Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Université de Paris Ml
G r a m m a ir e
POUR l 'e n s e ig n e m e n t /
APPRENTISSAGE DU FLE
Avec Îa coUaboration de
ader/HATIER
Du m êm e auteur :
Une A pprocha ethnographique de la com m unication, collection LAL, Crédif-
Hatier/Didier; 1988.
« Le photocopillage. c*est Tusage abusif et collectif de fa photocopie sans autorisation des auteurs et des édi
teurs.
Laipement répandu dans les établissements d ’enseignement, le photocopillage menace l’avenir du livre, car
Il met en danger son équilibre économique. U prive les auteurs d ’une Juste rémunération.
En dehors de l’usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage est Interdite. **
« La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, au terme des alinéas 2 et 3 de l'aiHcre 41. d'une part, que les copies
ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collec
tive et, d ’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d ’illustration. « toute
représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants
droit ou ayants cause, est illicite. - (alinéa l*' de l'article 40) - « Cette représentation ou reproduction, par
quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants
du Code pénal. »
D ossier 2 : la p e r s o n n e .................................................................................. 19
1. Les pronom s personnels - sujets • du v e rb e ............................................... 19
2. Les pronom s personnels de form e tonique................................................ 26
3. Les d eu x prem ières personnes * com plém ents • du verbe........................ 30
4* Les pronom s de troisième personne • com plém entsdu verbe.................. 34
3
D ossier 8 : la situ a tio n d a n s le tem p s e t la v is io n d u p ro c è s ...... l4 l
1. Les indicateurs d e temps liés à l'énonciation.«.......................................... I4 l
2 . Les indicateurs tem porels non liés à rénonciation................................... 146
3. Les autres m arqueurs tem porels..............................................:................. 154
4 . Les m odes et les temps du verbe.............................................................. 166
5* Les valeurs et em plois des temps de l'indicatif......................... ....... !...... 173
6. Les valeurs et em plois des autres m o d es..................................................185
7. Le verbe et ses m odificateurs.....................................................................194
8. Q uelques pistes utiles pour Texplication de la m orphologie
des temps et des m odes du v e rb e ............................................................ 199
On dit en français que - les grands esprits se rencontrent • lorsque deux idées
ou form es de pensée émanant chacune d'individus différents se sont d évelop
pées parallèlem ent, indépendam m ent Tune de l’autre, et viennent à se
rejoindre. Cette expression signalerait dóne la trace du hasard, cette - coïnci
dence de deux logiques -, com m e Га si bien défini Roland Barthes.
C'est dans cette perspective que je placerai cette G ram m aire p o u r Venseigne-
menî/apprentissage du FLE de G eneviève-D om inique de Salins, dans une filia
tion où se trouve ma propre G ram m a ire du sens et de Veoipression, filiation qui
se définît essentiellem ent par trois caractéristiques :
- un m ouvem ent de pensée qui doit traiter les faits de langue com m e le résul
tat d’intentions de comm unication. D écrire ces faits de langue ex ige alors de
partir des notions de sens qui les orîginent et de mettre en regard les form es
qui perm ettent de les exprim er ;
- une m éthodologie particulière qui doit aboutir à catégoriser ces notions
d’une m anière propre, différente d e celle que suivent les grammaires m or
phologiques. On peut qualifier ce nouveau genre de grammaire de séman
tique ;
- un type d’explication qui doit être adéquat à ce nouveau genre de descrip
tion car expliqu er les phénom ènes de sens n’est pas du même ordre qu’ex
pliquer ceux de la form e.
Elle intéressera également les enseignants - novices • et, pourquoi pas, les ensei
gnants plus « chevronnés ** qui pourront y confronter leur propre expérience de
Texplication grammaticale.
Entre les grammaires savantes d'une part, et les grammaires pour l'apprentissage
d'autre part, il nous a semblé qu'il manquait un chaînon, une - grammaire-tran
sition • en quelque sorte :
1 . elle préparerait le futur enseignant, en lui proposant des explications termino
logiques indispensables, à la lecture d'ouvrages de grammaire plus savants ;
2. elle lui offrirait aussi une réflexion sur des questions d ’ordre sémantique,
m orphologique et syntactîque spécifiques à renseignement du français langue
étrangère ;
3. elle lui présenterait enfin des exemples d’erreurs commises par les apprenants
et proposerait des aaivités pédagogiques qui peuvent faciliter l'acquisition et l'ap
propriation correaes du système grammatical.
En somme, elle serait - formatrice - : c'est-à-dire qu'elle chercherait à renforcer les
« savoirs - en matière de grammaire, tout en offrant des - savoir-faire • utiles à l’en
seignement du FLE.
Ce sont les trois objectifs que s’est fixés cette grammaire.
Aussi, les dix dossiers proposés ont-ils pour titre une opération conceptuelle très
générale : la présentation, la personne, Vactualisation du nom et sa quantification,
Vafiirm ation et la négation, la qualification, la situation dans Ve^ace, la situation
dans le temps, Vargumentation et les opérations logiques, Vactance et les 'drôles
actanciels.
Il ne faut pas fuir devant cette term inologie, même si elle semble peu habituelle et
donc déroutante au prime abord
Le sémantisme est très certainement le moyen le plus facile pour aider les appre
nants à comprendre le système grammatical d’une langue étrangère, puisqu’il pro
pose des notions d’ordre universel.
Un apprenant comprendra mieux à quoi servent les articles définis et indéfinis, les
démonstratifs ou les quantificateurs et quelle en est la valeur d’em ploi si, au lieu
de les séparer arbitrairement, on les regroupait pour lui montrer de quelle notion
générale dépendent tous ces mots grammaticaux.
Entre « un pain », • le pain », - ce pain », » son pain • et - du pain », il faut que l’ap
prenant comprenne que dans tous ces exemples, il s’agit avant tout d’une même
opération d*actualisation du nom (sa mise en service, en quelque sorte).
La sélection entre l’un ou l’autre des mots grammaticaux, déterminant » pain -, est
ensuite liée à la - vision - que choisit d’en donner le locuteur dans un contexte
donné (unité comptable, valeur anaphorique ou déictique, relation d’appartenan
ce, quantité non comptable ou massive).
Un apprenant saisira plus facilement les différences entre les constructions - il
est/c’est » si on les lui explique en fonction de la notion de qualification ou de p ré
sentation.
Il en sera de même pour les valeurs des temps, et notamment pour l’opposition
cruciale entre l’imparfait (accomplissement) et le passé composé (accom pli).
Nul doute que tous les apprenants étrangers y trouveraient leur compte, si l’ensei
gnant essayait d ’expliquer la grammaire d’un point de vue sémantique.
Dans leurs explications, des enseignants continuent de se raccrocher le plus sou
vent aux formes et aux catégories grammaticales traditionnelles qu’ils ont apprises
à l’école primaire.
Ce bastion scolaire n’est pas en soi à critiquer, il pourra même être très utile pour
le perfectionnement en français langue étrangère, mais l’expérience prouve qu’il
n’aide que très rarement les débutants à comprendre le fonctionnement grammati
cal de la langue qu’ils s’efforcent d’apprendre. Or, c’est dès le début de l’appren-
8
tissage qu'il faut avoir recours aux catégories notionnelles de la sémantique, pour
éviter une fossilisation rédhibitoire des erreurs.
Pour maîtriser le métier d'enseignant de français langue étrangère, il fàut savoir sor
tir du cadre scolaire de la description grammaticale traditionnelle et se placer aux
côtés de l’apprenant, en se demandant quelle explication pourrait lui être le plus
profitable.
Si des notions plus universelles peuvent l’aider à comprendre le fonctionnement de
certains points grammaticaux, n’aurions-nous pas tort de nous en passer ?
• Le fa cteu r didactique s’impose de fait, dans la mesure où nos options pour une
approche com m unicative de l’enseignement des langues se sont affirmées année
après année, depuis 1983, comme le démontre la copublîcation de cahiers d’exer
cices de grammaire ^Premiers Exercices de gram maire, Hatîer/ Didier, 1983 ; î^ou-
veaux Exercices de gram maire, Hatîer/Didier, 1985; Exercices de gram m aire p o u r
le perfectionnem ent, Hatîer/Didier, 1988; Premiers Exercices de gra m m a ire-ju n ior,
Hatîer/Didîer, 1991).
La copublicatîon de la méthode de français langue étrangère U hre Échange (jû>fe.2xeii
1 , 2, 3, Hatier/Dîdier, 1991-1993) n’a fait que renforcer cet ancrage didactique.
C’est pourquoi, dans les parties pédagogiques de cette grammaire, le lecteur ne
sera pas étonné de trouver des analyses et des recommandations qui vont systé
matiquement dans le sens d’une approche communicative de l’enseignement/
apprentissage des langues.
9
Ainsi, les participiales à valeur temporelle sont étudiées dans le dossier 8 (La situa-^
Hon dans le temps.. J, mais dans le dossier 9 (Opérations logiques et traces argu-
mentativesX on trouvera les participiales à valeur causale.
Les relatives déterminatives concernent la qualification du nom. Elles sont donc
étudiées dans le dossier 6 (La qualiftcation), cependant les relatives réapparaissent
dans le dossier 7 (La situation dans Vespace) et dans le dossier 8, à propos du
mode subjonctif.
Lorsque cela est nécessaire pour rendre compte d’une opération conceptuelle, les
éléments mprphosyntaxiques qui la concernent se trouvent rapprochés, mais des
renvois (dossier 8, 4, p. l67) permettent de savoir dans quel autre dossier ils sont
susceptibles de réapparaître, cette fois avec une valeur sémantique autre.
Dans le texte des articles, les termes qui relèvent de la linguistique donnent lieu à
une explication. Toutefois, il nous a semblé prudent de les regrouper dans un glos
saire en fin de volume.
Les mots en gras sont soit des mots-clés, soit des exemples.
Les mots soulignés désignent le plus souvent des notions ou concepts séman
tiques, ils sont expliqués dans le texte.
Les termes en italique sont soit des structures grammaticales, soit des mots, sur les
quels l’auteur met l’emphase.
Les erreurs répertoriées sont toujours précédées d’un astérisque (*).
10
1. Les présentateurs
C b q u ’i l f a u t s a v o i r
11
• V o îcî/ vo ilà sont indifFérendés en nom bre :
V o ilà les collègues d’Anne Rivière.
Tiens ! V o ilà M arie Boli.
• A vec un pronom de reprise COD, on a : le voilà, la voilà, les voilà.
- Où est Marie B oli ?
- La voilà,
- Vous a vez l’adresse de* Pierre ?
- Oui, la voici.
• Dans un discours, v o ic i introduit un élément, v o ilà annonce une conclu
sion :
V o ic i ce que disent les journaux : orages sur toute la France.
Il fera mauvais tout l’été, v o ilà mon opinion,
12
La. présentation
13
com plém ent circonstanciel d é lieu, l’interrogation porte, non pas sur Texîsten-
ce d’êtres en un lieu, mais sur un lype d*êvénemerU survenu \
♦ - Qu’est-ce y a ?
- U y a que j’ai perdu mon passepoit !
Qu’est-ce qu’il y a ? équivaut alors à Qu’est-cc qui est arrivé ? ou Que se
passe-t-il ?
Dans la réponse, il y a q u e n’est pas obligatoire.
La présence de Ü y a qu e dans une réponse a un effet dramatique.
• Pour une plus am ple discussion sur l’interrogation, se reporter au dossier 5,
p. 83.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les présentateurs s’étudient, en début d ’apprentissage, pour apprendre à
désigner en français les êtres et les choses.
Les apprenants peuvent confondre c’est et c e n ’est pas et opter pour une
structure intermédiaire du type *ce et *ce n e pas (q u ’ils prononcent • cé »
et * cé ne pas 0 .
L’effacem ent de la copule est peut être dû à un calque sur la langue mater
nelle (arabophones).
L’erreur peut aussi avoir pour origine une confusion entre le démonstratif
« ce/cette ■ et le présentateur - c’est ».
Mais le plus souvent, l’erreur provient d’une non-discrimination auditive entre
[el et [a], d’autant plus que les apprenants entendent dire presqu’aussi fré
quemm ent « c’est pas » que « ce n’est pas ».
► L’erreur la plus fréquem m ent rencontrée, tant à l’écrit qu’à l’oral, provient
de la confusion entre c ’e s t (présentateur), il/ e lle est (pronom s de reprise) et
c ’est, où le pronom dém onstratif neutre c ’ renvoie à une situation ou à toute
une id ée déjà exprim ée ;
•Mon numéro de téléphone, il est le 69-40-52-75.
•II est m on frère, c’est ingénieur.
•Elle est ma fem m e.
•Ils étaient les meilleurs jours de ma vie.
•Elle est une chanteuse et elle se lève à midi.
•C’est m exicaine.
•Je crois qu’il sera une autre chose que je ferai le mardi Ge stage).
•Nous parlons seulement en français, il est très fatigant.
L’enseignant soulignera bien les différences d’em ploi de cès trois structures
grammaticales :
C’est (présentateur) est suivi d’un nom actualisé :
C’est m o n frère.
2, I l / e lle est (pronom de reprise ou pronom déictique, cf. dossier 2, pp. 24-
25) est suivi d’un adjectif ou d’un nom à valeur adjectivale (c e nom n'est pas
actualisé) :
Son frère ? je crois qu’i l est in gén ieu r.
14
1. La présentation
► Les présentateurs c’est/ce sont sont très utiles pour l’acquisition d ’un voca
bulaire courant et pour l’appropriation des différentes form es des pronom s
personnels toniques.
• L’enseignant n’hésitera pas à em ployer les « form es parlées fam ilières * des
présentateurs, même s’il estime qu’elles sont grammaticalement incorrectes (c e
qui, d ’ailleurs, n’est pas le cas en code oral !). En revanche, à l’écrit, il v e il
lera à ce que ces form es soient utilisées de façon norm ative.
2. La foealisation
Ce q u 'i l f a u t s a v o i r
15
• Dans le langage ordinaire, la focalisation est très fréquente et elle peut aussi
se réaliser grâce à d^autres présentateurs :
n y a ton père q u i t’appelle.
I l y a ce voyage qu e tu dois faire.
I l y a une chose qu e je voulais signaler.
J ’a i mon père q u i est à riiôpital.
J ’a i rélectricien qu e je dois payer.
Dans ces exem ples, on constate que Teffet de sens produit n’est pas exacte
ment le m êm e que celui décrit dans le paragraphe précédent.
Il s'agit plutôt d’une présentation orale de l’ensem ble de l'énoncé.
Ce type de focalisation du langage ordinaire aide à mettre l’emphase sur
l’ensem ble du message :
I l y a ton père q u i t’appelle.
- Ton père et - t’appelle » sont ainsi porteurs d’un accent tonique, ce qui
frappe plus nettement l’attention du destinataire.
Dans ce sens, la focalisation du langage ordinaire peut être considérée comme
une s tra tég ie com m u n ica tive, pour se faire mieux entendre (aux deux sens
du m ot 0.
16
J. La présentation
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► La m ise en focalisation présente une difficulté essentielle, lors de Tappren-
tissage. D*une part, il s’agit de distinguer correctem ent les oppositions entre
q u i et qu e, selon leur fonction grammaticale, d’autre part, la ¡préposition,
quand il y en a une, doit être déplacée en amont :
J’ai besoin d ’argent.
C’est d ’argent que j’ai besoin.
Elle parle à Pierre.
C’est à Pierre qu’elle parle*
• Les apprenants étrangers et certains natifs confondent souvent deux t3qjes de
phrases :
C’est le musicien dont je t’ai parlé, (le vo ilà )
et :
C’est du musicien qu’elle t’a parlé, (e t non pas de l’électricien)
D ’ailleurs, certains Français, par un effet d’hypercorrection, peuvent dire et
écrire incorrectem ent :
*C’est du musicien dont elle t’a parlé.
• L’enseignant doit donc éviter de confondre une sim ple présentation avec
c’est, et la structure de focalisation C’est... que/qux :
Tiens l C’est l’électricien qui a travaillé pour m oi. (présentation)
C’est l’électricien qui a travaillé chez moi. (e t non pas le plom bier)
D ’une m anière générale, on se souviendra que c’est l’inform ation nouvelle Oe
p ropos) qui est mis en focalisation, et que cette structure syntactique exige un
effet prosodique très caractéristique (em phase)*
• La structure de mise en focalisation d’un com plém ent d e lie u , de tem p s ou
d’un autre com plém ent prépositionnel :
C ’est à Paris q u ’elle habite.
C’est dans trois jours qu ’e lle part.
C’est de Pierre qu ’elle parle.
fait apparaître un « que -, conjonction de subordination, qui n’a pas de fonc
tion par rapport au verbe et qu’il faut donc éviter de confondre avec un pro
nom relatif.
En revanche, c’est bien le pronom relatif COD qui se m anifeste dans :
C’est M arie que je connais, (e t non pas Pierre)
où * que • a une fonction COD par rapport au verbe*
• Pou r aider à l’acquisition des structures de focalisation, il est utile de faire
des exercices de transform ation, du type questîon/réponse :
- Les voisins ont sonné ?
- Non, c’est le fa cteu r qui a sonné.
- Tu as payé le plom bier ?
- Non, c’est l’entrepreneur que j’ai payé.
On n’oubliera pas d e signaler aux apprenants la valeur d ’em phase ou de m ise
en évidence de ces structures. Aussi sera-t-il nécessaire de réaliser ces exer
cices de transformation à l’oral, pour que l’intonation d’insLstance soit bien res
pectée.
17
1. Les pronoms personnels
«sujets » du verbe
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
19
■ Les p ro n o m s p e rs o n n e ls su jets du verbe sont, différenciés selon qu’ils
indiquent le singulier ou le pluriel :
Une seule persoxme : Plusieurs personnes :
(singulier) (p lu riel)
je o^nous
tu (o u vou s) vous
il/elle ils/elles
• Nous est la prem ière personne du pluriel. Nous désigne la personne qui
parle (je ) plus d’autres personnes présentes ou absentes : je + je, je + il/elle,
je + ils/elles, je + vous/tu,
« N ou s voulons d e m eilleures conditions de travaiL • (slogan
crié par des manifestants)
- Brigitte et toi, qu’est-ce que vous faites à N oël ?
- N ou s partons en vacances.
“ Vous et moi, nous pourrions aller ensem ble faire du ski ?
- Oui, nous partirions, tous les trois, le 22 au soir !
• On est em ployé pour nous en registre de langue fam ilier :
O n part en vacances.
O n habite ici.
O n est assez fatiguées. (Nous sommes assez fatiguées.)
• Vous peut désigner une seule personne ou plusieurs personnes à qui
Гоп parle, qu ’elles soient toutes ou pas toutes présentes : tu, tu + tu,
tu + il/elle, tu + ils/elles, vous + vous.
- Vous êtes étudiant ?
- Non, je suis lycéen.
- Vous êtes françaises ?
- Moi, je suis française, mais mes amies sont suédoises.
• On, nous et vous sont indifférenciés en genre (masculin et fém inin).
• Pour la uoisièm e. personne, le pluriel se signale par un s ajouté à il/ é lle :
n s sont étudiants.
E lles voteront - oui » aux élections.
La troisièm e personne est différenciée en genre (masculin ou fém inin) et en
nom bre (singulier ou pluriel). .
■ À l’oral, le s de nous, vous, ils et elles se prononce [z] devant une voyelle
ou un « h ^ muet ;
V o u â te s étu diants) ?
n ^ o n t besoin d’un passeport,
EU e^habitent à Paris.
N o u ^ a von s un passeport français.
Le s du pluriel ne se prononce pas devant une consonne :
E lles n’habitent pas à Paris.
Elle n’habite pas à Paris, (m êm e prononciation)
• Il faut souligner qu’à l’orai, le e de Je ne se prononce pas toujours. Ce qui
peut provoqu er un glissem ent phonétique de la consonrie sonore И vers la
20
2. La personne
sourde correspondante [J], Cette prononciation ne peut avoir lieu que si [3I est
suivi d’une consonne sourde : [p], [t], [W, [fl, [s], [JJ.
■[Jp0paRtîR) Je peux partir.
[Jfe] Je fais.
IJe] ^ Je sais.
Ce phénom ène phonétique s’appelle rassim ilation consonantique.
C’est-à-dire que la consonne sourde ([p ]) qui suit la consonne sonore (I 3D peut
transformer celle-ci en consonne sourde correspondante (IJl).
D e mêm e, on notera qu’en langue fam ilière orale et dans les cas de transcrip
tion de cet oral, le u d e tu peut s’effacer devant une vo yelle :
T ’es français ? Thabites à Paris ?
Le 1 de ü et elle peut aussi s’effacer devant une consonne, ce qui donne la
prononciation suivante :
[i] part tout seul. [e] viendra avec nous.
On constate que, par analogie, au pluriel, le mêm e phénom ène peut se pro
duire parfois, bien que la liaison obligatoire se réalise toujours :
[iz] ont dix ans. [ezl aiment Paris.
La chute du 1 de il/ils est caractéristique de l’oral spontané : c’est un phéno
m ène généralisé, quelle que soit l’origine isociale du locuteur.
En revanche, la chute du 1 d e elle/elles est peut-être moins généralisée et
représenterait actuellem ent un marqueur de groupe social.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
Ces phénom ènes de télescopage et d’effacem ent phonétiques sont très impor
tants dans l’apprentissage de la compréhension orale du français ordinaire.
L’apprenant étranger est confronté au décodage d’un double paradigm e pho
nétique des pronom s personnels sujets du verbe, selon leur entourage voca-
lique ou consonantique :
G ra p h ie : P h o n étiq u e s
je/j’ t3l
tu [ty] [t]
il [ill [il
elle fell [e]
ils [il] ou [ilzJ ti] ou [iz]
elles [el] ou [eIz] [e] ou [ez]
Le o n signifiant n ou s se prononce [5n ] devant une vo yelle, alors que devant
une consonne, seule se fait entendre la vo yelle nasale [51:
O n fait. mais On [n] arrive.
Cette liaison en [n] pourra provoqu er des confusions avec la form e négative (et
vice-versa) :
O n jtp p ren d . et O x jju ’apprend pas.
D ’ailleurs, cette confusion, entre graphie/phonétîque, c’est-à-dire entre les
exigences de la syntaxe de la négation écrite et ceDes de la liaison obligatoire
à l’oral, se rencontre chez les Français eux-mêm es qui oublient souvent, à
l’écrit, de marquer la form e négative après le pronom o n :
•On apprend pas.
21
C e q u 'i l f a u t S A va xR
■ Du point de vue de la syntaxe^ c'est-à-dire de la place et de la position
occupées dans la phrase» le pronom personnel, sujet du verbe, est placé
d eva n t le verbe, eñ modalité déclarative :
1 2 3
E lle habite à Paris.
Je suis étudiantCe).
Ils voteront • oui *.
Je ne les leur donnerai pas.
Comm e le prouve le dernier exem ple, le pronom personnel sujet peut être
séparé du verbe par certains élém ents grammaticaux qui font intégralem ent
parti du groupe verbal : marques de la négation et pronoms personnels com
pléments du verbe. Ces marques sont des satellites du verbe :
N ous [ne le leur offrirons pas! (satellites du verbe • offrir 0
Les pronom s personnels satellites du verbe sont aussi appelés pronom s
clitiq u es.
22
2. La personne
■ Pour les verbes dits du 1" groupe, c’est-à-dire les verbes en er, les dési
nences du présent de l’indicatif sont :
H ABITER : j’habite on habite
tu habites nous liab itoos
il/elle habite vous habitez
ils/elles habitent
Pour les autres verbes, les désinences de l’indicatif présent sont :
PRENDRE ; je prends on prend
tu prends nous p ren on s
il/elle prend vous prenez
ils/elles prennent
OBÉIR j’obéis on obéit
tu obéis nous obéisson s
il/elle obéit vous obéissez
ils/elles obéissen t
• Pour la m orphologie verbale, se reporter au dossier 8, 8, p. 199.
A P R O P O S D U S A . V O I R - F j^ I R E
► À Toial, on n e p ro n o n c e n î les terminaisons e/es/e/ent, n i les term inai
sons s/s/t/d/ent. On n’entend que la finale consonantique ou vocaliqu e du
radical : habit, o b éi, pren, p ren n (d es verbes • habiter*, • o b éir», « prendre *).
D ’où le caractère indispensable du pronom personnel sujet, en français, pour
savoir qui fait qu oi (c e qui n’est pas le cas dans d’autres langues, com m e l’es
pagnol par exem ple, où les désinences suffisent à m arquer la personne, m êm e
à l’oral).
23
4* Pour donner son opinion : ,
Je croîs que la musique est un bon m oyen d'expression, je trou
ve que les musiciens ont beaucoup de chance, Je pense qu'il faut
apprendre très jeune les langues et la musique.
5* Pour faire une prom esse à quelqu’un :
Je viendrai demain à huit heures. Je vous téléphonerai dans la
soirée. J e vous prom ets d ’écrire.
6 . Pour demander une inform ation ou un renseignement :
Vous êtes étranger ? Vous habitez loin d’ici ? Vous êtes mariéCe) ?
Vous travaillez depuis longtem ps ? Vous avez l’heure ? Comment
vous appelez-vou s ? Où habitez-vous ?
7. Pour proposer quelque chose à quelqu’un :
Vous vou lez un café ? Vous venez avec m oi ? V oiw vou lez entrer
un instant ?
8 * Pour demander un service à quelqu’un ;
Vous pou vez me prêter votre stylo, vou s avez une en veloppe et
des timbres ?
9.' Pour saluer quelqu’un et le rem ercier :
Comment allez-vous ? Vous êtes bien gentilO e), merci.
24
2. La personne
25
5- Pour critiquer l’État, les institutions et radministration en général, les
Français em ploient un ils pluriel, très caractéristique. Ce ils représente l’en*
sem blé des services publics, sans que ceux-ci soient réellem ent nommés :
À la poste, dans une file d’attente : - Ah ils sont pas pressés, ils
prennent coût leur temps à la poste ! •
À l’heure des informations télévisées : *•Us von t encore nous
augmenter les impôts locaux I •
26
2. La persQrnne
• Notez que les pronom s toniques de la tro isièm e p e i^ o n n e , comme les pro
nom s personnels sujets correspondants, ont une form e différente, selon q u ’ils
désignent le masculin ou le féminin singulier, le masculin ou le féminin pluriel :
S in g u lie r P lu rie l
F é m in in elle elles
27
■ Autres fonctions syntaxiques où l’on doit em ployer des pronoms
toniques :
1 . Après les p ré p o s itio n s :
Viens chez m o L
II est parti avant t o i
Elle ne fait rien sans m o l
Je vais m e mettre à côté de lu i
Attention I II y a quelqu’un derrière vous.
Êtes-vous allés chez eu x ?
On ne connaît personne com m e elle.
Marie B oli travaille avec nous.
• Cas particulier du m ode im p é ra tif des verbes : lorsqu’un verbe est à l’im
pératif de fo rm e a ffir m a tiv e et qu’il a besoin d’un com plém ent pronominal
de prem ière personne, ce com plém ent du verbe sera m o l
M ontrez-m oi votre passeport, s’il vous plaît.
D onn e-m oi ton adresse î
É crivez-m oî ou téléph onez-m oi !
Maman, ach ète-m oi des livres !
Suivez-m oi, s’il vous plaît.
A P R O P O S O U S A V O IR -F A IR E
► Du point de vue de l’apprentissage, les pronoms personnels toniques seront
enseignés simultanément aux pronoms personnels sujets du verbe, parce que leur
occurrence est simultanée en langue ordinaire. Quand on veut savoir comment
s’appelle une personne, on s’exprim e, habituellement, de la façon suivante :
M o l je m’a p p elle Marie Boli, et vou s ?
Et eu x, com m ent s’appellent-ils ?
Comment s’appelle-t-il, lu i ?
28
2. La personne
Dans une classe de langue, la fréquence d'utilisation des pronom s toniques est
très importante. Ces pronom s reviennent constamment p ou r donner la parole
à quelqu’un ou pour encourager quelqu’un à prendre la parole, soit de façon
solidaire (m o i aussi/moi non plus), soit de façon non solidaire (pas moi/moi
pas/moi si) :
- J e suis m ariée, m o l. Et t o i ?
- M o l aussi.
- M o l, je parle français et anglais. Et to i ?
- M o i pas. Je ne parle que le français.
• Au niveau débutant, doiven t être acquis les pronom s toniques qui suivent une
p r é p o s itio n et les pronom s toniques em ployés dans une co n s tru ctio n im p é
ra tive. Ce problèm e sera étudié en microsystèm e, c’est-à-dire que Гоп mettra en
opposition les form es de pronom s com plém ents aton es et to n iq u es com m e
dans les exem ples suivants :
N e m e regarde pas I R egarde-m oi !
N e m e téléphone pas 1 Télép h on e-m oi !
N e t’inquiète pas ! RappeHe-toî I
30
2, La personne
31
♦ La présence de la préposition im pose TutUisation de la form e tonique du pro
nom personnel com plém ent : m o i/ to i (cf. Les pronom s personnels de form e
tonique, pp. 26-27).
5 . Le verbe est intra nsitif.
Il n’admet aucun com plém ent :
Le matin, il sort, il marche ou il court, il ne tom be jamais. Il rentre
vers 10 heures.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Q uelle term inologie grammaticale em ployer avec des apprenants étrangers ?
1. Il sem ble judicieux de conserver le terme « com plém ent d’objet direct • ou
COD pour les pronom s personnels compléments d’objet direct (il te regarde,
tu n ou s écoutes). On peut laisser tom ber le m ot « objet • qui, parfois, provoque
une confusion car les apprenants lui donnent le sens de « chose ».
Cependant, com m e le terme C O I recouvre des réalités très différentes, il fau
dra donc trouver une term inologie appropriée aux différentes constructions
verbales.’
2* On s’efforcera d ’em ployer, par exem ple, le term e d estin a ta ire (CD taîre)
pour le com plém ent indirect des verbes transitifs directs complexés (je vou s
dem ande l’heure).
3* Le term e c o m p lé m e n t in d ire c t (C ln d.) sera réservé pour le complément
des verbes transitifs indirects souples (je te parle mais tu ne m ’obéis pas, ça ne
m e fait pas plaisir).
4, Enfin, l’appellation co m p lé m en t p ré p o s itio n n e l (C P ) conviendrait parfai
tement au com plém ent des verbes transitifs indirects rigides qui sont régis par
une préposition stable (je pense à toi).
L’essentiel, c’est que les apprenants ne mélangent pas des fonctions comm e :
Il t ’obéit et il pense à t o i
Je vo u s téléphone parce que je tiens à vou s.
M êm e si on dit : (a ) obéir à quelqu’un, téléphoner à quelqu’un et (b ) penser
à quelqu’un, tenir à quelqu’un, la préposition n’a pas la même valeur dans ces
deux cas :
a. dans les deux premiers exem ples, le com plém ent indirect est un acteu r de
l’interaction. Il a un rôle actif dans la réalisation du procès ;
b* dans les deux derniers exem ples, le com plém ent prépositionnel n’est plus
un acteur du procès. Il en est, tout au plus, une des circonstances ou le siège
(quand « je >» pense - à toi -, le procès du verbe se dép loie à propos d’une scène,
à toi % convoqu ée mentalement par le responsable de l’action • je »).
M êm e s’il s'agît d’une personne, le com plém ent prépositionnel « à toi • ne pré
sente aucun e in tera ctivité dans le procès du verbe.
Ce q u 'i l f a u t s a v o i r
32
2, La personne
• Quand le pronom personnel est le com plém ent d 'objet d ire ct d ’un verbe
conjugué à un temps com posé (auxiliaire avoif>, il y aura accord du participe
passé avec ce pronom .
Le participe passé reste non marqué si le COD représente un nom masculin
singulier :
Pierre, hier, je t’ai aperçu dans la rue.
Mais il sera mis au fém inin ou au fém inin pluriel, si le pronom représente une
ou des fem mes :
- Marie, nous t’avons assez écoutée i
~ M oi aussi, mesdames, je vo u s ai assez écoutées J
11 sera mis au masculin pluriel, si le pronom représente plusieurs personnes,
dont au moins un hom m e :
Pierre et Marie, où étiez-vous ? Je vo u s ai attendus toute la jour
née I
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les deux personnes de l’interaction apparaissent dès les prem iers moments
de la classe de langue. En fonction sujet ou com plém ent, ces pronom s sont
indispensables pou r la com m unication verbale.
Aussi, les apprenants les acquièrent-ils de façon plus ou moins .subconsciente,
grâce à la dynam ique propre aux interactions de classe.
33
Voici quelques exem ples d’échanges typiques d'une dasse de langue :
Vous m 'avez com prise ?
Moi, là, je ne te com prends pas.
Je vous écoute, allez-y.
Ah I Mais, je ne t’entends pas assez I
Tu peux me répéter ce que tu as dit ?
Non, je vais vous expliquer.
Tu m’expliques ce que tu as compris ? etc.
À longueur de cours, les apprenants s’imprègnent de cette syntaxe, aussi ne
faut-il pas nécessairement passer beaucoup de temps à la leur expliquer.
Cependant, on constate bien des erreurs d’em ploi entre xae/m pi et te/toi,
selon la syntaxe des énoncés, surtout lorsqu’il s’agit de verbes pronom inaux ;
•N’inquiète pas.
•Vous dépêchez ! (D épêchez-vous I)
*Ne téléphone pas m oi avant dix heures.
•Je promis à toi ven ir vite.
•Comme t’appelles ? (Com m ent t’àppelles-tu ?)
•Tu me peux aider ?
•Je vous manque. (Vous m e m anquez.)
•Je suis heureuse que tu as en voyé à m oi ton adresse.
•Je veux du bien à toi.
•En attendant, je te veu x dire que je te pense souvent
Il est donc important de prévoir périodiquem ent des activités d’observation ou
de découverte, qui permettent aux apprenants de réfléchir, en petits groupes,
sur les différentes places syntactiques occupées par les pronoms compléments.
Des exercices systématiques (question/réponse) peuvent égalem ent aider les
apprenants à fixer les différentes form es des deux personnes de l’interaction.
Enfin, au cours des jeux de rôles, l’enseignant n’oubliera pas de noter les
erreurs d’em ploi des pronom s personnels.
Ces erreurs serviront ultérieurement de corpus pour une réflexion active sur les
em plois corrects des pronom s personnels compléments.
34
2. La personne
les
■ Satellite du verbe, le pronom com plém ent d’objet direct de troisièm e per
sonne se place devant le verbe conjugué, devant l’auxiliaire du verbe conju
gué à un temps com posé, devant l’in fînitif dont il dépend (cf. supra 3, pp. 32-
33). Il se place après le verbe, uniquem ent à la fo rm e im pérative positive :
Je le dirai à Sophie.
Tu l ’as dit à Sophie ?
Tu peux le dire à Sophie ?
N e le dis pas à Pierre.
D is-lc à Sophie \
35
• A l’oral, en registre de langue fam ilier, on fait réconom îe de cette reprise,
quand cela est possible :
- Vous partirez en vacances ce mois-ci ?
- Je crois pas !
- Elle est sérieuse, n’est-ce pas ?
- Je pense./Je pense que oui.
36
2, La personne
rigide^ régi par une préposition qui ne s’efface pas (o u jamais com plètem ent,
du m oins).
Si ces pronom s représentent une personne, ils seront à la form e tonique :
lu i/ elle/eu x/elles.
- Où sont les enfants ?
- N ’ayez pas peur, Sylvie s’occupe d’e u x dans le jardin.
“ On peut com pter sur e lle ?
*- Oui, Sylvie est très raisonnable. Elle prendra bien soin d’eu x.
Si ces pronom s représentent une chose ou une idée, c’est la form e pronom i
nale y ou e n qui en rend com pte :
- Q ue dit Marie du p ro c h a in d ép a rt de Pierre ?
- Elle y pense sans cesse et s’e n inquiète beaucoup.
- La solitude va certainem ent lui peser.
“ Espérons qu’elle s’y habituera !
- L a p ré s e n c e de Pierre lui était très importante.
- Elle e n aurait encore bien besoin.
Le pronom en reprend un nom non humain, com plém ent indirect d’un verbe
ou d ’un groupe verbal régi par la préposition d e (a voir besoin d e cela).
• Se souvenir de, s’occuper de, profiter de, rire de, rêvèr de, avoir besoin de,
avoir peur de, avoir en vie de, se m oquer de, se servir de, être content de, être
fier d e ... - en sont des exem ples.
Le pronom y reprend un nom non humain, com plém ent indirect d’un verbe ou
d ’un groupe verbal régi par la préposition à (s ’habituer à cela).
« Tenir à, penser à, croire à, s’habituer à, réfléchir à, faire attention à, rêver à,
s’intéresser à ... » en sont des exem ples.
• En et y sont souvent appelés p ro n o m $ a d verb ia u x, du fait de leur origine
latine inde • (le dellatiO et * ib i •» O’allatiO.
On les rencontre fréquem m ent, d ’ailleurs, dans l’expression de la situation dans
l’espace (cf. dossier 7, 1, p. 134) :
- Vous partez à D étroit ?
- Mais non, j’e n viens !
- Les Durand sont repartis au Canada ?
- Oui. Ils y sont repartis le décem bre.
• Les verbes transitifs indirects rigides sont bien régis par une préposition qui
ne s’efface jamais com plètem ent, puisque même la pronom inalîsation, y ou en ,
im plique en soi un - à quelque chose ■ ou un - d e quelque chose
D ’où cette dénom ination de c o m p lé m e n t p ré p o s itio n n e l (C P ) qui nous
sem ble m ieux convenir dans l’enseignement/apprentissage du FLE, tant pour
les d e lu i, à e u x que pour les e n et y , pronom inalîsations liées aux construc
tions transitives indirectes rigides de certains verbes.
• Bien qu’il existe, d’un point de vue normatif, une réelle différence d’em ploi
entre e n et d e lu i, y et à lu i, les locuteurs français peuvent parfois neutraliser
cette différence et em ployer, dans la conversation ordinaire, e n ou y , com m e
pronom de reprise d’un nom humain :
*Mes parents, fy pense très souvent.
*Mes amis d’enfance, je m ’e n souviens très bien.
37
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Ce type d e pronominalisation intéresse des apprenants de niveau 2’. Ce n*e$t
pas un système très facile à mettre en place et on trouvera tout le lon g de l’ap
prentissage des erreurs du type ;
•Mes parents sont partis, je leu r pense tout le temps.
•Elle n’est pas contente parce que je lu i m oque.
*Il croit que je lu i ris.
Si renseignant, dans ses explications, pense bien à différencier les verbes
transitifs indirects souples (ressem bler à ) des verbes transitifs indirects rigides
(penser à), il sera moins d ifficile pour les apprenants de mettre en place ce
double système pronom inal.
Ce qu’il faudrait surtout éviter, c’est de donner une explication qui n’en soit pas
une pour un étudiant étranger. Du type :
- on dit « je lui ressem ble », parce que c’est « ressembler à quelqu’un %
— on dit - je pense à lui », parce que c ’est « penser à quelqu’un ».
En revanche, si les enseignants essayent de différencier les constructions à pré
position » souple • (ressem bler à, plaire à, sourire à) des constructions à pré
position » rigide • (pen ser à, tenir à) , les apprenants saisiront plus facilem ent
l’opposition entre ces deux mécanismes grammaticaux.
► Comme les CDtaires, lui/Icxir, désignent des personnes, il est fréquent pour
certains étr^ g ers apprenant le français de les em ployer à la place des COD,
le , r , la, les, reprenant des.nom s humains. On entend dire, par exem ple :
•Je lu i aim e beaucoup.
C’est là la preuve d’une grammaire intermédiaire qui s’élabore peu à peu.
L’apprenant se construit un système d’opposition du type :
^ *Humain (lui/leur)/non humain Qe/la/les).
L’erreur peut aussi venir d’un calque sur le système grammatical de la langue
maternelle.
En espagnol, par exem ple, il existe une préposition • a » devant lès COD
humains : ... , ,.
Mirar a la chica. .
d’où l’erreur fréquente chez les apprenants hispanophones :
•Je lu i regarde à la fille.
Il est aussi très fréquent que la transformation pronom inale, d ’un com plém ent
destinataire ou d ’uri com plém ent indirect, soit réalisée com m e s’il s’agissait-
d’un complément prépositionnel :
•Je parle à lu i,
•Il ne veut pas obéir à e lle .
: •Je dis à lu i.,. Je réponds à e lle .,.
On trouve aussi des réalisations du type :
•Je dis lu i... Je dem ande e lle ..,
•J’ai lu i dem andé,,. J’ai lu i dis...
•Je ne sais pas comm ent je peux dire cela à lu t
=*Je pense à lui sans m êm e réussir à voir lu i
•J’ai le u r dit « au revoir ».
•Je le u r ai embrassé encore une fois.
38
2, La personne
39
D ’autant plus que dans certaines structures syntactiques (ne.*, que et c’est;.,
qu e), les oppositions fonctionnelles, si bien établies et si bien expliquées dans
l’apprentissage des phrases simples, s’effondrent désespérém ent :
C’est lui que j’aîme, c’est lui que je veux épouser, (C O D )
Je ne parlerai qu’à lui, car c’est à lui que je veu x obéir. (C Ind.)
Vous savez bien que c’est à lui que je pense. (C P )
Je ne tiens qu’à lu i (C P)
C’est à lui que je demanderai conseil. (C D taire)
Je ne donnerai ma réponse qu’à lui. (C D taire)
L’enseignant, face à cette com plexité de la langue qu’il enseigne, aura beau
coup de largeur d ’esprit chaque fois qu’il constatera que les apprenants
mélangent, malgré eux, toutes les fonctions des pronoms com plém ents de troi
sièm e personne.
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
40
2. La personne
■ Si lé verb e est à V im p êra tif de fo rm e positive, les pronom s com plém ents de
troisièm e personne seront placés a p rès le verbe, dans Tordre COD + CDtaire,
comme dans Tencadré précédent :
D onne-le lu i.
A pportez-la lu i.
M ontrez-le leu r.
Servez-les. leu r.
41
- Si tu vois Denis, rem ercie-Ie de son cadeau.
- Je T en remercierai, quand fe le verrai.
- Tu penses le voir lundi, dans son bureau ?
- J e dois effectivem ent V y rencontrer lundi à 15 heures.
- N 'oublie pas de lui parler du tournoi de tennis.
- J e lu i e n parlerai. Je m e charge de T y intéresser, je te le pro
mets.
En conversation quotidienne, seule la suite syntaxique lu i en / leu r en est
d’usage courant.
42
Dos
■ Les êtres, c’est-à-dire les humains, les animaux et les choses qu e Гоп dis
tingue, selon notre expérience du m onde, sont désignés par des noms.
On distingue deux classes de nom s : les n om s p ro p re s et les n o m s co m
m uns Cou substantilîs).
N o m s p ro p re s : N o m s com m u n s :
Pierre hom m e
M arie Boli fem m e
Monsieur R ivière pharmacien
Madame B oli pharmacienne
M édor chien/chat
Cuba pays
43
Q uelle est la profession de v o tr e père ?
Vous connaissez les parents de ce tte fille ?
I jc, la , les, v o tr e , cette sont les déterininants d ii substantif qu’ils actualisent.
2. L’article défini
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
■ L’artldLe d é fin i se place d evan t le nom commun qu’il déterm ine et dont il
marque le g e n r e et le n o m b re :
A u s in g u lie r A u p lu rie l
le la 1’ le s
pour le masculin pour le féminin devant une voyelle pour marquer le pluriel
ou un « h - muet
44
3> L'actualisation du nom com m un
• L’article défini généralise d ’une façon plus abstraite au singulier (il renvoie à
un élém ent typ e) qu'au pluriel (il renvoie à tous les élém ents de la classe),
• bans sa valeur s p é cifiq u e, l’article défini est em ployé quand les interlocu
teurs peuvent identifier ou v o ir (valeu r déictiqu e) l’être dont on parle. H peut
s’agir d’une expérience partagée, com m e dans :
Aujourd’hui, le facteur est passé à dix heures. (« notre » facteur)
Regarde 1la rue est à sens unique. (- Cette • rue où nous som m es.)
Tu as oublié de poster le s lettres l (• Celles » dont on a déjà parlé.)
Je vais prendre le métro pour aller plus vite. (- N otre * m étro,
• celu i - que tout le m onde connaît.)
45
Il va à Tuniversité. CNom qui se réfère à une expérience partagée,)
Il peut s’agir d ’un être unique com m e dans :
l a Terre, la Lune et le Soleil,
l e musée du Louvre et la tour Eiffel,
l e pape, le président de la République, la France.
Le locuteur peut, par une détermination spécifiante, donner une référence pré
cise au nom :
l e pays où je suis n é, c’est la France.
• Si on reconnaît deux valeurs sémantiques à Tarucle défini (généralisation et
Sf)édfication), il faut noter égalem ent son rôle discursif de reprise d’un nom
propre ou d ’un nom commun qu’on a déjà cité :
Marie B oli travaillait dans son laboratoire. Elle était chimiste. Tous
ses collègues appréciaient son travail. Un jour, la jeune fem m e
eut un malaise au laboratoire.
Le lecteur sait que la fem me se réfère toujours à Marie Boli et que « au labo
ratoire - se réfère bien à l’endroit où travaille Marie B oli (son laboratoire).
Ici, c’est l’article défini qui perm et de savoir qu’on parle bien de la m êm e
chose ou de la même personne tout au long du texte. C’est pourquoi Гоп dit
que l’article défini a un rôle a n a p h o rlq u e, c’est-à-dire qu’il * porte en avant
une information En d’autres termes, l’article défini veille à la co h é s io n et à
la c o h é ren ce tex tu elle.
A P JR O P O S n u S A V O IR -F A IR E
► Tout au lon g de l’apprentissage du français langue.étrangère, l’article pose
bien des problèmes.
