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Cours de Transfert de chaleur et de masse Licence en Génie des Matériaux

Département de Génie Mécanique, UATL Année Universitaire 2020/2021

Chapitre 2. Transferts de chaleur par conduction en régime


permanent
1. Définition et mécanisme de la conduction :
C’est le transfert de chaleur au sein d’un milieu opaque, sans déplacement de
matière, sous l’influence d’une différence de température. La propagation de la chaleur par
conduction à l’intérieur d’un corps s’effectue selon deux mécanismes distincts : une
transmission par les vibrations des atomes ou molécules et une transmission par les
électrons libres (Figure 3).

Figure 3. Déplacement d’électrons libres dans les métaux


Conducteurs de la chaleur

La théorie de la conduction repose sur l’hypothèse de Fourier : la densité de flux est


proportionnelle au gradient de température (Figure 4) :
  .grad (T ) (9)
Sous forme algébrique :
T
   . (10)
x
En plus :  S (11)
Avec :
 : Flux de chaleur [W].
 : Densité du flux de chaleur [W/m2].
 : Conductivité thermique [W/m. °C].
x : variable d’espace dans la direction du flux de chaleur.
S : section d’échange [m2].
T2
T
   .S
T1 x

x
T1 > T2
Figure 4. Schéma du transfert de chaleur conductif.

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On trouvera dans le Tableau 1, les valeurs de la conductivité thermique λ de certains


matériaux parmi les plus courants.

Tableau 1. Conductivité thermique de certains matériaux


Matériau Conductivité λ [W/m. °C] Matériau Conductivité λ [W/m. °C]
Argent 419 Plâtre 0.48
Cuivre 386 Amiante 0.16
Aluminium 204 Bois 0.12 - 0.23
Acier doux 45 Liège 0.044 - 0.019
Acier inox 15 Laine de roche 0.038 – 0.041
Glace 188 Laine de verre 0.035 – 0.051
Béton terre cuite 1.4 Polystyrène expansé 0.036 – 0.047
Brique 1.1 Polystyrène mousse 0.030 – 0.045
Verre 1.05 Polystyrène extrude 0.027
Eau 0.60 Air 0.026

2. Equation de la température
Dans sa forme monodimensionnelle, elle décrit le transfert de chaleur unidirectionnel
à travers un mur plan. Considérons un système d’épaisseur dx dans la direction x et de
section d’aire S normalement à la direction ox (Figure II.1) :

g λ
L  e
L x
 x dx
 st

0 x x  dx e
Figure 5. Bilan thermique sur un système élémentaire
Le bilan d’énergie sur ce système s’écrit :
 x +  g =  x dx +  st (12)
 T 
 x   .S 
 x  x
 T 
Avec :  x  dx    .S  (13)
 x  x  dx
 g  q.S .dx
T
 st  Cp.S .dx.
t
En reportant dans le bilan d’énergie et en divisant par dx, nous obtenons :

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 T   T 
  .S     .S 
 x  x  dx  x  x T
 q.S  Cp.S (14)
dx t
Soit :
 T  T
 .S   q.S  C p .S (15)
x  x  t
Et dans le cas tridimensionnel, nous obtenons l’équation de la chaleur dans le cas le
plus général :
  T    T    T  T
 x     y     z   q  C p (16)
x  x  y  y  z  z  t
Cette équation peut se simplifier dans un certain cas :
a) Si le milieu est isotrope :  x   y   z .
b) S’il n’y a pas de génération d’énergie à l’intérieur du système : q  0 .
c) Si le milieu est homogène, λ est constante.
Les hypothèses a) + b) + c) nous obtenons l’équation de Poisson :

