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INSTITUT SUPÉRIEUR
DU TOURISME, DE
L’HÔTELLERIE ET DE
L’ALIMENTATION
Présenté par :
Paloma Joubert
Sous la direction de :
Année universitaire 2013-2014
Bruno Claverie
Approche émotionnelle du management d’équipe,
fondement du management générationnel : le cas des
nouvelles générations en restauration.
L’ISTHIA de l’Université de Toulouse-Le
Mirail n’entend donner aucune approbation,
ni improbation dans les projets tutorés et
mémoires de recherche. Ces opinions
doivent être considérées comme propres à
leur auteur(e).
REMERCIEMENTS :
Je souhaite tout d’abord remercier, mon maître de mémoire, Monsieur Bruno Claverie pour
son soutien inconditionnel, son aide et ses précieux conseils pour la rédaction de ce
mémoire et le choix du sujet. Également, tous mes remerciements aux professeurs de
l’ISTHIA pour la qualité de leurs enseignements et pour avoir organisé des conférences
qui furent très enrichissantes.
Dans un deuxième temps, je remercie mes deux correcteurs d’orthographe attitrés pour leur
aide sans faille, leur soutien tout au long de la rédaction et la relecture de ce mémoire et
pour leurs encouragements.
Pour terminer je souhaite dire un grand merci à Chloé, Mélissa et Pauline, très belles
rencontres de cette année, pour m’avoir transmis leur énergie, leur bonne humeur et pour
leur présence à mes côtés. Sans elles, cette année n’aurait sûrement pas été la même.
SOMMAIRE
Remerciements : .................................................................................................................. 5
Sommaire ............................................................................................................................. 6
Conclusion générale........................................................................................................... 79
Bibliographie: .................................................................................................................... 81
Dans le secteur de l’hôtellerie restauration, le facteur humain est l’un des plus importants
s’agissant d’entreprises de services. En effet dans ces structures, le personnel est en contact
permanent avec la clientèle tout au long du processus de servuction et ses actions vont
influencer naturellement la qualité du service proposé et la perception que le client en a.
La relation avec le client est tout d’abord une relation humaine. C’est pourquoi une
corrélation indéniable entre le facteur humain et la qualité du service a été établie.
Du fait que bon nombre d’entreprises aient été confrontées à des difficultés résultant d’une
mauvaise gestion des ressources humaines, ce département est devenu depuis plusieurs
années un des enjeux fort dans ce secteur et a pris une place considérable dans les
organisations. Cette activité semble apparaître comme une fonction clé dans toute
organisation, d’autant plus si elle appartient au domaine du tertiaire.
C’est pourquoi, le sujet de ce mémoire porte sur l’intégration de cette notion dans le
management des entreprises de services et plus particulièrement en restauration.
1
Ministère de l’économie du redressement productif et numérique. Mieux comprendre l’économie. [En
ligne]. Disponible sur : http://www.economie.gouv.fr/facileco/fonction-ressources-humaines#1. (Consulté le
03-04-2014.)
7
Chaque organisation quelque soit la taille de son organigramme doit composer avec un
personnel issu de différentes générations. Cette diversité générationnelle peut engendrer
des incompréhensions et des malentendus internes et créer des conflits dits générationnels.
Or dans les entreprises de services comme la restauration il est primordial que les
membres du personnel travaillent ensemble. C’est pourquoi avant de nous intéresser à
l’étude des différentes générations, nous allons aborder dans un premier temps la notion
du travail en équipe. Nous expliquerons quels en sont ses différents enjeux et en quoi il
peut amener une prestation de qualité en transformant des richesses individuelles en
richesses collectives. A travers le management situationnel, nous verrons en quoi ses
caractéristiques peuvent déboucher sur une nouvelle forme d’intelligence : l’intelligence
émotionnelle.
Dans une deuxième partie, nous tenterons de répondre à nos hypothèses et d’expliquer en
quoi la connaissance et l’intégration de la notion de génération peut permettre à un
manager de développer les résultats et les performances de son équipe. Pour ce faire nous
commencerons en essayant de définir les différentes générations (Silencieuse, Baby-
boomers, X et Y) et en soulignant leurs caractéristiques.
Enfin dans une dernière partie, nous essayerons de mettre en perspective les différents
points étudiés en nous intéressant aux nouvelles générations que sont la Y et le Z en
identifiant un nouveau mode de management, par de nouveaux concepts. Dans un dernier
point nous dirons rapidement qu’elle pourrait être la suite de ce mémoire en deuxième
année de Master Hôtellerie restauration.
8
Partie1. DU TRAVAIL D’ÉQUIPE À
L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE
9
Dans ce premier chapitre, nous allons initialement essayer de définir ce qu’est le travail
d’équipe et d’où il provient. Grâce aux différents auteurs ayant étudié ce thème nous
verrons que les définitions ont évolué au cours des années. Dans un second temps nous
verrons que les fonctions d’une équipe sont nombreuses et qu’elles ont des répercussions
directes dans la vie d’une entreprise.
10
Chapitre 1. LE TRAVAIL D’ÉQUIPE :
Une définition de l’équipe est assez rare dans les écrits psychologiques du fait de la non
différenciation de ces deux termes par la plupart des chercheurs.
« Équipe viendrait du vieux français esquif, qui désignait à l’origine une suite de
chalands attachés les uns aux autres et tirés par des hommes (tels les bateliers et le
Volga) ou des chevaux en attendant l’époque des remorqueurs. Est-ce l’image des
bateliers tirant sur la même corde ou celle des bateaux attachés ensemble, toujours
est-il qu’on a parlé un jour d’équipe de travailleurs pour réaliser une œuvre
commune, puis ensuite d’équipe de sportifs pour gagner un match. Il y a donc dans
ce mot un lien, un but commun, une organisation ; un double dynamisme venant
aussi bien de la tête que dans l’ensemble, une victoire à gagner ensemble».
11
L’équipe n’est donc pas en soi un concept récent comme le souligne ce professeur. Déjà
dans cet extrait il était fait état d’un travail commun de différents hommes, sur une même
structure, afin d’atteindre un même but. En effet il est primordial dans ce cas précis que les
individus facent preuve de complémentarité, de coordination et de coopération sur le
navire, afin que celui-ci garde un cap défini et qu’il ne chavire pas.
« Une équipe est qualifiée de collection d’individus. Ceux-ci sont centrés sur leur
identité et leur fonctionnement individuel au sein d’un territoire. Lorsqu’ils se
sentent sécurisés sur leur identité et leur territoire, les membres de l’équipe
déplacent progressivement leur énergie vers les processus qui concernent les autres
membres. Mieux communiquer, s’essayer à des alliances avec 1 ou 2 personnes
devient une préoccupation. Les membres de l’équipe acquièrent une vision
systémique ». (Selles, Testa, 1999, p.68) 2
« Une équipe est une force dynamique, vivante et en mouvement sur laquelle se
greffent des personnes pour accomplir une tâche. Les membres d’une équipe
déterminent en commun leurs objectifs, émettent des idées, prennent des décisions
et œuvrent collectivement ». (Heller, 1998, p.6)3
2
Université du Québec. Le travail d’équipe. [En ligne].Disponible sur :<
http://www.uquebec.ca/edusante/sociale/imp_travail_equipe.htm> .(consulté le 10-11-2013).
3
Ibid.
4
Ibid.
12
De plus, comme l’évoque ces différentes explications, l’équipe doit œuvrer dans un but
commun via des actions concourant à la réalisation de celui-ci. Pour terminer les
différentes tâches effectuées au sein d’une équipe doivent être le fruit d’un travail conjoint
des membres. Grâce à leurs particularités et leurs différences, les coéquipiers se complètent
et s’entraident.
Le petit nombre : L’équipe doit être constituée d’un nombre restreint de personnes.
En effet cela apparaît selon R.Lafon et R.Mucchielli (2012, p.24), comme un des
points essentiels à respecter dans un souci d’efficacité optimale. Si les membres de
l’équipe sont trop nombreux, le phénomène de synergie créé pas les efforts
coordonnés des membres deviendra un frein à l’avancement de celle-ci. C’est
pourquoi l’entreprise, si elle désire créer une équipe performante doit limiter le
nombre des équipiers d’une même unité ;
la qualité du lien interpersonnel : Une équipe est une entité vivante où les relations
internes sont très importantes. Le sentiment d’adhésion et d’appartenance ne doit
pas être forcé mais doit résulter de la volonté de chacun des membres ;
une unité particulière en découle : Comme évoqué ci-dessus, l’équipe est une
totalité, ainsi, chaque action, changement, modification se répercutent sur tous les
membres de l’équipe ;
des contraintes : L’individualité doit laisser place au travail collectif, ainsi les
membres doivent travailler ensemble et mettre en commun leurs idées.
13
Le degré de liberté d’action des membres est donc plus limité puisqu’ils doivent se
référer à leurs co-équipiers ;
D’après cet auteur ces sept caractéristiques font d’un groupe de personnes une équipe.
Celle-ci, en respectant ces principes, sera la plus efficace possible au sein de l’organisation.
Elle constituera un véritable atout dans l’organisation grâce à la complémentarité,
l’engagement et la cohésion de ses membres.
Afin d’avoir une vision la plus complète de ce qu’est une équipe, il semble nécessaire de
rappeler que c’est aussi un groupe primaire. En effet puisque les membres se connaissent
tous, ils peuvent communiquer entre eux sans intermédiaire et œuvrent tous dans le même
but. Il existe une certaine unité d’esprit et d’action, l’équipe répond aux critères du groupe
dit primaire.
la fonction pilotage : Le but principal de cette fonction est de créer une dynamique
collective. Celle-ci permet aux membres de l’équipe d’avoir des responsabilités ;
dans leur travail, ainsi ils font preuve d’une plus grande implication, se sentent
important au sein du groupe. Même s’ils jouissent d’une certaine liberté, il est
nécessaire de définir clairement une hiérarchie dans le groupe et de désigner un
leader. Celui-ci a pour fonctions principales de coordonner, d’arbitrer, d’organiser
et de prendre du recul sur le travail de l’équipe. Pour qu’elle soit le plus efficace
possible, il est indispensable qu’elle ait un chef, cela permet en cas de problème
d’avoir une personne référent et de ne pas se disperser sans trouver le bon
interlocuteur. Celui-ci ne doit toutefois pas être le seul individu à intervenir dans la
prise de décision du groupe. Les équipiers doivent pouvoir faire preuve d’une
certaine liberté d’action dans les missions qui leur sont confiées. Il semble toutefois
nécessaire qu’une personne intervienne lorsqu’une décision doit être prise
rapidement.
14
En effet le leader doit pouvoir, grâce au recul sur le travail et la connaissance de
l’équipe, faire preuve dans certains cas de rapidité d’action. Dans les métiers du
service comme celui de la restauration, le personnel est en contact direct avec le
client et lors d’éventuel problème il est indispensable qu’une décision soit prise
immédiatement afin de démontrer à la personne sa prise en considération.
Cependant comme dit précédemment ce leader ne doit pas être le seul détenteur du
pouvoir. Afin de créer une dynamique collective il faut accepter que celui-ci se
répartisse sur l’ensemble de l’équipe. Son autorité doit être fondée sur la
coordination du groupe. Le leadership est ainsi réparti entre les membres qui
désirent partager leur énergie et qui veulent l’insuffler au groupe tout entier et non
pas le laisser au seul chef ;
Cette fonction permet de centrer l’équipe sur un but afin qu’elle se focalise sur une action
précise et soit la plus performante possible.
5
PICHON Paul. Marketing : Les objectifs SMART. Cours de M1 MHR, département ISTHIA, Université de
Toulouse le Mirail II, 2013.
15
Grâce à cette focalisation sur l’objectif, l’équipe ne se disperse pas et sait ce que l’on
attend d’elle. Les équipiers peuvent ainsi tout mettre en œuvre pour l’atteindre.
6
Projet Icône. Partie II- Management : L’effet Kignelman (la paresse sociale) [en ligne].Disponible sur : <
projeticone.fr/actualites/management-leffet-ringelmann-la-paresse-sociale-2013-11-08-090100>. (Consulté le
10-02-2014).
16
TABLEAU 1 : TABLEAU D’ÉVOLUTION DES EFFORTS EN FONCTION DU
7
NOMBRE D’INDIVIDUS DANS UNE ÉQUIPE .
Nombre de personnes 1 2 3 4 5 6 7 8
Efforts fournis
individuellement 100% 93% 85% 77% 70% 63% 56% 49%
Ce principe de coaction, travail à plusieurs, démontre ici son efficacité puisque en groupe
les fourmis travaillent plus rapidement et avec un meilleur rendement. On peut donc en
conclure que le travail en équipe stimule les individus ce qui leur permet d’être plus
efficace. Cependant comme l’évoque Monsieur O.Devillard dans son ouvrage (2008, p.35),
la coaction peut aussi être un frein notamment dans une situation d’apprentissage et elle
n’est enrichissante que pour des actions déterminées en un temps restreint. Le but est donc
de stimuler la mobilisation individuelle des équipiers afin qu’ils travaillent de manière plus
efficace, puisqu’ils se motivent les uns les autres pour obtenir un résultat global efficient.
