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COURS D’ASSAINISSEMENT

▪ Formation : Génie civil


▪ Option : BTP
▪ Niveau : Licence professionnelle (Ingénieur de travaux (L3-P)

Proposé par
DENYIGBA KOKOU DONUDENU.
Dipl-Ing. Sciences et techniques Eaux-Environnement
Ecole doctorale EAU-VILLE-ENVIRONNEMENT (Centre d’Enseignement et de Recherche de L’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées –Paris)
Consultant WASH
mail: gk62.denyigba@gmail.com

Version 2021-2022
OBJECTIFS DU COURS
▪ OBJECTIF GENERAL
Sur leur lieu de travail, les apprenants seront en mesure d’appliquer les
méthodes d’assainissement dans les domaines des travaux publics.

▪ OBJECTIFS SPECIFIQUES
A l’issue de ce module, les apprenants devront être capables de :
✓Identifier les différents infrastructures et ouvrages de collecte et d’évacuation
des eaux usées & excrétas, des eaux pluviales dans une agglomération
✓Connaître les différentes technologies et filières d’assainissement des eaux
usées et excrétas
✓Dimensionner les réseaux et ouvrages d’assainissement collectif des eaux
usées et excrétas et eaux pluviales ;
✓Dimensionner les ouvrages d’assainissement autonome ;
✓ Maîtriser l’exploitation et l’entretien des ouvrages d’assainissement.
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CONTENU DU COURS

Chapitre I. GENERALITES

A. Etude générale des Infrastructures


B. Voirie et réseaux divers
C. Contexte de mise en œuvre et niveau de satisfaction en assainissement : cas de
l’Afrique sub-saharienne et du Burkina Faso en particulier
D. L’assainissement et les différentes filières d’assainissement des eaux usées et
excréta
E. Typologie des usées et leurs compositions

Chapitre II. INFRASTRUCTURES - RESEAU ET OUVRAGES


D’ASSAINISSEMENT COLLECTIF
A. Réseau d’assainissement d’eaux usées et excrétas
B. Ouvrages d’assainissement d’eaux usées et excrétas
C. Réseau d’assainissement des eaux pluviales
D. Ouvrages d’assainissement des eaux pluviales 3
Chapitre III. INFRASTRUCTURES ET OUVRAGES D’ASSAINISSEMENT AUTONOME

A. Classification et fonctions des infrastructures et ouvrages d’assainissement


autonome
B. Dimensionnement des ouvrages d’assainissement autonome
C. Cas des boues de vidange

Chapitre IV. EXPLOITATION ET ENTRETIEN DES OUVRAGES D’ASSAINISSEMENT

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Chapitre I. GENERALITES

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A. ETUDE GENERALE DES INFRASTRUCTURES
1. Qu’est-ce que les infrastructures?
▪ Les infrastructures correspondent aux équipements de base qui fondent les
sociétés contemporaines et modernes et entrent dans le cadre de politiques
d'aménagement du territoire et de service public.
▪ Elles sont financées par des fonds publics mais aussi parfois, par des fonds privés.
▪ Exemples d'infrastructures : Hôpitaux - Ecoles et les centres de formation – Egouts
- Chemins de fer et routes - Réseaux électriques...

2. Pourquoi les infrastructures ?


▪ Permettent de faciliter la vie des citoyens et de développer la communication, le
transport, la santé ou encore l'éducation. Les contribuables payent des impôts et des
taxes qui sont réutilisés par le gouvernement, afin d'offrir une certaine qualité de vie et
donner l'accès aux services de base des sociétés modernes.
6
3. Terme souvent utilisé de façon très abstraite !
+
▪ Définition standard : ensemble d'éléments interconnectés qui fournissent le
cadre pour supporter la totalité de la structure.
▪ En aménagement du territoire : le terme est utilisé le plus souvent à propos de
l'aménagement du territoire surtout l'urbanisme et les transports, mais englobe en
fait tous les aménagements et zonages par les décisions politiques impliquées.
▪ En génie civil : l'infrastructure est composée essentiellement des
fondations d'un ouvrage ainsi que d'éventuels niveaux enterrés. Elle assure
néanmoins le transit des efforts venant de la partie aérienne du projet
(superstructure) vers les éléments de fondations notamment grâce aux éléments
porteurs de la superstructure (poutres et poteaux).
▪ En recherche et développement : une infrastructure de recherche peut être un
équipement, des bâtiments, des laboratoires et/ou des bases de données de
pointe nécessaires pour mener des activités de recherche et développement. 7
▪ En informatique : infrastructure désigne les équipements informatiques matériels
(matériel informatique, réseau informatique. L'infrastructure est donc un élément-clé
pour réaliser une bonne interopérabilité entre les éléments des systèmes d'information,
comme les logiciels.

