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Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés

Tema 22.
L’expression du doute, de l’hypothèse et de l’opposition
Introduction. 1. L’expression du doute. – 1.1. La certitude forte. – 1.2. La certitude moyenne. – 1.3. La
certitude faible. 2. L’expression de l’hypothèse. – 2.1. L’hypothèse introduite par si. – 2.2. Conjonctions
et locutions conjonctives. – 2.3. L’hypothèse sans subordination. 3. L’objection, la restriction et
l’opposition. – 3.1. La restriction. – 3.2. L’opposition. Conclusion. Bibliographie.

Introduction

Lorsque le sujet s’approprie la langue pour l’organiser en discours, il ne transmet pas


seulement des informations référentielles (il pleut), mais il est, par la même occasion, amené à
se situer par rapport à son interlocuteur, par rapport au monde qui l’entoure et par rapport à
son propre propos : c’est ce que l’on connaît comme modalité (v. t. 15), ou explicitation d’un
type d’acte de parole concret. Cette prise de position est toujours là, plus ou moins explicite.
Le « degré zéro », pour ainsi dire, est celui de la simple modalité assertive (positive ou
négative) : c’est le pur constat par lequel l’énonciateur présente la vérité de la proposition
assertée. Mais par-delà l’assertion, il existe toute une variété de nuances que le locuteur peut
apporter à ses propos, parmi lesquelles, l’expression d’un doute, d’une hypothèse ou d’une
opposition.

Ces catégories sont traditionnellement traitées d’un point de vue formel qui les répartit
entre diverses classes (adverbes, verbes, propositions, etc.). Or, les marques linguistiques ne
sont pas monosémiques, une même marque formelle pouvant recouvrir différents sens selon
les particularités du contexte dans lequel elle se trouve Ainsi par exemple, le verbe devoir
peut exprimer tantôt l’obligation (tu dois me remettre une copie de ces documents), tantôt une
conjecture (il doit être malade). Il semble donc préférable d’envisager l’expression du doute,
de l’hypothèse et de l’opposition en tant que catégories conceptuelles, reliées à des fonctions
ou des actes de parole, et pouvant emprunter, lors de l’expression, divers moyens verbaux

1. L’expression du doute.

Le locuteur est très souvent amené à expliquer le point de vue qu’il possède à propos
d’un fait ou d’une information. Le doute peut ainsi être intégré à la modalité de l’opinion, à
l’intérieur de laquelle, il s’opposerait à la conviction. Le locuteur explicite quelle est la place
qu’un fait ou une information occupe dans son univers de croyance. Ce point de vue est
d’ordre intellectif, et il exprime une attitude de croyance plus ou moins certaine qui relève de
la raison. Le doute varie sur une échelle qui va de la certitude forte (bien que jamais totale) au
simple pressentiment.

L’expression du doute peut emprunter une configuration explicite, à l’aide de verbes, de


périphrases verbales et d’adverbes qui explicitent les divers sens, ou bien une configuration
implicite : tout énoncé émis sur un ton (véhiculé par l’intonation ou par la gestualité) dubitatif
est susceptible de correspondre à cette modalité.

1.1. La certitude forte (absence de doute)

Le locuteur s’appuie sur un certain raisonnement (la plupart du temps implicite), et


exprime une impression de certitude à l’aide de verbes, périphrases verbales ou adverbes :

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je me doute qu’on ne peut rien y faire


j’imagine qu’il ne va pas recommencer
je suppose maintenant que cette histoire est finie
il est probable que je retrouve les mêmes difficultés
Probablement, je pourrai te le dire demain
il aura vraisemblablement fini son travail
elle aura sans doute rencontré son mari
nul doute que...., point de doute que,... il ne fait pas de doute que....