Cela leur procure d’une part une satisfaction personnelle mais aussi collective.
7
Tableau issu de Projet Icône. Partie II- Management : L’effet Ringelmann (la paresse sociale) [en
ligne].Disponible sur : <projeticone.fr/actualites/management-leffet-ringelmann-la-paresse-sociale-2013-11-
08-090100 >. (Consulté le 10-02-2014).
17
Ces quatre fonctions sont considérées comme vitales dans une équipe. Elles permettent de
créer un effet dynamique ce qui est le propre d’une équipe. Ces fonctions, si elles sont
appliquées, permettent de faire de la somme des individus constituant l’équipe une seule et
même entité œuvrant collectivement vers un même but de façon cohérente et efficace.
Le principe est simple, le but est que les membres de l’équipe ne parlent plus avec des “je ”
mais bien avec des “ nous ” quel que soit le contexte.
Premièrement il faut que les collaborateurs se côtoient, se voient. James Loomis a montré
en 1967, dans la théorie des jeux8, que les attitudes étaient différentes si les personnes se
voyaient ou non. En effet les résultats ont mis en évidence que lorsque les individus ne
peuvent ni se voir ni s’entendre, la dimension de compétition, de rivalité entre en jeux.
Ainsi les personnes sont plus enclines à la trahison et se considèrent comme des
concurrents. Toutefois Loomis a aussi démontré qu’à l’inverse, si les personnes pouvaient
se voir, s’entendre, un phénomène d’entraide apparaissait.
8
CHADOURNE Nadia. Sociologie des organisations : Formation de Sociologie des Organisations. Cours de
Master1 MHR, département ISTHIA, Université de Toulouse le Mirail II, 2013.
18
Donc les relations directes entre les équipiers favorisent ce sentiment de cohésion,
d’appartenance et introduisent un intérêt commun sans méfiance vis-à-vis de l’autre.
Ces interactions entre les membres passent aussi bien par la communication verbale que
non verbale. En effet, comme le souligne l’auteur Roger Mucchielli dans son livre (2012,
p.54-55), « l’intercompréhension dans l’équipe ne se fonde pas seulement sur la
communication verbale. La perception des mimiques, des attitudes, des esquisses de
mouvements, renseigne les coéquipiers sur les intentions ou les réactions de chacun.»
Ainsi cette intercompréhension entre les membres de l’équipe vient appuyer le fait que
pour ce faire, les personnes doivent se connaître un minimum et s’intéresser à autrui.
Le besoin de sécurité ;
Le besoin de communiquer ;
9
MVENG MINKOULOU Gaston Yves. Fidélisation du personnel et performance de l’entreprise. Université
deYaoundéII, 2004/2005. [Enligne]Disponible sur :< http://urlz.fr/jFn>.(Consulté le 20-11-2013)
19
Cette appartenance permet aux individus de ne plus se concentrer que sur eux-mêmes, sur
leur réussite et leurs intérêts personnels. S’ils adhèrent au groupe alors ils seront capables
de donner aux autres, de participer à la réalisation des besoins de ses coéquipiers en faisant
partager ses compétences, ses expériences. Ce principe s’appelle la décentration qui
s’oppose au centrisme. Il permet à la personne de comprendre les autres, leurs points de
vue, leur pensée, leur vécu. Jean William Fritz Piaget pensait que ce principe était le
fondement du développement social et cognitif de l’individu10.
Cette cohésion, cette entente entre les membres, entraîne ce que l’on appelle « l’esprit
d’équipe ». Comme l’écrit Olivier Devillard, (2005, p.99) ce terme est synonyme
d’initiatives et de responsabilités. C’est un état d’esprit qui va au-delà de la dimension
collective.
Selon Roger Mucchielli (2012, p.67-68) quatre commandements sont nécessaires pour
avoir cet état d’esprit :
la solidarité d’équipe : les membres se soutiennent, sont solidaires entre eux. Quelles
que soient les circonstances, ils restent soudés et une personne ne doit pas être mise à
l’écart ;
10
Relation sociale- Tec fa. [En ligne]. Disponible sur : <http://tecfa.unige.ch/tecfa/research/humanities/aids-
video/peraya/relation-sociale.html>. (Consulté le 01-02-2014).
20
De nos jours, le travail en équipe est de plus en plus courant notamment via le management
situationnel11, ce qui permet au manager de s’adapter en fonction de la situation et de la
personne qu’il a en face de lui. Grâce aux différents éléments énoncés ci-dessus, il semble
clair que le travail en équipe n’est pas quelque chose d’innée et de facile. Il faut que
l’organisation prenne conscience des différents éléments qui composent une équipe et lui
fournisse les outils nécessaires afin qu’elle soit véritablement efficace. La gestion des
ressources humaines d’une entreprise est une des fonctions clés. Ainsi elle doit être adaptée
au fonctionnement de l’organisation et de ses collaborateurs. Il apparaît que la formation
d’équipe est un moyen d’action collectif performant puisque les collaborateurs allient leur
savoir dans un but commun .Pour Olivier Devillard (2005, p8-9) l’équipe est un « système
à la fois humain et opérationnel, une équipe constitue en elle-même un moyen d’efficacité
et de performance ».
11
CHADOURNE Nadia. Sociologie des organisations : Formation de Sociologie des Organisations. Cours de
Master1 MHR, département ISTHIA, Université de Toulouse le Mirail II, 2013
21
Chapitre 2. L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE
A la lecture de différents ouvrages sur la question du travail en équipe et de ses
fondements, le terme de l’intelligence émotionnelle revenait de façon récurrente dans les
documents récents. Après avoir lu certains articles, il est apparut que ces deux notions
n’étaient pas si éloignées l’une de l’autre. En effet certaines caractéristiques du travail
d’équipe se retrouvaient dans celles de l’IE, c’est pourquoi il m’a semblé intéressant
d’approfondir ce concept afin d’essayer d’établir une corrélation entre ces deux termes
dans la suite de ce mémoire.
Le terme intelligence quant à lui, vient aussi de deux termes latins, à savoir « inter » et «
legerer » signifiant « entre » et « lier ». Le principe de l’intelligence est donc de savoir
utiliser des éléments en les liants entre eux.
22
2.1.2. Définitions de l’intelligence émotionnelle :
La première définition de l’intelligence émotionnelle (IE) est assez récente puisqu’elle a
été écrite en 1990 par Peter Salovey et John Mayer. Cependant il semblerait que ce sujet ait
été abordé en amont par quelques auteurs comme Thorndike en 1920 ou encore Wechsler
en 1940 bien qu’ils n’aient pas définit l’IE de façon précise. Pour ces deux universitaires
américains, spécialistes en psychologie l’IE peut être définie de la manière suivante 12:
L’un des auteurs qui a démocratisé ce terme d’intelligence émotionnelle est Daniel
Goleman grâce à son livre paru en 1995 « Intelligence émotionnelle ». Il semble donc
intéressant d’introduire sa définition en la comparant à celle des deux auteurs cités
précédemment. Il l’a définit comme « la capacité de reconnaître nos propres sentiments et
ceux des autres pour nous motiver, et pour la gestion des émotions et en nous-mêmes et
dans nos relations ».
On remarque que ces deux interprétations se rejoignent et intègrent les mêmes fondements.
C’est pourquoi nous pouvons en déduire que le principe de l’intelligence émotionnelle est
de savoir identifier les différentes émotions que nous ressentons afin de pouvoir les
comprendre, les réguler et les utiliser de manière pertinente, que ce soit dans un contexte
personnel ou collectif. L’IE n’a donc pas qu’une dimension personnelle puisqu’elle
permet aussi la reconnaissance et l’identification des émotions d’autrui afin de faciliter la
compréhension, la discussion et tempérer les réactions des individus avec lesquels la
personne est en contact.
12
Université de Toulouse le Mirail. Intelligence émotionnelle [en ligne]. Disponible sur :<
http://bit.ly/OXgdVs>. (Consulté le 12-12-2013).
23
2.2. Identification des différentes fonctions de l’Intelligence
émotionnelle.
Pour ces deux auteurs, l’IE a quatre grandes dimensions, toutes liées aux émotions, c’est ce
qu’ils appellent les quatre branches. Ces dimensions permettent premièrement à l’individu
d’être conscient de l’information émotionnelle, de la percevoir, sans forcément la
comprendre puis dans un second temps de la comprendre et de gérer cette émotion.
13
STYS Yvonne, BROWN Shelley. Étude de la documentation sur l’intelligence émotionnelle et ses
conséquences en milieu correctionnel, 2004, n° R-150. Disponible sur : < http://www.csc-
scc.gc.ca/recherche/r150-fra.shtml>. (Consulté le 12-11-13).
24
Dans ce schéma les auteurs classent les quatre branches en fonction de leurs difficultés
d’atteinte. Ainsi la perception des émotions, classée en première est la plus facile à
assimiler contrairement à la gestion de ses émotions qui elle, est la plus ardue à acquérir.
Chaque branche atteinte par une personne aura des conséquences sur la gestion et la
compréhension de ses émotions c’est-à-dire une manifestation interne mais aussi par la
suite une expression externe via ses actions, sa manière de réagir ou de parler par exemple.
Les émotions prises en compte ne sont pas seulement celles de la personne, mais aussi
celles des individus avec qui elle est en contact notamment dans le milieu du travail.
25
Une fois ce niveau atteint, les relations sociales sont facilitées du fait de l’aptitude à
appréhender les réactions des personnes que l’on côtoie. Ainsi dans un groupe, cela facilite
la cohésion, en renforçant les liens entres les membres qui se sentent compris et intégrés.
Ces deux niveaux ne peuvent être atteint que si l’individu possède, acquiert certaines
compétences. Selon les auteurs, ses compétences ne sont pas les mêmes et les avis
divergent. Cependant certaines sont communes à tous.
Les quatre formes étudiées afin de réaliser le schéma ci-dessous sont les suivantes :
26
FIGURE 2 : LES COMPÉTENCES RELATIVES À L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE.
27
A la suite de la lecture de ce schéma, sept compétences relatives à l’IE ont été identifiées.
Comme nous l’avons déjà souligné, deux niveaux se distinguent. Premièrement le degré
intra personnel, formé de quatre aptitudes et le degré interpersonnel qui lui en comporte
trois. Celles-ci, si elles sont acquises permettent à la personne de bénéficier de toutes les
caractéristiques et avantages que cette forme d’intelligence peut offrir. C’est pourquoi si la
personne souhaite l’acquérir, elle devra obligatoirement travailler sur ces deux points en
parallèle et ne pas se contenter d’un seul.
la fidélité du personnel ;
la motivation au travail ;
la performance au travail ;
le travail en équipe.
Cette définition est récente et ses caractéristiques n’ont pas toujours été les mêmes.
28
En effet si nous reprenons l’idée de Taylor, la motivation au travail était principalement
d’ordre financier et personnel. Au cours des années, il est apparut que ce constat était
quelque peu erroné et que cela ne suffisait pas à légitimer l’envie de travailler.
De nos jours, les émotions prennent une grande place dans le comportement qu’une
personne a sur son lieu d’activité, comme le montre les nouvelles pratiques en ressources
humaines ou encore en management. Or l’IE comme nous l’avons évoqué précédemment,
joue sur la reconnaissance des émotions. Une corrélation entre celles-ci et les besoins a été
établie. Généralement, la motivation initiale des individus se trouve dans la recherche du
plaisir et de l’épanouissement personnel. Au travail, un nouveau défi entraîne un élan de
motivation considérable et l’individu cherche à mettre tous les moyens à sa disposition afin
d’atteindre l’objectif qu’on lui a fixé. Cependant les différentes étapes du travail ne se
déroulent pas toujours comme on l’aurait souhaité. Ces difficultés font surgir des émotions
négatives comme la perte de confiance en soi, en ses capacités ou le découragement. L’un
des rôles de l’intelligence émotionnelle est de prendre en considération ces émotions
indésirables afin de pouvoir les contourner. En effet si la personne est consciente des
problèmes qu’elle rencontre et des effets qu’ils produisent sur elle, elle pourra faire en
sorte de se recentrer sur les aspects positifs des tâches qu’elle réalise et opérer une
autorégulation dans son comportement. Ainsi le plaisir de la réalisation de son travail et
toutes les formes qui en résultent (estime de soi, fierté, épanouissement personnel…)
prendront le dessus et permettront à l’individu de persévérer dans la recherche du plaisir.
L’intelligence émotionnelle est donc une des réponses possible à la motivation des
employés dans l’entreprise.
14
MVENG MINKOULOU Gaston Yves. Fidélisation du personnel et performance de l’entreprise.
