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Les petites et moyennes entreprises au Maroc:


réalité et problèmes

Mustapha ACHIBANE
Université Caddi Ayyad, Marrakech
Mohammed Elhadj EZZAHID
Université Mohammed V-Agdal, Rabat
Résumé
Les PME constituent l’écrasante majorité des entreprises dans les pays développés et émergents. Elles
fournissent du travail à un très grand nombre de travailleurs et assurent d’importante fonctions socio-
économiques. Toutefois, cette catégorie d’entreprises souffrent plus sévèrement des problèmes
financiers en particulier et des autres entraves à leur croissance en général. De ce fait les pays adoptent
des stratégies volontaristes pour contourner les contraintes dont souffrent les PME.
Au Maroc, la population des PME constitue plus de 90% d’entreprises. Toutefois, cette catégorie
d’entreprises reste mal identifiée en raison du manque de données fiables et actualisées et aussi à la
rareté des études qui explorent les obstacles particuliers dont elles souffrent. Au Maroc, le livre blanc
constitue un document de référence sur la question et a permis de fédérer les opinions des différents
partenaires pour mettre en place une stratégie gouvernementale de promotion des PME dont fer de
lance est constitué par la création de l’Agence Nationale de Promotion des PME (ANPME) en 2002.
Le rôle de ce dernier est encore limité et les PME restent confrontés à plusieurs problèmes qui
s’accentuent avec l’ouverture de l’économie et la signature de plusieurs accords de libre échange.
Même si l’environnement des affaires s’améliore, les problèmes financiers sont souvent identifiés
comment étant ceux qui entravent le plus les PME marocaines. De ce fait toute stratégie de leur
promotion suppose de traiter ces problèmes et de faciliter l’émergence d’opérateurs de proximité pour
le financement, l’aide et l’encadrement des PME.
Mots clés : PME, Maroc, financement

1. Introduction
Les petites et moyennes entreprises constituent une réalité hétérogène dans tous les pays du
monde. Elles englobent aussi bien des exploitations agricoles ou des sociétés industrielles
traditionnelles que des sociétés de haute technologies très performantes. Au niveau du critère de
définition de cette catégorie d’entreprises, on utilise souvent l’effectif du personnel, le chiffre d’affaire
ou l’ampleur du capital ou du programme d’investissement. Toutefois même si des pays utilisent le
même indicateur, ils arrêtent différents seuils pour distinguer les PME des grandes entreprises.
L’intérêt porté aux PME provient d’au moins deux raisons. La première est l’ampleur de leur
contribution à l’emploi, au PIB et aux exportations et ce dans presque tous les pays. Par ailleurs, les
PME sont, en raison de leur taille, très flexibles et vont preuve d’une grande adaptabilité et d’une
grande capacité à innover. La deuxième explication de l’intérêt aux PME est la spécificité et la gravité
des problèmes qui entravent leur développement. Pour ces raisons la majorité des pays mettent en
place des organes spécialisés et des stratégies volontaristes pour la promotion et l’appui de cette
catégorie d’entreprises.
Au Maroc, le gouvernement a crée récemment l’Agence Nationale pour la Promotion des
PME (ANPME). Cet organisme a pour mission d’identifier les besoins des PME et d’aider à les
satisfaire. Par cette mesure et bien d’autres, le Maroc a voulu donner une véritable impulsion aux PME
en vue de les ériger en un vecteur de croissance vu leurs caractéristiques et leur rôle dans l’emploi et
la croissance économique.
Notre papier se veut une présentation générale du secteur des PME marocaines, de leurs
principaux problèmes et des voies possibles pour assainir leur environnement et accroître leur
contribution à l’emploi, à la croissance et à l’accroissement de la compétitivité de l’économie du pays.
Le reste de ce papier se structure en cinq sections. Après cette introduction, nous allons rappeler les
principaux caractéristiques et rôles des PME dans les économies modernes. Dans une troisième section
on présentera les chiffres clés sur cette catégorie d’entreprises au Maroc ainsi que les principales