1.2. La certitude moyenne

Le locuteur fait une supposition, par rapport à laquelle il ne peut assurer sa certitude. La
certitude moyenne est exprimée à l’aide de verbes à la forme personnelle, impersonnelle,
périphrases verbales et adverbes :

je crois qu’il a tort, mais je peux me tromper


il me semble qu’il se trompe
on dirait qu’il va pleuvoir
il se peut que....., il est possible que...., il peut se faire que..., peut-être que...

1.3. La certitude faible

Le degré de certitude faible se caractérise par le fait que le locuteur doute sérieusement
de la vérité du propos ou de ses connaissances, et la supposition consiste dans ce cas à nier sa
propre croyance. Elle est exprimée à l’aide de verbes et de périphrases verbales :

je doute que la révolution soit possible


je ne pense pas qu’on puisse en venir à bout
je ne crois pas qu’il soit en mesure de remporter la victoire
je ne sais pas si ton frère va venir
je ne suis pas certain d’avoir choisi la bonne route
on ne peut jamais avoir la certitude d’avoir choisi la bonne voie
il est douteux que je puisse le voir demain
il est très peu probable que je finisse aujourd’hui
il y a peu de chances pour que je trouve ça
rien n’est moins sûr que sa victoire
il est impossible qu’il ait eu le temps de le faire

1.4. Le pressentiment 

Le locuteur, ne pouvant s’appuyer sur des raisons claires, exprime une sensation, une
connaissance intuitive de la réalisation d’un événement : J’ai l’impression / le pressentiment
qu’il va se passer quelque chose.

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2. L’expression de l’hypothèse

L’expression de l’hypothèse se caractérise par le fait que la réalisation d’une action


donnée dépend d’un autre fait, conçu comme éventuel et posé soit comme tel, soit comme
objet d’une hypothèse ou d’une condition. L’hypothèse peut être exprimée par une
proposition subordonnée hypothétique, par des propositions indépendantes et par des
locutions diverses.

Dans le cas des propositions subordonnées, la proposition dépendante traduit un acte de


l’esprit par lequel :
— soit on recrée le passé autrement qu’il n’a eu lieu
— soit on révoque une actualité présente
— soit on construit l’avenir en imagination.

2.1. L’hypothèse introduite par si

La conjonction si symbolise l’hypothèse d’un façon indifférenciée, face à d’autres


conjonctions ou locutions conjonctives qui ajoutent une nuance de sens particulière
(éventualité, supposition, condition, etc.). Les hypothèses introduites par si se caractérisent
également par un emploi plus restrictif des temps et des modes verbaux. Ainsi par exemple,
dans une subordonnée introduite par si exprimant une condition ou une hypothèse, si n’est
jamais suivi d’un passé simple, d’un futur ni d’un conditionnel. Il faut distinguer trois cas,
selon que l’hypothèse porte sur le présent, ou qu’elle engage l’avenir ou le passé.

1.— Hypothèse possible, glissant vers la réalité


Si introduit sans réserve une hypothèse possible, qu’on fait glisser vers la réalité, et qui
peut se situer dans le présent, le passé ou l’avenir. Il est alors suivi d’un indicatif présent (à
valeur de présent ou de futur simple) ou d’un passé composé (à valeur de passé ou de futur
antérieur). La principale est à l’indicatif —présent ou futur—, à l’impératif ou au subjonctif
présent (ordre ou invitation) :

S’il est là faites-le entrer


S’il est là qu’il entre
S’il est là je vais le recevoir
Si tu viens me voir demain, nous prendrons une décision
Si ta soeur est rentrée demain, qu’elle vienne me voir
S’il est parti quand nous arriverons, nous lui laisserons un mot
Si tu as dit cela, tu t’es trompé
Si on te le demande,( tu diras que) tu n’en sais rien

Malgré l’emploi de l’indicatif présent ou du passé composé après si, on emploie parfois
un conditionnel d’atténuation ou de conjecture dans la principale, comme on le ferait si la
proposition était indépendante :

Si tu veux voyager à tes frais, je comprendrais très bien...


