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L ASSURANCE

N°6 / Mai à Août 2014 - Revue éditée par le Conseil National des Assurances

LES ASSURANCES
A L’HEURE DES
TIC

Assurance et Risques
environnementaux des entreprises

UN MARCHÉ SOUS-EXPLOITÉ
Courtier d’assurance Reyda Farid Benbouzid, Débat sur la réforme
Quel rôle dans la gestion Une figure emblématique des de la profession d’expert
des risques d’entreprises ? assurances algériennes technique en assurance
Evénement

2 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Editorial

Assurance, environnement et TIC


La Revue de L’ASSURANCE est une
publication du Conseil National des
Assurances (CNA), éditée par son
Secrétariat Permanent Par Abdelhakim Benbouabdellah *

A
CNA : 01, Rue Aïssa Azzi la triple échelle étatique, des entreprises et
Dély-Ibrahim, 16302 Alger, Algérie. des personnes, l’environnement et sa pro-
Tél: (213) 21 91 90 30 / Fax: (213) 21 91 91 51
E-mail: contact@cna.dz / Site Web: www.cna.dz tection restent, une préoccupation majeure.
D’où la responsabilité de chacun devant la
Directeur de la Publication nécessaire et impérative protection susmentionnée.
Abdelhakim
Le secteur des assurances, comme il a tendance à le
Benbouabdellah
Directeur de la Rédaction faire en innovant dans tout ce qui nécessite protec-
Younes Hamidouche tion, s’est évidemment imprégné depuis des décen-
Rédacteur en Chef nies de cet impératif et s’est naturellement adapté au
Hamid Rabahi grès des circonstances.
Coordinateur de
la Rédaction
Mohand Redaoui A la double obligation de prévention et de réparation
Directrice Marketing en ce type d’assurance, les assureurs ont diversifié
Djazira Sadi Ahmed de par le monde leurs pléiades d’offres.
Infographie
Zakaria Rekab A l’unique chance de voir couverte la responsabilité
Rédaction, Conception, environnementale d’une entreprise face aux risques
Impression et Diffusion encourus dans ce domaine, se dresse le seul profil à adopter : s’adapter au principe du
pollueur-payeur en tachant d’être du bon côté, celui, évidemment, du non pollueur.
Mais, c’est connu, personne n’est à l’abri d’un quelconque danger et risque, notamment
dans ce qui a trait au fragile environnement. Et c’est sans doute pourquoi des garanties
APEC communication du genre Responsabilité civile (RC) perte exploitation, protection juridique, atteinte à
Cité des Annassers II,
Bt. B 25, N°02, Kouba, Alger. l’environnement et, sauvegarde de l’environnement…sont développées par les assu-
Téléfax: (213) 21 29 39 20 reurs en vue, certes de renforcer leurs chiffres d’affaires –voir une société quelque soit
E-mail : info@apec-dz.com sa nature œuvrer dans le domaine économique sans avoir cette ambition de faire du
CA, serait illogique et anormal-, mais, également, de permettre une couverture de tout
Ont collaboré à ce numéro
un monde : l’environnement des entreprises et des personnes.
Ali Mebarki Malik Moudir
Chakib Cherifi Mohand Redaoui Sur un autre environnement, celui numérique, il est tout aussi intéressant de relever
Fatmi Mohamed Nadia Ait Larbi
que les acteurs du marché national ont encore des marges de progrès à combler. En
Fatiha Aid Said Mansouri
Hamida Benmoumene Salim Benhadj
effet, les technologies de l’information et de la communication, communément appe-
Karima Seddak Samira Belabed lées TIC, sont pourtant loin de la gestion aux simples clics.
Les tonnes de papier des divers contrats et processus de gestion des dossiers d’assu-
Convention ANEP - APEC N°13/2013 rance, dans la relation dense entre assurés et assureurs, ont la peau dure. En 2014,
elles continuent de se faire encore pesantes.
ANEP, 50, Rue Khelifa Boukhalfa, Alger
Tel.: 213 (0)21 23 64 89 / (0)21 23 83 24
Fax : (0)21 23 64 90 Néanmoins, des avancées remarquables sont relevées par-ci par-là parmi les assu-
reurs du marché national. Les offres digitales pour des solutions de gestion modernes
Les textes publiés et le contenu de cette
publication ne représentent pas nécessairement
sont annoncées par des sociétés d’assurance pour mieux gérer leur relation-client es-
les positions officielles du Conseil National des sentiellement.
Assurances.
Les articles publiés dans cette revue n’engagent
que leurs auteurs.
L’assurance et les risques environnementaux ne sont point étrangers l’un à l’autre, y
Toute reproduction d’articles ou de photos doit compris sur le marché algérien. L’assurance et les TIC aussi. C’est le chemin le moins
être soumise préalablement à une autorisation. sinueux d’impacter au mieux à la fois sur les personnes, les entreprises que leur envi-
Les manuscrits, photographies ou tout autre
document et illustration adressés ou remis à la ronnement respectif.
rédaction ne sont pas restitués * Secrétaire du CNA
et ne peuvent faire l’objet de réclamation.
Dépôt légal : Septembre 2014 - ISSN : 2253-0096

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 3


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises
- Risques environnementaux des entreprises : un marché sous-exploité..............................................6

SOMMAIRE - Risques pollution : Les entreprises dans l’attente de produits d’assurances spécifiques....................8
- Les entreprises face aux risques environnementaux : Evolution méritant innovation........................10
- Entretien avec M. Laribi Yacine, Chef de division Incendie (CCR) :...................................................12
- Entretien avec M. Djebarra Djamal Eddine, Directeur des Risques...à la CASH Assurances............14
- Entretien avec M. Tolba Tahar, DG de l’environnement et du développement durable......................16
- Entretien avec M. Belkessam Hamid, journaliste chroniqueur à la radio Chaîne 3............................18
- Entretien avec M. Aggoun Abdelkader, Président du CEIMI :.............................................................20
- Entretien avec M. Bendaoud Djenidi, Consultant international et DG de QCM - Algérie....................22
- Entretien avec M. Mébarek Malek Serraï, Expert International...........................................................24

Evénement
- Du sang neuf à la tête des leaders du marché...................................................................................26
- Salama Assurances : « Indemnisation des clients en un temps record »...........................................27
- Courtier d’assurance : Quel rôle dans la gestion des risques d’entreprises ?....................................28
- Trois questions à M. Chabane Sadek, DG d’Algeria Brooking Service..............................................29
- Energies Renouvelables : Un marché prometteur qui attire le regard des Assureurs........................30

Focus : les Assurances à l’heure des TIC


- Utilisation des TIC et secteur des Assurances : la 3G pour se rattraper.............................................32
- Entretien avec M. Khelifati Hassen, P-DG d’Alliance Assurances......................................................34
- Entretien avec M. Hadj Mahammed Ahmed, DG de la GAM.............................................................35
- Entretien avec M. Hadjou Abdelhakim, DG de Salama Assurances Algérie.......................................36
- Entretien avec Mme Bourouba Amel, Responsable des Moyens Informatiques à AXA Algérie...........37
- La Compagnie Algérienne des Assurances (CAAT) met le cap sur les TIC.......................................38
- CAAR : Devis en ligne et bientôt des applications mobiles sur Smartphone......................................40
- CAARAMA Assurance : Les TIC pour soutenir l’essor des assurances de personnes.......................42
- Le directeur informatique de la CNMA : « La réalisation de notre réseau Intranet pour bientôt »......43
- Nouveau au Mutualiste : Un site web qui facilite au client l’accès aux produits.................................44
- MAATEC : Un nouveau système d’information implémenté...............................................................46
- M. Grar Younès, Expert-Consultant en Technologies de l’Information et de la Communication :
« Les TIC permettent une meilleure gestion et une communication de proximité ».............................47

Portrait
- Reyda Farid Benbouzid : Une figure emblématique des assurances algériennes.............................50

Analyse
- Evolution du marché de la réassurance (2009-2012).........................................................................52
- Sociétés d’assurance de personnes : L’effort de recrutement et de formation...................................54
- Pays producteurs et non producteurs d’hydrocarbures : Quelle place pour l’assurance vie ?...........56

Débat
- La réforme de la profession d’experts techniques en assurance........................................................60

4 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Evénement

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 5


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Risques environnementaux des entreprises :


un marché sous-exploité
Les entreprises économiques ne sont pas épargnées par les risques environnementaux qui ne peuvent être écartés
en l’absence de plans de prévention. Le transfert de ces risques aux sociétés d’assurances est une solution que
les entreprises potentiellement polluantes ne peuvent ignorer. Pour les sociétés d’assurances, c’est l’occasion
d’exploiter au mieux un marché qui recèle de réelles potentialités.

Par Ali Mebarki

Afin d’aborder la question des risques envi- évite aux entrepreneurs d’engager leur Le principe du
ronnementaux sous de bons auspices, les responsabilité car de nombreuses activités
entrepreneurs font appel à des experts qui peuvent générer ces risques vis-à-vis de pollueur - payeur
les aident dans cette tâche. Les entreprises l’environnement. C’est dans ce cadre En Algérie, cette maîtrise est d’autant plus
sont soumises à des législations qu’elles qu’intervient la nécessité d’identification importante que les pollueurs sont obligés
doivent respecter sous peine de sanctions des risques environnementaux que l’entre- de payer selon le principe du pollueur-
car, souvent, le respect de l’environnement prise peut générer afin de les évaluer et de payeur. Ce principe inscrit dans la loi est le
est encadré afin d’éviter tout risque. Ainsi, les maîtriser. reflet de la volonté des pouvoirs publics de
la maîtrise des risques environnementaux lutter contre les pollutions d’origine indus-
trielle en initiant des pro-
grammes d’action et des
mesures législatives pour la
préservation et la protection
de l’environnement.

Mais au-delà du principe du


pollueur-payeur, il y a aussi
la recherche de formules
d’assurance spécifique pour
ce genre de risques à cause
de la responsabilité civile qui
pèse sur les épaules des diri-
geants des entreprises po-
tentiellement polluantes.

Ces derniers assument les


frais de toutes les mesures
de prévention de la pollution
et aimeraient bien transférer
le risque aux assurances. Si
les sociétés d’assurance
captent ces risques liés à
l’environnement, elles pour-
raient constituer une oppor-
tunité de booster leur chiffre
d’affaires.

6 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier
Dossier: :Assurance
AssuranceetetRisques
Risquesenvironnementaux
environnementauxdes
desentreprises
entreprises

Ainsi, les sociétés se verraient proposer la question de leur destruction et de leur L’Algérie ne fait que suivre l’évolution inter-
des produits destinés à couvrir ces risques stockage, et là aussi les entrepreneurs nationale dans le domaine de la protection
spécifiques. sont dans une situation compliquée car ils contre les diverses formes de pollution. Le
peuvent être tenus pour responsables pour premier pas adopté pour appliquer cette
les dégâts qui peuvent en être générés, et démarche est celui du durcissement du
Les courtiers d’assurances ils devraient alors faire appel aux assu- dispositif juridique national relatif à la pro-
ont un rôle à jouer rances pour leur transférer ce risque. Cer- tection de l’environnement, ouvrant ainsi
Les entrepreneurs sont appelés à solliciter taines entreprises font effectivement appel un nouveau marché aux compagnies d’as-
le concours des courtiers pour les conseil- à des sociétés d’assurances pour les ac- surances.
ler sur l’évaluation des risques et sur le compagner dans la gestion des risques
bonnes formules pour assurer ces risques. environnementaux. Les compagnies d’assurances proposent
Il y a aussi des mesures préventives à aux entreprises différentes polices d’assu-
prendre afin d’éviter de causer du tort à Le développement durable rances pour tenter de répondre aux be-
l’environnement. Il y a effectivement des soins de protection de leurs installations et
industries qui sont très polluantes à cause
un enjeu pour les de leurs activités de manière générale.
des rejets qu’elles effectuent dans la nature entreprises
causant ainsi la contamination des sols, Le développement durable constitue l’une Les compagnies trouvent ainsi un terrain
des sources phréatiques et de l’air. Les des valeurs éthiques des entreprises, car nouveau pour innover, proposer de nou-
procédures de dépollution peuvent s’avé- cela les aide à cultiver une bonne image veaux produits et prospérer en consé-
rer coûteuses lorsque certains dégâts ne auprès des clients et du public. Certaines quence avec un chiffre d’affaires plus im-
sont tout simplement pas irréversibles. entreprises vont même jusqu’à procéder à portant.
des audits afin de certifier certains de leurs
Quelquefois, la pollution peut être générée process de fabrication conformément aux
non par le processus de production lui- normes de protection de l’environnement.
même mais par les déchets qui sont géné- Il y a la certification ISO qui entre dans ce
rés par les produits usagés. Se pose alors cadre. A.M.

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Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Prise en charge des risques pollution liés aux installations industrielles

Les entreprises dans l’attente de


produits d’assurances spécifiques
Le programme de création de 200.000 PME durant la période 2011-2014, et l’orientation de la stratégie économique
nationale vers un partenariat favorisant le développement industriel, sont des éléments indiquant une croissance
des risques d’entreprises, dans les cycles d’approvisionnement, de production et de commercialisation.

Par Fatiha Aïd

A
cela, il y a lieu d’ajouter la volonté
des pouvoirs publics de lutter
contre les pollutions, en initiant
des programmes d’action et des
mesures législatives pour la préservation
et la protection de l’environnement, dont le
fameux principe du pollueur-payeur.

La majorité des entreprises industrielles


font face, depuis quelques années, au prin-
cipe du pollueur payeur, qui stipule que
«toute personne dont les activités causent
ou sont susceptibles de causer des dom-
mages à l’environnement assume les frais
de toutes les mesures de prévention de la
pollution ».
Force est de reconnaître, également, qu’en normes et à la certification en la matière.
L’évolution des risques entreprises, parti- dépit des efforts accomplis et des mesures Une situation qui les pousse, également,
culièrement ceux relatifs à l’environne- prises par l’Etat pour la protection de l’envi- sur un autre plan, à rechercher des couver-
ment, constitue pour le marché des assu- ronnement, des installations industrielles tures et des contrats d’assurances qui
rances une occasion de développer son continuent de porter atteinte à l’environne- prennent en compte les risques pollution.
chiffre d’affaires, en proposant aux entre- ment. Parmi les infractions, souvent Citons l’exemple de la société NCA Roui-
prises concernées de nouveaux produits constatées, il y a le rejet des déchets in- ba, spécialisée dans la production des jus,
qui prennent en charge ces risques spéci- dustriels dans des endroits non spéci- qui semble prendre très au sérieux la pro-
fiques. fiques, le déversement des eaux usées blématique de la protection de l’environne-
De leur côté, les entreprises exposées aux dans la nature, et l’absence d’autorisation ment.
risques pollution, se verraient, ainsi, offrir d’exploitation.
des polices d’assurances spécifiques ou Normalement, explique M. Slim Othmani,
pouvant les prendre en charge dans une le patron de NCA Rouiba, « il faudrait faire
certaine mesure pour le moins. Ces cou-
Les efforts de NCA Rouiba, appel à un courtier spécialisé en assu-
vertures d’assurances spécifiques offriront Stream System et BCR rance, qui doit faire venir, de son côté, ce
aux entreprises une protection contre Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises qu’on appelle un ingénieur en risques in-
les éventuelles indemnisations auxquelles commencent à prendre conscience de dustriels. Ce dernier fait un audit de votre
elles pourraient être confrontées, du fait de l’exigence environnementale. Une situa- entreprise et évalue tous les risques envi-
leurs activités. tion qui les motive à se conformer aux ronnementaux ».

8 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Selon M. Othmani, « il n’y a pas de notions entre les compagnies d’assurances et l’en- Cette opération s’intègre dans le cadre de
de produits d’assurances spécifiques aux treprise est mutuellement confiante et la gestion des risques. Le Groupe Sonel-
risques de pollution, il appartient aux entre- communicative. Par ailleurs, BCR est certi- gaz se trouve, ainsi, doté des moyens né-
prises d’exprimer leur besoins en couver- fiée ISO 14001 2006 et, par conséquent, la cessaires pour la couverture globale des
ture de risques et l’assureur répond, en- protection de l’environnement et le déve- risques liés à ses activités. La mise en
suite, à leur demande avec des solutions ». loppement durable sont nos préoccupa- place et la gestion des contrats d’assu-
tions permanentes et continues », souligne rance qui en découlent relèvent de la com-
Pour sa part, M. Farid Esserhane, respon- Madame Ghernous, collaboratrice du PDG pétence des filiales, chacune pour ce qui la
sable chez Stream System, entreprise spé- de BCR. concerne. Outre la Sonelgaz, Sonatrach
cialisée dans l’électronique grand public, ne reste pas indifférente pour ce qui est de
se montre plutôt rassurant sur les risques Les risques Sonelgaz la protection de l’environnement. A en
environnementaux de l’entreprise qu’il re- croire le Directeur Commercial de la com-
présente, en affirmant : « en fait, nous en et Sonatrach bien pagnie d’assurances des hydrocarbures,
tant qu’industriel dans le domaine de l’élec- pris en charge CASH Assurances, le risque Sonatrach est
tronique, nous n’avons pas ce genre de A l’instar de NCA Rouiba, Stream System bien pris en charge. Le ministre de l’Ener-
problèmes lié à l’environnement. Nous et BCR, la société Sonelgaz, considérée gie et des Mines, M. Youcef Yousfi a affir-
avons plutôt un problème de processus de également comme une entreprise aux mé récemment que Sonatrach avait consa-
perte de production », et d’expliquer risques pollution, est en train de consentir cré près de 91 milliards DA à la prévention,
«lorsqu’on est confronté à un composant des efforts dans la protection de l’environ- à la sécurité et à la protection de l’environ-
défectueux, les compagnies d’assurance nement. Elle a procédé, fin décembre nement.
nous payent juste le composant alors que 2013, au renouvellement des contrats
ce dernier rentre dans le processus de fa- d’assurances des sociétés du Groupe. Les Enfin, il faut dire que la question de la pro-
brication d’un équipement qui peut couter compagnies CAAT, CAAR et TALA Assu- tection de l’environnement commence à
mille fois plus cher que le composant en rances ont été retenues pour accompa- être prise au sérieux par les industriels. De
question». M. Esserhane regrette cette si- gner le Groupe Sonelgaz durant les trois leurs côtés, les spécialistes de l’environne-
tuation et espère une prise en charge, par prochaines années. Selon le service de la ment appellent à la sensibilisation de ces
les compagnies d’assurances, des pertes communication de ce groupe, la Direction derniers à travailler dans un esprit d’entre-
causées par les défaillances. exécutive de la stratégie financière et de la prise citoyenne, qui protège l’environne-
consolidation de Sonelgaz, procède ment de la pollution. Ils appellent égale-
Concernant l’existence d’éventuels risques chaque trois ans au lancement d’un appel ment les compagnies d’assurance à
de pollution liés à l’activité de Stream Sys- d’offres national ouvert auprès des compa- renforcer leur lien avec les entreprises in-
tem, M. Esserhane explique que les dé- gnies d’assurances de droit algérien, pour dustrielles en développant de nouveaux
chets produits par l’entreprise qu’il repré- assurer la couverture de l’ensemble des produits spécifiques à la protection de
sente concernent les anciens tubes risques liés à son activité et à celles de ses l’environnement.
cathodiques à composants métalliques. filiales y compris les risques liés à l’environ- F.A.
Ces derniers sont stockés, à l’abri, déclare nement.
M. Esserhane, qui reconnait, toutefois, une
difficulté à trouver des sociétés en mesure
de recycler ces déchets. M. Esserhane sai-
sit cette occasion pour lancer un appel aux
compagnies d’assurances afin de propo-
ser des solutions dans ce sens en les
conseillant et en les aidant à trouver ce
genre de sociétés spécialisées dans le re-
cyclage. « Le risque environnemental est
plus important qu’une question d’argent »,
conclue-t-il.

