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Essca Angers
Par
Gaël Legouic
RÉSUMÉ
Ce mémoire cherche à définir deux leviers que les manageurs intermédiaires peuvent utiliser
pour favoriser l’action des salariés en situation de crise. Le premier levier est le sensemaking
et le second, la satisfaction au travail.
Puis, nous mettons en exergue les points saillants de la satisfaction au travail. En effet, on
comprend dans la littérature que les salariés sont sujets aux changements de comportement et
à l’interprétation des signaux au cours du temps. Néanmoins, on cherche à démontrer que la
satisfaction au travail contribue à la mobilisation des salariés en situation de crise. On
s’intéresse à comprendre et analyser certains déterminants comme l’attitude, l’affect, la
perception, les croyances et les liens de causes.
Enfin, nous confronterons le cadre théorique précédemment nommé à la partie empirique. Les
résultats des interviews permettront de valider les propositions de recherche, répondant à la
problématique.
ABSTRACT
This memory seeks to define two levers that Middle Managers can use to encourage employee
action in a crisis situation. The first lever is sensemaking and the second is job satisfaction.
First of all, we puted light on the Middle Manager and more particularly on his role and the
difficulties that can he have in mobilizing his team.
Then, we highlight the salient points of job satisfaction. Indeed, what we understood in the
literature that employees are subject to changes in behavior and interpretation of signals over
time. Nevertheless, we seek to demonstrate that job satisfaction contributes to the
mobilization of employees in a crisis situation. We are interested in understanding and
analyzing certain determinants such as attitude, affect, perception, beliefs and causal links.
Finally, we will confront the theoretical framework previously mentioned with the empirical
part. The results of the interviews will validate the research proposals, answering the
problematic.
REMERCIEMENTS
Je remercie Jean-Pierre Noblet, mon suiveur de recherche, pour son aide, ses bons conseils,
son partage des connaissances et son soutien tout au long de la rédaction de mon mémoire.
Merci à Éric Rigamonti de concert avec Jean-Pierre Noblet pour leurs patiences, et d’avoir su
m’encourager tout au long de cet exercice.
Je tiens à remercier Claire Peron adjointe au Directeur délégué aux Opérations et Jean-Pierre
Orset, Chef d’Agence de l’Agence Intervention 44, mon tuteur, pour leurs soutiens
indéfectibles lors de ces 18 derniers mois, pour leurs conseils et bienveillances dont ils ont fait
preuve. Merci de m’avoir incité à mener à terme mon projet. Je remercie également Kevin
Herpson pour son partage d’expérience, dans la construction de mon mémoire et de son
soutien tout au long de la formation.
Je tiens à remercier tout particulièrement ma conjointe pour son soutien, sa patience et une
nouvelle fois sa patience. Merci pour ta compréhension et tes encouragements, merci de
m’avoir supportée lorsque certains moments étaient plus difficiles que d’autres. Merci
également à ma fille de 5 ans et demi (oui, c’est important à cet âge), qui a fait preuve d’une
grande maturité pour comprendre mes temps d’absences, de jeux plus courts que d’habitude,
et qui a su me donner des moments de réconfort aussi inattendu que puissant. Et mon jeune
fils de 10 mois, qui nous a apporté un peu plus de lumière dans notre cercle familial (surtout
la nuit…).
Et enfin, un énorme merci à ma famille et mes amis qui m’ont toujours encouragée à
progresser et à compléter ce cursus avec fierté.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
SOMMAIRE
RÉSUMÉ ................................................................................................................................... 1
ABSTRACT .............................................................................................................................. 2
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 3
SOMMAIRE ............................................................................................................................. 4
INTRODUCTION .................................................................................................................... 6
PARTIE I. CADRE THÉORIQUE ........................................................................................ 9
CHAPITRE 1 : LE MANAGEUR INTERMÉDIAIRE........................................................ 9
SECTION A : LE MANAGEUR INTERMÉDIAIRE ........................................................... 9
§1. LE RÔLE DU MANAGEUR INTERMÉDIAIRE ...................................................... 9
§2. LES DIFFICULTÉS DU MANAGEUR INTERMÉDIAIRE ................................... 10
CHAPITRE 2 : LE PROCESSUS DE LA CRÉATION DE SENS ................................... 12
INTRODUCTION ................................................................................................................ 12
SECTION A : LE PÉRIMÈTRE DE LA CRÉATION DE SENS ....................................... 12
§ 1. POURQUOI CRÉER DU SENS ? ............................................................................ 12
§2. LES DÉTERMINANTS DE LA CRÉATION DE SENS .......................................... 13
SECTION B : THÉORIE DU SENSEMAKING ................................................................. 16
§ 1. DÉFINITION DU SENSEMAKING ........................................................................ 16
§2. LES COMPOSANTES DU SENSEMAKING .......................................................... 17
SECTION C : LES VARIABLES DE LA CRÉATION DE SENS ..................................... 22
§1. INTERPRÉTATIONS ................................................................................................ 22
§2. LES INTERACTIONS ............................................................................................... 24
§3. RELATIONS INTERPERSONNELLES ................................................................... 25
§4. SUBJECTIVITÉ......................................................................................................... 26
§5. PERCEPTION ............................................................................................................ 26
§6. PLAUSIBILITÉ ......................................................................................................... 28
CHAPITRE 3 : LE PROCESSUS DE LA SATISFACTION AU TRAVAIL .................. 30
INTRODUCTION ................................................................................................................ 30
SECTION A : LES CONTOURS DE LA SATISFACTION AU TRAVAIL ..................... 30
§1. DÉFINITION DE LA SATISFACTION AU TRAVAIL .......................................... 30
§2. COMMENT MESURER LA SATISFACTION AU TRAVAIL .............................. 31
§3. ÉVALUATION DE LA SATISFACTION AU TRAVAIL ...................................... 33
SECTION B : CROISEMENT DE DÉTERMINANTS DE LA SATISFACTION AU
TRAVAIL ............................................................................................................................ 35
§1. L’ATTITUDE ............................................................................................................ 36
§2. L’AFFECT ................................................................................................................. 37
§3. LES INTERACTIONS ............................................................................................... 38
§4. L’AUTODÉTERMINATION .................................................................................... 39
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
INTRODUCTION
On peut observer ces dernières années que certaines entreprises ont des difficultés à mobiliser
leur salariée et plus particulièrement en situation de crise. En effet, on remarque qu’il existe
une perception différente des enjeux de l’entreprise entre les manageurs et les salariés.
Certaines de ces différences sont notamment dues à une mauvaise interprétation et/ou
compréhension des messages qui leur sont portés. Il ne s’agit pas des lignes directrices de
l’organisation, mais bien de l’impact des enjeux stratégiques dans leurs cœurs de métier. Pour
répondre à cette problématique, les employeurs, les Manageurs intermédiaires et manageurs
de proximité se mobilisent à chaque instant pour répondre aux interrogations des salariés et
porter les objectifs au sein des équipes.
Nous observons dans la littérature qu’à différentes reprises les salariés se posent des questions
concernant la pertinence des choix faits ou émis par les organisations ou les services auxquels
ils sont rattachés. Un questionnement, sur les raisons qui nous amène à tel ou tel objectif, on
peut aussi entendre certaines interrogations qui concernent le sens des missions réalisées. Par
exemple, « Ce que l’on a fait n’a servi à rien ! », « Pourquoi personne ne réagit
? » ou encore « Quel est mon rôle ? ».
Ce mémoire cherche à répondre à la problématique suivante : quels sont les leviers des
Manageurs Intermédiaires pour favoriser l’action des salariés en situation de crise ? Pour cela,
il faut comprendre dans quel contexte ce mémoire s’inscrit.
Enedis est une des entreprises qui a des missions de services publics. Elle développe et
exploite les réseaux de demain en partenariat des collectivités locales et des pouvoirs publics.
Enedis est une entreprise soucieuse de son environnement, c’est un acteur incontournable de
la transition énergétique, notamment par l’intégration des énergies renouvelables et le
déploiement des smatrgrid, via les compteurs Linky, sur l’ensemble du territoire. Dans un
contexte de développement d’activité évoluant dans un environnement économique et
politique plus durable, Enedis a cœur d’accompagner et d’informer ses salariés de leurs rôles,
afin d’être en phase avec les enjeux de l’entreprise. Ainsi travailler dans les meilleures
conditions sociales possibles. Pour ce faire, il est nécessaire de créer du lien dans
environnement complexe et en évolution constante.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
La réalité est telle qu’une entreprise, une organisation qui a une place dans un environnement
public et dynamique et en constante évolution, se doit de réaliser des changements pour
s’adapter et subsister dans son secteur. Guilmot & Vas (2012) expliquent que le changement
organisationnel est un enjeu primordial dans l’évolution des entreprises. Cette volonté ou
obligation est notamment due au fait de l’intensification de la concurrence nationale et
internationale, une nouvelle génération de salarié plus indépendant, ou encore des avancées
technologiques telles que la numérisation du travail industriel et tertiaire. Dans ce contexte, il
apparait clairement que la gestion des ressources humaines est un point essentiel dans
l’atteinte des enjeux stratégiques de l’entreprise. De la même manière, les organisations
s’interrogent sur la compréhension de leviers d’action dont elles disposent.
De plus, nous avons vu sous nos yeux et vécu, une crise sanitaire sans précédent à l’échelle
mondiale, et cela continue à l’heure où vous lisez ce mémoire. Il semble primordial pour une
organisation en situation de crise de se poser les bonnes questions à savoir ; comment garder
ses salariés mobilisés et de définir quels leviers d’actions les manageurs intermédiaires ont à
leur disposition, sans ressource complémentaire.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
s’interrogent sur une question fondamentale : comment motiver les salariés individuellement
dans le but d’obtenir le meilleur d’eux dans leur travail individuel, mais aussi au sein du
collectif ? En effet, il semble cohérent d’associer satisfaction au travail et mobilisation des
équipes. En outre, j’ai choisi d’analyser l’approche de la satisfaction au travail, sous l’angle
de son évaluation. Cette approche met en lumière une recherche scientifique centenaire et
révèle des pistes de mesures et d’évaluations conceptuelles de la satisfaction comme
l’attitude, l’affect, les interactions, l’autodétermination, le lien de causalité ou encore la
perception.
Ces recherches et analyses seront chalenger dans la seconde partie. Une étude empirique a été
menée pour valider ou non l’articulation de la recherche autour de la problématique : quels
sont les leviers des Manageurs Intermédiaires pour favoriser l’action des salariés en situation
de crise ?
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Seulement, il n’y a pas de règles ou de sommaires types dans la littérature pour appréhender
ses deux facettes. Le MI crée son propre cheminement tel que sa propre création de sens dans
le rôle qu’il occupe, Laroche (1996) souligne qu’il n’y a pas de mode d’emploi défini, mais
une suite logique propre à l’interprétation de chacun.
Un autre point sur les variables est la compréhension des inférences, c’est-à-dire savoir quelle
interprétation est fidèle aux données traitées et à l’inverse savoir reconnaitre une
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Garreau (2006) souligne que pendant de nombreuses années les hauts dirigeants donnaient les
informations strictement nécessaires aux manageurs intermédiaires dans l’objectif de ne pas
laisser de place à l’interprétation, mais de donner suffisamment d’information pour la
compréhension des objectifs à atteindre. Néanmoins, depuis la fin des années 90 l’intérêt du
concept d’organisation des entreprises a changé. Guilmot & al (2012) expliquent que ces
dernières années la notion de créer et de donner du sens au travail s’est faite ressentir. Dans
les précédentes littératures les recherches et analyses étaient centrées sur les initiateurs du
changement au sein de la direction contrairement à nos jours où le changement passe par la
notion sensemaking, du MI jusqu’au dernier maillon de la chaine.
En effet, Guilmot & al (2012) ainsi que Gioia & Chittipeddi (1991) mettent en évidence que
les premiers articles parus, sur le rôle du manageur intermédiaire, s’intéressaient
essentiellement au fonctionnement du changement et à la stratégie directionnelle, ce qui peut
expliquer les écarts de management concernant l’implication des MI à créer du sens au sein de
leurs équipes. Récemment, Balogun et Johnson (2004) ont recentré leurs recherches sur la
contribution des manageurs intermédiaires dans ce domaine. Ils décrivent l’adaptation des
modes de fonctionnement actuels par les manageurs intermédiaires, l’idée n’étant pas de
révolutionner leurs métiers, mais plutôt de composer avec les attentes des salariés tout en
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Enfin, comprendre quel est l’impact des sous concepts, c’est-à-dire les termes gravitant
continuellement autour du sensemaking et permettant d’appréhender le plus finement possible
le processus de la création de sens, telle que : l’interprétation, l’interaction, les relations
interpersonnelles, la subjectivité, la perception et enfin la plausibilité.
Différents auteurs font référence aux liens existant entre les enjeux de l’entreprise et la
gestion de crise. D’une part pour ce qui concerne les stratégies organisationnelles et d’autre
part, l’implication des parties prenantes qui déterminent les actions futures. (Weick, Sutcliffe
& Obstfeld, 2005 ; Weick, 1993 ; Mitroff, Shrivastava & Uqwadia, 1987)
Wrzesniewski, Dutton & Debebe (2003) s’accordent à dire qu’il est indispensable pour les
salariés d’avoir une compréhension de leur activité. Le fait de donner une signification au
travail effectué impacte positivement le cadre de vie et l’engagement que l’on peut avoir
envers l’organisation.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Interprétations
Plausibilité Interactions
Enactment
Sensemaking
Rétention Sélection
Relations
Perception interpersonnelles
Subjectivité
Tout d’abord, on peut remarquer que le sensemaking est la partie centrale du processus de
création de sens, comme il a été défini par Weick. Afin de déterminer le cadre de son
implication dans ma problématique je me réfère aux travaux de Guilmot & Vas (2012) qui
nomment les trois phases conceptuelles autour du sensemaking l’enactment, la sélection et la
rétention.
