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Royaume du Maroc

Université Mohamed V-Rabat


FSJES Souissi-Rabat
Master : Commerce International
Groupe : Temps Aménagé
Matière : Politique commerciale et de change (S3)

LES RÈGLES D'ORIGINE

Professeur : M. Radouane RAOUF

Préparé par :

M. Najib ISSOUANI

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M. Ali AZEROUAL

INTRODUCTION

En droit international, chaque personne a le droit d’avoir une nationalité, elle constitue
le lien de rattachement à un Etat, en étant un sujet de droit ayant des droits et des obligations.
Les produits eux aussi, n’échappent pas à cette règle, toutefois,ici on ne parle pas de
nationalité mais de « règles d'origine». Ces dernières, signifient les critères permettant de
déterminer le pays d'origine d'un produit ou, en d’autres termes, sa nationalité économique.
Les règles d'origine sont donc nécessaires pour attribuer un pays d'origine à chaque
produit. Elles s’appuient sur des critères pour déterminer le lieu de fabrication d'un produit.
Elles sont importantes pour la mise en œuvre d'autres mesures de politique commerciale,
comme les préférences commerciales, les contingents, les mesures antidumping et les droits
compensateurs.La difficulté qui réside est de déterminer l'origine d'un produit, étant donné
que les matières premières et les pièces détachées circulent tout autour du globe pour servir
d'intrants dans des usines de fabrication éparpillées dans les quatre coins du monde.
Pour bien étayer cette thèse, nous allons, dans premier temps, traiter des notions se
rapportant aux règles d’origine et, dans un deuxième temps, l’importance et les actions
entreprises pour l’harmonisation de ces règles.

PREMIERE PARTIE : REGLES D’ORIGINE : DEFINITIONS ET


TYPOLOGIE
Les définitions et les types des règles d’origine sont nombreux, mais l’objectif est
unique : déterminer la nationalité économique d’un produit.
I - Définitions des règles d’origine :
Il n’existe pas une définition unique et uniforme pour les règles d’origine. Ainsi,
Plusieurs définitions peuvent s'appliquer à cette notion.
 Pour la Convention de Kyoto les règles d’origines sont : “ Les dispositions
spécifiques appliquées par un pays pour déterminer l'origine des marchandises et faisant appel
à des principes établis par la législation nationale ou par des accords internationaux.”
 Pour l'Accord sur les règles d'origine (Annexe 1A de l'Accord de Marrakech,
portant création de l'Organisation mondiale du commerce en 1995) fait la distinction entre les
règles d’origine non préférentielles et des Règles d'origine préférentielles:
 “Les règles d'origine non préférentielles s'entendront des lois, réglementations
et déterminations administratives d'application générale appliquées par tout Membre pour
déterminer le pays d'origine des marchandises”.
 “ Les règles d'origine préférentielles s'entendront des lois, réglementations et
déterminations administratives d'application générale appliquées par tout Membre pour
déterminer si des marchandises sont admises à bénéficier d'un traitement préférentiel dans le
cadre de régimes commerciaux contractuels ou autonomes qui donnent lieu à l'octroi de
préférences tarifaires.
II - TYPES DE REGLES D’ORIGINE :