Université deYaoundéII, 2004/2005. [Enligne]Disponible sur :< http://urlz.fr/jFn>.(Consulté le 20-11-2013)
29
2.5.3. La performance au travail :
L’intelligence émotionnelle comme nous l’avons vu dans l’un des points précédents
permet de développer son leadership. Dans le livre « les émotions, développer son
intelligence émotionnelle » (2009, p.23), il est dit que « le leadership, c’est 70%
d’intelligence émotionnelle ». Les relations que le manager d’équipe va avoir avec ses
coéquipiers est l’un des éléments central dans la performance qu’elle atteindra. Posséder
de l’IE, facilite la communication, la motivation, la gestion des conflits et l’intérêt porté à
autrui. Or si l’environnement au travail est favorable, les personnes ont davantage
tendance à s’investir et à donner le meilleur d’elles-mêmes en favorisant l’entraide et le
travail d’équipe.
30
Chapitre 3. UN CAS SPÉCIFIQUE : LE MANAGEMENT DES
SERVICES EN RESTAURATION :
Dans le domaine professionnel, l’hôtellerie restauration est un secteur qui recrute
fortement et ce depuis de nombreuses années. En effet il y a une pénurie de main d’œuvre
puisque l’offre est supérieure à la demande. De plus dans ce secteur de la restauration, le
turnover est important puisqu’il représente en moyenne 27 % (en France) contre une
moyenne de 12%15 dans ce secteur. Le métier de cuisinier est particulièrement touché
puisque en 2011, le turnover représentait 106% contre une moyenne nationale de 56%
pour les autres secteurs.16
19,90%
14%
13%
10%
8,50%
6%
5% 5% 5,30%
15
AMOSSE Thomas. Interne ou externe, deux visages de la mobilité professionnelle. INSEE Première.
Septembre 2003, n°921, p.10. [En ligne]. Disponible sur : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ip921.pdf
16
Les mouvements de main d’œuvre en 2011 : une rotation élevée dans le tertiaire. Dares Analyses,
Septembre 2012, n°056, p.5 [en ligne]. Disponible sur : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2012-056.pdf.
(Consulté le 13-03-2014).
31
On trouve le nombre le plus important de postes à pourvoir dans la restauration, que ce
soit dans le service ou la production culinaire. En effet celles-ci représentent “environ les
trois quarts (71,2%) des offres collectées”17.
Lors de mes différents stages, j’ai pu remarquer que les entreprises rencontraient des
difficultés dans le recrutement de leur personnel. Les établissements ont de plus en plus de
mal à trouver des candidats répondants à leurs critères de sélection. On peut expliquer ce
déficit de candidatures par la mauvaise portée sur la restauration. Elle est représentée
comme un métier difficile, fatiguant où le stress et la pression sont omniprésents. De plus
avec la forte concurrence de ce secteur, l’atteinte de résultats est primordiale pour les
organisations qui n’hésitent pas à le souligner auprès de leurs collaborateurs.
17
Pôle Emploi. Portrait statistique du secteur Hôtellerie-Restauration et ses métiers. Avril 2013. [En ligne].
Disponible sur :< http://urlz.fr/jFq>.(consulté le 14-03-2013).
18
Ibid.
32
Dans ce secteur, l’âge moyen est de 34,6 ans. Les salariés de la restauration sont plus
jeunes que les salariés de l’hébergement (33,9 ans contre 36,9 ans).
Il semble donc que la connaissance de son personnel soit une notion à intégrer au sein des
organisations de restauration puisque ce qui est fourni au client est un “service”.
33
Partie2. PRINCIPES D'ANALYSE
GÉNÉRATIONNELLE APPLIQUÉS EN
RESTAURATION.
34
Aujourd’hui, via les nouvelles méthodes de management et notamment celle de la gestion
des équipes, il apparaît que la connaissance de son personnel est une notion à intégrer dans
le secteur des services. Cette perception, dans un marché très concurrentiel comme la
restauration peut permettre aux entreprises d’améliorer leurs résultats. Il apparaît que les
aspirations des collaborateurs changent au fil des ans et que les structures doivent s’y
adapter en termes d’organisation et de management. En effet cela peut influer sur la
fidélisation du personnel, la qualité du service et l’ambiance de travail, en autre. Comme
nous l’avons déjà mentionné, de nos jours plusieurs générations se côtoient au travail. Face
à ce constat, nous pouvons faire face à certaines interrogations :
C’est pourquoi dans cette partie et la suivante, nous allons essayer d’apporter des éléments
de réponses à ces hypothèses.
35
Chapitre 1. LES GÉNÉRATIONS
Depuis une dizaine d’années, les recherches menées dans le contexte générationnel ont
connu un immense engouement. Cela peut s’expliquer par le fait que dans notre société, les
générations représentent des enjeux importants. En effet les différences de comportements,
le vieillissement de la population et le souci de l’emploi sont des questionnements actuels
récurrents19. De nos jours, le seul endroit où toutes les générations se côtoient de manière
durable sans véritable choix de leur part est l’entreprise. Dans ce contexte professionnel,
elles ne décident pas qui seront leurs collaborateurs de travail ni même l’âge de ceux-ci,
ces variables sont aléatoires et impossible à définir à l’avance pour le salarié. C’est
pourquoi, il semble intéressant d’étudier quels sont les comportements des différentes
générations dans un contexte organisationnel. Dans un souci de cadrage et de cohérence,
l’application des différents éléments énoncés se fera dans le domaine de la restauration.
Avant de commencer à traiter ce champ d’étude, un retour sur la notion de génération et
ses caractéristiques paraît important pour pouvoir comprendre les différences ou les
similitudes qu’elles partagent.
19
CLAVERIE Bruno. Économie touristique internationale : L’économie générationnelle. Cours de Master 1
MHR, département ISTHIA, Université de Toulouse le Mirail, 2O13.
20
Claudine ATTIAS-DONFUT et Philippe DAVEAU. Autour du mot « génération » .Recherche et
formation, 2004, n°45, p101 [en ligne]. Disponible sur :< http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-
electronique/recherche-et-formation/RR045-08>. (Consulté le 04-01-2014).
36
1.2. Les disparités dans la classification des générations
Du fait de nombreuses études et recherches réalisées sur ce sujet, les écrits psychologiques
et littéraires laissent apparaître plusieurs disparités dans la classification ou dans les
caractéristiques propres à chaque génération.
Ainsi d’après DJABI Mélia et SAKURA Shimada (2012, p.14-15) les générations peuvent
être étudiées sous trois axes différents :
En définitif cette idée intègre dans une génération les êtres humains ayant connu un
phénomène similaire à un âge analogue. Deux historiens américains, William STRAUSS
et Neil HOWE (1991) ont été les premiers à utiliser ce terme de “cohorte sociétale” pour
caractériser les différentes générations.
Dans celui-ci, ils utilisent les termes suivants afin de différencier les groupes d’individus :
“les artistes”, “les prophètes”, “les nomades”, “les héros”22.
21
DJABI Mélia et SAKURA Shimada. La notion de génération en organisation : Un état des lieux,
Le Dauphine Paris, 2012, 25p. [En ligne].Disponible sur< www.Université-Paris-Dauphine.com>.
(Consultéle10-10-2013).
22
Anonyme. Le cycle des générations. Générations, quand les cultures se rencontrent sur le lieu de travail.
[En ligne]. Disponible sur :< http://www.generationy20.com/le-cycle-des-generations>. (Consulté le 04-02-
2014).
37
Actuellement en France ces termes ont été remplacés par d’autres plus connus de tous à
savoir : “les vétérans», «les baby boomers”, “la génération X”,”la génération Y” et “la
génération Z” (bien que celle-ci ne soit apparut que récemment).
Cette prémisse, et les exemples qui sont mentionnés ne sont pas exhaustifs du fait de
l’importance des recherches et des définitions qui entourent ce sujet. Cependant il m’a
semblé nécessaire de réaliser une approche bien qu’elle soit généraliste, des différentes
classifications et de leurs contenus afin d’éclaircir les points clés du contexte générationnel
et de pouvoir se focaliser prochainement sur l’une d’entre elles.
En définitif, ces trois grandes catégories, représentent une classification non homogène des
générations. Les chercheurs, n’ayant pas retenu les mêmes critères, il semble difficile
d’établir une corrélation entre ces différents points de vue. Cependant, il convient de
souligner que quelque soit l’interprétation de la génération, la temporalité joue un rôle
central dans les trois catégories. Ces différences, font qu’un lien entre ces trois types
d’interprétation semble incohérent, comme l’a démontré, Claudine Attias-Donfut
sociologue.
38
Pour elle, il semble que « la tentative d’isoler ces trois effets est non seulement
impossible, mais également insensée. La catégorie d’âge n’a de sens que par rapport à des
normes sociales d’une période donnée »23. L’idée générale est donc qu’étant donné la
multitude de choix de facteurs possibles, les éléments étudiés ne sont pas extrapolables
dans une seule et même étude. Cela serait d’une part difficilement lisible, non représentatif
et nécessiterait une synthétisation quasi impossible.
A contrario, certains auteurs ne soutiennent pas ce point de vue et tentent de prouver que
ces éléments peuvent être liés. Cette hypothèse a amené le modèle dit APC (Age, Period,
Cohort).Cette méthode consiste à estimer l’impact que ces trois éléments ont sur les
individus de manière individuelle et sur un même phénomène. Bien que ces trois critères
soient analysés seuls, il existerait un lien qui pourrait expliquer certains faits. Ainsi grâce à
ceux-ci il serait possible d’expliquer par des effets d’âge, de période et de cohorte,
l’évolution des personnes et permettrait une classification nouvelle. Cependant, à l’heure
actuelle il n’existe encore aucune preuve de cette inter relation. C’est pourquoi nous ne
retiendrons pas cette idée dans la suite de cet écrit.
Grâce aux différents éléments apportés dans ce chapitre, nous pouvons dire, qu’une
classification homogène des générations n’est pas possible. En effet tout dépend du type de
classification que nous choisissons et il n’existe pas de classement classique, universel. Par
conséquent nous pouvons réfuter la première hypothèse énoncée dans l’introduction de
cette partie :
Hypothèse 1 : Il faut avoir une approche classique, neutre des générations afin de
pouvoir les catégoriser de manière homogène.
Dans la suite de cet exercice de recherche, sera retenue la classification dite de “cohorte
sociétale”. En effet il a semblé, que celle-ci soit la plus intéressante et la plus complexe car
deux facteurs principaux ont été retenus dans cette recherche. De plus cette classification,
semble la plus parlante, la plus ancrée dans les mœurs et la plus pertinente notamment dans
le domaine professionnel.
23
DJABI Mélia et SAKURA Shimada. La notion de génération en organisation : Un état des
lieux, Le Dauphine Paris, 2012, 25p. [En ligne]. Disponible sur< www.Université-Paris-
Dauphine.com>. (Consulté le 10-10-2013).
39
Chapitre 2. LA GÉNÉRATION COMME COHORTE SOCIÉTALE :
A noter que deux possibilités en termes de nom, sont possibles. Il existe en effet une
terminologie européenne et une américaine.
Pour illustrer ce propos, une approche chrono dynamique des générations est la plus
parlante.
24
CLAVERIE Bruno. Économie touristique internationale : L’économie générationnelle. Cours de Master 1
MHR, département ISTHIA, Université de Toulouse le Mirail II, 2013.
40
TABLEAU 4 : ANALYSE DES COMPORTEMENTS GÉNÉRATIONNELS :
Générations Caractéristiques
Comportement : réfractaire au changement, respect des valeurs traditionnelles, respect des autorités.
Aspirations au travail : Aime les consignes claires et précises, favorise le style directif et la discipline militaire. Loyauté quasi inconditionnelle à
l’organisation, relations formelles.
Comportement : Grande importance du travail et de la réussite : professionnelle, sociale et matérielle, connaît le plein emploi, estime de soi et vision
positive de la société. Attitude professionnelle : Favorise la communication et le travail individuel. Respect de la hiérarchie et loyauté, fait preuve d’une
grande conscience professionnelle. A du mal à s’adapter aux changements dans le contexte professionnel.
Aspirations au travail : Soucieux de ses relations avec son employeur, respect des autres et de leur travail, recherche de la réussite professionnelle.
41
X/ Situation temporelle : Chute du mur de Berlin, Tchernobyl, sida, crise de l’emploi.
thirteeners
Valeurs : Famille, scepticisme vis-à-vis de l’avenir.
Comportement : recherche un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, centré sur ses besoins, individualiste.
Attitude professionnelle : Le travail n’est pas toute leur vie mais ils sont compétents et justes, critiquent et remettent en cause l’autorité, peu de loyauté
envers les organisations, recherchent de la gratification immédiate. Savent s’adapter aux situations et aux changements professionnels même si cela n’est
pas inné.
Aspirations au travail : concilier travail et famille, recherche de défi professionnel, gravir les échelons, importance des résultats.
Comportement : Recherche le développement personnel avant tout, niveau de scolarité élevé, maîtrise de l’informatique et des nouvelles technologies,
désire “tout et tout de suite”.