Avant de détailler ces trois phases il faut souligner un point qui semble non pas définir le
sensemaking, mais plutôt l’une de ces conséquences ; la résilience. En effet, Weick (1993) se
réfère à la résilience telle que la compréhension d’éléments passés pour surmonter le présent,
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
mais en ayant à l’esprit que l’inverse est tout aussi vraie. Selon Weick (1993), l’interprétation
des signes fait partie d’une « boucle de cause d’amplification » 1 (Maruyama, 1963 ; Weick,
1979 cité par Weick 1993, P19) ce qui s’est traduit dans désastre de Mann Gulch en 1949,
avec un système de rôle qui a perdu sa structure (ce qui est sous-entendu par structure ce sont
les liens de communication permettant les interactions).
« En 1949, un groupe de pompiers s’apprête à combattre un feu de forêt dans une région
reculée du Montana, au lieu-dit de Mann Gulch. À première vue, le feu paraît banal.
Pourtant, seuls trois d’entre eux reviennent vivants de cette mission. Leur chef, l’un des
survivants, sera accusé d’avoir abandonné les membres de son équipe. Pourtant, il leur avait
indiqué un moyen d’échapper au feu. Mais les autres pompiers n’ont pas compris ses
tentatives et ont préféré tenter de fuir. »
1
« deviation-amplifyincga use loop »
2
« As if these were not obstacles enough, it is hard to make common sense when each person sees something
different or nothing at all because of the smoke. »
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
En effet, il est important de faire la distinction de la création de sens par rapport à la notion de
donner du sens, Gioia & al (1991) différencient cette dernière par des lignes divergentes qui
traduisent un rayonnement des données ou d’expériences envers ses collaborateurs. Weick
(1988) fait référence aux travaux de Bateson pour soutenir le processus du sensemaking, par
le fait de regarder en arrière pour pouvoir rétrospectivement interpréter les séquences passées.
En effet, un explorateur découvre par rétrospection son but de recherche à partir du moment
où il est en action, en fabrication de son but. « Un explorateur ne peut jamais savoir ce qu’il
1
explore jusqu’à ce qu’il ait été exploré » (Bateson, 1972, p. 16 cité par Weick, 1988,
p. 305,). Pour mettre un éclairage supplémentaire sur le sensemaking Guilmot & Vas (2012)
définissent trois phases dans le concept du sensemaking de Karl Weick :
- L’enactment, consiste en l’appropriation de données, d’évènements qui aident à
réduire l’équivocité d’une situation. Laroche (1996) décrit l’enactment comme la
création de son propre environnement tel un législateur. D’autre part, Roussel (2000)
complète cette approche en résumant les propos de Deci & Ryan (1985) « Chaque
individu, à des degrés divers, cherche à satisfaire des besoins de compétence, c’est-à-
dire, à développer ses capacités à interagir efficacement avec son environnement »
(Deci et Ryan, 1975, cité par Roussel, 2000, p. 7).
1
« An explorer can never know what he is exploring until it has been explored »
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Par ailleurs, Shrivastava (1987) décrit qu’il est nécessaire de comprendre son
environnement en lui donnant du sens, dans le but de prévenir et d’agir efficacement
en gestion de crise, pour se faire l’analyse d’évènements passés permet d’obtenir une
vision et ainsi mettre en œuvre des actions.
- La seconde phase est la sélection, c’est-à-dire choisir et maitriser un volume
d’informations pour déterminer celles qui sont acceptables.
- La troisième phase est la rétention, cela permet de capitaliser sur ses expériences et
savoirs, nous permettant d’y recourir lorsque l’on est confronté à une situation
similaire.
Toutefois, Mitroff & al (1987) mettent en garde les organisations en situation de crise. En
effet, les organisations qui s’appuient uniquement sur les actions passées réduisent
considérablement le champ des possibilités et limitent la génération de sens qui permet
d’avoir une vision élargie des crises rencontrées. Néanmoins, ils soutiennent que la plupart
des crises découlent d’une série d’actions individuelles ou collectives et qu’il est primordial
de savoir lire les signaux avant-coureurs avec précocité pour y répondre le plus efficacement
possible.
En d’autres termes, le sensemaking est une réponse à un moment particulier pour les individus
lorsqu’un évènement inattendu survient. Même si d’après Mills & Helms Mills (2017), il
existe une faiblesse dans l’approche sensorielle de Karl Weick, c’est-à-dire que le
sensemaking s’intéresse essentiellement au processus des organisations et néglige la
conception de résultats qui est pourtant l’un des facteurs moteurs des organisations. En outre,
Gioia & al (1996) révèlent un manque dans l’approche de E. Weick, son approche se
concentre principalement sur les situations, les moments dits surprenants, de nouvelles
expériences ou des situations ambigües. Alors que le quotidien des organisations est souvent
routinier, qui ne nécessite pas toutes les phases du sensemaking, mais qui nécessite d’avoir du
sens.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
al 2005 ; Mitroff, Shrivastava & Uqwadia 1987 ; Lana De Carvalho 2008 ; Maturana &
Varela 1973 ; Valera, Thompson & Rosch 1993), la sélection (Laroche & Steyer 2012 ; Weick
& al 2005) et la rétention par le croisement de ces auteurs.
Figure 2 : Sensemaking et action
D’après la figure 2, Laroche & Steyer (2012) décryptent que le sensemaking est à l’action,
l’action de réaliser, de comprendre les « variations » qui nous entourent. Interagir par l’action
dans notre environnement. Que la sélection permet de définir, de « sélectionner » un moment
que l’on souhaite comprendre en fabriquant du sens autour de lui. Enfin le travail de
rétrospection par la « rétention » d’information qui permet de justifier de donner du sens à ce
que l’on cherche à expliquer.
En effet, Weick, Sutcliffe & Obstfeld (2005) démontrent par ce processus un point commun à
toutes les situations, lorsque la continuité de notre environnement est rompue alors les
organisations passent à l’action. L’action première est la recherche ciblée du moment ou de
l’aspect de la rupture. Puis l’évaluation de cette recherche en fonction de l’expérience. Enfin
par une analyse rétrospective le sens émerge, l’action se dessine puis l’action est mise en
œuvre.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Laroche (1996) nous le décrit comme une analogie entre manageurs et législateurs, être un
créateur de son environnement en dictant et/ou en imposant des lois qui s’appliquent à soi-
même et aux autres. Puis il énonce le paradoxe que contient ce concept « comment puis-je
confondre ma propre création avec une réalité extérieure ? ». En d’autres termes, il est
indispensable de rester connecté à la réalité de mon environnement, pour ne pas générer un
décalage de pensées, ne permettant plus d’avoir de cohérence entre ce qui est et ce qui est fait.
L’enaction fait référence aux concepts de cognition. Il existe quatre grandes écoles,
l’approche symbolique, connexionniste, hybride et de systèmes complexes que je n’aborderai
pas dans ce mémoire, car, les écrits me conduiraient vers d’autres analyses. Concernant
l’enactment Lorino (2019) critique l’approche de Simon (1978) dans laquelle il associe la
pensée à un déroulement d’actions logiques tel qu’un processus computationnel, c’est-à-dire
une manière d’encoder les informations par nos récepteurs sensoriels puis de la transformer
via la penser en « divers résultats moteurs et verbaux ». Lorino (2019) et Lana De Carvalho
(2008) abondent dans le sens de Maturana & Varela (1973) et Valera & al (1993) ils
expliquent que la cognition est un principe vivant, continu et évolutif comme un système
biologique et social. En ces termes, l’enactment est l’assimilation de l’environnement par la
cognition et l’action permettant de se développer et de s’adapter à celui-ci.
Weick, démontre que comprendre les actions influence la gestion d’une crise. En effet, selon
Weick (1988), enacter c’est s’adapter à l’environnement auquel on est confronté par la
promulgation. En d’autres termes, c’est le fait d’affirmer, de faire savoir publiquement ou
d’attester officiellement d’une réalité dans notre environnement et de mettre cette réalité en
mouvement dans l’organisation.
Dans l’approche de Weick (1993), faisant référence au désastre de Mann Gulch, il nomme les
individus cherchant à limiter un désastre par la réflexion et par l’action, de « bricoleur ». Ces
personnes ont une capacité à limiter les effets cascades d’incidents lors de la mise en œuvre
d’actions et cela parce qu’ils sont compétents dans leur domaine, qu’ils utilisent leurs
expériences passées pour pouvoir improviser efficacement dans leur environnement. Il
développe leur compréhension en fonction de la situation en intégrant leur environnement, ce
qui leur permet de prendre de bonnes décisions embarquant avec eux toute une équipe et en
limitant les dommages collatéraux.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Néanmoins, Mitroff & al (1987) mettent en garde les organisations en situation de crise. En
effet, les organisations qui s’appuient uniquement sur les actions passées réduisent
considérablement le champ des possibilités et limitent la génération de sens qui permet
d’avoir une vision élargie des crises rencontrées. Cette mise en garde semble importante, car,
l’approche du sensemaking fait de nombreuses références à la rétrospection, mais l’on
comprend avec l’enactment que cela et plus complexe que la simple mise en mouvement de
souvenir.
Par ailleurs, si des indices sont perçus tels qu’une situation sous contrôle alors l’attitude, la
prise de conscience du risque ou la vigilance partagée seront tempérées par la perception de
chaque individu, pouvant engendrer une sous-estimation du risque et alors provoquer une
perte de contrôle, un comportement inapproprié, une désorganisation face à un évènement
inattendu.
Laroche & Steyer (2012) abordent à leur tour la vigilance à apporter aux indices, manquer un
indice peut être décisif. Lorsque l’on est soumis à une pression, dû au fait d’une situation de
crise, l’esprit peut alors s’embrouiller et sélectionner des informations confuses ne prenant pas
en compte les indices essentiels qui permettent de répondre à la crise.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Néanmoins, Weick & al (2005) et Laroche & al (2012) rappellent les limites de la fabrication
de sens. Il est vrai que le sensemaking naît des actions de chaque personne, il est alors
nécessaire de garder à l’esprit la nécessité absolue de rester connecté à la réalité du monde
environnant. Cette frontière est parfois mince, mais au combien essentiel de ne pas franchir
pour ne pas basculer dans l’erreur de jugement et adopter un comportement inadéquat pouvant
induire des actions plus ou moins graves.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§1. INTERPRÉTATIONS
L’interprétation est utile aux salariés d’une organisation pour comprendre ou s’approprier les
objectifs, les intentions, les informations descendantes ou les consignes de la direction. En
effet, avoir la capacité d’indiquer l’orientation des enjeux d’une organisation est essentiel
pour le Manageur Intermédiaire, pour Falardeau (2003) l’interprétation n’est pas seulement
formée d’éléments explicites ou implicites, mais elle est issue des inférences qui délivrent une
signification. En outre, l’étymologie de l’interprétation renvoie à l’action d’indiquer.
Pour compléter cette approche, selon Wrzeniewski, & al (2003), l’interprétation est un
processus séquencé de trois éléments : « remarquer, discerner l’affirmation ou la
1
désaffirmation et faire un travail de motivation » . Ce mémoire s’intéresse plus
particulièrement au processus de remarquer.
et les messages transmis seront interprétés avec les inférences déjà cumulées. Comme Weick
(1995) le fait remarquer, les actions sont souvent perçues à posteriori de l’action. Gioia et al
(1991) abondent en ce sens, l’interprétation est dépendante de la compréhension et des actions
engagées par les individus. Autrement dit, l’environnement et la situation dans laquelle se
trouve un individu influencent la compréhension des actions menées dans certaines situations
ayant pour effet d’impacter directement l’interprétation.
En outre, Roussel (2000) décrit la notion de feed-back positif telle que, la réalisation de tâches
et la variété des compétences mises en œuvre, permettent de renforcer les sentiments
intrinsèques. Ce qu’il faut comprendre c’est que l’interprétation peut être faite
individuellement lorsque l’on prend un temps de rétrospection des activités réalisées, toutefois
un feed-back peut être positif pour les uns et interprété négativement pour les autres. Il existe
différents moyens de percevoir une action passée.
De la même manière et pour compléter les propos décrits ci-dessus, Gioia & al (1991) et
Laroche (1996) expliquent que l’interprétation est dépendante de l’environnement, des
expériences passées ou encore des évènements en cours, dans la mesure où ils ont un impact
sur l’articulation de la création de sens en fonction des individus. Weick & al (2005) abondent
en ce sens, comprendre notre environnement, marquer un temps d’arrêt pour analyser une
situation, donne la possibilité de s’organiser de réduire l’équivocité et ainsi interpréter,
« inventer un nouveau sens » (Weick & al 2005, page 5). Réduire l’équivocité permet de
s’approprier les informations, pour Guilmot & Vas (2012) le rôle du Manageur Intermédiaire,
dans une situation organisationnelle en mouvement, est de pouvoir s’approprier un
changement, une transformation en indiquant le chemin à venir à ses collaborateurs et par la
suite générer du sens auprès de ses équipes.