Soit parce que les apprenants l’omettent systématiquement, comm e c’est le cas
pour les étudiants japonais, chinois et d’autres encore :
•Il demande à elle adresse école française.
•Je veux français dictionnaire.
•On est vo lé montre de touriste dans chambre hôtel.
•Pour fête de Jean soirée siiiprise.
Soit qu’ils ne savent pas s’il faïut mettre la form e du masculin le ou la form e
du fém inin la devant un nom dont ils ignorent le genre.
Il n’existe malheureusement pas de règle infaillible pour connaître le genre des
noms en français.
On sait, cependant, que les noms abstraits en o n , îo n , ité sont du genre fém i
nin. Certaines terminaisons en euse, en trice , en è r e appellent aussi le fém inin :
la comparaison ;
la distinction, l’opposition ;
la fidélité et l’amitié ;
la dormeuse ;
la lectrice ;
la boulangère.
O n conseille habituellement aux apprenants de mémoriser le nom e t son
article.
46
3. L'actualisation du nom com m un
Mais la m eilleure m éthode consiste probablem ent à lire assidûment des textes
en français et à écouter parler le plus souvent possible des francophones.
Malgré tous leurs efforts, certains étrangers qui, par ailleurs; parient remar
quablement bien le français, continuent à se trom per d’article défini devant le
nom.
Ce problèm e général d ’apprentissage mis à part, il existe quelques phéno
mènes de prononciation qui se corrigeront peu à peu.
Par exem ple, les hispanophones prononcent le - e - de le, [el, si bien qu’on ne
sait pas toujours s’il s’agit du singulier ou du pluriel :
Je te prête les livres jusqu’à demain.
Je te prête le livre jusqu’à demain.
Ces deux phrases peuvent être prononcées de la m êm e manière par un his
panophone qui a de la difficulté à labialiser. Il faudra lui montrer le plus sou
vent possible que les lèvres sont plus arrondies pou r articuler la vo yelle fran
çaise de le.
Plus d ifficile est la correction phonétique de la prononciation d ’un Iranien. Il
a en effet tendance à prononcer le « e »» d e le , loi. La labialisation est correcte,
mais cette fois, c’est le point d’articulation qui est trop postérieur.
On aura donc intérêt, dans les débuts de l’apprentissage, à faire faire à ces étu
diants des exercices de disciim m ation auditive, pour qu’ils puissent perce
voir la différence sonore entre les vo yelles [ej, [al et [ol.
Quand iis com m enceront à percevoir celte différence sonore, ils pourront peu
à peu la réaliser.
En effet, on doit partir du principe qu 'on ne peut pas articuler un son que Ton
n’entend pas correctem ent. C’est pourquoi un Iranien, qui n’entend pas
encore la différen ce entre [e] et [o], prononcera ^ un p ot d ’eau * pour « un peu
d’eau
Quant aux anglophones, leur difficu lté d e prononciation sera liée à l’articula
tion rétroflexe du « 1 », qui en français devrait être • alvéolaire » (poin te de la
langue contre les alvéoles des dents supérieures).
3. L’article indéfini
C e q u 'i l FA.UT S A V O IR
■ Comme l’article défini, l’a rtic le in d é fin i sert à actualiser un nom commun,
c’est-à-dire à fixer la référence des termes de l’énoncé :
Je cherche u n travail d’électricien,
II dem ande u n e carte de séjour.
Vous connaissez des em ployeurs à Paris ?
47
■ V aleu rs e t em p lo is d e P a rd cle in d é fin i en discours.
Soit raiticle indéfini perm et de g é n é ra lis e r, c’est-à-dire de représenter toute
la classe des êtres désignée par le nom commun, soit au contraire, il perm et
de p a rticu la ris er un élém ent, une unité particulière, un être particulier de la
classe (pensez au chiffre « 1 0 :
G én éra lisa tio n : P a rticu la risa tio n :
(toute la classe) (un élém ent de la classe)
U n travail doit convenir à celui J’ai trouvé u n travail d’électricien,
qui l’accepte (n ’im porte quel tra je com m ence demain (un travail
vail). bien précis).
U n e carte n’est utilisable que si J’ai obtenu u n e carte de séjour de
elle n’est pas périm ée (n ’im porte dix ans (u ne carte très parti
quelle carte). culière).
U n demandeur d’em ploi doit nor J’ai rencontré d es demandeurs
malement être inscrit à TANPE. d ’em ploi. Ils attendaient à l’ANPE
(im . groupe bien précis de per
sonnes).
■ Comment d istin gu er le s rô le s de l’article défini et ceux de l’article indéfini ?
- L’a rtic le in d é fîn i perm et de p ré s e n te r p o u r la p re m iè re fo is un nom
commun. Il a une v a le u r d’ in tro d u ctio n .
Il signifie que le locuteur parle pour la prem ière fois de l’être représenté par
le nom commun et que l’interlocuteur ne peut pas encore l’identifier :
J’ai trouvé u n travail d’électricien.
- L’a rtic le d é fin i perm et d’actualiser un nom commun représentant un être
dont o n v ie n t d e p a rle r ou dont o n p résu p p o se qu’il est déjà connu.
Com parez les em plois suivants :
A rtic le in d é fin i ; A rtic le d é fin i :
(particularisant) (spécifiqu e)
Hier, j’ai rencontré u n demandeur Ce matin, j’ai revu le demandeur
d’em ploi (un parm i d’autres). d’em ploi (dont je t’avais parlé).
Ce matin, j’ai enfin trouvé u n tra Ce matin, j’ai accepté le tra
vail d’électricien. vail d’électricien (celu i qu’on me
proposait depuis longtem ps).
Cette semaine, j’ai bien vu des Cette sem aine, j’ai vu le s
em ployeurs, mais je suis toujours em ployeurs (ceu x que tu sais...)
au chôm age. mais je suis toujours au chôm age.
En d’autres termes, l’article défini im plique une con n aissan ce ou une
e x p é rie n c e p a rta gée par les interlocuteurs.
Par l’article indéfîni, le locuteur pose une in fo rm a tio n n o u v e lle dont on n'a
pas encore parlé
U n homme traversa la rue, il L ’hom me traversa la m e, il avait
avait l’air soucieux. l’air soucieux.
Avec l’article indéfini, je pose -> Avec l’article défini, je présup
ou j’impose l’existence de • un pose l’existence d’un homme que
hom m e >. vous pouvez identifier ou je fais
comme si vous connaissiez
- rhom m e » en question.
48
5. L*actua!isation du nom com m un
A P R O P O S D U S A V O IR -P A IR E
► Beaucoup d’apprenants ont du mal à saisir les différents em plois des articles
définis et indéfinis. On trouve de nom breuses erreurs persistantes sur ce point :
•J’aimerais acheter la petite et jo lie maison qui a beaucoup de
roses dans une fo rê t
(prem ière m ention de - m aison - dans le texte)
•Un garçon est interw îevé à la télé. L'annonceur pose des ques
tions, mais un garçon ne répond pas bien.
(dans le texte, il s’agît du m êm e garçon)
•À un m om ent, on la v o it avec des mains sur l’appareil.
(les mains de la fem m e dont on parle)
Au début de l’apprentissage, il est souhaitable de faire pratiquer beaucoup
d’exercices en situation :
1. Sous form e de jeu x (p ar exem ple, les jeux de kim ) où les objets seront nom
més avec le déterminant approprié, selon qu’ils réfèrent ou non à un objet spé
cifiqu e :
- T u te rappelles ? Il y a u n ticket vert et u n ticket jaune. Lequel
as-tu vu ?
- L e ticket jaune.
2. Sous form e de courts récits devant une im age ou devant tout autre déclen
cheur ;
Dans u n café, entre u n hom m e avec des lunettes noires et u n e
, valise noire. L e patron est occupé avec u n e cliente. Quand il vo it
rhom m e, il com m ence à trembler. Il est vrai que le s hom mes
avec d es lunettes noires font souvent peur.
Après cet entraînement im plicite, les apprenants pourront réfléchir sur l’em ploi
des déterminants utilisés dans leurs productions.
■ Dans les autres cas d 'absen ce d ’a rtic le devant le nom, cela peut signifier
que le nom commun perd sa valeur de substantif,, au profit d’une fonction
appartenant habituellement à une autre catégorie grammaticale :
(1 ) Son père est pharmacien ou m édecin.
Une tasse de thé ou un verre d’eau.
(2 ) J’ai faim , j’ai soif, }’ai peur, j’ai besoin d’aide.
(3 ) Sans argent, sans famille.
Avec patience, avec courage.
Dans ces exem ples, les noms empmntent la valeur de l’adjectif attribut ou de
l’adjectif épithète CD, entrent dans des locutions verbales (2 ), participent à l’ad-
verbialisation (3 ).
50
3. ^actualisation du nom com m un
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
Pour rapprenant étranger, ces phénom ènes d’effacem ent de l’articlé pour
ront poser bien des problèm es (cf. dossier 1, 1, pp. 14-15).
Dès le début de son apprentissage, on constatera qu’il produit des énoncés du
type :
*Je connais M arie Boli, elle est une pharmacienne.
^Pierre ? Il est un traducteur.
*Je suis un avocat.
Bien sûr, grâce aux corrections de l’enseignant, l’apprenant am éliorera sa syn
taxe. Mais alors, il se produira un phénom ène de contamination et on l’enten
dra dire :
*Je connais Marie Boli, c’est pharmacienne.
•Pierre, c’est traduaeur.
•Lui, c ’est avocat.
D ’où la raison pour laqu elle les enseignante ont tendance à donner la règle
suivante :
Il/elle est + adjectif.
C’est + a rticle + nom:
R ègle qui fonction ne bien, mais qui deviendra inadéquate, à m oins d’explica
tions supplém entaires, dès que les apprenante se trouveront devant des énon
cés du type :
C’est m erveilleux I
C’est beau, c ’est bon, c ’est m agnifique.
Certes, il ne s’agit pas, dans ce dernier cas, du • c’est » présentatif, mais com
m ent am ener les apprenants à se rendre com pte qu’il y a plusieurs valeurs dis
cursives de « c’est » ? (cf. dossier 1, 1, pp. 14-15 et dossier 6, 3, pp. 105-10©.
Les erreurs peuvent alors s’accumuler :
— Comm ent trouvez-vous ces tableaux ?
•— C’est des beaux I Ils sont des m agnifiques tableaux.
• Plus tard dans l’apprentissage, la difficulté viendra de la construction N1 d e
n 2 (c ’est-à-dire deux noms communs reliés par la préposition d e, avec effa
cem ent d e l’article devant n 2 ) :
U ne tasse d e thé, un verre d’eau.
Les apprenants qui ont com pris la relation d’appartenance N1 d e N 2 de type
com plém ent de nom (a vec article devant N 2 ) :
L e fils d e la pharmacienne.
L a voisin e du dentiste.
vont maintenant confondre les deux fonctions et on obtiendra des énoncés du
51
Cependant, il est évident que si les apprenants se trouvent confrontés très tôt
à des mini-corpus de co n cep tu a lisa tio n (c ’est-à-dire des énoncés de gram
maire im plicite qui mettent en évidence l’existence d’un microsystème, sur
lequ el ils ont à réfléchir pour en découvrir les règles de fonctionnem ent et
d’em ploi), leurs grammaires intermédiaires se stabiliseront d’autant plus vite et,
surtout, les erreurs qu’ils commettent en début d’apprentissage ne se fossilise
ront pas irrémédiablement.
Pour stabiliser les. structures N1 d e xi2 et N1 d e N2, on pourrait, par exem ple,
dem ander aux apprenants de réfléchir au sens véhiculé dans des énoncés du
type :
a. Donnez-m oi u n v e r r e d ’eau, s’il vous plaît. (N1 de n2)
a’. J’ai bu u n v e r r e d e l ’eau qu e tu as ra p p o rté e d e Lou rdes.
(N1 de N 2)
b. U n e b o u te ille d e coca-cola, s’il vous pla ît (N1 de n2)
b ’. Pierre a cassé u n e b ou teU le du coca -cola qu e tu as a ch eté
à N e w Y o rk . (N1 de N2)
c. U n e v o is in e d e p a lie r m ’a demandé un peu de sel.
0^1 de ii2 )
c’. U n e v o is in e du p a lie r d ’en h au t m’a demandé du sucre.
(N1 de N 2 )
d. U n e v o is in e d e d en tiste n’a pas beaucoup de chemin à faire
pour se faire soigner. (N 1 de n2)
d’. U n e v o is in e du d en tiste a déclaré à la police qu’elle enten
dait crier dans le cabinet dentaire. (N1 de N2)
Les étudiants doivent réfléchir sur les circonstances de l’énonciation de ces dif
férentes phrases : qui parle à qui, de quoi, et dans quelle intention ?
Entre a et a*, par exem ple, ils doivent sentir la différence entre un verre d’eau
ordinaire et un verre de cette eau que bien des gens estiment miraculeuse.
Dès lors, ils pourront se créer une règle intermédiaire du type : cas ordinaire
et banal/cas spécifique et bien particulièrement déterminé.
5. La désignation et la dépendance
C b q u 'i l f a u t s a v o i r
il M o rp h o lo g ie e t e m p lo is du d ém o n stra tif.
Le déterminant démonstratif, comme son nom l’indique, détermine le nom tout
en le désignant (geste du doigt ou m ouvem ent de la tête en direction de la
personne ou de la chose dont on parle).
Les déterminants démonstratifs sont marqués en g e n re et en n om b re, selon
le nom qu’ils déterminent :
C e petit jeune hom me est anglais.
C et hom m e brun et m aigre travaille chez Champion.
C ette fem m e veut rencontrer le direaeur.
Ces garçons et ces filles-là habitent dans c e t imm euble squatté.
52
3. L*actiuzlisaHon du nom com m un
A u s in g u lie r A u p lu r ie l
ce cet ce tte ces
devant un nom devant un nom devant un nom devant un nom pluriel au
masculin masculin féminin masculin ou au féminin
commençant par une
voyelle ou un « h • muet
53
• Il existe une hiérarchie dans la sélection des a n a p lio res.
Un nom introduit par Tarticle indéfini sera d’abord repris soit par un pronom
relatif ou un pronom de troisièm e personne» soit par le déterminant démons*
tratif La reprise par Particle défini sera plus tardive dans le texte :
H ier soir, j’ai lu un rom an
qui a été écrit par Stephen King. (1 )
I l a été écrit par Stephen King. ClO
Ce roman a été écrit par Stephen ICing. (1 ”)
Il est un cas, cependant, où le déterminant dém onstratif rie peut pas être la
prem ière anaphore et doit céder la place à Particle défini, parce qu’on a
affaire à une énumération ou à une - série • :
Hier, j’ai lu un rom an et j’ai regardé un film à la télévision.
Le roman était insipide et le film nul I
• En résumé, l’adjectif démonstratif, déterminant du nom, peut jouer trois rôles
bien distincts ;
- un rôle monstratif ou déictique en situation ;
- un rôle énonciatif tem porel, lié au « ici/maintenant » du locuteur ;
- un rôle anaphorique veillant à la cohésion textuelle,
• Pour une discussion sur le pronom dém onstratif neutre « ce/c’ % voir dos
sier 1, 1, pp. 14-15, dossier 2, 1, pp. 24-25 et dossier 6, 3, pp. 105-106.
54
3. ^actualisation du nom com m un
• Si les possesseurs sont multiples (plus de un), on constate que seule se mani
feste l’opposition singulier/pluriel :
(n ou s) .n otre m anoir
notre voiture
nos vieilles bouteilles
(vou s) votre jardin
votre villa
vos tableaux
(ils/elles) leur château
leu r propriété
leurs richesses
• N otez que le genre du possesseur n’est pas indiqué dans la form e du pos
sessif r
Vous connaissez Pierre ? Son m anoir est à vendre. ,
M artin , est-ce que ta villa est à louer ?
La m a rq u ise m’a dit qu e s o n château avait brûlé.
Le pharm acien a vendu sa propriété.
Ce qui n’est pas le cas dans toutes les langues, notamment en anglais, où le
genre du possesseur est marqué par la différence - his/her •.
55
- Non, c elle s d e Pierre et dans sa poche.
- Laquelle ? La sien n e ou c e lle d e Pierre ?
- Non, dans c e lle d e Sylvie.
- Donc, il a reirouvé les clés de Pierre dans la poche de Sylvie ?
- C‘est exact !
4. La re la tio n d’a p p arten an ce marquée par le co m p lé m en t d e n o m
(cf. dossier 6, 2, pp. 100-101) :
Il a retrouvé le s clés du pharmacien dans la poche d e Sylvie.
— Où est le tien ?
—Je ne sais pas,
— Qu'estKre que tu fais avec le passeport de Marie ?
Elle a dû se trom per : elle a pris le m ien et m*a laissé le sien.
• Comme les exem ples précédents le dém ontrent, les pronom s possessifs et
démonstratifs perm ettent de reprendre un nom (rô le de reprise), tout en indi
quant précisém ent la relation d’appartenance qui existe entre ce qui est
possédé et le possesseur. Ils servent à distinguer plusieurs référents.
■ Le déterm inant possessif (m on, ton, son, etc.) est très souvent em ployé,
non pas pou r m arquer une réelle relation d’appartenance entre un possesseur
et ce qu’il possède, mais pour faire l'écon om ie de toute une proposition rela
tive déterm inative :
Ce matin, j’ai téléphoné à ma banque.
Dans m on quartier, il y a plein de petits magasins.
M on boucher est en vacances cette semaine.
Cet après-midi, je vais aller acheter mes baskets.
Chacun de ces em plois du possessif évite toute une proposition du type ;
M a banque La banque dans laquelle j’ai mon com pte.
M on quartier Le quartier où j’hàbite.
M o n boucher Le boucher ch ez q u i j’achète habituellem ent la
viande.
57
M es baskets Les baskets qu e fa i vues dans un magasin et
que j’ai enfin décidé d ’aller acheter.
• Dans certains cas, U peut y avoir une sorte d’inversion des possesseurs.
O bservez ce dialogue extrait du film Alexandre le bienbeuretix :
La fille : Vous avez m a photo ?
Alexandre : Pourquoi ? C’était sérieux ?
La fille : Ben m oi, je vous ai apporté la m ie n n e !
Hors situation et hors contexte, ce dialogue est presque incom préhensible. En
fait, la fille veut dire à Alexandre :
M a photo -► Une photo de vous et que vous aviez prom is de
m e donner.
La m ien n e Une photo de m oi que j’avais prom is de vous
apporter
Ici, ^ m a photo » et - la m ie n n e ■ réfèrent à deux objets différents, dont un
seul représente réellem ent le portrait de la fille, l’autre référant au portrait
d’Alexandre.
A P R O P O S O U S A V O IR -F A IR E
► O n ne négligera pas dans Tenseignement/apprentissage du FLE l’élasticité
de sens que peuvent avoir les déterminants possessifs en français.
Cette même élasticité pourra servir de base pour l’élaboration d’exercices de
transformation (ou des paraphrases) faisant apparaître une relative détermina
tive :
M a banque est ferm ée. La banque où j’ai un com pte.
Je vais acheter m es baskets. Les baskets qu e j’ai vues et q u i
m e plaisent.
J’ai manqué m o n train. Celui q u e je devais prendre à
telle heure.
• L'enseignement/apprentissage des démonstratifs et des possessifs (adjectifs
et pronom s) devrait; être simultané, si on veut bien constater ce qui se passe
effectivem ent dans toute situation de communication réelle.
• Il est essentiel qu’un apprenant comprenne très vite les différentes structures
linguistiques susceptibles de marquer l’appartenance.
Tout cloisonnement, par étude systématique de catégories grammaticales trop
isolées les unes des autres, risque d’em pêcher la conceptualisation des équi
valences entre des énoncés com m e :
C’est le livre de Pierre.
C’est son livre.
C’est celui de Pierre.
C’est le sien.
Ce livre est à Pierre.
C’est à Pierre.
L’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère exige que les appre
nants soient confrontés au « sens • véhiculé par des form es, même si celles-ci
paraissent souvent trop com plexes du point de vue des enseignants.
58
3. L'actualisation du nom com m un
>• Dans Tapprentissage des form es du déterm inant possessif, il faut s’attendre
à bien des difficultés. Les apprenants m élangeront les form es, les genres et le
nom bre. Com m e il s’agit d’un automatisme à saisir, l’enseignant se contentera
d’une correction « par écho *.
Une fois le système clairem ent expliqu é, il n’est pas nécessaire d’insister dém e
surément sur une erreur liée à rin calque sur la langue m aternelle, com m e cela
peut se produire lorsqu’un apprenant anglophone dit « m on fem m e • pour par
ler de celle qui lui est la plus chère au m onde.
Une sim ple correction « en écho » suffira pour que peu à peu l’automatisme de
la relation possessive en français se mette en place.
Dans tout enseignem ent/apprentîssage d’une langue étrangère, on s’efforcera
de se rappeler que c ’est l’apprenant qui apprend.
L’enseignant, s'il ne veut pas devenir un blocage à l’apprentissage, s’efforcera
de laisser ses apprenants apprendre, tout en leur donnant les m oyens • dis
crets - d e le faire.
Les apprenants ne sont pas des tabula rasa, ils sont tout à fait capables de p ro
fiter efficacem ent d ’une correction - en écho •, qui les inform e tout en les lais
sant libres d e s’auto-corriger individuellem ent.
Cependant, lorsque l’erreur est liée à un calque su r lasyntaxede la langue mater
nelle, com m e cela peut être le cas dans les productions des apprenants italiens, il
sera indispensable d’expliquer le fonctionnem ent de la structure française et de
corriger systématiquement les erreurs, quand elles se m anifestent :
•J’attends une ta lettre.
•J’ai téléphoné à le m on père.
•On sort avec les mes parents.
Ce type d’erreurs laisse entendre qu ’en italien l’adjectif possessif peut se com
biner avec un article défini ou indéfini, sur l’axe syntagmatique, car dans
cette langue le possessif est réellem ent adjectif et ne perm et pas d’actualiser
le nom.
En français, cela est im possible car les articles définis et indéfinis, le dém ons
tratif et le possessif font partie d’un m êm e paradigm e, celui des déterminants,
ce qui exclut leur présence simultanée sur l’axe syntagmatîque.
Le possessif français actualise le nom de façon définie, tout en indiquant la
dépendance.
Lorsque l’actualisation est de type indéfini, le français a recours à la construc
tion suivante :
Un d e mes frères.
Les hispanophones ont beaucoup de problèm es pour différencier les em plois
de - ses ■ et * leur/leurs «» ;
•Le dimanche, les enfants vont dîner chez ses parents, (leurs
parents)
•Les Corm eaux sont partis sans ses enfants, (leurs enfants)
•Sa m ère de les enfants est pharmacienne. Oêur m ère)
•Ils ont vendu sa m aison de campagne. Oeur m aison)
Ce type d ’erreurs im plique que l’enseignant devra insister siir la référence au
possesseur :
- un seul possesseur ? son, sa, ses...
- deux ou plusieurs possesseurs ? leur, leurs...
59
Des exercices systématiques en contexte permettront aux étudiants de s'ap
proprier les em plois du possessif se référant à un seul individu ou à plusieurs
(cf. Prem iers exercices de grammaire^ pp. 73-74, © Hatîer-Didier, 1983).
On trouve chez les anglophones Terreur suivante :
•Il a toujours ses mains dans ses poches, (les mains dans les
poches)
En français, contrairement à ce qui se passe en anglais, c’est Tartîcle défini qui
actualise le substantif lorsque la relation d ’appartenance est évidente (les par
ties d’un tout).
• D ’une façon générale, l’enseignant minimisera la gravité des erreurs liées aux
automatismes (genre, nom bre).
Ceux-ci se mettront en place peu à peu, et d’autant plus facilem ent qu’on ne
leur donne pas une im portance dém esurée lorsqu’une erreur se produit.
Rappelons que la correction - en écho - ne coupe pas la parole aux appre
nants, elle leur signale sim plem ent que leur formulation peut être am éliorée.
Cependant, il faudra égalem ent proposer des exercices d e grammaire en situa
tion, exercices qui aideront les apprenants à réfléchir sur les différences d’em
p lo i des possessifs, notamment pour ce qui concerne les différences d’em ploi
de « ses - et - leur/leurs •».
6. La quantification
C e q u ’i l f a u t s a v o i r
• « Eau 1 -lait • et « b ière * ne sont pas comptables. Pour les quantifier, on doit
utiliser :
du devant un nom m asculin ,
d e la devant un nom fém in in ,
de T devant un nom commençant par une v o y e lle ou un
« h » m u et
ßo
3» Vactualisation du nom com m un
• Attention, selon la situation d’em ploi, les êtres non dénom brables
peuvent être envisagés com m e des unités individualisées, c’est-à-dire de façon
dénom brable. Par exem ple, pain » est généralem ent considéré comme « mas
s if % non dénom brable ;
O n m ange du pain à tous les repas.
Je vais acheter du pain à la boulangerie.
(C ’est-à-dire : une certaine q u an tité de pain .)
Mais, à la boulangerie, on dira :
Je voudrais u n pain, s’il vous plaît.
D onnez-m oi tro is pains et six croissants.
(C ’est-à-dire un certain n o m b re d’unités individualisées.)
D e m êm e, observez la différence entre :
J’ai trouvé u n travail dans une entreprise de jouets.
Ces jeunes gens cherchent du travail.
Il a une chance sur deux d e réussir à cet exam en.
Elle a eu d e la chance, elle a été reçue à son exam en l
• Les nom s abstraits sont généralem ent actualisés par les quantificateurs du
non com ptable :
Vous avez d u courage ?
Il faut de la patience et de l ’énergie..
Vous avez eu d e la chance !
Quand ces noms abstraits sont qualifiés par un adjectif, ils sont alors précédés
d’un quantificateur du com ptable :
Vous avez eu un courage extraordinaire !
Elle a une patience d’ange !
Ils m anifestent imc énergie hors du commun.
• Les noms désignant des éléments naturels sont le plus souvent actualisés
par des quantificateurs du non com ptable :
Il y a du soleil, aujourd’hui.
Il y a du vent et de la pluie sur les côtes.
Il y a déjà d e la neige sur les Alpes.
II y a souvent du brouillard sur les routes, soyez prudents !
Il y a d e l ’orage dans l’air !
Q ualifiés par un adjectif, ils sont précédés d’un quantificateur du com ptable
qui les particularise :
Ce matin, il y a eu u n e plu ie torrentielle.
Maintenant, il y a u n soleil de plom b.
• Les nom s désignant les activités sportives et musicales sont souvent actua
lisés par des quantificateurs du non com ptable :
O n fait du tennis et de la planche à voile.
Elle fait de la gymnastique et de la danse classique.
Ma fille fait du judo, mon fils de l ’aïkido.
Les jeunes jouent de la guitare ou font du piano-jazz.
• Certaines grammaires disent que la présence de du, d e la , d e 1’ devant les'
noms désignant sport et musique est liée à la construction du verbe fa ir e de,
com m e il existe» effectivem ent, un verbe |ouer de.
Mais on note qu'il est possible de dire : .
Ce matin» je vais fa ire mon jogging au Luxembourg.
Cet après-midi, je fe r a i ma gymnastique.
Mon tennis, je le fe r a i quand j'aurai le temps !
Exem ples qui font totalement disparaître la préposition d e, ce qui n'est pas le
cas pour les verbes strictement régis par la préposition d e :
JTai b e s o in du sport pour être bien, alors je fa is du sport tous
les matins.
J’a i b e s o in d e m o n jogging pour être bien, alors je fa is m o n
jogging.
II s’agit donc bien, dans ces emplois, de la vision que le locuteur veut don
ner : vision massive (faire du joggin g), vision individualisée (fa ire son joggin g).
62
3. Vactualisation du nom commun
■ A p p ré c ia tio n d e la qu an tité.
Toute quantité peut être appréciée en plus ou en moins, selon le point de vu e
du locuteur :
1 . La quantification orientée vers le plus ou vers le moins C-) :
------------------------------------------------ -------------------------------------
pas d*eau peu d ’eau un peu d’eau beaucoup d ’eau
d’enfant peu d’enfants - beaucoup d’enfants
pas d e courage peu de courage un peu de courage beaucoup de courage
2. La quantification relative :
C - )- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ► (+ )
pas assez d ’ eau assez d ’eau tro p d ’eau
pas assez d ’enfants assez d ’enfants tro p d ’enfants
pas assez d e courage assez d e courage tro p d e courage
pas assez d ’argent assez d ’argent tr o p d’argent
63
Il y a b eau cou p tro p d ’étudiants dans ce cours, (à mon avis)
II gagne tro p p eu d ’argent pour faire vivre sa fam ille 1
Tu gagnes b eau cou p tro p p eu d ’argent pour louer une
chambre !
Dans cette tasse, il y a assez d e café pour Marie.
A vec tr o p de, le locuteur indique un excès par rapport à une lim ite qu’il se
fixe.
A vec tro p p eu de, la lim ite est franchie dans Je sens du « moins ».
A vec assez de, le locuteur indique une lim ite qui est satisfaisante à son gré,
mais qu’il ne veut pas dépasser.
■ La co m p a ra is o n e t la q u a n tifica tion .
On peut com parer deux quantités :
1. Comparaison d'égalité : au tan t d e ... qjae
Ils prennent au tan t d e médicaments q u e les Français.
2. Comparaison de supériorité : plus d e ... q u e
Ma m ère a eu p lu s d ’enfiants q u e la vôtre.
Je fais p lu s d e sport qu e vous.
3- Comparaison d ’infériorité : m o in s d e ... q u e
Chez nous, on mange m o in s d e pain qu ’en France.
AA
3. Vactualisation du nom com m un
• Les quantités reprises par le pronom e n peuvent être précisées par un quan
tificateur :
T Des magasins ? Il y e n a p lu sieu rs en bas de la ville.
- Des ciném as, vous e n a vez qu elq u es-u n s avenue des
Gobelins.
- Du travail, vous e n trouverez très p eu dans cette petite ville,•
65
On peut donc passer d e la notion de quantité indéfinie à la notion de déter-
hiination spécifique. L'inverse est égalem ent vrai :
- Vous avez encore te journal d'hier ?.
- J e n*en ai plus. J'ai tout vendu.
Évidemment, le référent n-est plus considéré de la même manière, puisqu'il y
a passage d’un objet envisagé comme quantifié à la vision du même objet
envisagé com m e spécifiquem ent déterm iné (ou inversement).
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Aussi faut-il se m éfier quand on dît, dans une classe de langue, que le pro
nom e n reprend automatiquement tout nom marqué par un indéfini ou un
partitif.
- Vous avez u n titre de transport ? U n e carte orange ?
- Je suis désolé, je Tai oubliée chez moi.
En observant cet échange, on constate qu*- un titre de transport » ou - une carte
orange * est immédiatement repris par un pronom personnel COD bien spéci
fique, Certes, on peut retrouver la transformation avec en , mais cela ne serait
pas un m oyen bien économ ique :
- Vous avez une carte orange ?
- Oui, j’en ai une.
- Pouvez-vous me montrer votre,carte orange ?
- J e suis désolé, je Tai oubliée chez moi.
Si ce dernier échange est effectivem ent tout à fait grammatical, il n’est guère
approprié aux circonstances 1
Dans la conversation quotidienne, il y a ellipse possible de certaines transfor
mations intermédiaires, pour répondre aux exigences de l’économ ie de la
parole.
Mais un apprenant, à qui on donne les règles form elles d e la grammaire, hors
contexte, peut les appliquer telles qu’on les lui a apprises et dire, pensant res
pecter la règle :
- Vous avez u n e carte orange ?
• -J 'e n ai oubliée une, chez moi.
Réponse qui est possible, à condition que l’apprenant ait une autre carte
orange sur lu i...
À force de • réciter * aux apprenants des règles, hors situation d’em ploi, on
peut les conduire à des erreurs tout à fait regrettables.
66
Зк Vactuaîisation d u n om co m m u n
67
à cet être« Q uelle que soit la quantité de - massif * invoquée, c*est toujours glo
balem ent du « massif » ; par exem ple • une goutte d’eau •, c’est toujours de
l’eau I Alors qu’ « un m orceau de tasse •, ce n’est pas globalem ent - une
tasse •, c’est autre chose«,.
• Pas peut s’em ployer seul devant un pronom tonique, un substantif, un adjec
tif, un adverbe : •
- Q ui veut venir travaîller samedi ?
-P a s m oi.
6Q
—Je peux prendre ta voiture ce soir ?
- Pas ce soir.
- Ils t’ont proposé de l’argent ?
- P a s de l’argent, des heures supplémentaires I
- Quand puis-je venir ?
—Pas demain, après-demain.
- Comment as-tu trouvé les B oli ?
- Pas désagréables du tout,
• En m odalité interrogative, s’il y a une inversion, les particules négatives n e
et pas encadrent l’inversion : n e verbe + p ron om personnel sujet pas.
N ’avez-vous pas le téléphone ?
N ’ est-elle pas française ?
N e travaillent-ils pas ?
• Attention, si le verbe est à un tem p s co m p o sé les particules négatives n e et
pas encadrent V au xilia ire :
Elle n ’est pas partie, elle est restée à Paris.
Je n ’ai pas visité le musée d’Orsay, mais j’ai vu l’exposition
Barnes.
Hier, ils n ’ont pas acheté le journal, ils ont acheté le Pariscope.
• Un verbe à l’in fin it if peut être à la form e négative. Dans ce cas, les deux
particules négatives sont placées devant l’infînitif :
N e pas éteindre le chauffage.
N e pas ouvrir les fenêtres.
Il a eu une am ende pour n e pas avoir composté son billet. (1 )
Il a tout fait pour n e pas payer cette amende.
(1 ) Quand le verbe est à l’in iin it îf passé, les particules négatives peuvent
aussi encadrer l’auxiliaire ;
Il a eu une amende pour n ’avoir pas composté son billet.
Elle a manqué son train pour n e s’être pas réveillée à l’heure.
70
4. L'affirm ation et la négation
■ N ’est-ce pas ?
Pour vérifier l ’exactitude d’une inform ation, on utilise le m orphèm e n’est-ce
pas ? :
- Vous êtes français, n ’est-ce pas ?
- Non, je suis italien I
- M arie B oli est chimiste, n’est-ce pas ?
- O uï, elle est chimiste.
L’inform ation que Гоп veut vérifier peut être à la form e négative :
- Vous n ’êtes pas français, n’est-ce pas ?
- Non, je suis italien;
- M arie B oli n ’est pas chimiste, n’cst-ce pas ?
- Si, elle est bien chimiste, je vous assure !
71
Lorsque cette négation s’applique à des verbes conjugués à un temps sim ple,
on trouve soit la form e n e .„ n i n e, soit la form e renforcée (à valeur d’insis^
tance) n i n e... n i n e :
Pierre n e danse n i n e chante.
Pierre n i n e danse n i n e chante.
72
4, L'ajftrm ation et la négation
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
"7:^
2. L’affirmation et la négation relative
Ce q u 'i l f a u t s a v o i r
• Il semblerait qu’il existe une légère nuance de sens entre tou jou rs et
en co re, marquant la continuité ininterrompue.
O bservez la légère différence :
Marc est toujours célibataire.
Marc est encore célibataire.
L'adverbe « toujours - sem ble plus neutre, alors que l’adverbe « encore • pré
suppose un « jugem ent • im plicite. Le contexte et l'intonation jouent certaine
ment un rôle important dans l'inteiprétation de ces nuances liées à la présup
position et à l'im plicite.
74
4. U ajjfirm ation et la négation
75
A D U S A V O IR -F A IR E
76
4. V a ffirm a tion et la négation
quelqu’un
personne
unité n ’im porte qui
personne
quiconque
■ Les îndéfînis de sens positif peuvent entrer dans des phrases affirmatives
ou dans des phrases négatives :
Quelqu’un, n’est pas encore arrivé, « IL manque quelqu’un.
Quelque chose ne tourne pas rond. * Quelque chose fonction
ne mai.
Il n’est pas parti n’importë où. = Il est parti quelque part.
• Dans les phrases à la form e négative, les deux partiCLiles négatives n e,., pas
sont obligatoirem ent présentes :
On ne dem ande pas quelque chose à n’im porte qui l
Ne parle pas à quelqu’un que tu ne connais pas.
• En revanche, les indéfinis de sens négatif entrent nécessairement et exclusi
vem ent dans des phrases à la form e négative.
En fonction de com plém ent du verbe, ils se substituent à la particule négative
pas et sont donc placés après le verbe ;
Tu n ’iras n u lle p art, cet été ?
Marie ne mange rien.
Je ne vois personne.
En fonction de sujet du verbe, ils se placent au début de la phrase et sont sui
vis de la particule négative n e :
Personne ne viendra ce soir.
R ien n e lui fait peur.
• S’il est vrai que les indéfinis de sens négatif se substituent à la particule néga
tive pas, ils peuvent cependant se com biner avec les particules jamais et plus,
ce qui souligne la différence entre la négation ne.,, pas et les négations à
valeur tem porelle ne.., jamais et ne.,, plus ;
Je ne vois jamais personne.
Rien ne va plus.
Personne n’a plus jamais parlé de cette afiFaîre.
On peut même trouver l’étrange combinaison suivante :
Non, personne n'a plus jamais rien dit 1
qui fait apparaître six élém ents négatifs, dans une phrase ne contenant que huit
mots...
78
4. V qffîrm a tion et la négation
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
79
Beaucoup d ’apprenants prennent en effet « personne » et rien • pour des indé
finis positifs, au même titre que - quelqu’un • et ^ quelque chose ».
Il se pourrait aussi que cette erreur provienne d’une confusion avec le sub
stantif • la personne ».
On trouve égalem ent des erreurs qui prouvent que rapprenant ne saisit pas
toujours le rôle nominal de l’indéfini rîe n , qu’il prend pour un « représen
tant - ;
*Vous pouvez m’en voyer de l’argent parce que je n’en ai rien.
► Les pronoms indéfinis tou t, tou s, tou tes sont souvent confondus et posent
des problèm es de syntaxe :
80
4. Vqffxrm ation et la négation
pour qu*elles puissent, ensuite, être correctem ent appliquées, à Poral et à Técrit.
C’est l’o b jectif de toute activité de découverte des règles.
Plus les apprenants participeront activem ent à la découverte des règles d’em
p loi et moins ils feront d ’erreurs dans leur production.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Au cours de l’apprentissage,, on remarque que les apprenants éprouvent une
certaine difficulté à placer correctem ent l’adverbe seu lem en t après le verbe ;
"Je seulem ent bois du lait.
81
Us oublient aussi le plus souvent d*actualiser le nom après la particule qu e ;
♦Je ne fais que tennis.
•Je ne bois que lait.
Il est donc utile de leur faire pratiquer la négation exclusive, en veillant à rem
p lo i correct des déterminants exigés par la syntaxe et la sémantique :
n’aim er que
ne prendre que nom à valeur générale ou nom lié
+ le / la /1’ / les +
ne regarder que à une expérience partagée
B
1. Il ne mange pas de gâteaux. 1. Il ne mange que des gâteaux.
2. Elle ne prend que 1*avion. 2. Elle ne prend pas l’avion.
3. Je n’ai pas de monnaie. 3. Je n’ai que de la monnaie.
Les apprenants notent sur leur cahier les énoncés qui correspondent à « seule
ment » ou - uniquement • : A2, B l, B3, etc.
Pendant les exercices oraux portant sur la négation exclusive, l’enseignant
devrait aussi veiller à ce que les apprenants mettent bien un accent dHnsistance
sur la particule q u e : ‘
— Vous faites du basket ?
- Non, je ne fais q u e du tennis, etc.
82
^tion
et la
1. L’interrogation totale
et l’interrogation partielle
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
83
décrire la conversation com m e une chaîne de questions/réponses, ce qui ri'est
pourtant pas toujours le cas.
Par exem ple, la - question rhétorique -, qui perm et de masquer ou’ de voiler
une assertion, ne dem ande qu’une réaction d’écoute mais pas de réponse ver
bale.
D e plus, on constate bien souvent qu’une question n’est pas obligatoirem ent
suivie d’une réponse.
Elle peut, en effet, donner lieu à une au tre q u estio n ou à une ré p liq u e sur
la question :
- Vous n ’avez pas de montre ?
- Qu’est-ce que ça peut vous faire ?
- Comment l’entendez-vous ?
- Que voulez-vous dire par là ?
Parfois, l’interrogation peut être m êm e considérée com m e une réaction ver
bale, donc une sorte d e • réponse -, à une simple situation :
Vous êtes allée ch ez le coiffeur ?
Elle peut être, enfin, m otivée par un stimulus du type « A llô ? », à valeur inter
rogative ;
■ La modalité interrogative.
On distingue deux types de questions ; la question totale et la question par
tielle (cf. dossier 2, p. 22).
1. La question totale ne dem ande de l’interlocuteur qu’une sim ple confirm ation
ou qu’une sim ple infirm ation. Certains préfèrent l’appeler • question ferm ée »,
parce qu’elle contient à la fois le thèm e et le propos :
Vous êtes étrangers ?
Est-ce que vous êtes étrangers ?
Éÿes-vous étrangers ?
Vous n’êtes pas français ?
84
5« VinterrogaH on et la fo rm e interrogative
■ Les questions peuvent être soit à la form e affirm ative, soit à la form e
négative :
Êtes-vous arrivés à l’heure à l’aéroport ?
Pourquoi vous a-t-il accom pagné ?
Est-ce que vous n’aviez pas perdu votre m ontre ?
Q u’est-ce que vous n'avez pas apprécié ?
Est-ce que vous n’êtes pas arrivés en retard ?
Pourquoi ne vous a-t-il pas accom pagné ?
■ Syntaxe et intonation.
À l’oral, les questions ont une intonation spécifique :
- l’intonation est montante, pour les questions sans m orphèm e interrogatif :
Tu vien s ce soir ?
Tu as dem andé à tes parents de sortir ?
S’il y a plusieurs groupes rytlimiques, le sommet de la courbe intonatîve et un
accent d’insistance indiquent sur quel point d’inform ation porte la question :
Tu viens, ce soir ?
Tu viens ce soîr avec ta sœur ?
Tu viens ce soir avec ta sœ ur ?
Tu as demandé à tes parents d e sortir ?
Tu as dem andé à tes parents, de sortir ?
- l’intonation est descendante, suivie d’une légère m ontée finale ou de la
tenue de la dernière syllabe accentuée, pour les questions ayant un mor
phèm e interrogatif :
Qui peut me donner l’heure ?
Est-ce qu 'il n’est pas l’heure de partir à l’aéroport ?
Quand voulez-vous partir ?
Com m ent voulez-vous que je le sache ?
85
Est-ce qu*il n*est pas l’heure de partir à raêroport ?
Est-ce que vous vous portez bien ?
— la question partielle :
Quand est-ce que vous partez ?
Où est-ce que vous allez ?
Comment est-ce qu*il faut faire ?
Combien est-ce que vous avez payé ?
Pourquoi est-ce que vous le rencontrez ?
Quelle adresse est-ce que vous lui avez donnée ?
■ L’inversion.
En registre de langue soutenu, à l’oral ou à l'écrit, la m odalité interrogative
donne lieu à une in v e rs io n ; c’est-à-dire que l’ordre des mots sur Taxe syn-
tagmatique (sujet/veibe), propre à toute modalité déclarative, devient
verbe/pronom personnel sujet ;
Avez-vous l'heure ?
N ’est-il pas l'heure de partir à l’aéroport ?
86
5. V interrogatîon et la fo rm e interrogative
Quand partez-vous ?
Où allez-vous ?
Qui devez-vous rencontrer ?
Pourquoi faut-il què vous le vo y iez ?
Com bien avez-vous payé ?
Q ue désirez-vous faire ?
Comment faut-il faire ?
Q u elle heure est-il ?
Q uel train devez-vous prendre ?
Comme ces exem ples le montrent, Tinversion se réalise aussi bien pour les
questions totales que pour les questions partielles.
Cependant :
1. La question totale est introduite par le verb e conjugué ou Tauxiliaire :
Avez-vous m onté mes bagages ?
Les descendrez-vous plus tard ?
87
l’inversion du nom propre ou du nom commun sujet, en fonction de la
construction du verbe :
a. l’inversion peut se faire avec un nom propre ou un nom commun, sujet d’un
verbe intransitif :
Où sont descendus vos parents ?
Quand repartent vos amis ?
Comment s’est com porté Jacques ?
b. rinversion peut se faire avec un nom propre ou un nom commun sujet d’un
verbe transitif com plexe, d’un verbe transitif indirect souple ou rigide (cf. dos
sier 2, p. 31) :
À qui répond Jean ?
À qui a téléphoné Marie ?
À quoi ressemblait cette peinture ?
D e qui se souviennent les personnes âgées ?
c. l’inversion d oit se faire avec le substantif sujet d’un verbe transitif direct
(sim ple ou com plexe) quand la question porte sur le COD inanimé :
Que fait Pierre ?
Qu’a décidé Marie ?
Qu’ont critiqué les étudiants ?
Mais si le COD est un animé, comment pourrait-on interpréter, sans ambi
guïté, sa fonction ? Est-il sujet ? Est-il com plém ent ?
O bservez la form ulation des questions suivantes :
Qui aim e Pierre ? Qui a critiqué l’étudiant ?
Qui a invité Marie ? Qui a dénoncé l’évêqu e ?
Ce cas d ’ambiguïté flagrante ne concerne que le nom (propre ou commun) au
singulier. Au pluriel, les noms en fonction sujet peuvent contourner l’ambi
guïté, du fait que leur verbe sera nécessairement à la troisièm e personne du
pluriel :
Qui ont invité Marie et ses amis ?
Mais cela n ’est vrai qu’à l ’écrit.
À l’oral, ont pourrait toujours se demander q u i fait quoi, puisque la différen
ciation sîngulier/pluriel n’est pas toujours audible :
Qui avaient donc critiqué les étudiants ?
La difficulté relève des deux fonctions (sujet/COD) que peut éventuellem ent
assumer le pronom interrogatif qui.