▪ En philosophie : infrastructure = concept développé par Karl Marx qui s'articule


avec celui des superstructures.

▪ En économie et sociologie : Il existe des fonds spécialisés dans le financement


d'infrastructures. On distingue souvent ceux dits « Greenfield » appelés à financer la
première étape du projet, la construction de l'actif et le démarrage de son exploitation,
des fonds dits « Brownfields » qui interviennent sur des infrastructures plus matures.

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▪ En transport : ensemble des installations fixes nécessaire à aménager pour
permettre la circulation des véhicules et plus généralement le fonctionnement des
systèmes de transport routiers, ferrés, fluviaux, énergétiques ou multimodaux. Hormis
pour le transport maritime et aérien ces infrastructures sont souvent « linéaires » et
associées à une emprise, et parfois à des dépendances (on parle parfois d'ILTe, qui
signifie « infrastructures linéaires de transport et leur emprise

4. Principales infrastructures de transport


- Réseau routier
- Réseau ferroviaire
- Voies navigables (mer, fleuves, canaux)
- Infrastructures portuaires (incluant les ports en eau douce)
- Aéroports
- Pistes cyclables
- Réseaux de transports de l'énergie (chaleur, gaz naturel, électricité, hydrogène...)
- Réseaux de transport d'information (câble, fibre optique, téléphonie, autoroutes9 de
l'information...)
+

10
+

11
+

12
B. VOIRIE ET RESEAUX DIVERS
1. Définition
D’après le dictionnaire professionnel du BTP :
- Voirie = ensemble des voies de circulation
- Voirie et réseaux divers (VRD) = ensemble de tous les ouvrages réalisés pour la
viabilisation d'un espace : voies de circulation, alimentation en eau potable, gaz,
électricité, télécommunications, téléphone, assainissement, éclairage public, etc.

2. Infrastructures urbaines et assainissement


▪ Domaine de l'aménagement urbain :
- le projecteur s’appuie sur les études sous différents formats (plans directeurs,
plans de développement urbain, plans détaillés et d'urbanisation)
- le projecteur élabore également tous les projets d'ingénierie concernant les
infrastructures urbaines (routes, hydrauliques, électricité et éclairage, gaz et
télécommunications)
- élaboration de tout type de projets d'assainissement sous leurs différents aspects,
approvisionnement en eau potable, évacuation des eaux pluviales, collecte et 13
traitement des eaux usées, gestion et le traitement des déchets solides.
3. Mise en œuvre

▪ Les tranchées pour la pose des réseaux divers (eau potable, eaux pluviales, eaux
usées, électricité, gaz, télécommunication, eau chaude, etc), devrait en principe être
réalisées avant la confection des chaussées ou des trottoirs, quel que soit l’endroit
de pose des canalisations (à même la tranchée ou dans un caniveau).

▪ Les canalisations sont posées sur sable et enrobées du même matériau. Un grillage
avertisseur en plastique imputrescible de couleur conventionnelle, variable avec la
nature du fluide, est disposée à une certaine distance au-dessus de la canalisation. Le
remblai est fait par des couches successives damées ou cylindrées avec engin de
masse appropriée. Il est en général fait en grave traitée au ciment ou non.

14
▪ Les caniveaux sont des ouvrages annexes de voirie destinés à la collecte des eaux
pluviales de la chaussée et éventuellement du trottoir ; ils sont en général constitués
par une surface pavée ou une dalle préfabriquée en bordure.

▪ Dans les routes secondaires et dans les petites agglomérations rurales, les
caniveaux sont remplacés par des accotements dérasés et des fossés qui servent à
transporter les eaux pluviales. Lorsque la zone concernée devient plus considérable et
l’apport prévisible plus important, le volume des eaux pluviales à évacuer nécessite
des fossés importants en bétons.

15
+

Fig. - Pose de conduite d’adduction d’eau potable Fig. - Pose de conduite d’adduction d’eau potable
en fonte ductile  =1600 mm en PVC  =600 mm

16
+

Fig. - Ouvrages annexes (regard)

17
Fig.3-. Grillage avertisseur après remblai : la couleur bleue est
conventionnelle pour une conduite d’ea Fig.3-. Grillage avertisseur après remblai : la couleur
bleue est conventionnelle pour une conduite d’eau potable ! u potable !