Étant donné que Laroche (1996) nous dit que l’interprétation survient lors de conversations et
d’interactions, que c’est cela qui contribue à faire évoluer les schémas de pensée. Que de
surcroit, pour Wrzeniewski, Dutton & Debebe (2003) il apparait clairement que
l’interprétation faite est dépendante du signal envoyé, mais aussi de la source de ce dernier, en
s’appuyant sur la littérature nous allons éclaircir l’influence de l’interaction dans le processus
de création de sens.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
En outre, Dervin (1998) expose une dissociation entre les interactions liées à des évènements,
tels que la routine, la centralité, les résultats ou l’obéissance qu’elle estime moins pertinents
que la conceptualisation des évènements, de créativité, de collaboration ou encore l’initiative.
En revanche, Wrzeniewski, & al (2003) développent l’idée que les interactions que l’on
pourra qualifier de locales sont génératrices de motivation par exemple une interaction
négative entre partenaires issus d’une même équipe, sera interprétée avec une plus grande
indulgence, dans le but de répondre à l’attente de son partenaire même si le message, la
demande est une désaffirmation du sens qu’il a créé. Weber (1994) a démontré que les
individus appartenant à un même groupe font preuve d’une plus grande gentillesse et d’une
plus grande intensité de motivation à réaliser une tâche. Dans cette même approche, il observe
un comportement négatif à l’égard des autres groupes, notamment lorsque l’un des membres
de son équipe est la cible d’un travail.
Fort de ce constat, le MI se doit de composer avec les subordonnés qui lui sont rattachés, mais
aussi de servir de passerelle afin de démultiplier et faciliter l’acceptation des enjeux ou des
changements à opérer lors d’évènements inattendus. Néanmoins, il se doit dans un premier
temps de le mettre en œuvre de comprendre les interactions au sein de son propre groupe.
Lewin (1947) met en lumière un phénomène de forces opposé dans les processus quasi
stationnaires de changement et qu’il est nécessaire d’obtenir un équilibre, cela passe par les
interactions. En effet pour obtenir l’acceptation d’un groupe il doit y avoir un équilibre entre
la force de l’organisation qui perturbe les habitudes sociales et la force intérieure des salariés.
Lorsque l’on opère une modification des habitudes programmées ou exceptionnelles et que
celles-ci requièrent un vote, les interactions entre individus sont mises en avant. Lewin (1947)
nous fait remarquer que certains salariés ne souhaitent pas prendre ce genre de décision et
dans le but de conserver leur schéma de pensée et de satisfaction, ils préfèrent se retourner
24
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
vers le groupe auxquels ils appartiennent, ces interactions lient les individus en un groupe
normé et créer du sens par la subjectivité partagée dans un objectif commun. Parrini-
Alemanno (2007) converge vers cette idée, les interactions donnent de la crédibilité aux mots
et révèlent dans le groupe un leader, qui impulse à un moment donné dans une situation
précise et sans lien hiérarchique, une direction.
Pour aller plus loin, concernant l’importance de facteurs l’influençant les interactions, Weick
(1988) met en évidence qu’il est complexe de composer un groupe et qu’il est d’autant plus
difficile d’homogénéiser la résultante des interactions et cela est notamment plus
prépondérant lorsque l’on observe un turn-over important. En ce sens, il considère que les
équipes de travail ont la capacité d’inhibée ou tout du moins réduire le risque, lorsque celles-
ci n’agissent pas en tant que personnes isolées, mais comme une équipe qui se respecte
suffisamment pour élaborer une densification de leurs apports à chaque interaction. En outre,
Dervin (1998) s’accorde avec ces propos en l’abordant sous l’angle de la communication et
plus particulièrement avec la gestion des connaissances. Dervin (1998) cite notamment les
travaux de Clarke de 1998, il aborde la gestion des connaissances comme « une nouvelle
façon de résoudre les problèmes… une nouvelle perspective stratégique influencée par une
nouvelle appréciation des interrelations, de la complexité et du contexte » 1. Pour compléter
ces propos, Wrzesniewski & al (2003) soulignent que certains auteurs en interaction
symbolique définissent les interactions par des « lignes d’action » et illustrent que les
individus « s’engagent dans une interprétation constante des lignes d’actions en cours des
uns et des autres » 2 (Bulmer, 1966, p. 538, cité dans Wrzesniewki et AL, 2003, p. 103).
C’est-à-dire qu’à postériori de l’interprétation individuelle, les employés d’une organisation
cherchent à interagir avec leurs collègues de travail pour compléter leur propre interprétation
des actions engagées en lien avec le monde qu’ils les entourent.
25
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
services extérieurs, les clients ou toutes autres personnes inférant dans l’activité quotidienne,
sont facteurs ou acteurs d’une signification de sens au travail.
§4. SUBJECTIVITÉ
Régulièrement, le mot action est utilisé pour appuyer le fait d’être dans le mouvement, dans
une approche dynamique et continue. Selon Weick & al (2005), la création de sens commence
individuellement, en se posant une question « Quelle est l’histoire ? » c’est-à-dire ne pas faire
une tâche sans en connaitre le tenant. Cette question naît avec l’expérience accumulée. Puis
une seconde question « Et maintenant ? », cette dernière confirme l’implication du
collaborateur de son intérêt et du sens qu’il y trouve. Dervin (1998) explicite la notion de
temporalité des évènements comme une notion importante sur le transfert d’informations et
donc de son appropriation. Le sensemaking fait appel aux évènements du passé pour nourrir
sa subjectivité par les connaissances tacites individuelles ou partagées. Weick (1993) nous
expose que l’intersubjectivité est liée aux interactions de personnes concernant une situation,
un sujet ou une expérience. Tout au long de ce processus, il émerge une subjectivité
commune, partagée ou entrelacée. Cependant, Dervin (1998) en donne sa limite, toute
information aussi importante qu’elle soit ne peut simplement être transférée d’une personne à
l’autre.
§5. PERCEPTION
a- Définition
Il est difficile de donner une définition de la perception, car la littérature y fait de nombreuses
fois référence en la nommant dans différentes situations, dans un premier temps j’ai pris parti
de choisir une définition générale de la perception sur le larousse.fr où il est écrit que c’est
un : « Évènement cognitif dans lequel un stimulus ou un objet, présent dans l’environnement
immédiat d’un individu, lui est représenté dans son activité psychologique interne, en
26
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
principe de façon consciente ; fonction psychologique qui assure ces perceptions ». Cette
définition fait écho Parrini-Alemanno (2007) et Wrzesniewski, Dutton & Debebe (2003) qui
définissent la perception de chacun comme étant soumise à différentes interférences qu’elles
soient émotionnelles, liées au vécu, culturelles, temporelles ou aux actions passées.
En accord avec les éléments énumérés ci-dessus Weick & al (2005, p. 413) nomment la
perception tel que « Le processus évolutif de base supposé par la perception est celui dans
lequel des interprétations rétrospectives sont construites au cours d’une interaction
interdépendante. » 1.
Enfin, pour compléter la définition de la perception Mills et al (2017) l’abordent sous l’angle
d’un processus d’interprétation en mouvement constant qui amène les individus à avoir une
compréhension telle une suite logique et que la cause d’un évènement est liée à un fait
antécédent.
b- Contexte
La perception en situation de crise, Weick et al (2005) suggèrent 3 moments dans lesquels la
compréhension, l’interprétation et la subjectivité personnelles peuvent être mises en route : la
perte dramatique de sens, une perte de sens banale, mais tout aussi impliquante et enfin un
moment où le sens n’est pas saisissable. Fort de ces suggestions également émises par
d’autres auteurs, Weick & al (2005) soutiennent que, quel que soit le moment, la situation ou
l’implication de la perte de sens le résultat est identique. « Les acteurs sont confrontés à des
impressions sensorielles fugitives qui suscitent la prise de conscience. »2 (Weick, Sutcliffe &
Obstfeld 2005, p. 415)
Alors que, dans un contexte routinier certaines activées sont choses courantes, la pause-café,
le démarrage de réunion, les moments avant et après un repas ou certaines fins de journée.
Wrzesniewski & al (2003) reprennent les travaux Fiske et Taylor de 1991, ils ont analysé que
certains signaux dans un contexte routinier sont davantage remarqués, comme le non-retour
d’une salutation ou de ne pas partager avec ses collaborateurs avant une réunion, qui en temps
normal est un temps de feed-back sur la dernière séance. Ces moments inattendus, irréguliers
1
« The basic evolutionary process assumed by sensemaking is one in which retrospective interpretations are
built during interdependent interaction. »
2
« Regardless of whether there are too many meanings or too few, the result is the same. Actors are faced with
fleeting sense impressions that instigate sensemaking »
27
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
sont remarqués et plus fortement perceptibles, cet aspect inattendu est un catalyseur de
création de sens sur l’interprétation de cet acte.
c- Les apports
La perception est centrale dans le processus de sensemaking, en effet selon Weick & al
(2005), c’est le lieu et l’instant où l’élaboration de sens est la plus prépondérante. Ils
soulignent également que les actions sont assujetties à la perception.
d- Les dangers
Weick (1993) met en évidence les dangers d’une altération de la perception individuelle.
Mills & al (2017) soulignent également que le sensemaking « est influencé par la présence
réelle, implicite ou imaginaire des autres » 1 (Weick, 2001, p. 460 cité par Mills & al, 2017),
cela peut impliquer un renforcement de ses croyances dans une direction ou alors amener à
une forme de résistance. Weick & al (2005) insistent et s’accordent à dire qu’il faut être
vigilant sur la perception des évènements et ne pas négliger les détails, aussi petits soient-ils.
§6. PLAUSIBILITÉ
Selon Weick (1993), on comprend que la plausibilité des évènements fait écho à notre savoir
et nos croyances. La plausibilité permet de mieux s’approprier les évènements et ainsi
construire une histoire, perceptible, pleine de sens par une approche cognitive et rationnelle.
Mills & al (2017) abondent en ce sens, pour eux la plausibilité est un élément fondamental de
la formation de sens. En effet, elle donne un sentiment d’appartenance durable. Laroche
(1996, p. 4) dit « Le sens que je donne à mes paroles a pour but de me permettre de
poursuivre mon action et mes projets. Je n’ai pas besoin d’un sens précis ou exact, il me suffit
d’avoir construit un sens plausible ». Selon Mills & al (2017), il est néanmoins nécessaire de
1
« Thus, sensemaking “is influenced by the actual, implied, or imagined presence of others” »
28
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
faire attention aux discours discursifs que chacun peut avoir, car il peut donner sens à une idée
qui est une façon de penser ou de croire qui est personnelle, s’éloignant ainsi de l’intention
première.
Laroche (1996) souligne que l’émergence du sensemaking se construit par deux facteurs qui
s’entremêlent. Le premier vient de la substance d’éléments ponctuels, des signaux captés dans
le flux d’évènements. Le second vient d’un élément général qui fait référence à une situation
historique, comme le cadre. Weick & al (2005) insistent également sur un point majeur de la
construction du sensemaking, qui est celui des histoires « elles sont fondamentales », car les
autres formes de cadres n’existent qu’à travers les histoires auxquelles elles s’y rapportent. Le
pouvoir de la narrativité, de la mise en séquence est un puissant moteur pour la construction
du sens.
En effet, Weick & al (2005) et Weick (1993) contredisent certains modes de management qui
consistent à donner de manière précise les éléments permettant de résoudre une problématique
avec efficience. Selon ces auteurs, la perception d’un cadre envers une action n’est pas la
même réalité d’un agent d’exécution. Pour obtenir un résultat, il est donc salutaire de donner
une vision d’ensemble de la problématique aux parties opérantes dans le but de laisser assez
d’espace à la réflexion et ainsi lier signaux et cadre pour délivrer une solution dans un
contexte plausible.
29
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
En avant-propos, Roussel (1996) explicite l’interrogation suivante, qui a débuté dans les
années 1930 ; de nos jours, les entreprises continuent de s’interroger sur une question
fondamentale, comment motiver les salariés, dans le but d’obtenir le meilleur d’eux dans leur
travail individuel, mais aussi au sein du collectif. Comment susciter leurs intérêts à faire
grandir l’entreprise, une entité, un groupe et par ce fait eux-mêmes. En effet, la satisfaction au
travail selon Guilmot & Vas (2012) est un enjeu de taille pour les entreprises notamment pour
la Gestion de Ressources humaines. Cependant, cet indicateur a été mesuré à plusieurs
reprises au fil des décennies pour autant les réponses restent malgré tout à résonnances
équivoques. La satisfaction au travail dans la recherche GRH tente de comprendre son
influence sur l’attitude et le comportement des salariés, pour cela Mignonac (2004) souligne
dans son étude empirique qu’il convient de comprendre ce que l’on mesure lorsque l’on
discute du concept de satisfaction.
n’y a pas d’accords entre les auteurs permettant d’établir une seule définition. Nous pouvons
définir la satisfaction au travail à travers certains auteurs. Par exemple Locke (1969) défini
« La satisfaction au travail est l’état émotionnel agréable résultant de l’évaluation de son
travail en tant que réalisation ou facilitation de la réalisation de ses valeurs
professionnelles » 1 (Locke, 1969, p. 4).