Autre exemple, la société BCR, spécialisée


dans la production de Boulonnerie Coutel-
lerie et Robinetterie, évoque une relation
confiante avec les assureurs. « La relation

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Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Les entreprises face aux risques environnementaux

Evolution méritant innovation

Le durcissement du dispositif juridique national


relatif à la protection de l’environnement, avec
notamment l’adoption du principe du pollueur-
payeur, a relancé la problématique de la
couverture des risques environnementaux.

Par Samira Belabed

B
ien que les risques environnementaux soient, Certaines entreprises peuvent découvrir trop tard que
légalement, exclus de la couverture au titre leurs couvertures d’assurance ne sont pas assez com-
des assurances de biens, les compagnies plètes ou adaptées à leurs besoins, et qu’elles s’exposent
d’assurances proposent aux entreprises diffé- à des pertes financières. Ces pertes font souvent suite à
rentes police d’assurance pour tenter de répondre aux des atteintes à l’environnement générées par l’exploita-
besoins de protection de leurs installations et de leurs tion d’un site ou héritées d’un passif environnemental. De
activités de manière générale. plus, leurs dirigeants n’ont pas toujours conscience qu’ils
peuvent être personnellement tenus pour responsables
A noter que dans le domaine de la couverture des des éventuels dommages causés à l’environnement.
risques environnementaux, les entreprises ont plus
qu’une bonne raison de souscrire des polices qui Les spécialistes estiment que ces expositions, peu ou
couvrent leurs risques pollution, même en considérant pas garanties par les contrats d’assurance traditionnels,
que leurs voisins et leurs concurrents ne le font pas. Il nécessitent une analyse des risques et une adaptation
s’agit d’un risque où la demande est encore faible et des couvertures d’assurance.
pour lequel les sociétés d’assurance semblent prêtes à
consentir des efforts tarifaires relativement importants. Mais, concrètement, quelle forme les produits proposés
par les assureurs, qu’ils soient spécialisés ou généra-
Il faut savoir également que ce fait n’est pas propre à listes, peuvent-ils prendre ? A côté de ces couvertures de
l’Algérie car, même au niveau du marché international, base, il existe encore de nombreuses extensions pos-
les sociétés d’assurances n’accordent pas ce genre de sibles pour assurer la tranquillité de l’entreprise.
couverture au titre des assurances de biens.
En Algérie, ce ne sont pas les compagnies d’assurances
Pour autant, les entreprises n’ont pas intérêt à négliger qui manquent sur le marché. Très actifs par leur nombre
ou à sous-estimer les risques de pollution environne- important, les assureurs sont, malheureusement, tou-
mentale, d’autant que leurs prestataires de services jours au stade des produits traditionnels, à l’exception de
sont désormais exposés au même titre que les exploi- l’assurance contre les effets des catastrophes naturelles
tants des installations industrielles. (Cat-Nat) qui commence à peser sur le terrain.

10 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Toutes ces compagnies, et d’autres encore,


sont bien conscientes que les polices environ-
nementales ne sont plus un sujet mystérieux
pour les entreprises. Bref, la préoccupation
environnementale et l’intégration de la couver-
ture du risque qui y est associé sont aujourd’hui
des notions qui semblent bien intégrées ou en
voie de l’être dans le monde global de l’entre-
prise. Il appartient, à présent, aux assureurs de
saisir les nouvelles opportunités offertes par la
protection de l’environnement, en proposant
aux entreprises aux risques pollution de nou-
veaux produits spécifiques, et à ces dernières
de poser un regard plus pertinent sur les pro-
duits présentés.
S. B.

A titre d’exemple, on peut citer la CASH Assurances qui propose le contrat d’Assu-
rance Globale Risques d’Entreprise (AGRE), un produit multi-garanties qui couvre
un large éventail de risques pouvant menacer les entreprises industrielles de pe-
tite, moyenne et grande taille. Sont garantis l’ensemble des biens, sans pour au-
tant que cette description ait un caractère limitatif. S’agissant de l’assurance Res-
ponsabilité civile (RC), le contrat a pour objet de garantir l’assuré contre les
conséquences pécuniaires découlant de la responsabilité civile liée à son activité,
à raison des dommages corporels, matériels, et immatériels causés aux tiers, dont
l’extension de garantie comprend la pollution accidentelle.
Autre compagnie, autre exemple : la CAAR offre aux grandes entreprises, aux
PME, et aux commerçants et artisans, une multitude de polices d’assurances qui
couvrent les biens, la perte d’exploitation et la Responsabilité civile, mais pas
d’offre spécifique aux risques pollution.
De son côté la Compagnie internationale d’assurance et de réassurance (CIAR)
garantie, entre autres, l’incendie et les éléments naturels, les dommages aux
biens et construction, mais toujours pas d’offre spécifique pour la couverture des
risques pollution. Toutefois, la CIAR ne ferme pas la porte à une prise en charge
négociée de ces risques particuliers et non prévus, au titre des extensions pos-
sibles des contrats d’assurance.
Quant à la SAA, elle se base, actuellement, sur son effort à développer l’assu-
rance Cat-Nat et les assurances des pertes d’exploitation. Il y a également l’assu-
rance de responsabilité civile (RC). Celle-ci est liée à l’exploitation, les produits li-
vrés et construction et montage.
Enfin, la compagnie Alliance Assurances propose aux entreprises un contrat d’as-
surance Multirisque Professionnelle, qui protège leurs locaux et leurs biens profes-
sionnels, mais couvre aussi leur responsabilité civile lorsqu’elle est engagée. Mais
point de police d’assurance spécifique aux risques pollution, qui demeurent négo-
ciables dans le cadre des extensions des garanties.

Revue
Revue de
de L’ASSURANCE
L’ASSURANCE N°6
N°6--Août
Août2014
2014 11
Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Laribi Yacine, Chef de division Incendie (CCR)

« La RC couvre le risque pollution


en lien avec l’activité industrielle
de l’entreprise »
M. Laribi Yacine est chef de division Incendie à la Compagnie Centrale de Réassurance (CCR). Il nous livre, dans
cet entretien, son analyse sur la problématique de la prise en charge des risques pollution générées par l’activité
industrielle des entreprises.

Entretien réalisé par Mohand Redaoui

des assurances réalisé en 2012 et qui se


chiffre à 99 milliards de dinars. Le reste du
chiffre d’affaires du secteur est composé
beaucoup plus des risques simples, et en
majorité de l’assurance automobile.

Mais est-ce que ce marché des risques


d’entreprise est important ?
Si on compare le résultat de ce marché par
rapport à d’autres branches du secteur, on
peut, bien sûr, le considérer comme impor-
tant. Mais comparé à d’autres pays voisins
ou lointains, et au potentiel assurable exis-
tant de notre marché, on peut penser qu’il
n’est pas exploité au mieux.

Parmi les risques d’entreprises, il y a


les risques environnementaux, ces
derniers sont-ils couverts par les
sociétés d’assurance ?
Les risques environnementaux ne sont pas
couverts par les compagnies d’assurance
La revue de L’ASSURANCE : Quel est le au titre des assurances de biens. Ils font
chiffre d’affaires du marché algérien partie des exclusions absolues. Les cou-
des risques d’entreprises ? vertures dommages excluent toute respon-
M. Laribi Yacine : Le marché des risques sabilité légale ou de quelque nature que ce
d’entreprise est en évolution (+11%). Il a soit, directement ou indirectement causée
généré 44,46 milliards de dinars de chiffre par l’ionisation, la radiation ou par la conta-
d’affaires en 2012, contre 39 milliards de mination, la radioactivité toxique ou de
dinars en 2011. Ce marché représente propriété dangereuse, ainsi que la pollution
45% du chiffre d’affaires global du marché et la contamination.

12 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Ces exclusions sont-elles propres à de fabrication d’ammoniac, les cimente- die d’une installation industrielle,
l’Algérie ou bien elles sont une pratique ries, etc. Toutes ces activités sont suscep- s’échappe et contamine le voisinage
internationale ? tibles de causer des dégâts et des dom- humain, l’assureur prend-il en charge
C’est un fait international, même au niveau mages à l’environnement. les retombées financières d’un tel acci-
du marché international les sociétés d’as- dent ?
surances n’accordent pas ce genre de Et cette couverture, elle garantit quoi ? En cas de survenance d’un risque dans
couverture au titre des assurances de L’assurance dommages aux biens couvre une entreprise, quel que soit son activité,
biens, en raison de la nature du risque qui les biens mobiliers et immobiliers de l’en- l’assureur couvre le dommage subi à l’inté-
est incommensurable en terme de fré- treprise, ainsi que ses pertes financières rieur de l’entreprise (assurances dom-
quence. par souci d’assurer la continuité de son mages), ainsi que les employés qui
activité. Mais tous les autres risques relatifs exercent à l’intérieur de l’entreprise (assu-
Qu’elles sont alors les activités à à la pollution, la radioactivité ou la contami- rances de personnes).
risques couvertes par les assureurs qui nation sont exclus de la couverture des
peuvent causer des dommages à assurances de biens. Et qu’en est-il des gens qui habitent
l’environnement ? dans le voisinage de l’usine ?
Beaucoup plus les activités chimiques et Mais, dans le cas où une fumée toxique, Il y a l’assurance Responsabilité civile (RC)
pétrochimiques, la sidérurgie, les sociétés provoquée, par exemple, par un incen- qui intervient. C’est une police d’assurance
obligatoire qui couvre les dommages cau-
sés aux tiers. Que ce soit les dommages
directs ou les dommages indirects. Mais il
faut prouver que le dommage a été causé,
bien sûr, par l’entreprise mise en cause.

La Responsabilité civile court égale-


ment en cas de contamination d’un ter-
rain du fait de l’activité d’une installa-
tion industrielle ?
Oui, en faisant valoir l’assurance Respon-
sabilité civile, s’il est prouvé que la conta-
mination du terrain est due à l’activité de
l’entreprise, son propriétaire peut invoquer
la Responsabilité civile de cette dernière
pour réclamer une indemnisation.

Donc, les risques environnementaux


sont couverts ?
Les risques environnementaux ne sont pas
couverts au titre de l’assurance de biens.
Les dommages directs à l’intérieur de l’en-
treprise sont, quant à eux, couverts. Le
dommage direct est propre et interne à
l’entreprise. Il peut toucher soit une per-
sonne, soit un bien (une machine par
exemple). Pour ce qui est du dommage
indirect environnemental, extérieur à l’en-
treprise, causé aux tiers, il n’est pas cou-
vert, Par contre l’assurance responsabilité
civile peut couvrir les risques liés à l’envi-
ronnement, mais bien sûr, c’est des cou-
vertures limitée en terme d’engagement et
d’indemnisation.
M.R.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 13


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Djebarra Djamal Eddine, Directeur des Risques d’Entreprises


et de Particuliers à la CASH Assurances

« La demande de la couverture en
assurance du risque pollution
reste très timide »
La Compagnie d’assurance des hydrocarbures (CASH Assurances) est leader dans la couverture des grands
risques industriels et des projets d’infrastructure. Elle compte dans son portefeuille d’assurés de grandes sociétés
comme BP, TOTAL, COSIDER, ALSTOM, LAFARGE, et les entreprises du groupe SONATRACH, son actionnaire
majoritaire. M. DJEBARRA Djamal Eddine, Directeur des Risques d’Entreprises et de Particuliers à la CASH
Assurances présente, dans cet entretien, la place du risque environnemental dans l’offre globale de la compagnie.

Entretien réalisé par Karima Seddak

du risque environnemental. Quelles sont les atteintes à l’environne-


Si nous restons dans le langage des assu- ment qui peuvent être assurées ? Voulez-
reurs, le risque environnement serait la vous nous donner des exemples
chose ou l’objet sur lequel reposerait une concrets?
couverture en assurance. Par conséquent et Comme nous l’avions souligné, les atteintes
pour le faire, il est nécessaire de connaitre et à l’environnement peuvent se manifester
d’identifier les atteintes pouvant affecter l’en- sous diverses formes : des atteintes à l’eau
vironnement. (en surface ou celle des nappes phréa-
Dans un cadre général, le risque environne- tiques), à l’air (qualité de l’air), aux sols
mental peut être l’ensemble des causes, de (contamination des sols et sous-sols), à la
natures diverses, accidentelles et soudaines faune et flore (destruction des milieux natu-
entrainant des conséquences domma- rels ou alors des atteintes directes à la faune
geables sur l’environnement. et la flore), etc.
Les dommages peuvent être du fait de Sur le plan de la pratique d’assurance, la
l’émission, dispersion, rejet ou dépôt de démarche reste identique que pour les
toute substance solide, liquide ou gazeuse autres risques assurables, à savoir que
polluant l’atmosphère, les eaux ou le sol. Ils l’événement dommageable doit être sou-
sont liés, essentiellement, aux actions des dain, accidentel, imprévu et extérieur à la
entités industrielles/à l’agriculture dont les victime ou à la chose endommagée.
process/activités impactent ou entrainent di- Concrètement, on distingue deux sortes
rectement une détérioration de l’environne- d’atteinte à l’environnement ou pollution :
ment, principalement : l’eau (celle en sur- accidentelle ou graduelle.
face ou celle des nappes phréatiques), l’air, D’une part, une atteinte à l’environnement
Revue de L’ASSURANCE : Pouvez- vous le sol, la faune et la flore, y compris les est dite accidentelle lorsqu’elle résulte d’un
nous définir l’assurance du risque envi- cultures, le cadre de vie. événement soudain et imprévu, c’est-à-dire
ronnemental ? Actuellement sur le marché national, le que l’atteinte se manifeste quasiment sans
M. DJEBARRA Djamal Eddine : En pre- terme le plus répandu et usuel, sauf erreur délai par rapport à l’événement générateur
mier lieu, tout en soulignant que cette ques- de ma part, est souvent l’assurance pollution qui l’a provoquée.
tion est un sujet d’actualité, je voudrais souli- que Risque environnemental.
gner la complexité qui entoure l’assurance

14 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

L’exemple type serait un déversement de La garantie est parfois étendue aux frais de A mon sens, la commercialisation de cette
produits chimiques nocifs ou dangereux qui remise en état des sites ou des objets at- couverture à une échelle large devrait plutôt
atteint les eaux de la nappe phréatique, les teints (frais de dépollution), soit la prise en intervenir dans une démarche cohérente
cultures ou les animaux suite à un dysfonc- charge des frais engagés par le responsable dans laquelle chaque partie a un rôle précis
tionnement, une erreur ou une rupture bru- dans le cadre de la remise en état du site à jouer (Pouvoirs publics sur le plan régle-
tale d’une cuve de stockage ou d’une canali- avant pollution dans le cadre des opérations mentaire – Entreprises industrielles/Agricul-
sation transportant les produits en question. de « neutralisation » des effets de la pollution teurs sur le plan prévention et gestion de
D’autre part, une pollution est dite graduelle (dépollution/nettoyage). risques – Assureurs/Réassureurs sur le plan
lorsqu’un délai s’écoule entre l’événement Il faut dire également que, chez nous, le offre de couverture en assurance et transfert
générateur et la manifestation du dommage risque d’atteinte à l’environnement ou pollu- de risque) pour une prise en charge de cet
ou de l’atteinte à l’environnement ou de la tion est, d’abord, assez « flou » sur le plan de aléa dans un cadre assurantiel global :
pollution, étant entendu que ce phénomène disponibilité de données et échantillons sta- Cadre règlementaire et juridique - Identifica-
reste inconnu de l’assuré. En fait, la pollution tistiques et, de fait, sa prise en charge obéit tion des activités à assurer – Outils de ges-
n’est pas détectable immédiatement après à une démarche de prudence et de sélec- tion et de prévention - Atteintes ou pollution
l’événement qui en est à l’origine. Pour cette tion. envisageables – Offres en couvertures d’as-
catégorie, toute la difficulté réside dans la surance.
détermination des critères de progressivité L’assurance du risque environnement
pour caractériser une atteinte graduelle. intéresse-t-elle les entreprises algé- Comment CASH Assurances peut-elle
L’exemple cité ci-haut peut être repris avec, riennes? aider les entreprises à considérer le
pour ce cas, une fuite lente dans une cuve Concrètement, aujourd’hui, la couverture en risque de dommage environnemental ?
ou par une canalisation enterrée. assurance du risque pollution reste d’abord Dans la démarche de la CASH, le conseil
Il est utile de le préciser qu’actuellement, les une demande très timide du côté de la clien- reste une action permanente. A chaque fois
atteintes ou pollutions graduelles sont ex- tèle ou prospects et ensuite une offre restric- que le risque atteinte à l’environnement ou
clues des offres d’assurance, en l’absence tive et exceptionnelle dans les offres des risque pollution est identifié comme aléa au-
de support en matière de transfert de risque. assureurs. Certains clients importants de la quel peut être soumis un client ou prospect
Globalement, beaucoup d’entreprises indus- CASH ont cette couverture avec, parfois, potentiel, la couverture ou l’offre d’assurance
trielles et d’agriculteurs qui ont recours à un des conditions acquises du marché interna- CASH intègre la prise en charge de cet aléa,
usage massif de produits ou solutions tional. dans une démarche prudente tout de même.
chimiques toxiques ou dangereuses (mani- Il n’en demeure pas moins que la couverture Egalement, la CASH dispose d’une structure
pulation des produits issues des hydrocar- du risque pollution est parfois un besoin ex- d’analyse de risques, dédiée à l’appréciation
bures, utilisation des pesticides, utilisation de primé directement par les assurés ou par les et l’évaluation des risques. Cette prestation,
solution ou molécules chimiques toxiques, prospects et parfois elle est proposée au-delà de son caractère d’accompagne-
etc.), ainsi que les transporteurs de produits lorsque le risque est identifié comme un aléa ment que nous offrons à notre clientèle, est
polluants et d’hydrocarbures, peuvent être à auquel peut être soumis le client. un outil d’évaluation de l’exposition des biens
l’origine de graves accidents nocifs à l’envi- Cette couverture a, cependant, un caractère assurés aux différents risques potentiels et
ronnement. exceptionnel. Il faut dire que le risque d’at- de nos engagements à chaque entrée en
teinte à l’environnement doit être pris dans risque.
Quels sont les différents produits propo- sa globalité : identification des risques – mai- La CASH agit aussi dans le sens de la sen-
sés par la compagnie CASH Assurances trise – gestion et prévention – évaluation des sibilisation de sa clientèle et autres assu-
en termes d’assurance du risque envi- pertes éventuelles. rables par l’organisation et préparation de
ronnemental ? Si les textes légaux et règlementaires en vi- journées d’études et d’information sur les
A ma connaissance, il n’existe pas actuelle- gueur (Loi 03-10 du 19 juillet 2003 notam- questions assurantielles. Cette démarche
ment sur le marché algérien un produit spé- ment) ont consacré le principe de la protec- est presque constante dans les activités de
cifique destiné exclusivement à la couver- tion de l’environnement, notamment par la la Compagnie.
ture des atteintes à l’environnement. prévention et la responsabilité du pollueur Sur un autre plan, la règlementation en cours
Généralement, la couverture de l’aléa « pol- (pollueur payeur), il reste cependant difficile pourrait également réserver une meilleure
lution accidentelle » reste la seule offre qui d’assurer l’adéquation entre ce principe et attention à cette catégorie de risque, en la
est consentie dans le cadre des polices d’as- les défis économiques auxquels fait face plaçant comme préoccupation prioritaire,
surances de Responsabilité Civile. La garan- notre pays en terme de développement in- dans les couvertures d’assurances des en-
tie du risque pollution est généralement dustriel et agricole principalement. Bien en- treprises ou activités potentiellement pol-
consentie comme une extension avec des tendu, ces défis rendent nécessaire une plus luantes ou pouvant induire des atteintes à
conditions très restrictives, en termes de grande prise de conscience sur toutes les l’environnement.
seuil de couverture et de franchise, les- atteintes que pourraient subir l’environne-
quelles sont souvent assorties d’une limite ment, lesquelles ont des conséquences qui
de garantie durant la période de garantie. peuvent être irréversibles parfois. K.S.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 15


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Tolba Tahar, Directeur Général de l’environnement et du développement


durable au Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement

« L’environnement offre des


opportunités d’investissement
aux assureurs »
M. Tolba Tahar, Directeur Général de l’environnement et du développement durable au Ministère de l’Aménagement
du Territoire et de l’Environnement explique quand et pourquoi le principe du pollueur-payeur a été adopté par
l’Algérie et les mécanismes de contrôle qui en découlent.