Pour lever cette am biguïté, quant à la fonction grammaticale du m ot interro
gatif, il faut obligatoirem ent faire inteivenir un m orphèm e de support lors de
l’inversion :
Qui Jean aime-t-Ü ?
Qui Marie a-t-elle invité ?
D ’une façon générale, il est toujours possible d’utiliser un m orphèm e de sup
port, lors d ’une inversion. Que ce m orphèm e soit nécessaire ou non :
Où vos parents sont-ils descendus ?
À qui M arie a-t-elle téléphoné ?
À qu oi cette peinture ressem blait-elle ?
88
5. V interrogation et la fo rm e interrogative
• Le m orphèm e de support n’est pas em ployé non plus dans l’inversion carac
térisant, en registre de langue soutenu, les relatives quand le pronom relatif a
une fonction de com plém ent :
La bière que b oit Paul n’est plus très fraîche.
Les élèves auxquels pense d ’abord cet enseignant sont faibles.
La personne qu e préfère Marie ne téléphone pas très souvent.
89
A PH O I^O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les questions partielles interrogeant sur les personnes ou les choses (pro
noms interrogatifs q u i et qu e), avec présence du morphèm e est^ce que, ont
une syntaxe qu'il est indispensable d'analyser dans le cadre de l'enseignem ent
du français langue étrangère.
Observez :
Q u i est-ce q u i vient dîner ce soir ?
Qu'est-ce qu i fait ce bruit ?
Q u i est-ce qu e vous avez rencontré ?
Qu’est-ce qu e vous regardez ?
En observant ces exem ples, on constate que dans ces questions on a affaire
d'une part au système des pronom s interrogatifs, d'autre part au système des
pronoms relatifs.
Les deux systèmes gardent leurs caractéristiques spécifiques :
2, Il existe aussi une distinction syn ta xiq u e entre les pronom s relatifs q u i et
que. Le pronom relatif q u i est sujet du verbe de la proposition relative et le
pronom relatif qu e est COD du verbe de la proposition relative :
Qü'est-ce q u i fait ce bruit ?
Qui est-ce q u e vous avez rencontré ?
Q ui est-ce q u i vient dîner ce soir ?
Qu’est-ce qu e vous avez fait ?
Dès lors, il n’est pas étonnant que ce double système pronom inal combiné,
interrogatif et relatif, pose d'énorm es problèm es d’apprentissage aux étudiants
étrangers.
D'autant plus que ce sont des h o m o p h o n es (m ots ayant une même form e)
qui répondent à des exigences d'une part sémantiques (qu î/qu ’) et d’autre part
syntaxiques (quî/que/qu’).
C’est pourquoi la distinction sémantique (N H +/N H -) des pronom s interrogatifs
qui/qu’ déclenche, avec le système des pronom s relatifs quî/que/qu’, une
90
5. Vint& rrogation et la fo rm e interrogative
analogie presque automatique qu 'il est très d ifficile de corriger, surtout ch ez les
étudiants latins :
♦Qui est-ce qui tu as invité ?
♦Qu’est-ce que tom be par terre ?
• Comm e ce type de questionnem ent apparaît dès les débuts d e l’apprentis
sage, il sera indispensable que l’enseignant soit conscient des difficultés qu’il
représente. N on pas pour l’exclure de l’apprentissage, mais pour le faire prati
quer, à l’occasion par exem ple :
- de jeu x de devinettes :
Q u’est-ce qui marche sans m archer ?
Q u’est-ce qui est jaune et rond ? *
- de questions sur les connaissances générales :
Q ui est-ce qui a inventé le m orse ?
Qui est-ce qui a découvert le virus du sida ?
- de questionnaires d’interview s ;
Qu’est-ce que vous faites le dim anche ?
Q u’est-ce que vous aim ez com m e film s ?
Lors de ces activités, l ’accent sera mis sur l’opposition phonétique (position des
lèvres) [keskil [keska] ou Bdeski] [kieska].
Plus tard dans l’apprentissage, au cours de l’étude des pronom s relatifs, par
exem ple, l’enseignant pourra signaler explicitem ent aux apprenants le jeu
hom ophonique de ces em plois com binés et faire com parer leurs valeurs
sémantique et grammaticale totalem ent différentes.
2. L’interrogation indirecte
et le discours indirect
Ce q u ' i l f a u t s a v o i r
■ Lors d ’une intenrention verbale, il n’est pas rare que le locuteur ait à insérer
dans son propre discours des paroles lues ou entendues. C’est un aspect de la
polyphonie de la parole. Plusieurs v o ix , plus ou moins distinctes les unes des
autres, peuvent se faire entendre dans une énonciation et c’est le cas, notam
ment, dans le d iscou rs in d ire c t, dont fait partie l’interrogation indirecte.
92
5. V interrogation et la fo rm e interrogative
93
Le discours indirect libre est fréquem m ent em ployé en littérature. Gustave
Flaubert en a fait, par exem ple, un élém ent caractéristique du style de M adam e
Bovary.
• Le fait que le verbe opérateur soit au passé va influer sur le temps des verbes
du discours direct Ccf. dossier 8, 4, pp, 169-170) :
A u discours direct^ les verbes sont : A u discours in d irect, les verbes seront :
1. au présent de Tindicatif à l’imparfait
2. au passé com posé au plus-que-parfait
3. au futur sim ple au conditionnel présent
Cette transposition tem porelle que subissent les verbes du discours direa, lors
qu’ils entrent dans un discours indirect, est appelée la co n cord a n ce des
tem p s.
Aucune transposition tem porelle n’a lieu si les verbes du discours direct sont
déjà à l’imparfait ou au plus-que-parfait :
— discours d irect :
J’étais parti en retard de chez m oi parce que je ne retrouvais plus
mon passeport.
- discours in d ire ct :
Je leur ai expliqué que j’étais parti en retard de chez m oi parce
que je ne retrouvais plus mon passeport.
A P R O P O S r> .U S A V O IR -F A IR E
95
C’est-à-dire :
1. em ployer le verbe opérateur qui convient, selon la m odalité syntaxique de
la phrase à transformer ;
2. utiliser correctement « si ou le m ot interrogatif adéquat ;
3. ensuite, apprendre à transformer en « ce que • et « ce qui • les questions par
tielles commençant par « que ou - qu*est-ce que/qu*est-ce qui - ;
4. transposer en « de • + infinitif, des phrases impératives et des questions
totales à valeur de dem ande de perm ission ;
5* enfin, maîtriser la concordance des temps au discours indirect.
Dans les productions des apprenants débutants, on trouvera des erreurs du
type :
•Il dit que « je ne comprends pas bien le français
*11 a dît il ne com prend pas bien le français.
*11 a dit que « sortez ».
*11 a dit de sortez.
•fl a dem andé que si elle part ?
*11 a demandé que elle fait.
Ces erreurs soulignent la com plexité de la m ise en place du discours indirect
en général et de rinterrogation indirecte en particulier.
3. La polysémie
du verbe «demander »
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
Ш « Dem ander » permet avant tout de mettre au discours indirect une question
que l’on veut rapporter :
Je leur ai dem andé quelle heure il éta it
Ils m’ont dem andé quand je quittais le pays.
Elle m’a dem andé si j’avais retrouvé mon passeport.
96
5 *V interrogation et la fo rm e interrogative
O bservez ;
(1 ) Il m’a dem andé de m e taire et de l’attendre.
(2 ) Je leur ai dem andé de m e reconduire à l’aéroport.
(3 ) Je leur ai dem andé d e sortir et m êm e de parür.
(4 ) Je leur ai dem andé si je pouvais sortir et m êm e partir.
C5) Je leur ai dem andé qu’ils sortent et même qu’ils partent.
( ô J’ai dem andé que m on passeport me soit rendu.
(7 ) Elle a dem andé que son fils puisse partir avant m idi.
(8 ) J’ai dem andé à pou voir au moins parler à m on avocat.
(9 ) Ils ont dem andé à être présents à la confrontation.
(1 0 ) J’ai dem andé à ce que m on avocat soit égalem ent présent.
(1 1 ) Mon avocat a dem andé que la confrontation soit enregistrée.
Ce^ corpus d’exem ples m ontre que :
4. D em and er à i n f i n i t i f p e r m ití
- la transposition d’une dem ande d ’autorisation concernant le dem andeur lui-
même. Les sujets des deux verbes sont coréférentiels (8 ) ;
- la transposition d’une volon té ou d’un souhait ferm e. Cette construction n’est
possible qu’en cas de sujets coréférentiels (9 ).
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les différentes valeurs sémantiques du verbe d em a n d er seront étudiées peu
à peu, au fur et à mesure du travail progressif sur le discours indirect. Quand
toutes les constructions de d em a n d er auront été pratiquées, au cours d’acti
vités variées, sur une certaine période, l’enseignant pourra procéder à un
regroupem ent et proposer aux étudiants une réflexion sur les différentes
Q-7
valeurs pragmatiques et fonctionnelles de ce verbe dont voici les principales
manifestations :
1- Une dem ande d'information ou une demande de permission, sous form e de
question totale :
J’ai demandé s i Pierre venait ce soir.
J’ai demandé s i je pouvais sortir.
2. Une dem ande d ’information sous form e de question partielle ;
J’aî demandé ce qu e nous ferions cet été.
3- Une autorisation ou une permission dem andée pour soi-même :
J’ai demandé d e partir de bonne heure.
4. Une autorisation ou une permission dem andée pour un autre être :
J’ai demandé q u 'elle s o rte de l’école de bonne heure.
5. Un ordre/conseil donné à quelqu’un :
Je lui ai demandé d e sortir.
J’ai demandé q u 'il so rte.
6. Une volon té ou un désir exprim é pour soi-m êm e :
J’ai demandé à voir le directeur.
7. Une volon té ou un désir exprim é sur un autre être :
J’ai demandé à ce q u e le directeur s o it présent.
J’ai demandé qu e le directeur s o it présen t
98
1. L’opération de qualification
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
3* Par leur dépendance à un autre être qui les particularise ou* les caractérise
Oa construction N1 de n2, où • de n2 » a une valeur qu alificative) :
Il travaille dans une raffinerie de pétrole.
Elle a acheté un magasin de vêtements.
Ici, ,on ne vend que des vêtem ents de coton.
Nous voulons des m eubles de salon.
99
2. La détermination du nom
par le complément du nom
C e q u ’i l f a u t s a v o i r
100
6, la qu a lifica tion
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► La relation d’interdépendance s’étudie en début d ’apprentissage et pose sur
tout le problèm e de l’em ploi correct des contractions du et des.
Mais, pour certains apprenants, la syntaxe du grou pe nominal N1 d e N2 est
d’autant plus d ifficile à maîtriser que, dans leur langue maternelle, l’ordre des
mots de cette relation d’interdépendance est N2 + N1 (m y mother’s (N2] sister
[ N U ® la sœ ur [N I] de ma m ère [N 2]).
D ’où, parfois, de réelles difficultés d e comm unication, lors de ¡’apprentissage.
Cela concerne plusieurs groupes linguistiques dont les Anglo-saxons, les
Hongrois, les Turcs (çocukun [N2] kitabi [N I] = le livre [N I] dè l’enfant [N 2]),
etc. :
*Ce ne sont Thierry meubles.
*Où est étudiant passeport ?
En revanche, pou r les apprenants de langues latines, notre relation d’interdé
pendance, m arquée par le com plém ent du nom , possède une construction
syntactique équivalente à celle d e leur langue m aternelle Oa madré d el estu-
diante = la m ère de l’étudiant).
Bien sûr, on remarquera la difficulté qu’ont presque tous les apprenants à pro
noncer le U de du. Il faudra m ontrer à l’apprenant que le rt français est aussi
aigu que le i et presqu’aussi antérieur.
Pour aider l’apprenant à articuler correctem ent ce u, certains enseignants pas
sent par le î (antérieur, aigu et délabialisé), puis am ènent l’apprenant à labiali-
ser Qèvres arrondies) ce î qui devient dès lors un u.
Cela est une m éthode pratique, mais il ne faudra pas, pour autant, oublier de
faire faire aux apprenants des exercices de d is c rim in a tio n a u d itive opposant
le ou de • doux -, au u de - dur -. Il faut avant tout que l’apprenant étranger
en ten d e le son u et le distingue nettement de î et de ou , avant qu’il ne puis
se le prononcer correctement.
3. La détermination du nom
par l’adjectif qualificatif
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
■ Si l’expansion du nom peut être un autre nom (c f. supra 2, p. 100). elle peut
aussi être un a d je c tif q u a lific a tif qui caractérise le nom commun et participe
à la déterm ination du nom par une opération d e q u a lific a tio n :
Vous avez une am ie fra n ç a is e très sy m p ath iq u e.
Je connais un étudiant a n gla is très in te llig e n t.
101
Les adjectifs • française, anglais, sympathique. Intelligent •, qualifient et carac
térisent les noms • am ie » et - étudiant
102
6. La qu a lifica tion
103
4. Les adjectifs dont les terminaisons phonétiques et graphiques changent plus
radicalement devant le e du fém inin : ‘
M ascu lin : F ém in in :
léger légère
particulier particulière
heureux heureuse
travailleur travailleuse
m oqueur m oqueuse
doux douce
frais fraîche
nouveau nouvelle
vieux vieille
long longue
v if vive
agressif agressive
négatif négative
mou moUe
fou foUe
beau beUe
• N otez, malgré tout, qu’il existe une certaine régularité dans les changements
de terminaison :
Masculin : Féminin :•
..eur ...euse
.eux ...euse
,.er ...ère
.if ...ive
.eau ...elle
.au ...elle
.ou ...olle
• Phonétiquement, on constate que, si au masculin, la vo y elle finale pronon
cée est fe rm é e (lé g e r), elle a tendance à s’ouvrir au fém inin (lé g è re ) :
M ascu lin : F ém in in :
...[e]
particulier particulière
lé g e r lé g è re
Au contraire, si la vo yelle finale du masculin est o u verte, elle pourra se ferm er
au fém inin :
Masculin : Féminin :
...[œr]
tricheur tricheuse
m oqueur m oqueuse
Cependant, si la vo yelle finale du masculin est un son fol ferm é, la vo yelle du
fém inin sera égalem ent ferm ée, sous l’influence de la consonne finale [2] :
Masculin ; Féminin :
...fo] ...fozl
heureux heureuse
délicieu x délicieuse
104
5. La qua lifica tion
105
3. L’adjectif qualifie un nom à valeu r générique^ repris par un pronom démons
tratif neutre. Observez le fonctionnement de ces pronom s de reprise et leurs
constructions :
Cl) - Les enfants, c*est bruyant, en général,
(2 ) - Écoutez, un enfant, ça ne peut pas toujours rester tranquille l
C3) “ Ça, c’est évident 1Cela dit, ils sont très calmes, vos enfants,
(4 ) - Ce n’est pas vrai ! Ça dépend des jours...
En (1 ), le nom à valeur générique, • les enfants •, est repris par c ’. L’adjectif
qu alificatif reste neutre.
En (2 ), ça reprend un nom à valeur générique, « un enfant •» - en langage sou
tenu, on aurait plutôt cela . L’adjectif reste neutre.
En (3 ), ça et c’ reprennent toute l’idée précédente : un enfant ne peut pas tou
jours rester tranquille. L’adjectif qualificatif reste neutre.
Il en est de même pour - cela dit ■ qui reprend « c’est évident ».
En (4 ), ce reprend l’assertion précédente : vos enfants sont très calmes.
L’adjectif reste neutre.
On remarquera enfin, en (3 ), que si le nom est em ployé dans son sens spéci
fique (vos enfants), le pronom de reprise est nécessairement le pronom per
sonnel de 3* personne (ils ) et radjectîf (calm es) s’accorde alors en genre et en
nom bre.
4. L’adjectif reste égalem ent au neutre, si le pronom dém onstratif neutre sert de
sujet gram m a tical a pp a ren té l’énoncé dont le sujet réel est un infinitif ;
- C’est am usant de voyager.
- Oui, mais c’est fatigan t de porter vos bagages.
La construction c’est + adjectif neutre + de + infinitif est très fréquemment
em ployée dans le langage quotidien.
En langue plus soutenue, et à l’écrit notamment, on aura de préférence :
Voyager est am usant.
Il est am u sant de voyager.
Le il est ici un im personnel. L’adjectif qui le qualifie reste donc au neutre.
5- L’adjectif qualifie une situation désignée par un pronom dém onstratif neutre
à va leur d éictique:
Des touristes en train d’admirer les chutes du Niagara :
- Comme c’est beau ! Comme c’est im p o sa n t !
- Oui, c’est effectivem ent gra n d io se.
Deux personnes devant la tour Eiffel :
Vous avez vu comme la tour Eiffel est belle ?
- Oui. C’est beau, c’est merveilleux.
♦ Concernant l’em ploi de c’est + adjectif neutre, on veillera à ne pas
confondre cette structure avec le présentateur c’est + nom actualisé (cf. dos
sier 1, 1, pp. 14-15).
106
(J. JLa qu a lifica tion
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les apprenants étrangers, quand ils ont saisi le système du genre en français,
com m ettent les erireurs^uivantes ;
•La tour Eiffel, c’est quelque chose grande.
•La grippe, c'est quelque chose mauvaise.
•Notre-Dame, c’est belle.
Com m e ces indéfinis et le m orphèm e • c’est * sont très pratiques pour donner
des définitions, les apprerlants en ont souvent besoin. Il faut donc leur mon
trer le plus rapidem ent possible comm ent fonctionnent ces structures.
O n profitera d ’une activité où les apprenants doivent donner leur sentiment ou
leur opinion, pour m ettre au point le- fonctionnem ent de ces deux structures
syntactîques :
- Comment trouvez-vous l’ale Saint-Louis ?
- C'est charmant I C’est petit, c’est beau...
“ Vous savez ce que c’est la mousse au chocolat ?
- C'est quelque chose de très bon.
Les jeu x de définitions (• trouvez le m ot qui correspond à la définition ») sont
utiles pour la fixation de ces structures particulières où l’adjectif ne doit pas
s'accorder avec le nom qu 'il qualifie, mais avec le pronom dém onstratif neutre
de reprise (pou r la différenciation des em plois de c"e$t et îl est, se reporter au
dossier 1, 1, pp. 14-15 et au dossier 2, 1, pp. 24-25).
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
1. L'adjectif qualificatif peut être placé directem ent à côté du nom qu’il quali
fie. Il a alors la fonction grammaticale d’é p ith è te :
Une très gentlQ le p e tite étudiante su édoise.
107
2. L’adjectif qualificatif peut aussi avoir la fonction d’attribut du sujet, s’il en
est séparé par le verbe être ou un de ses équivalents sémantiques :
Ce garçon devient sérieu x.
Cette étudiante est su édoise.
Elle a Taîr fâchée. (Dans l’acception : - Elle est fâchée, sûrement. •)
Ces problèm es semblent diffîciles.
3- L’adjectif qualificatif peut être mis en apposition. II est alors séparé du
nom qu’il qualifie, par une virgule à l’écrit, par une m arque prosodique à
• On constate que l’a p p o s itio n est le plus souvent une réduction de moyens
linguistiques, puisqu’elle fait l’économ ie d’une proposition relative explicative
ou d’une proposition subordonnée causale :
P a rc e qu^il était fatigué, énervé et malheureux, l’enfant ne dor
mait pas.
Les parents, q u i étaient habitués à ces scènes quotidiennes...
108
6. La qxuüification
D'un point de vue objectif, il ne peut y avoir de contestation sur le sens spé
cifique d e ces adjectifs. Ils form ent, avec le nom qu’ils qualifient, une classe
précise : dans la classe « décision », je peux extraire un type de décision dite
- décision gouvernem entale * qui ne sera pas confondue avec, par exem ple,
une « décision départem entale ».
On ne peut pas, habituellem ent, utiliser le m odalisateur d’appréciation absolue
très devant ces adjectifs spécifiques en fonction épithète :
•Il a un passeport très étranger. (?)
•C’est une ressortissante de nationalité très française. (?)
• Les adjectifs désignant la nationalité, les form es géom étriques et les cou
leurs sont toujours placés après le nom :
U ne décision gouvernem entale allemande.
Des élections législatives Italiennes.
Une découverte scientifique française.
Ce deuxièm e adjectif, marquant ici la nationalité, déterm ine le grou pe nominal
spécifique (com posé d’un nom et d’un adjectif relationnel). C est la découver
te scientifique qui est française, et non pas n’im porte quelle autre découverte.
D e m êm e pour :
Un colis postal rectangulaire.
Un tissu indien jaune et bleu.
• Les participes passés em ployés comme adjectifs sont placés en dernière posi
tion après le nom ou le groupe nominal qu’ils qualifient :
Chronique d’une m ort annoncée.
U ne grande décision économ ique européenne attendue.
• Ainsi, parm i les adjectifs toujours placés après le nom, il existe une hiérar
chie de places.
Le plus spécifiqu e (c ’est-à-dire l’adjectif relationnel, issu d’un substantif) occu
pe la prem ière place et l’ensem ble peut alors recevoir une déterm ination plus
fine venant d ’adjectifs classifiants (marquant la nationalité, la form e ou la cou
leur). C’est, encore, l’effet - tables gigognes • du groupe nominal.
109
• rantéposîtion des adjectifs au pluriel provoqu e une transformation de Гаг-
tîcle indéfini pluriel : des devient de ou d’, pour des raisons d^euphonie :
D ’impressionnantes peintures cubistes.
D e rem arqu ab les chefs-d’œ uvre flamands.
D e très b ea u x objets artistiques.
Mais, on dira et on écrira ;
D es chefs-d’œ uvre flamands rem arqu ab les.
 P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les activités de caractérisation et de description sont très nombreuses dans
les manuels d ’apprentissage. Ç’est en les pratiquant que l’apprenant fixera peu
à peu en m ém oire les mécanismes morphosyntaxiques concernant l ’adjectif.
L’étude du genre et du nom bre des adjectifs se fait progressivem ent 2xx niveau 1
de l’apprentissage, au moment où doivent se mettre en place toutes les règles
(orales et écrites) de la m orphologie du groupe nominal.
L’étude systématique de la place des adjectifs concerne la syntaxe et se fait plus
tardivement, en fin de niveau 1 et au niveau 2.
Pour les étudiants n’ayant pas de genre dans leur langue maternelle, on ne sera
pas surpris de la difficulté qu’ils ont à s’approprier ce système.
Ceux, dont la langue n’applique pas la catégorie du nombre aux adjectifs,
feront longtem ps des erreurs à l’écrit même s’ils connaissent bien les règles du
français.
On aura intérêt, en début d’apprentissage, à exploiter la différence mas-
culin/féminin des adjectifs dans des activités d ’opposition phonétique : il est
français/elle est française *, il est anglaîs/elle est anglaise, etc. Ces oppositions
peuvent donner lieu à un exercice de phonétique - question/réponse » du
type : Pierre est anglais ? Non, c’est sa fem m e qui est anglaise. Marie est fran
çaise ? Non, c ’est son mari qui est français, etc.
Ces exercices ont pour avantage de fixer les oppositions en m ém oire et de
favoriser, de façon ludique, la mise en place de ces automatismes m orpholo
giques.
Au niveau 2, c ’est par la lecture, l ’observation et le repérage que les apprenants
com m enceront à comprendre, d’abord la postpositîon des adjectifs relationnels,
classifiants ou spécifiants, et ensuite la place plus souple des adjectifs appré
ciatifs.
On trouvera dans les Exercices de gram m aire-^perfectionnem ent Hatier-
Didier, 1988) des activités utiles pour l’apprentissage de ce point de grammaire.
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
110
6, La qu a lifica tion
!• Le degré excessif trop peut être encore augm enté par un adverbe qui ren
force l’appréciation :
- C’est une personne beaucoup trop gentille.
- Oui, elle est bien trop gentille.
- Alors, elle est peut-être un peu trop gentille, pour être honnête !
2. Le degré minimum peu peut être encore dim inué par un adverbe qu i atté-
nus et qui peut m êm e m/mmiser l’appréciation jusqu’à l’excès dans l’intensité
faible :
- Vous avez tort ! En fait, elle est assez peu gentille.
- Oui, elle est bien peu gentille et très peu serviable.
- Pou r ma part, je la trouve trop peu sincère pour lui faire
confiance.
- Je dirais même plus, elle est beaucoup trop peu sincère pour
qu e quiconque lui fasse confiance.
111
5. Tellement et $î ne sont pas modalisables, quoique • tellement » puisse par
fois se redoubler sous l'effet d'une très forte ém otion, comme cela est attesté à
l’oral :
Il est tellement mais tellement idiot !
• Petit, dans - un petit peu - et • un tout petit peu ^ est invariable. Tout devient
toute devant un adjectif fém inin commençant par une consonne.
112
6. La qu a lifica tion
113
• En contexte ou en situation de communication, les êtres comparés peuvent
• être également représentés par des pronoms démonstratif ou possessif ;
L'appartement de droite est plus grand que c e lu i de gauche.
Vraiment ? C elu i-ci est plus grand que celu i-là ?
En tout cas, c elu i-ci est moins grand que le m ien .
Le v ô tre est plus grand que ça ?
114
6, La qu a lifica tion
A PRO I^O S D U S A V O IR -F A IR E
► En général, les apprenants confondent très et tro p , mais aussi très et b ea u
co u p :
• Paris, c’est trop beau,
• La tour Eiffel, c’est trop haut.
• Vous a vez les yeux trop noirs et la peau trop brune.
• II est beaucoup content pour son studio.
• Elle est beaucoup nerveuse.
Pour éviter la prem ière confusion, on peut parler d’appréciation absolue (très)
et d ’appréciation relative (trop ).
Mais le plus sim ple est peut-être d'expliqu er que - trop est toujours fonction
d e la personne qui donne son appréciation et que pour cette personne, le
résultat est toujours n égatif :
Ce café est trop fort p o u r m oi.
Elle habite trop loin p o u r que j’aille la voir.
Cette musique est trop bruyante p o u r les voisins.
Elle est trop belle p o u r lui.
Q uant à rem ploi d e « beaucoup % on signalera aux apprenants que « beau
coup • n e s’utilise p as devant un adjectif.
Les apprenants ont aussi de la difficulté à com prendre le sens inversé de l’in
tensité dans une phrase négative :
Elle n ’est pas tellem ent jolie.
Il n’est pas assez généreux.
Tu n’es pas peu fier.
Évidemm ent, la tendance culturelle qu ’ont les Français à em ployer des euphé
mismes pour apprécier les qualités, peut dérouter les apprenants (cf. dossier 4,
1, p. 73) . du tou t...
Il ne fait pas si mauvais, aujourd’hui...
Il ne fait pas tellem ent chaud.
Aussi l’enseignant devra-t-il p a ra p h ra se r ces tou rn u res, p o u r s’assurer que
les apprenants ne font pas de contresens.
115
► Voici un corpus d’erreurs relevées dans des copies et concernant le degré, la
comparaison et le superlatif de l’adjectif :
•Jacques est plus grand de moi.
*Un jeune homme plus jeune de m oi de sept ans.
•Le plus bien danseur.
•Ils sont plus beaux qu’elles moches. Ç )
•La peinture italienne, c’est trop beau.
•Je suis le plus content avec m oi que tous. (?)
•La température est beaucoup froid en hiver.
•Je suis intelligent aussi que elle.
•Il est autant grand com m e moi.
Ces erreurs montrent que les difficultés d’apprentissage concernent le c h o ix
des modalisateurs de l’adjectif ainsi que la ^ n ta x e de la comparaison.
■ Un nom commun actualisé (N 1 ) peut aussi recevoir une .q u a lific a tio n grâce
à une expansion nom inale qui vient le caractériser (n2).
C’est une construction N1 d e n2, où N1 représente un prem ier nom commun
auquel n2, deuxièm e nom commun, apporte une déterm ination de type adjec
tiva l :
Une tasse de café. Un habit de soirée.
Un paquet de cigarettes. Une photo d’identité.
• Il faut tout de suite constater que le deuxième nom (n 2) n ’est actu alisé n i
p a r u n a rticle, n i p a r u n d éterm in a n t d ém o n stra tif o u p o ssessif. Ce phé
nom ène lui ôte en quelque sorte son pouvoir de substantif et le range parmi
les qualifiants. C’est un apport qualificatif au prem ier nom.
♦ La préposition est d e + n2 :
1. L’expansion nom inale déterminante et qualifiante peut m arquer la p r o v e
n a n ce 0 le lieu d’origin e ■) :
Des chansons et des danses de Grèce.
Des from ages de Hollande.
116
d. La qu alification
1 17
Une maison de pierre et une grille de fer forgé.
Un revêtem ent de plâtre.
Une confiture de fraises.
118
6, La qu a lifica tion
 P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les apprenants étrangers ont du mal à distinguer la construction adjectivale
N1 de n2 du com plém ent de nom N1 de N2. Ils peuvent dire indifférem m ent :
♦Une tasse du thé,
♦Un salon du thé.
♦Il a cassé la tasse du thé. (?)
♦La préfecture de la Police.
•Le drapeau de République turque.
♦Son père maison.
♦Vêtements fem m e ou vêtem ents de la femme.
♦Illustration de les livres.
♦La ph ysiologie d’humain.
• Entre ces deux constructions qui déterm inent lin nom, on pourra aider les
apprenants à faire la différen ce en soulignant, pour chaque cas rencontré, soit
la valeur d’appartenance de N1, et donc la valeur de possesseur de N2 (E lle
regarde les vêtem ents d e la b elle fem m e. ses vêtem ents), soit la valeur qua
lifiante de n2 (Dans ce magasin, il y a des vêtem ents de fem m e. -► des vête
ments fém inins).
Évidem m ent, ce double systèm e m et du temps à se mettre en place, et il n’est
pas toujours facile pour l’enseignant d’expliqu er clairement la différence.
O bservez ces deux énoncés :
Il travaille dans l’in d u strie du p é tro le .
Il dirige les r a ffin e r ie s d e p é tr o le d e D allas.
Pour expliqu er la différen ce entre ces deux constructions, il faut pou voir faire
com prendre : d'une part que le pétrole possède une industrie — son industrie -
et, d’autre part, qu’il existe toutes sortes de raffineries, dont les raffineries
pétrolières.
En d’autres termes, cela signifie que dans le cas du com plém ent de nom, N2
est, au plan sémantique, le substantif possesseur, alors que dans la construc
tion adjectivale, n2 n’est plus que le qualifiant de N1, qui lui est le substantif
essentiel du groupe nom inal.
119
Dans ces exem ples, la différence de construction du/de peut se rapprocher de
celle que Гоп rencontre dans ;
Elle vient d’Angleterre.
Il vient d ’Espagne.
Il vient du Portugal.
Il vient du Maroc ou d e France.
Construction pour laquelle il n’y a pas d’article devant les noms de pays fém i
nins ni devant ceux commençant par une vo yelle ou un « h » m uet
Si l’on voulait réellem ent marquer la relation d’appartenance, on devrait avoir :
Le président d e la France. (Signifiant que la France a so n
président.)
Le gouvernem ent de la Turquie. (Signifiant que la Turquie a son
gouvernem ent.)
120
6, La qu a lifica tion
■ Les pronom s relatifs occupent toutes les fo n c tio n s gra m m a tica les dû nom.
• La form e du pronom relatif sim ple dépend uniquem ent de sa fonction gram
maticale.
• La form e du pronom relatif com plexe dépend du genre et du nom bre de son
antécédent.
Antécédent Form es du relatif Fonctions grammaticales
qui sujet du verbe
nom/pronom que complément d’objet direct et attribut
anîmé/inanîmé 1. complément du nom
masculîn/féminin 2. complément prépositionnel d’un
singulier/pluriel dont verbe régi par de
5. complément d’un adjectif régi par
de
nom inanimé où/d*oCi/par où complément de lieu
adverbes : là/là-bas
1. complément indîrect/destinataire
à qui 2. complément prépositionnel d’un
nom/pronona animé veibe régi par à
masculîn/féminin
singulier/pluriel sur qui/avec qui/ complément prépositionnel d’un
pour qui/de qui, etc. avec, pour, de, les
verbe régi par
etc*
prépositions sur,
'g
masculin singulier auquel 1. complément indîrect/destinataire
g féminin singulier à laquelle 2. complément prépositionnel d’un
5 masculin pluriel auxquels verbe régi à
.S féminin pluriel auxquelles
O masculin singulier pour lequel complément prépositionnel d’un
0 féminin singulier avec laquelle verbe régi par les prépositions pour,
masculin pluriel dans lesquels avec, dans, par, sur, etc*
1 féminin pluriel par lesquelles
1, complément d’une locution prépo
sitionnelle (en face de*..)
duquel 2. complément d’un nom introduit
nom/pronom de laquelle par les prépositions avec, par, etc*
animé/inanimé deцSquels • Le type avec la femme duquel tu
desquelles travailles a encore écrit. • i
form e
obligatoire
pronom démonstratif avec quoi
neutre : ce/cela à quoi complément indirect/préposidonnel
sur quoi d’un verbe régi par les prépositions
indéfinis inanimés : par quoi avec:, à, sur, par, etc.
rien, quelque chose
122
5, La q u a lifica tion
Л P R O P O S D U S A V O IR -P A IR E
► L’ensem ble des erreurs que l’on rencontre m ontre que les apprenants ont du
mal à maîtriser les trois rôles indissociables du pronom relatif français ;
!• sa fonction syntactique (sujet ou com plém ent dans la proposition relative) ;
2. son rôle de reprise (valeu r anaphorique) de l’antécédent ;
3* son rôle de subordonnant (enchâssem ent d’une phrase subordonnée dans
une phrase principale).
• L’erreur la plus fréquente consiste à confondre la fonction syntactique « que »
et « qui • :
*Les étudiants qui j’écoute sont français.
*J’achète les livres que sont bon marché.
•C’est un film que se passe dans les années 50.
•Ce qu ’est la différen ce entre m on avis et ton avis est le sens du
m ot la vie.
•Cette anxiété est Tunique chose que perm ettait à m oi d e agir.
•Nous allons chez la nourrice qui m on fils adore.
•Ce qu e donne le plus plaisir dans la vie, c’est apprendre une pro
fession qu’on intéresse.
123
♦Ce que me plaît cette semaine est à aller au musée.
*Le plaisir est un m ot qu’il présente beaucoup de difficultés.
•Qu*est-ce que nVoffre le plus plaisir ?
•Je vais voir un film qu*il me plaît.
•Je sors avec les amis qui j’aime beaucoup.
Les apprenants étrangers se construisent souvent un système grammatical fau
tif du type : on utilise q u i avec les noiîis humains» on utilise qu e avec les noms
inanimés.
Tl se pourrait que cette règle interm édiaire provienne de l’explication reçue en
classe. En effet, pour faire la distinction « qui/que ^ l’enseignant se sert des
termes - sujet » et *« objet »» - termes auxquels l’apprenant n’attribue pas le
sens métalinguîstique, mais le sens lexical prem ier (sujet = une personne ;
objet - une cliose).
Pour éviter cette inteiprétation, qui ne manque pas d’originalité mais qui n’en
est pas moins fausse, l’enseignant devrait bien préciser qu’il s’agit du sujet
grammatical du verbe et du com plém ent d’objet direct, ou COD, du verbe.
Certains enseignants donnent parfois le système suivant pour distinguer les
deux fonctions « qui/que » :
- q u i est suivi d’un verbe conjugué Qa fem m e qui chante s’appelle Barbara) ;
- q u e est suivi d’un nom ou d'un pronom personnel sujet Oa chambre que
Marie a louée est très petite ~ la chambre que j’ai trouvée est très grande).
Cette explication fonctionne en syntaxe élémentaire, mais elle peut être très
rapidement cause d’erreurs.
Dans un énoncé d’exercice com m e : - La bière ... boit Paul n’est pas assez
fraîche *, l ’apprenant inscrira le pronom relatif « qui *, parce qu’il applique la
règle proposée par le professeur.
Et dans l’énoncé suivant : ^ Prêtez-m oi le livre ... vous a fait rire », confondant
les fonctions du pronom personnel • vous », il com plétera par • que ».
• Une autre erreur consiste à ignorer le rôle de reprise du pronom relatif, rôle
qui sera donné à un pronom personnel. Par exem ple :
•Tu ne peux pas choisir l’hom me que tu veux te marier avec lui,
•Il y a une piscine au milieu du jardin qui on trouve des rosiers
au bord d’elle.
•J’ai fini par dem ander des informations sur elle d’un hom me
qu’elle travaille avec lui.
• Autre erreur rencontrée, celle qui consiste à ne donner au pronom relatif que
son rôle de reprise, équivalent à • il/elle ». L’apprenant ne semble pas savoir
que le pronom relatif a aussi un rôle de subordonnant :
•Cette personne qui est allée à l’opéra pour, écouter la Traviaia.
Puis elle est entrée au drugstore pour acheter le disque.
•II s’étend sur le bord de là rivière ensuite qui s’expose au soleil.
Il faut donc éviter d ’enseigner les relatives dans des phrases tronquées du
type :
L’hom m e que j’aime.
La fem m e qui est là.
L’enfant dont je parle.
124
6. La qu a lifica tion
► Si renseignant insiste plutôt sur la va leur sém antique (déterm inante et quali
fiante) de la relative et sur ses em plois en contexte, îl est probable que les
apprenants saisiront m ieux à quoi sert cette structure. Ils trouveront alors plus
facilem ent la form e qui convient au sens à véhiculer.
Il faut éviter de ne s’en tenir qu’aux form es et se garder d ’oublier, qu’en langue
étrangère, la dém arche d’apprentissage est essentiellem ent onom asiologique
(du sens vers la form e).
Ajoutons que les exercices lacunaires (exercices à’ trous) hors contexte n’en
couragent ni à rechercher du - sens ni à réfléchir sur la structure.
• Sémantisme et contexte concernent, dans le cas de la proposition relative, la
caractérisation d’un être.
La petite annonce, par exem ple, est un lieu discursif propice à la caractérisa-:
don, donc à une prem ière approche des relatives déterm inatives :
75 : J.H. 25 ans, aim. voy., ép, J.F. aim. enf. et vie dom.
Certes, pour déchiffrer cette petite annonce, l’apprenant n’aura pas besoin de
relatives, mais s’il veut faire part du sens véhiculé, alors il utilisera en contex
te les relatives nécessaires :
C’est un jeune hom me qui habite à Paris, qui a 25 ans et qui aim e
voyager. H voudrait épouser une Jeune fille qui aime les enfants
et qu e la vie dom estique intéresse.
D es extraits d e V O fftcieî d es^ ecta cles ou de Têléram a sont aussi susceptibles
d’être de bons canevas pour l’em ploi des pronom s relatifs.
L’histoire - drôle » est un type de discours où les pronom s relatifs ont aussi une
forte récurrence.
• D ’une manière générale, l'enseignant doit rechercher, avant de proposer un
exercice de son invention, les types de discours où se manifestent « naturelle
m ent » les élém ents grammaticaux qu’il veut faire acquérir aux apprenants.
C’est ün effort qui va dans le sens de l’approche com m unicative et qui tiendra
com pte de • ce que parler veut dire ».
C e Q U "i l f a u t s a v o i r
125
Observez et comparez la différence de sens entre les deux énoncés :
(1 ) Cet étudiant cherche un enseignant qui connaisse et parle le
turc.
(2 ) Cet étudiant cherche un enseignant qui connaît et parle le
turc.
En (1 ), Texistence d*un tel enseignant est virtuelle. Peut-être que, dans cette
école, aucun enseignant ne connaît ni ne parle la langue turque ?
En (2 ), Pétudiant sait qu’il y a un enseignant qui connaît et parle le turc dans
cette école. Mais il a, malheureusement, oublié son nom. Sa seule m anière de
caractériser l’enseignant qu’il cherche consiste à dire qu^il s’agit d’une person
ne qui connaît la langue turque.
Dans une proposition relative, on peut donc trouver le m ode subjonctif si
l’existence du référent est aléatoire.
C’est une manifestation très concrète de la fon aion du subjonctif : la création
d’un univers virtuel, possible mais peut-être irréel (cf. dossier 8, 6, p. 187).
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Au cours de l’apprentissage des relatives, il sera judicieux de faire com
prendre aux étudiants cette équivalence entre déterminative relative et partici
p e présent. On pourra, par exem ple, proposer un e x e rc ic e d e tra n sfo rm a
tio n : des énoncés au participe présent devront être récrits en em ployant une
relative. Ou inversement, des relatives seront récrites en utilisant le participe
présent.
Seules les relatives en q u i sont susceptibles d’avoir pour équivalent un partici
p e présent.
Le participe présent apparaît com m e un moyen économ ique pour éviter une
déterminative relative. On le rencontre notamment dans les types de discours
administratifs, dans la presse ou dans la correspondance.
126
D os ..
La situatl^^^ilïtis Tespace
ITii:
/Ît .
■ C’est toujours de son point de vue que le locuteur indique la p la ce des êtres
ou des procès dans l’espace.
Le locuteur peut décider de situer êtres et procès, soit par rapport à lui-m êm e,
soit par rapport à une autre référence.
• Dans la conversation ordinaire, ces adverbes de lieu sont souvent accom pa
gnés d ’un geste précis :
- ic i + index pointé vers le sol :
J’habite îdL
127
- là 1 + geste du m enton indiquant le lieu très proche dont on parle + geste
de la main pointant vers cet endroit :
Mets le courrier là.
- iâ-bas + geste du bras étendu désignant une direction éloign ée et/ou visage
et regard indiquant dans cette direction :
La tour E iffel est là-bas.
- là-hau t + geste du bras étendu désignant un point élevé et/ou visage et
regard tournés dans cette direction :
J*aperçois une toile d'araignée là-h au t
Il existe aussi un geste de l’index retourné, pointant par de petits mouvements
saccadés vers soi, pour inciter quelqu’un à se rapprocher :
Viens ici 1
b. En dehors du lieu de l^énonciatioii :
Quand ils ne font pas partie des instances de l’énonciation, là (là 2 ), là-bas et
là-hau t servent à reprendre un nom de lieu mentionné dans le contexte. Ils
jouent alors un rôle a n a p h o riq u e ;
Marie travaille dans un nouveau bureau, beaucoup plus grand. Là,
au moins, elle a de la place.
Mes enfants vivent en Birmanie. La vie n’est pas facile, là-bas.
« Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensem ble !
[. . ,] Là, tout n’est qu’ordre et beauté... «»
Ch. Baudelaire, VIm Htation au voyage.
Ce sont fâ 2 et là-bas qui sont utilisés pour la transposition de ic i dans le dis
cours rapporté, lorsque la référence du lieu d’énonciation change :
Marie écrit à Pierre de Rom e : •Je me plais beaucoup ic i
Pierre raconte à ses amis parisiens : « Marie est à Rome. Elle dit
qu’elle se plaît beaucoup là-bas
128
7* la situation dans Vespace
La porte était ferm ée. Ils ont bien regardé et ils ont aperçu une
petite ouverture au-dessus. Alors ils ont approché une table et
sont m ontés dessus pour atteindre Touveiture.
On voit, par cès exem ples, la différence entre au-dessus, qui exprim e une sur
élévation par rapport à la référence et dessu s qui indique une superposition
par rapport à la référence.
On .ne perçoit pas toujours la même distinction de sens entre e n dessou s, au-
dessou s et dessou s qui peuvent souvent être em ployés de la m êm e façon :
Ils ont sou levé une grosse dalle et ont découvert les bijoux et Tar-
genterie qui avaient été cachés dessou s (ou : en dessous/au-
d essou s).
4 . P a r te rr e signifie - au niveau du sol ». Cette locution adverbiale exprim e
donc en soi la référence de la position : le sol.
N e jetez pas vos papiers d e bonbons p a r t e r r e I
5- A u m ilie u , au c e n tre indiquent, de façon plus ou moins im agée, une place
centrale par rapport à une surface, à une circonférence, à un volum e, exprim és
dans le contexte :
Sur cette photo de fam ille, le père est au m ilieru.
Dans une montre, les aiguilles sont fixées au c e n tre .
6. D eh o rs, dedan s marquent rextériorité et rintérîorité :
a. Par rapport au lieu où se trouvent les interlocuteurs :
N e restez pas jouer ded an s, allez jouer d eh o rs.
Dans cet em ploi, ces adverbes sont en opposition sém antique et signifient
- dans les murs » et « à l’air libre ».
b . Par rapport à une autre référence du contexte :
Dans cet em ploi, on trouvera plutôt les form es en dehors et dedans :
- Vous habitez Lyon m êm e ?
- N on, j’habite e n d eh o rs, à ÉcuUy,
- Où sont les papiers ? Sur la com m ode ?
- Non, ded an s, (dans un des tiroirs)
7- Les indéfinis représentant un lieu quelconque ou une absence de lieu,
partout, quelque part, n ’im porte où et nulle part (cf, dossier 4, 3, p. 78),
sont des circonstsints du verbe :
Avec leur camping-car, ils peuvent aller partout.
Ma voiture est stationnée q u elq u e p art, dans la rue.
Dans cette petite ville, on peut stationner n ’îm p o rte où.
Je cherche m on permis de conduire p a rto u t, mais je ne le
trouve n u lle p a r t
129
Passez dbtez le boulanger.
Venez c h ez m oi.
b, X est suivi d’un nom de ville ou d’un nom commun désignant un lieu
Ici, vous êtes à Paris..
Je vais à la banque.
Passez à la boulangerie.
Venez à la maison, samedi soir.
Ils partent à la campagne.
2. A u e t au x :
Si le nom commun désignant un Heu est au masculin, il y a contraction entre
la préposition de lieu à et l’article défini masculin le : à + le -► au. Il en est de
même entre à et les : à + le s aux.
M ontez au prem ier étage.
Entrez au salon.
Venez au Gymnase-clüb.
Partez au x Antilles ou aux États-Unis.
Passez a u x renseignements.