Si tu y tiens, je pourrais lui parler
Si vous avez terminé ce travail, nous pourrions le corriger tout de suite
Si je vous comprends bien, il aurait refusé

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2.— Hypothèse potentielle

L’hypothèse (ou l’éventualité) est réalisable dans l’avenir, mais n’est que potentielle,
problématique, soumise à une réserve que l’on souligne en la faisant glisser vers l’irréalité (sans
l’y inclure) par l’emploi de l’imparfait après si et du conditionnel présent dans la principale.

Si tu l’aimais, tu lui dirais la vérité


Si tu revenais sur ta décision, nous nous reverrions.
Si un jour on me reprochait ma faiblesse, je répondrais...

On peut avoir dans la principale un impératif (Si tu revenais sur ta décision, viens me
trouver) ou un subjonctif (Si Pierre arrivait, qu’on m’en informe!).

Au lieu de dire : Si on me le demandait, j’irais volontiers ou Si on vous en priait, vous


accepteriez sans doute, on peut formuler la conséquence en intercalant un verbe qui, à
l’indicatif présent, exprime une croyance, une conviction ou une affirmation :

Si on me le demandait, je suis prêt à y aller


Si on vous en priait, je suppose (ou je suis sûr ou j’espère) que vous accepteriez.

L’indicatif présent peut aussi souligner le caractère inéluctable de la conséquence : S’il


nous trahissait, nous sommes perdus.

Signalons que l’éventualité peut être renforcée par même si ou surtout si ou rendue
restrictive au moyen de sauf si, excepté si. La construction est alors, selon le sens, celle de
l’hypothèse possible (1) ou potentielle (2) :

Même s’il pleut, je sortirai


Même s’il ne l’a pas fait exprès, certains lui en voudront
Même s’il pleuvait, je sortirais
Sauf s’il pleut, je fais chaque jour une promenade
J’irais le voir, sauf si on me le défendait

3.— Hypothèse irréelle

L’hypothèse est présentée comme irréelle, exclue de la réalité, dans le présent ou le


passé :

— lorsqu’elle se situe dans le présent, on l’exprime à l’indicatif imparfait et la


principale se met au conditionnel présent (parfois au passé selon le sens);

Si tu étais plus patient, tu réussirais mieux


Si j’étais votre ennemi, aurais-je agi de la sorte?
Si nous acceptions cela maintenant, tous nos efforts depuis un an auraient été inutiles

— lorsqu’elle se situe dans le passé, elle se met à l’indicatif plus-que-parfait et la


principale se met, selon le sens, au conditionnel passé ou présent :

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Si tu l’avais dit, tu le regretterais

L’indicatif imparfait peut se substituer au conditionnel passé dans la principale pour


exprimer ce qui se serait fait certainement et même a été bien près de se réaliser (imparfait de
l’imminence contrariée), mais il faut qu’il s’agisse d’un fait brusque, frappant, définitif. On dira
: S’il avait réfléchi un peu, il n’aurait pas dit cela; mais :

S’il avait encore dit un mot, je le mettais dehors


S’il n’avait pas freiné, j’étais écrasé

REMARQUES :

1.— L’emploi du plus-que-parfait du subjonctif est archaïque, mais on peut trouver, en


langue écrite, les cas suivants, lorsque la condition et la conséquence se rapportent au passé :
- si + pqp indicatif + pqp subjonctif : Si Julien était demeuré beau, peut-être eût-elle
beaucoup souffert
- si + pqp subjonctif + pqp subjonctif : et une main si habile eût sauvé l’État, si l’État eût
pu être sauvé
- si + pqp subjonctif + conditionnel : s’il en eût fait de même, nous serions encore à la
porte.

2. —répétition : on peut présenter, sous une forme hypothétique, un fait répété qui est
toujours suivi d’un même fait. Dans ce cas, le temps est le même dans les deux propositions et
si a le sens de toutes les fois que, chaque fois que, quand : si je dis oui elle dit non; s’il venait,
on sortait se promener.