Mignonac (2004) abonde en ce sens et s’appuie sur quelques auteurs (Locke, 1976 ; Spector,
1997) pour présenter la satisfaction au travail telle qu’un état émotionnel positif, qui
appartient au subjectif. Selon Castel, Durand & Lemoine (2011), la satisfaction au travail se
traduit par une formation d’attitude lors de l’interaction entre un besoin individuel et une
activité réalisée au sein d’un environnement professionnel. Locke (1969) s’accorde sur ce
propos, il illustre également ce lien en nommant les travaux de Roethilisberger & Diekson de
1939, néanmoins il nous fait remarquer que l’idée générale est partagée, mais que la
perception, les valeurs auxquelles les individus se rattachent sont à prendre en compte dans
l’évaluation de la satisfaction au travail (Likert, 1961 ; Katzell, 1964 ; Vroom, 1964).
Pour autant, jusqu’aux années 1969, la perception et les valeurs n’ont pas été mesurées dans
de nombreuses études et l’on fera le même constat de nos jours, car elles font référence à la
nature de l’homme et qu’elle oscille aléatoirement dans le temps. Pour Weiss (2002) et Fisher
(2000), la satisfaction au travail est un jugement évaluatif (l’attitude) composé d’expériences
affectives et de croyances. C’est-à-dire qu’ils sous-entendent que concernant le jugement
évaluatif, il n’existe pas de lien émotionnel direct avec l’évaluation de la satisfaction au
travail, mais qu’il existe sans aucun doute une corrélation.
31
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
malgré plus de 80 années d’études sur ce sujet. Ils démontrent notamment l’absence
significative de lien entre la satisfaction au travail et évaluation de la performance.
Igalens (2008) & Maugerie (2013) abondent en ce sens, ils s’appuient sur différents travaux
qui mettent en évidence les évaluations de rentabilité, de productivité ou de performance, ne
sont nullement liés au degré de satisfaction des salariés dans leur travail. Maugerie (2013)
nous rapporte que cette observation a été mise en lumière dans la fin des années 1970, c’est
seulement à cette période que les économistes ont commencé à travailler différemment et de
ne plus concevoir l’entreprise comme une machine d’action et de réaction avec comme seul
but la maximisation du profit.
Quant à Weiss (2002), il critique les recherches actuelles mesurant les stimuli suscitant une
réponse affective générant de la satisfaction, alors qu’il serait plus pertinent de mesurer
l’attitude pour ensuite clarifier la satisfaction au travail envers des objets, des éléments du
travail étudiés.
Fort de ces constats comment peut-on établir une mesure de la satisfaction au travail ? Il faut
revenir à la base, à la source de la satisfaction au travail avec Locke (1969) qui soutient qu’un
indice de satisfaction pertinent prend en compte la somme de l’ensemble des aspects du
travail, car les valeurs attribuées à chaque aspect ne sont pas identiques entre les individus.
L’article de Locke (1969) expose qu’il ne faut pas chercher à mesurer la satisfaction, mais
plutôt à comprendre les causes et que les études de corrélations sans explication son
certainement l’un des points bloquants qui limite les études actuelles. Si on ne peut pas définir
une cause, on ne peut pas en déduire une règle.
Weiss (2002) abonde en ce sens et expose que les composantes de construction sont
distinctes, mais également interdépendantes. Elles sont les causes de l’attitude. Dans les
travaux de Iglesias & al (2010), ils suggèrent une forte disparité de la modélisation des études
et remettent en cause l’utilisation des outils d’analyse. L’objectif étant d’obtenir un résultat
cohérent quel que soit l’échantillon ou le questionnaire. En ce sens il est difficile d’obtenir
une image de la satisfaction homogène, car Weiss (2002), Locke (1969) et Castel & al (2011)
s’accordent à dire que le moment où un employé réalise un questionnaire de satisfaction, peut
le conduire à avoir une attitude positive parce qu’il a vécu un évènement le prédisposant à
accepter son quotidien. A contrario un évènement négatif à un impact modifiant son attitude
32
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
ainsi par effet ricochet une modification de sa réponse à l’évaluation. De la même manière
Fisher (2000) met en évidence, dans ces résultats quantitatifs (Job Emotions Scale) l’absence
de corrélation significative entre la satisfaction au travail et le jugement évaluatif, autrement
dit de l’attitude, en effet il ajoute dans ce questionnaire une variable de mesure des humeurs et
de l’émotion.
On peut tout de même souligner dans un récent article de Judge, Weiss, Kammeyer-Muller &
Hulin (2017) une évolution dans l’approche de la méthodologie et de la théorie des
déterminants de la satisfaction au travail, qui a redonné un dynamisme à la recherche. En
effet, de nouveaux outils abordant un éventail de concepts liés à la satisfaction comme
l’affect, le lien entre motivation et personnalité ou encore l’influence des interactions sont en
cours d’expertise pour répondre aux attentes des GRH.
34
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
D’après les travaux de Locke (1969), la valeur ressort comme un déterminant d’aide à la
construction de la satisfaction, c’est une recherche de l’homme envers un principe qu’il veut
acquérir et/ou conserver et qu’il considère bénéfique. La valeur est une haute prise de
conscience envers une condition ou un objet. La non-prise en compte du concept de valeur ou
d’avoir négligé la relation avec l’affectivité a conduit de nombreux théoriciens à une
compréhension incomplète des études de la satisfaction. Les termes d’attentes et de besoins
étaient alors privilégiés.
En outre, on comprend qu’il est nécessaire de peser l’appétence des tâches ou des enjeux en
fonction des désirs sous-jacents des employés. De plus, Maugeri (2013) s’accorde à dire que
le désir, la valence qui existe entre un salarié et le résultat de son travail quel qu’il soit et
extrêmement difficile à comparer entre individus. On peut aisément analyser que le contexte
culturel d’un continent à l’autre ou d’une époque différente dans lesquels les salariés évoluent
a une incidence directe sur le désir d’un employé à l’égard de son emploi ou encore du degré
d’appétence envers les facettes. En effet, le poids des facettes, en fonction des tâches, est
dépendant de l’attractivité et de l’intérêt des salariés et de la valeur qu’ils leur attribuent ou
qu’ils peuvent percevoir.
En ce qui concerne les croyances, Laroche (1996) explique qu’elles permettent de porter ou
de défendre avec plus d’aisance un projet s’il vient à faire écho en nous. De même que
l’action par l’engagement, mise en lumière par Laroche (1996) tel qu’une structure
bureaucratique organisée et rationalisée qui peut exclure de son environnement les acteurs de
fabrication de sens, car ce type d’organisation apparait hors du cadre de croyance de certaines
personnes, en effet une vision recentrée et limitée laisse difficilement la place au changement
et l’acceptation de projet allant à l’encontre des croyances de certains employés. À l’inverse
d’une structure dite anarchisée, qui laisse place à l’inattendu et se nourrit des propositions de
35
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Par ailleurs, Weiss (2002) explique que les croyances sont internes et généralement durables
cependant elles peuvent être influencées ou évoluées par des facteurs du quotidien, par des
évènements exceptionnels ou de simples discussions, il est alors tout aussi possible de générer
une contradiction et de ce fait de la satisfaction comme de l’insatisfaction. Sans compter que
les croyances doivent être distinguées de l’affectif, car elles sont liées à des convictions et ont
des implications en dehors du champ d’évaluation globale.
Après avoir mis un éclairage sur deux déterminants importants, qui sont pour le moins
complexes à appréhender pour le manageur intermédiaire dans la gestion des équipes au
quotidien, mais qui nécessite l’attention du MI pour qu’il puisse affiner son discours et
manœuvrer intelligemment. La suite de cette section recherche à illustrer plus précisément et
qualitativement les déterminants de la satisfaction au travail pour répondre à notre question de
recherche comme, l’attitude, l’affect, les interactions, l’autodétermination, le lien de cause et
la perception.
§1. L’ATTITUDE
On constate que dans les dernières recherches de l’attitude dans le domaine de la satisfaction
au travail ne cesse de se mouvoir, en effet Judge & al (2017) évoque un concept épigramme
qui évolue au fil du temps. La question de l’attitude professionnelle est une préoccupation
essentielle des « sciences pures » d’un point de vue de la psychologie du travail avant d’être
appliqué aux organisations du travail.
Pour définir l’attitude nous citerons la définition la plus influente selon Judge & al (2017)
« L’attitude est une tendance psychologique qui s’exprime en évaluant une entité particulière
avec un certain degré de faveur ou de désapprobation » 1. On remarque que l’attitude émerge
de facteurs intrinsèques et extrinsèques.
1
« attitude is a psychological tendency that is expressed by evaluating a particularly entity with some degree of
favor or disfavor »
Judge & al (2017) constatent qu’il existe un brassage d’interprétations de la satisfaction au
travail avec des déterminants comme l’affect, l’engagement, le bien-être subjectif ou encore la
36
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
morale. Dans la revue scientifique de ces auteurs (Attitudes à l’égard du travail, satisfaction
au travail et effet sur le travail : Un siècle de la continuité et du changement), ils soulignent
l’approche de Weiss (2002) qui fait référence à un jugement évaluatif global. Autrement dit,
c’est l’évaluation de caractère favorable envers un emploi dans le temps en prenant en compte
les aspects positifs et négatifs, liés au travail lui-même et son périmètre d’action. On
comprend que l’attitude est l’évaluation globale et qu’elle est pondérée par les facettes.
§2. L’AFFECT
Les travaux de Weiss (2002) intègrent dans sa définition de la satisfaction, l’attitude comme
un jugement évaluatif de la satisfaction, avec la notion d’affect comme un déterminant à
analyser indépendamment des autres, puis en l’intégrant à l’évaluation globale de la
satisfaction au travail. Mignonac (2004) et Weiss (2002) s’accordent à identifier l’affect en
deux catégories. En effet, l’affect est lié d’une part à l’émotion qui est un état émotionnel
intense qui a lieu à un certain moment et découlant de causes identifiables. D’autre par
l’affect est lié à l’humeur qui est un état général et diffus dans le temps, contrairement à une
émotion qui est plus concentrée et parfois éphémère.
De plus, Wrzesniewski & al (2003) s’appuient sur différents travaux concernant le lien
affectif lié à un poste. Ils soutiennent que la littérature a surévalué le lien entre la satisfaction
au travail, rôle des tâches et des récompenses. De plus, on comprend, dans les propos de
Terkel (1972), qu’il y a une remise en question des théories de la satisfaction consistant à
répondre au désir des employés et de donner du sens dans le travail effectué. Les auteurs
susnommés dans ce paragraphe s’intéressent davantage au lien affectif entre collaborateurs.
De leurs points de vue l’attitude des salariés en fonction de la qualité des rapports entre
collaborateurs et cela de manière prépondérante, contre la signification d’une tâche qui relève
davantage de la recherche de professionnalisation. En effet, dans l’un des témoignages
retranscrits par Terkel (1972) il expose son point de vue sur le fait qu’un chirurgien qui réalise
un acte avec succès lui délivre un sens immédiat, mais que ce sens n’est pas celui qui confère
durablement de la satisfaction au travail. Contrairement aux relations affectives que l’on peut
entretenir avec les personnes que l’on côtoie chaque jour sur le lieu de travail, ces relations ou
interactions contribuent fortement dans l’évaluation de globale.
Néanmoins, l’approche liée à la mission et/ou à la récompense ne peut être omise dans la
compréhension de l’attitude. Pour imager le bienfait d’une attitude positive d’un salarié à
37
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
l’égard d’une mission qui lui a été confiée, au-delà des croyances qui font écho en lui et de
celles de ses collaborateurs, on peut mettre en lumière les travaux de Maugerie (2013) qui
s’accorde avec ceux de Frances (1995). Ils associent de manière judicieuse la capacité,
l’aptitude ou le savoir-faire d’un salarié a réalisé un geste métier avec la satisfaction qu’en
retire le salarié à réaliser un geste « beau ». Comme cela a déjà été dit en introduction la
satisfaction ne peut influencer la performance néanmoins, il ressort que l’atteinte de
performance peut être génératrice de satisfaction et notamment par la reconnaissance du
travail effectué ou par les avantages qui peuvent en découler.
On comprend également dans les propos de Weick (1993) et de Laroche (1996) que les
interactions des individus avec leur environnement sont aussi liées à l’attitude perçue par les
membres d’une organisation, ne pas apprivoiser son environnement peut provoquer une perte
de sens, de par ce fait éloigner le salarié de ses missions et in fine l’isoler de l’organisation.
Locke (1969) et Vroom (1964) soutiennent que l’évaluation d’un évènement, d’une situation
ou d’un objet est liée à la perception de chaque individu. Ils traduisent que le ressenti perçu à
l’égard de ces choses est lié aux valeurs attribuées par chacun et que les valeurs ne sont pas
uniquement subjectives ou indépendantes de toutes choses. Le jugement est lié à notre
environnement, le contexte dans lequel les Hommes évoluent il apparait clairement dans les
travaux de Locke (1969) que la qualité des relations est une composante dominante de la
satisfaction au travail et que les interactions permettent de figer ou de remettre en cause notre
positionnement, notre jugement de valeur dans le but de trouver une place qui correspond à
l’attente du salarié.
38
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§4. L’AUTODÉTERMINATION
D’après Roussel (2000), l’autodétermination est l’un des axes de satisfaction, il définit
l’autodétermination telle que la capacité de chacun à choisir ce qu’il fait en fonction des
circonstances qui se présentent à lui. Une personne autodéterminée réagit à deux processus
non hiérarchisés, mais dépendants. Le premier est interne il fait référence à l’expérience
accumulée, de sa perception face à une situation où il est en interaction. Le second est externe,
la dépendance de l’environnent de travail, comment j’adapte mon environnement à mon
schéma de référence. C’est-à-dire la capacité de chacun à choisir ce qu’il fait en fonction des
circonstances qui se présentent à lui. Cette notion d’adaptation à l’environnement et
d’expérience cumulée est extrêmement présente dans le sensemaking.