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Il existe deux catégories de règles d’origine : les règles d'origine préférentielles et les
règles d'origine non préférentielles.
A- RÈGLES D'ORIGINE PRÉFÉRENTIELLES
Les règles d'origine préférentielles sont celles qui s'appliquent dans le cadre de
préférences commerciales réciproques (accords commerciaux régionaux ou unions
douanières), ou de préférences commerciales non réciproques (préférences en faveur des pays
en développement ou des PMA).
Ces règles, sont définies par des accords ou arrangements bilatéraux ou régionaux.
Ainsi, pour le Maroc on les trouve dans :
 L’accord d’association Maroc-UE ;
 Accord de libre-échange (ALE) avec l'AELE ;
 L’accord d’Agadir ;
 ALE avec la Turquie;
 L’accord de libre-échange avec les Etats-Unis ;
 Convention de facilitation et de développement des échanges entre les pays
arabes (pays de la Ligue arabe) ;
 ALE avec les Émirats arabes unis.....
En l’absence des accords régionaux ou bilatéraux, les Etats appliquent les règles
d'origine non préférentielles.
B- LES REGLES D'ORIGINE NON PREFERENTIELLES
Les règles d'origine non préférentielles sont celles qui s'appliquent en l'absence de
préférences commerciales, c'est-à-dire quand les échanges s'effectuent sur la base du principe
de la nation la plus favorisée. Les pays n'appliquent pas tous une législation spécifique
relative aux règles d'origine non préférentielles. La détermination de ces règles est du ressort
exclusif des Etats. Ces derniers restent souverains pour fixer les règles qui leur semblent
bonnes pour donner l’origine à un produit (tout en respectant les stipulations de l’accord de
l’OMC précité sur les règles d’origine).
A cet effet, pour le Maroc sont considérés comme produits originaires :
 les produits entièrement obtenus au Maroc, c’est à dire les produits minéraux
extraits de leur sol ou de leur fond de mers ou d’océans, les produits du règne végétal qui y
sont récoltés , les animaux vivants qui y sont nés et élevés, les produits provenant d'animaux
vivants qui y font l'objet d'un élevage, les produits de la chasse ou de la pêche qui y sont
pratiquées, les articles usagés ne pouvant servir qu'à la récupération des matières premières, y
compris les pneumatiques usagés ne pouvant servir qu'au rechapage ou ne pouvant être
utilisés que comme déchets, les déchets provenant d'opérations manufacturières qui y sont
effectuées;
 les produits obtenus au Maroc et contenant des matières qui n'y ont pas été
entièrement obtenues, à condition que ces matières aient fait l'objet au Maroc d'ouvraisons ou
de transformations suffisantes.
Cette transformation repose sur l’un ou plusieurs critères ci-après:
Changement de la position Système Harmonisé (SH) du produit :

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En vertu de ce système, La marchandise acquiert l'origine du pays où sa dernière
transformation lui a conféré un code SH2 différent de celui de ses composants. Ainsi, le tissu
chinois qui est confectionné en vêtement au Maroc acquiert l’origine marocaine, du fait que le
vêtement, issu de la confection au Maroc, est classé dans une position du SH différente de
celle du tissu. Ce critère présente l'avantage de la simplicité, mais ne permet pas toujours de
distinguer les transformations complexes de celles plus légères. La simple confection d’un
vêtement est une ouvraison beaucoup plus simple que la fabrication du tissu. Le vêtement
doit-il alors être marocain ?
Pourcentage de la valeur ajoutée :
Selon ce critère, La marchandise acquiert l'origine du pays dont les intrants ou le
travail lui confèrent la valeur ajoutée la plus importante. Le pourcentage requis de valeur
ajoutée peut varier d'un produit à un autre, et d’un pays à un autre. Ce critère, s'il est plus
raffiné que le précédent, est aussi plus difficile à mettre en œuvre puisqu'il suppose qu'une
évaluation indépendante et objective des matières premières et des ouvraisons qu'elles ont
subies soit effectuée.
Certaines opérations sont qualifiées de transformations insuffisantes ou minimes d’un
produit, et ne confèrent pas -par conséquent- l’origine au produit. Tel est le cas des :
1. Opérations simples de dépoussiérage, de criblage, de tirage, de classement,
lavage, découpage, emballage, mise bouteilles… ;
2. Manipulations destinées à assurer la conservation en l’état du produit pendant
leur transport ou stockage;
3. Simples mélanges des produits, réunions des parties en vue de constituer un
produit complet.
DEUXIEMEPARTIE : IMPORTANCE ET EFFORTS
D’HARMONISATION DES REGLES D’ORIGINE
L’importance des règles d’origine dans le commerce international a amené l’OMC à
accorder un intérêt particulier à ces règles dans la perspective de les harmoniser.
I- MPORTANCE DES REGLES D’ORIGINE :
Les règles d’origine déterminent le régime douanier des marchandises lors de leur
importation. Elles permettent ainsi la mise en œuvre des instruments de politique
commerciale, à savoir les droits antidumping, les droits compensateurs, les mesures de
sauvegarde et le marquage de l'origine. Par exemple, lorsque l’Union européenne impose un
droit antidumping à l’encontre des chaussures à dessus en cuir originaires du Vietnam, une
question se pose au sujet des chaussures assemblées au Vietnam mais avec du cuir marocain ;
sont-elles vietnamiennes ou marocaines ? Dans le premier cas, le droit antidumping
s’applique à l’importation des chaussures dans l’Union européenne. Dans le second cas, il ne
s’applique pas.
Les règles d’origine permettent aussi l’application des règles de non-discrimination de
l’OMC comme le traitement de la nation la plus favorisée, et le traitement national. Par
exemple, si une taxe plus élevée s’applique en Italie à des boîtes de conserve de thon pêché
dans l’Atlantique et non à des boîtes de conserve de thon pêché en Méditerranée, la question
qui se pose est de savoir si les boîtes de conserve ont une origine «pays» différente. En
d’autres termes, si les deux boîtes de conserve ont une origine européenne, la question devra
se trancher au regard des règles européennes, «en interne». Si en revanche les boîtes de
conserve de thon pêché dans l’Atlantique sont considérées comme d’origine marocaine,