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éléments de la stratégie gouvernementales pour la promotion et l’appui des PME. Pour développer un
diagnostic plus proche de la réalité des PME marocaines, nous allons discuter dans la quatrième
section les principaux problèmes dont souffrent encore actuellement cette catégorie d’entreprises. La
cinquième section servira à discuter plus à fond les problèmes financiers des PME. La dernière section
servira à proposer des recommandations et à conclure.
2. Importance, caractéristiques et rôle des PME dans les économies modernes
Définir la catégorie d’entreprises qualifiées de petites et moyennes n’est pas chose aisée.
Toutefois, presque dans tous les pays on recourt à l’effectif du personnel, au montant du chiffre
d’affaire, à celui du capital ou aux investissements engagés pour séparer entre les PME et les grandes
entreprises1 (ILO, 2004, p. 222). Nous devons préciser que même si des pays utilisent le même critère
pour effectuer une typologie des entreprises selon l’effectif du personnel, les seuils retenus pour passer
des PME aux grandes entreprises différent d’un pays à un autre. “For instance, a specific country may
define an SME to be an enterprise with less than 500 employees, while another country may define the
cut-off to be 250 employees” (Ayyagari, Beck, and Demirgüç-Kunt, 2005, p. 3).
La prépondérance des PME parmi la population des entreprises est un fait documenté dans
tous les pays. Ainsi, aux Etats-Unis d’Amérique 98.5% des entreprises sont des PME2. En Turquie, en
France, en Italie, en Espagne les entreprises employant moins de 100 personnes sont respectivement
99%, 98%, 99.1% et 98.3% de l’ensemble des entreprises3 (ILO, 2004, p. 224, table 5.2.). En Union
Européenne, la part des PME dans toutes les entreprises est 99% (CEC, 2005, p. 3). Les données
disponibles montrent qu’il y a une forte association entre nombre de PME dans l’industrie et le niveau
de développement des pays (Beck and Demirgüç-Kunt, 2005, p. 6).
D’après les estimations de l’OCDE, les PME contribuent par 50% à 60% à l’emploi total dans
les pays développés et en développement fournissant ainsi plus d’emploi que le secteur public et les
grandes sociétés réunis (ILO, 2004, p. 225 et OCDE, 2004, p. 12). Le tableau 1 donne une idée sur la
contribution des différentes catégories d’entreprises à l’emploi dans l’industrie. Il importe de signaler
que “the share of employment in SMEs (a cut-off point of less than 250 employees) in total
employment is positively associated with higher rates of GDP per capita growth. In other words,
countries with a high share of employment in SMEs tend to have higher growth in GDP per capita”
(ILO, 2004, p. 224).
Tableau 1. L’emploi en % dans le secteur industriel en fonction de la taille des entreprises
(1999 ou l’année la plus proche)
0-9 10-49 50-249 250+
Belgique 8.1 19.7 20.4 51.7
France 10.3 20.1 22.3 47.3
Corée du Sud 10.5 29.9 26.4 33.3
Japon 11.1 28.3 29.8 30.7
Italie 12.8 36.3 23.2 27.7
Espagne 18.5 33.5 21.4 26.6
Mexique 18.9 12.0 21.5 47.6
Portugal 27.5 32.4 24.1 16.1
Turquie 34.0 10.5 19.8 35.8
Source : ILO, 2004, Table 5.3
L’importance des PME ressorte aussi si l’on examine leur contribution au PIB. Ayyagari,
Beck, and Demirgüç-Kunt (2005, Table 1, p. 25) rapportent des données selon lesquelles les PME
fournissent 57,2%, 56,70%, 61.80%, 58.5% et 56% du PIB du Canada, du Danemark, de la France, de
l’Italie et du Japon respectivement4. Pour la Turquie, l’Espagne et la Pologne cette part s’élève à

