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Croissance endogène et croissance des régions (vers une

théorie de la croissance endogène spatialisée)


Catherine Baumont

To cite this version:


Catherine Baumont. Croissance endogène et croissance des régions (vers une théorie de la
croissance endogène spatialisée). [Rapport de recherche] Laboratoire d’analyse et de techniques
économiques(LATEC). 1994, 30 p., ref. bib. : 2 p. 1/2. �hal-01527280�

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n° 9408

CROISSANCE ENDOGENE
ET CROISSANCE DES REGIONS
Vers une théorie de la croissance endogène spatialisce

Catherine BAUMONT*

octobre 1994

*Maître de Conférences, ENESAD, Dijon


Chercheur, LATEC, Université de Bourgogne
Cet article a fait l'objet d'une communication au Colloque de l'Association
de Science Régionale de Langue Française consacré à l'Intégration des
espaces, Université des Antilles et de la Guyane, Fort-de-France, 1-2
septembre 1994.

Résumé
L'objectif de cet article est de poser les différents principes préalables
à la construction d'une théorie spatiale de la croissance endogène. Dans ce
but, plusieurs étapes sont présentées.
1/ L'analyse des théories macroéconomiques de la croissance endogène permet
de mettre en évidence le rôle clé des externalités d'agglomérations.
2/ Mettre en parallèle, les mécanismes de croissance endogène et de
croissance régionale permet d'identifier les composantes spatiales de la
croissance. A cet égard, le concept de capital spatial est défini.
3/ Enfin, les principes fondamentaux attachés à la dynamique de population,
à l'accumulation du capital spatial et à l'émergence des économies
d'agglomération sont présentés.

Mots clés
Capital spatial, croissance endogène, espace, externalités d'agglomération,
facteurs de croissance, mobilité.

AVANT-PROPOS

Les analyses de la croissance régionale et les théories macroéconomiques de


la croissance endogène semblent trouver différents points de rencontre. Cet
article est consacré à leur mise en lumière et peut alors être considéré
comme la recherche des fondations d'une théorie spatiale de la croissance
endogène. C'est pourquoi, le lecteur y trouvera plusieurs pistes de
recherche plutôt qu'une direction précise à suivre. Certaines de ces pistes
m'ont été suggérées ou ont émergé au cours de différentes discussions de
travail et je remercie à cette occasion toutes les personnes qui m'ont
conseillée ou encouragée. Je reste, bien entendu, selon l'expression
consacrée, seule responsable des erreurs éventuelles contenues dans cet
article.
INTRODUCTION

Depuis le milieu des années quatre-vingts, l'analyse macroéconomique


de la croissance s'est considérablement renouvelée grâce aux théories de la
croissance endogène. Ce nouveau courant d'analyse s'est en particulier
développé pour pallier les insuffisances du modèle néoclassique de
croissance dans l'explication d'une part des trajectoires de croissance des
pays et d'autre part des écarts de croissance entre les pays.
Parallèlement et face à l'intégration croissante des régions dans le
paysage économique, une partie importante de la Science Régionale s'est
focalisée sur l'étude des déterminants de la croissance régionale, en
s'intéressant en particulier aux mécanismes de développement économique des
régions et au problème du développement inégal.

Posées en ces termes, les problématiques de la croissance endogène et


de la croissance régionale sont similaires, à l'échelle territoriale près :
la nation pour l'analyse macroéconomique, une portion de la nation pour la
Science Régionale. Il semble alors naturel de chercher à les rapprocher et
cela peut être fait de différentes manières, en fonction des objectifs que
l'on s'est fixés. Deux objectifs sont possibles.
1/ On peut vouloir transposer simplement les théories de la croissance
endogène à la croissance régionale, c'est-à-dire, pour simplifier,
travailler à l'échelon territorial plus fin. Pour atteindre cet
objectif, il faut justifier l'applicabilité des mécanismes de croissance
endogène aux régions et déterminer les conditions d'applicabilité.
On aboutira ici à la construction d'un modèle supplémentaire de
croissance endogène, pas fondamentalement différent de ceux utilisés en
Macroéconomie. L'enrichissement théorique sera surtout profitable à la
Science Régionale.
2/ On peut, a contrario, réfléchir davantage sur les déterminants spatiaux
de la croissance régionale et vouloir en conséquence introduire la
dimension spatiale dans les théories de la croissance endogène.
On aboutira maintenant à la construction d'un modèle spatialisé de
croissance endogène, apportant une dimension supplémentaire à l'analyse
macroéconomique de la croissance.

Il apparait finalement que l'on peut associer ces deux objectifs en


cherchant à analyser la croissance des régions à l'aide des mécanismes de
croissance endogène augmentés de facteurs spatiaux. C'est ce que nous
allons réaliser dans le travail présenté ci-après. Pour cela nous
aborderons successivement les trois points suivants :
• dans la première partie, nous présenterons la problématique de la
croissance endogène,
• dans une deuxième partie, nous montrerons comment les dimensions
régionales et spatiales peuvent être introduites dans les théories de la
croissance endogène,
• enfin, dans la troisième partie, nous proposerons différentes démarches
de modélisation de la croissance endogène spatialisée.
I - LA PROBLÉMATIQUE DE LA CROISSANCE ENDOGÈNE

Le champ théorique de la Croissance Endogène recouvre en vérité un


ensemble interactif de plusieurs modèles, toujours en pleine évolution,
comme le témoignent les nombreuses contributions scientifiques ou
méthodologiques paraissant sur ce sujet dans les revues économiques
françaises ou anglo-saxonnes.
C'est en présentant les enjeux de cette nouvelle analyse de la
croissance économique et par la réalisation de notre propre synthèse que
nous pourrons mettre en évidence les axes d'articulations nécessaires à la
construction d'une théorie de la croissance endogène spatialisée.

1.1. POURQUOI UNE NOUVELLE THEORIE DE LA CROISSANCE ?

1.1.1. La critique du modèle de croissance néoclassique

L'"ancienne théorie" s'articule autour du modèle de croissance


néoclassique dont un représentant pivot est le modèle de Solow (1956). Le
modèle de croissance néoclassique vise à transposer le cadre walrasien
statique de l'équilibre général au cadre dynamique de la croissance. A cet
égard, il repose sur les éléments suivants :
• le produit est obtenu à partir de 2 facteurs de production
substituables : le capital qui est le facteur de production accumulable et
un facteur de production non accumulable (généralement le travail). La
fonction de production est à rendements d'échelle constants,
• conformément aux hypothèses néoclassiques standards, la croissance
économique se manifeste par l'accumulation du capital. Mais plus le stock
de capital augmente, et plus le rendement du capital baisse, car les
facteurs sont rémunérés à leur productivité marginale qui est décroissante.
Il s'en suivra une baisse de l'accumulation du capital et donc une baisse
de la croissance. Ainsi le mécanisme au coeur de la théorie néoclassique
(la décroissance de la productivité marginale des facteurs) est celui qui
inhibe la croissance.

Les résultats du modèle de croissance néoclassique que nous retenons


sont les suivants.
• L'économie tend vers une situation unique et stable de croissance
équilibrée de plein-emploi.
• Le taux de croissance du produit par tête est nul à long terme :
l'économie tend vers une situation où la production par tête ne varie plus.
C'est une situation de croissance bornée.
• Pour l'économie internationale, si les facteurs de production sont
mobiles, on obtient à long terme une convergence des productions par tête

1
Voir par exemple, les revues de synthèse réalisées par Lordon (1991),
Amable et Guellec (1992) et Artus (1993).

2
Pour une présentation plus technique et plus détaillée consulter, par
exemple, Abraham-Frois, 1991, p 253-328.
dans tous les pays. C'est l'idée du rattrappage de croissance qui se
matérialise par le processus de convergence des niveaux de revenus par
tête.

Or ces résultats ne sont pas confirmés par les faits.


• Les pays les moins avancés ne rattrappent pas les autres. On note des
phénomènes de convergence seulement pour les pays similaires : le groupe
des pays les plus avancés (Baumol, 1986; Barro ,1991 et Wolff, 1991), ou
pour des "régions" à l'intérieur d'un bloc : Etats des USA, Régions de la
CEE (Barro et Sala-I-Martin, 1990).
• Les taux de croissance subsistent (ou diffèrent) pendant de longues
périodes.

Pour réconcilier les faits et la théorie, les auteurs avancent


plusieurs arguments.
• L'apport d'éléments exogènes permettant une croissance soutenue : la
croissance démographique, le progrès technique. Ainsi, la croissance n'est
plus bornée, mais s'il y a croissance, elle est exogène, indépendante de
l'économie et des processus de production.
• L'hypothèse d'une transition lente (King, Plosser et Rebelo, 1988) ou de
la multiplicité d'équilibres de long terme (Azariadis et Drazen, 1990)
justifiant à la fois la non observation de l'équilibre et la divergence des
économies.
• Le passage à un autre modèle de croissance : la croissance endogène.

1.1.2. La croissance endogène : principes généraux

L' idée simple retenue est que si la croissance est auto-entretenue,


alors sa persistance et les écarts s'expliquent. Il faut donc que le
mécanisme de la croissance soit endogène et pour cela on veut identifier au
coeur même du modèle une source de croissance. C'est donc bien
l'explication de la croissance qui est endogène, mais pas la croissance
elle-même (Malinvaud, 1993).

