sont notées de I à IV. Le risque sur la vie humaine et les conséquences
d’une dégradation du bâti sont pris en compte. La catégorie IV concerne les ouvrages qui
doivent rester fonctionnels même en cas de séisme : hôpitaux, bâtiments liés à la sécurité
civile, ouvrages de stockage ou de distribution d’eau potable…
L’ensemble des ponts, par exemple, relève du risque normal, à l’exception des ponts-canaux
ou de ceux intégrés dans des structures relevant du « risque spécial ».
Le tableau 8.7 illustre la classification des bâtiments.
Tableau 8.7. Classes d’importance des bâtiments ([8 MEDTL 2011])

II

III

IV

À chaque catégorie d’importance est associé un coefficient d’importance γ l qui vient moduler
l’action sismique de référence.
Tableau 8.8. Coefficients d’importance

Bâtiments et ponts

Catégorie Coefficient
d’importance d’importance γl

I 0,8*
II 1
III 1,2
IV 1,4
* : non soumis

EYR2212118902_Fondations.indb 306 07/01/2019 11:24


Justification des ouvrages géotechniques sous sollicitations sismiques | 307

8.6. Justification des ouvrages géotechniques


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sous sollicitations sismiques

8.6.1. Préambule
Au préalable, il convient d’être conscient que les modélisations en sismique doivent être
considérés avec une prudence particulière, le phénomène sismique étant fondamentalement
aléatoire et difficile à modéliser.
Au-delà du calcul, la conception doit s’attacher à créer des structures homogènes qui auront
un comportement uniforme sous les déplacements provoqués par le séisme. Il est important,
par exemple, que le système de fondation soit homogène et qu’un seul type de fondation soit
utilisé, sauf pour les ponts travaillant de manière isostatique.
Les conditions de site peuvent également s’avérer déterminantes. Les dangers potentiels de
rupture, d’instabilité de pente, ou de liquéfaction en cas de séisme doivent être pris en compte
dans les choix conceptuels. Les bâtiments, à l’exception de ceux de classe d’importance I, ne
doivent pas être construits à proximité de failles tectoniques actives.
La nécessité d’une justification sous sollicitations sismiques dépend de la zone sismique et de
la catégorie d’importance du bâtiment, comme indiqué au tableau 8.9.

Tableau 8.9. Exigence en matière de justification au séisme – Bâti neuf

I II III IV

Zone 1
Aucune exigence Eurocode 8c
Zone 2 agr = 0,7 m/s2
Eurocode 8c Eurocode 8c
Zone 3 PS - MIa agr = 1,1 m/s2 agr = 1,1 m/s2
Eurocode 8c Eurocode 8c
Zone 4 PS - MIa
agr = 1,6 m/s2 agr = 1,6 m/s2
Eurocode 8c Eurocode 8c
Zone 5 CP - MIb
agr = 3 m/s2 agr = 3 m/s2
a Application possible (en dispense de l’Eurocode 8) des PS-MI sous réserve des conditions de la norme PS-MI
b
Application possible du guide CP-MI sous réserve des conditions du guide
c
Application obligatoire des règles Eurocode 8

Pour la réhabilitation de l’existant, la nécessité de justification dépend de la classe d’impor-


tance du bâtiment, de la zone de sismicité et du pourcentage de SHON créé ou au contraire
de plancher supprimé.
Les principes de justification des fondations, talus et soutènement sont abordés ci-dessous. Le
cas des améliorations du sol est traité au chapitre 14.

EYR2212118902_Fondations.indb 307 07/01/2019 11:24


308 | Sollicitations sismiques

8.6.2. Justification des fondations


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La structure sous l’effet des spectres de réponse, développe au niveau des fondations des
efforts inertiels de calcul : un effort vertical NEd, un effort horizontal VEd et un moment de
renversement MEd.
Les fondations superficielles sont dimensionnées sous sollicitations sismiques à partir de ces
efforts inertiels apportés par la structure. La justification est développée au chapitre  11,
section 5.
Pour ce qui concerne les puits et pieux, plusieurs cas sont à considérer :
• ouvrages courants (non listés ci-après) de classe III ou IV sur un sol de classe D, S1 ou S2
et contenant des couches consécutives dont la rigidité diffère nettement : le calcul est
effectué en prenant en compte les efforts inertiels de la structure NEd, VEd, MEd et les
efforts cinématiques résultant de l’effet du déplacement sur le pieu ;
• ouvrages courants qui ne répondent pas aux conditions énoncées ci-dessus : seuls les efforts
inertiels NEd, VEd, MEd sont pris en compte ;
• ouvrages spéciaux : un calcul avec interaction dynamique sol/structure prenant en compte
la raideur des liaisons sol/pieux sur toute la longueur de chacun des pieux doit être effectué.
Ces ouvrages « spéciaux » sont :
–– les structures pour lesquelles les effets de second ordre (P-δ) jouent un rôle
significatif,
–– les structures possédant des fondations massives ou profondes comme les piles de
ponts, les caissons offshore et les silos,
–– les structures hautes et élancées, comme les tours et les cheminées,
–– les structures supportées par des sols très mous avec une vitesse sismique vs inférieure
à 100 m/s.
La justification des pieux et puits sous sollicitations sismiques est développée au chapitre 12,
paragraphe 12.9.

8.6.3. Justification des talus et soutènement


Différentes méthodes peuvent être employées pour la justification des stabilités de talus et
ouvrages de soutènements : méthode des blocs rigides, méthode aux éléments finis…
La plus employée est la méthode pseudo-statique, qui ne doit toutefois pas être utilisée dans
les sols présentant des pressions interstitielles importantes.
Cette méthode consiste à affecter à toutes les masses (volumes de sol, éléments constitutifs des
ouvrages) les coefficients d’accélération horizontale ah et vertical av défini par :
ah = 0,5 agr· S · ST (5)

avg
av = ± 0,5 ah si > 0,6 (6a)
ag
avg
ou av = ± 0,33 ah si ≤ 0,6 (6b)
ag

EYR2212118902_Fondations.indb 308 07/01/2019 11:24


Justification des ouvrages géotechniques sous sollicitations sismiques | 309

Il en résulte les forces inertielles horizontales FH et verticales FV suivantes appliquées à


chacune des masses W :
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FH = 0,5 α · S · ST ·W (7)
avg
FV = ± 0,5 FH si > 0,6 (8a)
ag
avg
FV = ± 0,33 FH si ≤ 0,6 (8b)
ag

La justification des talus sous sollicitations sismiques est développée au paragraphe 9.10 du


chapitre 9 et celle des soutènements aux paragraphes 13.2 à 13.4 du chapitre 13.

8.6.4. Justifications sous sollicitations sismiques


Le séisme correspond à une sollicitation ELU accidentelle. Comme vu au chapitre 7, il est
nécessaire de vérifier l’inéquation :
Ed ≤ Rd (9)
avec Ed : action de calcul (pondérée),
Rd : résistance de calcul (pondérée).

La sollicitation sismique s’écrit (voir chapitre 7) :


Ed = E{∑ Gk,j + P + AEd + ∑ ψ2,i ·Qk,i} (10)
j ≥1 i ≥1

Les forces inertielles de calcul entrant dans l’action accidentelle AEd doivent être évaluées en
prenant en compte la présence des masses associées à toutes les charges gravitaires qui entrent
dans la combinaison d’action suivante :
∑ Gk,j + ∑ ψE,i ·Qk,i
j ≥1 i ≥1

Le coefficient ψE,i est défini pour les bâtiments au tableau 8.10 ci-après. La situation où Q = 0
(absence de charges variables) ne doit pas être oubliée.
Sous le terme AEd se cache un ensemble d’actions, car il faut considérer que le séisme se
produit suivant plusieurs directions. Il existe différentes méthodes permettant de définir ces
actions et notamment :
• La méthode de Newmark
AEd = ± Ex ± 0,3 Ey ± 0,3 Ez
AEd = ± Ey ± 0,3 Ex ± 0,3 Ez
AEd = ± Ez ± 0,3 Ex ± 0,3 Ey
Ez étant toutefois souvent négligé en application de l’Eurocode 8.
La figure 8.4 illustre le cas d’un pieu.

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310 | Sollicitations sismiques
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Nx Ny

Hxx Hyx

Hxy Hyy

Ex Ey

Fig. 8.4. Pieu – Actions Ex et Ey

Dans ce cas, la combinaison Ex + 0,3 Ey donne, par exemple, les équations suivantes :
N = Nx + 0,3 Ny
Hx = Hxx + 0,3 Hyx
Hy = Hxy + 0,3 Hyy
Ces forces doivent être ensuite combinées entre elles en considérant ± N, ± Hx, ± Hy, ce qui
donne une multitude de combinaisons.
• La méthode SRSS
AEd = ± Ex2 + Ey2
Cette dernière formulation, plus simple que les équations de Newmark, va vraisemblable-
ment remplacer ces dernières dans le futur.

S’agissant d’une sollicitation accidentelle, les coefficients pondérateurs des actions γF sont pris
égaux à 1. Pour le calcul de la résistance Rd, le coefficient de modèle γRd est variable suivant le
cas étudié (se reporter aux différents paragraphes traitant de la justification de chaque type
d’ouvrages géotechniques) et les coefficients partiels γM sur les matériaux sont égaux à 1,4
sur cu et à 1,25 sur tan φ.
Dans le cas des murs de soutènement la sollicitation issue du modèle pseudo-statique s’écrit
(voir le chapitre 10) :
1
Ed = ·γ*·(1 ± Kv)·K·H 2 + Ews + Ewd
2

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Justification des ouvrages géotechniques sous sollicitations sismiques | 311

Tableau 8.10. Coefficients ψE,i (source AFPS)


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Actions unitaires variables Coefficient ψE,i

Q k,L charges d’exploitation Étages à occupations corrélées 0,24


Catégorie A : habitations, Étages à occupations indépendantes 0,15
zones résidentielles
Catégorie B : bureaux Toitures 0,30

Étages à occupations corrélées 0,48


Q k,L charges d’exploitation
Étages à occupations indépendantes 0,30
Catégorie C : lieux de réunion
Toitures 0,60

Q k,L charges d’exploitation 0,60


Catégorie D : commerces

Q k,L charges d’exploitation 0,80


Catégorie E : stockage

Q k,L charges d’exploitation 0,60


Catégorie F : zone de trafic, véhicules de poids ≤ 30 kN

Q k,WL variation de hauteur de nappe phréatique 0

Q k,P variation des pressions statiques du liquide ou du gaz 0

0
Q k,S masse de la neige 0,2
pour les sites
d’altitude > 1 000 m

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312 | Sollicitations sismiques

Bibliographie
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[8 AFPS 2017] AFPS, Cahier technique n° 38 – Guide pour la conception et le dimensionnement des fonda-
tions profondes sous actions sismiques des bâtiments à risque normal, AFPS, 2017.
[8 Brûlé 2018] BRÛLÉ S. et CUIRA F., Pratique de l’interaction sol-structure sous séisme – Application
aux fondations et soutènements, AFNOR, 2018.
[8 MEDTL 2011] Ministère de l’Écologie, du Développement durable, du Transport et du Logement,
La nouvelle réglementation parasismique applicable aux bâtiments dont le permis de construire est déposé à
partir du 1er mai 2011, MEDTL, 2011.
[8 ICE-AFPS 2010] ICE, AFPS, Guide de la conception parasismique des bâtiments en acier ou béton selon
l’EC8, ICE-AFPS, 2010.
[8 UIC AFPS 2014] UIC, AFPS, Méthodologie générale, DT 106, UIC-AFSP, 2014.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 9

Stabilité des pentes et des talus

9.1. Introduction – Classification des mouvements


de terrain
La stabilité des pentes intéresse aussi bien les pentes naturelles que les talus artificiels. Les
glisse­ments de terrain sont parfois spectaculaires, voire très meurtriers, comme celui qui,
en 1970, causa la mort de soixante-douze personnes au plateau d’Assy (74).
Ce chapitre présente les différents mécanismes qui conduisent à la rupture de certains talus
ou pentes naturelles. Les méthodes de calcul les plus courantes permettant d’évaluer la stabi-
lité des pentes et talus sont décrites en utilisant les coefficients de sécurité partiels définis par
les Eurocodes (voir chapitre 7). Le concept de coefficient de sécurité global, plus ancien, mais
encore largement utilisé, est également rappelé.
Les principales méthodes de confortement des talus et pentes sont également abordées.
Les parois clouées et talus en sols renforcés, dont les normes de conception et de dimension-
nement découlant des Eurocodes sont les normes NF  P94-270 « Remblais renforcés et
massifs en sols cloués » et NF G38-064 « Utilisation des géotextiles et produits apparentés –
Murs inclinés et talus raidis en sols renforcés par nappes géosynthétiques – Justification du
dimension­nement et éléments de conception », sont traités au chapitre 13 : « Ouvrages de
soutènements ».
L’estimation de la sécurité réelle vis-à-vis du risque de rupture est très délicate quelle que soit
l’approche utilisée, particulièrement pour les pentes naturelles et les talus en déblai. Toute
étude de stabilité doit être précédée d’une reconnaissance géologique très fine, qui permet
souvent de mettre en évidence des hétérogénéités locales ainsi que d’autres facteurs lourds de
conséquences (anisotropie, pendage des couches, circulation d’eau…) et pas toujours
quantifiables.
Il convient tout d’abord de procéder à une classification des mouvements de sols qui peuvent
avoir des origines différentes et prendre des formes variées.

EYR2212118902_Fondations.indb 313 07/01/2019 11:24


314 | Stabilité des pentes et des talus

9.1.1. Pentes naturelles


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Les mécanismes suivants peuvent être distingués :


• écroulements et chutes de pierres ;
• glissements : plan, rotationnel simple ou rotationnel complexe ;
• fluages et solifluxions ;
• coulées boueuses.

9.1.2. Talus artificiels


Les talus artificiels sont principalement affectés par des glissements et parfois par des
phénomènes de fluage.
Ils peuvent être classés comme suit en fonction des types d’ouvrages :
• talus en déblais ;
• talus en remblai sur sol non compressible ;
• talus en remblais sur sol compressible ;
• talus de digues et de barrages en terre.
Les ouvrages de soutènement créent aussi une déclivité générale qui nécessite de s’assurer de
la stabilité générale du site (glissement profond).

9.2. Description des principaux types


de mouvement

9.2.1. Écroulements et chutes de pierres


Les écroulements concernent les masses rocheuses ; ils sont spectaculaires et dangereux car
soudains. Le traitement des écroulements relève de la mécanique des roches. Le lecteur pourra
se reporter aux ouvrages spécialisés, par exemple [9 CFMR 2000 à 2013].

9.2.2. Glissements
Les glissements affectent les sols et sont fréquents dans les travaux de terrassement et de
soutènement.
Les vitesses de rupture peuvent être très variables. La rupture est parfois précédée de signes
précurseurs, mais peut être également brutale.

9.2.2.1 . Glissement plan


En général, la ligne de rupture suit une couche mince ayant de mauvaises caractéristiques
mécaniques, et sur laquelle s’exerce souvent l’action de l’eau. Une telle couche est appelée
couche savon (figure 9.1).

EYR2212118902_Fondations.indb 314 07/01/2019 11:24


Description des principaux types de mouvement | 315

Limon de couverture
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Rupture plane
Écou
lemen
t

Marne

Marne altérée et déconsolidée

Fig. 9.1. Glissement plan

9.2.2.2. Glissement rotationnel simple


C’est le type de glissement le plus fréquent. La surface de rupture a une forme simple et peut
être assimilée à une portion de cylindre (figure 9.2b). L’analyse du risque de rupture par le
calcul est alors abordable par des méthodes classiques.
La figure 9.2a représente un tel glissement. Il est caractérisé comme suit :
• en tête, des fissures de traction ;
• un escarpement correspondant à l’amont de la surface de glissement ;
• à la base, un bourrelet formé par des matériaux glissés.
La figure 9.2a présente une coupe dans la partie centrale du glissement. L’intersection de cette
coupe avec la surface du glissement (surface de rupture) est appelée ligne de rupture.
Le plus souvent, la ligne de rupture peut être assimilée à un cercle : il s’agit alors d’un glisse-
ment circulaire. Si la ligne de rupture a une forme plus complexe, le glissement est appelé
glisse­ment non circulaire.

Fissures de traction Escarpement

Surface de rupture Bourrelet

a) Coupe longitudinale b) Perspective

Fig. 9.2. Glissement rotationnel

9.2.2.3. Glissement rotationnel complexe


Il s’agit de glissements multiples « emboîtés » les uns dans les autres. L’apparition du premier
glissement, en bas de la pente, conduit à une perte de butée pour les terres situées au-dessus,
et ainsi provoque des glissements successifs remontant vers l’amont (figure 9.3).

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316 | Stabilité des pentes et des talus
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Fig. 9.3. Glissements successifs emboîtés

9.2.3. Fluage et solifluxion


9.2.3.1 . Fluage
Les phénomènes de fluage correspondent à des mouvements lents dus à des sollicitations
atteignant le domaine plastique, donc proches de la rupture. L’état ultime peut être soit la
stabilisation, soit la rupture.
La figure 9.4 montre une couche de marne argileuse surchargée par un massif calcaire limité
par une falaise. La marne flue sous le poids excessif de la falaise calcaire, risquant d’entraîner
la fissuration du banc calcaire peu déformable, voire l’écroulement de la falaise.

Fissure

Falaise calcaire

σv Ventre

Marne

Fig. 9.4. Exemple de fluage

9.2.3.2. Solifluxion
Les phénomènes de solifluxion représentent un cas particulier de fluage.
C’est un phénomène superficiel provoqué par les variations volumiques du sol au cours des
saisons (gel et dégel en montagne, alternance de saisons sèches et pluvieuses). Lorsqu’ils
affectent des pentes, les mouvements alternés conduisent à une reptation du sol vers l’aval. La
solifluxion se repère par la présence d’ondulations du sol et par l’inclinaison des arbres.
La solifluxion se produit essentiellement dans des pentes constituées de sols argileux gonflants
et rétractables. En région parisienne, les phénomènes de solifluxion affectent fréquemment
les pentes naturelles recoupant « l’argile verte » de l’étage géologique du Sannoisien.

9.2.4. Coulées boueuses


Les coulées boueuses sont dues à des infiltrations d’eau provoquant des mouvements de sols
dans lesquels les matières glissées se comportent comme un liquide. Elles se produisent
essentiel­lement en montagne.

EYR2212118902_Fondations.indb 316 07/01/2019 11:24


Description des principaux types de mouvement | 317

9.2.5. Talus en déblai et talus en remblai


sur sols non compressibles
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D’une façon générale, les ruptures ont l’allure de glissements circulaires parmi lesquels sont
distingués (figure 9.5) :
• les cercles de pied,
• les cercles de talus,
• les cercles profonds.

Cercle de talus

Cercle de pied Cercle profond

Fig. 9.5. Différents types de rupture circulaire

Les cercles de pied sont les plus courants dans ce type d’ouvrage. Les cercles débouchant sur
la surface du talus apparaissent dans les sols hétérogènes, la base du cercle correspondant à
une couche plus résistante. Les cercles profonds ne se produisent que lorsque le sol situé sous
le niveau du pied du talus est de mauvaise qualité.

9.2.6. Talus en remblai sur sols compressibles


Lorsqu’un remblai en sol compacté (remblai routier, par exemple) repose sur une couche
d’argile molle, de vase ou de tourbe, les ruptures susceptibles de se produire sont profondes
et interviennent rapidement. Si le sol mou est homogène, les cercles de rupture sont tangents
à la base de la couche molle (figure 9.6).

Remblai

Sol mou

Déformation
Surface de glissement

Fig. 9.6. Remblai sur sol mou

Si la sécurité vis-à-vis de la rupture est faible, il peut se produire un fluage du sol de fondation
entraînant un tassement anormal du remblai et un renflement latéral de la couche molle.
Cette déformation à volume constant s’ajoute alors au tassement dû à la consolidation du sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 317 07/01/2019 11:24


318 | Stabilité des pentes et des talus

9.2.7. Stabilité sous les soutènements


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Pour ce type d’ouvrage, il faut s’assurer de l’absence de risque de rupture circulaire profonde
englobant l’ensemble des constructions (état limite ultime de stabilité générale – voir
chapitre 13).
Tirant

Paroi moulée

Surface de glissement possible


Fig. 9.7. Rupture circulaire sous un soutènement

9.2.8. Digues et barrages en terre


L’étude de la stabilité des talus amont et aval est la partie essentielle de la conception des
barrages en terre. La stabilité de ces ouvrages doit être vérifiée sous différentes sollicitations,
en tenant compte de l’état des pressions interstitielles à l’intérieur de la digue. Ces ouvrages
ressortant des ouvrages hydrauliques, cette question est examinée au chapitre 15.

9.3. Stabilité en rupture circulaire avec coefficient


de sécurité global
9.3.1. Préambule
La justification de la stabilité en rupture circulaire en considérant un coefficient global est
l’approche « traditionnelle », par opposition aux calculs aux coefficients partiels des Eurocodes.
Elle est expliquée ci-après de manière détaillée, car, outre qu’elle permet une meilleure
compréhension du problème et des méthodes, elle peut être utilisée pour des cas simples
(talus non renforcé par exemple), où elle permet une lecture plus simple et explicite du résultat.

9.3.2. Méthode des tranches de Fellenius


9.3.2.1 . Stabilité selon un cercle donné
Considérons un talus recoupant un certain nombre de couches de sols de caractéristiques
différentes ci, φi, γi (figure 9.8). La stabilité est étudiée en considérant le problème plan, c’est-
à-dire en analysant l’équilibre d’une masse de sol d’épaisseur unité dans le sens perpendicu-
laire à la figure.

EYR2212118902_Fondations.indb 318 07/01/2019 11:24


Stabilité en rupture circulaire avec coefficient de sécurité global | 319

Soit un cercle quelconque de centre O et de rayon R pour lequel on vérifie la sécurité vis-à-
vis du risque de glissement. La méthode consiste à découper le volume de sol intéressé
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(compris dans l’arc EMF) en un certain nombre de tranches limitées par des plans verticaux
comme suit :
• il convient de réaliser le découpage de telle façon que l’intersection du cercle de glissement
et d’une limite de couches (points G et H sur la figure 9.8) corresponde à une limite entre
deux tranches ;
• l’expérience montre qu’il n’est pas nécessaire de découper le massif en un très grand
nombre de tranches pour obtenir une précision satisfaisante.

Étudions l’équilibre de l’une de ces tranches, par exemple la tranche ABCD, affectée de
l’indice n (sur la figure 9.8, n varie de 1 à 12).

O
F
C 2
1
c1 φ1 γ1
D 1
H
R 3
4
5 2 c2 φ2 γ2

6 G
E
7
12
11 10 B
3 c3 φ3 γ3 9 8 M
A

Fig. 9.8. Découpage en tranches d’un talus

Les forces agissant sur cette tranche (figure 9.9a) sont les suivantes :
• son poids W,
• la réaction Rn du milieu sous-jacent sur l’arc AB,
• les réactions sur les faces verticales BC et AD décomposées en réactions horizontales Hn
et Hn +1 et en réactions verticales Vn et Vn +1. Il s’agit de forces internes au massif étudié.

Définissons par rapport au centre O :


• le moment moteur, comme celui du poids des terres W (et des surcharges éventuelles), qui
tend à provoquer le glissement ;
• les moments résistants, comme ceux des réactions s’opposant globalement au glissement de
la tranche, à savoir les moments des forces Rn, Hn, Hn +1, Vn et Vn +1.

La surface de rupture étant limitée par les points E et F (figure 9.8), le coefficient de sécurité
global au glissement Fs est défini par le quotient :
∑ des moments résistants maximaux
Fs =
∑ des moments moteurs

EYR2212118902_Fondations.indb 319 07/01/2019 11:24


320 | Stabilité des pentes et des talus

O O
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b
C α C

D OM = R D
Vn
Vn+1 W
Hn
Hn+1
M
B B
Tn A
A
Rn α

Nn
W

a) Décomposition complète b) Hypothèse de Fellenius

Fig. 9.9. Forces agissant sur la tranche n

Considérons la somme des moments pour l’arc AB, sachant que la somme des moments des
forces internes est nulle. En effet, pour la tranche n −1, le moment des forces − Vn et − Hn
s’oppose à celui de Vn et Hn et, pour la tranche n +1, le moment des forces − Vn +1 et − Hn +1
s’oppose à celui de Vn +1 et Hn +1.
Fellenius a fait une hypothèse qui simplifie considérablement les calculs, à savoir que la seule
force agissant sur l’arc AB (figure 9.9b) est le poids W, à l’exception des forces internes. Dans
ce cas : W = − Rn.
Décomposons le poids W de la tranche n en une force Nn normale à AB et une force Tn
tangentielle à AB.
Dans ces conditions, le moment résistant maximal est fourni par la valeur maximale que peut
prendre la composante tangentielle de Rn.
D’après la loi de Coulomb, elle s’écrit (Rn)t = ci · AB + Nn · tan φi.
Nota : dans la mesure où la largeur des tranches n’est pas trop grande, l’arc AB peut être
confondu avec la corde sans erreur notable.
La somme des moments pour toutes les tranches est :
n=m
∑ R ·(ci · AB + Nn · tan φi ) (1)
n =1
avec m : le nombre total de tranches,
R : le rayon de l’arc EMF,
ci et φi : les caractéristiques mécaniques de la couche dans laquelle est situé AB.
Par ailleurs, le moment moteur est dû à Tn et égal à Tn·R, d’où :
n=m
∑ ci · AB + Nn · tan φi
Fs = n =1
n=m (2)
∑ Tn
n =1

Remarques
1) Si le sol est homogène, c = constante et φ = constante, la formule (2) devient (3), L étant la longueur déve-
loppée de la surface de rupture.

EYR2212118902_Fondations.indb 320 07/01/2019 11:24


Stabilité en rupture circulaire avec coefficient de sécurité global | 321

c ·L + tan φ ·∑ Nn
Fs = (3)
∑ Tn
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2) Lorsque les cercles sont profonds, c’est-à-dire lorsque la ligne de rupture dépasse l’aplomb du centre du
cercle vers le côté aval (figure 9.10.), le massif de sol situé côté aval a un effet stabilisateur. En effet, les
composantes tangentielles T du poids W de la tranche sont orientées en sens inverse des moments moteurs.
Dans les formules (2) et (3), T devra être compté algébriquement de façon positive pour les tranches qui
sont actives et négative pour les tranches passives.

Zone active
T>0

Zone passive
T<0

Fig. 9.10. Cercles profonds

3) Affectons les caractéristiques mécaniques ci et tan φi de chaque couche du coefficient de sécurité minimal
recherché Fsa :
c tan φi
ci* = i ; tan φi* =
Fsa Fsa
La condition de stabilité du talus pour tous les cercles de rupture possible, déduite de la formule  (2),
devient alors (2b) :
n=m
∑ ci* · AB + Nn · tan φi*
n =1
n=m > 1 (2b)
∑ Tn
n =1

Autrement dit, le coefficient de sécurité peut être appliqué directement sur les caractéristiques mécaniques.
C’est le principe adopté par le calcul aux Eurocodes avec des coefficients partiels Fsa différents sur la cohé-
sion et sur tan φ, et dépendant de l’approche de calcul retenue.

4) Avec les notations définies figure 9.9b, la formule (2) peut s’écrire :
n=m
∑ ci · b + W · cos α · tan φi
Fs = n=1 cosnα=m (2c)
∑ W · sin α
n =1

Les paramètres géométriques intervenant dans le calcul de Fs sont donc :


• b, la largeur des tranches,
• α, l’angle orienté que fait le rayon du cercle passant par le milieu de la base de la tranche avec la
verticale,
• la hauteur de la tranche pour le calcul du poids W.
Cette dernière formule est très pratique pour l’élaboration de programmes de calcul.

9.3.2.2. Recherche du coefficient de sécurité minimal


Pour déterminer le coefficient de sécurité réel d’un talus, il faut rechercher le cercle donnant
la valeur minimale de Fs puisque c’est le long de cette surface de glissement que la rupture
risque de se produire.
Il n’y a pas de méthode précise permettant de définir, a priori, la position de ce cercle critique.
Il faut procéder par tâtonnements en calculant le coefficient de sécurité pour un nombre

EYR2212118902_Fondations.indb 321 07/01/2019 11:24


322 | Stabilité des pentes et des talus

suffisant de cercles, et ceci en quadrillant les surfaces de rupture géométriquement compa-


tibles avec la topographie des lieux.
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Dans le cas général, il y a une triple infinité de possibilités :


• pour un centre donné, il est possible de faire varier le rayon du cercle,
• la position du centre peut varier dans le sens horizontal,
• la position du centre peut également varier dans le sens vertical.

1,80 1,69 1,68 1,70 2,6

1,75 1,65 1,50 1,41 1,72


Fs = 1,70
1,70 1,63 1,45 1,30 1,60
Fs = 1,40
Fs mini = 1,30
1,80 1,60 1,50 1,45 1,70

Fig. 9.11. Détermination du cercle critique

Sur la figure 9.11, le coefficient de sécurité correspondant au rayon donnant la valeur mini-
male a été porté au droit de chaque centre étudié. Il est ensuite possible de tracer des courbes
d’isofacteur de sécurité et de définir le minimum minimorum donnant la valeur recherchée du
coefficient de sécurité global.
La recherche du coefficient de sécurité nécessite souvent le calcul de nombreux cercles, opéra-
tion particulièrement fastidieuse si elle est faite manuellement. Des logiciels de calcul spéci-
fiques effectuent cette opération de manière automatique.

Méthode manuelle
Le calcul manuel n’est plus utilisé qu’à des fins didactiques. Il peut être réalisé en remplissant
un tableau tel que celui présenté ci-après :
Cercle Coordonnées du centre Rayon
n° j x = xj ; y = yj R = Rk
N° n des Poids Nn Tn ci ·b Nn · tan φi Observations
tranches W (W · cos α) (W · sin α) cos α

1 Rappel
2 ∑ ci ·b
+ ∑ Nn · tan φi
3 Fs = cos α
∑ Tn
4
etc.
∑ ci ·b
Total ∑ Tn cos α ∑ Nn · tan φi Fs =

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Stabilité en rupture circulaire avec coefficient de sécurité global | 323

Formules et abaques
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Dans un certain nombre d’applications relativement simples, le coefficient global de sécurité


est directement déterminé à l’aide de formules ou d’abaques présentés au paragraphe 9.7 du
présent chapitre.

9.3.3. Prise en compte des nappes et des écoulements


Les développements qui suivent prennent en compte la pression interstitielle, qu’elle soit
statique ou influencée par des écoulements. En conséquence, ce sont les caractéristiques effec-
tives φ´ et c´ qui sont considérées.

9.3.3.1 . Nappe statique


Sous le niveau d’une nappe statique à surface libre horizontale, l’effet des pressions intersti-
tielles se traduit par le déjaugeage du sol.
Pour le calcul du poids W des tranches de sol les formules précédentes restent valables, à
condition de considérer le poids volumique apparent γ au-dessus de la nappe et le poids volu-
mique immergé γ´ en dessous de ce niveau.

9.3.3.2. Prise en compte des écoulements au-dessus du niveau aval


La prise en compte des écoulements est assez délicate. Il faut distinguer les écoulements
au-dessus du niveau statique à l’aval du talus et les écoulements éventuels au-dessous de ce
niveau [9 Coste 1981], voir figure 9.14.
La méthode des tranches de Fellenius est appliquée en utilisant l’équation de Coulomb :
τ = c´ + (σ − u) · tan φ´

Détermination de la pression interstitielle


La valeur de la pression interstitielle u en chaque point du massif de sol se détermine à partir
du réseau d’écoulement. Considérons la tranche ABCD (figure 9.12) ; la valeur de u à intro-
duire dans la formule précédente est celle au point M. Elle est donnée sur la figure par γw · zw.

C
γ libre
ace
D Surf
V1

Talus N γsat
V2
zw

A M

Fig. 9.12. Détermination de la valeur de la pression interstitielle

EYR2212118902_Fondations.indb 323 07/01/2019 11:24


324 | Stabilité des pentes et des talus

zw est la distance verticale entre le point M et le point N où l’équipotentielle passant par M


recoupe la surface libre puisque, par définition de l’équipotentielle, les charges hydrauliques
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en M et en N sont identiques. En N la charge est due uniquement à l’énergie de position
(surface libre) ; on a donc :
u = (zN − zM) · γw

Calcul du coefficient de sécurité global


Soit W  le poids total de la tranche ABCD, V1 et V2 les volumes situés respectivement
au-dessus et au-dessous de la surface libre tels que :
W = γ ·V1 + γsat ·V2
Soit N et T les composantes normale et tangentielle sur l’arc AB du poids W de la tranche
ABCD (figure 9.13.). La résistance maximale au cisaillement le long de AB est donnée par
l’expression : c´· AB + (N − u · AB) · tan φ´.
En sommant, pour toutes les tranches, les résistances maximales au cisaillement ainsi que les
composantes T = W · sin α, la formule (2c) devient (4) :

Fs =
n=m
∑ c´i · cos
n =1 α
n=m
(
b + W · cos α − u ·b · tan φ
cos α i )
(4)
∑ W · sin α
n =1

N
W
Fig. 9.13. Décomposition du poids total W de la tranche ABCD

9.3.3.3. Prise en compte des écoulements en dessous du niveau aval


La méthode précédente est mise en défaut si la nappe aval est plus haute que le pied de la
pente (figure 9.14) à moins de prendre en compte l’eau du bassin dans le poids des tranches
situées à l’aval.
Il est plus pratique de considérer le sol comme déjaugé sous le niveau de la nappe aval, et de
remplacer la pression interstitielle u dans la formule précédente par  Δu, qui représente la
différence entre la pression interstitielle réelle au point M et la pression hydrostatique qui
règne au même point si seule la nappe aval existe.
La figure 9.14 résume les caractéristiques à considérer dans le calcul de la stabilité en tenant
compte des écoulements.

EYR2212118902_Fondations.indb 324 07/01/2019 11:24


Stabilité en rupture circulaire avec coefficient de sécurité global | 325

γ
γsat
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u
Δz Nappe aval

γ´ Δu = γw·Δz

Fig. 9.14. Valeurs de γ et u ou Δu à considérer selon la position du niveau statique aval

9.3.4. Méthodes des tranches de Bishop

9.3.4.1 . Méthode détaillée


Les composantes Vn, Vn +1, Hn, Hn +1 des réactions sur les tranches verticales interviennent
dans les efforts appliqués sur AB (figure 9.9) et influencent la réaction Rn.
En 1954, Bishop a publié une méthode, appelée méthode détaillée, permettant de calculer le
coefficient de sécurité Fs en tenant compte de ces sollicitations.
Le coefficient de sécurité est donné (voir. annexe I en fin d’ouvrage) par la formule générale
suivante :
·∑ [ n +1) − un· b]· tan φ´i + c´i · b
n = m W + (V − V
Fs = n=m 1 n (5)
∑ W · sin α n =1 tan φ´i
cos α + sin α ·
n =1 Fs
Pour déterminer Fs, il faut :
• procéder par itérations successives, puisque Fs figure aux deux membres de l’équation,
• définir Vn − Vn +1. Pour cela, une hypothèse supplémentaire est nécessaire, par exemple
admettre que le long des plans verticaux les contraintes sont proportionnelles à la distance
verticale de leur point d’application à la surface libre. Compte tenu des équations régissant
l’équilibre général du massif de sol limité par le cercle de glissement, déterminer Vn − Vn +1
est alors possible. Toutefois, le calcul est très fastidieux et n’est pratiquement plus réalisé
que par ordinateur. Cette méthode est développée dans les références [9 Coste 1981] et
[9 L’Herminier 1967].

9.3.4.2. Méthode de Bishop simplifiée


L’hypothèse supplémentaire est que Vn  −  Vn +1  =  0, quelle que soit la tranche considérée.
L’équation (5) devient alors :
·∑ (
n = m W − u · b)· tan φ´ + c´ · b
Fs = n=m 1 n i i
(6)
∑ W · sin α n =1 tan φ´
cos α + sin α · i
n =1 Fs
Tous les termes sont connus et Fs est calculé par itérations successives. La première itération
est faite en adoptant, comme valeur  Fs0, le coefficient de sécurité obtenu par la méthode
de Fellenius.
Le résultat est rapidement convergent. Évidemment, ce type de calcul se prête bien au traite-
ment par ordinateur.

EYR2212118902_Fondations.indb 325 07/01/2019 11:24


326 | Stabilité des pentes et des talus

9.3.5. Choix de la méthode de calcul


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La méthode de Fellenius donne généralement des coefficients de sécurité plus faibles que la
méthode de Bishop. Les écarts peuvent atteindre 10 % ; toutefois, ceux-ci sont modérés et
vont dans le sens de la sécurité. Il faut cependant noter que la position du cercle critique
donnée par la méthode de Fellenius est parfois différente de celle donnée par les équations (5)
ou (6).
Les programmes actuellement disponibles (Geostab, Talren, etc.) permettent d’utiliser indif-
féremment les méthodes de Fellenius et Bishop. La méthode de Bishop simplifiée est couram-
ment utilisée. La méthode de Bishop détaillée ne présente que peu d’intérêt puisque les écarts
entre ces deux méthodes de Bishop sont négligeables devant les incertitudes dont sont enta-
chés les différents paramètres (résistance au cisaillement, hétérogénéité du sol, valeur
de u, etc.).
Il est également possible d’utiliser d’autres méthodes et des mécanismes de rupture non
circulaires :
• méthode des perturbations [9 Raulin 1974]
• spirales logarithmiques [9 Salencon 1983]
La méthode des perturbations donne des résultats comparables en rupture circulaire à ceux
obtenus avec la méthode de Bishop. Elle n’est pas applicable en cas de rupture plane.
Les spirales logarithmiques permettent de considérer quelques configurations complémen-
taires (en particulier les cas de chargements inclinés par rapport à la verticale).

9.3.6. Choix du coefficient global de sécurité


Il faut attacher au coefficient de sécurité global une valeur probabiliste. L’expérience a montré
que, sauf erreur grossière sur les hypothèses de calcul :
• les talus restent toujours stables si Fs > 1,5,
• le glissement est pratiquement inévitable si Fs < 1.
Entre ces deux valeurs s’étend un domaine où il existe un risque de rupture, risque d’autant
plus grand que Fs diminue.
Le coefficient global de sécurité minimal requis est généralement de :
• 1,5 pour des pentes et talus définitifs (valeur réglementaire avant l’introduction des coeffi-
cients partiels des Eurocodes),
• 1,3 pour des talus provisoires (valeur usuellement admise en l’absence d’enjeux humains
ou matériels).
Dans certaines applications (vidanges rapides des barrages, voir chapitre 15 § 15.5.3.4), des
valeurs sensiblement inférieures à 1,5 sont tolérées pour compenser des hypothèses de calcul
notoirement pessimistes.
Enfin, lorsqu’on travaille à renforcer un talus existant, non glissé, il est habituel de caler les
hypothèses de sol de manière à trouver un coefficient de sécurité global avant renforcement
d’au moins 1 et de rechercher une amélioration de 25 à 30 % de ce coefficient de sécurité par
le renforcement.

EYR2212118902_Fondations.indb 326 07/01/2019 11:24


Stabilité en rupture circulaire aux états limites – Calcul aux Eurocodes | 327

9.4. Stabilité en rupture circulaire aux états limites –


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Calcul aux Eurocodes


Les commentaires précédents montrent l’intérêt de l’usage des coefficients de sécurité partiels,
développés par les Eurocodes et qui permettent de mieux prendre en compte le risque accep-
table en fonction de chaque cas particulier.
Le calcul est effectué à l’ELU. Il consiste à vérifier l’inégalité :
Rst;d Rst;d
Tdst;d < soit >γ (7)
γR;d Tdst;d R;d
avec Tdst;d : valeur de calcul des actions déstabilisatrices, (somme des moments moteurs
calculés avec des paramètres pondérés par les coefficients partiels),
 Rst;d : valeur de calcul de la résistance s’opposant aux actions, (somme des moments résis-
tants calculés avec des paramètres pondérés par les coefficients partiels,
 γR;d : facteur partiel dit de mobilisation de la résistance au cisaillement des terres, ou
facteur de modèle. Il s’agit du coefficient de sécurité minimum à obtenir pour conclure
à la stabilité du talus.
L’utilisation de cette méthode conduit à modifier les formules (2) à (2b) et (3) à (6).
La formule (8) donnée ci-après est l’adaptation de la formule générale (4) de la méthode de
Fellenius. L’adaptation des autres formules se fera aussi aisément.

n=m

( u ·b
)
c´i ·b γGsup ·W · cos α − cos α · tan φ´i
+
1 n =1 γ´c γ´φ
· n=m >1 (8)
γR;d γGsup · ∑ W · sin α
n =1

Pour les justifications aux Eurocodes et pour la stabilité générale, la norme NF  P  94-270
« Remblais renforcés et massifs cloués » recommande l’approche de calcul 3 alors que la norme
NF P 94-282 « Écrans » recommande l’approche de calcul 2.
Pour un talus sans renforcement, on privilégiera l’approche 3 : pondération des actions ou des
effets des actions et des paramètres de résistance du terrain (c´, tan φ´…).
La définition des coefficients pondérateurs des actions et des coefficients de sécurité partiels
ainsi que les valeurs numériques correspondantes sont données au tableau  9.1 ci-après,
suivant les normes précitées.
Le principe de cohérence impose que les coefficients γGsup ou γGinf et le poids volumique du
sol soient toujours identiques pour une même couche de sol, quel que soit son caractère stabi-
lisateur ou déstabilisateur par rapport à la surface de rupture potentielle. Pour chaque appli-
cation, il faut considérer le cas le plus défavorable.
En l’absence d’indications précises, les surcharges roulantes peuvent être, dans un cas courant,
assimilées à une surcharge uniformément répartie de 10 kPa lorsqu’elles ont un effet défavo-
rable, et sont négligées si elles sont stabilisatrices.
Les actions provenant d’une surcharge (ouvrage en amont par exemple) doivent être consi-
dérés comme permanentes ou variables dans les combinaisons d’actions suivant leur durée
d’application.

EYR2212118902_Fondations.indb 327 07/01/2019 11:24


328 | Stabilité des pentes et des talus

Tableau 9.1. Coefficients partiels de pondération


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Méthode Facteur de modèle Action Sols


de calcul
Ouvrage permanente variable Paramètre

sensible non sensible défavorable favorable défavorable favorable φ´ c´ cu γ p*l

γR;d γR;d γGsup γGinf γQsup γQinf γφ´ γc´ γcu γγ γpl

Eurocode < 1,0


1,0 1,35 1,0 1,5 0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Approche 2 (0,9)

Eurocode < 1,2


1,2 1,0 1,0 1,3 0 1,25 1,25 1,4 1,0 1,4
Approche 3 (1,1)

Eurocode
1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 0 1,25 1,25 1,4 1,0 1,4
Sismique

Il est à noter que la norme NF P94-282 remplace γR;d par γS;d, la notion d’ouvrage sensible
ou non sensible par la notion de cercles de rupture proches (γR;d = 1) ou éloignés de l’ouvrage
(γR;d < 1) et par la notion de situation provisoire de chantier (γS;d = 0,9).

9.5. Stabilité des pentes en rupture plane


9.5.1. Pente indéfinie – Rupture selon un plan parallèle à la pente

9.5.1 .1 . Décomposition des forces


Considérons une pente indéfinie d’inclinaison β dans un sol ayant pour caractéristiques
(figure 9.15) :
• poids volumique :
–– au-dessus de la nappe : γ1
–– au-dessous de la nappe : γsat
• cohésion le long du plan de glissement : c´
• angle de frottement interne le long du plan de glissement : φ´
Supposons de plus que, situation fréquente, la nappe règne sur une hauteur de hw au-dessus
de la ligne AB et s’écoule donc parallèlement à la pente. Les lignes de courant sont également
parallèles à la pente et les équipotentielles sont des droites inclinées de β sur la verticale.
Considérons l’équilibre du prisme ABCD de largeur b :
• par symétrie les réactions sur AD et BC sont égales et opposées,
• le poids W = [γ1· (z − hw) + γsat · hw] · b.
L’expression précédente peut être généralisée en écrivant que :
z
W = b · ∑ γ ·h
0
h étant l’épaisseur d’une couche quelconque et γ son poids volumique apparent ou saturé
selon sa position par rapport à la nappe.

EYR2212118902_Fondations.indb 328 07/01/2019 11:24


Stabilité des pentes en rupture plane | 329

Décomposons W en des composantes normale N et tangentielle T à la surface de glisse-


ment AB (figure 9.13) :
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z z
N = b · cos β · ∑ γ ·h et T = b · sin β · ∑ γ ·h
0 0

• la pression interstitielle sur AB (voir § 9.3.3.2) est : u = γw · hw · cos2β


• la résultante U = u · AB, orientée sur la normale à AB, est : U = γw · hw · cos β

Finalement, d’après l’équation de Coulomb, la résistance maximale mobilisable en cisaille-


ment le long de AB est :
R = c´· AB + (N − U ) · tan φ´
b
( )
z
R = c´· + ∑ γ ·h − γw·hw · b · cos β · tan φ´
cos β 0

C
D

γ1 b
z

hw

W
γsat , c´, φ´ B
A
β

Fig. 9.15. Pente indéfinie avec écoulement parallèle à la pente

9.5.1 .2. Coefficient de sécurité global


Le coefficient de sécurité global vis-à-vis de la rupture le long du plan situé à la profondeur z
est donné par la formule générale suivante :

( )
z
R c´ + ∑ γ ·h − γw·hw · cos2 β · tan φ´
Fs = = 0
z (9)
T sin β · cos β · ∑ γ ·h
0

Remarques
1. S’il n’y a pas d’écoulement et que le sol est homogène, la formule précédente devient :
Fs = c + γ ·z · cos β · tan φ´
2
(10)
γ ·z · sin β· cos β
En milieu homogène cohérent, la formule (10) montre que Fs diminue lorsque z augmente. La surface de
rupture est donc la plus profonde possible. En général, la rupture plane correspond au glissement du
manteau d’altération sur les couches profondes intactes.
La rupture plane est souvent constituée par la courbe enveloppe de mouvements complexes (figure 9.16).
2. De plus, si le sol homogène est dépourvu de cohésion, la formule (9) devient :
tan φ (11)
Fs =
tan β

EYR2212118902_Fondations.indb 329 07/01/2019 11:24


330 | Stabilité des pentes et des talus

Sol altéré
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Roche non altérée

Rupture plane

Fig. 9.16. Glissement du manteau d’altération

3. La formule (9) montre que Fs diminue lorsque hw augmente. Ceci explique que les glissements de terrain
se produisent essentiellement en période pluvieuse. Cette remarque est générale et valable quelle que soit
la forme de la surface de glissement. Un des procédés utilisés pour stabiliser les pentes consiste à les drainer
afin de diminuer la valeur de u.

9.5.1 .3. Calcul aux états limites


Les coefficients pondérateurs des actions et les coefficients de sécurité partiels sont les mêmes
que ceux définis au paragraphe 9.4. Dans ces conditions, la formule générale (9) devient :

( )
tan φ´
z
+ γGsup ·∑ γ ·h − γw·hw · cos2 β ·
1 γc´ 0 γφ´
· ≥ 1 (12)
γR;d γ
z
· sin β · cos β · ∑ γ ·h
Gsup
0

9.5.2. Pente de hauteur finie


Considérons un talus, représenté figure 9.17, qui menace de glisser sur une couche savon de
pente β. La méthode consiste à étudier l’équilibre du volume de sol compris entre le plan
amont AD et le plan aval BC.
Les forces de cisaillement qui tendent à provoquer le mouvement sont constituées par :
• la composante Q´a selon la direction AB de la poussée des terres Q a situées à l’amont ;
• la composante selon la direction AB du poids des terres W, soit :
T = W · sin β
D
Qa

Q´a

A T C´ C
Couche savon
β B´ Q´p
B
N W Qp

Fig. 9.17. Glissement plan de hauteur finie

EYR2212118902_Fondations.indb 330 07/01/2019 11:24


Stabilité en rupture non circulaire | 331

Les forces résistantes sont :


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• la composante Q´p selon la direction AB de la réaction du sol à l’aval Q p, appelée butée des
terres ;
• la résistance au cisaillement le long de AB qui, dans le cas général, est :
R = c´· AB + (W · cos β − U ) · tan φ´
avec :

B
U = u · dl
A

c´ et φ´ étant les caractéristiques mécaniques effectives de la couche savon.

Le coefficient de sécurité global est :


R + Q´p
Fs = (13)
Q´a + T
La position des plans AD et BC donnant la valeur minimale de Fs est déterminée par approxi-
mations successives. La position la plus probable de BC est le pied du talus où la butée Q p est
la plus faible (plan B´C´). Il convient de se reporter au chapitre 10 pour déterminer Q a et Q p.

9.6. Stabilité en rupture non circulaire


La morphologie particulière de certains sites présentant des zones de faiblesse mécanique
conduit parfois à envisager des surfaces de glissement probables qui ne sont ni circulaires ni
planes : elles sont appelées surfaces de rupture non circulaires.
La stabilité peut être étudiée par différentes méthodes dont la plus usuelle est la méthode des
perturbations. Leur exposé sort du cadre de cet ouvrage et nous renvoyons aux références
[9  Raulin 1974], [9  Costet  1981], [9  LCPC  1976], [9  Morstenstern  1965] et
[9 Nonveiller 1965]. Les calculs comprennent des itérations et ne peuvent être fait manuelle-
ment. Il est également possible d’utiliser les calculs aux éléments finis. Il n’est plus alors néces-
saire de choisir une surface de glissement prédéfinie. Différents logiciels sont disponibles dans
le commerce tant pour le calcul avec surfaces de rupture prédéfinies que pour l’utilisation de
la méthode des éléments finis appliquée à la géotechnique (Plaxis, Talren, etc.).

9.7. Abaques et formules


Lorsque la géométrie est simple et que le sol est homogène ou bien le nombre de couches très
limité, il est souvent possible de recourir à des abaques ou des formules. Dans ce qui suit, les
applications les plus courantes sont données. Les résultats sont exprimés sous forme de coef-
ficient de sécurité global ; les formules peuvent être aisément adaptées au calcul aux états
limites en se référant au paragraphe 9.4.
La référence [9 Pilot 1971] fournit une liste plus complète. Il convient de signaler également
la référence [9 Pilot 1973], qui fournit un jeu d’abaques pour l’étude des remblais pulvé­
rulents sur sols compressibles purement cohérents.

EYR2212118902_Fondations.indb 331 07/01/2019 11:24


332 | Stabilité des pentes et des talus

9.7.1. Talus dans un sol pulvérulent


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9.7.1 .1 . Sans écoulement


Dans un sol pulvérulent d’angle de frottement interne φ, la pente maximale d’un talus est
β = φ quelle que soit sa hauteur. Le coefficient de sécurité s’exprime par la formule (11).
L’angle de talus naturel est l’angle que prend le talus lorsque le sol pulvérulent est déversé en
tas. Cet angle correspond à l’angle de frottement interne du sol à l’état lâche.
Dans les sables humides, il y a toujours une certaine cohésion (cohésion capillaire) permet-
tant aux talus de faible hauteur ou aux puits de tenir selon des pentes très raides, voire verti-
calement. Cependant, le coefficient de sécurité est très faible : une légère modification de
l’état des contraintes suffit pour provoquer la rupture, qui sera instantanée. Cette modifica-
tion peut être due à un ébranlement quelconque. Ce phénomène est susceptible de provoquer
des accidents de chantier.

9.7.1 .2. Avec écoulement


Les écoulements qui se produisent dans les talus peuvent souvent être ramenés à des réseaux
simples qui restent proches du réseau réel (figure 9.18).
En appelant βlim l’angle d’équilibre limite (Fs = 1), la combinaison de la gravité et de la
poussée d’écoulement conduit aux résultats suivants.
• Écoulement parallèle à la pente, dû, par exemple, à des infiltrations d’eau (figure 9.18a) :
1
tan βlim = tan φ´ (14)
2
• Écoulement horizontal dû, par exemple, à un talus de déblai recoupant une nappe phréa-
tique (figure 9.18b) :
1
βlim = φ´ (15)
2

a b

ble
éa
erm
β ei mp
u ch β
Co

β
Drain

Fig. 9.18. Schématisation des écoulements

EYR2212118902_Fondations.indb 332 07/01/2019 11:24


Abaques et formules | 333

• Écoulement vertical descendant dû, par exemple, à une infiltration dans un remblai muni
d’un drain (figure 9.18c). La stabilité n’est pas modifiée par l’écoulement et l’équation (11)
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s’applique toujours, d’où :


βlim = φ´ (15b)
Dans les deux premiers cas, la pente d’équilibre du talus est pratiquement divisée par deux du
fait de la présence de l’écoulement.

9.7.2. Talus dans un sol homogène cohérent


9.7.2.1 . Sols purement cohérents – Abaques de Taylor
Considérons les hypothèses suivantes :
• un talus de hauteur H et de largeur horizontale B tel que tan β = H/B ;
• une surface libre horizontale ;
• un sol homogène et purement cohérent caractérisé ainsi :
–– poids volumique γ,
–– cohésion c ≠ 0,
–– angle de frottement interne φ = 0,
–– la présence d’un substratum résistant à la profondeur nd·H.

O
2θ a b O
O
H·nx B/2 B/2
B
nd·H

H γ, c, φ γ, c, φ
H
β
α
A
Cercle de pied
Cas où nd = 1
cercle de talus

Substratum rigide
Cercle à mi-pente
ou cercle profond

Fig. 9.19. Abaques de Taylor – Définition des paramètres

La formule (3) devient :


c ·L
Fs =
∑T
avec L : longueur totale de l’arc AB.
Or, L est proportionnel à H et T est proportionnel au poids W de la masse susceptible de
glisser, donc à H 2 et γ.

D’où : Fs = f ( γ ·Hc )

EYR2212118902_Fondations.indb 333 07/01/2019 11:24


334 | Stabilité des pentes et des talus

Or, l’expression γ ·H/c est sans dimension ; donc, pour un angle β et un coefficient nd donné,
le coefficient de sécurité dépend d’un nombre sans dimension appelé par Taylor coefficient de
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stabilité Ns dont l’expression est donnée par :


γ ·H
Ns = (16)
c
L’abaque de la figure 9.20 permet de déterminer la valeur de Ns correspondant à un coeffi-
cient de sécurité de 1, connaissant nd et β.
Cet abaque précise également le type de glissement susceptible de se produire :
• les cercles de talus tangents au substratum ne sont critiques que si nd est voisin de 1 ;
• si β > 53°, le cercle critique est un cercle de pied ;
• si β < 53°, le cercle critique peut être de l’un des trois types évoqués, selon la valeur de Ns
et de nd.
11

1,0
,2
nd =

nd = 2,0
nd = 1,5
10

nd = 1
9
γ ·H
Coefficient de stabilité Ns = c

nd = 4,0
8

6
nd = ∞
nd 60° 5,52
de e 53°
5 eur u
Val lconq
que φ = 0°
Cercle de pied
4 Cercle à mi-pente
3,85 Cercle de talus

3
90° 80° 70° 60° 50° 40° 30° 20° 10° 0°
Angle de talus β

Fig. 9.20. Valeur de Ns pour les sols purement cohérents

Si le cercle critique est un cercle de pied, son centre peut être localisé en connaissant les
angles 2 θ et α (figure 9.19a). La figure 9.21a donne la valeur de α et de θ en fonction de β.

50° 5
Coefficient de profondeur nd

α A
=3
Valeur de α et de θ

40° 4
nx
=2
30° 3 nx
=1
θ nx
20° 2 =0
nx
B
10° 1
90° 80° 70° 60° 50° 60° 50° 40° 30° 20° 10° 0°
Valeur de β Valeur de β

a) Détermination de α et de θ b) Détermination de nx

Fig. 9.21. Détermination de α, θ et nx

EYR2212118902_Fondations.indb 334 07/01/2019 11:24


Abaques et formules | 335

Si le cercle critique est un cercle profond, il est appelé cercle à mi-pente parce que son centre
est situé à mi-hauteur du talus (figure 9.19a). Le cercle est alors déterminé par la valeur de nx
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qui définit l’abscisse de son pied. Les valeurs de nx en fonction de β et nd sont données par le
graphique 9.21b.
Ces abaques permettent soit de déterminer la hauteur critique Hc correspondant à un coeffi-
cient de sécurité égal à 1 pour la cohésion réelle du sol, soit de calculer la cohésion mini-
male cmin nécessaire pour que le talus de hauteur H soit stable sur la hauteur H, toujours avec
un coefficient de sécurité égal à 1.
Le coefficient de sécurité global se détermine par la formule (17) ou encore la formule (17b).
H c
Fs = c (17) Fs = (17b)
H cmin

9.7.2.2. Sols cohérents à frottement interne


Si φ > 3°, le cercle critique est toujours un cercle de pied.
Le coefficient de sécurité global Fs dépend toujours du coefficient de stabilité Ns, de β mais
également de φ. La figure 9.22, due également à Taylor, donne la valeur de Ns en fonction
de β et φ, toujours pour un coefficient de sécurité égal à 1.

12

11
°
25
γ ·H

°
Coefficient de stabilité Ns = c

10
20
φ=

°
15
φ=

°
φ=

10

9
φ=


φ=

6
0° Ns = 5,52
φ= 53°
5

4
3,85
3
90° 80° 70° 60° 50° 40° 30° 20° 10° 0°
Angle de talus β

Fig. 9.22. Valeurs de Ns pour les sols cohérents

Remarques
Les formules (17) et (17b) ne sont plus valables pour les sols à angle de frottement interne non nul. En
revanche, la formule (3) peut s’écrire sous la forme suivante :
c ·L tan φ · ∑ N
∑T = + (18)
Fs Fs
Le coefficient de sécurité global peut être pris sur c et φ.
Cette propriété a été mise graphiquement en application par J. Biarez [9 L’Herminier 1967] qui présente les
abaques de Taylor sous la forme de la figure 9.23. Cet abaque est particulièrement pratique.

EYR2212118902_Fondations.indb 335 07/01/2019 11:24


336 | Stabilité des pentes et des talus

φ
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1 45°
tan φ
0,9
– 40°
0,8

A (c1, φ1, γ1) c1, φ1


0,7 35° β1 γ1 H

0,6
– 30°

β = 90
OA
Fs =

β=
90 °
OB

°
0,5

β=
–25° B(β1)

80
°
β
=
0,4
70
°
– 20°
β
=

β=
60

50
°

0,3 β= °
– 15° 40
β= °
30
°
0,2 β=
20°
β=
10°
0,1 –5°

0 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25


1 = c
Ns γ · H

Fig. 9.23. Abaque de Taylor-Biarez

Considérons un talus de hauteur H et de pente β1 taillé dans un sol de caractéristiques γ1, c1 et φ1. Si A est le
point figuratif correspondant à H, γ1, c1 et φ1, le point B étant celui où la droite OA recoupe la courbe corres-
pondant à β1, le coefficient de sécurité global est défini par Fs = OA /OB.

9.7.3. Talus verticaux


Il est très rare de laisser des talus définitifs verticaux ; il est en revanche courant de dresser
verticalement des fouilles provisoires de fondations ou de tranchées.
La formule (16) s’écrit : Hc = Ns· c / γ en appelant Hc la hauteur critique d’un talus correspon-
dant à un coefficient de sécurité global Fs = 1. Il apparaît sur les abaques de Taylor et de
Taylor-Biarez, que pour β = 90°, Ns = 3,85 tan (π/4 + φ/2) ; d’où la hauteur critique théorique
d’une fouille verticale donnée par :

c π φ
Hc = 3,85 · · tan +
γ 4 2
(19)( )
Un résultat voisin peut être obtenu par un raisonnement différent qui, bien qu’approximatif,
explique le comportement des talus verticaux.
En un point M éloigné du talus, la contrainte principale σ1 est verticale et égale au poids des
terres σ1 = γ · z. Si le milieu est en équilibre limite, la contrainte σ3 sur une facette verticale
s’écrit (voir chapitre 5) :
π φ
σ3 = γ · z · tan2 −
4 2
π φ
− 2 c · tan −
4 2 ( ) ( )

EYR2212118902_Fondations.indb 336 07/01/2019 11:24


Abaques et formules | 337

La figure 9.24 montre qu’il existe dans la partie supérieure du talus une zone où la contrainte σ3
est négative (contrainte de traction).
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( 4π − φ2 )
− 2c · tan

H0 z
σ1

Fig. 9.24. Répartition de σ3 en fonction de la profondeur

De la formule précédente, il ressort que la profondeur H0 pour laquelle σ3 = 0 est :


2c
H0 = · tan +
γ
π φ
4 2 ( )
Il est admis que la hauteur critique Hc du talus est telle que la résultante des pressions sur le
plan vertical s’équilibre. D’où Hc = 2 H0, ce qui donne :
Hc = · tan π + φ
4c
γ 4 2 ( ) (19b)

Ce résultat est très voisin de la formule (19).

Remarque
Si le terrain limité par le talus vertical est soumis à une surcharge q uniformément répartie, l’équation (19b)
devient (19c).
π φ

4c
Hc = · tan +
γ (
4 2
−)2q
γ
(19c)

Prise en compte des fissures de traction (figure 9.25)


Le calcul précédent est incompatible avec les conditions aux limites qui imposent que la
contrainte sur un plan vertical soit nulle à la surface du talus. De plus, les moments ne sont
pas équilibrés.
Cependant, ce calcul met en évidence que la partie supérieure est en traction. Des fissures ont
tendance à s’ouvrir sous l’effet des contraintes de traction, ce qui annule la cohésion sur une
hauteur Hf .
La hauteur critique se trouve donc réduite. Soit H´c cette nouvelle hauteur critique. En
admettant que Hf peut être égale à la moitié de H´c, il est facile de démontrer que la hauteur
critique est alors réduite de 1/3, d’où la formule :

c π φ
H´c = 2,67 · · tan +
γ 4 2 ( ) (20)

EYR2212118902_Fondations.indb 337 07/01/2019 11:24


338 | Stabilité des pentes et des talus

Les formules (19) et (19b) ne peuvent être utilisées que pour des ouvertures d’un temps très
court pendant lequel la fissuration n’a pas le temps de se développer. Il convient d’utiliser la
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formule (20) pour les stabilités à plus long terme. Par ailleurs, il s’agit d’une hauteur critique :
il faut donc appliquer un coefficient de sécurité.

Hf

H´c

Fig. 9.25. Influence des fissures de traction

9.8. Choix des caractéristiques mécaniques


Dans les sols pulvérulents, les caractéristiques effectives sont à considérer dans toutes les
situations.
Avec les sols cohérents, le problème est très complexe. K. Terzaghi [9 Terzaghi 1957] a attiré
l’attention sur le fait que les argiles et marnes consistantes possèdent souvent un réseau de
microfissures ou de miroirs de glissement. Sous la décompression due à la présence du talus,
ces fissures ont tendance à s’ouvrir, ce qui se traduit par une réduction progressive de la cohé-
sion. La vitesse de réduction de la cohésion est d’autant plus rapide que le réseau de fissura-
tion est dense.
D’après K. Terzaghi, des glissements peuvent apparaître dès la construction du talus si l’argile
se fragmente en éléments de moins de 2 cm de diamètre. Si la fracturation conduit à des
éléments de plus de 5 cm, le talus peut rester stable pendant plusieurs dizaines d’années, puis
se rompre.
Dans les argiles non fissurées, l’évolution est insensible à l’échelle humaine.
Par ailleurs, on a vu que la mobilisation de la résistance de pic au cisaillement se faisait pour
une déformation bien déterminée (voir chapitre 5), tout au moins dans les sols raides ; or la
déformation n’est pas identique tout le long du cercle de glissement. La résistance limite au
cisaillement est d’abord atteinte en un point puis, la déformation augmentant, les caractéris-
tiques diminuent en ce point et tendent vers les valeurs résiduelles. La rupture se propage
comme une toile que l’on déchire.
A.W. Skempton [9 Skempton 1964] a étudié un certain nombre de glissements en Grande-
Bretagne. Il a comparé la valeur moyenne t de la contrainte de cisaillement réelle au moment
de la rupture aux résistances de pic et résiduelle mesurées en laboratoire τp et τr.
En définissant l’indice de résistance résiduelle R comme suit :
τ −t
R= p (21)
τp − τr

EYR2212118902_Fondations.indb 338 07/01/2019 11:24


Choix des caractéristiques mécaniques | 339

la contrainte moyenne de cisaillement s’écrit :


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t = R · τr + (1 − R )· τp (22)


L’indice de résistance résiduelle R représente la fraction de la surface de glissement le long de
laquelle la résistance au cisaillement est réduite à sa valeur résiduelle.
Établi par A.W. Skempton, le tableau 9.2 ci-après donne les valeurs de R déduites de l’obser-
vation d’un certain nombre de glissements.

Tableau 9.2. Glissements observés par A.W. Skempton – Valeurs de R

État de l’argile Désignation Situation Talus naturel N, déblais C R


(durée de vie du talus)

Argile sans fissure ni


Boudler Clay Selset N 0,08
altération

Northolt C (19 ans) 0,56


Kensal Green C (29 ans) 0,61
London Clay Sudbury Hill C (49 ans) 0,80
Argile fissurée et altérée
Sudbury Hill C (après glissement) 1,04
Pente de 10° (1) N 0,90 à 1,96

Coalport Beds Jackfield (1) N 1,12

Mouvement le long de la surface de glissement existante dans n’importe quel type d’argile 1,0

(1) Il s’agit d’anciens glissements réactivés

Les conclusions d’A.W. Skempton rejoignent et précisent celles de K. Terzaghi :


1) la résistance au cisaillement décroît avec le temps dans les argiles microfissurées ;
2) la réduction de résistance au cisaillement est insignifiante pour les argiles non fissurées et
pour les remblais compactés ;
3) lorsqu’une zone a déjà été l’objet d’un glissement, tout nouveau glissement le long de la
même surface ne mobilise que la résistance résiduelle, quelle que soit la nature du sol
cohérent.
Il semblerait toutefois qu’une certaine « cicatrisation » se produise dans le temps.
Les caractéristiques du sol préconisées pour les calculs de stabilité sont présentées au
tableau 9.3 ci-après. Ce tableau a été établi à partir d’un tableau similaire publié par Skempton
et Hutchinson, complété et modifié de façon qu’il soit mieux adapté aux caractéristiques des
couples c, φ mesurées au cours des essais habituels (voir chapitre 6). La notion de court terme
et de long terme reste bien entendu à expliciter en fonction de la configuration du cas étudié,
du temps de consolidation des sols et de la durée de chaque phase.
Bien que s’appliquant pour les soutènements, la norme NF P94-282 exige, sauf cas particu-
lier, de considérer le cas le plus défavorable entre les conditions drainées et les conditions non
drainées. Dans de nombreux cas, la dissipation des pressions interstitielles pour des sols qui
ne sont pas purement argileux est rapide par rapport au temps de construction, privilégiant à
considérer alors les deux cas, enveloppes des sols : non drainés et drainés, pour un calcul de
court terme. Ainsi, il conviendra de s’assurer de la pertinence des propositions du tableau 9.3

EYR2212118902_Fondations.indb 339 07/01/2019 11:24


340 | Stabilité des pentes et des talus

au regard de la situation étudiée, ne serait-ce que du fait des erreurs importantes que cela peut
engendrer dans les calculs de stabilité.
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Tableau 9.3. Caractéristiques mécaniques préconisées pour l’étude de la stabilité des talus argileux

Type d’argile Talus artificiel Pentes naturelles


Stabilité : Durée de vie de :
à court terme à long terme ≈ 100 ans ≈ 1 000 ans

Premier glissement
Molle, normalement consolidée (1) cuu ; φuu c´ ; φ´ c´ ; φ´ c´e ; φ´e
(1)
Légèrement surconsolidée massive cue ; φuu c´ ; φ´ c´ ; φ´ c´e ; φ´e
Raide massive cue ; φu c´ ; φ´ c´e ; φ´ c´e ; φ´e
Raide fissurée cue ; φue c´e ; φ´e c´e ; φ´ c´ # 0 ; φ´e
Argile litée (2) c´ # 0 ; φ´ c´ # 0 ; φ´ c´ # 0 ; φ´ c´ # 0 ; φ´e

Glissement sur une surface de rupture


cr ; φr cr ; φr cr ; φr cr ; φr
préexistante

Définitions (voir chapitre 6)

cuu ; φuu : caractéristiques non drainées de pic


cue ; φue : caractéristiques non drainées à l’état critique
Rappel : lorsque les argiles sont saturées, φuu = φue = 0 et cuu devient cu.

c´ ; φ´ : caractéristiques drainées de pic


c´e ; φ´e : caractéristiques drainées à l’état critique

cr ; φr : caractéristiques résiduelles

(1) Une valeur de c et φ figure dans chaque case. Pour les argiles molles ou peu consolidées, il n’y a pas de pic ;
donc φ´e = φ´ et c´e = c´.
(2) Le drainage peut se faire très rapidement. Il est conseillé de faire également le calcul avec cuu et φuu et de consi-
dérer le résultat le plus défavorable.

9.9. Stabilité en zone sismique


9.9.1. Préambule
Dans les zones à risque sismique, les talus et pentes doivent pouvoir rester stables sous l’action
du séisme de référence pour la région concernée. L’intensité à considérer est fixée par arrêté
ministériel. Les arrêtés du 22 octobre 2010 et du 19 juillet 2011, complétés par les décrets
2010-1254 et 2010-1255 du 22 octobre 2010 précisent les valeurs à considérer selon la classe
d’importance de l’ouvrage (classe I à IV), la zone de sismicité dans laquelle ils se trouvent
(zones 1 à 5) et la classe de sol.
Le génie parasismique sort du cadre de cet ouvrage et il convient de se reporter à l’Eurocode 8
ainsi qu’aux ouvrages spécialisés. Seul est présenté le principe de calcul de la méthode la plus
couramment utilisée, qui est celle du modèle statique équivalent.

EYR2212118902_Fondations.indb 340 07/01/2019 11:24


Stabilité en zone sismique | 341

9.9.2. Principe du modèle statique équivalent


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Les sollicitations sismiques se traduisent par des vibrations, donc des accélérations dans le
sens vertical et dans le sens horizontal. Leur effet est modélisé par l’introduction de forces
sismiques d’inertie appliquées à toutes les charges gravitaires (masse du sol, surcharges
gravitaires…) :
• une force volumique horizontale FH, dirigée vers la pente,
FH = 0,5 α · S ·W (23)
• une force volumique verticale Fv, soit descendante, soit ascendante,
FV = ± 0,5 FH si le rapport avg /ag est inférieur à 0,6 (Zones1 à 4) (24)
FV = ± 0,33 FH si le rapport avg /ag est supérieur à 0,6 (Zone 5) (24b)
avec (voir le chapitre 8) :
α = ag /g ; g étant l’accélération de la pesanteur,

avg est la valeur de calcul de l’accélération du sol en direction verticale,
ag est la valeur de calcul de l’accélération du sol pour le sol de classe A,
S est le paramètre caractéristique de la classe de sol défini par l’Eurocode 8,
W est la masse du sol en mouvement.
Le cas échéant, un coefficient d’amplification topographique ST doit être pris en compte. Ce
coefficient est défini au tableau 8.6 du chapitre 8.
Ces forces d’inertie s’appliquent sur toutes les actions pondérales (poids du massif de sol,
éventuellement surcharges) et sont rajoutées aux actions statiques.
L’application de ces efforts équivaut à une rotation de la pesanteur ainsi qu’à une modifica-
tion de son intensité, ce qui se traduit par le raidissement fictif de la pente du talus et par la
modification du poids des matériaux.

FH = 0,5 α · S · W FH = 0,5 α · S · W

W + FV = W ·(1 + 0,25 α · S) W + FV = W ·(1 − 0,25 α · S)


ou ou
W + FV = W ·(1 + 0,165 α · S) W + FV = W ·(1 − 0,165 α · S)

Combinaison a Combinaison b

Fig. 9.26. Sollicitations statiques équivalentes

Les caractéristiques mécaniques à considérer sont :


• pour les sols cohérents, la résistance au cisaillement non drainée cu à ajuster le cas échéant
en fonction de la vitesse de chargement élevée et des effets de la dégradation cyclique sous
charge sismique ;
• pour les sols pulvérulents, la résistance au cisaillement cyclique non drainé τcy,u, voire en
variante des caractéristiques effectives (angle de frottement interne φ´) en tenant compte
de la pression appropriée de l’eau interstitielle durant le chargement cyclique, ou la résis-
tance à la compression simple qu pour les roches.

EYR2212118902_Fondations.indb 341 07/01/2019 11:24


342 | Stabilité des pentes et des talus

Les coefficients de sécurité partiels relatifs aux actions sont pris uniformément égaux à 1 pour
cette situation accidentelle, les coefficients partiels relatifs aux matériaux recommandés
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sont γcu = 1,4 ; γτcy = 1,25 (sur la résistance au cisaillement cyclique non drainée) ; γφ´ = 1,25


(sur tan φ´) en visant un coefficient de modèle γR;d minimum de 1,0.
Les méthodes de calculs explicités précédemment sont applicables, notamment la méthode
des tranches, en appliquant les forces d’inertie à chacune des tranches.
Lorsque les sols sont saturés dans les régions où α · S est supérieur à 0,15, il doit être tenu
compte d’une dégradation possible de la résistance et d’une augmentation de la pression
interstitielle, dues au chargement cyclique. La méthode pseudo-statique n’est toutefois pas
adaptée aux sols capables de développer des pressions interstitielles importantes.
Nota : en cas de séisme :
– les pentes sont instables dans les sols liquéfiables (voir chapitre 5) ;
– les conditions hydrauliques à prendre en compte sont particulières. En cas de nappe interne au
talus ou externe à ce dernier, on pourra se référer aux dispositions relatives aux murs de soutè-
nement (voir chapitre 10).

9.10. Confortement des talus

9.10.1. Principe
Pour améliorer la stabilité des talus, il est possible d’agir de trois façons :
• modifier la pente en travers du talus ;
• renforcer la résistance du talus ;
• drainer le massif de sol de manière à diminuer les pressions interstitielles qui jouent un rôle
néfaste sur la stabilité.

9.10.2. Modification de la pente


Pour une hauteur de pente donnée, le coefficient de sécurité est pratiquement linéairement
décroissant en fonction de tan β, où β est la pente du talus. La solution d’abaisser la pente a
toutefois le double inconvénient d’augmenter l’emprise du talus (ce qui n’est pas toujours
possible) et le volume des terrassements.

Talus initial

1 Risberme
H
Masque
3 2 drainant

L
(≈ H/2)

Fig. 9.27. Effet d’une risberme

EYR2212118902_Fondations.indb 342 07/01/2019 11:24


Confortement des talus | 343

Si la hauteur du talus et son emprise sont imposées, il reste la possibilité de créer des risbermes,
ce qui permet de déplacer les masses de sols de la tête du talus, où elles sont déstabilisantes,
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au pied du talus, où elles sont résistantes. Les talus intermédiaires, entre risbermes, doivent
toutefois être également stables.
La mise en œuvre d’un massif rapporté en pied de talus, ou butée de pied, est également une
solution possible.

9.10.3. Drainage
Il faut distinguer :
• le drainage superficiel (fossés, descentes d’eau, etc.), qui a pour effet de recueillir les eaux de
ruissellement et d’empêcher l’érosion superficielle et l’infiltration de ces eaux ;
• le drainage profond, qui a pour but de rabattre la nappe, donc de l’éloigner de la surface du
talus et d’orienter les lignes de courant d’une façon plus favorable.
En ce qui concerne le drainage profond, un exemple d’application est présenté avec les tapis
drainants des barrages en terre (voir chapitre 15). Pour les talus routiers et les pentes natu-
relles, différents systèmes sont utilisés, tels que (figures 9.28 à 9.30) :
• les tranchées drainantes,
• les éperons drainants et masques drainants (éperon continu),
• les drains subhorizontaux.
Les éperons drainants présentent des avantages certains sur les tranchées :
• ils jouent souvent un rôle mécanique en s’opposant au glissement, s’ils sont constitués par
un matériau à fort angle de frottement interne ;
• leur exécution présente moins de risques ;
• s’il y a amorce de glissement, la pente longitudinale du fil d’eau d’une tranchée drainante
ne sera plus correcte : il risque de se former un point bas au droit de l’amorce de rupture
entraînant une alimentation en eau, donc un résultat inverse de celui escompté. Ce phéno-
mène n’est pas à craindre avec les éperons.

Tranchées drainantes

Fig. 9.28. Tranchées drainantes

Dans le cas d’un confortement par éperons drainants le coefficient de stabilité d’ensemble vis-
à-vis d’une rupture circulaire peut être estimé à partir des coefficients de sécurité pour les

EYR2212118902_Fondations.indb 343 07/01/2019 11:25


344 | Stabilité des pentes et des talus

profils au droit des éperons (γR;d;Ep), et ceux dans le sol en place en dehors des éperons
(γR;d;Sol), avant application de la formule (25) :
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d · γR;d;Ep + (D − d )· γR;d;Sol
γR;d = (25)
D
D étant l’entraxe entre les éperons drainants et d leur largeur. Cette formule n’est toutefois
précise que dans la mesure où les cercles critiques dans les deux profils sont similaires.

Éperons drainants

Fig. 9.29. Éperons drainants

Fig. 9.30. Drains subhorizontaux

EYR2212118902_Fondations.indb 344 07/01/2019 11:25


Confortement des talus | 345

9.10.4. Renforcement
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Les principales méthodes de renforcement des talus sont les suivantes.


• Mise en œuvre de massifs en enrochements en pied de talus
Les enrochements ont l’avantage de posséder un angle de frottement élevé, ce qui permet
de raidir le talus sur leur hauteur, et d’augmenter la résistance au glissement, à la condition
que les enrochements interceptent les surfaces de glissement critiques. Ils sont également
drainants. Par contre, leur densité apparente est relativement faible, de l’ordre de 16 kN/m3,
compte tenu du fort indice des vides. L’effet gravitaire est donc limité. Ils sont souvent
associés à un géotextile placé sur le terrain en place avant pose des enrochements pour
éviter la percolation des fines du terrain dans les enrochements. On pourra se reporter au
Guide enrochements [9 CETMEF 2000] ;
• Clouage vertical des surfaces de glissements par des pieux ou éléments de barrettes verti-
caux, voire profilés métalliques…
• Réalisation de soutènements (murs, parois, remblais renforcés…), ce qui permet d’ajouter
du poids en pied de talus et d’adoucir la pente en amont.
Le dimensionnement des deux dernières méthodes est abordé au chapitre 13.
Il est à noter que si le glissement s’est produit et que l’on cherche à le stabiliser, la construc-
tion d’un ouvrage rigide – mur de soutènement en béton par exemple – n’est généralement
pas adaptée. Les efforts engendrés par les glissements actifs sont très importants, ce qui
conduit à concevoir des structures très lourdes. Il faut dans ce cas privilégier des solutions
souples.

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346 | Stabilité des pentes et des talus

Bibliographie
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[9 CETMEF 2014] CETMEF, Guide enrochements, CETMEF, 2014.


[9 CFMR 2000 à 2013] CFRM, collectif dirigé par DUFFAUT P. et HOMAND F., Manuel de méca-
nique des roches, Les Presses de l’École des mines de Paris, 3 tomes, 2000 à 2013.
[9 Costet 1981] COSTET J., SANGLERAT G., Cours pratique de mécanique des sols. 2e édition, Dunod,
1981.
[9 Coussy 1979] COUSSY O., SALENCON J., Analyse de la stabilité des ouvrages en terres par le calcul
à la rupture, Annales des Ponts et Chaussées, 1979.
[9 LCPC 1970] LCPC, « Hydraulique des sols », supplément N au Bulletin de liaison des LPC, 1970.
[9 LCPC 1976] LCPC, « Stabilité des talus », Bulletin de liaison des LPC, numéros spéciaux II et III,
1976.
[9 LCPC 1998] LCPC, Guide technique – Stabilisation des glissements de terrain, LCPC, 1998.
[9 Le Moine 2000] LE MOINE M., KOVARIK J.B., PIET O., Rosa 2000 – Recommandations pour le
calcul aux états limites des ouvrages en site aquatique, CETMEF, 2000.
[9 Morgenstern 1965] MORGENSTERN W.R., PRICE W.E., « The analysis of stability of general
slides surfaces », Geotechnique, 1965.
[9 Nonveiller 1965] NONVEILLER E., « The stability analysis of slopes with surface of general shape »,
CR 6e Congrès international Soil Mech. Found. Engg., Montréal, 1965.
[9 Pilot 1971] PILOT G., « Catalogue d’abaques de calcul de stabilité », Bulletin de liaison des LPC,
n° 52, 1971.
[9 Pilot 1973] PILOT G., MOREAU M., La stabilité des remblais sur sols mous, Eyrolles, 1973.
[9 Raulin 1974] RAULIN P., ROUQUES G., TOUBOL A., Calcul de stabilité des pentes en rupture non
circulaire, Rapport de recherche n° 36, Laboratoire des Ponts et Chaussées, 1974.
[9 Salençon 1983] SALENÇON J., Calcul à la rupture et analyse limite, Presses de l’ENPC, 1983.
[9 Schlosser 1991] SCHLOSSER F. et al., Recommandations CLOUTERRE 1991, Presses de l’ENPC,
1991.
[9 Skempton 1964] SKEMPTON A.W., « Long term stability of clay slopes – Fourth Rankine lecture »,
Geotechnique, 1964.
[9 Terzaghi 1957] TERZAGHI K., PECK R.B., Mécanique des sols appliquée, Dunod, 1957.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 10

Actions des terres


sur les soutènements

10.1. Introduction
Dans des conditions géométriques données, lorsque les massifs de terre ne peuvent présenter
une stabilité satisfaisante vis-à-vis du glissement, ils doivent être retenus par des ouvrages dits
ouvrages de soutènement.
L’objet de ce chapitre est de déterminer les pressions exercées par les couches de terrain sur les
soutènements, et réciproquement.
Il est divisé en deux parties :
• 1re partie : états d’équilibre limite. Il s’agit d’une étude théorique des actions réciproques
entre un massif de terre et un écran.
• 2e partie : détermination pratique des efforts de poussée et de butée sur les écrans.
Le dimensionnement des ouvrages de soutènements est quant à lui abordé au chapitre 13.