Fig.- Remblai après la pose de conduite – grillage avertisseur!

18
▪ Importance des ouvrages d’assainissement en voirie urbaine !

Fig. - Ouvrages d’évacuation des eaux pluviales (canal à ciel ouvert) encombrés par des
déchets solides… – Ouagadougou, 2016

19
+

Fig. - Ouvrages d’assainissement …


Station de traitement des boues de vidange à ciel ouvert (Zagtouli, ONEA-2016 )

20
+

Fig. - Ouvrages de traitement des eaux usées : bassins de lagunage

21
+

Fig. - Ouvrages de traitement des eaux usées : ouvrages d’évacuation des eaux usées

22
+

Lit de boues séchées !

Lit non encore approvisionné !

Fig. - Ouvrages de traitement des eaux usées : lits de séchage de boues de vidange

23
+

Lit de boues séchées

Lit non approvisionné

Fig. - Ouvrages de traitement des eaux usées : plate-forme complète de lits de séchage
de boues de vidange (Onéa, 2016)
24
+

Fig. - Engins sur chantiers de travaux publics

25
+

(a)

(b)

Fig. - Conduites d’évacuation (a : eaux pluviales – b : eaux usées

26
En résumé, les VRD :
▪ désignent la réalisation des voies d'accès, la mise en œuvre des réseaux
d'alimentation en eau, en électricité et en télécommunication…
▪ concernent aussi la construction et l'entretien des réseaux d'évacuation d'eau
de pluie, ou d'eaux usées. Ces réseaux permettent à un terrain de recevoir
une construction.
▪ les travaux permettent aussi l'embellissement d'un environnement urbain ou
rural lors de travaux d'enfouissement des réseaux, de pavage des rues ou de
réfection des trottoirs, etc
▪ sont fonction de l'aménagement prévu et des besoins de la population. Ainsi,
ils sont différents suivant que l'on projette de construire un lotissement, une
zone commerciale, une zone industrielle ou un espace public.
Les ouvrages constitutifs des VRD sont :
▪ le terrassement …
▪ les travaux d’aménagement urbain …
▪ l’assainissement …(liquide et déchets solides, …)
▪ les ouvrages annexes (génie civil, …) 27
C. SCHEMA GENERAL ET NIVEAU DE SATISFACTION EN
ASSAINISSEMENT EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE ET DU
BURKINA FASO EN PARTICULIER
1. Contexte mondial
✓ Selon l’OMS & l’UNICEF (2014), dans le monde :
▪ Près de 1400 enfants meurent chaque jour de maladies dues à de l’eau non
potable et aux mauvaises conditions d’assainissement ;
▪ Plus de 660 millions de personnes, soit 1/10 habitant de la planète, n’a pas
accès à l’eau potable dans le monde.
▪ Près de 2,4 milliards de personnes vivent sans installations d’assainissement
adéquates, soit 1/3 habitant de la planète.
▪ La majorité d’entre les populations (80 %) vivant dans des zones rurales… en
particulier en Afrique sub-saharienne et en Asie de l’Est et du Sud.
✓ Conséquences
▪ 80 % des maladies des pays en développement sont liées à l’eau
▪ 4 millions de personnes, dont la majorité sont des enfants, meurent chaque
année à cause de maladies liées à l’eau et à des problèmes d’assainissement 28
et d’hygiène
✓Estimation des facteurs aggravants
▪ En 2025, les besoins en eau auront augmenté de 20%, en raison
essentiellement de l’accroissement démographique, de l’urbanisation et de
l’industrialisation ;
▪ Les ressources en eau sont constamment réduites par le rejet de déchets, la
contamination, l’érosion, la désertification (réchauffement climatique) et la
surexploitation;
▪ La distribution non équitable des ressources en eau conduit à des tensions pour
son contrôle entre les communautés et les pays !