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l’Italie viole la règle du traitement national consacrée par l’OMC, laquelle interdit de mieux
traiter les produits domestiques par rapport aux produits similaires originaires d’un pays tiers.
II- HARMONISATION DES REGLES D’ORIGINE :
D’un point de vue légal, en l’absence d’un accord international, chaque État est libre
de mettre en œuvre la législation commerciale qui satisfait le mieux ses intérêts nationaux. Ce
n’est qu’à partir de 1995 que l'Accord sur les règles d'origine va mettre fin de manière
substantielle au pouvoir discrétionnaire des États dans la création et la gestion de règles
d’origine.
A- INTERET DE L'HARMONISATION DES REGLES D'ORIGINE : 
Tous les pays reconnaissent que l'harmonisation des règles d'origine, c'est-à-dire leur
définition,devrait être appliquées partout de la même manière quel que soit leur but, ce qui
faciliterait les échanges internationaux. En fait, utilisées abusivement, les règles d'origine
peuvent se transformer elles-mêmes en de véritables instruments de politique commerciale,
alors qu'elles ne devraient être qu'un moyen de faciliter le fonctionnement de tels instruments.
Compte tenu de la diversité des règles d'origine, toutefois, cette harmonisation est un exercice
complexe.
B. EFFORTS ENTREPRIS POUR L'HARMONISATION DES REGLES
D'ORIGINE : 
L'augmentation du nombre et de l'importance des règles d'origine ont amené les
négociateurs du Cycle d'Uruguay à s'attaquer à cette question au cours des négociations. Dans
cette perspective, l'Accord sur les règles d'origine vise à harmoniser les règles d'origine non
préférentielles et à veiller à ce que ces règles ne créent pas en elles-mêmes des obstacles non
nécessaires au commerce. Cette Accord définit un programme de travail pour l'harmonisation
des règles d'origine à entreprendre après l'entrée en vigueur de l'Accord sur l'Organisation
mondiale du commerce (OMC) conjointement avec l'Organisation mondiale des douanes
(OMD).
Cet accord ne couvre que les règles d'origine utilisées dans les instruments non
préférentiels de politique commerciale tels que le traitement NPF, les droits antidumping et
compensateurs, les mesures de sauvegarde, la réglementation relative au marquage de
l'origine et les restrictions quantitatives ou contingents tarifaires discriminatoires, ainsi que les
règles d'origine utilisées pour les statistiques commerciales et les marchés publics.
Il est toutefois prévu que les déterminations établies aux fins de la définition de la
"branche de production nationale" ou des "produits similaires d'une branche de production
nationale" ne sont pas visées par l'Accord.
Selon les principes généraux cet Accord, les Membres doivent veiller à ce que leurs
règles d'origine soient transparentes, qu'elles soient administrées d'une manière cohérente,
uniformes, impartiales et raisonnables et qu'elles se fondent sur un critère positif.
A cet effet, l'Accord institue dans le cadre de l'OMC, un Comité des règles d'origine
ouvert à tous les Membres de l'OMC. Ce comité se réunit au moins une fois par an et est
chargé d'examiner la mise en œuvre et le fonctionnement des accords.
  En parallèle au comité des règles d'origine de l'OMC, on trouve le Comité technique
de l'Organisation mondiale des douanes qui travaille sur la base des secteurs de produits de la
nomenclature du Système harmonisé, sur les questions suivantes: Définitions des
marchandises entièrement obtenues, Dernière transformation substantielle, Changement de
position tarifaire et les Critères supplémentaires.

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CONCLUSION
En guise de conclusion, La détermination de l’origine préférentielle ou non
préférentielle d’une marchandise peut s’avérer complexe, elle mérite de s’y attarder et
nécessite souvent quelques recherches et vérifications. Notamment, la consultation de chaque
accord prévoyant les préférences tarifaires permet de s’assurer du bien-fondé de la production
du certificat d’origine octroyé.

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