1
Nous devons signaler qu’il y des auteurs et des pays qui distinguent une troisième catégorie d’entreprises à
savoir les micro entreprises. Même si cette distinction est tout à fait justifiée de plusieurs points de vue nous
allons dans ce papier ne pas en tenir compte.
2
Aux EUA, le seuil de 500 employés est utilisé pour distinguer PME et grandes entreprises
3
Les données sont pour 1999
4
Ces données sont la moyennes pour la période 1990-99
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27.3%, 64.70% et 48.73% respectivement. D’autres études montrent de fortes relations entre
l’importance des PME dans l’industrie et le rythme de croissance économique. Ainsi, “regressions of
GDP per capita growth, averaged over the 1990s, on a measure of the importance of SMEs in
manufacturing and an array of other country characteristics that can account for differences in growth
across countries show a strong relationship between the importance of SMEs and economic growth”
(Beck and Demirgüç-Kunt, 2005, p. 7).
Les chiffres montrant l’importance écrasante des PME dans l’ensemble des entreprises dans
chaque pays et leur importante contribution au PIB et à l’emploi ne sont pas les seuls arguments en
faveur d’une politique de promotion de cette catégorie d’entreprises. Pour les partisans de ce type de
politique, les PME stimulent la concurrence dans l’économie en alimentant par leur création la
population des entreprises existantes. Par ailleurs, les PME favorisent l’éclosion de l’entreprenariat du
fait que la création de cette catégorie d’entreprises ne nécessite pas d’importantes ressources. Aussi,
cette catégorie d’entreprises est considérée comme une importante source de création d’emplois en
raison de leur utilisation plus intensive du travail relativement au capital. Un autre argument en faveur
des PME est leur capacité à s’insérer au niveau local et à remplir d’importantes fonctions socio-
économiques ce qui réduit les disparités régionales et l’exclusion.
L’importance des PME va de pair avec le fait que cette catégorie d’entreprises a toujours
souffert de problèmes particuliers. Ainsi, l’on suppose qu’elles sont plus exposées au rationnement du
crédit par rapport aux grandes entreprises. Cette situation émane du fait que partout les institutions
financières préfèrent prêter en priorité aux grandes entreprises. Aussi, cette catégorie d’entreprises se
trouve toujours dans l’incapacité d’engager des programmes de R&D lourds vu leurs ressources
financières et humaines limitées.
En raison de leur importance et des obstacles particuliers rencontrés pour leur création et leur
développement, presque tous les pays du monde adoptent actuellement des politiques volontaristes de
promotion et de soutien aux PME. Les plus anciennes expériences sont celles du Japon qui a crée une
agence dédiée aux PME en 1948 et les Etats-Unis d’Amérique qui ont crée une en 1954 (ILO, 20044,
p. 226, box 5.1.). Il importe maintenant de discuter la situation des PME au Maroc et les principales
éléments de la stratégie gouvernementales déclarée pour la promotion de cette catégorie d’entreprises.
3. Importance et stratégie gouvernementale de promotion des PME au Maroc
La définition des adoptée actuellement au Maroc est celle proposée par la Charte de la PME
qui constitue une référence réglementaire en matière de définition et de promotion de cette catégorie
d’entreprises (bulletin officiel, 2002). La définition se fonde sur le croisement de plusieurs critères qui
sont essentiellement le mode de propriété, le chiffre d’affaires, le total bilan ou l’ampleur des
investissements.
La Charte de la PME considère comme PME « toute entreprise gérée et/ou administrée
directement par les personnes physiques qui en sont les propriétaires, copropriétaires ou actionnaires,
et qui n'est pas détenue à plus de 25% du capital ou des droits de vote par une entreprise ou
conjointement par plusieurs entreprises ne correspondant pas à la définition de la P.M.E » (Bulletin
officiel, 2002). Dans le cas où l'entreprise est détenue par des fonds collectifs d'investissement, des
sociétés d'investissement en capital, des organismes de capital risque ou des organismes financiers
dûment habilités à faire appel à l'épargne publique en vue d'effectuer des placements financiers, alors
ce seuil est augmenté à condition que ceux-ci n'exercent, à titre individuel ou conjointement, aucun
contrôle sur l'entreprise.
En outre, une PME devra respecter d’autres conditions selon qu’elle est déjà établie ou
nouvelles. Pour « les entreprises existantes, avoir un effectif permanent ne dépassant pas deux cents
personnes et avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d'affaires annuel hors
taxes n'excédant pas 75 millions de dirhams, soit un total de bilan annuel n'excédant pas 50 millions de
dirhams. Lorsqu'il s'agit d'une P.M.E. qui détient directement ou indirectement plus de 25% du capital
ou des droits de vote dans une ou plusieurs entreprises, il est fait addition des effectifs permanents et
des chiffres d'affaires annuels hors taxes ou des totaux des bilans annuels de ladite P.M.E. et des autres
entreprises précitées, sans toutefois que le total de chacun de ces critères dépasse les seuils fixés ci-
dessus » (Bulletin officiel, 2002).

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« Pour les entreprises nouvellement créées, engager un programme d'investissement initial