10.2. États d’équilibre limite


10.2.1. Définitions
10.2.1 .1 . Sol au repos
Considérons un massif de sol semi-indéfini à surface libre horizontale et n’étant soumis à
aucune force extérieure. Soit σv la contrainte verticale sur une facette horizontale en un
point  M quelconque du milieu (figure 10.1). Par raison de symétrie, cette contrainte est
princi­pale. Soit σh la contrainte sur un élément de facette verticale. Cette contrainte est égale-
ment principale, donc horizontale.

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348 | Actions des terres sur les soutènements
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σv

σh
M

Figue 10.1. Contraintes principales dans un sol à surface horizontales

Par définition, σh et σv sont liées par la formule suivante :


σh = K0· σv (1)
avec K0 : coefficient de pression des terres au repos.
K0 dépend de la nature du sol, de la profondeur considérée et de l’histoire du sol.
Les valeurs ci-après peuvent être retenues comme ordre de grandeur :
• sable : K0 # 0,5
• argile : K0 # 0,7
• argile très molle, vase : K0 # 1
• roche à très grande profondeur : K0 ≥1, (tunnels profonds)
K0 = 1 correspond à un champ de contraintes sphérique ou hydrostatique. Pour les matériaux
granulaires, K0 est souvent estimé à l’aide de la formule de Jaky :
K0 = 1 − sin φ´ (2)

10.2.1 .2. Équilibre limite de butée


Supposons que, dans le massif semi-indéfini à surface libre horizontale, la partie à gauche
de M soit remplacée par un écran. Au point M, la contrainte régnant sur l’écran est égale à σh
(figure 10.2).
Supposons maintenant que l’on force l’écran à se déplacer vers le massif. Les contraintes hori-
zontales sur l’écran vont croître jusqu’à ce que se produise la rupture du massif de terre.
La résistance maximale atteinte avant rupture correspond à un état d’équilibre limite : c’est
l’état d’équilibre passif. La contrainte σh prend alors la valeur donnée par la formule suivante :
σh = Kp· σv (3)
avec Kp : coefficient de butée des terres.

Kp · σv
K0 · σv

Fig. 10.2. Déplacement de l’écran correspondant à une mise en butée

EYR2212118902_Fondations.indb 348 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 349

10.2.1 .3. Équilibre limite de poussée


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Si, au contraire, l’écran se déplace vers la gauche, le sol a tendance à suivre ce mouvement et
la contrainte σh diminue jusqu’à une valeur limite correspondant à l’effondrement du massif
de sol. Juste avant la rupture, un nouvel état d’équilibre limite est atteint : c’est l’état d’équi-
libre actif, défini par la formule suivante :
σh = Ka· σv (4)
avec Ka : coefficient de poussée des terres.

10.2.2. Étude d’un cas simple


Le cas le plus simple correspond aux hypothèses suivantes :
• sol pulvérulent : φ ≠ 0, c = 0, poids volumique γ (milieu pesant),
• surface du sol horizontale,
• écran vertical et lisse,
• pas de surcharge.

H
M

Fig. 10.3. Écran vertical lisse et surface libre horizontale

II

III

I
φ σ
σha σh0 σv σhp

Fig. 10.4. États des contraintes en M

Sur la figure 10.4, le cercle I représente l’état des contraintes au repos avec σh0 = K0 · σv.
L’équilibre est surabondant. Le cercle de Mohr n’est pas tangent à la courbe intrinsèque.
Le cercle II représente l’équilibre limite de butée tel que σhp = Kp· σv et le cercle III représente
l’équilibre limite de poussée tel que σha = Ka· σv.

10.2.2.1 . Valeurs de Ka et Kp
Les formules (5) et (5bis) se déduisent des propriétés du cercle de Mohr (voir chapitre 5).

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350 | Actions des terres sur les soutènements

( )
σha = σv·tan2 π − φ
4 2 ( )
Ka = tan2 π − φ
4 2
(5)
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σhp = σ ·tan ( π + φ )
v
2 K = tan ( π + φ )
p
2
(5bis)
4 2 4 2

10.2.2.2. Résultante des efforts sur l’écran


Comme σv = γ ·z (poids des terres), z étant la profondeur du point considéré, les formules (5)
et  (5bis) montrent que les contraintes horizontales sont également proportionnelles à la
profondeur et fournissent la valeur de la résultante des pressions appliquées sur l’écran.
Pour un mur de hauteur H, les résultantes de poussée et de butée s’appliquent au tiers infé-
rieur du mur et sont données respectivement par les formules (6) et (6bis).
Qa = 1 γ · H 2 · tan2 π − φ
2 4 2 ( 2 )
Qa = 1 Ka · γ · H 2 (6)

Qp = 1 γ · H 2 · tan2 π + φ
2 4 2 ( 2 )
Qp = 1 Kp · γ · H 2 (6bis)

10.2.2.3. Volume plastifié


Des propriétés du cercle de Mohr, il s’ensuit qu’en chaque point le plan de rupture fait un
angle de ± (π/4 + φ/2) avec le plan sur lequel s’exerce la plus grande contrainte principale.
Donc, les surfaces de glissement sont des plans inclinés, comme indiqué sur la figure 10.5.

Poussée H Butée
Qa Qp
π+φ π+φ
H/3 H/3
4 2 4 2

Fig. 10.5. Allure des lignes de glissement – Zone plastifiée

Remarques
1. Déplacements de l’écran
– Poussée : pour que la pression des terres sur l’écran tombe au niveau de la poussée, il est nécessaire qu’un
certain déplacement puisse se produire.
Cependant, une rotation minime, de l’ordre de 1/1 000, autour de la base de l’écran suffit pour atteindre
l’équilibre généralisé.
– Butée : des déplacements très importants de l’ordre de 1 à 3 % de la hauteur de l’écran selon la nature et la
compacité des sols sont indispensables pour mobiliser la résistance maximale (soit 10 à 30 cm sur un écran
de 10 m de hauteur).
Lorsque seuls des déplacements très faibles sont admissibles, une méthode simple consiste à adopter une
valeur de Kp = 1, à défaut de réaliser un calcul avec un modèle élastoplastique (voir chapitre 13).

2. Exemple de non-validité : tranchées blindées, parois butonnées


La pose des réseaux enterrés, les travaux en sous-œuvre, certains types de soutènement nécessitent la réali-
sation de tranchées blindées ou de parois butonnées. L’écran (coffrage, voile, etc.) et l’étaiement de ces
ouvrages sont réalisés à l’avancement, au fur et à mesure du creusement (figure 10.6).

EYR2212118902_Fondations.indb 350 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 351

Toute rotation autour de la base est impossible, puisqu’aucun déplacement en tête ne peut se faire, l’écran
étant bloqué par les butons. La pression des terres est beaucoup plus élevée que dans l’équilibre limite de
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poussée et sa répartition est différente (voir § 10.3.3).


Il en est de même pour les voiles périphériques des ouvrages enterrés lorsque ceux-ci sont réalisés à l’abri
d’un talutage provisoire, le remblaiement n’intervenant que lorsque les voiles sont bloqués par les planchers
qui servent de butons.

a) En cours d’exécution b) En fin d’exécution

Fig. 10.6. Tranchées blindées

10.2.3. Plan de l’étude détaillée de la poussée et de la butée


Les notions de poussée et de butée étant bien définies, nous allons étudier plus en détail la
répartition des contraintes dans des milieux en équilibres limites de poussée et de butée. Les
objectifs sont les suivants :
• déterminer les contraintes en chaque point de l’écran,
• déterminer la forme des courbes de glissement et le volume de sol intéressé.
Le plan de l’étude est donné ci-après.

10.2.3.1 . Étude d’un milieu pulvérulent pesant en équilibre limite

10.2.3.1.1. Équilibres limites de Rankine


Les équilibres limites de Rankine sont plus généraux que le cas simple étudié au para-
graphe 10.2.2. Dans les états d’équilibre de Rankine, les courbes de glissement sont des plans.
Si l’application directe au calcul des soutènements est limitée, ce type d’équilibre limite appa-
raît souvent dans un certain nombre de problèmes.

10.2.3.1.2. Équilibres limites généraux


Ces équilibres limites étudiés par différents scientifiques (Boussinesq-Résal, Caquot-Kerisel,
Sokolovski) conduisent à des solutions compatibles avec les conditions aux limites imposées
par la géométrie et le comportement des ouvrages. Ils permettent de résoudre tous les cas
pratiques. Les courbes de glissement ont des formes complexes. Leur détermination ainsi que
celle des contraintes sur l’écran relèvent de techniques de calcul numérique. Ces calculs ont
été réalisés une fois pour toutes et les résultats sont publiés sous forme de tables donnant les
coefficients de poussée et de butée en fonction de l’angle de frottement interne, de la géomé-
trie de l’ouvrage et de la rugosité de l’écran.

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352 | Actions des terres sur les soutènements

10.2.3.2. Étude d’un milieu non pesant surchargé


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Le calcul est fastidieux mais peut être mené de bout en bout. Il est doublement intéressant,
car, d’une part, il permet de prendre en compte l’action d’une surcharge et, d’autre part, il
intervient dans le dimensionnement des fondations superficielles. Les résultats pratiques sont
donnés sous forme de formules.

10.2.3.3. Influence de la cohésion


Le théorème des états correspondants associé au milieu non pesant est utilisé pour prendre en
compte la cohésion des sols, sauf pour des sols purement cohérents, qui font l’objet d’un
examen particulier.

10.2.3.4. Cas général


Lorsque l’écran retient un massif de sol pesant, doué de cohésion et surchargé, le problème
est résolu en superposant l’effet des trois cas évoqués précédemment.

10.2.4. Étude du milieu pesant pulvérulent

10.2.4.1 . Équilibres limites de Rankine

10.2.4.1.1. Hypothèse de base


La contrainte sur une facette parallèle à la surface libre est verticale et égale au poids des terres.
La contrainte sur la facette AB (figure 10.7) est donnée par :
σv = γ · z · cos β (7)

−β
γ
σv
z x

B
A
M

Fig. 10.7. Hypothèse de Rankine

Sur la figure 10.8, le point m correspond au point figuratif de la contrainte σv sur AB en M.
Om = σv
Il existe deux états d’équilibre limite puisqu’il est possible de faire passer par m deux cercles
tangents à la courbe intrinsèque :
• l’équilibre de poussée correspond au cercle I,
• l’équilibre de butée correspond au cercle II.

EYR2212118902_Fondations.indb 352 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 353

La direction verticale est conjuguée à la direction de la surface libre (figure 10.9). En effet


(voir chapitre 5), l’angle des facettes sur lesquelles s’exercent les contraintes conjuguées Om
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( )
π
et On est  − β , comme l’indique la figure 10.7.
2
τ

Kp· σv
II
I
n
+φ +β σ
O −φ −β

Fig. 10.8. Équilibres de Rankine - Cercles de poussée et de butée en M

σv = γz · cos β = Om
−β

M


σa = On

Fig. 10.9. Contraintes conjuguées

10.2.4.1.2. Équilibre limite de poussée.


L’analyse de cet équilibre consiste à déterminer successivement la position des plans princi-
paux, celle des lignes de glissement puis l’inclinaison et l’intensité des contraintes qui
s’exercent sur l’écran.

Détermination des plans principaux


Recherchons les facettes sur lesquelles s’exercent les contraintes principales. Soit  ω
l’angle  O´nm´ (figure  10.10), considérons le triangle OO´m´, σ1O´m´ = β + ω . Donc la
facette sur laquelle s’exerce la contrainte principale σ1 fait un angle égal à − β + ω avec celle
2
sur laquelle s’exerce Om, c’est-à-dire avec la direction de la surface libre.
σ + σ3
Par ailleurs, en rappelant que s = 1 , l’examen du triangle OO´n permet d’écrire :
2
sin β sin (π − ω) sin ω
= =
R s s
or R = s · sin φ

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354 | Actions des terres sur les soutènements

sin β
d’où : sin ω = (8)
sin φ
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La position des plans principaux P1 et P3 est donc définie et leur orientation est constante
quel que soit M puisque cette orientation ne dépend que de β et de ϕ.

τ
F

ω
n
ω
β+ω
φ β σ3 σ1 σ
O φ −β O´ − (β + ω)

Fig. 10.10. Détermination des contraintes principales

Détermination des lignes de glissement


La rupture se produit en F et F´ (figure 10.10). Les lignes de glissement font un angle
de ± +(
π φ
4 2 )
avec le plan P1. Elles sont donc déterminées.
L’inclinaison de ces lignes est constante puisque β et φ sont constants. Les deux familles de
lignes de glissement sont donc constituées par des réseaux plans. Rappelons que le long de ces
( )
plans de glissement, qui font entre eux un angle de π − φ , l’inclinaison de la contrainte est
égale à ± φ. 2

Détermination des contraintes sur un plan quelconque


Considérons un point M situé sur un écran plan quelconque incliné de l’angle λ par rapport
à la verticale (figure 10.11) :
• puisque Om = σv = γ · z · cos β (figure 10.10), il y a homothétie du cercle de Mohr lorsque
la position de M varie,
• les contraintes sont directement proportionnelles à γ · z ou à γ · l,
• les contraintes le long d’un plan quelconque ont la même orientation.
Donc, la contrainte au point M sur l’écran peut s’écrire :
σ = Ka· γ · l (9)
avec Ka = ƒ (β, φ, λ)
Par ailleurs : δ = g (β, φ, λ)
Des tables donnent la valeur de la poussée ou de la butée sur l’écran. Cependant, ces tables ne
sont pas d’un grand intérêt pratique puisqu’il n’est pas possible d’imposer une valeur donnée
pour l’inclinaison δ de la contrainte sur l’écran.

EYR2212118902_Fondations.indb 354 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 355
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β
λ

σ
l
Écran δ

Fig. 10.11. Coefficient de Rankine – Définition des paramètres

Remarques

– L’orientation des angles doit être prise en considérant toujours que le massif de terre est à droite de l’écran.
– Si l’écran est vertical, la contrainte de poussée est inclinée de + β.
– Si, de surcroît, β = 0, on retrouve le cas simple étudié au paragraphe 10.2.2.

10.2.4.1.3. Équilibre limite de butée.

Le calcul est similaire ; il existe également des tables donnant les coefficients de butée Kp en
fonction de β, φ et λ.

Le plan principal P1 fait un angle de + β + ω avec la verticale.


2
La contrainte de butée sur un écran vertical est toujours inclinée de + β.

10.2.4.2. Équilibres limites généraux

Dans la pratique, l’inclinaison δ de la contrainte sur l’écran est une des données du problème.
Cette inclinaison dépend des conditions du mouvement relatif du sol et de l’écran et de la
rugosité de l’écran.
Sur la figure 10.12, la zone AEC est bien en équilibre limite de Rankine. En revanche, dans
la zone AEB, l’équilibre de Rankine n’est plus valable, sauf si l’inclinaison δ correspond exac-
tement au cas étudié précédemment. En général, cette inclinaison est différente ; il faut alors
rechercher un état d’équilibre limite dans lequel les contraintes sont toujours proportion-
nelles à la distance de leur point d’application par rapport à l’arête A et à la densité du milieu,
mais dans lequel les lignes de glissement se raccordent correctement avec les conditions aux
limites définies ci-dessus.

EYR2212118902_Fondations.indb 355 07/01/2019 11:25


356 | Actions des terres sur les soutènements

A C
−φ
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δ
E

B
Fig. 10.12. Écran rugueux – Allure des lignes de glissement

L’étude de l’équilibre limite du milieu conduit à un système d’équations différentielles qui ne


sont pas intégrables. A. Caquot et J. Kerisel ont résolu le problème (1948) par intégration
numérique.
Des tables de coefficients de poussée et de butée ont pu être publiées, dont les plus récentes
et les plus complètes sont celles de J. Kerisel et E. Absi [10 Kerisel 1990]. Elles donnent les
coefficients de poussée Ka et de butée Kp pour le massif pulvérulent non surchargé décrit sur
la figure 10.13 en fonction de β, λ et δ.

β+ β+

qa qa
γ≠0
λ+ δ+ φ≠0 δ+ λ+ l
l
c=0
M M
Milieu pesant

a) Massifa à droite b) Massifbà gauche

Fig. 10.13. Tables de butée-poussée - Définitions et conventions de signe des paramètres

À une distance l quelconque, les contraintes de poussée et de butée sur l’écran ainsi que les
résultantes sont données par les formules suivantes :
qa = Ka· γ · l Q a = 0,5 Ka· γ · L2 (10)

qp = Kp· γ · l Q p = 0,5 Kp· γ · L2 (11)

L est la longueur de l’écran. Les résultantes Q a et Q p s’appliquent au tiers de L à partir de la
base de l’écran.

EYR2212118902_Fondations.indb 356 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 357

Les figures 10.14 dues à Graux [10 Graux 1967] montrent l’allure des surfaces de glissement
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pour un mur vertical avec une surface libre horizontale. Lorsque δ = 0, l’équilibre de Rankine
est retrouvé.

Si δ = φ, les lignes de glissement situées dans la zone de raccordement sont constituées, d’une
part, par des plans rayonnants, et, d’autre part, par des portions de spirales logarithmiques.
Cette disposition des lignes de glissement est appelée équilibre de Prandtl.

Le tableau 10.1 fournit les valeurs des coefficients Ka et Kp pour un écran vertical et une
surface libre horizontale (β = λ = 0). Les tables de J. Kerisel et E. Absi déjà citées permettent
de résoudre les cas plus complexes.

Remarques

– Pour le bon choix du coefficient de poussée, une attention particulière doit être apportée aux signes des
angles β, δ et λ (voir figure 10.13).

– Lorsque l’écran est incliné, si les contraintes et les résultantes sont exprimées en fonction de la hauteur
verticale, il faut introduire au dénominateur des formules (9) et (10) les termes respectifs cos λ et cos2 λ,
l étant remplacé par z et L par H. Certains auteurs [10 Pecker 1996] introduisent directement ces termes
dans l’expression de Ka et Kp , ce qui peut prêter à confusion. Cette remarque est également valable pour
les expressions similaires données par la suite, formule (21) notamment.

Tableau 10.1. Valeurs de Ka et Kp pour β = λ = 0

Milieu pesant pulvérulent


δ/φ −1 –− 2/3 − 1/3 0 1/3 2/3 1
φ degrés Ka Kp Ka Kp Ka Kp Ka Kp Ka Kp Ka Kp Ka Kp
10 1,06 1,66 0,81 1,59 0,75 1,51 0,70 1,42 0,68 1,31 0,66 1,17 0,65 —
15 1,06 2,2 0,72 2,05 0,64 1,88 0,59 1,70 0,56 1,50 0,54 1,26 0,53 —
20 1,04 3,1 0,64 2,75 0,54 2,40 0,49 2,04 0,46 1,69 0,44 1,33 0,44 —
25 1,02 4,4 0,55 3,70 0,47 3,10 0,41 2,45 0,38 1,92 0,36 1,40 0,37 —
30 0,98 6,5 0,49 5,30 0,38 4,0 0,33 3,00 0,30 2,15 0,30 1,46 0,30 —
35 0,94 10,5 0,40 8,0 0,32 5,4 0,27 3,70 0,25 2,40 0,25 1,51 0,26 —
40 0,88 18 0,34 12 0,26 7,6 0,22 4,60 0,20 2,75 0,20 1,54 0,20 —
45 0,82 35 0,27 20 0,19 11 0,17 5,80 0,16 3,0 0,16 1,58 0,16 —
50 0,75 70 0,22 35 0,15 15 0,14 7,20 0,13 3,5 0,13 1,61 0,13 —

EYR2212118902_Fondations.indb 357 07/01/2019 11:25


358 | Actions des terres sur les soutènements

O O
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π–φ Qp π+φ
4 2 4 2
QA
δ=0 δ=0

O O

π–φ Qp 0 > δ > −φ


4 2
δ δ
φ>δ>0
QA x π+φ
4 2
x

O O

Qp
π–φ δ = −φ
φ 4 2 φ
δ = +φ
QA x
π+φ
x 4 2

a) Équilibre limite de poussée b) Équilibre limite de butée

Fig. 10.14. Allures des lignes de glissement en fonction de la rugosité

10.2.5. Étude d’un milieu non pesant surchargé et pulvérulent

10.2.5.1 . Hypothèses
Les hypothèses de base correspondant à ce cas sont données ci-après :
• La surcharge est uniforme, d’intensité q1 et règne sur toute la surface libre.
• Le milieu est non pesant ; l’équilibre
de poussée est défini en considérant
q1 α
l’état limite tel que q2 < q1.
L’équilibre de butée est obtenu en
intervertissant la position de l’écran O
ainsi que q1 et q2. Écran γ=0
• Le long d’un plan rayonnant quel- φ≠0
conque OR, les contraintes ont une q2 c=0
intensité et une orientation constante δ
(figure 10.15). Il s’agit de l’hypothèse
de Rankine généralisée.
R

Fig. 10.15. Hypothèse de Rankine généralisée

EYR2212118902_Fondations.indb 358 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 359

10.2.5.2. Étude de l’équilibre de poussée


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L’application des lois de la statique et le fait que le milieu est en équilibre limite en considé-
rant l’hypothèse de Rankine généralisée permettent de démontrer que, en général, le massif
peut être divisé en trois zones (figure 10.16) :
• Les zones I et II, situées respectivement côté surface libre et côté écran, où règne un équi-
libre limite de Rankine. Les lignes de glissement sont constituées de deux familles de plans
faisant entre eux un angle de π/2 ± φ.
• La zone centrale III, où règne un équilibre limite de Prandtl. Dans cet équilibre, les lignes
de glissement sont constituées, d’une part, par des plans rayonnants passant par O, d’autre
part, par des spirales logarithmiques.
Il est aisé de vérifier que contraintes et directions sont bien conjuguées dans les deux types
d’équilibre.
Les hypothèses et notations sont représentées figure 10.17.
Le massif non pesant (γ = 0) supporte une surcharge uniforme q1 inclinée de α sur la normale
à la surface libre. Le problème consiste à déterminer la contrainte uniforme (d’après l’hypo-
thèse de Rankine généralisée) qui s’exerce en chaque point de l’écran OB.
Cette contrainte d’une intensité q2 et d’une inclinaison δ, est due à la présence de la
surcharge q1.
Les conventions de signe relatives à α et δ sont données figure 10.17.
L’angle δ est l’une des données du problème. Il dépend de la rugosité de l’écran et correspond
au frottement écran/sol : si l’écran est parfaitement lisse, δ = 0, si l’écran est parfaitement
rugueux, δ = φ.
De même, l’angle Ω est une donnée du problème. Il définit la géométrie du massif. Par
contre, les positions de OA et OB par rapport à la verticale sont sans importance (γ = 0).

q1
α
+ A

Équilibre de
μ Rankine
I
Ω
ψ
q2 ε T

δ + Équilibre de
φ Sol
φ Prandtl
III
γ=0
c=0
B φ≠0
II
Équilibre de T´
Rankine

Fig. 10.16. Allure des lignes de glissement dans un milieu non pesant surchargé

EYR2212118902_Fondations.indb 359 07/01/2019 11:25


360 | Actions des terres sur les soutènements

A α+
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α+
q1 A
q1

O
Ω O
Ω

q2 q2
δ+ δ+

B
B

a) Massif à droite b) Massif à gauche

Fig. 10.17. Milieu non pesant - Conventions de signe pour l’état limite de poussée

Considérons les plans OT et OT´ limitant les formes d’équilibre, les angles μ, ψ et ε sont
définis comme suit :
• μ : angle que forment la surface libre et le plan OT,
• ψ : angle formé par les plan OT et OT´,
• ε : angle entre le plan OT´ et l’écran.
q2 et q1 ayant des valeurs constantes, il est possible de les relier par la relation :
q2 = K´a· q1 (12)
Le coefficient K´a est un coefficient de poussée qui dépend de α, δ, φ et Ω. Une solution
analytique a été établie [10 L’Herminier 1967] ; toutefois, elle ne s’applique pas directement
à tout l’éventail de valeurs que peuvent prendre α, δ et Ω.
Le problème a été étudié en détail par E. Absi [10 Absi 1984]. Les tables de J. Kerisel et
E. Absi fournissent les valeurs de K´a. Certains logiciels de calcul de soutènement disposent
également d’assistants qui permettent de calculer directement les valeurs. Le tableau  10.2
donne les valeurs de K´a lorsque Ω = 0 et α = 0.
En général, le coefficient K´a est différent du coefficient de poussée des terres Ka relatif au
milieu pesant.
Si Ω = π /2, α = 0 et δ = 0, l’expression de K´a devient :
K´a = Ka = tan2 π − φ
4 2 ( ) (13)

Avec ces dernières hypothèses, les lignes de glissement et le coefficient de poussée sont iden-
tiques au cas du milieu pesant.

10.2.5.3. Étude de l’équilibre de la butée


Le milieu étant non pesant et l’orientation du dièdre AOB par rapport à la verticale n’ayant
donc pas d’influence, il suffit de faire pivoter la figure et de remplacer :
• OB par la surface libre,
• l’écran par OA,
• q1 par q2 et vice versa.

EYR2212118902_Fondations.indb 360 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 361

L’orientation des angles se trouvant inversée, il

K´p

0,5
0,9
1,1
convient de remplacer également α par − δ et

+ 35°






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0,27
0,21
0,17
δ par − α.

K´a





Dans ces conditions, le coefficient K´p est un

0,66
K´p

1,0
1,2
1,4
+ 30°





coefficient de butée dont la valeur est donnée

0,32
0,26
0,21
0,17
par la formule suivante :

K´a




K´p = 1

0,73
1,11
(14)

K´p

1,3
1,6
1,8
K´a

+ 25°




1,18 0,38
1,43 0,31
1,7 0,25
2,0 0,20
2,3 0,16
q2 = K´p· q1 (15)

K´a


0,79 –
K´p
+ 20°



Exemple

0,45
0,37
0,30
0,25
0,20
0,16
K´a


Trouver le coefficient de butée K´p pour Ω = 90°,

0,85
1,23
1,49
1,78
α = 0, δ = 20° et φ = 30°.

K´p

2,1
2,5
2,9

+ 15°
Les tables [10 Kerisel et Absi 1990] donnent

0,54
0,45
0,37
0,30
0,25
0,20
0,16
K´a = 0,20 pour Ω = 90°, α = + 20, δ = 0 et φ = 30°.

K´a

Tableau 10.2. Valeurs de K´a et de K´p pour Ω = π/2 et α = 0
D’où K´p = 5,0.

0,66 0,91
0,54 1,25
0,45 1,51
0,38 1,81
0,31 2,17
K´p

0,25 2,5
0,20 3,0
0,16 3,7
+ 10°
Le tableau 10.2 fournit également les valeurs

K´a
de K´p lorsque Ω = π /2 et α = 0 en conservant

1,42
1,70
2,04
2,44
3,03
l’orientation habituelle de δ.
K´p

5,8
3,6
4,5
− 0°

0,70
0,59
0,49
0,41
0,33
0,27
0,22
0,17
K´a
10.2.6. Milieux cohérents 1,61
2,04
2,50
3,12
4,00
K´p

5,0
6,5
8,7
− 10°

10.2.6.1 . Prise en compte de la cohésion


1,05
0,73
0,59
0,47
0,38
0,31
0,24
0,19
K´a

D’après le théorème des états correspondants


1,06 2,13
0,68 2,70
0,53 3,45
0,42 4,34

0,20 10,4
K´p

0,33 5,7
0,26 7,6
(voir chapitre 5), l’action de la cohésion revient
− 15°

à appliquer une pression hydrostatique  H


K´a

d’inten­sité égale à  c /tan φ sur le pourtour du


1,06 2,85
0,64 3,70

0,22 12,4
K´p

massif.
0,48 5,0
0,37 6,5
0,29 8,9


− 20°

L’écran est donc soumis à deux actions


K´a

(figure 10.18a) :

4,00
5,26

10,2
14,7

• une action directe correspondant à la pres-


K´p

7,3



− 25°

sion c /tan φ sur OB,


1,05
0,59
0,43
0,32
0,24
K´a

• une action indirecte qui est l’influence sur




l’écran OB de la surcharge c /tan φ s’exerçant


1,02 5,88

0,38 11,6
0,28 17,2
K´p

0,54 8,1

sur la surface libre OA.






− 30°

La poussée ou la butée sur l’écran due à la


K´a

surcharge sur OA est obtenue à partir de la





méthode exposée au paragraphe précédent.


0,48 13,0
0,33 19,9
K´p

0,98 8,8
− 35°





Selon le type d’équilibre limite, il s’agit soit


de K´a· c /tan φ, soit de K´p· c /tan φ.
K´a




Ces contraintes sont inclinées de δ sur la


δ

10°
15°
20°
25°
30°
35°
40°
45°
φ

normale à l’écran, δ étant l’angle de frottement


écran/sol.

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362 | Actions des terres sur les soutènements

c
H = tan φ Écran
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A
c c
H = tan φ tan φ
O
K´· c
tan φ
δ
φ≠0
c≠0

a) Pression hydrostatique équivalente b) Résultantes sur l’écran

Fig. 10.18. Application du théorème des états correspondants

Dans ce cas, il faut remarquer que K´a et K´p sont des coefficients correspondant à une incli-
naison α = 0 de la surcharge. Afin d’éviter toute confusion, les coefficients de poussée et de
butée en milieu non pesant correspondant à une surcharge normale à la surface libre sont dési-
gnés dans ce qui suit par K˝a et K˝p.
En définitive, l’influence de la cohésion correspond à la somme géométrique de ces deux
contraintes (figure 10.18b).
En ne considérant que les composantes normales à l’écran, l’influence de la cohésion en un
point quelconque de l’écran se traduit par les formules suivantes :
• Poussée : contrainte résultante due à la cohésion :
c ·(1 − K ˝ · cos δ)
a (16)
tan φ
• Butée : contrainte résultante due à la cohésion :
c ·(K ˝ · cos δ − 1)
p (17)
tan φ
Les contraintes résultantes ci-dessus se déduisent de la poussée et s’ajoutent à la butée.

Remarque
Si δ = 0, K˝a = tan2(π /4 − φ /2) et K˝p = tan2(π /4 + φ /2). En remplaçant K˝ par sa valeur, un calcul trigono-
métrique montre que les formules précédentes prennent respectivement les valeurs 2 c · tan(π /4 − φ /2) et
2 c · tan(π /4 + φ /2). On retrouve ainsi le terme de cohésion tel que défini dans le chapitre 5.

10.2.6.2. Rugosité (contact écran-sol)


Soit δ l’angle de frottement sol/mur. La contrainte tangentielle maximale mobilisable dans un
sol pulvérulent s’écrit : τ = σ · tan δ, σ étant la contrainte normale à l’écran.
Pour les sols cohérents, la résistance maximale mobilisable au cisaillement le long de l’écran
peut s’écrire :
τ = a + σ · tan δ (18)
avec a : adhérence sol/écran. La norme NF P94-282 ne retient pas l’effet de la cohésion
(soit a = 0). Si l’on n’applique pas cette norme, on peut considérer a /c = tan δ /tan φ.

EYR2212118902_Fondations.indb 362 07/01/2019 11:25


États d’équilibre limite | 363

Dans ces conditions, il est toujours possible de définir la rugosité du mur par le seul
paramètre δ :
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• l’écran lisse est défini par δ = 0 ; donc a = 0 quel que soit c,
• l’écran parfaitement rugueux est défini par δ = φ et a = c ou 0 suivant la formule retenue.

10.2.6.3. Influence de la cohésion sur le coefficient de sécurité


Pour les écrans de hauteur modérée, une faible modification de la valeur de la cohésion a des
conséquences considérables sur le coefficient de sécurité (voir chapitre 5). Le choix de la cohé-
sion prise en compte dans les calculs doit être fait avec prudence.

10.2.7. Étude particulière du milieu purement cohérent


Le problème peut être abordé de deux manières :
• soit chercher vers quelles limites tendent les expressions mathématiques de Ka et Kp lorsque
φ tend vers 0,
• soit étudier directement l’équilibre des sols purement cohérents [10 Absi 1970].
Dans ce dernier cas, les calculs sont assez simples puisque, d’une part, la relation entre σ3
et σ1 se réduit à σ3 = σ1 − 2 c et d’autre part, les lignes de glissement sont constituées :
• soit par des droites inclinées de π /4 sur les plans P1 et P3,
• soit par des plans rayonnants et des arcs de cercles dans l’équilibre de Prandtl.

Avec un écran vertical, une surface libre horizontale, un milieu pesant et l’action d’une
surcharge uniformément répartie, les résultats suivants sont obtenus :
• Écran lisse (figure 10.19)
Avec δ = 0 les coefficients de poussée et de butée se réduisent à :
Ka = Kp = K´a = K´p = 1
d’où : qa = γ · z + q1 − 2 c (19) qp = γ · z + 2 c + q1 (20)
• Écran rugueux
L’influence de la cohésion est plus élevée ; il faut remplacer le terme ± 2 c par le terme
2 + π·c
suivant : ± soit ± 2,57 c.
2
q1

2c − q1

γ≠0
c≠0
φ=0
H

Qa

Fig. 10.19. Écran lisse - Poussée dans un sol pesant et surchargé purement cohérent

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364 | Actions des terres sur les soutènements

Remarques
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1. Pour l’équilibre de butée, le terme dû à la surcharge est mis entre parenthèses dans la formule (20). En
effet, les surcharges ont rarement un caractère permanent qui permettrait de les prendre en compte dans
l’effet stabilisateur que représente généralement la butée.

2. Sur la figure 10.19, la zone où les contraintes théoriques sur l’écran sont des contraintes de traction est
représentée en pointillé ; celles-ci doivent être négligées par suite du décollement possible de l’écran.
Les deux remarques précédentes sont générales et s’appliquent également aux sols frottants et cohérents.

3. Par analogie avec le paragraphe précédent, la rugosité est définie par un angle δ tel que tan δ = a /c. En
pratique, celle-ci est négligée : δ = 0.

4. Seule la surface libre horizontale a été considérée puisque dans un milieu purement cohérent un talus illi-
mité n’est pas stable. Il ne peut donc y avoir qu’un talus incliné sur une certaine largeur de terrain derrière
l’écran. Le poids des terres au-dessus de l’horizontale passant par le point haut de l’écran est alors consi-
déré comme une surcharge.

5. Les références [10 Absi 1970] et [10 Graux 1967] étudient plus en détail les sols purement cohérents.

10.2.8. Tableaux récapitulatifs


Lorsqu’un milieu est à la fois pesant, surchargé et cohérent, les efforts dus aux différentes solli-
citations sont superposés.
Procéder ainsi n’est pas rigoureux car l’allure des courbes de glissement n’est pas la même pour
chaque type de sollicitation. C’est cependant la seule façon pratique d’estimer l’action
cumulée tant en poussée qu’en butée.

α1
α1
q1 q1

β+ β+
O
O γ, φ, c Ω L 2L L γ, c, φ
+Q
Ω s
2 3
L λ
Qc )
δ
2L
2 QH + Qφ λ+
(− Q H
3
M δ − (Qc + Qs)
L δ
(− Qφ)
δ

a) Poussée des terres b) Butée des terres

Fig. 10.20. Position des résultantes

Le tableau 10.3 récapitule les différents efforts et contraintes qui peuvent s’exercer sur un
écran. En pratique, ce sont essentiellement les composantes normales à l’écran qui sont utilisées ;
cependant, les composantes tangentielles peuvent nuire à la stabilité de certains types
d’ouvrages (voir § 10.3.1.2).

EYR2212118902_Fondations.indb 364 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 365

Tableau 10.3. Sol homogène : récapitulation des efforts de poussée et de butée


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Contraintes réelles Contraintes normales

Contraintes Point Contraintes


Cas
sur l’écran d’application normales
de Résultante
à une des à l’écran
charge Résultante Inclinaison des contraintes
distance l résultantes à une
normales
de l’arête par rapport distance l
à zéro de l’arête

Poussée
Milieu pesant 1 1
qφ = Ka· γ · l Qφ = Ka· γ · L2 δ 2L / 3 Ka· γ · l · cos δ Ka· γ · L2 · cos δ
pulvérulent 2 2
Surcharge qs = K´a· q1 Qs = K´a· q1· L δ L/2 K´a· q1· cos δ K´a· q1· L · cos δ
Cohésion
- action de H c c δ
qc = K˝a· Qc = K˝a· ·L L/2
sur la surface tan φ tan φ c · (1 − K˝ c
a· cos δ) · (1 − K˝a· cos δ) · L
libre à ajouter tan φ tan φ
- action c c ·L Zéro à déduire
directe de H qH = QH = dirigée vers L/2
tan φ tan φ
à déduire l’intérieur

Butée
1 K · γ · L2· cos δ
Milieu pesant
qφ = Kp· γ · l Qφ = 1 Kp· γ · L2 δ 2L / 3 Kp· γ · l · cos δ p
pulvérulent 2 2
Surcharge (1) qs = K´p· q1 Qs = K´p· q1· L δ L/2 K´p· q1· cos δ K´p· q1· L · cos δ
Cohésion
- action de H
qc = K˝p· c c ·L δ L/2 à ajouter
sur la surface
Qc = K˝p·
tan φ tan φ
libre à ajouter c · (K˝ c · (K˝
· cos δ − 1) · cos δ − 1) · L
tan φ p tan φ p
- action directe c c ·L Zéro
L/2
de H sur l’écran qH = QH =
tan φ tan φ opposée
à déduire à la butée

(1) Voir remarque 1 du paragraphe 10. 2. 7.

• Les coefficients Ka et Kp sont déduits des tables de J. Kerisel et E. Absi [10 Kerisel 1990]


ou du tableau 10.1 lorsque l’écran est vertical et la surface libre horizontale.
• Les coefficients K´a, K˝a, K´p et K˝p sont déduits des mêmes tables ou du tableau  10.2
lorsque l’écran et la surface libre font un angle droit et que la surcharge est normale à cette
dernière.
• L’orientation des angles est représentée figures 10.13 et 10.17.

10.3. Détermination pratique des poussées et butées


sur les écrans
10.3.1. Simplifications – Rugosité – Diagramme de pression des terres

10.3.1 .1 . Remarques préliminaires


Les efforts qui intéressent les projeteurs sont essentiellement ceux qui sont perpendiculaires à
l’écran. Dans ce qui suit, seules les composantes normales des efforts de poussée ou de butée
sont considérées. L’expression de ces composantes normales figure dans le tableau récapitu-
latif ci-avant.

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366 | Actions des terres sur les soutènements

Généralement, les praticiens adoptent un seul coefficient de poussée Ka et un seul coefficient


de butée Kp par couche de sol ; dans ce cas, il s’agit du coefficient correspondant au milieu
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pesant.
Dans ces conditions : K´a = K˝a = Ka
K´p = K˝p = Kp
Le tableau ci-après représente les coefficients de poussée Ka et K˝a s’exerçant sur un écran
vertical, la surcharge étant normale à la surface libre.
Dans le cas I, la surface libre est horizontale et l’écran vertical.
Dans le cas II, la surface libre est inclinée à 15° (β = + 15°).
Tableau 10.4. – Comparaison des coefficients Ka et K´´a

Cas I (β = 0 soit Ω = π/2) Cas II (β = + 15° soit Ω = 105°)


φ δ=0 δ = +φ δ=0 δ = +φ
degrés Ka K ˝a Ka K ˝a Ka K ˝a Ka K ˝a
15 0,59 0,59 0,53 0,54 1,02 0,51 0,97 0,47
20 0,49 0,49 0,44 0,45 0,65 0,41 0,61 0,37
30 0,33 0,33 0,30 0,32 0,41 0,25 0,38 0,23
40 0,22 0,22 0,20 0,22 0,25 0,14 0,29 0,14

Ce tableau montre que, dans le cas I, les divergences sont négligeables. En revanche, dans le
cas II, les différences vont du simple au double.
Souvent, la simplification précédente est justifiée par le fait que les surcharges sont faibles par
rapport au poids propre du massif. Si les surcharges sont importantes, elle peut être
inacceptable.

10.3.1 .2. Rugosité – Inclinaison de la contrainte


L’hypothèse d’un écran lisse (δ = 0) conduit en général à des valeurs pessimistes de Ka et Kp ;
sauf exception, cette hypothèse est du côté de la sécurité.
En effet, la poussée des terres sur le mur conduit à un déplacement vertical vers le bas du sol
par rapport au mur. À l’inverse, la mise en butée d’un massif entraîne un déplacement vertical
ascendant du sol le long de l’écran (figure 10.21).
Il en ressort que δ > 0 pour la poussée et δ < 0 pour la butée.

Buté
ée e
uss δ<0 Réac
Po
Force du m tion
δ>0 assif
extér δ<0
ie ure

a) Poussée des terres b) Butée des terres

Fig. 10.21. Mouvement du sol derrière l’écran

EYR2212118902_Fondations.indb 366 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 367

Les soutènements ont toujours une certaine rugosité (rideaux de palplanches, maçonnerie,
béton) et une composante tangentielle plus ou moins élevée se développe.
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Comme les coefficients de poussée et de butée Ka et Kp diminuent lorsque δ croît en valeur


algébrique, si l’écran est rugueux, Ka diminue et Kp croît ; l’hypothèse δ = 0 va donc dans le
sens de la sécurité.
En revanche, les composantes tangentielles dues à la rugosité peuvent entraîner des efforts
parasites nuisibles à la stabilité au poinçonnement, voire au glissement de certains écrans,
dont il convient de tenir compte.
Les normes d’application des Eurocodes recommandent l’adoption des valeurs suivantes :

10.3.1.2.1. Norme NF P94-281 – Murs


L’angle δ dépend du type de mur et de la configuration retenue. Il peut par ailleurs être diffé-
rent pour l’action des terres et pour l’effet de la surcharge.

Tableau 10.5. Choix de l’angle δ (suivant NF P94-281)

Figure δ
Mur Écran fictif
13, 22 δf (terres) δq (surcharges)
Hv ≤ Bt· tan θ β sup(β; φ´/3)

( )
En L ou T renversé Vertical a) Bt· tan θ 2
Hv ≥ Bt· tan θ β + (δ0 − β) · 1 −
Hv
Portion OA sup(β; φ´/3) sup(β; 2φ´/3)
À redans Vertical b)
Portion AB sup(β; 2φ´/3)
Poids Incliné c) sup(δ’; 2ϕ’/3)
Cellulaire Incliné d) sup(β; 2φ´/3)
Gabions Incliné e) (1 − G) · φ´

Les paramètres donnés dans ce tableau sont définis par les formules ci-dessous :
θ= π+φ+ y−β
4 2 2
y = sin−1 sin β
sin φ´ ( )
( )
δ0 = sup β; 2 φ´
3

tan δ´ = sin φ´· sin(2λ + y − β)


1 − sin φ´· cos(2λ + y − β)
Si l’écran est vertical (λ = 0) alors δ´ = β
G est le coefficient de frottement lié aux conditions de contacts sol soutenu/gabions de part
et d’autre du géotextile anticontaminant placé entre les gabions et le sol en arrière du mur. Il
est en effet considéré que la présence d’un géotextile réduit le frottement à l’interface gabion/
remblai. En l’absence d’essais documentés, la valeur de G considérée doit permettre de véri-
fier que δ reste au minimum égal à : sup(β ; 2φ´/3). G varie généralement entre 5 et 15 %.
La norme NF P94-281 donne également des formules pour les murs en « L » ou en « T »
lorsque l’on considère un écran fictif incliné.

EYR2212118902_Fondations.indb 367 07/01/2019 11:25


368 | Actions des terres sur les soutènements

Les figures explicatives sont données ci-après :


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C β
β

Hv F
δ
F F
δ λ δ

Bt
A
B B

a) Mur en « T » b) Mur à redans c) Mur poids

β β

F
λ

F δ


d) Mur cellulaire e) Mur en gabions

Fig. 10.22. Exemples d’écrans fictifs généralement adoptés (NF P94-281)

10.3.1.2.2. Norme NF P94-282 – Écrans


La norme distingue l’angle de frottement interne à l’état critique φ´cv de l’angle de frottement
interne  φ´, en précisant que si l’on substitue φ´cv par φ´ (cas courant) il faut prendre en
compte le fait que, dans certain cas φ´cv , peut être inférieur à φ´.
Le rapport δ /φ´cv ou δ /φ´ sera pris inférieur ou égal à 2/3 pour tous les types de parement,
même si la norme admet qu’il peut s’avérer être supérieur pour des écrans rugueux (béton
coulé contre le sol).
Dans une couche de terrain, le même coefficient sera considéré pour l’action d’origine pondé-
rale, l’effet de la surcharge et l’effet de la cohésion. On pourra par contre, pour l’ensemble de
ces effets, prendre une valeur différente en poussée et en butée.
La prise en compte d’une valeur nulle (poussée ou butée horizontale) va dans le sens de la
sécurité. Le guide méthodologique du CEREMA présenté ci-après rappelle les valeurs les plus
fréquemment retenues.

EYR2212118902_Fondations.indb 368 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 369

Tableau 10.6. Valeurs usuelles de l’obliquité δ (CEREMA)


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Poussée (terre-plein horizontal) Butée

δ=0 δ = − 2/3 φ´
Parois moulées et palplanches à module*
δ = 2/3 φ´ δ = − 1/2 φ´

Palplanches plates** δ=0 δ=0

* P
 our ces types d’ouvrages, deux couples de valeurs sont utilisables. Une palplanche à module possède une inertie
plus élevée.
** Les palplanches plates au contraire des palplanches à module ont une inertie faible.

Quel que soit le soutènement, les variations du coefficient de butée sont très importantes et
la prise en compte d’une rugosité trop forte risque de conduire à un sous-dimensionnement
des ouvrages.
Par exemple, pour un écran vertical, une surface libre horizontale et un angle de frottement
interne ϕ = 35°, les coefficients de poussée et de butée sont les suivants :
• pour un écran parfaitement lisse (δ = 0) :
Ka = 0,27 et Kp = 3,69
• pour un écran parfaitement rugueux :
Ka = 0,26 (δ = + φ) mais Kp = 10,5 (δ = − φ).
Cette remarque et l’importance des déplacements nécessaires pour mobiliser la butée
montrent que le choix de δ doit être fait avec beaucoup de prudence.
Examinons une situation rare mais qui peut cependant se produire. Supposons que le mur de
soutènement de la figure 10.23 soit fondé sur un sol compressible qui tasse sensiblement. Le
frottement peut alors s’inverser et δ peut devenir négatif. Pour δ = φ et φ = 35°, le tableau 10.1
donne Ka = 0,94.
Par rapport à l’exemple précédent, la poussée est multipliée par 3,6, ce qui confirme l’impor-
tance d’un choix correct des hypothèses.

δ<0

Pa

Fig. 10.23. Mur reposant sur une fondation compressible

EYR2212118902_Fondations.indb 369 07/01/2019 11:25


370 | Actions des terres sur les soutènements

10.3.1 .3. Diagramme de pression des terres


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La justification des soutènements nécessite souvent de prendre en compte des hypothèses


complexes telles que :
• un massif pesant à surface libre inclinée,
• un écran recoupant plusieurs couches aux caractéristiques mécaniques différentes,
• la pression due à l’eau,
• les actions de surcharges permanentes ou provisoires de dimensions indéfinies ou
limitées,
• les sollicitations dynamiques (séisme, etc.).

Une première étape du dimensionnement des soutènements consiste à établir un diagramme


de pression des terres. Ce diagramme (figure 10.24) représente, en chaque point de l’écran, la
composante normale de la pression des terres résultant de l’ensemble des sollicitations. Le sol
est supposé en équilibre limite de poussée côté amont et de butée côté aval.
Pour établir ce diagramme manuellement, il faut dresser un tableau donnant pour chaque
point caractéristique de l’écran les valeurs numériques des contraintes élémentaires normales
à l’écran ; soit, en général :
• côté amont (sur toute la hauteur de l’écran) :
–– la poussée due au massif pesant pulvérulent,
–– la poussée due aux surcharges,
–– la poussée due à l’eau,
–– l’influence favorable de la cohésion à déduire ;
• côté aval (sous le niveau du fond de fouille) :
–– la butée due au massif pesant pulvérulent,
–– l’influence favorable de la cohésion à ajouter.
La pression résultante s’obtient en ajoutant algébriquement les poussées amont considérées
comme positives, et la butée aval (sous le niveau de la fouille) comptée négativement. Ce
calcul doit être réalisé pour chaque point présentant une discontinuité.

Surcharge = 10 kPa
0,00
−9
φ = 20° ; c = 10 kPa
NP γ = 19 kN/m3
− 4,00 28
γ´ = 10 kN/m3
− 6,00 58
49
NP − 8,00
74 φ = 35° ; c = 0
γ´ = 10,5 kN/m3

− 371 − 14,00

NP : niveau phréatique ; les pressions sont exprimées en kPa.

Fig. 10.24. Exemple de diagramme de pression des terres

EYR2212118902_Fondations.indb 370 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 371

10.3.1 .4. Calcul pratique des contraintes de poussée et de butée


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Les méthodes présentées ci-après sont loin d’être rigoureuses. Cependant, elles permettent
d’appliquer la théorie de la poussée et de la butée aux problèmes courants. Parfois, différentes
méthodes sont proposées, qui peuvent conduire à des résultats divergents.

10.3.2. Coin de Coulomb


10.3.2.1 . Principe
La théorie du coin de Coulomb (1773) s’applique aux milieux pulvérulents, pesants et
surchargés. Elle est moins satisfaisante que la théorie de l’équilibre limite général puisqu’elle
ne considère qu’une surface de rupture plane (figure 10.25). Cependant, elle a retrouvé un
regain d’intérêt pour une raison totalement matérielle : elle fournit une solution analytique
très pratique pour introduire la détermination automatique de Ka et Kp dans un programme
informatique.
Cette méthode consiste à étudier l’équilibre du prisme limité par un plan incliné.
Le prisme est soumis à son poids W, à la surcharge éventuelle q1, à la réaction R, inclinée
de − φ (poussée) ou de + φ (butée) et à la réaction de l’écran − Q a ou − Q p , inconnue mais
d’inclinaison δ.
La poussée correspond à la valeur maximale de Q a obtenue en faisant varier l’inclinaison θ.
La butée correspond au minimum de Q p.
q1

λ Qa
δ
L
−φ
W
θ R

Fig. 10.25. Coin de Coulomb

10.3.2.2. Milieu pesant pulvérulent non surchargé


Les valeurs de Ka et Kp peuvent être exprimées par la formule unique suivante, due à
M. Havard. Il s’agit d’une adaptation des formules habituellement proposées qui fournissent
séparément les expressions de ces deux termes.
cos2(λ − ε·φ)
K= (21)
[
cos(λ + δ)· 1 + ε·
sin(φ + ε·δ)· sin(φ − ε·β) 2
cos(λ + δ)· cos(λ − β) ]
avec ε = + 1 pour le coefficient de poussée Ka,
ε = − 1 pour le coefficient de butée Kp.

EYR2212118902_Fondations.indb 371 07/01/2019 11:25


372 | Actions des terres sur les soutènements

Les contraintes sur l’écran qa et qp ainsi que les résultantes Q a et Q p sont toujours données
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par les formules (9) et (10).

Remarque

Les valeurs de Ka données par (21) sont en général très voisines de celles déduites des tables [10 Kerisel 1990].
En revanche, les valeurs de Kp peuvent être sensiblement plus faibles. À titre d’exemple, pour λ = 0, β = 0,
δ = − 2/3 φ et φ = 35°, la formule de Coulomb donne Kp = 10 et les tables de Kerisel et Absi Kp = 8,0. La diffé-
rence s’explique par l’allure des courbes de glissement réelles qui s’éloignent d’une surface plane lorsque δ > 0
(figure 10.14).

10.3.2.3. Action de la surcharge

La contrainte de poussée qs, uniformément répartie sur l’écran et due à la surcharge verti-
cale q1 s’écrit comme suit :
q1·Ka
qs = (22)
cos(λ − β)

De même, la butée est donnée par (23), avec les réserves déjà faites quant à la permanence des
surcharges.
q1·Kp
qs = (23)
cos(λ − β)

Les valeurs de Ka et Kp sont déterminées par (21) et les résultantes dues aux surcharges sont
données par Qs = qs·L.

10.3.3. Sols stratifiés


Les terres situées au-dessus de la couche dans laquelle la pression des terres doit être calculée
sont supposées agir comme une surcharge.
En effet, pour déterminer la poussée des terres le long de AB dans le cas général (figure 10.26),
il est possible de superposer les actions suivantes :
• la poussée due au poids de la couche i,
• l’action des couches supérieures et de la surcharge q1,
• l’action de la cohésion.
i −1
Soit S = q1 + ∑ γ ·H , le poids des terres et de la surcharge au-dessus de la couche considérée.
i

EYR2212118902_Fondations.indb 372 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 373

q1
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γ1, c1, φ1, H1

A A´
M l γi, ci, φi, Hi
B

Fig. 10.26. Multicouche – Poussée le long de AB

En un point M compris entre A et B, la composante normale de la pression des terres est la


somme des actions suivantes (voir tableau 10.3) :
• l’action de S, soit qs = Ka∙ S ∙ cos δ ;
• l’action de la poussée due à la couche i, elle-même qi = Ka· γi·l · cos δ ;
• l’action de la cohésion qc = (1 − Ka· cos δ) · ci /tan φ.
La démarche est identique pour l’équilibre limite de butée.

Remarques
– Cette méthode est valable uniquement pour K´a = K˝a = Ka.
– À la limite de deux couches (figure 10.27), par exemple au point A, la contrainte peut être différente selon
que le point A (point A−) est considéré comme étant situé à la base de la couche i − 1 de caractéris-
tiques ci −1 et φi −1 ou comme étant situé en tête de la couche i de caractéristiques ci et φi (point A+). Il est
donc indispensable de considérer séparément les points A− et A+ pour établir le diagramme de pression
des terres.
Le calcul conduit à des discontinuités parfois importantes. Dans la pratique, de telles discontinuités ne
sauraient exister de façon brutale.

I c=0
φ élevé

A
+
A
II
c élevé
φ moyen

Courbe réelle

Fig. 10.27. Discontinuité des pressions sur l’écran à la limite de 2 couches

EYR2212118902_Fondations.indb 373 07/01/2019 11:25


374 | Actions des terres sur les soutènements

10.3.4. Présence d’une nappe


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Deux actions doivent être superposées (figure 10.28) :


• l’action de la poussée des terres, en considérant le poids volumique déjaugé en dessous de
la nappe,
• la poussée hydrostatique de l’eau, qui est normale à l’écran.

γ
Nappe amont

Poussée
H
hydrostatique
Nappe aval

γ´

H · γw

Fig. 10.28. Prise en compte de la pression hydrostatique

S’il existe également une nappe côté aval de l’écran, la poussée hydrostatique est considérée
comme constante en dessous du niveau aval et égale à la différence de niveau H entre les côtés
amont et aval.

Remarques
– La poussée due à l’eau est considérable. Des systèmes de drainage et des barbacanes sont installés derrière
les murs de soutènement autostables afin d’éliminer cette poussée. La mise en œuvre d’un drainage est
rarement possible pour les rideaux de palplanches ou les parois moulées.
– Cette modélisation est une simplification puisqu’elle ne prend pas en compte les poussées dues à l’écoule-
ment de l’amont vers l’aval ou vers le drainage. Ces poussées d’écoulement peuvent avoir une action
défavo­rable, même si un drainage est prévu.

10.3.5. Talus et risberme


10.3.5.1 . Surface libre de forme quelconque
Selon l’allure de la surface libre, soit le profil est assimilé à une pente régulière, soit les terres
situées au-dessus de l’horizontale sont considérées comme une surcharge de poids équivalent
(figure 10.29). Dans cette dernière hypothèse, il convient d’appliquer les méthodes décrites
ci-après pour la prise en compte des surcharges.

EYR2212118902_Fondations.indb 374 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 375

T.N. a) pente équivalente


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O β
b) surcharge équivalente

Fig. 10.29. Action d’une surcharge quelconque

10.3.5.2. Talus limités en amont de l’écran


10.3.5.2.1. Talus contre l’écran – Méthode de Krey
Des talus de hauteur limitée (prétalutage) sont souvent prévus en tête des parois de manière
à raccourcir leur hauteur et réaliser une économie (figure 10.30).
Le diagramme des poussées est donné par OIJ en superposant :
• l’état des contraintes sur un écran fictif de hauteur O´D pour un milieu γ, c = 0, φ, H´ non
surchargé avec une surface libre d’inclinaison β = 0, d’où un coefficient de poussée Ka0 et
un diagramme de poussée O´J ;
• l’état des contraintes sur l’écran réel OD avec une surface libre infinie d’inclinaison β, d’où
le coefficient de poussée Kaβ.

Remarque
Cette démarche n’est applicable que si β < φ. Dans les sols cohérents, il arrive fréquemment que β > φ pour
des talus de hauteur modérée. Il convient alors de considérer les terres au-dessus de l’horizontale comme une
surcharge.

O´ A B

O β
C
I

p = Kaβ · γ · z
H´ z
H

M
quelconque

p = Ka0 · γ · z´
D J
Fig. 10.30. Prétalutage en tête d’une paroi

EYR2212118902_Fondations.indb 375 07/01/2019 11:25


376 | Actions des terres sur les soutènements

10.3.5.2.2. Talus à distance de l’écran – Méthode de Houy


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La répartition des contraintes sur l’écran a été étudiée par Houy suivant la théorie de la
plasticité.
Le diagramme des contraintes à appliquer est donné figure 10.31.

d1 d2 1

σaq = Ka · γ · z

φ
z1 φ

π/4 + φ´/2

z2

σaq = Ka·(γ · z + γ · H)

Fig. 10.31. Talus à faible distance de l’écran – Méthode de Houy –NF P94-282

10.3.5.3. Risberme
La norme NF P94-282 précise que la butée d’une risberme est à déterminer à partir de
modèles appropriés découlant de la théorie de la plasticité (calcul à la rupture, éléments
finis…), en tenant compte de l’inclinaison des charges. Les formules découlant de l’élasticité
ne pouvant pas être utilisées pour déterminer la butée, car trop optimistes.
La méthode explicitée par la figure 10.32 peut être utilisée. La butée mobilisable est donnée
par l’expression :
Bmax = W · tan φ´ + c´ · Lr (24)
avec W : poids de la risberme
Lr : largeur de la base de la risberme
φ´ : angle de frottement interne du terrain
c´ : cohésion effective du terrain.
Lorsqu’on tient compte d’une butée mobilisable entre le sommet de la risberme et un point
situé au-dessus de sa base, il convient de vérifier que la butée retenue n’est pas supérieure à la
butée totale mobilisable par la risberme.

EYR2212118902_Fondations.indb 376 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 377
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2I/3
1
Bmax Bmax

I
W 2
3

I/3
Lr
4

5
z z

a) effet (butée) d’une risberme b) diagramme de butée

Bmax Butée mobilisable par une risberme 1 Niveau 0 (sommet de la risberme)


W Poids de la risberme 2 Niveau 1 (base de la risberme)
I Hauteur de la risberme 3 Diagramme de butée correspondant au niveau 0
Lr Largeur de la base de la risberme 4 Diagramme de butée correspondant au niveau 1
d Largeur du sommet de la risberme 5 Diagramme de butée avec banquette entre les niveaux 0 et 1

Fig. 10.32. Butée d’une risberme sur un écran – NF P94-282

10.3.6. Surcharges
10.3.6.1 . Préambule
Il existe deux approches différentes pour la détermination des contraintes liées aux surcharges :
• une approche basée sur la théorie de l’élasticité linéaire isotrope (formules de Boussinesq) avec
les limites suivantes :
–– ces formules ne s’appliquent qu’à des chargements de largeur limitée ;
–– elles ne peuvent pas être utilisées pour modéliser des charges de terrain, comme
celles amenées par un talus, car elles ne correspondent alors pas au problème à
étudier dans ce cas ;
–– les formules correspondantes ne tiennent pas compte de l’effet (mal connu) de la
réalisation de l’écran (effet « miroir »). La redistribution des contraintes initiales
provoquées par la réalisation de l’écran peut être prise en compte en appliquant un
coefficient multiplicateur compris entre 2 (chargement localisé à une distance nulle
de l’écran) et 1 (chargement infiniment éloigné). Dans les cas courants, on retiendra
forfaitairement un coefficient multiplicateur λ de 1,5 ou égal à (d + 2)/(d + 1),
d étant la distance d’application du chargement par rapport à l’écran ;
• une approche basée sur la théorie de la plasticité :
–– il est admis d’étendre l’utilisation d’un modèle découlant de la théorie de la plasti-
cité pour calculer les pressions sur l’écran dans l’hypothèse d’un comportement élas-
tique du terrain en petite déformation, par application d’un coefficient
multiplicateur  K0 /Ka, sous réserve que l’allure des contraintes ainsi obtenue soit
acceptable pour la situation étudiée.
Les formules qui suivent sont données avant application de ces coefficients multiplicateurs.

EYR2212118902_Fondations.indb 377 07/01/2019 11:25


378 | Actions des terres sur les soutènements

10.3.6.2. Surcharge uniforme semi-infinie


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Considérons une surcharge uniforme limitée à une distance OA de l’arête de l’écran


(figure 10.33).
Les hypothèses suivantes sont habituellement faites, suivant la théorie de la plasticité :
• au-dessus de la ligne d’action AB inclinée de φ la surcharge n’a aucune influence
• en dessous de la ligne d’action AC inclinée de (π/4 + φ/2) sur l’horizontale, la surcharge
agit comme si elle était infinie, c’est à dire q2 = K´a· s ;
• une progression linéaire est adoptée entre B et C, d’où le diagramme des contraintes repré-
senté sur la figure 10.33.
d s

O A

φ
B

π+φ
4 2
C

q2 = K´a· s

Fig. 10.33. Action d’une surcharge semi-infinie

10.3.6.3. Surcharge partielle de longueur infinie

10.3.6.3.1. Remarque préalable


Nous nous limiterons, pour ces méthodes approchées, aux hypothèses suivantes (figure 10.34) :
écran vertical, Ω = 90°et α = δ = 0
Dans ces conditions : K´a = Ka = tan2 π − φ
4 2 ( )
Considérons un écran de hauteur H et une surcharge uniformément répartie ; le massif solli-
citant l’écran est limité par la ligne de glissement CD.

S
s
A
C

Qs
H
π+φ
4 2

D
Fig. 10.34. Surcharge « active » sur un écran

EYR2212118902_Fondations.indb 378 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 379

La partie « active » de la surcharge, c’est-à-dire celle sollicitant l’écran, est S = s · AC


H
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avec AC = .
(
tan − φ
π
4 2 )
Par ailleurs, la poussée en un point quelconque de l’écran est :
p = K´a· s = s · tan2 π − φ
4 2 ( )
La résultante sur l’écran est Q s = p ·H = s · AC · tan (π4 − φ2 )
Q = S · tan( − )
π φ
s (25)
4 2
Cette formule reliant la surcharge en tête de la surface libre à la poussée correspondante sur l’écran
sera généralisée dans certaines des applications qui suivent.

10.3.6.3.2. Bande surchargée de longueur infinie


L’application des hypothèses décrites au paragraphe 10.3.6.2 conduit à des diagrammes
comme le diagramme ABCD (figure 10.35) ; la pression en B et en C sera choisie de façon
que la résultante Qs ait la valeur donnée par la formule (25).
En pratique, le diagramme ABCD est souvent simplifié, en considérant soit une répartition
uniforme entre A et D (figure 10.35b), soit une répartition triangulaire (figure 10.35c).

B S = s·B

(b) (c)
φ
A

(
Qs = S · tan π –
4 2
φ
) B
Qs
C
Qs
(a)
π+φ
4 2
D

Fig. 10.35. Action d’une bande chargée

10.3.6.3.3. Surcharge linéaire infinie


Deux méthodes sont utilisées sur lesquelles il faut appliquer les coefficients multiplicateurs
explicités au 10.3.6.1.

Méthode de Krey (figure 10.36)


Il s’agit de la même démarche que précédemment. La valeur de Qs est toujours donnée
par (25).
La méthode de Krey est bien adaptée pour les écrans présentant une certaine flexibilité, tels
que les rideaux de palplanches.

EYR2212118902_Fondations.indb 379 07/01/2019 11:25


380 | Actions des terres sur les soutènements

S
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φ
A
Qs

π+φ
4 2
B

Fig. 10.36. Surcharge linéaire – Méthode de Krey

Méthode de Boussinesq (figure 10.37)


Boussinesq a étudié (voir chapitre 11) la répartition des contraintes dans un milieu semi-
indéfini élastique, donc déformable. Le long d’un plan vertical (écran), la contrainte horizon-
tale radiale s’écrit comme suit :
2
p = 2 · S · 2h · a 2 2 (26)
π (a + h )
Cette méthode est appliquée, aux écrans rigides, tels que les murs en maçonnerie, les parois
blindées ou butonnées. La valeur de p doit être affectée du coefficient λ explicité au § 10.3.6.1.
S´ a S

h
p

Fig. 10.37. Surcharge linéaire – Méthode de Boussinesq

10.3.6.4. Surcharges locales


Une surcharge locale peut être prise en compte en admettant (figure 10.38) :
• une répartition à 27° dans le sens de la longueur ;
• dans le sens de la hauteur une répartition identique à celle définie ci-dessus ;
• de plus, l’intensité des pressions appliquées sur l’écran sera telle que leur résultante
s’exprime toujours par la formule (25).
S

27°

27°
Action

sur

l’écran
Qs

Fig. 10.38. Prise en compte d’une surcharge locale

EYR2212118902_Fondations.indb 380 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 381

10.3.7. Tranchées blindées


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10.3.7.1 . Détermination de la pression des terres


Comme stipulé en remarque 2 du paragraphe 10.2.2, la paroi est bloquée en tête. Sous la
poussée des terres, cette paroi aura tendance à pivoter autour de son arête supérieure. La pres-
sion des terres dans les couches supérieures est donc beaucoup plus élevée que ne le laisse
supposer la théorie de l’équilibre limite actif.
Les grands ouvrages sont dimensionnés à l’aide de programmes de calcul prenant en compte
les déformations dues aux phases successives de travaux (programme K-Réa par exemple). Le
calcul élasto-plastique est actuellement la méthode la plus utilisée (voir les principes de
dimensionnement des ouvrages développés au chapitre 13) ; le calcul aux éléments finis repré-
sente cependant une approche plus satisfaisante.
Toutefois, l’utilisation des diagrammes de poussée déduits des travaux de K. Terzaghi et
R. Peck [10 Terzaghi 1957] exposés ci-après est suffisante pour les ouvrages courants ou pour
un prédimensionnement.
La mesure des forces de compression qui s’exercent sur les étrésillons des tranchées est assez
aisée. La figure 10.39, due à K. Terzaghi, représente le résultat de mesures effectuées sur une
tranchée de 11,50 m dans du sable pour un passage souterrain à Berlin. Les quatre courbes
correspondent aux valeurs extrêmes mesurées dans quatre zones différentes. Cette figure
montre que la répartition des pressions est très éloignée d’un diagramme triangulaire.
Plusieurs diagrammes sont utilisés selon la nature et la compacité du sol.

Fig. 10.39. Pressions réelles mesurées sur une tranchée blindée

10.3.7.1.1. Sables compacts


Le diagramme de pression des terres à considérer est celui de la figure 10.40a.
La résultante P, qui s’exerce à mi-hauteur, a pour valeur :
P = 0,64 Ka· γ · H 2 (27)

10.3.7.1.2. Sables lâches


La résultante P s’exerce à une distance de 0,45 H de la base de la tranchée (figure 10.40b).
P = 0,72 Ka· γ · H 2 (27)

EYR2212118902_Fondations.indb 381 07/01/2019 11:25


382 | Actions des terres sur les soutènements

10.3.7.1.3. Sols purement cohérents


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Deux méthodes peuvent être utilisées :

Méthode du diagramme de Peck (figure 10.40c)


La pression maximale est : p = γ · H − 4 c.
La résultante P s’exerce à une hauteur égale à 0,47 H au-dessus du fond de fouille et a pour
valeur :
P = 0,775 H · (γ · H − 4 c) (29)

Méthode des terres au repos (figure 10.40d)


La cohésion est assez difficile à connaître avec précision. Une évaluation trop optimiste de
celle-ci peut laisser penser qu’aucune poussée ne s’exerce sur une tranchée (γ · H − 4 c ≤ 0)
alors que les poussées réelles peuvent être sensibles. Il est souvent préférable d’adopter les
diagrammes de la figure 10.40d. Ils conduisent aux résultats suivants :
• argile raide : P1 = 0,15 γ · H 2 à 0,47 H de la base,
• argile plastique : P2 = 0,21 γ · H 2 à 0,38 H de la base,
• argile molle : P3 = 0,25 γ · H 2 à 0,33 H de la base.
Il est conseillé de procéder au calcul par les deux méthodes et de considérer le résultat le plus
défavorable.

a) sable compact b) sable lâche


0,2 H

0,2 H
0,6 H

P
H Pmax H P Pmax
0,8 H
0,45 H
0,5 H

0,2 H

0,8 Ka· γ · H 0,8 Ka· γ · H

c) argile/diagramme de Peck d) argile méthode pression au repos


0,3 H

P=
0,5
γ·z
0,55 H

P P1 P1
Pmax P2
I
0,4 H

P3
0,47 H

II P2
0,15 H
0,15 H

III
γ·H − 4c P3

Fig. 10.40. Répartition des contraintes sur les tranchées blindées

EYR2212118902_Fondations.indb 382 07/01/2019 11:25


Détermination pratique des poussées et butées sur les écrans | 383

10.3.7.1.4. Sols cohérents


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Lorsque les sols présentent à la fois du frottement interne φ et de la cohésion c, le calcul est
conduit en considérant le sol pulvérulent de même angle de frottement φ que le sol cohérent
et en déduisant l’action de la cohésion, soit (30) :
qc = (1 − K ˝a· cos δ)· c (30)
tan φ

10.3.7.2. Action des surcharges


Le calcul est identique à celui des parois non blindées.

10.3.8. Méthode de Culmann


La méthode de Culmann est dérivée du coin de rupture de Coulomb. Elle permet d’évaluer
la poussée des terres sur un écran avec des hypothèses moins restrictives que celles de la
théorie de Rankine. Elle coïncide avec cette dernière pour les talus infinis.
La méthode de Culmann est utilisée par certains logiciels de calculs des ouvrages de soutène-
ment (MUR [10 Cerema 2017] ; GEOMUR [10 Geos 2016],…).
Elle ne considère que des surfaces de glissement planes et suppose connu l’angle δ d’incli-
naison de la résultante de la poussée du sol par rapport à la normale à l’écran.
Pour une fraction de sol donnée OMA (voir figure 10.41) la poussée des sols F, inclinée d’un
angle δ et qui s’exerce sur le parement OM, est la valeur qui équilibre le coin de sol en tenant
compte :
• du poids W du coin de sol,
• de l’angle de frottement interne du sol,
• de la cohésion éventuelle du sol,
• des actions de surfaces (surcharges).

Actions de surface

c · MA

λ W

N φ

δ
F
ω Plan de glissement
Mur M

Fig. 10.41. Étude d’un plan de glissement par la méthode de Culmann (manuel technique MUR 3.0 CEREMA)

EYR2212118902_Fondations.indb 383 07/01/2019 11:25


384 | Actions des terres sur les soutènements

Pour calculer la poussée qui s’exerce sur le parement OM, on considère des valeurs successives
de l’angle ω (figure 10.41), de manière à trouver le plan de glissement qui conduit à la valeur
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maximale de F que l’on retient.


Le diagramme des contraintes s’obtient par dérivation de la courbe des résultantes de poussée
tout au long de l’écran, discrétisé suivant un pas de calcul choisi (figure 10.42).

Résultantes des poussées


Diagramme des
en chaque point de
contraintes
discrétisation

Δinc

Aire égale à
Pj − Pj –1

P j –1
σ j –1
A j –1
A j –1
P j –1 σj

Aj
Aj

Fig. 10.42. Diagrammes de contraintes (manuel technique GEOMUR –GEOS)

Cette méthode est applicable à une géométrie de talus quelconque, à des parements consti-
tués d’une ligne brisée, aux sols multicouches, ou contenant une nappe phréatique.

10.4. Sollicitations sismiques


10.4.1. Principe général du calcul statique équivalent
Les principes généraux du dimensionnement sous sollicitations sismiques sont explicités au
chapitre 8.
En ce qui concerne les ouvrages de soutènement, la méthode généralement employée est celle
du calcul statique équivalent, ou méthode de Mononobe-Okabe. Elle consiste à ajouter des
sollicitations verticales ascendantes ou descendantes ainsi que des sollicitations horizontales.
Ces sollicitations s’appliquent d’une part, au soutènement lui-même et d’autre part au massif
de terre (voir figure 10.43).
Pour les soutènements, l’annexe E de l’Eurocode partie 5 définit la force totale de calcul Ed
agissant sur l’ouvrage de soutènement du côté du terrain par l’expression :
Ed = 0,5 γ*· (1 ± kv ) · K · H 2 + Ews + Ewd (31)

EYR2212118902_Fondations.indb 384 07/01/2019 11:25


Sollicitations sismiques | 385

avec H : hauteur du mur,


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kv : coefficient sismique vertical,


K : coefficient de poussée des terres (statique + dynamique),
γ* : poids volumique du sol,
Ewd : force de poussée statique de l’eau,
Ews : force due à la pression hydrodynamique.
(Voir expressions des paramètres ci-dessous)
La force de calcul s’applique à mi-hauteur du mur. À cette force s’ajoutent les forces d’inertie
du mur.

γ, φ

re
tu
up
β

d er
kh· Ws − kv

ce
rfa
Su
kh
kh· Wm
H λ (1 ± kv) · Ws
Pad + kv

(1 ± kv) · Wm

Fig. 10.43. Modèle général pour les murs-poids

• Lorsque la structure est rigide et ne peut se mouvoir par rapport au sol, empêchant un état
actif de se produire, et lorsque le mur est vertical et le remblai horizontal, l’effort dyna-
mique (augmentation de la poussée des terres par rapport aux sollicitations statiques) peut
être pris égal à :
∆Pd = α · S · γ · H 2 (32)
Cet effort s’applique à mi-hauteur du mur. Ce cas est celui par exemple des murs enterrés
des bâtiments.
Les règles précédentes PS92 donnaient des règles avec un remblai présentant une incli-
naison β sur l’horizontale.
• Lorsqu’une masse d’eau libre est présente contre le mur (cas d’un barrage par exemple,
d’un mur de quai), il se développe une pression hydrodynamique sur la face du mur qui
peut être évaluée par la formule de Westergaard :
q(z) = ± 7 kh· γw·(h · z)0,5 (33)
8
avec kh : coefficient sismique horizontal calculé pour r = 1 (voir ci-après),
h : hauteur de l’eau libre,
z : coordonnée verticale descendante dont l’origine est la surface de l’eau.

EYR2212118902_Fondations.indb 385 07/01/2019 11:25


386 | Actions des terres sur les soutènements
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h h

z
z

Fig. 10.44. Effet de l’eau libre

10.4.2. Paramètres et formules de calcul de Ed


Les paramètres et formules permettant le calcul de Ed suivant l’équation (31) sont :
• l’accélération horizontale de calcul pour un sol de classe A : ag = agr· γl (agr et γl explicités au
chapitre 8)
• l’accélération horizontale de calcul du sol pour le site : avg = 0,9 ag (zones 1 à 4) ou
0,8 ag (zone 5)
• α = ag /g (g accélération de la pesanteur)
• kh = α · S/r ; kv = ± 0,5 kh si avg /ag > 0,6 (ce qui est toujours le cas pour la France) ; sinon
kv = ± 0,33 kh
• r est un coefficient qui dépend de la déformabilité du mur de soutènement :

Tableau 10.7. Valeur du facteur r pour le calcul du coefficient sismique horizontal (NF EN-1998-5)

Type d’ouvrage de soutènement r

Murs-poids libres pouvant accepter un déplacement jusqu’à dr = 300 α − S (mm) 2

Murs-poids libres pouvant accepter un déplacement jusqu’à dr = 200 α − S (mm) 1,5

Murs fléchis en béton armé, murs ancrés ou contreventés, murs en béton renforcé 1
fondés sur pieux verticaux, murs d’infrastructure encastrés et culées de ponts

Dans le cas de sols saturés sans cohésion susceptibles de développer une forte pression inter­
stitielle, le facteur r du tableau 10.7 doit être inférieur ou égal à 1 et le coefficient de sécurité
vis-à-vis de la liquéfaction doit être supérieur à 2.
Pour les murs autres que les murs-poids (écrans, murs enterrés de bâtiments) les effets de
l’accélé­ration verticale peuvent être négligés (kv = 0).
Il est à noter que pour les murs de hauteur supérieure à 10 m il convient d’appliquer une
méthode de calcul moins simplifiée (article E2 de EN 1988-5).

EYR2212118902_Fondations.indb 386 07/01/2019 11:25


Sollicitations sismiques | 387

Les formules de K sont les suivantes :


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• En poussée
Si β ≤ φ´d − θ :
sin2(ψ + φ´d − θ)
K= (34a)
[ ]
2
sin(φ´d + δd)· sin(φ´d − β − θ)
cos θ · sin2ψ · sin(ψ − θ − δd)· 1 +
sin(ψ − θ − δd)· sin(ψ + β)
Si β > φ´d − θ :
sin2(ψ + φ´d − θ)
K= (34b)
cos θ · sin2ψ · sin(ψ − θ − δd)
La formule (34b) n’est pas compatible avec la méthode de Culmann développée au
paragraphe 10.3.8.

• En butée
sin2(ψ + φ´d − θ)
K= (35)
[
cos θ · sin2ψ · sin(ψ + θ)· 1 − ]
sin φ´d · sin(φ´d + β − θ) 2
sin(ψ + θ)· sin(ψ + β)

( )
où φ´d = tan−1 tan
φ´
γφ´
avec γφ´ = 1,25


( )
δd = tan−1 tan
δ
, δ angle de frottement sol/mur.
γφ´ d

Les paramètres γ*, tan θ et Ewd utilisés dans la formule (31) et le calcul de K dépendent de la
position de la nappe et de la perméabilité des sols :
• Nappe phréatique en dessous du mur de soutènement :
k
γ* = γ ; tan θ = h ; Ewd = 0 (36)
1 ± kv
avec γ : poids volumique du sol
• Sol « imperméable » situé sous nappe phréatique (k < 5 × 10−4 m/s):
γ k
γ* = γ − γw ; tan θ = · h ; Ewd = 0 (37)
γ − γw 1 ± kv
avec γ : poids volumique total du sol saturé
• Sol « perméable » situé sous nappe phréatique (k ≥ 5 × 10−4 m/s):
γ k 7 k · γ · H´2
γ* = γ − γw ; tan θ = d · h ; Ewd = h w (38)
γ − γw 1 ± kv 12
avec γd : poids volumique du sol sec,
H´ : niveau de la nappe phréatique par rapport à la base du mur.

EYR2212118902_Fondations.indb 387 07/01/2019 11:25


388 | Actions des terres sur les soutènements

Bibliographie
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[10 Absi 1970] ABSI E., « Études de problèmes particuliers », Annales de l’ITBTP, n° 265, 1970.
[10 Absi 1984] ABSI E., « La théorie de la plasticité et l’équilibre limite en mécanique des sols », Annales
de l’ITBTP, n° 421, 1984.
[10 AFPS 1992] AFPS, Recommandations AFPS 90, Presses ENPC, 1992.
[10 Caquot 1966] CAQUOT A. et KERISEL J., Traité de mécanique des sols, Gauthiers-Villars, 1966.
[10 Cerema 2016] CEREMA, Guide méthodologique – Eurocode 7 – Application aux écrans de soutène-
ment, CEREMA, 2016.
[10 Cerema 2017] BONDONET G. et al., MUR version 3.02 – Manuel technique de l’utilisation,
CEREMA ITM, 2017.
[10 Costet 1975] COSTET J. et SANGLERAT G., Cours pratique de mécanique des sols, Dunod, 1975.
[10 Geos 2016] GEOS, GEOMUR 2016 – Manuel d’utilisation, GEOS, 2016.
[10 Graux 1967] GRAUX D., Fondations et excavations profondes, Eyrolles, 1967.
[10 Kerisel 1990] KERISEL J. et ABSI E., Tables de poussée et de butée des terres, Presses ENPC, 1990.
[10 L’Herminier 1967] L’HERMINIER R., Cours de mécanique des sols et des chaussées, SDTBTP-
Eyrolles, 1967.
[10 Ménard 1954] MÉNARD L., BOURDON G. et HOUY A., « Étude expérimentale de l’encastre-
ment d’un rideau en fonction des caractéristiques pressiométriques du sol de fondation », Sols-Soils, n° 9,
1954.
[10 Pecker 1996] PECKER A. et al., Règles de construction parasismique – Règles PS92 – NORME
NF P06-013, Eyrolles, 1996.
[10 Terzaghi 1957] TERZAGHI K. et PECK R., Mécanique des sols appliquée, Dunod, 1957.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 11

Fondations superficielles

11.1. Description, comportement et


principes de justifications
11.1.1. Définitions
Une fondation superficielle est définie par les caractéristiques géométriques décrites ci-après :
• la largeur B d’une semelle est le plus petit côté de la semelle ;
• la longueur L d’une semelle rectangulaire correspond au grand côté. Il convient de distin-
guer les semelles suivantes :
–– les semelles circulaires B = 2 R, R étant le rayon de la semelle,
–– les semelles carrées B = L,
–– les semelles rectangulaires B < L,
–– les semelles continues B ≪ L.
• la surface A ;
• l’épaisseur h de la semelle ;
• la hauteur d’encastrement (ou profondeur) D est l’épaisseur minimale des terres au-dessus
du niveau de fondation. Si un dallage ou une chaussée surmonte la fondation, ceux-ci sont
pris en compte dans la hauteur d’encastrement ;
• l’ancrage a de la semelle.
Une semelle est considérée comme superficielle lorsque le rapport D/B est faible (< 1,5), et
surtout lorsque la justification de la fondation ne prend en compte que la résistance du sol
située sous le niveau d’assise. Lorsque D/B est compris entre 1,5 et 5, on parlera de fondation
semi-profonde.
Un radier général est une semelle de grande dimension portant tout ou partie d’un ouvrage.
La largeur B est de plusieurs mètres. Les bâtiments fondés sur un radier en béton armé ou le
fond d’un réservoir posé directement sur le sol sont des exemples de radier généraux.