3. — Lorsque deux hypothèses apparaissent ensemble, elles peuvent être :

— coordonnées, quand elles sont indépendantes (s’il fait beau et si nous avons le
temps, on ira le voir)

— subordonnées, si la seconde hypothèse dépend en quelque sorte de la première.


Dans la langue écrite on remplace si par que + subjonctif : mais si vous l’aviez frappé et qu’il
vous en demandât raison, vous vous battriez donc avec lui?

4. — Dans les locutions construites avec si, on peut trouver une hypothèse avec
diverses nuances :

— comparaison : comme si + imparfait


Il parle comme s’il était fâché. Il y a là une ellipse; l’énoncé complet serait : Il parle
comme il parlerait s’il était fâché. On présente donc une hypothèse qui donnerait
l’explication du fait énoncé, il parle. L’imparfait situe le fait au présent, au passé ou
dans le futur, le plus-que-parfait le situe dans le passé, avec en plus, selon le contexte,
une idée d’antériorité par rapport au fait passé :
Il hésite comme s’il avait peur.
Vous ferez comme si de rien n’était.
Il se tait comme si on le lui avait ordonné.

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— opposition : si = s’il est vrai que


on peut avoir, au lieu d’une condition suivie de sa conséquence, deux faits ou deux
énoncés mis en opposition, ou l’expression d’une concession. Dans ces cas, si veut nettement
dire s’il est vrai que :
S’il fut mon ami, il a cessé de l’être
S’il me le demanda, ce fut avec discrétion
Si Pierre est plus intelligent, Paul est plus travailleur

— si (seulement) + imparfait/plus-que-parfait (si seulement on pouvait en finir!) : le


souhait, le regret, la crainte, le refus et toutes sortes de sentiments peuvent être exprimés
avec si sous forme interrogative ou exclamative :
Si je pouvais gagner le gros lot!
Si seulement nous pouvions le convaincre!
Si j’avais pu l’avertir à temps!
Ah! si la guerre n’avait pas éclaté!
Si encore ça servait à quelque chose!
Et s’il n’y avait que lui pour nous tirer d’affaire?
Si tu trouves que ce n’est pas assez!

— cause : si peut introduire une cause ou la raison d’un autre fait :


Il fit courageusement son devoir et, s’il le fit, vous devez en tenir compte [puisqu’il le
fit]

— conséquence : si peut introduire une conséquence, la cause (ou l’explication) étant


ensuite indiquée par c’est que ou c’est parce que : Si je le dis, c’est que je le pense

— invitation, suggestion : on présente une hypothèse en attendant de l’interlocuteur un


acquiescement (cela ne vaudrait-il pas mieux? ne seriez-vous pas content?) ou simplement
une réponse.
Si j’appelais le médecin?
Et si on allait manger

— après certains verbes ou locutions verbales de sentiment (s’étonner, se plaindre,


avoir du regret, être content, etc.), employés à la forme négative (surtout à l’impératif) ou
interrogative, si peut introduire une proposition complétive qui n’est pas une condition, une
hypothèse, mais exprime une réalité bien constatée :
Faut-il s’étonner s’il est déjà parti?
Ne vous étonnez pas s’il perdit cette bataille (le passé
Ne vous plaignez pas si les enfants ne vous ont pas reconnu.

— après quelques expressions, si intervient pour exprimer non une hypothèse mais un
fait constaté, dont l’affirmation est, grâce à si, un peu adoucie : peu importe, qu’importe,
c’est tout au plus, c’est à peine, c’est tout juste, pardonnez-moi, excusez-moi, c’est ma faute,
c’est miracle, c’est bien le diable, etc.
Qu’importe si personne ne l’a reconnu?
Peu importe s’il oubliera une bonne partie de ce qu’il a appris
C’est tout au plus si on pourrait s’inquiéter
Ce n’est pas ma faute s’il n’est pas venu
C’est à peine si je m’en étonnerais

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C’est bien le diable s’il le saura jamais


2.2. Conjonctions et locutions conjonctives

Comme nous l’avons signalé ci-dessus, la conjonction si symbolise l’hypothèse de


manière indifférenciée. À côté d’elle, d’autres conjonctions et locutions conjonctives
explicitent plus nettement l’éventualité, la supposition, la condition supposée, et les nuances
qui s’y rattachent. L’emploi du mode et du temps verbal dépend dans chaque cas de la
conjonction ou de la locution utilisée.