A u et a u x sont placés devant les noms de pays qui sont au masculin ou au
pluriel :
A u Togo, au Brésil, au Maroc.
A u x Açores, au x Philippines, au x Baléares.
3* En. :
Quand les noms de pays sont au fém inin ou qu’ils commencent par une voyel
le ou un - h muet, la préposition de lieu (avec ou sans m ouvem ent) est alors
en :
Je travaille e n France.
Ils sont e n Allem agne.
Elles partent e n Grande-Bretagne,
Il est né e n Iran mais il vît e n Irlande.
Cet été, je vais en Italie.
Marie B oli est partie en Argentine.
Si la référence locative est prise au sens générique, c’est-à-dire qu’elle indique
un type de lieu général, on utilise e n (e t non pas dan s) :
Elle habite e n ville.
L’air est plus sain e n montagne.
La vie e n banlieue n’est pas sim ple.
Les élèves s’ennuient souvent e n classe.
Ici, on se croirait e n prison.
Com parez maintenant avec des em plois de dan s marquant un lieu de référen
ce bien spécifique ; .
Elle habite dan s une ville surpeuplée.
D ans la m ontagne où j’habite, l’air n’est pas pollué. .
J’habite dan s la banlieue nord de Paris.
130
7. La situation dans Pe^ace
13.1
6. Sur et sou s, au-dessus d e , e n dessous d e marquent la position d’un objet
par rapport à un plan. Position de supériorité, avec superposition pour sur et
surélévation pour au-dessus d e ; position d’infériorité pour sous et e n des
sous d e :
Le journal est su r la table.
Il n’y a rien sou s la table.
Le bateau vogu e su r l’océan.
Il y a des em bouteillages su r l’autoroute.
Un aéroglisseur vogu e au-dessus d e l’eau.
Un sous-marin navigue e n ^ s s o u s d e la surface de l’eau.
Un hélicoptère v o le au-dessus d e la ville.
132
Z La situation dans Vespace
12- E n tre .- e t — localisent un objet situé, plus ou m oins à égale distance, entre
^àeux points :
Ils habitent e n tre Paris e t Le Mans,
Entre ici et là-bas, il y a un petit village.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Des difficultés d’apprentissage, fréquentes, surgissent dans l’em ploi des pré
positions et de Tarticle devant les noms de pays et de villes.
• Parfois les apprenants n’em ploient ni préposition ni article :
*Elle origine Turquie.
*Cet été, je vais Pologne.
• Il y a souvent confusion entre à et en , au, dlans ;
•Ils habitent en Paris.
•Je vais en N ew York.
•On va au Lyon.
•Ils sont au M ontpellier.
•Je vais à la Suède.
•U étude dans Grande-Bretagne.
•Elle est née à Canada au Toronto.
• Les apprenants utilisent régulièrem ent Tarticle défini après la préposition d e
marquant la provenance, pour indiquer un pays de genre fém inin ou com
mençant par une vo yelle :
•Je viens de la Turquie.
•Il arrive de Tltalie.
• On trouve souvent en. pour dan s devant des noms qui ne sont pas des lieux
matériels : , ^
•J’ai des satisfactions en mon travail, en mes recherches.
•J’ai fait quelques tentatives en le champ de rülustration.
•J’ai quelques problèm es en ma fam ille.
• On constatera égalem ent que les apprenants ont tendance à ajouter la pré
position d e après d eva n t/ d errière, par analogie avec e n fa c e d e et à c ô té
de :
•Je suis derrière de toi et devant de lui.
•Hier, j’étais derrière de lui.
• Enfin, on note, de la part des apprenants grecs, une difficulté de prononcia
tion pou r c h e z qui peut provoqu er une confusion entre c ’est et ch ez. Il est
alors utile d ’insister sur la forte labialisation du [jl et sur la position légèrem ent
rétroflexe de la pointe de la langue au cours de l ’émission de cette consonne
« chuintante •.
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
■ Les pronom s relatifs où» dans lequel, sur laquelle..« indiquent une posi
tion ou un mouvem ent :
- où est le pronom relatif sim ple (cf. dossier 6, 5, p. 122) :
La région où je suis né est située à l ’ouest de la France.
Vous connaissez l’endroit où est né Chateaubriand ?
« La chambre où ma mère m’infligea la vie -, écrivait-il.
Là où je vais, vous ne pouvez pas venir.
On trouve aussi « d’où - et - par où - :
Le pays d’où il vient est en pleine révolution.
Nous riavons pas pu visiter les villes par où nous sommes passés.
- dans lequel, dans laquelle, dans lesquels et dans lesquelles, pronoms
relatifs com plexes, peuvent être utilisés à la place de où pour indiquer un Heu
circonscrit ^ ^
Je cherche le laboratoire dans lequel travaîüe M arie Boli.
Elle a cassé la tasse dans laquelle tu prenais ton thé.
La poche dans laquelle je mets mes dés est percée.
Je t’expédie un paquet dans lequel tu trouveras trois romans.
Les pronom s relatifs se com binent avec toutes les prépositions de lieu :
Vous avez pris le bateau sur lequel j’étais parti m oi aussi.
La ville p ar laquelle je suis passé était en fête.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Pour les apprenants, la difficulté consiste à choisir la bonne préposition
par/sur/dans et à faire l’accord correct en genre et en nom bre du relatif com
plexe avec son antécédent :
•La table dans laquel j’étudie...
•Le lit sur laquel je couche...
•Le jardin sur qu oi on joue du fo o t...
• Le français utilise - où » au lieu de « quand » dans des expressions comme
- au m om ent où, à l ’heure où, le jour où, etc. •
Les apprenants étrangers auront du mal à s’habituer à cet em ploi de « où - dans
des expressions tem porelles (c f. dossier 8, 3, p. 162).
134
7. ta situation dans Vespace
2. Quelques verbes
de déplacement dans l’espace
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
■ Le veib e a lle r.
- Lé verbe a lle r 1, dans son sens se déplacer vers un Heu », est généralem ent
suivi des prépositions à, c h e z . Il peut aussi être suivi des prépositions dans,
p a r ou de toute autre préposition :
Il va à la boulangerie.
Ils vont c h e z le boulanger.
Nous allons au marché.
Je vais ch ez le coiffeur.
Cet hiver, les B olî sont allés dan s les Vosges.
Ils sont allés p a r là.
- Le verbe a lle r 2, im pliquant un m ouvem ent finalisé par une action spéci*
fique, est suivi d ’un infinitif et n’a pas de préposition :
Va chercher du pain.
A llez prendre l’autobus sur la place de la gare.
Je vais me coucher, il est tard.
A llez lui dem ander conseil.
- Le verbe a lle r 3 entre dans la com position du futur analytique ou » futur
proche ». Il a une valeur de « sem i-auxiliaire » et est directem ent suivi d ’un
in fin itif :
Ils vont sortir à 20 heures.
Ce soir, elles von t préparer un dîner en leur honneur.
(Se référer: au dossier 8, 4, p. 167 et 5, p. 181.)
A, P E O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Au cours d e l’apprentissage, on constate que beaucoup d’étrangers confon
dent ces divers em plois du verbe «« aller ».
C’est-à-dire qu e le plus souvent, ils mettront une préposition - à • entre « aller »
et l’in fin itif :
•Je vais à travailler.
•Je vais à partir.
On rencontre aussi des erreurs de prépositions, après le verbe - aller » :
•Je vais au chez m es amis.
•Je vais dans université.
Au cours du niveau 1, les apprenants devront donc mettre en place ce double
système syntactique :
aller + préposition + lieu ^ aller + sim ple infinitif.
Les exercices systématiques e n situ a tio n peuvent aider à la mise en place de
ce double système, mais on pourra aussi faire avec profit des « analyses d’er
reurs % à partir d’un corpus recu eilli dans les productions orales ou écrites des
apprenants.
135
Ce q u ’i l f a u t s a v o iir .
136
Z La situation dans Vespace
A P R O P O S JOU S A V O IR -F A IR E
Si ces verbes sont mentionnés, c'est que les étudiants étrangers les confon
dent très souvent.
En effet, la différen ce de sens entre - revenir % « retourner •* et • rentrer • est très
difficile à saisir.
Il est donc indispensable que l'enseignant éclaircisse ces significations, en
em ployant si possible des graphiques.
Attention : l'em p loi de ces verbes exige de savoir clairement où se situent dans
l'espace les locuteurs, au m om ent de l'énonciation.
Il s'agit de savoir aussi si la comm unication entre les interlocuteurs se fait face
à face (don c dans le même « ici 0, par téléphone (c e qui peut autoriser un - ici »
mentalement com m un) ou par écrit Oes interlocuteurs ont nécessairement deux
« ici «• distincts) :
1. II est chez lui, où il veut faire venir des amis :
Venez chez m oi. (son « ici 0
2* Il accepte par téléphone une invitation chez quelqu’un :
Je viendrai vers 20 heures, (projection mentale dans le - ici » de
l ’invitant)
J'irai vous voir et j’arriverai vers 20 heures, (distinction est faite
entre le « ici » du locuteur et le « ici ^ de l'invitant)
3. Il se propose de rendre visite à des amis et cela sans invitation préalable :
J'irai vous voir chez vous lundi. J’arriverai vers 20 heures.
4. Il est chez lui ou n'im porte où, mais s'apprête à partir ;
Je reviendrai.
5- Il entre de nouveau chez lui ou chez quelqu'un d’autre, après une absence :
Je suis revenu.
137
6. Il est ailleurs (n*împorte où ) et considère un départ en direction de son lieu
d’origine :
Je retourne ou je rentre dans mon pays,
7. Il est chez lui ou n’im porte où, sauf dans le lieu auquel il fait maintenant
référence ;
Je retournerai avec plaisir dans ce charmant village.
C e Q U *il f a u t s a v o i r
■ Le verbe arriver.
Il exprim e Vaboutissement d’un déplacem ent vers un lieu.
Aussi ce verbe pourfait-il être considéré comme le ré s u lta tif des ver!:>es de
déplacem ent dans l’espace : ôn se déplace dans l’intention d’atteindre un but.
« Arriver •» marquerait le résultat de tout déplacem ent (aller, venir, etc.).
Cette interprétation est suggérée par une certaine erreur fréquemment commi
se par des apprenants étrangers :
*Je suis venu en France depuis trois jours.
Ce qui est attendu, normalement, serait :
Je suis arrivéCe) en France depuis trois jours.
■ Venir • n’exprim e pas un état résultatîf de type continu com m e le fait, par
exem ple, un verbe com m e • se marier », dont Tétât résultatif est » être marié ».
L*état résultatif de - venir • serait tout simplement « être arrivé ».
Le verbe » venir » est pourtant bien perfectif puisqu’il rentre dans une construc
tion comm e :
Je suis venu chez vous en dix minutes.
Mais une fois l’aboutissement exprim é par ce verbe, Tétat qui s’ensuit ou en
découle serait » être arrivé ».
D ’où la raison pour laquelle la form e accom plie de - ven ir » ne supporte pas la
construction avec • depuis », exprimant un état résultatif continu.
» Arriver - s’em ploie habituellement avec des circonstants de temps ou de lieu :
Venez me voir. Je vous attends.
Vous pou vez arriver samedi vers 17 heures.
Il est arrivé à A m sterd a m jeu d i d ern ie r.
Si l’expression « ^arrivez chez m oi » est peu probable en français correct, il est
pourtant possible d’avoir :
Venez chez m oi et si possible arrivez ava n t la nuit.
138
7. La situation dans Vespace
Dans les grammaires, on les appelle habituellem ent - verbes de déplacem ent •,
mais cette appellation n’est pas assez précise pour l’enseignem ent du français
langue étrangère.
En effet, « marcher, courir, nager,’ voyager • sont aussi des verbes intransîtifs de
déplacem ent, cependant ils se conjuguent avec l’auxiliaire a v o ir et, de plus, ils
sont im perfectifs.
Ce qui caractérise les verbes conjugués avec être, c ’est qu’ils signalent un
passage d*un lie u à u n au tre a vec tra n s fo rm a tio n d u su jet-agen t :
- - naître ■ consiste à « passer • d ’un état à un autre, avec changement pour le
sujet-agent ;
- « mourir » est le - passage > d’un état de vie à un état de m ort ;
-«s o rtir, partir, aller, venir, rentrer, retourner, reven ir» sont des procès qui
dénotent une transformation du sujet-agent qui était là et qui ne l’est plus, ou
qui n’était pas là mais qui est maintenant présent.
En outre, au passé com posé, ces verbes intransitifs et perfectifs indiquent clai
rement un ré su lta t :
Je suis descendue, C’est que je ne suis plus en haut, mais en
bas.
Je suis tom bée, C’est que je suis passée d e la position vertica-.
le à une position plutôt horizontale.
Il est allé au marché. C’est qu’il n’est pas ici pour le m om ent :
il est absent.
Elle est revenue. C’est qu’elle est maintenant ici.
Au passé com posé, les autres verbes de déplacem ent ne signalent aucun résul
tat, ni aucun changem ent, ni aucune transformation d e l’agent-sujet :
J’ai couru. Signale que l’action est accom plie (sans résultat par
ticulier).
Il a voyagé. -► Indique une action accom plie (sans résultat parti
cu lier).
• Il est vrai que « rester • et « dem eurer » sont des verbes intransitifs et im perfec
tifs, mais qu’üs se conjuguent avec l’auxiliaire e/re alors qu'ils ne signalent aucun
passage d’un lieu à un autre, ni aucun résultat
Cette particularité s’explique, com m e cela a été m entionné plus haut, par le fait
que ces deux verbes constituent les contraires sémantiques des verbes de pas
sage d’un lieu à un autre.
♦ L’a sp ect ré s u lta tif de ces procès, marquant le passage d’un lieu à un autre, fait
que Гоп peut trou ver parfois un grou pe nominal directem ent issu de leur par
ticipe passé :
Un nouveau-né.
U n mort.
Un de parti, dix de retrouvés.
Les nouveaux venus.
Les nouveaux arrivés.
Г39
А P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les apprenants étrangers s'habituent très difficilem ent à utiliser correctement
l’auxiliaire être роит les temps com posés des verbes indiquant le passage d*un
lieu à un autre, avec transformation ou changement pour Tagèni-sujet du
verbe.
L'enseignant trouvera très souvent dans d e très bonnes copies :
•Nous avons venu vous d ire...
•J’ai allé aux États-Unis.
•Ils ont parti aux sports d’hiver en février.
•J’ai sorti avec mes amis au théâtre.
Cette erreur proviendrait peut-être du fait que les apprenants n’ont pas reçu
l’explication nécessaire concernant les verbes exprimant le passage d ’u n lieu
à u n autre.
Quand on leur parle de verbes de m ouvem ent ou de verbes de déplacement,
cela ne suffît pas à leur inform ation grammaticale pour différencier les em plois
des auxiliaires êtreex, a v oir des verbes commé * partir » ou « aller »• et *« cou
rir ■ ou « marcher ».
140
Dos Silü^kf81%,.
le temps
et
141
O bservez et com parez :
Instances du discours : samedi 13 janvier
1996, 11 heures du matin.
Qu*est-ce que vous avez fait Ыег soir ?
Discours rapporté quelques jours plus tard :
Je lui ai dem andé ce qu ’il avait feit la veille au soir.
■ D ’autres indicateurs temporels exprim ent égalem ent un lien tem porel
bien réel entre le locuteur-énonciateur et les états ou actions dont il parle :
n y a huit jours, mon frère s’est marié.
Il est marié depu is huit jours.
Ça fa it huit jours qu ’il est marié,
n y a huit jours qu ’il est marié.
Il reviendra de voyage de noces dans une semaine.
142
8. La situation dans le temps et la vision du procès
♦ D ep u is peut être égalem ent suivi d’une date fixe ou d’un nom exprim ant un
événem ent :
Il est parti d ep u is dim anche dernier.
J’ai une bourse d’études d ep u is 1995.
Elle ne travaille plus d ep u is son mariage.
Ils sont au chôm age d ep u is leur accident.
D eux visions peuvent être obtenues grâce à « depuis • : le point de départ et la
durée.
Point de départ :
locuteur
----------- + ---------------------------------- + ----------- ^
depuis ici et maintenant
1994
D urée :
depuis trois ans locuteur
—— + -----
1994 1997
• D ’une m anière générale, un énoncé contenant depuis •, « il y a... que » et « ça
fait... que - indique qu’un état ou une action continue au m om ent de l’énoncia
tion. Ces indicateurs ont une valeur duratîve. C’est pourquoi on trouve l’indicatif
présent dans ces constnjctions :
Il travaille depuis cinq ans.
Ça fait cinq ans qu’il, travaille.
Il y a cinq ans qu’il travaille.
Cependant, l’état ou l’action peut être à l’aspect • résultatîf - — c’est-à-dire être
la conséquence lo giq u e d’une action accom plie dans le passé :
Il y a trois jours qu’il est arrivé.
Ça fait trois jours que j’aî vendu ma maison.
Elle est m ariée depuis une semaine.
Les actions - arriver », « vendre - et • se m arier » ont eu lieu dans le passé. Elles
ont un résultat qui dure actuellement : le fait d’être arrivé, le fait d ’être m arié
et le fait d’être vendu.
143
Dans ces cas» on peut trouver avec les indicateurs de temps «« depuis », • il y a...
que • et « ça fait., que * des verbes au passé com posé (aspect résultatif).
R em a rq u e ; il est à noter que, dans la plupart des cas, les aspects accom pli et
résultatif ont exactem ent la m êm e form e en français. Pourtant, certains verbes
pronom inaux com m e » se marier, s’endormir, se coiffer, etc. » ont une form e
légèrem ent différente à l ’aspect résultatif (cf. infra 5, p. 175).
Us se s o n t m a riés en 1994. (aspect accom pli - passé com posé)
Il y a trois ans qu’ils so n t m ariés, (aspect résultatif - valeur adjec
tivale [?])
• Dans les constructions avec « depuis », • il y a... que » et « ça fa it., que », seuls les
verbes (c ’est-à-dire ceux dont le sémantisme exprim e Taboutissemeni
de l’action) sont em ployés au passé com posé (aspect résultatif). Les verbes
im perfectifs soïiX, au présent d e l’indicatif.
O bservez le fonctionnem ent de ces deux types de verbes avec les indicateurs
tem porels - depuis -, * il y a... que - et • ça fait... que » :
Perfectifs : Im perfectiÊ s :
trouver chercher
mourir souffrir
naître vivre
tornber courir
partir marcher
arriver habiter
sortir travailler
s’endormir, etc. dormir, etc.
Il y a trois heures qu’elles o n t tro u vé la solution.
Mais :
Il y a trois heures qu’ils ch erc h en t la solution.
Toutefois, les verbes im perfectifs, au passé composé defo rm e négative, peuvent
être em ployés avec ces trois indicateurs temporels :
(1 ) Il y a trois jours qu’ils n’ont pas dormi.
(2 ) Ils n’ont pas travaiDé depuis 1994,
(3 ) Ça fait dix ans qu’elle n’a pas vu ses parents.
Com m e on peut le constater, au passé com posé de form e négative, ces
constructions pn&upposeni une continuité dans le présent :
(1 ) Ils ne dorm ent pas.
(2 ) Ils ne travaillent pas,
(3 ) Elle ne les vo it pas.
144
8, la situation dans le temps et ia vision du procès
Л P R O P O S
‘^ Ч
D U S A V O ■I R - F A I R. шшт,
E
► Se situer dans le temps est indispensable à tout locuteur, m êm e s'il est débu
tant dans l'apprentissage de la langue. Dès lors, il sem ble étonnant que les
enseignants d e langues étrangères soient si souvent réticents à un enseigne
ment précoce des trois époqu es (passée/présente/future). Certes, un enseigne
ment linéaire de la grammaire peut, par exem ple, avoir des avantages quant à
la fixation du temps présent, avant que ne soient abordés les temps composés.
Mais ce ch oix pédagogique s'oppose nécessairem ent à une approche commu
nicative de l’enseignem ent/apprentissage des langues. Le sujet parlant doit
avoir accès aux m oyens linguistiques qui lui perm ettent d'exprim er son vécu.
Ce vécu est nécessairement inscrit dans les trois époques.
C’est en s’exerçant à se dire et à se raconter que l'apprenant mettra peu à peu
en place le système des temps et des indicateurs tem porels de la langue qu’il
apprend. Les enseignants estiment parfois qu e l'apprentissage doit se faire de
façon cloisonnée ; d'abord le système de l'in dicatif présent, ensuite le système
du futur, puis celui de l'im parfait et du passé com posé, avant d'aboutir au
mode subjonctif. Ce découpage pédagogique ne se justifie pas si l'o n se dorme
pour ob jectif d’aider les apprenants à com prendre et à prendre la parole en
langue étrangère. Une exposition simultanée aux trois époques est donc néces
saire dès le début de l'apprentissage. La progression se fera « en tache d'huile -,
ou « en spirale -, pour éviter un cloisonnem ent réducteur qui rend im possible
toute comm unication quotidienne.
► Parfois, les règles données sont trop généralisantes. Par exem ple, celle qui
consiste à dire que « depuis -, « il y a... que - et « ça fait... que - $e construisent
avec le présent.
Pour éviter des généralisations hâtives, il faut être bien conscient des nuances
nécessaires à apporter entre « tem ps-époque • (passé-com posé/présent),
• aspects » (accom pli/résultatif) et surtout valeur perfective ou im perfective des
verbes :
Ça fait deux jours que j'étodüe le français ici. (verb e im perfectîO
Il y a huit jours que je suis a rriv é e en France, (verb e perfectiO
J 'a i tro u v é un appartement depuis trois jours, (verb e perfectif)
J'a i f in i m on travail depuis trois jours, (verb e perfectiÔ
Par suite des règles trop générales données en début d'apprentissage, les
apprenants produiront des phrases du type :
*Il y a huit jours que j’arrive en France.
*Je trouve un appartem ent depuis trois jours.
*11 y a huit jours que je finis m on travail.
Ce typ e d'erreurs peut provenir d'un enseignem ent qui s'appuie trop sur les
règles form elles (gram m aire traditionnelle), sans tenir com pte des règles
sémantiques (valeu r d'em ploi des tem ps).
145
► Parfois, les apprenants c o n fo n d e n te n ce moment • et * à ce moment-là »,
» demain » et « le lendem ain », « hier » et • la veille », » le m ois dernier » et * le
dernier mois » :
•J’habite à Paris depuis le dernier mois.
•Il est difficile de travailler à ce moment.
•Je viendrai à ce temps-là.
*À ce moment, il prend plusieurs médicaments.
•On part aujourd’hui, on doit quitter ceux qui partent le lende
main.
•Demain, j’allais au Mont-Saint-Michel. (L e lendem ain, je suis
allé...)
•Si je ne me couchais pas trop tard la nuit dernière, (la veille )
•C’est à cause du fête qu’elle est allée le soir dernier, (h ier soir)
•J’arrive le dimanche prochain.
Ce genre d’erreurs prouve qu’il est indispensable de travailler les différences
d’em ploi et de valeur des embrayeurs du discours et des autres indicateurs de
temps.
Pour systématiser ces em plois spécifiques, l’enseignant peut, par exem ple, pro
poser une bande dessinée datée où les personnages parlent de leur « ici et
maintenant ».
Les apprenants doivent rapporter les paroles des personnages - ce qui demande
nécessairement une transformation des instances de l’énonciation.
Évidemment, l’enseignant évitera de demander aux apprenants de rapporter
ses propres paroles du jour, étant donné que le groupe vit les mêmes instances
tem porelles î
■ En et pen dan t, .
Ces deux indicateurs tem porels ont une valeur duratîve, ils s’em ploient aux
trois époques et ne sont pas liés .aux instances de l’énonciation :
J’ai terminé ce travail e n dix minutes.
Nous repeindrons la maison p en d a n t les vacances.
Ils font un aller Paris-Rome e n deux heures et dem ie.
J’ai vécu p en d a n t dix ans au Maroc.
. Ils vécurent très heureux p en d an t des années.
• E n et p e n < i^ t indiquent les deux bornes du déroulem ent d’une action, alors
que • il y a », « depuis » et - dans • n’en marquent qu’une seule.
• E n et pen dan t sont suivis d’une expression de durée chiffrée (d ix minutes,
deux heures, trois ans, etc.). P en d a n t peut être suivi d’un nom représentant
sémantiquement une durée (les vacances, la scolarité, l’année, le travail, le som
meil, etc.) et peut s’effacer devant une expression de durée ch iffrée :
J’ai vécu dix ans au Maroc..
146
6. La situation dans le temps et la vision du procès
• rin dicateu r tem porel e n ne s*em ploie qu’avec des verbes p erfectifs puisqu’il
signale exclusivem ent le temps nécessaire à l’aboutissement d’une action :
Ils ont fait ce voyage e n trois jours.
J’ai repeint la maison e n dix jours.
Elle a accouché e n vin gt minutes.
• L’indicateur p en d a n t signale les bornes extrêm es entre lesquelles une action a
lieu, sans indiquer pour autant le temps nécessaire à l’aboutissement du procès :
J’ai repeint la maison p en d a n t dix jours. (M ais je n’ai toujours pas
term iné.)
Elle a accouché p en d a n t les vacances. (M ais je ne sais pas si cet
accouchem ent a été rapide ou lo n g.)
À P R O P O S D U s a v o i r - f a i r e
► Les apprenants étrangers ont tendance à confondre les indicateurs tem po
rels :
*J*ai voyagé en trois heures, (pendant)
*J’ai guéri dans trois jours, (e n )
*yzi travaillé pou r deux mois, (pendant)
*Je ne l’ai pas vu pour trois jours, (pendant ou depuis)
•Je m’endors dans cinq minutes, (e n )
147
•Ça fait octobre que je cherche une chambre, (depu is)
*J*arrive ici depuis trois jours, (je suis a rrivé(e))
*Je suis ici cinq semaines.
*J*étudiais le français en deux ans. (j’ai étudié pendant).
Ce coipus d’erreurs laisse entendre que la grammaire intermédiaire se consti
tue soit à partir de calques de la grammaire de la langue maternellé, soit à par
tir d’un apprentissage insuffisant.
Parfois, ce serait peut-être m êm e Tenseignement/apprentissage lui-même qui
conduirait à l’erreur (j’arrive ici depuis trois jours, j’ai voyagé en trois heures,
etc.). C’est au cours de conversations inform elles, concernant le vécu des
apprenants, que pourrait se mettre en place l’em ploi correct des indicateurs
temporels. L’enseignant se contenterait de corriger - en écho » l’énoncé fautif,
sans pour autant interrompre la prise de parole de l’apprenant :
- Ce w eek-end, je suis allé à Rome.
- Alors, raconte-nous ton voyage.
- *J’ai voyagé en trois heures.
- Le voyage Paris-Rome a duré trois heures ?
- Oui,
- Alors, • j’ai fait le voyage Paris-Rome en trois heures Csotto
voce)
- Oui, là-bas, ^j’ai visité en deux jours.
- Tu as tout visité ?
- Non.
- Alors, « j’ai visité Rome pendant deux jours ».
- Mais, si j’ai tout visité ?
- Alors, « j’ai visité tout Rome en deux jours ».
- Maïs ce n’est pas vrai ! J’ai visité Rome p en d a n t deux jours !
- Et quelles sont tes impressions ?
C’est à l’occasion d’échanges de ce type que les apprenants se forgent leurs
règles d’em ploi. Ils n’ont pas besoin de démonstrations plus explicites pour
devenir performants. Cette coixectîon - en écho » et en communication peut éclai
rer les différences d’em ploi entre « en » et « pendant « plus efficacem ent que toute
une séance de grammaire sur les indicateurs temporels. Il sera utile, cependant,
de faire expliciter ces différences d’em ploi plus tard dans l’apprentissage.
Pour que ce travail soit réellem ent efficace, encore faut-il que l’enseignant
sache immédiatement en qu oi consiste l’erreur de l’apprenant. C’est-à-dire que
l’enseignant doit connaître l’ensem ble des contraintes d’em ploi de » en » et
• pendant », par exem ple.
C e Q U "i l f a u t s a v o i r
148
8. La Situation dans le temps et la vision du procès
149
• Pevant u n jour de la semaine, on peut trouver l’article défini à valeur spécU
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les apprenants étrangers ont de la difficulté à utiliser les expressions de
temps :
•Dans le mois de décembre.
•Dans décem bre.
•Sur lundi.
•Je suis né sur le 15 d’octobrè 1978.
•Dans 1994. Dans Pété.
•Je viendrai le prochain mardi.
•Je suis allé à l’Italie dans Pété.
•Je m e repose au dimanche.
•Le dimanche je pars à Rome. (Pou r : Dimanche je pars à Rom e.)
Ce phénom ène est le plus souvent lié à des calques sur leur langue mater
nelle. Ce n’est que par des échanges interactifs, à propos de la situation dans
le temps, qu’ils maîtriseront peu à peu le système des indications temporelles
du français.
Le prem ier système tem porel à mettre en place est celui qui concerne le » ici
et maintenant •* des apprenants.
Concernant la préposition • à », on rencontrera au cours de l’apprentissage des
erreurs liées à la contraction de Particle : « *à le », - *à les » pour • au » et « aux ».
À la place de la préposition de temps « en », ils utilisent régulièrem ent • dans
le » ou - dans la ».
D ’une m anière générale, si le système linguistique maternel de l’apprenant ne
com porte qu’un seul item tem porel « dans » pour recouvrir le système français
» en, dans, à », il est logiqu e qu’il y ait des difficultés de mise en place du sys-
tènie plus com plexe.
Aussi, les erreurs qui frisent le contresens seront explicitées, pour que l’appre
nant puisse lever toute équ ivoqu e sur la portée d e son message.
150
8, La situation dans îe temps et la tnsion d u procès
Les erreurs m orphologiques sans am biguïté sém antique peuvent être corrigées
• en écho •.
C É Q U 'IL F A U T S A V O IR
■ À partir de, dès, jusqu’...
Ces marqueurs de temps sont ponctuels, c’est-à-dire qu’ils ne représentent
qu’un point de départ ou un point d ’arrivée sur Taxe du temps.
« À partir de •, « dès •» et « jusqu*... « sont em ployés aux trois époques (passée,
présente et future) :
À p a rtir du mois de septem bre, je travaille.
D es la semaine prochaine, je vous règle m on loyer.
En France, à p a rtir d e 1944, les fem m es ont eu le droit de vote.
Elles ont voté d ès le m ois d ’avril 1945.
Vous avez ju sq u ’à lundi matin pour payer vos impôts.
Les cours ont lieu ju squ ’au 20 mai.
Les B oli seront absents ju sq u ’e n septem bre.
• À p a rtir d e et dès indiquent le point de départ d’un état ou d’im e action.
Jusqu*... signale la dernière lim ite pour leur déroulem ent.
Ces indicateurs de temps peuvent être suivis d’une date chiffrée :
À p a rtir du 1 " janvier 1996.
D ès le 31 décem bre 1995-
Ju squ ’au 20 mai 1997.
Ils peuvent être suivis d'un nom exprim ant une époqu e ou un événem ent :
Xpartir de cet hiver.
D ès le printemps.
Jusqu’à l’été.
Xp a rtir d e sa naissance.
Ju squ ’à son 18® anniversaire.
D ès son arrivée dans le quartier.
• À p a rtir d e indique, de façon tout à fait neutre (ob jective), le début d’un état
ou d'une action. D ès indique, de façon plus subjective, que le début d ’un évé
nement est estim é com m e étant « précoce » :
Xp a rtir du m ois de mai 1968, les étudiants se m obilisèrent.
D ès le mois de mai 1968, les étudiants se m obilisèrent.
• Xp a rtir d e et ju sq u ’à im posent, quand cela est nécessaire, l’em ploi d’un
article contracté :
À partir du mois de septem bre.
Jusqu’au mois de mai.
À partir des grandes vacances.
Jusqu’au x vacances d’hiver.
151
Vous pou vez vous inscrire dès demain.
C« Les inscriptions sont ouvertes, n'attendez donc pas plus tard
que demain pour vous inscrire, c’est aussi sim ple 0
D ès leu r rencontre, ils se sont aimés.
(= Leur amour a été im m édiat.)
D ep u is leur rencontre, ils s’aiment.
(*= Leur amour continue toujours.)
La p ara p h ra se en situation et le ré e m p lo i e n c o n te x te faciliteront la diffé
renciation à faire entre ces em plois des indicateurs tem porels.
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
■ Avant et après.
À partir d’un point de référence, concernant une des trois époques (passée,
présente ou future), ces indicateurs de temps exprim ent une antériorité (avant)
ou une postériorité (après) ;
Il s’est installé en France en 1994. A van t, il habitait (a habité, avait
habité) au Québec.
U restera en France jusqu’en 2001. Après, il retournera à
Montréal.
152
8, La situation dans Je temps et ta vision du procès
c- V ision de Taction, non plus dans sa valeur d ’antériorité, mais tout sim plem ent
•"dans sa valeur accom plie. Les deux actions sont alors vues dans un sim ple rap
port d e successiviîê, toutes deux par rapport au temps de rénonciation :
J’ai étudié les lettres et avant j’ai étudié les maths.
3* Le point de référence est le futur :
En 2010, il travaillera.
2L V ision de l’action antérieure com m e accom plie dans le fu tu r :
En 2010, il travaillera probablem ent pour la BNP. Mais avant cette
date, il aura été stagiaire au Crédit Agricole.
b . Vision des deux actions dans un sim ple rapport de successiviîê :
Vous travaillerez probablem ent pour la BNP. Mais avant vous
serez stagiaire au Crédit A gricole.
Cette analyse laisse entendre que les problèm es d’antériorité sont non seule
ment liés aux temps verbaux marquant la chronologie, mais aussi a l’aspect de
ces temps, c’est-à-dire à la vision. C elle-ci peut varier en fonction du point de
vue que veut exprim er le locuteur. Nous reviendrons plus en détail sur cette
question délicate, dans la partie du dossier consacrée aux valeurs et em plois
des temps (cf. in fra 4, p. 170 et 5, pp- 173-177).
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► En général, on enseigne aux apprenants que - avant » se construit avec l’im
parfait, lorsque le tem ps du verbe de référence est au présent.
Cela est exact si le présent du verbe de référence est un présent générique :
Maintenant, les gens regardent la télévision, (présent génériqu e)
Avant, ils passaient leurs soirées à discuter, (im parfait génériqu e)
153
Mais si le temps du verbe de référence est au présent spécifique (être en train
d e), il faut savoir expliquer aux apprenants que Гоп petit trouver tout aussi
bien un passé com posé qu'un imparfait. ..........
Cela dépend non seulement de rantériorité tem porelle, mais également de l’as
pect, ou vision, que le locuteur veut donner de cette action antérieure (vu e
com m e accom plie ou vue en accomplissement au passé) :
— Qu’est-ce que tu fais en ce moment ?
- Je prépare le dessert (je suis en train de préparer...), juste avant
j’ai préparé (je préparais) les hors-d’œuvre.
L’enseignant de français langue étrangère doit se m éfier de donner des règles
trop générales concernant l’em ploi des temps des verbes.
3* Ils précisent la fréquence (itération et réitération) d’une action : une fois, par
fois, souvent, de temps en temps, rarement, de nouveau, encore, une fois de
plus, etc.
Ils ont alors une valeur sém elfactive (u n e seule fois) ou une valeur itérative
(plusieurs fois).
4* Ils soulignent la promptitude de réalisation d’une action : déjà, tout de suite,
imm édiatement, sans délai, à l’instant, sur le coup, etc.
154
8. La situation dans le temps et la vision du procès
• Ces marqueurs peuvent être em ployés seuls, dans une réponse par exem ple :
- Est-ce qu e vous faîtes du sport ?
- R a rem en t.
- Elle fum e encore ?
- T o u jou rs !
- Il est parti.
- D éjà ?
155
 PR O I>O S D U S A V O IR -F A IR E
► Dans l'apprentissage des temps du passé, les marqueurs à valeur ponctuelle
sont une balise pédagogique très efficace pour guider et faciliter l'em ploi du
passé com posé (ou du passé sim ple).
En revanche, les marqueurs à valeur duratîve et itérative peuvent troubler l’ap
prenant. En effet, celuirci se fait la réflexion suivante : « Si ça dure, il faut mettre
Timparfait, parce que l'im parfait indique une durée. » C^st encore une de ces
règles que Гоп rencontre dans de nombreuses grammaires qui ne s’adressent pas
à des étrangers apprenant notre langue. Cette question de durée, si souvent pla
qu ée dans une explication concernant les em plois de l’imparfeit, est constam
m ent mal inteiprétée et donne lieu à d e véritables malentendus culturels.
À partir de cette règle, les apprenants mettront à l’imparfait toute action dont
le sémantisme présuppose une certaine durée (Par exem ple r dormir, vivre) et
toute action m odalîsée par un marqueur de continuité (toujours, souvent, la
plupart du temps, etc.). Or, les enseignants et les graimnaîres qui parlent de la
durée de l’impiufait, le font pour sim plifier (abusivem ent) les notions de dérou
lem ent de l’action. Celle-ci peut être vu e en accomplissement (en train de se
réaliser) ou comm e accom plie (term inée).
U ne action peut être envisagée com m e accom plie, tout en étant égalem ent
m odalîsée par des adverbes de durée.
O bservez la différence :
(1 ) J’étudiais longuem ent mes leçons.
(2 ) J’ai étudié longuem ent mes leçons.
(3 ) Jétudiais toujours mes leçons.
(4 ) J’ai toujours étudié mes leçons.
En (1 ) et (3 ), le procès du verbe - étudier • est vu en accomplissement au passé.
C’est un accomplissement à valeur générique, au passé. La paraphrase pourrait
être : « J’avais l’habitude, en ce temps-là, de passer beaucoup de temps à étu
dier. •
En (2 ) et (4 ), le procès du verbe « étudier •* est vu, soit comm e accom pli du
présent, soit comme accom pli du passé. Que le procès du verbe soit actuelle
m ent considéré comme term iné n’em pêche en rien le fait qu’il lui ait fallu beau
coup de temps pour s’accomplir.
La différence entre ces deux groupe.s d ’énoncés est une différence de vision du
procès, et non une sim ple notion de durée. Celle-ci peut d ’ailleurs fort bien
cohabiter avec les deux types de vision. L’imparfait n’en a pas le m onopole j
O bservez les erreurs suivantes, vous constaterez que les étudiants qui les ont
com m ises se sont constitué une règle de grammaire intermédiaire (fausse).
Ils se disent que si l’action dure longtem ps, il faut mettre l’imparfait et si l’ac
tion est brève, il faut mettre le passé com posé :
•Ce jour-là, souvent, je m e disais courage ! (Pou r « je me suis dit ».)
*Ce jour-là, souvent, je pensais : - Je dois sortir du pays. •• (Pou r
« j’ai pensé ■.)
•Alors, j’ai fait un peu de sport ; après je m e douchais longtem ps
et j’ai réveillé à m on fils.
•Ce jour-là, on marchait longtem ps dans la campagne, à midi Гас-
cident est arrivé soudain.
156
8. La situation dans le temps et la vision du procès
Ce sont là des erreurs qui proviennent probablem ent d'un enseignem ent trop
général sur les valeurs d e riniparfait.
► Les deux temps du passé (imparfaît/passé com posé) seraient peut-être plus
clairem ent compris si on expliquait qu’il y a, en français, deux m oyens d ’évo
quer le procès du verbe, de même qu’il existe parfois deux termes pour expri
m er un m êm e concept : an et année, matin et matinée, soir et soirée.
On admettra, sans trop de difficulté, que la réalité à laquelle ren voie le prem ier
de ces termes ne dure pas moins longtem ps que l’autre î Ce qui les différencie
Tun de l ’autre ce n'est pas la durée, c'est la vision tensive (a n ) ou extensive
Cannée) d ’une m êm e réalité.
Pour présenter de façon im agée la différence entre im parfait et passé com
posé, l’enseignant pourrait aussi évoqu er gestuellem ent la fon n e d ’un accor
déon : déplié - extensif “ imparfait / p lié = tensif = passé com posé.
Dans les activités de classe concernant les temps du passé, la prise en com pte
du c o n te x te im m éd ia t est de toute façon indispensable.
Cb q u 'i l f a u t s a v o i r
157
• Le gérondif peut avoir des compléments. Quand ces compléments sont des
pronom s de reprise (pronom s ditiqu es), ils se placent entre e n et la form e du
participe présent :
Tu avais emprunte des livres à ta tante, n‘est-ce pas ?
Alors, tu aurais dû la rem ercier é n les lu i r e n d a it !
• L’adverbe tout n’est pas absolument nécessaire devant un géron d if pour mar
quer la simultanéité des deux actions :
II est parti tout en la remerciant.
U est parti en la remerciant.
Mais la présence de tou t devant un géron dif souligne essentiellem ent sa valeur
tem porelle.
• Quand deux actions, ayant le même sujet grammatical, sont en re la tio n tem
p o r e lle d e sim u ltan éité, l’une ou l’autre peut se mettre au gérondif, selon le
point de vue du locuteur :
II marche en sifflant.
Il siffle en marchant.
Vous pouvez vous prom ener en réfléchissant
Vous pou vez réfléchir en vous prom enant
158
8, La situation dans h temps et la vision du procès
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
►* Les em plois du géro n d if posent quelques problèm es d’apprentissage,
notamm ent aux anglophones :
*Une voiture m ’a fait peur en traversant la route. (... quand je tra
versais...)
•Ils peignaient un mur. Je les regardais en peignant.
•Il est tom bé dans le ravin en se tuant.
La prem ière règle à respecter pour l’em ploi du géron dif est celle des sujets
grammaticaux coréférentiels Qes deux verbes doivent avoir le m êm e sujet).
Pour aider les apprenants à l’appliquer, il est utile de leur faire réaliser des exer
cices de tra n s fo rm a tio n du type « Utilisez le gérondif, quand cela est possible » :
(1 ) Us peignaient un. mur et en m êm e temps ÎIs sifflaient.
(2 ) Je les regardais et en m êm e temps Je leur souriais.
G ) Tu peux étudier et gagner ta vie en même temps.
(4 ) Je les regardais et pendant ce temps-là Üs peignaient.
(5 ) Üs sifflaient et m o i, pendant ce temps, je leur souriais.
(6 ) M o i j’étudiaîs et lu i, pendant ce temps, il travaillait à l’usine.
La paraphrase d ’énoncés au géron dif permettra aussi aux apprenants de com
prendre qu e seuls les verbes ayant un m êm e sujet grammatical acceptent cette
construction ;
(1 ) Ils sifflaient tout en peignant.
(2 ) Je souriais tout en les regardant.
(3 ) Tu peux étudier tout en gagnant ta vie.
Enfin, il sera indispensable de leur proposer des phrases com portant des subor
données tem porelles pour qu’ils puissent discriminer, de la m êm e manière,
celles qui sont susceptibles de se transformer au géron d if de celles qui ne le peu
vent strictement pas :
(1 ) Pendant qu ’ils peignaient leur mur, je les regardais.
(2 ) Quand ils travaillaient, ils sifflaient gaiment.
(3 ) Pendant que tu étucües, tu peu x aussi travailler quelques
heures 1
(4 ) Quand Pierre étudie, M arie va se promener.
159
C5) Pendant qu^elle se promène, elle r^ é ch it à ses problèmes.
( 6) Pierre s'est endormi sur ses livres pendant que Marie se pro
menait.
(7 ) Il s'est endormi pendant qu'il écoutait une symphonie de
Beethoven !
Observations et réflexions sur des mini-corpus proposés par l’enseignant ne
peuvent que faciliter la saisie de la règle.
Les exercices de transformation serviront essentiellement d'autovérifícation du
fonctionnement de cette règle.
► Pour ce qui est des gérondifs de m aiû ëre, si les sujets doivent bien être
coréférentiels pour les detix verbes, la simultanéité des actions n'est plus suffi
sante pour choisir de façon aléatoire celle qui sera mise au gérondif.
Il faudra donc que renseignant fasse reconnaître Vaction p rin cip a le et pose la
question • comment » ou « pourquoi -, de façon à ce que les apprenants com
prennent que seule l'action exprimant la manière Cou la cause) pourra dès lors
être mise au gérondif :
(1) Elle a préparé le café et elle s’est brûlée.
( 2) H a taillé son crayon et il s’est coupé.
(3 ) Il est tombé dans un ravin et il s’est tué.
On aura aussi intérêt à réfléchir aux types de relations qui peuvent s'imbriquer
entre deux actions. Sous le couvert de la simultanéité Cet en même temps) peut
se cacher une relation de conséquence Cet donc) ou une relation de but Cet
pour cela). Ces relations, autres que temporelles ou causales, n'admettent pas
le gérondif :
^Maintenant, tu peux profiter de tes vacances en trouvant du
repos, quelque chose qui ne serait pas focile si...
(profiter de quelque chose p o u r faire quelque chose)
■^C'est rare que quelqu’un utilise tant d'énergie en enseignant à
des adolescents.
(utiliser son énergie p o u r faire quelque chose)
Ces erreurs proviendraient de la confusion entre relation de simultanéité tem
porelle et relation téléologique (le but recherché).
Il est très probable aussi, com m e le montrent les erreurs suivantes, que la
construction géfondive soit em pêchée du fa.it que les deux verbes appartien
nent à des catégories sémantiques différentes (verbes de Vêtre, du fairey du
causer^ cf. dossier 10, 1 , p. 231) :
*Je passe trop de temps en choisissant de la nourriture.
•Il est assis en regardant la mer.
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
■ L a p r o p o s i t i o n p a r t i c i p i a l e , c o m m e m a r q u e u r t e m p o r e l d ’a n t é r i o r it é .
Très fréquente à récrit, cette construction permet de faire l ’économ ie d'une
proposition subordonnée circonstancielle de temps introduite par des conjonc
tions à valeur ponctuelle ; quand, lorsque, aussitôt que, dès que, après que.