  2T  2T  2T  T
  2  2  2   C p (17)
 x y z  t
Où :
T
a. 2T  (18)
t

Le rapport a  est appelé la diffusivité thermique (m2.s-1) qui caractérise la vitesse
C p
de propagation d’un flux de chaleur à travers un matériau.
d) En régime permanent, nous obtenons l’équation de Laplace :
 2T  0 (19)
Par ailleurs, les hypothèses a), c) et d) permettent d’écrire l’équation de la chaleur en
coordonnées cylindriques r , z ,   :
 2T 1 T 1  2T  2T q 1 T
  2    (20)
r 2 r r r  2 z 2  a t
Dans le cas d’un problème à symétrie cylindrique ou la température ne dépend que
de r et t, l’équation peut s’écrire sous forme simplifie :
1   T  q 1 T
r   (21)
r r  r   a t
- Equation de la chaleur en coordonnées sphériques (r, θ, φ) :
1  2 ( rT ) 1   T  1  2 T q 1 T
  sin      (22)
r r 2 r 2 sin      r 2 sin 2   2  a t

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2. Application dans le cas stationnaire monodimensionnel


2.1 Mur simple

On se placera dans le cas où le transfert de chaleur est unidirectionnel et où il n’y a


pas de génération ni de stockage d’énergie. On considère un mur d’épaisseur e, de
conductivité thermique λ et de grandes dimensions transversales, dont les faces extrêmes
sont à des températures T1 et T2 (Figure II.2):

T1
λ
Section transversale S
x
 x dx

T2

0 x x+dx e
Figure 6. Bilan thermique élémentaire pour un mur simple
En effectuant un bilan thermique, pour le système (S) constitué par la tranche de mur
comprise entre les abscisses x et x + dx, il vient :
 T   T 
 x   x dx    .S  =   .S  (23)
 x  x  x  xdx

D’où :
dT
 A et T ( x)  Ax  B (24)
dx

Avec les conditions aux limites :


T ( x  0)  T1 (25)
T ( x  e )  T2

x
Alors : T ( x)  T1  (T1  T2 ) (26)
e
Le profil de température est donc linéaire. La densité de flux de chaleur traversant le
mur s’en déduit par la relation :
(T2  T1 )
   (27)
e

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2.2 Mur multicouches

C’est le cas des murs réels (schématisé sur la Figure II.3) constitués de plusieurs
couches de matériaux différents et où on ne connaît que les températures Tf1 et Tf2 des
fluides en contact avec les deux faces du mur de surface latérale S. En régime permanent, le
flux de chaleur se conserve lors de la traversée du mur et s’écrit :
 A S T1  T2   B S T2  T3  C S T3  T4 
  h1 S T f 1  T1     = h2 S T4  T f 2  (28)
eA eB eC

Tf1  Tf 2
D’où :   (29)
1 e e e 1
 A  B  C 
h1 S  A S  B S C S h2 S

λA 
T1 λB λC

Convection T2 Convection
fluide Tf1, h1 T2 fluide Tf2 ,h2

T3
T4
eA eB eC

Figure 7. Schématisation des flux et des températures dans un mur multicouches

On a considéré que les contacts entre les couches de différentes natures étaient
parfaits et qu’il n’existait pas de discontinuité de température aux interfaces. En réalité,
compte tenu de la rugosité des surfaces, une microcouche d’air existe entre les creux des
surfaces en regard qui contribue à la création d’une résistance thermique (l’air est un isolant)
appelée résistance thermique de contact. La formule précédente (Eq. ..), s’écrit alors :
Tf1  Tf 2
 (30)
1 e e e 1
 A  R AB  B  R BC  C 
h1 S  A S B S  C S h2 S

Dans la plus part des calculs les résistances RAB et RBC sont négligeable, pour cela

l’Eq.II.18 est très suffisante, pour l’estimation du flux de chaleur  .


2.3 Application aux géométries cylindriques

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Considérons à présent un cylindre creux, d'axe de révolution (O, Z), de rayon intérieur
r0 et de rayon extérieur r1, petits devant sa longueur L, et supposons là aussi que les
conditions aux limites sont uniformes sur les parois intérieures et extérieures (Figure II.4).
Les coordonnées cylindriques s'imposent d'elles-mêmes, et la température ne dépend plus
que de r, distance à l’axe (O, Z ) . Y Ur

T1,r1

T0,r0
X

Figure 8. Cylindre creux.