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390 | Fondations superficielles

Les dallages ne reprennent que des charges permanentes faibles (cloisons) et sont destinés à
supporter des surcharges aléatoires : charges roulantes, stockage sur rack ou en tas. Le
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dimension­nement des dallages est traité par le DTU 13.3. (norme NF P11-213-1) et prend
en compte le sol via la détermination des modules Es et des coefficients de Poisson ν de
chaque couche de sol jusqu’au toit de la couche supposée incompressible ou de la couche
profonde qui n’est plus sollicitée. Si l’investigation géotechnique comporte des essais pressio-
métriques, le module Es pour les dallages peut être assimilé en première approche à EM/α.
Ce  sujet n’est pas traité plus en détail dans cet ouvrage ; il convient de se reporter
à [NF P11-213-1 2005].

D
L
h

Fig. 11.1. Définitions des dimensions

11.1.2. Comportement d’une semelle chargée

11.1 .2.1 . Comportement sous charge verticale


Considérons une semelle superficielle chargée axialement et verticalement. Les tassements
sont fonctions de l’intensité de la charge appliquée et ont l’allure présentée sur la figure 11.2.

Q
Qu Q
0
s

s Rupture
Q Domaine Domaine
élastique plastique

Fig. 11.2. Chargement vertical d’une semelle superficielle

EYR2212118902_Fondations.indb 390 07/01/2019 11:25


Description, comportement et principes de justifications | 391

Le domaine plastique se différencie du domaine élastique par l’amplitude de plus en plus


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marquée des phénomènes de fluage.


La détermination de la charge limite ou charge de rupture peut être problématique, c’est pourquoi
elle est définie conventionnellement. La charge de rupture peut par exemple être définie comme la
charge correspondant à un certain enfoncement, en général pris égal à B/10 pour un enfoncement
vertical et B/20 pour un déplacement horizontal. Dans la pratique, les semelles seront dimension-
nées pour rester dans le domaine élastique, bien en deçà de la charge de rupture.

11.1 .2.2. Influence de l’encastrement

Comme le montrent les résultats d’expériences présentés dans la figure 11.3, l’encastrement
améliore la portance d’une fondation superficielle.

Pression appliquée (kPa) Pression appliquée (kPa)


0 250 500 750 1 000 0 0,5 1 1,5
0 0

2
D=0
4
6,25 cm
2,5 cm Encastrement
Tassement (10−2 m)

Tassement (cm)

6 D=0
D = 7,5 cm D = 0,3 cm
0,5 8
5 cm 3,75 cm
10

12
D - encastrement
Très dense
Semelle 1,25 cm × 1,25 cm 14 Lâche
Semelle 1,25 cm × 7,5 cm
Moyennement dense
1
a) essais en laboratoire sur de petites fondations b) essais de grandes fondations sur sols
(Meyerhof, 1948) reconstitués (Muhs et Weiss, 1969)

Fig. 11.3. Influence de l’encastrement [11 Canépa 2004]

11.1 .2.3. État de saturation du sol

La figure 11.4 présente l’influence du niveau de la nappe sur la portance des fondations à
partir de résultats de calculs numériques. Comme nous le verrons, les règles de dimensionne-
ment de la portance à partir d’essais in situ ne font pas explicitement apparaître cette sensibi-
lité. Il convient donc de s’appesantir sur les variations possibles des niveaux de nappe, y
compris pour des sols réputés insensibles aux variations hydriques.

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392 | Fondations superficielles

120 1400
Charge limite (kPa)

Charge limite (kPa)


1200
100
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1000
80
800
60 600
40 bornes inférieures Krishnamurthy et al. (1975) bornes inférieures Krishnamurthy et al. (1975)
400
20 bornes supérieures LIMI bornes supérieures LIMI
200
0 0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Rapport dw /B Rapport dw /B
φ = 20 degrés φ = 35 degrés

300
Charge limite (kPa)

250 TN
200
150
100 bornes inférieures Krishnamurthy et al. (1975) B dw
50 bornes supérieures LIMI

0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Rapport dw /B
φ = 25 degrés

Fig. 11.4. Influence de la proximité d’une nappe sur la capacité portante du sol sous une semelle filante
[11 Magnan 2004]

Par ailleurs, il convient d’être prudent sur les caractéristiques de sol retenues dans les sols
sensibles (argiles, limons) situés à faibles profondeurs, caractéristiques qui peuvent varier
selon leur état de teneur en eau (par exemple en fonction des saisons).

11.1 .2.4. Comportement sous charge excentrée


Considérons maintenant une charge verticale excentrée. En reprenant Canépa
[11 Canépa 2004], il s’avère que la charge de rupture est d’autant plus faible que la charge
d’application est excentrée.

− 40 B 0 200 400 600 800 Q (kN)


0
d
− 20
20
s déplacement vertical (mm)

Plan initial
0 Plan initial
40
sc, 30 min (mm)

20
G = 450 kN

40 400 kN 60
300 kN

60 200 kN 80 E/B = 0 (ESSAI 13)


100 kN E/B = 0,1 (ESSAI 14)
80 Semelle 100 E/B = 0,2 (ESSAI 15)
Essai 16 - Labenne
E/B = 0,3 (ESSAI 16)
100
120
a) évolution de la base de la fondation b) enfoncement du point d’application
de la charge : courbe de chargement

Fig. 11.5. Chargement vertical excentré d’une semelle superficielle [11 Canépa 2004]

EYR2212118902_Fondations.indb 392 07/01/2019 11:25


Description, comportement et principes de justifications | 393

On note par ailleurs que la fondation pivote autour d’un axe fictif, fonction de l’excentricité
relative E /B.
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d d
B L
Code Nature sol
E Sable
2,0 Limon
Sable rapporté E
1,5 d

1,0

0,5
B ou L
E/B
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 E/L

Fig. 11.6. Position de l’axe de rotation de la semelle en fonction de l’excentricité de la charge [11 Canépa 2004]

11.1 .2.5. Comportement sous charge inclinée


Dans le cas d’une charge inclinée appliquée sur une semelle, on constate une diminution de
la charge de rupture lorsque l’inclinaison de la charge augmente. Les mécanismes de rupture
sont illustrés ci-après :

δ = 5 degrés

δ = 10 degrés

δ = 20 degrés

δ = 30 degrés

Fig. 11.7. Semelle filante sous charge inclinée et centrée : mécanismes de rupture pour différents angles d’inclinaison
de la charge [11 Magnan 2004]

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394 | Fondations superficielles

11.1 .2.6. Comportement en bord de pente


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Une fondation située à proximité d’une crête de talus (c’est-à-dire à moins de 6 à 8 fois son
diamètre) subit une baisse de sa capacité portante. Cette baisse est d’autant plus marquée que
la semelle est proche de la crête et que le talus est incliné.

G Fondation

sh
TN
sv
sh
sv
1,1 sh
1,2 sh
0,3 sv sv : enfoncement vertical de la semelle
sv = 0
sh : déplacement horizontal de la semelle
G : charge verticale centrée
β : inclinaison du talus
β

Fig. 11.8. Exemple de mécanisme de rupture moyen d’une fondation en crête de talus, extrait de [NF P94-261 2013]

11.1.3. Principes de justification d’une semelle superficielle


Les contraintes réellement transmises au sol par la semelle devront d’une part, être compa-
tibles avec le risque de rupture du sol et d’autre part, n’entraîner que des tassements
acceptables.
Ces principes de base sont traduits dans les règlements actuels par des vérifications à réaliser
sous les États limites ultimes (ELU) ou de service (ELS).
Ils sont classés selon les états STR, GEO, UPL, HYD définis dans le chapitre 7.
À l’ELU, les vérifications portent sur :
• la capacité portante du sol ;
• l’excentricité du chargement par rapport à la semelle ;
• le glissement à la base de la fondation.
Ces vérifications sont effectuées suivant l’approche de calcul 2, préconisée par l’annexe natio-
nale française NF P94-251-1/NA de l’Eurocode 7. L’approche 3, admise par ce même docu-
ment, s’utilise pour des vérifications de stabilité générale ou d’ensemble et pour les analyses
numériques d’interaction sol-structure.
Bien entendu, la stabilité générale du site doit être assurée notamment pendant et après la
réalisation de l’ouvrage.
Des vérifications structurelles sont aussi nécessaires. Ces dernières ne sont pas développées
dans cet ouvrage mais portent sur :
• la structure même de la fondation ;
• la solidité de l’ouvrage vis-à-vis des déformations sous les fondations.
L’aspect durabilité vis-à-vis de l’agressivité du milieu (sol et eau) est néanmoins développé au
chapitre 12.

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Capacité portante du sol | 395

Tableau 11.1. Vérifications à faire à l’ELU [NF P94-261 2013]


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Projet État-limite Situation du projet Combinaison d’actions


(caractère)

GEO : stabilité générale du site


Exécution
GEO : poinçonnement
(Transitoire)
Tous les projets GEO : excentrement du chargement et
Exploitation
GEO : glissement Fondamentale
(Durable)
STR : structure de la fondation et/ou
Exploitation
GEO : tassement / rotation
Selon le cas (Transitoire)
UPL : soulèvement

Selon le cas GEO / STR Accidentelle (choc) Accidentelle

À l’ELS, les vérifications portent sur :


• les déplacements ;
• la capacité portante du sol ;
• l’excentricité du chargement ;
• la structure de la fondation.

Tableau 11.2. Vérifications à faire à l’ELS [NF P94-261 2013]

Projet État-limite Situation du projet (caractère)

GEO : tassement / rotation / tassement différentiel

GEO : excentrement du chargement Quasi permanent


Tous les projets
GEO : limitation de la charge transmise au terrain et/ou caractéristique

STR : structure de la fondation

11.2. Capacité portante du sol


11.2.1. Comportement du sol à la rupture
Les études sur modèles réduits ont permis de mettre en évidence plusieurs zones de sol dans
lesquelles le comportement est différent pendant la phase de rupture. C’est ainsi que trois
zones principales peuvent être distinguées (figure 11.9) :
• la zone I est située directement sous la fondation. Le sol fortement comprimé est en équi-
libre surabondant et se déplace avec la fondation. Il forme un coin limité par les points A,
B et C ;
• la zone II est refoulée vers la surface ; les déplacements et cisaillements sont très importants
et il s’y produit une rupture généralisée ;
• dans la zone III, le sol est peu ou pas perturbé par la rupture.

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396 | Fondations superficielles

En pratique, les sols n’étant pas homogènes et les charges n’étant pas rigoureusement centrées,
il se produit généralement un poinçonnement par rupture dite localisée avec basculement de
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la fondation d’un côté ou de l’autre.

Qu

II II

A B
I

C
III

Fig. 11.9. Schéma de rupture d’une semelle

11.2.2. Formulation générale et coefficients de sécurité


À l’ELU, la formulation générale pour la vérification de la capacité portante est :
A´· qnet
Vd − R0 ≤ Rv;d = (1)
γR;v· γR;d;v
et R0 = A · q0
avec :
• Vd : valeur de calcul de la composante verticale de la charge transmise par la fondation
superficielle au terrain ; Vd doit inclure les charges s’appliquant à la fondation superficielle,
le poids de la fondation superficielle située sous le terrain après travaux ainsi que le poids
des sols situés entre la fondation superficielle et le terrain après travaux ;
• Rv;d : valeur de calcul de la résistance nette du terrain sous la fondation superficielle ;
• R0 : valeur du poids du volume de sol constitué du volume de la fondation sous le terrain
après travaux et des sols compris entre la fondation et le terrain après travaux ;
• A est la surface totale de la base de la fondation superficielle ;
• q0 est la contrainte totale verticale que l’on obtiendrait à la fin des travaux à la base de la
fondation superficielle en l’absence de celle-ci.
La figure 11.10 illustre les valeurs de R0 et q0 pour différentes configurations.
• A´ est la surface effective (comprimée) de la semelle ;
La surface A´ est une surface réduite de la surface de la fondation, déterminée suivant le
modèle de Meyerhof, illustré sur la figure 11.11 ci-après pour une semelle rectangulaire, eb
et eL représentant les excentricités par rapport au centre de la semelle et suivant les deux
axes principaux, de l’effort axial résultant.
e e
( )(
A´ = A · 1 − 2 b · 1 − 2 L
B L ) (2a)

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Capacité portante du sol | 397

Niveau terrain fini Niveau terrain initial


Niveau terrain initial A Niveau terrain fini
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D A
q0 D

L L
Semelles filantes

Niveau terrain Niveau terrain fini


fini
A
D
q0 A A A
Niveau terrain fini
D q0
Radier rigide

Fig. 11.10. Illustration de R0 = A · q0 – exemple de cas

L´ = L − 2 eL

F
B´ = B − 2 eb eb
B

eL

Fig. 11.11. Illustration de la surface effective A´ – Modèle de Meyerhof

• qnet est la contrainte associée à la résistance nette du terrain sous la fondation superficielle.
Sa détermination dépend des paramètres retenus pour caractériser les sols (pl, qc, cu, c´, φ´)
et sera détaillée dans les paragraphes suivants ;
• γR;v est le facteur partiel permettant de passer de la valeur de calcul de la résistance nette
du terrain à sa valeur caractéristique. Pour l’approche de calcul 2, γR;v vaut 1,4 à l’ELU
pour des situations durables et transitoires (combinaison fondamentale) et 1,2 pour une
combinaison accidentelle. La portance sous combinaisons sismiques est traitée
spécifiquement ;
• γR;d;v est le coefficient de modèle associé à la méthode de calcul utilisée.

À l’ELS, la vérification de la charge portante est un critère de limitation de la charge de


manière à :
• prévenir les phénomènes de fluage ;
• vérifier que le calcul de tassement a été réalisé dans une gamme de chargement
acceptable.
Pour cela, l’inégalité (1) doit toujours être satisfaite, mais avec le coefficient γR;v de 2,3 sous
les combinaisons ELS quasi permanentes et caractéristiques. Pour les ELS fréquents, aucune
vérification n’est exigée dans la norme NF P94-261.

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398 | Fondations superficielles

Les jeux de coefficients partiels à utiliser pour les vérifications de portance et le facteur résul-
tant de leur produit sont synthétisés au tableau 11.3.
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Tableau 11.3. Facteurs partiels et coefficients de modèle aux ELU et aux ELS

Méthode de calcul γR;d;v γR;v · γR;d;v

ELU ELU ELS


combinaison combinaison quasi permanent
fondamentale accidentelle et caractéristique

γR;v = 1,4 γR;v = 1,2 γR;v = 2,3

cu – méthode analytique (sols


1,2 1,68 1,44 2,76
cohérents en conditions non drainées)

c´ et φ´ – conditions drainées 2,0 2,8 2,4 4,6

calage
c´ et φ´ – méthode numérique – – –
spécifique

Méthode pressiométrique 1,2 1,68 1,44 2,76

Méthode pénétrométrique statique 1,2 1,68 1,44 2,76

Pour les fondations superficielles supportant des murs-poids, des niveaux de déformations
plus conséquents sont acceptables. Les facteurs partiels à considérer sont alors différents (voir
chapitre 13). À noter que si le mur-poids est amené à supporter des charges provenant des
fondations d’un autre ouvrage, il convient alors d’appliquer pour les fondations du mur les
facteurs partiels présentés au tableau 11.3.

Nota : Calcul de la surface comprimée A´ :


1. Pour une semelle filante de largeur B considérée sur une longueur L, la surface A´ vaut pour
un excentrement e de la charge :
( e
A´ = L · B · 1 − 2
B ) (2b)

2. Pour une semelle circulaire de rayon R, la surface A´ vaut pour un excentrement e de la


charge :

( ( ) )
e
cos−1
A´ = π ·R 2 · 2
π
R − 2e · 1 − e 2
π ·R R ( ) (2c)

3. Les formules ci-dessus sont basées sur le calcul de la charge admissible à l’ELU ou à l’ELS
d’une semelle de fondation. Il est également possible de s’exprimer en contrainte admissible σR ;d
(égale à RV;d /A´) et en contrainte appliquée σV;d (égale à Vd /A´).
4. Il est possible d’adopter une répartition des contraintes sous une semelle suivant un
diagramme trapézoïdal ou triangulaire (au lieu d’une répartition homogène suivant Meyerhof ),
illustrée par le tableau 11.4 ci-dessous pour une semelle filante. Dans ce cas, la contrainte de
calcul est prise égale à la contrainte aux trois quarts de la répartition (trapézoïdale ou
triangulaire).

EYR2212118902_Fondations.indb 398 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 399

Tableau 11.4. Schéma de trapèze/triangle de la contrainte sous une semelle filante


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e ≤ B/6 e > B/6

B/4 3B/4 B´

qmin = 0

qmin

qref qref = 3 qmax


qmax 4
qmax

qref =
Vd
B (·1+
3e
B ) qref =
Vd
B − 2e

11.2.3. Méthodes fondées sur les propriétés de cisaillement du sol

11.2.3.1 . Méthode analytique – Conditions drainées


La charge limite de la fondation est déterminée en superposant trois états de résistance illus-
trés par la figure 11.12 :
• l’action de la résistance au frottement du sol sous le niveau de la semelle, entraînant une
certaine résistance Q γ , γ2 étant le poids volumique des terres sous le niveau de la semelle ;
• l’action des terres situées au-dessus du niveau des fondations est supposée agir comme une
surcharge q0 = γ1·D (ou q´0 = γ´1·D le cas échéant) sur un milieu non pesant, d’où une résis-
tance Q p , γ1 étant le poids volumique des terres au-dessus du niveau de la semelle ;
• l’action de la cohésion, d’où une résistance Q c.
La charge limite de la fondation sera Q u = Q γ + Q p + Q c et la contrainte limite qu = qγ + qp + qc
avec qu = Q u /S.
De nombreux auteurs ont résolu le problème en faisant des hypothèses différentes sur la rugo-
sité de la semelle et la forme de la zone en équilibre limite, c’est-à-dire sur l’allure des surfaces
de glissement. Bien que les valeurs numériques soient parfois assez différentes, toutes ces
études conduisent à la formule générale (3a) en contraintes totales.
qu = 0,5 sγ · γ2 · B · Nγ + sq · q0 · Nq + sc · c · Nc (3a)
• le premier terme est appelé terme de surface : il est proportionnel à B ;
• le deuxième est appelé terme de profondeur : il est proportionnel à D ;
• le troisième est appelé terme de cohésion : il est proportionnel à c ;
• sγ, sq et sc sont des coefficients dépendant de la forme des fondations ;
• Nγ, Nq, Nc sont les facteurs de capacité portante qui dépendent uniquement de l’angle de
frottement interne φ.

EYR2212118902_Fondations.indb 399 07/01/2019 11:25


400 | Fondations superficielles


Terme de
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γ2 ≠ 0
surface
φ≠ 0
B c= 0

Qp
Terme de
profondeur γ2 = 0
φ≠ 0
Q0 = γ1· D c= 0
D

Qc
Terme de
cohésion γ2 = 0
φ= 0
c≠ 0

Fig. 11.12. Décomposition de la charge ultime

En introduisant pour chacun de ces trois termes les coefficients bc, bq, bγ relatifs à l’inclinaison
de la base de la semelle, ainsi que les coefficients ic, iq, iγ relatifs à l’inclinaison de la charge,
on retrouve la formulation de la norme NF P94-261, en contraintes effectives :
qnet = 0,5 sγ · γ´· B´· Nγ · bγ · iγ + sq· (q´0 + q) · Nq· bq· iq + sc· c´· Nc· bc· ic − q´0 (3b)
avec c´ : valeur de cohésion effective du sol d’assise de la fondation ;
γ´ : poids volumique effectif du sol ;
B´ : largeur effective de la fondation, illustrée dans la figure 11.11 ;
 q´0 : la contrainte effective à la base de la fondation après les travaux en faisant abstrac-
tion de celle-ci ;
q : pression de surcharge au niveau de la base de la fondation ;
bc, bq, bγ : les coefficients de base inclinée ;
ic, iq, iγ : les coefficients d’inclinaison de la charge.

Remarque
Les formulations de Nγ , Nq et Nc ainsi que sγ , sq, sc présentées jusqu’ici sont celles proposées dans l’annexe
informative F de la norme NF P94-261. Comme précédemment indiqué, d’autres expressions existent, sans
qu’il ne soit possible d’en privilégier une plutôt qu’une autre. On pourra apprécier le panel des formules en
se référant à [11 Magnan 2004].

EYR2212118902_Fondations.indb 400 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 401

Les facteurs de portance, les coefficients de base et de forme de la fondation et les coefficients
d’inclinaison de la charge sont déterminés selon les formules du tableau 11.5.
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Tableau 11.5. Facteurs de portance et coefficients sur l’inclinaison de la base, la forme de la fondation
et l’inclinaison de la charge

Terme de surface Nγ Terme de surcharge Nq Terme de cohésion Nc

Nγ = 2 (Nq − 1) · tan φ´ Nq = eπ·tan φ´· tan2 ( 4π + φ´2 ) Nc =


Nq − 1
tan φ´

Valeurs de : Nγ Nq Nc

selon φ´ (°)

0 0 1,0 5,1
15 1,6 3,9 10,9
20 3,9 6,4 14,8
25 9,0 10,7 20,7
30 20,1 18,4 30,1
35 45,2 33,3 46,1
40 106 64,2 75,3
45 268 135 134

B´ B´ sq·Nq − 1
Forme sγ = 1 − 0,3 sq = 1 + · sin φ´ sc =
L´ L´ Nq − 1

Inclinaison 1 − bq
bγ = (1 − α · tan φ´)2 bq = (1 − α · tan φ´)2 bc = bq −
de la base Nc· tan φ´

( H
) ( H
) 1 − iq
m+1 m
Inclinaison iγ = 1 − iq = 1 − ic = i q −
de la charge V + A´·c´/tan φ´ V + A´·c´/tan φ´ Nc· tan φ´

α représente l’inclinaison de la base de la fondation par rapport à l’horizontale

La valeur de l’exposant m est déterminée selon les expressions suivantes :


B´ B´ B´

H
L´ L´ L´
θ
H H
L L L

B B B
Composante horizontale Composante horizontale Dans les autres cas :
dans la direction de B´ : dans la direction de L´ :
B´ L´
2+ 2+
m = mB = L´ (4a) m = mL = B´ (4b) m = mθ = mL· cos2θ + mB· sin2θ (4c)
B´ L´
1+ 1+
L´ B´

Fig. 11.13. Expressions de la valeur m

EYR2212118902_Fondations.indb 401 07/01/2019 11:25


402 | Fondations superficielles

11.2.3.2. Méthode analytique – Conditions non drainées


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Dans les sols fins saturés, φ étant égal à 0 en conditions non drainées, la valeur minimale du
terme de cohésion Nc vaut π + 2 (soit 5,14). Les valeurs de Nγ  et Nq retenues au tableau 11.5
valent respectivement 0 et 1.
La formule (3b) devient donc naturellement :
qnet = (π + 2) · cu · sc · bc · ic + q (5)
cu est la cohésion non drainée, q est la pression de surcharge au niveau de la base de la fonda-
tion et sc, bc et ic sont définis par les formules suivantes :

sc = 1 + 0,2 (6a)


bc = 1 − (6b)
π+2

ic =
1
2(1+ 1−
H
A´· cu ) avec H ≤ A´· cu (6c)

11.2.3.3. Méthode analytique – Prise en compte de la proximité d’un talus


La diminution de la portance d’une semelle située à proximité d’un talus peut être traitée de
façon similaire aux méthodes pressiométrique et pénétrométrique.
La méthode retenue dans la norme NF P94-261 est développée au chapitre 11.2.4.1.5.

11.2.3.4. Méthodes numériques


La norme d’application nationale de l’Eurocode 7 introduit la possibilité de justifier la
portance d’une fondation superficielle en ayant recours à des méthodes numériques, telles
que la méthode des éléments finis ou des différences finies.
Il n’est pas prévu de développer ici l’éventail des possibilités offertes par ces méthodes. Nous
insisterons plutôt sur l’impérieuse nécessité de s’étalonner sur des résultats déjà connus et
éprouvés, soit à partir d’essais en grandeur réelle, soit plus couramment sur des méthodes de
calculs déjà reconnues. Les méthodes numériques n’ont donc d’intérêt réel que pour étudier
des configurations complexes que les méthodes classiques ne couvrent pas. Là encore, une
analyse fine des résultats est nécessaire. Suivant la complexité et les enjeux, des vérifications
a posteriori peuvent s’avérer indispensables.
En deux mots, le bon sens et l’œil critique du praticien sont impératifs pour garder le recul
nécessaire sur l’apparente certitude que semblent offrir ces méthodes.

11.2.4. Méthode basée sur les données mesurées in situ


Le géotechnicien est doté d’une variété de sondages in situ pour caractériser au mieux les sols
en fonction de ses besoins. Un de ses besoins premiers étant de connaître la charge que peut
supporter un sol sur lequel il est prévu de construire un ouvrage, il est naturel de chercher un
lien direct entre les données mesurées in situ et sa capacité portante.
En France, la norme NF P94-261 fournit tous les éléments permettant de calculer la portance
ultime à partir des méthodes pressiométriques et pénétrométriques statiques. D’autres

EYR2212118902_Fondations.indb 402 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 403

méthodes de calcul seront aussi développées dans ce document. L’utilisation de ces dernières
en France à des fins de dimensionnement nécessite de passer par une étape de validation.
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La diversité des méthodes de calculs associées aux différents sondages permettra de s’assurer
de la cohérence des résultats obtenus (de même que la diversité des sondages sur un même site
est propice à enrichir et à affiner la connaissance du terrain).

11.2.4.1 . Méthode pressiométrique


La contrainte qnet du terrain sous une fondation à base horizontale est déterminée par la
formule (7) :
qnet = kp · p*le · iδ · iβ (7)
avec kp : facteur de portance pressiométrique ;
p*le : pression limite nette équivalente ;
 iδ : coefficient de réduction de portance lié à l’inclinaison du chargement (valant 1 si la
charge est verticale) ;
 iβ : coefficient de réduction de portance lié à la proximité d’un talus (valant 1 si la fonda-
tion est suffisamment éloignée du talus).
La formule générale (1) devient alors :
A´· kp· p*le· iδ · iβ
Vd − A · q0 ≤ Rv;d = (8)
γR;v· γR;d;v
Et le tableau 11.3 se résume à :
Tableau 11.6. Facteur partiel et coefficient de modèle aux ELU et aux ELS – méthode pressiométrique

Méthode de calcul γR;d;v γR;v · γR;d;v

ELU ELU ELS


combinaison combinaison quasi permanent
fondamentale accidentelle et caractéristique

γR;v = 1,4 γR;v = 1,2 γR;v = 2,3

Méthode pressiométrique 1,2 1,68 1,44 2,76

Remarque
Le cas d’une semelle présentant une base inclinée est traité au paragraphe 11.2.4.1.6.

11.2.4.1 .1 . Pression limite nette équivalente p*le


La valeur de p*le est définie comme la moyenne géométrique des pressions limites nettes carac-
téristiques ou représentatives sur une épaisseur hr sous l’assise de la fondation.
n n
p*le = ∏ p*l;k;i (9)
i =1
où p*l;k;i représente la valeur caractéristique ou représentative de la pression limite nette dans
la couche i.
Le choix des pressions limites nettes représentatives doit provenir d’une analyse issue de
l’ensemble des données exploitables, en gardant à l’esprit que ce sont les couches de sols les
moins compactes qui limitent la portance du terrain.

EYR2212118902_Fondations.indb 403 07/01/2019 11:25


404 | Fondations superficielles

La norme NF P94-261 rappelle aussi que pour des valeurs de pression limite nette équiva-
lente faibles (inférieures à 0,2 MPa pour les argiles et les limons et inférieures à 0,3 MPa pour
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les sables), il convient de s’assurer que la portance du sol sous la fondation superficielle est
pérenne.
B/2
La détermination de p*le nécessite aussi de définir hr.
Sous ELS, la valeur de hr à retenir est hr = 1,5 B. B/4 e
Sous ELU et pour les justifications au séisme, la
valeur de hr dépend de l’excentrement de la charge,
selon la représentation suivante pour une fondation
hr
filante.

1,5 B

Fig. 11.14. Illustration de la variation de hr


en fonction de e pour une semelle filante
Les formules sont rappelées ci-après : de largeur B
• Semelles filantes de largeur B :
2e 1 2e 1
hr = 1,5 B si 1 − ≥ et hr = 3 B − 6 e si 1 − < (10a)
B 2 B 2
• Fondations circulaires de diamètre B :
2e 9 8 B 16 e 2e 9
hr = 1,5 B si 1 − ≥ et hr = − si 1 − < (10b)
B 16 3 3 B 16
• Pour les fondations rectangulaires de largeur B et de longueur L :


2e
(
hr = 1,5 B si 1 − B · 1 − L ≥
B )(
2e
L
1
2 ) et


2e
( 2e
hr = min(3 B − 6 eB; 3 L − 6 eL;1,5 B) si 1 − B · 1 − L <
B L )(
1
2 ) (10c)

11.2.4.1 .2. Facteur de portance pressiométrique kp


La détermination de kp nécessite au préalable d’introduire la hauteur d’encastrement
équivalente De.
1 D
De = · p*(z)· dz
p*le d = 0 l ∫ (11)

De est une valeur conventionnelle, inférieure ou égale


à D, qui permet de pondérer les épaisseurs de terrains
suivant leur compacité.
D
De

Fig. 11.15. Illustration de la valeur de De

EYR2212118902_Fondations.indb 404 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 405

La valeur de kp peut alors être déterminée en utilisant la figure 11.16 suivante. Les courbes Q1
à Q8 sont définies en fonction de la nature des sols et du type de semelle selon le tableau 11.7 :
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Tableau 11.7. Choix des courbes Q1 à Q8 - méthode pressiométrique

Argiles et limons Sables et graves Craies Marnes et


marno-calcaires
Argiles limoneuses – limons Sables argileux – sables – Roches
argileux – argiles sableuses limoneux – limons sableux altérées

Semelle filante Q1 Q3 Q5 Q7

Semelle carrée Q2 Q4 Q6 Q8

2,0
Q8 - marnes et marno-calcaires - roches altérées - semelles carrées

Q7 - marnes et marno-calcaires - roches altérées - semelles filantes


1,8 Q2 - argiles et limons - semelles carrées

Q1 - argiles et limons - semelles filantes


Q8
1,6 1,6

1,4 1,4
Q7
kP

1,2
Q2
1,12
1,02
1,0 Q1

0,8

0,6
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
De/B
2,0

Q6
1,8
1,77

Q4
1,6 1,58
Q5 1,52

1,4 1,39
Q3
kP

1,2

1,0
Q6 - craies - semelles carrées

Q5 - craies - semelles filantes


0,8
Q4 - sables et graves - semelles carrées

Q3 - sables et graves - semelles filantes

0,6
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
De/B

Fig. 11.16. Détermination de kp pour des semelles filantes et carrées

EYR2212118902_Fondations.indb 405 07/01/2019 11:25


406 | Fondations superficielles

La valeur de kp pour des fondations de forme rectangulaire est alors fonction du rapport B/L,
des valeurs de kp d’une semelle carrée (B/L = 1) et des valeurs de kp d’une semelle filante
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(B/L = 0), selon la formule suivante :


kp;B/L = kp;B/L=0 · 1 −
B
L ( B
)
+ kp;B/L=1 ·
L
(12)

11.2.4.1 .3. Coefficient de réduction lié à l’inclinaison du chargement


On définit l’inclinaison du chargement δd par :
δd = arctan ( )
Hd
Vd
(13)

avec Hd valeur de calcul de l’effort horizontal ;


Vd valeur de calcul de l’effort vertical.
Une fois définie la valeur de δd, le coefficient de réduction iδ se calcule suivant les formules
suivantes.
• Pour des sols purement cohérents, on retient :


2δ 2
iδ;c;De/B = 1 − d
π ( ) (14)

• Pour des sols purement frottants, deux formules sont utilisées suivant la valeur de l’incli-
naison de chargement :

et
π (
2δ 2 2δ
π ) ( )

π
De
iδ;f;De/B = 1 − d − d · 2 − 3 d · e− B pour δd <
π
4
(15a)


2δ 2
( ) ( )
2 δ 2 De
iδ;f;De/B = 1 − d − 1 − d · e− B pour δd ≥
π π
π
4
(15b)

• Pour des sols à la fois cohésifs et frottants, les deux formules précédentes sont associées de
la façon suivante :
iδ;cf;De/B = iδ;f;De/B + (iδ;c;De/B − iδ;f;De/B)· 1 − e ( − α·c
γ ·B · tan φ
) (16)

avec α : paramètre de calage égal à 0,6.


Un exemple est donné ci-après avec c = 10 kPa, φ = 30° et De /B = 0,5.
1
0,9 Sol purement cohérent
Sol cohérent et frottant avec De/B = 0,5
0,8
Sol purement frottant avec De/B = 0,5
0,7 Sol purement frottant avec De/B = 0

0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Inclinaison de la charge (degrés)

Fig. 11.17. Exemple de variation du coefficient de réduction (en ordonnée) en fonction de l’angle d’inclinaison
de la charge en degrés (en abscisse). Calcul pour une cohésion de 10 kPa et un angle de frottement de 30°

EYR2212118902_Fondations.indb 406 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 407

L’application de ces formules amène aux remarques suivantes :


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• Pour des sols purement cohérents, le coefficient de réduction iδ dépend uniquement de


l’inclinaison de la charge. Il ne découle donc ni de l’encastrement ni de la valeur de cohé-
sion (néanmoins l’encastrement intervient dans la valeur de kp et la cohésion plus ou
moins directement dans la valeur de qnet).
• Pour des sols purement frottants, le coefficient de réduction iδ ne dépend pas de l’angle de
frottement, mais de l’inclinaison de la charge et de l’encastrement relatif de la fondation
(la figure 11.17 présente la courbe des valeurs calculées pour De /B = 0 et De /B = 0,5).
• La valeur de iδ pour un sol purement frottant avec De /B = 0 est un minorant des valeurs
possibles.

• ( 2δ 2
)
La valeur de iδ;c;De/B = 1 − d , correspondant à un sol purement cohérent, est un majo-
π
rant des valeurs de iδ pouvant être calculées.

11.2.4.1 .4. Coefficient de réduction liée à la présence d’un talus de pente β


Les paramètres principaux sont définis par l’illustration suivante :

β β < π/4

Fig. 11.18. Fondation superficielle à proximité d’un talus [NF P94-261 2013]

Le talus est réputé avoir une influence sur la portance de la fondation jusqu’à d = 8 B.

Les formules suivantes sont utilisées :


• pour des sols purement cohérents :
iβ;c;De/B = 1 −
β
π (
· 1−
d 2
8B )
pour d < 8 B (17)

• pour des sols purement frottants :

( )
De 2
d+
tan β De
iβ;f;De/B = 1 − 0,9 tan β ·(2 − tan β)· 1 − avec d + < 8B (18)
8B tan β
• pour des sols à la fois cohésifs et frottant, les deux formules précédentes sont associées de
la façon suivante :
iβ;cf;De/B = iβ;f;De/B + (iβ;c;De/B − iβ;f;De/B)· 1 − e ( − α·c
γ ·B · tan φ
) (19)

avec α : paramètre de calage égal à 0,6.

La méthode est aussi valable pour les méthodes au pénétromètre statique et celles fondées sur
les paramètres de cisaillement.

EYR2212118902_Fondations.indb 407 07/01/2019 11:25


408 | Fondations superficielles

11.2.4.1 .5. Prise en compte simultanée des coefficients iδ et iβ


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Dans le cas de la figure 11.19a, où la charge est inclinée et dirigée vers l’extérieur du talus, la
formule générale s’applique. La résolution complète consiste à multiplier iδ par iβ.

qnet = kp· p*le· iδ· iβ


d

β β < π/4

Fig. 11.19a. Charge dirigée vers l’extérieur du talus

Dans le cas de figure 11.19b, où la charge inclinée est dirigée vers l’intérieur du talus, il
convient de remplacer le produit iδ ·iβ par iδβ.

d
iδβ = min
( )

;i
iδ δ

β β < π/4

Fig. 11.19b. Charge dirigée vers l’intérieur du talus

11.2.4.1 .6. Coefficient de réduction liée à l’inclinaison de la base d’une fondation


Cette configuration se rencontre notamment pour les fondations de bracons retenant des
parois de soutènement.
L’inclinaison de la base de la semelle peut être appréciée en utilisant les formules provenant
des méthodes analytiques.

Remarque
S’il n’existe qu’une formule pour les conditions non drainées, il y a deux formules pour les conditions drai-
nées : une relative au terme de surcharge et de profondeur (bq et bγ) et une relative au terme de cohésion (bc).
La norme ne précisant pas la formule devant alors être appliquée, le jugement d’ingénieur semble permis, à
condition d’y respecter la règle de prudence.

Il est aussi admis d’utiliser les formules liées à la présence d’un talus en assimilant l’inclinaison
de la semelle à celle du talus.

β d
d

Fig. 11.20a. Semelle en présence d’un talus Fig. 11.20b. Semelle inclinée

Des méthodes numériques peuvent enfin être utilisées.

EYR2212118902_Fondations.indb 408 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 409

11.2.4.2. Méthode à partir d’essais au pénétromètre statique


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La contrainte qnet du terrain sous une fondation est déterminée par la formule (20) :
qnet = kc · qce · iδ · iβ (20)

avec kc : facteur de portance pénétrométrique ;


qce : résistance de pointe équivalente ;

iδ : coefficient de réduction de portance lié à l’inclinaison du chargement (valant 1 si la
charge est verticale) ;

iβ : coefficient de réduction de portance lié à la proximité d’un talus (valant 1 si la fonda-
tion est suffisamment éloignée du talus).

La détermination des valeurs de iδ et de iβ a été détaillée avec la méthode pressiométrique


(voir § 11.2.4.1), ainsi que les méthodes permettant d’apprécier l’effet de l’inclinaison de la
base de la semelle.

La formule générale (1) devient alors :


A´· kc· qce· iδ · iβ
Vd − A · q0 ≤ Rv;d = (8bis)
γR;v· γR;d;v

Et le tableau 11.3 se résume à :

Tableau 11.3bis. Facteurs partiels et coefficient de modèle aux ELU et aux ELS – méthode pénétrométrique

Méthode de calcul γR;d;v γR;v · γR;d;v

ELU ELU ELS


combinaison combinaison quasi permanent
fondamentale accidentelle et caractéristique

γR;v = 1,4 γR;v = 1,2 γR;v = 2,3

Méthode pénétrométrique 1,2 1,68 1,44 2,76

11.2.4.2.1 . Résistance de pointe équivalente

La résistance de pointe corrigée qcc(z) est déterminée en écrêtant les valeurs de pointe à
1,3 fois la valeur moyenne qcm. La valeur moyenne est calculée entre D et D + hr.
La détermination de hr est identique à celle développée au § 11.2.4.1.1.

La résistance de pointe équivalente qce est alors obtenue à partir de la formule suivante :
1 D +hr
qce = ∫
· q (z)· dz
hr D cc
(21)

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410 | Fondations superficielles
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qc (courbe lissée)

h qcm 1,3 qcm


qce

hr

z
Fig. 11.21. Illustration de qce d’après [Fascicule n°62 titre V 1993]

11.2.4.2.2. Facteur de portance pénétrométrique

Q6 - craie - marnes et marno-calcaires - roches altérées - semelles carrées

Q5 - craie - marnes et marno-calcaires - roches altérées - semelles filantes

Q4 - sables et graves - semelles carrées


0,5 Q3 - sables et graves - semelles filantes

Q2 - argiles et limons - semelles carrées


0,45
Q1 - argiles et limons - semelles filantes

0,4 Q2
0,38
0,35 0,35
Q1
0,3
0,27
kc

0,25 Q6
0,24
0,21
0,2 Q5
Q4
0,15 0,16
0,14
0,11 Q3
0,1
0,09
0,05

0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
De/B

Fig. 11.22. Détermination de kc pour une semelle filante ou carrée

EYR2212118902_Fondations.indb 410 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 411

Par analogie avec la méthode pressiométrique, la notion d’encastrement équivalente peut être
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introduite à partir du pénétromètre statique, par :


1 D
De = ∫
· q (z)· dz
qce d = 0c
(22)

La valeur du facteur de portance pénétrométrique kc peut être déterminée à partir des courbes
Q1 à Q6 de la figure 11.22. Ces courbes Q1 à Q6 sont définies en fonction de la nature des
sols et du type de semelle selon le tableau 11.8 :

Tableau 11.8. Choix des courbes Q1 à Q6 – méthode pénétrométrique

Argiles et limons Sables et graves Craies Marnes et


marno-calcaires
Argiles limoneuses – limons Sables argileux – sables – Roches
argileux – argiles sableuses limoneux – limons sableux altérées

Semelle filante Q1 Q3 Q5 Q5

Semelle carrée Q2 Q4 Q6 Q6

La valeur de kc pour des fondations de forme rectangulaire est alors fonction du rapport B/L,
des valeurs de kc d’une semelle carrée (B/L = 1) et des valeurs de kc d’une semelle filante
(B/L = 0), selon la formule suivante :
kc;B/L = kc;B/L=0 · 1 −
B
L ( B
)
+ kc;B/L=1 ·
L
(23)

11.2.4.2.3. Semelles, charges et sols inclinés

La diminution de la portance du fait de l’inclinaison de la semelle, de la charge ou de la


présence d’un talus s’évalue de façon similaire à la méthode pressiométrique.

11.2.4.3. Pénétromètre dynamique

La norme NF P94-261 ne présente pas de méthode de dimensionnement à partir des résul-


tats de sondages dynamiques, comme la résistance dynamique de pointe qd, quel que soit le
type de pénétromètre dynamique utilisé (cf. norme NF EN ISO 22476-2).
On rappellera pour mémoire la formule empirique (24) qui ne peut être utilisée que pour
apprécier la faisabilité de fondations superficielles au stade de l’avant-projet sommaire, ou
bien pour contrôler la portance d’un horizon bien connu par ailleurs.
q
qu = d avec kd = 5 à 7 (24)
kd

11.2.4.4. Essais de pénétration au carottier – SPT

Cet essai normalisé (voir chapitre 6) permet d’apprécier l’angle de frottement interne des sols
pulvérulents et donc d’appliquer la théorie de la plasticité exposée précédemment (méthode
des paramètres de cisaillement).

EYR2212118902_Fondations.indb 411 07/01/2019 11:25


412 | Fondations superficielles

Très peu compact

Moyennement
Peu compact
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compact

compact

compact
Assez

Très
140 Nγ 0
Facteur de capacité portante Nγ et Nq N
120 20

Essai standard de pénétration, N


coups/pied (30 cm)
Nq
100 40

80 60

60 80

40

20

0
28 32 36 40 44 Angle de
frottement interne φ
Fig. 11.23. Relations entre les valeurs de SPT, l’angle de frottement interne du sol
et les facteurs de capacité portante

Les abaques des figures 11.24 et 11.25 ci-après proposent une estimation de la contrainte
admissible pour des sables.
Ces abaques, présentés dans la Revue Française de Géotechnique n° 58 [11  Gonin  1992],
tiennent compte d’un coefficient de sécurité global de 3 par rapport à la rupture et ne sont
applicables que si le niveau de la nappe phréatique sous la semelle est au moins à une profon-
deur égale à la largeur de la semelle. La figure 11.25 donne la contrainte admissible pour un
tassement de 1 pouce (2,54 cm).

1,6
50

40
N=

N=

1,4

1,2
Contrainte admissible (MPa)

35
=
N

1,0

0,8
30
N=
0,6
25
N=
0,4
0
N=2
0,2 N = 15
N = 10
N=5
0
0 2 4 6
Largeur B de la semelle (m)
Fig. 11.24. Contrainte admissible en surface d’après NSPT

EYR2212118902_Fondations.indb 412 07/01/2019 11:25


Capacité portante du sol | 413

0,8
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0,7

N = 50 Très dense

Contrainte admissible (MPa)


0,6

N = 50
0,5

N = 40 Dense
0,4

0,3 N = 30

0,2 N = 20 Moyen

0,1 N = 10

N=5 Lâche
0
0 2 4 6
Largeur B de la semelle (m)

Fig. 11.25. Relation entre NSPT, contrainte admissible et largeur de la semelle

11.2.5. Semelles superficielles ancrées dans un bicouche


11.2.5.1 . Présence d’une couche d’argile en profondeur
Cette configuration est assez fréquente ; en particulier lorsque le site est composé d’argile
molle ou peu consistante, une méthode de fondation consiste à substituer le sol sur une
certaine épaisseur par un matériau compacté de bonne qualité et généralement granulaire.
Y. Tcheng [11 Tcheng 1957] a étudié le cas de la présence d’un bicouche constitué d’une
couche de sol pulvérulent de poids volumique γ1 et d’angle de frottement interne φ, surmon-
tant une argile purement cohérente ; il est parvenu aux résultats décrits ci-après.

B N *γ 300

φ = 45° 114
100
40° 49,1
50
D 22,7
20 35°
Couche I
30°
h1 10
5

φu = 0 2
Argile Couche II
cu ≠ 0
1
1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
h1/B

Fig. 11.26a. Définition d’un bicouche Fig. 11.26b. Valeurs de N *γ

EYR2212118902_Fondations.indb 413 07/01/2019 11:25


414 | Fondations superficielles

La résistance ultime de la fondation dépend du rapport h1 /B. Trois cas peuvent être
distingués :
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h (2 + π)·cu
• Si 1 < 1,5  : qu = q0 + (25)
B h
1 − 0,3 1
B
h
• Si 1,5 < 1 < 3,5  : qu = q0 + 0,5 γ1·B ·N *γ + cu·N *c (26)
B
h
avec N *c = 15,75 − 4,5 1 et N *γ donné par la figure 11.26b en fonction de l’angle de
B
frotte­ment interne de la couche supérieure.
h1
• Si > 3,5 : l’influence de la couche d’argile devient négligeable.
B

11.2.5.2. Présence d’un substratum rigide en profondeur


La fondation est ancrée dans une couche d’argile saturée (φu = 0) d’épaisseur h, limitée par
rapport à la largeur B de la semelle (figure 11.27a).
La contrainte de rupture de la semelle continue se déduit de la formule (3a).
qu = q0 + c ·N *c (27)
N *c dépend du rapport B/h et du contact lisse ou rugueux entre la fondation et le sol. Les
valeurs de N *c [11 Mataar 1977] sont données sur la figure 11.27b. Cette figure montre qu’il
faut que le rapport B/h soit grand pour que le substratum induise une augmentation signifi-
cative de la capacité portante.

B/h
TN

D 30
sse

se

γ≠0
eu
li

gu

φ=0
ce

B
ru
a

h c≠0 20
erf

ce
r fa
Int

te
In

Substratum rigide
10

N *c
0
0 5 π+2 10 15 20

Fig. 11.27a et fig. 11.27b. Fondation dans un sol purement cohérent d’épaisseur limitée

11.3. Excentrement admissible des charges


La norme NF P94-261 fournit des valeurs d’excentrement à ne pas dépasser. Ces valeurs sont
rappelées dans le tableau 11.9 et illustrées dans la figure 11.28 pour une semelle filante.

EYR2212118902_Fondations.indb 414 07/01/2019 11:25


Glissement | 415

Tableau 11.9. Valeurs d’excentrement admissibles


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Semelle filante Semelle circulaire Semelle rectangulaire


de largeur B de diamètre B de largeur B et de longueur L

ELU durables et transitoires 1−


2e

B 15
1
1−
2e
B

3
40 (1 − 2Be )·(1 − 2Le ) ≥ 151
B L

ELS quasi permanent et


fréquent
1−
2e 2
B

3
1−
2e 3
B

4 (1 − 2Be )·(1 − 2Le ) ≥ 23
B L

ELS caractéristique 1−
2e 1
B

2
1−
2e

B 16
9
(1 − 2Be )·(1 − 2Le ) ≥ 12
B L

e= 7 B B B
e= e=
15 6 4

ELU durables ELS quasi ELS


et transitoires permanent et caractéristique
fréquent

Fig. 11.28. Illustration des excentrements admissibles pour une semelle filante

En considérant une contrainte de réaction du sol de type triangulaire (voir § 11.2.2), cela
revient à considérer une semelle entièrement comprimée sous ELS quasi permanent et
fréquent ; et à accepter un décollement de 75 % et de 90 % respectivement sous ELS caracté-
ristiques et sous ELU durable et transitoire.

Remarque
Pour des ouvrages de types monopodes (pylônes de télécommunications, fondations d’éoliennes), les soulève­
ments admissibles retenus sous ELU fondamental sont souvent moindres (70 %, voire parfois 50 %). Les
fondations d’éoliennes font par ailleurs l’objet de recommandations spécifiques citées en référence
[11 Cfms 2011], auxquelles on pourra se reporter.

11.4. Glissement
Sous les états limites ultimes, il convient de s’assurer de l’absence de glissement sous la base
d’une fondation par l’application de l’inégalité suivante :
Hd ≤ Rh;d + Rp;d (28)
avec Hd : valeur de calcul de la composante horizontale des efforts appliqués à la base de la
fondation ;
Rh;d : valeur de calcul de la résistance au glissement de la fondation sur le terrain ;
Rp;d : valeur de calcul de la résistance frontale ou tangentielle de la fondation.

EYR2212118902_Fondations.indb 415 07/01/2019 11:25


416 | Fondations superficielles

La contribution de la résistance frontale Rp;d à la résistance au glissement doit faire l’objet de


grandes précautions du fait des incertitudes sur la pérennité de l’épaisseur de terrain dans
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laquelle elle peut être mobilisée. Par ailleurs, la butée maximale ne peut être obtenue que par
des déplacements élevés pouvant être inadmissibles pour la structure portée et associée à la
valeur liée au frottement résiduel. À l’intérieur des bâtiments et pour des fondations coulées
pleines fouilles, il est d’usage de limiter la butée à une valeur de butée hydrostatique (kp = 1)
lorsque l’on prend en compte cette résistance. Pour des fondations superficielles, la norme
NF  P94-261 conseille de négliger dans l’évaluation de la portance les réactions latérales
(frotte­ment sur les faces latérales, butée). La contribution de  Rp;d sera négligée dans ce
chapitre. Pour plus de renseignements, il convient de se reporter à la norme NF P94-261 ou
au chapitre fondations semi-profondes du présent ouvrage.
Rh;d vaut :
• en conditions non drainées : Rh;d = min ( A´· cu;k
γR;h· γR;d;h )
; 0,4 Vd (29a)

Vd · tan δa;k
• en conditions drainées : Rh;d = (29b)
γR;h· γR;d;h
avec A´ : valeur de la surface effective de la semelle telle que présentée dans la figure 11.11,
 Vd : valeur de calcul de la composante verticale de la charge transmise par la fondation
superficielle au terrain ;
γR;h : facteur partiel pour la résistance au glissement de la fondation superficielle ;
γR;d;h : coefficient de modèle lié à l’estimation de la résistance ultime au glissement ;
 cu;k : valeur caractéristique de la cohésion non drainée du terrain d’assise de la
fondation ;
 δa;k : valeur caractéristique de l’angle de frottement à l’interface entre la base de la fonda-
tion et le terrain. δa;k peut être retenue comme égale à l’angle de frottement interne à
l’état critique pour une fondation en béton coulée en place et à 2/3 de l’angle de frotte-
ment interne à l’état critique pour une fondation préfabriquée lisse.
Les coefficients partiels sont présentés dans le tableau 11.10.

Tableau 11.10. Coefficients partiels au glissement

γR;h γR;d;h γR;h · γR;d;h

ELU – situations de projet durables et transitoires 1,1 1,1 1,21

ELU – situations de projet accidentelles 1,0 1,1 1,1

11.5. Justifications sous sollicitations sismiques


Les vérifications et critères de dimensionnement sont présentés dans l’Eurocode 8 partie 5
[11  NF  EN  1998-5  2005]. Conformément aux calculs à l’état limite ultime, les semelles
doivent être vérifiées afin d’éviter la rupture par glissement et la rupture par perte de capacité
portante (article 5.4.1.).

EYR2212118902_Fondations.indb 416 07/01/2019 11:25


Justifications sous sollicitations sismiques | 417

11.5.1. Portance sous sollicitations sismiques


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Pour vérifier la portance sous des situations de projet sismiques, la norme NF  P94-261
renvoie à l’annexe informative F de l’Eurocode 8 partie 5 où il convient de s’assurer que :
c c c´ c
 ) T·(β ·V
(1 − e ·F  )T  ) M·(γ · M
(1 − f ·F  )M
+ − 1 ≤ 0 (30)
N
a
[
 · (1 − m ·F
 )
k k´

−N ]b N
c
[
 · (1 − m ·F
 )
k k´

−N ]d
γ ·N γ ·V γ ·M
 = Rd Ed ; V
avec N  = Rd Ed ; M
 = Rd Ed (30bis)
Nmax Nmax B · Nmax
et NEd : valeur de calcul de l’effort normal (par ml de semelle) sur la base horizontale ;
MEd : valeur de calcul de l’action exprimée en termes de moment (par ml) ;
VEd : valeur de calcul de l’effort tranchant horizontal (par ml) ;
Nmax : capacité portante ultime de la fondation sous charge verticale centrée (par ml) ;
B : largeur de la fondation ;
F   : force d’inertie du sol, sans dimension ;
γRd : coefficient partiel de modèle.

Les différentes variables liées aux caractéristiques de sols, les coefficients partiels et le domaine
d’application sont définis dans le tableau 11.11. Les constantes sont quant à elles données au
tableau 11.12.
Tableau 11.11. Valeurs de Nmax , γM, γRd et F

Sols secs Sols sans cohésion saturés Sols purement cohérents


purement frottants avec accumulation de
ou sols sans cohésion saturés pression interstitielle
sans accumulation de pression
interstitielle

Nmax
1
2 (
a
ρ·g· 1 + v ·B2·Nγ
g ) (π + 2)·
τcu
γM
·B (π + 2)·
cu
γM
·B

ag ρ·ag·S·B ρ·ag·S·B
F g · tan φ´d τcu cu
F = 0 si ag·S < 0,1 g F = 0 si ag·S < 0,1 g F = 0 en situations courantes

1,25 sur tan φ 1,25 1,4


γM
(pour le calcul de Nγ)
Sable lâche Sable moyennement Sable lâche Argile Argile
γRd sec dense à dense saturé non sensible sensible
1,15 1,00 1,5 1,00 1,15
Valable  ≤1
0 <N  ≤1
0 <N
 < (1 − m·F )k´
0 <N
pour  ≤1
V  ≤1
V
avec ag = γI · agR : valeur de calcul de l’accélération du sol pour un sol de classe A
γI : coefficient d’importance
agR : pic de référence de l’accélération du sol pour un sol de classe A
S : paramètre caractéristique du sol
av = 0,5 ag·S : accélération verticale du sol
τcu : résistance au cisaillement cyclique non drainé
cu : cohésion non drainée

EYR2212118902_Fondations.indb 417 07/01/2019 11:25


418 | Fondations superficielles

Tableau 11.12. Valeurs des constantes pour l’expression (30)


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Sol purement cohérent Sol purement frottant

a 0,70 0,92

b 1,29 1,25

c 2,14 0,92

d 1,81 1,25

e 0,21 0,41

f 0,44 0,32

m 0,21 0,96

k 1,22 1,00

k´ 1,00 0,39

cT 2,00 1,14

cM 2,00 1,01

c´M 1,00 1,01

β 2,57 2,90

γ 1,85 2,80

Remarque
Il suffit de comparer les expressions de Nmax avec la méthode analytique pour se rendre compte que Nmax
correspond à une charge verticale appliquée à une semelle filante avec un encastrement nul, sans surcharge.
Il est tentant de généraliser cette expression et donc l’utilisation de la formule (30) à des fondations isolées en
y intégrant les valeurs sγ et sc.

La norme NF P94-261 autorise de calculer Nmax à partir des méthodes pressiométrique et


pénétrométrique (statique).
Tableau 11.13. Valeurs de Nmax, γM, γRd à partir d’essais in situ

Méthode pressiométrique Méthode pénétrométrique

Nmax kp;0 · p*le kc;0 · qce

1 pour les Sables et Graviers 0,09 pour les Sables et Graviers


kp;0 , kc;0 0,8 pour les autres sols 0,27 pour les Argiles et Limons
0,11 pour les autres sols

γM 1,4 1,4

γRd 1,2 1,2

La comparaison de la portance du sol sous conditions statiques et sismiques n’est pas directe,
compte tenu de la diversité des combinaisons possibles entre les torseurs d’efforts, des condi-

EYR2212118902_Fondations.indb 418 07/01/2019 11:25


Justifications sous sollicitations sismiques | 419

tions de sols et des valeurs de F . On se limitera ici à une configuration simple d’une semelle
superficielle non ancrée sous effort vertical et horizontal (moment nul), en négligeant les
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forces d’inertie du sol.

Les graphiques de la figure 11.29 présentent les courbes limites de la capacité portante admis-
sible d’une semelle filante pour des sols cohérents et frottants pour les valeurs suivantes :
• pl = 1 MPa ;
• largeur B = 1 m.

Voici pour exemple :

Sols cohérents Sols frottants


600 600

550 550

500 500
Sismique Sismique

Statique Statique
450 450

400 400

350 350
NEd (kN)

NEd (kN)

300 300

250 250

200 200

150 150

100 100

50 50

0 0
0 50 100 150 0 50 100 150
VEd (kN) VEd (kN)

Fig. 11.29. Capacités portantes sous sollicitations sismiques et statiques sous (NEd, VEd, MEd = 0)

Remarques
1. Pour une charge purement verticale, les capacités portantes admissibles sont égales en statique comme en
sismique. Au contraire, combinées avec des efforts horizontaux, les graphiques montrent que les formules
« statiques » ne sont pas sécuritaires si elles sont utilisées sous les conditions de projet sismique, sans néan-
moins provoquer une erreur très préjudiciable pour la sécurité des structures.
2. Pour des sols frottants, le graphique est donné pour une charge ultime Q1 de kp0·B ·pl = 1 × 1 × 1 000 kN/ml.
Q
Dans les conditions évoquées plus haut et pour une charge ultime Q2 = 1, le couple (NEd2;VEd2) peut être
k
représenté sur le graphique en retenant (NEd2 · k ;VEd2 · k).

EYR2212118902_Fondations.indb 419 07/01/2019 11:25


420 | Fondations superficielles

11.5.2. Glissement sous sollicitations sismiques


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Pour la résistance de l’ouvrage au séisme, les vérifications de non rupture par glissement sont
similaires aux principes énoncés dans l’Eurocode 7 avec :
VEd ≤ FR;d + Ep;d (31)
avec VEd : valeur de calcul de l’effort tranchant horizontal ;
 FR;d : valeur de calcul de la force de frottement entre la base horizontale de la semelle et
le sol ;
Ep;d : résistance sur la face latérale de la semelle due à la butée des terres.

On borne classiquement la participation de la butée des terres à 30 % de la butée passive


totale mobilisable, à condition qu’elle puisse être garantie.
Pour le calcul des forces de frottement FR;d, l’Eurocode 8-5 distingue 2 cas suivant que la base
de la semelle se situe au-dessus ou en dessous de la nappe phréatique.

11.5.2.1 . Fondations situées au-dessus de la nappe phréatique


Pour des fondations situées au-dessus de la nappe phréatique, la force de frottement s’évalue
de la manière suivante :
tan δ
FR,d = NEd · (32)
γM
avec NEd : valeur de calcul de l’effort normal sur la base horizontale ;
δ : angle de frottement de l’interface sol-structure sous la base de la semelle, qui peut être
évalué conformément à l’Eurocode 7-1 (égal à l’angle de frottement à l’état critique pour
une fondation en béton coulée en place et à 2/3 l’angle de frottement à l’état critique
pour une fondation préfabriquée lisse) ;
γM : coefficient partiel de matériau, égal à 1,25.

Remarque
La vérification est donc identique à la formule (29) relative aux conditions statiques et non drainées, mais
avec un coefficient de sécurité de 1,25 (pour 1,21 en ELU fondamental et courant et 1,1 en ELU
accidentel).

11.5.2.2. Fondations situées en dessous de la nappe phréatique


Pour des fondations situées en dessous de la nappe phréatique, il convient d’utiliser les carac-
téristiques non drainées, soit :
FR;d = min
A´· cu;k
γR;h (; 0,4 NEd ) (33)

avec A´ : valeur de la surface effective de la semelle telle que présentée dans la figure 11.11 ;
 cu;k : valeur caractéristique de la cohésion non drainée du terrain d’assise de la
fondation ;
 γR;h : facteur partiel pour la résistance au glissement de la fondation superficielle
(γR;h = 1,1) ;
NEd : valeur de calcul de calcul de l’effort normal sur la base horizontale.

EYR2212118902_Fondations.indb 420 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 421

11.6. Estimation des tassements


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11.6.1. Méthodologie – Contraintes de contact sous la fondation


Après s’être assuré que le critère de rupture est respecté (états limites de mobilisation de la
capacité portante), il convient de vérifier que le tassement de la fondation est acceptable pour
la structure (états limites vis-à-vis des déformations). Une estimation correcte des tassements
est primordiale, car c’est souvent ce critère qui limite les possibilités de fondations sur semelles
superficielles.
Globalement, le problème consiste (figure 11.30) à déterminer la déformation, c’est-à-dire le
tassement  s en tout point d’une semelle de rigidité  EI, chargée et reposant sur un multi-
couche, chaque couche étant définie par une loi de comportement, par exemple une loi
élasto­plastique (Ei, νi, c´i, φ´i).
Cette approche est complexe mais peut être appliquée à l’aide de méthodes aux éléments finis
lorsque l’importance des ouvrages et la complexité du site le justifient.

EI s

E1, ν1, c´1, φ´1

E2, ν2, c´2 , φ´2

Ei, νi, c´i, φ´i

Fig. 11.30. Semelle reposant à la surface d’un multicouche élastoplastique

Afin d’illustrer ce problème, examinons la répartition des contraintes et des déformations


sous une fondation supportant une charge uniformément répartie et reposant sur un milieu
homogène (figure 11.31).
Une semelle parfaitement souple transmet directement la contrainte uniforme au sol ; en
revanche, la déformation, c’est-à-dire le tassement, est variable. Si le domaine élastique est
conservé en tout point du massif, le tassement sera plus élevé au centre qu’au bord ; c’est géné-
ralement le cas pour les sols cohérents (figure  11.31a). Dans les sols pulvérulents, et en
l’absence d’ancrage, il y a plastification du sol au voisinage du bord et le tassement y est plus
important (figure 11.31b).
À l’inverse, une semelle parfaitement rigide entraîne un tassement uniforme et les contraintes
sous la semelle sont variables (figures 11.31c et d).
Le fond métallique d’un réservoir d’hydrocarbure est un exemple de semelle parfaitement
souple. Un puits rempli de gros béton correspond à une semelle parfaitement rigide.

EYR2212118902_Fondations.indb 421 07/01/2019 11:25


422 | Fondations superficielles

Sol cohérent Sol cohérent


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a c
q = Cte
Tassement s = Cte

Sol pulvérulent Sol pulvérulent

b q = Cte d

Tassement s = Cte
Semelle souple Semelle rigide

Fig. 11.31. Répartition des contraintes et des déformations sous une semelle souple et une semelle rigide

Dans les applications courantes, le niveau des contraintes de service est tel qu’il permet de
considérer que le sol reste en tout point dans le domaine élastique (les plastifications locales
éventuelles sont négligées). À partir de cette hypothèse, les trois méthodes les plus couram-
ment utilisées sont les suivantes :
• la théorie de l’élasticité ;
• la méthode d’intégration par tranches ;
• la méthode pressiométrique.

11.6.2. Détermination du tassement par la théorie de l’élasticité –


Coefficient de réaction du sol
Dans certaines configurations simples, l’application directe de la théorie de l’élasticité permet
de déterminer le tassement analytiquement ou à l’aide d’abaques [11 Giroud 1973]. Nous
nous limiterons au milieu élastique homogène semi-indéfini.
Le tassement en un point quelconque d’une semelle reposant à la surface de ce milieu
s’exprime par la formule (34a). Si la semelle est ancrée, la formule approchée (34b) sera appli-
quée (figure 11.32).
1 − ν´2
s = f· ·B · q´ (34a)

1 − ν´2
s = f· ·B ·(q´ − σ´v0) (34b)

avec s : tassement au point considéré ;
B : diamètre ou largeur de la semelle ;
q´ : contrainte effective moyenne appliquée au sol par la semelle ;
 f : coefficient de forme qui dépend de la forme de la semelle, de sa rigidité et, pour les
semelles souples, de la position du point considéré ;
σ´v0 : contrainte effective initiale régnant au niveau de la semelle.

EYR2212118902_Fondations.indb 422 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 423



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s q´
σ´v0
E´, ν´ s
E´, ν´

Fig. 11.32. Semelle rigide dans un milieu élastique semi-indéfini

Remarque
Lorsque des terrassements conduisent à des modifications du niveau du terrain, c’est la contrainte σ´v0 avant
terrassement qui est considérée (création de sous-sols, par exemple), le comportement du sol étant supposé
irréversible. En présence d’argiles, et particulièrement d’argiles gonflantes, il faut cependant tenir compte du
soulèvement provoqué par le déchargement dû aux terrassements.

Les formules (34a) et (34b) peuvent s’écrire comme suit :


q´ − σ´v0 = kv · s (34c)
avec kv : coefficient de réaction verticale du sol.

Le coefficient de réaction verticale du sol relie directement le tassement à la contrainte appli-


quée. Il s’exprime en MPa/m. Pour des sollicitations brèves, il faut remplacer E´ et ν´ par Eu
et νu.

Le coefficient de réaction n’est pas une caractéristique intrinsèque du sol, mais dépend de la
forme et des dimensions de la semelle. D’après (34c), kv est inversement proportionnel à B.

Nota : kv est appelé module de réaction dans la pratique courante, bien qu’il n’ait pas les
dimensions d’un module.

Le coefficient de réaction est souvent mesuré à l’aide d’un essai de chargement à la plaque. Le
module de Westergaard kw est le coefficient correspondant à une plaque rigide de 75 cm de
diamètre (cf. Norme NF P94-117-3). Il est possible de relier le coefficient de réaction verti-
cale kv d’une semelle et le module de Westergaard kw par :
75
kv = g · kw · (35)
B
π
avec g : coefficient de forme =  ;
4f
B : largeur de la semelle (cm).

Le tableau 11.14 fournit les valeurs des coefficients f et g pour les semelles circulaires carrées
ou rectangulaires, souples et rigides.

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424 | Fondations superficielles

Tableau 11.14. Valeurs numériques des coefficients f et g


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f g

Plaque circulaire rigide π/4 1

Centre Bord Moy. Centre Bord Moy.


Plaque circulaire souple
1 2/π 0,85 0,785 1,233 0,924

L/B Centre Bord Moy. Centre Bord Moy.


1 1,12 0,56 0,95 0,70 1,40 0,83
Plaque rectangulaire souple 2 1,53 0,77 1,30 0,51 1,02 0,60
de côté B et L 3 1,78 0,89 1,52 0,44 0,88 0,52
5 2,10 1,05 1,83 0,37 0,75 0,43
10 2,58 1,29 2,25 0,30 0,61 0,35

L/B
1 0,87 0,90
1,2 0,94 0,84
Plaque rectangulaire rigide
1,6 1,07 0,73
de côté B et L
2 1,18 0,665
3 1,40 0,56
5 1,68 0,47

La norme NF P94-261 propose pour les valeurs de f, alors appelé Cf , les coefficients tirés des
abaques de Giroud. Les écarts entre les deux tableaux restent néanmoins à la marge.

Tableau 11.15. Abaques de Giroud, extrait de [NF P94-261 2013]

L/B 1 2 3 5 10
Fondation rigide 0,88 1,21 1,43 1,72 2,18
Bord 0,56 0,76 0,89 1,05 1,27
Fondation souple
Centre 1,12 1,53 1,78 2,10 2,58

Remarques
1. Le module de Westergaard peut être considéré comme un coefficient non drainé dans les sols cohérents et
drainé dans les sols pulvérulents. Il est utilisé, par exemple, pour :
• le dimensionnement des dallages et des chaussées en béton ;
• l’étude des tassements des semelles reposant sur du sable ;
• l’étude des déformations dues à des sollicitations brèves.
2. Il est également possible de réaliser des essais de chargement de longue durée.
3. E. Absi [11 Absi 1972] a également donné des coefficients de forme relatifs à la déformation d’une semelle
rectangulaire soumise à un couple. En milieu élastique, il y a en effet également proportionnalité entre la
rotation de la semelle et la valeur du couple appliqué.
4. K. Terzaghi [11 Terzaghi 1961] a donné des ordres de grandeur du coefficient de réaction pour une plaque
rigide carrée de 30 cm de côté (1 pied carré) et a proposé d’autres formules pour calculer le coefficient de
réaction d’une semelle de forme quelconque.

EYR2212118902_Fondations.indb 424 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 425

11.6.3. Détermination du tassement par la méthode d’intégration


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par tranches

11.6.3.1 . Principe
Lorsque les sols d’assise sont composés de plusieurs couches de compressibilité différente, les
formules précédentes ne s’appliquent plus. La méthode décrite ci-après comporte deux phases :
• la détermination de la répartition des contraintes en profondeur ;
• le calcul du tassement de chaque couche de sol en fonction de la contrainte transmise à la
profondeur concernée et de la compressibilité du sol à cette profondeur. Le tassement total
se calcule ensuite par sommation des tassements dus à chaque couche.
La compressibilité du sol est définie à l’aide d’essais œdométriques, ou bien par corrélation
entre le module œdométrique et le module pressiométrique.

11.6.3.2. Répartition des contraintes en profondeur sous une charge ponctuelle


Il est admis que la répartition des contraintes en profondeur est la même que si le milieu était
homogène. Cette simplification n’entraîne pas d’erreur importante tant qu’il s’agit de sols
meubles pour lesquelles les ordres de grandeur des modules ne sont pas trop différents. Elle
n’est plus valable, par exemple, si une couche rocheuse est intercalée.
Boussinesq (1885) a étudié la répartition des contraintes dans un massif élastique semi-­
indéfini sous l’action d’une force ponctuelle Q appliquée à la surface du massif. Il apparaît,
entre autres, que la contrainte sur une facette horizontale, en un point M situé à la profon-
deur  z, est orientée selon OM (figure 11.33) et que la composante verticale de cette
contrainte σv est donnée par :
3Q
σv = · cos5 θ (36)
2 π · z2

Q = q·ds

θ
σv
M
σ

Fig. 11.33. Contraintes dues à une charge ponctuelle dans un milieu élastique semi-indéfini

Notons que σv ne dépend ni de E ni de ν. La figure 11.34 fournit les courbes d’égale contrainte
verticale appelées bulbes des contraintes ainsi que la répartition des contraintes exercées sur des
plans horizontaux.

EYR2212118902_Fondations.indb 425 07/01/2019 11:25


426 | Fondations superficielles

Q en kN
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0m
80 %

1m 30 %

Courbe d’égale contrainte


2m 10 %
σv = 5 Q
100
3m 5%

z
a) bulbe des contraintes

Q en kN

0m
21 %

11,9 % θ 11,9 %

1,50 m
7,6 %
4,3 % 4,3 %
2,50 m
qz
qz = 4 Q2
27°

π·z
27°

z Répartition simplifiée

b) distribution des contraintes dans un plan horizontal

Remarque : avec les unités indiquées sur la figure, la contrainte s’exprime en kPa.

Fig. 11.34. Répartition des contraintes sous une charge ponctuelle

Plus la profondeur augmente, plus l’intensité de la contrainte diminue, mais plus la zone
influencée s’élargit, l’aire de la surface délimitée par la courbe de répartition des contraintes
sur un plan horizontal restant constante et égale à Q.
Par mesure de simplification, cette répartition est souvent remplacée par une pression
uniforme qz appliquée sur une largeur correspondant à une diffusion en profondeur selon un
cône d’arête inclinée de 27° sur la verticale (2 vertical pour 1 horizontal) tel que représenté
4Q
sur la figure 11.34b. Il s’ensuit que qz = .
π · z2

11.6.3.3. Répartition des contraintes en profondeur sous une semelle souple


Considérons une semelle de surface S et de forme quelconque (figure 11.35). La contrainte
verticale σv en un point M du massif peut être obtenue par l’intégration de la formule (36),
soit :
σv =
S 2
3q
π · z2 ∫
· cos5 θ · ds (37)

Le milieu étant élastique, σv est proportionnelle à q ; il est donc possible de calculer pour
chaque point la valeur numérique du rapport σv /q à l’aide de (37). Ce rapport est appelé
facteur d’influence ; la contrainte σv en est directement déduite.
Cette intégration peut être aisément réalisée par ordinateur, même pour des formes de
semelles complexes et des chargements d’intensité variable sur la surface de la semelle.

EYR2212118902_Fondations.indb 426 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 427

Les valeurs du facteur d’influence pour des semelles simples chargées uniformément sont
données ci-après.
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11.6.3.4. Contrainte dans l’angle d’un rectangle et au centre d’une semelle circulaire
Le tableau de la figure 11.35 donne la valeur du facteur d’influence σv /q à l’aplomb de l’angle
d’un rectangle souple de dimensions B et L.
Ce tableau permet d’obtenir la répartition des contraintes σv en tout point du sol sous une
semelle rectangulaire allant du carré à la semelle infinie, ce qui couvre la plupart des fonda-
tions courantes.
Dans le domaine élastique, il est licite de superposer différents états. Pour déterminer la
contrainte σv à l’aplomb d’un point quelconque A´, il suffit donc d’additionner l’influence
des quatre rectangles chargés I à IV à l’aplomb du point A´.
En particulier, si A´ est le centre de la semelle, les quatre rectangles sont égaux avec B1 = B/2
et L1 = L/2. Le coefficient d’influence global est alors égal à quatre fois celui donné par le
tableau de la figure 11.35 en considérant B1 et L1.

L1 L2
q=1
B1 I II B2 Pour un point A´ intérieur,
prendre la somme des
L4 IV A´ III B3 4 rectangles ayant
A ds = 1 A´ pour sommet.
B4 L3
L B
L>B B1 L2
Z
Pour un point A˝ sur un
L1 I II B2 côté, prendre la somme
des 2 rectangles ayant
M ce point pour sommet.

Fig. 11.35. Facteur d’influence à l’aplomb de la verticale d’un sommet d’un rectangle souple uniformément chargé

De même, le coefficient d’influence à l’aplomb d’un point situé à l’extérieur de la semelle est
obtenu par addition et soustraction d’un certain nombre de rectangles.

EYR2212118902_Fondations.indb 427 07/01/2019 11:25


428 | Fondations superficielles

Les facteurs d’influence à l’aplomb de la verticale du centre d’une surface circulaire souple de
rayon R uniformément chargée sont donnés par le tableau 11.16.
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Tableau 11.16. Facteurs d’influence au centre d’une surface circulaire souple

z/R 0,25 0,5 1 2 4 8


σv /q 0,99 0,91 0,65 0,28 0,09 0,02

11.6.3.5. Effet radier


Étant donné la diffusion des contraintes, à partir d’une certaine profondeur, il y a interférence
entre les contraintes transmises par les différentes semelles d’un même bâtiment ou de
constructions voisines. En profondeur, tout se passe comme si le bâtiment était fondé sur un
radier général : c’est l’effet radier. Il faut tenir compte de cet effet pour le calcul des tassements
lorsque les fondations sont rapprochées et reposent sur des couches compressibles épaisses.

11.6.3.6. Diagramme de répartition des contraintes en profondeur – Méthode des tranches


Considérons une semelle souple ancrée à la profondeur D dans un sol de densité  γ
(figure 11.36).
La nappe est supposée régner à la profondeur hw. On se propose de déterminer le tassement
dans l’axe de la semelle (la démarche est identique pour un point situé en dehors de cet axe).
Il convient de raisonner en contrainte effective, sachant qu’au-dessus de la nappe, les
contraintes totales et effectives sont considérées comme identiques.


D σ´v0 D
hw hw
γ
z+D

γ´ σ´z0 = γ · hw + γ´· [(z + D) − hw]


σ´z1
M M
a) État initial avant construction b) État final

Fig. 11.36. Influence de la semelle sur l’état des contraintes verticales

La figure 11.37 représente la répartition des contraintes au droit de l’axe de la semelle qui
exerce sur le sol une contrainte q´ supposée uniformément répartie. Sur cette figure, la profon-
deur z est comptée à partir du niveau de la semelle.
q´ étant la contrainte sous une semelle souple (éventuellement déjaugée), la comparaison de
l’état initial et de l’état final montre que la construction de la semelle entraîne une surcharge
égale à q´ − σ´v0 au niveau de la fondation.

EYR2212118902_Fondations.indb 428 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 429

La répartition des contraintes en profondeur (courbe II) sous l’action de q´ − σ´v0 est déter-
minée à partir des coefficients d’influence ou par traitement informatique en utilisant directe­
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ment la formule (37).
La courbe III d’état final est obtenue en additionnant à chaque profondeur la contrainte
initiale (courbe I) et l’accroissement de contrainte ∆σz due à la semelle (courbe II).

σ´v0 σ´z0 σ´z1 (q´ − σ´v0) q´ σ´v


0

hw – D

Hi zi

Surcharge (II)

Hn État final (III)


zn
État initial = contrainte verticale
effective (I)

Fig. 11.37. Répartition des contraintes à l’aplomb de l’axe de la semelle

Trois méthodes, toutes fondées sur l’essai œdométrique, sont alors utilisables pour calculer le
tassement de la tranche d’épaisseur Hi (figure 11.37).

Utilisation directe de la courbe de compressibilité


À la profondeur zi sous la semelle, la contrainte verticale est donc passée de la valeur σ´z0 à la
valeur σ´z1. La courbe œdométrique du sol considéré (figure 11.38) permet de déduire les
indices des vides e0 et e1 correspondants.
La variation d’indice des vides est donc ∆e = e0 − e1. Le tassement Δs de la couche d’épais-
seur Hi est donc (voir chapitre 6) :
Δe
Δs = Hi · (38)
1 + e0

e0
e1
Indice des vides

σ´z0 σ´z1 σ´
Fig. 11.38. Utilisation directe de la courbe de compressibilité

EYR2212118902_Fondations.indb 429 07/01/2019 11:25


430 | Fondations superficielles

Utilisation des coefficients Cs et/ou Cc


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Selon le cas, l’application des formules (54) et (55) du chapitre 6 permet d’obtenir ∆s = − ∆H.
La plus complète de ces formules est rappelée ci-après avec les présentes notations (cas où σ´z0
< σ´p et σ´z1 < σ´p) :
Δs = Hi ·
Cs
1 + e0 ( σ´
· log p +
Cc
σ´z0 1 + e0
σ´
· log z1
σ´p ) (39)

Utilisation du module œdométrique


Eoed étant le module sécant entre σ´z0 et σ´z1 (voir chapitres 4 et 6), le tassement de la tranche
se déduit directement de la définition de ce module :
σ´ − σ´z0
Δs = Hi · z1 (40)
Eoed

11.6.3.7. Tassement total – Correction de A. W. Skempton et L. Bjerrum


Le tassement total est obtenu par sommation des tassements Δs des tranches horizontales
depuis la cote 0 sous la semelle jusqu’à une profondeur telle que l’accroissement des contraintes
devienne négligeable ou que la base des couches compressibles soit atteinte.
Jusqu’à présent, il a été supposé que les contraintes dues à la fondation n’entraînaient que des
déformations verticales, comme dans l’œdomètre. Ceci n’est vrai que sous une surface chargée
de grande largeur B par rapport à l’épaisseur H de la couche compressible (figure 11.39a). Le
sol est confiné et ne peut tasser que par réduction de volume.

B
B

p
s
H
H

Δσv
Δσv
Δz
Δz
Δσh
Δh

a) Surface de grande largeur b) Semelle étroite

Figure 11.39. Déformation en profondeur

Lorsque la fondation est étroite, il y a également des possibilités de déformations latérales.


En supposant le chargement appliqué instantanément et le sol argileux, le tassement de la
semelle se décompose en :
• un tassement instantané si dû à une déformation du sol vers l’extérieur de la semelle ; cette
déformation s’effectue à volume constant et met en jeu les caractéristiques non drainées Eu
et νu ;
• un tassement de consolidation sc dû à la dissipation des pressions interstitielles sous la
semelle, et qui va donc évoluer avec le temps.