U n e fo is vos études term inées, vous poun-ez vous présenter aux
concours de l'Administration.
l 60
8. La situation dans le temps et la vision du procès
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Pour accoutumer les apprenants au registre de langue de l’écrit, il serait bon
de leur faire paraphraser des extraits d ’articles journalistiques où se manifestent
des participiales, que celles-ci soient temporelles ou causales.
Inversement, o n pourra demander aux étudiants de tra n s fo rm e r des énoncés
contenant des subordonnées temporelles ou causales, en employant les parti
cipiales correspondantes.
Il est indispensable que ces exercices,se fassent .en tenant compte des
co n tex tes où ce type de discours et de registre de langue sont normalement
attendus.
Ce q u 'i l f a u t s a v o i r
161
- un e relation d ’antériorité : avant q ue ;
- une relation de postériorité : après que.
Il est aussi des conjonctions de subordination temporelles qui peuvent avoir
toutes ces caractéristiques, selon le contexte où elles apparaissent (quand,
lorsque).
• D'un point de vue syntaxique, les conjonctions temporelles introduisent des
subordonnées circonstancielles de temps,
• Si plusieurs subordonnées temporelles sont coordonnées, la conjonction tem
porelle n’est pas nécessairement répétée.
On utilise de préférence « et que - pour éviter la répétition :
Tandis qu’ils dînaient et que je lisais, le feu a pris dans la cui
sine.
Q u and j'ai fini mon travail et qu e je veux me reposer, je vais me
promener.
A JPROPOS o u S^VOIJR-FAIRE
► On notera l'em ploi du pronom relatif où dans certaines locutions conjonc
tives de temps.
Ce phénomène est propre au français. Dans les autres langues, on aurait à la
place un équivalent de « quand ».
D'où les erreurs fréquemment rencontrées dans les productions écrites ou
orales des apprenants étrangers :
*Le jour quand je suis arrivé en France.
•Le temps quand j’étais enfant.
162
8. La situation dans le temps et la vision du procès
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
163
D ès q u e indique le déclenchement du procès qui en entraîne un autre.
Jusqu'à ce q u e indique le déclenchement du procès qui doit mettre fin à un
autre.
( 1 ) Dès qu*il est rentré, nous nous sommes mis à table,
(2 ) Nous attendrons jusqu'à ce qu'il soit arrivé pour p ^ s e r à
table i
(3 ) Aussitôt qu'il arrivera, ils passeront à table.
(4 ) Dès que j'aurai reçu mon argent, nous partirons en vacances,
C5) Dès qu'elle a eu reçu son argent, ils sont partis en vacances.
( 6) Ils sont partis aussitôt qu'ils ont eu reçu leur argent.
(7 ) Ils ont attendu jusqu'à ce qu'on leur ait versé leur argent.
( 8) Dès que j'ai reçu mon argent, je suis parti.
(9 ) J’ai attendu jusqu'à ce qu’on me verse m on argent.
Dans ces exemples, les procès sont nécessairement successifs. Mais la rela
tion « antériorité/postériorité " peut être formellement marquée par le temps
des verbes. O bservez ( 2), (4), (5), C6), .C7) par opposition à ( 1 ), G),
( 8), (9).
1 64
8. La situation dans le temps et la vision du procès
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► À un niveau 2 de l’apprentissage, les élèves doivent apprendre les différents
emplois des subordonnées temporelles.
Il peut être d’abord utile de concrétiser sur des axes, au tableau, la représen
tation fictive des bornes initiale et finale du déroulement des procès et les
points déclencheurs de changement :
pendant que : ---------------~ ^ ^
tant que : ----------------- ............-----------s’- - - ■=■-■■■■■?: + ---------------- ^
depuis que ; -------- ' + 5
Mais les apprenants auront surtout des difficultés à saisir l’em ploi des modes
appropriés à chaque conjonction de subordination temporelle.
En effet, si Гоп considère, par exemple, deux marqueurs comm e « tant que » et
« jusqu’à ce que », on constate qu’ils véhiculent exactement le même contenu
d’information.
Cependant il s’agit bien, selon le choix du marqueur, de signaler deux visions
différentes d’une m êm e réalité : - tant que » entraîne une vision de continuité,
par rapport au moment de référence, et par conséquent se construit avec l ’in
dicatif. « Jusqu’à ce que » envisage une vision de discontinuité, par rapport au
moment de référence. Comme cette discontinuité ne peut être que virtuelle
dans l’esprit du locuteur, il a obligatoirement recours au m ode subjonctif.
Voici quelques erreurs qui illustrent ce problèm e d ’apprentissage ;
•Si on attend jusqu’à tout le m onde comprend...
•Jusqu’à le baladeur est utilisé avec limitation, c’est une bonne
chose.
En outre, on rencontre bien souvent des problèmes d’antériorité/postériorité
dans l ’em ploi des conjonctions temporelles. Il faut un certain temps d ’apprentis
sage pour que les apprenants saisissent les formes qui expriment cette relation.
En général, l’apprenant étranger n’a, au prime abord, que les moyens linguis
tiques d ’exprimer la simultanéité de deux actions.
Cela signifie que des exercices appropriés sont indispensables, pour que les
élèves apprennent à marquer aussi la relation « antériorité/postériorité • entre
deux actions présentes, passées ou futures.
Ces exercices n’ont pas besoin d’être obligatoirement systématiques.
Il suffit de trouver une situation de communication convenable et de deman
der aux étudiants d’inventer les circonstances temporelles simultanées, anté
rieures ou postérieures à cette situation.
Par exem ple :
Situation de communication ; Pierre raconte à ses amis une anec
dote ; il est resté coincé dans un ascenseur.
Inventez les actions ou états simultanés, antérieurs et postérieurs.
Ce type d’exercice permet à l’apprenant :
- de prendre des décisions (il est libre d’inventer les événements) ;
- de vérifier ses connaissances grammaticales Oes relations temporelles entre
les actions) ;
165
- d ’être motivé par les corrections éventuelles (ces corrections concernant ses
inventions personnelles), -
Dans l’apprentissage de la grammaire, comme dans toutes les autres activités
de classe, l’enseignant doit savoir stimuler chez ses apprenants les facultés de
décision, d’action, de motivation, d’invention, de réflexion et d’évaluation.
Seules les activités de classe faisant appel à ces aptitudes auront des effets réel
lement positifs.
■ Pour situer une action, dans le temps ou hors du temps, le locuteur dis
pose de différentes formes verbales : les modes et les temps,
• Cf. in fra 5, les valeurs et emplois des temps de l’indicatif, pp. 173-185.
2* La réalisation du procès du verbe est considérée comme virtuelle :
“ soit l’action est de l’ordre du possible ou de l’hypothèse ( 1 ) ;
- soit l’action est envisagée à travers la subjectivité du locuteur et n’est pas
assenée pour elle-même ( 2).
Ce sont les modes subjonctif, conditionnel, infinitif et impératif qui mar
quent cette virtualité ou cette possibilité latente (réalisation virtuelle) :
( 1) Je souhaite qu’il vienne me voir. Dites-lui de venir !
(2 ) Je suis désolée qu’il ne soit pas venu plus tôt.
(1 ) J’aurais su, je ne me serais pas dérangé pour aller la voir.
( 2) Il était malheureux qu’elle ait découvert la supercherie. Elle
était gênée de l’avoir humilié.
• Cf. in fra 6, les valeurs et emplois des autres modes, pp. 185-194.
166
8. La situation datis le temps et la vision du procès
■ Aux trois époques, une seconde fonction des temps consiste à signaler les
étapes du déroulem ent de l’action envisagée. C’est également le rôle des
périphrases,verbales.
Une action peut être présentée comme :
1 . Sur le point d ’avoir lieu (vision prospective) :
Paul v a bientôt d ^ e u n e r, il déjeunera dans un quart d’heure.
À cette heure-ià, Paul éta it su r le p o in t d ’aller déjeuner.
Il allait juste se mettre à table, quand il reçut une visite.
Dans un mois, à cette même heure, il s e r a s u r le p o in t d e déjeuner.
Le futur analytique (a lle r + in fin itif et être s u r le p o in t de + in fin itif) exprime
cette vision prospective, par rapport à un moment de référence donné : pré
sent, passé, futur.
2 - En train d’avoir lieu (vision progressive) :
Paul déjeune. N e le dérangez pas, il est en train de déjeuner.
Paul déjeunait. Il était en train de déjeuner quand le téléphone
sonna.
Quand vous arriverez, il sera certainement en train de déjeuner I
Le morphèm e être en tra in de + in fin itif le présent et l’imparfait expriment une
action en progression, c’est-à-dire que l’action est en accomplissement, par rap
port à un moment de référence : présent, passé ou futur.
3. Ayant eu lieu (vision rétrospective) :
Aujourd’hui, Paul a d éjeu n é à 13 heures.
Il est 14 heures ? Alors, il vient de déjeuner.
Ce jour-là, Paul venait de déjeuner, il était 14 heures.
Ce jour-là, il était 14 heures, Paul ava it fin i de déjeuner.
La vision rétrospective s’exprime soit par un temps composé, soit par un temps
périphrastique de type v e n ir de + in fin itif (passé récent), par rapport au
moment de référence.
■ Aux trois époques, les temps des verbes marquent le rapport tem porel qui
existe entre différentes actions : simultanéité, antériorité, postériorité.
En parlant ou en écrivant, tout locuteur se donne un point de référence. Ce
moment est le - T® • de son discours G le temps de la prise de parole -, écrit
P. Charaudeau dans sa G ram m aire d u sens et de Ves^ressioni,
À partir de ce T®, seront racontées ou commentées des actions, simultanées à
ce mom ent ou des actions qui lui sont antérieures ou postérieures.
167
Si le T® est bien celui de l’énonciation, c ’est-à-dire l’époque présente, le locu
teur peut avoir recours également, dans ses narrations, ses histoires, à un point
de référence passé ou futur, le T ' : le point de référence de l’événement passé
ou à venir. C’est le point de référence, à l’époque passée ou future, dont sont
solidaires temporellement toutes les actions subordonnées.
1. L e locu teu r ra co n te « Ic i et m a in ten a n t » CT®) des événements de son
passé proche ou plus lointain. Il s’agit de l’instance que Benveniste appelle le
« discours •.
168
8. La situation dans le temps et la vision du procès
• Observez l’em ploi des temps à partir d'un point événementiel passé (T ') :
(1 ) Tout avait commencé le matin même par un mystérieux coup
de téléphone. Cétait une femme qui appelait au secours : elle
venait de trouver un homme pendu dans une cabane en bois,
derrière chez elle...
(2 ) Philippe Marchand regarda sa montre : il était 10 heures exac
tement.
Encore sous Teffet de l'étrange coup de téléphone qu’il venait
de recevoir, il fit appeler son assistant Brisedoux...
(3 ) Sur une chaise en paille fort peu confortable, le suspect n® 1,
Pierre Maussin, réfléchissait. Il n'avait pas l’air disposé à
répondre à la question que lui avait posée quelques instants
auparavant le juge marchand; mais celui-ci était patient: il
attendrait le temps qu'il faudrait !
(4 ) Dès que le juge eut échangé quelques mots avec Pierre
Maussin, il sut que celui-ci ne serait pas bavard.
Le point de référence ( T ') se situe en ( 2) : • il était 10 heures exactement ».
En Cl), le plus-que-parfait marque l’antériorité par rapport à ce moment. Les
imparfaits sont en corrélation de simultanéité avec le plus-que-parfait. Le der
nier imparfait, » venait », est aussi une transposition du discours direct (Je viens
de trouver...) au passé (concordance des temps au discours indirect libre au
passé).
En ( 2), la référence événementielle à l’époqu e passée ( T ) est signalée par le
passé simple en corrélation de simultanéité avec l’imparfait.
En (3), les imparfaits coïncident avec le point de référence (X )* Le plus-que-
parfait marque l'antériorité par rapport à l’imparfait. Les formes conditionnelles
sont des futurs au passé» elles marquent une corrélation de postériorité par rap
port au point de référence ( T ) . Ce sont des transpositions au passé du discours
direct du juge Marchand O'attendrai le temps qu'il faudra).
En (4), le passé antérieur indique une antériorité par rapport au passé simple.
Le point de référence est une sorte de c lé donnant accès à des tiro irs
temporels Oiistoriquement, en grammaire, l’expression « tiroir ■ a été inventée
169
par Damourette et Pichón, pour distinguer formes et sens en matière de
temps). Sa présence entraîne nécessairement rem ploi de temps spécifiques qui
lui sont affiliés pour indiquer Tantériorité, la postériorité ou la simultanéité.
Au discours indirect au passé (discours rapporté), on observe cet emploi sys
tématique des tiroirs temporels spécifiques au temps de référence :
■ Aux trois époques, les temps des verbes marquent Paspect (ou vision) à par
tir duquel sont considérées les actions : elles sont vues comme accomplies,
comme résultatives ou en accomplissement à une époque donnée (cf. supra
1 , pp. 143-144 et 2, pp. 152-153).
• Observez les formes verbales et la manière dont elles véhiculent la vision du
procès :
(1 ) L'interrogatoire du juge Marchand com m en çait :
(2) - Qu’avez-vous fait ce matin entre 7 heures et 10 heures ?
Où étiez-vous?
- Ce matin j’a i tra va illé dans mon bureau. J’étais très occupé.
(3 ) J’avais p ro m is à mon éditeur de lui remettre un manuscrit
en fin de matinée.
(4 ) Eh bien, je Tai term in é , le voici.
(5 ) Tout avait co m m en c é le matin même par un étrange coup
de téléphone.
( 6) C’était une femme qui a p p ela it au secours : elle venait de
trouver un pendu dans une cabane derrière chez elle.
En (1), Faction passée est vue en accomplissement (être en train de).
En (2), il existe un rapport de simultanéité entre les procès, dont les uns sont
vus en accomplissement (imparfait) et les autres comme accomplis (passé com
posé).
En (3), il existe un rapport d’antériorité avec les verbes de (2), mais le plus-
que-parfait donne aussi une vision accomplie de Faction considérée.
En (4), la vision du procès au passé composé est résultative.
En (5), le plus-que-parfait signale que Faction est vue comme accomplie. Elle
est aussi antérieure à ( 1), mais simultanée aux deux imparfaits soulignés en ( 6)
qui montrent les procès en accomplissement.
170
8. La situation dans le temps et la vision du procès
171
ment : accompli/accomplissement). Cette note peut être jouée soit, en majeur
(m ode du réel) soit en mineur (m ode du virtuel).
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Voici des exemples qui pourront servir à distinguer les fonctions des temps
dans le - discours «* et dans Y « histoire » :
( 1) Ce matin, j’ai jeté à la Seine la bague qu’il nVavait donnée U y
a une dizaine d’années. Il avait acheté cette bague qui coûtait
très cher.
En fait, c ’était du toc !
(2 ) Marie pleurait de rage. Tout à coup, elle jeta dans la Seine la
bague que Pierre lui avait offerte dix ans auparavant.
(3 ) Quand elle eut découvert que Pierre avait osé lui offrir une
bague en toc, elle Tôta aussitôt de son doigt et la jeta dans la
Seine.
(4 ) Assise au bord de l’eau, elle regardait fixement l’endroit où
était tombée la bague que Pierre lui avait donnée dix ans plus
tôt.
(5) Elle avait aimé cette bague qu’elle portait au doigt nuit et jour
depuis plus de dix ans. D ’ailleurs, ne continuait-elle pas à l’ai
mer?
► Quelques erreurs pourront illustrer les très nombreuses difficultés que repré
sente pour un apprenant étranger la corrélation des temps, en fonction du
point de référence ;
*Rappelle-toi, pendant deux ans Annie ne cessait pas. de parler.
*Le 24 octobre, toute la nuit, j’avais du mal à m’endormir, puisque
le lendemain, 25 oaobre. Je devais sortir du pays.
*Âlors, je d em an dais l’heure à lui mais il lie savait rien.
*Ce matin-là, tout de suite je m ’habillais et à même temps je
préparais le petite déjeuner.
•D’abord, ce matin-là, j’ai pris le petit déjeuner. Après on allait à
l’aéroport et j’ai voulu ne pas pleurer.
•Si je ne m e cou ch a is pas trop tard la nuit dernière, je me lève
vers 8 H 30.
•C’était pourquoi, à la fin de ces vacances-là, quand je ren tra is
chez moi, je grossissais.
•Très tôt, le matin de mon départ, je m ’éveillais et je m angeais
un peu du pain en écoutant ces qu’a racontés ma famille.
•Le jour suivant, j’ai allé à la tour Eiffel. Le troisième étage a été
fe rm é . On fa isa it la connaissance des Italiens là.
Mon amie et m oi a von s p o rté les mini-jupes, alors les gens nous
ont regardées.
• Il roulait normalement et il avait la priorité. H voyait bien la R5
qui arrivait sur sa gauche, mais il pensait qu’elle a n ^ tera . Grâce
à la ceinture de sécurité, cela se passait bien pour lui.
172
8. la situation dans le temps et ¡a vision du procès
► Plus o n proposera aux apprenants des situations qui les impliquent et grâce
auxquelles ils peuvent exprimer leurs expériences passées, plus facilement se
mettront en place les tiroirs temporels.
■ Le présent»
Il marque une action en cours à l’époque présente et, en ce sens, il fait partie
des instances de l’énonciation,
• Si cette action est en train de se dérouler, on a affaire à un présent en accom
plissem ent spécifique :
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je prépare l ’apéritif.
Ce présent en accomplissement spécifique peut se paraphraser :
Je suis en train de préparer rapéritif.
Le morphème (form e) être en train de signale que l’action est vue en accom
plissement spécifique en chronologie, c ’est-à-dire que l’action donnera lieu à
un résultat (cf. dossier 10, les verbes du causer, pp. 232-233) :
Accom plissem ent spécifique ;. | Résultat :
Je prépare l’apéritif. I L’apéritif est préparé.
Si l’état ou l’action représente un sentiment, xme attitude, une capacité, un com
portement caractérisant l’être, on em ploie un présent qui ne peut pas se para
phraser par • être en train de • (cf. dossier 10, les verbes de Vêtre et du fa ire, p. 231) :
Il habite à Paris.
Il aime la vie dans cette ville.
Il trouve les Fiançais aimables.
Il étudie à la Sorbonne.
Il parle plusieurs langues.
Il ne sait pas conduire et ne veut pas apprendre.
Il ne fait rien de spécial dans la vie.
• Le présent d ’habitude est un présent en accom plissem ent générique hors chro
n o lo g ie :
Tous les matins, elle se lève à 6 heures.
Elle travaille huit heures par jour, elle se couche vers minuit.
173
• Il existe aussi un autre présent, en accomplissement génétique, hors ch ron olo
gie, qui exprime des états ou des actions vraies de tout temps :
La terre tourne autour du soleil.
Les rayons du soleil brûlent la peau.
L*eau gèle à zéro degré.
Le présent générique est em ployé pour énoncer des règles, des dictons ou des
formules généralisantes :
Une hirondelle ne fait pas le printemp.s,
Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
Tout passe, tout lasse.
• Le présent peut aussi avoir une valeur stylistique, qui consiste à rendre une
action passée ou future immédiatement présente à rimagination.
Cette valeur du présent a un effet perlocutoire saisissant : l’auditeur devient,
bon gré mal gré, le témoin historique de ces actions passées.
On appelle cette valeur du présent le présent historique :
Le 3 août 1492, Christophe Colomb quitte Palos et met les voiles
vers l’ouest.
Cest à peu près le même phénomène qui se produit lorsque Гоп em ploie le
présent pour une action future ;
Dans dix ans, je prends ma retraite et je m’installe à la campagne.
Dans un autre contexte, chez une voyante par exemple, l’effet perlocutoire
peut être dramatique ;
Dans un an, vous rencontrez un homme. Malheureusement, il
vous veut du mal. Quelque temps plus tard, vous mourez de mort
violente...
Le présent est aussi em ployé pour une action iniinînente :
- Pierre, téléphone !
- J’arrive 1
174
8, La situation dans le temps et la vision du procès
Dès lors que la condition en sî est suivie d'un présent ou d ’un accom pli du
présent, son résultat est considéré comm e des plus probables, selon Texpé-
rience collective,
• Le passé com posé peut donc avoir une va leu r rêsuîtative, conséquence
logique d ’une action accomplie.
Comparez :
Il est 18 h 20, l’avion a atterri à 18 heures, (accom pli)
L’avion a atterri depuis 20 minutes. (résuItatiO
H y a 20 minutes que l’avion a atterri, (résultatif)
175
Quand les verbes sont des pronominaux réfléchis <cf. supra 1, pp. 143-144),
cette valeur résultative prend une form e spéciale (verbe être au présent + par
ticipe passé à valeur adjectivale) :
Ils se sont installés à Rome en 1994, (acconipli)
Ils sont installés à Rome depuis 1994. (résultatif)
Il y a quelques années qu’ils sont installés à Rome, (résultatif)
■ L’imparfait.
Comme son nom l’indique, ce temps du passé n’est pas - parfait *. Il ne signale
ni le début, ni la fin d’une action, mais tout simplement le fait qu’elle se situe à
l’époque passée.
On peut établir un certain parallélisme entre ce temps du passé et le présent.
En effet, l’imparfait marque une action en cours ou en accom plissem ent spéci
fiq u e au passé et le présent marque une action en cours ou en accomplisse^
m ent ^ é c ijîq u e au présent :
D ’autre part, l’imparfait peut montrer une action en accom plissem ent géné
rique, hors ch ron ologie à l’époque passée, comme le fait le présent pour
l’époque présente :
Présent d’habitude : Im parfait d’habitude :
Tous les matins, elle se lève à 6 heures,
À cette époque-là, tous les matins, elle
se levait à 6 heures.
À notre époque, les gens ne travaillent Autrefois, les gens travaillaient parfois
que huit heures par jour. jusqu’à quatorze heures par jour.
Enfin, au discours rapporté au passé (cf. supra 4, p. 170 et dossier 5, 2, pp. 92-
94), on a vu que l’imparfait est la transposition attendue du temps présent
em ployé au discours direct :
176
8. La situation dans le temps et la vision du procès
1 77
• Enfin, Timparfait peut avoir une valeur d’atténuation - sorte de minimisation
d’un acte social susceptible de heurter la face d’autrui.
Celte tournure est très fréquemment em ployée dans les interactions adminis
tratives et commerciales :
- Qu’est-ce que vous vouliez ?
- Je voulais un rôti de veau dans l’épaule.
- Je voulais savoir si vous aviez des civettes...
Une minimisation, à caractère affectueux, s’entend aussi dans les paroles des
mères à leur bébé. L’imparfait est dit alors « imparfait hypocoristîque • :
Comme il était mignon le bébé à sa maman I
Cet imparfait hypocoristique peut aussi être utilisé dans une conversation affec
tueusement intimé entre adultes :
Elle était vraiment très fatiguée, ma pauvre petite chérie ?
• Un imparfait à valeur irréelle est em ployé par les enfants de la nouvelle géné
ration dans leurs jeux d’imagination, alors que naguère, les enfants utilisaient de
préférence le conditionnel. C’est une des évolutions dans le rituel des jeux :
Alors, tu étais Batman et moi j’éuîs le Joker, (en 1995)
Alors, les parents seraient partis et on vivrait comme on voudrait,
(en 1960)
■ Le plus-que-parfait.
A ccom p li de Vim parfait, il signale qu'une action s’est réalisée à l’époque
passée, antérieurement à un autre procès :
En 1994, elle était en pleine santé. L’année précédente, elle avait
pourtant é té gravement malade.
Voilà : je ne savais plus conduire. J’avais pourtant con d u it pen
dant toute ma jeunesse.
Ce temps marque au.ssî une a n tériorité par rapport à l’accompli du présent :
Pierre est retourné vivre à Nice où il avait passé toute son enfance.
J’ai enfin trouvé le livre dont on m’avait tant parié.
Cette valeur d ’accompli fait que le plus-que-parfait sert de « tiroir d’antério
rité temporelle au passé composé, lorsque celui-ci se trouve utilisé dans un
énoncé ayant pour temps de référence le passé :
Il a d it qu’il a va it enfin tro u v é un livre dont on lui avait p arlé.
178
8, La situation dans le temps et la vision du procès
■ Le s u rc o m p o s é.
C est un temps accompli d’un temps déjà accompli. Le surcomposé le plus
em ployé est celui du passé composé. Mais il existe aussi un surcomposé du
plus-que-parfait.
O bservez les formes du surcomposé par rapport au présent :
Présent ^----------- Passé com posé *----------- Surcom posé
Je lis. J’ai lu. Quand j’ai eu lu...
■ L e passé s im p le.
Tem ps du passé par excellence, il s’est acquis un statut particulier. En effet, ce
temps est actuellement pratiquement absent du code oral, alors qu’il est extrê
mement vivace dans les écrits.
Le passé simple marque une rupture catégorique entre le temps de l’énoncia
tion et le temps de l’histoire. Le « je » de l’énonciation est absent d’un énoncé
au passé simple.
Comparez :
(1 ) Après 1970, je fis ma carrière en France.
(2 ) Après 1970, j’ai fait ma carrière en France,
179
Aussi, le passé simple est-il le temps de la distance objective et de l'histoire en
général. Conséquemment, de nos jours, il n'est guère plus utilisé qu'à la troi
sième personne du singulier ou du pluriel. Les petits Français ne l'apprennent
plus qu’à l’école et ont du mal à en maîtriser les formes relativement com
plexes. Cependant, à l'écrit, ce temps du passé est très vivant et indique que
l’action est bien définitivement terminée. La vision produite par ce temps est
une vision tensive, en focalisation, alors que l'imparfait qui Tescorte souvent
donne une vision extensive, en panorama.
• Dans un récit au passé, on peut trouver des passés composés et des passés
simples, mais cela indique que le récit est présenté sur deux plans différents :
— un lien étroit avec les instances de l’énonciation (passé compo.sé) ;
- une distance éloignée vis-à-vis du présent (pasisé simple).
Je suis s o r ti avec Monsieur Blanchet, après le tournoi de domi
nos. Le jour déclinait. [...] Monsieur Blanchet marchait avec diffi
culté. Je rapetissais mes pas, pour rester à sa hauteur. Il s’arrêta
et d it (Joseph Périgot, © Bayard Presse Jeune)
■ L e passé antérieu r.
Accom pli du passé simple, le passé antérieur marque un rapport d'antério-
rité/postérîorîté entre deux actions au passé, dont Tune est au passé simple :
Quand ils e u re n t réussi à se détacher de Taffreux spectacle, ils
e n trè re n t dans Surinam.
Lorsqu'il eu t co m p ris qu’il était traqué, il se üaufila habilement
dans la foule et se tapit entre les marchands.
Le passé antérieur se rencontre le plus souvent à l’écrit dans les subordonnées
temporelles introduites par « quand, lorsque, dès que, après que -, etc. Dans le
discours ordinaire, il est régulièrement remplacé par un passé surcomposé.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Dans l'apprentissage de la fonction langagière - raconter des événements pas
sés -, il est utile que l'apprenant puisse dégager, vei*s la fin du niveau 1, l’exis
tence de deux systèmes clairement différenciés :
- le système du - discours - (oral et écrit ordinaires) dont l’apprenant a à se ser
vir et qui est caractérisé par l’usage de l'imparfait, du plus-que-parfait ainsi que
du passé composé et de son accompli le surcomposé.
- le système de T - histoire - (à l’écrit seulement et en registre soutenu) que l’ap
prenant rencontre dans ses lectures et qui est caractérisé par l'emploi de l’im
parfait, du plus-que-parfait ainsi que du passé simple et de son accompli le
passé antérieur.
Le schéma suivant pourrait aider à la saisie de ces deux systèmes temporels
ayant une partie commune : l’imparfait et le plus-que-parfait.
D iscou rs : H is to ire :
180
s. La situation dans le temps et la vision du procès
Plus tard, rapprenant pourra percevoir les effets produits par la présence du
passé composé et du passé simple dans les mêmes textes.
Pour rem ploi des temps à un niveau avancé, voir les E xercices de gram
m a ire ^ péifection n em en tC © Hatier/Didier, 1988).
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
181
c* Le verbe m odal ^ devoir » au présent ;
n doit arriver d ’un moment à l’autre.
• On note aussi que le futur simple est em ployé au discours indirect au passé,
pour évoquer un procès dont on est sûr qu’il se réalisera à une date précise (dans
l’avenir).
Comparez :
(1 ) J’ai entendu dire que l’avion arrivera à 20 heures.
(2 ) On m’a dît que l’avion a rrivera it à 20 heures.
En (1), l’information est considérée comme certaine et venant de source sûre :
l’événement est programmé (lecture d’une affiche, par exemple).
En (2), Tinfonnation est une transposition : discours indirect au passé de paroles
entendues, mais non vérifiées par le locuteur (seules ces paroles font foi).
182
s, La situation dans le temps et la vision du procès
■ l e fu t u r a n té r ie u r.
Forme accomplie du futur simple, le futur antérieur a d’abord une valeur d’an
tériorité concernant l’époqu e hjture et, à ce titre, il se rencontre fréquemment
dans les subordonnées circonstancielles de temps :
Quand tu auras fin i ton travail, tu viendras m’aider.
Lorsqu’ils seront partis, nous occuperons l’appartement.
• Le futur antérieur entre également dans la formulation d ’un acte de parole pré
cis : la supposition (c ’est-à-dire des hypotlièses) concernant l’époque passée.
Observez l’em ploi du futur antérieur dans les circonstances suivantes :
- dans un roman policier :
- Regardez, je vois des tiaces, là.
- Ils auront certainement traîné le cadavre vers ce petit lac...
- à la gare :
- Pierre n’était pas au rendez-vous au train de 11 heures.
- Il aura m anqué son train et n’aura pas pu nous prévenir.
- lors d’une soirée :
- Les Boli ne sont pas arrivés ?
- Ils auront oublié l’invitation ou se seront perdus en chemin.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les méthodes de langue et les praticiens dans les classes de langue attri
buent une importance considérable à l ’apprentissage des temps et des modes
du verbe.
Une grande partie de cet apprentissage est réservée aux temps de l’indicatif
présent.
Si on ouvre une méthode de niveau 1, par exemple, on constatera que sur les
douze ou quinze unités du manuel, dix au moins soulèvent des problèmes de
m orphologie du présent, puis du futur, ensuite de l’imparfait et du passé com
posé.
C est une preuve, s’il en fallait une, que la situation dans le temps intéresse tout
le monde.
Mais peut-être pourrait-il y avoir d’autres manières d’acquérir la maîtrise lin
guistique de cette opération conceptuelle indispensable pour comprendre et
parler une langue.
183
Il est vrai que la fom ie des temps est un automatisme à maîtriser, si Гоп veut
se libérer Tesprit pour des tâches plus complexes (pour Tapprentissage de ces
automatismes, se reporter aux propositions d’exercices ludiques, infra 8,
pp. 201-202).
Mais faut-il en faire le ■ plat principal » de l’apprentissage ?
D ’ailleurs, ce • plat principal » devient vite monotone et lassant, dès lors que
Гоп veut, en un premier temps, faire découvrir et apprendre toutes les formes
du présent, par exemple.
Ce dont a besoin un apprenant étranger, c’est avant tout des formes qui lui per
mettent de se situer aux trois époques. N ’est-ü pas un être de l’univers, comme
tout un chacun ?
Or, il est encore des enseignants qui estiment qu’il est hors de question d’abor
der un temps du futur ou du passé, tant que le présent n’a pas été maîtrisé.
Cela peut prendre un temps si considérable que les étudiants ont depuis long
temps abandonné toute motivation pour parler, quand enfin on décide de les
initier aux autres temps de l ’indicatif.
D ’autre part, il est établi depuis longtemps que les modes subjonctif et condi
tionnel appartiennent à un niveau 2 d ’apprentissage.
On peut s’interroger sur cette progression rigoureusement linéaire.
Pourquoi le passé composé est-il considéré comme plus difficile que le présent
de l’indicatif ?
Pourquoi le subjonctif ne devraît-il être abordé qu’en deuxième année d’étude
du français ?
La réponse est toujours pédagogique ; il faut aller du plus simple au plus com
plexe.
La progression est donc liée aux formes.
L’indicatif présent serait-il le temps le plus facile ? Les temps du passé sont-ils
beaucoup plus difficiles ?
Certes une forme simple est, par définition, moins complexe qu’une forme
composée.
Mais, soyons sérieux 1Toute progression d’apprentissage de la grammaire doit
être strictement liée aux besoins langagiers des apprenants.
Or, tout apprenant, pour pouvoir comprendre et s’exprimer en langue étran
gère, a besoin avant tout de se situer dans le temps.
Par conséquent, il est urgent qu’on introduise, dès les premières leçons, les
trois époques : présente, passée, future.
Mais comment faire pour que les apprenants ne mélangent pas tout, pourrait-
on se demander.
Potirquoi mélangeraient-ils tout ? Une langue n’est pas une science occulte \.
Dans tout enseignement/apprentissage d’une langue, il feiut compter sur la fed -
lité naturelle de tout humain à produire du langage.
N e lui donner qu’au goutte à goutte l’information indispensable pourrait être
considéré, dans certains cas, comme une forme de sectarisme (ils ne sont pas
assez forts pour pouvoir parler cette langue).
C’est une attitude pédagogique heureuseinent dépassée.
Puisque l’erreur est attendue et qu’elle est un cheminement vers la vérité, il faut
certes s’attendre à des erreurs au cours de l’apprentissage.
1 QA
8. La situation dans le temps et la vision du procès
185
s’il était un • objet sacré*, selon la définition que donne É. Durkheim de
Taaeur social.
Ce ■ conditionnel de politesse - doit être appris très tôt dans renseignement/
apprentissage du FLE. Il s’emploie essentiellement aux personnes de rénon
ciation : je, ni, vous.
186
8. La situation dans le temps et la vision du procès
187
Le subjonctif plus-que-parfait indique que le procès du verbe est envisagé comme
a n térieu r à celui du verbe introducteur exprimé à Tindicatif passé ou au condi
tionnel;
Elle regretta amèrement que les troupes eussent e n v a h i son
domaine.
Elle eût préféré que le capitaine ne se fû t pas in stallé dans la
chambre bleue.
■ Les emplois du sub|onctif.
1. Le subjonctif se rencontre, mais rarement, dans des propositions indépen
dantes, formules à valeur exdamative exprimant un souhait, un désir, un ordre,
* Vive la liberté !
Advienne que pourra !
Sauve qui peut !
Ainsi soit-il.,.
Qu’on se le dise !
Qu’il vienne donc !
Qu’à cela ne tienne I
2, Le subjonctif est utilisé en alternance et en complémentarité avec l’infînitif
dans certains cas syntactiques.
Observez l’alternance et la complémentarité des deux modes :
Je ne désire pas p a rtir le plus vite possible.
Je veux que vous p a rtie z le plus vite possible.
Mon employeur désire que je parte le plus vite possible.
Moi, je souhaite tra v a ille r jusqu’à 65 ans.
Notre employeur souhaite que nous p a rtîo iis avant cet âge.
Nous, nous aimerions qu’il puisse changer d’avis.
Si les sujets des deux verbes sont coréférentîels, on utilise l’infinitif.
Si les sujets grammaticaux sont non coréférentîels, il faut une qu e plirase et le
subjonctif pour en rendre compte.
• Cette règle s’applique aux verbes de souhait, de volonté, dé désir, de crainte
ou de peur, mais aussi aux constructions adjectivales exprimant un sentiment ou
une émotion :
Je suis satisfait de q u itter mon travail.
M on employeur est aussi très content que je m’en aille.
Nous sommes désolés que vous partiez.
D ’autres seront heureux de p re n d re ma place !
Moi, je ne serai pas fâché qu’ils la pren n en t.
• On constatera que les adjectifs sont construits avec la préposition de, devant
rinfinitif.
• Certains verbes (ou locutions verbales) sont aussi construits avec cette p rép o -.
sition, devant rinfînitif ;
Je n’accepte pas d e partir sans indemnisations.
Mon syndicat n’acceptera pas que je parte sans indemnisations.
Ils ont envie de s’opposer à mon départ.
Mais je n’ai pas envie qu’ils s’y opposent !
188
8, La situation dans le temps et la vision du procès
189
Après que Temployeur eut relu la lettre de démission, l’em ployé
la signa.
3. Le subjonctif et Tinfînitif sont en concurrence pour exprimer Tobligation, la
nécessité ou un jugement de valeur dans les tournures impersonnelles du type
• il faut, ü est essentiel, il est utile, il est inadmissible, etc. ;
Il faut partir.
Il faut que vous partiez.
Il faut que je parte.
Il vous faudra bien partir.
Me faudra-t-il vraiment quitter l’entreprise ?
Il est scandaleux qu’on ait licencié notre camarade !
Il est scandaleux de licencier quiconque !
• Dans ce cas, c’est le sens que Гоп veut véliiculer (et non pas la question d’un
seul ou de deux sujets grammaticaux) qui détermine l’alternance des deux
modes :
a. U fau t est suivi de l’infinitif ; l’infinitif a une valeur générale, concernant tout
le monde, n’importe qui, mais personne en particulier.
b. H faut est suivi d’une qu e phrase au subjonctif : seul le sujet grammatical
du verbe au subjonctif est visé par l’obligation.
c. Une construction moyenne existe, oîi il fau t est suivi de l’infînitif, quoique
l’obligation ne concerne qu’une seule ou des personnes bien précises.
Mais dans ce cas, on voit souvent apparaître un pronom personnel de type COI,
qui vient spécifier et préciser qui est le patient ou la victime de l’obligation :
Il m e faudra bien m’habituer à cette situatíon nouvelle.
II te faut accepter les aléas de la vie.
Il lu i a fallu, bon gré mal gré, s’habituer à cette nouvelle vie.
• Cependant, si ГОп doit nommer par son nom la personne ou la chose concer
née, c'est obligatoirement la qu e phrase au subjonaif qui en rendra compte :
Il faut qu e Marie Boli a ccep te les aléas de la vie.
Il a fallu que cet ingénieur fasse appel aux syndicats.
Il faudra bien qu e ces problèmes s o ien t un jour résolus.
• C’est la même règle (différenciant le cas général du cas particulier) qui gou
verne les emplois de tournures comme ; • le fait de » et « le fait que - :
Le fait d’a v o ir un bon avocat est toujours un avantage.
Le fait que vous n’a y ez pas d’avocat m’inquiète sérieusement.
190
La situation dans le temps et la tHsion du procès
• Le subjonctif s’em ploie aussi dans les propositions relatives dont l’antécédent
est caractérisé par une superlative ou par un mot qui le rend unique.
Le subjonctif implique que le locuteur n’a pas connaissance d’autres cas sem
blables, mais qu’une telle possibilité n’est pas à exclure.
Observez :
C’est la meilleure entreprise que je connaisse.
(Mais il y en a peut-être d’autres encore meilleures.)
C’est l’employeur le plus exigeant qu’on puisse avoir.
(Mais qui sait, peut-être y en a-t-il d’encore plus exigeants ?)
191
C*est rem p loyé le plus scrupuleux que j’aîe jamais rencontré,
OPeut-être en rencontrerai-je d’autres un jour, maïs cela m’étonne
rait.) .
C’est le seul em ployé qu’il ait licencié.
(Je ne connais pas d’autres cas, mais il y en a peut-être eu...)
L’indicatif, dans ces relatives, signifierait que le locuteur est absolument certain
qu’aucun autre cas sem blable n’est possible :
L’em ployé le plus scrupuleux que je connais, s’appelle Comeaux.
Le seul em ployé que j’ai licencié est devenu par la suite mon
beau-père !
6. Le subjonctif n’altem e avec aucun autre mode après certaines conjonctions
et locutions indiquant la concession ou la restriction ;
- bien que, quoique ;
“ où que, quoi que, quelO e) que, qui que.
Bien que les syndicats aient pris sa défense, l’em ployé a été
licencié.
L’em ployeur a été inquiété, quoique l’em ployé n’ait pas déposé
plainte.
Où qu 'il aille, quoi qu’il fasse, quels que soient ses problèm es, je
ne veu x plus jamais entendre par^ler de lui.
• En registre familier, et à l’oral notamment, on peut trouver l’indicatif après
- bien que • et - quoiqu e •. Cette construction n’est pas adm ise en registre sou
tenu.
• O n veillera à distinguer « quoique • (en un seul m ot) de • qu oi que • (en deux
m ots) car le sens véhiculé et les fonctions syntaxiques sont différents :
Q uoiqu’il fiasse scrupuleusement son travail, il a été licencié.
(E n d é p it de son travail scrupuleusement fait, il a été licencié.)
Quoi qu’il fasse, il ne sera jamais repris dans cette entreprise.
(Il peut tout essayer pour revenir, cela ne servira à rien.)
• D ’autres tournures concessives sont suivies :
- soit de l’indicatif : m êm e si ;
- soit de rinfm îtif : avoir beau.
Même si les syndicats ont pris sa défense, l’em ployé est bien
licencié.
Les syndicats ont eu beau prendre sa défense, il est bel et bien
licencié.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Après une centaine d’heures d’apprentissage du français, les étudiants étran
gers passent habituellem ent par une étape de connaissances très labiles : ils ont
appris beaucoup de form es verbales, mais la plupart des valeurs et des em plois
des morphèmes tem porels leur dem eurent incertains.
Ils s’exercent donc à em ployer des form es grammaticales, non pas parce qu’ils
les possèdent bien, mais parce que justement ils n’en sont pas sûrs.
Cet apprentissage heuristique est une preuve de l’évolution et de l’auto-éva-
1 92
s, la situation dans le temps et la vision du procès
► Comment aborder en classe les valeurs et les em plois des temps et des
m odes ?
L’acquisition des valeurs et des em plois devraient se faire en contexte.
Dans l’écoute des dialogues ou la lecture des textes, l’enseignant pensera à
faire repérer les form es des temps et des m odes appropriés aux types d ’actes
de parole ou aux types de discours étudiés.
L’essentiel, c’est que les apprenants se rendent com pte que les form es verbales
ont une fonction et une valeur fondam entales dans chaque type de discours.
En effet, chaque catégorie de discours, selon sa fonction de communication, se
caractérise par la présence d’un type d é temps et de m odes :
- Les slogans ?
Ils appellent l’impératif, l ’indicatif présent.
- Les notes et messages rapides ?
Ils dem andent l’impératif, le su bjotiaif marquant le souhait ou l’obligation, les
verbes m odaux à l’indicatif ou au conditionnel.
- Les annonces ?
Elles exigen t l’indicatif présent ou futur, l’expression du souhait suivie de l’in
fin itif ou du subjonctif.
- L’em ploi du temps, le calendrier des activités ?
Us appellent l’indicatif présent, imparfait, futur (selon l’époqu e visée).
- La description ?
Elle ex ige le présent ou l’imparfait (selon l’époqu e visée).
- La lettré d’invitation, d’acceptation ou de refus ?
Elle fait appel à des Verbes de sentiments au conditionnel suivis de construc
tions infinitives ou subjonctives.
- Le récit d’événem ents passés ?
U nécessite l’indicatif (présent, passé com posé, imparfait, plüs-que-parfaxt),
- L’expression des sentiments ?
Elle dem ande les m odes indicatif, conditionnel ou subjonctif et les tem ps
appropriés à l’époqu e visée.
L’enseignant doit être très conscient de la potentialité linguistique des discours
qu’il présente à ses apprenants, car ces discours ont leurs marques tem porelles
et m odales spécifiques : c ’est-à-dire qu ’ils offrent, par exem ple, im e occur
rence prévisible (plus ou moins fo rte) de tel ou tel type de teihps et modes ver-
193
baux. En somme, dans son choix de. documents oraux ou écrits pour la classe
de langue, l’enseignant est amené à faire de l’analyse de discours.
D ’une façon générale, les valeurs et em plois des temps et des modes seront
présentés en contexte, relevés et analysés dans leur contexte.
Une fois ces valeurs et em plois appréhendés et reconnus, ils seront réem ployés
dans des situations adéquates d’abord suggérées par l’enseignant, mais ensuite
proposées par les apprenants.
1 94
8. La situation dans le temps et la vision du procès
Ces marqueurs « énonciatifs »» qui m odalisent le procès, selon le ch oix des locu
teurs,‘.seront appelés ici des ■« modificateurs du verbe «•.
Parmi les m ultiples m odificateurs du verbe, nous retiendrons :
- les verbes m odaux et les constructions im personnelles ;
- les adverbes et leurs équivalents d’origine adjectivale ;
- la com paraison et le superlatif.
• Les em plois m odaux de • savoir, vouloir, d evoir « ne doivent pas être confondus
avec les verbes à part entière correspondants :
M arie sa it que Pierre veu t une maison.
Pierre d o it de l’argent à Marie. Tout le m onde le sait.
Dans ces exem ples, il n’y a pas de modaux.
O bservez la différen ce de fonctionnem ent :
(1 ) - Je sais attacher mes chaussures.
(2 ) - Ça, je le sais depuis longtem ps.
(1 ) - Mais toi, tu ne sais pas encore le fa ire .
(2 ) - Comm ent le sais-tu ?
Dans les exem ples (1 ), * savoir • est un m odal. Le substitut du procès à l’infi
n itif sera le m orphèm e « le faire ».
Dans les exem ples (2 ), on constate que le pronom neutre « le - reprend l’en
sem ble de l’énoncé précédent (savoir q u e...). Dans ce cas, • savoir » n’est pas
un m odal.
195
• Le verbe m odal « pou voir ■ signifie soit la capacité-aptitude, soit la possibilité-
éventualité, soit la possibilité-perm ission :
Ils sont trop petits. Ils ne p eu ven t pas atteindre la poign ée de la
porte.
Il p o u va it être aux alentours de 10 heures quand elle est entrée.
Vous ne p o u v e z pas passer par là, c’est un sens unique.
Est-ce que je p e u x stationner ici ?
• Le modal - savoir • indique la maîtrise d’une com pétence physique ou
mentale : t ,
Elle ne sait pas encore écrire, mais elle sait déjà lire.