Attitude professionnelle : Fait passer le travail au second plan, aime le travail collectif, aime connaître le sens de ses actions, non réfractaire au
changement, multitâche, respecte les compétences et non pas le statut. Grande adaptabilité aux changements.
Aspirations au travail : Rapport courtois avec l’autorité, relation donnant/donnant, préfère les missions sur le court terme pour s’impliquer pleinement,
travail adapté à leurs horaires et leurs contraintes personnelles, veut gravir les échelons très rapidement
42
A noter que les informations présentes dans ce tableau et dans la suite de cette partie ne
sont que la résultante de données scientifiques théoriques et ne sont pas exhaustives.
Afin de tenter d’apporter des éléments de réponses à cette question, nous allons dans un
premier temps définir quelle vision du travail ont ces trois générations.
43
Ils désirent gravir les échelons afin d’avoir des postes à responsabilités tout en ayant une
vie de famille.
La génération Y : Les jeunes travailleurs, ont une vision dite “polycentrique” de leur vie.
Ils ont une vision de la vie et des valeurs qui portent sur plusieurs centres d’intérêts : la
famille, le travail, les loisirs, les relations sociales etc.…
La perception et le rôle que l’emploi a dans la vie des individus n’est pas la même pour
tous. Ainsi si les entreprises veulent garder leur personnel et diminuer l’importance du
turn over dans le secteur de la restauration, ne doivent-elles pas analyser les besoins de
leurs salariés et tenter d’y répondre ?
44
Besoins Génération Génération X Génération Y
silencieuse
1 Physiologiques Besoin universel Besoin universel Besoin universel
2 Sécurité Sa sécurité est Très fort besoin de Sa sécurité est peu
globalement assurée sécurité, il doit importante, il se croit
(puisque si il reste assurer le niveau de employable du fait de
en poste son salaire vie de sa famille. son niveau d’étude et
est assuré) recherche avant tout du
sens dans son travail.
3 D’appartenance Très fort sentiment Peu élevé dans cette Contrairement aux
d’appartenance à génération car il ne deux autres générations
l’entreprise qui croit pas à la son besoin
l’emploie, il a sécurité de l’emploi. d’appartenance n’est
confiance en celle-ci pas lié à l’entreprise
et lui est loyal. mais au réseau social.
4 Estime de soi N’a plus rien à Veut acquérir de Se pense compétent du
prouver dans nouvelles fait de son niveau
l’entreprise, il a compétences et est d’étude et de sa
démontré ses prêt à relever des maîtrise des nouvelles
compétences tout au défis. Cela technologies. Il
long de sa carrière. s’explique par le fait souhaite tout comme
Il a cependant qu’il est conscient ses aînés avoir une
besoin que ses d’être « le futur meilleure
collaborateurs le travailleur âgé » et reconnaissance de ses
reconnaissent et souhaite donc un capacités.
estime de pas avoir allongement de la
assez de vie active.
reconnaissance.
5 De se réaliser Sa carrière est déjà Fort besoin de Besoin de se réaliser
faite et généralement réaliser sa carrière par tous les moyens
occupe les postes les reste encore à faire (importance du
plus élevés dans la pour la plupart. développement
hiérarchie. personnel).
45
On remarque, suite à la transposition de la pyramide des besoins de Maslow, dans les
différents besoins générationnels, de nombreuses disparités. D’après certaines études, les
chercheurs ont démontré que les personnes n’avaient pas conscience d’appartenir à une
génération ou à une autre. L’absence de ce sentiment d’appartenance ne permet pas de
constituer comme le dit Karl Mannheim (2005) une “unité générationnelle”25. D’autres
éléments tels que le grade, le métier exercé, le type de management ou l’organisation de
l’entreprise seraient autant de facteurs plus déterminants dans la distinction qu’ont les
salariés les uns des autres. Cependant nous pouvons faire le constat, que les aspirations
varient d’une génération à l’autre et qu’elles ne sont pas en attente des mêmes choses.
C’est pourquoi l’hypothèse que nous avions émise précédemment à savoir que les
aspirations ne variaient pas en fonction de la notion de génération est inexacte. Notre
réponse est cependant à nuancer car il semble que ce ne soit pas la seule raison et que les
individus d’une même génération peuvent avoir des disparités quant à celles-ci.
Ces différences de besoins entraînent des comportements distincts entre chaque génération
au sein de l’entreprise notamment, dans la relation qu’elles entretiennent avec leur
hiérarchie.
La génération silencieuse respecte la position définie dans l’organigramme quelle que soit
sa position (manager ou subordonné).
25
IAE Lyon. Dossier de presse (3 Novembre 2009) Enquête RH : l’intégration de la génération Y en entreprise
aujourd’hui : enjeux, opportunités, obstacles. 2009, 15p. [En ligne] Disponible sur <http://iae.univ-
lyon3.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils. ID_FICHIER=1290696665427>. (Consulté le 23-12-2013)
46
Elle accepte et se soustrait aux ordres sans négocier, sans discuter. Pour elle, les individus
doivent respecter leur place au sein de l’organisation. Cette génération est adepte du
système dit vertical :
Supérieur
hiérarchique
Respect de l’ordre
donné par sa hiérarchie
et de la place dans
Subordonné l’organigramme
Supérieur Subordonné
hiérarchique
Donnant-
donnant
47
Cette relation, la génération silencieuse et parfois même la X, la perçoit comme un
manque de respect, une insubordination. C’est à partir de cette incompréhension que des
tensions peuvent survenir dans l’organisation. En effet, la génération la plus ancienne ne
comprend pas que ses nouveaux arrivants portent plus d’attention aux compétences plutôt
qu’à une position hiérarchique. En soit, elle est capable de respecter l’autorité seulement
de la même manière que les anciennes générations.
La génération qui lui succède, elle, a voulu supprimer certains de ces maillons, afin d’avoir
plus de proximité et supprimer les intermédiaires. Dans cette logique organisationnelle, en
gardant le même exemple que précédemment, elle ira directement s’adresser au chef de la
restauration.
Comme nous l’avons énoncé au début de cette partie, toutes les informations données ne
sont que le fruit d’une recherche littéraire. C’est pourquoi, il semble intéressant de
confronter ces indications avec la réalité du monde professionnel.
48
2.3. Entre théorie et réalité :
Nous allons dans cette partie essayer de mettre en relief les éléments théoriques présentés
dans la première partie de ce chapitre et des comportements concrets vécus au sein d’une
organisation. Nous prendrons appui sur les résultats d’une comparaison plurifactorielle et
qualitative, de deux générations de salariés, réalisée par Bruno et Florence Abrioux (2012)
“ Comment nuancer l’approche générationnelle des attitudes au travail ?”.
Celle-ci propose une double approche, à la fois qualitative et quantitative, réalisée sur
quatre années afin de mesurer la corrélation entre les attitudes et les différences
générationnelles des individus.
Cette essai de corrélation entre théorie et réalité ne sera appliqué que sur la génération X
et Y du fait de l’absence de prise en considération de la génération silencieuse dans cette
recherche.
L’échantillon quant à lui est constitué de 42 salariés d’une même entreprise. Afin de
donner de la lisibilité aux résultats, ils ont décidé de mettre en place des indicateurs
permettant de situer chaque personne de l’échantillon sur une échelle de 1 à 3. Ces
indicateurs se veulent les plus objectifs possible et ont été utilisés « pendant une période
de quatre ans pour noter leur stabilité »26. Dans cette mesure 1 est considéré comme
secondaire et 3 comme très important.
26
ABRIOUX Florence et ABRIOUX Bruno. Comment nuancer l'approche générationnelle des attitudes au
travail : comparaison plurifactorielle et qualitative de deux générations de salariés d'une entreprise
multinationale.
49
2.3.2. Résultat et confrontation des deux recherches :
Adaptabilité au changement
En théorie : D’après les différents écrits, une différence d’adaptabilité apparaît entre ces
deux générations. De par le contexte économique et sociétal, la génération Y aurait une
plus grande capacité d’acclimatation et le changement ne serait pour elle qu’une formalité.
A contrario, la génération X, bien qu’elle sache s’y soumettre, aurait plus de mal à
s’adapter aux différentes situations professionnelles.
En réalité :
Génération Y Génération X
2,8 2,5
Conclusion : Les résultats de la recherche, viennent confirmer ces théories bien que la
différence entre les générations ne soit pas flagrante.
La loyauté à l’entreprise
En réalité :
Génération Y Génération X
2, 3 2,63
Conclusion : Ici la réalité vient infirmer les écrits, et les résultats démontrent une loyauté
des deux générations envers leur entreprise.
50
Le respect de la hiérarchie
En théorie : La génération X, de par son vécu et le système organisationnel qu’elle a connu
depuis son entrée sur le marché du travail, respecte ses supérieurs. La génération Y quant
à elle ne respecte pas la hiérarchie mais porte plus d’intérêt aux compétences.
En réalité :
Génération Y Génération X
2 2,63
L’ambiance
En théorie : Les générations apportent une grande importance au climat social qui règne au
sein de leur établissement.
En pratique :
Génération Y Génération X
2,5 1,81
Conclusion : Ici il semblerait que la théorie n’ait raison que concernant la génération Y
puisque pour les X, l’ambiance reste un point secondaire.
L’indépendance au travail
En théorie : les Y seraient plus spontanés et auraient une prise d’initiative importante. Les
X eux, auraient plus tendance à suivre les ordres que leur donne leur hiérarchie sans réelle
prise d’initiative.
En réalité :
Génération Y Génération X
2,7 1,97
En conclusion : Sur ce dernier point, les résultats corroborent les écrits et confèrent à la
jeune génération une plus grande liberté d’action dans son travail et ce de manière
autonome.
51
L’équilibre vie professionnelle/ vie privée
En réalité : Les résultats obtenus n’ont pas été communiqués mais l’analyse suivante en a
été faite : « C’est un critère qui ne fait pas consensus dans la littérature, mais la génération
Y est plus souvent donnée comme privilégiant les loisirs et les amis, parfois même comme
peu investie dans le travail.»27
L’impatience
En théorie : La génération Y est décrite comme très impatiente voulant tout, tout de suite,
trait ne caractérisant pas son ainée.
Génération Y Génération X
2,4 1,53
D’après les résultats de l’étude menée par Florence et Bruno Abrioux (2012), il semblerait
que les écrits rejoignent bien la réalité des entreprises. Il apparaît toutefois que
l’importance accordée à l’ambiance de travail pour la génération X ne soit pas aussi élevée
que ce que les écrits le laissent à penser. Même si ces résultats, semblent être en accord
avec ce que nous avons démontré précédemment, ils sont cependant à nuancer et ne
peuvent constituer une preuve irréfutable et universelle quant à la description des
comportements générationnels En effet, d’après cette étude, il est à noter que les
changements d’attitudes peuvent être influencés par des facteurs extérieurs ou
l’organisation de la structure elle-même. Ces différences d’attitudes peuvent entraîner des
conflits dits “générationnels” au sein d’une entreprise à cause des mésententes. La vision
qu’ont les générations l’une de l’autre pourrait expliquer certains de ces malentendus.
27
ABRIOUX Florence et ABRIOUX Bruno. Comment nuancer l'approche générationnelle des attitudes au
travail : comparaison plurifactorielle et qualitative de deux générations de salariés d'une entreprise
multinationale.
52
2.4. Vision et représentation des générations entre elles :
L’engouement de l’étude des générations notamment par les médias, a laissé apparaître
certains stéréotypes propres à chaque génération. Comme le souligne la plupart des articles
sur la recherche générationnelle, les auteurs mettent en garde quant à leurs validités et
rappellent que ces caractéristiques doivent êtres nuancées. De plus cette représentation
stéréotypée que se font les individus les uns des autres peut être un facteur de
comportements discriminatoires et de tensions générationnelles.
Pour illustrer ces propos, nous allons nous baser sur une étude européenne réalisée par
deux sociologues, Méda et Vendramin (2010, p 11-12) afin de représenter la vision qu’ont
les générations l’une de l’autre. L’interview a fait ressortir principalement deux éléments :
L’appréciation de la motivation :
Si l’on inverse les rôles, les jeunes travailleurs considèrent que la génération silencieuse est
“blasée”, peu impliquée dans son travail puisque proche de la retraite et indifférente aux
nouveaux outils de travail.
La génération silencieuse considère que les jeunes ont eu une vie plus facile en termes
d’éducation (avec “l’enfant roi”) et en termes d’accès à la connaissance avec l’apparition
d’internet et la banalisation des études supérieures. On entend souvent dire de leur part : “
de mon temps ce n’était pas aussi facile”. Or les jeunes considèrent que dans le monde
professionnel, il était beaucoup plus simple pour leurs aînés de faire carrière et de
bénéficier d’une sécurité d’emploi donc ainsi d’assurer un certain niveau de vie à leur
famille.