global n'excédant pas vingt-cinq millions de dirhams et respecter un ratio d'investissement par emploi
de moins de deux cent cinquante mille dirhams. On entend par entreprise nouvellement créée, toute
entreprise ayant moins de deux années d'existence. » (Bulletin officiel, 2002, titre 1, article 1)
Les données sur les PME au Maroc ne sont ni actuelles ni très précises. Les données
disponibles résultent de recoupements et d’estimations plus ou moins fiables. Le Livre Blanc et toutes
les études dont nous disposons (MDPMAGG, 2001, Benali, 2001, Amallah, 2004) font état de quatre
principales sources d’informations sur l’importance des PME dans le tissu productif. La première se
base sur les données relatives aux entreprises patentées. Cette population d’entreprises est passé de
392 300 unités en 1988 à 527 500 en 1995. 99.6% de ces entreprises sont des entreprises employant
moins de 50 salariés (MDPMAGG, 2, pp.14-15 )5. En 2004, le nombre des entreprises inscrits à
l’impôt des patentes étaient 822 959 entreprises. Si l’on suppose que la part des entreprises ayant
moins de 50 salariés n’a pas changé on peut estimer à environ 819 667 le nombre de cette catégorie
des entreprises en 2004.
L’administration fiscale constitue la deuxième source de données sur l’ampleur de la
population des PME. « Selon cette source, le nombre d’entreprises s’élève en 1995 à 42 600 unités
tous secteurs d’activités confondus. Les PME définies comme étant celles qui réalisent un chiffre
d’affaires annuel inférieur à 10 millions de dirhams, représentent environ 92% du total recensé »
(MDPMAGG, 2001, p. 15). Il va sans dire que cette source sous-estime la population totale des
entreprises et à fortiori celles de petite taille qui relève essentiellement du secteur de l’informel. Les
statistiques récentes (2004) fournies par la Direction Générales des Impôts montrent que le nombre de
sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés est 81 399.
La troisième source d’information sur les PME puise dans les données du CNSS dont le
nombre d’entreprises affiliées est passé de 60 000 à 76 000 de 1996 à 1998. Parmi ces 76 000
entreprises, 92.1% sont considérées comme des PME (MDPMAGG, 2001). En 2003, le nombre
d’entreprises actives affiliées à la CNSS est 121 423. Le tableau 2 rapporte des données sur l’évolution
de la population des entreprises affiliées à la CNSS.
Tableau 2. Effectif des entreprises affiliées au CNSS
Entreprises affiliées Entreprises affiliées Total entreprises actives
inscrites closes ou suspendues
2000 154 526 66 806 87 720
2001 164 008 61 831 94 331
2002 175 055 70 864 104 201
2003 192 966 71 543 121 423
Source : www.cnss.org.ma (consulté au début de février 2006)

La quatrième source d’informations sur la population des PME au Maroc est constituée par
l’enquête effectué annuellement par le département chargé du commerce et de l’industrie. C’est de loin
la source la plus fiable. Toutefois, cette enquête porte exclusivement sur les entreprises opérant dans
les industries de transformation. Le critère retenu par les auteurs de cette enquête est l’effectif employé
par chaque entreprises. Est considérée comme PME, chaque entreprise employant moins de 200
salariés. En 1998, parmi les 6 600 entreprises enquêtées, on compte 6 100 PME c'est-à-dire un
pourcentage de 92 ,4% (MDPMAGG, 2001, p. 15). En 2003, le nombre des entreprises du secteur des
industries de transformation s’élève à 7 714 unités dont 7 196 des PMI ce qui représente 93.28% des
établissements industriels (MICMANE, 2004, CD).
Les données disponibles sur les PME ne sont pas assez fines pour calculer le taux de
naissances, le taux de mortalité précoce globale, les difficultés rencontrées selon l’age de l’entreprise,
l’impact de chaque entrave sur l’entreprise, etc. Malgré ces lacunes, les pouvoirs publics identifient
une série d’obstacles comme étant les plus contraignants pour la création et le développement de la
population des PME. Ces obstacles sont liés à tous les aspects de l’environnement des PME et surtout