Ils ne saven t pas prononcer ce m ot français.
Est-ce que tu sais grimper aux arbres ?
• Le verbe m odal « devoir » peut signifier soit la nécessité-obligation, soit Tin-
tention-prévision, soit la probabilité :
En France, vous d ev ez rouler à droite, (obligation )
Nos amis étrangers d o iven t arriver d ’un jour à l’autre, (intention-
prévision)
Va chercher Pierre, il ne d o it pas être loin, (probabilité)
Il d o it être midi, (probabilité).
Ils o n t dû manquer leur train, (probabilité)
• Lorsque « devoir - exprim e un degré élevé de probabilité, il est en concur
rencé avec le futur (Cf. supra 5, p. 182).
• Les verbes modaux servent à exprim er de nom breux actes de parole : ordre,
interdiction, dem ande, invitation, conseil, recommandation, etc.
V oulez-vou s vous taire !
Vous ne d ev ez pas fumer ici.
Vous p o u vez vous pousser un peu ?
Vous v o u le z venir dîner demain ?
Vous d ev ez vous reposer. ^
La form e conditionnelle réalise une su r-m od alisatlon de ces actes, par souci
du respect dû à Tînterlocuteur ;
P ou rriez-vou s vous taire, s’il vous plaît.
Est-ce que vous p o u rrie z vous pousser un peu ?
Nous vou drîojn s vous recevoir à la campagne.
Vous d e v rie z prendre des vacances.
197
Là, tu exagères, franchement \
N on maïs, sérieusement, je ne plaisante pas.
■ Le v e rb e e t la com p a raison .
Les deux élém ents de la comparaison se placent généralem ent après le verbe :
Son jumeau doit manger m oin s qu e lui.
Non, pas du tout, ils mangent autant l’un qu e Tautre.
Cette année, il a grandi plu s qu e son jumeau.
H a joué autant q u e toi.
J’ai perdu plu s qu e lui.
Mais, à un temps com posé, il est possible de trouver le prem ier élém ent de la
comparaison après l’auxiliaire :
Elles ont autant travaillé l’une qu e l’autre.
Vous avez beau cou p plu s étudié qu e vos camarades.
Tu as p lu s dépensé qu e nous.
Le s du m ot com paratif « plus », modifiant le verbe, se prononce ; ce n’est pas
le cas du s de « plus • de la négation relative (c f. dossier .4, 2, p. 74).
■ Le verbe et le superlatif : le p lu s et le m o in s.
C’est elle qui gagne le plus«
C’est lui qui travaille le m o in s de la classe.
La personne qu’il aime le plu s s’appelle Marie.
Ce qui me manque le plu s, c’est la patience.
Celui qui dort le m oin s,' c’est très certainement Benjaniin.
198
в. La situation dans le temps et la vision du procès
2* Une form e d e radical pour les trois prem ières personnes du singulier e t la
troisièm e personne du pluriel, une autre pour nous » et • vous • :
acheter achète j’achète, tu achètes, il achète, elles achètent ;
achet nous achetons, vous achetez ;
leve r -►lève je lève, tu lèves, il lève, elles lèvent ;
lev “ ►nous levons, vous leve z -,
peser “^pèse je pèse, tu pèses, il pèse, ils pèsent ;
pes ^ nous pesons, vous pesez ;
jeter jette je jette, tu jettes, il jette, ils jettent ;
jet nous jetons, vous jetez j
1 99
appeler-^ appelle j’appelle, tu appelles, il appelle, ils appellent ;
appel nous appelons, vous appelez.
Ce phénom ène concerne tous les verbes dont l’infm itîf feit apparaître un • e »
muet ou instable.
Ce * e -, com m e on peut le constater, se prononce fe] à Tîndicatif présent (soit
par la présence d*un accent grave, soit par le redoublem ent de la consonne).
3* Une form e de radical pour les trois prem ières personnes, une autre form e
pour « nous • et - vous •, une troisièm e pour « ils/elles * :
boire boi je bois, tu bois, il boit ;
buv nous buvons, vous buvez ;
boiv ils boivent ;
recevoir -► reçoi je reçois, tu reçois, il reçoit ;
recev nous recevons, vous recevez ;
reçoiv ils reçoivent ;
prendre -► prend je prends, tu prends, il prend ;
pren -► nous prenons, vous prenez ;
prenn ^ ils prennent ;
venir vien je viens, tu viens, il vient ;
ven -► nous venons, vous venez ;
vîenn ils viennent.
4. Pour certains verbes, les form es du présent de l’indicatif sont relativem ent
éloignées de la form e infînitive. Être, avoir, a ller sont les plus • irréguliers • :
je suis j’ai je vais
tu es tu as tu vas
il est il a il va
nous sommes nous avons nous allons
vous êtes vous avez vous allez
ils sont ils ont ils vont
Les form es du radical représentent une évolution de la langue en diachronie.
Les désinences, com m e nous allons le voir, sont plus stables.
■ Les désinences du présent de Tindicatif.
(Pou r une présentation plus détaillée, cf. Prem iers exercices de gram m a ire ou
Prem iers exercices de g ra m m a ire - J u n io r [© Hatier/Didier]).
Pour les verbes en er : e / es / e / ons / ez / ent (typ e : aimer).
Pour les verbes en’ dre : s / s / d / ons / ez / ent (typ e ; répondre et prendre).
Pour les autres verbes : s / s / 1 / ons / ez / ent (typ e : finir, dormir, connaître,
boire, se plaindre, peindre, etc,).
• Si « ez • est bien la terminaison attendue de la 2® personne du pluriel, trois
verbes, être, d ire et fa ire , font exception à cette règle :
- Faites-vous toujours ce que vous dites?
— Vous êtes bien curieux !
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Au début de l’apprentissage, on veillera à ce que les étudiants appliquent
systématiquement ces désinences écrites.
200
8, La situation dans le temps et la vision du procès
2 01
Comme Texercice de prononciation met Paccenc sur des oppositions phoné
tiques (donc audibles), cela peut subconsciemment faciliter leur mémorisation
et créer des automatismes chez rapprenant.
Uaccent sera égalem ent mis sur la phonétique pour les oppositions
présent/imparfait :
Tu sors ? Oui, je sortais...
Tu lis ? Oui, je lisais.,..
Dans ce type d’exercice, on veillera non seulement à la prononciation, mais à
l’intonation qui exprim e le plus souvent l ’intention communicative.
Ici, par exem ple, le ton des réponses à l’imparfait peut laisser passer une cer
taine ironie ou même le sarcasme d’une personne mécontente d’être dérangée
en pleine activité...
Pour la mise en place du passé com posé, les oppositions phonétiques donne
ront lieu au même type d’exercices avec intonation expressive ;
Où est donc Éric ? Mais tu sais bien, il est sorti.
Et Patrick, où est-il ? Mais tu sais bien, il est parti.
A ppelle Manuelle I Mais tu sais bien, elle est descendue.
Pour la différenciation du passé com posé et de l’imparfait, un exercice de dis
crimination auditive sera utile :
II a été charmant. Il était charmant.
Tl a chanté. Il chantait
J’ai regardé. Je regardais.
Pour l’apprentissage des formes du subjonctif présent, on peut proposer des
exercices d’intonation exprimant l’exaspération marquée ou feinte du locuteur.
Bien entendu, on choisira, de préférence, des verbes dont la form e du sub
jonctif est distincte de celle de l’indicatif (donc, pas de verbe du grou pe) :
Prends tes médicaments ! Il faut e n c o re que je prenne mes
médicaments !
Fais tes devoirs I II faut e n c o re que je fasse mes
devoirs !
Tous les amusements sonores faciliteront la mise en place des désinences du
verbe. Les chansons et les poèm es, pédagogiquem ent choisis, sont les
m eilleurs stimulus discursifs pour la mise en place de ces automatismes lin
guistiques.
Tout enseignant en début de carrière pourra se demander s’il ne serait pas plus
sim ple de faire carrément réciter des paradigmes verbaux (présent, imparfait,
futur, etc.), com m e dans l’ancien temps.
À la différence de cette récitation totalem ent hors contexte, les amusements
sonores et les exercices de phonétique respectent la fonction essentielle du lan
gage : l’échange, l’interaction et donc, au moins, un semblant de communication.
C e q u 'i l f a u t s a v o i r
2 02
8, La situation dans le temps et la vision du procès
À ce radical, s’ajoutent les terminaisons de avoir à l’im parfait : ais / ais / ait /
' ions / iez / aient.
• Les verbes qui, à l’infinitif, perdent leur e final pour form er le radical du futur ;
écrire é c r ir j’écrirai;
lire -► lir -► tu liras ;
connaître c o n n a îtr ^ il connaîtra.
• Certains verbes (en » eter, eler, ever, ener, eser ») ont pou r radical du futur un
m élange d’infinitif et de troisièm e personne du présent de l’indicatif :
lever -► il lève -► il lèvera ;
appeler -► il appelle -► tu appelleras ;
acheter -► il achète -► nous achèterons ;
am ener -► il amène ^ ils amèneront ;
peser -► il pèse -► je pèserai.
■ Le subjonctif présent.
Il se form e, pour les trois prem ières personnes du singulier et pour la troi
sièm e personne du pluriel, à partir du radical de la troisièm e personne du plu
riel de l’indicatif présent (ils ).
Pour les personnes - nous » et • vous », le radical du subjonctif présent est le m êm e
que celui de la prem ière personne du pluriel de l’indicatif présent (nous).
Lès term inaisons sont les suivantes : e / es / e / ions / iez / ent. ♦
203
Exemples :
prendre -►.ils p reim en t -► que je prenne, que tu prennes, qu’il
prenne, qu’ils prennent ;
prendre -► nous p ren on s -► que nous prenions, que vous pre
niez ;
boire -► ils b o iven t -► que je boive, que tu boives, qu’il
boive, qu’ils boivent ;
boire -► nous bu vons -► que nous buvions, que vous buviez.
• Certains verbes ont un subjonctif présent com plètem ent irrégulier pour ce qui
est du radical ; fasse, soit, ait, sache, aille, veuille, puisse, faille, etc.
• Le subjonctif se conjugue aussi aux temps du passé. Si le subjonctif imparfait
est rarement utilisé en langage quotidien, les formes du subjonctif passé sont très
fréquentes pour marquer l’antériorité et l’accom pli dans une proposition subor
donnée :
Je ne croîs pas qu’il a it pris ses congés payés.
Il est parti avant que je ne so is prévenue.
Ce sont les auxiliaires ê tre et a v o ir au subjonctif présent qui aident à la for
mation du subjonctif passé.
Le subjonctif imparfait se caractérise par des form es en -â t-, «ît* et -û t- à la
troisièm e personne du singulier. Les autres formes sont en - asse », « usse • et
- isse ». Elles sont rares de nos jours et produisent un effet cocasse :
Il aurait fallu que tu préparasses ce concours.
Elle voulait qu’ils étudiassent le latin.
Au subjonctif plus-que-parfait les auxiliaires ê tre et a v o ir sont à l’im parfait du
subjonctif :
On exigea que j’eusse term iné avant la nuit.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► À observer la constaiction du subjonctif présent en français, on peut en
déduire que ce n’est pas tant la difficulté m orphologique qui pousse l’ensei
gnant à en retarder l’apprentissage.
Ce serait plutôt le fait que le subjonctif s’eiriploie le plus souvent dans des
phrases com plexes (« que • phrases ou propositions subordonnées introduites
par des conjonctions spécifiques, dom aines réservés de tout temps au niveau 2
d e l’apprentissage...).
C e Q U *il f a u t s a v o i r
■ L e passé co m p o sé.
Il se form e d’un auxiliaire iê tre ou à îx jin m présent de l ’indicatiO, suivi du par
ticipe passé du verbe.
* N ’utilisent l’auxiliaire ê tre que les verbes pronominaux, les verbes à la form e
passive et certains verbes perfectxfs (cf, dossier?, 2, p. 138) exprimant un passage
d ’im Heu à u n au tre a vec traau sform atîon d’état du su jet (ou leur contraire
sém antique) : naître, mourir, sortir, partir, entrer, rester, aller, monter, descendre,
tomber, venir, etc.
204
8. La situation dans le temps et la vision du procès
Les autres verbes utilisent Tauxiliaire a v o ir même s'ils exprim ent un m ouve
m ent :
j'ai couru, j'ai marché, etc.
■ L e passé s im p le .
Il ne s'em ploie qu'à l'écrit et surtout à la troisièm e personne du singulier et du
pluriel.
À la troisièm e personne du singulier, les form es varient phonétiquem ent :
“ Les verbes en e r font leur passé sim ple en a :
Il ferm a la porte à clé en sortant.
- D'autres verbes le form ent en i ou en u :
Il p erd it sa fortune en une soirée, il en mourut.
- Certaines form es sont moins régulières :
Ce jour-là, elle tîn t à raccom pagner ses invités, (ten ir)
À la troisièm e personne du pluriel, on trouve respectivem ent les form es en
è ren t, ire n t et u re n t :
Ils ferm èren t leur porte, partiren t à pied, p riren t le train et
fu re n t heureux quelques instants.
- Certaines form es sont moins régulières :
La sem aine suivante, ils re v in re n t avec des fleurs, (reven ir)
■ Le condxtîoxmeL
Comm e le futur, le conditionnel présent se form e à partir des infinitifs ;
aim er -► J'aimerais partir en Inde,
partir Tu partirais avec m oi ?
Ses terminaisons sont : ais / ais / ait / ions / iez / aient.
Le conditionnel présent a les mêmes irrégularités que le futur (cf, le futur).
205
plus-que-parfaît, dont la form e est bien sem blable mais dont les em plois sont
régis par des règles très différentes.)
■ L’impératif.
Ce m ode se caractérise par Tabsence de pronom sujet.
Il n y a que deux form es à l’impératif, celles qui correspondent aux personnes
• tu - et • vous
Le radical de l’im pératif est le même que celui de l’indicatif présent (à la
deuxièm e personne du singulier et du plu riel) :
prendre -► tu prends prends I
vous prenez prenez !
Pour les verbes en er, la terminaison de l’im pératif au singulier est e :
jouer tu joues joue I
Pour les autres verbes, la désinence du singulier est un s, com m e à l’indicatif
présent, deuxième personne du singulier.
• Pour ce qui est de l’em ploi des pronom s compléments avec l’im pératif positif
et négatif, se reporter au dossier 2, 2, pp. 28-29.
■ Le g é ro n d if.
Cette form e verbale com porte deux éléments : en + p a rtic ip e p réscn t.
Le participe présent n’a qu’une seule désinence : a n t
Le radical de cette form e verbale est le m êm e que celui de l’indicatif présent à
la prem ière personne du pluriel (nou s) :
lire nous lisons en lisant ;
choisir nous ch oisisson s en choisissant ;
faire -> nous faisons en faisant ;
boire nous buvons en buvant ;
craindre nous craign on s en craignant.
2 06
8, la situation dans le temps et la vision du procès
■ Le participe passé.
Il possède deux form es : une form e sim ple et une form e com plète (ou com
p osée).
• Le participe passé d ’un verbe pronom inal s’accorde avec le sujet grammatical
du verbe si le pronom réfléchi, ou réciproque, qui renvoie au sujet grammatical,
est un COD ;
EUes se sont m ariées la sem aine dernière.
Us se sont m ariés la semaine dernière.
I l s’est m arié la semaine dernière.
EUe s’est m ariée la semaine dernière.
Us se sont levés de bonne heure.
EUes se sont levées de bonne heure.
U s’est le v é de bonne heure.
EUe s’est levé e de bonne heure.
207
Si le pronom réfléchi, ou réciproque, du verbe pronom inal est un COI, bn rie
fait pas l’accord :
Elles se sont prom is de prendre des vacances, dès la fln des
cours.
Elles se sont attribue le mérite de la victoire.
Elles se sont téléphoné.
Cependant, si ces mêmes verbes ont un COD (ne renvoyant pas au sujet gram
matical) placé devant Tauxiliaire être^ le participe passé s’accordera avec ce
COD :
Les places q u ’elles se sont attribuées leur seront désormais réser
vées.
Les vêtem ents q u ’elle s’était achetés étaient trop petits pour elle.
L a voiture q u ’ils s’étaient offerte à N oël était tom bée en panne
aussitôt.
Les vêtem ents q u ’il s’était procurés lui allaient très bien.
Mais :
Il s’était procuré des vêtements qui lui allaient très bien.
Elle s’était acheté des vêtements qui étaient trop petits pour elle.
Ils s’étaient o ffert une voiture qui était tout de suite tom bée en
panne.
• Pour le cas particulier du participe passé des verbes factitifs « se laisser faire, se
voir faire, se faire faire », se reporter au dossier 10, 5, pp. 245-246.
• Les terminaisons du participe passé (cf. Prem iers exercices de gram m aire,
p. 116, © Hatier/Didier, 1983) :
- À l’écrit, il existe neuf terminaisons différentes de participe passé :
en • é (aim er), en « i - (dorm ir), en « it » (écrire, conduire), en • is • (mettre,
prendre), en • ert • (ouvrir, souffrir, offrir), en « u » (entendre, voir, lire), en
• eînt » (pein dre), en « aint » (plain dre).
- À l’oral, ces terminaisons se réduisent à cinq formes, dont les plus fréquentes
sont en « é " (pou r tous les verbes en • er Oi en - i • ou en « u
2* La fo rm e c o m p lè te :
Elle com porte, en plus de la form e simple, un auxiliaire être ou a v o ir au par
ticipe présent.
Le participe passé « com plet • peut se paraphraser par un des tem ps composés
du verbe, en fonction du contexte :
Ayant été absente,... (J’ai été absente.)
É tant s o rtie très tôt,... (E lle était sortie.)
Ayant appris votre arrivée,... (Nous avions appris.)
S’étant m ariée la semaine (E lle s’est m ariée.)
dernière,...
Ayant p erd u son passeport,... (Il a/avait perdu...)
Mes valises ayant été volées,... (Elles ont/avaîent été volées.)
É tant d escen d u à la gare (II est/était descendu.)
de Lyon,...
À cette form e com plète du participe passé s’appliquent évidem m ent les règles
d’accord du partícipe passé.
• Pour les valeurs et les em plois tem porels du participe passé, se reporter supra
3, pp. 16 O-I6 I, et pour les valeurs causales, au dossier 9, 2, p. 213.
tion et
M Dans la comm unication verbale, les interlocuteurs sont amenés à faire pas
ser un contenu qu'ils présentent en fonction de leurs intentions et des effets
qu’ils veulent produire.
Intentions et effets à produire se manifestent de façon stratégique.
Les stratégies comm unicatives sont révélatrices du type de relation qui lie les
interlocuteurs. Par le term e * relation », il faut com prendre tout ce qu i s’infiltre
im plicitem ent cbins les échanges entre les partenaires.
Dans toute com m unication verbale, on trouvera donc des o p é ra tio n s lo g iq u e s
qui organisent le contenu, mais aussi des tra ces a rgu m en ta tives qui relèvent
de la relation intersubje.çtive. C elle-ci se m anifestera aussi bien par \e m ouve-
m ent syfttacHque choisi роит argumenter que par certains mots du discours.
(1 ) P o u r réussir, tu pourrais faire un effort, qu an d m ê m e !
(2 ) P a rc e qu e tu trouves que je ne fais pas encore assez d’efforts
p o u r réussir I
(3 ) Il a fin a le m e n t échoué, p o u rta n t je lui avais b ie n dit de tra
vailler.
(4 ) Je lui avais p o u rta n t b ie n dit d e travailler, m ais il a échoué
q u a n d m êm e.
En (1 ), le but signalé par p o u r est une opération logiqu e qui organise le conte
nu du m essage ; la concession signalée par qu an d m êm e est une trace argu
m entative subjective qui révèle la relation entre les interlocuteurs.
En (2 ), l’opération logiqu e m arquée par p o u r passe en seconde position.
P a rc e q u e, initiant une réplique de l'interlocuteur, est une trace argumentative
qui signale essentiellem ent la tension relationnelle entre les partenaires.
En G ), la concession signalée par p o u rta n t est une opération logiqu e qui
organise le contenu du message ; les adverbes fin a le m e n t et b ie n sont des
traces argum entatives qui révèlent la relation întersubjective.
En (4 ), m a is suffit à l’organisation logiqu e du contenu.
P o u rta n t et q u a n d m êm e exprim ent, par leur redondance, la subjectivité du
locuteur dans son discours, de m êm e que b ien , qui renforce l’affirm ation.
Pour com prendre le m ouvem ent d e pensée d’un locutèur, Д sera indispensable
d e tenir com pte non seulem ent de ses opérations logiques, mais aussi du poids
de la relation întersubjective qui peut intervenir dans le choix de la syntaxe et des
termes souvent redondants de son argumentation.
2. L’explication cause/conséquence
Ce q u ’i l f a u t s a v o i r
210
p. Argum entation et op&'cuions logiques
W
kL’inférence a un m ourem ent ascendant.
O n s’occupe essentiellem ent de Torigine possible d’un fait observé où connu.
Concernant ce m ouvem ent ascendant de l’inférence, deux attitudes langagières
peuvent se distinguer.
• Si... c’est que et c’est parce que... que : ces structures à valeur explicative
sont des mises en focalisation (em phase) d’une cause, qui a qualité d’inform ation
nouvelle. Le raisonnem ent logiqu e est entièrem ent déterm iné par le fait observé.
Si elle n’est pas encore arrivée, c’est q u ’elle a manqué son train.
(C ’est parce qu ’elle a m anqué son train qu ’ elle n’est pas encore
arrivée.)
Si j’ai attendu devant la porte sans entrer, c’est que je n’avais pas
la clé.
(C ’est parce que je n’avais pas la clé que j’ai attendu devant la
p orte.)
2 11
La valeur em phatique de ces constructions est une trace argumentative impli
quant la relation intersubjective,
c. A cause de et grâce à :
Ces locutions causales donnent une information nouvelle. Elles sont suivies :
- d’un substantif :
O n ne pouvait pas sortir à cause de la pluie.
Grâce au beau temps, les enfants jouaient encore dehors.
~ d’un pronom personnel tonique :
O n n’a pas pu sortir à causé de toi.
Grâce à toi, nous sommes entrés sans difficulté dans l’immeuble.
- d’une nom inalisation (un nom déverbal : nom issu d*un verbe) :
Ils n ’étaient pas libres-à cause de l’arrivée de leur père.
Grâce à cette manifestation syndicale, il n!y avait pas de cours.
• On constatera que à cause d e et g r â c e à s’opposent sémantiquement, quant
au point de vu e du locuteur, sur les effets de la cause :
- pour une cause jugée positive ^ grâce à ;
- pour une cause autre â cause de.
Grâce à son absence, nous étions heureux.
À cause de son absence, nous étions malheureux.
Dès lors, le choix entre « grâce à • et - à cause de >* dépend de l’aspect relation
de la communication.
. • À cause de et grâce à, suivis d ’un nom commun déterm iné par l’article défini
(masculin singulier bu fém inin et masculin pluriels) subissent la contraction ;
A c a u s e d u mauvais temps, les enfants n’avaient pas pu sortir.
Les enfants profitaient de fréquentes sorties, g r â c e a u soleil.
Il n ’y avait pas de cours g r â c e a u x manifestations.
Il n’y avait pas de cours à cause des manifestations.
d. Comme :
Cette conjonction de subordination causale est suivie de l’indicatif. Elle est
sémantiquement équivalente à parce que :
C o m m e elle n’avait pas la d é de l’im m euble, elle n’a pas pu
entrer.
2 12
9- Argum entation et opérations logiques
f. Sous p r é te x te d e et sous p r é te x te qu e t
L’intention du locuteur est de souligner le peu de crédibilité qu 'il attache à la
véracité de l’inform ation n ou velle (la cause in voqu ée). Ces expressions sont
porteuses d ’une valeur très subjective. L'énonciateur est fortem ent im pliqué par
la relation :
O n l'a congédié sou s p ré te x te d e foute professionnelle.
Sous p ré te x te d e travailler, il s'était retiré dans sa chambre.
On a refusé de nous faire entrer, sou s p ré te x te qu e la salle était
plein e.
• Le géron d if« en prétextant » est aussi fréquent pour marquer une cause peu jus
tifiée :
Il s’est très vite retiré, e n p rétex ta n t un mal de tête,
n est m onté dans sa diam bre e n p ré te x ta n t q u ’il devait travailler.
2 13
O bservez Ies énoncés suivants :
(1 ) C ro y a n t qu'il était en voyage, je ne lui ai pas téléphoné.
(2 ) Ma locataire d ésira n t renouveler son bail, je l’ai avertie par
lettre recommandée que cela était impossible.
G ) A ya n t été accidenté* Télève Postman a dû interrompre ses
études.
(4 ) Gravement b lessée, mon em ployée sera absente dix
semaines.
( 5 ) Mon appartement a y a n t é t é c a m b r i o l é , je désire porter
plainte.
(<5) Mes enfants ayan t d ém én agé de chez m oi, je vous héber
gerai volontiers.
Com m e ces exem ples le montrent clairement :
- la form e du participe présent peut être em ployée en participiale, même si les
sujets grammaticaux du participe et du verbe conjugué ne sont pas coréféren
tiels ;
- la form e com plète du participe passé est em ployée, que les sujets gramma
ticaux soient identiques ou différents ;
- mais le participe passé, form e sim ple, ne s'em ploie en proposition partici
piale que si les sujets grammaticaux sont coréférentiels.
h . C e r t a in s v e r b e s o n t in t r in s è q u e m e n t u n e v a le u r c a u s a le :
Cette maladie est due à un virus très résistant
La pollution des villes p r o v ie n t essentiellement des gaz que rejet
tent les pots d'échappem ent.
Cette situation catastrophique résu lte d'un manque évident d’or
ganisation.
Certains verbes qui, à la v o ix active, exprim ent la conséquence^ auront une
valeur causale à la vo ix passive :
En ville, la pollution est p ro v o q u é e par les gaz que rejettent les
pots d'échappem ent des voitures.
214
8, La situation dans le temps et la vision du procès
c. Puisque :
L’em ploi de ce connecteur logiqu e organise bien le contenu, mais révèle néces
sairem ent le poids de la relation intersubjective qui consiste alors à enferm er
l’interlocuteur dans une déducdon irréfutable :
- Puisque la porte était ferm ée (e t ça, tu le sais bien maintenant),
je n’ai pas pu entrer.
- Puisque tu ne pouvais pas entrer, il fallait me téléphoner.
- Com m ent te téléphoner, p u isqu e tu n’as jamais voulu m e don
ner ton num éro de téléphone ?
En syntaxe, la proposition causale introduite par - puisque • peut précéder ou
suivre la proposition principale.
À l’oral, l’intonation montante en fin d’énoncé marquera plus ou moins inten
sém ent la subjectivité du locuteur.
Com parez les courbes m élodiques des trois énoncés suivants :
(1 ) Je n’ai pas pu entrer p a rc e qu e je n’avais pas la clé.
(cou rbe m élodique descendante en fin d ’én on cé)
(2 ) Puisque je n’avais pas la clé, je ne pouvais pas entrer I
(cou rbe m élodique ascendante en fin d ’én on cé)
(3) Je n e pouvais pas entrer puisque je n’avais pas la d é I
(cou rbe m élodique ascendante, puis ton suspendu en fin
d’én on cé)
215
La relation intersubjective n'est pas nécessairement m arquée dans les em plois
de d ’o ù :
Elle avait travaillé toute la nuit, d*où sa fatigue.
Il avait longuem ent vécu en Provence, d’où son accent chantant
en français.
b. Alors :
Dans le langage ordinaire, alors s’em ploie communément dans le sens de
donc et introduit, à partir d’un fait observable, une conséquence qui le suit
chronologiquem ent :
La porte était ferm ée et je n ’avais pas la clé, a lo rs je n’ai pas pu
entrer dans l’immeuble.
• La conjonction de coordination e t peut aussi prendre une valeur de consé
quence :
V Elle n’avait pas de clé e t n ’a pas pu entrer.
c. S i b ie n q u e
et d e s o r t e q u e :
Ces propositions» consécutives sont à l’indicatif :
Elle n’avait pas la clé, s i b ie n q u ’elle n’a pas pu entrer dans l’im
meuble.
Il avait longuem ent vécu en Provence, d e s o rte qu’il avait un
accent chantant en français.
• Dans certaines constructions consécutives, il existe un élém ent annonciateur
(si, tellem ent, tarit) dans la proposition principale :
J’ai te lle m e n t couru q u e je suis fatigué.
9» Argum entation et operations logiques
2 17
• Les locutions causales * à cause de • et ^ grâce à • se construisent seulem ent
avec un nom ou un pronom , ce que ne sem blent pas toujours savoir les appre
nants.
Ces constructions peuvent aussi nécessiter une contraction de l’article, contrac
tion que les apprenants ont de la difficulté à maîtriser :
*Les travails qui ne sont pas bien payés à cause de qu’on n’a pas
un diplôm e.
*Ils sont obligés de partir à cause de dém olir routes les maisons.
•À cause de chôm age...
On note aussi des confusions d’em ploi entre :
- • à cause de • et « grâce à » :
*Je veux m e marier et avoir la vie calme qui vient à cause de la
famille.
- à cause de » et • pour - :
■•Ma fam ille pleure pour ma quittance au pays si loin.
- * parce que * et que • :
•Dépêche-toi Michal que nous devons sortir avant 10 heures.
- ^ cependant » et *« com m e - :
•Cependant je parle un peu japonais, je peux communiquer avec
eux.
Les apprenants font aussi un usage parfois abusif de « que » :
•De 14 h à 17 h, je suis libre donc que je profite pour me pro
mener.
2 18
9. Argum entation et opérations logiques
► Les apprenants dem andent très vice à connaître l’ensem ble des mots gram
maticaux leur permettant l’expression de la cause et de la conséquence.
Cependant, cet apprentissage étant le plus souvent lié à celui des phrases com
plexes (subordonnées circonstancielles), la maîtrise de ce système ne s’atteint
qu’au niveau 2.
Il est pourtant nécessaire, si Гоп veut que l’apprenant ait les m oyens de s’ex
prim er en son nom propre, que les constructions cause/conséquence » les
plus fréquentes soient apprises dès le niveau 1.
3. L’explication téléologique
C e q u 'i l р л и т S A V O IR
• L’in fin itif est em ployé à la place du subjonctif dès lors que le sujet grammatical
est le m êm e dans les deux propositions : la principale et la subordonnée.
J’ai ouvert la fenêtre p o u r avoir de Taîr.
Monte le chauffage p o u r avoir plus chaud.
Prends la clé p o u r pou voir entrer dans l’immeuble.
• « A fin de - et ■afin que - sont em ployés pou r marquer le but, dans un registre de
langue plutôt soutenu, mais on les rencontre aussi dans le langage quotidien :
Présentez-vous au secrétariat a fin d ’obtenir un dossier d’inscrip
tion.
• D éposez votre dossier au secrétariat a fin qu ’il soit validé.
• - D e sorte que + subjonctif » marque le but et ne doit pas être confondu avec
« d e sorte que + indicadf •, à valeur consécutive (cf. supra 2, p. 2 l6 ) :
D onnez-lui la d é de sorte qu’elle puisse entrer sans difficulté.
(... pour qu’elle puisse entrer sans difficulté.)
Ils lui avaient donné la clé de sorte qu’elle est entrée sans d if
ficulté.
(... si bien qu’elle est entrée sans difficu lté.)
• Des m oyens lexicaux sont aussi utilisés pour marquer le but :
- dans le but de/que ;
- dans l’intention de/que ;
- l’o b jectif étant de/que, etc.
Ces expressions sont suivies de l ’indicatif ou du subjonctif (c f. dossier 8, 5,
p. 173 et 6, p. 187).
2 19
А P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
4. L’opposition et la concession
Ce q u 'i l f a u t s a v o i r
220
P» Argum entation et opérations logiques
221
Elle est belle bien que méchante.
Il est raisonnable quoique très jeune.
- Entre deux noms :
Pas Pierre, mais Marie.
Une orange au lieu d’une poire.
- Entre deux infinitifs :
Parler au lieu de manger.
Regarder mais ne pas toucher.
“ Entre deux adverbes í
Il travaille lentem ent mais parfaitement.
Il travaille parfaitem ent bien que trop lentement.
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
222
P. A rgum entation et opérations logiques
Il est probable qu 'il s'agit de la part de cet étudiant anglophone d'une traduc
tion abusive du ■ anyw ay ■ anglais...
On trouve aussi chez les anglophones des « même que -* pour • bien que - :
"J'ai en vie de rentrer dans mon pays, m êm e que j'aie rencontré les
belles choses prom ises à l'étranger.
► C'est notamm ent le cas pour les em plois de o r. Ce marqueur d'argum entation
peut signifier mais », « pourtant •» ou *•cependant », il peut aussi signifier « en fait ».
et mêm e « justement » ou » et bien ». O n comprendra que les apprenants aient
beaucoup de difficultés à maîtriser les em plois de ce tout petit m ot...
2 23
(4 ) Elle nous avait préparé des melons.
O r, David déteste ça.
Il s‘est forcé à en manger et il est tombé malade.
(5 ) Elle nous avait préparé des melons.
Or, ils n’étaient pas du tout mûrs.
Nous avons dû les laisser intacts sur notre assiette.
(6 ) Elle nous avait préparé des melons.
O r, je raffole de ce fruit.
Donc j’en ai trop mangé et j’ai été malade.
(7 ) J’ai reçu une contravention datée du 25 février à 15 heures.
Or, ce jour-là, ma voiture n’est pas sortie du garage 1
Vous com prendrez bien que je trouve ça un peu fort i
(8 ) Ils veulent absolument aller au bord de la mer.
Or, toi, tu es libre demain...
Comme ces exem ples tentent de le démontrer, o r coordonne en discours (récit
ou raisonnem ent) deux fa its, F l et F2, en vue d’un commentaire ou d’une
conclusion.
On distingue deux em plois différents de « or » :
- s o it F2 est un « opposant -, un obstacle ou une objection à F l. Par nature, ils
sont incom patibles Ô , 4, 5» 7) ;
- s o it F2 est un - adjuvant - de F l, une information ou un argument com plé-
rnentaire qui vient justifier, renforcer la conclusion. F l et F2 sont alors de
nature com patible (1, 3, 6, 8).
La conclusion, explicite ou im plicite (8), est directement dépendante de la cor
rélation logiqu e qui s’établit entre F2 et F l.
224
P. Argum entation et opérations logiques
■ Tout en s’appuyant sur la logiqu e attendue dans le raisonnement, les tra ces
a rgu m en ta tives sont principalem ent d’ordre înteractionnel et communicatif.
Elles relèvent des stratégies de la communication et révèlent le poids des
enjeux dans les interactions humaines.
C’est pourquoi ces traces argumentatives posent tant de problèm es dans l’en-
seignement/apprentissage des langues.
Pour en rendre com pte, il sera fait appel aux difficultés d’apprentissage qu’elles
soulèvent, plutôt qu’aux descriptions grammaticales qui les caractérisent.
■ E n e ffe t, e n fa it et au fa it.
- Vous gagnez bien votre vie. Vous n’êtes pas à plaindre l
*“ E n e ffe t, économ iquem ent, je ne suis pas à plaindre.
- Vous n’êtes pas à plaindre, tout de même !
- Si, en fa it, je suis vraiment à plaindre parce que je suis très seul...
- J’im agine que cet auteur doit gagner des fortunes avec ses
livres !
- A u fa it, j’ai entendu dire que vous aviez beaucoup publié vous
aussi !
O n constate par ces exem ples qu e :
- E n e ffe t est un signal discursif qui marque un a ccord certain du locuteur
avec son interlocuteur.
225
- En fa it est un signal discursif qui marque un désaccord certain du locuteur
avec son interlocuteur.
- Au fa it est un signal de détournem ent du tlièm e de la conversation princi
pale, au profit d'un élém ent thématique connexe. C est une mise entre paren
thèses, une sorte d’enchâssement dans une conversation principale.
- Au fait - est un signal discursif qui peut réellem ent détourner définitivem ent
le thème de la conversation antérieure. C’est donc un élém ent stratégique de
prem ière importance, puisqu’il donne, dans le choix des thèmes conversation
nels, la place haute au locuteur qui Tutilise.
• Dans la conversation quotidienne, on trouve aussi « effectivem ent » comme
équivalent de en effet :
- Vos ouvrages s’adressent avant tout à la jeunesse,
- Effectivem ent, il me sem ble que seuls les jeunes...
Dans un échange, en e ffe t peut s’em ployer seul comme réaction confirm ative
laconique . ^ ch ez ce poissonnier, le poisson sent très fort.
- En effet.
À l’écrit ou dans un discours suivi, en eâet confirm e l’assertion précédente
tout en introduisant un ou des éléments de preuves qui renforcent l’argumen-
tation . ^ votre bail de location ne sera pas renouvelé. En effet, le pro
priétaire a l’intention de loger son petit-fils dans rappartement
que vous occupez et qu’il désire récupérer dès le 31 mai, date de
la fin du bail actuel. «
• À l’écrit ou dans un discours suivi, e n fa it apporte une correction, une restric
tion réelle et parfois même une opposition à l’assertion précédente :
« La sortie est prévue cette année pour le 29 juin. En fait, ce seront
comme toujours les derniers conseils de classe qui en sonneront
l’heure. »
226
9* Argum entation et opérations logiques
Seuls les interlocuteurs peuvent savoir exactem ent quelle est la portée subjec
tive ou la valeur logiqu e de ce « quand m êm e • qui reste très lié aux contextes.
■ D ’ailleurs.
Ce m ot du discours introduit une sorte de parenthèse justificative bu une
parenthèse explicative, à propos d’une inform ation précédente.
Cette parenthèse apporte aux inform ations précédentes le poids d’une preuve
vérifiable, m êm e si elle est énoncée le plus souvent sur le ton du • superflu » :
- Vous avez l’intention d’écrire une biographie 7
- Oui. Je l’ai d’ailleurs com m encée.
- Elle sera publiée chez votre éditeur habituel ?
- J e ne pense pas. D ’ailleurs, les biographies ne l’intéressent pas.
- Vous pou vez nous dire où elle sera éditée ?
- Non, je ne veu x pas en parler. Je ne le sais pas encore, d’ailleurs.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
C e q u ’i l f a u t s a v o i r
■ £n. to u t cas et d e to u te fa ç o n .
Ces deux connecteurs perm ettent au locuteur de s’exprimer, sans confirm er ou
infirm er directem ent le point d e vue de l’autre.
Le locuteur qui prend la parole en utilisant « en tout cas - ou « de toute façon »
2 27
manifeste son point de vue personnel, tout en respectant la susceptibilité de
son interlocuteur :
- Les jeunes adorent la musique.
- E n to u t cas, ils en écoutent beaucoup !
(Je ne sais pas s'ils aiment la musique, mais je sais, au moins,
qu’ils en écoutent beaucoup.)
— 90 % des jeunes vont au concert deux fois par an.
- D e tou te fa ç o n , cela ne prouve pas qu’ils aiment la musique i
(Tout ce que Гоп peut dire sur cette question n’est pas pour m oi
une preuve suffisante pour affirm er que les jeunes aiment la
m usique.)
E n tou t cas introduit une restriction, quant à l’assertion précédente. Le locu
teur ne se prononce que sur une p a rtie du contenu de l’assertion, ce dont il est
sOr, ce sur qu oi il est d ’accord.
D e tou te fa ç o n a un effet de reprise très global, quant à l’assertion précé
dente. Le locuteur se prononce sur Vensemble de tout ce qui touche ou pour
rait toucher l’assertion précédente.
Si bien que « de toute façon » peut être une bonne stratégie pour changer de
thème de conversation, sans heurter la susceptibilité de l’interlocuteur.
O bservez la différence :
(1 ) - Tous les locataires sont très jeunes, dans ces immeubles.
- En tou t cas, pas dans le mien.
(2 ) - Tous les locataires sont très jeunes, dans ces immeubles.
- D e tou te fa ço n , que peut-on faire des vieux dans une cité
universitaire ?
En (1 ), à partir d’une assertion donnée, le locuteur ém et une restriction liée à
son expérience personnelle.
En (2 ), la généralisation ém ise dans l’assertion est prise totalement en com pte
et dans toutes ses manifestations.
À partir de cette généralisation poussée volontairem ent jusqu’à l’extrêm e, le
locuteur donne son point de vue et signale, probablem ent, qu’il est temps de
clianger de sujet de conversation.
• • En tout cas » peut aussi introduire une preuve dont dépend entièrement la
véracité de Tinformation précédente. Il s*agît alors d’une preuve restrictive.
• En tout cas » se distingue nettement de « d’ailleurs qui introduit un renfor
cem ent de preuve dont n’a pas besoin l’information précédente pour être vraie.
Com parez les énoncés suivants :
(1 ) L’écrivain T B . quittera prochainement sa ville.
C’est, en to u t cas, ce qu’il a annoncé lors d’une interview.
228
9- Argum entation et opérations logiques
■ D u m o in s et au m o in s.
D u m o in s est un équivalent de « en tout cas - et introduit une restriction, quant
à la véracité de rinfbrm ation précédente ;
Le quartier sera restauré, du m o in s en partie.
Les restaurations com m enceront en avril ; du m o in s le prétend-on.
Les habitants ne sont pas très riches. Ils travaillent tous, d u m o in s.
Les frais de restauration seront certainement élevés.
D u m o in s les habitants pourront-ils les payer à tempérament.
En registre de langue soutenue, - du moins placé en tête d'énoncé, appelle
l'inversion Cverbe/sujet).
A u m o in s peut signifier - au minimum » :
- Elle doit gagner 25 000 francs par mois.
- Au moins.
- Elle a trois ou quatre enfants ?
- Elle en a au moins trois.
A u m o in s a égalem ent une valeur restrictive ;
Si, au moins, il travaillait.
Il a, au moins, trouvé un appartement.
Il pourra, au moins, com pter sur l'allocation chôm age.
Dans ce sens, « au m oins • se rapproche d ’une restriction concessive du type
* malgré tout
Dans leurs em plois à • valeur restrictive •, il est parfois difficile de distinguer « du
moins «» et * au moins ••l’un de l’autre.
À P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Ces mots du discours ou ces traces argumentatives sont très difficiles à com
prendre pour les étrangers.
Très longtem ps, les apprenants se heurtent au sens véritable de ces expressions
qui les intriguent et dont, la plupart du temps, personne ne peut leur expliquer
le sens exact.
Ce n'est que par un contact répété, en contextes variés, que peu à peu les
apprenants com m enceront à sentir la fonction plus com m unicative que logiqu e
de ces petits mots.
On trouvera dans les Exercices de gram m aires-perfectionnem ent (<g) Hatier/
Didier, 1988), des textes et des exercices d'application concernant ces traces de
l'argumentation dans la conversation quotidienne.
2 29
ciels
■ D*un poin t de vue sém a n tiq u e, les procès, qui exprim ent les com porte
ments des êtres, se classent en trois larges dom aines : ê tre , i^aire et cau ser.
Grammaticalement, ces procès sont représentés par le verbe. Mais ils peuvent
aussi s’exprim er grâce à des noms dits déverbaux, c’est-à-dire des noms ou
substantifs qui proviennent d’une transformation grammaticale du verbe en
nom : l’opération de nom inalisation.
O n a é lu Pierre au conseil régio n a l Pierre a été é lu au conseil
régional. É le c tio n d e Pierre au conseil régional.
• Les verbes de l’ê tre servent à attribuer des qualités ou des propriétés (une
caractérisation) à la personne ou à la chose dont on parle. En ce sens, ils contri
buent à la qualification des êtres :
M arie B oli e s t ingénieur, elle a 30 ans. Elle m esu re 1,65 m.
Elle p o rte des lunettes. Elle re ssem b le à son père.
Sa maison est grande. Elle a au m oins trois étages.
Son travail est passionnant mais trop prenant.
Les verbes être ex a v o ir sont les principaux représentants de cette catégorie de
procès qui établissent une ca ra ctérisa tio n p lu s ou m o in s statiqu e des êtres.
Mais s’y regroupent aussi les verbes d’attitude et de sentiments ainsi que les
verbes m odaux et leur suite syntaxique, car sém a n tiq u em en t ils représentent,
par rapport aux êtres, des structures de type a ttrib u tif:
Marie a toujours vo u lu partir à l’étranger.
Elle c r o ît que les voyages form ent la jeunesse.
Elle a im e Pierre et v o u d ra it l’épouser.
Elle s’in té ress e aux sports et à la musique.
Elle p en se à ses responsabilités. Elle p r é v o it les difficultés.
Elle a d o re les sorties et le sport.
Sémantiquement, une structure de type a ttrib u tif peu t se paraphraser par « être
dans l’état de... » ou - être dans l’état d’avoir telle ou telle propriété » :
Marie a toujours voulu partir... Elle est désireuse de partir.
Elle croît que... -► C’est sa m anière de penser, d ’être, etc.
En* discours, les verbes d e l ’ê tre sont p eu susceptibles de se mettre à la v o ix
passive. Quand cette vo ix sem ble se m anifester en surface, elle exprim e,
2 31
sém an tiqu em en t, un état d e type attributif ou qualificatif (très proche de la
valeur adjectivale) :
Marie est très connue de ses confrères.
Elle est aim ée et respectée de ses em ployés.
Elle est passionnée de chimie.
Elle est adorée de ces clients.
R em a rq u e : on notera la présence de la préposition de, dans ces constructions
de type attributif, ce qui les distingue catégoriquem ent des constructions de
type passif.
• Les verbes du fa ire exprim ent les comportements et agissements des per
sonnes et des choses^ mais ces actions ne provoquent aucun changement réel
des actants (sujet ou objet du verb e) i
Elle tra v a ille dans un laboratoire.
Habituellem ent elle h a b ite à Paris. Elle vit seule.
Elle lit peu parce qu’elle s o rt beaucoup.