Entretien réalisé par Mohand Redaoui

des lois. Le premier principe, c’est celui de passif environnemental incombait à l’Etat.
précaution. On doit toujours faire attention C’est pour cela que les projets de dépollu-
et prendre des précautions pour éviter tion industrielle des installations réalisées
qu’un risque pouvant porter atteinte aux avant cette date étaient financés par l’Etat.
écosystèmes, à l’habitat et à la population Car c’était lui le responsable et le gestion-
se produise. Le deuxième principe, c’est naire des usines et des installations indus-
celui de responsabilité, c’est le principe du trielles. Après la Loi 83-03, c’est l’opérateur
pollueur-payeur. qui réalise l’installation qui est obligé de
pourvoir au système de traitement des fu-
Quand est-ce que le principe du més, des eaux usées et des déchets. Et
pollueur-payeur a été adopté ? quand il ne peut pas traiter les déchets, il
Le principe du pollueur-payeur a été inscrit les stocke et il les inventorie jusqu’à ce qu’il
à partir de la promulgation de la Loi 83-03 trouve une méthode de traitement ration-
du 05 février 1983 relative à la protection nelle. Quand je dis opérateur, ce n’est pas
de l’environnement. C’est la première loi seulement une usine, ça peut être égale-
relative à la protection de l’environnement ment, par exemple, un hôtel qui génère
en Algérie, qui a été amendé par la loi 03- des déchets et qui a la responsabilité de
10 du 19 juillet 2003 relative à la protection les gérer.
de l’environnement dans le cadre du déve-
loppement durable. De cette loi sur la pro- Justement, existe-t-il un mécanisme qui
tection de l’environnement découle ce permet de prévenir et de lutter contre
La revue de l’ASSURANCE : Les risques qu’on appelle la réglementation des instal- les atteintes à l’environnement ?
pollution relatifs à l’activité des entre- lations classées. Et de la réglementation Ce mécanisme existe, c’est l’autorisation,
prises sont-ils importants en Algérie ? des installations classées résultent ce l’autocontrôle et la Commission d’inspec-
M. Tolba Tahar : A vrai dire, ils ne sont pas qu’on appelle la taxe sur les activités pol- tion des installations classées, présidée
très importants, car nous n’avons pas une luantes ou dangereuses. par le wali et qui réunit au niveau local les
industrie intensive. Cependant, il n’y a pas représentants de la Direction de l’environ-
de risque zéro, ça c’est un principe. C’est Qu’est-ce qui a changé avec la Loi 83-03 nement, de la Gendarmerie nationale et de
pour cela que le législateur Algérien a pris du 05 février 1983 relative à la protec- la DGSN, ainsi que les représentants des
les devants, en mettant en place un sys- tion de l’environnement ? Directions de plusieurs autres ministères.
tème de principes qui ont été traduit par Avant la promulgation de la Loi 83-03, le

16 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Nous avons une nomenclature des instal- problème d’atteinte à l’environnement se constituer partie civile en cas de danger
lations classées, en fonction de leur taille et ou agissent-elles uniquement sur sur l’environnement. Le législateur Algérien
de leur potentiel danger pour l’environne- réclamation ? a conféré cette qualité de se constituer par-
ment. Il y a des installations classées qui Plusieurs cas de figure sont prévus, il y a le tie civile aux seules associations qui ac-
sont soumises à une simple déclaration du contrôle inopiné, le contrôle dans le cadre tivent dans le domaine de la protection de
président de l’Assemblée populaire com- de la Commission d’inspection des installa- l’environnement, car elles font un travail
munale (APC), d’autres à l’autorisation du tions, il y a aussi le contrôle suite à la do- complémentaire à celui de l’administration.
président de l’Assemblée populaire de wi- léance des citoyens. Suite aux réclama- Elles font un travail de communication, de
laya (APW), et d’autres encore, plus tions des citoyens, on ferme, parfois, des sensibilisation et de mobilisation des ci-
grandes, à l’autorisation du wali. Et pour installations qui exercent en dehors de la toyens autour des préoccupations environ-
les très grands projets, l’autorisation d’ex- réglementation. Je vous cite le cas d’une nementales.
ploitation dépend d’un ou de plusieurs mi- installation pour laquelle nous avons dépê-
nistères. Pour obtenir l’autorisation d’ex- ché la Commission d’inspection. Une fois Pensez-vous que les sociétés
ploitation, il faut satisfaire à deux études le PV d’inspection rédigé et transmis au d’assurances ont un rôle à jouer dans
préalables que sont l’étude d’impact et wali, ce dernier a pris la décision de fermer la protection de l’environnement ?
l’étude de danger. Et dans l’autorisation cette installation parce qu’elle porte préju- Certainement, je vous citerai, par exemple,
d’exploitation, il y a ce qu’on appelle les dice à la population, vu que cette installa- le cas de la lutte contre les inondations.
consignes d’exploitation, qui oblige l’opéra- tion, située en zone urbaine et non pas L’assurance couvre les risques d’inonda-
teur à un travail de suivi pour supprimer, dans une zone d’activité, ne respectait pas tion. Il faudrait renforcer davantage la
réduire et atténuer les atteintes possibles à la règlementation. culture de l’assurance. L’assurance peut
l’environnement relevées dans l’étude aussi contribuer à prendre en charge, avec
d’impact. Donc, La protection de l’environ- Donc, en plus des associations, de les banques, une partie des investisse-
nement s’exerce par une régulation en simples citoyens peuvent saisir les ments liés à l’environnement, notamment
amont par le mécanisme de l’étude d’im- Directions de l’environnement de les systèmes de dépollution. C’est des cré-
pact et de l‘étude de danger. Tout ce qui wilayas… neaux d’avenir qui peuvent s’ouvrir à l’as-
peut porter préjudice à la population est Bien sûr, on a une sous-direction du parte- surance, qui ne doit pas se limiter à l’assu-
consigné dans l’étude d’impact. Et si nariat qui travaille avec la société civile et le rance automobile, habitat et autre, car
l’étude d’impact n’est pas concluante, on mouvement associatif. Dans la Loi 03-10 beaucoup d’opportunités d’investisse-
émet un véto à la réalisation du projet, qui du 19 juillet 2003 relative à la protection de ments s’offre à elle.
n’avancera pas. l’environnement dans le cadre du dévelop-
pement durable, les associations peuvent M.R.
Quel est leur pouvoir d’action des
Directions de l’environnement de
wilayas?
Les Directions de l’environnement de wi-
layas ont la qualité de police de l’environ-
nement, à l’instar de la Gendarmerie natio-
nale et de la DGSN avec sa police de
l’urbanisme et de la protection de l’environ-
nement (PUPE). On inspecte les installa-
tions, on relève les infractions et on dresse
des procès-verbaux (PV) qu’on transmet
aux autorités décisionnaires. Les infrac-
tions au Code de l’environnement sont
sanctionnées par des amendes financières,
mais ces sanctions peuvent aller jusqu’à
l’emprisonnement, lorsqu’il s’agit de dé-
chets toxiques et de déchets dangereux
qui peuvent porter préjudice à la santé pu-
blique.

Les Directions de l’environnement de


wilayas peuvent-elle s’autosaisir d’un

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 17


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Belkessam Hamid, journaliste chroniqueur à la radio Chaîne 3, spécialiste


de l’Environnement

« Les compagnies d’assurances


ont un rôle à jouer dans la
protection de l’environnement »
A travers ses émissions et ses chroniques matinales à la radio Chaîne 3, Hamid Belkessam, journaliste spécialisé
dans les questions de l’environnement, participe depuis des années à sensibiliser le grand public sur les dangers
des pollutions. Dans cet entretien, il insiste sur le rôle du mouvement associatif dans la lutte contre les atteintes à
l’environnement. Aussi, il évoque l’apport des compagnies d’assurances dans la protection de l’environnement.

Entretien réalisé par Mohand Redaoui

industrielle en générale, ça l’est. Je cite- pollution, mais que peuvent faire les
rais, à titre d’exemple, le complexe Asmidal citoyens face à ces risques ?
de production d’engrais chimiques instal- Les citoyens peuvent agir, ils peuvent se
lée en plein zone urbain de la ville d’Anna- constituer en association pour déposer
ba, qui a été à l’origine de beaucoup de plainte et ester en justice les pollueurs.
drames, en raison des cas d’insuffisance Cela est prévu par la Loi 90-31 relative aux
respiratoire chronique (IRC) qu’il a généré. associations, abrogée en janvier 2012 par
Les cimenteries de de Oued Sli à Chlef et la nouvelle Loi 12-06. Des exemples d’ac-
de Meftah dans la région d’Alger sont un tions citoyennes réussies dans la préser-
autre exemple d’impact négatif sur l’envi- vation de l’environnement existent, c’est le
ronnement et la santé de la population. Le cas notamment de l’association des rési-
danger provient également des entreprises dants de Canastel (ARC) qui s’est opposé
qui évacuent dans les oueds et les cours et mobilisé contre un projet de déboise-
d’eaux leurs rejets industriels toxiques, ment, qui est une forme de pollution, de
c’est le cas, entre autres, d’une grande tout un carré vert décidé par la wilaya
entreprise de production de batteries qui d’Oran. Et elle a fini par avoir gain de
évacue dans l’oued El Harrach ses rejets cause.
industriels toxiques, et d’une autre, située C’est également la mobilisation citoyenne
en amont de l’oued El Harrach qui rejette associative qui a poussé les autorités ad-
dans ce même oued des résidus de mer- ministratives à fermer pendant de longs
cure et de chrome, qui sont des substances mois suivis de mises en demeure de se
chimique très polluantes utilisées dans le conformer à la réglementation qui limite le
La revue de l’ASSURANCE : Les risques blanchiment de la pâte à papier. rejet dans l’atmosphère de polluants
pollution des entreprises sont-ils toxiques, les usines Alzinc de Ghazaouet
importants en Algérie ? A travers vos chroniques et émissions dans la wilaya de Tlemcen, et Asmidal de
M. Belkessam Hamid : Cela dépend des à la radio, vous participez à sensibiliser Annaba.
secteurs d’activités. Si l’on prend l’activité le grand public sur les dangers de la

18 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Il reste que dans beaucoup de wilaya, le Avec dédommagements, non. Mais beau- Vous voulez-dire que les assureurs ont
mouvement associatif n’est pas assez fort. coup d’entreprises ont dû fermer, notam- également intérêt à bien évaluer pour
Il demeure éparpillé, sans mise en réseau. ment celles qui ont une activité fortement bien maitriser les risques de pollution
Et on comprend le danger de cette situa- polluante, je pense particulièrement à de leurs clients ?
tion de faiblesse face aux risques environ- l’amiante. L’activité industrielle de l’amiante Ils ont tout à fait intérêt, il faut juste dire que
nementaux. a été totalement arrêtée par les pouvoirs ce qu’on appelle chez-nous le génie du
publics suite à la pression, de la population process ou le génie industriel est une nou-
Donc, l’action en justice ne peut être et du mouvement associatif. velle spécialité au niveau des assurances.
qu’associative, les individus ne peuvent Ce qui fait que cet aspect conseil des assu-
pas agir ? Avec l’adoption du principe pollueur- rances n’est pas très probant au niveau
Les individus peuvent agir, mais ils n’ont payeur, les entreprises ont tout intérêt à des entreprises.
pas cette qualité de pouvoir ester en justice assurer leurs risques pollution, pensez-
une organisation industrielle de type entre- vous que les compagnies d’assurances Il faut, donc, des évaluateurs très
prise qui dispose en permanence d’un ser- peuvent aider à limiter, sinon à prévenir connaisseurs des process de produc-
vice juridique ou d’un avocat conseil. Par ces risques ? tion industriels ?
contre, l’association de par sa qualité, son Il faut être honnête, en Algérie tout ce pro- Bien sûr, ce sont des industriels, ce sont
agrément, et de par ses adhérents qui sont cess est nouveau. La perte d’activité, la des ingénieurs en process qui doivent être
souvent nombreux et qualifiés peut avoir perte de production est codifiée en aval, consultés pour conseiller les groupements
gain de cause. mais en amont l’assureur doit être très re- d’assurances. C’est vrai que ça existe ail-
gardant sur les risques pollution et com- leurs, mais je pense que ça va commencer
Avez-vous connaissance de cas de pro- ment empêcher leur réalisation en raison à venir en Algérie.
cès en justice pour cause de pollution des coûts financiers élevés qu’ils peuvent
qui ont donné lieu à des réparations et entrainer.
ou à des dédommagements ? M.R.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 19


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Aggoun Abdelkader, Président du Club des entrepreneurs et industriels


de la Mitidja (CEIMI)

« Les assureurs peuvent nous


aider à améliorer la gestion
des risques pollution »
Dans cet entretien, M. Aggoun Abdelkader, le premier responsable du CEIMI, une association de chef d’entreprises,
remet sur le tapis la question de la sensibilisation des industriels algériens à la protection de l’environnement, tout
en mettant en relief le rôle des compagnies d’assurance dans ce sens.

Entretien réalisé par Samira Belabed

dustriels algériens à travailler dans un Le meilleur moyen de la protection de l’en-


esprit d’entreprise citoyenne qui pro- vironnement, commence par l’éducation et
tège l’environnement de la pollution. la sensibilisation permanente des pollueurs
Est-ce que cette rencontre a eu ses et les citoyens qui ont une grande part de
échos? responsabilités et ce, à travers leurs adhé-
M. Aggoun Abdelkader : Oui, effective- sion et soutien aux entreprises citoyennes
ment, le 1er Symposium international sur la qui protègent l’environnement direct et indi-
gestion de l’environnement a eu lieu à Al- rect de la vie quotidienne. Pour parler de
ger le 02 octobre 2012. Près de 25 experts résultats, il faut savoir que 200 entreprises
internationaux dont, 14 spécialistes venus adhèrent au programme de la protection
de l’étranger, notamment d’Allemagne, de de l’environnement que le CEIMI a lancé à
Suède, du Maroc et de la Tunisie y ont l’issue de ce Symposium.
assisté.
La rencontre a été organisée par le Club Que pensez-vous de la relation entre les
des entrepreneurs et industriels algériens entreprises aux risques pollution et
(CEIMI), avec la collaboration de l’orga- l’assurance?
nisme Management durable des entre- Sur le sujet des assurances, je peux citer
prises. En fait, l’objectif de cette rencontre également la journée d’information que le
était, entre autres, la sensibilisation des in- CEIMI a organisé le 8 février 2011 avec la
dustriels algériens à travailler dans un es- compagnie CASH Assurances. Cette jour-
prit d’entreprise citoyenne, qui protège née d’information et de vulgarisation s’ins-
l’environnement de la pollution. crit en droite ligne de la Convention cadre
La revue de l’ASSURANCE : M. Aggoun, Tout en sachant qu’en l’état actuel des de prestation de services en assurances
le CEIMI a organisé en octobre 2012 le choses, l’industrie algérienne est absente qui nous lie à cette compagnie d’assu-
1er Symposium international sur « la sur l’échiquier régional et mondial, je sou- rance.
gestion environnementale » qui vise, ligne néanmoins que la pollution de l’envi-
entre autres, la sensibilisation des in- ronnement n’a pas de frontières.

20 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Cette journée de vulgarisation était desti- nature à inciter les entreprises indus- l’évaluation des risques, les recommanda-
née aux entreprises adhérentes en vue de trielles à se soucier de la protection de tions de nature à améliorer la prévention,
les informer et de les assister dans l’amé- l’environnement? l’optimisation des programmes d’assu-
lioration de la gestion de leurs risques et Oui, jusque-là les démarches retenues rance grâce à l’exploitation des rapports de
des questions liées à l’assurance; de dans le cadre des relations commerciales visites de risques, le choix d’experts en cas
contribuer à l’instauration d’un état d’esprit entre les entreprises et les compagnies de sinistre mais aussi l’avance sur sinistre.
favorisant la prévention des risques; d’opti- d’assurance sont satisfaisantes. Je donne Pour ce qui est des avantages offerts à
miser les programmes d’assurance en en exemple la relation entre la CASH Assu- chaque adhérent-assuré dans le cadre de
introduisant une analyse multicritères dans rances et le CEIMI. La démarche repose la convention, il y a la négociation des
le processus de la prise de décision (éten- sur des avantages accordés par la CASH termes et conditions d’assurance tout en
due des garanties, montant d’assurance, Assurances au CEIMI en contrepartie de veillant à offrir des conditions d’assurance
franchise, prime d’assurance et la gestion services rendus en matière de communi- optimales; la contribution au financement
des sinistres) et en matière de gestion des cation et d’efforts de sensibilisation dans la de la prévention des risques par l’octroi
sinistres et des indemnisations et enfin mise en œuvre de la convention et des d’une participation bénéficiaire, l’avance
d’initier des actions de sensibilisation et de avantages particuliers accordés à chaque sur sinistre sur la base de rapports d’exper-
formation en vue de développer davantage adhérent-assuré. tise préliminaire ou intérimaire et enfin as-
la culture d’assurance au sein des socier l’assuré au choix de l’agence ges-
membres du CEIMI. La compagnie CASH Assurances propose tionnaire de ses contrats d’assurances.
une offre de service globale, soit des visites
Pensez-vous que les offres des compa- de risques sanctionnées par des rapports
gnies d’assurance sont adaptées et de renseignant sur l’analyse des risques, S.B.

