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Alimentation en Eau Potable
Alimentation en Eau Potable
Besoins et ressources
par Hugues GODART
Ingénieur civil des Mines
Chargé de mission à la Générale-des-eaux
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1. Disponibilités globales
10 000
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Il s’agit des besoins des ménages auxquels il faut ajouter ceux des
organismes collectifs nécessaires à la vie des agglomérations et 100
ceux du tissu micro-économique associé (commerces bureaux, arti-
sanat, etc.).
Ces besoins se déterminent à partir de deux facteurs : 0
— la population à desservir (à moyen terme) ; 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
— les besoins par habitant. Nombre d'années
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Alors qu’un sédentaire (ou un nomade se déplaçant la nuit) boit 1 Les prévisions faites à partir des besoins du passé et des lois
à 2 L d’eau par jour, un travailleur de force ingurgite pour survivre générales d’évolution peuvent être brutalement mises en défaut par
13 L/j sur un chantier de forage en plein Sahara, ce qui ne porte une modification marquée de la conjoncture ; cela est illustré sur la
d’ailleurs son minimum de survie qu’à environ 5 m3/an. figure 4 indiquant les volumes consommés dans une partie de
l’agglomération parisienne dont la croissance a été brutalement
infléchie par l’effet de la crise économique qui a démarré vers 1974.
Plus récemment, on a observé une légère remontée de la consom-
2.2 Besoins des collectivités mation pendant les années de sécheresse et de chaleur de 1988 à
et de l’industrie 1991, puis à nouveau une baisse qui n’est plus uniquement
conjoncturelle : elle est la manifestation d’une prise de conscience
que l’eau est un bien indispensable à ne pas gaspiller d’une part, et
qu’elle a un prix souvent en forte augmentation du fait des nouvel-
Les estimations des volumes consommés pour les besoins les contraintes européennes d’autre part. Cette sagesse des
domestiques sont très inférieures aux volumes prélevés et distri- consommateurs individuels, ces économies apparentes des entre-
bués par les collectivités locales. prises, visant chacune son intérêt économique individuel à court
Exemple : pour une population de l’ordre de 15,5 millions d’habi- terme, ne vont pas sans entraîner des difficultés lorsque l’on rai-
tants sur son territoire, l’Agence de l’eau Seine-Normandie a estimé à sonne un peu plus globalement et à moyen-long terme.
1 622 millions de m3/an le volume prélevé dans l’ensemble des res-
sources par les collectivités locales, ce qui correspondrait à quelque
100 m 3 /(habitant × an), à comparer à l’estimation faite au
paragraphe 2.1.2 de 40 m3/(habitant × an). 3. Ressources
Cette distorsion tient pour sa plus grande part aux besoins des
services des collectivités locales et des communes, des petites
industries et de l’artisanat insérés dans le tissu urbain, et dans une 3.1 Rapport quantité/qualité :
faible mesure aux pertes en ligne, fuites dans les installations pri- importance de l’enjeu
vées (à l’intérieur des habitations), fuites dans les réseaux de distri-
bution, autoconsommation pour le service de distribution (lavage
des filtres, des réservoirs, etc.) nettoyage des rues et des égouts. Les ressources sont constituées, sur un territoire donné, par
C’est pourquoi on utilise une consommation domestique de projet l’ensemble des écoulements relativement rapides des eaux superfi-
allant de 200 à 400 L/(habitant × jour) [≈ 75 à 150 m3/(habitant × an)] cielles courantes et des écoulements plus lents à travers les réser-
pour évaluer les besoins d’eau à fournir à une collectivité d’une cer- ves superficielles (lacs ou réservoirs artificiels) ou les réserves
taine importance. souterraines. Comme cela a été dit au paragraphe 1.5, l’eau prélevée
n’est pas consommée mais retourne pour sa plus grande part, après
Pour les collectivités de faible dimension, dont les activités usage et pollution, dans les écoulements naturels. L’aspect quantita-
commerciales et industrielles sont réduites, on peut s’en tenir à tif interfère directement avec l’aspect qualitatif et le problème doit
120 L/(habitant × jour) [ ≈ 45 m 3 /(habitant × an)] ; il faut alors être envisagé dans son ensemble à l’échelle nationale, voire interna-
décompter séparément les besoins spéciaux (abreuvement du tionale. En France, le territoire est subdivisée selon les grands bas-
bétail, établissements industriels, etc.). Cette dernière remarque est sins hydrographiques naturels : Adour-Garonne, Loire-Bretagne,
essentielle quand il s’agit de grands ensembles industriels, voire Rhin-Meuse, Seine-Normandie, etc. Mais s’il faut penser globale-
simplement de zones industrielles dont la consommation peut ment, il faut agir localement ; d’où les contrats de bassin, de rivière,
atteindre des volumes extrêmement élevés quand on la compare à les « SAGES »... L’eau est en effet un produit qui conserve mal sa
celle des agglomérations sur le territoire desquelles ils sont situés. qualité lors de transports à grande distance ou à l’occasion de stoc-
Dans de tels cas une estimation statistique a priori conduirait à des kages prolongés. Il est donc souhaitable de prélever l’eau dans le
mécomptes graves. milieu naturel aussi près que possible de la zone d’utilisation. À
Exemple : les besoins industriels (hors EDF) sur le territoire de défaut, l’eau brute est acheminée jusqu’à l’usine de traitement, qui,
l’Agence de l’eau Seine-Normandie sont globalement du même ordre elle, est proche des utilisateurs.
que ceux des collectivités locales ; par contre aux États-Unis les
besoins industriels ramenés à l’habitant se situent à 2 300 m3/an soit
environ 20 fois les besoins domestiques proprement dits. 3.2 Évaluation. Protection. Emploi
330
peuvent même se situer à un niveau international. La figure 5 mon-
310
tre les dépendances des différents organismes en cause.
