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Réseaux
de transport
d’ électricité
et transition
énergétique
Sébastien Henry travaille au Réseau de transport d’électricité1
(RTE), à la direction Recherche et Développement Innovation. Il
aborde dans ce chapitre le rôle des réseaux de transport d’élec-
tricité et les défis liés à la transition énergétique, en montrant
comment la chimie apporte des solutions.
1. www.rte-france.com
Figure 1
L’Europe de l’électricité.
530 millions d’habitants et 34 pays
européens interconnectés.
Lignes à 400 kV
Lignes à 225 kV
Lignes à 150 kV
Lignes à 90 kV
Lignes à 63 kV
Lignes à 45 kV et moins
Câbles IFA (270 kV CC)
Figure 2
Carte du réseau de transport
d’électricité français.
100 000 km de lignes du 400 000
aux 63 000 volts ; 2 600 postes
électriques ; 46 interconnexions
2 avec six pays frontaliers.
17/12/2007 88 960
27/04/2006 86 280
28/02/2005 86 020
08/02/2012 83 540
10/12/2002 79 730
17/12/2004 79 590
Pointes de consommation
Figure 5 B
MAXIMUM
A. « Montagne de charge »
de l’hiver 2011-2012 –
Consommation France.
67 500
B. Variation de la consommation
d’électricité totale en France pour
62 500
de RTE : http://www.rte-france.
com/uploads/pdf_zip/alaune/
MINIMUM
Rex_Vague_froid_V2.5.pdf
19:00
nergies renouvelables :
é dans le Nord-Est, le centre, la
éolien terrestre, éolien off- vallée du Rhône et de l’éolien
shore, photovoltaïque, bio- off-shore en Manche et sur
masse, hydroliennes. la côte Atlantique. La tran-
Au sein de chaque région, le sition énergétique crée donc
potentiel de développement une nouvelle répartition géo-
des énergies renouvelables graphique de la production
dépend non seulement de la électrique.
géographie, du climat mais En Europe, on dispose dès
aussi de l’urbanisation. Si le aujourd’hui d’une capacité
pourtour méditerranéen est installée de plus de 160 GW
propice au développement du de moyens de production à
photovoltaïque, les conditions base d’énergie renouvelable
de vent favorisent le dévelop- répartis selon l’indication de
6 pement de l’éolien terrestre la Figure 6.
Fioul + pointe
13 % Charbon
Gaz
Nucléaire
Éolien
2%
Hydraulique
Autres
Importations
58 %
B 60 000 Autres
Grèce
50 000 Royaume-Uni
Belgique
République Tchèque
40 000
France
Espagne
30 000 Italie
Allemagne
20 000
10 000
0 Parc
2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 photovoltaïque
20 000
10 000
0 Parc
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 éolien
D 160 000
Figure 6
140 000 L’Europe continentale dispose
120 000 de plus de 160 GW de capacité
Capacité (en MW)
100 000
Photovoltaïque renouvelable installés à mi-2012.
Éolien A. Énergie primaires utilisées
80 000
en Europe pour la production
60 000 d’électricité. B. Évolution du
40 000 parc photovoltaïque par pays.
20 000
C. Évolution du parc éolien par
pays. D. Évolution des puissances
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 photovoltaïque et éolienne
installées en Europe. 7
A Guadeloupe B Guadeloupe
Martinique Martinique
Guyane Guyane
Réunion Réunion
Max. 142 MW
Max. 535 MW
Moy. 37 MW
Moy. 71 MW
Figure 7 Les pays d’Europe ont des po- mutualiser les ressources de
litiques très volontaristes sur production d’électricité et les
Éolien et photovoltaïque en France l’insertion des renouvelables. variations de consommation
à fin juin 2012 : 10 GW installés.
Sur l’éolien, l’Allemagne est pour répondre aux besoins
A. Pour l’éolien : 7 GW, avec plus
de 700 parcs (> 1 MW). le pays le plus équipé ; en nu- de chaque territoire. Il permet
B. Pour le photovoltaïque : 3 GW, méro deux, c’est l’Espagne aussi de gérer les flux d’élec-
pour environ 250 installations et la France (Figure 7) est en tricité entre collectivités,
(> 1 MW)… et plus de troisième position, avec au- entre régions et entre pays.
220 000 « petites » installations ! jourd’hui environ 7 GW en ca-
Source : SOeS, d’après ERDF,
Des modifications impor-
pacité installée. Sur le solaire, tantes du réseau de transport
RTE, SEI, principales ELD
l’Allemagne est de loin le pre- qui doit notamment s’adapter
mier pays en termes d’instal- aux nouvelles localisations
lations photovoltaïques ; vien- des moyens de production
nent ensuite l’Italie, l’Espagne, (Figure 8) sont par conséquent
puis la France (avec environ nécessaires. Son développe-
3 GW installés). ment est indispensable pour
rendre possible la transition
énergétique et répondre à ses
2.3. Le besoin de nouvelles
objectifs : l’intégration des
technologies
énergies renouvelables et la
La transition énergétique im- maîtrise de la consommation.
pose des modifications fortes Cependant le temps de déve-
tant au niveau de la consom- loppement d’un réseau clas-
mation (efficacité énergétique, sique est long, bien plus que
gestion des pointes, nouveaux le temps mis pour construire
usages de l’électricité…) qu’à de nouveaux moyens de
celui des moyens de produc- production. Entre la phase
tion. Assurer l’équilibre entre d’instructions, de procédures
l’offre et la demande sur le administratives, de concerta-
système complet (consom- tions, et la construction des
mation et moyens de produc- ouvrages, il peut s’écouler
tion) pose des contraintes plus de dix ans pour décider
exigeantes au réseau élec- et construire une ligne de
8 trique. Ce dernier permet de très haute tension aérienne.