1.— éventualité pure : on l’exprime à travers les locutions et conjonctions suivantes :

— que + subjonctif.... indicatif (qu’elle soit fâchée et tout le monde a peur d’elle)

— quand + conditionnel... conditionnel/futur (quand je le saurais, je me tairais)

— quand même, même quand, quand bien même + conditionnel..... conditionnel/futur


(quand bien même il le lirait, il n’y comprendrait rien).

2.— supposition : deux cas peuvent se présenter :

— dans le cas de la supposition pure, on emploie : dans l’hypothèse où/au cas où/dans
le cas où + conditionnel (au cas où il viendrait, prévenez-moi); supposé que/à supposer
que/(en) supposant que + subjonctif (supposé qu’il vienne, il faudra le convaincre pour
qu’il reste); en admettant que + subjonctif.

— si la supposition s’accompagne d’une alternative, on emploie : soit que...soit que +


subjonctif (soit qu’il ne sache pas le faire, soit qu’il ne veuille pas le faire, il n’a pas
présenté son travail); que...ou que + subjonctif (qu’il pleuve ou qu’il neige, j’irai te
voir); suivant que... ou que/selon que...ou que + indicatif (selon que je travaille ou je me
repose, je suis sérieux ou gai).

3.— condition : plusieurs cas sont possibles :

— condition pure : à condition que1/à la condition que + subjonctif (je ferai mon
travail, à condition que tu fasses le tien); à (la) condition de + infinitif (tu peux partir à
condition de revenir avant trois heures); moyennant que + subjonctif/indicatif
(littéraire) (je viendrai moyennant que le temps le veuille/voudra).

— condition + souhait : pourvu que2 + subjonctif.

— condition + proportion : pour autant que/pour peu que + subjonctif (pour peu
qu’on l’encourage, il devient intrépide).

— condition jugée peu recevable : si tant est que + subjonctif (voilà de l’argent qui
n’est pas propre, si tant est qu’il y en ait qui le soit).
1
À CONDITION QUE peut être employé avec l’indicatif futur avec une valeur plus sûre et actualisante : j’y
consens bien, à condition que tu feras ce que je te dirai.
2
ATTENTION à la traduction :
Pourvu que l’on arrive à temps et qu’on puisse l’avertir (= ojalá)
Je permets à chacun de penser à sa manière, pourvu qu’on me laisse penser à la mienne (=con tal que)
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2.3. L’hypothèse sans subordination

Elle peut être exprimée par :

— deux propositions au conditionnel, juxtaposées (vous me le diriez, je ne vous


croirais pas) ou reliées par l’élément conjonctif que sans valeur de subordination (vous me le
diriez que je ne vous croirais pas).

— deux propositions à l’indicatif avec inversion du sujet : arrivais-je tard, mon père
me grondait.

— deux propositions juxtaposées dont l’une, la proposition hypothétique, à


l’impératif : taisez-vous, il vous le reprochera.

— deux propositions juxtaposées au subjonctif : en eût-elle conçu le projet, elle n’en


aurait pas certes eu le courage.

2.4. D’autres façons d’exprimer l’hypothèse

— avec/sans/en cas de/ sauf + substantif : avec ce froid, il faudra rester ici; je serai là
sauf obstacle imprévu.

— à/de/quitte à + infinitif : à vous croire, ce serait la mer à boire; à y regarder de


près...

— un gérondif en tête de phrase : en travaillant plus sérieusement, vous n’auriez pas de


problèmes

— un participe : le train arrivant avec deux heures de retard vous ferait manquer votre
correspondance.