Présentation du CEIMI
L
e Club des Entrepreneurs et Industriels de la Mitidja (CEIMI) est une association patronale locale qui a évolué
vers le national en 2002. Elle a été fondée en 1998 par un groupe d’industriels de la région de la Mitidja. Ses
membres fondateurs, sont tous des industriels, de la région de Blida qui activent dans différents secteurs de la
production.

L’adhésion au CEIMI est sélective. Elle est ouverte aux entreprises de droit algérien qui exercent une activité de produc-
tion, de biens ou de services, quelle que soit leur domiciliation géographique sur le territoire algérien.

Structuré en sections et sous sections d’activités, le CEIMI se positionne comme une force de réflexion, d’anticipation
et d’analyse au service de la PME PMI, dans le cadre d’une vision globale de développement socio-économique de
l’Algérie.

Le CEIMI veut incarner une Algérie qui tient à se développer et à s’ouvrir, pour se forger une place respectable, au sein
de la grande sphère de l’économie mondiale.

LE CEIMI en chiffres :
• 822 Adhérents
• 327 Milliards de dinars de chiffre d’affaires
• 2.750.000 m2
• 3,30 Milliards de dinars de charges fiscales
• 7,30 Milliards de dinars de charges sociales
• 49.100 Travailleurs (Emplois directs)
• 490.000 Travailleurs (Emplois indirects)
Source : site web du CEIMI, www.ceimi.org

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 21


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Bendaoud Djenidi, Consultant international et DG de QCM - Algérie

«S’inspirer du principe du
bonus-malus pour inciter à la
protection de l’environnement»
Expert formateur en management de la qualité et management des systèmes intégrés, Bendaoud Djenidi est
Directeur général du cabinet conseil QCM - Algérie . Il coordonne, pour le compte de l’Organisation internationale
de normalisation (ISO), le projet RS MENA qui vise l’implémentation de la norme internationale ISO 26000 relative
à la responsabilité sociétale (RS) des organisations dans 8 pays de la zone MENA.
Dans cet entretien, M. Bendaoud dresse un bilan de l’état d’avancement de ce projet en Algérie et nous parle de la
perception qu’ont les entreprises algériennes des risques environnementaux et sociétaux. La préservation de
l’environnement c’est également une affaire de normalisation.

Entretien réalisé par Mohand Redaoui

le projet d’implémentation de la norme prises et l’organisation de 2 autres


ISO 26000 en Algérie ? journées de sensibilisation. Ce qui nous
M. Bendaoud Djenidi : Le projet d’implé- donnera un total de 18 entreprises accom-
mentation de la norme ISO 26000 en Algé- pagnées, 16 experts formés et de 8 jour-
rie, piloté par l’Institut algérien de normali- nées de sensibilisation organisées.
sation (IANOR), a démarré en 2011 et doit
se terminer à la fin de l’année 2014. Il se Quel est l’apport de cette norme à la
déroule conformément au programme tel protection de l’environnement ?
qu’il a été décidé par l’ISO et qui consiste La norme ISO 26000 est structurée autour
en l’accompagnement de 2 entreprises, de 7 questions centrales et repose sur 7
l’organisation de 2 journées de sensibilisa- principes.
tion et la formation de 4 experts à la res- La protection de l’environnement est une
ponsabilité sociétale (RS) durant l’année préoccupation majeure de la norme ISO
de lancement. L’année suivante, on a dou- 26000. Elle occupe pleinement une des 7
blé le nombre d’entreprises accompa- questions centrales. Un des 7 principes in-
gnées, organisé 2 journée de sensibilisa- cite les entreprises au respect de la légali-
tion et formé 4 experts à la RS. En 2013, té.
l’accompagnement a concerné 7 entre- Or dans notre pays la législation nationale
prises et 1 établissement universitaire, 2 en matière de protection de l’environne-
journées de sensibilisation ont été organi- ment est très riche.
sées et 8 experts ont été formés à la RS. Par ces 2 aspects (1 question centrale et 1
Pour la dernière année du programme, on principe fondamental) la norme ISO 26000
La revue de l’ASSURANCE : Où en est prévoit l’accompagnement de 4 entre- incite fortement à protéger l’environnement

22 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

Les entreprises algériennes se préoc- Elles peuvent s’inspirer de l’application du Elles peuvent par exemple accorder des
cupent-elles des impacts environne- principe du bonus-malus comme cela se « rabais » sur les primes d’assurance aux
mentaux de leurs activités ? fait (ou s’est fait pour les assurances voi- entreprises certifiées ISO 14001.
Les entreprises algériennes ont commen- tures). M.R.
cé à se préoccuper des impacts néga-
tifs de leurs activités sur l’environne-
ment bien avant la publication de la
norme ISO 26000 notamment en
adoptant la norme ISO 14001 (pu-
bliée en 1996) relative au manage-
ment environnemental. A ce jour
beaucoup de nos entreprises aussi
bien publiques que privées sont cer-
tifiées selon la norme ISO 14001.
D’ailleurs les pouvoir publiques à
travers le ministère du développe-
ment industriel et de la promo-
tion des investissements ac-
cordent des incitations
financières pour encourager
les entreprises à appliquer
la norme ISO 14001.
La norme ISO 26000 est
venue consolider les acquis
de la norme ISO 14001

Comment voyez-vous le rôle


des sociétés d’assurance dans la
maitrise et la prévention des risques
environnementaux des entreprises ?
Les sociétés d’assurance ont un grand
rôle à jouer dans l’encouragement des
entreprises et notamment des installa-
tions industrielles à appliquer ces réfé-
rentiels internationaux pour minimiser
d’abord (sur le court terme) et éliminer
ensuite (sur le long terme) les impacts
négatifs de leurs activités sur l’envi-
ronnement. Cet encouragement des
assurances peut également inciter
les entreprises algériennes à mieux
appliquer le dispositif législatif et ré-
glementaire relatif à l’environne-
ment au bénéfice de toute la
communauté nationale com-
prenant aussi bien les en-
treprises elles-mêmes, les
compagnies d’assurance
que la population . De ce fait
les sociétés d’assurance
peuvent se prévaloir de leur
rôle sociétal et de leur com-
portement citoyen.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 23


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

M. Mébarek Malek Serraï, Expert International, PDG du Cabinet d’études


Algeria International Consult

«Il faut encourager la création


de pools d’assurance pour la
couverture des sinistres »
Dans cet entretien, l’expert Mébarek Malek Serraï estime que les entreprises qui présentent un risque de pollution
ont intérêt à se prémunir contre les catastrophes écologiques et les conséquences financières qui en découlent.
Il conseille vivement aux entreprises potentiellement polluantes de s’assurer contre tout danger de perte financière
lié à la pollution permanente ou accidentelle, en souscrivant des polices d’assurances professionnelles adaptées
à leurs besoins.

Entretien réalisé par Samira Belabed

M. Mébarek Malek Serraï : Effectivement Les entreprises aux risques pollution


l’Algérie a instauré la règle pollueur-payeur contractent des produits d’assurance
pour la protection de l’environnement, ce- afin de faire face à ce genre de dé-
pendant, cette règle n’a pas été suivie penses, c’est à dire payer ce qu’elles
jusqu’à présent d’une application systéma- polluent. Comment trouvez-vous cette
tique, voire obligatoire, à l’ensemble des solution?
pollueurs. Les raisons de cette défaillance C’est une des solutions mais elle n’est pas
sont multiples, d’abord il n’y a pas eu suffi- toujours la bonne car quand on est pollueur
samment de publication et de vulgarisation en permanence la question qu’on se pose
de cette règle avec les aspects de rigueur fallait-il traiter directement avec l’adminis-
qu’elle engendre, mais aussi les obliga- tration de l’Etat chargée des recouvre-
tions des pollueurs vis-à-vis notamment de ments des taxes de pollution ou faire appel
l’administration concernée par la protection aux produits d’assurance qui bien évidem-
de l’environnement et par le service des ment réclament des primes supplémen-
impôts. L’état d’esprit connu chez la majo- taires pour la prestation de leurs services.
rité des gestionnaires des entreprises pu- Néanmoins pour les entreprises dont l’acti-
bliques ou privées n’a pas encore accepté vité présente des dangers évidents et per-
le fait de payer des taxes pour protéger manents de pollution voire même d’acci-
l’environnement, c’est là aussi un aspect dents de pollution (éclats de pipeline,
culturel mais aussi un aspect lié à l’autorité accidents maritimes, miniers, hauts Four-
officielle pour qu’elle puisse imposer de naux, terminaux pétroliers, etc.) sont dans
facto cette règle et les payements qu’elle l’obligation de se prémunir des catas-
La revue de l’ASSURANCE : L’Algérie a réclame et qu’elle impose. Pour l’instant, trophes de pollution et les conséquences
adopté le principe du pollueur-payeur seules les grandes entreprises sont financières qui en découlent. De ce fait, les
pour la protection de l’environnement, contractantes d’assurance contre la pollu- entreprises aux risques pollution doivent
d’abord est-ce que vous pensez que tion. également se prémunir avec des assu-
cette règle est respectée? rances professionnelles contre tout danger

24 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Dossier : Assurance et Risques environnementaux des entreprises

de perte financière lié à la pollution perma- confirmées de s’imposer dans le marché sollicité à la fois par la banque mondiale
nente ou accidentelle. algérien. (Fond Mondial pour l’Environnement) et les
différentes administrations locales ainsi
Que pensez-vous des différents pro- Est-ce que vous voyez qu’il faut déve- que les industriels pour lesquels nous
duits offerts par les compagnies d’as- lopper ces produits d’assurance afin de avons réalisé pas moins de 117 études de
surances à destination des entreprises mettre en place les systèmes de pré- danger, de protection de l’environnement
aux risques pollution ? vention et identifier les risques? et de plans de circulation interne en l’es-
Il faut dire qu’il y a une approche harmo- Cette question est liée directement à la pace de 25 ans, grâce à une excellente
nieuse de ces offres compte tenu d’abord précédente dans la mesure où il faut conti- équipe de spécialistes nationaux et étran-
des différentes liaisons extérieures entre nuer à réfléchir et œuvrer à développer gers (Algériens, allemands, italiens, fran-
les entreprises d’assurance locale et les des produits d’assurance sûres et financiè- çais, belge, sénégalais, etc.).
compagnies d’assurance et de réassu- rement solides et arriver à mettre en place
rance externes. L’encouragement pour la des systèmes bien adaptés pour l’identifi- Pensez-vous que les entreprises indus-
création de « pools d’assurance » pourrait cation et la prévention des risques. Toute- trielles adhèrent aux programmes de
solutionner un nombre incalculable de cou- fois les différents textes concernant la pro- protection de l’environnement?
verture de sinistres. C’est là où il faut défi- tection de l’environnement et l’identification Comme déjà souligné à l’endroit de l’appli-
nitivement asseoir des strictes politiques des risques sont déjà suffisamment déve- cation de la règle pollueur-payeur, nous
de surveillance et imposer des normes ap- loppés en Algérie depuis plus d’une dizaine constatons que nombreuses entreprises
plicables en Algérie qui se réfèrent aux d’années. D’ailleurs nous avons avec plai- industrielles ignorent totalement ou partiel-
normes internationales réelles et non pas sir enregistré courant 2013 de nouveaux lement le programme de protection de
dénaturées. Je pense qu’à cet endroit nous textes rendant certaines obligations à l’en- l’environnement. Là il s’agit de la faible
avons des responsables hautement quali- droit de tout projet nouveau de production culture managerielle et de sensibilisation à
fiés dans l’administration des finances et et de services l’obligeant à respecter toutes l’endroit de la protection de la nature, de la
des assurances qui veillent aux intérêts du les conditions liées à la protection de l’envi- faune et la flore. Un effort de communica-
trésor public et celui des compagnies algé- ronnement. C’est avec une grande fierté tion, d’information et surtout de vulgarisa-
riennes contractant des réassurances in- que nous constatons qu’il existe d’excel- tion est sans nul doute nécessaire. De
ternationales. Avec une ouverture du mar- lentes compétences humaines au niveau même une sévérité de l’administration dont
ché plus élargie aux grandes compagnies du ministère de l’environnement, du CNA le suivi et le contrôle sont également né-
d’assurance et de réassurance de par le et des wilayas qui veillent de très près à la cessaires. Le recours aux sanctions sé-
monde, le jeu de la concurrence nationale protection de l’environnement et à la sur- vères n’est cependant souhaité que
et internationale va probablement assainir veillance de toute unité polluante. Nous lorsque nous aurons réalisé toutes les
toute tentative ou forme de surfacturation sommes témoins actifs (Algeria Internatio- étapes précitées.
et permettre aux véritables professionnels nal Consult AIC) de cette excellente sur-
dont la qualification et la notoriété sont veillance car nous avons-nous-même été S.B.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 25


Evénement

Du sang neuf à la tête des leaders


du marché
Le secteur des assurances a connu des changements importants de staff managérial au mois de juillet. Des chan-
gements qui ont été opérés, jeudi 10 juillet, à la tête de deux compagnies publiques d’assurances et pas des
moindres: la SAA et la CAAT, qui détiennent la plus importante part de marché du secteur en Algérie.

Par Malik Moudir

L
e PDG de la Société algérienne des assemblées générales ordinaires de Premier remaniement du
d’assurances (SAA), Amara La- ces deux sociétés, réunies en session ex-
trous, est remplacé par Nacer traordinaire. nouveau ministre
Sais, ex-PDG de la de la Compa- Le remaniement à la tête de compagnies
gnie d’assurance des hydrocarbures Les désormais ex-PDG de la SAA et de la du secteur public des assurances est le
(CASH), devenu depuis fin 2012 conseiller CAAT occupaient des postes de responsa- premier opéré par le nouveau ministre des
du PDG de Sonatrach. bilité à la tête de des compagnies publiques Finances, Abdelkrim Djellab, depuis sa
nomination à ce poste en mai dernier,
après avoir occupé celui de ministre délé-
gué auprès du ministre des Finances char-
gé du Budget dans le précédent gouverne-
ment.
Lui-même président du Conseil National
des Assurances (CNA) après sa nomina-
tion au ministère des Finances, selon la
réglementation en vigueur.

Ces changements à la tête du secteur pu-


blic des assurances est l’un des plus im-
portants puisqu’il concerne les deux com-
pagnies publiques leader d’un marché en
croissance constante ces dernières an-
nées avec un chiffres d’affaires global du
secteur, estimé à 113,9 milliards de dinars
(+15 %).
Le ministre des Finances, M. Djellab Mohamed
La SAA, leader du marché des assurances,
Le PDG de la Compagnie algérienne des depuis plusieurs années. Abdelkrim Djafri a enregistré un chiffre d’affaires de 25,77
assurances (CAAT), M. Djafri Abdelkrim, a a été lui-même DG de la SAA en 1986, milliards de dinars (22,62 %) en 2013, en
été remplacé, lui, par son ancien Directeur avant d’être remplacé par Amara Latrous croissance de près de 12% par rapport à
général adjoint (DGA), M. Benmicia Youcef. en 1995. 2012. Elle est talonnée par la CAAT avec
Après avoir été annoncée aux concernés, un chiffre d’affaires de 18,11 milliards de
la décision a été appliquée immédiate- MM. Djafri et Latrous ont accompagné le dinars (15,89 %), en hausse de 17 %.
ment. Les nouveaux PDG de la SAA et de processus de réforme du secteur des as- Les deux compagnies pèsent, à elles
la CAAT ont été installés jeudi 10 juillet par surances entamé depuis 1998. Toutefois seules, quelques 43,88 milliards de dinars
le ministre des Finances, Mohamed Djel- Amara Latrous conserve toujours son avec une part de marché totale de plus de
lab. L’installation des nouveaux respon- poste de président de l’Union Algérienne 38,5 % dans un secteur qui en compte une
sables à la tête des deux compagnies pu- des Sociétés d’Assurance et de Réassu- vingtaine de compagnies.
bliques d’assurance s’est déroulée à l’issue rance (UAR) qu’il occupe depuis 2006. M.M.

26 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Evénement

Salama Assurances
« Indemnisation des clients
en un temps record »
M. Abdelhakim Hadjou, directeur général de Salama Assurances, a annoncé fièrement que le propriétaire d’une
usine importante qui produit des cométiques a été indemnisé en un temps record.
Lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’entreprise à Alger, il a annoncé que le site en question
est un magasin de stockage qui a brûlé en août de l’année dernière à Cheraga dans la wilaya d’Alger.

Par Said Mansouri

I
l a ajouté que dans tous les cas lorsque
le client a perdu toute sa marchandise
cela peut mettre la société en difficulté
ou en carrément en faillite.
Dès que l’incendie est déclaré en août,
l’affaire est suivie pour être clôturée en huit
mois après que la compagne ait statué que
les 110 millions DA vont être payés. Selon
le DG, la moralité est qu’en assurance, on
ne peut pas dire que « cela n’arrive qu’aux
autres. ».
« On ne pense jamais avoir un grand si-
nistre mais on est tout de même en train de
payer un grand sinistre, mais dans la fierté, L’incendie et l’effondrement du dépôt sont en Egypte et dans d’autres pays du Golf et
même si nous allons payer plusieurs fois la causés par un autre incendie qui a eu lieu que le groupe travaille dans l’assurance
prime », a-t-il dit devant la presse. chez un voisin, SARL Prochaise, est-il indi- islamique. « Nous sommes spécialisés car
Il ajoute ceci : « Nous continuons à travail- qué dans un document de Salama remis à nous travaillons avec le concept de Taka-
ler avec le client pour l’aider dans son plan la presse. ful, d’inspiration islamique remplaçant l’as-
de développement. » Selon le DG de Salama, le sinistre a été surance conventionnelle », précise-t-il.
Lors de cette conférence, le DG était assis- réassuré et la réassurance va participer au Il regrette qu’il n’y ait pas de législation dé-
té par de nombreux cadres dont le direc- paiement du sinistre. diée à cette assurance « mais nous avons
teur des sinistres. Il y avait aussi la pré- Selon lui, le fait d’assurer des risques im- des règles de gestion », assure-t-il.
sence de M. Abdellah Zergui, directeur portants, c’est d’abord effectuer le choix de Il ajoute ceci : « Nous sommes en train de
général de l’EURL Splendid qui est l’entre- prise en charge du risque en supportant finaliser un système de gestion globale
prise concernée par le sinistre. Selon tous une partie mais en transférant une autre pour la souscription et la prise en charge
ces responsables, il n’y a pas de fraude partie au secteur des réassurances. du sinistre et nous travaillons sur la qualité
dans ce dossier contrairement à ce qui Il y a des clients qui attendent pour que leur de service avec plus de 200 points de
était annoncé à l’époque par certaines usine redémarre dans de bonnes condi- vente. »
sources. tions, a-t-il ajouté. La compagnie a dégagé un chiffre d’af-
Plus de 10 cadres ont étudié le dossier et M. Abdelhakim Hadjou rappelle que Sala- faires de quatre milliards DA en 2O13. Elle
ils ont conclu qu’il n’y pas eu de fraude. ma a été créée en 2000. « Nous sommes compte poursuivre l’accompagnement de
Selon Abdellah Zergui, la presse n’a pas en train de travailler sur le dossier de la ses clients à travers son activité en risk
toujours été sincère car elle a évoqué le fait bonne gouvernance et la transparence », management.
qu’il y aurait eu tentative d’escroquerie à a-t-il indiqué. Il ajoute que la compagnie fait Une direction expertise et prévention est
l’assurance. partie du groupe d’assurance Dubaï Arab même créée à cet effet.
Insurance Company qui a aussi des filiales S.M.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 27


Evénement

Courtier d’assurance
Quel rôle dans la gestion des risques d’entreprises ?
Le rôle du courtier d’assurance dans la gestion du risque de l’entreprise a été le thème d’une journée d’études
organisée par la Bourse de la sous-traitance et du partenariat du Centre (BASTP-Centre) et la société de courtage
Assurance Broking Services (ABS).