5
63% de ces PME appartiennent au secteur informel (MDPMAGG, 2001, p. 15)
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aux caractéristiques internes de ces entreprises (MDPMAGG, 2001, pp. 21-40). Ils sont regroupés en
cinq familles de problèmes:
• Inefficacité du dispositif de promotion et d’accompagnement des PME et son
incohérence ;
• Lourdeur des procédures administratives, complexité de la réglementation et caractère
imprévisible de l’appareil judiciaire ;
• Incapacité de créer et de pénétrer de nouveaux marché et de s’adapter aux conditions
changeantes de l’environnement ;
• Difficultés d’accès au financement et le coût élevé de ce dernier ;
• Non adoption ou développement insuffisant des facteurs accroissant la performance et
l’agressivité des PME
Pour faire face à cette situation, la stratégie gouvernementale vise à consolider, à développer et
à réduire la mortalité des PME existantes et à encourager la création de nouvelles. L’objectif
opérationnel consiste à créer 120 000 PME supplémentaires à l’horizon 2010 ce qui se traduit par des
emplois au nombre de 2 400 000 (MDPMAGG, 2001). Les principales mesures ont pour objectifs.
• de créer un environnement des affaires incitatif et de développer un réseau efficace
d’appui aux PME ;
• de rendre possible un financement adéquat et à des conditions plus avantageuses pour les
PME ;
• de faciliter l’appropriation et l’émergence des facteurs de compétitivité des PME.
Pour dépasser l’incohérence du cadre de promotion et d’accompagnement des PME et mettre
en place une politique volontariste d’appui aux PME, le Livre Blanc a proposé de mettre en place trois
organes. Le premier à caractère politique pour l’élaboration de toute politique visant la réalisation des
objectifs visés. Le second a pour mission « de remplir l’ensemble des missions dévolues à un
opérateur : impulser, mobiliser, coordonner et évaluer l’action des différents intervenants »
(MDPMAGG, 2001, p. 80). Le troisième organe servira de forum de consultation et de concertation
entre toutes les parties prenantes dans la vie des PME.
Après le livre blanc, une charte de la PME a été promulguée en vue d’unifier le cadre
juridique et institutionnel spécifique à cette catégorie d’entreprises (Bulletin officiel, 2002). Cette
charte vise la mise en place de structures adaptées en charge de la promotion de la PME (ANPME) et
l’allégement des procédures juridiques et administratives, par exemple rendre l’accès des PME aux
marchés publics plus facile et la réduction des délais de paiement des PME attributaires de
commandes publiques, ainsi que l’octroi de mesures incitatives.
Pour réduire la contrainte financière plusieurs mesures ont été adoptées. Il s’agit notamment
de la mise en place de plusieurs lignes de crédits préférentielles pour la mise à niveau des entreprises
marocaines et l’amélioration de leur compétitivité face aux impératifs du libre échange. La principale
mesure concerne la mise en place en juillet 2003 du fonds de mise à niveau des entreprises doté d’un
budget de 400 millions de dirhams, financé conjointement par l’Etat marocain et l’Union européenne.
Il vise, d’une part, à financer partiellement des prestations de conseil et d’assistance technique réalisée
par des consultants nationaux au profit des entreprises privées du secteur industriel ou des services liés
à l’industrie et, d’autre part, à cofinancer avec le secteur bancaire des investissements en biens
d’équipement. Il convient aussi de mentionner l’élargissement du réseau des banques éligibles pour la
gestion des lignes de crédit étrangères dédiées aux PME, mesure de nature à favoriser l’accélération de
leur utilisation6.
Malgré ce dispositif important, peu de PME ont sollicité son utilisation. Jusqu’au début de
l’année 2004, on enregistre un recours faible aux lignes de crédits bilatérales (française 35%,
espagnole 12%, italienne 7% et portugaise 0%) malgré les conditions avantageuses qu’elles présentent