290
270 Les collectivités locales et les usagers privés sont maîtres
250 d’ouvrage des équipements de gestion d’exploitation des eaux,
230 mais c’est l’État qui définit, après concertation avec les usagers, la
210
politique de l’eau et qui dispose, pour la mettre en œuvre :
190 — de moyens réglementaires : chaque prélèvement ou rejet fait
170 l’objet d’une autorisation délivrée par le Préfet après enquête appro-
150 fondie. La figure 6 montre les procédures actuelles. Les normes de
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 rejet, quant à elles, sont déterminées, pour chaque rejet en fonction
Année de l’objectif de qualité assigné à la rivière, par application des direc-
tives des Communautés européennes relatives aux différents usa-
Figure 4 – Évolution des volumes d’eau consommés en banlieue ges de l’eau ; en outre, pour les rejets industriels, ces normes
parisienne de 1960 à 1995 doivent respecter des valeurs limites définies pour chaque branche
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ORGANISMES ORGANISMES
MINISTÈRES ORGANISMES
DE COORDINATION D'ÉTUDES
COMPÉTENTS CONSULTATIFS
DE L'ADMINISTRATION ET D'EXÉCUTION
PREMIER MINISTRE
Niveau national
Mer
Équipement
Recherche
Industrie
Consommation Direction de
Conseil Conseil supérieur
la prévention Direction
supérieur des installations
des pollutions de l'eau
de la pêche classées
et des risques
Mission
interministérielle
de l'eau
DIREN de bassin
Niveau
Délégations
Directions régionales Directions
Comités régionales
de l'industrie, Préfets régionales
techniques du conseil
de la recherche de région de
de l'eau supérieur
et de l'environnement l'environnement
de la pêche
Niveau départemental
Préfets Fédérations
de département de pêche
Direction Missions
Direction
Inspection Direction départementale interservices
départementale
des installations départementale des affaires de l'eau
de l'agriculture
classées de l'équipement sanitaires et pôles
et des forêts
et sociales de compétence
municipal
Niveau
MAIRE
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Périmètre d'enquête
Gestionnaire
CLE
du DP
Maires Préfets
des communes des départements
du périmètre d'enquête intéressés
Comité permanent
des barrages
45 j ENQUÊTE PUBLIQUE
Mission
8j déléguée
de bassin
15 j Convocation
du pétitionnaire
par le ou la CE
Mémoire en réponse
15 j
Conclusions
du commissaire enquêteur
CLE
Arrêté statuant
sur la demande
Conseils municipaux
Recueil actes administratifs
Affichage en mairie
Publicité
pendant un mois
CDH conseil départemental d'hygiène
CE commissaire enquêteur Pétitionnaire
CLE commission locale de l'eau Deux journaux locaux
ou régionaux
DP domaine public
Figure 6 – Schéma de procédure d’autorisation de prélèvement ou de rejet délivrée au titre de la police des eaux en France
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A. Pour les eaux souterraines et les sources ■ Horizon de projet pour différents ouvrages
● Un périmètre de protection immédiate clôturé.
Un ouvrage neuf doit être conçu pour satisfaire des besoins pen-
Pratiquement toute activité même agricole y est interdite. dant une durée à déterminer. Cette durée résulte de l’optimisation
● Un périmètre de protection rapprochée. de paramètres techniques, économiques et, de plus en plus, écolo-
Il est défini par l’hydrogéologue agréé. Les activités suscepti- giques. Deux principes de base sont appliqués : le principe de pré-
bles d’entraîner une dégradation de la qualité de l’eau y sont caution et le principe du développement durable. À ce jour, on
interdites. observe dans la pratique les durées de vie ci-après :
● Un périmètre de protection éloignée.
— grands barrages réservoirs : 25 à 50 ans ;
— gros ouvrages d’adduction : 25 à 50 ans ;
Il est défini en fonction de la topographie et de la géologie de — forages, mailles principales du réseau de distribution, stations
la région. À l’intérieur de ce périmètre, certaines activités peu- de traitement :
vent être réglementées.
15 à 25 ans, taux d’intérêt faibles ;
B. Pour les eaux superficielles 10 à 15 ans, taux d’intérêt élevés.
Seules sont envisagées les notions de périmètre de protec- Pour les grands ouvrages, les taux d’intérêt des emprunts n’inter-
tion immédiate et de périmètre de protection rapprochée, sur viennent que marginalement dans le calcul d’optimisation de l’hori-
les cours d’eau ou les retenues comme sur les terres le long des zon de projet. Ils se prêtent généralement mal à des réalisations par
berges. étapes. Par ailleurs, les conditions techniques et l’impact des grands
Un périmètre de protection éloignée n’aurait aucune signifi- chantiers conduisent souvent à envisager des réalisations directe-
cation. ment pour des besoins évalués pour plus d’une génération.
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