EYR2212118902_Fondations.indb 430 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 431

Par ailleurs, A. W. Skempton a établi que si le sol est soumis à des variations instantanées de
contraintes, la variation correspondante de pression interstitielle en un point est donnée par
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la formule (41), où Δσ1 et Δσ3 sont les variations des contraintes principales (avec σ2 = σ3)
au point considéré.
Δu = B ·[Δσ3 + A ·(Δσ1 − Δσ3)] (41)
B et A sont des coefficients numériques dits coefficients de pression interstitielle qui dépendent
du sol et peuvent être mesurés à l’appareil triaxial.
Pour des sols saturés, B = 1. La valeur de A est variable et dépend de l’histoire du sol et en
particulier du degré de surconsolidation des sols argileux.
Revenons à la figure 11.39b. Les contraintes Δσv et ΔσH, qui correspondent à Δσ1 et Δσ3
dans l’axe de la semelle, produisent donc des variations de pression interstitielle différentes,
donc des tassements différents selon le type d’argile.
A. W. Skempton et L. Bjerrum [11 Skempton 1967] ont traduit ces observations par la
formule :
sf = si + μ · soed (42)
avec sf : tassement final (hormis le tassement secondaire) ;
si : tassement instantané ;
soed : tassement de consolidation déduit directement de l’œdomètre ;
μ : coefficient dépendant du rapport H/B et du coefficient A du sol.
Le tassement sous la semelle se calcule à partir de l’équation (42) ci-avant.
La valeur de si se déduit de la formule (34bis) en remplaçant E´ et ν´ par Eu et νu = 0,5 ;
Eu peut être déterminé au cours d’un essai triaxial non drainé.
soed est calculé par la méthode des tranches (voir § 11.6.3.6) ; la valeur de μ est donnée par la
figure 11.40.
μ
H = épaisseur de la couche de sol
1,0

0,8

0,6

0,4 H/B = 0,5


H/B = 1
0,2 H/B = 4
A
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0

Fortement Surconsolidée Normalement consolidée Molle très


surconsolidée sensible

Fig. 11.40. Valeur du coefficient μ dans les argiles

Remarques
1. La figure 11.40 montre que le tassement de consolidation dans les argiles raides est beaucoup plus faible
que celui donné par l’application directe de la méthode œdométrique : il est donc indispensable de
procéder à cette correction pour obtenir une estimation réaliste des tassements.
2. Le tassement instantané est souvent négligé.

EYR2212118902_Fondations.indb 431 07/01/2019 11:25


432 | Fondations superficielles

11.6.3.8. Semelle rigide


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Le tassement obtenu à partir de la répartition des contraintes à l’aplomb du centre de la


semelle correspond à une valeur maximale. Si la semelle possède une certaine rigidité, le tasse-
ment moyen sera plus faible. En première approximation, il est possible d’admettre que le
tassement d’une semelle parfaitement rigide est égal à 80 % de celui obtenu au centre de la
semelle souple équivalente.

11.6.4. Calcul des tassements par la méthode pressiométrique


La méthode décrite ci-après [11 Ménard 1975] ne s’applique qu’aux fondations dont la
largeur est faible par rapport à l’épaisseur des couches compressibles (figure 11.39b). Les deux
types de tassements décrits au paragraphe 11.6.3.7 se superposent comme suit :
• un tassement de consolidation sc dans la zone située directement sous la semelle, où les
contraintes normales sont élevées, zone dénommée domaine sphérique par L. Ménard, qui
considère que cette zone peut être limitée à une demi-sphère pour une semelle isolée ou un
demi-cylindre pour une semelle continue ;
• un tassement sd dû à des déformations de cisaillement (déformation du sol vers l’extérieur
de la semelle). Ces déformations se font à volume constant comme dans l’essai pressiomé-
trique. L. Ménard a appelé domaine déviatorique les zones essentiellement affectées par ces
déformations.

Domaine
sphérique ue
Do r iq
m sc to
ain via
e Dé
sd

Fig. 11.41. Domaines déviatorique et sphérique

11.6.4.1 . Formule générale


Le tassement de la semelle s’écrit :
s = sc + sd (43)
α
où : sc = ·(q´ − σ´v0)· λc·B (44a)
9 Ec

sd =
2
9 Ed ( )
·(q´ − σ´v0)·B0· λd ·
B α
B0
(44b)

avec α : coefficient rhéologique ;


q´ : contrainte effective appliquée par la semelle ;
2
B : largeur de la semelle avec B ≥ 0,6 m, sinon sd = ·(q´ − σ´v0)·B0· λdα  ;
9 Ed
B0 : largeur de référence = 0,6 m ;

EYR2212118902_Fondations.indb 432 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 433

Ec et Ed : modules pressiométriques moyens pondérés dans les domaines sphérique et
déviatorique ;
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λc et λd : coefficients de forme fonction du rapport L/B de la semelle.


Les valeurs de α ont été présentées au chapitre 6, tableaux 11 et 12. Les valeurs de λc et λd
sont données dans le tableau 11.17.

Tableau 11.17. Valeurs des coefficients de forme λc et λd

L/B Cercle Carré 2 3 5 20


λc 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5
λd 1 1,12 1,53 1,78 2,14 2,65

11.6.4.2. Valeurs de Ec et Ed
Sol homogène
Ec = Ed = EM (45)
avec EM : module pressiométrique du sol homogène

Sols modérément hétérogènes


La méthode ci-après s’applique à des sols dont les caractéristiques peuvent varier sensible-
ment. Toutefois, elle ne s’applique plus si les couches concernées sont de nature trop contras-
tées (argile de consistance molle et roche, par exemple).
Le sol sous la semelle est découpé en tranches élémentaires fictives d’épaisseur égale à B/2 et
numérotées de 1 à 16 (fig. 11.42).

0 E1
1
B 2 E2
3
2B 4 E3;5
5
3B 6
7 E6;8
4B 8
9
5B 10
11
12 E9;16
6B
13
7B 14
15
16
8B

Fig. 11.42. Formules de Ménard : découpage du sol d’assise en tranches

Ec et Ed sont donnés par les formules :


Ec = E1 (46a)
4 1 1 1 1 1
= + + + + (46b)
Ed E1 0,85 E2 E3;5 2,5 E6;8 2,5 E9;16

EYR2212118902_Fondations.indb 433 07/01/2019 11:25


434 | Fondations superficielles

Les modules Ei;j (par exemple E6;8) sont eux-mêmes obtenus en considérant la moyenne
harmonique des différents modules pressiométriques mesurés à l’intérieur des tranches
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élémentaires i à j.

Remarques
1. La formule (46b) représente une approche particulière de la prise en compte de la diffusion des contraintes
sous la semelle.

2. L’utilisation de la moyenne harmonique moyenne comme valeur représentative découle directement du


fait que les tassements sont inversement proportionnels aux modules.

3. Si une couche très résistante est intercalée, l’application des formules (46a et 46b) est encore acceptable.
En revanche, si une couche peu consistante est intercalée, c’est-à-dire une couche présentant des caracté-
ristiques plus faibles que les autres, son influence doit être prise en compte à l’aide la méthode décrite dans
le paragraphe suivant.

Prise en compte d’une couche peu consistante


Considérons une couche peu consistante d’épaisseur Hpc située à la profondeur zpc sous la
semelle. Elle est caractérisée par son module pressiométrique Epc et un coefficient
rhéologique αpc.
Le calcul comporte les étapes suivantes :
• calcul du tassement de la fondation s = sc + sd à l’aide des formules (44a et 44b) en faisant
abstraction de cette couche molle, c’est-à-dire en adoptant comme module pressiométrique
sur l’épaisseur de cette couche le module moyen des couches voisines, soit Ev (figure 11.43) ;
• calcul de l’accroissement de contrainte effective Δσ´ à la profondeur zpc sous la semelle,
Δσ´  pouvant être déterminé en appliquant le coefficient d’influence correspondant
à q´ − σ´v0 ;
• calcul du complément du tassement Δs dû à la présence de la couche molle et donné par
la formule :

α α
(
Δs = Δσ´· pc − v ·Hpc
Epc Ev ) (47)

q´ − σ´v0
Epc Ev E

Δσ´
zpc
Hpc

Fig. 11.43. Prise en compte d’une couche peu consistante

EYR2212118902_Fondations.indb 434 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 435

11.6.5. Calcul des tassements à partir du pénétromètre statique


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11.6.5.1 . Méthode de Schmertmann


La méthode semi-empirique dénommée méthode de Schmertmann est présentée entre
autres dans l’Eurocode 7 partie 2 et reprise dans la norme d’application nationale française
NF P94-261.
Son domaine d’application se limite à des sols grenus pulvérulents pour des contraintes supé-
rieures à 1,5 σ´v0.
Le tassement total ss est estimé par la formule suivante :
z1
ss ≅ C1·C2·(q − σ´v0)· ∫ C I·E´· dz
0 3
z
(48)

où : σ´v0 et C2 = 1,2 + 0,2 log t


C1 = 1 − 0,5
q − σ´v0
avec C3 = 1,25 pour des fondations carrées et 1,75 pour des semelles filantes avec L > 10 B ;
 E´ vaut 2,5 qc pour des fondations circulaires ou carrées et 3,5 qc pour des fondations
filantes ;
σ´v0 est la contrainte effective initiale à la base de la fondation ;
t est le temps, en années ;
 Iz est un facteur d’influence des déformations verticales calculé entre la profondeur 0
et z1 à partir de la figure 11.44 où :
Izp est le facteur d’influence maximale ;
 σ´vp est la contrainte effective à la profondeur B/2 ou B sous la semelle respective-
ment pour une semelle axisymétrique (circulaire ou carrée) et filante.
Iz
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
0

}
B/2 q − σ’ v0
Izp = 0,5 + 0,1
Profondeur relative sous

σ’vp
le niveau de la semelle

2B 1
2 B

3B
q
σ´v0

4B

Iz facteur d’influence de la déformation verticale sous une semelle rigide


3 σ’vp
1 axisymétrique (L/B = 1)
2 déformation plane (L/B > 10)
4
3 B/2 (axisymétrique) ; B (déformation plane)
4 valeur de Izp pour la profondeur relative considérée sous la semelle

Fig. 11.44. Facteur d’influence des déformations Iz [NF P94-261 2013]

Commentaire : une fois calculé σ´vp (sans la charge q), le graphique doit être modifié en
q − σ´v0
déplaçant le point Izp en abscisse à la valeur de 0,5 + 0,1 (en remplacement de 0,5).
σ´vp

EYR2212118902_Fondations.indb 435 07/01/2019 11:25


436 | Fondations superficielles

11.6.5.2. Utilisation de corrélations


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L’Eurocode 7 et la norme NF P94-261 admettent d’avoir recours à des corrélations entre qc


et les modules de sols. On cite en particulier celles de Sanglerat [11 Sanglerat 1972] reliant qc
au module œdométrique, rappelées en annexe G.

11.6.6. Calcul des tassements à partir du SPT


On peut trouver différentes estimations de tassements à partir des sondages SPT dans la litté-
rature, en particulier étrangère. La norme française ne prévoit pas de pouvoir utiliser directe-
ment le SPT à des fins de détermination des tassements des semelles superficielles. Une
méthode est détaillée dans l’Eurocode 7 partie 2. La méthode de Peck, Hanson et Thornburn
est présentée ci-après [11 Reese 2005]. On rappelle que ces méthodes sont adaptées à des
terrains sableux. En l’absence d’expérience comparable, l’utilisation de ces méthodes est
délicate.
qa = 0,41 Cw · NSPT · s (49)

où : Dw (49bis)
Cw = 0,5 + 0,5
Df + B
avec qa : contrainte effective en kPa entraînant un tassement de s millimètres ;
Cw : facteur correctif de nappe ;
NSPT : nombre de coups SPT corrigé ;
Dw : profondeur de la nappe depuis la surface ;
Df : profondeur de la base de la semelle depuis la surface ;
B : largeur de la fondation.
Le nombre de coups NSPT mesuré est corrigé par le facteur multiplicatif CN déterminé à partir
de la figure suivante, en fonction de la contrainte effective σ´0 [11 Peck 1974].
CN
0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0
Contrainte effective à la profondeur de l’essai σ´ (kPa)

100

200

300
CN = 0,77 log 1915
σ´0
σ´0 (kPa)

400

500

Fig. 11.45. Facteur correctif en fonction de la contrainte effective verticale d’après [11 Peck 1974]

EYR2212118902_Fondations.indb 436 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 437

11.6.7. Tassements admissibles


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11.6.7.1 . Tassement total et tassement différentiel


Considérons une construction quelconque pour laquelle le tassement total a été estimé à
l’aide de l’une des méthodes décrites précédemment.
Si la construction tasse d’une façon uniforme ou bascule légèrement sans distorsion, l’ossature
n’en sera pas affectée ; seuls l’aspect et les liaisons avec l’extérieur limiteront les tassements
admissibles (rupture de canalisations, dénivelées visibles, etc.).
Généralement, le tassement n’est pas uniforme et les risques de désordres dépendent de la
rigidité de la structure et de ses possibilités d’adaptation ainsi que de l’amplitude des tasse-
ments différentiels entre les appuis.
Pour illustrer ces propos, considérons l’effet d’un tassement différentiel élevé de la pile centrale
d’un pont à deux travées (figure 11.46).

a) Ouvrage isostatique b) Ouvrage hyperstatique

Fig. 11.46. Effet du tassement de la pile centrale d’un pont à deux travées

Si les deux travées sont indépendantes et isostatiques, ce tassement n’induira pas de contraintes
importantes et les désordres, de type architectural uniquement, ne se manifesteront que pour
des tassements différentiels élevés.
S’il s’agit d’un tablier continu, un tassement, même modéré, entraîne des contraintes dans la
structure susceptibles de provoquer des désordres structuraux, voire la ruine complète de
l’ouvrage pour des tassements plus importants.
Dans les ouvrages hyperstatiques, qui sont les plus courants, les tassements les plus contrai-
gnants sont les tassements différentiels. Les valeurs admissibles peuvent être très variables et
dépendent de la nature de l’ouvrage, de ses possibilités de déformation et de la gêne entraînée
pour l’exploitation.
C’est ainsi :
• que, pour un four de cimenterie, il est exigé un tassement différentiel inférieur à 1 cm
entre deux appuis consécutifs distants d’une trentaine de mètres et supportant chacun
plusieurs milliers de tonnes ;
• qu’un tassement de plusieurs décimètres est parfaitement admissible entre la périphérie et
le centre d’un réservoir d’hydrocarbure de grand diamètre.

EYR2212118902_Fondations.indb 437 07/01/2019 11:25


438 | Fondations superficielles

11.6.7.2. Estimation des tassements totaux


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Les différentes méthodes exposées précédemment font apparaître certaines divergences entre
elles et chacune a son domaine d’application préférentiel.
• La méthode des tranches conduit à une bonne estimation des tassements dans la configu-
ration d’une couche compressible mince eu égard à la largeur de la surface chargée
(figure 11.39a). Il faut d’ailleurs observer que la formule (47) est une application directe
de cette méthode.
De plus, si les sols sont de consistance très molle ou molle, les essais œdométriques donnent
des résultats plus satisfaisants que le pressiomètre, qui a tendance à sous-estimer les tasse-
ments dans ce cas.
• Les formules (44a et 44b) de la méthode pressiométrique sont bien adaptées pour les tasse-
ments des fondations superficielles reposant sur des sols ayant une certaine consistance,
comme c’est généralement le cas. La méthode des tranches associée à l’essai œdométrique
conduit à des tassements plus élevés, même si elle est appliquée en déduisant les modules
œdométriques des essais pressiométriques par l’application de la formule (9) du chapitre 6.

11.6.7.3. Estimation des tassements différentiels


Les différences de tassement entre deux appuis ont deux causes :
1) les différences de charge ; un appui supportant 2 000 kN tasse plus qu’un appui
supportant 200 kN ;
2) l’hétérogénéité des sols.
Si la première cause est facile à prendre en compte, il est beaucoup plus délicat d’estimer
l’influence de l’hétérogénéité.
Lorsque le nombre d’appuis est limité, comme pour les ouvrages d’art, et qu’une reconnais-
sance suffisante a été réalisée, il est possible de calculer les tassements totaux au droit de
chaque appui et donc d’estimer directement les tassements différentiels.
Le plus souvent, notamment pour les structures du type « bâtiment », il faut faire une estima-
tion empirique en considérant que le tassement différentiel peut atteindre 50 % à 100 % du
tassement total selon l’hétérogénéité du site et des charges. Il est aussi possible de se reporter
aux règles énoncées dans la notice générale D60 [11 Ménard 1975] qui prend en compte
l’hétéro­généité du sol par des notions simples de probabilités et la rigidité des constructions
par l’introduction d’un coefficient kn.

11.6.7.4. Tassements admissibles


Les valeurs admissibles des tassements différentiels font appel à la notion de distorsion  δ
donnée par la formule :
Δs
δ= (50)
L
avec Δs : tassement différentiel entre 2 appuis ;
L : distance entre ces appuis.
Les critères d’admissibilité des tassements totaux et différentiels sont des données importantes
pour le géotechnicien puisqu’elles conditionnent souvent le choix des fondations. Elles
doivent au besoin faire l’objet d’une concertation étroite entre l’architecte, l’ingénieur des
structures et le géotechnicien.

EYR2212118902_Fondations.indb 438 07/01/2019 11:25


Estimation des tassements | 439

Par ailleurs, comme indiqué précédemment, l’approche utilisée pour le calcul des tassements
n’est pas indifférente aux résultats ; c’est pourquoi on relève dans la littérature [11 Ménard 1975]
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[11 Leonards 1968], des ordres de grandeur assez différents qui doivent impérativement être
replacés dans leur contexte.
Le tableau 11.18 fournit, à titre purement indicatif, les ordres de grandeur habituels.

Tableau 11.18. Ordre de grandeur des tassements admissibles

Nature de la construction Méthode des tranches et Méthode pressiométrique (2)


essais à l’œdomètre

Tass. total δ Δs pour 10 m δ


(mm) (mm)

Immeubles 50 1/250 à 1/1 000


1/500 (1)
– fragiles 3 3/10 000
– normaux 5 5/10 000
– souples 7 7/10 000

Locaux industriels 1/300


ossature béton ou métallique
– avec remplissage fragile 8 8/10 000
– avec remplissage ordinaire 10 1/1 000
– sans remplissage 15 1,5/1 000

Tours, mâts, cheminées inclinaison : 1/500 non précisé –

Machines vibrantes (groupe diésel,


1/5 000 non précisé –
générateur…)

(1) Valeur recommandée


(2) Les tassements différentiels admissibles par cette méthode sont 3 à 4 fois plus faibles que par la méthode
classique ;  le calcul des tassements par les deux méthodes conduit à des résultats qui sont souvent dans un
rapport similaire.

Les Eurocodes structuraux et l’annexe H de l’Eurocode 7-partie 1 fournissent aussi des infor-
mations auxquelles il convient de se reporter.

Radiers
Les radiers rigides doivent répondre aux mêmes critères que les semelles superficielles. Les
radiers souples sont dimensionnés de manière à limiter le tassement différentiel aux valeurs
admissibles. Le tassement total peut atteindre des valeurs assez élevées limitées par l’aspect
architectural et les liaisons avec l’extérieur, notamment les réseaux enterrés.

Réservoirs métalliques (figure 11.47)


La jupe repose sur une longrine annulaire ; la distorsion le long de la longrine entraîne une
déformation par torsion de la jupe. Le tassement différentiel admissible est limité à
environ 1,2 cm (0,5 pouce) par 10 m de circonférence pour les réservoirs à toit flottant et
à 2,5 cm pour les réservoirs à toit fixe.
En revanche, le tassement différentiel entre la jupe et le fond du réservoir peut atteindre des
valeurs élevées, de l’ordre de 1 % du diamètre B.

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440 | Fondations superficielles

Toit flottant
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Jupe
B

Fond

Longrine
Fig. 11.47. Réservoir métallique

11.7. Déplacements et rotations –
Coefficients de raideurs
Nous nous sommes focalisés jusqu’à présent sur le déplacement vertical d’une fondation sous
l’application d’une charge verticale. On peut être amené à s’intéresser aux déformations du
sol sous d’autres sollicitations (efforts horizontaux, moments).
Il est habituel de traiter ces problèmes en définissant des ressorts :
• Kh : rapport entre la charge horizontale et le déplacement résultant. Pour des fondations
rectangulaires, on utilisera les notations KB et KL pour des translations parallèles respecti-
vement à la largeur et à la longueur de la fondation ;
• Kθ : rapport entre le moment et l’angle résultant autour de l’axe vertical (torsion) ;
• Kφ et Kψ : rapport entre le moment et l’angle résultant autour d’un axe horizontal (balance­
ment). Pour des fondations rectangulaires, on utilisera aussi les notations Kθ;B et Kθ;L pour
des rotations autour de l’axe parallèle respectivement à la largeur et à la longueur de la
fondation.

Géophysique Colonne Triaxial et œdomètre


E/Emax (cross-hole) résonnante
G/Gmax
100 %

80 %

60 %

40 %
Essais in situ
20 %

0%
1. E-06 1. E-05 1. E-04 1. E-03 1. E-02 1. E-01
Fig. 11.48. Principe de variation des modules en fonction de la déformation ε ou de la distorsion γ [11 Reiffsteck 2002]

Ces phénomènes ont notamment été étudiés pour prédire le comportement des fondations
des machines vibrantes et des structures sous sollicitations sismiques, qui seront abordés dans
le paragraphe suivant. Le sol ne présente pas un comportement élastique linéaire. Néanmoins,

EYR2212118902_Fondations.indb 440 07/01/2019 11:25


Déplacements et rotations – Coefficients de raideurs | 441

dans la mesure où de nombreuses études font appel à cette loi de comportement, son domaine
d’application peut être élargi dès lors que l’on est capable de définir un module pseudo-­
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élastique de sol dans la gamme d’effort et de déformation considérée.


Gazetas [11 Gazetas 1983] présente des valeurs de raideurs sous différentes considérations. Le
tableau 11.19 présente les valeurs de raideurs pour une semelle circulaire posée sur un massif
élastique semi-indéfini. On notera que la raideur verticale correspond bien à la formule (34)
pour une semelle rigide.

Tableau 11.19. Raideurs statiques d’une semelle circulaire de rayon R0 sur un massif de sol élastique semi-indéfini
[11 Gazetas 1983]

Raideur verticale Kv Raideur horizontale Kh Balancement Kφ Torsion Kθ

4 G ·R0 8 G ·R0 8 G ·R03 16 G ·R03


1−ν 2−ν 3 (1 − ν) 3

Les tableaux 11.20 et 11.21 présentent quelques configurations jugées les plus courantes.
Pour de plus amples informations, il conviendra de se reporter à la référence [11 Gazetas 1983].

Tableau 11.20. Raideurs statiques d’une fondation circulaire reposant sur un massif élastique semi-indéfini stratifié
[11 Gazetas 1983]

Tableau 11.21. Raideurs statiques d’une fondation circulaire encastrée dans un massif élastique reposant
sur un substratum [11 Gazetas 1983]

EYR2212118902_Fondations.indb 441 07/01/2019 11:25


442 | Fondations superficielles

La norme NF P94-261 propose quant à elles les formules suivantes :


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Tableau 11.22. Raideurs verticales et en translation d’une fondation superficielle selon [11 NF P94-261 2013]

Raideur verticale Kv Raideur horizontale Kh KB KL

E ·B 2 E ·B
Fondation circulaire
1 − ν2 (2 − ν)·(1 + ν)

E
KB = ·β · B ·L
E 2 (2 − ν)·(1 + ν) B
Fondation rectangulaire ·β · B ·L
2 (2 − ν2) v E
KL = ·β · B ·L
2 (2 − ν)·(1 + ν) L

0,73 E E
Fondation filante Kv ≈ KB ≈
2 (1 − ν2) (2 − ν)·(1 + ν)

( BL ) ( BL ) ( BL ) ( BL ) ( BL ) ( BL ) ( BL )
0,25 0,5 0,15 0,5 0,15 0,5 0,5
avec βv = 1,55 + 0,8 ; βB = 3,4 + 1,2 ; βL = 3,4 + 0,4 + 0,8

Tableau 11.23. Raideurs en balancement d’une fondation superficielle selon [11 NF P94-261 2013]

Raideurs en balancement Kφ Kθ;B Kθ;L

Kφ B 2
Fondation circulaire =
Kv 6

( ) ( BL ) ( ) ( BL )
0,5 0,5 1,9 0,5
Kθ;B 0,4 L + 0,1 Kθ;L 0,4 L + 0,034
Fondation rectangulaire ≈ B 2· B ≈ B 2· B
Kv
βv · ( BL ) Kv
βv · ( BL )
Kθ;L
Fondation filante = 2,15 B 2
Kv

Remarque
Pour des fondations circulaires, les différentes formulations de raideurs proposées sont bien similaires en
E
considérant B = 2 R et G = .
2 (1 + ν)

11.8. Fondations des machines vibrantes


11.8.1. Introduction
Lorsque des installations industrielles incluent des machines vibrantes, un examen particulier
du comportement dynamique de ces machines est nécessaire pour définir les possibilités de
fondation.
Les installations les plus courantes concernées sont les moteurs thermiques, les turbines, les
générateurs, les compresseurs et, plus généralement, les machines tournantes.

EYR2212118902_Fondations.indb 442 07/01/2019 11:25


Fondations des machines vibrantes | 443

Le problème consiste essentiellement à :


• définir les fréquences propres du système et les amplitudes maximales des déformations
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(déplacements et rotations) de la machine ;


• s’assurer que les vibrations transmises par le massif au sol ne risquent pas d’entraîner des
tassements inacceptables, voire la liquéfaction du sol de fondation à plus ou moins long
terme ;
• s’assurer que les vibrations restent admissibles pour le fonctionnement et l’utilisation de la
machine.

11.8.2. Réponse d’une machine vibrante


11.8.2.1 . Principes du calcul
11.8.2.1 .1 . Système à 1 degré de liberté
Considérons un massif indéformable de masse m possédant deux plans de symétrie verticaux
reposant sur le sol et excité par une force sinusoïdale verticale appliquée au centre d’inertie
(figure 11.49).

m
Pv·sin ωt

A
kz

Fig. 11.49. Modèle à 1 degré de liberté

Le sol est modélisé par un ressort de raideur kz et un amortisseur de constante A.


L’équation différentielle définissant les mouvements verticaux du massif s’écrit :
m · z̈ + A · ż + kz· z = P(t) = Pv· e i ω t (51)
En état stationnaire, la solution à une sollicitation harmonique sera z(t) = zv · e i ω t.
L’équation (51) permet de définir deux caractéristiques essentielles :
• la fréquence de résonance :
La formule (52) donne la valeur de pulsation propre du système ωn (rad/s) ; la fréquence
de résonance en est directement déduite : fn = ωn /2 π.
kz
ωn = (52)
m
• l’amplitude maximale du mouvement :
Pv
zmax = (53)
kz·[(1 − ) + 4 ε2· β2]0,5
β2 2
ω A
avec β = et ε =
ωn 2 kz·m

EYR2212118902_Fondations.indb 443 07/01/2019 11:25


444 | Fondations superficielles

A
Le rapport d’amortissement peut encore s’écrire ε =  ; Ac est l’amortissement critique
Ac
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avec  Ac = 2 kz·m .
Si A est supérieur à Ac, il n’y a pas d’oscillation de la fondation.
Avec une machine rotative possédant une masse tournante m,  une vitesse de rotation ω et un
2
excentrement r, la force appliquée est de la forme F =  m · ω
 · r et l’équation (53) devient :
m·r β2
zmax = · (53bis)
m [(1 − β2) + 4 ε2· β2]0,5
2

8
Facteur d’amplification dynamique fd

6
ε = 0,08

ε = 0,10
4
ε = 0,15
ε=0

2
ε = 0,20

ε = 1,00
0
1,0 2,0 ω = ω
ω0 kz
m
Fig. 11.50. Valeurs du facteur d’amplification dynamique fd

Remarquons encore que l’équation (53) peut s’écrire :


F 1
zmax = fd · avec fd = (54)
kz [(1 − β2)2 + 4 ε2· β2]0,5
La figure 11.50 fournit la valeur du facteur d’amplification dynamique fd en fonction du
rapport d’amortissement ε et du rapport des fréquences ω /ωn. On constate que les facteurs
d’amplification sont faibles si ω /ωn < 0,5 ou si ω /ωn > 1,5.
Ce résultat est primordial puisqu’il permet de se mettre à l’abri de vibrations gênantes même
si la valeur du coefficient d’amortissement n’est pas connue. En effet, le rapport ω /ωn  =
ω /[(kz /m)0,5] peut être modifié en faisant varier le poids m du massif. En général, le plus
pratique est d’alourdir le massif de fondation de façon que ω /ωn soit supérieur à 1,5.
En pratique, le rapport du poids du massif au poids de la machine varie entre 2 et 5.

EYR2212118902_Fondations.indb 444 07/01/2019 11:25


Fondations des machines vibrantes | 445

11.8.2.1 .2. Système général à 6 degrés de liberté


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Dans le cas le plus général, le système possède 6 degrés de liberté ; l’action du sol peut être
représentée par 6 ressorts et 6 constantes d’amortissement. La résolution du système, c’est-à-
dire la détermination des fréquences de résonance et de l’amplitude des déformations maxi-
males, fait appel à des moyens de calcul très spécialisés.
Notons qu’il existe d’autres approches que celle exposée ci-dessus [11 Pecker 1984].

11.8.2.2. Paramètres « dynamiques » du sol


Comme sous sollicitations statiques, le comportement du sol reste lié au caractère drainé ou
non drainé des sols et à l’amplitude de déformation, comme présenté dans la figure 11.48.
Naturellement, la vitesse d’application des efforts amène souvent à condidérer un comporte-
ment non drainé du sol.

11.8.2.2.1 . Coefficient de raideur


Les coefficients de raideur des ressorts sont reliés aux coefficients de réaction par les relations
données dans le tableau 11.24, où S est l’aire de la fondation en m2, IOx, IOy, IOz sont les
moments d’inertie de la surface d’appui au sol par rapport aux axes Ox, Oy et Oz.
Les symboles utilisés dans le tableau 11.25 pour désigner les coefficients de réaction (ou
module de réaction selon le langage courant) sont ceux habituellement utilisés en dynamique.
En particulier, le coefficient de réaction dynamique Cz est similaire au coefficient de réaction
verticale statique kv avec lequel le géotechnicien est familiarisé.
Tableau 11.24. Paramètres dynamiques du sol

Type de déplacement Raideur Coefficient de Relation


du ressort K réaction dynamique C entre K et C

(N/m) (Pa/m)
Déplacement horizontal
dans deux directions perpendiculaires Kx Cx Kx = S ·Cx
Ky Cy Ky = S ·Cy

Déplacement vertical Kz Cz Kz = S ·Cz

(m·N/rad) (Pa/m/rad)
Basculement
rotation autour de deux axes perpendiculaires Kψ Cψ Kψ = IOx·Cψ
Kφ Cφ Kφ = IOy·Cφ

Lacet
rotation autour d’un axe vertical Kθ Cθ Kθ = IOz·Cθ

Les coefficients de raideur dépendent des dimensions de la fondation et des caractéristiques


du sol (module, coefficient de Poisson). Le tableau 11.25 donne la valeur des différents coef-
ficients de raideur pour une semelle circulaire rigide de rayon R et pour une semelle rectan-
gulaire (B × L) rigide.

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446 | Fondations superficielles

Tableau 11.25. Raideur équivalente pour un milieu semi-indéfini


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Mouvement Semelle rigide circulaire Semelle rigide rectangulaire

16 (1 − ν)·E ·R E
Horizontal x ou y Kx,y = Kx,y = ·β · B ·L
(7 − 8 ν)·(1 + ν) 2 (1 − ν2) x,y

2 E ·R E
Vertical Kz = Kz = ·β · B ·L
1 − ν2 2 (1 − ν2) z

2 E ·R 3 E
Basculement ψ ou φ Kψ,φ = Kψ,φ = ·β ·B 2· B ·L
3 (1 − ν2) 2 (1 − ν2) ψ,φ

8 E ·R 3
Lacet θ Kθ =
3 (1 + ν)

Les valeurs de βz, βx,y, βψ,φ sont données par la figure 11.51.

βz βψ,φ
βx,y

βz
= 0,1
our ν
β x,y p
2 1
r ν = 0,3
β x,y pou

r ν = 0,5
β x,y pou

β ψ,φ
1 0,5

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 L/B

Fig. 11.51. Valeurs des coefficients β en fonction de L/B

11.8.2.2.2. Coefficient d’amortissement


Connaître le coefficient d’amortissement n’est pas toujours indispensable pour définir la
fréquence de résonance puisque celle-ci est peu modifiée par un amortissement modéré
(figure 11.50).
En revanche, l’amplitude des déformations dépend directement du coefficient d’amortisse-
ment. Ce coefficient peut être déterminé expérimentalement à l’aide d’essais de plaque dyna-
miques [NF P94-117-2 2004].

11.8.2.3. Tassements dus aux vibrations


Les machines vibrantes reposent généralement sur des massifs en béton à forte inertie permet-
tant d’obtenir une fréquence propre éloignée de la fréquence de fonctionnement de la

EYR2212118902_Fondations.indb 446 07/01/2019 11:25


Dispositions constructives | 447

machine. En outre, les sollicitations sont trop brèves pour entraîner des tassements de consoli­
dations dans les sols argileux.
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Les tassements peuvent être provoqués soit par liquéfaction ou par un compactage par vibra-
tion des sables lâches et des remblais, soit par fluage des argiles molles correspondant à des
déformations à volume constant.
Aussi est-il déconseillé de fonder directement des machines vibrantes sur :
• des sables plus ou moins silteux lâches,
• des remblais non ou médiocrement compactés,
• des argiles molles.
Une solution de fondation ou de renforcement de sol adaptée à la nature du sol doit être
recherchée (pieux, colonnes ballastées, jet-grouting, substitution de sol, etc.) ; ces techniques
sont décrites dans les chapitres suivants.
Les risques de tassement sous la charge critique doivent être examinés, mais les contraintes
statiques transmises au sol sont généralement faibles et de l’ordre de quelques dizaines
de kilopascals.

Remarque
Nous nous sommes limités à un aperçu des problèmes de fondations propres aux machines vibrantes. Le
lecteur confronté à cette question devra procéder à une recherche plus approfondie dans les publications
spécialisées et surtout ne pas hésiter à faire appel à un expert en « dynamique » des sols.

11.9. Dispositions constructives


11.9.1. Règle des 3 pour 2
Il est admis, lorsque des fondations sont assises à des niveaux différents, de respecter la règle
dite des 3 pour 2, tel que représenté par la figure 11.52.

β ≤ 34° (pente de 3 de base pour 2 de hauteur)

Fig.11.52. Dispositions relatives à l’emplacement des fondations [11 NF P94-261 2013]

11.9.2. Protection contre le gel


Pour les matériaux relativement peu perméables, le gel de l’eau contenue dans les sols provo-
quera une augmentation de volume, et donc un soulèvement. Par ailleurs, l’eau peut se
concentrer sous forme de lentilles de glace ce qui, lors du dégel, peut provoquer une perte de
portance du sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 447 07/01/2019 11:25


448 | Fondations superficielles

Pour se prémunir de tels effets, la solution la plus couramment utilisée est de fonder les fonda-
tions à une profondeur telle que le front de gel n’atteigne pas la base des fondations.
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La définition de la profondeur hors-gel H0 est représentée par la figure 11.53.

D ≥ H0
D ≥ H0

D ≥ H0 /sin β
β

Fig. 11.53. Profondeur de mise hors-gel H0 [11 NF P94-261 2013]

La carte de la figure 11.54 donne les profondeurs minimales d’encastrement H0 à respecter


en France métropolitaine lorsque l’altitude est inférieure à 150 m, ceci pour éviter l’influence
néfaste du gel. Cette carte ne tient pas compte de la nature du sol.
La correction d’altitude à adopter au-delà de 150 m est la suivante :
A − 150 (55)
H = H0 +
4 000
avec A l’altitude ; H, H0 et A sont exprimés en mètres.
Quel que soit le type de sol, l’encastrement minimal ne sera pas inférieur à 0,50 m.
Pour plus de précisions, on se reportera à l’annexe O de la norme NF P94-261.

0,5
0,7

0,8
0,7
0,6 0,9
0,5

0,6 0,7

0,5
0,8
0,7
0,7

0,6 0,6
0,5

0,5
0,5

Fig. 11.54. Carte indicative de profondeur minimale de mise hors-gel H0 pour une altitude inférieure à 150 m
[11 NF P94-261 2013]

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Dispositions constructives | 449

11.9.3. Dispositions constructives spécifiques relatives aux sols


gonflants et rétractables
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Lorsque les fondations reposent sur des sols gonflants et rétractables (voir chapitres 5 et 6), la
mise hors gel est insuffisante pour se prémunir contre les mouvements différentiels causés par
le retrait et le gonflement des sols argileux sous les variations saisonnières ou accidentelles de
teneur en eau.
La première étape consiste à identifier le risque et à le quantifier. Des essais adaptés doivent
être réalisés.
L’essai œdométrique permet de repérer les sols gonflants et rétractables [11 Philipponnat 1978].
L’essai de gonflement à l’œdomètre (norme XP P94-091) permet de mesurer le potentiel de
gonflement d’un sol situé dans un état d’humidité donné et l’essai de retrait (norme
XP P94-060-2) [11 Philipponnat 1991] permet d’évaluer les « tassements » qui risquent de se
produire sous l’effet du retrait. Ces essais sont traités en détail dans le chapitre 6. Le relevé du
profil hydrique apporte également des renseignements très utiles.
À moins de fondations profondes, des dispositions constructives particulières doivent être
prises. Elles ont pour but soit d’obtenir un état d’humidité constant sous le niveau d’assise,
soit de permettre à la structure de s’adapter aux déformations, soit une combinaison des deux.
Les précautions les plus courantes, applicables en France métropolitaine, sont les suivantes :
• fondations par semelles continues armées et de forte inertie ;
• hauteur d’encastrement minimum conseillée : 1,5 m ;
• coulage des fondations à pleine fouille pour éviter les infiltrations préférentielles dans les
remblais des fouilles ;
• éloignement des plantations d’arbres ; le retrait provoqué par l’action de succion des
racines se fait sentir jusqu’à une distance de 1 à 1,5 fois la hauteur de l’arbre adulte et
même parfois plus pour certaines essences ;
• drainage des eaux de circulations saisonnières si elles existent ; le système de drainage doit
être indépendant et éloigné de plusieurs mètres des fondations ; en revanche, il faut éviter
de perturber un niveau phréatique établi ;

Éloigner les Rigidifier la Joint de Maîtriser les Limiter


arbres (ou écrans structure rupture eaux pluviales l’évaporation
antiracines) (chaînages) près des maisons

Éviter les fuites Sous-sol Ancrage minimal des Pas de drainage


de canalisations général ou fondations (0,80 à 1,20 m) trop proche
enterrées vide sanitaire homogène entre amont et aval

Fig. 11.55. Dispositions constructives forfaitaires permettant de limiter les risques liés
au phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (document BRGM)

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450 | Fondations superficielles

• réalisation d’une forme étanche au pourtour de la construction ;


plancher bas sur vides sanitaires (les dallages sont à éviter et les cloisons sur dallage sont à
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proscrire, sauf avec une désolidarisation totale de la structure) ;
• chaînages soignés des constructions ; conçus de manière à rigidifier la structure ;
• joints complets rapprochés sur les bâtiments allongés et à chaque aile de bâtiment.
Notons encore que les constructions implantées sur les pentes sont particulièrement exposées,
puisque le retrait-gonflement provoque des phénomènes de solifluxion (voir chapitre 9). Il
convient, en particulier, d’éviter les sous-sols enterrés à l’amont et à niveau côté aval.

11.10. Fondations semi-profondes


11.10.1. Définition et description des sollicitations
Les fondations semi-profondes sont constituées par des massifs en béton ou béton armé
coulés en pleine fouille, du moins dans leur partie inférieure. Leur encastrement équi­
valent De /B est compris entre 1,5 et 5. Généralement, leur profondeur est comprise entre 2
et 6 m.
Ce mode de fondation est utilisé lorsqu’une couche, située de préférence au-dessus du niveau
de la nappe et présentant des caractéristiques mécaniques intéressantes, est rencontrée à une
profondeur modérée. Si la nappe est présente, la réalisation devient délicate.
Dans un sol homogène, les fondations semi-profondes permettent d’augmenter la capacité
portante et de réduire les tassements sous les charges verticales ; elles permettent la reprise
d’efforts latéraux importants et, dans certaines conditions, la reprise d’efforts d’arrachement.
Elles permettent également de se mettre à l’abri des risques de retrait-gonflement.
Ces massifs sont étudiés en fonction des sollicitations prédominantes qui peuvent être :
• une charge de compression verticale : par exemple, les fondations d’immeuble à ossature
en béton armé ;
• un effort d’arrachement : par exemple, M
les fondations de supports tétrapodes
V
de lignes à haute tension ;
• des efforts latéraux : effort horizontal
H
et moment de renversement  : par
exemple, les fondations de mâts et
pylônes monopodes.

Réaction
normale
du terrain
Réaction
tangentielle
du terrain

Fig. 11.56. Fondations semi-profondes [11 NF P94-261 2013]

EYR2212118902_Fondations.indb 450 07/01/2019 11:25


Fondations semi-profondes | 451

11.10.2. Fondations semi-profondes soumises à une charge verticale


centrée
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11.10.2.1 . Réaction verticale normale à la base


La valeur maximale de la réaction verticale normale à la base correspond à la contrainte qnet
mobilisable sous une fondation.
qnet = kp · p*le ou qnet = kc · qce (56)
La valeur de De /B servant à déterminer la valeur de kp est bornée à 2,5.
Pour des pressions inférieures à la pression maximale, on considère une proportionnalité
entre pression et déplacement.

11.10.2.2. Frottement vertical sur les faces latérales


Si l’on peut concevoir qu’une fondation semi-profonde se rapproche d’une fondation
profonde, il convient d’être prudent sur la prise en compte du frottement vertical, notam-
ment en fonction des conditions d’exécution, de la hauteur de gel, de la hauteur des sols
sensibles au retrait-gonflement, etc. Le fascicule 62 [11 Fascicule n°62 titre V 1993] neutra-
lisait une hauteur minimale de 1,5 B, afin de tenir compte de la déconsolidation du sol en
cours de travaux. Cette valeur semble néanmoins exagérée lorsque la largeur de la fondation
dépasse 1 m. Une valeur forfaitaire de 1 à 1,5 m paraît plus correcte.
Lorsqu’un frottement vertical est retenu, il est loisible de retenir une loi de comportement
élastoplastique basée sur les valeurs de frottement maximal et de relation effort-­
déplacement (kh) établies pour des fondations profondes et tirées de la norme NF P94-262
(voir chapitre 12).

11.10.3. Fondations semi-profondes soumises à un effort


d’arrachement

11.10.3.1 . Domaine d’application – Types de massif étudiés


En général, les efforts d’arrachements sur les fondations semi-profondes, et a fortiori superfi-
cielles, ne sont pas autorisés et sont équilibrés par un lestage des structures ou des fondations.
Toutefois, et depuis plusieurs décennies, les constructeurs de lignes électriques aériennes
utilisent des massifs semi-profonds conçus pour reprendre des efforts d’arrachement parfois
considérables (1 000 à plus de 3 000 kN). Nous nous limiterons à exposer les principes des
méthodes de dimensionnement de ces massifs détaillées dans la référence [11 Edf-Cert 1996].
Trois types de massifs, de forme parallélépipédique, sont utilisés :
• massifs à redans pour les sols meubles cohérents (figure 11.57a) ;
• massifs sans redan pour des sols pulvérulents (figure 11.57b) ;
• massifs pour terrains rocheux (figure 11.57c).

EYR2212118902_Fondations.indb 451 07/01/2019 11:25


452 | Fondations superficielles

Qft Qft Qft


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0,40

≥0,70
Terrain Terrain Couverture Dh
Remblai en place Remblai en place
ø D
ø
D D Rocher b h´
franc

h a
a a

Massif à redans Massif sans redan Massif pour terrain rocheux


a) Massif à redans b) Massif sans redan c) Massif pour terrain rocheux

Fig. 11.57. Types de fondations pour reprise d’effort d’arrachement

11.10.3.2. Détermination de l’effort d’arrachement à la rupture Qft


La méthode décrite succinctement ci-après est tirée des directives EDF [11 Edf-Cert 1996].
Les notations qui suivent sont également fidèles à ces directives.
L’effort d’arrachement à la rupture est la somme de deux termes :
• un terme de poids propre Pt, correspondant au poids du massif et des terres qu’il supporte,
• un terme de frottement Q l correspondant à la résistance au cisaillement mobilisé dans le
sol ou le remblai, entre la base de la fondation et la surface.
La formule générale s’écrit donc :
Qft = Pt + Q l (57)

11.10.3.2.1 . Justification d’un massif à redans pour sol cohérent


Le redan doit être taillé dans le sol en place ; c’est la raison pour laquelle l’usage de ces massifs
est limité aux sols possédant une certaine cohésion. Dans ces conditions, le terme de frotte-
ment mobilise la résistance du sol en place.
Pt est le poids total, éventuellement déjaugé, du massif en béton et des terres situées au-dessus
de la base rectangulaire de dimensions a et b.
Q l est déterminé en considérant la résistance au cisaillement du sol sur les plans verticaux
situés à l’aplomb du contour de la base et en supposant que la contrainte horizontale n’est pas
perturbée par la réalisation du massif. La formule (58) fournit la valeur de Q l.
Q l = P · D ·(c´ + 0,5 γ · D ·K0 · tan φ´) (58)
avec P : périmètre de la base du massif = 2 (a + b) ;
D : profondeur d’encastrement de la fondation ;
γ : poids volumique moyen du sol en place sur la hauteur D ;
c´ : cohésion effective moyenne sur la hauteur D ;
φ´ : angle de frottement interne moyen sur la hauteur D ;
K0 : coefficient de pression des terres au repos.

EYR2212118902_Fondations.indb 452 07/01/2019 11:25


Fondations semi-profondes | 453

11.10.3.2.2. Justification d’un massif sans redan


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Pt est calculé comme précédemment. En revanche, la valeur de Q l est différente car le frotte-
ment est supposé se mobiliser au contact du remblai et du sol en place.
Q l = P · h ·[c´ + 0,5 γ ·(2D − h)·K0· tan φ´] + P ·(D − h)·[c´r + 0,5 γ ·(D − h)·Ka· tan φ´r] (59)
avec h : hauteur du massif coulé pleine fouille (voir figure 11.57b) ;
c´r : cohésion du remblai (généralement égale à 0) ;
φ´r : angle de frottement interne du remblai ;

π φ
Ka : coefficient de poussée des terres, égal à tan2 − .
4 2 ( )
11.10.3.2.3. Justification d’un massif pour terrain rocheux
Ce type de massif ne convient que pour des rochers francs non altérés et non fissurés. Le
massif est coulé en pleine fouille. Pt est négligé et Q l = Qft est donné par la formule (60) qui
exprime la résistance mobilisable par frottement latéral.
q
Q l = 2 (a + b)·(h´ − 0,30)· s (60)
1,4
avec a et b : dimensions transversales du massif rectangulaire ;
h´ : hauteur d’ancrage dans le rocher ;
0,30 : réduction forfaitaire pour tenir compte d’une altération superficielle ;
qs : frottement latéral selon les abaques pressiométriques (chapitre 12) ;
1,4 : coefficient réducteur pour tenir compte de la proximité de la surface.

Remarques
1. L’utilisation de ces méthodes de calcul suppose que soient respectées les prescriptions figurant dans les
directives précitées relatives à la conception et à leur réalisation (notamment pour le remblaiement des
fouilles).
2. Les coefficients de sécurité à appliquer sur les charges de rupture déterminées ci-dessus dépendent des
règlements spécifiques aux ouvrages concernés par ces fondations.

11.10.4. Fondations semi-profondes soumises à un effort latéral

11.10.4.1 . Réaction normale frontale horizontale


La réaction normale maximale doit être bornée à la butée limite ou à la pression limite du
terrain en place.
Pour des pressions inférieures aux valeurs maximales, il convient de retenir une proportion-
nalité entre pression et déplacement.

Remarque
La proportionnalité entre pression et déplacement n’est normalement valable que jusqu’à la pression de
fluage.

EYR2212118902_Fondations.indb 453 07/01/2019 11:25


454 | Fondations superficielles

11.10.4.2. Frottement horizontal à la base de la fondation


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On considère un frottement maximal identique à celui d’une fondation superficielle et régi


par la cohésion et le frottement du sol avec, là encore, une proportionnalité entre effort et
déplacement du massif.

11.10.4.3. Frottement horizontal sur les faces latérales


On pourra retenir un comportement similaire au frottement vertical sur les faces latérales du
massif, comme décrit précédemment.

11.10.5. Déplacement et rotation d’une fondation semi-profonde


L’ensemble des réactions locales du sol étant défini par des lois élastoplastiques avec une
proportionnalité effort/déplacement jusqu’à l’atteinte d’un palier, le massif de fondation peut
être représenté par la figure 11.58.
On rappellera que le sol ne travaille pas en traction et qu’aucun frottement n’est mobilisé tant
que la contrainte normale est considérée nulle.

Réaction du terrain Mk
à considérer en fonction
des conditions d’exécution Vk
x Hk
Terrain naturel

y
Réaction
tangentielles

Réaction
normales

xG ; yG ; θ

Fig. 11.58. Schéma de calcul d’une fondation semi-profonde [NF P94-261 2013]

Le problème consiste alors à déterminer les coordonnées du centre de rotation et la rotation


de la fondation considérée comme un bloc rigide.

11.10.6. Situations de calcul et vérifications


Les vérifications sont à mener sous ELS et sous ELU.
Sous ELS, on vérifie que les déplacements et les rotations du massif sont acceptables par
rapport aux exigences définies et que les contraintes locales appliquées au sol n’atteignent pas
le fluage.

EYR2212118902_Fondations.indb 454 07/01/2019 11:25


Fondations semi-profondes | 455

Sous ELU, les vérifications sont menées en appliquant les coefficients de sécurité partiels
présentés ci-dessous.
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Tableau 11.26. Valeurs des coefficients partiels appliquées sur les résistances locales [NF P94-261 2013]

Valeurs des coefficients partiels γR;d

Loi d’interaction locale

Tangentielles
Normale à la base Normale aux faces
ELU à l’ensemble des faces
de la fondation du fût
de la fondation

Phases durable et transitoire 2,0 1,4 1,1

Phase accidentelle 1,4 1,1 1,0

11.10.7. Exemples de fondations semi-profondes soumises


à des efforts latéraux et de renversement
Il existe de nombreuses méthodes pour calculer les massifs de fondation soumis à des efforts
de renversement, notamment les trois méthodes décrites ci-après.

11.10.7.1 . Méthode de M. Cassan


Les essais de chargement ont montré que, dans un sol homogène, le massif a tendance à
pivoter autour d’un centre de rotation (point C de la figure 11.59) dont la position est
variable mais reste généralement voisine de la mi-hauteur du massif.
Les efforts sont supposés être dirigés selon un axe de symétrie du massif et les coefficients de
réaction sur les faces latérales kh et kv sont supposés connus. Il est alors possible de déterminer
la rotation de ce massif ainsi que la répartition des contraintes sur son pourtour, de façon que
celles-ci équilibrent les forces extérieures. La méthode de calcul a été exposée par M. Cassan
[11 Cassan 1978] tant pour des sols homogènes que pour les multicouches.

V
M0

Fh0
x
Kh z

C D

Kv

a
Fig. 11.59. Méthode de M. Cassan

EYR2212118902_Fondations.indb 455 07/01/2019 11:25


456 | Fondations superficielles

11.10.7.2. Méthode du réseau d’état


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Lorsque les sollicitations horizontales s’exercent simultanément selon deux directions (Fx
et Fy), une approche souvent utilisée pour les massifs parallélépipédiques (notamment pour
les pylônes et mâts monopodes) est la méthode du réseau d’état : elle suppose que le massif
bascule au niveau de sa base (point O de la figure 11.60).

Fx

Hx hx V

W
h Pa Pp
x
O
x
qmax
p

Fig. 11.60. Méthode du réseau d’état

La contrainte maximale sous la base qmax, dont la détermination est complexe, est fournie par
la table de Pohl dont un extrait condensé est présenté au tableau 11.27.
V+W
qmax est calculé à partir de : qmax = μ · , où V est la sollicitation verticale, W le poids du
a ·b
massif, a et b la largeur et la longueur du massif, ex et ey les excentricités générées par les efforts
horizontaux Fx et Fy ; μ est trouvé à partir de la table de Pohl.

Tableau 11.27. Extrait de la table de Pohl - valeurs de μ

ey /b

0,48 33,3 44,9 54,3 62,3 78,1 93,8 134 188 469

0,46 16,7 22,5 27,2 31,1 39,1 46,9 67 93,8 234

0,4 6,67 8,99 10,9 12,5 15,6 18,8 26,8 37,5 93,8

0,3 3,33 4,49 5,43 6,23 7,81 9,38 13,4 18,8 46,9

0,2 2,22 2,99 3,62 4,14 5,19 6,23 8,90 12,5 31,1

0,1 1,6 2,2 2,63 2,99 3,74 4,49 6,42 9,99 22,5

0 0 1,6 1,96 2,22 2,78 3,33 4,78 6,67 16,7

ex /a 0 0,1 0,16 0,2 0,26 0,3 0,36 0,4 0,46

La butée des terres Pp s’exerce sur la face frontale et la poussée Pa sur la face arrière.

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Fondations semi-profondes | 457

Le dimensionnement est réalisé de façon que qmax < qref.


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Bien que reposant sur une hypothèse peu satisfaisante de rotation du massif, cette méthode,
décrite dans [11 Edf-Cert 1996], semble assez sécuritaire et est largement validée par l’expé-
rience. Toutefois, elle ne donne aucune indication sur les déformations du massif.

11.10.7.3. Méthode simplifiée


L’effort horizontal en tête T0 est équilibré par la réaction frontale Ph et par la résultante Hd de
la résistance au cisaillement sur la base de la norme NF P94-261. Ph est la résultante de p(z)
(figure 11.61).
Q

M0
T0

D0

D
Ph Vd

kp. σ´v0
Hd

p(z)
q´min

q´max

Fig. 11.61. Méthode simplifiée

Le moment M0 est équilibré par le moment résistant dû à Ph et par celui dû à une répartition
trapézoïdale ou triangulaire des réactions verticales sur la base.
Rh;d est donné par les formules (29a et b) (voir § 11.4) :

• en conditions non drainées : Rh;d = min (


A´· cu;k
γR;h· γR;d;h
; 0,4 Vd ) (29a)

Vd · tan δa;k
• en conditions drainées : Rh;d = (29b)
γR;h· γR;d;h

La valeur de p(z) est donnée par la formule (61) :


p(z) = min[kp· σ´v0(z); kh(z)· δ] (61)
où : kp· σ´v0(z) représente la contrainte de butée à la profondeur z ;
 kh(z) : coefficient de réaction surfacique horizontal pour une surface de dimensions B
et D, B étant la longueur frontale du massif ;
δ : déplacement horizontal admissible supposé constant sur la hauteur du massif.

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458 | Fondations superficielles

Remarques
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1. Il est admis que la loi de mobilisation du frottement latéral sur la base de la fondation soit du type élasto-
plastique ; c’est-à-dire que Rh;d est mobilisé quel que soit le déplacement non nul.
2. La réaction frontale p(z) est négligée sur la hauteur D0 sur laquelle le sol est susceptible d’être remanié ou
soumis à des modifications climatiques pouvant altérer cette réaction (hauteur de gel, hauteur sensible au
retrait des argiles, etc.).
3. L’expression p(z) = kh(z)·δ conduit à une pression frontale constante dans un milieu homogène (tant que
la butée n’est pas atteinte).
4. Pour les structures sensibles aux déformations, la formule (61) est souvent remplacée par la formule
suivante :
p(z) = K · σ´v0(z) (62)
K est habituellement limité à une valeur telle que K0 ≤ K ≤ 1.

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Fondations semi-profondes | 459

Bibliographie
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superficielles. État de l’art, Symposiums internationaux sur l’identification et la détermination des para-
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[11 Cassan 1978] CASSAN M., Les essais in situ en mécanique des sols, Eyrolles, 1978.
[11 Cfms 2011] CFMS, Recommandations sur la conception, le calcul, l’exécution et le contrôle de fonda-
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tome V, fondations des pylônes, CERT-EDF, 1996 (mise à jour 2000).
[11 Fascicule n°62 titre V 1993] Ministère de l’Équipement, du Logement et des Transports, Règles
techniques de calcul et de conception des fondations des ouvrages de génie de civil, Fascicule 62, titre V, Textes
Officiels, n° 93-3, 1993.
[11 Frank 1999] FRANK R., Calcul des fondations superficielles et profondes, Presses de l’ENPC,
Techniques de l’ingénieur, 1999.
[11 Gazetas 1983] GAZETAS G., Analyse of machine foundation vibrations, Soil Dynamics and
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[11 Giroud 1973] GIROUD J.P., NHIEM T.V. et OBIN D., Tables pour le calcul des fondations, Dunod,
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[11 Magnan 2004] MAGNAN Y., DRONIUC N. et CANEPA Y., Les méthodes de calcul de la portance
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mètres des sols et des roches pour les calculs géotechniques, les fondations superficielles et l’amélioration
des sols, volume 2, pp79-154, 2004.
[11 Mataar 1977] MATAAR M. et SALENCON J., Capacité portante d’une semelle filante sur sol pure-
ment cohérent d’épaisseur limitée et de cohésion variable avec la profondeur, Annales de l’ITBTP, n° 352,
1977.
[11 Ménard 1975] MÉNARD L., Règles d’utilisation des techniques pressiométriques et d’exploitation des
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[11 Peck 1974] PECK R.B., HANSON W.E. et THORNBURN T.H., Foundation Engineering,
John Wiley & sons, 1974.
[11 Pecker 1984] PECKER A., Dynamique des sols, Presses ENPC, 1984.
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[11 Philipponnat 1991] PHILIPPONNAT G., « Retrait-gonflement des argiles, proposition de
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[11 Reese 2005] REESE L., ISENHOWER W. et WANG S.T., Analysis and Design of Shallow and Deep
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[11 Reiffsteck 2002] REIFFSTECK P., Nouvelles Technologies d’essai en mécanique des sols – État de l’art,
Symp. Int. PARAM 2002, Paris, Presses de l’ENPC, 2002.

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460 | Fondations superficielles

[11 Sanglerat 1972] SANGLERAT G. et GENDARME G., The penetrometer and soil exploration,
Elsevier, 1972.
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[11 Skempton 1967] SKEMPTON A. W. et BJERRUM L., « A contribution to the settlement analysis
of foundations on clays », Rev. Géotechnique, déc. 1967.
[11 Tcheng 1957] TCHENG Y., Fondation superficielle en milieu stratifié, Proc. 5th Inter. Conf. On Soil
Mech. And Found. Eng. Londres Vol. I (p. 449-452). Butterworths, 1957.
[11 Terzaghi 1961] TERZAGHI K. et PECK R.B., Mécanique des sols pratique, Dunod, 1961.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 12

Fondations profondes

12.1. Description, comportement et


principes de justifications
12.1.1. Définitions
Les fondations profondes sont caractérisées par la manière dont le sol est sollicité pour résister
aux charges appliquées, par des méthodes d’exécution qui font appel à des technologies et à
des entreprises spécialisées et par un fort élancement.
Par définition, une fondation est considérée comme profonde lorsque De /B est supérieur à 5 ;
B est la largeur de la fondation et De est la hauteur d’encastrement équivalente déterminée
selon une méthode exposée par la suite (voir partie 12.2.4.2) et similaire à celle utilisée pour
les fondations superficielles.
Dans un souci de simplification, l’ensemble des différents types de fondations profondes est
souvent désigné par le terme générique pieu.

12.1.2. Comportement des fondations profondes


12.1 .2.1 . Comportement sous charge axiale
Les nombreux essais de chargement réalisés au cours des dernières décennies sur des pieux
instrumentés ont permis de bien comprendre le comportement d’une fondation profonde
soumise à des charges verticales croissantes et de différencier le comportement en pointe du
pieu de celui le long du fût.

12.1 .2.1 .1 . Résistance limite de pointe


Considérons un pieu pénétrant d’une hauteur h dans la couche d’ancrage. Si une charge
croissante est transmise à la base de ce pieu, la courbe charge/enfoncement (figure 12.1a) aura
une allure identique à celle correspondant au chargement d’une fondation superficielle (voir

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462 | Fondations profondes

chapitre 11). Des tassements de plus en plus importants se produiront et la résistance limite


en pointe Rb sera atteinte conventionnellement pour un enfoncement de B/10, B étant la
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largeur ou le diamètre du pieu.


qpu qp qs τ

s s

a) Résistance de pointe b) Frottement latéral

Fig. 12.1. Relation contrainte/déformation

12.1 .2.1 .2. Mobilisation du frottement latéral


En fonction du déplacement relatif entre le pieu et le sol avoisinant, la mobilisation du frot-
tement latéral unitaire τ obéit à un comportement tout à fait différent (figure 12.1b), puisque
le déplacement n’est plus dû à un tassement du sol mais à une distorsion par cisaillement.
Il apparaît que le frottement latéral se mobilise rapidement, et proportionnellement au dépla-
cement, pour atteindre une quasi-stabilisation correspondant au frottement axial limite qs.
Ce palier est obtenu pour des déplacements faibles compris généralement entre 5 et 15 mm.
La figure 12.2 ci-contre présente les résultats expérimentaux de différents essais de charge-
ment de pieux.

12.1 .2.1 .3. Mobilisation progressive de la résistance du sol


Le comportement du pieu soumis à des charges croissantes a été mis en évidence par
H. Cambefort [12 Cambefort 1964 et 1971] et découle des éléments présentés dans les para-
graphes précédents.
En équipant le pieu d’essai avec des extensomètres répartis à différentes profondeurs d1, d2,
d3, etc. il est possible de connaître les charges Q1, Q2, Q3, etc. transmises à chaque niveau
pour chaque étape de chargement (figure 12.3).

Coupe du sol Effort dans le pieu


Q
0 0 500 1 000 1 500 2 000 kN
d1

Sable
légèrement limoneux Q1
d2

3
+ traces végétales
Profondeur en m

et argile noire sableuse Q2


d3

6 6
Sable
Q3 9

fin
Q4 12

beige 15
15

Fig. 12.3. Transmission des charges dans un pieu – résultats expérimentaux (d’après H. Cambefort)

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Description, comportement et principes de justifications | 463
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250

200

150
Frottement latéral en kPa

100

50

0
0 5 10 15
Déplacement du fût en mm
Fig. 12.2. Mobilisation de frottement latéral – résultats expérimentaux

La part reprise en frottement latéral, par exemple entre les profondeurs d1 et d2, est Q1 − Q2
et le frottement unitaire τ mobilisé entre ces deux niveaux est donné par :
Q1 − Q2
τ= (1)
P·(d2 − d1)
P étant le périmètre du pieu.
L’examen des essais de chargement montre que le processus de mobilisation de la résistance
découle des lois respectives contraintes/déformations en frottement latéral et en pointe
(figure 12.3).

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464 | Fondations profondes

Compte tenu de la déformabilité propre du pieu, le frottement latéral se mobilise d’abord


dans la partie supérieure, proportionnellement au déplacement relatif du pieu et du sol,
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absorbant ainsi la charge appliquée. Ensuite, le frottement latéral unitaire atteint sa valeur
maximale qs et reste pratiquement constant quel que soit le déplacement supplémentaire.
Les faibles charges sont donc entièrement reprises par la mobilisation du frottement latéral
dans les couches supérieures. Les contraintes transmises à la pointe sont nulles. Lorsque la
charge Q augmente, le frottement latéral qs étant déjà mobilisé dans les couches supérieures,
l’accroissement de charge est repris par la mobilisation de qs en profondeur et par une mobi-
lisation progressive de l’effort de pointe.
Enfin, pour les charges élevées, le frottement latéral est mobilisé en totalité sur tout le fût et
la rupture se produit lorsque l’effort de pointe est à son tour totalement mobilisé.
Il en résulte que, lorsque les pieux ne sont pas fichés dans un substratum rocheux ou du
moins très résistant, c’est le frottement latéral qui est mobilisé en premier et ceci pour un très
faible déplacement, la résistance de pointe constituant une réserve de sécurité vis-à-vis de la
rupture.
Pour des charges de traction, la résistance de pointe n’intervient pas et seul le frottement
latéral est mobilisé.

12.1 .2.2. Comportement sous sollicitations transversales


L’étude du comportement des pieux sous charges transversales repose sur des essais de charge­
ment en vraie grandeur en nombre limité et sur des essais réalisés sur modèles réduits.
Lorsqu’on applique progressivement et par paliers une charge transversale sur un pieu vertical,
on observe généralement en premier lieu un déplacement du pieu proportionnel à la charge
appliquée. Au-delà d’un certain effort, les variations de déplacements s’accélèrent et les durées
de stabilisation des déplacements sous un effort donné augmentent.

Système Effort Déplacement


de par rapport à la
réaction Rotule base repère
Sol

Pieu
2,5 B Extensomètres
éventuels Essai
préalable
Inclinomètre
éventuel

a équipement du pieu : vue en coupe

Mesurage de la force Extensomètres éventuels

Effort
Déplacement
Base repère
Pieu
Rotule Inclinomètre éventuel
Base repère
Déplacement
b équipement du pieu : vue de dessus

Fig. 12.4. Essai de chargement de pieu sous charge horizontale

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Principes de justifications | 465

12.1 .2.3. Pieu soumis à des efforts parasites et divers


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À l’origine, les pieux étaient de faible section et prévus pour reprendre uniquement des
charges axiales.
Les pieux, et a fortiori les barrettes à forte inertie transversale, peuvent également résister à des
efforts horizontaux ou à des moments en tête.
Lorsque les pieux sont très rapprochés, ils forment un groupe de pieux. Il convient alors de
vérifier la stabilité d’un pieu unique mais aussi celle du groupe considéré dans son ensemble.
Par ailleurs, les fondations profondes traversant des couches compressibles surchargées
peuvent être soumises à des efforts parasites qui sont essentiellement :
• du frottement négatif sous l’effet du tassement du sol environnant ;
• des poussées horizontales sous l’effet du fluage latéral des sols mous chargés
dissymétriquement.
Les actions liées à des surcharges avoisinantes, à des phénomènes de gonflement ou de
soulève­ment des sols, à des glissements de terrain ou à des tremblements de terre sont aussi
susceptibles d’impacter les pieux.

12.2. Principes de justifications

12.2.1. Vérifications aux états limites


Selon la norme NF P94-262, norme d’application nationale de l’Eurocode 7 relative aux
fondations profondes, les vérifications suivantes sont nécessaires :
À l’ELU :
• état limite de portance ;
• état limite de traction ;
• résistance aux charges transversales ;
• résistance structurale ;
• stabilité générale.
À l’ELS :
• mobilisation du terrain par une fondation profonde sous charge axiale ;
• déplacement et déformation (charge axiale, charge transversale) ;
• résistance structurale.

12.2.2. Classement des différents types de fondations profondes


Les paragraphes précédents ont montré que, même si le comportement restait globalement
identique, les capacités portantes que l’on pouvait espérer d’une fondation profonde dépen-
daient non seulement du sol mais aussi de la technique de mise en œuvre, d’où la nécessité de
proposer un classement des pieux en fonction du mode d’exécution.

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466 | Fondations profondes

La norme NF  P94-262 retient un classement en relation avec les normes européennes
d’exécu­tion des pieux :
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• NF EN 1536 : pieux forés ;


• NF EN 12699 : pieux avec refoulement de sol ;
• NF EN 14199 : micropieux.

Tableau 12.1. Classes et catégories de pieux [12 NF P94-262 2012]

Classe Catégorie Technique de mise en œuvre Abréviation Norme de référence

1 Foré simple (pieux et barrettes) FS


2 Foré boue (pieux et barrettes) FB
3 Foré tubé (virole perdue) FTP
1 NF EN 1536
4 Foré tubé (virole récupérée) FTR
Foré simple ou boue avec rainure
5 FSR, FBR, PU
ou puits
Foré tarière creuse simple
2 6 FTC, FTCD NF EN 1536
rotation, ou double rotation
7 Vissé moulé VM
3 NF EN 12699
8 Vissé tubé VT
Battu béton préfabriqué
9 BPF, BPR
ou précontraint
Battu enrobé
4 10 BE NF EN 12699
(béton – mortier – coulis)
11 Battu moulé BM
12 Battu acier fermé BAF
5 13 Battu acier ouvert BAO NF EN 12699
14 Profilé H battu HB
6 NF EN 12699
15 Profilé H battu injecté HBi
7 16 Palplanches battues PP NF EN 12699
17 Micropieu type I M1
1 bis
18 Micropieu type II M2
Pieu ou micropieu injecté NF EN 1536/14199/12699
19 PIGU, MIGU
mode IGU* (type III)
8
Pieu ou micropieu injecté
20 PIRS, MIRS
mode IRS* (type IV)
* IGU : Injection globale et unitaire ; IRS : Injection répétitive et sélective

12.2.3. Matériaux constitutifs des fondations profondes


La charge ultime d’un pieu peut être limitée par la résistance propre du matériau qui le
constitue. La justification de cette résistance relève des Eurocodes relatifs aux matériaux
(béton, acier, bois, etc.), avec parfois des adaptations afin de tenir compte de la mise en œuvre
particulière des éléments de fondation.

EYR2212118902_Fondations.indb 466 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 467

Les fondations étant forcément en contact avec l’environnement extérieur, la durabilité est un
paramètre à prendre en compte (attaque des ciments par les sulfates, corrosion des aciers,
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attaque fongique du bois, …).


On n’abordera ici que les aspects durabilité dans les terrains pour les matériaux béton et acier,
seuls matériaux constitutifs traités dans la norme NF P94-262.

12.2.3.1 . Paramètres de calcul des matériaux béton, béton armé, coulis


ou mortier à base de ciment
On ne s’attache ici qu’à présenter les paramètres principaux propres aux fondations coulées
en place sans aborder les calculs de structures proprement dits.
Les sujétions propres aux pieux bétons, coulis ou mortier, préfabriqués, ne sont pas traitées
car elles relèvent intégralement de l’application de l’Eurocode 2. On rappelle néanmoins que
pour ce type de fondations, les conditions de manutention (transport, levage, …) et de mise
en place (battage, vibrofonçage,  …) s’avèrent régulièrement plus dimensionnantes que la
phase d’exploitation de l’ouvrage.

12.2.3.1 .1 . Valeur caractéristique de la résistance à la compression


La valeur caractéristique de la résistance à la compression se détermine à partir de la
formule (2).
* = inf [ fck(t);Cmax; fck ]· 1
f ck (2)
k1·k2
avec fck(t) : résistance caractéristique à la compression à t jours ;
Cmax et k1 sont définis au tableau 12.2 ;
fck : résistance caractéristique à la compression à 28 jours mesurée sur cylindre ;
k2 défini au tableau 12.3.
Tableau 12.2. Coefficients applicables à la détermination de la résistance caractéristique de compression du béton,
coulis ou mortier des pieux [NF P94-262]

Classe Cmax (MPa) k1

1 Pieux forés et barrettes 35 1,3

2 Pieux tarière creuse avec enregistrement des paramètres (notes 1, 3 et 4) 30 1,35

3 Pieux vissés moulés (note 2) 35 1,3

4 Pieux battus moulés 35 1,3

Notes :
(1) Pour l’application de la norme NF EN 1536, un enregistrement continu des paramètres d’excavation et de béton-
nage sous forme graphique doit être fourni pour chaque pieu et faire l’objet d’un rapport sous forme papier. Les
valeurs de ces paramètres sont visualisables en temps réel dans la machine réalisant les pieux.
(2) Lorsque le bétonnage ne se fait pas par l'intermédiaire d'une trémie mais directement à la pompe à béton, il est
conseillé de procéder à un enregistrement spécifique des paramètres d'exécution. Ces derniers sont visualisables
en temps réel par l'opérateur de la machine sous forme de graphique.
(3) Les pieux, pour lesquels le système d’enregistrement continu des paramètres d’excavation et de bétonnage n’aura
pas fonctionné, seront testés par un essai d’intégrité. Un nombre identique d’essais d’intégrité est à réaliser sur
des pieux pour lesquels l’enregistrement des paramètres aura été réalisé correctement pour servir d'étalonnage lors
de l'interprétation des essais.
(4) Pour des valeurs de fck supérieures ou égales à 25 MPa, la valeur de f ck * est prise égale à 18,33 MPa lorsque la
formule (2) conduit à une valeur moindre.

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468 | Fondations profondes

Pour les ponts, la valeur de Cmax est limitée à 25 MPa.


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Pour les pieux de catégories 1 à 7, 10, 11 et 17, la valeur du coefficient k2 est égale à 1,0
hormis dans les cas suivants :
• k2 = 1,05 pour les pieux dont le rapport de la plus petite dimension B à la longueur est
inférieur à 1/20 ;
• k2 = 1,3 − B/2 pour les pieux dont la plus petite dimension est inférieure à 0,6 m ;
• k2 = 1,35 − B/2 pour les pieux réunissant les deux conditions ci-dessus.
Ceci peut se traduire par le tableau suivant :
Tableau 12.3. Présentation des valeurs de k2

L L
> 20 ≤ 20
B B
B B
B ≤ 0,6 1,35 − 1,3 −
2 2

B ≥ 0,6 1,05 1,0

12.2.3.1 .2. Vérification à l’ELU


La valeur de calcul de la résistance à la compression simple fcd est déterminée à partir de la
formule (3).

[
f* f (t) C
fcd = min αcc·k3· ck ; αcc· ck ; αcc· max
γc γc γc ](3)

avec αcc : 1,0 sur la hauteur où le pieu est armé et 0,8 sur la hauteur où le pieu n’est pas armé ;
γc : 1,5 sous ELU durables et transitoires et 1,2 en ELU accidentel ;
k3 : 1,2 dans le cas d’un contrôle renforcé et 1,0 dans le cas contraire.
Les conditions d’un contrôle renforcé des pieux, permettant d’adopter une valeur de 1,2 pour k3,
sont précisées dans les tableaux 12.4 et 12.5, le tableau 12.5 étant spécifique aux ponts.
Tableau 12.4. Nombre minimal de pieux ou de barrettes à ausculter pour des contrôles renforcés d’intégrité
[NF P94-262 2012], à l’exception des ponts

Méthodes d’auscultation (notes 1 à 4)


A B C
1/8 par transparence (note 2)
Nombre de pieux 1/6 par transparence 1/4 par impédance
+
concernés (note 2) (note 3)
1/6 par impédance (note 3)

Notes :
(1) Les procédures A, B ou C sont indifféremment autorisées, mais les procédures A et B ne sont possibles que si les
pieux sont armés sur toute leur hauteur.
(2) Selon la norme NF P94-160-1 (méthode sonique par transparence). Dans ce cas, les tubes utilisés, de 40 mm de
diamètre intérieur minimum, sont à placer de façon à ne pas nuire à l’enrobage des armatures principales
des cages.
(3) Selon la norme NF P94-160-4 ou NF P94-160-2 (méthode vibratoire par impédance ou par réflexion). Lorsque
cette méthode n’est pas applicable ou lorsque la géométrie et le contexte géotechnique sont susceptibles d’en
compromettre la pertinence, il convient de recourir à la méthode A. Lorsque le défaut de représentativité de la
méthode par impédance est constaté a posteriori, il convient d’effectuer des auscultations au moyen de la
méthode sismique parallèle selon la norme NF P94-160-3.
(4) Les normes de type NF EN se substitueront aux normes de type NF P94-160 lorsqu’elles seront applicables.

EYR2212118902_Fondations.indb 468 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 469

Tableau 12.5. Nombre minimal de pieux ou de barrettes à ausculter pour des contrôles renforcés d’intégrité
pour les ponts [NF P94-262 2012]
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Méthodes d’auscultation (1)


A B

80 % par transparence (2)


Nombre de pieux concernés 100 % par transparence (2) +
30 % par impédance (3)

Notes :
(1) Les procédures d'auscultation A ou B peuvent être appliquées indifféremment.
(2) Selon la norme NF P94-160-1 (méthode sonique par transparence). Dans ce cas, les tubes utilisés, de 40 mm de
diamètre intérieur minimum, sont à placer de façon à ne pas nuire à l’enrobage des armatures principales
des cages.
(3) Selon la norme NF P94-160-4 (méthode vibratoire par impédance).
(4) Les normes de type NF EN se substitueront aux normes de type NF P94-160 lorsqu’elles seront applicables.

Les différentes méthodes d’auscultation préconisées aux fins de contrôle renforcé d’intégrité
des pieux sont abordées dans le paragraphe 12.8.

12.2.3.1 .3. Vérification à l’ELS


Sous ELS caractéristiques, les valeurs moyennes et maximales, calculées sur la surface
comprimée de la section la plus sollicitée de l’élément, doivent respecter les inégalités
suivantes :
* (4a)
σmoy ≤ 0,3 k3· f ck

*  ; 0,6 fck ) (4b)
σmax ≤ min(0,6 k3· f ck

Pour les armatures, l’espacement des armatures doit rester inférieur à 5 fois (c + Φ/2) avec
c l’épaisseur d’enrobage et Φ le diamètre des armatures, et la contrainte à l’ELS quasi perma-
nent dans les aciers passifs ne doit pas dépasser les valeurs suivantes sous la combinaison
d’action considérée :
• σs < 1 000 wmax pour des éléments ou parties d’éléments fléchies (c’est-à-dire ayant une
face tendue et une face comprimée) ;
• σs < 600 wmax pour des éléments ou parties d’éléments entièrement tendus.
Avec σs (MPa) la valeur absolue de la contrainte maximale admise dans l’armature immédia-
tement après la formation de la fissure et wmax (mm) l’ouverture calculée de la fissure.

12.2.3.2. Agressivité des eaux et des sols pour les bétons


Certaines substances chimiques contenues dans l’eau et le sol peuvent attaquer les bétons.
Le tableau 12.6 issu de la norme EN 206-1 définit les classes d’expositions XA1 à XA3 en
fonction des caractéristiques chimiques mesurées en laboratoire sur des échantillons d’eau et
de sols dans lesquels seront réalisées les fondations. Il est complété par la norme FD P18-011.
Le choix de la classe se détermine par rapport à la caractéristique chimique correspondant à
l’agression la plus élevée. Lorsqu’au moins deux caractéristiques agressives correspondent à
une même classe, l’environnement est classé dans la classe immédiatement supérieure.

EYR2212118902_Fondations.indb 469 07/01/2019 11:25


470 | Fondations profondes

Lorsque plusieurs agents agressifs sont présents avec des concentrations conduisant à un
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classe­ment XA3, la classe d’exposition reste XA3.

Tableau 12.6. Valeurs limites pour les classes d’exposition correspondant aux attaques chimiques par les sols
et les eaux souterraines naturels (extrait de FD P18-011)

Agents Norme d’essai Classe d’agressivité selon NF EN 206/CN:2014


agressifs
XA1 XA2 XA3

Agressivité des eaux en fonction de leur concentration en agents agressifs et de leur pH :
eaux stagnantes ou à faible courant, climat tempéré, pression normale

CO2 agressif
NF EN 13577 a ≥ 15 et ≤ 40 > 40 et ≤ 100 > 100
(mg/l)

SO42− (mg/l) NF EN 196-2 ≥ 200 et ≤ 600 > 600 et ≤ 3 000 > 3 000 et ≤ 6 000

> 3 000 b
Mg2+ (mg/l) NF EN ISO 7980 ≥ 300 et ≤ 1 000 > 1 000 et ≤ 3 000
jusqu’à saturation

ISO 7150-1 ou
NH4+ (mg/l) ≥ 15 et ≤ 30 > 30 et ≤ 60 > 60 et ≤ 100 c d
ISO 7150-2

pH NF T 90-008 ≤ 6,5 et ≥ 5,5 < 5,5 et ≥ 4,5 < 4,5 et ≥ 4,0 c

NF EN ISO 9963-1 et
TAC (mé/l) e ≤ 1,0 et ≥ 0,4 < 0,4 et ≥ 0,1 < 0,1 b
NF EN ISO 9963-2

Agressivité des sols

SO42− (mg/kg > 12 000 et


NF EN 196-2 ≥ 2 000 et ≤ 3 000 > 3 000 et ≤ 12 000
de sol sec) f ≤ 24 000 c

H2S (mg/m3) NF EN 16502 > 200 g g

a
Il est également possible d’utiliser la méthode Legrand-Poirier (cf. FD P18-011).
b
 ne protection externe (enduits, revêtements) ou interne (imprégnation) est recommandée lorsque la concentra-
U
tion dépasse significativement la valeur seuil de la classe.
c S i le degré d’agressivité des solutions, des sols et des gaz présenté dans ce tableau dépasse les concentrations de la
classe XA3, il est nécessaire de prévoir une protection externe (enduits, revêtements) ou interne (imprégnation).
d
 orsque la concentration massique en ions bicarbonate HCO3− est supérieure à la concentration en ions ammo-
L
nium NH4+, il n’est pas nécessaire de prévoir de protection et les dispositions de XA3 suffisent, indépendamment
de la concentration en NH4+.
e
1 mé/l = 50 mg/l d’équivalent de CaCO3
f
 es sols argileux dont la perméabilité est inférieure à 10−5 m/s peuvent être placés dans une classe inférieure. En cas
L
de risque d’accumulation d’ions sulfate dans le béton due à l’alternance de périodes sèches et de périodes humides
ou par « succion capillaire », une valeur égale ou supérieure à 2 000 mg/kg conduit à un classement en XA2.
g Conditions d’attaque non observées en pratique.

La norme NF EN 206-1 définit aussi les classes d’exposition liées aux agressions suivantes :
corrosion par carbonatation, corrosion par les chlorures, attaque par le gel-dégel, et présente
quelques exemples informatifs. L’ensemble est présenté dans le tableau 12.7.