1/ Tout d'abord, précisons de quelle croissance on parle. Il s'agit de la


croissance de l'activité économique mesurée par l'output Y produit à l'aide
d'une fonction de production agrégée.
En fait, dans ces théories, plusieurs "objets de croissance" sont souvent
cités, entretenant une certaine confusion, puisqu'on fait référence, dans
l'explication endogène de la croissance économique à divers éléments : la
croissance de la productivité marginale des facteurs, les rendements
croissants, la croissance à taux croissant . . .
Mais, comme nous le verrons par la suite tous ces éléments sont impliqués,
ce qui justifie l'emploi alternatif de différentes formulations de la
croissance.

2/ Cependant, malgré la complexité des processus décrits et la multiplicité


des modèles de croissance endogène, les auteurs qui ont analysé la
thématique d'ensemble de ces théories (Amable et Guellec, 1992; Artus,
1993; Lordon, 1991 et Romer, 1994) s'accordent pour identifier deux
origines principales à la recherche des nouvelles sources de la croissance.
• Il s'agit d'une part, en réponse aux problèmes non résolus en économie du
développement et aux questions soulevées en économie internationale
d'apporter une solution à la controverse sur la convergence des économies.
• Il s'agit, d'autre part, d'amender (plus qu'une véritable remise en
cause) l'environnement de concurrence parfaite du modèle néoclassique
standard en s'intéressant à la loi de décroissance de la productivité
marginale (§ 3) et au rôle du facteur résiduel dans la croissance : le
progrès technique (§ 4 ) .

3/ En effet, l'hypothèse fondamentale permettant une croissance soutenue


est l'existence d'un mécanisme qui empêche l'annulation de la productivité
marginale du facteur accumulable nécessaire à la production. Ensuite, le
moteur endogène de la croissance réside dans la production de biens
reproductibles par des biens reproductibles (à l'origine, seul le capital
physique était un facteur de production reproductible). On montre que pour
concilier ces deux principes, il faut que le processus d'accumulation se
fasse dans le cadre de rendements d'échelle non décroissants.
Cette condition technique est, sous certaines formes, incompatible avec le
cadre concurrentiel. Mais face à son observation empirique et à sa
résurgence théorique (en 1928, Young met déjà en avant le rôle des
rendements croissants dans l'apparition de la croissance), les modèles de
croissance endogène se sont engagés dans une voie de recherche
macroéconomique en concurrence imparfaite, dont les manifestations les plus
évidentes sont présentées dans le paragraphe 1.1.3.

4/ Enfin, le support endogène de la croissance réside dans un facteur de


production reproductible dont on a tout naturellement recherché la source
dans le facteur exogène principal du modèle de croissance néoclassique :
le progrès technique, appelé encore troisième facteur ou facteur résiduel
(Abraham-Frois, 1991, p 279).
Selon les modèles, différents procédés sont alors mis en oeuvre pour
améliorer endogènement la technologie, désignée quelquefois sous le terme
encore plus générique de connaissance. Ils seront présentés lors de la
synthèse des modèles de croissance endogène (§ 1.2.).
Néanmoins, la reconnaissance au sein de la fonction de production
néoclassique d'un autre facteur accumulable associé au progrès technique,
indique d'ores et déjà une évolution dans l'approche de la croissance
économique : celle-ci n'est plus uniquement quantitative (c'est une
accumulation toujours plus grande de quantités de facteurs de production),
mais elle s'investit désormais d'une dimension qualitative à travers
l'analyse des phénomènes de connaissance. Bien sûr, la mise en oeuvre de
cette dimension qualitative s'effectue toujours par le biais de mesures
(accroissement du capital humain, des innovations, diversification des
produits, gains de productivité induits du capital . . . ) .
Nous serons alors amenés à faire le lien entre cette nouvelle approche et
l'adoption de nouvelles techniques d'analyse de la croissance : dynamique
des systèmes, dynamique chaotique . . .

L'autre facteur exogène est la croissance démographique, et nous


verrons que l'on peut également, sous certaines conditions, l'intégrer dans
un processus endogène de reproduction.
1.1.3. Croissance endogène et concurrence

Trois principes permettent de concilier l'existence de rendements


croissants et l'environnement concurrentiel.

1/ Les externantes marshalliennes


Selon la tradition marshallienne, les fonctions de production de chaque
firme, prise individuellement, fonctionnent à rendements d'échelle non
croissants. Par contre, au niveau collectif, des externalités positives
peuvent naître de la participation de l'ensemble des entreprises à
l'activité économique. Par exemple, il peut s'agir, pour des entreprises de
petite taille mais travaillant dans la même activité, des bénéfices retirés
d'une taille collective plus grande (c'est ce que l'on pourrait appeler un
effet externe d'économie d'échelle). Il peut encore s'agir, pour des firmes
travaillant dans des secteurs différents, des bénéfices tirés de la
complémentarité de leurs activités (c'est ce que nous identifierons comme
un des aspects des externalités d'agglomération).
Il s'agit donc bien d'effets externes aux firmes qui doivent alors se
focaliser sur des éléments extérieurs aux processus de production privés.
Tout naturellement, c'est le processus d'améliorât ion endogène du facteur
résiduel qui portera la charge des externalités marshalliennes.

2/ Les dimensions publiques et collectives de la production


Pour conserver le cadre concurrentiel, l'amélioration de la technologie
doit être collective et bénéficier à tous, de même qu'elle ne peut être
appropriable individuellement. Dans ces conditions, seule la production
publique de technologie est possible et deux options, souvent
complémentaires, peuvent être envisagées. Soit on incorpore dans la
fonction de production un facteur dépenses publiques qui améliore la
productivité des facteurs privés (Aschauer, 1989; Barro, 1990, 1991). Soit
on insiste sur le rôle des dépenses publiques d'éducation et de R&D dans le
processus d'accumulation de la connaissance (Artus et Kaabi, 1993; Bouayad,
1994; Rajhi, 1993).
Mais, ces approches ignorent intentionnellement la création privée de la
connaissance, c'est à dire la possibilité pour une entreprise d'obtenir une
rente de monopole en produisant une technologie plus performante. En fait
les firmes ont intérêt à investir dans le secteur de la R&D et à produire
des innovations (Aghion et Howitt, 1989; Romer, 1990). Finalement, pour
concilier les rendements croissants impliqués par la concurrence
monopolistique et le cadre concurrentiel, les auteurs font appel à une
analyse fine des propriétés des biens publics et privés, accordant un
caractère non rival au produit de la recherche, bien que temporairement
appropriable, par le dépôt de brevets par exemple.

3/ L'évolution du processus de production


Finalement, les modifications apportées dans la fonction de production ne
font qu'illustrer l'évolution du processus de production : rôle du capital
humain, des innovations et des investissements publics.
Les mécanismes plus complexes d'accumulation de connaissance qui en
découlent ne font alors que refléter l'allongement des processus de
production, ce qu'Allyn Young (1928) nommait les détours de production. En
effet, même si on ne peut totalement assimiler l'analyse de la croissance
de Young et celle des théories de la croissance endogène (Grangeas et al,
1994 ), les éléments contenus dans la séquence d'événements suivante nous
semblent significatifs :
> l'accroissement de la dimension du marché entraîne un accroissement du
capital par tête;
> celui-ci se matérialise par une division du travail plus importante
(mécanisation de plus en plus de tâches par exemple) et est donc à
l'origine des rendements croissants;
— » des revenus supplémentaires sont ainsi distribués permettant en réponse
un accroissement de la demande et donc de la dimension du marché.
Ainsi, la dimension du marché et le détour de production (ou
allongement du processus de production) semblent des éléments clés dans
l'apparition des rendements croissants. Face à l'internationalisation
croissante des marchés et à l'incorporation de plus en plus importante de
biens et services intermédiaires dans les processus de production, ce
raisonnement garde toute son actualité. Nous y reviendrons alors largement
dans la deuxième partie.

Enfin, pour terminer l'examen des rapports des théories de la


croissance endogène au cadre concurrentiel, nous rappellerons que les
différents amendements apportés aux hypothèses concurrentielles tradition-
nelles ont comme conséquence la dissociation entre V équilibre et l'optimum
puisque la croissance s'assortit nécessairement d'un "surplus" social.

Il importe maintenant d'identifier entre la problématique décrite ci


avant et la dimension spatiale des activités économiques, des axes
possibles d'intégration des mécanismes de la croissance endogène en
économie spatiale. C'est ce que nous allons maintenant réaliser à travers
la synthèse de différents modèles de croissance endogène.

1.2. SYNTHESE DES MODELES ET NOUVELLE PROBLEMATIQUE

Nous nous intéresserons ici uniquement aux modèles fondateurs de la


théorie de la croissance endogène, pour lesquels nous avons admis
l'existence d'un processus de formation de rendements croissants dans
l'activité économique. Nous allons maintenant préciser ce processus en
déterminant quels sont les éléments qui le rendent réalisable. Ceci sera
l'objet du premier paragraphe. Ensuite, dans un second temps, une synthèse
globale sera réalisée, mettant l'accent sur la dimension spatiale en germe
dans les modèles.