En effet, avoir la capacité de choisir en fonction de son schéma de référence lié aux
expériences des salariés accroit le degré de satisfaction dans le travail accompli,
Wrzesniewski & al (2003) font référence à des travaux en cours qui cherchent à démontrer
l’impact des micro-évaluations concernant l’évaluation globale du travail.
En outre, Locke (1969) cite les travaux de Skiner en donnant le terme de « relation
fonctionnelle » c’est-à-dire que tout fait s’articule avec un autre fait. En effet Vroom (1964)
détail que la perception des individus envers l’emploi, les situations ou les normes de valeurs
sont les causes de la satisfaction. Les travaux de Weiss (2002) rapportent que les expériences
affectives sont les causes de l’évaluation de la satisfaction. Quant à Maugerie (2013) il
explicite qu’une des grandes confusions de la littérature et donc au sein des organisations, a
été celle de la performance. Bon nombre d’étude ont essayé de définir le lien cause et
conséquence du niveau de satisfaction des salariés en fonction de leur productivité, mais cela
n’est à ce jour pas concluant.
39
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Enfin, Maugerie (2013) réalise un état des lieux de la littérature qui a traité le sujet de la
motivation au travail et révèle l’incohérence ou plutôt la confusion faite par nombre d’auteurs.
Par exemple, cet ouvrage met en évidence que la rémunération n’est pas une cause
d’influence pérenne de l’état de satisfaction au travail. Maugerie (2013) et Roussel (1996)
démontrent que la motivation n’a pas d’influence directe sur la satisfaction. En effet, une
personne peut être motivée à accomplir une tâche, à rechercher à accomplir un objectif, sans
pour autant en retirer une satisfaction personnelle.
§6. LA PERCEPTION
Les éléments de la perception précédemment énoncés au chapitre 1 sont transposables dans ce
contexte de satisfaction au travail, le fait de délimiter et d’influencer nos propres actions en
fonction d’éléments ou d’évènements extérieurs ou internes à l’individu. Néanmoins, un
complément peut être apporté en ce qui concerne la satisfaction au travail.
Pour approfondir les leviers de satisfaction au travail, il faut noter que le travail peut être
apprécié ou perçu sous différents angles. Les travaux de Morin et Forest (2007) déterminent
3 catégories ; l’emploi (une nécessité), une carrière (perspective de perfectionnement) ou une
vocation (sentiment d’accomplissement personnel et pour les autres). Le Manageur
Intermédiaire peut plus aisément se positionner lorsqu’il interagit avec ses collaborateurs et
perçoit l’une de ces trois catégories chez un salarié, il peut ainsi adapter son discours lorsque
nécessaire pour satisfaire et motiver le salarié envers les enjeux de l’entreprise.
Par ailleurs, selon Morin & al (2007), le plaisir perçu du travail est un élément moteur, en
effet l’implication et l’engagement du salarié lui permettent de dépasser ces limites
(Waterman, 2005). Une dynamique vertueuse se met alors en place et c’est à ce moment qu’il
faut accompagner le salarié dans la formation et l’intégrer aux prises de décision métier le
concernant. Pour supplanter la notion de satisfaction au travail Gagné & Deci (2005) imagent
la perception favorable du travail tel un élément moteur des Hommes. Ils s’accordent à dire
que l’être humain éprouve un besoin de détention de compétences, et cela de manière
universelle voir innée.
Dans le but de pérenniser la motivation du salarié et pouvoir compter sur sa mobilisation lors
de crise il faut également prendre en compte la notion de temps en effet Klein (2017) aborde
le fait que la perception dans le temps change et qu’il peut y avoir une démobilisation d’un
40
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
employé envers l’engagement de l’entreprise. Pour parer à cela, les échanges collégiaux ou
individuels permettent de faire murir les projets ou les objectifs des salariés et ainsi conserver
une ligne conductrice évitant un moment de rupture et/ou de démobilisation.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Les entretiens seront physiques, sur le lieu de travail des personnes interrogées ou en
conférence téléphonique si les mesures sanitaires ne le permettent pas. Pour mener au mieux
l’étude terrain, les entretiens seront semi-directifs. Cette approche est la plus appropriée au
domaine des sciences sociales.
L’approche qualitative est due à la nature de mon cursus de formation continue. De plus, les
articles scientifiques du cadre théorique sur le sensemaking sont aussi bien théoriques
qu’empiriques ce qui conforte mon choix d’analyse terrain. Enfin, les articles étudiés
concernant la satisfaction au travail traitaient aussi bien d’études quantitatives qu’empiriques.
J’ai donc, décidé de développer plus ou moins 5 questions par hypothèse en fonction de
l’importance que les termes occupent dans ce mémoire.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Une lecture critique permettra d’affirmer ou non les éléments de la littérature abordés dans ce
mémoire. Le but est de confirmer les hypothèses susnommées pour établir un lien de cause
entre le sensemaking et la satisfaction au travail pour favoriser l’action des salariés en
situation de crise.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
Pour cela, je vais poser plus ou moins 23 questions autour de ce sujet. Les répondants devront,
autant que possible, rattacher leurs réponses à une ou plusieurs situations de crises déjà vécues
ou assistées. Les questions sont orientées vers deux sous questions de recherche qui découlent
de la problématique centrale.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
B1 — Quel type d’interaction est-ce que vous favorisez pour communiquer avec vos
équipes ?
B2 — Comment expliquez-vous que les interactions intra-équipe soient plus motivantes pour
la compréhension d’un message qu’une interaction avec une équipe extérieure ?
B 3 — Comment percevez-vous les actions issues des interactions entre vos collaborateurs ?
B4 — Y a-t-il un contrôle des interactions à mettre en place afin d’équilibrer les forces
perturbatrices liées à l’organisation et les forces intérieures au salarié ?
B5 — Quelle est l’importance des échanges de machine à café ?
B5.2 — Pensez-vous que le ressenti, la perception d’un salarié sur une situation peut
évoluer avec les interactions individuelles et/ou collectives ?
C1 — Quels sont selon vous les éléments déclencheurs de la satisfaction au travail de vos
collaborateurs ?
C2 — En quoi les éléments énoncés sont-ils une nécessitée pour vos collaborateurs et
pourquoi ?
C3 — Quel rôle joue la satisfaction au travail dans le climat social ?
C4 — Pensez-vous que la satisfaction peut venir de l’ambiance de travail ? Si oui comment
sinon pourquoi ?
C5 — Pensez-vous que la satisfaction peut venir du contenu du travail ?
D1 — Avez déjà rencontré des difficultés chez vos collaborateurs liées à de l’insatisfaction au
travail (mission, rôle, relation humaine) ?
D2 — Quels sont selon vous les déterminants de la satisfaction au travail ?
D3 — Diriez-vous que le lien affectif est un déterminant majeur de la satisfaction au travail
de vos collaborateurs ?
D4 — Dans quelle mesure prenez-vous en compte les croyances de vos collaborateurs ?
D5 — Direz-vous que la motivation est liée à la satisfaction au travail ?
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
SECTION A : LE SENSEMAKING
§ 1. MÉCANISMES DU SENSEMAKING
a- L’EXPÉRIENCE
L’expérience passée à une vertu partagée par l’ensemble des répondants, celle de la restitution
par l’apprentissage. « Améliorer la théorie au fil du temps et fur et à mesure des différentes
crises qui sont vécu – G1 ». On remarque que les interviewés ont développé une compétence
dans la captation d’indices et de signes répétitifs. En cela, ils arrivent à avoir une
compréhension plus fine d’une situation de crise, dans la perspective de restituer ces indices et
signes à leur subordonné. « Mes différentes expériences m’ont permis d’appréhender ce qui
pouvait créer du sens pour l’ensemble des salariés – G2 ». Les interviewés s’accordent sur le
fait que pour y parvenir il faut vivre les évènements passés, « Plus facile de motiver les
équipes ou de leur donner des objectifs clairs vu que j’ai fait, moi-même, la plupart des
situations, je l’ai déjà rencontré – G3 ».
b- LA RÉTROSPECTION
Les feed-backs sont indispensables dans le partage des connaissances et la résolution de
situation, qu’elle soit une crise ou non « les feed-backs c’est obligatoire même plus
qu’obligatoire, c’est indispensable — G5 ». Ils servent à s’assurer de la bonne compréhension
de la mission, à mettre en perspective les points saillants de l’action. « Pour que chacun
puisse exprimer son ressenti, et confronter son vécu avec celui des autres — G7 ». Enfin, le
MI crée du sens autour des actions qui ont été menées et celles à mener. « Il faut avoir du
feed-back et savoir que, ce qu’on fait a servi — G2 ».
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§2. L’ENACTMENT
a- L’APPROPRIATION DE L’ENVIRONNEMENT
L’appropriation de l’environnement dans lequel on évolue au quotidien est un incontournable
pour être crédible en situation de crise, pour comprendre et agir efficacement dans notre
environnement « c’est le prérequis primordial pour avoir un sens correct si l’on n’a pas ça,
on va partir vers l’inconnu — G3 »
En outre, il ressort une contradiction, qui est certainement due aux différents métiers des
interviewés, pour une partie il faut être sachant et pour une autre il faut être entouré d’experts.
« La première des choses c’est connaitre les choses techniquement — G6 », « tu t’appuies sur
un réseau d’experts — G1 ».
Néanmoins, le but est commun, organiser la crise sur des faits et de manière plausible.
« D’analyser de façon systématique chaque situation en posant quelques questions simples :
où, quand, avec qui, face à quel problème, pourquoi, etc., — G7 »
Je n’observe pas de faiseur de lois parmi les interviewés, mais grâce aux expériences passées
une volonté à s’adapter pour interagir avec les collaborateurs en situation de crise « faire le
meilleur choix possible et effectivement comprendre ton environnement que ce soit
l’environnement, les personnes autour, des éléments — G8 »
b- LA CONNEXION A LA RÉALITÉ
Le premier point remarquable pour rester connecté à la réalité est de conserver une
communication entre père et/ou subordonnés. « C’est d’avoir des contacts réels avec les
équipes, son propre personnel, fréquent, entretenu et ce n’est pas du semblant. — G6 ».
Le second point est le temps de réflexion que l’on se donne à soi-même en tant que dirigeant
et celui que l’on procure à ses collaborateurs, dans l’objectif de faire converger les différentes
visions sur l’état réel de la situation « la vitesse n’est pas forcément, un facteur qui va t’aider
il vaut mieux prendre son temps et bien réfléchir et voilà, que de foncer — G8 ».
J’ai pu entendre, dans les différents entretiens, que pour rester connecté à la réalité, il est
nécessaire que le dirigeant adopte une attitude humble et honnête « Savoir se remettre en
question, savoir aller sur le terrain, savoir descendre, comprendre comment les équipes
fonctionnent, travaillent — G1 ».
c- L’IMPROVISATION
L’improvisation en situation de crise est partagée. En effet, elle peut être contre-productive,
car dans l’esprit des subordonnés cela peut laisser paraître un manque de maitrise et de par ce
47
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
fait une désolidarisation du collectif « si le pilote de l’avion ne rassure pas les passagers, ils
vont avoir du mal à se sentir investis — G1 » « Improvisation, moi c’est jamais — G5 ».
D’un autre point de vue, si la personne qui improvise est sachant dans le métier et agit de
manière intelligente alors l’improvisation est possible. « Je les laisse s’orienter dans la
direction qu’ils veulent de manière à ce qu’ils s’intéressent — G4 », « Le premier à mourir à
la guerre, c’est le plan — G7 ».
En effet, un climat de confiance mutuelle naît entre le subordonnant et le subordonné,
permettant de résoudre efficacement une situation de crise. « Elle sait ce que les personnes
savent faire elles et qu’elles sont ingénieuses, elle peut proposer, elle peut improviser —
G6 ».
§3. LA SÉLECTION
La prise d’indices sert à consolider la réflexion de crise et créer du sens envers les démarches
engagées. « Les indices on les a, il faut savoir bien les écouter et les entendre pour se
préparer, — G5 ».
On comprend que la sélection de données préserve le collectif de la surcharge de
communication, la prête de vue l’objectif et la diffusion d’information erronée ou mal perçue.
« C’est d’être capable de pouvoir communiquer en temps réel en fonction du degré de
criticité de l’information et de manière optimisée — G1 ».
§4. LA RÉTENTION
Les MI interrogés s’accordent à dire que, capitaliser des données au cours de son évolution
professionnelle, permet de prédéfinir le chemin à prendre en fonction des situations qu’il
rencontre, « On capitalise sur une crise pour pouvoir se prémunir des crises futures qui
s’opèrent dans le même cadre — G6 ».
Les informations stockées laissent une trace dans la mémoire collective, suivant la perception
de chacun. Le MI est le relais de cette mémoire, il y puise les informations capitalisées pour
donner des consignes précises en fonction de la situation à solutionner. « J’ai calqué une
partie de ce qu’il m’a dit, en prenant en compte dès le départ les erreurs qu’il avait faites —
G3 ».
On entend également que la rétention d’informations facilite le diagnostic et la restitution des
actions à mettre en œuvre. « On réussit à identifier de façon de plus en plus claire les indices
de crise, puis les phénomènes alarmants, cela finit par donner un sens à la démarche — G6 ».