EYR2212118902_Fondations.indb 470 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 471

Tableau 12.7. Classes d’exposition X0, XC, XD, XS, XF, XA et exemples informatifs (extrait de NF EN 206-1)
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Désignation Description de Exemples informatifs illustrant le choix des classes


de la classe l’environnement d’exposition

1 Aucun risque de corrosion ni d’attaque

Pour le béton non


armé ou sans pièces
métalliques noyées :
toutes les expositions
sauf l’abrasion,
Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux d’humidité de l’air
X0 l’attaque chimique ou
ambiant est très faible.
par le gel-dégel.
Pour le béton armé ou
avec des pièces
métalliques noyées :
très sec.

2 Corrosions par carbonatation

Lorsque le béton armé ou contenant des pièces métalliques noyées est exposé à l’air et à l’humidité, les classes
d’exposition doivent être définies comme suit :
Sec ou humide en Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux d’humidité de l’air
XC1
permanence ambiant est faible ; béton immergé dans l’eau en permanence
Surfaces de béton soumises au contact de l’eau à long terme ; grand
XC2 Humide, rarement sec
nombre de fondations
Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux d’humidité de l’air
XC3 Humidité modérée
ambiant est moyen ou élevé ; béton extérieur abrité de la pluie
Alternance d’humidité Surfaces soumises au contact de l’eau, mais n’entrant pas dans la
XC4
et de séchage classe d’exposition XC2

3 Corrosions par les chlorures autres que ceux de l’eau de mer

Lorsque le béton armé ou contenant des pièces métalliques noyées est soumis au contact d’une eau contenant
des chlorures d’origine autre que marine, y compris ceux des sels de déverglaçage, les classes d’exposition
doivent être définies comme suit :
Surfaces de bétons exposées à des chlorures transportés par voie
XD1 Humidité modérée
aérienne
Piscines ;
XD2 Humide, rarement sec
béton exposé à des eaux industrielles contenant des chlorures
Alternance d’humidité Éléments de ponts exposés à des projections contenant des
XD3
et de séchage chlorures. Chaussées ; dalles de parcs de stationnement de véhicules

4 Corrosions par les chlorures de l’eau de mer

Lorsque le béton armé ou contenant des pièces métalliques noyées est soumis au contact des chlorures de l’eau
de mer ou à l’action de l’air véhiculant du sel marin, les classes d’exposition doivent être définies comme suit :
Exposé à l’air
véhiculant du sel
XS1 marin, mais pas en Structures sur/ou à proximité d’une côte
contact direct avec
l’eau de mer
Immergé en
XS2 Éléments de structures marines
permanence

EYR2212118902_Fondations.indb 471 07/01/2019 11:25


472 | Fondations profondes

Désignation Description de Exemples informatifs illustrant le choix des classes


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de la classe l’environnement d’exposition

Zones de marnage,
zones soumises à des
XS3 Éléments de structures marines
projections ou à des
embruns

5 Attaque par le gel-dégel avec ou sans agent de déverglaçage

Lorsque le béton est soumis à une attaque significative due à des cycles de gel-dégel alors qu’il est mouillé, les
classes d’exposition doivent être définies comme suit :
Saturation modérée en
XF1 eau sans agent de Surfaces verticales de bétons exposées à la pluie et au gel
déverglaçage
Saturation modérée en
Surfaces verticales de bétons des ouvrages routiers exposées au gel et
XF2 eau avec agent de
à l’air véhiculant des agents de déverglaçage
déverglaçage
Forte saturation en eau
XF3 sans agent de Surfaces horizontales de bétons exposées à la pluie et au gel
déverglaçage
Forte saturation en eau Routes et tabliers de pont exposés aux agents de déverglaçage ;
avec agent de surface de bétons directement exposées aux projections d’agents de
XF4
déverglaçage ou déverglaçage et au gel ; zone de structures marines soumises aux
eau de mer projections et exposées au gel

6 Attaque chimique

Lorsque le béton est soumis à une attaque chimique par les sols et les eaux souterraines naturels, les classes
d’exposition doivent être définies comme suit :
Environnement à
XA1 faible agressivité Béton exposé à des sols et des eaux souterraines naturels
chimique
Environnement
XA2 d’agressivité chimique Béton exposé à des sols et des eaux souterraines naturels
modérée
Environnement à forte
XA3 Béton exposé à des sols et des eaux souterraines naturels
agressivité chimique

Les classes d’exposition permettent de choisir le béton approprié à partir du tableau 12.8.
Le tableau 12.8 doit être complété par les exigences propres aux normes d’exécution des
travaux géotechniques spéciaux (pieux forés, pieux avec refoulement de sol, micropieux,
parois moulées), reprises de l’annexe D de la norme EN 206-1. Ainsi, la teneur en ciment ne
peut pas être inférieure à 325 à 400 kg/m3 suivant des considérations de mise en œuvre, de
taille de granulat et de teneur en fines et le rapport eau/ciment ne doit pas être supérieur
à 0,6.

EYR2212118902_Fondations.indb 472 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 473

Tableau 12.8. Recommandations relatives aux valeurs limites pour la composition et les propriétés des bétons
(extrait de NF EN 206-1)
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12.2.3.3. Structures métalliques en acier de construction


On s’intéresse essentiellement aux pieux tubulaires métalliques, aux pieux caissons et aux
tubes aciers de micropieux.
Les aciers utilisables en ouvrages géotechniques sont présentés dans le tableau suivant :
Tableau 12.9. Les différents types d’acier utilisables en ouvrages géotechniques (extrait de NF P94-262/A1)

Normes produits NF EN NF EN NF EN NF EN NF EN
1992 1993 1536 12699 14199

NF EN 10080 Aciers soudables pour béton armé × × × ×


NF EN 10083 Aciers pour trempe et revenu ×
prEN 10138 Aciers de précontrainte × ×
Produits laminés à chaud en acier de
NF EN 10025 × × × ×
construction
Produits plats laminés à chaud en aciers HLE
NF EN 10149 ×
pour formage à froid
Profils creux pour la construction finis à chaud
NF EN 10210 × × × ×
en aciers non alliés et à grains fins
Profils creux de construction soudés formés à
NF EN 10219 × × × ×
froid en aciers non alliés et à grains fins
NF EN 10248 Palplanches laminées à chaud en aciers non alliés × × ×
NF EN 10249 Palplanches profilées à froid en aciers non alliés × × ×
NF EN ISO Tubes d’acier utilisés comme cuvelage ou tubes
×
11960 (1) de production dans les puits
(1)
Norme fondée sur l’API Spec 5CT

EYR2212118902_Fondations.indb 473 07/01/2019 11:25


474 | Fondations profondes

Pour les aciers qui ne relèvent pas des normes explicitement citées dans la norme NF EN 1992
ou NF EN 1993 (c’est notamment le cas des aciers issus de l’industrie pétrolière, ceux rele-
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vant de la norme NF EN 10083 ou NF EN 11960), il convient :


• de s’assurer que les caractéristiques physiques du matériau satisfont les exigences de la
norme NF EN 1993, notamment en terme de soudabilité et de résilience ;
• d’appliquer un facteur de méthode γRd de 1,1 sur les résistances calculées selon la norme
NF EN 1993.
Lorsque les pieux travaillent en compression simple aux ELS et ELU quelles que soient les
combinaisons, et que l’assemblage se fait par contact sur sections planes coupées d’équerre
avec manchon (ou mamelon) de guidage fileté ou soudé, il suffit de vérifier que la contrainte
dans l’acier reste inférieure à :
• 75 % de sa limite élastique pour les ELU durables ou transitoires ;
• 90 % de sa limite élastique pour les situations accidentelles.

12.2.3.4. Agressivité des eaux et des sols pour le métal


Les environnements les plus susceptibles de présenter une force corrosive élevée sont listés
dans le tableau suivant extrait de la norme NF EN 12501-2.
Tableau 12.10. Conditions de sols pouvant suggérer une force corrosive élevée (extrait de NF EN 12501-2)

Caractéristiques Circonstances Exemples de critères

Présence de tourbe, de lignite, de charbon, etc. dans


les sols
Zones telles que marais, étangs marécageux, etc.
Zone de marées
Sol naturel
Présence d’une nappe phréatique saumâtre ou d’eau
de mer
Sols anaérobies (possibilité de corrosion
Type de sol microbienne induite)
Sols contenant des cendres, des scories, des
sous-produits industriels, des résidus de déchets
domestiques, etc.
Sol artificiel
Zones remblayées par des sous-produits industriels
(tout type)
Matériaux recyclés non contrôlés
Caractéristiques Circonstances Exemples de critères

Proximité de chemins de fer à CC, de tramways, de


Dispositif utilisant métros, etc.
un CC* Proximité d’une structure à protection cathodique,
Perturbations électriques ou d’anodes

Proximité de lignes électriques à CA, de réseaux


Dispositif utilisant
ferroviaires à CA
un CA*
Proximité de prises de terre à CA

EYR2212118902_Fondations.indb 474 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 475

Contamination par des sels de dégivrage, du fumier,


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Pollution Sol contaminé des fertilisants, due à des égouts perméables ou à


une pollution industrielle

Topographie Présence, sur le chemin de la canalisation, d’un


Hydrographie point bas, d’une traversée de ruisseau ou de rivière

Autres Indications données par les noms de village, relatives


Toponymie
aux caractéristiques particulières de nature de sol

Interface triple Nappe phréatique fluctuante

* CC : courant continu ; CA : courant alternatif

Dans le cas où la durabilité de la structure métallique est justifiée en considérant une épais-
seur sacrifiée à la corrosion, les épaisseurs indiquées dans les tableaux 12.11 et 12.12 sont à
retenir pour les pieux et les palplanches métalliques (norme NF EN-1993-5) par face en
contact avec le sol ou avec l’eau.

Remarque

Des techniques comme par exemple la protection cathodique ou la protection par galvanisation ou peinture
au zinc dans les sols peu abrasifs peuvent aussi être utilisées.

Tableau 12.11. Valeurs recommandées pour la perte d’épaisseur [mm] due à la corrosion
dans le cas des pieux et palplanches dans le sol, avec ou sans nappe phréatique

Durée d'utilisation de projet 5 ans 25 ans 50 ans 75 ans 100 ans

Sols naturels intacts (sable, limon, argile,


0,00 0,30 0,60 0,90 1,20
schiste, etc.)

Sols naturels pollués et sites industriels 0,15 0,75 1,50 2,25 3,00

Sols naturels agressifs (marais, marécages,


0,20 1,00 1,75 2,50 3,25
tourbe, etc.)

Remblais non compactés et non agressifs


0,18 0,70 1,20 1,70 2,20
(argile, schiste, sable, limon, etc.)

Remblais non compactés et agressifs (cendres,


0,50 2,00 3,25 4,50 5,75
scories, etc.)

Notes :
1) Les taux de corrosion dans les remblais compactés sont inférieurs à ceux observés dans les remblais non compactés.
Dans les remblais compactés, il convient de diviser par deux les chiffres du tableau.
2) Les valeurs données pour 5 ans et 25 ans sont basées sur des mesures, tandis que les autres valeurs sont
extrapolées.

EYR2212118902_Fondations.indb 475 07/01/2019 11:25


476 | Fondations profondes

Tableau 12.12. Valeurs recommandées pour la perte d’épaisseur [mm] due à la corrosion
dans le cas des pieux et palplanches dans l’eau douce ou l’eau de mer
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Durée d'utilisation de projet 5 ans 25 ans 50 ans 75 ans 100 ans

Eau douce ordinaire (rivière, canal


navigable, etc.), dans la zone d’attaque élevée 0,15 0,55 0,90 1,15 1,40
(ligne d'eau)

Eau douce très polluée (eaux usées, effluents


industriels, etc.), dans la zone d’attaque élevée 0,30 1,30 2,30 3,30 4,30
(ligne d’eau)

Eau de mer sous climat tempéré, dans la zone


d’attaque élevée (basses eaux et zone 0,55 1,90 3,75 5,60 7,50
d’embruns)

Eau de mer sous climat tempéré, dans la zone


d’immersion permanente ou dans la zone de 0,25 0,90 1,75 2,60 3,50
marnage

1) Le taux de corrosion le plus élevé est habituellement observé dans la zone d'embruns ou dans la zone des basses
eaux. Cependant, dans la plupart des cas, le moment fléchissant le plus élevé se situe dans la zone d'immersion
permanente.
2) Les valeurs données pour 5 ans et 25 ans sont basées sur des mesures, tandis que les autres valeurs sont
extrapolées.

Hormis dans les cas de « remblais hors d’eau non compactés et agressifs » et de « l’eau de mer,
sous climat tempéré, en zone d’attaque élevée », la norme NF P94-262 permet de s’affranchir
de la prise en compte de la corrosion sur les aciers sollicités constamment en compression
(sous ELS et ELU fondamental) lorsque, à la fois :
• l’enrobage de mortier ou de coulis de ciment est supérieur à 5 cm ;
• et le rapport eau/ciment est inférieur à 0,5 (obtenu généralement grâce à un coulis dosé à
plus de 1 200 kg/m3 ou un mortier à plus de 500 kg/m3).
Par ailleurs, pour les micropieux, l’enrobage minimum à respecter pour les aciers à basse
limite élastique, tel que proposé dans la norme NF EN 14199, dépend de la classe d’agressi-
vité du milieu ambiant (voir tableau 12.13). Il convient de noter que l’enrobage minimal
indiqué dans ce tableau ne dispense pas d’une protection contre la corrosion.

Tableau 12.13. Indications sur l’enrobage minimum en mm pour les éléments porteurs en basse limite élastique
[NF EN 14199, 2015]

Classe Agressivité Élément porteur Élément porteur


d’exposition (1) chimique avec enrobage de coulis avec mortier

Compression Tension Compression Tension

XD Avec tubage permanent 10 10 25 25


X0, XC1 – XC4 Absence d'agressivité 20 (2) (2)
20  35 40
XD1, XD2 Chlorure, sauf eau salée 20 20 35 40
XS1 Chlorure provenant d'eau salée 20 20 35 40
(1)
 our les autres classes d’exposition de l’EN 206, l’enrobage minimal est indiqué dans l’EN 1992-1-1 : 2004,
P
Article 4, et dans l’annexe nationale en vigueur
(2) Pour une durée de vie en service de 5 ans maximum, l’enrobage minimal de coulis peut être réduit à 10 mm

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Principes de justifications | 477

12.2.4. Capacités portantes limites sous charges verticales


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12.2.4.1 . Données théoriques et expérimentales de dimensionnement sous charge verticale –


Méthode par essais de laboratoire

12.2.4.1 .1 . Contrainte limite de pointe – ancrage critique


La première méthode permettant d’évaluer la contrainte limite en pointe était basée sur une
formule similaire à celle utilisée pour évaluer la contrainte de rupture d’une fondation super-
ficielle et s’écrivait :
qpu = γ · D · Nq max + c · Nc max (5)
Le terme de surface en Nγ était négligé, étant donné la faible largeur de la fondation ; en
revanche, les coefficients Nq max et Nc max avaient des valeurs beaucoup plus élevées que pour
les fondations superficielles, du fait de la hauteur d’encastrement D et donc de la forme des
surfaces de cisaillement qui ont tendance à se retourner sur le fût (figure  12.5a). Dans la
formule relative aux fondations superficielles, les lignes de glissement sont supposées s’arrêter
au niveau de l’assise de la fondation, les sols supérieurs n’agissant que par leur poids
(figure 12.5b).
B

D
B
D

a) Pointe d’un pieu b) Semelle superficielle

Fig. 12.5. Formes des lignes de glissement

Les valeurs de Nq max et Nc max proposées par A. Caquot et J. Kerisel [12  Caquot  1966] et
[12 L’Herminier 1967] sont données par les formules :
N −1
Nq max = 103,04 tan φ et Nc max = q max (6)
tan φ
Cependant, dès les années 1960, des essais de pieux instrumentés ont mis en évidence que,
dans un milieu homogène, le terme de profondeur ne croissait que sur les premiers mètres à
partir de la surface du sol et atteignait assez rapidement une valeur constante (figure 12.6),
contrairement à ce que donnait la formule (5). À partir d’une certaine profondeur, appelée
ancrage critique Dc, la résistance limite devient constante en milieu homogène [12 Foray 1976].
Dans un multicouche, l’ancrage critique est plus faible et dépend de la contrainte verticale σ´v
exercée par les couches supérieures. Les résultats expérimentaux ont conduit à retenir les
règles suivantes dans le DTU 13.2 [NF P11-212 1992] :
• dans un monocouche (sol homogène), l’ancrage critique est donné par l’expression
Dc = max(6 B ; 3 mètres) ;
• dans un multicouche vrai, Dc = 3 B.

EYR2212118902_Fondations.indb 477 07/01/2019 11:25


478 | Fondations profondes

Un multicouche vrai est un multicouche dans lequel l’épaisseur et le poids volumique des
couches supérieures à la couche d’ancrage sont tels que la contrainte verticale effective au
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niveau de cette couche σ´v est supérieure ou égale à 100 kPa (figure 12.6).

qpu qpu
0 0
q = γ·D·Nqmax

qp
Dc
σ´v ≥ 100 kPa
Longueur du pieu

Longueur du pieu
Dc
Couche
d’ancrage
D

(a) (b)

Fig. 12.6. Résistance de pointe dans un sable homogène (a) en fonction de la longueur du pieu
et définition d’un multicouche vrai (b)

Si l’ancrage du pieu dans la couche porteuse est supérieur à Dc , la formule donnant la
contrainte limite de pointe s’écrit alors :
qpu = a · Nq max + λ · c · Nc max (7)
avec a : constante ayant les dimensions d’une pression égale à 50 kPa ;
λ : coefficient de forme
–– λ = 1,3 pour les pieux de section circulaire ou carrée,
–– λ = 1 + 0,3 B/L pour les barrettes et parois,
L : plus grande dimension de la section transversale.

Dans les sols purement cohérents, la formule (7) est remplacée par :
qpu = 7 λ · cu (8)
Les caractéristiques à considérer sont l’angle de frottement interne effectif φ´ dans les sols
pulvérulents et les caractéristiques non drainées dans les sols cohérents.

12.2.4.1 .2. Frottement latéral limite


Le frottement latéral unitaire limite qs est la contrainte de cisaillement qui peut être mobilisée
au contact du fût et du sol lorsqu’il y a un déplacement de l’un par rapport à l’autre. Si le
contact est parfaitement rugueux, la valeur de qs est donnée par :
qs = c + σh· tan φ (9)

Les premières méthodes théoriques de dimensionnement vis-à-vis du frottement latéral


étaient basées sur le raisonnement ci-après.
Pour un point situé à la profondeur z (figure 12.7), le coefficient de pression des terres s’écrit
σh = K · σv avec Ka ≤ K ≤ Kp.
Comme σv = γ ·z, il s’ensuit que qs = c + K · γ ·z · tan φ.

EYR2212118902_Fondations.indb 478 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 479

Dans ces conditions, le frottement latéral limite total dans un sol homogène est :
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Qsu = qsu· P · d = P · (c ·D + 0,5 K · γ ·D 2· tan φ) (10)


avec P : périmètre de la section droite du pieu ;
D : longueur du pieu, égale à l’ancrage dans un sol homogène.
Pour les pieux battus, il était admis que le pieu refoulait le sol, c’est-à-dire K = Kp, la butée
étant supposée entièrement mobilisée.
D’après les formules précédentes, le frottement latéral unitaire limite devrait être constant
dans un milieu cohérent homogène, et proportionnel à la profondeur dans un milieu pulvé-
rulent homogène.

γ
z

qs
σh

Pieu

Fig. 12.7. Frottement latéral en un point du fût

Les nombreux essais de chargement réalisés depuis ont montré que, si le frottement latéral
unitaire limite est bien constant dans les milieux cohérents, il est également pratiquement
indépendant de la profondeur dans les milieux pulvérulents (sauf à proximité immédiate de
la surface), mettant ainsi la théorie précédente en défaut.
Une explication de cette divergence est à rechercher dans les phénomènes de contractance et
de dilatance empêchée (voir chapitre 5). Dans les sols pulvérulents lâches, la contractance
provoque une diminution de σh en profondeur, cette contrainte tendant rapidement vers une
valeur constante. Inversement, dans les sols pulvérulents denses, le milieu étant confiné, les
sables compacts ne peuvent se dilater sous l’effet du cisaillement, ce qui conduit à une
augmentation sensible de σh, fonction de l’état de compacité du matériau. La contrainte σh
tend vers une valeur pratiquement indépendante de la profondeur.
Lorsque seuls des résultats d’essai en laboratoire étaient utilisés pour calculer la résistance
limite des fondations profondes et pour des sols purement cohérents, la formule suivante
donnait une estimation du frottement latéral unitaire limite :
qs = β · cu (11)
Les valeurs de β sont données dans le tableau 12.14. Toutefois, les valeurs de qs obtenues avec
la formule (11) devaient être bornées supérieurement à une valeur plafond qsmax issue des
règles en vigueur à l’époque et qui pourraient être remplacées de nos jours par les valeurs qsmax
données par la norme NF P94-262.
Nota : les méthodes actuelles de dimensionnement se basent désormais sur les résultats d’essais
in situ ou ceux d’essais de chargement.

EYR2212118902_Fondations.indb 479 07/01/2019 11:25


480 | Fondations profondes

Tableau 12.14. Valeurs maximales du coefficient β (d’après le DTU 13.2)


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Type de pieux Nature du fût β

Puits et pieux forés de gros diamètre (1) Fût en béton 0,6

Fût en béton 0,7


Pieux forés
Fût métal 0,5

Fût en béton 0,7


Pieux battus
Fût métal 0,5

Faible pression 1,0


Pieux injectés
Forte pression 1,5
(1) pieux de diamètre > 1,50 m, barrettes, puits coulés à pleine fouille

12.2.4.2. Détermination de la charge limite sous charges verticales à partir d’essais


mécaniques in situ

12.2.4.2.1 . Portance limite et résistance limite de traction à partir de la méthode


pressiométrique

Pression de rupture du terrain sous la base du pieu qb


La résistance de pointe d’une fondation profonde Rb se calcule à partir de la formule (12).
Rb = Ab· qb = Ab· (q0 + kp· p*le) (12)
avec Ab : surface de la base de la fondation profonde. Dans la plupart des cas, la surface Ab est
déterminée à partir de la valeur nominale de l’outil de forage ;
qb : valeur de la pression de rupture du terrain sous la base du pieu ;
kp : facteur de portance pressiométrique ;
p*le : pression limite nette pressiométrique équivalente ;
q0 : contrainte totale verticale au niveau de la base de la fondation.
La contrainte totale verticale (ou pression verticale des terres au niveau de la base de la fonda-
tion) peut être négligée, hormis dans les cas particuliers suivants : le frottement négatif est
important ; le sol est très léger ; la fondation profonde dépasse au-dessus du terrain. Si q0 est
prise en compte, il convient d’inclure dans Fc;d le poids propre de la fondation.

Ab surface de la base de la fondation profonde


Pour les pieux de forme particulière, on se réfère à la figure 12.8.

A= +

P=

Fig. 12.8. Aire A des sections transversales et périmètre P des pieux tubulaires, des pieux H, des caissons et
des palplanches métalliques (extrait de NF P94-262)

EYR2212118902_Fondations.indb 480 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 481

Des règles spécifiques existent pour les pieux vissés moulés munis d’une hélice pour déter-
miner le diamètre B à prendre en compte dans les calculs (voir figure 12.9) :
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• pour les calculs de frottement et de pointe :


B = max(Bc ; 0,9 Bf ) si df < 5 cm ou si R/df > 6 (13a)
B = Bf si df > 5 cm et si R/df < 6 (13b)
• pour les calculs de résistance des matériaux :
B = Bc (13c)

R
df

Bc
Bs
Bf

Fig. 12.9. Caractéristiques géométriques d’un pieu vissé avec hélice ordinaire (extrait de NF P94-262)

p*le pression limite nette équivalente


Dans le cas d’une formation porteuse homogène, la valeur de la pression limite nette équiva-
lente est déterminée à partir de la formule (14).
D + 3a

1
p*le = ∫
· p*l(z)· dz
b + 3a D − b
(14)

avec p*le : pression limite nette équivalente ;


( B
a = max ; 0,5 m  ;
2 )
b = min(a ; h).

p*l

D
p*le
h
b

3a

z
Fig. 12.10. Définition des paramètres géométriques b, D et h (extrait du Fascicule 62 titre V)

Nota : la norme NF P94-262 propose de considérer qu’une formation est homogène si elle est
composée d’un sol de nature unique et si la pression limite maximale mesurée dans cette
formation n’excède pas 2 fois la pression limite minimale.

EYR2212118902_Fondations.indb 481 07/01/2019 11:25


482 | Fondations profondes

kp facteur de portance pressiométrique


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Définissons tout d’abord l’encastrement effectif Def :


1 D
Def = ∫
· p*(z)· dz
p*le D − hDl
(15)

avec hD = 10 B.
On notera que l’encastrement effectif (formule 15) est par définition différent de la hauteur
d’encastrement équivalente (formule 16). En effet, pour l’encastrement équivalent, les
caracté­ristiques du sol peuvent être considérées jusqu’au niveau du terrain naturel
1 D
De = · p*(z)· dz
p*le d l ∫ (16)

avec d en général pris égal à 0, sauf si l’on désire faire abstraction d’une couche de terrain de
caractéristique mécanique particulièrement médiocre en surface.
Lorsque l’encastrement relatif Def /B est supérieur à 5, le facteur de portance pressio­
métrique kp est maximal. Sa valeur kp max est définie à partir du tableau 12.15.

Tableau 12.15. Valeur du facteur de portance kp max pour un encastrement relatif Def /B > 5 (d’après NF P94-262)

Terrains Argile Sols


% CaCO3 < 30 % intermédiaires Marne et Roche altérée
Craie
Classes – limons – sols calcaire-marneux et fragmentée
de pieux intermédiaires sable grave

1 1,15 1,1 1,45 1,45 1,45

2 1,3 1,65 1,6 1,6 2,0

3 1,55 3,2 2,35 2,1 2,1

4 1,35 3,1 2,3 2,3 2,3

5 1,0 1,9 1,4 1,4 1,2

6 1,2 3,1 1,7 2,2 1,5

7 1,0 1,0 1,0 1,0 1,2

8 1,15 1,1 1,45 1,45 1,45

L’utilisation de ce tableau est à compléter par les annotations suivantes :


• Les sols intermédiaires (sable silteux, limon sableux, sable argileux, argile sableuse) sont
définis à partir de l’identification des sols. Les sols intermédiaires peuvent être considérés
soit comme des argiles, soit comme des limons, soit comme des sables ou des graves. C’est
le premier terme de ces expressions qui définit le comportement du sol.
• Pour les micropieux, la résistance de pointe n’est normalement pas prise en compte.
• Pour les pieux de type pieux battus acier ouverts (BAO en classe 5), les profilés H battus
(HB en classe 6), les palplanches battues (PP en classe 7), il y a lieu de faire un abattement
de 50 % sur le facteur kp dans le cas d’une mise en œuvre par vibrofonçage au lieu d’une
méthode par battage. Les classes et différents types de pieux sont donnés dans le
tableau 12.1.
• La valeur de kp pour les roches altérées et fragmentées doit être prise égale à celle de la
formation meuble du tableau à laquelle le matériau concerné s’apparente le plus.

EYR2212118902_Fondations.indb 482 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 483

Lorsque l’encastrement relatif Def /B est inférieur à 5, le facteur de portance kp est diminué
par l’application de la formule (17).
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Def /B
kp(Def /B) = 1,0 + (kp max − 1)· (17)
5
La valeur de kp varie ainsi linéairement entre 1 et kp max en fonction de Def /B.

3,2 3,2
3,1
3
2,8
2,6
2,4 2,35
2,2 2,2
2
kp

1,9
1,8
1,6 1,6
1,4
1,3
1,2
1,1
1
1 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
Def/B

Fig. 12.11. Valeurs de kp en fonction de Def /B pour différentes valeurs de kp max

La norme NF P94-262 précise que l’encastrement effectif Def dans la couche porteuse est au
moins égal à 3 diamètres ou 1,5 m pour des pieux de diamètre supérieur à 0,5 m. Si l’entre-
prise de fondations spéciales peut garantir la bonne exécution de l’encastrement de la pointe
des pieux dans la couche porteuse, soit par des prélèvements d’échantillons, soit par l’emploi
de trépan, soit par l’utilisation de carottier, alors cet ancrage peut être réduit à une valeur
minimale de 0,5 m.

Frottement axial unitaire limite qs


L’effort limite Rs mobilisable par frottement axial sur la hauteur concernée du fût vaut :
D

Rs = Ps · qs(z)· dz
0
(18)
avec Ps : périmètre du fût du pieu ;
D : longueur de la fondation contenue dans le terrain.
La définition des périmètres de calcul a été présentée précédemment (voir figures  12.8
et 12.9).

Le frottement axial unitaire limite est déterminé par la relation suivante :


qs(z) = αpieu-sol · fsol[p*l(z)] (19)
avec αpieu-sol : paramètre adimensionnel qui dépend du type de pieu et du type de sol. La
valeur de αpieu-sol, selon les différents types de pieux se retrouve dans le tableau 12.16 ;
fsol[p*l(z)] : fonction qui dépend du type de sol et des valeurs de p*l.

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484 | Fondations profondes

Tableau 12.16. Choix des valeurs αpieu-sol – méthode pressiométrique (d’après NF P94-262)
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calcaire-marneux

Roche altérée ou
% CaCO3 < 30 %
- Limons - Sols
intermédiaires

intermédiaires
- Sable Grave
Abréviation

fragmentée
Marne et
Argile

Craie
Technique

Sols

de mise en œuvre

Foré simple
1 FS ## 1,1 1 1,8 1,5 1,6
(pieux et barrettes)

Foré boue
2 FB ## 1,25 1,4 1,8 1,5 1,6
(pieux et barrettes)

Foré tubé
3 FTP 0,7 0,6 0,5 0,9 –
(virole perdue)

Foré tubé
4 FTR 1,25 1,4 1,7 1,4 –
(virole récupérée)

FSR Foré simple


5 FBR ou boue avec rainurage 1,3 – – – –
PU ## ou puits

Foré tarière continue


FTC
6 simple rotation ou 1,5 1,8 2,1 1,6 1,6
FTCD (c)
double rotation

7 VM Vissé moulé 1,9 2,1 1,7 1,7 –

8 VT Vissé tubé 0,6 0,6 1 0,7 –

BPF** Battu béton préfabriqué


9 1,1 1,4 1 0,9 –
BPR** ou précontraint

Battu enrobé (béton


10 BE** 2 2,1 1,9 1,6 –
– mortier – coulis)

11 BM** Battu moulé 1,2 1,4 2,1 1 –

12 BAF** Battu acier fermé 0,8 1,2 0,4 0,9 –

13 BAO**# Battu acier ouvert 1,2 0,7 0,5 1 1

14 HB**# H battu 1,1 1 0,4 1 0,9

H battu injecté
15 HBi* 2,7 2,9 2,4 2,4 2,4
IGU ou IRS

16 PP**# Palplanches battues 0,9 0,8 0,4 1,2 1,2

17 M1 Micropieu type I – – – – –

18 M2 Micropieu type II – – – – –

PIGU Pieu ou micropieu


19 2,7 2,9 2,4 2,4 2,4
MIGU injecté (type III)

PIRS Pieu ou micropieu


20 3,4 3,8 3,1 3,1 3,1
MIRS injecté (type IV)

EYR2212118902_Fondations.indb 484 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 485

Règles particulières accompagnant ce tableau :


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** Voir la figure 12.8 pour le calcul du périmètre.


# P
 our les pieux de type BAO, HB et PP, mis en œuvre par vibrofonçage, et non par battage ; il y a lieu de faire un
abattement de 30 % sur les valeurs de qs.
## Pour les pieux de grande longueur, avec les sols correspondants, on appliquera un abattement de 50 % sur la
valeur de frottement déduite de l’application des différents tableaux et figures sur les sections de pieu situées
à 25 m ou plus au-dessus de la pointe.
(a) Pour les catégories 10, 15, 17, 18, 19 et 20, les valeurs proposées correspondent à une exécution stricte et soignée
de l’injection correspondante. Les essais de chargement statique menés à la rupture dans le cadre d’essais préa-
lables ou d’essais de conformité permettent de définir précisément les valeurs de frottement axial unitaire à consi-
dérer. Le choix du coefficient de modèle à adopter dépend de la dispersion des valeurs de frottement axial unitaire
mesurées. Les facteurs de corrélations ξ´1 et ξ´2 (voir paragraphe 12.2.6.1) sont à considérer pour des pieux ou
micropieux identiques à ceux de l’ouvrage construit et ne sont à appliquer que sur les valeurs de portance (cas de
charge de compression) ou de résistance au frottement (cas de charge de traction). La norme attire l’attention sur
le fait que cette recommandation est d’autant plus importante dans les argiles et marnes que les performances de
ces terrains sont très sensibles à toute insuffisance lors de sa mise en œuvre.
(b) Pour les micropieux et les pieux de catégorie 17 et 18, il convient de considérer les valeurs de frottement axial et
unitaire semblables à celles des techniques de pieux et de micropieux les plus proches sur le plan de la
technologie.
(c) Les valeurs mentionnées pour les fondations profondes de catégorie 6 sont données pour des pieux réalisés avec
un enregistrement continu des paramètres de forage et de bétonnage. Dans le cas contraire, on s’expose à des
discontinuités et des détériorations du pieu lors de sa réalisation.
(d) Les valeurs mentionnées pour les fondations profondes de catégorie 7, avec une technique de bétonnage directe­
ment à la pompe à béton, sont données pour des pieux réalisés avec un enregistrement continu des paramètres de
réalisation du pieu. Dans le cas contraire, on s’expose à des imperfections semblables à celles mentionnées en (c).

Détermination de fsol

Les fonctions fsol sont des fonctions qui ne dépendent que du type de sol et des valeurs de
pression limite nette p*l et sont présentées dans les figures 12.12 et 12.13.

160
150 Q 1 - argiles et limons Q5
Q 2 - sables et graves
140 Q 3 - craies
130 Q 4 - marnes et calcaire marneux
Q 5 - roche altérée et fragmentée
120
110 Q3
100
Q4
90
80
fsol (kPa)

70
Q2
60
50
40 Q1
30
20
10
0
0 1 2 3 4 5 6 7
Fig. 12.12. p*l (MPa)

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486 | Fondations profondes

100
Q5
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90
Q4
80

70 Q3

60
Q2
fsol (kPa)

50

40 Q1

30

Q 1 - argiles et limons
20 Q 2 - sables et graves
Q 3 - craies
10 Q 4 - marnes et calcaire marneux
Q 5 - roche altérée et fragmentée

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2
Fig. 12.13. p*l (MPa)

Fig. 12.12. et 12.13. Courbes fsol pour la méthode pressiométrique

La norme précise que pour des pressions limites nettes faibles (inférieures à 0,2 MPa pour les
argiles et à 0,3 MPa pour les sables), il convient de s’assurer que le frottement axial unitaire
considéré est pérenne. Il est donc nécessaire de mener une étude particulière justifiant de cette
hypothèse (par exemple, en démontrant l’absence de frottements négatifs induits par des
surcharges ou des variations de nappe).
Valeur maximale de qs
La dernière opération consiste à s’assurer que la valeur de qs précédemment calculée ne
dépasse pas la valeur maximale de frottement axial unitaire définie dans le tableau 12.17.

Tableau 12.17. Valeurs maximales de frottement latéral unitaire qs (d’après NF P94-262)

Valeurs en kPa
calcaire-marneux

Roche altérée ou
% CaCO3 < 30 %

intermédiaires

Sable grave

fragmentée

Technique de mise en
– Limons

Marne et


Argile

Craie

œuvre
Sols

Foré simple
1 90 90 90 200 170 200
(pieux et barrettes)
Foré boue
2 90 90 90 200 170 200
(pieux et barrettes)
Foré tubé
3 50 50 50 50 90 –
(virole perdue)
Foré tubé
4 90 90 90 170 170 –
(virole récupérée)

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Principes de justifications | 487

Foré simple
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5 ou boue avec rainurage 90 90 – – – –


ou puits
Foré tarière continue
6 simple rotation ou 90 90 170 200 200 200
double rotation
7 Vissé moulé 130 130 200 170 170 –
8 Vissé tubé 50 50 90 90 90 –
Battu béton préfabriqué
9 130 130 130 90 90 –
ou précontraint
Battu enrobé (béton
10 170 170 260 200 200 –
– mortier – coulis)
11 Battu moulé 90 90 130 260 200 –
12 Battu acier fermé 90 90 90 50 90 –
13 Battu acier ouvert 90 90 50 50 90 90
14 H battu 90 90 130 50 90 90
H battu injecté
15 200 200 380 320 320 320
IGU ou IRS
16 Palplanches battues 90 90 50 50 90 90
17 Micropieu type I – – – – – –
18 Micropieu type II – – – – – –
Pieu ou micropieu
19 200 200 380 320 320 320
injecté (type III)
Pieu ou micropieu
20 200 200 440 440 440 500
injecté (type IV)
Le tableau 12.17 est assorti des mêmes règles particulières que le tableau 12.16

12.2.4.2.2. Portance limite et résistance limite de traction à partir de la méthode


pénétrométrique
La méthode normalisée française présentée est valable pour des essais au pénétromètre statique
réalisé à la pointe mécanique ou électrique. Néanmoins, elle ne s’applique directement que si
la résistance à la pénétration qc a été mesurée au moyen d’un cône sans jupe. Dans le cas
inverse, un facteur correctif est à appliquer. La norme NF P94-262 indique que ce facteur
correctif correspond à une division de la valeur de qc d’au moins 1,3.
Pression de rupture du terrain qb
La résistance de pointe d’une fondation profonde Rb se calcule à partir de la formule (20).
Rb = Ab· qb = Ab· (q0 + kc· qce) (20)
avec Ab : surface de la base de la fondation profonde ;
qb : valeur de la pression de rupture du terrain sous la base du pieu ;
kc : facteur de portance pénétrométrique ;
qce : résistance à la pénétration équivalente ;
q0 : contrainte totale verticale au niveau de la base de la fondation.

EYR2212118902_Fondations.indb 487 07/01/2019 11:25


488 | Fondations profondes

La contrainte totale verticale q0 (ou pression verticale des terres au niveau de la base de la
fondation) peut être négligée, hormis dans les cas particuliers suivants : le frottement négatif
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est important ; le sol est très léger ; la fondation profonde dépasse au-dessus du terrain. Si q0
est prise en compte, il convient d’inclure dans Fc;d le poids propre de la fondation.

Ab surface de la base de la fondation profonde


La définition de la surface Ab est identique à celle de la méthode pressiométrique. Cette
dernière ayant été détaillée au paragraphe précédent, il convient de s’y reporter.

qce résistance à la pénétration équivalente


Dans le cas d’une formation porteuse homogène, on peut établir le profil pénétrométrique
corrigé qcc(z) :
• en calculant la valeur moyenne qcm de la résistance à la pénétration lissée sur la
hauteur b + 3a ;
• en écrêtant s’il y a lieu le diagramme qc(z) à la valeur 1,3 qcm.
La valeur de la résistance à la pénétration équivalente est déterminée à partir de la formule (21).
D + 3a
qce =
1

· qcc(z)· dz
b + 3a D − b
(21)

avec a = max (B2 ; 0,5 m) et b = min(a ; h).


qc (lissé)

3a
qcc

qce 1,3 qcm


z qcm

Fig. 12.14. Définition des paramètres géométriques a, b, D et h (extrait du Fascicule 62 titre V)

La norme NF P94-262 propose de considérer qu’une formation est homogène si la résistance


de pénétration maximale mesurée dans cette formation n’excède pas deux fois la résistance à
la pénétration minimale.

kc facteur de portance pénétrométrique


Définissons tout d’abord la hauteur d’encastrement effective Def :
1 D
Def = ∫
· q (z)· dz
qce D − hcD
(22)

avec hD = 10 B.

EYR2212118902_Fondations.indb 488 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 489

Lorsque l’encastrement relatif Def /B est supérieur à 5, le facteur de portance kc est maximal.
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Sa valeur kc max est définie à partir du tableau 12.18.

Tableau 12.18. Valeur du facteur de portance kc max pour un encastrement relatif Def /B > 5 (d’après NF P94-262 2012)

Terrains

% CaCO3 < 30 %

calcaire-marneux

Roche altérée ou
intermédiaires

Sable grave

fragmentée
– Limons

Marne et
Argile

Craie
Sols
Classes
de pieux

1 0,4 0,3 0,2 0,3 0,3 0,3

2 0,45 0,3 0,25 0,3 0,3 0,3

3 0,5 0,5 0,5 0,4 0,35 0,35

4 0,45 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4

5 0,35 0,3 0,25 0,15 0,15 0,15

6 0,4 0,4 0,4 0,35 0,2 0,2

7 0,35 0,25 0,15 0,15 0,15 0,15

8 0,45 0,3 0,2 0,3 0,3 0,25

L’utilisation de ce tableau est à compléter par les annotations suivantes :


• Pour les micropieux, la résistance de pointe n’est normalement pas prise en compte.
• Pour les pieux de type pieux battus acier ouverts (BAO en classe 5), les profilés H battus
(HB en classe 6), les palplanches battues (PP en classe 7), il y a lieu de faire un abattement
de 50 % sur le facteur kc dans le cas d’une mise en œuvre par vibrofonçage au lieu d’une
méthode par battage.
• La valeur de kc pour les roches altérées et fragmentées doit être prise égale à celle de la
formation meuble du tableau à laquelle le matériau concerné s’apparente le plus.
Lorsque l’encastrement relatif Def /B est inférieur à 5, le facteur de portance kc est diminué par
l’application des formules (23a) à (23d).

Def /B
kc(Def /B) = 0,3 + (kc max − 0,3)· pour les argiles et limons (23a)
5
Def /B
kc(Def /B) = 0,2 + (kc max − 0,2)· pour les sols intermédiaires (23b)
5
Def /B
kc(Def /B) = 0,1 + (kc max − 0,1)· pour les sables et graves (23c)
5

kc(Def /B) = 0,15 + (kc max − 0,15)· ef /


D B pour la craie, les marnes et
5 (23d)
les roches altérées ou fragmentées

EYR2212118902_Fondations.indb 489 07/01/2019 11:25


490 | Fondations profondes

kc min kc max
0,5 0,5
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0,45 0,45
0,4 0,4

0,35 0,35
Argiles et limons 0,3 0,3
0,25 0,25
0,2 0,2
Craies, marnes,
roches altérées 0,15 0,15
et fragmentées
0,1
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
Def /B

kc min kc max
0,5 0,5
0,45 0,45
0,4 0,4

0,35 0,35
0,3 0,3
0,25 0,25
Sols intermédiaires 0,2 0,2
0,15 0,15
Sables et graves 0,1
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
Def /B

Fig. 12.15a et 12.15b. Valeurs de kc pour différentes valeurs de kc max en fonction de Def /B

On rappelle que la norme NF P94-262 précise que l’encastrement effectif Def dans la couche
porteuse est au moins égal à 3  diamètres ou 1,5  m pour des pieux de diamètre supérieur
à 0,5 m. Si l’entreprise de fondations spéciales peut garantir la bonne exécution de l’encastre-
ment de la pointe des pieux dans la couche porteuse, soit par des prélèvements d’échantillons,
soit par l’emploi de trépan, soit par l’utilisation de carottier, alors cet ancrage peut être réduit
à une valeur minimale de 0,5 m.

Frottement axial unitaire limite qs – méthode pénétrométrique


Comme vu plus haut, l’effort limite mobilisable par frottement axial Rs sur la hauteur
concernée du fût vaut :
D

Rs = Ps · qs(z)· dz
0
(18)
avec Ps : périmètre du fût du pieu ;
D : longueur de la fondation contenue dans le terrain.
Les définitions du périmètre de calcul et de la section en pointe ont été présentées précédem-
ment (voir figures 12.8 et 12.9).

EYR2212118902_Fondations.indb 490 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 491

Dans le cas de la méthode pénétrométrique, le frottement axial unitaire limite est déterminé
par la relation suivante :
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qs(z) = αpieu-sol · fsol[qc(z)] (24)


avec αpieu-sol : paramètre adimensionnel qui dépend du type de pieu et du type de sol. La
valeur de αpieu-sol se retrouve dans le tableau 12.19.
fsol[qc(z)] : fonction qui dépend du type de sol et des valeurs de qc

Tableau 12.19. Choix des valeurs αpieu-sol – méthode pénétrométrique (d’après NF P94-262)

calcaire-marneux

Roche altérée ou
% CaCO3 < 30 %

intermédiaires

Sable Grave
Abréviation

fragmentée
Marne et
- Limons
Argile

Craie
Technique

Sols

de mise en œuvre

Foré simple
1 FS ## 0,55 0,65 0,70 0,80 1,40 1,50
(pieux et barrettes)

Foré boue
2 FB ## 0,65 0,80 1,00 0,80 1,40 1,50
(pieux et barrettes)

Foré tubé
3 FTP 0,35 0,40 0,40 0,25 0,85 –
(virole perdue)

Foré tubé
4 FTR 0,65 0,80 1,00 0,75 1,30 –
(virole récupérée)

FSR Foré simple


5 FBR ou boue avec rainurage 0,70 0,85 – – – –
PU ## ou puits

Foré tarière continue


FTC
6 simple rotation ou 0,75 0,90 1,25 0,95 1,50 1,50
FTCD (c)
double rotation

7 VM Vissé moulé 0,95 1,15 1,45 0,75 1,60 –

8 VT Vissé tubé 0,30 0,35 0,40 0,45 0,65 –

BPF** Battu béton préfabriqué


9 0,55 0,65 1,00 0,45 0,85 –
BPR** ou précontraint

Battu enrobé (béton


10 BE** 1,00 1,20 1,45 0,85 1,50 –
– mortier – coulis)

11 BM** Battu moulé 0,60 0,70 1,00 0,95 0,95 –

12 BAF** Battu acier fermé 0,40 0,50 0,85 0,20 0,85 –

13 BAO**# Battu acier ouvert 0,60 0,70 0,50 0,25 0,95 0,95

14 HB**# H battu 0,55 0,65 0,70 0,20 0,95 0,85

H battu injecté
15 HBi* 1,35 1,60 2,00 1,10 2,25 2,25
IGU ou IRS

16 PP**# Palplanches battues 0,45 0,55 0,55 0,20 1,25 1,15

EYR2212118902_Fondations.indb 491 07/01/2019 11:25


492 | Fondations profondes

calcaire-marneux

Roche altérée ou
% CaCO3 < 30 %

intermédiaires
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Sable Grave
Abréviation

fragmentée
Marne et
- Limons
Argile

Craie
Technique

Sols

de mise en œuvre

17 M1 Micropieu type I – – – – – –

18 M2 Micropieu type II – – – – – –

PIGU Pieu ou micropieu


19 1,35 1,60 2,00 1,10 2,25 2,25
MIGU injecté (type III)

PIRS Pieu ou micropieu


20 1,70 2,05 2,65 1,40 2,90 2,90
MIRS injecté (type IV)

Ce tableau s’accompagne de plusieurs règles particulières qui sont identiques à celles mention-
nées pour la méthode pressiométrique dans le paragraphe 12.2.4.2.2 en commentaires du
tableau 12.16.
** Voir la figure 12.8 pour le calcul du périmètre.
# P
 our les pieux de type BAO, HB et PP, mis en œuvre par vibrofonçage, et non par battage ; il y a lieu de faire un
abattement de 30 % sur les valeurs de qs.
## Pour les pieux de grande longueur, avec les sols correspondants, on appliquera un abattement de 50 % sur la
valeur de frottement déduite de l’application des différents tableaux et figures sur les sections de pieu situées
à 25 m ou plus au-dessus de la pointe.
(a) Pour les catégories 10, 15, 17, 18, 19 et 20, les valeurs proposées correspondent à une exécution stricte et soignée
de l’injection correspondante. Les essais de chargement statique menés à la rupture dans le cadre d’essais préa-
lables ou d’essais de conformité permettent de définir précisément les valeurs de frottement axial unitaire à consi-
dérer. Le choix du coefficient de modèle à adopter dépend de la dispersion des valeurs de frottement axial unitaire
mesurées. Les facteurs de corrélations ξ´1 et ξ´2 (voir paragraphe 12.2.6.1) sont à considérer pour des pieux ou
micropieux identiques à ceux de l’ouvrage construit et ne sont à appliquer que sur les valeurs de portance (cas de
charge de compression) ou de résistance au frottement (cas de charge de traction). La norme attire l’attention sur
le fait que cette recommandation est d’autant plus importante dans les argiles et marnes que les performances de
ces terrains sont très sensibles à toute insuffisance lors de sa mise en œuvre.
(b) Pour les micropieux de catégorie 17 et 18, il convient de considérer les valeurs de frottement axial et unitaire
semblables à celles des techniques de pieux et de micropieux les plus proches sur le plan de la technologie.
(c) Les valeurs mentionnées pour les fondations profondes de catégorie 6 sont données pour des pieux réalisés avec
un enregistrement continu des paramètres de forage et de bétonnage. Dans le cas contraire, on s’expose à des
discontinuités et des détériorations du pieu lors de sa réalisation.
(d) Les valeurs mentionnées pour les fondations profondes de catégorie 7, avec une technique de bétonnage directe­
ment à la pompe à béton, sont données pour des pieux réalisés avec un enregistrement continu des paramètres de
réalisation du pieu. Dans le cas contraire, on s’expose à des imperfections semblables à celles mentionnées en (c).

Détermination de fsol
Les fonctions fsol sont des fonctions qui ne dépendent que du type de sol et des valeurs de
résistance à la pénétration qc et sont présentées dans la figure 12.16.
La norme précise que pour des résistances à la pénétration qc faibles (inférieures à 1 MPa pour
les argiles et les limons et à 1,5 MPa pour les sables), il convient de s’assurer que le frottement
axial unitaire considéré est pérenne. Il est donc nécessaire de mener une étude particulière
justifiant de cette hypothèse (par exemple, en démontrant l’absence de frottements négatifs
induits par des surcharges ou des variations de nappe).

EYR2212118902_Fondations.indb 492 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 493

150
140 Q 1 - argiles
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Q 2 - sols intermédiaires - craies - marnes


130 et calcaires - roche altérée et fragmentée
Q 3 - sables
120
110
100
90 Q1
80
Q2
70
fsol (kPa)

Q3
60
50
40
30
20
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
qc (MPa)

Fig. 12.16. Courbes fsol pour la méthode pénétrométrique

Valeur maximale de qs
La dernière opération consiste à s’assurer que la valeur de qs précédemment calculée ne
dépasse la valeur maximale de frottement axial unitaire définie dans le tableau 12.17.

12.2.4.2.3. Portance limite et résistance limite de traction à partir du pénétromètre dynamique -


essais de chargement dynamique – formules de battage
Dans l’état actuel des connaissances, le pénétromètre dynamique ne permet pas de procéder
à un calcul fiable de la charge admissible des pieux.
La méthode de calcul à partir d’essais de pieux, introduite en France à partir de l’application
des Eurocodes, permet de proposer une méthode de dimensionnement à partir d’essais de
chargement dynamique décrite au paragraphe 12.2.6.1.

L’Eurocode 7 permet de la même façon de procéder à un dimensionnement à partir de


formules de battage pour des pieux portant en pointe et foncés dans un sol non cohérent
(EN 1997-1, paragraphe 7.6.2.5 (3)). L’Eurocode rappelle aussi que la validité des formules
de battage doit avoir été démontrée par un exemple antérieur d’essais de chargement statique
sur des pieux de même type, de longueur et de section similaires, et dans des conditions de
terrains semblables. L’utilisation d’une telle méthode doit donc rester très limitée et l’usage
français est de n’utiliser les formules de battage qu’à des fins de vérification des prévisions
résultant des études préalables [NF P11-212 1992] à partir des relevés de battage des pieux.
On rappelle ci-dessous quelques formules de battage (voir également au chapitre  6, la
partie 6.4.1).
• Formule des Hollandais :
M·g·h 1
Rd = · (25)
e P
1+
M

EYR2212118902_Fondations.indb 493 07/01/2019 11:25


494 | Fondations profondes

• Formule de Crandall :
M·g·h 1
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Rd = · (26)
e´ P
e+ 1+
2 M
avec Rd : résistance dynamique ;
M : masse du mouton frappant ;
h : hauteur de chute du mouton ;
e : enfoncement moyen par coups de mouton ;
P : masse frappée (pieu et accessoires) ;
e´ : refus élastique (raccourcissement du pieu).

12.2.4.2.4. Pénétration au carottier (SPT) – angle de frottement et de cohésion


En France, l’utilisation des méthodes pressiométriques et pénétrométriques est privilégiée. Il
est néanmoins possible d’utiliser d’autres types de données (comme par exemple le nombre
de coups au SPT), à condition que la méthode de calcul puisse être validée par un ensemble
d’essais de chargement statique de fondations profondes réalisées dans des situations tradui-
sant une expérience comparable en termes de terrain et de type de fondation profonde. La
norme rappelle aussi que la méthode de calcul doit être de type « direct », c’est-à-dire qu’elle
corrèle directement les résultats des essais de sol aux paramètres de la capacité portante.
De plus, le coefficient de modèle devra couvrir la dispersion des résultats expérimentaux par
rapport aux valeurs calculées.
On donne ci-dessous, à titre indicatif, quelques formulations issues de la littérature.
• Meyerhof

Q u = Ks·Np· S · ξ + P · ns·N · dz (27)

avec Np et N le nombre représentatif de coups SPT à considérer pour le terme de pointe
et de frottement ;
S et P respectivement la surface en pointe et le périmètre du pieu ;
Ks le facteur de portance en kPa ;
ns le facteur de frottement latéral en kPa ;
ξ le facteur de réduction pour des pieux de 0,5 à 2 m de diamètre.
D
≤ 400
Ks = 40 dans du sable pour des pieux battus (28a)
B
D
Ks = 12 ≤ 120 dans du sable pour des pieux forés (28b)
B
avec D la fiche du pieu
ns = 2 dans du sable pour des pieux battus (29a)
ns = 1 dans du sable pour des pieux forés (29b)
ξ= ( 2B )
B + 0,5 n
(30)

avec n = 1, 2 et 3 respectivement pour un sol lâche, moyennement dense ou dense (et B


exprimé en mètre).
En cas de terrain submergé par une nappe phréatique, il est recommandé de diviser ces
facteurs par 2.

EYR2212118902_Fondations.indb 494 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 495

• Bazarra-Kurkur
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Les valeurs suivantes sont données pour des terrains sableux. NSPT est limité à 50 coups (B est
exprimé en m, Ks et ns le sont en kPa).
Tableau 12.20. Valeur de Ks et de ns

Ks ns

B ≤ 0,5 B > 0,5 B ≤ 0,5 B > 0,5

Pieux battus ou injectés haute pression 200 400 2,2 4,4

Pieux forés 135 270 B 0,67 1,34 B

12.2.5. États limites de portance et de traction

12.2.5.1 . Portance d’une fondation profonde isolée (ELU, compression)


Intéressons-nous tout d’abord aux fondations profondes chargées en compression et posons
les quelques définitions suivantes :
• Fc;d : valeur de calcul de la charge de compression axiale : c’est la charge appliquée à la
fondation profonde issue des calculs de descentes de charges de l’ouvrage, sous ELU ;
• Rc;d : valeur de calcul de la portance de la fondation profonde : c’est la résistance de la
fondation dans le terrain.
On cherche à dimensionner la fondation profonde (périmètre, profondeur) de façon à ce que
la capacité portante du pieu Rc;d soit supérieure, et avec une sécurité suffisante, aux charges Fc;d
susceptibles de lui être appliquées. Ceci se traduit par :
Fc;d ≤ Rc;d (31)
Comme nous l’avons vu (paragraphe 12.1), la rupture d’une fondation profonde se décom-
pose suivant un terme de pointe et un terme de frottement latéral. On définit donc :
• Rc : résistance limite à la compression du terrain d’une fondation profonde ;
• Rb : résistance limite de pointe d’une fondation profonde ;
• Rs : résistance limite de frottement axial d’une fondation profonde.
Rc = Rb + Rs (32)
Les calculs sont réalisés à partir de valeurs caractéristiques. On définit donc :
• Rc;k : valeur caractéristique de la portance du terrain sous une fondation profonde ;
• Rb;k : valeur caractéristique de la résistance de pointe d’une fondation profonde ;
• Rs;k : valeur caractéristique de la résistance de frottement axial d’une fondation profonde.
Les valeurs de Rc;d sont déduites des valeurs caractéristiques par l’application de coefficients
partiels :
R
Rc;d = c;k (33)
γt
qui peut se décomposer comme suit :
R R
Rc;d = b;k + s;k = Rb;d + Rs;d (34)
γb γs

EYR2212118902_Fondations.indb 495 07/01/2019 11:25


496 | Fondations profondes

γt , γb et γs sont les facteurs partiels respectivement pour les résistances Rc;k, Rb;k et Rs;k et
valent  1,1 pour les ELU durables, transitoires et sismiques et 1,0 pour les situations
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accidentelles.
Les différentes façons de calculer Rc;k, Rb;k et Rs;k sont détaillées au paragraphe 12.2.6.

12.2.5.2. Résistance de traction d’une fondation profonde isolée (ELU, traction)


Le comportement à la traction d’une fondation profonde se déduit du comportement à la
compression en annulant le terme de pointe. Soit :
• Ft;d : valeur de calcul de la charge de traction axiale sur une fondation profonde ;
• Rt;d : valeur de calcul de la résistance de traction d’une fondation profonde.
Ft;d ≤ Rt;d (35)
Rt;k
et Rt;d = (36)
γs;t
avec Rt;k : valeur caractéristique de la résistance à la traction de la fondation profonde ;
 γs;t : facteur partiel pour la résistance Rt;k, de valeur 1,15 pour les ELU durables, transi­
toires et sismiques et 1,05 pour les situations accidentelles.

12.2.5.3. Fondation profonde isolée sous charge axiale de compression à l’ELS


(ELS, compression)
Sous ELS, on s’assure normalement que les tassements de la fondation profonde sont accep-
tables par rapport aux exigences spécifiées.
La norme NF P94-262 permet de considérer qu’en dehors de spécifications particulières, il
suffit de s’assurer d’une sécurité suffisante par rapport à la charge de fluage du pieu. On
s’assure ainsi de déplacements relativement faibles, généralement d’ordre centimétrique, et
surtout de l’absence d’augmentation inconsidérée des tassements par rapport à une augmen-
tation de la charge appliquée.

On retient ainsi :
Fd ≤ Rc;cr;d (37)
Rc;cr;k
et Rc;cr;d = (38)
γcr
avec Fd : valeur de calcul à l’ELS de la charge axiale transmise par le pieu au terrain
Rc;cr;d : valeur de calcul de la charge de fluage de compression
Rc;cr;k : valeur caractéristique de la charge de fluage de compression
 γcr : facteur partiel sur la charge de fluage de compression. γcr vaut 0,9 pour l’ELS caracté­
ristique et 1,1 pour l’ELS quasi permanent.

En l’absence d’essais de chargement permettant de définir la charge de fluage, comme cela est
très souvent le cas, la valeur caractéristique de la charge de fluage de compression Rc;cr;k se
détermine par l’une des deux formules suivantes (39a) ou (39b).
La formule (39a) s’applique lorsque les pieux sont mis en œuvre sans refoulement de sol,
c’est-à-dire quand la réalisation nécessite l’exécution d’un forage ou d’une excavation dont la
section droite correspond à la section nominale du pieu. Les pieux sans refoulement de sol

EYR2212118902_Fondations.indb 496 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 497

sont réalisés conformément à la norme NF EN 1536 et regroupent en particulier les pieux


forés, les barrettes et les puits :
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Rc;cr;k = 0,5 Rb;k + 0,7 Rs;k (39a)


Si les pieux sont mis en œuvre avec refoulement de sol, par exemple par battage ou par
fonçage, on retient alors la formule (41b) :
Rc;cr;k = 0,7 Rb;k + 0,7 Rs;k (39b)

12.2.5.4. Fondation profonde isolée sous charge axiale de traction à l’ELS (ELS, traction)
Par analogie aux charges de compression et en annulant le terme de pointe on retient
directement :
Fd ≤ Rt;cr;d (40)
Rt;cr;k
et Rt;cr;d = (41)
γs;cr
avec Fd : valeur de calcul à l’ELS de la charge axiale transmise par le pieu au terrain ;
Rt;cr;d : valeur de calcul de la charge de fluage de traction ;
Rt;cr;k : valeur caractéristique de la charge de fluage de traction ;
 γs;cr : facteur partiel sur la charge de fluage de traction. γs;cr vaut 1,1 pour l’ELS caracté-
ristique et 1,5 pour l’ELS quasi permanent.
Rt;cr;k = 0,7 Rs;k (42)

12.2.6. Méthodes de calcul sous chargement axial


Les paragraphes 12.2.5.2 à 12.2.5.5 montrent qu’il suffit de calculer les valeurs caractéris-
tiques Rc;k ou Rb;k et Rs;k pour en déduire les capacités portantes d’un pieu.
L’Eurocode 7 propose trois possibilités pour déterminer ces valeurs caractéristiques :
• Méthode de calcul à partir d’essais de pieux
Elle est basée sur des essais de chargement ou des essais d’impacts dynamiques de pieux
réalisés sur le site du projet et pour une exécution identique à celle du projet. Cette
méthode permet de définir la valeur caractéristique de portance d’un pieu par l’application
de coefficients appliqués directement sur les résultats des essais de chargement in situ (ou
essais d’impacts dynamiques).
• Procédure du pieu modèle
Elle utilise le même principe de dimensionnement que la méthode à partir d’essais de
pieux, sauf qu’il n’est pas réalisé d’essais de chargement. À la place d’un ou plusieurs essais
de chargement, on utilise un ou plusieurs sondages, avec profil d’essais de sol, au droit
duquel on est capable d’estimer la capacité portante d’un pieu par une méthode reconnue.
On obtient ainsi indirectement un ou plusieurs « pieux équivalents ».
• Procédure du modèle de terrain
À partir de l’ensemble des sondages disponibles sur le site, cette procédure commence par
définir des valeurs caractéristiques du sol pour les différentes couches de terrain traversées
par les pieux d’un ouvrage. Ces valeurs caractéristiques sont ensuite utilisées pour déter-
miner la capacité portante de chaque pieu de l’ouvrage.

EYR2212118902_Fondations.indb 497 07/01/2019 11:25


498 | Fondations profondes

12.2.6.1 . Méthode de calcul à partir d’essais de pieux


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12.2.6.1 .1 . Méthode de calcul à partir d’essais de pieux – États limites ultimes


Les valeurs caractéristiques sont déterminées à partir des formules suivantes :

Rc;k = Rb;k + Rs;k =


Rb + Rs
ξ
(R )
[
ξ moyen
(R )
= min c moyen ; c min
ξ min ] (43)

Rt;k = Rs;k = min


[(Rs )moyen (Rs )min
ξ moyen
;
ξ min

] (44)

avec (Rc )moyen : valeur moyenne des résistances limites à la compression issues des essais de
pieux ;
(Rc )min : valeur minimale des résistances limites à la compression issues des essais de
pieux ;
(Rs )moyen : valeur moyenne des résistances limites de frottement axial issues des essais de
pieux ;
(Rs )min : valeur minimale des résistances limites de frottement axial issues des essais de
pieux ;
 ξ moyen et ξ min : respectivement les facteurs de corrélation pour les valeurs moyenne et
minimale.
Les facteurs de corrélation ξ moyen et ξ min peuvent être déterminés à partir de la formule (45)
et des facteurs ξ´i issus de l’Eurocode 7 et présentés dans les tableaux 12.21 et 12.22.
S
ξi(N, S ) = 1 + [ξ´i(N ) − 1]· (45)
Sréf
avec S : surface des investigations géotechniques pour le site d’étude en m2, cette surface
d’investi­gation doit être incluse dans une zone géotechnique homogène. Pour les calculs,
S doit être telle que la plus petite longueur l de la surface des investigations ne soit pas
plus de deux fois inférieure à la plus grande longueur L de cette surface, et S ne doit pas
être inférieure à 625 m2 quand on utilise des résultats d’essais de chargement statique.
Au moins un profil d’essais de sol doit être réalisé par surface de 2 500 m2.
Sréf = 2 500 m2

Tableau 12.21. Facteur de corrélation ξ´ pour dériver les valeurs caractéristiques à partir d’essais de chargement statique
de pieux (N = nombre de pieux testés)

ξ´ pour N = 1 2 3 4 5

ξ´1
1,40 1,30 1,20 1,10 1,00
(pour les valeurs moyennes)

ξ´2
1,40 1,20 1,05 1,00 1,00
(pour les valeurs minimales)

Les valeurs de ξ´1 et ξ´2 peuvent être divisées par 1,1 (tout en veillant à ce que ξ moyen ne soit
jamais inférieur à 1,0) pour les structures qui ont une raideur et une résistance suffisante leur
permettant de transférer une part des charges des fondations profondes « faibles » aux fonda-
tions profondes « résistantes ».

EYR2212118902_Fondations.indb 498 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 499

Tableau 12.22. Facteur de corrélation ξ´ pour dériver les valeurs caractéristiques à partir d’essais d’impact dynamique
(N = nombre de pieux testés)
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ξ´ pour N ≥2 ≥5 ≥ 10 ≥ 15 ≥ 20

ξ´5
1,60 1,50 1,45 1,42 1,40
(pour les valeurs moyennes)

ξ´6
1,50 1,35 1,30 1,25 1,25
(pour les valeurs minimales)

La norme NF EN 1997-1 fournit les compléments d’utilisation suivants au tableau 12.22 :


• les valeurs de ξ´ peuvent être multipliées par un facteur de modèle de 0,85 si l’on utilise
des essais d’impact dynamique avec calage de signaux ;
• il convient de multiplier les valeurs de ξ´ par un facteur de modèle de 1,10 si l’on utilise
une formule de battage avec mesure de déplacement quasi élastique de la tête du pieu lors
de l’impact ;
• les valeurs de ξ´ doivent être multipliées par un facteur de modèle de 1,20 si l’on utilise
une formule de battage de pieux sans mesurer le déplacement quasi-élastique de la tête du
pieu pendant l’impact ;
• s’il existe différents pieux dans la fondation, il convient de considérer séparément les
groupes de pieux semblables lorsque l’on choisit le nombre n de pieux à tester.

12.2.6.1 .2. Méthode de calcul à partir d’essais de pieux – États limites de service
La détermination des formules à appliquer par cette méthode sous les conditions ELS n’est
pas explicite dans la norme NF P94-262.
Reprenons tout d’abord la formule (39b) qui donne :
Rc;cr;k = 0,7 Rb;k + 0,7 Rs;k = 0,7 Rc;k
en y intégrant la formule (46), on obtient donc :

Rc;cr;k = min
ξ moyen [
0,7 (Rc )moyen 0,7 (Rc )min
;
ξ min

] (46)

On voit ainsi que la formule peut s’appliquer de façon identique aux ELS :
• si l’on connaît la charge de fluage mesurée lors des essais, ce qui est le cas pour des essais
de chargement statique ;
• pour les pieux mis en œuvre avec refoulement de sol, en appliquant le coefficient de 0,7 ;
• pour les pieux travaillant en traction et les micropieux où le facteur de pointe peut être
négligé.
Dans le cas de pieux réalisés sans refoulement de sol et en l’absence d’essais de chargement
statique, les calculs nécessiteraient de pouvoir différencier la contribution du terme de pointe
et du frottement.

12.2.6.2. Procédure du pieu modèle


On s’attachera ici à présenter la méthode basée sur l’application des coefficients ξ, en conti-
nuité avec le paragraphe précédent. L’utilisation de lois statistiques conformément à
l’annexe D de la norme EN 1990 n’est pas traitée dans cet ouvrage.

EYR2212118902_Fondations.indb 499 07/01/2019 11:25


500 | Fondations profondes

12.2.6.2.1 . Procédure du pieu modèle – États limites ultimes


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Soit Rci la portance du pieu calculée à partir des résultats du sondage i (i variant de 1 à N).
La valeur caractéristique Rc;k de la portance d’une fondation profonde à partir de N valeurs
de portance Rci , obtenues sur les N sondages d’une zone homogène, se calcule au moyen de
la formule suivante :

R + Rs
Rc;k = Rb;k + Rs;k = b =
1
γR;d1 · ξ γR;d1
(R )
ξ moyen
(R )
· min c moyen ; c min
ξ min [ (47)
]
avec (Rc )min : valeur minimale des résistances limites à la compression issues des résultats
des N sondages ;
(Rc )moyen : valeur moyenne des résistances limites à la compression issues des résultats
des N sondages ;
 γR;d1 : est un coefficient partiel de modèle lié à la dispersion du modèle de calcul. Les
valeurs de γR;d1 sont fournies au tableau 12.23 ;
 ξ moyen et ξ min : respectivement les facteurs de corrélation pour les valeurs moyennes et
minimales.
Et pour la valeur caractéristique de traction :

Rt;k = Rs;k =
Rs
=
1
γR;d1 · ξ γR;d1
(R )
ξ moyen
(R )
[
· min s moyen ; s min
ξ min
(48)
]
Les valeurs de la résistance de pointe Rb et de la résistance de frottement axial Rs sont déter-
minées à partir des relations (49) et (50) et peuvent être calculés à partir des résultats des
sondages pressiométriques ou pénétrométriques.
Rb = Ab · qb et Rs = ∑ As,i · qs,i (49) et (50)
avec Ab : surface d’une fondation profonde à prendre en compte pour le calcul de la résistance
limite de pointe ;
qb : valeur de la pression résistante limite à la base d’une fondation profonde ;
 As,i : surface de la section transversale du fût d’une fondation profonde au niveau de
la i-ème couche de terrain ;
 qs,i : valeur de frottement axial unitaire limite de la fondation profonde pour la i-ème
couche de terrain.
Le calcul de ces différents termes est détaillé au paragraphe 12.2.4.2.
Tableau 12.23. Valeurs de γR;d1

Méthode pressiométrique Méthode pénétrométrique


Compression Traction Compression Traction

Pieux non ancrés dans la craie de classe 1 à 7


1,15 1,4 1,18 1,45
hors pieux de catégorie 10 et 15
Pieux ancrés dans la craie de classe 1 à 7
1,4 1,7 1,45 1,75
hors pieux de catégorie 10 et 15
Pieux de catégorie 10, 15, 17, 18, 19 et 20 dans
1,4 1,7 1,45 1,75
les sables, les sols intermédiaires et les roches
Pieux de catégorie 10, 15, 17, 18, 19 et 20 dans
2,0 2,0 2,0 2,0
l’argile, les craies et les marnes

EYR2212118902_Fondations.indb 500 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 501

Les facteurs de corrélation ξ moyen et ξ min peuvent être déterminés à partir de la formule (45)
précédemment exposée et des facteurs ξ´i issus de l’Eurocode 7 et présentés dans le
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tableau 12.24.
S
ξi(N, S ) = 1 + [ξ´i(N ) − 1]· (45)
Sréf
avec S : surface des investigations géotechniques pour le site d’étude en m2, cette surface
d’investi­gation doit être incluse dans une zone géotechnique homogène. Pour les calculs,
S doit être tel que la plus petite longueur l de la surface des investigations ne soit pas plus
de deux fois inférieure à la plus grande longueur L de cette surface, et S ne doit pas être
inférieure à 100 m2.
Au moins un profil d’essais de sol doit être réalisé par surface de 2 500 m2.
Sréf = 2 500 m2
Tableau 12.24. Facteur de corrélation ξ´ pour dériver les valeurs caractéristiques à partir des résultats d’essais sur les sols
(n – nombre de profils d’essais)

ξ´ pour n = 1 2 3 4 5 7 10

ξ´3
1,40 1,35 1,33 1,31 1,29 1,27 1,25
(pour les valeurs moyennes)

ξ´4
1,40 1,27 1,23 1,20 1,15 1,12 1,08
(pour les valeurs minimales)

Les valeurs de ξ´3 et ξ´4 peuvent être divisées par 1,1 (tout en veillant que ξ moyen ne soit jamais
inférieur à 1,0) pour les structures qui ont une raideur et une résistance suffisante pour trans-
férer une part des charges des fondations profondes « faibles » aux fondations profondes
« résistantes ».
On rappelle que les valeurs de calcul sont déduites des valeurs caractéristiques à partir des
formules (33) et (36) reproduites dans le tableau ci-dessous.
Tableau 12.25. Valeurs de calcul à l’ELU et valeurs caractéristiques

ELU durable et ELU accidentel


transitoire / sismique

Rb;k Rs;k Rb;k Rs;k


Compression Rc;d = + Rc;d = +
1,1 1,1 1,0 1,0

Rt;k Rt;k
Traction Rt;d = Rt;d =
1,15 1,05

12.2.6.2.2. Procédure du pieu modèle – États limites de service


Les valeurs de Rc;moyen, Rb;moyen et Rs;moyen sont déterminées à partir des formules (49) et (50),
précédemment évoquées.
Rb = Ab · qb et Rs = ∑ As,i · qs,i (49) et (50)
Le calcul de la valeur de Rc;k a été développé précédemment.
On en déduit alors Rb;k et Rs;k par les formules (51) et (52).

EYR2212118902_Fondations.indb 501 07/01/2019 11:25


502 | Fondations profondes

Rb;k Rb;moyen
= (51)
Rc;k Rc;moyen
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Rs;k Rs;moyen
= (52)
Rc;k Rc;moyen
Les valeurs caractéristiques des charges de fluage sont alors obtenues par les formules précé-
demment exposées.
Pieux sans refoulement : Rc;cr;k = 0,5 Rb;k + 0,7 Rs;k (39a)
Pieux avec refoulement : Rc;cr;k = 0,7 Rb;k + 0,7 Rs;k (39b)
Rt;cr;k = 0,7 Rs;k (42)
Les valeurs de calculs sont finalement obtenues en revenant aux formules (38) et (41) repro-
duites dans le tableau ci-dessous.

Tableau 12.26. Valeurs de calcul à l’ELS et valeurs caractéristiques de fluage

ELS caractéristique ELS quasi permanent

Rc;cr;k Rc;cr;k
Compression Rc;cr;d = Rc;cr;d =
0,9 1,1

Rt;cr;k Rt;cr;k
Traction Rt;cr;d = Rt;cr;d =
1,1 1,5

12.2.6.3. Procédure du modèle de terrain

12.2.6.3.1 . Procédure du modèle de terrain – États limites ultimes


La valeur caractéristique Rc;k de la portance est déterminée à partir des formules suivantes :
Rc;k = Rb;k + Rs;k (43)

Ab· qb (53)
Rb;k = Ab· qb;k =
γR;d1· γR;d2

As;i · qs;i
Rs;k = ∑ As;i · qs;i;k = ∑ (54)
i i γR;d1· γR;d2

avec Ab : surface d’une fondation profonde à prendre en compte pour le calcul de la résistance
limite de pointe ;
 qb : valeur de la pression résistante limite à la base d’une fondation profonde ;
 As,i : surface de la section transversale du fût d’une fondation profonde au niveau de
la i-ème couche de terrain ;
 qs,i : valeur de frottement axial unitaire limite de la fondation profonde pour la i-ème
couche de terrain.
Le calcul de ces différents termes est détaillé au paragraphe 12.2.4.2.

EYR2212118902_Fondations.indb 502 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 503


qb;k : valeur caractéristique de la pression résistante limite à la base d’une fondation
profonde ;
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qs,i;k : valeur caractéristique de frottement axial unitaire limite de la fondation profonde
pour la i-ème couche de terrain ;
γR;d1 : est un coefficient partiel de modèle lié à la dispersion du modèle de calcul. Les

valeurs de γR;d1 sont fournies au tableau 12.27 ;
γR;d2 : est un coefficient partiel de modèle lié au calage des méthodes de calcul pressio-

métrique et pénétrométrique. γR;d2 vaut 1,1.

Tableau 12.27. Valeurs de γR;d1

Méthode pressiométrique Méthode pénétrométrique


Compression Traction Compression Traction

Pieux non ancrés dans la craie de classe 1 à 7


1,15 1,4 1,18 1,45
hors pieux de catégorie 10 et 15
Pieux ancrés dans la craie de classe 1 à 7
1,4 1,7 1,45 1,75
hors pieux de catégorie 10 et 15
Pieux de catégorie 10, 15, 17, 18, 19 et 20 dans
1,4 1,7 1,45 1,75
les sables, les sols intermédiaires et les roches
Pieux de catégorie 10, 15, 17, 18, 19 et 20 dans
2,0 2,0 2,0 2,0
l’argile, les craies et les marnes

En rappelant les formules (33) et (36) :


Rc;k
• Pieu en compression Rc;d = (33)
γt
Rt;k
• Pieu en traction Rt;d = (36)
γs;t

Tableau 12.28. Valeurs de γt et γs;t

ELU durable et ELU accidentel


transitoire / sismique

γt compression 1,1 1,0

γs;t traction 1,15 1,05

On obtient finalement :
Ab· qb As;i · qs;i
Rc;d = +∑ (55)
γt · γR;d1· γR;d2 i γt · γR;d1· γR;d2

La combinaison de l’ensemble des coefficients partiels permet de déterminer dans les


tableaux 12.29 et 12.30 les coefficients de sécurité équivalents qui s’appliquent au final pour
les pieux travaillant respectivement en compression et en traction. Ces coefficients sont aussi
présentés sous une autre forme en annexe H.

EYR2212118902_Fondations.indb 503 07/01/2019 11:25


504 | Fondations profondes

Tableau 12.29. Valeurs du coefficient de sécurité équivalent déterminé à partir de γt · γR;d1 · γR;d2 – pieux en compression
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Méthode pressiométrique Méthode pénétrométrique


ELU durable et ELU ELU durable et ELU
transitoire / sismique accidentel transitoire / sismique accidentel

Pieux non ancrés


dans la craie de classe 1,4 1,3 1,4 1,3
1 à 7 hors pieux de 1,1 × 1,15 × 1,1 1,0 × 1,15 × 1,1 1,1 × 1,18 × 1,1 1,0 × 1,18 × 1,1
catégorie 10 et 15
Pieux ancrés dans la
craie de classe 1 à 7 1,7 1,5 1,8 1,6
hors pieux de caté- 1,1 × 1,4 × 1,1 1,0 × 1,4 × 1,1 1,1 × 1,45 × 1,1 1,0 × 1,45 × 1,1
gorie 10 et 15
Pieux de catégorie
10, 15, 17, 18, 19 et 1,7 1,5 1,8 1,6
20 dans les sables, les
sols intermédiaires et 1,1 × 1,4 × 1,1 1,0 × 1,4 × 1,1 1,1 × 1,45 × 1,1 1,0 × 1,45 × 1,1
les roches
Pieux de catégorie
10, 15, 17, 18, 19 et 2,4 2,2 2,4 2,2
20 dans l’argile, les 1,1 × 2,0 × 1,1 1,0 × 2,0 × 1,1 1,1 × 2,0 × 1,1 1,0 × 2,0 × 1,1
craies et les marnes

Tableau 12.30. Valeurs du coefficient de sécurité équivalent déterminé à partir de γt · γR;d1 · γR;d2 – pieux en traction

Méthode pressiométrique Méthode pénétrométrique


ELU durable et ELU ELU durable et ELU
transitoire / sismique accidentel transitoire / sismique accidentel

Pieux non ancrés


dans la craie de classe 1,8 1,6 1,8 1,7
1 à 7 hors pieux de 1,15 × 1,4 × 1,1 1,05 × 1,4 × 1,1 1,15 × 1,45 × 1,1 1,05 × 1,45 × 1,1
catégorie 10 et 15
Pieux ancrés dans la
craie de classe 1 à 7 2,2 2,0 2,2 2,0
hors pieux de caté- 1,15 × 1,7 × 1,1 1,05 × 1,7 × 1,1 1,15 × 1,75 × 1,1 1,05 × 1,75 × 1,1
gorie 10 et 15
Pieux de catégorie
10, 15, 17, 18, 19 et 2,2 2,0 2,2 2,0
20 dans les sables, les
sols intermédiaires et 1,15 × 1,7 × 1,1 1,05 × 1,7 × 1,1 1,15 × 1,75 × 1,1 1,05 × 1,75 × 1,1
les roches
Pieux de catégorie
10, 15, 17, 18, 19 et 2,5 2,3 2,5 2,3
20 dans l’argile, les 1,15 × 2,0 × 1,1 1,05 × 2,0 × 1,1 1,15 × 2,0 × 1,1 1,05 × 2,0 × 1,1
craies et les marnes

EYR2212118902_Fondations.indb 504 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 505

12.2.6.3.2. Procédure du modèle de terrain – États limites de service


Ce document est la propriété exclusive de MONICA MORVANY (monica.morvany@outlook.fr) - 22 mars 2019 à 14:41

On rappelle les formules (38) ainsi que (39a et b) et (41).


R
Rc;cr;d = c;cr;k (38)
γcr
Rc;cr;k = 0,5 Rb;k + 0,7 Rs;k (39a)

Rc;cr;k = 0,7 Rb;k + 0,7 Rs;k (39b)


Rt;cr;k
Rt;cr;d = (41)
γs;cr
Ces dernières, combinées aux formules (53) et (54) :
Ab· qb (53)
Rb;k = Ab· qb;k =
γR;d1· γR;d2
As;i · qs;i
Rs;k = ∑ As;i · qs;i;k = ∑ (54)
i i γR;d1· γR;d2
permettent de proposer les formules suivantes :
• Pieux sans refoulement de sol en compression
0,5 Ab· qb 0,7 As;i · qs;i
Rc;d = +∑ (56)
γcr · γR;d1· γR;d2 i γcr · γR;d1· γR;d2
Pieux sans refoulement de sol en traction

0,7 As;i · qs;i
Rc;d = ∑ (57)
i γs;cr · γR;d1· γR;d2

Pieux avec refoulement de sol en compression



0,7 Ab· qb 0,7 As;i · qs;i
Rc;d = +∑ (58)
γcr · γR;d1· γR;d2 i γcr · γR;d1· γR;d2
Pieux avec refoulement de sol en traction

0,7 As;i · qs;i
Rc;d = ∑ (59)
i γs;cr · γR;d1· γR;d2

Ab· qb As;i · qs;i


De façon pratique, ou pourra alors considérer Rc;d = + avec les facteurs γb et γs;i
γb γs;i
issus des formules (55) à (57) et donnés dans les tableaux 12.31 et 12.32 ci-contre. Les valeurs
numériques pour les différentes catégories de pieux sont fournies en annexe H.