1.2.1. Modèles de croissance endogène

a) Le modèle de Romer (1986) avec accumulation de connaissance


technologique
L'accumulation de capital par le biais de l'investissement, au niveau de
chaque firme, accroit en même temps le stock de connaissance disponible
dans l'économie.
La connaissance commune est une externalité marshallienne. Elle est permise
par l'expérience acquise (le learning by doing) et peut être favorisée par

En effet, Young n e fait pas état des external ités marshal 1 iennes.
l'existence de complémentarités entre les firmes ou les activités.
Nous soutenons que l'existence de l'externalité est possible grâce à la
diffusion de la connaissance et donc de l'information, et qu'elle est
facilitée par l'agglomérat ion de firmes ou de secteurs complémentaires.

b) Le modèle de Lucas (1988) et l'accumulât ion du capital humain


Les choix des individus de consacrer une partie de leur temps dans une
formation (choix intertemporel) ou de travailler dans des secteurs
requérant des niveaux de formation différents (choix intersectoriels),
conduit à un processus d'accumulation du capital humain, dont une partie
reste privée, tandis que l'autre bénéficie à l'ensemble de l'économie.
L'externalité portée par le capital humain social est marshallienne et son
ampleur dépend soit de la quantité de capital humain déjà accumulée dans le
passé, soit de la quantité de capital humain développée simultanément par
chaque secteur. La croissance dépend, dans le premier cas des conditions
initiales et, dans le second cas, de la prédominance de secteurs à forte
teneur en capital humain.
Nous soutenons que l'externalité est permise par l'améliorât ion de la
connaissance (rôle de l'éducation et de la R&D), par la diffusion de cette
connaissance et qu'elle est facilitée par l'agglomérat ion des activités à
forte teneur en capital humain.

c) Les modèles de Romer (1990) et d'Aghion et Howitt (1989) et 1'accumula-


tion des innovations
L'innovation technologique est permise par l'investissement des entreprises
d'une partie de leur capital humain dans les activités de R&D, ceci afin de
produire de nouveaux inputs plus performants, mais aussi plus spécialisés.
Les innovations s'ajoutent (Romer) ou se substituent (Aghion et Howitt) aux
anciennes.
L'allongement du détour de production ainsi crée entraine une production à
rendements croissants, dont la légitimité concurrentielle renvoie à la
partie sociale de la connaissance ainsi produite : c'est une externalité
marshallienne similaire à celle du modèle de Lucas.
La croissance dépend de la productivité du secteur de R&D privé, soutenu
éventuellement par son homologue public et est donc liée au potentiel de
recherche du pays.
Nous soutenons que l'externalité est soutenue, d'une part, via la
diversification des inputs, par la complémentarité entre les firmes et
d'autre part, par la complémentarité entre les secteurs publics et privés
de R8D.

d) Les modèles de Barro (1990) et Ashaeur (1989) et le capital public


Les dépenses publiques contribuent à accroitre la productivité des facteurs
privés. Les rendements d'échelle par rapport aux facteurs privés sont non
croissants, mais la prise en compte des facteurs fournis par l'Etat
génèrent des rendements globaux croissants.
On retrouve les thèses de l'allongement du détour de production et de
1'externalité portée par un bien public.
Si on s'intéresse uniquement au dépenses publiques d'éducation et de R&D,
on réconcilie la plupart des externalités énoncées précédemment.
Nous soutenons que d'autres types de dépenses publiques peuvent accroître
la productivité des facteurs privés : les infrastructures de communication.
Les modèles de croissance endogène appliqués à l'économie
internationale ou à l'économie du développement, intègrent la plupart des
mécanismes décrits ci-avant. Puisqu'ils s'intéressent à la comparaison des
développements économiques des pays et au problème du développement inégal,
nous les présenterons dans la deuxième partie de l'article.

1.2.2. Synthèse : la découverte de la dimension spatiale ?

La mise en commun de nos différents commentaires suggère :


• r introduction de nouveaux facteurs dans le processus de production : la
communication ou l'information, les activités complémentaires à la
production ... et
• la prise en compte des externantes d'agglomérat ion.
Il importe de montrer si ces deux propositions s'accordent avec les
mécanismes de la croissance endogène et c'est ce que nous allons maintenant
examiner.

Il - CROISSANCE ENDOGÈNE, CROISSANCE DES RÉGIONS ET ESPACE

La construction d'une théorie spatiale de la croissance endogène nous


amène à prendre en considération l'environnement régional de la croissance
(§ 2.1.) et à inclure la dimension spatiale conformément aux deux
proposition qui viennent d'être énoncées (§ 2.2.).

2.1. L'ENVIRONNEMENT REGIONAL DE LA CROISSANCE

2.1.1. Principes généraux

C'est en analysant les applications des théories de la croissance


endogène à l'économie internationale et à l'économie du développement que
l'interface entre la problématique de la croissance endogène et celle des
régions peut être réalisée.

1/ Croissance endogène économie internationale et économie du développement


En économie internationale, les modèles de croissance endogène
apportent la preuve que l'existence des économies d'échelle induisent un
processus cumulatif de croissance pour le pays qui bénéficie d'un avantage.
Cet avantage peut être : un stock de capital plus élevé (Krugman, 1981),
une spécialisation dans la production de biens à fort potentiel de
productivité (Young, 1991) ou à forte intégration de capital humain
(Krugman, 1990) ou encore de meilleure qualité (Grossman et Helpman, 1991),
ou encore une meilleure diffusion des connaissances (Grossman et Helpman,
1990).
L'effet de l'ouverture des frontières est généralement favorable car les
efforts en matière de R&D ou de capital humain sont répartis sur une
production plus importante.
Ainsi, la dotation en facteurs de croissance et la spécialisation sont les
conditions initiales de la mise en oeuvre de la croissance.
Nous retrouvons ces principes dans les travaux consacrés aux problèmes
du développement économique. L'accent est principalement porté sur la
dotation en capital humain des pays. Pour Becker, Murphy et Tamura (1990),
il existe une relation inverse entre la croissance démographique et
l'accumulation de capital humain, tandis que pour Azariadis et Drazen
(1990), les choix entre l'accumulation de capital physique (production) ou
de capital humain (formation) sont primordiaux. Dans les deux cas, les
auteurs mentionnent des "trappes à sous-développement" lorsque le niveau de
capital humain est insuffisant.

En fait, ces différents modèles rejettent le principe de convergence


des économies et lui préfèrent celui de développement inégal : les écarts
de croissance subsistent entre les nations, et ceci malgré les échanges (a
piori vus comme des moyens d'étendre le marché ou d'acquérir des facteurs
de croissance). Ceci, nous autorise à transposer la problématique de la
croissance internationale à celle des régions : tous les espaces régionaux
ne connaissent pas le même niveau de développement (c'est le cas en
particulier des espaces ruraux) et ce sont automatiquement des espaces
ouverts par rapport à leur territoire national (échanges de biens, de
personnes).

2/ Le développement régional inégal : un constat


L'analogie avec la théorie néoclassique de la croissance permet de
dire qu'une situation généralisée de croissance économique conduit à une
homogénéisation de l'espace (Lacour, 1985) : c'est-à-dire que toutes les
régions connaissent à terme le même niveau de développement puisqu'elles
bénéficient à terme des mêmes conditions économiques. C'est, comme
l'enseigne la théorie de la polarisation, la multiplicité des échanges qui
permet la diffusion de la croissance et la banalisation des espaces.

Par contre la crise révèle qu'il existe des espaces différents :


villes - espaces ruraux ou espaces en croissance - espaces en retard de
développement, et pose le problème de la gestion des espaces difficiles. La
crise économique, parce qu'elle réduit les fruits de la croissance, finit
toujours par se focaliser sur des espaces (Gilly, 1984).
Bien sûr, les politiques de développement régional ont toujours admis
l'existence d'espaces différents (la ville et 1'anti-ville dans la théorie
des pôles de croissance, l'espace intérieur et l'espace extérieur dans la
théorie de la base), reconnaissant même une certaine vertu à cela. Mais, si
la différence n'est pas forcément dommageable, le développement inégal des
régions pose des problèmes d'équité, d'équilibre territorial et à terme
d'efficacité économique.
Le développement inégal des régions est un constat : on observe des
taux de chômage, des niveaux de revenu et de production différents. Dans ce
contexte, les nouveaux modes de développement privilégient la recherche
d'une croissance propre à l'espace (c'est ce que l'on appelle le
développement par le bas ) plutôt que celle d'une croissance importée.

Nous examinerons comment cette recherche d'un développement économique


autonome peut être endogène, compte tenu de la problématique des échanges.

Plus précisément, il s'agit d'un secteur résidentiel et d'un secteur


exportateur.