Elle fa it du sport tous les mercredis.
Elle p re n d des photos et les d é v e lo p p e elle-m ême.
Le soir, elle d în e avec Pierre qui lui télép h o n e souvent.
Les verbes du fa ire établissent une ca ra ctérisa tion p lu tôt d yn a m iq u e des
êtres, sans qu’il y ait un changement d ’état notoire des actants (sujet ou objet
du verbe).
Au point que tout verbe du f ^ e peut, par transformation ou paraphrase,
aboutir à un verbe de l’ê tre :
Marie travaille. C’est une travailleuse. •
Marie habite à Paris. C’est une parisienne ou une
habitante de Paris.
Marie lit peu. Ce n’est pas une grande lectrice.
Marie sort beaucoup. EUe est très • sorties -, elle est du
type nocturne.
Marie fait du sport, C’est plutôt une sportive.
Marie prend des photos. Elle aime la photo, elle est ania-
teur/spédaliste.
Marie dîne au restaurant. C’est une habituée des restau
rants parisiens.
Pierre lui téléphone souvent. C’est un grand utilisateur du
téléphone.
Pour les verbes de ce dom aine sémantique, la voix passive estp eu fréquente çxi
discours.
• Les verbes du cau ser marquent l’action d’un être sur lui-même ou sur un autre
être G causer quelque chose à soi-m êm e » ou - causer quelque chose à autrui 0 :
Ce soir, Pierre est sorti à 20 heures.
II a conduit M arie Boli dans un grand restaurant.
Vers minuit, ils sont montés chez Pierre.
Là, Marie a cassé la statue étrusque de Pierre.
Ils ont ramassé les morceaux. Marie les a emportés.
La statue sera réparée par un artisan.
M arie rapportera la statue réparée le plus vite possible.
10. Vactance et les rôles actancieîs
A P R O P O S D U SA .VO IR ~FA IR E
► En qu oi cette prem ière approche sémantique du procès concerne-t-elle l’en
seignem ent du FLE ?
Dans la mesure où elle souligne le sen s des énoncés plutôt que leurs form es,
cette approche plaide en faveur d’un type d’eriseignement/apprentissage qui
soit essentiellem ent « com m unicatif •.
C est surtout dans et par la comm unication que les apprenants com prendront
im plicitem ent les différences de sen s entre les verbès de l’ê tre , du fa ir e et du
causer.
Même si l’apprenant a une conscience intuitive de ces dom aines sémantiques,
parce qu’ils sont d’ordre universel, il ne pourra les distinguer en langue étran
gère que dans la mesure où il les aura observés en fonctionnem ent dans des
situations de com m unication authentiques ou simulées.
1. Au tout début, l’apprenant sem ble chercher à rendre com pte des fonctions
de caractérisation de façon uniform e, en utilisant principalem ent la structure
atuibutive avec être, com m e on peut le constater dans certaines de leurs pro
ductions :
• Je suis ça va pas.
• Je suis habite à Tokyo.
• Je suis travaille a Ankara.
• Je suis donné une bourse pour études.
Une progression liée aux exigences de la communication (se présenter, se
caractériser, exprim er ses sentiments, dire ses habitudes, etc.) engagera l’ap
prenant à reconnaître im plicitem ent ces dom aines de l’ê tre et du fa ire , et la
manière form elle dont ils se réalisent en français.
En classe, des interactions directes enseignant / apprenants, ainsi que le travail
à partir de dialogues mettant en scène des personnages en situation de pré
sentation et de caractérisation aideront les apprenants à saisir plus directem ent
comment les verbes de l ’ê tre et du fa ir e participent à la caractérisation statique
et à la caractérisation dynam ique. Peu à peu, les apprenants s’habitueront aux
différences form elles à respecter.
2. Comme les verbes du fa ir e exprim ent les com portem ents et agisse
ments habituels des actants, on aura intérêt à intégrer, dans les énoncés servant
2 33
à la caractérisation dynamique, des indicateurs de généralisation et de réitéra
tion :
J’aime le sport, je fais souvent du basket.
Elle prend tout le temps des photos.
Généralement, je déjeune au restaurant à midi.
Ces indicateurs soulignent, en effet, l’affinité des verbes du fa ir e avec le pré
sent générique.
3- Les verbes du cau ser apparaissent d’abord au présent spécifique, dans des
situations dialoguées mettant en scène des personnages qui agissent dans l’ins
tant :
- Qu’est-ce que tu fais ? Tu laves la vaisselle ?
- Non, je prépare l’apéritif et j’arrive.
Par ce type d’échange en situation, l’apprenant sera mis im plicitem ent en pré
sence du - causer à autrui - et du - causer à soi-mêm e ».
4. Plus tard, lorsqu’il s’agira de raconter des événem ents passés, il sera indis
pensable de distinguer les em plois des auxiliaires être et a v oir au passé com
posé. C’est alors que la distinction entre « causer à soi-m êm e » et « causer à
autrui • pourra être utile aux apprenants.
En effet, - causer à soi-même » - c’est-à-dire provoquer un changement sur soi-
même - expliquerait qu’en français les verbes de déplacem ent (d ’un endroit à
un autre) .sont conjugués avec l’auxiliaire être.
Le locuteur n’envisage pas Yaccom p li de l’action mai.s son résultat. Si autrefois,
on pouvait encore dire : « j’ai descendu dans mon jardin », comm e l’atteste la
chanson, cette construction a disparu du français, contem porain qui signale uni
quement le résultat d’un cliangem ent ; je suis descenduCe).
« Naître, partir, sortir, monter, descendre, tomber, venir, mourir, etc. » dénotent
un réel changement d’état de l’agent, responsable de l’action, comm e c’est éga
lem ent le cas pour les verbes pronominaux du type - se réveiller, se lever, se
baigner, se laver, se raser, se coiffer, etc. •
2 34
10, Vactance et les rôles actanciels
■ Les procès recouvrent Tensem ble des états, des a ction s et des fa its expri
més par le verbe.
O n parle d ’état pour des verbes d’existence com m e être, sembler, p a ra ître,
a v oir,.. Ces verbes participent de la qualification et de la caractérisation des
êtres.
On parlera d’action, à condition qu’un agent soit bien clairem ent nom m é
com m e responsable du com portem ent ou des agissements.
En revanche, une activité peut effectivem ent avoir lieu et aboutir à une m odi
fication des choses, sans qu’aucun agent soit nom m é com m e responsable
direct du procès.
Dans ce cas, on parlera de fait ou de con stat.
O bservez et com parez ;
(1 ) La cigarette est à m oitié consum ée dans le cendrier.
(2 ) La cigarette fu m e dans le cendrier.
(3 ) M arie fu m e des blondes.
(4 ) M arie fiim e une cigarette Du Faurier.
On peut constater que :
En (1 ), il s’agît d’un état qualifiant la cigarette.
En (2 ), le sujet grammatical • cigarette » n’est pas l’agent (c ’est-à-dire le res
ponsable) du verbe - fumer ».
Ce n’est pas une action mais un sim ple fait observable, un constat.
En revanche :
En (3 ), le sujet grammatical est aussi l’agent du verbe : « fum er » est une action
de la catégorie du fe ir e (M arie est une fum euse).
En (4 ), c’est une action de la catégorie du cau ser qui aboutit à un changem ent
d’état de l’objet du verbe (cette cigarette a été fum ée par M arie).
235
H ier soir, il est survenu un grave accident sur la nationale 7,
Lors de la manifestation, il a été film é des casseurs en pleine
action.
Au style impersonnel passif, un - il » (sans référent, si bien qu*on pourrait le
considérer com m e un morphèm e « vid e 0 est le sujet grammatical du verbe à
la form e passive, les agents responsables ne sont pas nommés.
Certes, quand la construction du verbe le perm et (verbes transitifs directs
simples ou com plexes), on peut retrouver le style personnel, par transforma
tion, le patient ou la victim e devenant alors le sujet grammatical du verbe à la
form e passive :
Les difficultés de vie dans les banlieues ont été m entionnées au
conseil.
Une nouvelle augmentation a été prévue.
Un colis piégé a été découvert.
Un grave accident est survenu.
Des casseurs ont été film és.
Mais cette transformation est im possible avec les verbes dont la construction
est transitive indirecte, souple ou rigide :
*Le salaire des fonctionnaires a été parlé.
*Les difficultés de v ie ont été fait mention.
Au style impersonnel, tel qu’on le rencontre dans la presse, s’il y a bien effa
cem ent volontaire des agents, il sem ble cependant nécessaire d ’insister sur le
cadre spatio-tem porel concret pour que le discours fasse sens.
O bservez ;
11 a été découvert un colis piège.
II a été parlé des difficultés de vie.
Si ces énoncés peuvent sem bler grammaticalement corrects, leur contenu infor
m atif sem ble incom plet.
L’auditeur ou le lecteur se dem ande • où, quand cela s’est-il produit ? • :
H ier, il a été découvert un colis piégé su r le stade Jean-Moulin.
A u c o n s e il municipal du 22 fé v rie r, il a été parlé des difficultés
de vie dans nos banlieues.
Étonnamment, pour être satisfait de l’information, l’auditeur ou le leaeu r
n’éprouve pas obligatoirem ent le besoin de se poser la question : • Mais qu i
est nommément responsable de ces faits ? *
On pourrait donc réfléchir aux intentions de communication et aux effets pro
duits par ce type de discours.
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
2 36
10, Vactance et les rôles actanciels
ont une structure de surface pour ainsi dire identique (sujet + verbe + com
plém ent)* ;
Certes, renseignant peut parler d e « sujet apparent - pour ce qui concerne le
style im personnel de type passif. Mais pense-t-il toujours à distinguer une
action d’un fait ? S*interroge-t-il sur la manière dont sa langue découpe la réa
lité ?
Le tlièm e de réflexion qui est proposé ici ne concerne pas tant les apprenants
étrangers que la form ation intellectuelle des futurs enseignants.
Il est. en effet indispensable que l’enseignant prenne conscience que sa langue
est un filtre à travers lequ el il se représente le m onde et que ce filtre peut lui
im poser im perceptiblem ent l’idée qu ’il doit se faire du monde.
En d’autres term es, encapsulés dans notre langue-culture, comm ent pouvons-
nous être conscients (a vec une certaine distance) de notre propre gestion des
significations et ne pas faire d ’erreur quant à l’organisation des significations
d’une culture autre ?
237
(3 ) Les potiers étrusques fabriquaient des statues.
(4 ) Marie a cassé la statue étrusque de Pierre.
Le rôle d'agent est tenu respectivem ent par (1 ) - Pierre % (2 ) • Marie », G ) • les
potiers », (4 ) « Marie ».
Le rôle de patient ou de victim e est respectivem ent tenu par :
en (1 ), - Marie - (patient) ;
en (2 ), - le travail du potier » (patien t) ;
en (3 ), » des statues » (patient) ;
en (4 ), « la statue étrusque » (victim e).
2 38
10. V actance et les rôles actanciels
■ D ’un point d e vue form el, la voix passive peut se réaliser de trois
manières : ^
(1) Le vase étrusque a été cassé par Marie.
(2 ) Le vase étrusque a été cassé (il est cassé).
(3 ) Les vases étrusques sont fragiles, ils se cassent facilem ent.
La voix passive est com plète en (1 ) : elle m entionne l’agent et la victim e.
À la vo ix passive, le verbe est conjugué avec l’auxiliaire êtreéonx le sujet gram
matical est le patient ou la victim e.
La préposition précède le nom de l’agent responsable de l’action.
En (2 ), ne sont considérés que la/le victim e/patient et le résultat de l’action.
Le verbe est conjugué avec l’auxiliaire être, dont le sujet grammatical est le
patient ou la victim e. Il n’est pas fait m ention de l’agent.
En (3 ), on découvre la vo ix passive pronom inale, appelée aussi « vo ix m oyenne -.
Les victim es ou les patients sem blent agir sur eux-mêm es, grâce à la form e ver
bale de type réfléch i Cse + verbe).
• On peut s’interroger sur l’effet produit par des énoncés du type :
Les fem m és se vexent facilem ent.
Les enfant s’éduquent difficilem ent.
Les vases cassés peuvent se réparer sans peine.
Ces tournures sem blent rendre le patient ou la victim e responsables de leur
propre sort.
Il est vrai que la Jbrm e p ron om in a le à valeur passive s’em ploie, le plus sou
vent, qu’avec des patients non humains :
Cette année, les bijoux en o r se vendent très cher.
Les m eubles se fabriquent en bois.
Ces plantes d’appartem ent s’arrosent une fois par sem aine.
• Seule la v o ix passive com plète sem ble exposer objectivem ent les différents
rôles d’agent et de patient :
Un piéton a été fauché par un camion.
Pourtant, sur ce sim ple exem ple tiré d ’un quotidien du jour, on réfléchira à l’ab-.
sence linguistique du véritable responsable, celui qui conduisait le cam ion.
Par vo ie de conséquence, il serait prudent d’exam iner a vec attention toute tour
nure passive.
L’objectivité journalistique, qui ne s’intéresse qu’aux résultats observables, peut en
fin de com pte aboutir à l’effacem ent, pur et simple, de la responsabilité des agents.
239
La cigarette nuit gravem ent à la santé.
(C e lu i qui fum e la cigarette nuit à sa santé.)
Les pluies acides ont ravagé les forêts des Vosges.
(Les in d u striels polluent Tatmosphère avec les émanations
acides de leurs usines ; ce qui a pour résultat la destruction des
forêts.)
La façon culturelle, dont une langue découpe le m onde et l’explique, peut effa
cer la responsabilité des agen ts ré e ls qui, eux, peuvent n’être pas directem ent
nommés.
Ce qui est mentionné n’est, la plupart du temps, que l’adjuvant (celu i qui aide
ou participe) ou l’instrument (l’objet utilisé par l’agent pour accom plir son
action).
Les véritables agen ts resp o n sa b les ne seront que rarement cités directem ent ;
En août 1988, G reenpeace dénonçait la présence d ’algu es, de
c o q u ill^ e s et de p o isso n s légèrem ent contaminés.
Pollution des eaux. Les responsables ? Les en gra is des agricul
teurs, les p h osp h ates des lessives ménagères.
La commune de Latte étouffe sous les 400 000 tonnes d’ordures
que lui en voie annuellement M o n tp ellier«
Côte d’Azur, les Verts dénoncent dans cette région des p ro je ts d e
c o m p le x e s tou ristiq u es qui risquent de « dénaturer » le paysage.
D’après le Point, avril 1989.
• Les indéfinis o n et qu elqu 'u n , sujets d’un verbe à la v o ix active, permettent
d’éviter (volontairem ent ou non) l’identification de l’agent responsable du
procès :
O n a coupé les arbres place du Tertre. (La m unicipalité ?)
O n a forcé ma porte et cam briolé mon appartement. (Q uelqu’un,
mais qu i?)
Л PR O PO S D U SA V O IR -FA IR E
► D ’un point de vue de l’enseignement/apprentissage du FLE, il sem ble indis
pensable de veiller à l’aspect sémantique des rôles, responsables, patients, vic
times, adjuvants ou instruments de l’action exprim ée par le nœud verbal.
En effet, ces raccourcis que Гоп observe en français dans la mention des agents
n’existent pas nécessairement dans toutes les langues. Ce phénom ène peut
donc entraver la compréhension.
N ’insister que sur le sujet grammatical du verbe conduit à réduire considéra
blem ent la portée des informations lues ou entendues.
Certes, les gens sont assez intelligents pour se dire que des humains sont les
véritables responsables.
Maïs il pourrait être utile que cela soit explicité en classe par des e x e rc ic e s d e
re fo rm u la tio n qui remettent direaem ent en cause les véritables agents.
► Dans certaines langues, la vo ix passive n’im plique pas seulement l’agent et
son/sa patîent/victime, com m e c’est le cas en français.
En anglais, par exem ple, il est possible de dire ;
•Les travailleurs immigrés ont été donné 10 000 francs pour quit
ter le pays.
2 40
Ю, V actance et les rôles actanciels
► La v o ix passive n’est pas qu’une sim ple form ule de transformation gramma
ticale. Elle véhicule du sens, elle répond à des intentions, à une volon té d’o b
jectivité ou à une crainte de nom m er directem ent les véritables responsables
des verbes du cau ser à autruL
O n n e transforme pas n’im porte quel énoncé de la v o ix active à la v o ix passi
ve, sans réfléchir aux effets produits en discours.
Avant de faire faire un tel exercice d e transformation, il faudrait peut-être exam i
ner la nécessité psychologique, sociale ou idéologiqu e de cette transformation à
la v o ix passive.
Plutôt que de prendre des phrases du type « le chat m ange la souris pour
expliqu er la v o ix passive par la transformation la souris est m angée par le
chat l’enseignant répondrait m ieux aux exigences notionnelles et concep
tuelles de ses apprenants en constituant un corpus de phrases à la vo ix passi
ve relevées dans un journal français, pour en analyser le sen s en fonction des
rô le s a cta n ciels joués par les mots.
Il serait aussi utile que les apprenants puissent retrouver les agen ts re s p o n
sa b les des actions, chaque fois que ceux-ci sont (intentionnellem ent ou non)
effacés du discours.
4. La nominalisation
C js q u 'i l f a u t s a v o i r
7.41
Nomination de P.V. Knock au ministère de la Santé.
Pollution de la Méditerranée.
Un détournement d*avion la Veille de Noël.
Remboursement des frais médicaux.
Déclaration du Prem ier ministre.
N ouvelles obligations des employeurs.
L’attribution du prix Goncourt.
Ouverture ou fermeture des magasins le dimanche ?
Réception du Président américain.
Réduction des impôts.
Cam briolage de la BNL.
Détournement de fonds.
Élections à la Chambre des députés.
Accusation du juge Pertuis.
La crainte des SDF.
Tous les noms déverbaux sont le résultat d’une transformation d’un verbe en
nom
Le train partira à 15 heures. Départ du train à 15 heures.
Ces noms déverbaux exprim ent bien une action, au même titre qu’un verbe.
L’action ainsi exprim ée est sous la responsabilité d ’un agent et fait subir ses
effets et ses résultats sur des patients ou des victimes.
On doit donc pou voir retrouver ces rôles actanciels, qu’ils soient ou non expri
més.
En général, le contexte perm et de savoir qui est l’agent et qui est le patient de
l’action. Mais, on peut parfois avoir des doutes...
O bservez par exem ple dans :
- • Réception du Président américain - ; est-ce qu’il s’agit d’une réception don
née p a rle Président américain ou d’une réception donnée en son honneur, lors
d’une visite officielle ?
En d’autres termes, le Président est-il l’agent ou le bénéficiaire de Pactîon ?
D e m êm e dans : ^
- « Élections à la Chambre des députés : les députés ont-ils élu quelqu’un ou
se sont-ils fait élire ?
- Il sem ble évident, cependant, que la BNL (qui est une banque) n’est pas
l’agent mais la victim e de « cam briolage •*. La banque a été cam briolée.
- Il est clair aussi que le Prem ier ministre est bien l’agent d e la déclaration :
c’est lui qui a déclaré quelque chose.
Selon les nominalisations, on peut retrouver soit un agent soit un patient.
En d’autres termes, une nominalisation peut avoir pour phrase de base une
voix active ou une vo ix passive.
O bservez cependant, dans :
- - Accusation du juge Pertuis : faut-il entendre que le juge est l’agent (il a
accusé quelqu’un) ou le patient (il a été accusé) 1
Hors contexte, on ne peut pas décider du sens définitif à donner à cette nom i
nalisation.
Le cas est encore plus flagrant dans :
- « La crainte des SDF » : ont-ils peur ou font-ils peur?
2 42
10, L 'actance et les rôles actanciels
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Dans un cours de FLE, renseignant tiendra com pte, iau cours des com pré
hensions écrites, de la présence des nominalisations.
Il aura la prudence de faire rechercher la phrase de base d e ces nom inalisa
tions, pou r vérifier qu’aucune erreur de sens ne se glisse dans la transforma
tion possible en v o ix active ou vo ix passive.
D e temps en temps, des exercices de tra n s fo rm a tio n pourraient être donnés,
pour que les apprenants apprennent soit à trouver la nom inalisation, soit à pas
ser d’une nom inalisation à la vo ix active ou passive.
Par exem ple :
(1 ) La caisse d ’assurance m aladie re m b o u rse vos frais de m édi
caments.
Nom inalisation :
R em b o u rsem en t des frais de médicaments par la caisse d’assu
rance maladie.
C2) France 3 : o rg a n is a tio n d’un débat télévisé sur le sida.
Phrase de base :
France 3 o rg a n is e un débat télévisé sur le sida.
C3) N o m in a tio n d’un nouveau Prem ier ministre, •
Phrases de base :
Un nouveau Prem ier ministre a é té n om m é«
Le Président a nom m é un nouveau Premier minisfré.
(4 ) La grande p eu r des jeunes banlieusards.
Phrases de base ;
Les jeunes banlieusards o n t C^u) peur- C?)
O n a (e u ) p e u r des jeunes banlieusards. (?)
La population fa it p eu r aux jeunes banlieusards. (?)
Les jeunes banlieusards fo n t p eu r à la population. (?)
Chacune de ces transformations donnerait lieu à une explication ou à une jus
tification de l’interprétation proposée par les apprenants.
Les phénom ènes linguistiques de la vo ix passive et de la nom inalisation
devraient perm ettre, dans chaque classe d e FLE, une activité d’interprétation
des rô le s a cta n ciels, que ceux-ci soient ou non exprim és en langue.
Com m e le dém ontre l’analyse du discours, s’il est un lieu où les intentions de
com m unication peuvent être ambiguës, c’est bien dans toutes ces structures
découlant de la vo ix passive.
II est donc indispensable dé les interpréter à haute vo ix dans une cJasse de jFLE.
243
victim e, toujours sujet grammatical ;
Marie a fait repeindre sa maison.
Les B olî o n t la issé p a rtir leur cliaufFeur.
Les parents o n t fa it g a rd er leurs enfants pendant les vacances.
Je nae suis fa it m e ttre en congé maladie.
Je lès a i la issé p a rtir dans les Alpes.
Pierre et Marie fo n t tra v a ille r leurs em ployés.
Les enfants fo n t éco u ter leurs disques à leurs copains.
Tu as fa it r ir e tes invités.
Tu t’ es fa it v o le r !
■ À partir du corpus proposé plus haut, étudions les rôles actanciels dans les
constructions factitives avec le semi-auxiliaire fa ire .
O n constate qu’on vo it presque toujours qui est le r ô le co m m a n d ita ire de
l’action. Mais est-ce bien toujours le cas ?
244
10. Vactance et les rôles actanciels
• Lorsque le nom qui suit directem ent ces constructions factitives est pronom i
nalisé, le pronom prend la form e du pronom personnel COD et se place devant
le verbe fa ire , sem i-auxiliaire :
Elle la fait repeindre.
Ils le s font garder pendant les vacances.
Ils le s font travailler.
Ils le s font écouter à leurs copains.
Tu les fais rire.
• Lorsque c’est le nom précédé de à qui est pronom inalisé, le pronom prend la
form e du pronom personnel destinataire (C D taire) :
Ils le u r fait écouter des disques, (à ses am is)
Il lu i a fait porter des fleurs, (à M arie)
Ainsi, bien que la form e en surface soit identique, seule une analyse des rô le s
a cta n ciels peut expliciter le sens profon d de ces tournures où, selon la signi
fication de la phrase, le COD peut être agent, patient ou victim e et le CDtaire
agent ou destinataire du procès exprim é par le verbe à Tînfînitif.
• Par un phénom ène d'hypercorrection, on peut entendre des Français faire cet
accord du participe passé de fa ire , dans sa fonction de sem i-auxilîaire, mais c’est
un non respect de la norm e :
'’’Mes vitres, je les ai •faites laver par un jeune au chôm age.
■ Se fa ir e fa ire «
Ce verbe factitif présente certaines particularités car le rôle de co m m a n d ita ire
exprim é généralem ent par le sujet grammatical est accom pagné d’un pronom
personnel com plém ent dont le rôle actanciel est souvent bien différent,
quoique sujet grammatical et com plém ent grammatical réfèrent tous deux à la
même pérsonne.
Les doubles pronoms personnels ont un rôle de commanditaire, de patient, de
victim e ou de bénéficiaire ;
J e m e suis fait mettre en congé maladie, (com m anditaire et béné
ficiaire)
Je m e suis fait faire une maison, (com m anditaire et bénéficiaire)
T u t’es fait voler, (pas de commanditaire, mais une sim ple victim e)
O n s’est fait mordre, (pas de commanditaire, mais de simples vic
times)
Us se sont fait opérer de Tappendicite. (comm anditaires et
patients)
Est-ce que vou s vo u s êtes fait gronder ? (patients ou victim es)
J e m e suis fait couper les cheveux, (com m anditaire et bénéficiaire)
■ Se la is s e r flaire.
Dans cette construction, le sujet grammatical de laisser n’a pas nécessairement
le rôle de décideur ou d’agent, il peut être patient, victim e ou bénéficiaire :
Il s’est laissé entraîner dans des cambriolages.
Elle s’est laissée tomber.
Elle s’est laissé marier à un vieil ami d é son père.
Elle s’est laissé offrir une Rolls.
Ils se sont laissés mourir de faim,
• Si le sujet grammatical est l’a gen t (le responsable) des deux verbes, on fait l’ac
cord au participe passé : r-
Elle s’est laissée tomber.
Ils se sont laissés mourir de faim.
246
10. Ja cta n ce et les rôles actanciels
A P R O P O S D U S A V O IR -F A IR E
► Les constructions factitîves ne sont pas faciles à maîtriser par les apprenants
étrangers.
Aussi faudra-t-il penser à p a ra p h ra se r ces énoncés pour s’assurer que les
apprenants com prennent bien les différents r ô le s a cta n ciels qui peuvent s’y
rencontrer, surtout si ces différents rôles se réfèrent à la m êm e personne.
L’essentiel consiste toujours à faire en sorte que les apprenants ne confondent
pas la fonction grammaticale (sujet/objet) avec les rôles actanciels (com m andi
taire, décideur, agent, bénéficiaire, patient, victim e, instrument de l’action).
D ’un point de vue pédagogique, on se rappellera que les rôles actanciels seront
toujours plus concrètem ent com préhensibles aux apprenants étrangers qu e ne
le sont nos term es grammaticaux de « sujet « et « com plém ent »•.
Lors d’une activité de coixipréhensîon écrite, l’enjeu des intentions de comm u
nication ne sera perceptible qu’à partir de ces rôles actanciels explicites ou
im plicites.
Il s’agit donc d’utiliser, dans les classes de langue, les bases d’une grammaire
sémantique qui facilite la saisie du sens de la plupart des discours, et en parti
culier des discours journalistiques.
RÉFÉRENCES BIBUOGRAPHIQIJES
1. Gram m aires et ouvrages de référence ;
Arrivé, M. ; Gadet, F. ; Galmiche, M. ; La G ram m aire d ’aujou rd *h u i Paris ;
Flammarion, 1986.
Bachmann, C, ; Lindenfeld,J. ; Simonin,J. : Langage et C om m unications sociales,
Paris : Haüer/Didier-Crédif, coll, LAL, 1981.
Bateson , G. ; Ruesch : C om m u n ica tion et Société i\x2idX Paris : Seuil, 2* édition,
1988.
Benvéniste, É. : Problèm es de lingu istique générale, 1, Paris : Gallimard, 1966.
Berrendonner, a . : Élém ents de p ragm atique linguistique, Paris : Minuit, 1981,
Boyer, H, : Élém ents de sociolinguistique, Paris : Dunod, 1991.
Bronckart, J.-P, : Thêones du langage, Bruxelles : Pierre Mardaga éditeur, 1977.
Brunot, F. ; La Pensée et la Langue, Bruxelles : Masson et Cie, 1922.
Charalfdeau, P, Langage et Discours, éléments de sém iolinguistique, Paris :
Hachette-Üniversité, 1983-
l a G ram m a ire du sens et de Pepq>ressU>n, Paris : Hachette-Éducation, 1992,
Chevalier, J,-C. ; Blanche-Benvéniste, C. ; Arrivé, M. ; Peytard, J. : G ram m aire
du fra n ça is contem porain, Paris ; Larousse, 1964,
Courtillon, J. : G ram m aire, in Un N iveau-seuil, Paris : Hatier/Didier, 1976.
D ownes, W. : Language a n d Society, Londres : Fontana Paperbacks, 1984.
D ucrot, O. ; D ire et ne p a s dire, Paris : Hem iann, 1972.
Les M ots d u discours, Paris : Minuit, 1980.
Fillmore, Ch.-J. : Case f o r case, Vniversàls in Lin gu istic Theory, Halt, 1968.
François, F. (é d .) : Linguistique, Paris : PUF, 1980.
FucHS, C. ; Le Goffic, P. : In itia tio n a u x problèm es des linguistiques contem po
raines, Paris : Hachette-Université, 1975.
G reimas, A.-J. : Sém antique structurale, Paris : Larousse, 1966.
G revisse,
m . : Le B on Usage, gra m m a ire fra nçaise, Gem bloux OBelgique) :
Duculot, 9* édition, 1969.
G uillaume, G. : Temps et Verbes. Théorie des aspects, des modes et des temps,
Paris : Champion, 1929-
G umperz, J. (é d .) : Language a n d S ocia l Identity, Cambridge : CUP, 1982.
Hymes, D. : Found a tions in Sociolinguistics, A n Ethnographie Approach, Phila
delphia : U niversity o f Pennsylvania Press, 1974.
Jakobson, R. : Essais de lin gu istiqu e générale (trad.), Paris : Minuit, 1963.
Kerbrat-O rbcchioni, C. : Les In tera ction s verbales, tom es I , H, I I I , Paris : Arm and
Colin, 1990- 1994.
KoRZYBSKi, A. : Le R ôle du langage dans les processus p erc^ tu els, N ew York :
The International Non-Aristotelian Library Publishing Company, 1965.
Labov , W. : Sociolinguistique (Ss^idX Paris : Minuit, 1976.
Le G ofhc , P. : G ram m aire de la phrase française, Paris : Hachette-Éducation,
1993.
Le Querler, N. : Précis de syntaxefrançaise. Presse Universitaire de Caen, 1994.
Maingueneau, D. : In itia tio n a u x méthodes de Vanalyse du discours, Paris :
Hachette-Université, 1976.
Nouvelles Tendances en analyse du discours, Paris : Hachette-Université,
1987.
Précis de gram m a ire p o u r examens et concours, Paris ; Bordas, 1991.
Syntaxe du fra nçais, Paris : Hachette-Supérieur, 1994,
Meunier, A. : «M odalités et Communication - in Langue fra n ça ise 21, Paris :
Larousse.
MoiGNET, G. : Systématique de la langue française, Paris : Klincksieck, 1981.
Morel, M.-A. ; Danon-Boileau (é d .) : La deixis, Paris : PUF, 1992.
MouNiN, G, : In trod u ction à la sémiologie, Paris : Minuit, 1970.
POTiTER, B. : Linguistique générale, Paris : Kbncksieck, 1974.
Récanati, E : le s Énoncés perform atifs, Paris : Minuit, 1981.
Riegel, M. ; Pbllat, J.-Ch. ; Rioul, R. : G ram m aire m éthodique du français,
Paris : PUF, 1994.
Saucet, M. : la Sém antique générale a u jou rd h u i, Paris : Le Courrier du livre,
1987.
Tesnière, L. : Éléments de syntaxe structurale, Paris : Klincksieck, 1959.
Ullmann, s . : Précis de sém antique française, Berne : Éditions A. Francke, 1952.
Wagner, R.-L. ; Pinchón, J. : G ram m aire du fra n ça is classique et moderne,
Paris : Hachette-Université, 1962.
Walter, H. : Le Français dans tous les sens, Paris : Robert Laffont, 1988.
W atzlawîck, P, ; Helmick-Beavin, J. ; Jackson, D. : Une Logique de la communia
ca tion (trad.) Paris : Seuil, 1972.
W etnrich, h . : G ram m aire textuelle du fra nçais, Paris : Alliance française -
Didier/Hatier, 1989.
W horf, B.-L. ; lin g u is tiq u e et A nthropologie (u*ad.), Paris : Denoël/Gonthier,
1969.
250
Bolton, S. : É valua tion de la com pétence com m unicative en langue étrangère,
Paris : Hatier/Didier-Crédîf, colL LAL, 1987.
Boyer, H. et a lii : N ouvelle In tro d u ctio n à la d id a ctiqu e du fra n ça is langue
êtran-gère, Paris : C lé International, 1990.
Callamand, M, : G ram m a ire vivante du fra n ça is, Paris : Larousse, 1987.
Chuilon, C, : G ram m a ire p ratique, le fra n ça is de A à Z, Paris : Hatier/Didier,
1986
.
CouRTiLLON, J. ; Sauns, G ,-D . DE : Lib re Échange 1,2,3, m étliode de français,
Paris ; Hatier/Didier, 1991-1993.
Dalgalian, g . î Lieutaud, s . ; W eiss, F. : P o u r un nouvel enseignem ent des
langues, Paris : Clé International, 1981.
D upré la Tour, S. ; Salins, G.-D. de : Prem iers Exercices de gram m aire, Paris :
Hatier/Didier, 1983.
Gaonac'h, D. : Théorie d*apprentissage et A cqu isition d 'u n e langue étrangère,
Paris : Hatier/Didier-Crédif, coll. LAL, 1987.
l e Fran ça is dans le monde, num éro spécial, févriér-mars, 1989 : E t la gra m
m a ire ?
MoiRAND, S. : Enseigner à com m u n iqu er en langue étrangère, Paris : Hachette,
coU. R, 1982.
M ONNERiE, A. : Le Fran ça is au présent, Paris : Alliance française-Hatier/Didier,
1987.
PoR Q uiER ,R, : Progression d id actiqu e et Progression d'apprentissage: quels c ri
tères ? in Études de lin gu istiqu e appliquée 16, 1974.
Salins, G.-D. de : • Le Statut de la troisièm e personne » in Le Français dans le
m onde 213, 1987,
Une A pproche ethnographique de la com m u n ica tion , rencontres en m ilieu
parisien, Paris : Hatier/Didier-Crédîf, coll. LAL, 1988.
Une In tro d u ctio n à l'ethnographie de la com m unication, p o u r la fo rm a
tio n à l'enseignem ent du FLE, Paris : Didier, 1992.
Salins, G.-D. de ; Dupré la Tour, S. : N ouveaux Exercices de gram m aire, Paris :
Hatier/Didier, 1988.
Exercices de gram m aire-perfectionnem ent, Paris ; Hatier/Didier, 1988.
Tagliante, Ch, ; L'É valuation, Paris : Clé International, 1991-
Zarate, G. : Représentations de l'étra n ger et D id a ctiqu e des langues, Paris :
D idier-Crédîf, coll. Essais, 1993.
251
GLOSSAIRE
ACCENT TONIQUE : accent câraccéristique du groupe rythmique. Un groupe ryth-
miquè se caractérise par la présence d'un accent tonique sur la voyelle de la
dernière syllabe prononcée (je t’aime ; je ne t’aime pas).
ACCOMPLI : vision du procês après le déroulement.
ACCOMPUSSEMENT : vîsion du procès en déroulement.
ACTE DE PAROLE : acte social réalisé par les mots énoncés. L'invitation (venez
chez moi), le refus (je ne suis pas libre), l'acceptation (j'irai avec plaisir), le
conseil (vous ne devriez pas faire cela), le remerciement (merci beaucoup) sont
des actes de parole.
ACTUAUSAnoN DU NOM COMMUN : Opération conceptuelle par laquelle un nom
virtuel est mis en service dans le langage O’article et d'autres prédéterminants
du nom permettent d'actualiser un substantif).
ADJECTIF apprécxauf : attribue une qualité subjective à un référent (une mer
veilleuse histoire/une histoire merveilleuse).
ADJECTIFCLASSIFIANT ; établit les propriétés distinctives, et donc dassîfiantes (en
termes - de classe d'êtres •), d'un référent (un apprenant étranger ; un élève
français ou un élève marocain ; le drapeau bleu, blanc, rouge).
ADJECTIF RELATIONNEL : formé à partir d'un nom (un discours présidentiel un
discours • de président * ou du président • ; des élections municipales • de
la municipalité •).
ADJECTIF spécifique : recouvre à la fois la notion d'adjectif dassiftant et d'adjec
tif relationnel. Il spécifie objectivement un type de référent dans une classe
d'êtres (une table ronde/une table carrée),
ADVERBiAUSATioN : constitution d'unc formc à valeur adverbiale (il a écouté
avec patience),
ALVÉOLAIRE : phonèmc dont le point d'articulation se situe au niveau des
alvéoles des dents supérieures.
ANIMÉ : substantif se référant à un être animé (les enfants courent).
ARTICLE ZÉRO : absencé ou effacement de rarücle défini ou indéfini, dans cer
tains cas.
ARTICULATION ANTÉRIEURE : Ic point d'aiticulation SC Situe en avant de la cavité
buccale.
arttcula^ on postérieure : le point d'articulation se situe à l'arrière de la cavité
buccale.
arttculatton béiroflexe : le tu et le [rj des anglophones sont rétroflexes. La
pointe de la langue est dirigée vers le milieu du palais.
aspect : vision donnée par le locuteur quant au déroulement du procès du
verbe,
AUrocORBECnoN S coiTection par l’apprenant lui-même de ses productions
écrites ou orales.
AXE PARADIGMATIQUE ; 3xe Vertical sur lequ el peuvent se foire les opérations de
substitution (paradigm e du pronom personnel sujet),
AXE SYNTAGMATiQUE : 3X0 horizontal sur lequcl les mots sont concomitants et
n o n substituables. La suite syntaxique, sujet + verbe + com plém ent, est un
exem ple d’axe syntagmatique.
CALQUE : traduction littérale (ou m ot à m ot) d ’une structure grammaticale de la
langue maternelle (- * je suis foim », dit p ar un anglophone).
CODE ORAL : langue parlée par une com m unauté linguistique. Le code oral a ses
propres règles de m orphosyntaxe qui se distinguent nettem ent de celles du
code écrit.
COHÉRENCE : organisation logique interne du discours écrit ou oral (liée aux
connaissances partagées dès participants). « Il l’a mis ici • est cohérent p o ur les
participants de la comm unication, mais ne l’est pas nécessairem ent pour le lec
teur.
COHÉSION : respect des règles (syntaxiques et sémantiques) d e la grammaire tex
tuelle, pour que le texte soit com préhensible au lecteur ( - Où Pienre a-t-il mis
son stylo ? - Mais il l’a mis ici !)•
COMPLÉMENT DE NOM : expansion nom inale du nom. Mise en relation de deux
nom s (rindustrie du pétrole crée toujours des emplois).
coD : sigle du com plém ent d’objet direct d ’un verbe transitif direct (je la regar
de).
COI : sîgle du com plém ent d ’objet indirect d’un verbe régi p ar une préposition
dite souple (elle lui ressemble).
cos î sigle du complément d’objet second, ou destinataire, d’une transaction (je
lu i donne une orange)^
cp : sigle du com plém ent du verbe régi p ar une préposition dite rigide (elle
tient à lui).
COMPTABLE : que l’on peu t dénom brer.
CONCEJPTUAUSATION : exercîce qui consiste à réfléchir sur un corpus d’exemples
appropriés pour y découvrir une règle de fonctionnement grammatical.
CONSONNE SONORE : [b], [d], [g ], [v ], [z ], fe] sont des consonnes sonores (vibra
tion des cordés vocales pendant l’émission).
CONSONNE SOURDE : [p], ft]/ M / [Qf [(] sont des consonnes sourdes (pas de
vibration des cordes vocales pendant leur émission).
CONTENU FONcnoNNEL î les différentes form ulations d’actes de parole contenues
dans un dialogue pédagogique ou dans tout autre type de discours.
CONTEXTE : les circonstances socioculturelles dans lesquelles sont énoncées des
paroles : qui parle à qui, avec quelle intention et dans quel but.
oontinu / disconiinu : accom plissement/accompli.
cooccuRRENTs î morphèmes qui s’appellent mutuellement. On les trouve géné
ralement associés dans un énoncé (c’est le plus bel homme que j’aie connu
le superlatif et le subjonctif sont cooccurrents),
coFUiE : verbe - être » conjugué, placé entre le sujet et l’attribut (la ville est
belle). La copule ne se manifeste pas obligatoirement dans toutes les langues.
253
COEUÊFÉRENTIELS : proiioms OU homs renvoyant au même référent
CORPUS : série d*énoncés où se manifestent les différences d’emplois et
de valeurs d’un microsystème grammatical où d’un point do grammaire (À
Pierre ? Elle pense constamment à luî./À son travail ?Elle n’y pense jamais).
vtcoD A G E : le fait de • comprendre • le sens d’un message oral,
DÉICTIQUE : valeur monstrative de certains mots grammaticaux : ici/là. Les
démonstratifs et l’article défini peuvent avoir une valeur déictique (m ettez c e
journal i c i ; regardez l ’avion, lâ-bas).
délabiausation : les lèvres sont écartées pour prononcer un phonèm e délabia-
lîsé com m e [i], [e], [e].
DÉMONSTRATIF : déterminant du nom : ce/cette/ces. Pronom : celui/celle/ceux.
DÉNASÀ1J5AXION : tran sform ation d ’u n e v o y e lle n asale en v o y e lle o ra le + c o n so n
n e n a sa le (c e rta in c e r ta in e ).
DÉPENDANCE I rapport de dépendance ou mise en relation de deux noms,
notamment par l'intermédiaire d’un déterminant possessif.
DÉROUiJEMENT : ensemble des étapes du procès (prospectif, progressif, rétros-
pectiO.
DÉSINENCES : m arqu es d e la p e rs o n n e , du tem p s e t du m o d e dans le s term in ai-,
son s d u v e rb e .
DESnNATAJRE : celui OU Celle qui reçoit l’objet de transaction (je le lui ai donné),
DÉTERMINANT t Hiot grammatical ou lexical qui permet d’actualiser ou de quali
fier un nom. « Le, ce, du, un * déterminent un nom masculin. L’adjectif est aussi
un déterminant du nom (un joli petit garçon),
DIACHRONIE : évolution de la langue dans le temps. S’oppose à synchronie.
DIATHÈSE : voix passive.
DiscouRS/msTOiRE ; s e lo n la te rm in o lo g ie d e É. B en vén îste, d iscou rs =* lié à
l ’é n o n c ia tio n , h isto ire « sans m arq u e n i lie n a v e c l’é n o n cia tio n ,
DISCRIMINATION AUDITIVE : savoif différencier deux sons significatifs (un peu/un
pot).
DOUBLE PRONOMiNAiiSATiON : COD et Destinataire pronominalîsés (je ne le lu i ai
pas donné).
DURACIF : représentant une durée (par exem ple, « pendant »).
EFFACEMENT ; clLsparition, dans certaines circonstances, d’un phonèm e ou d ’un
m orphèm e. Par exemple, le • e • m uet s’efface dans la prononciation de
• m aint’nant -. La particule négative • ne - p eu t tom ber en langage quotidien (•je
pars pas).
EFFET FERLOCUToiRE ; e ffe t p o s itif OU n é g a tif p ro d u it sur l’in terlocu teu r p a r la
fo r c e îllo c u to ire d ’un a c te d e p a ro le .
EMBRAYEURS DU DISCOURS : expression proposée par Roman Jakobson pour
recouvrir l’ensemble des mots grammaticaux qui se réfèrent au « ici et mainte
nant • du locuteur.
EMPHASE 2 accent d’insistance prosodique ou mise en relief d’un groupe de mots
dans l’énoncé (c’est à vous que je parle i).
254
ENCODAGE î Opération de production d*un message oral.
ÉNONCÉ : intervention verbale (écrite ou orale). Un énoncé peut être bref ou
long. - Oui / m oi aussi sont des énoncés au m ême titre q u ’un long discours...
ÉNONCIATION : le fait de prononcer ou d’écrire des paroles ici et m aintenant.
L’énonciation est la « voix » du locuteur. Elle est inscrite dans les instances spa
tio-tem porelles du locuteur : ici et maintenant.
ENTOUBAGE CONSONANTIQUE ; consonnes qui entourent une voyelle ou une autre
consonne et qui peuvent agir sur sa sonorité, son acuité; son ouverture ou sa
ferm eture. Par exem ple, le « i • de - qui - est moins aigu que le * i «r de • si et
le • b •» de - absent • s’assourdit en • p » p ar assimilation consonantique avec le
« s ».
ÉPicÈNE t adjectif ayant une seule et même forme pour les deux genres (un gar
çon symphatique / une fille symphatique).
ERREUR : production écrite ou orale incorrecte, ou agrammaticale, due à une
compétence encore trop limitée (celui ou celle qui fait une erreur la commet
parce qu’il ne sait pas encore faire mieux),
EXERCICE LACUNAIRE : cxeicice à trous.
EXERCICE SYSTÉMATIQUE : exeicice perm ettant l’application d’un microsystème
gram matical ou d ’u n e règle, afin que l’apprenant puisse vérifier son degré de
com pétence (exercices en questions/réponses ou exercices à trous, le plus sou
vent).
EXPANSION : l’ensem ble des déterniinations du nom constitue son expansion.
FAUTE : production écrite ou orale incorrecte due, non pas à la com pétence,
m aïs à un défaut m om entané de la perform ance (celui ou celle qui com m et
une faute sait habituellem ent faire beaucoup mieux).
FOCAUSAiiON : opération par laquelle on m et en relief ou en évidence un élé
m ent de la phrase, ^ C’est à lui que tu as donné ton cœ ur ? » : dans cet exem ple,
le propos est mis en focalisation.
fonction grammaticale : fonction du m ot dans l’énoncé. Le sujet grammatical,
les com plém ents du verbe et l’attribut sont des fonctions grammaticales.