✓ Le Conseil Mondial de l’Eau tenu à Mexico dit : «L’absence d’eau ou sa


mauvaise qualité tue chaque année dix fois plus que toutes les guerres
réunies ». (ACF, 2006)

29
✓ Accès à l’eau et l’assainissement dans le monde (PSeau, 2010)

30
✓ Couverture mondiale d’accès à l’assainissement (OMS & UNICEF, 2012)

31
2. Niveau d’assainissement au Burkina Faso

▪ Burkina Faso (2018) : 3e forum …. 01-03 fév 2018) = Gestion partagée et


inclusive pour l’atteinte des ODD Eau et Assainissement au Burkina Faso
Thème : « Accès universel à l’assainissement : quels défis spécifiques en milieux
rural et urbain? » = un des thèmes abordés …
▪ Burkina Faso (2014) : 1er forum sur l’eau et l’assainissement à
Ouagadougou (12-14 fév 2014) sur le thème Accès à l’eau et à
l’assainissement pour tous d’ici 2030?
En 2014 : l’accès à l’eau potable = 87% (milieu urbain), 64% (milieu rural), contre
32% pour l’assainissement (milieu urbain) et seulement 9% (milieu rural) :
Source, ONEA-2014)

▪ (INSD, 2015) : 51% des ménages pratiquaient la défécation à l’air libre, contre
63,5 en 2005, 31% ont recours à des latrines traditionnelles, non améliorées ;

32
PNUD, INSD (2015) : taux de couverture en assainissement est d’environ 11% et
près de 84% ne disposent pas de systèmes d’évacuation, ni de traitement des
eaux usées ; le réseau d’égout ne couvre plus que 0,2% des besoins.

▪ Il y a une disparité énorme entre le milieu urbain et le milieu rural en matière de


couverture d’assainissement : en milieu urbain environ 72% utilisent les latrines
ordinaires, alors qu’en milieu rural, environ 71% des ménages défèquent à l’air
libre.

33
✓ Au niveau de l’assainissement collectif

Au Burkina Faso, seules les 2 grandes villes (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso)


disposent d’un réseau communal de collecte, d’évacuation et de traitement des
eaux usées …

▪ Réseau de Ouagadougou : collecte les eaux usées domestiques de quelques


habitations du centre ville – les eaux usées de la zone commerciale du centre
ville et immeubles publics (marché central, hôtels, édifices publics et privés,
Hôpital Yalgado, Abattoir, Brakina). Le réseau s’est étendu à d’autres secteurs de
la ville en IIIe phase.
Les eaux usées sont acheminées dans une station de traitement par lagunage à
Kossodo

▪ Réseau de Bobo-Dioulasso : même schéma vers la station de lagunage à


Dogona

34
▪ Stations de boues de vidange : dans le souci d’améliorer le niveau
d’assainissement des grandes et villes moyennes, des stations de traitement des
boues de vidange (STBV) se sont greffées aux dispositifs d’épuration des eaux
pour traiter les boues issues des vidanges domestiques et des lieux publics
(écoles, services, etc)
A ce jour, il existe au moins 4 stations à Ouaga et 1 à Bobo.

Mais le niveau d’assainissement n’est pas encore satisfaisant (moins de


30%)!

35
✓ Au niveau de l’assainissement autonome

- Plus de la moitié des ménages dans les grandes villes,


- Mode d’assainissement majeur dans les villes moyennes et en milieu rural,

assuré en grande partie par :

▪ les latrines: traditionnelle et latrine améliorée (latrine VIP) à fosse sèche ou à


chasse manuelle

▪ les fosses septiques pour les ménages de moyen et grand standing.

36
Latrines traditionnelles

Latrine améliorées (VIP)

37
D. L’ASSAINISSEMENT ET LES DIFFIRENTES FILIERES
D’ASSAINISSEMENT

1. Définition
▪ L’assainissement, c’est une démarche qui vise à améliorer la situation
sanitaire globale de l'environnement dans ses différentes composantes.

✓Globalement , l'assainissement comprend :


- la collecte
- l'évacuation
- le traitement
- la gestion

o des eaux usées : eaux de ruissellement, drainage, lavage, eaux usées


provenant de toilettes, d’excréments, déchets solides d’origines diverses
(domestique, agricole, industrielle, médicale…).
38
L’assainissement est fortement lié à la santé publique (donc l’hygiène), en raison
des nombreuses maladies dues à un milieu malsain.

La proximité avec les eaux usées peut engendrer des maladies à transmission
féco-orale (diarrhée, typhoïde, hépatites, choléra), ou liées à un vecteur
(paludisme, filariose, dengue, etc), latrines défectueuses ou inexistantes, ….

o Les déchets solides, en subissant une rapide décomposition peuvent être des
sources de pathogènes : leur collecte et leur élimination contribue également à
maintenir un environnement salubre !

