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O'DWYER/SIPA
possibilité d'y mettre fin depuis qu'il possède la force nucléaire. Quels que soient les
tensions et les conflits qui traversent l'histoire, il ne saurait s'en abstraire pour se
projeter vers une fin téléologique, reproche qu'Aron ne cesse de formuler à l'encontre
de Marx et de ses épigones. C'est ici qu'intervient la mise en œuvre d'une raison
critique de l'histoire. C'est la force de l'humanisme aronien de ne pas renoncer aux
leçons de la raison, quel que soit le tragique de l'histoire, passée et présente.
* Historienne. Dernier livre paru : André Malraux. L'engagement politique au XXe siècle,
Armand Colin.
Que faut-il penser de l'idée d'Aron selon laquelle « le but d'une société libre doit
être de limiter le plus possible le gouvernement des hommes par les hommes » ?
Une telle limitation n'est pas un but propre au libéralisme. C'était déjà l'idéal poursuivi
par les Grecs il y a deux mille quatre cents ans, notamment par Platon, défendant un
gouvernement où « c'est la loi qui régnait souverainement sur les hommes, au lieu que
les hommes fussent les tyrans de la loi. » Le paradoxe de la gouvernance par les
nombres (règne de la logique comptable, du feedback, de la performance et de la
révolution managériale) est qu'en radicalisant cette aspiration à un pouvoir impersonnel
elle sape le règne de la loi et donne ainsi le jour à un monde dominé par les liens
d'allégeance. Dès lors, en effet, que leur sécurité n'est pas garantie par une loi
s'appliquant également à tous, qu'il n'y a plus aucun repère institutionnel stable et que
chacun doit survivre dans une compétition généralisée, les hommes n'ont plus d'autre
issue que de faire allégeance à plus fort qu'eux.
* Historien.
cœur froid, et votre père, le cœur chaud et la tête froide. » Jolie formule, n'est-ce pas !
* Philosophe. Dernier livre paru : le Délire occidental, Les Liens qui libèrent.