12.2.6.4. Présence d’une couche sous-jacente peu résistante


Lorsque le pieu est ancré dans une couche d’épaisseur limitée sous laquelle règne un sol de
résistance médiocre (figure 12.17), certaines précautions sont à prendre.
Considérons deux pénétromètres, le diamètre b de la pointe du premier étant plus petit que
celui B du second. Du fait de l’effet de lissage, l’influence de la couche II est plus grande à
proximité de l’interface  I/II pour le pénétromètre de diamètre  B et l’ancrage critique est
atteint plus tard. De même pour le pénétromètre de pointe  B, l’influence de la couche
molle III se fait sentir plus tôt à proximité de l’interface II/III que pour le pénétromètre de
pointe b.

EYR2212118902_Fondations.indb 505 07/01/2019 11:25


506 | Fondations profondes

Tableau 12.31. Valeurs de γb et γs;i – méthode pressiométrique


Ce document est la propriété exclusive de MONICA MORVANY (monica.morvany@outlook.fr) - 22 mars 2019 à 14:41

Méthode pressiométrique

ELS caractéristique ELS quasi permanent

γb γs;i γb γs;i

γcr · γR;d1 · γR;d2 γcr · γR;d1 · γR;d2 γcr · γR;d1 · γR;d2 γcr · γR;d1 · γR;d2


Compression 0,5 ou 0,7 0,7 0,5 ou 0,7 0,7
γcr = 0,9 γcr = 0,9 γcr = 1,1 γcr = 1,1

γs;cr · γR;d1 · γR;d2 γs;cr · γR;d1 · γR;d2
Traction – 0,7 – 0,7
γs;cr = 1,1 γs;cr = 1,5

1. La valeur de 0,5 ou 0,7 dépend du mode de réalisation du pieu (sans ou avec refoulement
du sol).
2. Pour les micropieux, la résistance de pointe n’est normalement pas prise en compte.
Tableau 12.32. Valeurs de γb et γs;i – méthode pénétrométrique

Méthode pénétrométrique

ELS caractéristique ELS quasi permanent

γb γs;i γb γs;i

γcr · γR;d1 · γR;d2 γcr · γR;d1 · γR;d2 γcr · γR;d1 · γR;d2 γcr · γR;d1 · γR;d2


Compression 0,5 ou 0,7 0,7 0,5 ou 0,7 0,7
γcr = 0,9 γcr = 0,9 γcr = 1,1 γcr = 1,1

γs;cr · γR;d1 · γR;d2 γs;cr · γR;d1 · γR;d2
Traction – 0,7 – 0,7
γs;cr = 1,1 γs;cr = 1,5

B
qp qc

I
α1

α´1 II
α´2
4 B min

b
Profondeur

α2 III
B

Fig. 12.17. Influence du diamètre du pénétromètre selon Geuze

EYR2212118902_Fondations.indb 506 07/01/2019 11:25


Principes de justifications | 507

Geuze a traduit ce phénomène par la formule :


tan α1 tan α2 b
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= = (60)
tan α´1 tan α´2 B

Si l’épaisseur de la couche II est faible, la résistance de pointe réelle du pieu qp peut être très
inférieure à celle de la résistance mesurée au pénétromètre qc.

Garde minimale sous la pointe des pieux


Considérant également que la limite entre deux couches n’est pas toujours connue avec une
grande précision, il est souhaitable d’assurer une garde minimale de quatre diamètres avec un
minimum de 3 m au-dessus d’une couche peu résistante sous-jacente.

Si les conditions du site ne permettent pas de respecter cette règle, des précautions spéciales
doivent être prises : réduction de la capacité portante, contrôle systématique de l’épaisseur
résiduelle sous la pointe de chaque pieu, etc.

L’effet de groupe éventuel sur la couche molle est traité par la suite au paragraphe 12.4.

12.2.6.5. Réduction du frottement axial limite sous effort de traction


Dans certains cas, notamment les pieux très courts ou avec un faible recouvrement de terrain,
les valeurs de frottement latéral estimées par les méthodes décrites au paragraphe 12.2.3.2.
peuvent s’avérer trop optimistes. La norme NF P94-262 propose dans de tels cas de procéder
à l’une des deux approches suivantes :
• la première basée sur les principes du calcul à la rupture ;
• l’autre basée sur une réduction forfaitaire.

Pour les pieux de diamètre inférieur à 300 mm (micropieux), seule l’approche sur les principes
du calcul à la rupture peut être utilisée.

Il n’est pas possible de déterminer a priori la méthode la plus conservative.

Ces méthodes permettent de calculer la valeur de Rs. La valeur caractéristique retenue est :
Rs
Rt;k = Rs;k = pour la procédure du modèle de terrain (61)
γR;d1· γR;d2
et
Rs
Rt;k = Rs;k = pour la procédure du pieu modèle (62)
γR;d1· ξ3 ou 4

12.2.6.5.1 . Calcul à la rupture


La valeur de Rs se détermine de la formule suivante, explicitée par la figure 12.18.


x [
Rs = min π ·B ·qs·x + γ´· π ·
(D − x)3
3 ]
· tan2φ + π ·(D − x)2· c · tan φ (63)

γ´ correspond au poids volumique déjaugé si l’on est sous nappe et au poids volumique appa-
rent si l’on est hors nappe.

EYR2212118902_Fondations.indb 507 07/01/2019 11:25


508 | Fondations profondes
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Fig. 12.18. Exemple d’application du calcul à la rupture pour le calcul de la résistance à la traction d’un pieu isolé
(extrait de NF P94-262/A1)

12.2.6.5.2. Réduction forfaitaire


Pour la réduction forfaitaire, le frottement axial est diminué de la façon suivante :
• dans les sols cohérents : le frottement axial unitaire varie linéairement entre 0 et sa valeur
recommandée entre la surface du terrain et une profondeur égale à max(3 m ; 2B) ;
• dans les sols frottants : le frottement axial unitaire varie linéairement entre 0 et sa valeur
recommandée entre la surface du terrain et une profondeur égale à max(3 m ; 4B).

O q

max(3 m ; 2B ou 4B)

Fig. 12.19. Exemple de la réduction forfaitaire pour le calcul de la résistance à la traction d’un pieu isolé
(extrait de NF P94-262/A1)

12.3. Tassement des pieux


Les nombreux essais de chargement ont montré que lorsque les pieux sont convenablement
dimensionnés, les tassements verticaux des pieux isolés sous les charges quasi permanentes
sont faibles et se situent dans une fourchette allant de 0,5 à 2 cm [12 Philiponnat 1980].
Les pieux traversant des couches molles et travaillant en pointe dans des formations sablo-
graveleuses conduisent aux déplacements les plus élevés. Les pieux sollicités essentiellement
en frottement latéral présentent des tassements généralement inférieurs à 1 cm. En tout état
de cause, ces tassements sont parfaitement acceptables pour les structures courantes et l’étude
de la déformation des pieux sollicités verticalement reste rare.

EYR2212118902_Fondations.indb 508 07/01/2019 11:25


Portance d’un groupe de pieux | 509

Cependant, il est parfois utile d’évaluer le déplacement vertical de la tête du pieu en fonction
de la charge appliquée (comportement d’un groupe de pieux, structures n’admettant que des
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déformations faibles, telles que des socles d’antenne de repérage des satellites) ou pour le
dimensionnement de fondations mixtes (voir chapitre 14).
R. Frank et S.R. Zhao [12 Frank 1982] présentent une méthode basée sur les caractéristiques
pressiométriques. Si les lois de mobilisation du frottement latéral τ et de la résistance de
pointe qp en fonction du déplacement vertical s sont connues, il est possible de déterminer le
tassement en tête du pieu. Les lois utilisées sont présentées sur la figure 12.20.

τ qp

qpu

kq/5
qs
qpu/2
kτ/5
qs/2 kq

s sp
a) Frottement latéral b) Résistance de pointe

Fig. 12.20. Lois de mobilisation en fonction du déplacement vertical

Les calages effectués sur des essais de chargement permettent d’adopter les valeurs numé-
riques suivantes, tant pour les pieux battus que forés (norme NF P94-262) :
• pour les sols fins :
2 EM 11 EM
kτ = kq = (64)
B B
• pour les sables et graviers :
0,8 EM 4,8 EM
kτ = kq = (65)
B B
Il convient généralement de tenir compte de la déformabilité propre du pieu qui se traduit,
entre autres, par un déplacement vertical en pointe sp plus faible que le tassement en tête.
Ces formules ne doivent être utilisées que pour des charges ne dépassant pas 70 % de la charge
de fluage.

12.4. Portance d’un groupe de pieux


12.4.1. Comportement d’un groupe de pieux
Lorsque les pieux sont suffisamment rapprochés, il ne suffit pas de vérifier la résistance d’un
pieu considéré comme isolé. En effet, il arrive que la charge limite globale Rg du groupe de
n pieux soit inférieure à la somme des charges limites des pieux du groupe.
La norme NF P94-262 considère deux configurations pour lesquelles la portance d’un groupe
de pieux est à étudier plus spécifiquement :
• dans le cas d’un groupe de pieux flottants, le rapprochement des fondations profondes
diminue le frottement axial mobilisable ;

EYR2212118902_Fondations.indb 509 07/01/2019 11:25


510 | Fondations profondes

• dans le cas d’un groupe de pieux flottants ou lorsqu’un groupe de pieux mobilise un effort
de pointe dans une couche de bonne résistance mécanique mais avec une couche de
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moindre résistance mécanique sous la couche d’ancrage, le comportement global diffère


du comportement de tous les pieux pris isolément.
Par définition, un pieu est considéré comme flottant lorsque, sous sa charge de fluage, l’effort
résistant mobilisé par frottement est supérieur à l’effort mobilisé sous sa pointe.
Ces dispositions ne concernent que l’effet de groupe vis-à-vis de la capacité portante. Selon
les conditions géotechniques du site, elles ne dispensent pas d’une analyse détaillée des consé-
quences de l’existence du groupe de pieux (poinçonnement d’une couche molle, tassement).

12.4.2. Effet de groupe lié au rapprochement des pieux


L’effet de groupe lié au rapprochement des pieux affecte le frottement axial d’un groupe de
pieux.
Soit Ce le coefficient d’efficacité. La portance du groupe Rg s’exprime alors par :
n n
Rg = ∑ Rb;i + Ce·∑ Rs;i (66)
i =1 i =1

avec Rb;i : résistance de pointe limite d’un pieu i du groupe supposé isolé ;
Rs;i : résistance limite axiale d’un pieu i du groupe supposé isolé.

Dans le cas d’un groupe de m lignes de n pieux fichés dans un sol homogène, le coefficient
d’efficacité Ce peut être évalué de la façon suivante :
• si d ≥ 3 B, Ce = 1 (67)
• si 1 ≤
d
B
≤ 3 , Ce = 1 − Cd· 2 − [ ( )]
1 1
m n
+ (68)


1
Cd = 1 − 1 +
4
d
B ( ) (69)

avec d : entraxe des pieux ;


B : diamètre des pieux ;
m : nombre de lignes de pieux ;
n : nombre de pieux par ligne.
Ce
1
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0 d/B
1 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3

Fig. 12.21. Valeurs de Ce en fonction de d/B pour quelques exemples

EYR2212118902_Fondations.indb 510 07/01/2019 11:25


Portance d’un groupe de pieux | 511

12.4.3. Effet de groupe lié au comportement du bloc


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Pour d < 3 B, le groupe de pieux peut être considéré comme une pile fictive monolithique de
largeur  Bg, de section correspondant à l’enveloppe du groupe de pieux (aire  A), de péri-
mètre P correspondant au contour-enveloppe et de fiche D (figure 12.22).

Bg

Fig. 12.22. Pile fictive

La résistance à la rupture de la pile est la somme de deux termes : la résistance de pointe sur
l’aire A et le frottement latéral sur le fût de la pile.
La charge limite de pointe Rgp se calcule comme celle d’une fondation superficielle, semi-
profonde ou profonde selon le rapport D/Bg. S’il existe une couche molle sous-jacente, il faut
considérer la fondation comme fondée sur un bicouche (voir chapitre 11).
La charge limite en frottement latéral pour un milieu homogène est Q gs = P ·qs·D. Le frotte-
ment axial est égal au frottement sol-sol, estimé à partir des valeurs de cisaillement du sol.

12.4.4. Tassement d’un groupe de fondations profondes


La transmission des contraintes en profondeur sous un groupe est différente de celle sous un
pieu isolé. Il y a en effet interférence des contraintes induites par chaque pieu et un effet radier
apparaît (figure 12.23).
La figure 12.23 montre qu’une couche compressible profonde qui n’est pas ou peu sollicitée
par un pieu unique peut poinçonner ou tasser sous l’effet d’un groupe de pieux. Pour évaluer
le tassement de la couche compressible, la surcontrainte appliquée par le groupe des pieux
dans cette couche peut être évaluée en considérant une diffusion à 2V/1H de la charge appli-
quée en pointe du groupe de pieux (figure 12.24).

EYR2212118902_Fondations.indb 511 07/01/2019 11:25


512 | Fondations profondes

Q Q Q Q Q Q Q
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2D/3
A´ B´

D
D/3
A B

Bg

Couche Bulbe de pression A - B. radier fictif pour pieux


compressible travaillant en pointe
A´ - B´. radier fictif pour pieux flottants

Fig. 12.23. Action d’un groupe de pieux en profondeur

q
z

B+z

Fig. 12.24. Diffusion à 2V/1H des contraintes (d’après NF P94-262)

Dans le cas de pieux flottants et dans des sols argileux ou limoneux, avec des modules crois-
sant à peu près proportionnellement avec la profondeur (sols normalement consolidés), il est
possible d’estimer la répartition des contraintes en profondeur en assimilant le groupe à un
radier fictif A´B´, de largeur Bg, situé au tiers inférieur de la longueur des pieux (voir
figure 12.23).

12.5. Résistance de traction d’un groupe


de fondations profondes
L’équilibre des charges d’un groupe de pieux travaillant à l’arrachement peut être généralisé
par la figure 12.25 suivante.

EYR2212118902_Fondations.indb 512 07/01/2019 11:25


Résistance de traction d’un groupe de fondations profondes | 513

Ftg;d
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Rs;mas;d
Gstb;d
Rs;ch;d

Rs;t;d

Rs;gr;d Vdst;d

L gr

Fig. 12.25. Groupe de pieux travaillant à l’arrachement (d’après NF P94-262/A1)

Avec  Ftg;d : valeur de calcul de la force déstabilisatrice incluant des forces permanentes et
variables ;
Gstb;d : valeur de calcul de la force provenant des charges permanentes stabilisatrices ;
Vdst;d : valeur de calcul de la force induite par les pressions interstitielles ;
Rs;t;d est la résistance mobilisable :
–– par le groupe de fondations profondes (Rs;gr;d),
–– par le contact entre le chevêtre et le sol (Rs;ch;d),
–– par le contact entre le bloc de sol situé sur le chevêtre et le sol encaissant (Rs;mas;d)

12.5.1. Combinaisons d’actions et coefficients de sécurité


Les vérifications à effectuer selon la norme NF P94-262 sont résumées dans le tableau 12.33
en page suivante.

12.5.2. Résistance mobilisable par le groupe de fondations profondes


La résistance à l’arrachement d’un pieu au sein d’un groupe de pieu est limitée par :
• la rupture le long du pieu (frottement axial) ;
• la rupture d’un volume de sol environnant, lui-même limité par le volume de sol associé
aux pieux voisins, comme présenté dans la figure 12.26 (où c représente la longueur de la
maille du réseau de fondations profondes et x la longueur sur laquelle le frottement axial
peut être considéré).
Dans la pratique, c’est le poids correspondant au volume de sol associé qui est comparé à la
résistance ultime à l’arrachement. Le poids volumique des sols associés au pieu est soit le
poids volumique apparent, soit le poids volumique déjaugé en cas de présence de nappe
phréatique.
Pour déterminer le volume de sol associé, on rappelle ici les principaux résultats de la méthode
présenté dans le T.A. 95 [12 Cfmstf 1995].

EYR2212118902_Fondations.indb 513 07/01/2019 11:25


514 | Fondations profondes

Tableau 12.33. Groupe de pieux en traction – vérifications sous les différents états limites
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États Valeur de calcul de l’action Valeur de calcul de résistance


limites Ft;d Rs;t;d = Rs;gr;d + Rs;ch;d + Rs;mas;d

ELU, situations durables et transitoires


1,35 Gdst;k + 1,5 Ft;k + max[1,35 (Vdst;k − Gstb;k) ; Vdst;k − Gstb;k] Rs;t
Vdst;k obtenu à partir du niveau EH γR;d1 · γR;d2 · γst

ELU, situations accidentelles γst = 1,15 en ELU durable et


Gdst;k + Ad + (Vdst;k − Gstb;k) ou Gdst;k + Ft;k + (Ad − Gstb;k) transitoire et 1,05 en ELU
GEO/STR Ad n’est pas pondéré et correspond à l’action induite accidentel
par le niveau EE

Rs;t
ELS γR;d1 · γR;d2 · γs;cr
Gdst;k + Ft;k + (Vdst;k − Gstb;k) γs;cr = 1,1 en ELS caractéristique
et 1,5 en ELS quasi permanent

ELU, situations durables et transitoires Rs;t


Gdst;k + 1,5 Ft;k + Vdst;k − 0,9 Gstb;k γR;d1 · γR;d2 · γst
UPL
γst = 1,4 en ELU durable et
ELU, situations accidentelles
transitoire et 1,15 en ELU
Gdst;k + 1,5 Ft;k + Vdst;k − 0,9 Gstb;k accidentel

β β

D D

x x

Fig. 12.26. Volume de sol associé à un pieu situé dans un groupe de pieu travaillant à l’arrachement
(d’après NF P94-262/A1)

EYR2212118902_Fondations.indb 514 07/01/2019 11:25


Résistance de traction d’un groupe de fondations profondes | 515

12.5.2.1 . Volume unitaire associé en sol homogène à frottement interne prédominant


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Le volume unitaire de sol associé est un cône de longueur D − x et de demi-angle au sommet β.


En considérant β égal à l’angle de frottement interne, on retrouve alors la formule (63).

Remarque
Le T.A. 95 recommandait de limiter l’angle β à 2/3 de l’angle de frottement interne effectif du terrain.

12.5.2.2. Volume unitaire associé en sol homogène à cohésion prédominante


Le volume associé est un cône de révolution terminé en partie basse par un cône de 45° de
demi-angle au sommet.
r

45° x

Fig. 12.27. Volume de sol unitaire associé en sol homogène à cohésion prédominante

Le T.A. 95 précise que la contrainte de cisaillement le long de la surface latérale du terrain


doit rester inférieure à 2/3 de la cohésion non drainée.

12.5.2.3. Réduction du volume d’influence


Dans le cas où les pieux sont rapprochés, les volumes unitaires associés se recoupent. Il
convient donc de retirer les volumes de sols susceptibles d’être comptés plusieurs fois.

TU T´U T´U
r r

a
V V – ΔV

(a) (b)

Fig. 12.28. Réduction du volume d’influence (extrait du T.A. 95)

EYR2212118902_Fondations.indb 515 07/01/2019 11:25


516 | Fondations profondes

Dans le cas de volume conique, le T.A. 95 présente une figure permettant de déterminer la
V − ΔV
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réduction de volume pour 2 tirants successifs (ψ´ = ).


V

ψ´

0,99
0,98
1

0,97
0,95
0,93
0,91
0,89
0,87
0,9

0,83
0,80
0,76

0,8
0,72

V − ΔV
0,68

0,7 ψ´ =
V
0,64
0,59

0,6
0,55

a/r
0,5
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0

Fig. 12.29. Facteur de réduction du volume associé pour 2 tirants successifs - cas du volume unitaire conique
(extrait du T.A. 95)

Remarque
Compte tenu des réductions de volume et de surface latérale du cône à considérer, la formule (63) ne
s’applique plus et doit être adaptée si l’on considère le terme de cohésion du sol.

12.5.3. Résistances mobilisables complémentaires


Il s’agit des paramètres Rs;d;ch et Rs;d;mas présentés en figure 12.25.
Ces résistances sont généralement négligées en bâtiment compte tenu notamment des diffi-
cultés d’exécution et de la pérennité dans le temps de ces paramètres (par exemple construc-
tion d’un ouvrage voisin dans un avenir plus ou moins lointain).
Pour des sols frottants, la norme NF P94-262 retient les formules suivantes :
R s;ch = 2 (Lgr + lgr)· β·σ´v· dz ∫ (70)

R s;mas = 2 (Lgr + lgr)· β·σ´v· dz ∫ (71)


avec β = (1 − sin φ)· tan ou β = (1 − sin φ)· tan φ suivant que le contact est de type sol-
3
béton (ou acier) ou sol-sol ;
lgr : largeur du groupe de fondation profonde ;
Lgr : longueur du groupe de fondation profonde ;
φ : angle de frottement interne du sol encaissant à l’état critique ;
σ´v : contrainte verticale effective sur la hauteur z considérée.

EYR2212118902_Fondations.indb 516 07/01/2019 11:25


Pieux soumis à des sollicitations non verticales en tête | 517

12.6. Pieux soumis à des sollicitations non verticales


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en tête
12.6.1. Nature des sollicitations
Par le passé, les pieux avaient des inerties modérées et les méthodes de calcul étaient simplistes :
aussi étaient-ils prévus pour supporter des efforts dirigés selon leur axe.
Les efforts horizontaux étaient redistribués en disposant des pieux inclinés (figure 12.30a) et
les moments étaient repris par des groupes de pieux verticaux (figure 12.30b). L’apparition
des pieux forés de grand diamètre et des barrettes à très forte inertie a permis d’absorber
directe­ment par un seul élément de fondation des efforts horizontaux et des moments très
élevés (figure 12.30c). Parallèlement, des méthodes de calcul élaborées se sont développées, ce
qui a permis de généraliser la prise en compte de sollicitations non axiales dans le dimension-
nement de tous les types de pieux.
Ces sollicitations en tête de pieux peuvent être de quatre ordres :
• effort horizontal T0 (effort tranchant) ;
• moment de renversement M0 (moment fléchissant) ;
• déplacement horizontal imposé y0 ;
• rotation imposée dy0 /dz.
Toutefois, les conditions aux limites font que deux seulement parmi ces sollicitations peuvent
être imposées simultanément (deux degrés de liberté). La figure 12.31 présente les configura-
tions les plus courantes.
Le problème consiste à déterminer la répartition des moments, des efforts tranchants et des
déplacements horizontaux le long du fût du pieu en fonction de la profondeur.

12.6.2. Lois d’interaction sol-pieu


Le pieu est considéré comme une poutre reposant sur des appuis élastoplastiques. La
figure 12.32 montre l’allure des sollicitations sur un pieu soumis à un moment et à un effort
horizontal en tête et fiché dans un sol dont le comportement sous des déplacements horizon-
taux est représenté par un modèle élastoplastique simple caractérisé par un coefficient de réac-
tion horizontal kh et une pression de plastification pp.
Dans le langage courant, le coefficient de réaction horizontal kh est souvent appelé module de
réaction. Le coefficient de réaction horizontale traduit la proportionnalité, dans le domaine
élastique, entre la pression horizontale des terres p et le déplacement horizontal y du pieu au
point considéré. Il est tout à fait comparable au coefficient de réaction vertical étudié au chapitre
précédent et s’exprime en MPa/m.

Distinction entre le coefficient de réaction surfacique et le module linéique


Les équations de la résistance des matériaux faisant apparaître soit le terme B ∙p(z), soit encore
B ∙kh(z) ∙y(z), certains documents, et en particulier la norme NF P94-262, ont introduit les
paramètres suivants :
• la réaction frontale r (kN/m) :
r (z) = B ∙p(z) (72)

EYR2212118902_Fondations.indb 517 07/01/2019 11:25


518 | Fondations profondes

M0 M0
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T0 T0

a b c

Fig. 12.30 Reprise des efforts non verticaux en tête de pieux

M0

T0 y0 T0
y y

a) Pieu libre en tête b) Pieux encastrés en tête


M0 et T0 imposés T0 ou y0 imposés + dy0/dz = 0

Fig. 12.31. Exemples de sollicitations

• le module linéique de mobilisation de la pression frontale Kf :


Kf (z) = B ∙kh(z) (73)
Nous adopterons dans ce qui suit ces dernières définitions ; toutefois, il convient de ne pas
faire de confusion entre la notion de module linéique de mobilisation (Kf ) et celle de coeffi-
cient de réaction surfacique (soit ici kh).
Généralement, seule la réaction frontale est considérée ; cependant, la résistance due au frotte­
ment sur les faces latérales peut également être prise en compte [NF P94-262 2012] pour une
fondation de forme allongée dans le sens du déplacement (barrette).
La réaction frontale r est fournie par le diagramme de la figure 12.32a pour les sollicitations
courantes de courte ou de longue durée. Ce diagramme peut être remplacé par celui de la
figure 12.32b pour certaines sollicitations accidentelles (chocs ou, pour des sols cohérents,
des sollicitations rares de courte durée).

EYR2212118902_Fondations.indb 518 07/01/2019 11:25


Pieux soumis à des sollicitations non verticales en tête | 519

r r
r2 = B · pl
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kf /2
r1 = B · pf 1
r1

kf kf
1 1
y y

a) Sollicitations courantes b) Sollicitations accidentelles

Fig. 12.32. Réaction frontale – lois d’interaction sol-pieu

Afin de déterminer la valeur du coefficient de réaction surfacique ou du module de réaction


linéique, le pieu sollicité horizontalement est assimilé à une semelle continue de largeur B
soumise à une contrainte uniforme p. Le déplacement y correspondant peut être calculé en
utilisant la formule de Ménard (voir chapitre 11).
Pour les sollicitations de longue durée, les valeurs de Kf sont divisées par 2. Les coefficients
multiplicateurs pour des sollicitations sismiques sont présentés dans la partie 12.9.
En définitive, les valeurs de K et de r1 sont données par les formules (74) à (77) :
où EM : module pressiométrique ;
α : coefficient rhéologique ;
pf : pression de fluage selon l’essai pressiométrique.
• Pour les sollicitations de courte durée (Kfc ; r1) :
12 EM
–– si B ≥ B0 = 0,6 m, Kfc = (74)
4 B0 2,65 B α
3B
·
B0 (+α )
12 EM
–– si B < B0, Kfc = (75)
4 α
(2,65) + α
3
• Pour les sollicitations de longue durée (Kfl ; r1) :
K
Kfl = fc (76)
2
• Seuil de plasticité :
r1 = B ·p*f (77)
Le seuil de plasticité r1 est le même pour les deux types de sollicitations.
La résolution du problème avec le schéma élastoplastique nécessite des calculs itératifs et fasti-
dieux. On fait alors appel à des programmes de calcul comme Pilate ou Foxta.
Toutefois, les applications numériques montrent que, bien souvent, les déplacements du pieu
sont suffisamment modérés pour rester dans le domaine élastique sur toute la hauteur de la
fondation. La résolution de ce problème, en le limitant à un comportement purement élas-
tique, est alors correcte.

EYR2212118902_Fondations.indb 519 07/01/2019 11:25


520 | Fondations profondes

12.6.3. Résolution dans le domaine élastique


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12.6.3.1 . Équations générales


M0
L’équation générale des poutres sur appuis élastiques Fh0
y
s’écrit comme suit :
d 4y Tronçon i − 1
E ·I · + Kf ·y = 0 (78)
dz4 Bpi
Considérons un pieu constitué de n tronçons présentant
chacun des caractéristiques constantes tant pour le pieu
que pour le sol (figure 12.33), à savoir, pour le tronçon i : Ii
• largeur frontale Bi ; Tronçon i
Epi
• module d’élasticité du pieu Epi ; Kf
• inertie du pieu Ii ;
• module de réaction linéique Kf du sol.

La longueur de transfert l0i du tronçon i étant donnée par


la formule  (79), la théorie des poutres sur appuis élas- Tronçon i + 1
tiques conduit, pour le tronçon i, aux résultats exprimés
par (80a) à (80d).
z

( )
0,25
4 Epi ·Ii
l0i = (79)
Kf Fig. 12.33. Définition d’un tronçon

• déformée :
y(z) = C1· Ai + C2· Bi + C3· Ci + C4· Di (80a)
• courbure :
y´(z) = 1/l0i ·[C1·(Ci − Bi ) + C2·(Di + Ai ) + C3·(Ai − Di ) + C4·(Bi + Ci )] (80b)
• moment fléchissant :
M(z) = 0,5 Kfi · l0i2 ·(− C1· Di + C2· Ci − C3· Bi + C4· Ai) (80c)
• effort tranchant :
T(z) = − 0,5 Kfi · l0i ·[C1·(Ci + Bi ) + C2·(Di − Ai ) + C3·(Ai + Di ) + C4·(Bi − Ci )] (80d)

avec C1, C2, C3 et C4 quatre constantes relatives au tronçon i,


et où : Ai = cosh(z/l0i ) · cos(z/l0i ) (81a)
Bi = cosh(z/l0i ) · sin(z/l0i ) (81b)
Ci = sinh(z/l0i ) · cos(z/l0i ) (81c)
Di = sinh(z/l0i ) · sin(z/l0i ) (81d)

Les conditions aux limites sont au nombre de quatre, soit, comme nous l’avons vu, deux en
tête du pieu (par exemple T = T0 et M = M0 pour un pieu libre en tête) et deux en pied, soit
en général, M = 0 et T = 0 en pied.

EYR2212118902_Fondations.indb 520 07/01/2019 11:25


Pieux soumis à des sollicitations non verticales en tête | 521

La continuité de la liaison entre deux tronçons permet d’écrire les quatre équations suivantes :
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yi −1(li −1) = yi(0)
y´i −1(li −1) = y´i(0)
Mi −1(li −1) = − Mi(0)
Ti −1(li −1) = − Ti(0)
avec li −1 : extrémité du tronçon i −1 et avec (0) origine du tronçon i.
Il y a quatre inconnues par tronçon, qui sont les constantes C1 à C4, soit 4n inconnues. Les
conditions aux limites fournissent 4 équations et, comme il y a n −1 interfaces, les conditions
de liaison fournissent 4 (n −1)  équations. On dispose donc d’un système de 4n  équations
linéaires à 4n inconnues.
Une fois la résolution effectuée, l’application successive à chaque tronçon des formules (80a)
à (80d) permet de connaître les valeurs de y, y´, M et T en chaque point du pieu.
Enfin, il convient de s’assurer de la validité du calcul élastique en vérifiant que le seuil de
plasti­cité r1 n’a été atteint en aucun point ; ceci est aisé puisque la déformation correspon-
dante est yf = rf /Kf .

12.6.3.2. Pieu à géométrie et inertie constantes et sol homogène


En remplaçant les paramètres des formules (81a) à (81d) par les expressions (81e) à (81h), les
calculs conduisent aux résultats ci-après.
A* = e− z/l0 · cos(z/l0) (81e)
B* = e− z/l0 · [cos(z/l0) + sin(z/l0)] (81f )
C* = e− z/l0 · sin(z/l0) (81g)
D* = e− z/l0 · [cos(z/l0) − sin(z/l0)] (81h)
• Pour des pieux encastrés en tête dans un chevêtre rigide et soumis à un effort H0 :
− H0 · l0
M(z) = · D* (82a)
2
T(z) = H0 · A* (82b)
H0
y(z) = · B* (82c)
Kf · l0
Le moment maximum se situe en tête et la déformée est une sinusoïde amortie.
• Pour un pieu libre en tête soumis à un effort horizontal H0 :
M(z) = H0 · l0 · C* (83a)
T(z) = H0 · D* (83b)
2 H0
y(z) = · A* (83c)
Kf · l0
La rotation en tête de pieu vaut :
− H0 · l02
y´(0) = (84)
2E·I

EYR2212118902_Fondations.indb 521 07/01/2019 11:25


522 | Fondations profondes

• Pour un pieu libre en tête soumis à un moment en tête M0 :


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M(z) = M0 · B* (85a)


− 2 M0
T(z) = · C* (85b)
l0
2 M0
y(z) = · D* (85c)
Kf · l02
La rotation en tête de pieu vaut :
y´(0) = − M0 · l0 · E · I (86)

Les valeurs de y(z), M(z) et T(z) étant chacune proportionnelle à l’un des paramètres A*, B*,
C* ou D*, la figure 12.34 présente sous forme adimensionnelle la répartition des déformées,
moments et efforts tranchants en fonction de la profondeur.
Au-delà d’une profondeur égale à 3 l0, le pieu n’est pratiquement plus sollicité.

1,0

B*
A*
0,5
D*
C*

π π 3π 5π 3π
4 2 4 π 4 2 z/l0
0 5
1 2 3 4

− 0,5

Fig. 12.34. Valeur des fonctions A*, B*, C* et D*

12.6.3.3. Applications pratiques

12.6.3.3.1 . Modifications près de la surface du sol


En général, Kf  n’est pas constant, mais dépend de z. En particulier si le pieu n’est pas couronné
en tête par une liaison suffisamment encastrée, il faut adopter une valeur réduite, K´f , du
module sur la hauteur zc à la partie supérieure du pieu. K´f  est donné par la formule suivante :

K´f = 0,5 Kf · 1 +
z
zc
( ) (87)

avec zc = 2 B dans les sols cohérents et 4 B dans les sols pulvérulents.
La norme NF P94-262 permet, pour simplifier les calculs, de considérer un profil uniforme
avec la loi initiale, c’est-à-dire sans réduction de Kf , et un palier plastique réduit à 0,7 r1 sur la
hauteur de 2 B ou 4 B selon le type de sols (cohérents ou frottants).

EYR2212118902_Fondations.indb 522 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 523

12.6.3.3.2. Modifications à proximité d’un talus


F
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Pour les efforts appliqués en tête de pieu en direction zi Z


du talus, il y a lieu d’appliquer une réduction sur le
palier plastique r1 tant que l’épaisseur horizontale de
5B
sol est inférieure à 5 B.
On retient ainsi :
• Kf inchangé ;
zi
• pour z < Z, r(z) = ·r (88)
Z 1 Fig. 12.35. Pieu en tête de talus

12.6.3.3.3. Spécificités des micropieux


L’excentrement des pieux par rapport à leur position théorique est une cause d’effort parasite
du type de ceux qui viennent d’être étudiés. Étant donné leur faible diamètre, les micropieux
sont particulièrement sensibles à un défaut de centrage. Si une charge verticale isolée doit être
fondée sur micropieux, une bonne conception consiste à prévoir soit 3  micropieux, soit
2 micropieux associés à une longrine (poutre de redressement) dans la direction perpendicu-
laire à leur axe commun. Dans le cas contraire, il est très souvent nécessaire de rajouter un
chemisage métallique et de porter une attention particulière aux excentrements réels constatés
sur chantier après exécution.

12.7. Efforts parasites sur les pieux

12.7.1. Frottement négatif

12.7.1 .1 . Description du phénomène


Considérons un pieu (figure 12.36) traversant une couche molle pour aller s’ancrer dans un
substratum résistant. Si la couche molle est surchargée, par exemple par un remblai, cette
couche va tasser sous le poids de la surcharge. Le sol s’enfonce par rapport au pieu et non
l’inverse, comme c’est le cas dans des conditions courantes de sollicitations des pieux.
S’il y a déplacement, il y a frottement au contact sol/pieu. Il se développe donc un frottement
latéral dirigé vers le bas qui provoque un effort de compression dans le pieu.
Les déplacements verticaux du sol (tassements) sont maximaux à la partie supérieure et
diminuent avec la profondeur. En effet, le déplacement AA´ est dû au tassement de la
couche  d’épaisseur  H et le déplacement CC´ n’est dû qu’au tassement d’une couche
d’épaisseur H − z.
À partir d’une profondeur H´, le tassement du sol est égal ou inférieur à l’enfoncement du
pieu sous l’effet de la charge qu’il supporte. Le point situé à cette profondeur est appelé point
neutre N.

EYR2212118902_Fondations.indb 523 07/01/2019 11:25


524 | Fondations profondes

1
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I J

2

H0
Remblai
A K0 ; γ0 ; φ0 B
A´ B´

Sol compressible
z

C D

H C´

K1 ; γ1 ; φ1
H−z

E N F

Substratum rigide

Fig. 12.36. Frottement négatif sur un pieu

12.7.1 .2. Méthode de calcul

12.7.1 .2.1 . Principes de base


1. Sauf cas particulier (liquéfaction des sols), le frottement négatif est un phénomène lent,
puisqu’il ne peut se développer qu’au fur et à mesure de la consolidation des couches
compressibles. Les caractéristiques mécaniques à prendre en compte sont donc les caracté-
ristiques effectives φ´ et c´.
2. Au-delà du point neutre N, le frottement négatif n’existe plus.
3. Si le pieu traverse un remblai surchargeant le sol, le frottement négatif s’exerce sur toute
l’épaisseur du remblai et sur la couche compressible jusqu’en N.

12.7.1 .2.2. Calcul du frottement unitaire fn


Soit σ´v(z) la contrainte effective verticale à une profondeur quelconque z et à proximité
immédiate du fût du pieu.
Par définition, σ´h(z) = K(z) · σ´v(z), K(z) étant le coefficient de pression des terres au contact
sol/pieu.
Soit δ l’angle de frottement sol/pieu qui dépend du type de pieu et de la nature du sol. Dans
ces conditions :
fn(z) = K(z) · σ´v(z) · tan δ(z) (89)
Pour les mêmes raisons que celles déjà évoquées précédemment pour la détermination du
frottement sol-pieu, la valeur de fn est bornée par la valeur de frottement maximale qs max.

EYR2212118902_Fondations.indb 524 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 525

12.7.1 .2.3. Calcul de la valeur maximale du frottement négatif


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L’hypothèse la plus simple consiste à admettre que la contrainte verticale σ´v correspond au
poids des terres et à la surcharge à la profondeur considérée. Le frottement négatif total Gsn
sur le pieu est alors obtenu par intégration de la formule (89) depuis la partie supérieure du
pieu jusqu’à la profondeur du point neutre.
À titre d’exemple, dans la situation de la figure 12.36 la valeur de Gsn est donnée par la
formule suivante :
Gsn = P ·[0,5 γ0·H02·K0· tan δ0 + (γ0·H0 ·H´1 + 0,5 γ1·H´12)·K1· tan δ1] (90)
où P est le périmètre de la section droite du pieu.
Les indices 0 et 1 désignent respectivement les caractéristiques effectives du remblai et du sol
compressible. Si le sol est situé sous la nappe, il faut considérer le poids volumique déjaugé.
Cette méthode conduit souvent à une surestimation du frottement négatif parce que l’effet
d’accrochage n’est pas pris en compte. Il convient de considérer que l’estimation du frottement
négatif ainsi obtenue correspond à une valeur maximale.

12.7.1 .2.4. Description et prise en compte de l’effet d’accrochage


À proximité du fût du pieu, la contrainte σ´v est réduite en profondeur parce qu’une partie du
poids des terres est transmise dans le pieu par le frottement négatif mobilisé au-dessus du
point considéré : c’est l’effet d’accrochage.
À une distance ρ de l’axe du pieu (figure 12.37), l’effet d’accrochage ne se fait plus sentir et la
contrainte verticale à la profondeur z désignée par σ´1(z) correspond au poids des terres et des
surcharges. À une distance r comprise entre le rayon du pieu R et ρ, l’effet d’accrochage réduit
la valeur de la contrainte verticale ; soit σ´v(z, r) cette contrainte. À la distance R correspon-
dant au fût du pieu, la contrainte réduite est toujours désignée par σ´v(z).

R
Pieu

Q(z) r
σ´v(z) σ´(z, r)
σ´1(z) r
A

Déformation du sol due au tassement

ρ = rayon d’influence

Fig. 12.37. Effet d’accrochage

Ce mécanisme a été étudié par O. Combarieu [12 Combarieu 1985]. En considérant un pieu


circulaire de rayon R, l’équilibre des forces impose que :
ρ

Gsn(z) + 2 π · σ´v(z, r)· r · dr = π ·(ρ2 − R 2)· σ´1(z)
R
(91)

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526 | Fondations profondes

La valeur de σ´v(z, r) est donnée par la formule (92) :


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σ´v(z, r) − σ´v(z) = [σ´1(z) − σ´v(z)]· 1 − e ( − λ· r −R


R ) (92)

λ est un coefficient caractérisant l’amplitude de l’accrochage du sol autour de la fondation ; il


prend les valeurs suivantes :
1
λ= si K · tan δ ≤ 0,150 (93a)
0,5 + 25 K · tan δ
λ = 0,385 − K · tan δ si 0,150 ≤ K · tan δ ≤ 0,385 (93b)

λ = 0 si K · tan δ > 0,385 (93c)

Le calcul consiste donc à déterminer la valeur de σ´v(z). Il s’effectue en découpant le sol en


tranches horizontales et en effectuant le calcul successivement pour chaque tranche, de haut
en bas.

Soit σ´v(zi ) la contrainte verticale en contact du fût du pieu au sommet de la tranche i d’épais-
seur Δzi ; la valeur de σ´v(zi +1) est donnée par les formules (94a) à (94c).
Posons :
λ2 R
μ(λ) = et L0 = (94a)
1+λ μ(λ)· K · tan δ

σ´v(zi +1) est donnée par (94b) si μ(λ) ≠ 0 et par (94c) si μ(λ) = 0

σ´v(zi +1) = σ´v(zi ) + L0 · [ dσ´1


dz ]( − Δzi
− σ´v(zi ) · 1 − e L0 ) (94b)

dσ´1
σ´v(zi +1) = σ´v(zi ) + Δzi · (94c)
dz

Remarque

Lorsque la fondation n’est pas circulaire, la valeur de R est donnée par R = P /2 π, P étant le périmètre du pieu.

12.7.1 .2.5. Cumul des frottements négatifs

L’effort maximal appliqué sur le pieu par l’effet du frottement négatif se situe au niveau du
point neutre, alors que les charges variables sont appliquées en tête de fondation et peuvent
encore être transférées au sol en regard du déplacement relatif sol-pieu. La contrainte maxi-
male dans le pieu est donc différente de la somme des deux efforts, comme le montre la
figure 12.38.

EYR2212118902_Fondations.indb 526 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 527

G´d + Q´d
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G´d Q´d

Fd

G´d + Gsn

Sol
compressible

Sol
résistant

Fig. 12.38. Cumul des frottements négatifs et des charges dues aux actions variables

Dans les cas où le frottement négatif présente un caractère défavorable, les combinaisons
d’actions (en plus des combinaisons habituelles) à retenir sont les suivantes :
• ELS combinaisons quasi permanentes (justification GEO) :
Ed = E { ∑ Gkj,sup «+» ∑ Gkj,inf «+» [Gsn] «+» [Gsp] «+» ∑ ψ2,i ·Q k,i } (95)
j ≥1 j ≥1 i ≥1

• ELS combinaisons caractéristiques (justification GEO) :


Ed = E { ∑ Gkj,sup «+» ∑ Gkj,inf «+» [Gsp] «+» max(Gsn ; Q k,1) «+» ∑ ψ2,i ·Q k,i } (96)
j ≥1 j ≥1 i ≥1

• ELU situations durables et transitoires (justification STR) :


Ed = E { ∑ γGj,sup·Gkj,sup «+» ∑ γGj,inf ·Gkj,inf «+» γsp·Gsp
j ≥1 j ≥1 (97)
«+» (γsn ; γQ,1)·max(Gsn ; Q k,1) «+» ∑ γQ,i ·ψ2,i ·Q k,i }
i ≥1
• ELU situations accidentelles (justification STR) :
Ed = E { ∑ Gkj,sup «+» ∑ Gkj,inf «+» Ad «+» Gsp «+» (γsn ; ψ1,1 ou ψ2,1)·max(Gsn ; Q k,1)
j ≥1 j ≥1 (98)
«+» ∑ ψ2,i ·Q k,i }
i ≥1
Si le frottement négatif présente un caractère favorable (par exemple pour les calculs d’arma-
ture sous moment fléchissant), l’effort normal engendré par le frottement négatif n’est pas
pris en compte.

12.7.1 .3. Application pratique


12.7.1 .3.1 . Valeurs de K · tan δ
Le frottement négatif total Gsn s’exerçant sur le pieu peut être très élevé et absorber une part
prépondérante, voire la totalité de la capacité portante du pieu. Afin de réduire Gsn, des dispo-
sitions spéciales peuvent être prises, comme le traitement de la surface des pieux battus avec
des enduits à base de bitume ou bien la réalisation d’un double chemisage sur une
certaine hauteur.

EYR2212118902_Fondations.indb 527 07/01/2019 11:25


528 | Fondations profondes

L’ensemble des formules précédentes fait apparaître le terme K · tan δ. Les valeurs de K · tan δ
sont données dans le tableau  12.34. Des essais peuvent permettre de revoir les valeurs
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proposées par la norme.


Tableau 12.34. Valeurs de K ∙ tan δ [NF P94-262 2012]

Sols Pieux

forés tubés (tube perdu) forés battus


Tourbes sols organiques 0,10 0,15 0,20
mous 0,10 0,15 0,20
Argiles, limons
fermes à durs 0,15 0,20 0,30
très lâches 0,35 0,35 0,35
Sables, graves lâches 0,45 0,45 0,45
autres 1,00 1,00 1,00

Cas particuliers
Afin de diminuer les valeurs de frottement négatif, il est possible d’utiliser un revêtement.
L’efficacité du système dépend de plusieurs paramètres et il est nécessaire de passer par des
essais en vraie grandeur afin de déterminer la valeur de K · tan δ propre au site et à la technique
utilisée.
À titre informatif, des ordres de grandeur sont proposés :
• Pieux battus ou chemisés enduits de bitume dans les sols fins :
K · tan δ = 0,02
Cette technique présente une efficacité douteuse dans les sols granulaires qui détruisent
l’enduit.
• Cake annulaire de bentonite :
K · tan δ = 0,05
L’efficacité à long terme de cette technique est mal connue.

12.7.1 .3.2. Détermination de la hauteur d’action du frottement négatif


Le frottement négatif est normalement calculé jusqu’au point neutre situé à la profondeur H´.
On admet que ce point correspond à un tassement résiduel des couches inférieures (calculé
sans tenir compte des pieux) égal à B/100.
Toutefois, l’effet d’accrochage peut être tel qu’à une profondeur z (z < H´) la contrainte verti-
cale au contact du pieu σ´v(z) devienne égale à la contrainte initiale σ´v0(z). Si tel est le cas, le
calcul par tranches est arrêté à cette profondeur z.

12.7.1 .3.3. Choix de la méthode


Le frottement maximal déduit de la formule (90) peut être retenu sans trop se pénaliser dans
les cas suivants :
• épaisseur des couches intéressées faible ;
• valeur de Gsn modérée ;
• Gsn provenant essentiellement d’une couche superficielle à angle de frottement interne
élevé pour laquelle l’effet d’accrochage est nul (λ = 0).

EYR2212118902_Fondations.indb 528 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 529

Sinon, il est préférable de tenir compte de l’effet d’accrochage en utilisant la méthode de


O. Combarieu [12 Combarieu, 1985] décrite précédemment au § 12.7.1.2.4.
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12.7.1 .4. Frottement négatif sur les pieux d’un groupe


En présence d’un groupe de pieux, tous les pieux ne sont pas sollicités de la même manière :
le frottement négatif sera moins élevé sur un pieu central que sur un pieu extérieur. Les règles
empiriques ci-après sont utilisées.
Soit :
• Gsn(∞) le frottement négatif sur un pieu isolé ;
• Gsn(b) le frottement négatif sur un pieu d’un groupe illimité de pieux identiques avec des
entraxes respectifs d et d´ dans les deux sens.
Gsn(b) est calculé par la même méthode que pour le pieu isolé, le coefficient μ prend toutefois
une forme différente fournie par l’abaque de la figure 12.39. La valeur de b est donnée par :
d
b= pour une seule file de pieu d’entraxe d (99a)
π
d ·d´
b= pour un groupe (99b)
π
Les expressions mathématiques de μ sont données dans [12 Combarieu 1985] et reprises dans
la norme NF P94 262.

μ
1

0,8

0,6

b/R = 2,5
0,4
b/R = 3,0
b/R = 3,4
b/R = 4,0
0,2
b/R = 5,0
b/R = ∞
λ
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6

Fig. 12.39. Valeur de μ pour un groupe illimité de pieux

Le frottement négatif Gsn sur chaque pieu d’un groupe est obtenu par la formule (100), les
valeurs des coefficients α et β dépendant de la position occupée par le pieu.
Gsn = α ·Gsn(b) + β ·Gsn(∞) (100)
Dans une file unique (figure 12.40a) :
• pieux d’extrémité (a) α = 1/3 β = 2/3 ;
• pieux intermédiaires (e) α = 2/3 β = 1/3.

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530 | Fondations profondes

Dans un groupe de pieux (figure 12.40b) :


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• pieux d’angle (a) α = 7/12 β = 5/12 ;


• pieux extérieurs (e) α = 5/6 β = 1/6 ;
• pieux intérieurs (i) α = 1 β = 0.

d d d d

d d d d a e e e a

a e e e a e i i i e

a e e e a

a) File unique b) Groupe de pieux

Fig. 12.40. Position des pieux

12.7.2. Fluage latéral d’une couche compressible

12.7.2.1 . Description du phénomène


Lorsqu’une couche compressible d’épaisseur H est soumise à un chargement dissymétrique
(figure 12.41) ce dernier provoque au voisinage de sa bordure non seulement des tassements
verticaux, mais également des mouvements latéraux. La couche compressible a tendance à
fluer latéralement d’autant plus que le coefficient de sécurité vis-à-vis de la rupture circulaire
est faible.
Si des pieux sont situés dans cette zone, ils sont soumis à des efforts de flexion qui peuvent
entraîner leur rupture. Ce problème se pose couramment pour les culées de pont fondées sur
pieux et situées en extrémité de remblais d’accès.
Deux méthodes sont utilisées pour calculer les efforts parasites correspondants dans ces pieux :
• La méthode de Tschebotarioff. Il s’agit d’une approche empirique simple utilisée depuis
longtemps. Elle est exposée ci-après.
• La méthode dite méthode en g(z) [12  Bourges 1989]. Elle nécessite l’utilisation d’un
programme spécifique de calcul (programmes Pilate, Foxta, etc.). Nous ne présenterons ici
que son principe.

EYR2212118902_Fondations.indb 530 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 531

12.7.2.2. Méthode de Tschebotarioff


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Il est admis que les pieux de la file arrière sont soumis sur la hauteur H de la couche compres-
sible à une pression latérale triangulaire qui s’applique sur une largeur 2 B, B étant le diamètre
du pieu (figure 12.41).

Remblai d’accès
H0
γ0

Flu
a ge

H 0,4 γ0·H0

Fs = 1,5

Fig. 12.41. Fluage d’une couche compressible – Méthode de Tschebotarioff

Pour un coefficient de sécurité global vis-à-vis de la rupture circulaire Fs = 1,5, la pression


maximale à mi-hauteur de la couche est égale à 0,4 γ0∙H0, où γ0∙H0 représente le poids de la
surcharge.

Si Fs est sensiblement inférieur à 1,5, il convient de modifier le projet (voir chapitre 9).

Les pieux sont considérés comme articulés ou encastrés en bordure de la couche compressible
selon les conditions particulières du site. Si les pieux sont articulés aux deux extrémités de la
couche compressible, le moment maximum situé à mi-hauteur de celle-ci est donné par la
formule ci-dessous :
Mmax = 0,067 γ0∙H0∙H 2·B (101)

12.7.2.3. Principe de la méthode en g(z)


En l’absence de toute inclusion, l’application de la charge dissymétrique provoque un déplace­
ment horizontal y du sol variable au fil du temps et selon la profondeur (figure  12.42a).
Soit y = g(z, t) ce déplacement ; on écrit que :
g(z, t) = G(Z)·gmax(t) avec Z = z /H (102)

G(Z) fournit la courbe des déplacements horizontaux sous forme adimensionnelle


(figure 12.42b). La courbe (1) correspond à une couche compressible située directement sous
le remblai ; la courbe (2) est à considérer lorsqu’il existe un matelas incompressible intermé-
diaire d’épaisseur au moins égale à 0,3 H.

EYR2212118902_Fondations.indb 531 07/01/2019 11:25


532 | Fondations profondes

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,5 0,7 0,8 0,9 1,0
0
G(Z)
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0,1
Pieu
0,2
Remblai
g(z) 0,3
β
0,4
0,5
gmax 0,6
Sol H 0,7
compressible 1
0,8 2
0,9
1,0
Z courbe 1 : G(Z) = 1,83 Z 3 − 4,69 Z 2 + 2,13 Z + 0,73
z courbe 2 : G(Z) = − 2,0 Z 3 + 1,5 Z + 0,5

a) Principe b) Valeurs de G(Z)

Fig. 12.42. Méthode en g(z)

gmax(t) est donné par la formule suivante :


gmax(t) = gmax(0) + Δgmax(t) (103)
avec gmax(0) : déformation à la fin de la construction du remblai ;
Δgmax(t) : déformation résiduelle après construction.

gmax(0) est calculé en fonction de la cohésion non drainée cu du sol compressible, du coeffi-
cient de sécurité global vis-à-vis du risque de glissement profond, de l’angle de talus β du
remblai et de la position du pieu par rapport à la crête du remblai.
Δgmax(t) = Γ·[s(t) − s(0)] (104)
avec s(t) : tassement au temps t ;
s(0) : tassement en fin de construction ;
Γ : coefficient numérique expérimental dont la valeur varie entre 0,035 et 0,25.

Une fois la courbe g(z) établie dans la couche compressible, mais aussi dans le remblai si le
pieu traverse tout ou partie de ce dernier (ce qui nécessite de nouvelles hypothèses), il faut
calculer les efforts correspondants dans le pieu en utilisant des lois de type élastoplastique et
en prenant également en compte la déformée propre du pieu.
Si cette méthode repose sur des bases théoriques solides, son application pratique est lourde,
comme le montre l’analyse précédente. De plus, elle fait appel à des calages numériques dont
les valeurs sont déduites d’un nombre limité de résultats expérimentaux. Elle offre l’avantage
de tenir compte de la position du pieu par rapport à la charge dissymétrique. Elle montre
également tout l’intérêt qu’il y a à construire les remblais avant les fondations. En effet, dans
cette hypothèse, le déplacement latéral provoqué par le tassement s(0), qui est souvent prépon-
dérant, n’est plus à prendre en compte.

EYR2212118902_Fondations.indb 532 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 533

12.7.3. Flambement des pieux


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Si les pieux de section courante sont pratiquement insensibles au flambement, il n’en est pas
de même des micropieux à fort élancement, parfois sollicités par des contraintes axiales
élevées, dès qu’ils traversent des sols très mous.

Nc

Nc Ql

Sol mou
δ

a) Charge critique de flambement b) Pieu avec hauteur libre c) Défaut de forme

Fig. 12.43. Flambement d’un pieu

12.7.3.1 . Méthode de M. Mandel


Elle permet de calculer la charge critique d’un pieu fiché au sein d’un milieu caractérisé par
son coefficient de réaction surfacique horizontal kh (figure 12.43 a).

4,5
Forces réduites : ϕ E·I·kh·B
Nc

4
Nombre approximatif
Forces réduites : φ =

3,5 λ
de sinuosités · φ+2

43
1
2,5 2
2

1,5
4
1
3
0,5

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
D 4 k ·B
Demi-longueurs réduites λ = · h
2 E·I

Fig. 12.44. Force réduite d’un pieu dans un sol à raideur constante

EYR2212118902_Fondations.indb 533 07/01/2019 11:25


534 | Fondations profondes

La charge critique de flambement Nc est déterminée comme décrit ci-après [12 Mandel 1936] :


• calcul de la demi-longueur réduite λ (sans dimension) ;
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• lecture de la force réduite φ sur l’abaque de la figure 12.44 :


–– courbe 1 : pieu dont les deux extrémités ne peuvent subir aucun déplacement
transversal,
–– courbe 2 : pieu encastré aux deux extrémités,
–– courbe 3 : pieu libre,
–– courbe 4 : pieu ayant une extrémité encastrée et une extrémité libre.
• détermination de Nc en fonction de φ.
Les expressions de λ et φ sont données sur l’abaque de la figure 12.44.
Les notations utilisées sont les suivantes :
• D : longueur du pieu dans la couche molle ;
• kh : coefficient de réaction horizontal surfacique ;
• E·I : rigidité du pieu (pour les micropieux seul l’acier est considéré) ;
• B : diamètre de forage.

12.7.3.2. Pieu avec hauteur libre


La figure 12.43b correspond à une configuration fréquente pour les ouvrages à la mer : un
pieu présente une hauteur libre puis pénètre dans une couche molle (vase, sable vasard, etc.)
caractérisé par son module de réaction horizontal. P. Souche a étudié ce problème et en a
publié les résultats. La valeur de Nc peut être déterminée aisément à partir d’un jeu d’abaques
[12 Souche 1984] ; lorsque la hauteur libre est nulle, on retrouve les valeurs de M. Mandel.

12.7.3.3. Prise en compte d’un défaut de forme


P. Vezole [12 Vezole 1989] prend en compte le défaut de forme du pieu (figure 12.43 c). En
effet, les calculs précédents fournissent la charge critique d’Euler qui suppose que le pieu ne
présente aucun défaut. Les méthodes d’exécution conduisent à certains défauts (axe du pieu,
position des armatures multiples). L’auteur propose une méthode donnant la charge intrin-
sèque ultime d’un micropieu présentant un défaut de forme caractérisé par sa courbure maxi-
male δ à 10 m. La valeur forfaitaire de δ, qui tient compte de l’ensemble des défauts, pourrait
être de l’ordre de 0,4 m. P. Vezole fournit, entre autres, le détail du programme de calcul en
Basic permettant de déterminer respectivement la charge ultime dans un sol homogène et
dans un tricouche.

12.7.3.4. Vérification du non-flambement d’un micropieu


Une fois la charge critique de flambement Nc déterminée, par exemple, par l’une des trois
méthodes précédentes, on se réfère à l’Eurocode 3 pour vérifier le dimensionnement d’un
tube de micropieux au flambement.
On se limitera ici aux tubes métalliques épais correspondants à des sections transversales de
classes 1, 2 et 3, qui sont les plus couramment utilisés pour des micropieux (tableau 12.35).

EYR2212118902_Fondations.indb 534 07/01/2019 11:25


Efforts parasites sur les pieux | 535

Tableau 12.35. Classe pour des sections métalliques tubulaires (extrait de NF EN 1993-1-1)
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Sections tubulaires

t d

Classe Section fléchie et/ou comprimée

1 d /t ≤ 50 ε2

2 d /t ≤ 70 ε2

3 d /t ≤ 90 ε2
Note : pour d /t > 90 ε2, voir l’EN 1993-1-6

fy 235 275 355 420 460


235
ε= ε 1,0 0,92 0,81 0,75 0,71
fy
ε2 1,0 0,85 0,66 0,56 0,51

Soit : A : la section d’acier ;


fy : la résistance d’élasticité de l’acier en MPa.
L’élancement réduit λ vaut :
fy
λ = A· (105)
Nc
On détermine ensuite le coefficient χ à partir de la figure 12.45 ; le choix de la courbe de
flambement pour les sections les plus usuelles étant lui-même issu du tableau 12.36.

1,1

1,0
a0
0,9
Coefficient de réduction χ

a
0,8 b
c
0,7
d
0,6
0,5

0,4
0,3

0,2
0,1
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3,0
Élancement réduit λ

Fig. 12.45. Courbes de flambement (extrait de NF EN 1993-1-1)

EYR2212118902_Fondations.indb 535 07/01/2019 11:25


536 | Fondations profondes

Tableau 12.36. Choix de la courbe de flambement pour une section transversale (extrait de NF EN 1993-1-1)
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Section transversale Limites Courbes de flambement

S 235 S 460
S 275
S 355
S 420

Finies à chaud a a0

Sections creuses
Formées à froid c c

Sections pleines c c

Remarque
Les courbes b et d concernent des profilés présentés dans l’Eurocode 3, mais qui ne sont pas habituellement
utilisés dans les micropieux.

Il reste alors à calculer la résistance de calcul de la barre comprimée au flambement Nb,Rd.


f
Nb,Rd = χ· A· y (106)
γ M1
avec γ M1 = 1.

La condition de non-flambement revient finalement à vérifier l’inégalité suivante :


NEd
≤ 1 (107)
Nb,Rd
avec NEd la valeur de calcul de l’effort de compression (à l’ELU).

12.8. Contrôle de l’intégrité des pieux


Différentes méthodes non destructives permettant de vérifier la bonne exécution des fonda-
tions profondes sont disponibles (normes NF P94-160-1 à P94-160-4) :
• le carottage sonique (pieux forés, contrôle à prévoir avant exécution du pieu) ;
• la méthode par réflexion (pour les pieux métalliques de préférence) ;
• la sismique parallèle (recherche de la longueur de pieux existants) ;
• l’impédance mécanique (pieux forés et battus d’élancement modéré, la mesure se fait sur des
pieux dont la tête est accessible et non liaisonnée).

EYR2212118902_Fondations.indb 536 07/01/2019 11:25


Contrôle de l’intégrité des pieux | 537

Le tableau 12.37 rappelle la fréquence minimale de fondations profondes à ausculter dans le


cas de contrôle renforcé d’intégrité, permettant de majorer de 20 % la contrainte admissible
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dans le béton (voir paragraphe 12.2.3.1.2 et tableaux 12.4 et 12.5).


Tableau 12.37. Nombre minimal de pieux ou de barrettes à ausculter pour des contrôles renforcés d’intégrité

Méthodes d’auscultation au choix

A B C

80 % par transparence


Ponts 100 % par transparence +
30 % par impédance

Ouvrages 1/8 par transparence


de catégorie 2 1/6 par transparence + 1/4 par impédance
hors Ponts 1/6 par impédance

Les recommandations de la norme NF P94-262 pour la réalisation d’essais de chargement


sont présentées dans les tableaux 12.38 et 12.39. Une distinction est faite si les fondations
sont amenées à travailler en traction de façon non négligeable sous ELS quasi permanent. Le
seuil est défini à 15 % de la résistance limite de traction Rs.

Pour des essais de contrôle, la charge maximale transmise ne doit pas excéder 1,3 fois la résis-
tance à l’ELS quasi permanent de la fondation profonde et 1,1 fois la résistance à l’ELS
caracté­ristique. Pour les essais préalables et de contrôle de dimensionnement (aussi appelés
contrôles de conformité), on cherche à atteindre la charge de rupture estimée de la fondation.
Les éléments testés ne sont alors pas réutilisés dans les ouvrages.
Tableau 12.38. Essais à réaliser pour des fondations profondes sollicitées en compression et en traction (Ft;d < 0,15 Rs)

Classe de Catégorie Pieux de classe 1 à 7 Micropieux de classe 1bis et 8,


conséquence géotechnique hormis les pieux de pieux de classe 8 et pieux de
catégorie 10 et 15 catégorie 10 et 15
(tableau 12.1) (tableau 12.1)

1 — Essai de contrôle d’exécution


1
2
— Essai de contrôle d’exécution
2
2
3 Essai préalable dans les sols
argileux (IP > 20)
Essai de contrôle de
— dimensionnement
3 2 ou 3
et
Essai de contrôle d’exécution

EYR2212118902_Fondations.indb 537 07/01/2019 11:25


538 | Fondations profondes

Tableau 12.39. Essais à réaliser pour des fondations profondes sollicitées en traction (Ft;d > 0,15 Rs)
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Classe de Catégorie Pieux de classe 1 à 7 Micropieux de classe 1bis et 8,


conséquence géotechnique hormis les pieux de pieux de classe 8 et pieux de
catégorie 10 et 15 catégorie 10 et 15
(Annexe A) (Annexe A)

1 — Essai de contrôle d’exécution


1
2 Essai de contrôle d’exécution

Essai de contrôle de dimensionnement


2 et
2 Essai de contrôle d’exécution

3 Essai préalable dans les sols argileux (IP > 20)


Essai de contrôle de dimensionnement
3 2 ou 3 et
Essai de contrôle d’exécution

Le nombre d’essais de contrôle d’exécution est résumé dans le tableau suivant :


Tableau 12.40. Nombre d’essais de contrôle d’exécution à réaliser

Compression Traction

Pieux 1 pour 200 1 pour 50

2 pour les 100 premiers 2 pour les 50 premiers


Micropieux
puis 1 pour 100 puis 1 pour 50

Pour les ouvrages de classe de conséquence 1 ou 2 (en dehors des ponts), comportant moins
de 25 micropieux de classe 1bis et 8, pieux de classe 8 ou pieux de catégorie 10 et 15, dans
des catégories géotechniques 1 ou 2, il est permis de remplacer l’essai de contrôle d’exécution
par une majoration forfaitaire des sollicitations amenées par l’ouvrage de 50 % lorsque les
fondations ne travaillent qu’en compression (à l’ELS sous toutes combinaisons et à l’ELU
sous les combinaisons fondamentales).

Par ailleurs, le relevé de certains paramètres fournit également des indications précieuses :
courbe de battage des pieux battus [12 Cambefort 1971], enregistrements automatiques des
paramètres de forage des tarières creuses continues, relevé des courbes de bétonnage, etc.

La description de ces méthodes sort du cadre de cet ouvrage, mais il faut avoir présent à
l’esprit que la qualité de l’exécution est aussi importante qu’un dimensionnement correct.

EYR2212118902_Fondations.indb 538 07/01/2019 11:25


Considérations parasismiques | 539

12.9. Considérations parasismiques


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Considérons des couches de sol traversées par des ondes sismiques. Ces ondes entraînent des
mouvements du sol. Il s’agit de déformations en champ libre, c’est-à-dire en l’absence de
toute fondation de structure dans le sol.
Intégrons maintenant des fondations, mais sans la structure. Les fondations vont se mettre en
mouvement, mais différemment du sol, du fait des raideurs différentes. Les fondations vont
aussi modifier le mouvement du sol par les effets de réflexion et de diffraction des ondes sur
les fondations. Ces phénomènes sont regroupés sous le terme d’interaction cinématique.
Rajoutons maintenant la superstructure reposant sur les fondations. Les fondations en
mouvement font osciller la structure qui renvoie alors des efforts d’inertie aux fondations,
dénommées interactions inertielles.
Le calcul de la structure avec prise en compte de l’interaction sol-structure peut être décom-
posé en différentes étapes, suivant le principe de superposition de Kausel [12 Kausel 1978] :
• détermination du mouvement d’interaction cinématique ;
• détermination des impédances dynamiques, raideurs et amortissements, dépendantes du
sol et de la structure ;
• détermination de la réponse inertielle de la structure modélisée avec les impédances dyna-
miques, sous l’effet du mouvement sismique d’interaction cinématique.

⋅⋅
φ
K=
{ kxx kxφ
kφx kφφ }
I M
⋅⋅y
I F

= + +

⋅⋅
φ I

y⋅⋅I
⋅⋅y ⋅⋅y
G G

Fig. 12.46. Théorème de superposition pour une structure fondée sur pieux, modifié à partir de Kausel [12 Brûlé 2017]

Ces calculs sont complexes et nécessitent de faire appel à des spécialistes en dynamique des
sols et à des logiciels dédiés.
Pour des ouvrages de bâtiments dits courants, certaines simplifications sont acceptées. On
propose ici de présenter une méthode simplifiée. D’autres méthodes existent dans la littéra-
ture [12 Afps 2017].
Il est très fortement recommandé de procéder à des calculs enveloppes en proposant des
raideurs de sol minimales et maximales pour prendre en compte les incertitudes liées aux
simplifications proposées. En pratique, les changements de raideurs de sols élevés n’entraînent
généralement pas de conséquences fortes sur les calculs de structure. Si ce n’est pas le cas, il
convient de s’interroger sur le choix des hypothèses, voire de recourir à des méthodes de calcul
plus complexes.

EYR2212118902_Fondations.indb 539 07/01/2019 11:25


540 | Fondations profondes

Par ailleurs, la présence d’une couche liquéfiable impose une grande prudence sur la concep-
tion d’un ouvrage reposant sur des pieux. Les frottements négatifs et les efforts inertiels
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peuvent s’avérer impossible à reprendre pour des pieux suivant les dimensions de la ou des
couches liquéfiées.

12.9.1. Détermination des ressorts de pieux


12.9.1 .1 . Matrice de rigidité
Généralement, les modèles de structure prennent en compte la souplesse des pieux en intro-
duisant des ressorts issus de la matrice de rigidité.


()|
N

M
KVV 0 0

0 KHM KMM θ
z
H = 0 KHH KHM · y
|( ) (108)

avec N l’effort normal en tête de pieu ;


H l’effort horizontal en tête de pieu ;
M le moment en tête de pieu ;
KVV la raideur verticale ;
KHH la raideur horizontale ;
KHM la raideur couplée ;
 z, y et θ respectivement le tassement, le déplacement horizontal et la rotation en tête de
pieu.
Les pieux sont alors modélisés dans les modèles de structure selon la figure 12.47 (si les termes
de couplage ne sont pas directement appliqués en tête de pieu).

Tête du pieu = point d’application de la DDC

2
K HM
C = KMM –
Barre KHH
rigide L KHM
L=
KHH

KHH
KVV

Fig. 12.47. Modélisation du couplage par décalage du point de liaison [12 Afps 2017]

Le problème consiste donc à donner les termes de la matrice de rigidité.


Le terme KVV s’obtient directement et sera précisé au paragraphe 12.9.1.4. Les autres termes
se déterminent à partir de la matrice de souplesse.

EYR2212118902_Fondations.indb 540 07/01/2019 11:25


Considérations parasismiques | 541

12.9.1 .2. Matrice de souplesse


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On définit la matrice de souplesse (formule 109) à partir de la figure 12.48.

θ θ
y y
H M
TN o y TN o y

Application Application
d’un effort d’un couple

Fig. 12.48. Efforts et déformation en tête de pieu – définition de la matrice de souplesse [12 Afps 2017]


()| y = SHH SHM · H
θ SHM SMM M |( ) (109)

La matrice de rigidité est liée à la matrice de souplesse par la formule (110).

|KK HH
HM
KHM =
| 1
· SMM − SHM
KMM SHH·SMM − S 2HM − SHM SHH | | (110)

On remonte donc de la matrice de souplesse à la matrice de rigidité en calculant :


• SHH = y /H, lorsque M = 0 ;
• SMM = θ/M lorsque H = 0 ;
• SHM = y /M lorsque H = 0.
Si les termes de couplages sont négligés dans la matrice de raideurs, cela revient à prendre une
hypothèse sur les conditions limites en tête de pieux, parfaitement libre ou parfaitement
encastrée.

12.9.1 .3. Détermination des termes de la matrice de souplesse


Une des méthodes pour déterminer les termes SHH, SHM et SMM est de se rapprocher des
formules déjà connues sous sollicitations statiques en adaptant les modules de sol aux lois de
dégradation présentées au chapitre 11 paragraphe 7.
Plusieurs méthodes existent dans la littérature et les textes de références. La variété des expres-
sions proposées doit là encore inciter à réaliser des calculs en fourchette, avant ou à défaut de
recourir à des méthodes de calculs plus complexes.

12.9.1 .3.1 . Méthode dite « forfaitaire »


On présente ici une méthode simplifiée, dite approche forfaitaire qui a l’avantage d’être facile
d’utilisation et de se rapprocher des méthodes déjà connues sous sollicitations statiques.

EYR2212118902_Fondations.indb 541 07/01/2019 11:25


542 | Fondations profondes

On utilise ainsi la théorie d’une poutre sur appui élastique développée dans la partie 12.6 en
considérant :
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• le palier plastique r2 qui atteint la pression limite pl du sol,


• le module de sol Kf à court terme multiplié par le coefficient η présenté ci-après.
Dans les cas courants, η est défini au tableau 12.41.

Tableau 12.41. Valeurs de η proposées dans les cas courants [Afps 2017]

Zone de sismicité 2 3 4 5

η 3 3 1,5 1

Dans certains cas, il est possible de multiplier η par η3 pour tenir compte du taux de distor-
sion à partir du rapport pmax /pl , où pmax représente la pression maximale exercée par le pieu
sur le sol.

Tableau 12.42. Valeurs de η3 en fonction de pmax /pl [Afps 2017]

pmax /pl 1 0,75 0,5 0,25 0

η3 1 1,5 2,0 3,0

Dans tous les cas, η (ou le produit η·η3 ) ne peut pas être supérieur à 3.

Remarque
La détermination du coefficient η en fonction de la zone sismique n’est pas tout à fait cohérente avec la dégra-
dation des modules en fonction de la distorsion volumique. En effet, des pieux supportant un ouvrage de
faible hauteur en zone 5 pourraient posséder des pieux exerçant de faibles pressions sur le sol, et donc de
faibles déplacements, comparés à un ouvrage très élancé en zone 2. Le coefficient η3 cherche à compenser
cet écart.

12.9.1 .3.2. Méthode dite « non forfaitaire »


On utilise les relations suivantes :
k = 1,2 Es (111)
Es = 2 (1 + ν)· Gs (112)
avec k coefficient de réaction surfacique exprimé en kPa/m.
Après avoir déterminé la loi de dégradation des modules pour la couche de sol considérée, le
module de cisaillement Gs à retenir dans la formule (112) peut être évalué en considérant le
niveau de déformation attendu sous l’action inertielle de calcul.
Ce niveau de déformation correspond à l’amplitude de distorsion γ(z) :
4 y(z)
γ(z) = (113)
π ·B
avec y(z) le déplacement horizontal du pieu et B son diamètre.

EYR2212118902_Fondations.indb 542 07/01/2019 11:25


Considérations parasismiques | 543

12.9.1 .3.3. Formules d’impédance de Gazetas


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Ce sont celles présentées dans l’Eurocode 8 (EN 1998-5). Elles permettent de déterminer les
termes de la matrice de souplesse KHH, KMM et KHM pour 3 modèles de sols (figure 12.49)
pour des pieux flexibles.

Remarque
À défaut de précisions, on considère un pieu flexible si sa longueur dépasse 3 fois l0 [12 Brûlé 2017].

Es
B

z E = Es E = Es· z E = Es· z
B B

Fig. 12.49. Modèles de sols proposés

• E est le module de Young du modèle de sol, pris égal à 3 G dans l’EN 1998-5 ;
• Es est le module de Young du sol à une profondeur de 1 diamètre de pieu B ;
• Ep est le module de Young du matériau constitutif du pieu.
Le tableau 12.43 présente les expressions permettant de déterminer la rigidité du pieu.
Tableau 12.43. Expressions de la rigidité statique de pieux flexibles, pour trois modèles de sol [NF EN 1998-5 2005]

KHH KMM KHM


Modèle de sol
B ·Es B3·Es B2·Es

()
Ep
()
Ep
()
Ep
0,21 0,75 0,50
E = Es 1,08 0,16 − 0,22
Es Es Es

z
()
Ep
()
Ep
()
Ep
0,35 0,80 0,60
E = Es· 0,60 0,14 − 0,17
B Es Es Es

()
Ep
()
Ep
()
Ep
z 0,28 0,77 0,53
E = Es· 0,79 0,15 − 0,17
B Es Es Es

Par exemple, pour E = Es,


KHH
B ·Es
E
= 1,08 p
Es () 0,21

Remarque
Le module de sol retenu pour cette méthode ne prend pas en compte les déformations complémentaires que
le pieu applique au sol à faible profondeur quand on lui applique un effort horizontal en tête. Elle fournira
donc des raideurs sensiblement plus élevées que les méthodes précédentes.

EYR2212118902_Fondations.indb 543 07/01/2019 11:26


544 | Fondations profondes

12.9.1 .4. Détermination de la raideur verticale sous sollicitations sismiques


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Le terme KVV de la matrice de rigidité peut s’obtenir en appliquant la loi de Frank et Zhao,
présentée dans la partie 12.3, et en multipliant le module de réaction statique à court terme
par le coefficient η et en considérant un module de béton instantané.

12.9.2. Détermination des effets cinématiques


Le paragraphe 5.4.2. de l’Eurocode 8 - partie 5 précise dans quelles conditions les effets ciné-
matiques sont à considérer. Dans la pratique française, l’article se traduit par la prise en
compte des effets cinématiques pour :
• zone de sismicité 2 à 5 (ag·S > 0,1 g) ;
• des structures de catégorie d’importance III ou IV ;
• et des sols de classe D, E, S1 ou S2.
À défaut de précision, il est d’usage d’additionner les moments issus des effets cinématiques
et inertiels, d’autant que les moments générés par les effets cinématiques et inertiels se
retrouvent régulièrement à des profondeurs de pieux différentes.
Ces deux effets ne sont néanmoins pas forcément concomitants et il parfois possible et utile
de retenir une combinaison des efforts plus optimisée. On se reportera alors à une littérature
plus spécialisée.
Considérons maintenant que le mouvement du sol corresponde à sa déformée en champs
libres (c’est-à-dire que l’on néglige l’influence des fondations sur les effets cinématiques).
L’évaluation des effets cinématiques nécessite de déterminer la déformée que le sol impose au
pieu en tout point du pieu. Cela se fait par l’évaluation :
• du déplacement maximal en surface ;
• du profil de déformée g(z) du sol jusqu’au substratum sismique.
On se limitera ici aux méthodes simplifiées d’évaluation du profil g(z) pour un sol mono-
couche et bicouche. Pour des configurations avec plus de 2 couches de sol homogènes, on
pourra se reporter à [12 Souloumiac 1986] ou [12 Afps 2017] qui présentent quelques
méthodes disponibles (méthode de Madeira, d’Ambraseys, de Rayleigh).

12.9.2.1 . Déplacement en surface


L’Eurocode 8 - partie 1 (EN 1998-1) propose de retenir le déplacement de calcul au niveau
du sol à partir de l’expres­sion suivante :
dg = 0,025 ag· S ·TC·TD (114)
Les termes et valeurs de ag, S, TC et TD sont présentés au chapitre 8.
Si la période propre du modèle de sol Ts peut être définie, la valeur de dmax du déplacement
du sol en surface peut être réduite à :
T2
dmax = ag·S · s 2 (115)

12.9.2.2. Profil du g(z) dans le cas d’un sol monocouche


La méthode simplifiée de Souloumiac [12 Souloumiac 1986] consiste à définir l’équation de
la déformée correspondant au mode fondamental d’oscillations libres de la colonne de sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 544 07/01/2019 11:26


Considérations parasismiques | 545

La période fondamentale Ts d’un sol monocouche se calcule par la formule (116).


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4H
Ts = (116)
vs
avec H la hauteur du sol considéré ;
 vs la vitesse des ondes de cisaillement compatible avec le niveau de déformation du
séisme.
La déformée du sol pour un sol monocouche vaut alors :
g(z) = dg· cos
( )
ω·z
vs
(117)
avec ω = 2 π /T.

12.9.2.3. Profil du g(z) dans le cas d’un sol bicouche


Pour un bicouche, le guide AFPS [Afps 2017] propose les formulations suivantes :
• Pour z < h1 :
g(z) = dg· cos
( )
ω·z
vs1
(118)

• Pour h1 < z ≤ h2 :

g(z) = dg·
cos
( ) [
ω · h1
vs1
· sin
ω ·(h1 + h2 − z)

] (119)
sin
( )
ω · h2
vs2
vs2

avec ω = 2 π /T et T = la période propre du bicouche.

h1 ρ1 vs1

h2 ρ2 vs2

z
Fig. 12.50. g(z) – modèle bicouche

Pour estimer la période propre du bicouche, on présente ici la méthode de Madeira. Un panel
plus complet de méthodes est présenté dans [12 Souloumiac 1986]. La méthode de Madeira
suppose :
• une contrainte de cisaillement nulle à la surface libre ;
• un déplacement relatif nul à l’interface du substratum sismique ;
• la continuité des contraintes de cisaillement et des déplacements à l’interface entre les
2 couches.

EYR2212118902_Fondations.indb 545 07/01/2019 11:26


546 | Fondations profondes

La période fondamentale de vibration du bicouche est obtenue en trouvant la plus grande


racine de l’équation suivante :
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ρ2 h2 T1 πT πT
· · = tan · 1 ·tan · 2
ρ1 h1 T2 2 T 2 T ( ) ( ) (120)

avec ρ les densités correspondantes à chaque couche de sol.


Si ρ2 ≈ ρ1, il est possible d’utiliser directement le graphique de la figure 12.51 pour déter-
h ρ h
miner T. Dans le cas contraire, il suffit de remplacer 1 par 1 · 1 .
h2 ρ2 h2

100

Les petits nombres


situés sous chacune des
courbes de l’abaque
correspondent à des
valeurs de h1/h2
0
75

0
50
0
40
0
30
0
20
0
T/T1

15
10
0
10
75
50
40
30

20
15

10
7,5

5
4
3
2 0,4
1,5 0,3
1 0,75 0,2
0,5
0,15
0,1
1
0,01 0,01 1 10
T2/T1

Fig. 12.51. Calcul de la période de vibration d’un sol par application successive de la méthode du bicouche
selon [12 Souloumiac, 1986] extrait [12 Afps 2017]

12.9.3. Justification de dimensionnement

12.9.3.1 . Capacité portante et de traction


Les coefficients de sécurité partiels pour déterminer la portance des pieux sous la combinaison
de charge sismique sont les mêmes que pour les ELU durables et transitoires.