Ces différences d’opinions reflètent l’image que se fait une génération d’une autre sans
véritable preuve. Cela reste des suppositions, comment connaître une époque ou un
événement de la vie s’il n’a pas été vécu. Dans les résultats de cette enquête, les deux
protagonistes font état de la banalisation “ des étiquettes générationnelles”, et expliquent
qu’il ne faut en aucun cas prendre ces caractéristiques comme vérité absolue.
53
Afin d’éviter tous malentendus liés aux générations et à la représentation que se font les
individus les uns des autres à cause d’éléments poncifs, la solution la plus simple pour les
organisations restent la connaissance de ses collègues de travail. Ainsi ils pourront
apprécier ou non la validité de ces “clichés”, et ce de manière personnelle.
D’un point de vue général et d’après les points développés dans le chapitre précédent, on
remarque que les générations entre elles ne se connaissent pas véritablement. Elles se
contentent de l’image que se fait la société de telle ou telle catégorie d’individus et se
basent sur des stéréotypes pour juger les capacités, les valeurs d’autrui. Or ce constat n’est
pas toujours véridique, et comme le dit la citation du pape Grégoire IX : “ l’habit ne fait
pas le moine”. C’est pourquoi, il pourrait être intéressant de favoriser la connaissance
qu’ont les employés de leurs collègues afin de minimiser des tensions qui parfois n’ont pas
lieu d’être. Cela pourrait être d’autant plus bénéfique pour les entreprises qui réalisent un
service, les collaborateurs étant en contact direct avec la clientèle. De bonnes relations
dans l’équipe semblent primordiales.
54
Chapitre 3. L’INTÉGRATION DE LA NOTION DE GÉNÉRATIONS
La définition du système de servuction qui a été présentée ci-dessus est simplifiée. Pour
avoir une vision complète de celui-ci, il faut aussi prendre en compte le système
d’organisation interne et les autres clients de l'entreprise de service.
28
CINOTTI Yves. Management des services. Cours de Master 1, département ISTHIA, Université Toulouse
le Mirail II, 2014
29
Ibid.
30
Ibid.
31
Ibid.
55
FIGURE 7 : LES ÉLÉMENTS FONDAMENTAUX DE LA SERVUCTION DANS LE
32
DOMAINE DE LA RESTAURATION
Comme nous l’avons déjà évoqué, le travail en équipe et son organisation sont des
opérations importantes et délicates à mettre en œuvre. Une bonne gestion de l’équipe est
souvent gage d’un service de qualité tant apprécié par les clients que par les salariés eux-
mêmes. C’est pourquoi l’un des rôles primordiaux du manager en restauration est la
gestion de ses équipes et du travail en équipe.
32
Schéma tiré du cours de CINOTTI Yves. Management des services. Cours de Master 1, département
ISTHIA, Université Toulouse le Mirail II, 2014
33
Anonyme. Le management d’aujourd’hui, définitions et concept, 2012, p. 32. [En ligne] Disponible sur
<http://medias.dunod.com/document/9782100578252/Feuilletage.pdf>. (Consulté le 03-04-2014).
56
Les différences générationnelles au sein d’une entreprise sont nombreuses et les
oppositions entres employés sont quasi inévitable. Lors de différents stages en entreprise, il
n’est pas rare d’être confronté à des conflits générationnels. Ceux-ci apparaissent souvent
dans la mésentente, la divergence d’opinion quant aux méthodes de travail. Ces conflits
peuvent entraîner une dégradation des relations au sein de l’entreprise, et influer sur la
qualité du service. En effet, la communication devient plus difficile et le travail d’équipe
moins efficace. Ces effets négatifs ne sont pas à prendre à la légère dans le domaine des
services. Le client peut observer, analyser le comportement des acteurs, et si ceux-ci
discutent ou se disputent cela peut dégrader sa vision de l’établissement et du service en
lui-même. Le consommateur, paie pour avoir un moment de plaisir, d’évasion et vivre une
expérience mais en aucun cas pour être spectateur des éventuels problèmes
organisationnels et humains de l’entreprise. Ces différences générationnelles peuvent donc
engendrer des conséquences non désirables. C’est pourquoi, il faut que l’organisation en
prenne conscience et s’y adapte.
La gestion des équipes et des individus qui la compose est donc très importante dans les
entreprises de service comme la restauration. Suite aux éléments développés ci-dessus,
l’entreprise peut, si elle les prend en compte, faire de ses différences générationnelles un
élément stratégique au sein de son organisation. En effet, prenons deux éléments
caractéristiques de la génération X et Y. Si l’entreprise arrive à allier d’une part la rigueur
des aînés et la créativité des cadets cela peut constituer un atout considérable.
De nos jours, la conduite des employés est menée par le manager, il doit ainsi prendre en
compte les singularités et les différences de chaque membre de son équipe si il veut que
son management soit efficace. Les groupes de travail sont aujourd’hui managés via le
management situationnel qui s’adapte à la fois, à la situation, et aux individus. La notion de
génération semble donc être un moyen pour le manager de prendre en compte ces
spécificités.
57
L’hypothèse que nous avions émise à savoir qu’il est nécessaire d’adapter le management
en restauration à chaque génération en fonction de leurs caractéristiques et de leurs
motivations semble trouver une réponse. En effet il apparaît que le facteur générationnel
doit être pris en compte mais pas seulement. En effet, chaque individu étant différent,
même si des marqueurs générationnels le relient aux autres, on doit intégrer la notion
d’individualité et de singularité des membres.
Le manager doit donc être capable d’adapter son style de management et son leadership en
fonction du collaborateur qu’il a en face de lui, de sa motivation, de ses besoins et de ses
compétences.34
Il doit aussi être la personne qui guide, forme et entretient un climat positif au sein de son
équipe. Son rôle est très important, il est le coordinateur d’une part de son personnel mais
aussi le lien entre les différents services de l’entreprise. (Cuisine, comptabilité, direction
etc.…)
La restauration et les métiers qui s’y rapportent sont mis en lumière via notamment des
émissions de télévision. Ainsi des concours culinaires sont nés avec ”Top chef”, “Master
chef ”ou encore “un Dîner Presque Parfait”. Fort de ce succès, des programmes de
téléréalités sont désormais présents sur ce créneau avec par exemple “ Giuseppe
Ristorante”. Ces programmes, ont permis de faire connaître au grand public les métiers de
la restauration et certains professionnels émettent l’hypothèse que l’augmentation des
inscriptions dans les lycées hôteliers, ces dernières années, n’est pas un hasard.
Force est de constater que grâce à ce succès les futurs professionnels dans ce secteur
seront nombreux et que leur arrivée sur le marché du travail est imminente. Si nous
raisonnons en termes de génération, ceux-ci seront majoritairement de la génération Y et Z.
Comme nous avons pu le voir dans ce chapitre, ces générations ont des différences
notables avec leurs aînés, ce qui peut apporter un certain nombre de changements dans le
management de demain.
34
Informations issus du cours de CHADOURNE Nadia. Sociologie des Organisations. Cours de Master 1,
département ISTHIA, Université Toulouse le Mirail II, 2014.
58
Partie3. LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS
59
Après avoir abordé les thématiques de l’intelligence émotionnelle, du travail en équipe et
des générations, nous avons fait le choix dans cette dernière partie de nous concentrer sur
deux générations en particulier.
Le choix d’étudier, la génération Y et Z est du au fait que ces personnes seront ou sont
pour certaines les nouveaux professionnels de la restauration. De plus au fur et à mesure de
mes lectures, j’ai réalisé qu’une certaine “fracture” vis-à-vis de leurs aînés (la génération
silencieuse et la génération X) était notable. De part leur vision du monde professionnel ou
de la vie en général, ces deux générations se distinguent en termes d’attentes et de besoins
professionnels. Les nouvelles technologies sont en partie responsables de ce clivage
générationnel. En effet comme nous allons essayer de le démontrer ces nouveaux arrivants
sont en majeure partie façonnés par le net et qualifiés d’hyper connectés.
Dans ce secteur, le management doit s’adapter à ces nouvelles pratiques. Il ne reste pas
figé c’est pourquoi nous pouvons le qualifié d’évolutif. Au cours des années nous avons vu
changer les établissements (notamment dans les différents services proposés) et évoluer
les techniques de management afin d’être en “accord avec leur temps”.
Dans un premier chapitre, nous présenterons les nouvelles générations en nous appuyant
principalement sur les éléments recueillis lors des deux entretiens menés ainsi que sur un
vécu personnel et différentes lectures.
Dans un deuxième temps, nous étudierons quelles sont les évolutions sur le secteur de la
restauration. Pour poursuivre, nous verrons qu’elle est la réalité du métier de serveur et les
éventuels risques de cette profession.
Pour terminer, nous proposerons un outil d’aide à la gestion du clivage générationnel mais
qui vise aussi à favoriser le travail d’équipe. Nous tenterons de montrer en quoi celui-ci
permet une double approche de l’intelligence émotionnelle et générationnelle dans le
management en restauration.
60
Chapitre 1. LE CAS DE LA GÉNÉRATION Y ET Z.
Ces deux générations sont encore assez méconnues des professionnels de la restauration du
fait de leurs jeunes âges surtout en ce qui concerne la génération Z. Pour la plupart, ils ne
les ont côtoyés qu’en tant que stagiaires lors de leurs immersions professionnelles (stages).
Bien que la génération Y soit un peu plus âgée, l’allongement de la durée des études fait
que certains sont encore étudiants. Les personnes de la génération Z sont quant à elles
encore adolescentes (âgées en moyenne de treize, quatorze ans) et la grande majorité est en
formation professionnelle et n’est donc pas encore présente sur la marché du travail.
Il m’a semblé pertinent de m’adresser à des personnes qui les côtoient régulièrement et ce
dans un contexte professionnel d’où la participation de deux professionnels : un professeur
et un directeur de salle. Comme nous le verrons dans leur présentation des entretiens, ils
exercent depuis un certains nombres d’années et ont ainsi pu côtoyer la génération Y et Z.
Le questionnement de ces deux personnes s’est fait dans le but de mettre en relief leurs
points de vue et les différents éléments recueillis
61
1.1. Présentation des entretiens menés.
Le premier a été réalisé grâce à la participation d’un professeur en lycée hôtelier. N’ayant
pas pu rencontrer ce professionnel en face à face, une discussion via internet a été menée.
Le regard de ce professeur nous a semblé intéressant car il a l’occasion de travailler tous
les jours avec ces professionnels de demain. Cet enseignant, assure aussi bien des cours
théoriques que pratiques ce qui lui confère deux visions différentes de ces nouvelles
générations.
Dans un second temps, nous avons voulu nous entretenir avec un professionnel accueillant
des stagiaires et apprentis dans l’enceinte de son établissement. Cela dans le but de
pouvoir le questionner sur les nouvelles générations et recueillir son avis quant à celles-ci.
Monsieur Z : Directeur de salle dans une brasserie semi gastronomique à Toulouse. Issu
d’une formation hôtelière, cela fait maintenant douze ans qu’il travaille dans le secteur de
la restauration .Il exerce son poste actuel depuis environ trois ans et accueille des stagiaires
et apprentis dans son établissement. Annexe B
62
1.2. Portrait des nouvelles générations dans le secteur de la
restauration :
Dans ce premier chapitre, nous ne reviendrons que brièvement sur la génération Y, qui a
déjà été étudié dans la partie deux de ce mémoire afin de ne pas être redondant. Nous
apporterons seulement les éléments nouveaux qui ont découlés des deux entretiens menés.
Nous allons donc essayer de nous focaliser plus particulièrement sur la génération Z, soit
les personnes nées à partir de 1994.
1.2.1. La génération Y :
Comme nous l’avons énoncé, cette génération n’est représentée que très sommairement du
fait des informations données précédemment.
D’après les informations que nous avons pu recueillir il semblerait que cette génération
soit perçue de la manière suivante. La génération Y est considérée dans le monde
professionnel comme composée de personnes motivées, prêtes à relever des défis,
impliquées et ayant des relations courtoises. Elle se croit employable du fait de son niveau
d’étude, a besoin de reconnaissance de la part de ses équipiers, maîtrise les nouvelles
technologies et est à la recherche de développement personnel. De plus elle se pense
compétente, aime le travail en équipe et ne croit pas à la sécurité de l’emploi ce qui induit
une faible fidélité à l’entreprise qui l’emploie. Pour terminer, elle n’hésite pas à changer de
structure et souhaite évoluer rapidement.
1.2.2. La génération Z :
La génération Z elle, est encore méconnue notamment dans le domaine professionnel du
fait de son jeune âge. Afin de pouvoir essayer de comprendre en quoi elle diffère de ses
aînés, nous avons extrait des entretiens et des lectures menées certains de ses
comportements. Bien que ces informations ne soient pas exhaustives ni scientifiques elles
peuvent nous permettre d’avoir une première approche de ces futurs professionnels.