— une proposition relative au conditionnel : un homme qui ne serait pas énergique ne


serait pas un homme

— un adjectif : plus jeune, il aurait fait ce travail en un tournemain

— autrement, sinon : dépêchez-vous, autrement vous manquerez le train

— n’était : n’était parfois un courant d’air, nous étoufferions

— fût-il/ce, dût-il/ce, ne fût-ce que : j’aimerais le revoir, ne fût-ce qu’un instant.

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3. L’objection, la restriction et l’opposition

3.1. La restriction.

La tradition grammaticale ne traite pas cette question en tant que telle. D’une part, la
conjonction mais fait l’objet d’une description comme conjonction de coordination; d’autre
part, la notion de concession est souvent définie comme une variante de l’opposition. Grévisse
parle de « rapports d’opposition et de restriction » indiqués par mais et d’autres conjonctions
de coordination, et il traite la concession dans le chapitre consacré aux propositions
d’opposition. Larousse, dans le chapitre des conjonctions, attribue à mais une valeur
« adversative », et envisage la concession dans le chapitre consacré aux propositions
circonstancielles d’opposition, dans lequel il distingue cependant la concession de
l’opposition simple; il en est de même pour la grammaire de Wagner et Pinchon. Cependant,
Charaudeau propose pour sa part de distinguer les notions de restriction et d’opposition,
même si ces deux opérations ont quelque chose en commun. Considérons les exemples
suivants :

Il est fort mais intelligent


Bien qu’il ait des responsabilités importantes, il n’est pas dépourvu de sentiments.

On ne peut pas dire que les termes mis en relation dans ces exemples se trouvent dans
un rapport strict d’opposition, car force et intelligence ou responsabilité et sentiment ne se
trouvent pas sur un même axe sémantique, comme ce serait le cas pour noir et blanc; mais ils
se trouvent dans un rapport de restriction.

La restriction met en présence deux assertions qui ont au moins un élément constitutif
en commun. Ces deux assertions sont reliées de telle manière que l’une d’elles (généralement
la seconde) nie (à l’aide d’un antonyme ou de la simple négation) l’assertion (le plus souvent
implicite) qui pourrait être l’une des conséquences possibles de l’autre assertion, considérée
comme l’assertion de base. Et c’est parce que la négation porte seulement sur l’une des
conséquences possibles de l’assertion de base, et non sur celle-ci, que l’on parle de restriction.
Ceci peut être plus facilement compris à l’aide d’un exemple. Considérons l’énoncé suivant :

il aime le spectacle, mais il n’aime pas le théâtre.

— élément constitutif commun : il aime le spectacle


— assertion implicite, conséquence possible de l’assertion de base : s’il aime le
spectacle, on pourrait penser qu’il aime le théâtre
— assertion restrictive : il n’aime pas le théâtre.

La marque privilégiée pour exprimer cette relation est le relateur mais, qui se place
entre les deux propositions. Cependant, il existe de nombreux autres relateurs qui se
caractérisent par leur position (devant l’assertion de base/devant l’assertion restrictive), leur
valeur sémantique (certitude / probabilité / adhésion) et le type de construction
morphologique qu’ils empruntent (indicatif/subjonctif/infinitif/nom).

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a) relateurs placés devant l’assertion de base :