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
On comprend également qu’au sein d’une équipe, il existe une relation particulière, des
affinités et des connaissances plus marquées. Les répondants font unanimement référence à la
nature de l’homme qui consiste à vivre un groupe, « quand tu es avec une équipe, tu vis avec
eux en quelque sorte, tu fais la moitié de ta journée avec eux, donc. Ça crée un lien que tu
n’as pas avec des équipes même au sein de la même agence, c’est pas pareil tu as un lien
particulier avec ton équipe — G4 ».
Quelques points complémentaires ressortent, comme la méfiance vis à vis des groupes
extérieurs et à l’inverse la cohésion de différents groupes lorsque l’objectif est commun, « si
une équipe ou une personne externe qui vient, et bien effectivement ils n’ont pas forcément la
confiance, ils vont se poser la question est ce que ce n’est pas un émissaire — G5 ».
L’influence des interactions est plus ou moins forte selon la nature du ou des leaders qui les
anime. « Lorsqu’on laisse les interactions se faire de façon naturelle au sein du groupe sans
vrai leader, là on va à la catastrophe — G6 ».
Les interrelations sont l’une des clés de la réussite dans l’obtention de résultat ou une
ouverture sur un gouffre, lors d’une situation de crise « si le contexte n’est pas bon,
l’ambiance n’est pas bonne il n’y a pas d’équipe fédérée forcément les interactions vont être
négatives et cela va nuire à la résolution du problème et celle de la situation de crise — G1 »
La moitié des répondants s’accorde à dire qu’il est nécessaire d’avoir une veille sur
l’influence des interactions, « rôle fondamental d’un manageur de veiller… hors crise s’il y a
déjà des feuillures ou des petits signaux faibles, le jour où vous allez être en crise ça va être
multiplié par dix — G5 »
§6. LA SUBJECTIVITÉ
En outre, les interviewés ont majoritairement mis en éclairage la notion de mise en veille ou
d’écoute des interactions, pour deux raisons. La confiance réciproque qui permet de pousser le
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§7. LA PERCEPTION
La somme des interactions entre salariés diffuse une perception nouvelle des situations
rencontrées ou renforce la direction prise par l’entreprise. « Ces interactions en fait, elles ont
carrément changé la perception des choses alors que le sens n’avait pas changé — G3 ».
Pour y arriver, il est nécessaire d’entretenir une relation sincère et dynamique, « C’est
l’évolution du salarié, des dirigeants, c’est l’évolution de tout le monde et dans le même sens
— G8 ».
En plus, on entend que l’échange lors de moments informels est un moyen complémentaire du
manageur intermédiaire, pour s’assurer de la compréhension des messages et que la
perception des salariés envers l’objectif est alignée « pour s’assurer que le message qu’on
vient de faire passer ou qu’on a passé quelques jours auparavant est bien intégré — G1 ».
C’est un moment où le manageur intermédiaire peut détecter des signaux faibles chez ses
collaborateurs, ou un des sujets de l’organisation « on peut détecter des problèmes on peut
détecter des signaux faibles — G2 ».
50
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§ 1 L’ATTITUDE
Dans un premier temps, les interviewés ont identifié certains éléments déclencheurs de la
satisfaction au travail chez leurs collaborateurs, les réponses se recoupent en 4 points : la
reconnaissance du travail effectué, « Cela peut aussi consister en une reconnaissance verbale
du chef, y compris en présence des autres camarades — G7 », le sens de leur travail, « s’il
pense qu’ils sont une partie de la solution de la crise — G5 », répondre aux attentes
professionnelles et personnelles du salarié, « savoir ce que veut le groupe, ce que veulent les
salariés et ce qu’ils attendent de l’entreprise — G2 », définir un parcours professionnel « les
évolutions de carrière, les évolutions de parcours professionnels, les évolutions financières —
G1 ».
Ensuite, on comprend que ces éléments procurent un sentiment d’appartenance « quand ils se
sentent considérés… il comprend que ce n’est pas juste un bon petit soldat, qu’il n’a pas juste
à exécuter tes commandes, ils se sentent à part, important par rapport aux autres — G4 ». De
plus, on comprend que cela favorise l’engagement des salariés dans la réalisation des
activités. « Et puis on va utiliser nos équipes pour des choses très très compliquées. C’est
quand même une situation qui n’est pas du tout confortable, et en fait, limite les gens ont plus
le sourire — G3 », « l’ensemble de l’équipe ait envie de se transcender — G1 »
Enfin, les interviewés s’accordent tous à dire que le contenu du travail est un second
déterminant de la satisfaction au travail. D’après l’intensité et le contenu des réponses, je
dirais qu’il se positionne devant l’ambiance de travail. « C’est même, c’est très important.
Nous avons globalement la chance d’avoir un travail varié qui n’est pas répétitif, très
clairement l’intérêt des tâches, des missions qui sont confiées, ont une influence sur la
satisfaction au travail — G7 » « le contenu de son travail oui forcément, à 100 % même parce
51
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
que sinon, où autrement dans l’entreprise où est-ce qu’elle va aller chercher sa satisfaction
— G8 » ?
§2. L’AFFECT
On comprend que la satisfaction au travail, facilite l’acceptation des désagréments du
quotidien, « lorsque le cercle vertueux du bien-être au travail est enclenché, les gens vont
peut-être accepter mieux certains désagréments du quotidien qui sont incompressibles —
G7 ». L’influence de la satisfaction s’opère sur la qualité des interactions sociales, elle
renforce la confiance entre salariés et apaise les tensions sociales, « La satisfaction influence
beaucoup, sur un bon climat et sur les relations entre personnes, ça augmente la confiance —
G4 ».
Pour la majorité des personnes interrogées, le lien affectif est un des déterminants non
négligeables de la satisfaction au travail. Pour une part d’entre eux, c’est un facteur qui
contribue à la création de sens dans leur quotidien, « y’a une perte de sens à partir du moment
où justement ces relations affectives ne sont plus existantes — G2 ». Ces liens participent à la
cohésion de groupe, et plus particulièrement en situation de crise. Les collaborateurs font
preuve d’une plus grande ténacité face à l’adversité « un effectif fort avec ce lien affectif entre
tes collaborateurs. Ils vont se soutenir jusqu’au bout — G4 ».
En outre, ils s’accordent sur le fait d’être vigilant, les relations affectives entre collaborateurs
de travail ne doivent pas dépasser un point frontière qui est celui du cercle extraprofessionnel,
« les liens affectifs le mot regroupe tellement de signification je préfère m’en méfier… faut
pas mettre le sens de la famille — G6 », « affectif c’est peut-être un peu fort non, pour moi
c’est pour la famille, au travail le mot ne s’applique pas — G8 »
§3. CAUSALITÉ
Dans la continuité de l’analyse des résultats, on peut identifier certaines causes influençant
négativement la satisfaction au travail telle que la clarté du missionnement « moi, s’est pas
clair ce que j’ai à faire, je ne sais pas ce que tu attends de moi, jusqu’à en gros, je ne sers à
rien, donc là c’est alerte — G5 », les orientations d’entreprises, « c’est rare d’avoir 100 pour
100 des collaborateurs qui adhèrent au projet à la mission qu’ils ont aujourd’hui — G1 ».
De plus, il ressort des entretiens que les liens affectifs peuvent être une cause de non-
satisfaction des salariés, « la dimension humaine c’est la base, on peut faire le meilleur métier
52
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
du monde si on le fait avec quelqu’un où l’on ne s’entend pas, avec qui on ne veut pas
travailler et on verra que du négatif — G2 ».
§4. PERCEPTION
Dans cette section certains déterminants reviennent de manière redondante dans les verbatim,
le contenu du travail, le missionnement, l’intérêt porté aux salariés et ses compétences,
l’utilité ou l’équilibre vie professionnelle et personnelle. En effet, les inférences rattachées au
travail sont nombreuses et non perceptibles par tous de la même manière. C’est pourquoi le
manageur intermédiaire apporte une attention particulière à ses collaborateurs pour mieux
comprendre la perception qu’ils ont des inférences et ainsi agir dessus, « savoir ce que veut le
groupe, ce que veulent les salariés et ce qu’ils attendent de l’entreprise — G2 ».
En outre, on remarque que les répondants ont tendance à formuler certaines phrases telles que
« ils ont le sentiment de — G1 », « le ressenti qu’il — G7 » … L’ensemble des répondants
souligne le fait qu’il est difficile de positionner un curseur sur les déterminants de la
satisfaction, car chaque individu met un poids différent sur chacun d’eux. Les collaborateurs
n’ont pas tous les mêmes aspirations au même moment ni avec la même intensité, « Dans une
entreprise, tu as une règle, tu n’as pas une règle par personne, et t’as personne de pareil, t’es
d’accord ? Tu ne peux pas satisfaire tout le monde — G8 », « Chaque personne va mettre un
poids différent, donc ça c’est lié à la personnalité de chacun — G3 ».
§5. CROYANCE
Dans le recueil de verbatim, pour la moitié des interviewés, les croyances sont prises en
compte par les MI, dans le but de faire avancer le collectif de manière homogène. On
comprend que certains messages ou signaux envoyés nécessitent d’avoir une habilitée plus
particulière, « les croyances, c’est à prendre en compte pour au contraire, faire attention à ne
pas faire de bourde en parlant avec les gens et aussi éviter les dérives — G3 ». A contrario,
pour trois répondants, il n’y a pas de prise en compte des croyances, car elles n’ont pas à
interférer dans le métier et d’après leurs expériences, il n’y en a pas eu de difficulté
managériale, car l’employeur et manageur observent une neutralité et n’ont donc pas à trier ou
faire attention aux croyances des collaborateurs, « chacun croit en ce qu’il veut, moi je
respecte tout, tant que ça ne vient pas interférer dans la situation de crise. Les croyances, les
machins, y en a un qui est à moitié marabout et tous ce que tu veux, et bien il n’y a pas de
souci — G8 ».
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§1. HYPOTHÈSE N° 1
Le sensemaking donne une substance aux évènements en situation de crise
Le sensemaking est un ensemble de recueil et de distribution de sens. L’expérience du MI a
de nombreuses qualités telles que la connaissance et la captation d’indices mettant en
perspective les évènements autour d’une situation de crise. Les verbatim mettent en évidence
que les informations capitalisées guident les actions à venir, de manière qu’elles soient plus
incisives. Ensuite, les manageurs intermédiaires recourent à la sélection de données pour
faciliter le diagnostic des évènements et consolider la réponse qu’il va apporter.
De plus, il ressort, une intention de rester connecté à la réalité et de dispenser une plausibilité
aux évènements. Pour cela, le MI se doit de communiquer avec son collectif et prendre le
temps, le temps nécessaire à la réflexion pour mettre en mouvement l’organisation de manière
sereine et efficiente. Les répondants s’accordent sur le fait que de s’approprier son
environnement est fondamental pour agir en période de crise et qu’il existe deux moyens d’y
parvenir ; être sachant dans le domaine ou savoir s’entourer d’experts.
En outre, la rétrospection occupe une place substantielle chez les répondants dans la création
de sens, aux moyens de feed-backs ou de retours d’expériences. Ils sont une source
d’apprentissage et facilitent la mise en lumière des points saillants d’une nouvelle situation
rencontrée.
De manière globale, les réponses des manageurs intermédiaires sont convergentes. On peut
donc valider que le sensemaking donne une substance aux évènements en situation de crise.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§2. HYPOTHÈSE N° 2
L’interaction est une composante majeure de création de sens, dans la relation
manageur intermédiaire et collaborateurs.
L’appréciation des consignes des salariés et l’intention que souhaite délivrer le MI passe par
la voix et le visuel. Il ressort que l’interaction physique est incontournable dans le processus
de création de sens. On peut aussi lire que la perception des salariés et du dirigeant est en
mouvement dans le temps et ce mouvement est influencé par les échanges formels et
informels.
En effet, les échanges formels intra-équipe ont une puissance et un impact durable dans la
perception des collaborateurs. On peut constater que ces relations sont tribales et que malgré
un environnement changeant les membres d’équipe continuent à partager une même ligne de
conduite dans leur rapport professionnel. En ce qui concerne les interactions informelles, il est
certain qu’elles sont nécessaires entre salariés, indépendamment du niveau hiérarchique. On
comprend notamment que c’est un lieu propice à la détection de signaux forts ou faibles. Et
ces moments permettent au MI de s’assurer que le sens de l’orientation de l’entreprise est bien
entendu et compris de tous. Dans le cas contraire, ces moments servent à créer du sens en
utilisant des échanges plus libérés, avec un même langage.
Il ressort de ces interviews, un point brièvement abordé dans ce mémoire, qui est le rôle du
leader. Le terme leader est ressorti à plusieurs reprises, on peut comprendre qu’un groupe
réagit comme une meute et qu’il est nécessaire qu’un meneur en prenne la tête. D’une part
pour avoir une attention sur les interactions entre collaborateurs et d’autre part guider
l’ensemble de groupe ou de sous-groupes.
Enfin, une précision est nécessaire, il apparait que les MI n’ont pas de contrôle sur les
interactions et ils soulignent que les interactions sont intangibles, car elles évoluent en
fonction du temps et des évènements. En effet, dans la majorité des cas observés, la nature
humaine règle d’elle-même les déséquilibres de forces. Et si nécessaire, le MI intervient pour
reposer les fondamentaux du fonctionnement d’une équipe.