39
2 - Pourquoi assainir ?

✓Pour mieux assurer la salubrité publique

40
✓ Pour mieux préserver l'environnement

41
✓Pour mieux sécuriser les autres sources d’eau

42
3. Filières d’assainissement
Filières d’assainissement

- Assainissement collectif
Liquide et semi-
- Boues de vidange
liquide
- Assainissement autonome

Solide Déchets solides

43
3. 1 L’assainissement collectif

✓ Consiste à collecter et évacuer les eaux usées à travers :


- un réseau communal (eaux usées domestiques et urbaines)
- un réseau industriel (eaux usées industrielles)
- un réseau mixte (eaux usées domestiques, agro-industrielles, industrielles) au
cas échéant

vers une station d’épuration (STEP)

✓ Les sous-produits de l’assainissement (eaux épurées + boues de vidange) sont


valorisés en agriculture urbaine …

44
3.1.1 Assainissement par voie biologique
▪ Filière privilégiée ou à privilégier pour ses divers avantages :
- décomposition naturelle de la pollution (biodégradable) par des microorganismes;
- pas d’utilisation de produits chimiques ;
- possibilité de recyclage (récupération) des sous-produits pour l’agriculture
urbaine.

❑ Procédés intensifs
Plusieurs types à travers le monde. Les plus répandues en Afrique subsaharienne
sont :
▪ LES « BOUES ACTIVÉS »
• Procédé biologique au cours duquel les acteurs principaux sont des
microorganismes ; ceux-ci dégradent la matière organique sous l’effet combinée
de plusieurs facteurs environnementaux (pH, température, oxygène, etc).
45
• Ici, l’ouvrage dans lequel le traitement est effectué est un réacteur dit à
biomasse en suspension, composé dans le principe de fonctionnement d’un
bassin d’aération et d’un décanteur secondaire (fig. 1).

• Avantage d’un tel procédé : ne nécessite pas assez d’espace, supporte de fortes
charges et si l’exploitation et la gestion sont optimales, les rendements sont très
bons.

• Inconvénient majeur : consomme assez d’énergie et nécessite un entretien


courant et suivi.

46
Figure : Schéma de principe de fonctionnement
d’une station à boues activées

47
Figure : Schéma d’une station à boues
activées

48
Figure : Schéma des caractéristiques d’une station à
boues activées 49
▪ LITS BACTÉRIENS (OU FILTRES BACTÉRIENS)

▪ Réacteurs à biomasse fixée ou encore des « filtres bactériens ». Le filtre ou lit


bactérien est un garnissage de matériaux (moellons, cailloux quartz, brique cuite,
plastique, puzzle, etc) composée d’un décanteur primaire et un décanteur
secondaire (figure 4 et 5).

▪ Contrairement à la boue activée, le lit bactérien ne supporte pas de fortes


charges ; en plus, même si le lit est un peu moins onéreux, il ne l’est pas moins
que le lagunage …. Son entretien est toujours problématique.

50
+

Fig. - Schéma d’une station à lits bactériens

51
+

Fig. - Schéma d’une station à lits bactériens : lit bactérien – distribution de l’effluent
sur le garnissage 52
❑ Procédés extensifs
▪ LAGUNAGE
▪ Procédés largement utilisés en Afrique à cause de leur coût moindre et leur
simplicité.
▪ Principe de fonctionnement : les eaux usées à traiter arrivent soit gravitairement,
soit après pompage dans une série de bassins construits en béton qui sont des
étangs d’eau exposés à ciel ouvert dans lesquels l’épuration se déroule. L’ouvrage
doit être suffisamment étanche pour éviter des fuites, par infiltration.
▪ Les « bassins de lagunage », encore appelés « bassins de stabilisation » sont
en fait des réacteurs algo-bactériens, construits pour traiter en principe des eaux
usées domestiques ou agro-industrielles.
Le but principal recherché est d'obtenir une épuration bactérienne aérobie sans
avoir à dépenser d'argent pour la fourniture d'oxygène. On va donc utiliser
l'oxygène fourni par les algues ou les macrophytes par l’effet de la photosynthèse.
▪ Cette option nécessite une grande surface et l'exposition de l'eau au soleil.
▪ En fonction de leur régime (aérobie ou non) ou de leur place dans la filière
d'épuration, on peut les classer de la façon suivante : (tableau 1) 53
54
▪ Vue en plan des différents bassins de lagunage

Voir normes de
rejet

Eau brute Maturation


~1m
Anaérobie Facultatif
2-5 m 1,5-2 m

Exutoire

55
• Dispositions constructives
✓ Bassins généralement construits en béton ou en perré maçonné au niveau
leur structure (stabilisation des talus) ;
✓ Fond stabilisé par l’argile compacté ou du ciment dosé à 4% !