évidemment, il est vrai que, INDICATIF : évidemment il


certes, en effet, sans doute.... est grand, mais pas assez
MAIS pour jouer au basket
tout... que INDICATIF : tout grand
qu’il est, il ne l’est pas assez
pour...
VALEUR DE CERTITUDE bien que, quoique, SUBJONCTIF : bien qu’il
pour...que, aussi...(que), soit grand, il ne l’est pas
tout...que assez pour..../ aussi grand
soit-il, il ne peut pas jouer au
basket
avoir beau INFINITIF : il a beau être
grand, il ne peut pas jouer....
malgré, en dépit de, NOM : malgré sa taille, il ne
nonobstant, avec tout peut pas jouer au basket.
en supposant que, qui que, SUBJONCTIF : quoi qu’il
quoi que, où que, quel(le) fasse, il échoue toujours
VALEUR DE que
PROBABILITÉ quitte à INFINITIF : quitte à perdre
tout mon argent, je jouerai
je veux bien concéder que, INDICATIF/SUBJONCTIF :
j’admets que, acceptons j’admets bien qu’il y a/ait
VALEUR D’ADHÉSION que... MAIS quelque chose à revoir, mais
je ne coirs pas que ce soit le
moment le plus adéquat.

On peut encore ajouter diverses constructions participiales ou en apposition :

Sa demande ayant été rejetée pour la troisième fois, elle ne s’avoua pas vaincue
Paralysé par la peur, il réussit cependant à éviter le coup
Passionné, il n’en était pas moins raisonnable.

b) relateurs placés devant l’assertion restrictive : dans cette position, les relateurs se
contentent de marquer plus ou moins nettement tantôt la simple opposition, tantôt la
rectification :
— simple opposition : mais, or, pourtant, cependant, nonobstant, en revanche,
etc.
— inversion : au contraire, à l’opposé, inversement, à l’inverse (souvent avec une
assertion de base négative) : il n’a pas de honte à l’avouer, au contraire, il s’en
réjouit.
— rectification : néanmoins, il n’en demeure pas moins, il n’empêche que, il reste
que, toutefois, tout de même, au demeurant, quoi qu’il en soit, toujours est-il que,
en tout cas, de toute façon, etc. : J’ai tout fait pour le satisfaire; n’empêche qu’il
est mécontent.

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3.2. L’opposition

La tradition grammaticale envisage cette question dans les chapitres consacrés à la


phrase complexe et aux propositions subordonnées circonstancielles ou adverbiales. Les
propositions de concession et d’opposition sont toujours étudiées ensemble (Grévisse,
Larousse et Wagner et Pinchon) du fait que dans ces deux types de propositions on aurait
affaire à deux « faits qui coexistent ou peuvent coexister » (Larousse) et que « seule la nature
du rapport qu’elles entretiennent fait varier l’opposition » (Wagner et Pinchon). Autrement
dit, le terme opposition recouvrirait une notion générale qui se spécifierait, selon le contexte,
en opposition simple (pendant qu’il pleut à Paris, il fait beau à Nice) ou en opposition
concessive (bien qu’il eût une forte fièvre, il sortit). Charaudeau nuance cependant que dans
les deux cas il y a des termes qui se retrouvent dans un rapport sémantique de contraire, mais
ce rapport ne s’établit pas de la même manière. D’ailleurs, s’il suffisait de constater la
présence de deux termes contraires pour conclure à une relation d’opposition, on pourrait
alors considérer qu’un énoncé comme il aime les loisirs et il aime le travail fait partie d’une
telle relation, puisque loisir et travail sont deux termes antinomiques.

L’opération d’opposition se définit de la façon suivante :


— elle met en présence deux assertions,
— dans chacune de ces assertions il y a au moins deux éléments constitutifs qui sont
sémantiquement contraires deux à deux,
— les deux assertions s’opposent de manière explicite.

Dès lors, l’opposition se différencie de la restriction pour deux raisons fondamentales.


Reprenons l’exemple de ce que l’on considère un énoncé type d’opposition : Pendant qu’il
pleut à Paris, il fait beau à Nice. On peut remarquer que :

— la deuxième assertion (il fait beau à Nice) ne nie aucune assertion implicite
conséquence de la première assertion, ce qui serait le cas dans un énoncé comme il
pleut à Paris mais il fait beau à Nice, dans lequel on laisse entendre que puisqu’il pleut
à Paris on pourrait penser qu’il pleut sur toute la France.