Par Said Mansouri

L
e conférencier, Chabane Sadek, S’adressant aux présents, il est indiqué tique, les nouvelles technologies de télé-
DG d’ABS, a commencé par pré- que le courtier veille à ce que l’assurance communications et des bases de données.
senter le cadre juridique de la pro- proposée est bien celle qui convient et que Lors de la même conférence, il est souli-
fession, en faisant référence à la l’entreprise est armée pour en apprécier gné que « le courtier d’assurance est ainsi
loi 95-07 du 25 janvier 1995 relative aux toutes les subtilités. Il a aussi son avis sur à même d’apporter des réponses fondées
assurances, modifiée et complétée par la les critères à appliquer pour choisir telle sur l’analyse précise tenant compte des
loi n° 06-04 du 20 février 2006. L’article 258 compagnie d’assurances après que les besoins clairement identifiés des assurés
stipule que le courtier d’assurance est une besoins sont bien identifiés afin de bénéfi- et de l’offre des assureurs ».
personne physique ou morale qui fait pro- cier du contrat adapté à « votre situation et Pour cela il lui faut plusieurs atouts et ses
fession à son compte de s’entremettre dans les meilleures conditions tarifaires ». compétences lui permettent de maîtriser
entre les preneurs d’assurance en vue de Etant donné que l’assurance est un do- tous les domaines d’activités d’une clien-
faire souscrire un contrat d’assurance. Le maine complexe et qu’elle utilise les règles tèle se composant aussi bien d’industriels,
courtier est le mandataire de l’assuré et est du droit et de la finance appliquée à toutes de commerçants, de professions libérales
responsable envers lui. techniques de l’industrie, des services et que de particuliers. Il maîtrise aussi toutes
Il ajoute que la profession de courtier d’as- du commerce, l’assistance d’un profes- formes d’assurances pour la protection des
surance est une activité commerciale. A ce sionnel est nécessaire. En plus, est-il pré- biens et des personnes.
titre le courtier est soumis à l’inscription au cisé « l’assurance s’inscrit dans un marché Lors du débat, les participants ont posé
registre de commerce et aux autres obliga- concurrentiel où de multiples acteurs se des questions sur la possibilité des cour-
tions à la charge du commerçant. Il a aussi côtoient : compagnies d’assurances-mu- tiers d’intervenir pour des contrats à l’étran-
expliqué que le courtier est un consultant tuelles- institutions de prévoyances ». ger dans le cadre de l’exportation des ser-
au service de l’entreprise et qu’il est un pro- L’apport du courtier se fait sentir pour vices. Le code des marchés pose aussi
fessionnel aux multiples compétences d’autres raisons car « les contrats d’assu- des problèmes aux professionnels et ont
comme observateur qui sait anticiper et rance sont souvent d’une lecture compli- posé des questions sur ce sujet. Le confé-
créer un service sur mesure et à forte va- quée; difficilement comparables entre eux rencier a souligné que le courtier a un pou-
leur ajoutée. et les rapports qualité/prix très variables ». voir local car il y a la règle de territorialité.
Ainsi, le choix d’une assurance mérite at- Il y a aussi la CAGEX qui est spécialisée
tention et savoir-faire car les conséquences dans ce genre de risque qui touche les ex-
d’un mauvais choix « ne seront visibles portations.
que le jour du sinistre, malheureusement Pour le code des marchés, il est expliqué
trop tard ». qu’il y a des aménagements mais qu’il y a
Les participants ont pu prendre conscience quand même des entreprises comme des
du fait que le courtier d’assurance est « un établissements publics administratifs qui
professionnel aux multiples compétences» sont soumis à ses obligations.
et qu’il est entouré d’équipe de spécia- Il faut que le marché dépasse 4 millions DA
listes: juristes, ingénieurs, financiers. pour les services pour passer par appel
Le courtier d’assurance développe ainsi d’offres, est-il expliqué. A une question de
une expertise qu’il met au service de ses savoir s’il y a d’autres professionnels, il est
clients car il dispose des outils les plus per- répondu ceci : «Nous sommes 24 au ni-
formants dont l’informatique, la bureau- veau national.»

28 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Evénement

Une partie de la conférence est consacrée Les participants ont eu droit à des explica- offre en termes de coûts et de garanties et
au risk management. Dans ce cadre, le tions sur un deuxième thème quoi est celui ses capacités techniques et les références
conférencier explique qu’un risque ou une des «assurances des risques d’entreprises de ses réassureurs entrent en jeu. C’est
vulnérabilité est un aléa dont la surve- et le choix de la couverture optimale». aussi le cas pour sa notoriété sur le marché
nance prive l’entreprise d’une ressource et Le conférencier souligne que « le choix de et la qualité de son portefeuille, la crédibili-
l’empêche d’atteindre ses objectifs. Dans l’assureur pose souvent problème aux ma- té de ses prestations notamment en ma-
ces, gérer les risques « est un processus nagers, car de leur choix dépend, en partie, tière d’indemnisation ainsi son expérience
itératif de diagnostic, de traitement et d’au- l’avenir et la pérennité de leur activité ». En dans la gestion des risques à assurer et la
dit des vulnérabilités pesant sur l’entreprise règle générale une compagnie d’assu- qualité de ses ressources humaines.
pour lui permettre d’atteindre ses objec- rance est choisie d’après des critères. Ses
tifs». capacités financières, la qualité de son S.M.

Trois questions à M. Chabane Sadek, DG d’ABS


«On vise une juste indemnisation
pour le client »
A la clôture de la journée d’études sur le rôle du courtier d’assurance dans la gestion du risque de l’entreprise
organisée par la Bourse de la sous-traitance Centre, M. Chabane Sadek, DG d’ABS, nous a expliqué la finalité de
ce genre de rencontres au profit des PME.

Entretien réalisé par Said Mansouri

M. Chabane Sadek : Nous jouons effecti- définit une politique globale en matière de
vement un rôle dans la protection des risques ou intervient sur des décisions d’in-
consommateurs. On dit souvent qu’il n’y a vestissements ou des relations contrac-
pas d’interface entre les assurances et les tuelles.
consommateurs. Or, nous sommes aussi
là pour la protection du consommateur et Quelles sont les difficultés que vous
de l’utilisateur des assurances. rencontrez dans l’exercice de votre pro-
Pourtant, on constate qu’il y a encore du fession ?
travail à faire afin que les entreprises soient Il y a toujours un clivage entre le secteur
sensibilisées sur le rôle du courtier. On es- public et privé. On continue de se méfier
saie de développer et de d’approfondir des intermédiaires car la corporation est
cette connaissance auprès d’elles en expli- assimilée à tout autre genre d’intermé-
quant qu’on peut leur prodiguer des diaires alors que de notre côté nous
conseils utiles et qu’on peut leur apporter sommes agréés par des décisions du mi-
notre expertise dans leur intérêt. nistère des Finances.
Toutefois, il y a une instruction qui interdit
Comment pouvez-vous illustrer cet au secteur public d’entrer en contact avec
apport ? les intermédiaires sans distinction aucune.
Dans ce domaine, nous apportons notre Il y a aussi des entreprises qui ne font pas
appréciation sur le contrat d’assurance. encore assez recours à l’expertise des
Dans le même temps, on déploie nos ef- courtiers préférant s’adresser directement
forts pour obtenir une juste indemnisation aux assureurs.
La revue de l’ASSURANCE : Comment pour le client.
évaluez-vous votre rôle d’interface Le courtier d’assurance imagine ainsi de
entre les assureurs et les clients? nouvelles stratégies liées à la sécurité et il S.M.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 29


Evénement

Le Programme Algérien des Energies Renouvelables

Un marché prometteur qui attire


le regard des Assureurs
L’énorme potentiel en Energies Renouvelables (EnR) dont recèle l’Algérie n’a pas laissé indifférent le secteur des
assurances. En mai dernier, des compagnies d’assurances se sont penchées sur la couverture des risques liés à
l’exploitation de ces énergies, que ce soit pour l’usage domestique ou industriel.

Par Malik Moudir

A
frica-Ré, le leader africain de la avec l’ambition de générer 22 000 MW panneaux photovoltaïques. La seconde
réassurance a voulu anticipé le d’électricité. phase de ce programme sera consacrée à
décollage du secteur des EnR L’Algérie a récemment décidé d’abandon- la réalisation des premières installations, et
en Algérie, appelé à connaitre un ner l’hydroélectricité dans le segment des la troisième, à l’horizon 2020, au lance-
essor certain avec les multiples usages EnR pour se tourner principalement vers ment de l’industrie à grande échelle. La
recensés dans des domaines aussi variés le solaire (Photovoltaïque et énergie solaire question de l’assurance sera, alors, au
que l’industrie, le bâtiment, l’agriculture, thermique à concentration ou CSP) et l’éo- centre des débats.
etc., en organisant avec la collaboration du lien.
réseau de courtier en assurance Verspie- Les projets de ce vaste programme sont Ainsi, les experts ont mis en exergue la
ren International, un séminaire les 6 et 7 au stade des études et du lancement des pertinence de développer dans le futur des
mai dernier à l’hôtel Sheraton d’Alger, sous projets pilotes. Cette phase s’est concréti- produits d’assurances adaptés à ce mar-
le thème : «Les Energies renouvelables : sée, ces dernières semaines, avec la mise ché prometteur, d’autant que sa capacité
Analyse et couverture des risques» en service de la première ferme éolienne est considérable car bénéficiant d’un cadre
Le but de l’évènement, auquel ont participé d’une capacité de 10 mégawatts à Adrar, et juridique et d’incitatifs favorables à son
les compagnies d’assurances activant en la réalisation d’une usine de production de émergence.
Algérie, était de vulgariser la couverture
assurantielle des risques liés aux activités
du secteur des énergies renouvelables. Un
type d’assurance qui va au-delà de la cou-
verture des risques de la construction et de
l’exploitation des grandes installations, en
s’adressant, aussi, aux acquéreurs d’ins-
tallations photovoltaïques pour couvrir les
dommages subis et l’absence temporaire
de production d’électricité.

L’énorme potentiel du
marché algérien
Les experts ont souligné l’importance des
projets prévus sur le continent africain dont
les plus grands se situent principalement
au Maroc, et en Algérie qui a lancé le 3 fé-
vrier 2011 son programme national de dé-
veloppement des énergies renouvelables

30 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Evénement

22 milliards d’euros de Il faut dire que l’évolution du secteur


des énergies renouvelables en Algé-
capitaux à assurer rie avec son gigantesque plan de dé-
Le marché algérien des énergies renouve- veloppement est scrutée par les assu-
lables offre, vraisemblablement, un taux de reurs et réassureurs spécialisés,
prime attractif pour les compagnies dési- notamment européens (Munich-Re,
reuses investir ce marché à fort potentiel Gothaer, Royal & SunAlliance (RSA),
d’où l’intérêt de s’y positionner. Selon une AXA, ALLIANZ, etc.), car il leur offrira
présentation de Verspieren International d’énormes opportunités de croissance
qui recense les potentialités du marché, les devant le recul des marchés européens.
avantages et les inconvénients qu’il pré-
sente, le projet Algérien des EnR se chiffre Africa-Ré qui a entre autres missions de
à 22 milliards d’euros de capitaux à assu- soutenir le développement économique
rer, un chiffre calculé sur la base d’un coût de l’Afrique, se propose d’accompagner
moyen d’investissement de 1 million d’eu- les assureurs locaux en tant qu’assureur
ros par mégawatt (MW). Avec la possibilité leader sur le marché africain, classé 40ème
de capitaliser sur les expériences des as- sur la liste des 100 premiers groupes de
sureurs européens (échecs et succès), réassurance dans le Monde.
« le taux de prime est en général plus
élevés que sur les marchés standards
soumis à une forte concurrence entre les M.M.
assureurs».

Le secteur national des assurances perd CONDOLÉANCES


l’un de ses vaillants cadres
Djendi Ali tire sa révérence
service du secteur national des assu- Le Secrétaire du Conseil
rances. C’est en tant que cadre à la SAA,
puis directeur central dans la même com-
National des Assurances ainsi
pagnie, qu’il a commencé à se forger une que l’ensemble du personnel,
réputation de bon gestionnaire. En 1991, il très affectés par le décès de
est nommé PDG de la CAAR qu’il dirigera
jusqu’en 2005, participant ainsi à l’ascen- DJENDI Ali, ancien président-
sion de cette compagnie historique. Sa directeur général de la CAAR
nomination à la tête de la CAAR, a été
suivi, juste après, par une élection à la tête
et ex-président de l’UAR,
de l’UAR qu’il présidera jusqu’en octobre présentent à toute la famille
2005, date à laquelle il passera le témoin à du défunt leurs condoléances
son successeur, M. Latrous Amara. Le dé-
part en retraite, en 2005, du défunt Djendi les plus attristées et l’assurent,
Ali ne marque pas la fin de son engage- en ces pénibles circonstances,
ment. Il continuera à participer au dévelop-
de leur profonde sympathie.

M
pement du marché national des assu-
. Djendi Ali, ancien président- rances en qualité de consultant et formateur Que Dieu accueille le défunt
directeur général de la CAAR à l’Institut algérien des hautes études fi- en Son Vaste Paradis.
et ex-président de l’UAR, est nancières (IAHEF). Avec le décès de Djen-
mort le 27 août dernier, laissant di Ali, la famille des assurances perd l’un
derrière lui une longue et riche carrière au de ses vaillants cadres.
‫إنا هلل و إنا إليه راجعون‬

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 31


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Utilisation des TIC et secteur des Assurances

La 3G pour se rattraper
En 2014, les compagnies d’assurances en activité en Algérie sont à un stade peu avancé en matière d’utilisation
des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Affranchies, certes, de « l’ère du fax »
en matière de gestion interne, mais elles demeurent en retard en ce qui concerne les services à valeur ajoutée en
lien direct avec le client. Le lancement, cette année, du haut débit mobile sonne comme une invitation à rattraper
leur retard en la matière, pour améliorer leur performance.

Par Malik Moudir

L
’utilisation de ces nouvelles
technologies de l’information et
de télécommunication fait son
bonhomme de chemin dans le
secteur des assurances en Algérie. Dou-
cement. Toutes les compagnies d’assu-
rances en activité en Algérie disposent,
relativement, de systèmes d’information
qui relient toutes les agences locales et
garantissent un gain de productivité,
ainsi que du réseau Intranet qui assure
une coordination et une organisation de
travail optimisée au sein de chaque so-
ciété. Cela se répercute d’une manière
indirecte positivement sur le client.
Beaucoup parmi les 23 compagnies
d’assurances ont également une pré-
sence plus ou moins performante sur le
web. Une vitrine ouverte sur la toile. Tou-
tefois, pour la plupart sans services à
valeur ajoutée, à proprement parler,
pour le client. Et tout le monde a un pro-
jet dans les cartons : devis et souscrip-
tion en ligne, paiement électronique, ap-
plications mobiles, etc. Un signe d’un
début de prise de consciences des ma-
nagers des compagnies quant à l’apport l’adaptation des offres aux besoins des l’unanimité qu’elles ont accusé un grand
des nouvelles technologies sur l’optimisa- clients, de plus en plus exigeants, dont les retard en matière d’intégration des TIC
tion du système d’organisation interne et mœurs de consommation ont évolué au dans une stratégie globale de différencia-
son impact sur la qualité de services offerte rythme de l’évolution des nouvelles tech- tion. Même si elle est encore peu générali-
aux clients. Car son apport est indéniable nologies de l’information et de la communi- sée au niveau mondial, l’utilisation des TIC
dans un secteur très concurrentiel ou le cation. dans le secteur progresse dans certaines
mot innover prend tout son sens dans Les compagnies d’assurances admettent à régions du monde.

32 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

En Europe, par exemple, on estime le vo- Les compagnies peuvent encore rattraper
lume des nouvelles polices d’assurance leur retard, maintenant que la diffusion des
IARD et Vie qui seront vendues sur les ca- nouvelles technologies de l’information et
naux numériques à 25 milliards d’euros en de la communication s’est accélérée. Et
2016, contre 12 milliards en 2012, selon elles gagneraient à s’arrimer à cette évolu-
une étude d’Accenture (une entreprise in- tion surtout qu’elles disposent pour la plu-
ternationale de conseil en management, part d’un réseau d’agences qui couvre tout
technologies et externalisation ), qui in- le territoire pour maintenir la proximité avec
dique également que plus des trois quarts le client.
(78%) des compagnies d’assurances euro-
péennes prévoient une augmentation de Combiner le réseau
leurs investissements dans la transforma-
tion digitale de leurs fonctions vente et dis-
physique et les canaux
tribution, et envisagent de consacrer en digitaux
moyenne 27 millions d’euros à ces projets Pour s’accrocher, il est, en effet, essentiel
sur les trois années à venir. de combiner le réseau physique et les ca-
naux digitaux pour une meilleure satisfac-
tion du client. Car, près de 70 % des clients
Les raisons du retard sont susceptibles de changer de compa-
tiennent aussi à un gnie d’assurances en raison de leur insatis- mer de l’arrivée à terme de son contrat et
environnement numérique faction. Selon l’édition 2014 du World Insu- l’inviter à le renouveler, lui demander une
rance Report (WIR 2014) publiée par information additionnelle pour son dossier,
handicapant Capgemini et l’Efma, si la rentabilité des l’informer d’une promotion, d’un nouveau
Pour les raisons du retard, l’expert-consul- compagnies d’assurances augmente, es- service, etc.», résume M. Grar. On peut ci-
tant en TIC, M. Grar Younès les expliquent sentiellement grâce à la baisse du nombre ter aussi, entre autres services : l’utilisation
par « la méconnaissance de ces TIC par des déclarations de sinistres, seulement d’application mobile d’aide à la gestion de
des responsables ». « Ils pensent qu’elles 32 % des clients dans le monde se disent sinistre : géolocalisation du véhicule, une
ne servent à rien, qu’elles sont coûteuses, satisfaits des services proposés par leurs photo pour la constitution de la pré-décla-
compliquées à exploiter, génèrent des assureurs en 2013. Les risques de perte ration de sinistre, souscription par télé-
coûts et des tracasseries supplémentaires, de clients restent élevés. Les assureurs phone ou en boutique opérateur, paiement
ne sont pas très déployées chez les clients doivent donc « améliorer leurs offres pour par téléphone mobile, etc.
et fournisseurs, etc.», explique-t-il (lire l’en- réduire le taux d’attrition (indicateur qui per-
tretien). met de mesurer le phénomène de perte de Malgré que certains services se heurtent à
clientèle ou d’abonnés) et accroître leur certain écueils d’ordre juridique comme
Seulement, l’environnement numérique performance », en misant, selon le WIR, pour le paiement électronique mobile, qui
dans lequel elles évoluent est pour beau- sur les canaux numériques, en particulier nécessite une authentification par signa-
coup dans cette situation d’« hésitation ». les plates-formes mobiles. ture électronique (inexistante encore en
L’Algérie accuse un énorme retard en ma-
Algérie) et les limites des TIC dans cer-
tière d’accès à Internet avec un taux de Le développement du haut débit mobile,
taines situations, notamment, pour la trans-
pénétration de 14 % seulement, alors qu’il avec le lancement de la 3G, offre cette op-
mission de justificatifs papiers, les vérifica-
est de 55 % au Maroc, 40 % en Tunisie et portunité qui permet de sortir du lot. Cette
tions manuelles et la rencontre face à face,
20 % en Libye. En matière de débit, elle est évolution technologique permet d’offrir de
le haut débit mobile offre des opportunités
classée à la 30ème place/32 pays au niveau nombreux services à forte valeur ajoutée.
considérables.
africain. «A travers une application mobile, une
L’adoption de cette technologie mobile par
Ce n’est, en effet, que durant cette année compagnie d’assurance peut présenter
les compagnies d’assurances n’est pas
que des progrès significatifs ont été enre- ses activités, ses services, ses produits,
seulement d’un grand apport pour les col-
gistrés en matière de pénétration d’Internet ses promotions, son historique, ses points
laborateurs, elle leur permettra, aussi,
avec des débits acceptables (augmenta- de présence, des outils de simulation pour
d’être proche du client. Cela permettra de
tion des débits des offres ADSL d’Algérie obtenir un devis, ainsi que des multitudes
véhiculer les valeurs recherchées par le
Télécom), notamment avec l’introduction de services. Vu que l’application mobile est
client : transparence, simplicité et proximi-
de la 4G-LTE d’Algérie Télécom et le lan- liée au smartphone du client, la compagnie
té.
cement de la 3G par les trois opérateurs d’assurances peut lui envoyer une alerte
mobiles. ou une notification automatique pour l’infor- M.M.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 33


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

M. Khelifati Hassen, P-DG d’Alliance Assurances

« Nous avons amorcé notre


transformation digitale »
Alliance Assurances s’est dotée de nombreux outils et applications pour s’adapter, constamment, aux évolutions
technologiques et aux désirs et comportements des clients. Dans cette interview, M. Khelifati Hassen, P-DG
d’Alliance Assurances, explique comment sa compagnie engage sa transformation digitale.