Le rapport à l’autorité :
Il semblerait que cette génération n’entretienne pas forcément une relation hiérarchique
conflictuelle. Aux questions relatives à ce thème lors des entretiens voici les réponses
obtenues :
63
Entretiens de Monsieur X, enseignant :
« Tout dépend, je ne pourrai pas trop vous dire tout ce que je sais c’est que
l’humain a de grande faculté d’adaptation et que c’est en grande partie à moi de
faire en sorte qu’ils m’écoutent et me respectent ».
Il semblerait que la génération Z, ne soit pas plus réfractaire que ses aînées à l’autorité et
que l’instauration de ce respect se fait en grande partie par les professionnels eux mêmes.
Elle recherche avant tout de bonnes compétences chez son manager pour que celui-ci
l’aide à évoluer. Tout comme la génération Y, elle souhaite accéder à des postes à
responsabilités rapidement et être reconnue comme compétente.
La motivation :
Sur ce sujet, les réponses laissent à penser que la génération Z, possède une grande volonté
de réussite dans son avenir professionnel. Bien qu’il y ait toujours des exceptions à la
règle, les professionnels pensent que les jeunes sont motivés et ne doutent pas de leurs
succès dans les années à venir. Monsieur X nous dit à ce sujet : « j’ai la chance d’avoir des
élèves motivés qui me fournissent un travail correct lors des T.P (Travaux Pratiques), ils ne
se comportent pas de la même façon en TP que dans les cours théoriques ».
Cependant leur vie professionnelle ne doit pas empiéter sur leur vie privée et ils n’hésitent
pas à intégrer dans leur environnement de travail des éléments de leur vie personnelle
comme des photos pour se sentir à l’aise.
Le travail en équipe :
Comme nous avons pu le voir et nous le confirme les professionnels, le travail en équipe
est primordial dans la restauration. Comme l’a rappelé un des interviewés « on appelle
l’ensemble du personnel d’un restaurant une brigade. Dans le mot brigade, on a la notion
du travailler ensemble pour mieux avancer ».
64
La génération Z, semble pour la plupart de ses membres, aimer travailler en groupe, cela
lui permet d’obtenir un soutien et d’entretenir des relations sociales au sein de son travail.
Étant considérée comme hyper connectée, cette génération a besoin d’être en contact
permanent avec d’autres individus. Il semblerait toutefois que certains individus se laissent
porter par leurs camarades notamment dans le milieu scolaire « En groupe certains se
laissent porter par leurs camarades et ne fournissent pas un très grand effort de travail ».
C’est pourquoi les professionnels devront veiller à ne pas laisser s’installer la notion de
paresse sociale. Mais ce phénomène ne semble pas être une caractéristique propre à la
génération Z mais plutôt lié à un effet de travail en groupe.
Le rapport à la technologie :
Pour les deux personnes interrogées, le rapport de cette génération aux nouvelles
technologies est compliqué à gérer. Leurs réponses laissent à penser qu’ils sont en effet
hyper connectés et que cela peut parfois poser des soucis.
« Oui au niveau des portables, les élèves sont sans cesse dessus que ce soit en
cours, dans la cours, au self… J’ai l’impression qu’ils ne peuvent pas vivre sans et
cela pose des problèmes en cours : envoi de sms, prise de photo, facebook,
téléphone qui sonne et j’en passe ». Extrait de l’entretien de Monsieur X.
« Oui, quand les jeunes apprentis ou stagiaires arrivent, je dois me battre avec eux
pour leur faire comprendre que les portables c’est dans le casier et pas dans la
poche ».
Que ce soit en classe ou au travail, il semblerait qu’ils aient du mal à se séparer de leurs
Smartphones et les professionnels ont parfois du mal à le gérer. Grâce à cet outil, ils
peuvent garder contact avec leur vie personnelle et enrichir leurs liens sociaux (utilisation
des réseaux sociaux notamment).La qualification d’hyper connecté semble tout à fait leur
correspondre et contrairement à leurs aînés il apparaît qu’ils ont du mal à s’en détacher
même en milieu professionnel.
Le rapport au travail :
D’après l’avis des deux personnes questionnées, cette génération a besoin de donner un
sens à son travail, à ses actions. Ils sont curieux dynamique et ont l’envie de bien faire.
65
Cependant leur vie professionnelle ne doit pas être au détriment de leur vie personnelle et
ils attachent une attention particulière à l’ambiance de travail dans laquelle ils évoluent.
A la question : « Si vous deviez décrire cette nouvelle génération en trois adjectifs, quels
seraient-ils ? » voici les réponses obtenues :
Dans cette dernière question, les points de vue semblent différents et plus ou moins positif.
L’étude de la génération Z au travers de la vision de ces deux personnes, a fait ressortir
plusieurs points.
Premièrement que le terme de fracture générationnelle n’est peut être pas réellement
adapté et un peu trop fort et qu’il faudrait plus parler de disparités et de changement. A
noter, qu’ils reconnaissent toutefois des écarts avec leurs aînés et qu’ils doivent s’adapter
aux individus.
D’après le regard de ces deux professionnels, tous les individus d’une génération ne sont
pas semblables. Ils laissent sous entendre que même si la génération Z a des marqueurs
communs, les comportements des individus ne sont pas généralisable à toute une
génération. Cette remarque est aussi applicable à toutes les autres, les caractéristiques
présentées peuvent seulement être des pistes aidant le manager à comprendre en partie les
différentes générations. En aucun cas celui-ci doit se cantonner uniquement à celles-ci et
en oublier les singularités individuelles des membres de son équipe.
Que ce soit la génération Z ou même Y, nous pouvons dire qu’elles ont été façonnées par
le net et les nouvelles technologies durant la majeure partie de leurs vies. Ayant un accès à
l’information presque instantané, elles ont évoluées dans leurs façons de penser, de
consommer ou même de réfléchir. Il semblerait qu’elles soient plus à l’aise dans les
relations virtuelles que directes d’où l’importance des réseaux sociaux pour eux.
Comme nous avons pu le voir, ces deux générations sont caractérisées par de nouvelles
attentes et besoins. De plus, elles laissent transparaître un changement de vision et de
comportement en ce qui concerne le travail. Marquées par la précarité de l’emploi et une
conjoncture économique peu favorable, elles essayent de s’adapter aux mouvements de la
société et se façonnent à son image.
66
Elles préfèrent l’action à l’observation et risquent de se bloquer si le cadre professionnel
est trop rigide. Ces deux générations désirent garder leur liberté individuelle et aiment faire
preuve de créativité.
Pour certains ces changements marquent une fracture générationnelle. Pour les personnes
interrogées et travaillant dans le domaine de la restauration il semblerait que ce terme soit
un peu trop implacable. Les managers sont pour la plupart conscients de ces changements
et essayent de s’y accoutumer.
Nous pouvons donc penser que même si les futurs managers sont habitués aux
changements, ils auront besoin d’un temps d’adaptation concernant l’intégration de ces
nouvelles générations si ils désirent avoir une approche managériale la plus appropriée
possible et des équipiers performants. Ils devront prendre en compte ces nouveaux facteurs
et essayer de s’y adapter car il existe belle et bien une mutation dans les attitudes et les
attentes des professionnelles de demain.
Afin d’illustrer nos propos, nous allons nous appuyer sur une enquête menée en 2010 par
TNS Sofres, institut de sondage français. Le but de celle-ci était d’analyser le regard des
patrons, des employés et du grand public sur la restauration. Pour réaliser cette étude un
échantillon de mille huit cents personnes a répondu aux différentes questions par entretiens
téléphoniques (huit cents professionnels du secteur et mille personnes dite “grand public”).
67
Les résultats mettent en relation deux informations contradictoires dans la vision de ce
secteur. De manière générale, cette activité jouie d’une bonne image que ce soit auprès des
professionnels ou du grand public comme nous le montre le graphique ci-dessous.
11 15 66 17
Salariés
Sans opinion
Très mauvaise
33 9 68 17 Assez mauvaise
Patrons
Assez bonne
Très bonne
13 15 72 9
Grand public
On remarque que les résultats sont globalement similaires et que pour plus de 80% des
répondants toutes catégories confondues, la restauration a une bonne voire très bonne
image.
35
TNS Sofres. Regards croisés sur le secteur de la restauration Grand Public / Salariés / Patrons.
Conférence de Presse du 30 juin 2010. [En ligne]. Disponible sur < http://urlz.fr/jFB> (Consulté le 12-02-
2013).
68
FIGURE 9 : DES PRÉJUGÉS QUI PERSISTENT AUX YEUX DU GRAND PUBLIC 36 :
Grand public
Salariés
% de Oui Patrons
Les salariés sont bien traités par leurs 35% 76% 68%
employeurs
Grâce à cette étude, nous constatons que quatre points négatifs ressortent. Premièrement et
à plus de 80 % pour chaque catégorie, nous voyons que ce secteur d’activité est considéré
comme difficile en ce qui concerne les conditions de travail. Il est vrai qu’étant en contact
directe avec le client, les employés doivent s’adapter. D’où dans des biens des cas, de
longues amplitudes horaires, des jours de repos décalés, un certain niveau de stress et une
condition physique adéquate. De plus même si la vision de la restauration change petit à
petit, on note que le taux d’approbation le plus élevé incombe au grand public et non pas
aux acteurs principaux de ce secteur comme nous aurions pu le penser.
Deuxième point, dans le rapport patron employé, on note une nette disparité dans les
réponses. En effet, patrons et employés de la restauration pensent majoritairement que la
direction traite avec égards leurs collaborateurs, à contrario le grand public pense, en
majorité, le contraire. Cette image de métier difficile où les employeurs profitent de leurs
salariés reste un cliché ancré dans les mœurs.
36
TNS Sofres. Regards croisés sur le secteur de la restauration Grand Public / Salariés / Patrons.
Conférence de Presse du 30 juin 2010. [En ligne]. Disponible sur < http://urlz.fr/jFB> (Consulté le 12-02-
2013).
69
À l’avant dernière question, tout comme précédemment, salariés et patrons sont
généralement du même avis mais pas le grand public. Une minorité d’entres eux note une
légère amélioration des conditions d’emplois. Au contraire, salariés et employeurs pensent
majoritairement que des changements positifs ont vu le jour ces dernières années.
Dernier point, le salaire : les trois acteurs pensent à plus de 50% que le niveau de
rémunération est relativement bas et que les métiers de la restauration ne sont pas ce que
l’on appelle des métiers “bien payés”. Encore une fois la vision la plus négative est celle
du grand public.
De manière générale, le regard du grand public est le plus négatif sur les quatre points
énoncés. En s’appuyant sur les résultats de cette enquête, nous pouvons dire que le secteur
de la restauration bénéficie toujours d’une image de métier difficile. Les collaborateurs et
les employeurs eux, apportent une vision plus nuancée sur leur métier. Les réponses aux
questions reflètent une image plutôt positive de la profession même si ce travail n’est pas
source de hauts revenus.
Cette étude reflète seulement l’image de la restauration et non pas toujours la réalité de ce
métier dans son ensemble. C’est pourquoi, nous allons maintenant essayer de définir ce
qu’est le métier de serveur et en quoi il consiste. Afin d’avoir un point de vue, le plus
proche et réaliste possible de ce métier, nous nous appuierons sur l’entretien effectué
auprès d’un professionnel, sur des fiches de poste, sur des écrits littéraires et sur notre
propre vécu.
70
Le but principal est de fournir une “ prestation de service à la clientèle”. Elle doit être la
plus qualitative possible afin que le client soit satisfait. On peut définir ce rôle sous le
terme de “l’orientation client”. Le personnel en contact doit pouvoir guider et aider le
client en adoptant une attitude appropriée afin d’augmenter le plus possible sa
satisfaction.37
« Pensez-vous que les compétences relationnelles soient importantes dans votre métier ? ».
Il nous a clairement signifié que cela était la “base du métier” et que grâce à elles, on
pouvait instaurer une relation de confiance avec le client.
Cette relation ne peut être établie que si le personnel s’adapte au client, à son humeur, à ses
envies. Il doit essayer de se mettre à la place du client et agir en conséquence. De plus, il
doit toujours se montrer courtois, souriant et attentif quelle que soit la situation à laquelle il
est confronté. Cela n’est pas toujours facile, il doit parfois prendre sur lui et “jouer un
rôle”. Certains spécialistes considèrent ce métier comme “un travail émotionnel”38. Les
émotions retranscrites par les serveurs ne sont pas toujours réelles. En effet, elles s’ajustent
au client ou répondent à certains standards imposés par ce métier, comme le fait d’être
toujours souriant, aimable ou encore compatissant. La vie personnelle ne doit jamais
empiéter sur la vie professionnelle. Les serveurs doivent cacher leurs propres émotions et
ne doivent en aucun cas montrer si ils sont tristes, énervés ou agacés etc… Ce métier
nécessite un contrôle de ses émotions, de son ressenti pour ne faire transparaître qu’une
attitude positive et professionnelle. Outre le savoir faire en terme de technique, il nécessite
aussi des savoirs être indispensable si l’on désire fournir un service de qualité.
La fatigue psychologique : La gestion des émotions peut entraîner une fatigue dite
psychologique.