On peut valider que les interactions sont une des composantes majeures de création de sens,
notamment en facilitant les relations entre salariés et en assurant un discours cohérent.
55
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
§3. HYPOTHÈSE N° 3
La satisfaction au travail permet d’éviter une rupture sociale lors d’une situation de
crise.
L’analyse des verbatim met en relief deux aspects de la satisfaction au travail que l’on peut
catégoriser. Le premier est intrinsèque, c’est-à-dire le contenu du travail, le développement
professionnel, la reconnaissance et l’accomplissement. Le second aspect est extrinsèque tel
que l’ambiance de travail, les relations entre collaborateurs/hiérarchiques et la rémunération.
Lors des interviews, le terme « c’est lié » est revenu à de nombreuses reprises. En effet, il
s’avère que la majorité des répondants parle de cercles vertueux lorsque l’on aborde les
différents déterminants de la satisfaction au travail. L’approche thématique de ces interviews ;
favoriser l’action des salariés en situation de crise, fait distinctement apparaitre plusieurs
facteurs tels que le contenu du travail, de l’ambiance, de faire partie d’un collectif et de mettre
en œuvre ses compétences.
Subséquemment, il émerge une perception de climat social apaisé, avec des collaborateurs
performants et acceptant plus facilement les désagréments du quotidien.
Donc, l’hypothèse que la satisfaction au travail permet d’éviter une rupture sociale lors d’une
situation de crise est validée. Lorsque le MI porte une attention aux poids et aux déterminants
de satisfaction de ses collaborateurs.
§4. HYPOTHÈSE N° 4
L’affect est un déterminant significatif dans l’évaluation de la satisfaction au travail
Le second résultat mis en avant est qu’il subsiste, dans chaque groupement de verbatim, un
déterminant extrinsèque commun qui est celui des liens ou des relations affectives entre
collaborateurs. Les résultats nous montrent que l’affect revient de manière redondante par
rapport aux autres facteurs. Il en résulte que l’affect est un élément liant les salariés à la
satisfaction au travail. L’affect est l’un des déterminants de la satisfaction comment le
56
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
On peut donc valider partiellement l’hypothèse, et dire que l’affect est un déterminant
significatif en fonction du positionnement du curseur d’implication de chaque manageur
intermédiaire.
§5 RÉPONSES À LA PROBLÉMATIQUE
L’objectif de ce travail est de reconnaitre, les éléments clés des manageurs intermédiaires
pour motiver les salariés en situation de crise.
Les réponses aux deux premières hypothèses indiquent que le sensemaking contribue
fortement à la mise en forme des évènements pour les manageurs intermédiaires et que les
interactions, liées au sensemaking, apportent une dynamique dans la mise en œuvre d’action
en situation de crise et hors situation de crise.
SECTION B : DISCUSSION
Ce mémoire de recherche s’inscrit dans une contribution managériale sur un certain nombre
d’éléments empiriques.
Laroche & al (2012), Weick et al (2005) soulignent l’importance de s’appuyer sur « des
réservoirs de sens », que le stockage d’information permet de donner une signification aux
indices perçus. Cela ressort précisément des entretiens, le MI capitalise et puise dans sa
mémoire pour ne pas reproduire les erreurs du passé, savoir reconnaitre les indices pour
réduire l’équivocité et ainsi avoir une analyse plus fine dans l’ensemble de la crise.
Weick (1995) fait remarquer que les actions sont souvent perçues à posteriori, en effet la
rétrospection des actions passées, par le moyen de feed-back, est mise en application par le
MI de manière à motiver les équipes et donner du sens au travail qui a été effectué. En
complément, il ressort de l’étude empirique que les feed-backs se doivent d’être réalisés au
plus proche de l’action pour en retirer le plus de bénéfice. Quand à Roussel (2000), il décrit
que la notion de feed-back positif, permet de renforcer les sentiments intrinsèques. En effet,
les résultats étayent ce propos, cela concourt à fédérer le salarié dans l’action qu’il a à mener
et lui permet de consolider son expérience passée.
Ensuite, Laroche (1996) décrit l’enactment comme la création de son propre environnement
tel un législateur. Weick & al (2005), Laroche & al (2012) s’accordent à dire que de se poser
la question « Quelle est l’histoire » est nécessaire pour réaliser un apport personnel à une
nouvelle situation et ainsi prendre la mesure de la situation avec le plus de clairvoyance
possible.
Les données terrain s’accordent sur ces points et insistent, sur le fait que cela est fondamental
pour le MI, d’une part pour comprendre dans quel cadre on évolue et d’autre part être compris
58
Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
des autres. Laroche (1996), Mills & al (2017) et Weick & al (2005), soulignent qu’il est
indispensable de rester connecté à la réalité de son environnement, pour ne pas générer de
décalage de pensées. Les interviewés le corroborent en énonçant que pour rester connecté à la
réalité d’une crise, il est nécessaire de garder une communication régulière, de ramener les
faits à la réalité du quotidien et que les échanges soient honnêtes. En complément, un apport
peut être fait, sur la partie théorique, celui de la notion de temps. En effet, certains interviewés
rapportent qu’il est facile de se tromper d’objectif dans la précipitation. Séquencer la crise en
phases successives devient nécessaire pour ne pas perdre de vue l’objectif final, qui est la
résolution de la crise.
En outre, l’influence des interactions entre collaborateurs, Lewin (1947) nous fait remarquer
que certains salariés ne souhaitent pas prendre de décision, ils préfèrent se retourner vers le
groupe auquel ils appartiennent et créer du sens par la subjectivité partagée. Ces propos sont
étayés par les répondants, lors d’une situation de crise le MI s’appuie sur des leaders qui
émergent du groupe, en fonction des compétences nécessaires. Les interactions entre MI et le
leader permettent de fédérer le groupe, le groupe crée du sens autour des messages et avance
dans la stratégie. En effet, Parrini-Alemanno (2007) converge vers l’idée que les interactions
donnent de la crédibilité aux mots et révèlent dans le groupe un leader, qui impulse à un
moment donné, dans une situation précise et sans lien hiérarchique, une direction.
De plus, selon Mills & al (2017) la narrativité des faits donne une plausibilité aux
évènements. D’après Weick & al (2005) le pouvoir de la narrativité, de la mise en séquence
est un puissant moteur pour la construction du sens. En effet, il se dégage des résultats une
amélioration de la perception, et un renforcement des liens des équipes pour agir en cohérence
avec la situation et les consignes données. En outre, les répondants vont plus loin en notifiant
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
que la mise en œuvre d’action se cristallise autour d’objectifs communs et de manière plus
significative, lorsqu’il s’agit de faire travailler différentes entités ensemble.
Les deux paragraphes précédents s’accordent avec les travaux de Morin et Forest (2007) qui
déterminent 3 catégories telles que l’emploi (une nécessité), une carrière (perspective de
perfectionnement) ou une vocation (sentiment d’accomplissement personnel et pour les
autres). On comprend dans les dires des interviewés que le MI se doit de composer avec ses
collaborateurs pour trouver quels éléments sont déclencheurs de la satisfaction au travail et
dans quelle mesure. Locke (1976), Castel & al (2011) convergent en cela, en démontrant qu’il
est nécessaire de mesurer le poids des déterminants de la satisfaction au travail. Pour obtenir
une vision réelle des déterminants de la satisfaction au travail des employés.
Enfin, il est remonté du terrain que l’adjonction des déterminants de la satisfaction au travail
dans un contexte de crise permet de conserver un climat de confiance et, si la satisfaction est
présente, garder une tension sociale favorisant les actions.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
LIMITES DE LA RECHERCHE
Une des limites de ce mémoire est d’avoir recueilli une grande majorité d’éléments théoriques
sur le concept de création de sens, centré sur l’organisation. L’approche de création de sens
dans un contexte de productivité et d’efficience n’a pas été abordée.
Ensuite, pour corroborer les éléments du cadre théorique, plusieurs illustrations de situation
de crise ont été explicitées par les interviewés, cependant il me semble que la réponse à la
problématique de ce mémoire nécessiterait des entretiens plus approfondis en laissant le
répondant s’exprimer plus longuement sur le contexte, les faits, et son retour d’expérience.
Par exemple solliciter les interviewés quelques semaines avant pour qu’il est le temps de
choisir une situation de crise vécue et de pouvoir se remémorer la chronologie des
évènements. Ou réaliser des entretiens à chaud à la suite d’une situation de crise.
En outre, ce rapport ne présente pas le ressenti des salariés lors de changement ou de situation
de crise, c’est-à-dire savoir si les variables qui composent le processus de création de sens des
MI participent concrètement à favoriser leurs actions en situation de crise. Puis, nous nous
sommes intéressés à la création de sens du MI envers un ou plusieurs collaborateurs, en
délaissant par moment la création de sens du MI lui-même envers une situation de crise. Il
serait certainement nécessaire de compartimenter la création de sens individuelle du MI, puis
la création de sens envers un collectif.
De plus, ce mémoire ne fait pas de références précises sur les outils permettant de mesurer la
satisfaction. Le JDI (Job Description Indexe) le MSQ (Minnesota Satisfaction Questionnaire),
les trois facettes de Heneman & Ali ou les treize aspects de Frances (1995).
Ensuite, les déterminants de la satisfaction au travail présentés sont ceux qui faisaient le plus
écho à ma question de recherche. Ils m’ont permis de réaliser une ébauche du positionnement
du manageur intermédiaire cohérente se limitant à quelques points d’attention. En effet,
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
D’autre part, j’ai choisi de ne pas ouvrir la porte de la satisfaction au travail via notion
d’apprentissage ou de l’aspect psychologique que peut engendrer une tache. On comprend que
le sujet est vaste et qu’il est toujours le sujet de convoitise des RH pour accompagner les
salariés vers les enjeux de l’entreprise en concordance avec les besoins des salariés.
Enfin, la partie empirique est limitée à 8 entretiens ce qui ne permet pas d’obtenir un résultat
d’analyse optimal. Il faudrait réaliser des entretiens jusqu’à obtenir un phénomène de
saturation des interviews.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
CONCLUSION
Cet exercice de confrontation d’idées théoriques et empiriques permet de faire ressortir les
éléments de réponse saillant à la question de recherche centrale. On comprend que la création
de sens en situation de crise fait appel à la conscience de chacun et que c’est un processus
partiellement instinctif pour certains et un processus normé pour d’autres. Concernant la
satisfaction au travail il apparait que le poids des déterminants est propre à chaque salarié et
qu’il évolue en fonction de l’état d’esprit et/ou du contexte environnent.
Effectivement, on comprend que l’interprétation d’une situation est en partie assujettie aux
interactions des individus, sachant que ces dernières donnent une plausibilité et facilitent la
compréhension d’indices. D’ailleurs, la plausibilité est un déterminant incontournable dans le
processus de création de sens, pour s’approprier une situation et communiquer efficacement
avec ses équipes.
Ensuite, il apparait clairement que la satisfaction au travail des collaborateurs est un élément
d’intérêt chez les MI, mais elle n’est pas homogène, elle dépendant de leurs personnalités, de
la nature de l’emploi et de l’alchimie qu’il existe entre salarié et emploi. Néanmoins, en
situation de crise on constate que certains déterminants influencent plus fortement la
satisfaction au travail. Les éléments intrinsèques tels que le contenu du travail, la valorisation
des compétences et le développement professionnel. Les éléments extrinsèques identifiés sont
l’ambiance de travail, les relations de travail entre collaborateurs/hiérarchiques, la
reconnaissance du travail effectué et la rémunération.
En outre, les relations ressortent comme une composante majeure de la satisfaction au travail,
c’est pour cela que le MI est attentif aux inférences au sein de son organisation dans le but de
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
pouvoir manœuvrer intelligemment et ainsi sortir d’une crise de manière optimisée grâce aux
actions de son collectif.
Subséquemment, il ressort que l’un des outils privilégiés par le Manageur Intermédiaire, pour
favoriser l’action de ces salariés, est le feed-back. Les retours d’expérience permettent de faire
remonter la réalité du terrain et de cette manière créer de l’intérêt autour des actions qui ont
été menées. Le MI peut ensuite puiser dans cette mémoire partagée pour créer du sens en
situation de crise, mais aussi comprendre les facteurs de satisfaction favorisant la mobilisation
de ses collaborateurs.
Enfin, il se dégage une dynamique vertueuse dans ce travail, la mobilisation et l’action d’un
collaborateur, envers une situation de crise ou hors crise, se font par la perception qu’il en a.