12.9.3.2. Reprise d’efforts horizontaux et de moments


Les paramètres de sols à retenir sont précisés aux paragraphes précédents. Les justifications
structurelles sont ensuite réalisées selon l’Eurocode 8 et les autres Eurocodes correspondants.

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Considérations parasismiques | 547

Bibliographie
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[12 Afps 2017] AFPS, Guide pour la conception et le dimensionnement des fondations profondes sous actions
sismiques des bâtiments à risque normal, cahier technique n° 38, AFPS, 2017.
[12 Bouafia 2004] BOUAFIA A., « Analyse comparative des méthodes de calcul des pieux forés isolés à
partir de l’essai SPT », Revue française de géotechnique, 2004.
[12 Bourges 1989] BOURGES F., FRANK R., Fondations profondes, Techniques de l’ingénieur, 1989.
[12 Brûlé 2017] BRÛLÉ S., CUIRA F., Pratique de l’interaction sol-structure sous séisme, Afnor Éditions,
2017.
[12 Cambefort 1964] CAMBEFORT H., « Essais sur le comportement en terrain homogène des pieux
isolés et des groupes de pieux », Annales de l’ITBTP, 1964.
[12 Cambefort 1971] CAMBEFORT H., Géotechnique de l’ingénieur, Éditions Eyrolles, 1971.
[12 Caquot 1966] CAQUOT A., KERISEL J., Traité de mécanique des sols, Éditions Gauthier-Villars
(4e édition), 1966.
[12 Cfmstf 1995] Comité français de mécanique des sols et des travaux de fondations, T.A. 95 Tirants
d’ancrage – Recommandations concernant la conception, le calcul, l’exécution et le contrôle, Éditions
Eyrolles, 1995.
[12 Combarieu 1985] COMBARIEU O., Frottement négatif sur les pieux, Rapport de recherche n° 136
du LCPC, 1985.
[12 Cuira 2017] CUIRA F., ESCOFFIER S., KOTRONIS P., PEREZ-HERREROS J., « État de l’art
sur les méthodes de calcul d’un pieu et d’un groupe de pieux sous chargement sismique », Proceedings
of the 19th International Conference on Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Séoul, 2017.
[12 Dobry 1982] DOBRY R., VICENTE E.V., O’ROURKE M.J. & ROESSET J.M., Horizontal
stiffness and damping of single piles, Journal of Geotechnical Engineering Division -Vol. 108, 1982.
[12 Filliat 1981] FILLIAT G., La pratique des sols et fondations, Éditions du moniteur, 1981.
[12 Foray 1976] FORAY P., PUECH A., « Influence de la compressibilité sur la force portante des pieux
en milieu pulvérulent », Annales de l’ITBTP, n° 339, 1976.
[12 Frank 1982] FRANK R., ZHAO S.R., « Estimation par les paramètres pressiométriques de l’enfon-
cement sous charge axiale de pieux forés dans les sols fins », Bulletins de liaison LPC, n° 119, 1982.
[12 Gazetas 1990] GAZETAS G., Foundation Engineering Handbook, Hsai-Yang Fang, 1990.
[12 Kausel 1978] KAUSEL E., WHITHMAN A., MURRAY J., ELSABEE F., The spring method for
embedded foundations, Nuclear Engineering and Design, Vol n° 48, 1978.
[12 Lcpc 2006] LCPC Guide technique – Contrôle de l’intégrité des éléments de fondations profondes de
structures de génie civil et de bâtiments – Pieux forés, barrettes et parois moulées – Méthodes d’auscultation,
Techniques et méthodes LCPC, 2006.
[12 L’Herminier 1967] L’HERMINIER R., Cours de mécanique des sols et des chaussées, SDTP, Éditions
Eyrolles, 1967.
[12 Mandel 1936] MANDEL M., « Flambage au sein d’un milieu élastique », Annales des ponts et chaus-
sées, 1936.
[12 Pecker 1984] PECKER A., Dynamique des sols, Presse des ponts et chaussées, 1984.
[12 Philiponnat 1980] PHILIPPONNAT G., « Méthode pratique de calcul d’un pieu isolé à l’aide du
pénétromètre statique », Revue française de géotechnique, 1980.
[12 PS 92 1996] PS 92 – Norme NF P 06-013, Règles de construction parasismique – Règles PS applicables
aux bâtiments, Éditions Eyrolles, 1996.

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548 | Fondations profondes

[12 Souche 1984] SOUCHE P., « Étude du flambement des pieux partiellement immergés », Annales de
l’ITBTP, n° 23, 1984.
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[12 Souloumiac 1986] SOULOUMIAC R., « Méthode simplifiée de calcul des pieux en zones
sismiques », Annales de l’ITBTP, n° 441, 1986.
[12 Vezole 1989] VEZOLE P., « Stabilité de forme des micropieux », Annales de l’ITBTP, n° 478, 1989.

Nota : l’ensemble des références de la bibliographie normative citée dans l’ouvrage est regroupé
dans l’annexe J.

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CHAPITRE 13

Ouvrages de soutènement

13.1. Préambule – Classification des soutènements


Les soutènements peuvent être classés en plusieurs catégories selon les méthodes de dimen-
sionnement externe. Les normes d’application de l’Eurocode suivent cette classification :
• murs (NF P94-281) : entrent dans cette catégorie les murs-poids en maçonnerie, en béton
armé, les murs préfabriqués cantilever ainsi que les murs-caissons, les murs en gabions, les
murs cellulaires (murs en éléments caverneux préfabriqués), etc. ;
• écrans (NF P94-282) : il s’agit d’écrans minces descendant, généralement, sous le niveau
du fond de fouille de manière à y mobiliser la butée des terres. Leur stabilité est assurée
grâce à cette butée et/ou des tirants d’ancrage précontraints ou bien encore des butons. Les
soutènements de ce type les plus courants sont les suivants :
–– rideaux de palplanches,
–– parois moulées,
–– parois composites comme les parois berlinoises, parisiennes, lutéciennes, etc.,
–– rideaux de pieux sécants ou non jointifs (contigus),
–– voiles par passes ;
• massifs en terre renforcée (NF P94-270 et NF G38-064) : il s’agit de massifs de sols
renforcés par des éléments de renforcement constitués d’armatures métalliques (barres,
plats, treillis…) ou de nappes géotextiles. Les parois clouées entrent également dans cette
catégorie d’ouvrages, qui englobe :
–– la Terre Armée,
–– les murs en géotextiles ou en gabions armés,
–– les parois clouées.

EYR2212118902_Fondations.indb 549 07/01/2019 11:26


550 | Ouvrages de soutènement

13.2. Critères de choix


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Le choix du mode de soutènement est dicté par la prise en compte d’un certain nombre d’élé-
ments spécifiques aux contextes hydrogéologique, géotechnique, au projet et à la présence ou
non d’avoisinants sensibles. Ces éléments de choix sont repris dans les tableaux ci-dessous.

Tableau 13.1. Soutènements en remblai – Critères de choix

Domaine d’application Avantages Inconvénients

Murs-poids (maçonnerie, béton)

– hors nappe (sauf si drainage et – simplicité – coût (main-d’œuvre et


faible débit) – aspect esthétique (maçonnerie) matériaux « nobles »)
– hauteur < 10 m – délais de chantier
– tous types de sols
– déplacements < 5 cm
Murs béton en « L » ou « T » inversé

– hors nappe (sauf si drainage et – préfabrication possible pour des – hauteur limitée pour les murs
faible débit) hauteurs courantes préfabriqués
– hauteur < 10 m – délais de chantier
– tous types de sols – effet du poids des terres sur la
– déplacements < 5 cm semelle
– coût
Gabions ou blocs de béton empilés

– hors nappe – aspect esthétique – coût (main-d’œuvre et


– hauteur < 10 m – simplicité de mise en œuvre matériaux « nobles »)
– tous types de sols – inclinaison possible permettant – délais
– déplacements < 10 cm de diminuer le coût, l’inclinaison – hauteur limitée en murs
diminuant les poussées à verticaux ou faiblement inclinés
reprendre
– ouvrages souples et déformables
Massifs en sol renforcé

– hors nappe – relèvent de techniques de – nécessitent une emprise au sol


– hauteur < 10 m terrassement importante
– tous types de sols – inclinaison possible permettant
– déplacements < 10 cm de diminuer le coût
– ouvrages souples et déformables

Tableau 13.2. Soutènements en déblai – Critères de choix

Domaine d’application Avantages Inconvénients

Parois par passes alternées

– hors nappe – coût – paroi déformable


– nécessite une cohésion suffisante – inadaptée contre des ouvrages
des sols à court terme sensibles
– hauteur < 5-6 m – délai et nécessité d’un phasage
rigoureux des passes
– butonnage nécessaire

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Critères de choix | 551

Parois clouées
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– hors nappe – coût moyen – paroi déformable


– nécessite une cohésion des sols à – inadaptée contre des ouvrages
court terme sensibles
– hauteur < 10 m
– déplacement < 10 cm
Parois en tranchées blindées

– hors nappe – blindage à l’avancement – coût élevé


– hauteur < 20 m – réalisation dans des emprises – délais de réalisation
– déplacement < 5 cm exiguës (fouille manuelle) – difficultés pour trouver des
entreprises qualifiées
Parois composites discontinues (berlinoise, lutécienne, parisienne, moscovite…)

– hors nappe – déformation limitée. De la plus – inadaptée en présence d’eau


– nécessite une cohésion des sols à souple à la plus rigide : paroi – nécessité d’un blocage en tête en
court terme berlinoise, paroi parisienne, cas d’ouvrages sensibles en
– hauteur < 20 m paroi moscovite amont
– déplacement 1 à 5 cm – réalisation relativement aisée
– coût moyen
Rideaux de pieux jointifs ou sécants

– hauteur < 20 m – solution plus économique – nécessite une exécution parfaite,


– tous types de sols qu’une paroi moulée en présence d’eau pour assurer
– déplacements 1 à 5 cm – utilisation du même matériel l’étanchéité
que pour la réalisation des pieux – adaptée pour des hauteurs
de l’ouvrage limitées : un voire deux niveaux
de sous-sols
– n’assure pas une étanchéité au
sens du DTU 14-1 (contre-voile
à prévoir par ex. le cas échéant)
– nécessité d’un blocage en tête en
cas d’ouvrages amont sensibles
Rideaux de palplanches

– hauteur < 20 m – rapidité d’exécution – utilisé en bâtiment pour


– sols non rocheux, sans blocs ouvrages provisoires
– déplacements 1 à 5 cm essentiellement
– corrosion en cas d’ouvrages
définitifs
– risque de refus prématuré si
blocs ou obstacle dans le sol
– mise en œuvre impossible dans
les sols trop résistants
– le battage crée des vibrations
Paroi moulée

– hauteur < 50 m – paroi rigide – coût


– tous types de sols – déformations très limitées – nécessite des murettes-guides
– déplacements 1 à 5 cm dont l’emprise est à prendre en
compte, notamment en
mitoyenneté
– matériel à fort encombrement

Par exemple, la présence d’une nappe phréatique, sauf à pouvoir faire un rabattement de cette
dernière, interdira la réalisation d’un écran discontinu (berlinois, parisien…) et orientera vers
une paroi continue.

EYR2212118902_Fondations.indb 551 07/01/2019 11:26


552 | Ouvrages de soutènement

13.3. Murs de soutènement


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Ces ouvrages entrent dans le domaine d’application de la norme NF P94-281.

13.3.1. Remarque préliminaire – Notion d’écran fictif


Pour le calcul des actions s’exerçant sur un mur de soutènement, et notamment les efforts de
poussée, un écran fictif dépendant de la géométrie du mur est considéré (figures 13.1a et b
ci-dessous).
Le mur est constitué alors par l’ensemble formé par le mur proprement dit et le volume de
terre à l’intérieur de l’écran fictif. Les actions F de poussée viennent s’exercer sur l’écran fictif.

O
β
F
Hv
δ
F
δ

B1
A
B
B
a) Mur en T b) Mur à redans

F F
λ δ
δ

c) Mur monolithique d) Mur en gabions

Fig. 13.1. Écran fictif pour différentes configurations de mur (NF P94-281)

Pour certaines géométries de mur, comme le mur en gabions de la figure 13.1d, il est égale-
ment possible de considérer un écran vertical passant par l’arête arrière du gabion inférieur.
Le poids des terres à l’intérieur de ce volume intervient alors dans le calcul du poids propre
de l’ouvrage.

EYR2212118902_Fondations.indb 552 07/01/2019 11:26


Murs de soutènement | 553

13.3.2. Définition des actions


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La figure 13.2 illustre les efforts qui s’appliquent sur un mur :


Q
Q
G
β
Stabilité C
C W2 d’ensemble Ps
λ
W2
Ps
Pc Pφ
W1 Pc Pφ δ
W1


Pp B´
Pp
A B A B

Fig. 13.2. Actions sur un mur

Dans les situations les plus courantes, les actions à considérer sont les suivantes :
• Actions permanentes :
–– poids propre du mur et de sa fondation W1 et des terres situées au-dessus de la
fondation W2, éventuellement déjaugé sous la nappe (cas peu fréquent) ;
–– résultante de la poussée des terres avec une composante Pφ dû à l’angle de frottement
interne (milieu pesant) inclinée de δ et une composante Pc due à la cohésion (non
pesant) dont une partie est également inclinée de δ (voir § 10.2.6.1)) ; δ est défini
dans le tableau 10.5
–– résultante de la butée des terres Pp (Ppφ et Ppc ). Cette butée est négligée devant le
mur lorsque la fondation est superficielle ou que les sols sont sensibles au retrait. Il
est également possible de la négliger sur une certaine hauteur en considérant l’éven-
tualité de sols décomprimés ou d’un creusement potentiel d’une tranchée parallèle
au mur de soutènement.
• Actions variables :
–– surcharges d’exploitation Q souvent définies par les règlements en vigueur
(NF P06-001 par exemple), ou imposées par le cahier des charges ;
–– vent ;
–– houle ;
–– effort d’amarrage pour un quai.
• Actions accidentelles :
–– choc sur garde-corps ;
–– choc d’un objet flottant sur un mur de quai.
• Actions sismiques

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554 | Ouvrages de soutènement

13.3.3. Approche de calcul et combinaisons d’actions


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Les sollicitations à considérer sont définies au chapitre 7.


L’approche de calcul 2 de l’Eurocode 7 est retenue pour les justifications à l’ELU, sauf pour
la stabilité d’ensemble où les approches 2 ou 3 peuvent être utilisées (voir §  13.3.4.2
ci-dessous).
Pour la vérification des états limites ultimes STR et GEO en situations de projet durables et
transitoires, on retient la combinaison fondamentale :
Ed = E { ∑ γGj,sup·Gkj,sup «+» ∑ γGj,inf ·Gkj,inf «+» γQ,1·Q k,1 «+» ∑ γQ,i ·ψ0,i ·Q k,i }
j ≥1 j ≥1 i >1

Application au cas du soutènement illustré par la figure 13.3 ci-après :


• Combinaison 1 : poids de l’ouvrage considéré comme défavorable car augmentant la
contrainte moyenne sous la semelle.
Ed = 1,35 {W1 + W2 + W3} + 1,35 {Pc;φ} + 1,5 {q1a} + 1,5 {Pq1b}
• Combinaison 2 : poids de l’ouvrage considéré comme favorable car s’opposant au renver-
sement et au glissement du mur.
Ed = 1,0 {W1 + W2 + W3} + 1,35 {Pc;φ} + 0,0 {q1a} + 1,5 {Pq1b}
avec {Pc;φ} : effet de la poussée lié à c et à φ (effort horizontal, moment de flexion, effort
vertical si δ ≠ 0) ;
{Pq1b} : effet de la poussée lié à la surcharge q1b (effort horizontal, moment, effort vertical
si δ ≠ 0) ;
{q1a} : effet de la surcharge q1a (effort vertical et moment) ;
{W1 + W2 + W3} : effet des poids propres en distinguant le voile de la semelle (effort
vertical et moment).
C’est généralement la combinaison 2 qui est la plus défavorable.

Comb 1 : γq1a = 1,5 q1a q1b


Comb 2 : γq1a = 0,0

Comb 1 : γq1b = 1,5


δ Comb 2 : γq1b = 1,5
Pc;φ + Pq
Comb 1 : γGj, sup = 1,35
W1
Comb 2 : γGj, inf = 1,0
W3 Comb 1 : γGj, sup = 1,35
Comb 2 : γGj, sup = 1,35

W2
Fig. 13.3. Actions et pondérations – Mur en T

EYR2212118902_Fondations.indb 554 07/01/2019 11:26


Murs de soutènement | 555

Quant aux vérifications ELS décrites ci-après (tableau 13.3), elles sont à effectuer sous combi-
naisons de charges quasi permanentes et caractéristiques (voir chapitre 7).
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13.3.4. Justification d’un mur de soutènement sous sollicitations


statiques

13.3.4.1 . Démarche générale


La démarche à appliquer pour le dimensionnement d’un mur de soutènement consiste
successivement à :
• s’assurer de la stabilité générale ;
• définir la géométrie de l’écran fictif considéré (figure 13.1) ;
• calculer les actions et notamment établir le diagramme de poussée des terres ;
• calculer pour les différents états limites les sollicitations (moment, effort horizontal, effort
vertical) qui s’appliquent sur la fondation (pour la stabilité externe) et sur les différentes
sections critiques (pour la stabilité interne) ;
• déterminer le diagramme des contraintes sous la fondation qui équilibre les sollicitations
(voir chapitre 10) ;
• effectuer les vérifications en conformité avec la norme NF P94-281.

W Poussée
H
MH
V
MW

MRv

A
Rh

RV

Fig. 13.4. Équilibre général d’un mur de soutènement

Les vérifications minimales à effectuer sont reprises dans les tableaux ci-dessous. Ces vérifica-
tions concernent les murs de soutènement pour lesquels la rotation ou le tassement ne sont
préjudiciables ni au mur lui-même ni, le cas échéant, aux structures voisines.
Dans le cas d’un mur cellulaire ou d’un mur en gabions, la stabilité interne (ELU) consiste
aussi à vérifier, pour les différents niveaux intermédiaires, la « portance » des éléments sous-
jacents, leur stabilité au glissement (connexions et liaisons entre les éléments constituants) et
au renversement (limitation de l’excentrement) (voir figure 13.5).

EYR2212118902_Fondations.indb 555 07/01/2019 11:26


556 | Ouvrages de soutènement

Tableau 13.3. Murs de soutènement – Vérifications minimums aux ELU et ELS


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Vérifications minimales aux ELU

ELU Approche

Stabilité générale GEO 2 ou 3


Stabilité interne
Résistance structurale STR 2

Stabilité externe
Portance du sol support GEO 2
Poinçonnement
Limitation de l’excentrement
Glissement sur la base du mur GEO 2

Vérifications minimales aux ELS

Stabilité externe
Limitation de la charge transmise au sol
Limitation de l’excentrement
Admissibilité des tassements

θ θ

a) Cisaillement - glissement b) Renversement

c) Compression

Fig. 13.5. Mécanismes de ruine à envisager pour la stabilité interne d’un mur cellulaire (NF P94-281)

13.3.4.2. Stabilité générale (ELU)


Il s’agit de la vérification vis-à-vis d’un glissement englobant l’ouvrage, les méthodes de calcul
sont celles relatives à la stabilité des pentes et talus (voir chapitre  9). Le calcul se fait en
approche 2 ou 3. La norme NF P94-281 indique que l’approche 3 est plus facilement mise
en œuvre si la méthode de Bishop est utilisée.

EYR2212118902_Fondations.indb 556 07/01/2019 11:26


Murs de soutènement | 557

Lorsque le calcul se fait avec la méthode des tranches, le coefficient de modèle γR;d est égal
à 1,0 dans l’approche 2 et à 1,2 dans l’approche 3. Pour les ouvrages peu sensibles à la défor-
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mation, il est possible d’adopter des coefficients légèrement plus faibles (0,9 et 1,1 par
exemple).

13.3.4.3. Résistance structurelle (ELU)


Cette justification n’entre pas dans le cadre du présent ouvrage.
La vérification est à faire conformément au règlement de calcul de la structure du mur
(exemple : Eurocode 2 pour un mur en béton armé).
Les annexes de la norme NF P94-281 détaillent la justification de la stabilité interne de diffé-
rents types de soutènements :
• annexe C : murs en « T » ;
• annexe D : murs cellulaires avec blocs empilés en béton ;
• annexe E : murs cellulaires avec blocs empilés en gabions.

13.3.4.4. Portance du sol support (ELU et ELS)


Le moment de calcul Md induit à la base de la semelle par les poussées horizontales et les
efforts verticaux (par rapport au centre de la semelle) est remplacé par un excentrement de la
résultante horizontale Vd tel que e = Md /Vd, et ceci pour chaque état limite.

P Md = Vd · e
W
Md

Hd O
O Hd O
e
B Vd Vd

Fig. 13.6. Efforts appliqués à la base de la semelle

La largeur comprimée est alors égale à 3 (B/2 − e) dans le cas d’une répartition triangulaire et
à B dans le cas d’une répartition trapézoïdale, B étant la largeur de la semelle. Il est également
possible de choisir une répartition des contraintes selon le modèle de Meyerhof (voir
chapitre 11).
La résistance Rd ou la répartition des contraintes sous la semelle peuvent alors être calculées
en appliquant les formules des semelles superficielles à l’ELU et à l’ELS (voir chapitre 11).
Pour l’application des formules (1) et (8) du paragraphe 11.2 le coefficient de modèle γR;d;v
est égal à 1 si la portance a été déterminée à partir de données pressiométriques ou pénétro-
métriques, ou d’essais de cisaillement en conditions non drainées (cu) et 1,7 si la portance a
été déterminée à partir d’essais de cisaillement en conditions drainées (φ´ et c´). Si la fonda-
tion supporte un bâtiment ou un pont, γR;d;v est porté de 1 à 1,2 ou de 1,7 à 2 suivant le
modèle considéré (ce qui revient à appliquer le tableau 11.3 du chapitre 11).

EYR2212118902_Fondations.indb 557 07/01/2019 11:26


558 | Ouvrages de soutènement

Dans le cas de situations accidentelles, le coefficient γR;d;v est limité à 1,2.


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L’association des coefficients selon le modèle de calcul est résumé dans le tableau suivant :

Méthode de calcul γR;d;v γR;v · γR;d;v

ELU ELU ELS


combinaison combinaison quasi permanent
fondamentale accidentelle et caractéristique

γR;v = 1,4 γR;v = 1,2 γR;v = 2,3

cu – méthode analytique
(sols cohérents en conditions 1,0 1,4 1,2 2,3
non drainés)

c´ et φ´ – conditions drainées 1,7 2,4 2,0 3,9

calage
c et φ – méthode numérique – – –
spécifique

Méthode pressiométrique 1,0 1,4 1,7 2,3

Méthode pénétrométrique statique 1,0 1,4 1,2 2,3

13.3.4.5. Limitation de l’excentrement (ELU et ELS)


L’excentrement e (= Md /Vd) est limité aux valeurs suivantes :
• ELU situation durable ou transitoire :
2e 1
1− ≥ (1)
B 15
• ELS quasi permanent ou caractéristique :
2e 1
1− ≥ (2)
B 2

13.3.4.6. Glissement sur la base du mur (ELU)


L’effort horizontal de calcul Hd doit être inférieur à la résistance de calcul Rd calculée en appli-
quant les formules des semelles superficielles (voir chapitre 11).
Pour l’application des formules (29a) et (29b) du paragraphe 11.4, le coefficient de modèle
lié à l’estimation de la résistance ultime au glissement γR;d;h est égal à 0,9 alors qu’il vaut 1,1
si la fondation supporte un bâtiment ou un pont.
Lorsque la fondation du mur est profondément enterrée, il est possible de prendre en compte
une butée de pied à condition d’être sûr de sa pérennité. La réalisation de bêches assurant un
ancrage de la semelle est très favorable. En outre, ces bêches ont l’avantage de situer la ligne
de rupture potentielle de glissement dans le sol en place et non au contact semelle/sol, qui
peut constituer une zone de faiblesse du fait d’un coefficient de frottement moindre ou d’un
remaniement du fond de fouille.

EYR2212118902_Fondations.indb 558 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 559

13.3.4.7. Autres vérifications


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Le cas échéant, vérifier :


• les déformations du mur et du terrain adjacent (tassements, voire déplacement et déforma-
tion angulaire) ;
• les conditions de renard, etc.

13.3.5. Justification d’un mur de soutènement sous séisme


(Eurocode 8)
Les vérifications doivent être menées conformément à l’Eurocode 8 et notamment la norme
NF EN 1998-5. Elles portent sur :
• la stabilité externe (portance et glissement) ;
• la stabilité interne (avec γR;d = 1,0) en fonction du matériau constituant le mur ;
• la stabilité générale (voir chapitre 9) ;
• la stabilité des ancrages (le cas échéant).
Le calcul se fait comme en statique en adoptant le modèle pseudo-statique développé au para-
graphe 10.4 du chapitre 10.
Pour ce qui concerne les ancrages, ceux-ci doivent avoir une résistance et une longueur suffi-
sante pour assurer l’équilibre du coin de sol critique dans des conditions sismiques et une
capacité d’adaptation aux déformations du sol.
Pour une configuration simple (sol homogène en arrière du mur et en ancrage, topographie
sensiblement horizontale), cette condition est vérifiée si la longueur de scellement  Le
vérifie Le = Ls· (1 + 1,5 α ∙ S), avec Ls longueur de scellement nécessaire en statique.

13.4. Écrans de soutènement


13.4.1. Classification, fonctionnement et méthodes de calcul
Ces ouvrages entrent dans le domaine d’application de la norme NF P94-282.
On pourra distinguer :
• les rideaux continus : paroi moulée en béton armé, rideaux de palplanches métalliques,
parois de pieux sécants ou jointifs ;
• les parois discontinues :
–– parois berlinoises constituées de profilés métalliques dans des pieux forés et de parois
de liaison et de blindage en planches ou en béton projeté armé ;
–– parois lutéciennes constituées de pieux bétons forés et de parois de liaison et de blin-
dage en béton projeté (variante : paroi parisienne avec pieux bétons préfabriqués) ;
–– parois moscovites constituées d’éléments de barrettes béton et de parois de liaison et
de blindage en béton projeté armé.

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560 | Ouvrages de soutènement

Les parois sont par ailleurs équipées de dispositifs d’appuis (tirants, butons) placés à différents
niveaux chaque fois que la déformation ou les efforts deviennent trop importants.
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L 4

3 3 4
1 1

2 2

1 côté terre L
2 côté fouille
1 côté terre
3 voile en béton armé
2 côté fouille
4 pieu
3 voile en béton armé
4 profilé métallique
a) Paroi lutécienne
L distance entre les axes des éléments principaux
b) Paroi berlinoise avec voile béton armé
1
d
1 2

2 l1 l2
1 pieux primaires 1 éléments principal
2 pieux secondaires 2 panneau de palplanches intercalaires
(élément intermédiaire)
c) Rideau de pieux sécants d) Rideau mixte de palplanches métalliques
Fig. 13.7. Coupes types sur différentes parois (NF P94-282)

L’équilibre général d’un écran de soutènement est illustré par la figure 13.8.

Tirant

Poussée

buton

Butée

Contre-butée

Rv2

Rv1

Fig. 13.8. Équilibre général d’un écran de soutènement

EYR2212118902_Fondations.indb 560 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 561

Le principe général de dimensionnement des écrans implique la vérification de la stabilité


pour chaque phase de travaux (situations transitoires), puis, le cas échéant, en configuration
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définitive (situation durable) ou en situation accidentelle.


Les méthodes de calcul sont multiples. Le calcul aux Eurocodes distingue deux modes de
dimensionnement principaux :

Calcul à la rupture ou modèle à l’équilibre limite (MEL) 


Cette méthode décrite au § 13.4.4 est la plus simple. Elle est suffisante pour les ouvrages
modestes et permet de procéder à un prédimensionnement d’ouvrages plus complexes. Le sol
est supposé en état d’équilibre limite de poussée ou de butée sur toute la hauteur du rideau.
La rigidité propre du rideau n’intervient pas dans la détermination des efforts appliqués sur
celui-ci. La norme NF P94-282 impose cette méthode pour les parois ou parties de parois
en console.

Calcul selon un modèle d’interaction sols-structure (MISS)


Les deux principales méthodes utilisées pour le calcul MISS sont décrites ci-après :
• Calcul élastoplastique (voir § 13.4.3) :
Le calcul est basé sur l’utilisation d’une loi rhéologique élastoplastique (voir chapitre 5)
reliant la déformation de l’écran en chaque point et la pression appliquée sur celui-ci au
même point. Il s’agit de la méthode la plus utilisée actuellement pour l’étude des ouvrages
complexes. Différents logiciels sont disponibles dans le commerce (Rido, K-Réa,
Denebola, etc.).
• Calcul aux éléments finis :
Le calcul aux éléments finis n’est pas encore entré dans la pratique courante pour le dimen-
sionnement des écrans. Les codes de calcul aux éléments finis spécifiques à la géotechnique
et l’utilisation de lois de comportement de plus en plus proches de la réalité se sont vulga-
risés (logiciel Plaxis par exemple). L’avantage d’un calcul de ce type est qu’il permet
d’intégrer l’ensemble des déformations, y compris les tassements des sols en amont, ce qui
permet de mieux évaluer l’impact sur les ouvrages amont. Les écoulements hydrauliques
peuvent être également modélisés. La modélisation des parois discontinues et des ouvrages
d’appuis ponctuels (butons, tirants) est toutefois délicate avec un logiciel 2D, et la modéli­
sation est plus longue qu’avec un modèle élastoplastique.
[× 10−3 m]
95 000
Stabilité d’ensemble en phase provisoire (Plaxis®) 90 000
85 000
80 000
Calcul du facteur de sécurité à la rupture F = 1,37
75 000
70 000
65 000
60 000
55 000
50 000
45 000
40 000
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
Fig. 13.9. Exemple de calcul aux éléments finis d’un écran de soutènement
5 000
0 000
− 5 000

EYR2212118902_Fondations.indb 561 07/01/2019 11:26


562 | Ouvrages de soutènement

Il est possible d’utiliser les deux modes de calculs, éléments finis et méthode élastoplastique,
dans le cas d’ouvrages délicats.
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Dans ce qui suit, seules les deux premières méthodes sont brièvement présentées.

13.4.2. Déformations admissibles de la paroi


Il s’agit souvent du critère fondamental et dimensionnant de la paroi.
La notion de déformations admissibles constitue une donnée qui ne dépend ni de la paroi
elle-même, ni de la géotechnique, mais des ouvrages existants à proximité et du risque de
désordres que génère sur ces ouvrages une déformation de la paroi.
Une paroi située contre une voirie pourra être plus déformable qu’une paroi réalisée contre un
vieil immeuble en maçonnerie sans chaînage et fondé superficiellement.
Ce n’est pas au géotechnicien de fixer ce paramètre de déformation admissible, dans la mesure
où il s’agit d’un problème de structure et d’acceptation d’un risque de désordres plus ou
moins prononcé selon la sensibilité des avoisinants. Par contre, le géotechnicien a besoin de
connaître les déformations admissibles pour concevoir et dimensionner l’ouvrage géotech-
nique. Certains maîtres d’ouvrage imposent des critères de déformation spécifiques dans leurs
cahiers des charges.
L’ordre de grandeur de ces déformations admissibles peut être :
• 20 à 30 mm (déformation maximale sur la hauteur de la paroi) pour un ouvrage situé
contre des chaussées ou des voiries ne comportant pas de réseau enterré sensible à la
déformation ;
• 10 à 15-20 mm (déformation maximale sur la hauteur de la paroi) pour un ouvrage situé
à proximité ou contre des bâtiments rigides et bien chaînés ;
• 5 à 10 mm au niveau de la fondation de l’avoisinant et 10 à 15 mm sur la hauteur de la
paroi pour un ouvrage situé à proximité ou contre un ouvrage sensible.
Il est à noter qu’un calcul aux éléments finis permet d’avoir une idée de l’impact de la paroi
de soutènement et des phases de sa réalisation sur les déformations du sol sous les avoisinants
(en particulier en appréciant les tassements différentiels).
Seul un déplacement nul pourrait garantir l’absence de désordres sur les avoisinants, mais cela
serait au prix d’ouvrages conséquents (forte inertie de paroi, tirants ou butons fortement
précontraints, excavations de faibles hauteurs…). Les déplacements admissibles ne peuvent
être qu’un compromis entre le coût de l’ouvrage prévu et l’acceptation d’un certain niveau de
risque pour les avoisinants.

13.4.3. Méthode élastoplastique

13.4.3.1 . Principe
La méthode élastoplastique a pour objet de rechercher, pour chaque phase de travaux ainsi
que pour les situations diverses de l’ouvrage en service, un état d’équilibre tel que la déformée
de l’écran soit compatible avec :
• la rigidité propre de l’écran ;
• la déformation des tirants et/ou des butons ;

EYR2212118902_Fondations.indb 562 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 563

• la pression effective p´ exercée par le sol en chaque point de l’écran, liée à la déformation
horizontale y par une loi élastoplastique (figure 13.10 b) ;
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• l’état initial de la phase considérée ;


• la poussée hydrostatique (le cas échéant).

y ou p
Zone plastifiée
p
Domaine Domaine Domaine
plastique élastique plastique

y A B
Zone pp
plastifiée
p
Domaine élastique =
intervalle pa et pp
O pc C
pa

ya yc yp y

a) Déformation de l’écran b) Schéma rhéologique en un point de l’écran

Fig. 13.10. Méthode élastoplastique

Il devient alors possible de déterminer les efforts dans l’ensemble de l’écran pour chacune des
phases envisagées.
Examinons la première phase de terrassement, en supposant que la réalisation préalable de
l’écran n’ait pas modifié les contraintes au sol. Initialement la pression horizontale effective au
point O est p´0 = K0 ∙ σ´v et la déformation initiale y0 = 0.
Tant que la pression p´ reste inférieure à la poussée active pa et inférieure à la poussée passive,
ou butée, pp , on reste dans le domaine élastique. La pression p´ et la déformation horizontale
sont liées par la formule p´ = p´0 + kh· y (modèle de Winkler).
kh est le coefficient de réaction horizontal parfois nommé improprement module de réaction
horizontal.
Si, en certains points de l’écran, y dépasse les bornes inférieures ya ou supérieure yp , il y a
plasti­fication du sol et la pression sur l’écran reste plafonnée selon le cas à pa ou pp , quelle que
soit la déformation.
Pour les phases travaux suivantes, on admet un phénomène d’hystérésis parfait. À partir de la
plastification, si la pression évolue et revient vers la zone élastique, le schéma est décalé, mais
reste avec la même pente, comme l’exemple du trajet BC.
Le calcul de l’écran repose sur la théorie des poutres continues sur appuis élastiques et est
traité par ordinateur.
Un dimensionnement d’écran se déroule de la manière suivante :
• définition des déformations admissibles de la paroi (qui constitue alors le premier critère
de dimensionnement) ;
• introduction des différents paramètres relatifs au sol, à l’eau, à la paroi, aux ancrages et
butons… ;
• calcul en décomposant la réalisation de la paroi en phases successives de travaux ; en général
on terrasse de la hauteur possible tout en restant dans la déformation admissible et, dès que
l’on atteint ces limites, on ajoute des dispositifs d’appuis complémentaires (butons ou
tirants) ou, si cela n’est pas envisageable, on renforce la paroi ;

EYR2212118902_Fondations.indb 563 07/01/2019 11:26


564 | Ouvrages de soutènement

• vérification à chaque phase de travaux que les déformations sont admissibles, et que la
stabilité de la paroi et des avoisinants est respectée ;
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• le cas échéant, vérifications complémentaires (stabilité d’ensemble, condition de renard…).

13.4.3.2. Détermination du coefficient de réaction horizontal


Le coefficient de réaction horizontal du sol n’est pas une caractéristique intrinsèque du sol. Il
dépend aussi de la paroi ou de l’élément de paroi.
L’annexe F de la norme NF P94-282 (informative) recommande de déterminer le coefficient
de réaction horizontal kh à partir de la formule suivante :
4

kh =
EM 3
α
1
2( ) (3a)
EI 3
B0 ( )
avec EM : module pressiométrique de la couche de sol concernée,
α : paramètre rhéologique de la couche de sol concernée,
EI : produit d’inertie de la paroi,
B0 : largeur de référence prise égale à 1 m
• lorsque la fiche f de l’écran (profondeur de la paroi sous le niveau de la fouille) risque d’être
inférieure à 1,5 l0, l0 étant la longueur de transfert égale à [EI /EM]0,33, la formule  (3a)
devient :

[ ]
4

kh = max
( )
E 3
2 M
α ; 5,4 EM (3b)
1 α·f
( )
EI 3
B0
lorsque la largeur b de l’excavation devient inférieure à 3 l0, la formule (3a) devient :

[ ]

4

kh = max
2( ) EM 3
α ; 7,2 EM (3c)
1 α·b
( ) EI 3
B0

Il existe d’autres formules de calcul de kh :


• la formule de Balay [13 Balay 1984] :
EM
kh = (4)
α·a
+ 0,133 (9a)α
2
où a est un paramètre dimensionnel explicité par la figure 13.11 ci-après.

Remarque
Si les sols sont sensiblement différents sur la longueur a, celle-ci sera découpée en tranches homogènes,
chacune étant caractérisée par la valeur moyenne EMi de la couche. On calcule le kh de la couche i avec EMi
et la valeur globale du paramètre a.

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Écrans de soutènement | 565
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HL
a = HL
HL
a = HL

2D D
a= 2D a = 2 HL
3 3 3
D
D
a= D
3 3
Cas où D < HL Cas où D ≥ HL

Fig. 13.11. Définition du paramètre dimensionnel a (formule de Balay)

L’application de la formule de Balay conduit généralement à des modules de réactions plus


faibles que ceux calculés avec la formule précédente ou avec l’abaque de Chadeisson
présenté ci-dessous.

14 0
• l’abaque de Chadeisson : 12 0
00
00
L’abaque de Chadeisson a été à l’origine dressé 10 0
00
pour des parois moulées en béton armé 40 9 00
0
de 0,60 m à 0,80 m d’épaisseur réalisées dans 8 00
0

des terrains relativement compacts. Il est donc 7 00


0

à éviter pour les rideaux souples et les sols peu 60


00
compacts. 50
00
30
Angle de frottement interne (degrés)

40
00

30
00
20
20
00

10
11
10

12
13
14
15
700
800
900

00
00
00
00

00
00

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Cohésion c en t/m2
kh en t/m3

Fig. 13.12. Abaque des valeurs de kh de Chadeisson


[13 Monnet 1984]

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566 | Ouvrages de soutènement

13.4.3.3. Autres paramètres liés au sol


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Ce sont :
• l’obliquité de la contrainte de poussée et de la contrainte de butée (voir § 10.3.1.2) ;
des valeurs de 0 ou 0,67 φ en poussée, avec respectivement − 0,67 et − 0,5 φ en butée sont
couramment utilisées pour des parois lutéciennes ou des parois moulées ;
• K0, le coefficient des terres au repos. La formule de Jaky donne K0 = 1 − sin φ pour des
sols normalement consolidés à surface horizontale ;
• les coefficients de poussée et de butée : les tables de Kerisel et Absi sont les plus couram-
ment utilisées [13 Kerisel 1990]. L’équilibre de Rankine peut également être considéré ;
• le coefficient de décompression et de recompression des terres pris par défaut à K0, sauf
configuration particulière ;
• les coefficients de poussée ou de butée appliqués à la cohésion : K˝a et K˝p.

13.4.3.4. Produit d’inertie de la paroi


Pour les parois continues, le produit d’inertie EI de la paroi, ou de la section de paroi, est
calculé avec les formules classiques de la résistance des matériaux, généralement en considé-
rant une longueur de paroi de 1 mètre linéaire (ml).
Pour les parois métalliques en palplanches, il peut être nécessaire de considérer en phase finale
une section et donc un produit d’inertie tenant compte de la perte de matière par corrosion,
calculée en fonction de la durée de vie de l’ouvrage. Par ailleurs, pour les palplanches, le
produit d’inertie doit être affecté d’un coefficient multiplicateur βD qui tient compte d’une
transmission imparfaite des efforts au niveau des serrures (voir tableau 13.6).
Dans le cas d’un élément en béton, on considérera un module E de l’ordre de 20 000 MPa
pour la phase chantier et de 10 000 MPa pour la situation définitive.
Pour les parois discontinues, le produit d’inertie doit être linéarisé :
(EI )pieu (EI )pieu (EI )paroi
(EI )ml = ou (EI )ml = + (5a ou b)
L L L
avec (EI )pieu = produit d’inertie du pieu ou du profilé métallique suivant le cas ;
(EI )paroi = produit d’inertie de la paroi de blindage entre les pieux pour les phases et sur
la hauteur où celui-ci est réalisé (souvent négligée du fait des justifications de transmis-
sions des efforts que cela implique) ;
L : entraxe entre les pieux ;
(EI )ml = produit d’inertie linéarisé par unité de longueur de paroi discontinue.
L

D
Fig. 13.13. Paroi discontinue

Pour les parois en pieux jointifs ou sécants, le problème est similaire. On ramène le produit
d’inertie au mètre linéaire de paroi.
Il est également possible, à condition de respecter l’Eurocode 4, de prendre en compte des
produits d’inertie mixte acier/béton (par exemple pour la partie de pieu d’une lutécienne
située sous le niveau de la fouille).

EYR2212118902_Fondations.indb 566 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 567

13.4.3.5. Poussée et butée sur une paroi discontinue


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La poussée et la butée varient et ne sont pas directement proportionnelles à la surface de


contact des éléments. Il faut également prendre en compte le fait que les logiciels courants
linéarisent les efforts.
Dans un premier temps, seuls les pieux discontinus sont réalisés. On admet que la poussée
mobilise une surface de sol plus importante que celle due à la seule largeur des pieux (à cause
de l’effet de voûte).
Lorsque l’on terrasse et que l’on pose les planches de blindage ou que l’on réalise le béton
projeté entre les pieux, la poussée vient s’exercer sur toute la largeur et non plus uniquement
au droit des pieux.
Pour la partie de paroi située en dessous du niveau des blindages, on admet que la poussée ou
la butée mobilise une surface de sol plus importante que la seule section des pieux (à cause de
la diffusion des contraintes).
La poussée et la butée sont alors affectées sur les sections où le blindage n’est pas posé (ou sous
le niveau de la fouille) d’un coefficient égal à min(B + e ; L) ou min(B + 2e ; L) suivant la nature
du sol (figure 13.14). La poussée et la butée ramenées au ml sont ainsi affectées d’un coeffi-
cient min(B + e ; L)/L ou min(B + 2e ; L)/L.

B B

min(B + e ; L) min(B + e ; L)

a) Sols purement cohérents


a) Sols purement cohérents

min(B + 2 e ; L) min(B + 2 e ; L)

b) Sols frottants et cohérents


b) Sols frottants et cohérents

Fig. 13.14. Efforts de poussée/butée à considérer pour la vérification des écrans composites (NF P94-282)

EYR2212118902_Fondations.indb 567 07/01/2019 11:26


568 | Ouvrages de soutènement

Des instructions spécifiques permettent de simuler ces conditions dans les logiciels de calcul
(par exemple les instructions poussée réduite puis pose de blindage associée à excavation dans le
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logiciel K-Réa, ou les ordres COE puis BER dans le logiciel Rido).

13.4.3.6. Butons et tirants


Les butons et les tirants se comportent comme des ressorts de rigidité K (raideur du ressort =
rapport entre l’effort appliqué et sa déformation). La déformation des tirants et butons vient
s’ajouter à celle du rideau.
Lorsque le buton est fondé, la semelle de fondation se comporte également comme un ressort.
La rigidité de l’ensemble buton + fondation doit être prise en compte. Il en est de même par
exemple pour un tirant relié à un contre-rideau d’ancrage.
La rigidité horizontale (ou, suivant le logiciel, la rigidité axiale et l’inclinaison) de ces appa-
reils d’appuis, leur espacement (ou une rigidité linéarisée), ainsi que le cas échéant les efforts
de précontraintes (tirants actifs ou butons préchargés) sont introduits dans la modélisation.

Buton bloqué à son extrémité


E b· A
Kb = (6)
L
avec Kb : raideur axiale du buton ;
Eb : module de déformation du matériau du buton ;
A : aire de la section du buton ;
L : longueur du buton entre l’écran et le massif de réaction.

Note
1. Si le buton vient bloquer les deux faces opposées d’une paroi et que les efforts sont équilibrés sur chaque
paroi, alors L est égale à la moitié de la longueur totale du buton (de paroi à paroi).
2. Si le buton est incliné horizontalement ou verticalement, il faut soit pouvoir introduire l’inclinaison β du
buton si le programme la prend en compte, soit introduire une rigidité horizontale équivalente
Eb· A / L / cos2 β.

Buton incliné s’appuyant sur un massif de fondation


La raideur équivalente dans l’axe du buton fait intervenir, d’une part, la raideur axiale propre
du buton et, d’autre part, la raideur liée au tassement de la semelle (figure 13.15).

Kb
β

Ks

Fig. 13.15. Buton incliné sur un massif de fondation

EYR2212118902_Fondations.indb 568 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 569

Ainsi, la raideur équivalente K dans l’axe du buton est égale à :


K ·K
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K= b s (7)
Kb + Ks
avec Kb : raideur axiale du buton exprimée suivant la formule (6) ci-dessus ;
Ks : raideur de la semelle du buton dans l’axe de ce dernier.
Nota : Dans le cas où le déplacement horizontal de la semelle est négligeable par rapport à son
tassement, Ks = Ksv · sin2 β ; β étant l’inclinaison du buton sur l’horizontale et Ksv étant la raideur
verticale de la semelle qui s’exprime dans le cas d’un sol d’assise homogène par la formule (8) :
9L
Ksv = EM· α (8)
B0
( )
λc + 2 · λd·
B
B
B0
avec EM : module pressiométrique du sol sous la semelle (kN/m2) ;
B, L : largeur et longueur de la semelle (m) ;
B0 : largeur de référence égale à 0,60 m ;
α : coefficient rhéologique du sol ;
λc, λd : coefficients de forme relatifs aux tassements sphérique et déviatorique de la semelle
(voir chapitre 10)
Il est toutefois peu conseillé de prévoir des butons trop inclinés par rapport à la verticale.
Dans le cas où la face intérieure de la semelle est inclinée et perpendiculaire à l’axe du buton, on
pourra faire l’approximation Ks = Ksv.

13.4.3.7. Tirants d’ancrages

Tirant d’ancrage scellé au terrain


E·A
KMA = (9)
l
lf + b
2
avec KMA : raideur du tirant ;
E : module de déformation du matériau constituant le tirant ;
A : aire de la section utile du tirant (éventuellement diminuée de la corrosion) ;
lb : longueur d’ancrage du tirant (partie scellée) ;
lf : longueur libre du tirant.
Cette valeur de rigidité dans l’axe du tirant est à multiplier par cos2 β si besoin pour avoir la
raideur horizontale équivalente, β étant l’inclinaison sur l’horizontale du tirant.

Tirant d’ancrage constitué par un contre-rideau ou une plaque

1 1 1
= + (10)
KMA Kt Ka
avec KMA  : raideur de l’ensemble tirant de liaison + massif d’ancrage (plaque ou
contre-rideau) ;
 Kt : raideur du tirant de liaison = Et∙ A / l (en tenant compte de la corrosion si
nécessaire) ;

EYR2212118902_Fondations.indb 569 07/01/2019 11:26


570 | Ouvrages de soutènement

Ka : raideur du massif de réaction (contre-rideau ou plaque) :


P
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Ka = (11)
s
P : force appliquée au massif de réaction ;
s : déplacement du massif d’ancrage correspondant à P selon la direction du tirant.
Dans le cas d’un ancrage par contre-rideau, s est déterminé à partir d’un calcul aux modules
de réactions (MISS) en travaillant par itération. Une première raideur du tirant est introduite
dans le calcul du mur de soutènement. Le calcul donne un effort dans le tirant que l’on intro-
duit comme action dans le modèle du contre-rideau. Le calcul du contre-rideau est lancé avec
cette action. Il en résulte une déformée au niveau du tirant, ce qui permet de recalculer la
raideur de l’ensemble tirant/contre-rideau, que l’on réintroduit dans le calcul de la paroi de
soutènement. Ce processus itératif est reproduit jusqu’à convergence des valeurs d’effort dans
le tirant. Certains logiciels permettent de faire directement ce calcul.
Dans le cas d’un ancrage par plaque frottante, il est admis de déterminer le déplacement s de
la plaque à partir d’une méthode empirique.

13.4.3.8. Autres paramètres

Surcharges
Les surcharges sont introduites en fonction de leur nature. Les formules données dans le
chapitre  10, paragraphe 10.3.6 restent applicables. Elles sont reprises en annexe  D de la
norme NF P94-262.

Eau
Les niveaux d’eaux statiques sont introduits dans les données du cas étudié, les écoulements
hydrauliques peuvent être modélisés.
L’Eurocode 7 précise qu’on doit considérer un niveau d’eau à la surface du massif soutenu,
ce dernier est constitué de sols de perméabilité moyenne ou faible (limons et argiles) et en
l’absence de système de drainage fiable ou de mesures empêchant les infiltrations d’eau.

13.4.3.9. Phasage
Une fois les données précisées, les différentes phases de réalisation de la paroi doivent être
définies et modélisées. Par exemple :
• phases d’excavation avec pose de blindage ;
• modification du niveau d’eau aval (pompages) ;
• réalisation de tirants ;
• pose de butons ;
• ajout ou suppression de surcharges ;
• modification de l’inertie de la paroi (par exemple, prise en compte d’un module long
terme pour le béton pour la phase finale) ;
• remplacement des butons ou tirants par des planchers (simulés par des butons horizon-
taux), etc.

EYR2212118902_Fondations.indb 570 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 571

13.4.3.10. Calcul
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Le calcul est effectué pour toutes les phases du projet. Les résultats obtenus sont pour chacune
de ces phases :
• la déformation de la paroi ;
• les efforts dans la paroi (moment de flexion, effort tranchant, effort normal) ;
• les efforts dans les butons et tirants ;
• le diagramme de pression des terres ;
• le rapport butée mobilisable/butée mobilisée.
Ces valeurs permettent les justifications demandées par la norme de calcul utilisée (voir
13.4.5 ci-après).

Attention
Les programmes linéarisant le calcul, les efforts au niveau des butons et tirants sont parfois l’effort horizontal
au mètre linéaire de paroi au niveau de l’appui. Il faut alors pondérer par l’espacement entre les butons et
tirants et par leur inclinaison pour avoir l’effort réel axial dans le tirant ou dans le buton.

Note
Il est nécessaire en toute rigueur d’effectuer un calcul pour chacune des combinaisons d’actions aux ELS et
aux ELU. Certains logiciels permettent d’effectuer facilement ces calculs. La norme admet toutefois, si l’effet
des actions variables est limité, d’effectuer un seul calcul informatique en appliquant les facteurs de pondéra-
tions suivants :
• γGsup /1,35 et γGinf /1,35 appliquées aux actions permanentes respectivement défavorables et favorables ;
• γq /1,35 et 0 appliquées aux actions variables respectivement défavorables et favorables.
On considère alors les charges appliquées sur le terrain en amont de l’écran et les actions dirigées vers l’aval
comme des actions défavorables et les charges appliquées sur le terrain en aval de l’écran et les actions dirigées
vers l’amont comme des actions favorables.
Pour le calcul de l’écran les actions permanentes favorables ne sont alors plus distinguées des actions perma-
nentes défavorables.
Cela revient à ne pas pondérer les actions permanentes (1,35 / 1,35) et à pondérer les actions variables défavo­
rables en les multipliant par 1,5 / 1,35 soit 1,11.
Les résultats du calcul (effets des actions) sont alors multipliés par 1 à l’ELS et 1,35 à l’ELU. Les résultats
obtenus à l’ELS sont légèrement défavorables (du fait de la pondération par 1,11 des actions variables défa-
vorables). À l’ELU, on retrouve la pondération classique par 1,35 des actions permanentes défavorables et
par 1,5 des actions variables défavorables (1,35 × 1,5 / 1,35).
La pondération sur l’effet des actions n’est pas forcément identique à la pondération directement sur les
actions. Cela peut être en particulier le cas sur la fiche d’une paroi où le mécanisme de rupture en butée
entraîne des moments de sens contraire au fonctionnement avant rupture. Dans la pratique, on s’assure donc
d’un coefficient de sécurité suffisant entre la butée mobilisable et la butée mobilisée.

13.4.4. Dimensionnement des parois à la rupture (MEL)


13.4.4.1 . Principe
La norme NF P94-282 impose l’utilisation de ce modèle d’équilibre limite (MEL) pour le
calcul ELU des phases où un écran est en console. On considère alors l’écran rigide (sans flexi-
bilité) en état limite de poussée et butée jusqu’à un point de transition.

EYR2212118902_Fondations.indb 571 07/01/2019 11:26


572 | Ouvrages de soutènement

Cette méthode de calcul est également possible pour le dimensionnement des ouvrages de
petites dimensions, voire le prédimensionnement des ouvrages plus complexes.
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S
Poussée

Poussée
P
H
Fa
Butée ΔU zn : niveau de « transition »
Fb
B Centre de rotation

O FCa α·FCb Contre-butée


Butée C Contre-
poussée Nécessaire
Contre-butée
Disponible
z

a) Répartition des actions b) Diagramme de pression des terres (manuel K-Réa)

Fig. 13.16. Rideau simplement encastré en pied (en console)

Le rideau pivote autour d’un axe de rotation (ou point de transition) correspondant au
point O inconnu (figure 13.16a).
Au-delà de ce point de transition, le sol est en état limite de contre-poussée côté aval et on
s’assure côté amont que la contre-butée nécessaire est inférieure, avec une sécurité suffisante,
à la contre-butée disponible.
Le facteur α dit « facteur de mobilisation de la contre-butée », est le rapport entre la contre-
butée nécessaire et celle mobilisable.
La combinaison des diagrammes de poussée, contre-poussée, butée, contre-butée donne un
diagramme de pression différentielle. Les actions qui s’exercent sur l’écran peuvent être répar-
ties en trois forces :
• la poussée des terres P côté amont qui s’applique dans la partie supérieure ;
• la butée B entre le fond de fouille et le point O, différence entre la pression passive des
terres mobilisable côté aval et la pression active des terres qui s’exerce côté amont ;
• la contre-butée C qui s’applique en dessous du point O, différence entre la pression passive
des terres mobilisable côté amont et la pression active qui s’exerce côté aval.
Il s’agit d’un calcul aux ELU, les contraintes sont introduites en valeurs de calcul : poussées
des sols et de l’eau multipliées par 1,35 et butée divisée par 1,1 (phases provisoires) ou 1,4
(phases définitives). Pour les surcharges, on considère les pressions directes sur l’écran pondé-
rées si elles sont favorables par 1,0 (permanentes) ou 0 (variables) et si elles sont défavorables
par 1,35 (permanentes) ou 1,5 (variables).
Deux points doivent être vérifiés :
• Fiche : la fiche doit être supérieure avec un coefficient de sécurité à la fiche minimale
nécessaire à l’équilibre des moments.
• Contre-butée : la contre-butée disponible sous le point de transition doit être suffisante
pour équilibrer les efforts horizontaux.

EYR2212118902_Fondations.indb 572 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 573

La difficulté consiste à déterminer la position du point de transition. Deux approches sont


possibles :
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• Approche simplifiée : le point de transition est fixé comme celui obtenu par l’équilibre
des moments lors de la vérification de la fiche (sécuritaire).
• Approche rigoureuse : on recherche l’équilibre des moments et des efforts, ce qui peut
être fait de manière informatique. Cette approche n’est pas développée dans le présent
ouvrage.
Remarque sur la déformation de l’écran : une double intégration de la courbe des moments
permet d’obtenir la déformée. Les rideaux simplement encastrés sont susceptibles de déplace-
ments importants. De plus, la déformation maximale se situe en tête du rideau, ce qui peut
être dommageable aux ouvrages situés immédiatement en amont.

13.4.4.2. Vérification de la fiche


L’inégalité suivante doit être vérifiée :
fb ≥ 1,2 f0 (12)
avec f0 : fiche minimale sous le point de pression nulle I, nécessaire à l’équilibre des moments
au-dessus du point O.
On recherche donc O pour que les moments calculés à partir du diagramme de pression diffé-
rentielle soient équilibrés en O (moments dus à la poussée, à la butée, aux surcharges…).
Les moments sont alors équilibrés mais pas les efforts horizontaux, d’où la résultante Rc qui
s’applique en O et qui est égale à la différence entre la résultante du diagramme de pression
amont (poussée au-dessus du point I) et le diagramme de pression aval (butée en dessous du
point I).

Pression
différentielle
I

f0
Rc
fb
O

P
Fig. 13.17. Fiche minimum (manuel K-Réa)

La position du point P est ensuite calculée en ajoutant 20 % à la fiche f0.


Le diagramme représenté sur la figure 13.17 correspond à un sol homogène ; en présence d’un
multicouche, le diagramme est plus complexe mais la démarche reste identique.

13.4.4.3. Vérification de la contre-butée (approche simplifiée)


L’hypothèse simplificatrice consiste à considérer le point O comme étant le point de transi-
tion entre butée et contre-butée.

EYR2212118902_Fondations.indb 573 07/01/2019 11:26


574 | Ouvrages de soutènement

La vérification consiste à s’assurer de la relation suivante :


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α ≤ 1 (13)
avec α facteur de mobilisation, ou rapport entre butée nécessaire et butée disponible.
L’équilibre des forces donne la relation suivante :
Rc = α · FCb − FCa + ∆Uinf + RSpc (14)
avec Rc : résultante des forces de la partie au-dessus de O ;
FCb : butée disponible entre les points O et P ;
FCa : poussée disponible entre les points O et P ;
 ΔUinf : résultante des pressions différentielles d’eau exercées entre O et P (le cas échéant) ;
 RSpc : résultante des surcharges éventuelles appliquées directement sur l’écran sous le
point O.

13.4.4.4. Calcul à la rupture d’un rideau ancré en tête et encastré en pied


La méthode décrite ci-dessus peut être utilisée à défaut pour le dimensionnement d’un rideau
ancré simple.
Outre les efforts définis ci-dessus, le rideau est soumis à la force T dans le tirant.
S

T T
1
P1
P
2 P2
I
B

a) Répartition des actions b) Diagramme de pression des terres

Fig. 13.18. Rideau à tirant

Le système étant hyperstatique, une hypothèse supplémentaire est nécessaire pour sa résolu-
tion. Généralement, cette hypothèse est la suivante : le point de pression nulle est également
un point de moment nul (point I sur le diagramme 13.18b).
La valeur de l’effort dans le tirant T est ensuite déterminée en écrivant que la somme des
moments de T, P1 et P2 par rapport à ce point est nulle.
La valeur de l’effort tranchant τ est :
τ = P1 + P2 − T (15)
Il est alors possible de ne considérer que la partie du rideau inférieure au point de pression
nulle I en remplaçant l’action de la partie supérieure par τ (figure 13.19). La suite du calcul
se conduit comme pour le rideau encastré en pied sans tirant. Les étapes correspondantes sont
rappelées ci-après :
• recherche de la position de l’axe de rotation (calcul de x) ;
• détermination de la valeur de la contre-butée C ;

EYR2212118902_Fondations.indb 574 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 575

• détermination de la longueur de la contre-fiche au-delà de O ;


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• dimensionnement du rideau et du tirant. Il comporte les étapes suivantes :


• établissement de la courbe des efforts tranchants et de celle des moments fléchissants ;
• pour les rideaux de palplanches, calcul du module de résistance et vérification de la
palplanche ;
• pour les parois moulées, détermination de la section et du ferraillage de la paroi et dimen-
sionnement des tirants :
• dimensionnement des tirants passifs ou précontraints (13.4.5.8) ;
• vérification de la stabilité du massif d’ancrage (13.4.5.7) ;
• vérification de la stabilité d’ensemble (13.4.5.2).

I τ

O C
Fig. 13.19. Répartition d’efforts sur la partie inférieure du rideau

13.4.5. Justification d’un écran de soutènement sous sollicitations


statiques (NF P94-282)

13.4.5.1 . Démarche générale


Une fois la paroi définie, les sollicitations (moments, efforts normaux et tranchants) et défor-
mations calculées avec les méthodes décrites ci-dessus pour les différents états limites, les véri-
fications peuvent être effectuées en conformité avec la norme NF P94-282.
Les vérifications minimums à effectuer sont reprises dans les tableaux ci-dessous.

Tableau 13.4. Écrans – Vérifications minimums aux ELU

VÉRIFICATIONS MINIMUMS AUX ELU

État limite ultime ELU Approche

Tous les écrans de soutènement

Stabilité générale GEO 2


Défaut de butée GEO 2
Résistance structurelle STR 2
Stabilité du fond de fouille GEO 2

Écrans porteurs

Poinçonnement du sol support GEO 2

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576 | Ouvrages de soutènement

Écrans avec appuis


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Stabilité du massif d’ancrage GEO 2


Résistance de l’ancrage GEO/STR 2
Résistance de l’appui GEO/STR 2

Écrans concernés par des ruines d’origine hydraulique

Érosion interne ou régressive/boulance HYD –


Soulèvement du fond de fouille UPL –

Les états-limites de service sont essentiellement associés aux déformations et aux déplace-
ments, mais peuvent également être des niveaux de sollicitations à ne pas dépasser. Aux ELS,
les justifications doivent être faites :
• vis-à-vis des combinaisons caractéristiques pour les phases de construction ;
• vis-à-vis des combinaisons caractéristiques et quasi permanentes pour les phases
d’exploitation.

Tableau 13.5. Écrans – Vérifications minimums aux ELS

VÉRIFICATIONS MINIMUMS AUX ELS

État limite de service

Tous les écrans de soutènement

Limitation des déplacements


Résistance structurelle

Écrans porteurs

Déformation admissible du sol support


Capacité portante du sol support

Écrans avec appuis

Non-fluage des tirants


Résistance structurelle de l’ancrage
Résistance de l’appui

13.4.5.2. Stabilité générale (ELU)


Il s’agit de la vérification vis-à-vis d’un glissement englobant l’ouvrage, les méthodes de calcul
sont celles relatives aux stabilités des pentes et talus (voir chapitre 9). Le calcul se fait en
approche 2.
Lorsque le calcul se fait avec la méthode des tranches, le coefficient de sécurité partiel de
modèle γR;d est égal à 1,0 pour des mécanismes de rupture qui englobent l’écran et, le cas
échéant, les ancrages qui sont proches de l’ouvrage. Il peut être égal à 0,9 pour des situations
provisoires de chantier, et inférieur à  1,0 pour des mécanismes de rupture éloignés de
l’ouvrage.

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Écrans de soutènement | 577

Le niveau de sécurité global γR;d · γF · γR doit être compris entre 1,3 et 1,5 suivant les cas, ce
qui correspond aux valeurs « traditionnelles » détaillées au paragraphe 9.3.5.
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13.4.5.3. Défaut de butée (ELU)


On vérifie pour chacune des situations (provisoires ou définitives) que la fiche de l’écran est
suffisante pour que la butée mobilisée sous le niveau de l’excavation demeure suffisamment
éloignée de la butée limite.
La vérification se fait à partir d’un modèle de calcul d’interaction sol-structure (MISS), par
exemple calcul élastoplastique, ou d’un modèle de calcul d’équilibre limite (MEL), ce dernier
calcul étant obligatoire pour les écrans en console.
La vérification de l’état limite ultime de défaut de butée n’est acceptable en toute rigueur que
s’il y a équilibre des forces verticales (voir 13.4.5.6). Cet équilibre est réputé acquis en
l’absence de charges verticales d’origine structurale (charges en tête, tirants ou butons inclinés,
planchers…). Dans le cas où l’équilibre ne serait pas acquis, il y a lieu de revoir éventuelle-
ment les inclinaisons des efforts de poussée et de butée, ou d’adapter le projet, en allongeant
par exemple la fiche de l’écran.

Modèle d’interaction sol-structure (MISS)


L’inégalité suivante doit être vérifiée :
Btd ≤ Bmd (16)
avec Btd : valeur de calcul de la butée mobilisée sur la face aval de l’écran nécessaire à son
équilibre :
Btd = 1,35 Btk (17)
où Btk : valeur caractéristique de la butée mobilisée sur la face aval de l’écran néces-
saire à son équilibre.
Bmd : valeur de calcul de la butée mobilisable de l’écran nécessaire à son équilibre :
B
Bmd = mk (18)
γrb
où le coefficient partiel γrb est égal à 1,4 pour des situations courantes et 1,1 pour
des situations transitoires,
et Bmk est la valeur caractéristique de la butée mobilisable résultant du calcul (sans
pondération).

Note
On trouve un coefficient global de 1,9 en situation courante (1,35 × 1,4) et de 1,5 en situation provisoire
(1,35 × 1,1).

Avant les Eurocodes, ce calcul se faisait sans pondération préalable par les coefficients partiels
et en recherchant un coefficient de sécurité global minimum sur la butée, de 1,5 en phase
provisoire et de 2 en situation définitive.

Modèle d’équilibre limite (MEL)


La méthode qui conduit à prévoir une surprofondeur de la fiche a été développée en 13.4.4.2
ci-dessus.

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578 | Ouvrages de soutènement

13.4.5.4. Résistance structurelle (ELS et ELU)


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La vérification consiste à s’assurer que la résistance des éléments constitutifs de la structure est
suffisante pour supporter les efforts tranchants, moments fléchissants, efforts normaux, etc.
qui y sont appliqués conformément aux dispositions de l’Eurocode approprié.
Dans le cas du modèle MISS, les valeurs caractéristiques Ek de l’effet des actions (moment,
effort tranchant…) non pondérées (facteur partiel de 1) sont déterminées, par exemple, avec
la méthode élastoplastique. Toutefois, si les actions variables ont été préalablement pondérées
pour calculer l’effet de la butée, la même pondération est reprise.
La valeur de calcul de l’effet de l’action Ed est déterminée par :
Ed = 1,35 Ek (19)
Il est à noter que les logiciels récents permettent d’avoir directement les valeurs ELU des effets
des actions.
On vérifie ensuite que la sollicitation Ed est inférieure à la valeur de résistance de l’élément de
structure considéré conformément au règlement de calcul de la structure de l’écran ou de
l’organe d’appui.

Rideau de palplanches et butons métalliques : norme NF EN 1993-5


Les vérifications de la section étudiées en flexion et en cisaillement sont données ci-après
(formules 21 et 23) dans le cas courant où, pour la section étudiée :
• l’effort tranchant VEd reste inférieur à 50 % de la résistance plastique Vpl;Rd,
• l’effort axial (ou normal) reste inférieur à 10 % de la résistance à la compression Npl;Rd pour
les palplanches Z de classes 1 ou 2, ou pour les sections de classe 3, ou à 25 % de Npl;Rd
pour les palplanches U de classes 1 ou 2
A · fy
avec Npl;Rd = (20)
γM0
La norme NF EN 1993-5 donne les formules à appliquer lorsque les conditions énoncées
ci-dessus ne sont pas remplies. La résistance est alors réduite pour tenir compte du cumul de
contraintes :
• En flexion :
MEd ≤ Mc;Rd (21)
avec MEd : moment fléchissant de calcul ;
 Mc;Rd : moment résistant de calcul de la section transversale, déterminé par les expres-
sions suivantes :
–– Sections transversales de classe 1 ou 2 :
β ·W · f
Mc;Rd = B pl y (22a)
γM0
–– Section transversale de classe 3 :
β ·W · f
Mc;Rd = B el y (22b)
γM0
avec Wel : module de résistance élastique déterminé pour un rideau continu
(= I / v) ;
Wpl : module de résistance plastique déterminé pour un rideau continu ;

EYR2212118902_Fondations.indb 578 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 579

γM0 = 1,1 (classes 1, 2 et 3) ;


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βB : coefficient prenant en compte une transmission éventuellement impar-


faite des efforts de cisaillement dans les serrures :
βB = 1 pour les palplanches en Z et les palplanches en U triples ;
 βB ≤ 1 pour les palplanches en U simples ou doubles (tableau 13.6
ci-dessous).

Tableau 13.6. Coefficients βB et βD – Palplanches en U simple ou double (NF P94-282) [NF EN 1993-5]

Palplanches en U

Type de palpanches U Simple Double solidarisée (points de pinçage ou soudure)

Nombre d’appuis 0 1 ≥2 0 1 ≥2

Type de sol Lâche Autre Lâche Autre Lâche Autre

βB 0,6 0,7 0,8 0,7 0,8 0,8 0,9 0,9 1

βD 0,4 0,5 0,6 0,6 0,7 0,7 0,8 0,8 0,9

0 appui = palplanche simplement ancrée en pied

• Au cisaillement :
VEd ≤ Vpl;Rd (23)
avec VEd : effort tranchant au niveau de la section étudiée ;
Vpl;Rd : résistance plastique de cisaillement de la section.
A ·f
Vpl;Rd = v y (24)
γM0 · 3
où Av est l’aire de cisaillement projetée agissant dans le même sens que VEd, soit
pour des profils U ou Z :
Av = tw·(h − 2 tf) (25)
avec h : hauteur hors tout, tw : épaisseur de l’aile et tf  : épaisseur d’âme de la
palplanche (figure 13.20).

tf tf

tw
c 2c
h tw h
1
1
α α

tf h − tf h − tf
c= c=
sin α 2 sin α
a) palplanche en Z b) palplanche en U
1 : aire de cisaillement

Fig. 13.20. Définition de l’aire de cisaillement (NF EN1993-5)

EYR2212118902_Fondations.indb 579 07/01/2019 11:26


580 | Ouvrages de soutènement

Éléments en béton armé (pieux ; paroi moulée…) : norme NF EN 1992 et NF P94-262


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On se reportera également au chapitre 12, « Fondations profondes ».

Tirants d’ancrages : norme NF P94-282 (voir 13.3.5.8.)

Butons bois : norme NF EN 1995


La justification détaillée de ce type de butons n’entre pas dans le cadre du présent ouvrage.

13.4.5.5. Stabilité du fond de fouille (ELU)


Il s’agit de s’assurer de la stabilité vis-à-vis d’un phénomène de « renard solide ». La méthode
est développée au chapitre 15.

13.4.5.6. Poinçonnement et capacité portante du sol support (ELU et ELS)


La stabilité d’un écran de soutènement doit être assurée vis-à-vis des forces ascendantes ou
descendantes, tant pendant les phases de construction qu’une fois l’ouvrage achevé.
Cela concerne en principe les cas où l’écran supporte une structure (par exemple un bâti-
ment) et où il y a des tirants ou butons fortement inclinés.
À l’ELU doit être vérifiée l’inégalité :
Fc;d ≤ Rc;d (26)
avec Fc;d : valeur de calcul de la charge résultante transmise au terrain de fondation ;
Rc;d : valeur de calcul de la résistance en compression du terrain de fondation (Rs + Rb).

Q
q

Th Nota : si l’effort au droit du tirant devient


Tv
T supérieur à la précontrainte,
le schéma devient
Tirant T
Tv
B Th
Bv
Bh
Buton
Poussée

Poids de l’écran
Rs
Butée des sols

Rh
Note : en principe, le poids de l’écran est à rajouter à Fc;d et la pression verticale des terres au niveau
de la base de l’écran est à prendre en compte dans Rc;d . Pour simplifier le calcul, il est possible de ne
pas tenir compte de ces deux termes dans le cas où leurs valeurs se neutralisent approximativement.
Il convient de tenir compte du frottement négatif, le cas échéant.

Fig. 13.21. Équilibre des forces verticales sur un écran

EYR2212118902_Fondations.indb 580 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 581

La valeur caractéristique de la résistance du terrain Rc;k (résistance ultime) est déterminée


à l’aide des formules développées au chapitre 12 « Fondations profondes », voire 11
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« Fondations superficielles », et en considérant :


• une hauteur d’encastrement moyenne tenant compte de la fiche minimum (soit, en
général, la configuration de l’ouvrage en phase finale) ;
• l’absence de frottement latéral côté amont sur la hauteur décomprimée ;
• une contrainte de frottement latéral dans une couche de terrain inférieure ou égale à la
plus faible des valeurs données, d’une part par le modèle de calcul de portance utilisé, et
d’autre part par la composante verticale de la butée des terres utilisée pour vérifier l’ELU
de défaut de butée (cette condition est supposée vérifiée si on ne prend en compte le frotte­
ment latéral qu’en dessous du point d’effort tranchant nul) ;
• une résistance de pointe Rb calculée suivant la méthode explicitée au chapitre  12
« Fondations profondes » (application de la norme NF P94-262), voire suivant la méthode
de calcul des fondations superficielles pour les parois peu ancrées (dans ce cas, le frotte-
ment latéral sera négligé).
Vd

W1

Niveau T = 0

Rs

Rc

Fig. 13.22. Prise en compte du frottement latéral Rs (NF P94-282)

Dans ce cas, la résistance de calcul Rc;d est égale à :


R
Rc;d = c;k (27)
γR
Le calcul est effectué suivant la norme adéquate (voir chapitre 11 pour les fondations super-
ficielles et chapitre 12 pour les fondations profondes).
Lorsque les efforts verticaux sont supérieurs à la capacité de l’assise de la paroi, une solution
consiste à faire reposer le voile sur des micropieux réalisés à l’avance (paroi monégasque).
À L’ELS, la vérification consiste à s’assurer que la capacité portante du sol support est suffi-
sante (méthode explicitée au chapitre 12, voire 11) et que les déformations restent
admissibles.

13.4.5.7. Stabilité du massif d’ancrage (ELU)


Il s’agit de s’assurer que les efforts d’ancrages sont exercés suffisamment loin de l’écran pour
ne pas lui transmettre d’efforts supplémentaires.

EYR2212118902_Fondations.indb 581 07/01/2019 11:26


582 | Ouvrages de soutènement

Pour vérifier cet ELU, on doit démontrer que le massif de terrains situé entre l’écran et
l’ancrage est stable, avec une sécurité adéquate, suivant l’approche de calcul 2.
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Fe

P´a Ci O
C C O
P´a O
Pi Wg Pi
Ai Ua
Ua Ai
Ai
P´e
Ru
P´e(M) Ue
Rc
M M Rf
Ue(M)
D B B
M

Fig. 13.23. Équilibre du massif d’ancrage d’un tirant (NF P94-282)

On doit vérifier par ml d’écran que :


Pd ≤ Pdst (28)
avec Pd : valeur de calcul de la charge (traction) appliquée au tirant d’ancrage ;
 Pdst : valeur de calcul de la charge déstabilisante. C’est la charge minimale pour un cas
de charges et une combinaison de charges données, qui nécessite une réaction de l’écran
supérieure à celle initialement prise en compte.
Pour le tirant, le point d’ancrage fictif A est généralement pris égal au milieu de la longueur
de scellement.
Dans le cas d’un tirant, l’équilibre du massif CiOMAi illustré ci-dessous est étudié. M corres-
pondant au point d’effort tranchant nul de l’écran sous le niveau de l’excavation (base de la
partie active de l’écran).

Fe Pi
P´a
Ci O Rc
P´a

Pi
Ua Wg Rf Wg
Ai
P´e
P´e
Ru Ue
Rf Rc Ru
M Ua

Ue

a) Forces agissant sur le bloc b) Funiculaire des forces

Fig. 13.24. Résolution graphique de l’équilibre du bloc dans le cas courant où la frontière inférieure du bloc est supposée
être un segment de droite (NF P94-282)

Les jeux de coefficients partiels A1 et M1 correspondant à l’approche 2 sont utilisés : pondé-


ration des actions caractéristiques par  1,35 (permanentes défavorables), 1,0 (permanentes

EYR2212118902_Fondations.indb 582 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 583

favorables), 1,5 (variables défavorables), 0 (variables favorables) et pondérations des para-


mètres de sol par 1,0.
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Une surface de rupture plane est généralement considérée (mais ce n’est pas obligatoire).
Les valeurs de calculs des actions suivantes sont à considérer :
• le poids du massif de terrain Wg;d,
• la résultante des forces extérieures agissant sur le massif Fe;d (généralement surcharges),
• la réaction de l’écran sur le segment vertical OM décomposée en :
–– la force P´e;d opposée à la résultante des pressions effectives du massif sur cette
longueur d’écran,
–– la force Ue;d opposée à la résultante des pressions d’eau sur cette longueur de l’écran,
• la réaction du massif arrière sur le segment vertical CiAi décomposée en :
–– la force P´a;d égale à la résultante des pressions effectives de poussée du massif sur ce
segment,
–– la force Ua;d, égale à la résultante des pressions de l’eau sur ce segment.
• la réaction due au terrain et à l’eau sur la surface de rupture AiM décomposée en :
–– la résistance Rt;d, due au frottement φ sur cette surface de rupture. Si Wn est la
composante de Wg perpendiculaire à AiM, Rt;d = Wn· tan φ / 1,1 (jeu de coefficient
partiel R2 au glissement),
–– il faut ajouter éventuellement la surcharge (sauf si l’effet global de la surcharge est
favorable, auquel cas cette dernière n’est pas prise en compte avec une pondération
par 0),
–– la résistance Rc;d due à la cohésion sur cette surface de rupture : Rc;d = ci ∙ AiM / 1,1
(jeu de coefficient partiel R2 au glissement).
Nota : si plusieurs couches différentes interceptent AiM, le massif doit être décomposé en
plusieurs blocs de manière similaire aux tranches de Bishop.
–– la résultante Ru;d des pressions de l’eau sur cette surface de rupture,
• les tractions Pi;d représentant l’action des tirants. On cherche finalement la charge  Pdst
dans les lits d’ancrage qui déstabilisent le massif.

Remarques
1. Si on admet une surface piézométrique horizontale unique à l’arrière de l’écran, on peut ignorer les
forces Ue, Ua et Ru et étudier l’équilibre en considérant le poids volumique total hors nappe et le poids
volumique déjaugé sous la nappe.
2. Pdst correspond à la charge minimum pour un cas de charge et de combinaison de charges données, qui
nécessite une réaction de l’écran supérieure à celle initialement prise en compte.
3. Dans le cas de plusieurs niveaux d’ancrages, l’examen successif de l’équilibre des différents blocs permet de
définir les valeurs minimales dans chacun des lits d’ancrage compte tenu des tirants effectivement associés
à l’équilibre de chaque bloc.
4. Le rapport entre la charge minimale déstabilisatrice dans le tirant et la charge maximale (traction appliquée
au tirant) est globalement de 1,5 (≈ 1,1 × 1,35).
5. Dans le cas d’un écran avec plusieurs lits d’ancrage, le calcul est plus complexe et il est possible de se référer
aux méthodes développées dans des ouvrages spécialisés [13 Houy 1986].
6. Dans le cas d’un ancrage par un contre-rideau, la vérification consiste à s’assurer que le contre-rideau est
disposé dans la zone d’ancrage définie par la figure 13.25.

EYR2212118902_Fondations.indb 583 07/01/2019 11:26


584 | Ouvrages de soutènement

B F
π/4 − φ/2
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C
π/4 + φ/2
Zone d’ancrage
φ
A

Point de
pression nulle

Fig. 13.25. Ancrage par contre-rideau – Diagramme de Prandtl

13.4.5.8. Résistance des ancrages (ELU et ELS)

13.4.5.8.1 . Tirants (ELU et ELS)


Lorsque la paroi possède un ou plusieurs niveaux de tirants actifs, ou passifs, il est nécessaire
de vérifier :

• la résistance de la structure de l’ancrage à l’ELU


R
Pd ≤ t;d (29)
γrd
avec Pd : valeur de calcul de la charge appliquée au tirant d’ancrage (= Pk × 1,35) ;
γrd est un facteur partiel de modèle ;
–– acier de construction et aciers de béton armé : γrd = 1 ;
–– aciers de précontrainte  : γrd = 1,05 (tirant permanent) ou 0,85 (tirant
provisoire) ;

Rt,d : valeur de calcul de la résistance à la traction du tirant, qui dépend de la nature
du tirant :
–– tirants en acier de construction

Rt;d = min ( kt· fuk· As fyk· Ag


γM2
;
γM0 ) (30a)

avec fuk : valeur caractéristique de la résistance à la rupture de l’acier ;


As : section résistante de la partie filetée (section en fond de filet) ;
γM2 : facteur partiel pour la résistance à la rupture de l’acier = 1,25 ;
kt : coefficient = 0,9 ;
fyk : valeur caractéristique de la limite élastique de l’acier ;
Ag : section brute de la partie résistante de la partie non filetée ;
γM0 : facteur partiel pour la résistance à la rupture de l’acier = 1,0.

EYR2212118902_Fondations.indb 584 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 585

–– tirants en aciers pour béton armé


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fyk· As
Rt;d = (30b)
γs
avec fyk : valeur caractéristique de la limite élastique de l’acier,
As : section d’acier,
γs : facteur partiel pour la limite élastique de l’acier = 1,15.
–– tirants en acier de précontrainte
f ·A
Rt;d = pk s (30c)
γs
avec fpk : valeur caractéristique de la limite élastique conventionnelle à 0,1 % de
l’acier,
As : section d’acier,
γs : facteur partiel pour la limite élastique de l’acier = 1,15.

• la résistance de la structure de l’ancrage à l’ELS


On doit également vérifier à l’ELS pour les tirants en acier de construction que la valeur
de calcul de la traction en condition de service reste inférieure à la résistance à la traction
de service, égale à :

( A
Ft;ser = min fuk· s ; fyk· g
γMt;ser
A
γMt;ser ) (31)

avec γMt;ser : coefficient partiel égal à 1,10 ;


fyk : valeur caractéristique de la limite élastique de l’acier ;
fuk : valeur caractéristique de la résistance à la rupture de l’acier ;
As : section en fond de filet pour la partie filetée ;
Ag : section brute partie non filetée ; corrosion déduite éventuellement.