6
L’appui financier de l’Union Européenne s’est accompli par la mise à la disposition des entreprises de la ligne
espagnole PME/PMI et de la ligne de partenariat espagnol, de la ligne PME/PMI françaises et des lignes
italiennes, portugaise et belge.
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(Amallah, 2004). Cette faiblesse se justifie principalement par l’absence d’information sur ce type de
financement et la méconnaissance de ses avantages.
La période 1996-2002 a enregistré une baisse des crédits à moyen terme dédiés aux PME (-
22,1%) tandis que le déploiement total des crédits bancaires à moyen terme a augmenté en moyenne
annuelle de 6,4% (Louali, 2003).
La stratégie gouvernementale de promotion de l’investissement en général et des PME en
particulier a pu atténuer quelques contraintes qui pèsent sur les entreprises. Toutefois, d’importants
problèmes persistent. Après presque cinq de l’élaboration du livre blanc sur les PME et l’adoption de
plusieurs mesures incitatives parfois à caractère structurel il importe de s’interroger sur les principaux
obstacles qui entravent encore la création et le développement des PME au Maroc.
4. Obstacles actuels au développement des PME au Maroc7
Dans la plupart des pays industrialisés et émergents, les PME jouent un rôle central dans la
création des richesses et d’emplois et la stimulation de l’innovation et de la concurrence. Les PME
marocaines sont incitées à remplir le même rôle. Pour y parvenir, elles doivent surmonter plusieurs
contraintes et obstacles à caractère structurel. Ces contraintes ont pour origine l’environnement
externe des PME ou sont inhérents au mode de fonctionnement et aux caractéristiques de cette
catégorie d’entreprises.
En plus des problèmes financiers qui seront discutés plus à fond dans la section suivante, les
entreprises marocaines en général et les PME en particulier souffrent de lancinants problèmes liés au
foncier. Les entreprises marocaines sont parmi celles des 35 pays ayant participé dans l’enquête ICA
les plus insatisfaites. L’insatisfaction reflète « des contraintes de prix, d’accès et de qualité des
assiettes foncières » (BM et MICMANE, 2005, p. 41). La contrainte d’accès au foncier est d’autant
plus durement ressenti que les entreprises utilisent souvent leur terrains comme garanties pour
l’obtention de crédits.
Contrairement aux résultats des enquêtes précédents, l’enquête ICA montre que les entreprises
marocaines « ont généralement une assez bonne opinion du système judiciaire. Plus des trois quarts
des entreprises interrogées estiment qu’au Maroc, la valeur juridique des contrats et des doits de
propriété est garantie et qu’elle est respectée par les tribunaux en cas de litige » (BM et MICMANE,
2005, p. 47). L’environnement juridique et le système judiciaire sont perçus comme des contraintes
pour deux raisons. La première est l’existence de la corruption dans les différents maillons du système
judiciaire. La deuxième raison est la lenteur des procès et les besoins ressentis en matière de
professionnalisme des juges des tribunaux de commerce (Vallée, 2005, p. 24).
L’un des obstacles majeures qui entravent la compétitivité des entreprises marocaines est le
niveau de formation des salariés et leur taux d’encadrement très faible. En effet, ce dernier est à peine
de 4%. Par ailleurs, seulement 9% des employés « ont plus de 12 ans d’éducation. Ces chiffres
placent le Maroc dans des groupes de pays bien plus pauvres » (BM et MICMANE, 2005, p. 61). Pire
encore, le nombre moyen d’ingénieurs par entreprise enquêtées est 0.8. Concernant le marché de
l’emploi, les réponses des entreprises montrent que « le coût du licenciement est élevé au Maroc
comparativement à d’autres pays, en particulier ceux du Maghreb » (BM et MICMANE, 2005, p. 59).
En outre, plusieurs parties du nouveau code du travail promulgué en 2003 sont considérées comme
non adaptées aux PME et qu’elles se traduisent par des coûts de travail élevés par rapport à d’autres
pays.

Les problèmes liés aux procédures et au fonctionnement de l’administration deviennent de


plus en plus moins aigus pour les entreprises. La mise à niveau de la direction des douanes et la
création des centres régionaux d’investissement a permis de faciliter beaucoup de choses. Toutefois,
beaucoup de comportements entravent encore les investisseurs et les entreprises.
L’un des problèmes majeurs des entreprises marocaines est le niveau très bas de l’effort
d’innovation et de modernisation. « Très peu d’entreprises marocaines sont explicitement engagées
dans la recherche et le développement (R&D). L’information collectée montre que seulement sept

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Cette section et la suivante se baseront essentiellement sur : (BM et MICMANE, 2005)
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2006 ‫ ﺃﻓﺮﻳﻞ‬18‫ﻭ‬17 ‫ ﻳﻮﻣﻲ‬.‫ﻣﺘﻄﻠﺒﺎﺕ ﺗﺄﻫﻴﻞ ﺍﳌﺆﺳﺴﺎﺕ ﺍﻟﺼﻐﲑﺓ ﻭ ﺍﳌﺘﻮﺳﻄﺔ ﰲ ﺍﻟﺪﻭﻝ ﺍﻟﻌﺮﺑﻴﺔ‬ :‫ﺍﳌﻠﺘﻘﻰ ﺍﻟﺪﻭﱄ‬