Entretien réalisé par Said Mansouri

Alliance Assurances a pris en considéra- pects. Nous sommes, désormais, présents


tion cette tendance pour mieux nous adap- dans 43 wilayas. Nos 170 agences sont
ter à ce changement de consommation et obligatoirement connectées au serveur
maintenir une position de challenger com- central de la compagnie via notre ERP
pétitif et innovant. (progiciel de gestion intégré) « Iris » déve-
Notre direction des systèmes d’information loppé par notre filiale informatique Orafina,
contribue activement à la transformation ce qui nous permet d’optimiser notre ges-
digitale d’Alliance Assurances, depuis des tion opérationnelle quotidienne.
années, en développant des avantages Nous projetons d’utiliser les services de la
concurrentiels pour nos clients et pros- 3G à court terme, ce qui nous permettra,
pects. notamment, d’apporter de nouvelles plus-
Alliances Assurances est la première so- values sur nos services, particulièrement
ciété d’assurances à avoir proposé le devis pour l’indemnisation.
en ligne pour notre gamme d’assurances
automobile « Auto plus », en 2011, suivi de Quel est l’apport de votre Direction des
la possibilité de faire un devis en ligne pour Systèmes d’Informations ?
l’assurance multirisques habitation, en Alliance Assurances est une compagnie à
2013. Ces services sont également dispo- forte croissance. Notre direction des sys-
nibles sur applications mobiles de type tèmes d’information en est l’un des pôles
Smartphone, BlackBerry et Android. stratégiques. Elle anticipe les évolutions
Aujourd’hui, nous nous inscrivons dans la imposées par la stratégie de l’entreprise,
perspective de l’ouverture du paiement en assiste les utilisateurs au niveau de la di-
Revue de L’ASSURANCE : Une ten- ligne. En ce sens, nous avons finalisé le rection générale et de nos 5 directions ré-
dance vers la digitalisation s’empare de développement de la plate-forme pour lan- gionales, administre les bases de données
la société, comment votre compagnie cer les souscriptions et le paiement en ainsi que les serveurs d’applications.
s’adapte-t-elle à cette évolution ? ligne. Il sera, ainsi, possible de l’implémen-
M. KHELIFATI Hassen : Effectivement, la ter dès que le système se met en place. Utilisez-vous Facebook et d’autres ré-
digitalisation est un phénomène d’ampleur Nous travaillons également pour donner la seaux sociaux pour promouvoir vos
mondiale qui impacte tous les secteurs possibilité à nos clients de déclarer leurs produits ?
d’activités. La population algérienne en sinistres par téléphone. Nous communiquons de plus en plus sur
particulier se digitalise de plus en plus, no- les réseaux sociaux et y relayons toutes
tamment du fait de sa jeunesse qui aspire Comment arriverez-vous à gérer vos nos campagnes publicitaires. Une réflexion
à plus de modernité, plus de services et agences par le biais des nouvelles tech- est en cours pour optimiser notre interface
plus de rapidité. nologies ? et son impact.
Toujours plus proche de nos clients et pros- S.M.

34 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

M. Hadj Mahammed Ahmed, DG de la GAM

« Il faut que notre environnement


technologique se développe »
Nommé Directeur général de la GAM (Générale Assurance Méditerranéenne) en novembre 2012, M. Hadj Mahammed
Ahmed est convaincu du rôle stratégique des TIC dans le développement du marché national des assurances.
Mais cela ne peut se faire, explique-t-il dans cet entretien, sans la réunion de certaines conditions.

Entretien réalisé par Nadia Ait Larbi

clients. Nous avons, d’ailleurs, revu notre A votre avis, ceux qui ont en charge le
site web pour en faire un moyen interactif développement des TIC ont-ils
de communication avec la clientèle, no- conscience de l’enjeu de l’utilisation
tamment pour tout ce qui a trait aux récla- de ces technologies ?
mations, demandes d’informations, etc. Je pense que les autorités ont conscience
Actuellement, dans les pays asiatiques, les de l’enjeu des TIC et connaissent l’impor-
clients peuvent déclarer leur sinistre aux tance économique de l’utilisation de ces
compagnies via leur téléphone mobile. technologies. Elles doivent donc program-
Vous prenez votre téléphone portable, mer le développement des TIC, pas seule-
vous photographiez votre véhicule en cas ment pour le secteur des assurances mais
d’accident et vous serez indemnisés le pour tous les autres domaines d’activités.
plus rapidement possible. Je pense que si on a un environnement
technologique adéquat, on pourra faire
Et pour nous, quand est-ce que cela va beaucoup de choses sur le plan écono-
être possible? mique en Algérie.
Il faut que notre environnement technolo- Il faut voir ce qui se passe dans les pays
gique se développe. Tout dépend de l’envi- d’Asie. Grâce aux TIC, ils ont atteint des
ronnement technologique. Par exemple, niveaux d’avancement considérables dans
au niveau de la GAM, nous avons un site les services, l’hôtellerie, les finances, la
web, un système d’information et un ser- banque, l’assurance, etc. C’est des tech-
veur central qui relie chaque agence. Et nologies qui offrent beaucoup de rapidité,
nous sommes en train de développer un l’information est traitée en temps réel. Tout
Revue de L’ASSURANCE : Les entre- nouveau système d’information. Malheu- se fait par Internet, tout se fait par carte
prises recourent, de plus en plus, aux reusement, nous avons des problèmes de bancaire.
nouvelles technologies de l’information connexion. Le débit est encore faible, com- Pour information, le secteur des assu-
et de la communication (TIC). Qu’en est- parativement, par exemple, à nos voisins rances réalise, en Turquie, un chiffre d’af-
il de votre compagnie ? marocain et tunisien. La 3G et la 4G-LTE faires de 10 milliards de dollars, le Maroc 3
M Hadj MAHAMMED : Pour la GAM, l’uti- en mode fixe sont des formules commer- milliards de dollars, la Tunisie 1,5 milliard
lisation des nouvelles technologies de l’in- ciales qui ne sont pas, en l’état actuel, de dollars, alors qu’en Algérie notre chiffre
formation et de la communication est un fiables pour le domaine des assurances d’affaires en assurances tourne autour de
choix stratégique. Déjà, au niveau interne, parce qu’il faut vraiment du haut débit. Il 1 milliard de dollars. On a encore du che-
tous nos postes de travail sont reliés en faut qu’on se dise les vérités, si l’environne- min à faire.
réseau. Toutes nos agences et tous nos ment ne s’y prête pas, on ne peut pas dé-
services sont reliés par messagerie in- velopper les TIC et on ne peut travailler
terne. Nos services utilisent beaucoup la que difficilement.
messagerie pour communiquer avec les N.A.L.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 35


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

M. Hadjou Abdelhakim, DG de Salama Assurances Algérie


« Notre nouveau système d’information
sera bientôt opérationnel »
Filiale du groupe Salama - Islamic Arab Insurance Company-, la société Salama Assurances Algérie pratique
l’assurance islamique (Takaful), et dispose de plus de 200 points de vente au niveau national. Pour soutenir son
développement, Salama Assurances Algérie investit beaucoup dans les nouvelles technologies de l’information et
de la communication (TIC), comme l’explique, dans cet entretien, son Directeur général, M. Hadjou Abdelhakim.

Entretien réalisé par Nadia Ait Larbi

modèle de gestion Takaful. C’est pour cela Comptez-vous intégrer l’Internet mobile
que nous nous sommes engagés résolu- (3G) et les réseaux sociaux dans votre
ment, depuis 2010, à acquérir un nouveau relation client ?
système d’information que nous sommes C’est facile de lancer une application An-
en train de mettre en place. droid, mais le plus important, pour nous
c’est le suivi et la satisfaction du client. C’est
Et en quoi consiste ce nouveau système pourquoi, à Salama Assurances Algérie, on
d’information ? préfère attendre la réception définitive de
Le nouveau système d’information métiers notre système d’information avant d’intégrer
va permettre l’automatisation de tous les les Smartphone dans notre relation client.
processus de gestion. La gestion du réseau, Pour ce qui est des réseaux sociaux, nous
l’administration des contrats, la gestion des disposons déjà d’une page Facebook, mais
sinistres, la gestion des risques et des pres- tout ça va se consolider, de façon encore
tations de service, etc. Tout cela va être au- plus interactive, avec le lancement de notre
tomatisé au niveau de Salama Assurances portail web, qui sera administrée par une
Algérie. On vient, d’ailleurs, d’adopter une équipe dédiée et bien organisée.
nouvelle organisation qui s’adapte à ces
nouvelles technologies. Pour beaucoup, l’enjeu des TIC c’est la
rapidité du traitement des dossiers d’in-
demnisation, qu’en pensez-vous ?
Et quand est-ce que ce projet sera-t-il
Effectivement, l’enjeu c’est la qualité de la
totalement opérationnel ?
prestation, notamment l’indemnisation ra-
Je vous annonce officiellement que le nou-
pide des assurés. C’est ce que fait Salama
Revue de L’ASSURANCE : Salama Assu- veau système d’information sera opération-
Assurances Algérie depuis le lancement, en
rances Algérie accorde-t-elle de l’impor- nel à partir du début de l’année prochaine.
2006, de son centre de traitement des dos-
tance à l’utilisation des technologies de siers des sinistres. La réception définitive de
l’information et de la communication ? Et comment se fera le contact avec le notre système d’information nous permet-
M. Abdelhakim Hadjou : Nous considé- client? tra, non seulement de consolider notre posi-
rons que les nouvelles technologies de l’in- Le contact avec le client se fera via un por- tion de leader sur le marché, en termes de
formation et de la communication sont des tail web, que nous installerons lorsque le vitesse de traitement des dossiers d’indem-
outils indispensables pour prendre des déci- nouveau système d’information sera totale- nisation, mais également de réaliser des
sions dans les temps, communiquer avec la ment opérationnel et rodé. Le portail web taux de croissance beaucoup plus impor-
clientèle et être transparent en termes de permettra alors à nos clients de prendre tants, sachant que celui de l’année passée
chiffres et de données techniques. connaissance des services que propose était déjà de 24%.
Pour nous, la transparence est très impor- Salama Assurances Algérie et plus encore,
tante, car elle est un principe fondamental de faire des simulations et des souscriptions
pour la formation et la mise en place d’un en ligne. N.A.L.

36 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Mme Bourouba Amel, Responsable des Moyens Informatiques


à AXA Assurance Algérie
« AXA projette une plateforme front
office pour le réseau commercial »
Dans cet entretien, la responsable des moyens informatiques au niveau d’AXA Assurance Algérie nous détaille les
multiples avantages que représente pour la compagnie l’utilisation des technologies de l’information et de la
communication. Elle dévoile, par la même occasion, les projets d’AXA Algérie dans ce domaine.

Entretien réalisé par Samira Belabed

Revue de L’ASSURANCE : Nous savons plus de fiabilité et plus de sécurité pour tant l’efficacité et, par conséquent, une plus
qu’aujourd’hui les entreprises, en géné- pour nos clients que pour nous. grande disponibilité pour le client.
rale, et les compagnies d’assurance, en Plus de fiabilité dans la constitution d’une Un autre avantage, que nous identifions
particulier, ne peuvent se passer des base de données complète, qui représente comme majeur, est le transfert continu de
technologies de l’information dans leurs un élément clé dans l’exercice de notre acti- l’expertise du Groupe AXA Assurance vers
activités quotidiennes. Quels sont les vité. AXA Assurance Algérie. Il s’agit là, d’un mo-
avantages de l’utilisation des TIC par la Plus de sécurité dans la maitrise des teur de performance et de professionnalisa-
compagnie AXA dans l’amélioration des fraudes, grâce à une traçabilité et un histo- tion des équipes d’AXA Assurance Algérie
prestations de service? rique des actes de gestion. pour assurer la relève des potentiels et la
Mme Bourouba Amel : Dans le monde des pérennité de ses entités algériennes.
assurances, les TIC sont des outils de pro- En résumé, pour deux jeunes entreprises
duction indispensables au développement comme AXA Assurances Algérie Vie et AXA
et au bon fonctionnement de notre activité. Assurances Algérie Dommage, l’utilisation
Le groupe AXA a été précurseur, dans le d’un Système d’information performant per-
domaine,. Dès le début des années 1970, il met un pilotage efficace de ses activités au
a développé son propre système d’informa- quotidien, en minimisant les risques d’erreur
tion interne, qui a évolué en fonction des et en ayant une vision client unique pour une
exigences du marché, de l’activité et du qualité de service à la hauteur des stan-
client. dards internationaux du groupe AXA.
Dès le lancement de ses activités commer-
ciales en décembre 2011, AXA Assurance Quels sont les derniers projets en ma-
Algérie a fait le choix d’investir dans un Sys- tière du développement du service infor-
tème d’Informations performant en utilisant matique au niveau d’AXA Assurance?
le Système d’Informations du Groupe AXA Pour rester très compétitif et répondre au
pour s’appuyer sur son expertise et son effi- mieux aux besoins de nos clients et du mar-
cacité et optimiser les ressources. Ce Sys- ché, AXA en Algérie travaille sur le dévelop-
tème d’Informations a bien évidemment été pement de nouveaux projets, dont un projet
adapté au contexte du marché algérien, à majeur à moyen terme, qui consiste à com-
ses spécificités, à la réglementation en vi- Ces avantages que vous venez de citer pléter le système maitre par une plateforme
gueur et à la stratégie opérationnelle et ne font que renforcer votre présence en front office pour le réseau commercial.
commerciale d’AXA Assurance Algérie. Algérie, n’est-ce pas ? D’autres projets à venir seront déployés en
Aujourd’hui, il est complètement opération- Oui absolument, d’ailleurs, le Système d’In- fonction de l’évolution du marché des assu-
nel et efficace et présente de nombreux formations utilisé chez AXA Assurance Algé- rances en Algérie et du déploiement de
avantages : Il est multicanal, multi produits rie étant automatisé, il permet un gain de notre stratégie.
(vie et dommage) ; il est intégré et centralisé temps très appréciable, une augmentation
à tout le réseau commercial, ce qui permet de la productivité, de la performance et de S.B.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 37


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Compagnie Algérienne des Assurances (CAAT)


Cap sur les TIC pour améliorer
la qualité de service
L’exploitation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) ouvre, aujourd’hui, aux
compagnies d’assurance des perspectives de développement prometteuses. En effet, l’innovation est le moteur
des économies développées. Et si l’assurance tire naturellement profit du développement économique qu’elle
accompagne, elle peut également en être un moteur à condition d’innover comme l’ont démontré les premiers
assureurs.

Par Fatiha Aïd

C
ertes, innover est l’obsession grâce à son expérience dans la gestion des « Tous ce qui est informatique n’a d’intérêt
des services marketing dont sont risques et développe des produits adaptés que pour améliorer la qualité de service
désormais dotées la majorité des aux besoins des assurés. La CAAT, dau- des compagnies d’assurance », nous a
compagnies, mais toutes les di- phin des sociétés du marché national en déclaré M. Gasmi Abdelkader, chef de pro-
mensions de notre activité sont concer- terme de chiffre d’affaires (derrière la SAA), jet informatique au niveau de la CAAT. Pour
nées, au premier chef la stratégie : les figure parmi les compagnies qui accen- lui, l’utilisation des technologies de l’infor-
modes de commercialisation et les modali- tuent leurs efforts, de jour en jour, pour mation et de la communication est un fac-
tés d’organisation de la relation client améliorer la qualité de ses services, tout en teur essentiel dans le développement des
constituent également un champ d’innova- se basant sur les nouvelles technologies compagnies. « Nous essayons à notre ni-
tion très large. Acteur clé sur le marché des de l’information et de la communication. veau d’améliorer le système informatique.
assurances en Algérie, la Compagnie Algé- Les efforts de cette compagnie se sont tra- On a acquis l’ERP (un progiciel de gestion
rienne des Assurances (CAAT) participe au duits, en 2012, par la signature d’un contrat intégré) il y a six ans mais, qui est entré en
développement de l’activité d’assurance de partenariat stratégique avec le Groupe service en 2011. Ça s’améliore car, même
Algérie Télécom pour la réalisation de les utilisateurs nous ont aidé à l’adopter »,
solutions télécoms. La signature de ajoutera M. Gasmi avant de préciser :
ce contrat, fait suite aux nombreux «nous allons passer du système clé en
échanges entamés entre les deux main au serveur pour lancer la version
entités. L’objet du contrat porte sur Web très prochainement ».
l’acquisition et la mise en place d’une La refonte du système d’information et de
solution WAN (Wide Area Network, communication de la CAAT, qui s’inscrit
qui signifie réseau étendu), d’inter- parmi les actions prioritaires de la société,
connexion des sites de la CAAT, en est axée sur la finalisation de la mise en
sus de la réalisation des réseaux lo- place du progiciel de gestion intégré et de
caux LAN (Local Area Network, qui l’interconnexion des structures (siège et
signifie réseau local) de l’entité. réseau). Ces instruments de haute techno-
La mise en place du WAN consiste en logie permettront à la CAAT de réaliser un
l’interconnexion de tous les sites de la saut qualitatif fondé sur la fiabilité et la dis-
CAAT via le réseau IP-MPLS d’Algé- ponibilité de l’information. Conditions indis-
rie Télécom. Selon les explications pensables à la prise de décision.
fournies, il s’agit d’une architecture de «Nous voulons servir au mieux nos utilisa-
réseau distante WAN ouverte et sécu- teurs pour qu’ils puissent, de leur côté, ser-
risée, répondant aux normes en vi- vir au mieux les clients», conclura M. Gas-
gueur. La solution consiste en la mise mi.
en relation de 101 sites, notamment le
Siège de la Direction Générale (DG). F.A.