6
Encore appelé développement endogène parce qu'il s'appuie sur des
potentialités locales, internes à l'espace considéré.
3/ La problématique des échanges
L'examen, de la nature et du contenu des échanges permet de cerner la
problématique des échanges régionaux.
a) La nature des échanges
Si on peut assimiler une région à un petit pays, le "reste du monde"
ne peut être considéré comme d'un seul tenant. Il faut en effet distinguer
les autres régions appartenant au même territoire national (c'est
1"anti-région" de Dendrinos, 1984) et les pays étrangers.
Cette distinction s'impose parce que les échanges ne sont pas
gouvernés de la même façon. Par exemple, sur le territoire national il y a
parfaite mobilité de tous les facteurs de production, alors qu'au moins une
restriction sur le facteur travail existe entre la nation et l'étranger.
Deux niveaux d'échange sont donc présents : le commerce interrégional
et le commerce international. Plusieurs conséquences en découlent.
• Chaque région se trouve placée en situation de verticalité de dépendance
et d'horizontalité de concurrence (Lacour, 1985) : la force des liens étant
plus marquée entre la région et le territoire national. L'examen des
relations de dépendance ou d'autonomie sont donc primordiales. En
particulier, dans l'évaluation de la croissance régionale, il importe de
distinguer 1' influence de la croissance économique de la nation et celle
des facteurs régionaux uniquement . De même les politiques publiques
peuvent être menées par des acteurs différents : l'Etat, la Région, voire
la CEE, de façon dépendante ou avec une relative autonomie.
• Chaque région dispose d'un marché à trois composantes : le marché local,
le marché national et le marché international, ce qui lui permet de
valoriser ses ressources dans trois directions.
Par exemple, en tenant compte des enseignements de la théorie de la base,
le secteur d'exportation s'appuiera sur la demande nationale et
internationale (celle-ci est exogène), tandis que le secteur hors base ou
local s'illustrera sur le marché local (de nature endogène). On peut même
"inverser la théorie de la base" en tenant compte cette fois-ci des
importations en provenance de la nation et de l'étranger; importation de
personnes essentiellement : résidants ou touristes.
• L'évaluation de la spécialisation de chaque région tient également compte
de ce double niveau d'échanges puisqu'il faudra construire trois types
d'indicateurs de spécialisation (Kuiper et Paelinck, 1981) :
- de la région par rapport aux autres régions nationales,
- de la région par rapport aux autres pays,
- et éventuellement du pays par rapport aux autres pays (cet
indicateur s'imposant si on estime que le commerce Région/Etranger est lié
fortement au commerce Nation/Etranger).
Il faut alors disposer de l'information nécessaire à l'évaluation de
ces spécialisations, de manière à cerner les possibilités d'application des
modèles de croissance endogène. A ce stade, les problèmes liés à
l'élaboration de comptabilités régionales apparaissent : il s'agit à la
fois de difficultés de définition et d'appréciation des agrégats régionaux
(par exemple, la distinction entre production nationale et production
intérieure est beaucoup plus importante dans le cas de la région du fait de
son ouverture sur l'extérieur (Démons, 1978, 1979) et de difficultés de
collecte d'informations.

Ceci peut être réalisé par les méthodes d'analyse shift—share.


b) Le contenu des échanges
Nous nous intéressons uniquement ici à la mobilité des facteurs et à
la dynamique de la population.
• En effet, sur l'espace national, les possibilités de mobilité de tous les
facteurs sont réelles. S'il y a restriction à la mobilité, elle dépend,
pour le facteur travail de la mobilité de la population, et pour le capital
physique des opportunités de rendements.
Il existe donc plusieurs éléments de résistance à la mobilité, qui
dépendent essentiellement du différentiel d'utilité ou de bénéfice retiré
du déplacement d'une région à une autre.
• Par ailleurs, la dynamique de la population est basée sur le double fonds
du solde naturel et du solde migratoire. On touche ici, une différence
essentielle entre les mécanismes de croissance endogène appliqués aux
nations et la croissance régionale. En effet, dans les modèles de
croissance endogène, la population est supposée croître à un taux naturel
constant exogène qui détermine en retour la croissance du facteur travail.
Dans l'analyse de la croissance régionale, il faudra tenir compte également
des transferts de population entre régions. Ceux-ci étant largement
conditionnés par la croissance économique, la dynamique de population
devient endogène, entraînant avec elle la dynamique du facteur travail.
Compte tenu, enfin des liens essentiels entre le facteur travail et le
capital humain, facteur au coeur de nombreux modèles de croissance
endogène, une attention particulière sera donnée à la modélisation de la
dynamique de population dans la troisième partie de ce travail.

Finalement, il semble possible d'analyser la croissance des régions


sur le mode de la croissance internationale, aux restrictions suivantes
près : un double niveau d'échanges apparait, les interdépendances sont plus
nombreuses et plus complexes, l'analyse factuelle est difficile à réaliser.
L'examen des facteurs de croissance va nous permettre de préciser encore
chacun de ces points tout en mettant en évidence les possibilités
d'émergence d'une croissance endogène régionale.

2.1.2. Les facteurs de croissance

Pour que le modèle de croissance endogène s'applique à l'échange


international, il faut que le pays dispose d'un facteur de croissance, soit
par dotation initiale ou à travers un potentiel d'acquisition, via la
mobilité des facteurs de production.

1/ La dotation en facteurs de croissance


C'est à travers l'évaluation d'indicateurs régionaux de spécialisation
que l'on peut d'une part identifier la composition sectorielle des régions,
et d'autre part faire émerger des facteurs de croissance.
• L'étude menée par Kuiper et Paelinck (1981) met ainsi l'accent sur le
rôle important joué d'une part, par les secteurs attractifs : industrie de
haute technologie, infrastructures de communication, secteur de R&D ... et
d'autre part, par la spécialisation sectorielle des régions. Ces éléments
sont conformes aux mécanismes de croissance endogène car les secteurs
attractifs permettent d'accroître la productivité des facteurs employés.
Plus une région sera spécialisée dans ces secteurs et plus elle se
développera.
Dans les faits, on s'aperçoit que ces secteurs sont effectivement
localisés en priorité dans les régions en croissance, tandis que les
régions en retard de développement présentent un déficit dans de tels
secteurs (Camagni et Cappelin, 1984).
• Notons également, que si on travaille sur des indicateurs de
spécialisation fonctionnelle (conformément à la théorie de la division
spatiale du travail), on retrouve les mêmes répartitions : les régions en
croissance concentrent les fonctions de communication, de recherche et
développement.
Examinons à cet égard le rapport du capital humain à l'espace. Le
capital humain est localisé avec l'individu et se déplace avec lui. Dans ce
cas, l'accent est mis sur les dotations en "capital de formation et
d'emploi" des lieux d'origine et de destination car il permet l'acquisition
et la valorisation du capital humain. Or, on s'aperçoit là encore que les
régions ne sont pas également dotées de ce type de capital. Par exemple,
Landais (1980, p 330) insiste sur les différences de composition du capital
humain détenu par les ruraux ou par les urbains.

2/ La potentialité d'acquérir des facteurs de croissance


Pour une région, le potentiel d'acquisition des facteurs de croissance
dépend d'une part des possibilités de mobilité des facteurs ou de diffusion
de la connaissance et d'autre part de son attractivité.
• Nous venons de voir que les secteurs attractifs sont surtout mobilisés
dans les régions déjà en croissance et que la mobilité des facteurs dépend
des différentiels d'attractivité des régions. Dans ce cadre, il est certain
que la croissance appelle la croissance, car les facteurs de croissance se
dirigeront vers les régions où les opportunités de productivité sont les
plus fortes, c'est-à-dire celles où l'accumulation des facteurs de
croissance est déjà importante.
• De même, la diffusion automatique de la connaissance paraît douteuse, car
dans sa composante privée, l'avantage technologique s'assortit d'une rente
de monopole. La diffusion de la composante sociale de la connaissance est
soumise aux circuits de diffusion de la R&D, localisés, là encore, dans des
régions spécifiques.
• Pour sortir d'un tel schéma, il faut s'appuyer sur les deux éléments
suivants :
- le potentiel d'acquisition de facteurs de croissance dépend du
niveau d'accumulation déjà atteint,
- il existe des possibilités de renversement de tendance.
Le premier élément fait référence à l'existence d'une dotation initiale
minimale en facteurs de croissance en dessous de laquelle tout processus
d'accumulation est impossible. On peut faire ici le lien, avec l'exigence
d'une taille "minimale", bien que déjà très importante, pour la fourniture
d'un bien collectif, par exemple, et les rendements croissants.
Le second élément suggère à l'inverse qu'il peut exister dans les régions
un volume maximal de facteurs de croissance au delà duquel, des
externalités négatives se produisent, détournant les mécanismes
d'accumulation vers d'autres régions.
Ainsi, l'hypothèse d'un seuil minimal de dotation en facteurs est
souvent retenue pour l'étude des régions en retard de développement. Le
rôle des politiques publiques est alors mis en avant, qu'il s'agisse de
produire ces facteurs de croissance ou d'inciter les agents économiques
privés à le faire. Par contre, l'existence de seuils dissuasifs,
c'est-à-dire de production d'externalités négatives n'est pas retenue dans
la problématique de la croissance endogène alors qu'elle est admise dans
l'analyse des dynamiques spatiales.
9
Notons que 1'introduction de seuils dans les processus d accumulât ion
permet de passer d'une dynamique "continue" à une dynamique "discontinue",
pouvant être étudiée à l'aide des modèles de type ABC souvent appliqués à
l'analyse des dynamiques des espaces urbains ou régionaux (Lung, 1987).