On comprend que le MI se doit de porter les éléments, qui donne un éclairage suffisamment
significatif, tout en laissant assez d’espace à l’interprétation et l’action de ses collaborateurs
dans l’objectif de les mobiliser. Cela permet au salarié de s’impliquer davantage dans son
travail et oriente positivement sa satisfaction. En outre, ce travail met l’accent sur la subtilité
et l’habilité que le MI met en place pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
C’est un réel travail de fond, mais aussi de forme.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
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ANNEXES
ANNEXE 1 : PROFILS DES INTERVIEWÉS
Interviewé Genre Ages Nature du poste Spécificité Années
dans le
poste
G1 H 39 Directeur, Manageur Gestion de projet 16
intermédiaire
G2 H 41 Manageur intermédiaire Continuité de service 4
G3 H 32 Manageur intermédiaire Continuité de service 5
G4 H 37 Manageur intermédiaire Gestion de projet 3
G5 H 55 Responsable d'unité Manageur de mangeur 15
intermédiaire
G6 H 64 Manageur intermédiaire Gestion de crise 20
G7 H 38 Manageur intermédiaire Gestion de crise 8
G8 H 49 Directeur, manageur Entrepreneur / continuité de 15
intermédiaire service
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A3 — L’enactment par G1 on peut être un très bon bricoleur, mais on peut L’improvisation en
l’improvisation montrer justement qu’on ne maitrise pas forcément situation de crise est
la situation ---, mais il faut aussi adapter sa posture, partagée. En effet,
sa façon de communiquer, sa façon de donner les elle peut être
informations. Néanmoins, il faut paraître rassurant contre-productive,
si le pilote de l’avion ne rassure pas les passagers car dans l’esprit des
vont avoir du mal à se sentir investi. --- c’est subordonnés cela
toujours important de montrer qu’on maitrise la peut laisser paraître
situation --- l’improvisation euh il faut vraiment un manque de
être sûr de soi donc ça dépend, je pense, de chaque maitrise et de par ce
manageur. fait une
désolidarisation du
collectif. D’un autre
G2 point de vue, si la
personne qui
G3 le bricolage il existe de base parce que improvise est
naturellement, pour que les gens puissent donner sachant dans le
leur avis, il teste de leur côté, ils font des choses et métier et agit de
le sens, ça vient après--- si lui, il a plutôt une manière intelligente
ouverture d’esprit, accepter que ce n’est pas alors
toujours lui qui va avoir la bonne idée ou la bonne l’improvisation est
décision. il va emmener son équipe parce qu’on est possible. En effet,
son équipe aura mis le doigt dans l’engrenage de un climat de
décision confiance mutuelle
naît entre le
G4 oui ---- je les laisse s’orienter dans la direction
subordonnant et le
qu’ils veulent de manière à ce qu’ils s’intéressent,
subordonner,
qu’ils cherchent par eux même. Ça leur permet
permettant de
aussi de se sentir comme une partie du projet.
résoudre
efficacement une
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A4 — La rétrospection G1 les sont nécessaires parce qu’ils ont besoin de Les feed-backs sont
au service de la débriefer entre eux sans le management sur ce qui indispensables dans
compréhension s’est dit. ---c’est d’anticiper aussi les problèmes de le partage des
non-communication s’assurer que les équipes on le connaissances et la
niveau d’information suffisant en tout cas qu’elles résolution de
perçoivent un niveau d’information suffisante --- situation, qu’elle
être transparent avec eux sur la situation. Il faut soit une crise ou
dire les choses. Il n’y a aucune raison de cacher ce non. Ils servent à
qui ne doit pas être caché. s’assurer de la
G2 il faut du feed-back pour donner du sens au bonne
travail ou de la satisfaction au travail. Il faut avoir compréhension de
du feed-back et savoir que ce qu’on fait a servi et la mission, à mettre
qu’on a rendu des clients satisfaits. en perspective les
points saillants de
l’action. Enfin, le
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A4.1 — La sélection de G1 C’est aussi la force du manageur, c’est d’être La prise d’indice
données au service de la capable de pouvoir communiquer en temps réel en sert à consolider les
création de sens fondations de la
fonction du degré de criticité de l’information et de
manière optimisée, sans surchargerréflexion de crise et
communication. --- c’est de leur partager les créer du sens envers
éléments d’avancement idéalement à l’oral… au les démarches
plus vite pour éviter les informations radio engagées. On
moquette ou machine à café, qui peuvent déformer comprend que la
l’information --- c’est toujours important de sélection de
montrer qu’on maitrise la situation ---. données préserve le
collectif de la
G2 on aimerait devenir une entreprise un peu plus surcharge de
libérée comme on dit aujourd’hui, mais on a des communication, la
choses qui font que c’est compliqué et du coup on prête de vue
se donne des limites l’objectif et la
diffusion
d’information
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G7
G8 Parfois quand on est débordé il faut savoir
écrire tout ça quoi pour pouvoir bien souvenir de ça
qui a été bien et surtout ce qu’il ne faut pas refaire
B1 — Les interactions G1 l’idéal c’est l’oral parce qu’on peut faire passer Les interactions
un message beaucoup plus facilement avec les orales et en face à
émotions avec la façon dont on parle avec le ton face entre
qu’on va employer donc évidemment il faut hiérarchique et
favoriser l’oral --- il faut que ce soit cadré il faut subordonné sont
que ce soit structuré idéalement quand on est à d’usage chez
l’oral c’est bien d’avoir un support --- néanmoins il l’ensemble des
ne faut pas négliger l’écrit interviewés. En
situation de crise,
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G1 que les gens réagissent et/ou en tout cas que les cela est d’autant
gens posent des questions se de faire en sorte de plus spécifique pour
donner aux gens un moyen de s’exprimer --- je reconnaitre les
serais plutôt partisan après de la communication signes
individuelle pour des gens qui auraient besoin d’incompréhensions
d’accompagnement parce que le message n’a pas et ainsi soutenir
été suffisamment bien passé plus ou moins
certaines consignes
G2 via des réunions, via des groupes de travail --- à mettre en œuvre.
on essaie de mettre des objectifs communs, des
objectifs collectifs pour créer ce sens et qu’il y ait
obligatoirement interaction pour atteindre
l’objectif.---. C’est un grand enjeu, ---.
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B3.1 — Les relations G1, les interactions sont nécessaires et elles L’influence des
interpersonnelles peuvent être à double tranche soit l’ambiance est interactions est plus
bonne et tous se passe et elles vont être positives ou moins forte selon
constructives ---- si le contexte n’est pas bon la nature du ou des
l’ambiance n’est pas bonne il n’y a pas d’équipe leaders qui les
fédérée forcement les interactions vont être anime. C’est une clé
négative et cela va nuire a la résolution du de la réussite ou une
problème et celle de la situation de crise ouverture sur un
gouffre.
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G8
B4 — Limite des G1 on peut pas contrôler les interactions entre les On ne parle pas de
interactions hommes c’est naturel, c’est humain et c’est mal contrôle ou de
perçu… ce n’est pas comme ça qu’on manageur…. surveillance des
As de moyen de contrôle c’est simplement du interactions. Les
feeling et de se dire tiens comment ça se fait qu’il interviewers ont
passe… en ce moment plus de temps que majoritairement mis
d’habitude à échanger entre eux. C’est qu’il y a un en éclairage la
problème. notion de mise en
veille ou d’écoute
G2 il y a un contrôle à mettre en place parce qu’on des interactions,
a en fait, on a plein de de petits groupes et il y a un pour deux raisons.
déséquilibre des forces, on a un groupe qui prend le La confiance
lead sur l’autre parfois. --- le rôle du manageur réciproque qui
intermédiaire, c’est de contrôler, d’essayer permet de pousser
d’équilibrer les différentes forces en présence. --- 1 le collaborateur à
il faut être à l’écoute, 2 il ne faut pas imposer, et 3 aller de l’avant, et la
il faut associer l’ensemble des collaborateurs --- détection de
être à l’écoute, c’est le maitre mot signaux faibles qui
sert à désamorcer
certaines relations
ou tensions
G3 Non. Pour moi, normalement, il ne faut pas le existantes. On
contrôle parce que plus on libère, puis c’est facile comprend que la
d’avoir les vrais, les vraies paroles--- il y a des fois perception des
des extrêmes et on ne peut pas se permettre. --- salariés face aux
collaborateur qui est mécontent et un peu évènements
extrémiste dans ses propos et bah il va entre nécessite un
guillemets castrer le dialogue des autres.---- et le cadrage,
but pour moi dans le contrôle, c’est le contrôle de
la bonne ambiance dans son équipe et le manageur
il est là pour ça. En fait, il est là pour vérifier qu’il
y a une bonne cohésion.
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B5.2 — Perception G1 les interactions sont nécessaires et elles peuvent La somme des
être à double tranchant ---- ça évolue en fonction de interactions entre
la durée du projet de la crise et c’est le rôle du salariés diffuse une
manageur de tenir une attitude une posture positive perception nouvelle
vis-à-vis des équipes pour qu’elles ne soient pas des situations
pollué par de mauvaises interactions. rencontrées ou
renforce la direction
prise par
l’entreprise. Pour y
G2
arriver, il est
nécessaire
G3 C’est que, en fonction de son équilibre de ce d’entretenir une
qui se passe, etc. Des évènements informels. Et relation sincère et
ben, ça va agir du coup, déjà les interactions vont dynamique.
changer et donc derrière la perception va être
différente --- ces interactions en fait, elles ont
carrément changé la perception des choses alors
que le sens n’avait pas changé pour autant ---
l’équipe a très bien réussi et bien derrière l’équipe,
les interactions vont des fois exploser et repartir sur
une excellente dynamique et d’ailleurs surprendre
le manageur --- voir le manageur, comme les autres
à faire plus d’heures que les gars. La perception va
être totalement différente et on va donner du sens à
une situation qui n’est pas courante.
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C1 — Les déterminants G1 de congé et tous les avantages qu’on peut avoir La reconnaissance
donc on parle bien le package salarial correspond à du travail effectué --
ses attentes à ses besoins --- la reconnaissance --- - valorisation du
savoir dire merci, bravo et féliciter les gens salarié et de ces
régulièrement et non simplement à l’entretien compétences ---
individuel --- la reconnaissance financière c’est-à- faire partie d’une
dire qu’un collaborateur satisfait au travail avant équipe --- répond
tout un collaborateur qui estime qu’au regard du aux attentes
travail qui fait il a un salaire ou en tout cas un professionnelle et
package salarial. --- team building la petite bière personnelle du
régulière avec ses collaborateurs le petit séminaire salarié --- définir un
de temps en temps pour souder les troupes sortir du parcours
contexte du travail les évènements sportifs --- les professionnel
évolutions de carrière, les évolutions de parcours
professionnel, les évolutions financières
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D1— facteurs de la G1 c’est rare d’avoir 100 pour 100 des Plusieurs facteurs
satisfaction collaborateurs qui adhèrent au projet à la mission d’insatisfactions ont
qu’ils ont aujourd’hui --- ou bien être en conflit été remontés dans
permanent avec quelqu’un où l’on n’arrive pas à les verbatim tel que
trouver d’issue --- ils ont changé de travail, il ne se le missionnement,
plaise pas, soit leur mission bah leur déplaît --- la variété des
personnes de confiance dans l’équipe pour activités, les
échanger sur la relation qu’on peut avoir de relations entre
conflictuelle avec le collaborateur --- après il faut collaborateurs, des
chercher les causes racines, de se dire pourquoi y’a orientations
ce conflit. d’entreprises.
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D3 — L’affect G1 C’est un vrai dosage, --- c’est plutôt gage de Pour la majorité des
bonne humeur et de bon indicateur de la santé de personnes
l’équipe ----, mais c’est même un gage disant mon interrogées ses, le
équipe vie sans moi et elle vit entre elles et elle vit lien affectif est un
bien --- un degré d’intimité qui fait que des déterminants
naturellement on va avoir un bon feeling avec les majeurs de la
gens. satisfaction au
travail. Ces liens
participent à la
cohésion de groupe
G2 Ah oui, totalement ils répondent présents et et l’acceptation des
souvent présents --- y’a une perte de sens à partir contraintes. En
du moment où où justement ces relations affectives outre, ils
ne sont plus existantes s’accordent sur le
fait d’être vigilant,
les relations
G3 un manageur n’est pas accepté dans son équipe. affectives entre
Il a loupé son départ. Puis du coup, il est embourbé collaborateurs de
et l’équipe ne l’apprécie pas et lui tourne le dos --- travail ne doivent
l’équipe s’entend bien et va quand même pas dépasser un
fonctionner parfaitement, pas tout le temps et elle point frontière qui
ne prendra pas la direction souhaitée --- ce n’est est celui du cercle
pas pour autant qu’ils vont partir parce qu’ils sont extraprofessionnel.
rattachés au lien affectif de leur propre groupe
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
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Les leviers d’action des MI pour favoriser l’action des salariés en situation de crise.
D5 — Différence G1 oui il n’y a pas que çà, y a le salaire aussi les Selon les verbatim,
motivation et satisfaction gens ne travaillent pas non plus que pour la la motivation au
satisfaction ou la gloire, mais s’est important ---, travail n’est pas un
mais c’est important que les gens se sentent connus facteur déterminant
reconnu dans leur travail que le manageur les de la satisfaction au
motive, à vraiment sortir de leur zone de confort --- travail. Cependant,
les accompagner dans leur développement de il existe une forte
carrière et que les gens est une motivation à venir corrélation entre
et en ressente une satisfaction motivations et la
satisfaction au
G2 travail, elles
semblent toutes
deux être
G3 C’est, je pense qu’en grande partie c’est dépendantes du
corrélé. Quelqu’un d’insatisfait il ne sera très contenu du travail.
probablement pas motivé et quelqu’un de satisfait il
sera très probablement motivé. --- Il peut y avoir
des moments particuliers et ça, c’est ponctuel çà, ce
n’est un moment pas prévu --- l’indicateur
personnel qui rentre en compte dans la satisfaction
perso et il y a la satisfaction pro, le travail.
Quelqu’un qui satisfait sur les deux va être
extrêmement motivé très motivé --- en fait, ils ne
vont pas aimer le métier, le métier ne va pas leur
plaire, mais ils vont être motivés, parce que du
coup, ce qui leur plait finalement c’est de gagner de
l’argent.
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