38 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 39


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Compagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance (CAAR)


Devis en ligne et bientôt des
applications mobiles sur Smartphone
Par Fatiha Aïd

A
l’instar des autres acteurs du
marché national des assurances
économiques, la Compagnie Al-
gérienne d’Assurance et de Ré-
assurance (CAAR) tente, avec tous les
moyens, d’être à la hauteur des besoins de
ses clients en matière de développement
de la qualité de service. Cette compagnie,
comme d’autres, a bien compris que l’utili-
sation des technologies de l’information et
de la communication (TIC) est l’une des
solutions clés pour atteindre ses objectifs.
Convaincus des enjeux liés à l’usage des
TIC, les dirigeants de la CAAR ont misé sur
les dernières innovations technologiques,
en matière notamment de solutions infor-
matiques, dans le but, justement, d’offrir de qui est de l’application des TIC afin d’assu- La CAAR compte 1.783 employés à fin
meilleurs services sécurisés à leurs clients. rer la qualité de service », affirme M. Men- 2010 sur le réseau direct (salariés de la
Un matériel et des équipements informa- sour Mohamed Anis, ingénieur en informa- Compagnie), et 129 agences dont 41
tiques modernes ont été acquis par la tique à la CAAR. agents généraux agréés. Les principaux
CAAR qui utilise, depuis 2007, un progiciel produits d’assurance commercialisés sont
qui permet une gestion décentralisée des Selon M. Mensour, plusieurs projets de l’assurance des biens : automobile, habita-
opérations techniques d’assurance, d’une partenariat sont en cours de discussions tion, risques industriels, petites et
façon continue. Le progiciel gère tous les avec des opérateurs spécialisés dans le moyennes entreprises, commerce et trans-
produits commercialisés par la compagnie domaine des TIC pour, justement, amélio- port, etc. La réassurance concerne les
selon un référentiel unique pour l’ensemble rer davantage les prestations de services gros risques et les placements financiers
du réseau de distribution et son architec- de la compagnie. (bons du trésor, participations au capital,
ture lui permet de s’adapter à toutes les etc.).
tailles des organisations. La CAAR, qui cherche à consolider sa po- Comme les autres compagnies de par le
Par ailleurs, la CAAR propose déjà à ses sition sur la troisième marche du podium monde, la CAAR développe une activité
clients des devis en ligne et prépare le lan- du marché national des assurances et à dynamique de placements financiers. La
cement d’applications mobiles sur Smart- développer son business, a réalisé un démarche suivie, en la matière, repose sur
phone. chiffre d’affaires de 16 milliards de dinars les principes de sécurité des placements et
«Nous essayons de faire de notre mieux en 2012. Les fonds propres de la compa- de rentabilité.
pour être à jour concernant les technolo- gnie ont également fortement évolué pour La structure des placements financiers de
gies de l’information et de la communica- atteindre 17,4 milliards de dinars en 2013, la CAAR répond aux obligations réglemen-
tion. Nous sommes déjà parvenus à nous renforçant ainsi son assise financière et sa taires prévues par la législation algérienne.
mettre aux normes internationales pour ce solvabilité. F.A.

40 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 41


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

CAARAMA Assurance

Les TIC pour soutenir l’essor


des assurances de personnes
Par Fatiha Aïd

S
olutions incontournables, les nou-
velles technologies de l’informa-
tion et de la communication (TIC)
constituent une aubaine pour les
entreprises en général, et les sociétés
d’assurances en particulier qui aspirent à
devenir plus concurrentielles, à générer
plus de chiffre d’affaires et à acquérir les
connaissances nécessaires pour des déci-
sions éclairées, une gestion saine des
risques et une rentabilité accrue. Pour les
clients, c’est une invitation à découvrir et à
explorer de nouvelles opportunités. Pour CAARAMA Assurance, l’enjeu de En procédant à la création de CAARAMA
C’est pourquoi la compagnie CAARAMA l’investissement dans les dernières tech- Assurance, la CAAR a mis à sa disposition
Assurance tente à chaque occasion qui se nologies de l’information et de la communi- tous les moyens et toute la logistique né-
présente d’améliorer son système informa- cation va au-delà du besoin modernisation cessaire à même de lui assurer un déve-
tique pour être à jour avec les nouvelles et de mise à niveau technologique des loppement rapide et une croissance soute-
technologies qui s’offrent en Algérie. moyens matériels de gestion, il constitue nue sur un marché très prometteur. En fait,
Pour Riad Mechti, le directeur du système une garantie de consolidation de sa posi- CAARAMA Assurances a été le fruit d’une
informatique de CAARAMA Assurance, tion de leader sur un marché prometteur et réflexion approfondie et d’une préparation
l’utilisation des TIC est primordiale, ceci est à fort potentiel de développement. minutieuse qui permettent de montrer
d’autant plus pour CAARAMA Assurance En 2012, le chiffre d’affaires de la Société a qu’elle découle, au-delà du caractère obli-
qui, souligne-t-il, est en train d’impulser une atteint un peu plus de 1,7 milliards de di- gatoire de la filialisation, d’un choix straté-
nouvelle dynamique au marché des assu- nars. Avec une telle production, CAARA- gique. En effet, pour la CAAR, la filialisation
rances de personnes qui devrait enregis- MA Assurance est parmi les sociétés domi- des assurances de personnes revêt un
trer un essor après s’être affranchi des nantes du marché des assurances de caractère stratégique.
contraintes et des limites imposées par personnes en Algérie. Pour la compagnie mère, la filialisation des
l’activité multibranches. Notons que CAARAMA Assurance est une assurances de personnes constitue le
«Vous savez, nous les informaticiens, on a filiale à 100% de la CAAR. Elle a été créée meilleur moyen de développer ce segment
tendance à demander beaucoup aux diri- en février 2011 et a obtenu son agrément des assurances qui reste insuffisamment
geants», déclare M. Mechti, qui estime que auprès du ministère des Finances, par ar- exploité en dépit d’un fort potentiel existant.
CAARAMA Assurance a besoin et doit dé- rêté du 9 mars 2011. Dotée d’un capital Elle reste la meilleure démarche en vue de
velopper son système informatique pour social d’un (01) milliard de DA et d’un siège se doter d’un outil de pénétration d’un mar-
être à jour par rapport à l’utilisation des social au Centre des Affaires d’El Qods ché exigeant en termes d’innovation, de
technologies de l’information et de la com- Chéraga, à Alger, la société est opération- marketing, de communication et d’ingénie-
munication, afin dira-t-il d’«améliorer nos nelle depuis le 1er juillet 2011. rie financière.
prestations de services». F.A.

42 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

M. Meziane Omar, directeur informatique de la CNMA


« La réalisation de notre réseau
Intranet va bientôt démarrer »
La mutation technologique au sein de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) se poursuit. Un projet de
création d’un réseau Intranet, qui sera mis progressivement en place avec Algérie Télécom, est en cours de
réalisation. Le directeur informatique de la CNMA, M. Meziane Omar explique, dans cet entretien, l’importance
qu’accorde la mutuelle des agriculteurs aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC).

Entretien réalisé par Ali Mebarki

Revue de L’ASSURANCE : Quels sont Quelles seront les nouveautés atten-


les domaines d’utilisation des TIC au dues par ce réseau ?
sein de la CNMA ? Actuellement, il y a déjà une remontée d’in-
M. Meziane Omar : La direction de la formation, mais le réseau actuel utilise une
CNMA accorde beaucoup d’importance à liaison classique. Avec le nouveau sys-
l’utilisation et au développement des TIC tème, on va passer à des liaisons adaptées
au sein de la société. Nous avons une de- aux services. Du point de vue de l’activité,
mande pour faire en sorte que ces moyens nous avons déjà un système d’information
technologiques soient largement diffusés. mais, on travaille pour son renouvellement.
C’est une instruction destinée à toutes les L’objectif est d’arriver, avec Algérie Télé-
structures de notre société, appelées à re- com, à mettre en place une plate-forme
centrer leurs efforts sur l’utilisation des TIC. sécurisée, et j’insiste sur ce qualificatif.
Ainsi, on pourra aider nos Caisses régio-
Comment allez-vous mettre cette straté- nales et quand on aura besoin d’informa-
gie en pratique ? tion, celles-ci nous les feront parvenir dans
Pour parvenir à cet objectif, nous allons des délais record.
bientôt concrétiser une convention signée
avec Algérie Télécom. Elle prévoit de Pouvez-vous nous décliner d’autres Où en est le projet à l’heure actuelle ?
mettre en place un Intranet au sein de la exemples d’utilisation du réseau La réalisation de notre projet de réseau In-
CNMA. Ce projet de réseau Intranet va Intranet ? tranet est prévue en trois phases. Dans
permettre à la direction générale de la so- A titre d’exemple, si un responsable veut deux mois, on commencera par relier les
ciété de disposer d’un lien avec les Caisses réunir des directeurs régionaux, on peut se structures centrales. La deuxième étape
régionales (CRMA), via une liaison effi- servir de la vidéo conférence, ce qui éco- interviendra, deux à trois mois plus tard, et
cace, rentable et sécurisée. nomise les frais de déplacement et de sé- concernera l’extension du réseau Intranet
jour à Alger, ainsi qu’une économie de vers les 66 Caisses régionales. Ce sera
Le projet va-t-il s’arrêter à cette étape ? temps. Il y a aussi la possibilité d’effectuer alors 90% de nos problèmes qui seront
Il y aura une deuxième phase pour établir des formations pour de petits groupes, à réglés. La troisième et dernière phase,
un lien entre les Caisses régionales et les travers la visioconférence. quant à elle, prendra plus de temps, parce
bureaux locaux dont le nombre est de plus qu’il sera question de connecter les 400
de 400 points disséminés à travers le terri- Qu’en est-il de la messagerie ?
bureaux de la compagnie. Ce n’est
toire national. La CNMA sera, ainsi, reliée C’est vrai aussi qu’il y a la messagerie via
qu’après l’achèvement de cette dernière
aux Caisses régionales et ces dernières le Intranet et qui ne sert pas qu’à transmettre
phase du projet, que nous parviendrons à
seront avec les bureaux régionaux. des mails. Plus de 90% des courriers qu’on
réceptionner notre Intranet dans sa totalité
envoie par fax pourront être transmis par
messagerie Intranet. .A.M.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 43


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Nouveau au Mutualiste
Un site web qui facilite au client
l’accès aux produits
Le Mutualiste, société d’assurances de personnes, filiale de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), se
lance le défi, à travers les technologies de l’information et de la communication (TIC), de garantir une visibilité
permanente de la spécificité du statut mutualiste et du cœur de métier que sont les travailleurs de la terre. C’est
une jeune équipe qui est chargée d’appliquer la politique de la direction générale en matière technologiques chez
Le Mutualiste.

Entretien réalisé par Ali Mebarki

M
. Bakaïl Amine, chef de service D’autres innovations vont suivre, selon font par mail, mais on projette la mise en
communication et M. Khali Ab- Abdellah Khali. « On ajoutera une applica- place, dans un futur proche, d’une plate-
dellah, webmaster, expliquent tion pour diriger les visiteurs de notre site forme Intranet qui facilitera davantage
qu’en matière des TIC, le site sur les sites utiles », dit-il, tout en précisant cette communication avec les agences et
Internet de la compagnie décline toutes les que des liens vont renvoyer vers les institu- les caisses régionales », ajoutent nos deux
offres et tous les produits, qu’ils soient des- tions comme le ministère des Finances, la interlocuteurs.
tinés aux particuliers ou aux entreprises. Caisse nationale de mutualité agricole
(CNMA), l’Union algérienne des sociétés La compagnie fait déjà beaucoup de cam-
Le site de la société Le Mutualiste est ré- d’assurance et de réassurance (UAR) ou pagnes de sensibilisation en direction du
cent puisqu’il a été lancé depuis début encore, le Conseil national des assurances monde agricole, en collaboration avec les
2014 seulement, mais, cette compagnie (CNA). Directions des services agricoles (DSA), le
compte générer une valeur ajoutée alors mouvement associatif, l’Union nationale
qu’au même moment « on facilite au client Plus tard, il n’est pas exclu d’ajouter des paysans algériens (UNPA) et les
d’accéder aux produits qu’il recherche », d’autres données pour accéder à une infor- Chambres agricoles des wilayas, ce qui
est-il indiqué par nos interlocuteurs. mation claire et rapide sur la législation en met en avant l’importance et le rôle des TIC
matière d’assurance et de réassurance. parmi la panoplie des moyens de commu-
Ces derniers promettent qu’il y aura des Ces améliorations ne sont que le fruit d’un nication qui se présente.
améliorations « afin de mieux ressortir le long travail qui a nécessité plusieurs étapes
caractère mutualiste de la compagnie tout afin d’aboutir à la version actuelle du site. Ainsi, les TIC trouveront leur place à côté
en accordant plus d’importance à la clien- des autres moyens de communication, que
tèle privilégiée, à savoir les agriculteurs ». Le site a pu ainsi renfermer tout le contenu sont les médias écrits et audiovisuels, avec
nécessaire et « on arrivera à un devis en l’animation au niveau des Caisses régio-
ligne » comme « il y a déjà une simulation nales des réunions publiques et de distri-
pour l’assurance voyage », est-il expliqué. bution des dépliants ou des campagnes
d’affichage au niveau de toutes les
Avec une plate-forme adéquate, la compa- Chambres d’agriculture des wilayas et aux
gnie peut même passer au paiement en endroits où se trouvent les agriculteurs.
ligne, comme il peut aussi y avoir des appli-
cations de géolocalisation, assurent-ils. C’est de cette manière que Le Mutualiste
peut contribuer à la couverture en assu-
Mais, avant de passer à ces étapes, il est rances de personnes du monde agricole
signalé, d’ores et déjà, que toutes les fonc- qui est son objectif et son cœur de métier.
tions au sein de la société Le Mutualiste
sont informatisées. « Tous les contacts se A.M.

44 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 45


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

MAATEC
Un nouveau système
d’information implémenté
La MAATEC accompagne la recherche de performance de sa gestion par l’implémentation
d’un service d’information.

Entretien réalisé par Ali Mebarki

A
insi avec le système d’informa- taires. Les sociétaires dans le cadre du Une fois que la MAATEC aura l’autorisa-
tion « MAASSUR », plusieurs secteur de l’éducation sont de plus de tion de couvrir ces risques, la mutuelle
améliorations ont été opérées en 200.000 sociétaires (enseignants et institu- d’assurance participera à l’équilibre du
matière de gestion technique, teurs) sans compter les autres employés. marché, selon M. Yahiaoui.
notamment le volet production, nous a indi- La MAATEC a un potentiel dans les sec-
qué son directeur général, Mohamed Ya- teurs de l’Education, la Formation profes- La MAATEC poursuit ainsi l’objectif de ré-
hiaoui. Il ajoute que pour le volet sinistre sionnelle, l’Enseignement supérieur, Sport pondre à l’avenir aux demandes des socié-
entamé fin 2013, ce dernier est en cours de et Culture, l’Information et la Communica- taires qui ne cessent pas de réclamer la
finalisation. Reste un troisième volet qui va tion qui dépasse 500.000 sociétaires. Se- couverture de la RC écolier.
être entamé. C’est la migration des don- lon le DG, « si on compte la Responsabilité Pour les objectifs de la mutuelle en matière
nées techniques vers le module comptable civile (RC) écolier, le potentiel est de plus de risque automobile, « on a un projet en
à travers l’outil « génération automatique » de 10 millions de sociétaires ». cours de finalisation pour augmenter le
permettant l’élaboration des états finan- capital assuré avec une couverture en ré-
ciers pour une clarté meilleure et une gou- assurance et ce dans l’intérêt des socié-
vernance maîtrisée. Ainsi, il est à signaler taires », dit-il.
que la remontée des données (l’informa-
tion) est journalière de l’agence vers les En 2015, la MAATEC compte avoir tous les
directions régionales puis vers la DG. produits qui seront visibles sur son site
Internet afin d’informer davantage les so-
Selon le premier responsable de la compa- ciétaires contre trois ou quatre produits
gnie, il s’agit d’une remontée pyramidale actuellement. Infographes et informaticiens
permettant un contrôle technique et finan- sont en train de relooker le site.
cier rigoureux. De cette manière, les direc-
tions régionales interviennent quotidienne- Pour l’instant, les agences sont toutes
ment afin d’assurer la remontée fiable des connectées à Internet (outil indispensable
données vers la Direction générale. Un ta- pour la remonté journalière des données)
bleau de bord journalier est alors élaboré et le DG pense à innover prochainement
au niveau des agences retraçant l’activité avec de nouvelles applications sur Face-
technico-financière et fait l’objet de contrôle book et d’autres réseaux sociaux pour at-
et consolidation au niveau des directions teindre de nouvelles cibles ou renforcer sa
régionales et au niveau de la DG. Pour ce faire, la MAATEC souhaite avoir à présence dans celles déjà existantes.
l’avenir une autorisation lui permettant la
Tout ce système d’information est néces- couverture des autres risques « produits » Le site offre déjà des possibilités de simuler
saire pour gérer la compagnie passant de de l’assurance. Selon les prévisions pour la un devis, mais la souscription attend
8.000 sociétaires en 2011, à 17.000 en RC écolier, le chiffre d’affaire dépasse 2 toujours l’apparition d’applications néces-
2012 et à plus de 48.000 en 2013. L’objec- milliards de dinars sans compter la RC pro- saires.
tif à court et moyen termes est de doubler fessionnelle dont les prévisions avoisinent
ce chiffre et arriver à avoir 100.000 socié- 1 milliards de dinars. A.M.

46 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

M. Grar Younès, Expert-Consultant en Technologies de l’Information


et de la Communication
« Les TIC permettent une meilleure gestion
et une communication de proximité »
Dans cet entretien, M. Grar Younès qui a créé le premier provider privé en Algérie «Gecos», dans les années 1990,
et dont l’expérience dans les télécoms est reconnue sur le plan international, nous livre son éclairage sur
l’importance de l’utilisation des TIC dans le domaine des assurances. Selon lui, une société d’assurances peut
présenter ses activités, ses services, ses produits, ses promotions, son historique, ses points de présence, des
outils de simulation pour obtenir un devis, ainsi que des multitudes de services à travers les différents supports
des TIC.