Figure 8
Le besoin de nouvelles réponses pour le développement du réseau : la plupart des nouvelles lignes 63 à
225 000 volts sont désormais construites en souterrain ; l’augmentation des capacités des lignes aériennes
400 000 volts existantes avec des câbles haute température est maintenant possible.
A. Pylônes Roseau sur la ligne très haute tension Amiens-Arras. B. Poste 400 000 volts de Saucats dans la région
Sud-Ouest. C. Chantier de mise en place d’une liaison électrique souterraine.
Figure 9
Les réseaux doivent évoluer et
se développer pour permettre
d’assurer l’équilibre offre-
demande du système électrique
et d’en maintenir la fiabilité. Il est
nécessaire de penser autrement
le développement et la gestion
du réseau en utilisant les progrès
technologiques :
– dans les TIC (technologies
de l’information et de la
communication) ;
– en électronique de puissance ;
– en chimie et science des
matériaux.
9
3 Chimie
et développement
de nouvelles solutions
peu de fils électriques aériens
dans les rues. Les premiers
câbles souterrains de forte
massif de Belledonne suite à de
fortes intempéries. B. Survol en
hélicoptère des dégâts matériels
puissance y ont été posés sur les ouvrages RTE causés par
pluies diluviennes dans le Var.
3.1. Des solutions pour dans les années 1920. Sur ces
C. Chantier de maintenance sur la
les liaisons souterraines premières technologies pour ligne 400 000 volts d’Albertville-
les câbles « haute tension », Rondissone.
3.1.1. Constitution d’un câble autour du conducteur en
souterrain moderne cuivre, on retrouve du papier
Aujourd’hui, la plupart des enrubanné ou de la cellulose
liaisons pour des niveaux de enrubannée (Figure 13). Ces
tension allant de 63 000 à couches épaisses de plusieurs
220 000 volts sont construites millimètres vont être impré-
en technologie souterraine. gnées de matière visqueuse
La constitution d’un câble ap- (huile et résine) pour assurer
proprié est schématisée sur la l’isolation, puis on va protéger
Figure 12. Au cœur se trouve le tout par une gaine de plomb
l’âme, généralement en cuivre et enfin un matelas de jute
ou en aluminium, conducteur goudronnée. Près de 400 km
où va transiter la puissance de câble de ce type sont posés
électrique. Elle est entourée dans la région parisienne.
d’un isolant électrique et pro- Il existe encore des câbles de
tégée par des gaines. Un histo- cette technologie qui sont en
rique des solutions techniques service, et pour certains de-
employées pour la fabrication puis plus de quatre-vingt-cinq
des câbles est instructif sur la ans ! Des évolutions techno-
progression des techniques, logiques ont eu lieu au cours
car les câbles électriques sou- du temps sur les qualités
terrains, ce n’est pas si nou- d’huiles et de papiers : on est
veau que cela ! passé des huiles végétales
à des huiles minérales ; les
3.1.2. Les premiers câbles papiers se dégradent moins
à papier imprégné (1920) et sont de meilleure qualité.
On peut remarquer qu’à Paris Cependant, ce type de techno-
notamment, il n’y a pas ou très logie pose des problèmes. Le
Protection en polyéthylène
Gaine en aluminium
Isolant en polyéthylène réticulé
Figure 12
Âme en cuivre ou en aluminium Constitution d’un câble de liaison
souterrain (coupe). 11
13
Tableau 1
Évolution des isolants et de leurs épaisseurs.
Évolution des isolants Évolution des épaisseurs d’isolant
PEBD PEHD PER 1980 1990 2000
63 kV 1962 1972 1987 63 kV 14 mm 11 mm 8 mm
225 kV 1969 1978 1994 90 kV 17 mm 14 mm 11 mm
14
A B
Figure 17
Postes électriques blindés.
A et B. Vues du poste électrique
d’Harcourt à Issy-le-Moulineaux
(92). C. Poste électrique
de Vincennes. 15
Figure 18
L’hexafluorure de soufre (SF6).
Figure 19
A. Disjoncteur à gros volume d’huile (1900). B. Disjoncteur à faible volume d’huile (1930). C. Disjoncteur à air
comprimé (1950).
A B
18
Figure 23
Ligne aérienne de transport de
courant. Les conducteurs sont
« nus » : c’est l’air qui est l’isolant,
ce qui implique de respecter des
distances minimales entre les
conducteurs et d’autres éléments.
Figure 25
Coupe schématique d’un conducteur en cuivre.
Figure 26
Coupe schématique d’un conducteur en
aluminium-acier.
Figure 27
Coupe schématique d’un conducteur
en Almelec avec brins en Z.
20
Figure 28
Schéma d’un conducteur bimétallique aluminium/acier.
Figure 29
Schéma d’un conducteur composite à matrice métallique (3M™).
Figure 30
Schéma d’un conducteur composite à matrice organique.
22