pour cent d’entre elles ont du personnel consacré à la R&D avec en moyenne, trois personnes qui y
contribuent » (BM et MICMANE, 2005, p. 93). Toutefois, si des activités formelles de R&D sont peu
répandues, beaucoup d’entreprises ont développé très récemment un nouveau produit ou introduit des
améliorations des procédures de fabrication (BM et MICMANE, 2005, p. 94). Cette situation les
entreprises les expliquent par l’insuffisance du financement et l’indisponibilité du personnel adapté et
surtout aux relations très lâches entre les entreprises et les universités (Bennani, 2005). La
conséquence de cet faible effort en matière d’innovation est très grave au niveau de l’amélioration de
la qualité surtout dans un environnement d’ouverture sur l’extérieur (Ennasraoui, 2006).
5. Poids prépondérant des problèmes financiers pour les PME
La nécessité de se pencher plus à fond sur les problèmes financiers rencontrés par les PME
marocaines se justifie par quatre éléments. Le premier est le fait que presque 80% d’un échantillon
d’entreprises marocaines « mentionnent l’accès ou le coût du financement comme étant une contrainte
majeure ou sévère » (BM et MICMANE, 2005, p. 12). Le deuxième élément est que des travaux
utilisant la méthode des graphes acycliques dirigés ont montré que la finance constitue une contrainte
majeure qui détermine plusieurs autres obstacles qui entravant le développement des entreprises
surtout de petite et moyenne taille (Ayyagari, Demirgüç-Kunt, Maksimovic, 2005). Le troisième
élément est la reconnaissance officielle que la réduction du taux d’intérêt ne se répercute pas encore
sur les conditions de financement des PME (Eljouahri, 2005). Le dernier élément justifiant de se
pencher sur les problèmes financiers des PME est constitué par deux résultats empiriques
fondamentaux. Le premier montre que la taille des entreprises est l’un de leurs “attributes that predicts
best firms’ financing obstacles” (Beck, Demirgüç-Kunt, Laeven and Maksimovic, 2003, p. 21). Le
deuxième résultat montre que les PME sont les moins capables d’accéder aux sources externes de
financement ce qui entrave fortement leur croissance (Beck and Demirgüç-Kunt, 2005)
La contrainte financière est particulièrement forte pour les entreprises marocaines. Ces
dernières la mettent parmi les contraintes qui pèsent le plus sur leur situation. En 2004 comme en
2000, 4/5ième des entreprises ayant participé à l’enquête ICA mentionnent le coût du crédit comme une
contrainte forte (BM et MICMANE , 2005, p. 24). En plus, « la même proportion de 80 pour cent des
entreprises estime que les difficultés d’accès sont un obstacles majeur à leur développement » (BM et
MICMANE, 2005, p. 25).
Un autre problème mentionné par les entreprises qui accèdent au crédit ou non est l’ampleur et
la primordialité des garanties exigées par les banques avant l’octroi de tout crédit (BM et MICMANE,
2005 ; Vallée, 2005). L’un des points les plus importants du point de vue des PME est l’obsession des
banques pour les garanties. En effet, le système bancaire exige des garanties souvent rédhibitoires pour
la PME caractérisée par un niveau d’autofinancement faible. L’enquête réalisé auprès un échantillon
d’entreprises marocaines a confirmé ce constat. La quasi-totalité des crédits consentis est adossée à
une garantie. La valeur moyenne d’une garantie avoisine les 230% de la valeur moyenne du prêt
obtenu (BM et MICMANE, 2005, p. 25). D’après d’autres sources, « les banques ont pris l’habitude
de demander des garanties tangibles d’un montant trois à cinq fois supérieures au risque pris » (Vallée,
2005, p. 24).
Les responsables bancaires justifient cette pratique par le manque d’informations financières
fiables, la qualité insatisfaisantes des dossiers d’investissement et des demandes de crédit. Pour les
banques, le « nombre de PME présentant un risque acceptable est limité en raison de la mauvaise
qualité des dossiers et du manque de transparence des comptes » (BM et MICMANE, 2005, p. 24).
L’exigence en termes de garanties, selon les banques, représente une pression psychologique sur
l’entreprise d’autant plus qu’il existe une crise de confiance dans le système judiciaire, auprès duquel
il est difficile la réalisation des garanties. Ce constat a rendu les banques de plus en plus réticentes en
matière de financement des PME (Vallée, 2005, p. 24).
De leur part les PME jugent le comportement des banques en ce qui concerne les garanties
comme une indication du manque de capacités d’analyse et d’évaluation des possibilités de croissance
de cette catégorie d’entreprises. En effet, « la politique de prise de garanties, est un alibi commode
pour masquer les propres faiblesses des banques en ressources humaines. Elles continuent de pratiquer
le prêt sur gage y compris pour des entreprises qui ont fait leur mue ou qui ont toujours été