Plan d’eau Talus

Fig. - Bassin –talus en perré maçonné 56


+

Plan d’eau
2

Fig - Talus d’un bassin en béton


57
3.2 Traitement chimique

▪ S’applique aux eaux difficiles à traitement par voie biologique : effluents


issuesdes unités industrielles contenant des composés toxiques et des métaux
lourds (mines, laboratoires de produits chimiques et pharmaceutiques, etc)

▪ Pour les eaux usées domestiques, on peut appliquer coagulation-floculation


par des coagulants (le chlorure ferrique). On réalise ainsi la déphosphatation
pour éliminer l’excès de phosphates.

58
59
3.3 Assainissement des déchets solides

▪ Typologie des déchets solides Déchets


organiques

Déchets Déchets
domestiques inorganiques

Déchets inertes
Déchets
solides Déchets
industriels
Déchets non
domestiques
Déchets
biomédicaux
60
▪ Cheminement général des déchets solides

Collecte et
Précollecte Traitement Valorisation
transport

61
▪ Cycle des déchets solides en Afrique (source Wethé J., 2015)

62
63
64
65
66
Traitements (ouvrages et matériaux de génie civil)
✓ Choix et traitement du site

67
▪ Compostage

Conditionne-
Mise en Criblage/
Broyage Fermentation Maturation ment
andain Tamisage
et stockage

68
69
▪ Biométhanisation

70
▪ Incinération

71
▪ Pyrolyse

72
73
74
75
E. TYPOLOGIE DES EAUX USÉES ET LEURS COMPOSITIONS

1. Eaux usées domestiques

1.1 Classification :
- eaux-vannes ou « eaux noires » (urines et matières fécales). Elles sont
exclusivement issues d’un immeuble à usage d’habitation ou de service
- eaux ménagères ou « eaux grises » = eaux pas trop chargées, réutilisables
pour l’arrosage sans traitement (cuisines, salles de bain, lavage du linge, ...)
Les eaux ménagères constituent environ 2/3 du volume total des eaux usées
domestiques, soit 80% de la consommation totale journalière d’eau par habitant.
✓ Les eaux vannes quant à elles représentent environ 1/3 du volume total des
eaux usées domestiques.
✓ Dans les grandes villes d’Afrique subsaharienne, elles sont estimées en
moyenne entre 50 et 100 litres/habitant/jour et composées de 70 à 80%
d’eau, de matières fécales et d’urines.
76
1.2 Composition

▪ Matières organiques et minérales solubles (elles sont généralement


biodégradables);
▪ Matières en suspension et colloïdales (représentent des « charges
polluantes » et varient en fonction du temps et du niveau de vie des habitants )
; ces matières se présentent sous trois formes, à savoir :
- matières décantables (test en cône d’Imhoff en 2h) ;
- matières en suspension (MES) = non décantables en raison de leur fine
granulométrie, leur faible densité et leur état colloïdal )
- les matières dissoutes (sels minéraux, …)

▪ Les eaux usées domestiques contiennent également des microorganismes


divers (bactéries, virus, vers parasites, etc) issues des excrétas et dont certains
sont potentiellement pathogènes pour l’homme et les animaux. On y retrouve
accidentellement des hydrocarbures, des antibiotiques, qui sont des inhibiteurs
de l’activité biologique au cours de l’épuration des eaux.
77
2. Eaux usées « non domestiques »
Elles sont issues des activités artisanales, commerciales ou industrielles. On y
trouve :
- eaux usées industrielles : variabilité et extrême diversité rend parfois très
difficile leur caractérisation. Mais on a pu que relever la composition et les
caractéristiques des eaux industrielles sont en fonction de leur origine et des
usages. Par exemple :
- les effluents à charge minérale dominante proviennent des exploitations
minières et des carrières et sont très chargés en MES, en métaux lourds
(mercure, plomb, zinc, manganèse…) et en composés très toxiques comme les
cyanures ; le pH est souvent très loin de la neutralité, tantôt acide, tantôt
basique.
- effluents à charge organique dominante : souvent issus des industries agro-
alimentaires ; ils sont en général biodégradables à l’exception de certaines
industries de transformation de peaux et cuirs qui contiennent une forte
proportion de chrome hexavalent (très toxique!) 78
- Effluents chauds : proviennent des centrales thermiques, tandis que les
effluents très toxiques et dangereux proviennent des industries chimiques