Finalement, les mises en parallèle des modalités de croissance


endogène et de croissance régionale, mettent l'accent sur le potentiel
attractif des régions, que l'on décrit en économie spatiale comme la
combinaison d'un effet masse (ici c'est la dotation en facteur de
croissance) et d'un effet de diffusion (ici c'est le phénomène
d'accumulation). Cette analogie spatiale va être maintenant détaillée.

2.2. LA COMPOSANTE SPATIALE DE LA CROISSANCE ENDOGENE

Les facteurs de production traditionnels sont le capital, le travail


et la terre, les quantités totales disponibles dans l'économie des deux
derniers étant conventionnellement considérées comme fixées. On admet
cependant que le facteur travail peut être reproduit, en quantité et en
qualité, grâce aux variations de la population et en considérant sa
composante capital humain. Par contre, par nature, il est impossible
d'accroître la quantité du facteur terre disponible dans l'économie (Romer,
1994, p 12) et donc de faire jouer l'hypothèse des rendements d'échelles.
Pour pallier cet obstacle, il suffit de considérer, à l'instar du facteur
travail et du capital humain, le capital spatial composé du support
terrestre et de tout ce qui s'y trouve localisé. C'est l'optique que nous
retenons dans cette étude (§ 2.2.1.)

Par ailleurs, les mécanismes de la croissance endogène s'appuient sur


l'existence d'un facteur de production générateur d'externantes. Le
capital spatial, considéré comme un ensemble de facteurs localisés
(§ 2.2.2.) producteur d'externalités d'agglomération (§ 2.2.3.) répond à
cette condition.

2.2.1. Le capital spatial

Définition : on appelle capital spatial, la somme des capacités productives


incorporées dans le sol. Il s'agit des opérations de viabilisation, du
service résidentiel (les bâtiments), des moyens d'accessibilité
(télécommunications et accessibilité matérielle) . . .
Un certain nombre de particularités économiques caractérisent le
capital spatial car la dimension spatiale comprend à la fois l'aspect sol
(support de l'activité) et l'aspect localisation (les activités sont
positionnées dans l'espace les unes par rapport aux autres).

1/ Capital spatial et sol


Selon cet aspect, le capital spatial d'un espace est constitué de
toutes les activités qui concourrent à accroître la productivité des autres
facteurs de production. On peut recenser les activités de recherche et de
formation, les infrastructures de communication, les services aux
entreprises ...

le terme est de Lung (1987) et signifie Auto-organisation, Bifurcation


et Catastrophe.
Ainsi "l'espace fournit un service qui est la possibilité d'étaler les
activités élémentaires et d'organiser leurs relations. On pourrait alors
considérer que l'espace est, selon la terminologie de Gutenberg , un
facteur de stock. Ce n'est pas la quantité du facteur de stock (ici la
surface utilisée), mais le flux de prestations tirées de ce stock, qui est
le facteur directement productif" (Huriot, 1977, p 150).

Concrètement, la participation du capital spatial à l'amélioration de


la productivité des autres facteurs, dépendra de deux éléments :
- le type de l'activité présente,
- la surface occupée par cette activité.
• En effet, les activités ne participent pas toutes de la même façon à
l'amélioration de la productivité et elle n'occupent pas toutes la même
quantité d'espace (on dit qu'elle n'ont pas le même coefficient
d'utilisation d'espace).
• Puisque la quantité de sol diponible est limitée et qu' il y a concurrence
pour l'occupation de l'espace entre les activités, chaque région dispose
d'une quantité plus ou moins grande de capital spatial de qualité plus ou
moins bonne. La dotation en capital spatial peut être évaluée par des
indicateurs de spécialisation.

2/ Capital spatial et localisation


Les activités étant localisées dans des endroits différents, les
positions d'éloignement ou de proximité des unes par rapport aux autres
sont primordiales, car cela conditionne la plus ou moins bonne organisation
de leurs relations.
Sous cet aspect, l'espace peut encore être considéré comme un facteur
de production pour une firme (Isard, 1956, p 77-90, parle d'input de
transport) puisqu'il intervient dans le choix d'une localisation optimale
(problème de Weber, par exemple). Cependant en présence d'une forte
mobilité des facteurs de production et d'un important développement des
moyens de communication "immatériels", l'avantage financier d'une bonne
localisation pour une firme s'amoindrit. Seul le bénéfice par rapport à la
localisation du facteur travail subsiste.
Pour l'ensemble des firmes, au niveau d'une région, l'aspect
localisation n'a de sens que par rapport à la concentration ou la
dispersion des activités entre elles, c'est-à-dire par rapport aux
possibilités de production d'externalités d'agglomérations et à la
diffusion de celles-ci (ce qui renvoie encore au rôle des moyens de
communication). C'est donc l'aspect facteur de production d'externalités
qui est associé ici au capital spatial.

Finalement, le capital spatial contient tous les éléments nécessaires


à la mise en oeuvre d'un mécanisme de croissance endogène : des facteurs de
croissance localisés dans l'espace et produisant des externalités. Ces
facteurs de croissance sont les facteurs de communications et les services
à la production et les effets externes sont les externalités d'agglomé-
ration.

Gutenberg, 1951, Grundlagen der Betriebswirtschaftslehre, Bd I : Die


Produktion, 1ère édition, Berlin, Göttingen, Heidelberg.
2.2.2. Les facteurs de localisation

Dans une économie de plus en plus orientée vers la recherche


d'informations, l'accès rapide à une information de plus en plus élaborée
devient stratégique. La productivité des firmes est alors dépendante des
moyens d'accès à cette information, comme les infrastructures de
communication matérielle et immatérielle ou les services de communication.
Dans une économie de plus en plus orientée vers la multiplication des
opérations marchandes, la recherche d'une organisation efficace des
relations entre les activités économiques est primordiale. La productivité
des firmes est alors dépendante de l'existence de services à la production.
Or les moyens de communication et les services à la production
rentrent naturellement dans les mécanismes de croissance endogène. Nous
allons le montrer en examinant d'une part les caractéristiques des
moyens de communication et d'autre part le rôle des services aux
producteurs dans le processus de production.

1/ Moyens de communication et croissance endogène


Cinq points de similitude peuvent être identifiés entre les
caractéristiques des moyens de communication et les mécanismes de la
croissance endogène.
• Les moyens de communication participent à la diffusion de la connaissance
parce qu'ils facilitent l'accès à l'information : les infrastructures de
télécommunications permettent une diffusion rapide et multi-sites des
connaissances (exemple de l'Echange de Données Informatiques, des
satellites . . . ) .
• Les moyens de communication facilitent les échanges entre les firmes en
relations de complémentarité (Tofflemire, 1992) : création et organisation
des réseaux de coopérations grâce à la logistique.
• Les moyens de communication possèdent une forte caractéristique de bien
collectif : les infrastructures de communication sont produites par le
secteur public, la production est à rendements croissants (du moins par
seuil) et il y a différents niveaux d'exclusion d'usage (de la gratuité à
la tarification privée en fonction des prestations).
• Les moyens de communication constituent une partie importante des
innovations.
• Les moyens de communication sont des facteurs de production accumulés
(moyens informatiques, courrier électronique, fax, implantation d'agences,
télécommunication . . . ).

Pour toutes ces raisons, les facteurs de production consacrés à la


production de moyens de communication sont de nature à assurer une
croissance soutenue de l'activité économique car ils incorporent une partie
importante des progrès technologiques, ils permettent d'accroître
réellement la productivité et ils produisent effectivement des externalités
(Tofflemire, 1992). Enfin, ils tentent de réconcilier les théories de la
croissance endogène et le cadre concurrentiel en améliorant la transparence
des marchés.

2/ Services aux producteurs et processus de production


Les services aux producteurs incluent une large palette d'activités
comme "les services bancaires, d'assurance, d'administrât ion, de droit, de
transport et communication, de comptabilité, de gestion, de publicité, de
marketing, de recherche et de développement, d'audit, de conseil en
management et en ressources humaines" (Hansen, 1990, p 466).
De ce fait, les services aux producteurs constituent une partie de
plus en plus importante de l'activité économique et consomment en
conséquence une part de plus en plus importante des facteurs de production.
En fait, ils s'inscrivent dans un processus de division du travail aussi
bien à l'intérieur des firmes que entre les firmes lorsque qu'ils sont
produits par des entreprises spécialisées. Deux conséquences en résultent.
o D'une part, les services aux producteurs assurent un détour de production
et conformément aux thèses de Young, ils sont générateurs de rendements
croissants.
• D'autre part, ils impliquent une multiplication des transactions et une
intégration de plus en plus forte des marchés. Or selon plusieurs auteurs,
la marchandisation croissante de l'économie va de pair avec le dévelop-
pement urbain (Aydalot, 1985, p 172; Landais, 1980, p 325). On s'aperçoit
en effet que les services aux producteurs sont essentiellement localisés
dans les agglomérations.

Ainsi, la productivité des facteurs sera d'autant mieux améliorée par


les services aux producteurs, que les firmes seront concentrées et
localisées dans des espaces richement dotés en moyens de communication et
autres services aux producteurs. Cette condition est nécessaire à
l'émergence des externalités d'agglomération.