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2006 ‫ ﺃﻓﺮﻳﻞ‬18‫ﻭ‬17 ‫ ﻳﻮﻣﻲ‬.‫ﻣﺘﻄﻠﺒﺎﺕ ﺗﺄﻫﻴﻞ ﺍﳌﺆﺳﺴﺎﺕ ﺍﻟﺼﻐﲑﺓ ﻭ ﺍﳌﺘﻮﺳﻄﺔ ﰲ ﺍﻟﺪﻭﻝ ﺍﻟﻌﺮﺑﻴﺔ‬ :‫ﺍﳌﻠﺘﻘﻰ ﺍﻟﺪﻭﱄ‬

transparentes. On touche ici les limites de leur discours. Souvent, les analyses restent de pure forme.
Sachant qu’au final, la prise de garantie couvrira les errements de l’analyse de risque que le manque de
compétences produit » (Vallée, 2005, p. 24)
En somme, les problèmes financiers dont souffrent les PME marocaines sont similaires à ceux
dont souffrent les PME en Afrique. Ils ont pour origine le risque élevé encourus par les banques
lorsqu’elles empruntent aux PME et l’inadaptation des services financiers actuellement disponibles
(Kauffmann, 2005)
6. Conclusion et Recommandations
La croissance économique au Maroc reste faible, irrégulière et loin de répondre aux besoins
des population. La moyenne réalisé depuis 1970 ne dépasse pas les 4% en raison essentiellement de
l’insuffisance de l’investissement, de la faiblesse de la productivité et de l’inadaptation des politiques
publiques (Abouch et Ezzahid, 2004). Cette situation risque d’empirer malgré les nombreuses
reformes engagées. En effet, l’investissement du secteur privé a décru de 1990 à 2003 (BM et
MICMANE, 2005, p. 1). La croissance s’essouffle et le revenu par tête pratiquement stagne durant les
dix dernières années. Si la Chine a pu triplé son PIB par habitant de 1990 à 2003, celui au Maroc a à
peine augmenté en terme de parité de pouvoir d’achat de 3095 à 3488 dollars réalisant sur plus d’une
décennie une augmentation de 12.7% (BM et MICMANE, 2005, p. 1).
Les défis confrontés par l’économie marocaine deviennent plus forts dans un environnement
caractérisés par l’ouverture. Des pans entiers de l’économie marocaine attendent leur mise à niveau et
leur modernisation pour accroître leur compétitivité. Le secteur privé marocain peut assumer son rôle
de locomotive de la croissance si les entraves à l’investissement, à l’initiative privée et à la croissance
des entreprises sont identifiés et traités.
Le développement du secteur privé ne peut se faire sans des conditions permettant la
constitution d’un réseau d’entreprises nombreuses, actives et prospères. L’expérience historique
montre que l’expansion des PME se base essentiellement sur des institutions, réseaux et organismes de
nature régionale et locale dédiés à l’appui et le traitement des problèmes que confronte cette catégorie
d’entreprises surtout en matière de financement et d’assistance (Beck and Demirgüç-Kunt, 2005, p.
15, Box 1). Au Maroc, il est peut être temps de réfléchir dans ce sens car il est impossible de résoudre
les problèmes de milliers d’entreprises réparties sur tout le territoire par des stratégies centralisées
manquant parfois de ressources. L’objectif sera double : l’émergence d’acteurs locaux d’appui et
d’assistance des PME et la fortification des systèmes locaux de production plus à même de lutter
contre l’exclusion, la pauvreté et les disparités régionales.
Les PME marocaines sont pour l’essentiel des affaires familiales dont le patrimoine et celle
de la famille se confondent avec en sus des fonds propres faibles. Les difficultés d’accès au crédit sont
ressenties par une frange de PME structurées et ayant une certaine capacité de présenter de dossiers
plus ou moins bien préparés. La majeure partie des PME végète avec des moyens médiocres sans
possibilités d’encadrement ou d’assistance par les banques. Les milliers de PME attendent une aide
pour l’identification de leurs besoins financiers et des offres de crédits très adaptées et sans
bureaucratie. Quelque chose comme les microcrédits.
Les PME au Maroc sont partout dans le pays et sont dans leur majorité exclues du marché du
crédit. Pour être réaliste, les banques ne peuvent ni donner des crédits à toutes les PME ni répondre
adéquatement à tous les besoins qu’elles expriment. Ce dernier élément évoque la nécessité de
développer des sources alternatives de financement comme le leasing qui est plus adapté à la situation
de l’environnement judiciaire du pays.
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2006 ‫ ﺃﻓﺮﻳﻞ‬18‫ﻭ‬17 ‫ ﻳﻮﻣﻲ‬.‫ﻣﺘﻄﻠﺒﺎﺕ ﺗﺄﻫﻴﻞ ﺍﳌﺆﺳﺴﺎﺕ ﺍﻟﺼﻐﲑﺓ ﻭ ﺍﳌﺘﻮﺳﻄﺔ ﰲ ﺍﻟﺪﻭﻝ ﺍﻟﻌﺮﺑﻴﺔ‬ :‫ﺍﳌﻠﺘﻘﻰ ﺍﻟﺪﻭﱄ‬

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