- Eaux usées agricoles : En Afrique, ces eaux proviennent pour la plupart des
établissements zootechniques et de l’agriculture intra et périurbaine pratiquées
dans les bas-fonds marécageux, espaces libres dans les périphéries urbaines
avec parfois l’utilisation d’intrant (engrais chimiques et pesticides). Ces eaux
peuvent être confondues aux eaux de ruissellement qui transportent de quantités
importantes d’azote, phosphates et résidus de pesticides.

- Eaux de ruissellement : comprennent les eaux de pluie, les eaux de lavage


des rues, de jardins et parkings publics et les eaux de drainage des sols.

79
3 - Paramètres physico-chimiques caractéristiques des eaux usées
- Température (°C) : celles favorables au milieu aquatique varient entre 10 et
25°C sous climat tempéré et jusqu’à 37°C ou plus sous climat tropical ; très
favorables à la croissance accélérée des microorganismes ;
- Conductivité électrique (S/cm, mS/cm, µS/cm) : traduit la minéralisation
globale de l’eau, c-à-d la présence de sels minéraux dissous ;
- pH (H3O+) : les valeurs favorables pour les microorganismes épurateurs se
situe entre 6,5 et 8
- MES : traduit la présence de résidus secs non filtrables en suspension (mg/L)
- Azote - Phosphore (mg/l)
Il s’agit précisément des composés Azote et Phosphore.
▪ L’azote (N), peut exister sous forme minérale ou organique et sa
transformation par le cycle de l’azote produit l’azote minéral (NH3, NO2, NO3)
▪ Pour le phosphore, son cycle produit du phosphore minéral ou phosphate
(PO4) assimilable par les plantes comme le NO3
80
4. Critère de pollution organique
La pollution est généralement évaluée par des paramètres organiques suivants :
- Demande biochimique d’oxygène DBO et DBO5, (mg/L de O2 ) :
mesure la quantité de matières organiques biodégradables, exprimée par la
quantité d’oxygène nécessaires à des microorganismes pour oxyder les
matières organiques en 5j pour DBO5, à une température constante (20°C); au-
delà de cette période, un autre processus commence (la nitrification) ;
- Demande chimique d’oxygène (DCO, mg/L de O2) : traduit l’oxydation
des matières organiques par voie chimique, qu’elles soient biodégradables ou
non ; c’est la quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder cette matières
organique sans intervention d’êtres vivants ;
- Carbone total (organique (TOC, mg/L de O2) : caractérise la quantité totale
de matière organique carbonée présente dans l’eau, après combustion à
900°C ; sa détermination est cependant coûteuse.
Ces 3 paramètres constituent les critères d’évaluation de la pollution carbonée
dans les eaux usées, DBO et DCO étant les plus utilisés à cause de leur facilité81
✓Remarque d’usage : il existe une relation constante entre DBO et DCO
pour apprécier le niveau de traitabilité biologique des eaux usées ; cela est
donné par le rapport DCO/DBO5 (tableau 1).
En fonction de ce rapport, les types d’eaux usées et leur degré de traitement
biologique requis est donnée.

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5 - Paramètres biologiques
- Indicateurs bactériens de pollution fécale (Escherichia coli et le groupe des
Coliformes thermotolérants, les entérocoques fécaux ou intestinaux, …) qui
sont les principaux agents d’épuration biologique des eaux ; ils appartiennent
pour la plupart à flore intestinale de l’homme et des animaux à sang chaud.
- Microflore et microfaune aquatiques très diversifiées
- virus : strictement inféodés à leur hôte, ils sont de plus en plus cités
comme faisant partie des indices de la pollution fécale (entérovirus), et
responsables de nombreuses pathologies humaines ;
- Oeufs d’helminthes et kystes de protozoaires : ce sont des parasites
intestinaux évacués avec les matières fécales dans l’environnement et
responsables de maladies parasitaires diverses comme la dysentérie
amibienne, la bilharziose, gastro-entérites (taenia, ascaris, ankylostomme, …)

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