FORCEjLLOCuroiRE : manifestation stratégique des intentions communicatives du
locuteur G puis-je ferm er la fenêtre, s’il vous plaît ? » ; •*vous n ’avez pas froid ? » ;
- la fenêtre ! Non m ais alors ?!•*).
GÉNÉRALISATION : Opération par laquelle on envisage l’ensemble d’une classe
d’êtres (un enfant doit obéir à ses parents).
GLISSEMENT PHONÉTIQUE : phénom ène de télescopage par lequel une consonne
sonore passe à la consonne sourde correspondante ou vice versa (je ne sais
pas jep as ; m édecin ^ m et’sin) (voir - entourage consonantique »).
GRAMMAIRE INTERMÉDIAIRE : grammaire (m ouvante) que se constitue peu à peu
un apprenant, p o ur s’expliquer le fonctionnem ent de la langue cible.
GROUPE NOMINAL Sle nom et ses expansions, l’ensemble ayant une fonaion syn
taxique (un très joK petit enfant dormait ; je regardais le fils de Pierre ; la
tasse à thé était vide).
255
GROUPEPRÉPOSmoNNEL : g ro u p e nom inal dépendant d’une préposition (je regar
dans une grande chambre à coucher rustique).
dais l’enfant qui était
2 S6
LOCUTION VERBALE : ГепзешЫе des mots qui constituent un verbe Q'aî envie de
partir ; il a peur de nous).
MASSIF : non comptable.
MICROSYSTÈME ; Structures grammaticales étudiées comparativement, selon leurs
emplois et valeurs. - Depuis %« ça fait... que » et « il y a... que » constituent un
microsystème d'indicateurs temporels. - Le *, « la -, - les - et • en • constituent un
microsystème pronominal de reprise du nom.
MODAXiSAiEUR d'aepréoation : adjcctîf ou adverbe apportant une appréciation
(un tout petit enfant ; ce sportif court très vite).
MODAUTË DÉCLARAHVB : syntaxe de la phrase assertive. - Je suis content de vous
voir - est une phrase à modalité dédaratîve, par opposition à une phrase de
modalité interrogative ou exclamative.
MODAiiTé INTERROGATIVE : syntaxe de la phrase interrogative.
MODAXiTÉ SYNTACTiQiÆ : la syntaxe propre à chaque type de phrase ünterroga-
tive, déclarative, impérative, exclamative).
MORPHÈME : mot grammatical ou structure grammaticale ayant une fonction spé
cifique en morphologie ou en syntaxe. - Est-ce que », - qu*e$t-ce que *,.« être en
tmin de * sont des morphèmes. Les terminaisons du verbe ou les marques du
pluriel en sont d'autres.
MORPHÈMEDE SUPPORT: пот donné au pronom - il/îls - ou « elle/elles - qui appa
raît dans certaines inversions (Pierre est-il parti ?; Marie reviendra-t-eïle ?).
MORFHOiOGiE : étude des formes. La morphologie du genre et du nombre en fran
çais. La morphologie du verbe, l'étude des radicaux et des désinences du verbe.
MORPHOSYNXAXE : ensemble des règles de la morphologie et de la syntaxe.
NIVEAU d ’apprentissage : état des compétences d'un apprenant débutant, faux
débutant, moyen fort, avancé, en perfectionnement.
N1 DH N2 : complément de nom du type « le fils du pharmacien * et - la porte
de la pharmacie » où N1 de N2 sont en relation d'appartenance, c'est-à-dire :
N2 a un N1.
N1 DE n 2 : complément de nom du type - un verre de lait », « un acteur de ciné
ma » où - de n2 » apporte à N1 une qualification de type adjectival.
NOM COMMUN ACTUALISÉ î H om с огш п и п te l q u 'o n le tro u v e dans un é n o n c é .
NOM COMMUN VIRTUEL : ПОШ coixim u n te l q u 'o n le tr o u v e dan s u n e e n tr é e d u
d ic tio n n a ire .
NH—: nom ou pronom se référant à un être non humain (je m’en occupe
de ce travail).
NOMiNAixsATioN : tra n s fo rm a tio n d 'u n v e r b e e n s o n su b stantif é q u iv a le n t, d 'o ù
l’a p p e lla tio n • n o m d é v e r b a l » (tra n s fo rm e r tra n s fo rm a tio n ). •
NON coMPTABi£ : que Гоп n e peut pas dénom brer.
257
NON coRéFÉRENTEEis S projioms OU noms renvoyant à des référents différents
(mes livres sont plus intéressants que les tiens» mais ils sont moins drôles que
ceux de Pierre 3 référents différents).
NON MASSIF : comptable pu dénombrable.
NOYAU VERBAL : auxiliaire conjugué ou verbe conjugué (je n e le lui a i pas
d o n n é).
ONOMASIOLOGIE : étude sém antique partant du sens p o u r aboutir a u x form es
(p a r exem ple, les entrées d ’un dictionnaire bilingue).
ONOMATOPÉE ; mots cherchant à imiter un bruit caractéristique.
PARiïCüLARiSATioN : Opération par laquelle on prélève un élément particulier
d’une classe d’êtres (j‘ai rencontré un enfant).
PERFECTiF : verbe dont le sémantisme exprime par lui-même l’aboutissement de
l’action (trouver, naître, mourir, etc.).
PERSONNES DE L’INTERACTION : jc/tu/vous (le locuteur et son/ses interlocuteurCs)).
PHONÈME : son significatif d u langage, permettant d e distinguer d eu x significa
tions (a u lit/au lait). Le français possède .seize phonèm es vocaliques et dix-sept
phonèm es consonantîques.
PHRASE : énoncé écrit limité entre d eu x points de ponctuation. Unité syntaxique
sim ple ou com plexe com portant une ou des propositions, La phrase indépen
dante com porte une seule proposition, la phrase com p lexe com porte u ne p ro
position principale et des subordon n ées.
PHRASE ASSERTIVE : m odalité assertive, déclarative ou énoncîative. S’o p p o se à la
modalité interrogative o u exclamative.
PHRASE DÉCLARATTWE : syntaxe de la phrase énonciative qu’elle soit affirmative ou
négative (modalité déclarative).
POLYSÉMIE : les différents sens q u e peut recouvrir un mot.
PONCTUEL : représentant un - point » temporel. S’o p p o s e à duratif.
PRÉPOsmoN : mot grammatical entrant dans la composition d’un groupe nomi
nal, d’un groupe adjectival ou d’un groupe verbal (une tasse de thé ; content
de te voir ; je pense à toi ; viens chez moi).
PRÉSENTA-noN : Opération conceptuelle par laquelle on peut identifier, désigner,
présenter tin être.
PRÉSUPPOSÉ : l’- avant • n o n explicitement dit, mais dont la lecture s’im pose dans
un énoncé.
PRÉsupposm oN : le fait d e signifier et d e com prendre un - avant » dans ce qui
est dit. « Pierre n e fum e plus » p résu p p o se q u ’avant il fumait ; • M arie est divor
cée *• p résu p p o se q u ’elle a été m ariée avant, etc,
PROCÈS : état, devenir, action exprimés par le verbe ou par les noms déverbaux.
FRODUçnoN GUIDÉE : production écrite ou orale imposée, pour le réemploi de
microsystèmes grammaticaux, par exemple.
PRODUCTION LIBRE production écrite o u orale, sans contraintes p éd ago giq u es.
PRONOMS ADVERBIAUX î * y » et « CH * sont Ics proDom s adverbiaux.
258
PRONOM ANAPHORiQUE : p fo n o n i qui porte e n avant un e inform ation p ré c é d e n -
te. Signifie p ro n o m d e reprise (S o n passeport ? M ais je ne le lui ai p as pris !)
PRONOM ATONE : « je, m, il, elle, etc. sont d es p ro n o m s atones.
PRONOM CATAPHORiQüB : an n oiice u n thème dont o n va parier ( î l est b ie n g e n
til, P ie n e ).
259
SATEUXTE DU VERBE : les particules négatives et les pro n o m s com plém ents d i-
tiqués sont d es satellites d u verbe.
sÊMAsioLOGiE : étude sém antique partant des form es p o u r aboutir au sens (p a r
exem ple, les entrées d 'u n dictionnaire unilingue).
srruAnoN s c irco n sta n ces s p a tio -tem p o re lles o ù se tro u v e n t des participants
ayan t un o b je c tif à réaliser. La situation fait partie d u c o n te x te .
STRATÉGIE DE COMMUNICATION : efforts verbau x et n o n v e rb a u x (d 'o rd re socio
culturels) q u e fait tout locuteur p o u r transmettre o u dissim uler ses intentions et
p o u r influencer son interlocuteur.
STRUCTURE RESTRICTIVE S - n e ... q u e » est une négation restrictive (il n e m ange
que des légu m es).
STRUCTURE SYNTAcnQUE : gro u p e d e mots ayant toujours la m êm e place et la
m êm e fonction dans u n e plirase. - Il n’y a pas de « je ne pen se qu’à •*, « il est
plus m alin que » sont des structures syntaxiques.
SUBSTANTIF : n o m com m un.
s u B srm jr : le p r o n o m est u n substitut du n o m , le v e r b e • faire » est u n v e r b e
substitut dan s - ils d isen t tou jou rs qu 'ils v o n t m e p a y er, m ais ils n e le font pas *.
SUBSTITUTION PARADIGMATIQUE : Substitution d ’u n m o t p a r u n autre, à c o n d itio n
q u ’ils fassen t p a rtie d u m ê m e p a ra d ig m e ( l e p a ra d ig m e d e s sujets gram m ati
caux, p a r e x e m p le , p e rm e t le s substitutions : J’é c ris / il éc rît/ v o u s écriv e z/
Pierre et Marie é c riv e n t).
SYNCHRONIE : état d e la lan gu e à u n m om ent d o n n é d e so n histoire. État de la
lan gu e actuelle. S 'o p p o se à diachronie.
TËXJËOLOGiQUE : le but, les finalités à atteindre.
tensif/extensif : accompli/accompUssement.
TEiÉMATESAJiON î extraction d ’u n élém ent et son déplacem ent e n tête d'énoncé
(à mes enfants, je ne p e u x fleuri souhaiter q u e d u b o n h e u r 0.
thème : ce dont o n parle (vous êtes née à Paris ?).
TRANSFORMATION î Opération linguistique par laquelle le locuteur passe d'une
structure syntaxique à un e autre (v o ix active v o ix passive, par exem p le).
VAUENCB ; le n o m b re d ’actants q u e peut supporter u n verbe, e n v u e d e sa
com plétude syntaxique. Lorsque tous les actants sont présents, o n dit q u e le
v e rb e est saturé. Le v e rb e • d on n er • est un verb e à trots valences ( Pierre te le
d o n n era). 1 2 3
VALEUR GÉNÉRAiasANiE : V aleu r g é n é riq u e q u i e n g lo b e l’e n s e m b le d 'u n e m êm e
classe d ’êtres.
VAi£UR D’iNTRODUcnoN : v alcu t de l ’artide indéfini au cours d e la prem ière mise
e n service d ’u n substantif dans u n énoncé (Hier, j’ai rencontré v n enfant. Cet
enfant était seul. Il pleurait. Le pau vre gam in avait p erd u sa m am an, etc.).
VALEUR DE REPRISE : valcur anaphorique, q u i porte rînform atîon e n avant en res
pectant les règles syntaxiques d e cohésion.
260
VALEUR sPÉciFXQUE î quî se réfère à un être spécifique selon l’expérience parta*
gée par les interlocuteurs.
VERBE imBANSETiF : Verbe n’a4mettant pas de complément (marcher, courir, sor
tir, partir).
VERBE MODAL : « pouvoir, vouloir, devoir •» suivis d’ufi infinitif.
VERBE OPÉRATEUR : Verbe du • dire » qui introduit le discours rapporté (il a
dem andé si M arie était là).
VERBE TRANsrriF DIRECT COMPLEXE S verbe à tTois valenccs : le sujet, l’objet et le
destinataire (donner quelque chose à quelqu’un)-
VERBE TRANSITIF DIRECT SIMPLE ; verbe à deux valences : le sujet et l’objet direct
(regarder quelqu’un ou quelque chose).
VERBE TRANSITIF INDIRECT 3EUG1DE : Verbe constTuit avec une préposition dite rigi
de, parce qu’elle ne s’efface pas lors de la pronominabsation (tenir à quelqu’un,
penser à lui, se souvenir d e lui, compter sur lui).
VERBE TRANSITIF INDIRECT SOUPIR : Verbe construit avec la préposition - à •, dite
souple, parce qu’elle s’efface lors de la pronominalisation (ressembler à quel
qu’un, lui parler, lui sourire).
VOYEUR NASAiR : [e], [clJ, [5] sont des voyelles nasales.
VOYEUR ORAiR ; ü ], [c], [z ], [c ], \y], [o], [<xt], [u ], [o ] sont des voyelles orales
(l’air ne passe que par la cavité buccale lors de l’émission).
261
USTE DES CONTENUS PAR DOSSIER
Dossier 1 : la présentation, p. 11 moi, toi, lui, e lle ...
c*esî/ce sont impératif affirmatif/négatîf
c’est m oi/ce sont eu x me, te, nous, vo u s
c ’est nous/c’est vous le, r, la, les
voici/voilà lui, leur
le voici/la voilà le lui, la lui, les lui, le leur, la leur, les
il y a + partitif + n o m leur
il y a + article indéfini + nom y, en
il est + heure
il était u n e fois D ossier 3 : ractualîsatîon
il est = il y a du nom com m un, p. 43
il existe - Il y a le, r, la, les + n o m com m un
ce n ’est pas/ce n e sont pas article contracté du/des
il n ’y a p as d e le gen re et le n om bre des noms
il n ’y en a pas un, une, d e s + n o m com m un
il n ’y a q u ’à + infinitif un, une, des + n o m com m un / le, 1’,
q u ’est-ce q u e c’est ? la, les + n o m com m un
q u i est-ce ? arricie zéro + n o m comm\ixi
q u ’est ce q u ’il y a ? ce, cet, cette, ces + nom com m un
q u ’est-ce qui est arrivé ? celui de, celle de, ceu x de, celles de
q u e se passe-t-il ? + nom
c’est... q u i celui quî/celui que, etc.
c’est... q u e m on, m a, m es + nom com m un
c’est d e ... q u e ton, ta, tes, son, sa, ses, etc.
il y a ... qui le m ien, la m ienne, les miens, les
il y a .... q u e miennes, etc.
j’ai... qui uni une, des + nom dénom brable
j’a i... q u e (co m p tab le)
ce q u i... c ’est du, d e r, d e la + n om non dénom
ce q u e ... c’est brable (m assif)
ce d o n t... c’est assez de, b e a u c o u p de, peu d e + nom
...c ’est ce q u i/ ...c’est ce que un p e u d e + n o m non dénom brable
...v o ilà ce qui/...voilà ce q u e q u elq u es + n o m dénom brable
autant de, plus d e, m oins d e + nom
D ossier 2 : la personne, p. 19 com m un
je/j- le plus de, le m oins d e + nom com
vous/tu m un
il/elle en/le, la, les (p ro n o m s d e reprise)
ils/elles
on D ossier 4 : ra ffîrm a tio ix
nous/vous et la négation, p . 69
est-ce q u e ... ? n e ... pas
où ? oui, non, si
quand ? n ’est-ce p a s ?
com m ent ? n e... n i... ni
il est/c’est n e ... p a s... n o n plus
262
n e.,, jamais un petit peu, tout à fait, tout + adjec-
toujours/jamais tif
n e... pas/ne... plus adverbes en « ment «•
n e... plus jamais aussi, plus, m oins... que (com para
encore/toujours tifs)
pas toujours/toujours pas le plus, le moins + adjectif (su perlatif)
n e... pas en core le meüleur/la m eilleure/les m eilleurs
déjà/pas encore un des meilleurs/une des m eilleures
quelqu'un/n'im porte qui/quiconque N1 de n2 (une tasse de thé)
n e... personne N1 à n2 (un couteau à p ain )
quelque chose/n’im porte quoi N1 en n2 (d es jouets en b ois)
n e... rien les relatives déterm inatives et les rela
tout, tous, toutes, chacun tives appositives
quelque part/n’im porte où/partout qui, que, où, dont, auquel, à laquelle,
n e... nulle part auxquels, auxquelles, etc.
n e... que les relatives et Tindicatif
seulem ent les relatives et le subjonctif
sauf, excepté, hormis
D ossier 7 : la situation
D ossier 5 : rinterrogation dans Tespace, p. 127
et la forme interrogative, p. 83 où ?, ici, là, là-bas
est'Ce qu e... ? à/chez.
qui/que... ? article contracté au/aux
qui est-ce qui/qui est-ce qu e... ? au, aux + nom de lieu
qu'est-ce qui/qu'est ce qu e... ? dans, sur, par, de + nom de lieu
inversion verbe-sujet pour + nom de lieu
. discours indirect entre... et...
« concordance •» des temps jusqu’à + nom de lieu
dire que en/y (pronom s de reprise d ’un lieu )
dem ander ce qui/ce que où, dans lequ el Ces relatives de lieu )
dem ander si au m om ent où, à l’heure où (valeu r
dem ander où/quand/comment tem porelle)
dem ander de + in finitif aller 1, aller 2, aller 3
dem ander que + subjonctif venir/revenir/retoumer/rêntrer, etc.
dem ander à ce que + subjonctif les verbes intransitifs exprim ant le
passage d'un lieu à un autre (auxi
D ossier 6 : la qualification , p . 99, liaire « être 0
N1 de N2 (com plém ent du nom : le
fils du pharm acien) D ossier 8 : la situation
adjectif qu alificatif : genre et nom bre dans le tem ps et la v isio n
quelque chose de + adjectif neutre d u p rocès, p . l4 l
(rien de beau ) hier, aujourd’hui, dem ain
c ’est + adjectif neutre/il (e lle ) est + il y a + expression de la durée
adjectif dans + expression de la durée
c’est/ü est + adjectif neutre (c ’est inté depuis + date fix e
ressant d e ..,) depuis + expression de la durée
ce/c’/ça/cela il y a ... que
place des adjectifs épithètes ça fa it... que
très, peu, assez + adjectif en/pendant
trop, tellem ent, si + adjectif en + date ou époqu e
2 63
à + époque s i... c ’est q u e
le + date g râ c e à, à cau se d e
à partir de/dès/depuis com m e
avant/après p a r su ite d e
rarement, toujours, souvent, q u e lq u e sou s p ré te x te q u e
fois, un e fois p a rticip ia les à v a le u r causale
tout à coup, alors, et puis, etc. être dû à/provenir d e
toujours, constamment étant d o n n é q u e/ vu q u e
tout e n + participe présent (g é ro n d if à du fait de/du fa it q u e
v aleu r tem porelle) d è s lors qu e/d u m o m e n t q u e
participiales à valeur tem porelle (u n e p u is q u e
fois le travail term iné,...) d ’o ù
q u an d , lorsque c’est p o u r c e la q u e
pen d an t que, tant q u e c ’est p o u r q u o i
ju squ 'à ce qu e, dès que, aussitôt q u e alors
ch aq u e fois q u e d on c/ p a r c o n s é q u e n t
si + présent si b ie n q u e / d e s o rte q u e + in d ic a tif
avant que, jusqu'à ce qu e, en atten si, tellem en t, tan t... q u e (c o n s é s u -
dant q u e + subjonctif tiv e s )
m o d es et tem ps d u v erb e : m o d e d u p o u r + in fin itif/p ou r q u e + s u b jo n ctif
réel/m ode du possible, les trois d e sorte q u e + s u b jo n ctif
ép o q u es, les étapes d u déroule q u o iq u e , b ie n q u e + s u b jo n a if
ment, tem ps d e référence T® et T ' tan dis q u e , a lo rs q u e , e n rev a n c h e ,
(discours et histoire), l'aspect (o u mais, e n d é p it d e , p a r con tre, au
v isio n ) Heu d e
valeurs et em plois des tem ps d e l'indi a v o ir b e a u + in fin itif
catif : présent, passé com posé, im m a lg ré
parfait, plus-que-parfait (le système to u te fo is
hypothétique : si + imparfait), sur cepen dant
com posé, passé sim ple, passé anté or
rieur, futur simple, fiïtur antérieur d ’a b ord , ensuite, en fin , e n c o n c lu s io n
valeurs et em plois d u conditionnel d 'u n e part, d 'au tre part, e n ou tre, p a r
valeurs et em plois du subjonctif ailleurs
(avant que, b ien que, qui que, etc.) d 'u n cô té , d e l'autre
v erb es m o d au x : pouvoir, vouloir, e n e ffe t, e n fait, au fait
devoir, savoir + infínitif q u a n d m êm e , to u t d e m ê m e
il est p ossible d e + mfîrùtif, il est vrai d 'ailleu rs
sem blable que . e n tou t cas, d e to u te fa ç o n
adverbes de manière, qualité, quantité d u m oins, au m o in s
plus que, autant que, m oins que
le plus, le m oins D ossier 10 s Pactance
q u e lq u e s pistes m orph ologiques p o u r et les rôles actancîels, p. 251
la form ation des tem ps et des être, faire, cau ser
m o d es : ra d iô iu x et désinences état, action , fait, con stat'
v o i x p a ssive
D ossier 9 : argumentation agent/patient/vîctim e/instrum ent, etc.
et opérations logiques, p. 209 n o m in alisatio n , n o m s d é v e r b a u x
p o u rq u o i ? factitifs : fa ire faire, laisser faire, se
parce q u e fa ire faire, se laisser faire, s e v o ir
p o u r + infinitif passé faire
264
INDEX AIPHABÉTIQÜE
à (a p r è s v e r b e ) 30, 31. 32, 36, 37, 38, a d v e rb e d e te m p s 72, 141, 152, 154,
134 155, 197
à + e x p r e s s io n d e te m p s 1 4 8 ,1 4 9 ,1 5 0 a d v e rb e e n • m e n t » 112, 114
à + lo c a lis a tio n 129, 130 a ffirm a tio n e t n é g a tio n 69-82
à + n2 (d é te rm in a tio n du n o m ) 118 afin d e/ afin q u e 189
à + p r o n o m to n iq u e 28 a g e n t 237
à cau se d e 212 a gen t-su jet 138
à c e q u e + s u b jo n c tif 97 alors 155, 2 l 6
à i ’h e u re o ù 134, l6 2 alors q u e (o p p o s it io n ) 221
à la su ite d e 213 alors q u e (t e m p o r e l) l 6 l , l6 2
à m o in s de/à m o in s q u e 189 a ltern an ce su b jo n ctif/ in d îca tif 191
à p artir d e , d è s, ju squ ’à 151, 152 a ltern an ce s u b jo n a îf/ in fin itif 188-190
a c c o m p li d e T im p a ifa it (p lu s-qu e-p ar^ a n a p h o r iq u e 24, 35, 46, 53, 54, 77,
fa it) 178 123
a c c o m p li d u p a s s é 176, 178 a n im é/ în à n im é 13, 36, 88, 105, 124
a c c o m p li d u p a s s é s im p le 179 a n té c é d e n t (d u p r o n o m r e la tif) 121
a c c o m p lis s e m e n t s p é c ifiq u e (a u p a s s é ) a n tério rité/ p ostériorité 53, 152, 153,
176 l 6 l , 178
a c c o r d du p a r tic ip e passé 33, 36, 41, a p p ré c ia tio n d e la qu an tité 63, 64
81, 207-208 ap rès + in fin itif p assé 153, l 6 l , 162
actants e t rô le s actan ciels 237-247 ap rès + n o m in a lis a tio n 153, l 6 l , l6 2
actualisateur 43 après/après q u e 189
actu alisation d u n o m 15, 43-69 ap rès q u e + in d ic a tif 153
a d je c tif (g e n r e / n o m b r e ) 102-107 a rgu m e n ta tio n 209-230
a d je c tif a p p o s itio n 107 article (g é n é r iq u e ) 4 5 ,4 6 , 4 8 ,1 4 9 ,1 5 0
a d je c tif a p p r é c ia tif 108, 109 article (s p é c if iq u e ) 45, 46, 52, 149,
a d je c tif attribut 107 150
a d je c tif c lassifia n t 108, 109 article c o n tra cté 45, 100, 101, 120,
a d je c tif é p îc è n e 102 130, 132
a d je c tif é p ith è te 107 article d é fin i 15, 44-47, 48, 49, 100
a d je c tif in te r r o g a tif 86 a n ic le in d é fin i 15, 47-49, 50, 53, 60,
a d je c tif n e u tre 105 110
a d je c tif q u a lific a tif 99 article p a rtitif 15, 60, 6 l, 62, 66
a d je c tif q u a lific a tif (d e g r é d ’in ten s ité ) article z é r o 49-50
110 a sp ect a c c o m p li (v is io n du p ro cès)
a d je c tif q u a lific a tif (p la c e ) 107-110 138, 143, 144, 152, 153, 156, l 6 l ,
a d je c tif re la tio n n e l 108, 109 170-172, 177
a d je c tif s p é c ifiq u e 108, 109 a s p e a a c c o m p li d u p ré s e n t 94, 174
a d v e r b e d ’é n o n c ia tio n 198 a s p e ct a c c o m p lis s e m e n t (v is io n du
a d v e r b e d e lie u (lo c u tio n a d v e r b ia le ) p r o c è s ) 152, 156, 176
127, 128, 129 aspect a c c o m p lis s e m e n t g é n é r iq u e
a d v e rb e s d e m a n iè r e 197 (h o rs c h r o n o lo g ie ) 174, 176
a d v e r b e d e n é g a tio n 69-82 a s p e ct a c c o m p lis s e m e n t s p é c ifiq u e
a d v e r b e d e q u a lité 197 (a u p ré s e n t) 173
a d v e r b e d e q u a n tité 6 4 -6 5 , 197 a s p e ct d u ra tif 143, 146, 155
7.6
a s p e ct e x te n s if 157, 180 c o h é r e n c e 46, 49, 53
a s p e ct îm p e r fe c tif 138 c o h é s io n 46, 49, 53
a s p e c t ité ra tif 154 c o m m e (c a u s a l) 211
a sp ect p o n c tu e l 142, 151 c o m m e (c o m p a ra tif) 28
a sp ect résu ltatif l4 3 , 144, 175, 176 c o m m e (te m p o r e l) I 6 l
a s p e ct s é m e lfa c tif 154 c o m m e n t (a d v e rb e in terrog a tif) 22
a sp ect te n s îf 157, 180 c om p a ra iso n (a d je c tif q u a lific a tif)
assez, tr o p , tellem en t, s i 111, 115 112
au/aux (a rtic le con tra cté) 130 c o m p a ra iso n (n o m q u a n tifié ) 64, 65
au fait 226 co m p a ra iso n (v e r b e ) 198
au lie u de/au lieu d* 222 c o m p a ra iso n e t e x p lé tif (n e ) 113
au m o in s 229 c o m p lé m e n t circonstan ciel d e lie u 13,
au m o m e n t o ù 134, 162 14, 17, 127-140, 236
au ssi... q u e 112, 113 c o m p lé m e n t d ’a g e n t (v o ix p a s s iv e )
autant d e .. . q u e 64, 65 234
autant q u e 198 c o m p lé m e n t in d irect (C In d .) 31, 36,
a u x ilia ire (ê tre , a v o ir ) 33, 35, 41, 70, 40
73, 79, 81, 138, 139, 140 c o n c e s s io n 220
a u x ilia ire (s e m i-a u x ilia ire) 243-247 c o n c o rd a n c e des tem ps (d is c o u rs
avan t + n o m in alisation 153, l 6 l , l6 2 in d ire c t) 94, 95
avan t d e + in fin itif 153, l 6 l , l6 2 c o n d itio n n e l 94, 166, 174, 185, 186,
avan t d e/ avan t q u e 189 205
avan t e t a p rès 152, 153, 154 c o n d itio n n e l d e p o lite s s e 185
avan t q u e + s u b jon ctif 153, l 6 l , l6 2 c o n d itio n n e l passé 174, 178, 186
a v o ir b e a u + in fin itif 192 c o n d itio n n e l passé d e u x iè m e fo r m e
b e a u c o u p d e , un p eu d e, p eu d e, p as 205
d e 63, 64 c o n d itio n n e l passé p re m iè re fo r m e
b ie n q u e 192, 221 205
c'est/ce so n t 11, 13, 15 c o n d itio n n e l p résen t 94, 174, 177
c 'e s t c e qu e/ qu î l 6 c o n jo n c tio n d e su b ord in ation te m p o
c 'es t p a r c e q u e ... q u e 212 r e lle 161-166, 189
c 'e s t p o u r ce la q u e 2 l6 c o n ju g a iso n 22-23, 199-208
c 'e s t p o u r q u o i 2 l6 con stru ction s im p erson n elles 196
c 'e s t... q u i/ q u e 15 c o n tra ctio n (a r tic le ) 45, 100, 101
ça/cela 4 l c o ré fé re n tie l/ n o n c o ré fé re n tie l 56
c a r 212 d 'a b o r d 224
c a ta p h o riq u e 25 d ’ailleu rs 227
c a u s e / c o n s é q u e n c é 210, 215-219 d 'o ù 216
cau ser à autrui 232 d ’u n cô té / d e l'au tre 225
cau ser à s o i-m ê m e 232 d ’u n e pari/d'autre part 224
ce, cette, cet, ces (d ém o n stra tifs) 52- dans + localisation 130, 131, 133
54, 58 d a te / é p o q u e p ré c is e 149-150
c e n 'e s t p as/ ce n e son t pas Î2 , 14 d e (a p r è s adjectiO 188
c e q u i/ q u e ... c 'es t 16 d e (a p r è s v e r b e ) 37, 120, 134, 167
c e p e n d a n t 221 d e (p ré p o s itio n entre d e u x n o m s ) 51,
c e n itu d e 191 52, 54, 56, 57. 60
c h e z 129 d e + N 2 (d é te rm in a tio n d u n o m ) 45,
c litiq u e 22, 32 51, 52, 56, 57, 99-101
266
d e + n2 C d éterm in atîon du n o m ) 116, e m p h a s e (in s is ta n c e ) 15, 16, 17
117, 118 e n (p r o n o m ) 37
de/d* (q u a n tific a tio n ) 62-65 e n (p r o n o m substitut d ’u n e q u a n tité )
d e .. . à (p r é p o s itio n s d e lie u ) 132 1 3 ,4 2 ,6 5
d e e t p a r ( v o i x p a s s iv e ) 234 e n + lo c a lis a tio n 130, 133
d e s o rte q u e + in d ic a tif 2 l 6 e n + n2 (d é te rm in a tio n d u n o m ) 119
d e so rte q u e + s u b jo n c tif 219 e n c o n c lu s io n 224
d e to u te fa ç o n 227 e n c o n s é q u e n c e 2 l6
d e g r é d ’in ten sité (a d je c tif q u a lific a tif) e n d é p it d e 222
110, 111 e n e ffe t 226
d é ic t iq u e 14, 15, 45, 24, 51, 53, 127 e n fa it 226
d e m a n d e r à + in fin itif 96-98 e n ou tre 225
d e m a n d e r à c e q u e + s u b jo n c tif 96-98 en / p en d a n t (t e m p o r e l) 146, 147
d e m a n d e r c e q u e 96-98 e n re v a n c h e 222
d e m a n d e r d e + in fin itif 96-98 e n tou t cas 223, 227
d e m a n d e r q u e + s u b jo n c tif 96-98 e n core/ tou jou rs 74
d e m a n d e r si 96-98 e n fin 155, 224
d é m o n s tr a tif (d é te rm in a n t) 14, 15, 44, é n o n c ia tio n 53, 93
52-54, 58 en su ite 155, 224
d é p e n d a n c e 52 é p o q u e (3 é p o q u e s ) 144, 145, 147,
d e p u is , il y a ... q u e , ça fa it... q u e 143 152, 167, 168 , 169
d e s / d e (a r tic le ) 50, 110 e s t-c e q u e / q u ’ 22
d e s suites d e 213 e s t-c e q u e / q u ’est-ce q u e 90
d è s lo r s q u e 215 é tan t d o n n é q u e 214
d é s ig n a tio n 52 é ta p e s du d é r o u le m e n t d u p r o c è s l6 7
d é s in e n c e s d u v e r b e 22-23, 89, 199- ê tre e n train d e + in fin itif 167
208 ê tre sur le p o in t d e + in fin itif 167
d é te rm in a n t 15, 43, 49, 52, 54, 56, 57, ê tre sur le p o in t d e l6 7
59, 100, 101 e u p h é m is m e 73
d é te rm in a tio n du n o m 100-126 e u ^ e lle s 26, 37
d ia th è s e 238 e x p a n s io n d u n o m 99, 100, 101, 116
d isco u rs e t h is to ire 167 e x te n s if 157, 180
d is co u rs in d ire c t 91, 92, 93, l6 8 , 169, fa ire (v e r b e substitut) 195
170 fa ir e fa ire (fa c titif) 208, 243-247
d isco u rs in d ire c t lib r e 93 fin ir d e + in fin itif l6 7
d is co u rs r a p p o rté (a u p a s s é ) 142, 176 fo c a lis a tio n 15, l 6 , 17, 28
d o n c 2 l6 fo r m e a ffirm a tiv e 28, 40, 41, 69-82, 85
d o u b le p ro n o m in a lis a tio n 33, 36, 40, fo r m e in te rro g a tiv e (m o d a lit é ) 13, 14,
41, 42 22, 70, 83-92
d o u t e 189 fo r m e n é g a tiv e 12, 13, 21, 26, 27, 33,
d u / d es (a r tic le c o n tra c té ) 45, 100, 62, 69-82, 73, 85, 92
101,132 fo r m e p a s s ive 239
du, d e la, d e 1* (q u a n tific a tio n ) 60, 6l , 62 fu tu r a n a lytiq u e 135, l6 7
du fa it d e 214 futur an térieu r 183, 203
d u fa it q u e 2 l 4 futur p ro c h e 181
d u m o in s 229 futur sim p le 94, 181-183, 203
d u m o m e n t q u e 215 g én é ra lis a tio n (a r tic le ) 45, 46, 48
e m b r a y e u r d u d isco u rs 5 3 ,9 4 ,1 2 7 ,1 4 1 g é r o n d if 157, 160, 206, 207
267
grâce à 212 jusqu’à ce que, dès que, aussitôt que,
groupe nominal 108, 109 chaque fois que 163, 164
hypothèse 166 Tun et l’autre 114
il (im personnel) 12, 13, 107, 190, 235 laisser faire (factîtîO 208, 243-247
il/elie (m orphèm e de support) 87, SB, le, la, r, les (articles définis) 44-47, 48,
89 49, 100
il/eUe 19, 24, 25, 41, 51, 94 le, la, r, les (pronom s de reprise) 11 ,
îls/elles 20, 24, 25. 54, 80, 106 34, 35, 38, 81
il est/il existe 12 le (pronom neutre) 113, 195
il est essentiel 190 le fait de/le fait que 189
il est inadmissible 190 le jour où 134, 162
il est utile 190 le luî/la lui/les lui 40-42
il faut 190 le moins 198
il lui faut 190 le plus 198
il n’y a pas de 13 lieu de rénonciation 128, 129
il n’y a qu’à + infinitif 13 localisation dans l’espace 127-140
Ü y a 12 , 15 lui/eUe 26, 29, 37
il y a ... qui/que 16 lui/îeur 36, 38
il y a que 13 maintenant, aujourd’hui, hier, demain
il y a/dans (tem porels) 142 141, 142, 146
im parfait (effet de ralenti) 177 mais 222
im parfait (indîcatiO 12, 94, 176 -178, m algré 222
202-203 massif/non massif 6I, 64
imparfait (valeur m odale) 177 me/moi, te/toi 29, 34
imparfait d ’habitude 176 me/te, mVt* 30, 34, 36
imparfait hypocoristîque 178 m êm e si 192
im pératif (m od e) 28, 29, 33, 35, 40, modalisateur de l’adjectif qualificatif
41, 93, 166, 206 111-114
im personnel (il) 12, 13, 107, 190, 235 modalisation 194-198
incises 89 m odalité déclarative 22, 84, 91
indéfini (pronom et adverbe) 76-81, m ode de l’irréel au passé 177, 178,
105, 107 179
indicateurs tem porels 142-154 m ode de l’irréel au présent 178
inférences 210, 211 , 214, 215 m ode subjonctif 97, 187- 192, 203, 204
infinitif 33, 35, 70, 93, 96, 97,106.153, m odes du verbe I 66, 185
I 6 l, 162, 211 m odes et temps du verbe 166-173
infinitif passé 70, 211 m odificateur du verbe 194-198
instances de rénonciation 53, 94 m oi/toi 26, 29, 32
instrument du procès 239 m oi aussi/moi non plus 27
interro-négative 85 m oi si 27
interrogation et form e interrogative m oins d e... que 64, 65
83-91 m oins que 198
interrogation indirecte 91- 95, 96 m oins... que 112 , 113
intonation 15, 17, 22, 85 m om ent de l’énonciation 127, 141,
inversion 22, 70, 86, 89 146, 168
irréel l 66 mon/ton/son 54, 55, 57, 60, 100
jamais (affirm atif) 72 m orphèm e de support (il/ elle) 87, 88,
ie/y 19, 20, 26, 41, 94 89
268
mots du discours 225-230 par contre 222
n\.. pas (n égation ) 33* 69 par suite de 213
n'est-ce pas ? 71 parce que 211
N1 d e N2 (com plém ent du nom ) 45, participe passé 33, 36, 41, 79, 109,
51, 52. 56, 57, 99-101, 119 207-208
N1 d e n2 (n om qualifiant un nom ) 99, pairicipe présent 126
119 participiale l60
né (e x p lé tif) 113, 189 participiales (causales) 2 l4
ne (n égation ) 33, 69-76 particularisation (article) 47, 48
n e... jamais/toujours 72 particules négatives 69-76
n e... n i... ni 71, 72 pas ericore/déjà 75
n e... pas (n égation ) 33, 69 pas moi/moi pas 27
n e... plus 74 pas toujours/toujours pas 75
négation absolue 72, 74 passé antérieur 179, 180
négation et affirm ation 69-82 passé com posé 94, 175, 176,180,181,
négation relative 74 204, 205
négation restrictive 81 passé récent l67
N H + (hum ain) 90 passé sim ple 156, 179, 180, 181, 205
NH - (n on humain) 90 patient/victime 237
nom abstrait 6 l pendant que l6 l, l62
nom actualisé 14, 100 personnes de Tinteraction 19
nom comm un 43, 47, 48, 49, 60, 88, phrase segm entée 25
100, 101, 105, 116 plus d e... que 64, 65
nom commun (n om bre) 44-45 plus que 198
nom com plém ent de nom 50, 51, 52, plus-que-parfait 94, 178, 179
56, 57 plus... que 112, 113
nom com ptable 12, 13, 60, 6 l possessif (déterm inant) 44, 54, 55, 57,
nom non com ptable 12, 13, 60, 6 l 60, 100
nom propre 43, 88, 100 possibilité 196
nom inalisation 241-243 pour (causal) 211
noms déverbaux 231 pour (fin a l) 219
nous 20, 21 pour (préposition de lieu ) 132
nous/vous 30 pour/pour que 189
obligation 196 pourquoi 211
on (in d éfin i) 240 pourtant 221
,on (n ou s) 20, 21, 25 préposition 16 , 17, 28, 29, 31. 32, 37,
opérations logiques 209-230 38, 45, 50. 100
opposition 221 préposition de lieu (locu tion préposi
or 224 tiv e ) 129-133
où (adverbe interrogatif) 22 préposition de temps 146-149
où (pron om relatif) 122,123 présent (in dicatif) 23, 94, 173-175,
où que (concession) 192 199-200
où, ici, là, là-bas 127, 128 présent d'habitude 176
oui, non, si 70 présent historique 174
par (vobc passive) 234 présentateur 11, 12, 13, 14, 15, l6 , 51
par + localisation 132 présentation 11-17
par ailleurs 225 présupposîtion 74
par conséquent 216 probabilité 196
269
pronom démonstratif 55, 56 proposition subordonnée consécutive
pronom démonstratif neutre 14, 15, 198, 217
44, 51, 54, 105, 106, 107 proposition subordonnée tem porelle
pronom interrogatif (qui/que) 88, 89 157, 161-165, 179
puisque 215
pronom personnel (toniqu e) 11, 15, qu’est-ce qui/que 90
26, 27, 28, 29, 36, 37, 39 qualification du nom 15, 99-12(5
pronom personnel COD 30, 33, 35, quand (adverbe interrogatif) 22
36, 38, 81 quand, lorsque l 62
pronom personnel COI 30, 31, 33, 36, quand même 226
37, 38 quantificateur 12 , 44, 60-68
pronom personnel com plém ent 30-42 quantification 60-68
pronom personnel com plém ent pré quantité dénombrable/non dénom
positionnel (C P ) 31, 37, 38, 40 brable 12 , 13, 60
pronom personnel com plém ent que (conjonction) 17
second (COS) 31 que phrase au subjonctif 188
pronom personnel de reprise 12, 13, qu elde) que (concession) 192
14, 24, 30, 37, 41, 65 quelqu’un/personne 77, 78, 79
pronom personnel destinataire quelque chose/rien 77, 78, 79
(CD taire) 30, 31, 36, 38, 39, 40, 41, quelque part/nulle part 78, 79 •
93 question partielle 22, 84, 86, 93, 98
pronom personnel sujet 19-29, 70, 94, question totale 22; 70, 84, 86, 92, 98
106 qui/que (pronom înterrogatiO 88, 89
pronom possessif 55, 56, 57 qui/que (pronom relatiO 121-123
pronom relatif 17, 54, 79, 89, 90, 91, qui est-ce qui/que 90
99, 108, 120- 126, 134 qui que (concession) 192
pronom relatif com plexe 121-123 quiconque/n’im porte qui 79
pronom relatif simple 121-123 quoi (ÎnterrogatiO 86
pronominalisation 33, 37, 38, 40, 41 quoi que (concession) 192
pronominaux réfléchis 176 quoiqu’/quoique 192, 220
pronom s adverbiaux 37 radical 23, 199-207
prophrase 75 radical du verbe 199, 200
propos l6,17 réalisation effective 166
proposition concessive 220, 221 réalisation vim ielle 166
proposition conditionnelle avec « si référence (m onient/point d e ) 53, 94,
(im parfait) 177, 178 169, 168, 170, 182
proposition conditionnelle avec • si »• référence tem porelle 53
(plus-que-parfait) 177-179, 186 registre de langue 11
proposition conditionnelle avec « si • registre fam ilier 13, 20, 22, 36, 92
(présent) 174 registre soutenu 12, 22, 89, IO6
proposition finale 219 registre standard 22
proposition participiale 160 relation d’appartenance 51, 52, 54, 56,
proposition relative 120-126 57,60
proposition relative déterm inative 57, relative appositive (exp lica tive) 120
58 relative déterm inative 120
proposition relative (m ode du verbe) relative explicative 107
125, 126, 191 sans/sans que 189
proposition subordonnée causale 107 savoir 196
270
sem i-auxiliaire 243-247 trop de, assez de, pas assez de 63, 64
seu)em ent/ne.,, que 81 un peu de, quelques 63
si (h ypothétiqu e) 177, 178 un, une, des (articles in défin is) 15,47-
si (intensité) 217 49, 50, 53, 60, 110
si... c’est que 211 ven ir d e + m fînitif l67
si bien que 216 verbe - aller •» 134
sim ultanéité 157, 158, 159 verbe « aller ■ + in finitif 167
situation dans le temps 141-208 verbe - arriver » 137
sous prétexte d e 213 verbe «d e v o ir» (m od al) 182, 187, 196
sous prétexte que 213 verbe « entrer • 136
spécification (a iticle) 45, 46, 52 verbe im perfectif 138, 144, 147
style im personnel passif 235 verbe intransitif 32, 88
subjonctif (après Tim pératif de cer verbe intransitif (passage d ’un lieu à
tains verbes) 191 un autre) 138, 139
subjonctif (construction adjectivale) verbe opérateur (discours indirect)
188 91, 92, 93, 94, 95
subjonctif (proposition indépendante) verbe p erfectif 137, 138, 139, 144, 147
188 verbe - pou voir • 196
subjonctif (tem ps du) 187-188, 203- verbe pronom inal 28, 34, 176, 207,
204 208, 239
successîvité 153 verbe « rentrer - 136
suite à 213 verbe *• retourner » 136
superlatif (adjectiO H 4 verbe « revenir » 136
superlatif (n om quantifié) 65 verbe transitif d irca com plexe 30, 34,
superlatif irrégulier 114 36, 40, 88
superlatif relatif 115 verbe transitif direct sim ple 30, 34,88,
surcom posé 178, 179 89
T * / r 167-169, 182 verbe transitif indirect rigide 31» 37,
tandis que (opposition ) 221 38, 88
tandis que (tem p orel) l6 l, l6 2 verbe transitif indirect souple 31» 36,
tant (intensité) 217 38 , 88
tant que, depuis que, aussi longtem ps verbe «ven ir - 135, 136
que l63 verbe ■vou loir » 196
tellem ent (intensité) 217 verbes factitifs 2Ô8, 243-247
tellem ént de, tant de 64 verbes m odaux 33, 195-196
temps com posé 33, 35, 41, 70, 71, 73, vision du procès (aspect) 143» 144,
79, 80 145, 146, 152, 153, 156, 180
temps de l’indicatif 173-185 • vision progressive l67
tensif 157, 180 vision prospective l67
terminaisons du verbe 22-23,199-208 vision rétrospective l67
thèm e 16, 25 voici/voilà 11
tiroirs tem porels l69, 170 vo ix m oyenne 239
tout/tous/toutes 80 vo ix passive 238
tout de m êm e 226 vo ix passive pronom inale 239
tout en + participe présent 157 volition 196
toutefois 221 vous/tu 19, 20, 25, 41, 94
traces argumentatives 209, 225-230 vu que 214
très, peu 111 y (pron om ) 37