2.2.3. Les économies d'agglomération

Nous nous sommes aperçus que le concept d'externalités d'agglomération


était en germe dans les théories de la croissance endogène. L'objet de ce
paragraphe est de préciser cette intuition à travers la présentation du
concept (§ 1 ) , de ses modes d'expression (§ 2) et de ses propriétés (§ 3 ) .

1/ Définitions
"Le facteur d'agglomérat ion est un avantage ou une réduction du prix
de la production ou de la distribution qui résulte du fait que la
production est portée à un niveau considérable à un endroit" (Weber, 1909,
p 126). Béguin (1988) remarque alors que les économies d'agglomération
combinent deux effets : les économies d'échelle traditionnelles liées à la
taille de l'entreprise et les externalités liées à la présence dans un même
lieu de plusieurs firmes.
En fait, ce concept est déjà présent chez Marshall qui exprime que les
économies d'échelles peuvent trouver leur origine dans la manifestation
d'"économies internes" qui augmentent avec la taille des firmes, mais aussi
dans la manifestation d"économies externes" aux firmes dispensées par le
milieu économique dans lequel elles se situent et qui sont communes à
toutes les firmes (Catin, 1991, p 573).
Les économies d'agglomération sont donc externes aux firmes mais
internes à l'espace considéré. On peut les décomposer en deux grandes
catégories :
- les économie de localisation qui dépendent de ce que l'on trouve
dans le milieu (qualité de la main d'oeuvre, relations de complémentarité
entre les firmes en situation de proximité ... ).
- les économies d'urbanisation qui sont liées à la taille de
l'agglomération et sont donc corrélées avec les types d'activités localisés
dans les villes : infrastructures, services . . .
Ainsi, les externantes d'agglomération dépendent :
- de la façon dont les activités se localisent (concentration ou
dispersion); en ce sens elles sont essentiellement attachées au milieu
urbain,
- du lieu où elles se localisent dans ou à proximité des zones
urbaines (être à proximité de l'agglomération est une façon de profiter de
ses avantages sans en subir les inconvénients ).

2/ Modes d'expression
• La forte corrélation entre la ville et les économies d'agglomération
provient de la concentration d'activités diversifiées permettant aux
relations de complémentarité entre les firmes de s'exprimer (Hansen, 1990,
p 469).
• Les économies d'agglomération sont liées aux secteurs publics de R&D et
de fourniture d'infrastructures de transport et de communication, et aux
services publics car elles dépendent des facilités d'accès à tous les
services aux producteurs.
• Les économies d'agglomération permettent d'améliorer singulièrement la
productivité des firmes comme le soulignent les études empiriques réalisées
par Catin (1991). Par exemple, la productivité du travail se trouve être
améliorée par la taille de la ville.

• Même si d'une façon générale, on relie les externalités d'agglomération


aux phénomènes de concentration des activités économiques, il semble que
différentes phases puissent être distinguées. Ainsi, à l'origine, le simple
fait de l'agglomération d'activités économiques suffisait à produire des
externalités spatiales d'agglomération. Le phénomène était alors simplement
issu d'un processus quantitatif d'accumulation. Par la suite, la qualité
des activités s'agglomérant est devenu importante comme le souligne le rôle
de l'innovation, de la R&D, des services aux producteurs dans les gains de
productivité autonomes.
De ce point de vue, on ne pourra jamais tout à fait assimiler les
externalités d'agglomération produites par les grandes villes où toutes les
formes d'activités sont présentes, à celles produites par les petites
villes seulement en phase d'accumulation quantitative d'activités.
La définition du contenu du capital spatial E(t) que nous avons
retenue permet de cerner à la fois ces dimensions quantitative (volume
d'activités) et qualitative (types d'activités) puisque nous avons
privilégié les activités améliorant la diffusion de l'information, à
travers les insfrastructures de communication et de transport, et les
services aux producteurs. Nous pourrions tout aussi bien y adjoindre les
activités de R&D et d'Education, retenues jusqu'à présent, dans les modèles
de croissance endogène.

Finalement les économies d'agglomération synthétisent la plupart des


externalités marshalliennes retenues dans les modèles de croissance
endogène. L'intérêt de les préférer à ces dernières tient à leurs
propriétés spécifiques.

C'est ce que l'on appelle des effets de débordement.


3/ Propriétés
Nous en distinguerons trois.
• Les économies d'agglomération sont en réalité positives ou négatives. Il
existe des déséconomies d'agglomération lorsque la concentration des
activités ou des personnes implique des coûts pour la collectivité :
pollution, congestion, file d'attente ...
• Il existe en fait un seuil minimal de concentration d'activités
économiques en dessous duquel il n'y a pas production d'économies
d'agglomération, mais il existe également un seuil maximal de concentration
au delà duquel les externalités produites deviennent négatives. Si
l'existence d'un seuil minimal est déjà prise en compte dans certains
modèles de croissance endogène avec dépenses publiques (d'Autume et Michel,
1993; Bouayad, 1994), par contre l'existence d'un seuil maximum et
d'externalités négatives n'est pas considérée.
• Les économies d'agglomération jouent sur le potentiel d'acquisition de
facteurs de croissance : la possibilité d'en bénéficier attirera les
activités et les personnes. Elles constituent donc un mode de
différenciation des espaces. Mais, en retour, une trop forte accumulation
d'activités ou de personnes pourra faire naître des déséconomies
d'agglomération faisant fuire les facteurs de croissance.

Il importe alors de définir avec précision les modes d'accumulation


des facteurs produisant les externalité d'agglomération, car ils seront à
l'origine de dynamiques économiques multiples.

Au terme de ces différentes analyses, les bases d'une théorie spatiale


de la croissance endogène ont été jetées. Axées sur l'introduction dans la
fonction de production d'un facteur spatial : le capital spatial,
producteur d'externalités d'agglomération, cette théorie est appliquée à
l'étude de la croissance des régions ou d'espaces spécifiques (espaces
ruraux vs espaces urbains par exemple).
La construction de cette théorie va maintenant se poursuivre par la
présentation de différentes démarches de modélisation.

III - M O D È L E S DE CROISSANCE ENDOGÈNE S P A T I A L I S E S : MÉTHODOLOGIE

En fait, l'ampleur du domaine étudié et la complexité des phénomènes


décrits déterminent plusieurs options de modèles possibles. On retrouve là
une des caractéristiques de la théorie de la croissance endogène.
Les choix peuvent porter aussi bien sur le type de phénomène retenu :
quel facteur de croissance, quel principe d'accumulation que sur les
techniques mathématiques employées : dynamique continue ou non, analyse de
systèmes ... (Helmer, 1972; Lung, 1987; Paelinck, 1985; Tu, 1991, 1992).

Il importe alors de bien posséder toutes les alternatives afin


d'identifier l'ensemble des modèles de croissance endogène spatialisés.
Pour y parvenir, nous énoncerons quelques principes de base (§ 3.1.), puis
nous examinerons plus en détail les deux principales dynamiques de notre
théorie : la dynamique de la population et la dynamique des facteurs de
localisation (§ 3.2).
3.1. PRINCIPES GENERAUX

Après avoir rappelé la structure de base d'un modèle de croissance


endogène, nous présenterons les caractéristiques d'un modèle de croissance
endogène spatialisé.

11
3.1.1. Structure d'un modèle de croissance endogène

1/ Fonction de production
On dispose d'une fonction de production à facteurs substituables qui
présente des rendements constants sur les facteurs privés et une
externalité portée par un facteur social : c'est le facteur de croissance
généralement défini comme un "stock de connaissances" au contenu plus ou
moins précisé par les auteurs.

On note Y la production, K le capital physique privé, H le capital humain


et A le facteur social.

Y = f (K, H, A)
2/ Equations de comportement
• On part de la condition d'équilibre sur le marché des produits, pour tout
instant t. Par exemple, si on considère que le facteur social est
représenté par du capital public, on aura :
Yt = Ct + It + Gt
où G sont les dépenses publiques consacrées à la production d'infra-
structures de communication et de transport, I désigne l'investissement et
C la consommation.
(Dans ce cas, on considère que les dépenses publiques sont financées par
une taxe proportionnelle au revenu Y)

• Les consommateurs maximisent une fonction d'utilité intertemporelle de


consommation U [C(t)]. Par exemple, en univers de temps discret :
00

t = 0

où p désigne le facteur d'actualisation.

U [C(t)l peut prendre différentes formes selon le mode comportemental


attribué au consommateur et compte tenu de l'environnement économique de
consommation (il peut y avoir, par exemple plusieurs biens consommés).

3/ Processus d'accumulation
On spécifie un ou plusieurs processus d'accumulation dans le temps de
facteurs de croissance :
- accumulation de capital physique,

En aucun cas, les équations présentées ici ne peuvent être rassemblées


pour constituer un modèle cohérent de croissance endogène. Ces formules
sont empruntées à divers modèles, illustrant ainsi leur diversité.
- accumulation de capital humain,
- accumulation du facteur social,

Ce processus d'accumulation dépend des relations entre les différentes


variables du modèle et de la présence d'externalités. Par exemple, la
dynamique d'accumulation du capital physique dépend des conditions
d'investissement, celle du capital humain peut dépendre des externalités de
connaissance commune ou des dépenses publiques d'éducation ou de R&D ...
Le processus d'accumulation du facteur renouvelable est spécifié en
taux de croissance.