• la résistance à l’arrachage de l’ancrage à l’ELU


R R
Pd ≤ a;d = a;k (32)
γrd γa·γrd
avec Pd : valeur de calcul de la charge appliquée au tirant d’ancrage (= Pk × 1,35) ;
γrd  : facteur partiel de modèle :
–– γrd ≥ 1,4, si Ra;k est déduit d’un modèle de calcul ;
–– γrd = 1,0, si Ra;k est déterminée à partir d’un essai préalable de tirants ;
Ra;d : valeur de calcul de la résistance à l’arrachement du tirant ;
 γa : facteur partiel pour la résistance de l’ancrage = 1,1 pour le jeu de paramètres R2
(approche 2),
 Ra;k : valeur caractéristique de la résistance à l’arrachement du tirant, qui doit être
obligatoirement déterminée en phase d’exécution par essais d’arrachement menés à
la rupture. Elle peut être estimée au niveau d’un prédimensionnement au moyen
d’abaques suivant le mode d’injection IGU (injection globale et unitaire) ou IRS
(injection sélective répétitive). La norme NF EN1997-1 NA précise le type d’essais
et le nombre à réaliser pour chaque type de tirants et conditions de sol.

EYR2212118902_Fondations.indb 585 07/01/2019 11:26


586 | Ouvrages de soutènement

L’annexe I de la norme NF P94-282 précise que la résistance peut être estimée par :
n
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Ra;d = π ·D · αs· ∑ qsi ·Lsi (33)


i =1
avec αs : coefficient de majoration du diamètre de forage dépendant du mode d’injection
et du sol (voir tableau 13.7) ;
D : diamètre de forage ;
Lsi : longueur de scellement du tirant dans la couche i ;
qsi : résistance au cisaillement sol-ancrage (frottement latéral limite) dans la couche i.
Les valeurs de qsi sont données par les abaques donnés ci-après (figures 13.26 a à d). La
courbe, donnée dans le tableau 13.7, est à choisir en fonction de la nature du sol avec les
conditions suivantes :
–– le choix de la colonne IRS suppose une pression d’injection élevée (supérieure ou
égale à la pression limite pressiométrique pl du terrain mais inférieure à 4 MPa) ;
–– l’injection IGU suppose au contraire une pression d’injection inférieure ou égale
à la pression limite pressiométrique pl du terrain (mais supérieure à 1 MPa) ;
–– les valeurs du coefficient majorateur α supposent un dosage du coulis  C/E
compris entre 1,7 et 2,4 ;
–– ces valeurs sont à utiliser avec prudence dans les argiles et limons, et pour les
autres sols lorsque la pression limite est inférieure à 0,5 MPa.

Lorsque Ra;k est déterminé par essais de tirants d’ancrage :

[
(R ) (R )
Ra;k = min a;m moy ; a;m min
ξa1 ξa2 ] (34)

avec (Ra;m)moy : valeur moyenne des résultats des essais ;


(Ra;m)min : valeur minimale des résultats des essais ;
ξa1 ; ξa2 : facteurs de corrélation dépendant du nombre d’essais (tableau 13.8).
Tableau 13.8. Facteurs de corrélation ξa1 ; ξa2

ξ pour n = 1 2 3 4 ≥5
ξa1 1,40 1,30 1,20 1,10 1,00

ξa2 1,40 1,20 1,05 1,00 1,00

EYR2212118902_Fondations.indb 586 07/01/2019 11:26


Écrans de soutènement | 587

Tableau 13.7. Tirants – Paramètre α et choix de la courbe de frottement – Règles T.A. 95


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Injection

IRS IGU

α Courbe α Courbe

Grave 1,8 1,3 à 1,4


Grave sableuse 1,6 à 1,8 1,2 à 1,4
SG. 1 SG. 2
Sables graveleux 1,5 à 1,6 1,2 à 1,3
Sables grossiers, moyens, fins ou limoneux 1,4 à 1,5 1,1 à 1,2
Limon 1,4 à 1,6 1,1 à 1,2
AL. 1 AL. 2
Argile 1,8 à 2,0 1,2
Marne, marno-calcaire et craie altérée ou fragmentée 1,8 MC. 1 1,1 à 1,2 MC. 2
Rocher altéré ou fragmenté 1,2 R. 1 1,1 R. 2

0,7
SG. 1
0,6
SG. 2
0,5

0,4
qs (MPa)

0,3

0,2

0,1
pI (MPa)
0
0 1 2 3 4 5 6 7
lâche moyen, dense dense très dense
0 8 16 24 32
qc (MPa)

0 20 40 60 80
N (SPT)

Fig. 13.26 a. Courbes de frottement latéral – Sables et graves – T.A. 95

0,4

0,3 AL. 1
qs (MPa)

0,2
AL. 2

0,1

pI (MPa)
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
molle ferme raide très raide dure
0 1,5 3 4,5 6 7,5
qc (MPa)

0 5 10 15 20 25 30 35
N (SPT)

Fig. 13.26 b. Courbes de frottement latéral – Argile et limon – T.A. 95

EYR2212118902_Fondations.indb 587 07/01/2019 11:26


588 | Ouvrages de soutènement
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0,7 MC. 1

0,6

0,5 MC. 2

0,4
qs (MPa)

0,3

0,2

0,1
pI (MPa)
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
molle altérée fragmentée saine
0 8 16 24 32
qc (MPa)
0 7 14 21 28
0 12–24 24–48 38–72 48–96
N (SPT)
0 40 80 120 160

Fig. 13.26c. Courbes de frottement latéral – Marne, marno-calcaire et craie – T.A. 95

1,2 R. 1

1,0 R. 2

0,8
qs (MPa)

0,6

0,4

0,2

pI (MPa)
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Fig. 13.26d. Courbes de frottement latéral – Rocher altéré ou fragmenté – T.A. 95

• la résistance à l’arrachement de l’ancrage à l’ELS

R
Pd;serv ≤ Rac;d = ac;k =
γac
(R ) (R )
min ac;m moy; ac;m min
ξa1
γac
ξa2
[ ] (35)

avec Pd;serv : valeur de calcul de la charge ELS appliquée au tirant d’ancrage ;


 γac : facteur partiel pour la résistance critique de fluage de l’ancrage (1,2 pour un
tirant permanent et 1,1 pour un tirant provisoire) ;
 Rac;k : valeur caractéristique de la résistance critique de fluage de l’ancrage qui doit
être déterminée à partir d’essais d’arrachement menés à la rupture ou d’essais de
contrôle, ces derniers étant généralement arrêtés en 1,15 et 1,25 Pk,serv. Les essais sont
ceux décrits par les règles T.A. 95, en attente d’une norme européenne ;

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Écrans de soutènement | 589

(Rac;m)moy : valeur mesurée ou calculée de la résistance critique de fluage de


l’ancrage ;
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ξa1 ; ξa2 : facteurs de corrélation dépendant du nombre d’essais (tableau 13.8).

13.4.5.8.2. Contre-rideau
Le principe est le même que pour l’ELU de défaut de butée. Lorsque l’ancrage est constitué
par un contre-rideau, l’inégalité suivante doit être vérifiée :
Bt;d ≤ Bm;d (36)
avec Bt;d : valeur de calcul de la butée mobilisée sur la face aval de l’écran nécessaire à son
équilibre = 1,35 Bt;k , Bt;k étant la butée mobilisée résultant du calcul sans pondération ;
 Bm;d : valeur de calcul de la butée mobilisable de l’écran nécessaire à son équilibre  =
Bm;k / γrb, où Bm;k est la butée mobilisable résultant du calcul sans pondération et
γrb valant 1,4 pour des situations courantes et 1,1 pour des situations transitoires.

À l’ELS, il convient de s’assurer que les déformations restent admissibles.

13.4.5.9. Résistance de l’appui (ELU et ELS)


Lorsque la paroi possède des butons, il est nécessaire de s’assurer de la résistance de la fonda-
tion de ces butons, conformément aux méthodes exposées au chapitre 11.

13.4.5.10. Ruines d’origine hydraulique (ELU)


Les phénomènes et les méthodes de justification sont décrits au chapitre 14.

13.4.6. Justification d’un écran de soutènement sous séisme


(Eurocode 8)
Les vérifications doivent être menées conformément à l’Eurocode 8 et notamment
NF EN 1998-5. Elles portent sur :
• la stabilité externe : portance et glissement (voir chapitre 10) ;
• la stabilité interne (avec γR;d = 1,0) en fonction du matériau ;
• la stabilité générale (voir chapitre 9) ;
• la stabilité des ancrages le cas échéant (voir 13.2.5).
Pour des cas courants, le calcul peut adopter la méthode pseudo-statique développée au
paragraphe 10.3.4.2.
Suivant la notice technique du logiciel K-Réa v4 [13 Setec-Terrasol 2016], le calcul peut alors
se faire à partir d’une réévaluation des paliers limites de poussée (Pa) et de butée (Pb) de
chaque côté de l’écran tenant compte des forces d’inertie dans le sol, ainsi qu’une prise en
compte des effets hydrodynamiques dans les niveaux où la nappe est considérée comme
« libre » sous séisme (sol « ouvert » sous séisme ou absent) et des forces d’inertie associées au
poids propre de l’écran. La rigidité apparente des tirants doit être réévaluée (37) :

Kdynamique =
1
1 + 1,5 kh[·
cos α ]
cos(α ± θ) 2
· Kstatique (37)

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590 | Ouvrages de soutènement

Le palier élastique (kh) et la pression initiale Pi du schéma statique peuvent être conservés.
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Pb
ΔPbd

kh
1
Pi

ΔPpa
Pa

Fig. 13.27. Courbe contrainte déformation sous sollicitations sismiques

13.5. Massifs de sols renforcés et parois clouées


13.5.1. Classification des ouvrages en remblai renforcé
Un ouvrage en remblai renforcé comporte trois éléments principaux :
• un parement ;
• des rangées sensiblement horizontales de renforcements disposées à intervalles verticaux
réguliers ;
• un massif de terre en remblai mis en œuvre par couches compactées.
La Terre Armée a été le premier procédé de ce type. Il a été inventé par H. Vidal dans les
années 1960. La Terre Armée comprend (figure 13.28) un parement constitué de plaques de
béton s’emboîtant les unes dans les autres appelées écailles et des armatures constituées de
plats en acier galvanisé comportant souvent des crénelures pour améliorer leur frottement
avec le matériau de remblai. Le parement repose sur une semelle de fondation continue.

Armatures
6

Remblai 5
Sens de réalisation

4
H H
Parement PA
3
RV R δ
2

1
Wr

qV

B e 2e

B
Fig. 13.28. Schéma d’un mur en Terre Armée et comportement externe

EYR2212118902_Fondations.indb 590 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 591

De nombreux procédés de soutènement par renforcement de sol se sont développés depuis


(figure 13.29). Ils se sont inspirés de la conception de ce type d’ouvrage. Le parement peut
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ainsi être constitué par des :


• plaques en béton ;
• blocs modulaires (par exemple des blocs creux en béton remplis de terre et végétalisés) ;
• gabions ;
• plaques métalliques ;
• nappes de géotextiles, etc.

Les renforcements peuvent être constitués par des :


• armatures métalliques (plats, grillages, barres, treillis soudés…),
• géotextiles en bandes ou nappes ;
• géogrilles.

a) mur végétalisable b) mur à parement indépendant c) murs en gabions et sol renforcé

Fig. 13.29. Exemples de murs en remblai renforcé

La construction s’effectue en mettant le remblai en œuvre par couches successives compactées


avec pose des lits d’armatures et des éléments du parement à l’avancement, c’est-à-dire en
progressant vers le haut.
En général, le rapport entre la hauteur du mur H et la largeur du massif B est tel que
0,4 < B /H < 1.

L’inclinaison peut être plus ou moins importante. La norme NF P94-270 distingue ainsi :
• les murs verticaux ;
• les murs à fruit (inclinaison inférieure à 14° sur la verticale, soit 1V /4H) ;
• les murs ou talus raidis renforcés inclinés (inclinaison entre 14 et 45°) ;
• les murs ou talus renforcés très inclinés (inclinaison supérieure à 45°).

Les applications de ce type de massifs renforcés sont nombreuses. Citons :


• les murs à parement végétalisable ;
• les culées de pont (fonction de soutènement et de portance du tablier, qui repose sur une
semelle située en tête du remblai et à l’arrière du parement) ;
• les culées mixtes (fonction de soutènement, le tablier étant repris par une pile indépen-
dante située devant le mur) ;
• les piles culées (fonction de soutènement et de portance du tablier qui repose sur une
structure en béton intégrée au parement) ;

EYR2212118902_Fondations.indb 591 07/01/2019 11:26


592 | Ouvrages de soutènement

• les murs en site aquatique ;


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• les murs en zone sismique ;


• les barrages en Terre Armée ;
• les silos de stockage, etc.

On pourra aussi distinguer les ouvrages réalisés avec des renforcements peu extensibles (arma-
tures métalliques par exemple) de ceux réalisés avec des armatures souples et extensibles
(géotextiles par exemple), où la déformabilité du massif doit être prise en compte.

Le dimensionnement de ces ouvrages relève de :


• la norme NF G38-064 pour les murs ou talus renforcés inclinés ou très inclinés (incli-
naison sur la verticale supérieure à 14°, soit 4V/1H) lorsque le renforcement est constitué
de géotextiles sous forme de nappes et pour les sollicitations statiques ;
• la norme NF P94-270 dans les autres cas sous sollicitations statiques ;
• l’Eurocode 8 pour les sollicitations sismiques.

Les méthodes habituellement utilisées peuvent se classer en deux groupes : les calculs à la
rupture (mobilisation d’un équilibre limite) et les calculs en déformation.
Les calculs à la rupture offrent l’avantage d’être simples. Ils sont inspirés, avec quelques
adapta­tions, du calcul des murs en Terre Armée ou bien des calculs de stabilité des pentes.
Cependant, ces méthodes aux états limites ultimes ne font pas intervenir les déformations et,
de ce fait, ne sont pas totalement satisfaisantes, pour les ouvrages sensibles aux
déformations.
Pour les ouvrages réalisés avec des armatures souples et extensibles, une méthode de dimen-
sionnement permettant de vérifier la compatibilité des déformations avec la destination de
l’ouvrage apparaît plus satisfaisante qu’un simple calcul à la rupture. Ces armatures présentent
en effet un potentiel de déformation très élevé et des possibilités de déformation à la rupture
supérieures à celle du sol. Trop sollicités, ces massifs peuvent ne pas s’effondrer mais présenter
des déformations importantes.
Le logiciel Plaxis aux éléments finis permet par exemple une telle approche.

13.5.2. Description d’une paroi clouée


Les procédés examinés ci-dessus sont utilisés pour réaliser des soutènements en remblai,
l’ouvrage étant monté progressivement depuis sa base.
Lorsqu’il est prévu de terrasser en déblai, une technique consiste à réaliser une paroi clouée en
terrassant par passes horizontales de haut en bas. À chaque passe, des inclusions (clous) sont
disposées à intervalle régulier dans le massif de sol à soutenir (figure 13.30), la surface étant
protégée par une peau mince généralement constituée de béton projeté armé (le parement).

EYR2212118902_Fondations.indb 592 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 593

Un renforcement par clouage comporte donc :


• un parement ;
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• des inclusions appelées couramment clous ;


• éventuellement des ouvrages associés.
Les ouvrages associés peuvent être des dispositifs de drainage tels que drains subhorizontaux,
barbacanes, etc., mais également des micropieux disposés sous le parement afin d’empêcher
les déformations verticales de ce dernier ou des tirants précontraints situés en tête dont la
fonction est de réduire les déformations horizontales.

Phases de
terrassement
Parement béton
projeté Clous
1

2
Barbacanes
Système drainant
3

Drain de pied

Fig. 13.30. Paroi clouée – exemple

Les clous sont généralement forés ou battus. Les clous forés sont réalisés avec des techniques
équivalentes à celles des micropieux. Ils peuvent être également auto-forés ; dans ce cas, le
clou auto-foré sert à la fois comme tige de forage et comme inclusion. Pour un ouvrage à pare-
ment quasi vertical, la longueur moyenne des clous est de 0,8 à 1,2 H, et la densité des clous
est généralement de 1 clou pour 2,5 à 6 m2 de parement. Cette technologie peut être utilisée
pour des ouvrages provisoires ou définitifs.
Vis-à-vis de la corrosion, sont à distinguer :
• les clous en contact direct avec le sol, ou considérés comme tels : clous battus, clous scellés
(un scellement au coulis de ciment n’est pas considéré comme une protection, compte
tenu de la fissuration du coulis).
• les clous protégés de la corrosion par une gaine imperméable (aciers ordinaires) ou par un
dispositif conforme à ceux prévus pour les tirants d’ancrages et définis par les règles T.A. 95
(aciers de précontrainte).
Le choix du type de clous est à faire en fonction de la force corrosive du sol (définie par
NF EN 12501-2) dès lors que la durée d’utilisation est supérieure à 2 ans ou que les condi-
tions de sols sont hétérogènes (voir tableau ci-dessous).

EYR2212118902_Fondations.indb 593 07/01/2019 11:26


594 | Ouvrages de soutènement

Tableau 13.9. Choix des clous en fonction de la force corrosive du sol (NF P94-270)
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Force corrosive Faible Moyenne Élevée A Élevée B

Conditions de terrain (1) (2) Voir Norme NF EN 12501-2 – Tableau 2 (3)

Clous battus ou scellés Utilisables Utilisables (4) Non utilisables

Clous protégés Utilisables Obligatoires (5) Obligatoires

(1) voir Norme NF EN 12501-2 pour le détail des conditions de terrain associées aux forces corrosives.
(2) terrain hors nappe ; ρ > 100 Ωm ; 6 < pH < 9 ; sulfure < 10 mg/kg ; aucune détection visuelle de carbone.
(3) dans le cas de force corrosive élevée, il convient de distinguer les conditions de sols homogènes (élevée A) des
conditions de sols hétérogènes (élevée B).
(4) dans des conditions de force corrosive élevée A, des clous battus ou scellés simples peuvent être utilisés pour des
catégories de durée d’utilisation ≤ 2 (voir chapitre 7, tableau 7.2).
(5) pour les catégories de durée d’utilisation ≥ 2 (voir chapitre 7, tableau 7.2).

13.5.3. Justification sous sollicitations statiques

13.5.3.1 . Démarche générale


La démarche à appliquer pour le dimensionnement d’un massif en sol renforcé ou d’une
paroi clouée consiste successivement à :
• définir la géométrie du massif renforcé ;
• vérifier la stabilité générale ;
• vérifier la stabilité externe du massif renforcé considéré alors comme un bloc (vis-à-vis du
risque de glissement ou de poinçonnement) ;
• définir la distribution des renforcements dans le bloc ;
• vérifier la stabilité interne et la stabilité mixte du soutènement (ELU approche 3) ;
• vérifier le cas échéant les déformations (ELS).
Cette démarche est illustrée par la figure 13.31 ci-contre.

Les vérifications minimales à effectuer aux ELU sont reprises dans le tableau 13.10 ci-contre,
pour les ouvrages relevant de la norme NF P94-270.

Pour les murs ou talus renforcés inclinés ou très inclinés renforcés par des géotextiles sous
forme de nappes, et relevant de la norme NF G38-064, la justification du parement n’est pas
exigée et la stabilité interne est réputée acquise si la stabilité mixte est vérifiée.
La justification d’un ouvrage en sol renforcé vis-à-vis des états limites de service consiste
essentiellement à vérifier que les déplacements de l’ouvrage et ceux du terrain adjacent restent
suffisamment faibles pour permettre à l’ouvrage et, le cas échéant, aux constructions voisines
de remplir leurs fonctions prévues.
Elle nécessite le recours à un modèle aux éléments finis ou aux différences finies et n’est effec-
tuée que lorsque le risque est avéré. À défaut, la norme NF P94-270 fournit des ordres de
grandeur.

EYR2212118902_Fondations.indb 594 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 595

Sélection du profil en
travers, de la situation de
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projet et du cas de charge

Définition de la géométrie
du massif de sol renforcé
Vérification de la stabilité
externe du bloc
(ELU – Approche 2)
Justification de la
géométrie du massif
considéré comme un bloc
Vérification de la stabilité
générale du bloc
(ELU – Approche 3) Définition de la distribution
des renforcements
Vérification de la stabilité
interne du massif
(ELU – Approche 2)
Justification des
renforcements et du
parement
Vérification de la stabilité
mixte du massif
(ELU – Approche 3)

Fig. 13.31. Étapes et justifications aux ELU (NF P94-270)

Tableau 13.10. Remblai renforcé et paroi clouée – Vérifications minimums aux ELU

VÉRIFICATIONS MINIMUMS AUX ELU

ELU type Approche Remblai Sol cloué


renforcé

Justification de la géométrie du massif

Stabilité externe
Glissement sur le sol support GEO 2 OUI OUI
Poinçonnement (portance) du sol support GEO 2 OUI (1) OUI (2)
Stabilité générale GEO 3 OUI OUI

Justification de la distribution du renforcement et des parements

Stabilité interne
Résistance à la traction STR 2 OUI OUI
Résistance d’interaction STR 2 OUI (1) OUI (2)
Résistance du parement STR 2 OUI (4) OUI
Stabilité mixte GEO/STR 3 OUI (3) OUI

(1) sauf cas simple du massif établi sur un site tabulaire favorable
(2) sauf exception (justification intégrée dans la stabilité mixte)
(3) sauf mur « classique », CC < 3, conditions de site simples et connues
(4) sauf ouvrages relevant de la norme NF G38-064 pour lesquels la justification du parement n’est pas requise

EYR2212118902_Fondations.indb 595 07/01/2019 11:26


596 | Ouvrages de soutènement

13.5.3.2. Écran fictif


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Pour le calcul des actions s’exerçant sur un mur de soutènement, et notamment les efforts de
poussée, on considère un ou des écrans fictifs qui suivent les extrémités des lits de renforce-
ments ou, par simplification, ceux les plus éloignés du parement qui rencontrent tous ces lits
(figures 13.32a et b).
Le mur est constitué alors par l’ensemble formé par le parement et le volume de terre renforcé
à l’intérieur de l’écran fictif.

he
he

a) Écrans suivant les extrémités b) Écrans fictifs les plus éloignés du parement
des lits de renforcement rencontrant tous les lits de renforcement

Fig. 13.32. Écran fictif (NF P94-270)

13.5.3.3. Mobilisation des efforts dans les renforcements


Un ouvrage en sol renforcé constitue un massif composite, à la fois résistant et souple. Les
renforcements, mobilisés par le mécanisme de leur interaction avec le sol, résistent essentiel-
lement en traction.
Les clous peuvent toutefois posséder une rigidité suffisante pour travailler également en cisail-
lement et en flexion.
La mobilisation de la résistance de traction dans les renforcements va de pair avec leur
allongement.
L’effort de traction varie le long d’un lit de renforcement donné. Il atteint généralement sa
valeur maximum au sein du massif, à une distance du parement qui dépend du niveau du lit
et du type de renforcement. Ce point varie donc lors des différentes phases de la réalisation
de l’ouvrage.
La ligne reliant les points des lits de renforcement où l’effort de traction est maximum est
appelée « ligne de traction maximum » (voir 13.5.3.7.1 ci-après).

13.5.3.4. Actions et sollicitations


Les actions à considérer sont définies au paragraphe 13.3.2. et les sollicitations au chapitre 7.
Pour la vérification des états limites ultimes STR et GEO en situation de projets durables et
transitoires, la combinaison fondamentale est retenue :
Ed = E { ∑ γGj,sup·Gkj,sup «+» ∑ γGj,inf ·Gkj,inf «+» γQ,1·ψ0,1·Q k,1 «+» ∑ γQ,i ·ψ0,i ·Q k,i }
j ≥1 j ≥1 i >1

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 597

Pour la vérification des états limites de déplacement (ELS), il y a lieu d’adopter des valeurs
de ψ0 et de ψ2 de respectivement 0,7 et 0,3, sauf spécification particulière du marché.
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Pour les autres sollicitations (accidentelles, sismiques…), on se reportera au chapitre 7.

13.5.3.5. Stabilité générale (ELU)


Il s’agit de la vérification vis-à-vis d’un glissement englobant l’ouvrage.

Wi
Fi
Fext
couche
médiocre
T
σ´n

a) Rupture circulaire b) Rupture non circulaire

Fig. 13.33. Stabilité générale – Surfaces de rupture (NF P94-270)

L’inégalité à vérifier est la suivante :


Rst;d
Tdst;d ≤ (38)
γR;d
avec Tdst;d : valeur de calcul de l’effet déstabilisant des actions qui agissent sur le bloc limité
par la surface de glissement étudiée.
 Rst;d : valeur de calcul de l’effet stabilisant des actions qui s’opposent au glissement du
bloc étudié.
 γR;d : facteur partiel de modèle égal à 1,1 pour les ouvrages peu sensibles à la déforma-
tion. Dans le cas contraire, il est nécessaire d’adopter un coefficient supérieur (γR;d = 1,20
par exemple quand l’ouvrage est situé à proximité immédiate d’une structure sensible).
Les méthodes de calcul sont celles relatives aux stabilités des pentes et talus (voir chapitre 9).
Le calcul se fait en approche 3.
Le modèle de calcul peut être basé sur la méthode des tranches de Bishop, celle « des pertur-
bations » ou sur l’approche cinématique du calcul à la rupture. Les surfaces de glissement
doivent être adaptées au cas particulier de chaque ouvrage.
Dans le cas courant d’un sol relativement homogène, on peut généralement ne considérer que
des surfaces circulaires, ou une succession d’arcs de spirale logarithmique.
La norme NF P94-270 précise que ces dispositions sont également applicables aux massifs
édifiés sur une pente ou un versant de faible stabilité (relevant normalement de la catégorie 3
– voir chapitre 7) dès lors que :
• la fonction de l’ouvrage projeté n’est pas d’améliorer la stabilité du site.
• la stabilité initiale du site avant travaux est vérifiée en approche de calcul 3, avec des
facteurs partiels sur les propriétés des terrains en place au moins égaux à 1,10 (jeu de
facteurs partiels M2 modifiés).

EYR2212118902_Fondations.indb 597 07/01/2019 11:26


598 | Ouvrages de soutènement

• la stabilité générale du site pendant et après travaux est vérifiée en approche de calcul 3,
avec ces mêmes facteurs partiels sur les propriétés des terrains en place au moins égaux
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à 1,10 et le jeu de facteurs partiels standard appliqués aux remblais éventuels et au massif
en sol renforcé.
Dans ce cas, les états limites de stabilité externe et interne sont à vérifier comme pour un
ouvrage courant de catégorie 2, en approche de calcul 2, sans modification des facteurs
partiels.

13.5.3.6. Stabilité externe (ELU)

13.5.3.6.1 . Principe général


Le massif de sol renforcé est considéré comme un mur-poids monolithique sur lequel
s’exercent par unité de longueur les actions extérieures : poussée des terres et actions des
surcharges (figure 13.34).
Le volume du massif armé est habituellement délimité par le parement, deux faces hautes et
basses parallèles aux renforcements et, à l’amont, le (ou les) écrans fictifs (voir 13.5.3.2).

P
poussée
des terres

W
poids du
massif

Largeur comprimée

Fig. 13.34. Stabilité externe – Bloc monolithique

Les efforts de poussée et butée du terrain peuvent être par exemple déduits des coefficients de
poussée et butée proposés par Kerisel et Absi [13 Kerisel 1990].
Lorsque l’écran fictif amont est vertical, le sol à l’arrière du mur purement frottant et homo-
gène, et le terrain de fondation également homogène, la poussée des terres peut être calculée
comme illustré sur la figure 13.35, avec les inclinaisons suivantes de la poussée :

2
δx = φ2;d
3 ( l
δy = 0,8 1 − 0,7 m · φ1;d
he ) (39)

avec φ1;d : valeur de calcul de l’angle de frottement du matériau de la zone renforcée ;


 φ2;d : valeur de calcul de l’angle de frottement du terrain à l’arrière de la zone renforcée ;
lm : longueur moyenne des lits de renforcement = Sr /he ;
he : hauteur du massif renforcé au niveau de l’écran fictif (voir figure 13.32) ;
 Sr : surface du massif renforcé comprise entre l’écran fictif et le contour extérieur du
massif ;

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 599

k2y
et x= · D · tan β1
k2x − k2y t
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où 0 ≤ x ≤ he ;
k2x est le coefficient de poussée du talus d’inclinaison β1 ;
k2y est le coefficient de poussée du terre-plein d’inclinaison ω.
Par simplification, il est admis d’adopter une inclinaison unique δ égale à min(δx ; δy).
Dt Dt
ω ω

1
φ2; d φ2; d
β1 P k2x x β1 P k2x x
x x
δx δx
φ1; d φ1; d
he he
h Py k2y h Py k2y
y y

δy δy
L L

Fig. 13.35. Calcul de la poussée s’exerçant sur des écrans amont verticaux (NF P94-270)

La poussée due à une surcharge uniforme semi-indéfinie peut être calculée comme illustrée
sur la figure 13.36 avec le coefficient de poussée k2qr relatif à la surcharge.

φ2, d

φ1, d π φ2, d
+
4 2

δy

Fig. 13.36. Calcul de la poussée due à une surcharge uniforme (NF P94-270)

k2x et k2y peuvent être calculés avec les formules suivantes :


cos2 φ2;d
k 2x = (40a)
[
cos δx· 1 +
sin(φ2;d + δx)· sin(φ2;d − β1) 2
cos δx · cos β1 ]
cos2 φ2;d
k 2y = (40b)

[
cos δy· 1 +
sin(φ2;d + δy)· sin(φ2;d − ω) 2
cos δy · cos ω ]
Les inclinaisons de la poussée et de la butée doivent être déterminées de façon prudente vis-
à-vis de l’état limite considéré.

EYR2212118902_Fondations.indb 599 07/01/2019 11:26


600 | Ouvrages de soutènement

13.5.3.6.2. Portance du terrain


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Deux cas sont à différencier :


• la composante verticale Vd de la résultante se situe à l’aval du milieu de la base B du bloc
renforcé. L’état limite ultime de portance du terrain doit alors être vérifié à partir des
formules relatives aux fondations superficielles (chapitre 11) en considérant :
–– la largeur comprimée B´ égale à B − 2 e, e étant l’excentrement de la résultante des
charges par rapport au milieu de B ;
–– le coefficient de modèle γR;d;v est égal à 1 si la portance a été déterminée à partir de
données pressiométriques ou pénétrométriques, ou d’essais de cisaillement en condi-
tions non drainées (cu), et 1,7 si la portance a été déterminée à partir d’essais de
cisaillement en conditions drainées (φ´) de la même manière que pour les murs de
soutènement.
• la composante verticale Vd de la résultante se situe à l’amont du milieu de la base B du bloc
renforcé. L’ouvrage est alors assimilé à un remblai de grande largeur posé sur un sol hori-
zontal. On considère la pression uniforme moyenne appliquée au niveau de la base de
l’ouvrage sur la largeur Be (figure 13.37).

he
η2
h

Vd

B
Be = B + h · tan η2

Fig. 13.37. Ouvrage où la résistance ultime du sol de fondation peut être évaluée par une méthode simplifiée
(NF P94-270)

La résistance ultime du terrain peut alors être évaluée à partir de la formule suivante, lorsque
le terrain de fondation est homogène sur une épaisseur au moins égale à la largeur de
l’emprise Be de l’ouvrage :
Rd = Be·
1
γR;v [
·(0,8 p*le;k − q´0;k ) + q´0;k
] (41)

avec p*le;k : valeur caractéristique de la pression limite nette équivalente du sol de fondation.
Lorsque le terrain n’est pas homogène au droit de la fondation, il faut vérifier la portance de
chaque couche à partir de la formule (41) ci-dessus en considérant la pression limite nette de

EYR2212118902_Fondations.indb 600 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 601

la couche étudiée et la contrainte appliquée au toit de la couche en prenant en compte un


amortissement des contraintes avec la profondeur. L’inégalité à vérifier devient, pour chaque
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couche i :
αi ·Vd =
Be
·V ≤ Rdi = Be·
Be + Di d
1
γR;v [
·(0,8 p*lei;k − q´0i;k ) + q´0i;k
]
(42)

Di étant la profondeur de la couche i sous la base de l’ouvrage en sol renforcé.


La norme NF P94-270 donne également des formules de résistances basées sur les propriétés
des résistances c´, φ´ et cu du terrain de fondation.

13.5.3.6.3. Résistance au glissement


La résistance de calcul au glissement Rd par mètre linéaire d’un ouvrage est déterminée par les
formules suivantes :
• conditions drainées :
1
Hd ≤ Rd = · min(V´k· tan φ´1;k + B · c´1;k ; V´k· tan φ´3;k + B · c´3;k) (43a)
γR;h
• conditions non drainées :
1
Hd ≤ Rd = · B · cu;k (43b)
γR;h
avec Hd : valeur de calcul de la composante horizontale de la résultante effective des actions,
par mètre linéaire d’ouvrage ;
 Rd : valeur de caractéristique de la composante normale à la base du massif de la résul-
tante effective des actions, par mètre linéaire d’ouvrage ;
cu;k : valeur caractéristique de la cohésion non drainée du terrain de fondation ;
 φ´1;k, c´1;k : valeurs caractéristiques de l’angle de frottement interne et de la cohésion en
conditions drainées du sol du massif renforcé ;
 φ´3;k, c´3;k : valeurs caractéristiques de l’angle de frottement interne et de la cohésion en
conditions drainées du sol du massif renforcé ;
γR;h : facteur partiel pour la résistance ultime au glissement (1,1 en approche 2).

13.5.3.7. Stabilité interne (ELU)

13.5.3.7.1 . Principe
Il est rappelé en préambule que pour les ouvrages de la norme NF G38-064 la stabilité
interne est réputée acquise dès lors que la stabilité mixte est vérifiée.
Pour les murs en remblais renforcés verticaux ou à fruit et les murs cloués, la justification de
la stabilité interne est effectuée à l’ELU suivant l’approche 2. Elle consiste à déterminer les
efforts qui s’exercent dans chaque lit de renforcement puis à vérifier :
• la résistance de chaque renforcement (intrinsèque et adhérence sol-renforcement) et le cas
échéant leur allongement ;
• la résistance du parement et des liaisons des renforcements au parement.

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602 | Ouvrages de soutènement

À l’intérieur du massif renforcé, deux zones présentant un comportement différent peuvent


être distinguées (figure 13.38) :
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• une zone active située juste derrière le parement ; ce massif de sol est en état d’équilibre
limite et pousse sur le parement, mettant ainsi les armatures en traction ;
• à l’arrière, une zone passive stable dans laquelle les armatures s’ancrent en travaillant à
l’arrache­ment, de manière à absorber l’effort de traction auquel elles sont soumises.
L’allure de la limite entre ces deux zones dépend du type de renforcement. La traction maxi-
male  Tmax dans les armatures s’exerce au point où celles-ci recoupent cette limite. La
figure 13.41 permet la détermination de la ligne de traction maximale pour les murs verticaux
ou à fruit.

Tmax ; d

Tpar ; d

Fig. 13.38. Ligne des tractions maximales (NF P94-270)

Les inégalités suivantes doivent être vérifiées, en approche de calcul 2, pour chaque
situation :
• Résistance structurelle d’un lit de renforcement :
–– Résistance au point de traction maximale :
Rtc;k
Tmax;d ≤ Rtc;d = ρend · ρflu · ρdeg · (44)
γM;t
–– Résistance à l’attache du parement :
Rta;k
Tpar;d ≤ Rta;d = ρend · ρflu · ρdeg · (45)
γM;t
–– Résistance d’interaction sol – renforcement :
τ ·P ·L
Tmax;d ≤ Rf;d = max;k s s (46)
γM;f
–– Résistance de la liaison au parement :

Tpar;d τ ·P ·L
≤ Ra;d = max;k s a (47)
N γM;f
• Résistance structurelle du parement
σpar;d ≤ Rpar;d (48)
avec Tmax;d la valeur de calcul de l’effort de traction maximal du lit de renforcement (par
mètre linéaire de renforcement pour chaque renforcement) ;
Tpar;d la valeur de calcul de l’effort de traction au niveau du parement ;

EYR2212118902_Fondations.indb 602 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 603

ρend, ρflu, ρdeg des coefficients de réduction qui traduisent les diminutions de résistance
au point considéré (maximales au parement) du fait respectivement des agressions méca-
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niques lors de la mise en œuvre, du fluage et des agressions chimiques ;


Rtc;k (Rta;k) la résistance caractéristique du renforcement (en partie courante ou à la
liaison avec le parement) ;
γM;t le facteur de sécurité partiel lié au matériau constitutif du renforcement ;
τmax;k la valeur caractéristique de la contrainte maximale de cisaillement mobilisable sur
la surface conventionnelle de contact entre le terrain et le lit de renforcement.
Dans le cas des sols cloués, τmax;k est le frottement latéral unitaire limite qs.
Dans le cas des remblais renforcés, on introduit le paramètre μ*, qui est le rapport
entre τmax;k et la contrainte verticale σv au niveau du lit de renforcement
considéré.
Ps le périmètre conventionnel de cette surface, par mètre de parement ;
Ls la longueur du lit de renforcement au-delà de la ligne de traction maximale ;
γM;f le facteur de sécurité partiel pour la résistance d’interaction des éléments de
renforcement ;
N le nombre de points d’attache individuels, par mètre de parement considéré ;
Ra;d la valeur de calcul de la résistance ultime de traction d’un point d’attache ;
σpar;d la valeur de calcul de la contrainte moyenne appliquée au parement ;
Rpar;d la valeur de calcul de la résistance ultime du parement définie comme la pression
moyenne ultime qu’il peut supporter, avec la même configuration géométrique, pour
une répartition semblable de la pression des terres (et qui peut être différente de la répar-
tition réelle des contraintes).

Les formules permettant le calcul des efforts et des résistances sont données dans les para-
graphes suivants pour les différents types d’ouvrages et de renforcements.
Dans le cas des parois clouées, si l’inclusion est rigide, elle est capable, outre la force d’arrache­
ment normale, de mobiliser une résistance perpendiculaire à l’inclusion par flexion-­
cisaillement. L’évaluation de la résistance du renforcement est effectuée suivant la règle du
multicritère développée ci-après.
La vérification de la stabilité interne n’est pas à faire pour les ouvrages en sols cloués dont la
durée d’utilisation d’ouvrage est inférieure à 1 an (ou ceux où la corrosion n’a pas d’effet).

13.5.3.7.2. Murs en remblais renforcés verticaux ou à fruit – Détermination des efforts


L’effort de traction maximal Tmax;d se calcule comme suit :
Tmax;d = σh;d · Sv = (K · σv;d + σhq;d)· Sv (49)
avec Sv : espacement vertical des lits de renforcement ;
 σh;d : contrainte horizontale totale de calcul dans le remblai au droit de la ligne des trac-
tions maximales ;
 σv;d : contrainte verticale totale de calcul dans le remblai au niveau du lit considéré et au
droit de la ligne des tractions maximales.
Elle est déterminée à la profondeur z du lit en considérant la résultante  Rv;d(z)
des efforts provenant de tout ce qui est situé au-dessus de ce lit (poids, charges,

EYR2212118902_Fondations.indb 603 07/01/2019 11:26


604 | Ouvrages de soutènement

poussées des terres à l’arrière du massif ) et en les répartissant sur la largeur


réduite L(z) − 2 e (figure 13.39) :
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R
σv;d(z) = v;d(z) + σvq;d(z) (50)
L(z) − 2 e
avec L(z) : largeur du massif en tenant compte de l’écran fictif retenu ;
 e : excentricité de la résultante des charges, égale à Md(z) /Rv;d(z) avec Md(z) le
moment de calcul au milieu de la largeur L(z) de toutes les actions s’exerçant
au-dessus du lit considéré (poids, surcharges, poussée des terres à l’arrière du
massif ;
 σvq;d(z) : contrainte verticale de calcul diffusée à partir d’éventuels efforts
appliqués en haut de l’ouvrage et non pris en compte dans Rv;d(z) ;

z
Rv;d(z)

σv;d(z)

L(z) − 2e

Fig. 13.39. Calcul de la contrainte verticale σv;d(z) (NF P94-270)

K : coefficient de proportionnalité déterminé empiriquement à partir de résultats


expérimentaux :
K(z) = Ω1· Ka · 1,6 1 −
[ (
z
z0
+
z
z0 ) ]
si z ≤ z0 ; z0 = 6 m (51a)

K(z) = Ω1· Ka si z > z0 (51b)


Ka est le coefficient de poussée actif du remblai du massif pris égal à
où 
π φ
Ka = tan2 − 1;d
4 2 ( )
Ω1 est un coefficient (≥ 1,0) lié au type de renforcement. Pour les treillis soudés de

maille Sx × Sy , Ω1 vaut 1,25 si le matériau de remblai peut comporter des éléments
de taille supérieure à Sx ou Sy /2, et uniquement pour la vérification de la résistance
structurelle des renforcements ; il est égal à 1 dans les autres cas.
σhq;d : contrainte horizontale de calcul provenant des actions horizontales éventuelle-

ment appliquées en haut du massif (semelle fondée sur ou dans le massif de remblais) ou

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 605

directement au parement (dénivellation d’eau entre intérieur et extérieur d’un mur de


quai). Le cas de la semelle est illustré par la figure 13.40 ci-dessous.
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0 σhq;d(z)
0
Qh hs σhq;d(z)
1/1
hs2 hs ≤ 0 0

0 < hs ≤ hs2 2 Qh·hs


1/1 hs1·hs2

hs2 < hs ≤ hs1 2 Qh·(hs1 – hs)


hs1
hs1·(hs1 – hs2)

hs > hs1 0
hs

Fig. 13.40. Diffusion des actions horizontales (NF P94-270)

La poussée des terres exercée à l’arrière du massif se calcule en utilisant, jusqu’au niveau du lit
de renforcement considéré, le même diagramme de poussée que celui qui est employé pour
vérifier la stabilité externe.
La valeur de calcul de l’effort de traction au niveau du parement Tpar;d se calcule comme suit :
Tpar;d = (K · α · σv;d(z) + σhq;d(z))· Sv (52)
Les coefficients autres que α sont définis ci-dessus.
Le coefficient α dépend de la flexibilité du système de parement (au sens de la norme
NF EN 14475, qui donne des exemples dans son annexe C) et de la position de la ligne des
tractions maximales. Il varie suivant la profondeur de α0 à 1,0 comme indiqué sur la
figure 13.41.

0,3 ρ·hm
0 α0 1,0 α
1

hm η1 tan η1 ≤ 1
φ1;d 4

η1
ρ=1−
0,4 ρ·hm 90° − φ1;d

hm

0,2 ρ·hm
z
Parement flexible (ou mou) : α0 = 0,75
Parement semi-flexible (ou déformable) : α0 = 0,85
Parement rigide (ou dur): α0 = 1,0
1 – Ligne des tractions maximales

Fig. 13.41. Variation de α avec la profondeur et position de la ligne des tractions maximales (NF P94-270)

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606 | Ouvrages de soutènement

Pour le calcul du parement, la valeur de la contrainte moyenne uniforme horizontale appli-


quée au parement vaut :
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T
σpar;d(z) = par;d(z) (53)
Sv
Sv et Tpar;d(z) sont définis ci-dessus.

13.5.3.7.3. Murs cloués – Détermination des efforts


La valeur de calcul Tmax;d peut être déterminée soit à partir d’une modélisation numérique
adaptée et permettant de reproduire les phases de construction, soit à partir de la modélisa-
tion simplifiée décrite ci-après.
La méthode simplifiée est adaptée aux massifs soutenant des terre-pleins sensiblement hori-
zontaux, au parement faiblement incliné sur la verticale (inférieure à 14°), de mode constructif
courant, possédant des lits de clous régulièrement espacés, de longueur et d’inclinaison
sensible­ment constantes, soumis à des charges de faibles intensités et réalisés dans des sols
homogènes.
Elle consiste à distribuer dans les lits de clous la valeur de la résultante P0;d de la poussée au
repos s’exerçant avant le début de l’excavation sur un écran vertical positionné au voisinage
du parement et de même hauteur que celui-ci. Il faut pour cela ajouter une pression
uniforme  σ0;d à la composante horizontale de la poussée active calculée selon Rankine
(figure 13.42).

σ0

θ z
h/2
Tmax;h
sv

σh (z)
1 2

K a ·σv (z) K 0 ·σv (z)

1 : Écran vertical positionné au voisinage du parement


2 : Distribution des contraintes horizontales à considérer

Fig. 13.42. Stabilité interne – Modélisation simplifiée – Distribution des efforts dans les lits de clous (NF P94-270)

Cette méthode simplifiée est sécuritaire.


La valeur de calcul σh;d(z) de la contrainte fictive horizontale est donnée par la formule
suivante :
σh;d(z) = σ0;d + σah;d(z) = σ0;d + Ka · (γG · γ · z + γQ · q) (54)

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 607

avec σah;d(z) : valeur de calcul de la composante horizontale de la poussée active selon Rankine
[= Ka · (γG · γ ·z + γQ · q)] ;
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1
( 1
) 1
σ0;d = · P0;d − Ka · γG · γ · h 2 = (K0 − Ka)· γG · γ · h
h 2 2
(55)
 Ka : composante horizontale du coefficient de poussée active contre l’écran fictif vertical
(poussée parallèle à la surface libre et fonction de son inclinaison) ;
K0 : coefficient de poussée des terres au repos.
L’effort de traction maximal par mètre de parement vaut alors :
σ (z)· sv
Tmax;d(z) = h;d (56)
cos θ
avec σh;d(z) : définie par la formule (54) ci-dessus ;
sv : distance verticale entre les lits de clous ;
θ : l’inclinaison du lit de renforcement sur l’horizontale.
L’effort de traction maximale est par convention supposé atteint au tiers de la longueur du
clou comptée depuis le parement pour la justification de l’interaction sol-clou.
Pour la vérification de la résistance structurelle du parement (formule 48), la contrainte appli-
quée est déterminée par :
σpar;d = α · σh;d = inf [1 ; sup(0,6 ; 0,4 + 0,2 s)] (57)
où s = sup(sv ; sh ), sh et sv étant les distances horizontale et verticale entre les clous.

13.5.3.7.4. Résistance à la traction d’un lit de renforcement en acier constitué d’éléments


linéaires (ELU)
Cette partie concerne les renforcements des remblais en acier (bandes, barres, treillis soudés,
échelles) et clous métalliques.
Les coefficients ρend et ρflu sont pris égaux à 1. De ce fait, la résistance Rt;d (maximale au pare-
ment) des équations (44) et (45) s’exprime comme suit :

[(
Rt;d = min(Rt;dy ; Rt;dr) = min 1 − γy · ·
S0 γM0 )
ΔS S0 · fy
(
; 1 − γr ·
S0
·
γM2) ]
K · ΔS S0 · fr
(58)

avec fy : limite élastique de l’acier ;  fr sa limite de rupture ;


S0 : section transversale initiale d’acier du renforcement ;
ΔS et K · ΔS sont la diminution moyenne de la section d’acier :
–– Renforcement de remblais (milieu modérément agressif ) :
- bande d’épaisseur e de largeur b ≥ 8 e
ΔS = 2 b · Δa = 2 b ·(A · t n − ez ) (59a)
- barre de diamètre ϕ des treillis soudés
ΔS = π · (ϕ − Δa)· Δa = π ·[ϕ − (A · t n − ez )]·(A · t n − ez ) (59b)
avec A : diminution moyenne d’épaisseur pendant la première année ;
t : temps en années ;
n : paramètre représentant le ralentissement de la perte avec le temps ;
Δa : diminution moyenne d’épaisseur superficielle d’acier ;
ez : épaisseur de la galvanisation (le cas échéant).

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608 | Ouvrages de soutènement

Les paramètres A, n et K qui peuvent être utilisés pour les milieux modérément
agressifs, à défaut d’une étude spécifique, sont donnés dans le tableau ci-après.
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Tableau 13.11. Paramètres A, n et K – Remblais – Milieux modérément agressifs (NF P94-270)

Environnement Remblai Acier galvanisé Acier non revêtu


(70 µm)

A n K A n K
(µm) (µm)

Drainant ou
granulaire
(% pondéral < 80 µm)
Hors d’eau < 35 25 0,65 25 0,80
et
(% pondéral < 20 µm) 2,0 2,5
< 20 (1)

Drainant
En eau douce (% pondéral < 80 µm) 40 0,60 40 0,75
<5
(1) condition à remplir si (% pondéral < 80 µm) supérieur ou égal à 12

Les milieux modérément agressifs sont définis dans le tableau ci-dessous :


Tableau 13.12. Remblais – Définition des milieux modérément agressifs

Environnement Classe de Caractéristiques électrochimiques


remblai
pH Résistivité Teneur maximale en sels Cl et SO4
(Ω × cm) (ppm)

Hors d’eau 1 ou 2 5 à 10 > 1 000 5 Cl + SO4 ≤ 1 000

En eau douce 1 5 à 10 > 3 000 5 Cl + SO4 ≤ 500

Une étude spécifique est nécessaire en cas de milieux agressifs.

Pour les renforcements de remblais, il y a lieu de tenir compte également des deux
points particuliers suivants :
• la diminution d’épaisseur au voisinage du parement peut être divisée par 2 pour
les surfaces en contact avec des pièces métalliques utilisées pour l’accrochage.
• pour les barres rondes de petit diamètre φ, il est possible qu’une piqûre ponc-
tuelle ait une section Sp supérieure à la différence entre K · ΔS et ∆S. Dans la
formule (58), K · ΔS doit alors être remplacé par ∆S + Sp, avec :
Sp = (3,5 φ0,2)2· A · cos [(3,5 φ)0,2/φ]

Il convient éventuellement de s’assurer alors que la profondeur de la piqûre n’affecte


pas la valeur de Rt;k.

Ces règles sont à appliquer pour les renforcements en treillis soudés ou échelles dès
lors que la profondeur de pénétration p aux points de soudures est supérieure
à 10 %.

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 609

φx
E
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φy

E
p=1−
φx + φ y

Fig. 13.43. Profondeur de pénétration (NF P94-270)

–– Clous (profilé, barre pleine ou creuse, barre précontrainte) :


ΔS = L · A · t n (59c)
avec L : périmètre de la barre ou du profilé.
À défaut d’une étude spécifique, on pourra considérer n = 0,65, K = 2,5 et A donné
dans le tableau ci-après en fonction de la force corrosive du terrain en place (définie
par NF EN 12501-2).

Tableau 13.13. Paramètre A – Clous (NF P94-270)

Force corrosive Faible Moyenne Élevée A (1)

A (µm) 25 37,5 50

(1) Pour les catégories de durée d’utilisation ≤ 2.

γM0 = 1,0 ; γM2 = 1,25 (coefficients partiels de sécurité sur les matériaux),
γy et γr sont des coefficients de sécurité partiels couvrant les incertitudes sur la perte

moyenne ΔS :
–– renforcement de remblais (milieu modérément agressif ) : γy = 1,1 et γr = 1,25
–– clous non protégés : γy = 1,5 et γr = 1,8
–– clous protégés (revêtus d’une gaine étanche) : γy = 0 et γr = 0.

La condition supplémentaire suivante doit également être vérifiée pour tous les types de
renforcement (bandes, barres, clous…) au terme de la durée d’utilisation :
K · ΔS
≤ 0,5 (60)
S0

13.5.3.7.5. Résistance à la traction d’un lit de renforcement de remblai en grillage de fil d’acier
tressé (ELU)
La seule procédure d’essai normalisé pour la détermination de la résistance à la traction Rt ;k
est la norme ASTM A 975, à laquelle on pourra se reporter.
Il convient également d’appliquer un coefficient de réduction de la résistance ρend, lié à la
mise en œuvre et correspondant à la proportion du nombre de fils au revêtement dégradé lors
de la mise en œuvre du remblai. Ce coefficient peut être déterminé par planches d’essais.
Le coefficient ρflu est pris égal à 1.
Le coefficient ρdeg doit être justifié et pris en accord avec le maître d’ouvrage. La norme
NF EN 14475 fournit des indications pour les utilisations courantes.

EYR2212118902_Fondations.indb 609 07/01/2019 11:26


610 | Ouvrages de soutènement

13.5.3.7.6. Résistance à la traction d’un lit de renforcement de remblai en bandes


ou nappes de géosynthétiques (ELU)
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Rt;k est donnée sur la fiche d’homologation du géosynthétique par le fournisseur.


γM;t est égal à 1,25.
À défaut de justifications autres, le coefficient ρend peut être pris égal aux valeurs données
dans le tableau 13.14 ci-dessous, en fonction des conditions de mises en œuvre (tableau 13.15),
l’énergie de compactage étant définie conformément au guide GTR [13 Setra 2000].

Tableau 13.14. Géosynthétiques – Coefficient ρend (NF P94-270)

Conditions de mise Moyennement


Peu sévères Sévères Très sévères
en œuvre sévères

Coefficient ρend 0,87 0,80 0,67 0,40

Tableau 13.15. Degré de sévérité des conditions de mise en œuvre (NF P94-270)

Grave sableuse Grave sableuse Sols à gros


Remblai Sol fin, sable ou sol graveleux ou sol graveleux éléments, roulés
alluvionnaires concassés ou anguleux

Classification
A, B, D1 B, D B, D C, CA, CB, D
NF P11-300

Énergie de
Conditions de mise en œuvre
compactage

Moyennement
Moyenne Peu sévères Sévères Très sévères
sévères

Moyennement
Intense Sévères Très sévères Non recommandées
sévères

Le coefficient de réduction ρend est l’inverse du coefficient Γinstal utilisé couramment pour les
géotextiles.
Deux critères doivent être considérés pour déterminer ρflu : ρflu;r, correspondant à la rupture,
et ρflu;a, lié à l’allongement relatif, ne devant pas être dépassé. La valeur minimale des deux
sera prise en compte.
En l’absence d’essais de fluage, le coefficient ρflu peut être pris égal aux valeurs données dans
le tableau 13.16 ci-dessous, en fonction des conditions de mises en œuvre (tableau 13.15).

Tableau 13.16. Géotextiles – Valeurs forfaitaires de ρflu en fonction du polymère constitutif (NF P94-270)

Polymère PET, PA PEHD PP

Valeurs forfaitaires de ρflu 1/3 1/5 1/6

PET : polyester (polytéréphtalate d’éthylène) ; PA : polyamide ; PEHD : polyéthylène haute densité ; PP : polypropylène

Les valeurs données ci-dessus correspondent à une température de service de 20 °C, corres-
pondant à la France métropolitaine. Les valeurs sont différentes pour des climats plus chauds.

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 611

Le coefficient ρdeg pourra être tiré du tableau 13.17 ci-dessous, qui définit des valeurs par
défaut pour des polymères courants (PET : masse moléculaire > 25 000 et % groupe carboxyle
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terminaux GCT < 30 meq/kg ; PEHD : densité entre 0,94 et 0,96 et pour des températures
entre 0 et 20 °C).

Tableau 13.17. Géotextiles – Valeurs forfaitaires de ρdeg (NF P94-270)

pH Classe de durée PET PEHD/PP PA


d’utilisation

1à3 0,95 0,95 0,90


4 < pH ≤ 8
4 ou 5 0,83 0,77 –

1à3 0,90 0,95 0,90


8 < pH ≤ 9
4 ou 5 0,77 0,77 –

Le tableau 13.18 donne des exemples de valeur de pH.

Tableau 13.18. Exemples de valeurs de pH (NF P94-270)

pH Type de remblai ou de milieu

≤4 Remblais d’origine industrielle, quelques sols naturels

4à9 Grande majorité des sols naturels

9 à 9,5 Au contact du béton durci. Quelques sols naturels (dolomitiques)

9 à 11,5 Remblai traité ancien (chaux, ciment, laitier)

≥ 11,5 Au contact du béton frais ou remblai traité récent

13.5.3.7.7. Résistance ultime d’interaction sol / renforcement (ELU) – Bandes métalliques


ou géosynthétiques
Cette résistance ultime d’interaction est utilisée aussi bien pour la vérification de la stabilité
mixte que pour celui de la stabilité interne. Aussi, les deux cas sont considérés ci-après.
La formule (46) est calculée en considérant :
• un périmètre conventionnel Ps égal à 2 N·b, où N est le nombre d’éléments de renforce-
ment de largeur b par mètre de parement. Il est à noter que, si l’on envisage une surface de
glissement longeant une armature dans un calcul de stabilité mixte, le périmètre à consi-
dérer est alors de N·b, l’armature ne frottant que sur une face ;
• Ls = Le au-delà de la ligne de traction maximale pour la stabilité interne (figure 13.44) ;
• Ls = Le au-delà, ou Ls = Li en deçà de la ligne de glissement potentielle pour la stabilité
mixte ;
• σv est la valeur moyenne de la contrainte verticale sur la longueur d’adhérence Ls. Elle est
définie par la sommation sur la longueur Ls :

σv =
1
Ls ∫
· σv(z,x)· dx

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612 | Ouvrages de soutènement

Ligne des tractions maximales


(stabilité interne)
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ou ligne de glissement potentielle


(stabilité mixte)

Li Le
L

Fig. 13.44. Définition des longueurs d’adhérence (NF P94-270)

La formule (46) devient alors :


τ ·P ·L
Tmax;d ≤ Rf;d = max;k s s =
μ*(z)·
( 1
Ls ∫ )
· σv(z,x)· dx · Ps · Ls
(61)
γM;f γM;f
Le coefficient partiel γM;f prend la valeur de 1,35 pour la stabilité interne (jeu de para-
mètre M1 ; approche 2) et de 1,1 pour la stabilité mixte (jeu de paramètres M2 ; approche 3)
lorsque μ*(z) est tiré d’une base de données documentée.
Le coefficient μ*(z) est normalement déterminé à partir d’essais statiques d’extraction menés à
la rupture. Si toutefois la qualité du remblai et l’expérience acquise le permettent, il est
possible d’adopter des valeurs de μ*(z) résultant d’essais antérieurs et définis par :
h0 − ha h
μ*(z) = μ*0· + μ*1· a si ha ≤ h0 (62a)
h0 h0
μ*(z) = μ*1 si ha > h0 (62b)
ha est la profondeur moyenne du lit de renforcement sur la longueur Ls considérée.
Les paramètres μ*0, μ*1 et h0 sont définis dans le tableau 13.19 ci-dessous , où Cu est le coeffi-
cient d’uniformité de Hazen (Cu = D60/D10).
Tableau 13.19. Valeurs des coefficients h0 , μ*0 , μ*1 (NF P94-270)

Type de remblai (suivant NF EN 14475, Annexe A)

Classe matériau 1 2 3
Drainant Granulaire Intermédiaire
Bandes métalliques à haute adhérence (1)(2)
h0 (m) 6,0 6,0 6,0
Cu ≤ 2 1,2 1,2 1,2 (tan φ1k/tan 36°)
2 < Cu ≤ 10 1,5 1,5
μ*0
10 < Cu ≤ 20 2,2 2,2 1,5 (tan φ1k/tan 36°)
Cu > 20 2,5 2,5
μ*1 min(tan φ1k ; 0,8) min(tan φ1k ; 0,8) tan φ1k

EYR2212118902_Fondations.indb 612 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 613

Bandes métalliques lisses


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μ*(z) 0,4 0,4


Bandes géosynthétiques (1)
D70 > 2 mm D70 < 2 mm
h0 (m) 6,0 6,0 6,0 6,0
Cu ≤ 2 1,1 1,1 1,0 1,0 (tan φ1k/tan 36°)
μ*0
Cu > 2 1,3 1,3 1,1 1,1 (tan φ1k/tan 36°)
μ*1 0,9 tan φ1k 0,9 tan φ1k 0,8 tan φ1k 0,8 tan φ1k

(1) Des indications sur la valeur de φ1k, hors d’eau ou dans l’eau, sont données à l’article 6.3.2 de la norme.
(2) Pour les matériaux de type 1 et 2, la valeur de μ*0 peut être basée sur l’expression μ*0 = 1,2 + log Cu.

Dans le cas d’ouvrages où la contrainte verticale varie sensiblement le long du renforcement,


comme les culées ou les murs inclinés, il convient de prendre en compte une variation du
coefficient d’interaction μ*(z) en fonction également de x.
Les formules (62) deviennent :
σ − σv(z,x) σ
μ*(z,x) = μ*0· 0 + μ*1· v(z,x) si σv(z,x) ≤ σ0 et σ0 /γG = 120 kPa (63a)
σ0 σ0
μ*(z,x) = μ*1 si σv(z,x) > σ0 (63b)
où γG est le facteur partiel appliqué aux actions permanentes, soit 1,35 pour les actions
permanentes défavorables et 1,0 pour les actions permanentes favorables.

13.5.3.7.8. Résistance ultime d’interaction sol/renforcement (ELU) – Treillis soudés


Cette résistance ultime d’interaction est utilisée aussi bien pour la vérification de la stabilité
mixte que pour celui de la stabilité interne. Aussi, les deux cas sont considérés ci-après.
La formule (46) est calculée en considérant :
• un périmètre conventionnel Ps égal à 2 N ·(ny − 1)∙ sy , où N est le nombre de panneaux par
mètre de parement, ny le nombre d’armatures longitudinales (perpendiculaires au pare-
ment) par panneau et sy l’écartement des armatures longitudinales ;
• Ls = (n − 1)∙ sx, où sx est l’écartement des barres transversales et n le nombre de barres trans-
versales situées au-delà de la ligne de traction maximale pour la stabilité interne et au-delà
ou en deçà de la ligne de glissement potentielle pour la stabilité mixte.
Les paramètres τmax;k , σv et μ*(z) sont définis par les mêmes formules qu’au 13.5.3.7.7. Les
équations (61) et (62) sont applicables avec :
d d
μ*0 = v*0· x et μ*1 = v*1· x (64)
2 sx 2 sx
où dx est le diamètre des barres transversales et où les paramètres h0, v*0 et v*1 sont donnés dans
le tableau 13.20 ci-dessous. Les valeurs de v*0 et v*1 de ce tableau ne sont pas applicables si le
remblai comprend des éléments de taille supérieure à la moitié de l’écartement longitudinal
ou transversal des armatures.

EYR2212118902_Fondations.indb 613 07/01/2019 11:26


614 | Ouvrages de soutènement

Les coefficients partiels de sécurité sont les mêmes qu’au paragraphe précédent.
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Tableau 13.20. Valeurs des coefficients h0, v*0, v*1 (NF P94-270)

Remblai de type 1 (drainant) ou 2 (granulaire) hors d’eau, avec Cu > 2


(suivant NF EN 14475, Annexe A)

h0 = 6,0 m v*0 v*1

D50 ≤ d× 35 15

D50 > d× 70 30

13.5.3.7.9. Résistance ultime d’interaction sol/renforcement (ELU) – Grillages de fils tressés


et nappes géosynthétiques
La formule (46) est calculée en considérant :
• un périmètre conventionnel Ps égal à 2 m par mètre de parement, sauf pour le cas d’une
surface de glissement longeant le renforcement étudié auquel cas Ps est réduit à 1 m (cas
relevant de la stabilité mixte).
• Ls = Le, longueur de grillage (ou de géotextile) au-delà de la ligne de traction maximale
pour la stabilité interne et Ls = Le au-delà ou Li en deçà de la ligne de glissement poten-
tielle pour la stabilité mixte (figure 13.44).
τmax;k = σv · Cxiφ · tan φ´1;k (65)
avec φ´1;k : valeur caractéristique de l’angle de frottement interne effectif du remblai ;
 Cxiφ  : coefficient obtenu par des mesures expérimentales. Cxiφ = Cgiφ pour les grillages
et Ciφ pour les géosynthétiques. En l’absence de données spécifiques, la valeur par défaut
de 0,5 pourra être considérée.
 σv : contrainte verticale moyenne sur la longueur Ls, telle que définie aux paragraphes
précédents et avec les mêmes réserves concernant les cas où la contrainte verticale varie
sensiblement le long du lit de renforcement.
Les coefficients partiels de sécurité sont les mêmes qu’au paragraphe précédent.

13.5.3.7.10. Résistance ultime d’interaction sol/renforcement (ELU) – Clous


La formule (46) est calculée en considérant :
• un périmètre conventionnel Ps défini à partir de la longueur p de la plus courte ligne
entourant la section droite d’un clou battu ou vibrofoncé dans le terrain, soit Ps = N·p, ou
à partir de la circonférence de l’outil de forage de diamètre théorique B d’un clou foré, soit
Ps = N·π·B, avec N le nombre d’éléments de renforcement par mètre de parement ;
• Ls = Le, longueur de clou au-delà de la ligne de traction maximale pour la stabilité interne
et Ls = Le au-delà ou Li en deçà de la ligne de glissement potentielle pour la stabilité mixte
(figure 13.44).
La norme NF P94-270 précise que la contrainte d’interaction limite qs doit être définie à
partir d’essais d’arrachement de clous menés à la rupture, avec les facteurs de corrélation ξa1
et ξa2 appliquée à la valeur moyenne et à la valeur minimale des résistances mesurées. Ces
facteurs sont précisés dans le tableau ci-dessous, en fonction du nombre d’essais réalisés.

EYR2212118902_Fondations.indb 614 07/01/2019 11:26


Massifs de sols renforcés et parois clouées | 615

Tableau 13.21. Valeurs des coefficients ξa (NF P94-270)


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n 3 4 ≥5
ξa1 1,20 1,10 1,00
ξa2 1,05 1,00 1,00

Le nombre minimum d’essais d’arrachement qu’il convient de réaliser, pour chaque nature de
sol, est précisé dans le tableau ci-dessous en fonction de la surface de parement qui intéresse
cette nature de sol.

Tableau 13.22. Nombre minimal d’essais (NF P94-270)

Aire de parement (m2) Nombre n d’essais d’arrachement

< 400 3

400 à 800 5

800 à 2 000 7

2 000 à 4 000 9

4 000 à 8 000 11

8 000 à 16 000 13

> 16 000 15

Le facteur partiel γM;f à appliquer sur la valeur de qs déduite des essais d’arrachement est
de 1,4 pour la stabilité interne (jeu de paramètre M1 ; approche 2) et de 1,1 pour la stabilité
mixte (jeu de paramètre M2 ; approche 3).
Cette méthode développée dans la norme NF P94-270 ne permet pas d’effectuer de dimen-
sionnement sans avoir réalisé au préalable les essais d’arrachement.
Pour un ouvrage simple ou pour un prédimensionnement, il est possible d’estimer les frotte-
ments latéraux limites à partir des abaques ci-dessous, repris des règles Clouterre
[13 Clouterre 1991], avec le coefficient de sécurité partiel donné par ces recommandations,
soit  γM;f  =  1,8 pour la stabilité interne. Pour la stabilité mixte, on pourra considérer par
analogie γM;f = 1,1 × 1,8 /1,4 = 1,4. Il est à noter que, dans le cas des règles Clouterre, la valeur
de qs s’applique sur le diamètre de forage (il n’est pas tenu compte d’augmentation de ce
diamètre à l’injection).

Tableau 13.23. Choix des courbes pour l’estimation de qs

Sols Clous forés Clous forés Clous battus


Scellement gravitaire Scellement : injection à ou vibrofoncés
basse pression
Sable S1 – S3
Grave G1 G2 G3
Argile, limon A1 – –

EYR2212118902_Fondations.indb 615 07/01/2019 11:26


616 | Ouvrages de soutènement

Sols Clous forés Clous forés Clous battus


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Scellement gravitaire Scellement : injection à ou vibrofoncés


basse pression
Marne, marno-calcaire,
M1 – –
craie altérée à fragmentée
Rocher altéré R1 – –

qs
(MPa)
G2
0,6

0,5 R1

0,4

0,3
M1
0,2 G1
S1 - A1
0,1 S3
G3 Pression
limite
0 1 2 3 4 5 6 p*l (MPa)

Fig. 13.45. Abaques donnant qs en fonction de la pression limite nette p*l

13.5.3.7.11. Résistance des clous travaillant en flexion-cisaillement (ELU)


Dans le cas d’inclusions rigides, si l’on prend en compte la résistance en flexion-cisaillement,
la résistance des clous peut être calculée en appliquant la méthode du multicritère (travail plas-
tique maximum).
Les éléments qui suivent constituent un bref aperçu de cette théorie développée notamment
par F. Blondeau et F. Schlosser [13 Blondeau 1984].
En effet, si l’inclusion est rigide, elle est capable, outre la force d’arrachement normale, dési-
gnée ici par  Tn, de mobiliser une résistance  Tc perpendiculaire à l’inclusion par flexion-­
cisaillement. Ce nouvel effort est également décomposé en une composante tangentielle à la
surface de rupture, qui vient s’ajouter algébriquement aux moments moteurs, et une compo-
sante normale, qui vient augmenter les moments résistants dus à l’angle de frottement interne
du sol.
La pression de contact p entre l’inclusion et le sol peut être déterminée par la même méthode
de calcul élastoplastique que celle utilisée pour un pieu sollicité horizontalement. Les para-
mètres qui interviennent sont donc :
• la rigidité de l’inclusion El,
• sa largeur frontale B,
• le coefficient de réaction k déduit du module pressiométrique,
• la longueur de transfert l0 déduite des paramètres précédents,
• la pression de plastification du sol déduite de la pression limite.

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 617

Si le comportement est élastique, l’inclusion est sollicitée comme suit (figure 13.46 a) :
• l’effort tranchant F* est maximal et le moment est nul au point d’intersection de l’inclu-
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sion et de la surface de rupture potentielle,


• l’effort tranchant est nul et le moment est maximal aux deux points situés à une distance l0
de part et d’autre du point précédent.

Si la plastification intervient, la méthode du multicritère (figure 13.46 b) est utilisée pour véri-
fier le bon comportement de l’inclusion sollicitée à la fois en traction et en flexion-­cisaillement.
Elle consiste à s’assurer que les quatre critères suivants sont vérifiés.

Tc

l0
0 Rn
T = M max Rc = I
M= 2

II
0
M = T ax 3l 0
IV
m Tc14
T=
III

Surface de rupture Rn Tn12 Tn


potentielle Domaine stable

a) Cisaillement d’une inclusion b) Multicritère

Fig. 13.46. Comportement d’une inclusion rigide en flexion-cisaillement

Critère 1 : résistance propre de l’inclusion (courbe I)


La courbe I donne la résistance à la rupture de l’inclusion. S’il s’agit d’une inclusion métal-
lique, le critère de rupture s’écrit comme suit au point de moment nul :

Tn 2 Tc 2
Rn
+
Rc( ) ( )
≤ 1,0 (66)

Rn est la résistance en traction simple et Rc la résistance au cisaillement.

Critère 2 : frottement latéral sol-inclusion (courbe II)


C’est le critère déjà étudié pour les clous souples. La résistance limite correspondante est égale
à Tn12, frottement sol-inclusion maximum qui peut être mobilisé sur la longueur d’ancrage
(au-delà de la surface de rupture étudiée). Tn12 est calculé en appliquant à la formule (46) les
paramètres définis en 13.5.3.7.1.

Critère 3 : plastification de l’inclusion (courbe III)


Au point situé à la distance l0 où le moment est maximum, l’inclusion risque de se rompre en
se pliant (rotule plastique). Les conditions de rupture peuvent être représentées par une para-
bole dans le plan Tn, Tc (figure 13.46 b).

Critère 4 : plastification du sol autour de l’inclusion (courbe IV)


Si la pression normale de contact entre le sol et l’inclusion atteint la pression ultime, le sol
s’écoule de part et d’autre de l’inclusion. La résistance limite au cisaillement correspondant
est Tcl4.

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618 | Ouvrages de soutènement

Après prise en compte des coefficients de sécurité partiels, la vérification consiste à s’assurer
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que le point représentatif des efforts Tn et Tc mobilisés dans le renforcement se situe à l’inté-
rieur du domaine délimité par les quatre critères.

13.5.3.7.12. Culées de pont porteuses en remblai renforcé (tan η1 ≤ 1/4)

Ces dispositions ne s’appliquent qu’aux ouvrages dont le système de parement n’est pas rigide,
au sens de la norme NF EN 14475.
L’ouvrage en sol renforcé assure deux fonctions distinctes : une fonction support de charge et
une fonction soutènement.
Les dispositions constructives sont illustrées par la figure 13.47 ci-dessous.

d4
Bs d3

d1
d1 ≥ 1,00 m d2
d2 ≥ 0,10 m 3
4
d3 ≥ 0,20 m Rvd
d4 ≥ d3 + e1 ex
2
e1 ≥ 0,60 m
e2
e1

e2 ≥ 0,20 m
1

1: lits de renforcement
2: grave utilisable en couche de forme
3: béton de propreté
4: polystyrène 5 cm

Fig. 13.47. Dispositions à respecter pour les sommiers d’appuis (NF P94-270)

L’excentricité ex de la résistance Rvd des actions permanentes de calcul doit être faible et la
largeur Bs du sommier d’appui doit vérifier :
Rvd ≤ qref ·(Bs − 2 ex) avec qref ≤ 200 kPa (67)

La justification à l’ELS doit permettre de vérifier que les déformations du remblai renforcé, y
compris celles éventuellement liées au fluage des renforcements, sont compatibles avec l’ou-
vrage supporté, aux différentes étapes de la construction et durant le fonctionnement de l’ou-
vrage. Cela peut être fait à partir d’un modèle aux éléments ou aux différences finies.

13.5.3.7.13. Stabilité interne (ELU) – Murs inclinés (1/4 < tan η1 ≤ 1)

La hauteur mécanique hm, la forme conventionnelle de la ligne des tractions maximales


ABCD et sa distance au parement sont illustrées par la figure 13.48 ci-dessous.

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 619

0,3 ρ·hm
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0,3 ρ2 ·hm

φ1
hm

η1
0,4 ρ·hm ρ·(1 − ρ)·hm
B ρ=1−
η1 90° − φ1

D
0,2 ρ·hm

Fig. 13.48. Hauteur mécanique et ligne des tractions maximales (NF P94-270)

Le calcul de la traction maximale Tmax;d(z) s’effectue à partir de la valeur de la contrainte verti-


cale de calcul σv;d(z,x) au point situé sur la ligne de traction maximale.
Le coefficient α utilisé dans la formule (52) pour le calcul de l’effort au parement est donné
par la figure 13.49 ci-dessous :

0,3 ρ·hm

0,3 ρ2 ·hm
α0 1,0 α
A

σv
B

η1
x
C

D
h

Fig. 13.49. Contrainte verticale σv;d(z;x) et coefficient α (NF P94-270)

Le coefficient apparent d’interaction μ*(z) doit prendre en compte les variations de contrainte
verticale le long des lits de renforcement en appliquant les formules (59a) et (59b).

EYR2212118902_Fondations.indb 619 07/01/2019 11:26


620 | Ouvrages de soutènement

13.5.3.8. Stabilité mixte (ELU)


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13.5.3.8.1 . Principe

Il s’agit de la vérification vis-à-vis d’un glissement interceptant l’ouvrage, et donc ses renfor-
cements. Les méthodes de calcul sont celles relatives aux stabilités des pentes et talus (voir
chapitre 9). La vérification se fait en approche de calcul 3, généralement en même temps que
la vérification de la stabilité générale avec la même méthode (tranches de Bishop, « perturba-
tions »…) et en intégrant les renforcements.

L’inégalité à vérifier est identique à celle de la stabilité générale, soit la formule (38) avec un
coefficient γr;d identique et dépendant de la sensibilité de l’ouvrage à la déformation (voir
13.5.3.4). Le calcul de l’effort stabilisant intègre la résistance des renforcements.

La résistance au cisaillement du terrain est déterminée conformément au chapitre 9 § 9.4.


Dans le cas des ouvrages en sols renforcés constitués à partir d’un matériau de remblai de
propriétés prescrites et connues, le facteur partiel γM peut être affecté d’un coefficient mino-
rateur λ de 0,8.

Les surfaces de ruptures sont généralement circulaires ou constituées par des successions de
spirales logarithmiques (sol relativement homogène).

Wi = poids d’une tranche


Wi Fi = interaction entre tranches
Fi − 1 Fi σ´n ,τ = contraintes dans le sol
τ T = résistance d’un lit de renforcement
T 1 : surface potentielle de glissement
2 : tranche
σ´n
1

Fig. 13.50. Stabilité mixte – Calcul par la méthode des tranches (NF P94-270)

Dans des cas plus complexes, il est nécessaire de tenir compte des particularités dans la défini­
tion des surfaces de rupture :
• en présence d’une couche médiocre, on considérera des surfaces du type de celles de la
figure 13.33 plus haut, mais interceptant les renforcements ;
• lorsque le sol à la base du massif renforcé est moins résistant que le massif lui-même ou
qu’une nappe d’eau remonte au pied du massif, un mécanisme de rupture « trois blocs »,
illustré par la figure 13.51 ci-dessous, pourra être pris en compte ;
• une forte surcharge en tête amène à considérer la possibilité de ruptures planes
(figure 13.52).

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 621
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Poussée
1

2
Butée

a) Mécanisme « trois blocs » b) Schéma simplifié

Fig. 13.51. Stabilité mixte – Mécanisme trois blocs (NF P94-270)

Fondation
très chargée 1

Surface de
rupture plane 2

Fig. 13.52. Stabilité mixte – Mécanisme de rupture plane (NF P94-270)

13.5.3.8.2. Mobilisation des efforts dans les renforcements souples


Il est admis que les renforcements souples (géotextiles, grillages, bandes, treillis soudés,
cornières métalliques, clous constitués par une barre d’acier) ne sont sollicités qu’en
traction.
L’effort de traction mobilisable de calcul Rtmb,d en un point d’un lit de renforcement vaut
Hd = min[Rtc;d ; Rfe;d ; min(Rta;d ; Ra;d ; sv · σpar;d) + Rfi;d] (68)
avec Rtc;d : valeur de calcul de la résistance ultime de traction dans la section courante du lit
de renforcement (voir stabilité interne ci-avant) ;
 Rfe;d : valeur de calcul de la résistance ultime d’interaction sol-lit de renforcement mobi-
lisable à l’extérieur de la surface de rupture potentielle (voir stabilité interne ci-avant) ;
min(Rta;d ; Ra;d ; sv · σpar;d) : valeur de calcul de la résistance ultime du point d’attache au
parement :
–– Rta;d : valeur de calcul de la résistance ultime de traction du lit de renforcement au
point d’attache (voir stabilité interne),
–– Ra;d : valeur de calcul de la résistance ultime de traction d’un point d’attache,
–– sv : espacement vertical des lits de renforcement,
–– σpar;d : valeur de calcul de la contrainte moyenne appliquée au parement.
 Rfi;d : valeur de calcul de la résistance ultime d’interaction sol-lit de renforcement mobi-
lisable à l’intérieur de la surface de rupture potentielle (voir stabilité interne).

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622 | Ouvrages de soutènement

13.5.3.8.3. Mobilisation des efforts dans les renforcements rigides


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Les renforcements présentant une inertie notable (clous armés par un tube métallique, pieux)
peuvent être sollicités en traction, en cisaillement ou en flexion.
La contribution résistante des renforcements peut être évaluée en appliquant le travail plas-
tique maximal (règle du multicritère développée au paragraphe 13.5.3.7.11) si l’on prend en
compte la résistance en flexion-cisaillement.

13.5.3.9. États limites de services – Déformations


La justification aux ELS consiste essentiellement à vérifier que les déplacements de l’ouvrage
en sol renforcé et ceux du terrain adjacent restent compatibles avec le fonctionnement de
l’ouvrage et la stabilité des constructions voisines.
Ces déplacements peuvent être évalués à partir de règles empiriques pour des projets courants.
Le recours à des modèles numériques (éléments finis par exemple) est également possible,
notamment pour les sujets particuliers ou complexes.
Pour les massifs en sols cloués d’inclinaison η modérée sur la verticale ou à parement vertical
(η = 0), de hauteur H et dont les clous sont inclinés de 10° à 15° sur l’horizontale, les règles
ci-après, déduites du comportement des ouvrages réels, peuvent être utilisées.
La longueur λ peut être calculée par la formule suivante :
λ = H · (1 − tan η) · κ (69)
Les valeurs de κ et des déformations horizontales et verticales δh et δv données par F. Blondeau
[13  Blondeau  1984] et déduites des expérimentations du programme Clouterre sont les
suivantes :
• sols indurés : κ = 0,8 ; δh = δv = 0,001 H ;
• sables : κ = 1,25 ; δh = δv = 0,002 H ;
• argiles : κ = 1,5 ; δh = δv = 0,004 H.

δh

δv

η
H

Fig. 13.53. Déformation d’un mur cloué

Lorsque les déformations risquent d’être préjudiciables aux ouvrages environnants, il est
possible d’ajouter des tirants précontraints, notamment dans la partie supérieure des ouvrages.
L’action de ces tirants est prise en compte dans le dimensionnement ; elle peut contribuer

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Massifs de sols renforcés et parois clouées | 623

fortement à la stabilité. De plus, les déformations en tête peuvent ainsi être réduites très
sensiblement.
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Le cas échéant, la réalisation de micropieux sous la paroi permet de réduire le déplacement


vertical.

13.5.4. Justification sous sollicitations sismiques


La justification des ouvrages en sols renforcés ne relève que du seul calcul statique dès lors
que ag·S < 1 m/s2, où ag est l’accélération de calcul et S le coefficient de sol (voir chapitre 8).
Au-delà doit être appliquée la méthode du calcul pseudo-élastique menée conformément à
l’Eurocode 8 partie 5, détaillée au paragraphe 10.3.8.
Ces dispositions sont applicables pour les ouvrages hors d’eau, et dans des sols de classe

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