Pour simplifier, le problème on suppose que l’écoulement est stationnaire, et
purement radial ( T  T (r) ) :

1   T 
r 0 (31)
r r  r 

Sa résolution nous donne la température en fonction de r :


T A
  T (r )  A ln r  B (32)
r r

On note T0 la température de la paroi intérieure et T1 la température de la paroi


extérieure, ce qui permet d’expliquer les constantes d’intégration :
T1  T0  r 
T r   ln    T0 (33)
r  r0
ln  1   
 r0 

La température dans un cylindre creux varie donc de façon logarithmique avec le


rayon. Cherchons à présent le flux qui traverse le cylindre. La densité de flux s’écrit :
T T  T0  1
q   e r   1 . er (34)
r  r1  r
ln 
 r0 

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Calculons le flux de chaleur qui traverse une surface cylindrique S de rayon arbitraire

r compris entre r0 et r1 :

 
2 Z T  T  1
  sq.ndS       1 0 
. .n rd dZ  (35)
0 0 
r1  r
 ln
 r0 

T0  T1 
On obtient finalement :   2L. (36)
ln r1 r0 

2.4 Application aux géométries sphériques

Enfin, le dernier type de géométrie 1D classique est la sphère creuse, de rayon

intérieur r0 et de rayon extérieur r1 . En supposant le transfert de chaleur monodimensionnel

en r1 c'est-à-dire indépendant de  et  . Dans ces conditions, l’équation de température


devient :
1   2 T 
r 0 (37)
r 2 r  r 
La démarche étant rigoureusement la même que précédemment, on se bornera à
donner les résultats. En notant T0 la température de la paroi intérieure et T1 la température
de la paroi extérieure, on obtient pour le champ de température :
r0
1
T r   T1  T0  r  T0 (38)
r0
1
r1

Et pour le flux :   4.


T0  T1  (39)
1 1

r0 r1

3. Expression de la résistance thermique et analogie électrique

Les Equations de température pour les différentes géométries, peuvent toutes se


mettre sous la forme suivante :
T0  T1   Rth . (40)

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Rth est appelée résistance thermique du système (unité : K.W-1). Elle quantifie la «
résistance » que le système oppose au passage de la chaleur. Son expression dépend de la
géométrie considérée :
e
 mur plan : Rth  (41)
S
r1
ln
r0
 cylindre creux : Rth  (42)
2L
1 1

r rr
 sphère creuse : Rth  0 (43)
4

L’Eq.II.29 présente une analogie avec la loi d'Ohm en électricité. C'est pourquoi on parle
d'analogie électrique : la température et le flux de chaleur jouent respectivement dans ce
problème le même rôle que le potentiel et le courant en électricité (on notera au passage
que la conservation du flux thermique est analogue à la conservation du courant électrique).
On peut donc adopter pour les résistances thermiques la même représentation que pour les
résistances électriques (Figure II.5), construire le schéma électrique équivalent, et appliquer
les mêmes règles de composition qu'en électricité (addition des résistances en série et
des conductances en parallèle). Sur le Tableau II.5, on donne les paramètres de l’analogie
entre l’électricité et la thermique. φ

Rth

T0 T1
Figure 9. Représentation d'une résistance thermique (analogie électrique)

Tableau 2.- Paramètres de l’analogie entre l’électricité et la thermique.


Paramètres thermiques Paramètres électriques
Grandeur Symbole Grandeur Symbole
Flux de chaleur Φ Courant élec. I
e L
R th  R e  r0
Résistance thermique S Résistance éléc. S
Température T Potentiel éléc. E
Loi de Fourrier T  Rth   Loi d’Ohm  E  R E  I

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Disposition en série Rth .eq  Ri Disp. en série Re.eq  Ri

Disp. en parallèle 1 Rth.eq   1 / Ri  Disp. en parallèle 1 Re.eq   1 / Ri 

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