4/ Facteurs exogènes
Les conditions initiales (valeur des variables au temps t = 0) et le
taux de croissance naturel de la population sont donnés de manière exogène.

5/ Résolution du modèle
Il s'agit de trouver les conditions optimales d'accumulation et de
croissance qui maximisent l'utilité intertemporelle des consommateurs
soumise aux contraintes de comportement et aux conditions d'accumulation.

3.1.2. Les spécificités du modèle spatial de croissance endogène

Quel que soit le type de modèle construit, trois conditions


spécifiques doivent être respectées.

1/ Les conditions spécifiques


• Une dynamique de population endogène
Le taux de croissance de la population dépend du solde naturel et du solde
migratoire. Cette deuxième composante dépend de 1'attractivité de la région
et donc des opportunités de productivité pour les firmes ou d'utilité pour
les ménages. Elle est donc endogène au modèle.
• Des externalités par seuils
Les facteurs de localisation produisent des externalités d'agglomération
positives ou négatives suivant le niveau d'accumulation atteint,
c'est-à-dire en fonction des capacités d'accueil minimales et maximales des
activités.
• Une capacité d'accueil fixée
La taille de la région est donnée, ce qui permet de connaître les capacités
d'accueil des différentes activités.
On peut dire ici que cette contrainte exogène de capacité se substitue à la
contrainte exogène de croissance de la population des modèles de croissance
endogène classiques.

2/ Les options possibles


Sans chercher 1'exhaustivité, on peut envisager un certain nombre
d'options, non exclusives les unes des autres.
• Les options sur la nature du capital spatial : E
- E(G) : Le capital spatial est produit par les pouvoirs publics.
Il s'agit d'infrastructures de communication et de transports, de
dépenses d'éducation et de R&D.
Dans ce cas, il faut tenir compte des prélèvements fiscaux nécessaires
au financement des infrastructures publiques.
- E(K) : Le capital spatial est un ensemble de biens intermédiaires privés,
dont le volume et/ou la qualité affecte la fonction de production.
Il s'agit des services aux producteurs.
- E(C) : Le capital spatial est un ensemble de biens diversifiés dont le
nombre affecte la fonction d'utilité des consommateurs.

• Les options sur 1'environnement régional


- R(l) : On s'intéresse à la croissance d'une seule région. Les relations
avec l'extérieur n'affectent pas la croissance de 1'anti-région.
- R(2) : On s'intéresse à la croissance de deux régions. Les relations avec
l'extérieur intéragissent sur les deux régions. On peut par exemple,
considérer ici deux régions administratives, ou un espace rural et un
espace urbain.
Dans ce cas, les dynamiques de populations entre les deux régions sont
liées et peuvent être représentées par un système dynamique, de type
"proie-prédateur" par exemple.
Ce type de modèle peut être employé dans l'analyse des processus
d'intégration régionale

La multiplicité des options envisagée ici montre la diversité des


modèles de croissance endogène spatialisés qu'il est possible de
construire.
L'analyse des dynamiques de population et d'accumulation du capital
spatial, va permettre de préciser encore la structure de ces modèles.

3.2. LES DYNAMIQUES DE POPULATION ET D'ACCUMULATION

La complexité des interactions entre la dynamique de population,


l'accumulation des facteurs de croissance et le sens des externalités
d'agglomération peut être traduite par la séquence de propositions
suivante :
1/ La croissance est soutenu par l'émergence d'externalités
d ' agg 1 oméra tion.
2/ La production d'externalités d'agglomérat ion positives ou négatives est
liée à la capacité d'accueil des facteurs de croissance contenus dans le
capital spatial.
3/ Ces facteurs de croissance s'accumulent et sont produits à l'aide d'une
quantité de facteur travail régionale affectée par un solde migratoire
4/ Le solde migratoire dépend de la croissance de la région . ..

Pour comprendre tous les mécanismes en jeu, nous présenterons dans un


premier temps les deux dynamiques : population (§ 3.2.1) et accumulation de
facteurs de croissance (§ 3.2.2. ). Nous pourrons alors examiner le
problème des externalités (§ 3.2.3.).

3.2.1. La dynamique de population

Soit P(t) le niveau de population au temps t. On considère


généralement que la population croit au taux constant naturel n, ce qui
s'exprime de la façon suivante :

n t
P(t) = P(0) e

Si on tient compte d'un solde migratoire, alors le taux de croissance


naturel affecte, à chaque instant t, les composantes "naturelle" N(t) et
"migratoire" M(t) de la population.
(M(t) est le solde migratoire observé sur la période t)

On posera : P(0) = N(0).


n
et : P(l) = P(0) e + M(l)
11
soit : P(t) = P(t-l) e + M(t)

Examinons les éléments qui influencent le solde migratoire M.

1/ Le solde migratoire
Nous considérons ici le cas d'une région attractive. Par exemple,
dans l'option R(l), cela signifie que les individus se déplacent de
l'anti-région vers la région.
Les mouvements de population vont résulter de facteurs économiques
et sociologiques. Ces derniers correspondent par exemple aux changements de
goût des consommateurs et nous n'en tiendrons généralement pas compte.
Les facteurs économiques dépendent de l'attraction exercée par la
région : elle est mieux dotée en facteurs de croissance que 1'anti-région.
Pour les individus, cela signifie que la croissance économique y est plus
forte et donc qu'ils auront des avantages en terme d'opportunités d'emplois
et de revenus ou qu'ils disposeront d'un plus grand nombre de biens
différents . . .

Ainsi, nous supposerons que le solde migratoire en t dépend de


la dotation en capital spatial de la région à la période précédente (on
tient donc compte d'un délai entre le moment où les individus observent une
potentialité de croissance économique régionale et le moment où ils
décident de se déplacer) et nous écrirons :

M(t) = s [E(t-l)]

2/ Conséquences
Les conséquences étudiées sont celles relatives à la quantité de
facteur travail disponible dans la région et à la fonction d'utilité
intertemporelle.

• Dynamique de population et main d'oeuvre


Soit L(t) la quantité de facteur travail disponible en t. C'est une
portion constante de la population P(t). Généralement, L(t) est transformée
en quantité de capital humain H(t) sur la baje d'un temps de formation du
facteur travail. H(t) est répartie traditionnellement entre la production
du facteur de croissance E en quantité Hi (main d'oeuvre qualifiée) et la
production de l'output Y en quantité H2.

H(t) = a P(t) = Hi(t) + H2(t) = Hi(l+ 0)


si on suppose que la répartition de la main d'oeuvre entre les deux types
de production est constante .

D'où : Hi(t) = -T^Lr- P(t)

Cette hypothèse peut tout aussi bien être assouplie en supposant que 0
varie dans le temps (on a alors 0t) ou abandonnée en conservant simplement
l'identité H(t) = H (t) + H (t).
Puisque la quantité de capital spatial dépend de la quantité de main
d'oeuvre qui lui est affectée, on a la relation suivante :

E(t) = h [Hi(t)]

Finalement on obtient le système de relations suivant

m P(t) = P(t-l) e + M(t) population globale

[2] M(t) = s [E(t-1)] solde migratoire


a
[3] Hi(t) = P(t) main d'oeuvre qualifiée
1+0
[4] E(t) = h [Hi(t)l production de capital spatial

Ce qui permet d'identifier les interdépendances entre les processus d'accu-


mulation de population P, de capital humain Hi et de capital spatial E.
En effet, en intégrant [2] et [3] dans [1], on obtient :

1 + P
Hi(t+1) = ^ Hi(t) + s [E(t)]
a a

Hi(t+1) - Hi(t) J = s [E

[5] Hi(t+1) - Hi(t) = a s [E(t)l


1+0
Ce qui montre bien la relation entre l'accumulation de capital humain et la
dotation en capital spatial.
Remarquons qu'en intégrant [4] dans [5], on obtient un processus
d'accumulation du capital humain "conforme", en apparence, aux modèles
traditionnels de croissance endogène :

[6] Hi(t+1) - Hi(t) = a s [h [Hi(t)]]


1+0
à la différence que le stock de capital humain n'est pas exogène.

• Dynamique de population et utilité intertemporelle


Nous abordons ici, à titre d'option, les conséquences spatiales des
mouvements de population sur la fonction d'utilité intertemporelle, car il
faut maintenant distinguer les individus déjà résidants et les nouveaux
résidants.
Ainsi, même si pour les deux catégories d'individus, la fonction d'utilité
est affectée positivement par la dotation en capital spatial (car celle-ci
est corrélée à un nombre de biens différents ou de meilleure qualité), il
apparait que pour les nouveaux résidants, la fonction d'utilité peut être
affectée négativement par le changement de région par l'intermédiaire d'un
coefficient de résistance à la mobilité : l'attraction ressentie pour le
capital spatial est donc moindre pour les nouveaux résidants.
3.2.2. La dynamique d'accumulation du capital spatial

Le processus d'accumulation du capital spatial que nous retenons est


traditionnel. Il dépend du niveau déjà atteint et de la quantité de main
d'oeuvre affectée à sa production. Sous une forme discrète, on obtient :
[7] E(t+1) - E(t) = e E(t).Hi(t)
où e est un paramètre de productivité, e > 0.
Cette expression implique que disposer de plus de capital spatial
aujourd'hui E(t) accroit les possibilités d'en disposer plus dans le futur
E(t+1), et ceci, d'autant mieux que Hi(t) est élevé. Mais, il convient de
la nuancer sur trois points.