37
DELOBBE Nathalie, DEMORTIER Anne-Lise, MORAINE Thibault. Le lien entre perception du
supérieur hiérarchique et performance organisationnelle. [En ligne]. Disponible sur :< http://urlz.fr/jFC>.
(Consulté le 16-03-2014)
38
CINOTTI Yves. Management des services. Cours de Master 1, département ISTHIA, Université Toulouse
le Mirail II, 2014
71
L’amplitude horaire : Étant un métier en contact, les serveurs sont en quelque sorte
dépendants de la clientèle. En effet, même si la notion de “client roi” s’atténue, il faut
répondre à ses besoins, à ses attentes dans toutes situations et du mieux possible. Le
personnel de restauration ne bénéficie pas d’horaires dits fixes. Si le client est là, le serveur
doit être à son poste. Ainsi, en cas de forte affluence, d’événements il n’est pas rare que
les employés fassent des heures supplémentaires.
Ce métier est par certains côtés assez contraignant pour les salariés. C’est pourquoi une
bonne ambiance, une gestion des équipiers adéquate tout comme le type de management
dispensé sont des éléments très importants. En conséquence à l’interrogation, savoir si il
est nécessaire de développer une intelligence émotionnelle dans le management des
services, nous pouvons dire qu’elle ne peut être que favorable dans ces métiers et
notamment en restauration. Celle-ci peut permettre de faciliter les échanges, la
compréhension des membres et influencer par voie de conséquence la qualité du service.
72
Chapitre 3. VERS UN NOUVEAU CONCEPT DE MANAGEMENT ?
Les individus, sont en restauration au cœur du système d’où l’importance des ressources
humaines qui regroupent différentes pratiques de management dans le but d’optimiser les
performances de l’entreprise. Comme nous l’avons vu tout au long de ce mémoire, la
gestion du personnel s’avère compliquée du fait des singularités de chacun
(comportements, attentes, besoins). De plus cela risque de ne pas se simplifier en raison de
l’arrivée imminente de la nouvelle génération sur le marché de la restauration.
L’un des avantages de ce concept, est qu’il s’intéresse avant tout aux individus, à leurs
compétences et à leurs traits de personnalité ce qui en fait une analyse globale. Or comme
nous l’avons vu, l’homme est l’élément central dans les entreprises de services.
De plus comme le définit G.Hutton cité par Roger Mucchielli (2012, p143)
« l’appartenance à un groupe peut être centrée sur un leader investi d’une confiance
considérable. Une des fonctions du leadership personnel est de personnifier l’unité et
l’existence continue du groupe, et de maintenir l’engagement affectif de ses membres de
telle sorte que le groupe puisse traverser les périodes de difficultés ou de changements
critiques ».
Le leadership est donc un des éléments indispensables pour un manager désirant avoir une
certaine autorité et du respect de la part de ses collaborateurs. Avec l’arrivée des nouvelles
générations, ce n’est pas parce qu’il a le statut de chef qu’il sera considéré en tant que tel.
Il doit lui aussi faire ses preuves envers son équipe et démontrer ses compétences de
manager si il désire que ses collaborateurs donnent le meilleur d’eux-mêmes et le
respectent.
73
Il intègre donc l’IE dans un contexte professionnel ainsi que toutes les caractéristiques qui
lui son propre (la dimension intra personnelle et interpersonnelle).
Ici « le leadership est pluriel ; les aptitudes et les compétences qui le définissent ne sont
pas réservées à ceux qui sont “au sommet ” ; elles résident, au contraire, dans tout individu
qui “ montre la voie” à un groupe, et ceci indépendamment de sa fonction ou de sa
position hiérarchique dans l’entreprise » (Ibid., p 8).
Fidéliser le personnel,
Permettre d’obtenir le meilleur de ses collaborateurs et les faire évoluer ;
Tendre à atteindre la qualité totale et augmenter les performances de l’entreprise ;
Favoriser un climat positif dans l’entreprise et le travail collaboratif;
Aider à la création de relations chaleureuses et durables avec le client, élément très
important dans le domaine du service ;
S’adapter au contexte, aux changements et aux individus.
74
Tous ces points, si ils sont réunis au sein de l’entreprise, en feront un lieu
d’épanouissement où tous les collaborateurs travailleront à l’unisson. Le leadership de
résonance peut ainsi permettre au manager d’utiliser simultanément les différents types de
management.
Plus qu’un concept qui s’applique uniquement au leader, cela peut aussi comme son nom
l’indique “résonner” sur l’ensemble des collaborateurs. Ainsi, grâce à la compréhension de
ses émotions et des comportements qui vont en découler, il va aider son équipe à atteindre
ses objectifs, qu’ils soient individuels ou de groupes.
75
Au travers de ce concept, l’idée est que le leader peut inspirer et créer une résonance
auprès de ses collaborateurs, par la motivation et l’intérêt qu’il porte à son travail. Les
équipiers se sentiront donc bien dans leur environnement professionnel et dans leurs
relations avec les membres de leur équipe. Ce sentiment de bien-être et d’appartenance va
renvoyer aux points énoncés ci-dessus qui peuvent influencer la performance de
l’entreprise.
On peut dire que le manager qui applique le leadership de résonance, bénéficie d’une
certaine intelligence sociale. Via ses actions, il peut susciter de l’enthousiasme auprès de
ses collaborateurs ce qui se répercutera sur leur motivation et leur vision du travail.
76
En adoptant un style de management adapté, il peut influencer et pousser à la prise
d’initiative ses collaborateurs, qui se sentiront ainsi reconnus et soutenus. Il pourra aussi
s’adapter et saisir l’intérêt que certains changements peuvent apporter, en le faisant
comprendre à son équipe via des arguments convaincants et motivants. Si il gère
correctement les conflits, il sera plus à même de comprendre les craintes, les besoins et les
attentes de ses employés. Cela peut lui permettre de prendre une décision adaptée et
efficace aux yeux de tous les membres de son équipe.
Ce concept pourrait donc répondre, d’une part à la gestion des conflits générationnels en
intégrant les spécificités de chacun et en s’y adaptant, d’autre part, favoriser le travail en
équipe et la connaissance des collaborateurs entre eux.
Les métiers de la restauration n’étant pas des professions faciles, la bonne entente des
collaborateurs, une bonne ambiance de travail, la compréhension de soi et des autres, le
travail d’équipe et le soutient de ses équipiers ne pourraient êtres que des éléments
facilitateurs dans sa gestion.
Pour terminer, si les individus se sentent bien dans l’organisation, ils entretiendront de
meilleures relations avec le client, ils iront au devant de ses besoins et lui fourniront une
prestation de qualité. Si le manager arrive à faire résonner ses compétences émotionnelles
auprès de ses collaborateurs cela pourra avoir un impact significatif au sein de l’entreprise.
En effet si le personnel arrive à acquérir certaines compétences de l’IE (notamment
interpersonnel), il pourra comprendre et analyser les besoins des clients.
77
Pour revenir aux nouvelles générations, d’après un sondage réalisé par Olakala,
(plateforme de gestion d’enquête en ligne) 64% des professionnels du secteur considèrent
qu’elles ont des attentes spécifiques.
Ce pourrait donc aussi être un moyen de comprendre et de s’adapter à celles-ci dans les
services proposés. La valeur du service perçue par le client ne pourra en être que plus
qualitative.
Dans la continuité des études en Master 2, il pourrait être intéressant de tester de manière
concrète les différentes hypothèses et le concept du leadership de résonance. Pour se faire,
il semblerait judicieux de se restreindre dans un premier temps à une seule structure de
restauration. Il serait alors envisageable de créer une grille de mesure de l’intelligence
émotionnelle appliquée aux métiers de la restauration afin d’évaluer les compétences
émotionnelles du manager. Grâce aux différents résultats obtenus, nous pourrions mettre
en place et lui proposer un plan de formation en adéquation à ses besoins. A noter que
l’apprentissage de l’IE peut se faire de manière autonome ou en faisant appel à des
prestataires extérieurs spécialisés.
78
'
CONCLUSION GÉNÉRALE
Comme nous avons pu le voir les besoins et les attentes évoluent en fonction des individus.
De nos jours, les employés ne sont plus considérés comme des “outils” par les
organisations et celles-ci ont fait évoluer leurs politiques de ressources humaines.
Aujourd’hui, elles ont pris conscience que pour développer les ressources individuelles en
richesses collectives, la dimension humaine était une notion primordiale. Nous avons ainsi
pu voir les techniques de management évoluer avec l’apparition de la sociologie du travail
et du management situationnel. Bien que celui-ci prenne en compte une certaine
individualité dans le personnel cela ne semble pas suffire à satisfaire les employés. Pour
permettre aux individus de se réaliser au travers de leur profession, il faut prendre en
compte de nombreux paramètres. Ces dernières années ayant connu de forts changements
sociétaux, cela a induit une mutation des comportements et plus particulièrement celui des
nouvelles générations. Afin de pouvoir les saisir et mettre en œuvre des techniques de
managements adaptées, l’intégration de la notion de génération est importante. Bien que
celle-ci n’explique pas complètement le comportement d’un homme, il permet au manager,
grâce à des facteurs de société, d’âge, de période, de prendre la mesure de la personne qu’il
a en face de lui et de s’adapter plus facilement.
Ces différences de comportements entraînent bien souvent des conflits internes et se font
ressentir sur l’ambiance du travail et la qualité des services. En sachant que tous les
collaborateurs d’une entreprise concourent à la réalisation d’une prestation, ils doivent
travailler en équipe. C’est pourquoi à travers de l’étude du management des services, nous
avons pu comprendre quels en étaient les enjeux tout au long du processus de servuction.
Force est de constater que plus qu’une simple méthode de travail, il peut être synonyme de
performance, ce qui dans un marché comme celui de la restauration est indispensable.
Cette performance passe par plusieurs étapes comme la satisfaction du personnel, l’esprit
d’équipe, l’entraide, une bonne ambiance de travail, des prestations de qualité et la
satisfaction de la clientèle.
79
De plus le travail en équipe permet l’intégration d’une nouvelle forme d’intelligence,
l’intelligence émotionnelle, qui à travers ses compétences permet au manager d’être plus
en phase avec les attentes et les besoins de ses collaborateurs. Une meilleure ambiance de
travail en découle et les collaborateurs se réalisent. Il est important de souligner que cette
intelligence permet aussi une relative maîtrise de soi, de ses paroles et de ses actions. Dans
des métiers le savoir être est aussi important que le savoir faire.
Tous ces éléments peuvent faire d’une politique de gestion du personnel en restauration,
une stratégie encore plus efficace. En effet celle-ci par la double analyse du travail en
équipe et de l’intelligence émotionnelle peut constituer une réponse aux problèmes actuels
rencontrés dans le management des services et dans une gestion des employés du plus en
plus difficile.
80
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2069. Paper Back Edition, 1991, 324p.
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82
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managériales et organisationnelles pour les organisations sanitaires et sociales françaises.
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THALMANN Muriel. L’intelligence émotionnelle au travail, GRH- Lecture critique, mai
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2014.)
Thèse ou Mémoire :
83
TABLE DES ANNEXES :
84
ANNEXE A : ENTRETIEN MONSIEUR X.
Cet entretien a été mené par une discussion via une messagerie instantanée, n’ayant pas pu rencontrer
personnellement ce professeur.
Bonjour,
Introduction des questions : Je tiens à vous préciser que les questions que je vais vous poser ne concernent
que les élèves de la génération Y et Z, c’est-à-dire les personnes nées après 1981.
Contexte personnel :
Oui, principalement dans le domaine du service et je continue en parallèle de mon poste de professeur.
Qu’elles sont les classes que vous suivez (niveau du diplôme préparé, âge moyen des élèves) ?
Je suis actuellement en charge des classes de : Seconde bac Pro (15ans), Terminale bac Pro (18 ans), Mise à
niveau, BTS 1° (19 ans) et BTS 2° année (20 ans)
Avez-vous noté des changements de comportement chez vos élèves au fil des ans ? Si oui
lesquels ?
Oui, manque de rigueur, l’envie de bien faire disparaît doucement, moins d’implication. On reste plus dans le
domaine scolaire. J’ai pu ressentir cela aussi par rapport à mon expérience en tant qu’ancien élève des écoles
hôtelières. A la décharge des élèves, les diplômes sont dévalorisés et on demande moins d’exigence aux
examens.
Je ne sais pas si on peut parler de fracture mais il y a une différence dans l’approche de la profession oui. Les
exigences ne sont plus les mêmes et le comportement des élèves changent.
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Dans les rapports avec les autres ?
Oui et non, il y a du respect envers les professeurs (cela dépend aussi du professeur) mais ils sont plus durs
entre eux.
Oui, j’ai essayé d’adapter mon enseignement en utilisant plus d’informatique par exemple, de vidéos ou
d’interactivité durant mes cours.