— le relateur pendant que peut être placé indifféremment devant l’une ou l’autre des
assertions sans changer fondamentalement l’opération (il pleut à Paris pendant qu’il
fait beau à Nice), ce qui n’est pas le cas du relateur de restriction (on ne peut pas dire
mais il pleut à Paris, il fait beau à Nice)

Outre que cette relation peut être configurée par une simple juxtaposition (les uns
veillaient, les autres dormaient), les relateurs privilégiés sont : tandis que, pendant que,
quand et alors que. Mais on peut également retrouver ici des relateurs qui appartiennent à
d’autres relations logiques différentes, comme et (n’oublie pas que je suis de ce côté-ci et toi
de ce côté-là) ou si (si Jacques aime la marche à pied, Pierre préfère la voiture).

Conclusion

L’expression du doute, de l’hypothèse et de l’opposition peuvent être envisagées et


décrites soit comme procédés formels (à travers l’étude des adverbes, des verbes, des
conjonctions, etc.), soit comme autant d’actions reliées à des intentions de communication
concrètes, ce qui ne va pas sans conséquences lorsque nous nous plaçons dans le cadre de

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l’enseignement/ apprentissage d’une langue étrangère. En effet, l’évolution de la didactique


des langues étrangères et l’adoption de ce que l’on appelle les « approches communicatives »,
a permis de dépasser l’enseignement formel de la grammaire tel qu’il était conçu dans les
méthodes traditionnelles (le nom, l’adjectif, règles de formation du féminin, règles de
formation du pluriel, les exceptions, l’article, le verbe, l’adverbe, etc.). Une telle approche
permettait sans doute à l’apprenant de connaître en profondeur la structure de la langue, mais
cette connaissance n’était pas reliée aux conditions d’emploi de la langue en question.
Autrement dit, l’apprenant possédait une compétence linguistique, semblable à un savoir
« encyclopédique », mais qui, à elle seule, était loin de lui garantir le succès dans la
communication.

Le fait d’envisager ces catégories comme actes de parole permet, par contre, de
proposer aux apprenants une acquisition qui s’articule autour d’une fonction (un acte de
parole) et de ses conditions d’emploi selon la situation (choix entre diverses formulations).
Ce choix est évidemment soumis aux contraintes sociales entourant l’acte de communication,
ce qui permet d’intégrer l’acquisition de la langue dans une démarche de réflexion sur la
composante socioculturelle qui rend sensible l’apprenant à l’influence de la situation de
communication et lui permet d’appliquer les stratégies de communication qu’il a déjà
intériorisées en langue maternelle tout au long de son développement cognitif.

D’autre part, l’approche de la grammaire en fonction de son emploi permet aussi de la


relier à l’existence de formules habituelles fortement ritualisées : des routines valables pour
l’accomplissement d’un acte concret dans une situation déterminée. Aspect fonctionnel,
aspect socioculturel, réflexion sur la langue et son emploi et routines linguistiques
apparaissent ainsi imbriqués et fournissent à l’apprenant, non plus un simple répertoire de
formes, mais une compétence adaptée aux besoins de la communication réelle. Autrement dit,
l’acquisition de la langue ne se voit pas réduite à un savoir linguistique (savoir énoncer les
règles de la grammaire) ; mais elle évolue vers un savoir-faire articulant diverses composantes
(linguistique, mais aussi socioculturelle, pragmatico-discursive, référentielle et stratégique)
qui conforment ce que l’on connaît comme compétence de communication.

Bibliographie

CHARAUDEAU, P. (1992) : Grammaire du sens et de l’expression, Paris, Hachette.


HANSE-BLAMPAIN (2000) : Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, Bruxelles,
De Boeck-Duculot.
MOREL, M-A. (1996) : La concession en français, Gap, Ophrys.
RIEGEL, M. et al. (1997) : Grammaire méthodique du français, Paris, PUF.
WAGNER, R.L. et PINCHON, J. (1991) : Grammaire du français classique et moderne, Paris,
Hachette.

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