1/ Techniquement, l'expression [7] se distingue des écritures traditionnel-


lement employées pour décrire le processus d'accumulation du facteur de
croissance. En effet, prenons la forme générale suivante :
[8] X(t+1) - X(t) = c X(t).L(t)
où X désigne le facteur de croissance et L est l'emploi affecté à sa
production.
Dans la formule [8], le stock L(t) est donnée de façon exogène en fonction
de la croissance de la population. Par contre, dans l'expression [7], le
stock Hi(t) est également issu d'un processus endogène d'accumulation
puisque la population dépend d'un solde migratoire activé par la croissance
de la région.
Il faut donc faire porter l'élément exogène du processus d'accumulation
sur un autre élément que la population. Nous faisons jouer ce rôle à la
capacité d'accueil de la région.

2/ La capacité d'accueil d'une région est limitée par la taille de la


région (T) et dépend des coefficients d'utilisation d'espace des
différentes activités. Nous distinguerons trois types d'activités :
- les activités de production du capital spatial E(t) de coefficient
d'utilisation de l'espace y,
- les autres activités de production A(t) de coefficient d'utilisation de
l'espace ô,
- les activités résidentielles R(t), de coefficient d'utilisation de
l'espace v. L'introduction explicite des activités résidentielles permet de
prendre en compte l'occupation de l'espace par la population.
On admet généralement que le coefficient d'occupation spatiale des
activités résidentielles est plus fort que celui des activités productives.

l'occupation de la région est définie de la façon suivante :


[9] T = y E(t) + ô A(t) + v R(t)

Cette répartition permet d'identifier un certain nombre d'indicateurs


économiques.
• On appelle composition productive spatiale» notée c^ ,le rapport
[y.E(t)] / [ô.A(t)] qui définit pour chaque période la composition du
processus de production en tenant compte de l'occupation spatiale des
activités. Deux significations lui sont assignées.
On pe^it définir, en premier lieu une composition productive spatiale
optimale c qui tient compte de deux éléments.
- C'est d'une part, dans la composante E(t)/A(t), le processus de
production le plus efficace, celui qui génère la croissance maximale. Il
peut être assimilé, par exemple, au rapport des activités tertiaires
privées et publiques nécessaires à la réalisation de la production sur les
activités industrielles, traduisant ainsi ce que Young appelait le détour
de production. Bien sûr, ce rapport de production optimal varie selon les
époques.
- C'est d'autre part, dans sa composante y/ô, un indicateur d'occupation
optimale des activités productives dans l'espace, puisqu'il y a concurrence
pour l'occupation de l'espace entre les activités.
En second lieu, chaque région peut être caractérisée par sa propre
composition productive spatiale. Par exemple, en zone urbaine, la
composition spatiale est plus forte qu'en zone rurale (Landais, 1980). Il
appartient ainsi à chaque région de faire évoluer la composition spatiale
de ses activités vers la composition spatiale optimale. Dans l'absolu, la
composition spatiale dépendra de la dynamique d'accumulation du capital
spatial.

• On appelle composition spatiale le rapport [yE(t) + ôA(t)] / i>R(t)


Cet indicateur permet de relativiser la part de l'espace occupée par les
activités de production par rapport à celle occupée par la population, qui
fournit la main d'oeuvre. La composition spatiale subit la double influence
de la dynamique de la population et de la dynamique d'accumulation du
capital spatial.

P . yE(t) . . [yE(t)+6A(t)]
En posant c = g x et d = ^TT\A

^ t ôA(t) t i>R(t)
on peut écrire
[yE(t)+yE(t)/c ] t yE(t)(l+c ) t

d = =
t vRÎC) i>R(t)c.
t
1 + rElti
M M h - 3A(t)
[ 1 0 ] d
t * „R(t)
8A(t)

C'est à partir de cette composition spatiale que sont définies les


règles d'occupation optimales de l'espace, c'est-à-dire, sans congestion.
Nous y reviendrons dans le paragraphe 3.2.3.

Finalement, la capacité d'accueil de la région, tout en offrant une


limite quantitative au processus d'accumulation des différentes activités,
est le siège d'évolutions qualitatives du processus de production (via la
composition spatiale) et de l'occupation de l'espace (via la composition
résidentielle). C'est cette capacité d'accueil subordonnée aux conditions
économiques de fonctionnement du processus de production et aux règles
d'occupation spatiale des activités qui limite réellement le processus
d'accumulation du capital spatial.

3/ Il existe d'autres éléments qui permettent d'activer le processus


d'accumulation du capital spatial.
- On peut considérer par exemple que des dépenses publiques complémentaires
améliorent la productivité des facteurs de localisation et soutiennent
positivement le processus d'accumulation. Ceci supposera, en contrepartie
d'inclure des prélèvement fiscaux sur le revenu Y pour financer ces
dépenses publiques.
- On peut également envisager des processus d' intégration régionale qui
permettent d'étendre la capacité d'accueil de la région. Cette seconde
option nous semble très actuelle et sera développée dans un prochain
article.

L'étude de la dynamique de population et de la dynamique d'accumula-


tion du capital spatial a permis de répondre aux questions relatives à la
prise en compte des mouvements de population et a montré l'importance
accordée aux évolutions qualitatives des processus de production et
d'occupation de l'espace. Il nous reste maintenant à relier ces phénomènes
à la question des externantes d'agglomération.

3.2.3. Les externalités d'agglomération

Les externalités d'agglomération positives sont subordonnées à une


taille minimale d'agglomération des activités économiques. A contrario, si
la concentration est trop importante, il se produit des dysfonctionnements
dans l'activité économique et les externalités d'agglomération deviennent
négatives.

1/ Principes
On suppose que l'émergence d'externalités positives ou négatives est
subordonnée à la façon dont l'espace est occupé. On distinguera :
- le capital spatial E(t)
- les autres activités de production A(t) et les activités résidentielles
R(t).

Reprenons l'expression de la composition spatiale.


y E ( t )
i +
rim H - ¿A(t) c = y E ( t )

t ÔA(t)
ÔA(t)

Plusieurs cas de figures peuvent se présenter suivant les valeurs prises


par les indicateurs de composition productive spatiale c et de composition
spatiale d^.
• Si d'une part, il n'y a pas assez d'activités E(t) par rapport aux
activités A(t) (rôle d u coefficient c ), et qu'il n'y a pas assez
d'activités productives, en général, par rapport aux activités
résidentielles (rôle du coefficient d ) , alors il n'y a pas production
d'économies d'agglomération.
• S'il y a suffisamment d'activités E(t) pour assurer une composition
productive spatiale efficace et qu'il n'y a pas saturation de l'espace,
alors il y a production d'économies d'agglomération.
• S'il y a suffisamment d'activités E(t) pour assurer une composition
productive spatiale efficace, mais qu'il y a saturation de l'espace,
alors il y a production d'externalités d'agglomération négatives.

2/ Conséquences
L'existence d'externalités positives améliore la productivité des
autres facteurs de production et constitue un élément attractif pour la
population des autres régions.
Le solde migratoire est positif et est donc favorable à l'accumulation
d'activités de type E. Le rapport d'occupation se trouve modifié et peut
atteindre, au fur et à mesure de l'accumulation, le seuil de saturation.
Si, cela se produit, un processus inverse se produira du fait des
externantes d'agglomération négatives. Grâce à une modélisation plus
élaborée, il sera possible de mieux identifier les différentes trajectoires
possible de croissance des régions.
En particulier, les autres éléments suivants doivent être pris en
considération :
• il faut tenir compte de la taille de la région et donc de sa capacité
d'accueil des activités.
• la fonction d'utilité intertemporelle de consommation peut également être
affectée par les externalités d'agglomération.

CONCLUSION

Cette analyse a permis de mettre en parallèle les problématiques de la


croissance endogène et de la croissance régionale. Un ensemble de principes
relatifs aux conditions spatiales de la croissance des régions a pu être
ainsi identifié, mettant en exergue le rôle joué par certains facteurs :
les moyens de communication et de transport, les services aux producteurs
et les externalités d'agglomération.
Grâce au concept de capital spatial, nous avons pu construire une
problématique de croissance endogène applicable à l'analyse de la
croissance économique des régions. Plusieurs propositions ont été faites
pour cerner toute la complexité des dynamiques de population et
d'accumulation du capital spatial dans un cadre de croissance endogène
spatialisé.
Il reste maintenant à préciser les formes de modélisation pour la
fonction de production, pour la fonction d'utilité inter temporel le et pour
le rapport d'occupation spatiale des activités.

Une fois les options d'analyse choisies, les modèles construits


permettront de répondre à un certain nombre de questions relatives aux
trajectoires de croissances économiques régionales, à l'interdépendance
régionale ou encore au contrôle de la croissance.

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