Oui, c’est pour cela que j’ai créé mon site internet. Je suis persuadé que d’ici à 10 ans, tout passera par
informatique. Mes élèves sont sensibles à ces nouvelles technologies, ils les utilisent pour la plupart tous les
jours et aiment travailler dessus.
Avez-vous déjà rencontré des problèmes liés à l’utilisation de ces nouveaux outils ?
Oui au niveau des portables, les élèves sont sans cesse dessus que ce soit en cours, dans la cour, au self…
J’ai l’impression qu’ils ne peuvent pas vivre sans et cela pose des problèmes en cours : envoi de sms, prise de
photo, facebook, téléphones qui sonnent et j’en passe…
Le travail en groupe :
Faites vous travailler vos élèves sur des travails de groupe ? Si oui pourquoi ?
Oui, en travaux pratiques de restaurant, je pense que cela est important dans le métier qu’ils préparent. Ils
auront plus tard à travailler en équipe. C’est donc bien de les y préparer le plus tôt possible.
Oui et non, j’attends d’eux un travail de professionnel ou un investissement de professionnel (ce qui n’est pas
toujours le cas). En groupe certains se laissent porter par leurs camarades et ne fournissent pas un très grand
effort de travail mais d’autre au contraire redouble d’efforts pour ne pas décevoir leurs camarades.
Oui, la vie fait que l’on doit vivre en société. On appelle l’ensemble du personnel d’un restaurant une
brigade. Dans le mot brigade, on a la notion du travailler ensemble pour mieux avancer.
Non pas particulièrement, il y a toujours des exceptions mais dans l’ensemble je trouve qu’ils sont plutôt
respectueux. Je pense aussi que c’est aussi notre rôle de professeur de se faire respecter.
Oui à plus ou moins grande échelle comme je l’ai dit plus haut, il y a toujours des exceptions à la règle.
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Contexte professionnel :
Trouvez-vous que cette génération accorde une grande importance au travail ? En classe ? En
stage ?
Oui mais ils ne se rendent pas toujours compte de la pénibilité du travail et se déconcentrent rapidement pour
certains.
Lors des visites de stage, quelles sont les remarques récurrentes des professionnels concernant
cette nouvelle génération ?
Que j’ai la chance d’avoir des élèves motivés qui me fournissent un travail correct lors des T.P., ils ne se
comportent pas de la même façon en TP que dans les cours théoriques.
Si vous deviez décrire cette génération par trois adjectifs quels seraient-ils ?
Consommatrice
Impatiente
Irrégulière
Pensez vous que leurs futurs employeurs pourront manager cette génération facilement ?
Oui et non, je pense qu’ils ne sont pas pire qu’une autre génération seulement différents. Pour ma part je
pense qu’ils ont besoin de donner du sens à ce qu’ils font et aiment s’amuser, rigoler même dans un contexte
professionnel. Il faudra peut être changer quelques procédés de management pour qu’ils s’adaptent à ces
nouvelles attentes mais rien d’insurmontable.
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ANNEXE B : ENTRETIEN MONSIEUR Y
Bonjour,
Données personnelles
Dans un premier temps, je vais vous poser quelques questions vous concernant, cela vous
dérange t’il ?
Et bien, j’ai tout d’abord commencé par un BEP option service, puis j’ai fait un Bac professionnel toujours
en option service et je me suis arrêté, les études ce n’était pas vraiment pour moi (rires). Je suis ensuite entré
sur le marché du travail, mon premier poste a été Maître d’hôtel pendant deux ans au Château Lacan Brive-
la-Gaillarde. Ensuite j’ai fait mon petit bout de chemin dans des postes similaires dans toute la France. Je suis
arrivé dans le Sud il y a trois ans histoire de trouver le soleil et j’ai commencé comme chef de rang pour
évoluer au rang de maître d’hôtel, directeur de salle, poste que j’occupe toujours actuellement.
Houlà, laissé moi faire le calcul (rires), heu… cela fait maintenant plus de dix ans, précisément même 12 ans.
Cela ne me rajeunit pas (rires).
Vision du métier
Pour moi c’est tout simplement une prestation de service auprès de la clientèle.
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Quelles sont vos principales missions au sein de l’entreprise ?
De manière synthétique je dirais que c’est tout simplement de faire en sorte que tout se passe bien durant le
service, cela va de la prise en charge du client à son départ et de manager mon équipe pour avoir un service le
plus irréprochable possible.
Pensez vous que les compétences relationnelles soient importantes dans votre métier ? Si oui
pourquoi ?
Oui tout à fait, pour moi c’est la base de notre métier, il permet de mettre en confiance la clientèle et mon
staff.
Avez-vous vu évoluer la vision des personnes concernant la restauration, notamment via les
différents programmes télévisés comme Top chef, Master chef, un dîner presque parfait par
exemple ?
Bien sûr, il faut dire qu’il y a quinze vingt ans, la restauration était une voie de garage. Dorénavant notre
métier est perçu autrement à cause des différentes émissions télévisées même si cela peut varier en fonction
de la qualité du programme si vous voyez ce que je veux dire. (Sourire)
Pensez vous que ces programmes peuvent influencer les jeunes quant à leur orientation
professionnelles ? Et donnent une vision réelle du métier ?
Oh que oui (pause), je pense que cela peut les influencer largement, la preuve avec les écoles hôtelière qui
sont complètes et doivent refuser des élèves par manque de place. A mon époque ce n’était pas du tout le cas
et je me souviens qu’on était à peine une vingtaine par classe. En ce qui concerne la vision réelle du métier,
on découvre qu’une partie des difficultés et pour moi non ce n’est pas toujours représentatif. En même temps
je ne suis pas sûr que les gens soient intéressés par le débarrassage d’une table, ou le nettoyage de la vaisselle
une des dures réalités du métier (rires).
Au fil des années, avez-vous changé votre type de management en fonction de vos employés ?
Franchement non je ne pense pas, mais je ne peux pas vraiment vous dire, je sais juste que j’essaye de
m’adapter à la personne que j’ai en face de moi.
C’est une base, l’esprit d’équipe est primordiale et permet le bon fonctionnement d’une entreprise si jamais…
(Entretien interrompu pendant environ cinq minutes par un serveur pour une question de réservation)
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Alors ou en étions nous ?
Ah oui tout à fait, et bien comme je vous disais pour moi c’est le ciment d’une entreprise, sans une bonne
équipe avec un esprit d’entraide cela ne peut pas fonctionner surtout en restauration, métier de contact.
Oui, je pense que les jeunes aiment travailler en équipe cela leur apporte un soutient en cas de problèmes et je
pense qu’ils aiment être en contact permanent avec les autres membres de l’équipe.
Pensez vous que la connaissance de ses employés est importante dans votre métier et qu’elle
peut aider à manager votre équipe ?
Oui, mais jusqu’à certaines limites. Pour moi il ne faut pas non plus se faire ami avec ses employés cela peut
casser l’autorité qu’on a sur eux et ils peuvent se sentir plus à même de prendre des libertés dans leur travail
ce que je n’accepte pas.
Entretenez-vous un rapport différent avec les nouvelles générations dans votre management ?
Que ce soit votre type d’autorité, votre pédagogie ou autre ?
Non je ne pense pas, après chaque personne a sa méthode de manager mais personnellement je pense qu’il
faut s’adapter à la personne en ne faisant aucune différence avec les autres notamment en ce qui concerne
l’autorité et la discipline.
Tout dépend, je ne pourrai pas trop vous dire tout ce que je sais c’est que l’humain a de grandes facultés
d’adaptation et que c’est en grande partie à moi de faire en sorte qu’ils m’écoutent et me respectent.
Pensez vous qu’ils privilégient leur vie personnelle au détriment de leur vie professionnelle ?
Tout dépend des jours (rires), non en réalité je ne pense pas après il est important d’avoir une vie personnelle
et professionnelle épanouie, cela permet d’avoir un bon équilibre. Après comme je leur dit toujours si vous
voulez réussir dans la vie à un moment ou un autre vous serez obligé de mettre de côté votre vie perso.
Oui, je pense qu’ils possèdent une réelle envie de réussir et que pour la plupart se donneront les moyens de
réussir dans leur carrière, certains affichent une réelle motivation et cela fait plaisir à voir.
Oui, quand les jeunes apprentis ou stagiaires arrivent, je dois me battre avec eux pour leur faire comprendre
que les portables c’est dans le casier et pas dans la poche ! Ils sont assez durs d’oreilles au début mais j’arrive
à leur imposer cette règle.
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Si vous deviez décrire cette nouvelle génération en trois adjectifs, quels seraient-ils ?
Très bien je vous remercie pour toutes vos réponses et d’avoir pris le temps de m’accorder cet
entretien.
Je vous en prie mademoiselle c’était un plaisir et quand j’ai le temps je suis toujours ouvert et disponible
pour les étudiants, même si c’était il y a longtemps ; je suis passé par là moi aussi (rires).
Prise de congé.
Après avoir terminé l’entretien et coupé l’enregistrement Mr X et moi avons continué à parler de manière
informelle. Au cours de cette discussion il m’a dit qu’il prenait beaucoup de stagiaires et d’apprentis et qu’à
l’heure actuelle il y avait 2 apprentis et 4 stagiaires sur une équipe de 18 personnes .Durant l’été ce chiffre
est en hausse. Il m’a aussi dit que suivant l’âge des apprentis ou des stagiaires il était plus ou moins difficile
de leur faire comprendre les choses et qu’il trouvait qu’il fallait leur répéter plusieurs fois avant qu’ils ne
comprennent. De plus, il trouve qu’ils sont toujours sur leurs Smartphones et qu’au début il fallait qu’il se
batte pour qu’ils les laissent dans leurs casiers éteints. Pour terminer, il m’a dit que tous les jeunes étaient
évidemment différents et qu’il fallait s’y adapter.
91
TABLE DES FIGURES
92
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Tableau d’évolution des efforts en fonction du nombre d’individus dans une
équipe. ................................................................................................................................. 17
Tableau 2 : récapitulatif des différentes classifications de générations. ........................... 38
Tableau 3 : Approche chrono dynamique des générations : Europe versus Amérique. ..... 40
Tableau 4 : Analyse des comportements générationnels : ................................................. 41
Tableau 5 : Principes de la pyramide des besoins de Maslow transposés aux générations.
............................................................................................................................................. 44
93
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements : .................................................................................................................. 5
Sommaire ............................................................................................................................. 6
94
2.5.3. La performance au travail : ........................................................................ 30
95
1.1. Présentation des entretiens menés. .................................................................... 62
Conclusion générale........................................................................................................... 79
Bibliographie: .................................................................................................................... 81
96
L’INTÉGRATION DE LA NOTION DE GÉNÉRATION DANS LE MANAGEMENT DES
SERVICES.
De nos jours les établissements de restauration font partie d’un marché dit mature et doivent sans
cesse s’adapter à ses évolutions pour rester compétitifs. Étant des prestataires de services, un
certain niveau de qualité est requis quant aux prestations qu’ils proposent afin de satisfaire une
clientèle de plus en plus exigeante. Nous savons aujourd’hui qu’il est possible d’établir une
corrélation entre le facteur humain et la qualité du service, d’où l’importance de la dimension
humaine dans les politiques de gestion en restauration. Les personnes travaillant dans ce secteur
sont appelées “une brigade” ce qui renvoi à la notion d’équipe. Celle-ci peut être composée de
quatre générations différentes à savoir : Les baby boomers, Les X, Les Y et les Z.
A travers cette étude, nous tenterons de comprendre en quoi les différences de besoins et d’attentes
de ces personnes peuvent aboutir à un “conflit générationnel” et désorganiser une équipe et
l’impact que cela peut avoir dans l’organisation. Pour ce faire nous tenterons dans la première
partie de ce travail, d’expliquer l’importance et les enjeux relatifs au travail d’équipe et comment
celui-ci peut ouvrir sur une intelligence émotionnelle et en quoi celle-ci consiste. Dans un second
temps nous tenterons de définir ce qu’est une génération et en quoi cette notion peut permettre
d’identifier et de comprendre certains conflits internes. Enfin, nous chercherons à établir comment
pourrait se traduire une double analyse de ces notions à travers l’application d’un nouveau concept
de management aux entreprises de services.
In the present day the catering establishments belong of a mature market and have to adapt
themselves to its evolution in order to satisfy demanding customers.
Nowadays we know that service quality and the human factor are closely related, that is why the
human dimension is essential in management policies in the catering industry. People who work in
this sector are called a “brigade”, a reference to the essence of a team. This one can be composed of
four generations: The baby boomers, the X, the Y and the Z.
Through this research, we will try to understand how the different needs and expectations of these
people can become a possible source of conflicts between the generations and disrupt a team and its
impact on the establishment’s organization. To do so, we will first try to explain the importance
and the issues of the team work and how it can lead to an emotional intelligence management.
Secondly, we will attempt to define what a generation is and in what extend this notion can identify
and understand some internal conflicts. To conclude we will try to know how can double analyses
of these notions can be illustrated in a new services management concept.
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