Entretien réalisé par Fatiha Aid

l’adoption et l’usage des TIC. Ce retard est Est-ce une bonne solution?
dû à la méconnaissance de ces TIC par Vu la concurrence sur le marché, les com-
des responsables. Ils pensent qu’elles ne pagnies d’assurances doivent innover pour
servent à rien, qu’elles sont coûteuses, mieux se rapprocher de leurs clients et être
compliquées à exploiter, génèrent des à l’écoute de leurs préoccupations. Internet
coûts et des tracasseries supplémentaires, est un moyen de communication extraordi-
ne sont pas très déployées chez les clients naire pour une compagnie pour tisser des
et fournisseurs, etc. Un travail de vulgarisa- relations très étroites et efficaces avec ses
tion et de sensibilisation doit être entrepris clients.
pour montrer ce que peut apporter ces Des compagnies d’assurance ont opté
technologies à une entreprise pour une pour des sites web pour se faire connaitre
gestion interne plus efficace, une meilleure et présenter leurs différents services et
communication entre les différents ser- offres. Par contre, certains chefs d’entre-
vices, et une écoute plus proche de ses prises pour justifier leur manque d’intérêt à
clients, etc. Internet, évoquent les difficultés liées à
Il est nécessaire de montrer ce que perd l’ADSL par exemple, son faible déploie-
l’entreprise en s’éloignant de ces nouveaux ment, sa mauvaise qualité et son coût éle-
outils, comparés à leurs coûts qui ne sont vé que ce soit pour l’entreprise, elle-même,
pas très élevés, contrairement à ce que mais surtout pour les citoyens et les clients.
pensent beaucoup de chefs d’entreprises. L’autre cause citée est la cherté des micro-
Des études comparatives entre des entre- ordinateurs, des logiciels et des acces-
prises utilisatrices et non utilisatrices des soires qui vont avec. Avec l’introduction
Revue de L’ASSURANCE : les sociétés TIC doivent être élaborées pour montrer des smartphones et des tablettes et les
d’assurances algériennes ne profitent l’effet et l’apport des TIC dans la bonne nouvelles technologies mobiles de
pas encore de toutes les possibilités gestion d’une entreprise et surtout sa sur- connexion à Internet (3G et 4G), ces justifi-
qu’offrent les nouvelles technologies vie face à la rude concurrence du marché. catifs ne tiennent plus la route. Grâce au
de l’information et de la communication lancement de la 3G en Algérie, des cen-
(TIC). Pourquoi à votre avis? La plupart des compagnies d’assu- taines de milliers, si ce n’est des millions
M. Grar Younès : les compagnies d’assu- rances disposent de sites web, et d’utilisateurs, ont pu découvrir et savourer
rances sont à l’image des entreprises et d’autres ont lancé ou envisagent Internet et ses différentes applications.
des administrations algériennes qui de lancer des applications sur
connaissent un retard remarquable dans les smartphones et les tablettes.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 47


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

A titre d’exemple, l’ADSL après 10 ans de sibilité de cibler le client en sachant exacte- Quels sont les avantages de l’utilisation
son lancement n’a pu dépasser le cap de ment son activité, son intérêt, ses besoins, des TIC dans ce domaine?
1,5 millions d’abonnés, alors que la 3G a etc. A travers une application mobile, une com-
dépassé largement ce cap en moins de 6 Les réseaux sociaux (Facebook, YouTube, pagnie d’assurance peut présenter ses
mois de son lancement. Ces technologies Twitter, etc.) sont aussi des outils très effi- activités, ses services, ses produits, ses
mobiles sont devenues à la portée de caces pour communiquer avec les clients, promotions, son historique, ses points de
chaque utilisateur. On retrouve actuelle- garder ses contacts et les fructifier et sur- présence, des outils de simulation pour
ment sur les smartphones, plusieurs appli- tout, aussi, parce que ces réseaux sociaux obtenir un devis, ainsi que des multitudes
cations liées à la vie du citoyen. C’est pour sont disponibles sous forme d’applications de services.
cela que les compagnies d’assurances ont sur smartphones. A titre d’exemple, la moi- Vu que l’application mobile est liée au
pensé à utiliser ces nouveaux terminaux tié des abonnés Facebook utilisent ce ré- smartphone du client, la compagnie d’as-
pour communiquer avec leurs clients, en seau à travers leurs mobiles. C’est pour surances peut lui envoyer une alerte ou
développant des applications mobiles spé- cela qu’il est nécessaire de se pencher sur une notification automatique pour l’infor-
cifiques. ce type de réseaux pour bien les exploiter mer de l’arrivée à terme de son contrat et
A la différence du site web accessible à tra- dans une nouvelle manière de gérer son l’inviter à le renouveler, lui demander une
vers Internet d’une façon plus ou moins entreprise. information additionnelle pour son dossier,
anonyme, l’application mobile offre la pos- l’informer d’une promotion, d’un nouveau
service, etc.
A travers le GPS, le client peut être orien-
tée par l’application vers le bureau régio-
nal le plus proche et comment l’atteindre
par véhicule ou à pied. Ces outils de com-
munication rapides et efficaces peuvent
être exploités par la compagnie pour
mieux gérer son réseau de bureaux lo-
caux [agences, NDLR] et partenaires
pour faire aboutir des informations et éga-
lement pour récupérer des données né-
cessaires à la gestion et à la survie de la
compagnie.
La compagnie d’assurances pourra déve-
lopper une application mobile générale
téléchargeable par tous les clients et aus-
si une application mobile interne utilisable
par les agents, le personnel, les repré-
sentants, les bureaux de liaison, etc.,
avec des services et des fonctionnalités
liées au fonctionnement interne de la
compagnie. Par exemple, si la compa-
gnie veut informer ses agents répartis sur
tout le territoire d’une nouvelle offre pro-
motionnelle, en utilisant le fax ou le télé-
phone, ça lui coûtera une centaine de DA
par agent ; alors qu’avec l’application
mobile le coût est presque nul et avec une
qualité meilleure, sans limite dans le
nombre de pages, la quantité d’informa-
tions, le type multimédia, etc. Un gain
énorme sera réalisé avec une rapidité de
diffusion proche du temps réel et une
qualité meilleure, si la compagnie opte
pour ces nouvelles technologies.

48 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Focus : les Assurances à l’heure des TIC

Vous conseillez, donc, aux compagnies


d’assurances qui veulent améliorer
leurs prestations de service, d’investir
dans l’utilisation des TIC, et de dévelop-
per des collaborations avec les opéra-
teurs de téléphonie mobile ?
Exactement, il est important que les com-
pagnies d’assurances adoptent les TIC
pour une meilleure gestion en interne et
une communication de proximité efficace
et rapide avec leurs clients. Les clients sont
très exigeants sur la qualité des services,
et face à la concurrence, il est difficile pour
une compagnie de garder ses clients si elle
communique peu ou mal avec eux.
Internet a révolutionné la manière de gérer,
de vendre ses services et ses produits et
surtout, de communiquer avec ses clients.
Avec l’introduction de la 3G, les technolo-
gies mobiles ont ouvert un champ d’action
et des opportunités extraordinaires pour
les entreprises et les citoyens. cation mobile de la compagnie d’assu- de l’opérateur mobile, d’où la nécessité
Les opérateurs mobiles ont un rôle à jouer rances par défaut sur le smartphone ou sur d’une collaboration étroite pour un partena-
pour l’adoption de ces technologies son store pour être facilement téléchargée. riat gagnant/gagnant entre les deux sec-
par les compagnies d’assurances. A titre Les agents et les clients de la compagnie teurs.
d’exemple, l’opérateur peut inclure l’appli- d’assurances sont une partie des abonnés F.A.

Bio-express de Grar Younes

M
.Grar Younes est ingénieur d’Etat de l’INELEC de Boumerdès en 1985, puis magister en cybernétique du Centre de
développement des technologies avancées (CDTA), en 1990, où il a occupé le poste de chef de Laboratoire architecture
des systèmes.

En septembre 1997, il a dirigé l’ISP privé GECOS. Il a contribué notamment à la création de plusieurs associations professionnelles
en rapport avec l’utilisation et le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (AAFSI,
AITA, AFICTA, IJMA3, ARISPA). Il a été vice-président du Collège international de l’AFNIC.

En juillet 2008, il est nommé au poste de conseiller du Ministre de la Poste et des TIC, chargé de l’élaboration du programme «
e-Algérie 2013».

En Octobre 2010, il rejoint l’entreprise AnimApp Algérie spécialisée dans le développement des applications mobiles, où il occupe
le poste de Directeur Général.

Depuis Octobre 2011, il occupe le poste de consultant IT chez un certain nombre d’entreprises.

Il a été désigné comme personnalité du web pour l’année 2012 lors de l’évènement Algeria Web Awards.
A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, M. Younes Grar a été choisi parmi les 50 personnalités qui ont marqué
l’économie algérienne pendant les 50 années d’indépendance.

M. Grar Younes est âgé de 55 ans, marié et père de deux filles et de deux garçons.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 49


Portrait

Reyda Farid Benbouzid


Une figure emblématique
des assurances algériennes
Malgré son âge avancé, il aura bientôt 73 ans, Reyda Farid Benbouzid trouve toujours la force de continuer à pro-
diguer ses précieux conseils. Nous l’avons rencontré un après-midi du mois de juillet, au siège de la TRUST Assu-
rance à Alger. En pleine séance de travail, il a bien voulu marquer une pause, le temps pour nous de lui poser
quelques questions qui nous permettront de tirer le portrait de l’une des figures emblématiques des assurances
algériennes.

Par Mohand Redaoui

A
vant d’aller à la rencontre de
notre hôte, on savait, de
réputation, à qui on aura affaire :
un personnage historique,
passionné par son métier, dont nous
devions retracer le parcours, et quel
parcours ! Reyda Farid Benbouzid est un
acteur de premier plan, et en même temps
un témoin vivant de l’histoire des
assurances algériennes.

Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de


Paris, de l’École Nationale d’Assurance et
de L’École des Études de Développement
Économique et Social de Paris, Reyda
Farid Benbouzid a commencé sa carrière
en 1963 au ministère des Finances, qui
l’avait recruté en tant qu’administrateur,
alors qu’il était âgé d’à peine 24 ans. En « quand j’étais jeune, j’ai vu un document une situation compliquée. Pour combler le
1966, son employeur décide de le détacher qui liste des métiers que les gens ambi- vide, le ministère des Finances, qui était à
au profit de la CAAR, c’est le début d’une tionnent de faire, entres autres, celui de la recherche de candidats, m’avait fait la
brillante carrière dans les assurances, une chirurgien, d’ingénieur, médecin, etc. Le proposition d’intégrer le secteur. C’est
profession pour laquelle Reyda Farid Ben- métier d’assureur était classé en 53e posi- comme ça que je suis rentré dans les assu-
bouzid ne se prédestinait pourtant pas au tion, juste avant celui de berger !», c’est rances». Entré par devoir dans les assu-
départ. dire qu’à l’époque, notre interlocuteur rances, le jeune Reyda finira par aimer le
« Après mon diplôme de l’Institut d’Etudes n’était pas trop chaud à l’idée de travailler métier, jusqu’à en devenir un passionné.
Politiques de Paris, si on m’aurait dit d’aller dans les assurances. Finalement, ce qui semblait être un mau-
travailler pour les assurances, je n’aurais vais choix au départ, est devenu, par la
jamais accepté ! », raconte Reyda Farid Pourquoi le jeune Reyda a changé d’avis suite, une chance reconnait Reyda Farid
Benbouzid, une manière, pour lui, d’expli- et a fini par accepter de s’engager dans les Benbouzid : « au départ je n’étais pas trop
quer qu’il n’est pas rentré dans le secteur assurances ? Pour des raisons pratiques, pour, mais par la suite je me suis rendu
des assurances par vocation. Pour mieux explique-t-il : « après le départ des compa- compte de la chance que mon pays m’a
rendre compte de son état d’esprit de gnies françaises qui ont décidé d’abandon- offert d’intégrer un marché devenu vierge
l’époque, il nous relate, avec une pointe ner le pays, emportant même avec elles et où tout était à reconstruire après le dé-
d’humour, ce petit récit anecdotique : les réserves, l’Algérie s’est retrouvé dans part des compagnies françaises ».

50 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Portrait

Ces dernières pensaient que jamais les Reyda Farid Benbouzid a joué un grand nement régional. Il est également à l’ori-
Algériens n’arriveront à faire redémarrer le rôle dans la reconstruction et la renais- gine de la création en 2008 de Salama As-
secteur tombé en panne. Un défis que sance du secteur national des assurances. surance Algérie, spécialisée dans la
Reyda Farid Benbouzid et ses collègues finance islamique.
du secteur finiront par relever, en relançant En 1982, Reyda Farid Benbouzid quitte la
le marché des assurances sur de nou- SAA et retourne au ministère des Finances Reyda Farid Benbouzid siège dans plu-
velles bases nationales, bâties autour de la comme conseiller au Cabinet du ministre. sieurs conseils d’administration de compa-
SAA, de la CAAR et des deux mutuelles de Après un bref passage à la Banque d’Algé- gnies d’assurance et de réassurance à ca-
l’éducation et de l’agriculture (la Maatec, et rie, en tant que vice-gouverneur, il finit par pitaux arabes des pays arabes du Golfe.
la CCRMA, l’ancêtre de la CNMA). prendre sa retraite de cadre de l’Etat en Son expertise est mondialement reconnue.
1984, à l’âge de 42 ans. Il est souvent invité pour exposer son expé-
Après avoir intégré la CAAR en 1966, l’an- rience dans les rencontres et les sympo-
née de la nationalisation du secteur des Nouvelle carrière siums internationaux qui traitent de l’assu-
assurances, Reyda Farid Benbouzid gra- Après cette sortie précoce, Reyda Farid rance et de la réassurance, tant universelles
vira, au fil des années, les échelons et oc- Benbouzid entamera une nouvelle carrière qu’islamiques.
cupera divers postes de direction, dont ce- à Tunis, en devenant le premier président
lui de de Directeur Général de la compagnie du Conseil d’administration de l’Institut de Reyda Farid Benbouid a beaucoup voyagé
de1970 à 1971. En janvier 1972, il quitte la financement du développement du Ma- aux quatre coins du globe, mais il a très
CAAR pour aller prendre la direction de ghreb (IFID), fruit de la coopération algéro- peu visité, du fait de ses obligations profes-
l’autre compagnie historique, la SAA qu’il tunisienne, au sein duquel il enseignera sionnelles. Aujourd’hui, il rêve d’entre-
dirigera durant dix longues années. pendant une quinzaine d’année. prendre un vrai voyage dans le monde, un
voyage de découverte, loin des salles de
Témoin des grands bouleversements vécu A Tunis, Reyda Farid Benbouzid, enrichira conférences des hôtels cinq étoiles où il a
par le secteur national des assurances son expérience en investissant le secteur l’habitude de présenter ses communica-
(départ des compagnies françaises, institu- de la réassurance. Il crée en 2005 Best- tions aux publics des assurances.
tion du monopole de l’Etat en mai 1966, Ré, une compagnie spécialisée dans la
spécialisation des compagnies en 1976), réassurance, qui connaitra un grand rayon- M.R.

Parcours de Reyda Farid Benbouzid


1942 : Naissance à Fès au Maroc
1963 : Recruté comme administrateur par le ministère des Finances
1966 : Détaché à la CAAR en tant que cadre dirigeant
1972 : Nommé DG de la SAA
1982 : Quitte la SAA. Nommé conseiller au cabinet du ministre des Finances
1983 : Nommé vice-gouverneur de la Banque Centrale d’Algérie
1984 : Départ en retraite à 42 ans. Il est président du Conseil d’Administration de l’IFID
2005 : Crée Best Re à Tunis
2008 : Crée Salama Assurance Algérie

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 51


Analyse

Evolution du marché de
la réassurance
(2009-2012)
Par Hamida Benmoumene*

R
ecourir à la réassurance est une condition sine qua non la réassurance internationale.
pour une meilleure couverture des risques majeurs assurés Cette dernière comprend :
par les sociétés d’assurances.  L’importation de couvertures en réassurance pour les risques
nationaux ;
La réassurance, appelée parfois assurance secondaire, ne peut  L’exportation d’assurance à travers la souscription d’affaires
exister sans l’étape préliminaire du transfert de risque que en acceptation internationale.
représente l’assurance primaire.
L’activité d’assurance comporte donc une seconde activité appelée Dans ce qui suit, nous allons examiner l’évolution de la réassurance
«réassurance» dont une partie est orientée vers l’étranger : en Algérie pour la période allant de 2009 à 2012 :

STRUCTURE DU MARCHÉ DE LA RÉASSURANCE (2009-2012)

2009 2010 2011 2012


en milliers de dinars
Evol Evol Evol Evol
PRIMES PRIMES PRIMES PRIMES
2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012

AFFAIRES
NATIONALES
25 132 576 11,2% 27 379 735 8,9% 25 202 570 -8,0% 28 147 000 11,7%
(Cession des sociétés
d’assurances)

AFFAIRES
INTERNATIONALES
(Acceptations 778 000 18,8% 639 000 -17,9% 819 000 28,2% 1 212 000 48,0%
internationales
de la CCR exercice n)

TOTAL 25 910 576 11,4% 28 018 735 8,1% 26 021 570 -7,1% 29 359 000 12,8%

Le volume total des primes cédées en réassurance passe de 25,1 sionnant, ainsi, une forte progression de 55,8% ; ce qui peut s’ex-
milliards de dinars en 2009 à 28,1 milliards de dinars en 2012, en pliquer par la rentabilité des conditions de couverture offertes par
évolution de 12,0 %. le réassureur national et l’effort commercial fourni par ce dernier
Les acceptations internationales, quant à elles, passent de 778 pour approcher de nouveaux clients.
millions de dinars en 2009 à 1,2 milliards de dinars en 2012 occa-

52 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Analyse

STRUCTURE DES ACCEPTATIONS NATIONALES DE LA CCR PAR BRANCHE

2009 2010 2011 2012


En milliers de dinars
Prime Part Prime Part Prime Part Prime Part

Incendie 1 775 000 21,5% 1 920 000 20,9% 4 825 000 38,0% 5 684 000 37,2%

Engineering 2 112 000 25,6% 2 564 000 28,0% 2 799 000 22,1% 4 093 000 26,8%

Corps maritime 623 000 7,5% 599 000 6,5% 542 000 4,3% 585 000 3,8%

Aviation 1 180 000 14,3% 1 408 000 10,0% 1 393 000 11,0% 1 325 000 8,7%

Facultés 1 052 000 12,7% 921 000 9,1% 959 000 7,6% 1 010 000 6,6%

Accident et RD 630 000 7,6% 836 000 9,1% 1 235 000 9,7% 1 557 000 10,2%

CAT-NAT 892 000 10,8% 925 000 10,1% 937 000 7,4% 1 014 000 6,6%

TOTAL 8 264 000 100% 9 173 000 100% 12 690 000 100% 15 268 000 100%

Le volume des acceptations nationales de la Compagnie centrale Pour la période allant de 2009 à 2012, c’est la branche «Incendie»
de réassurance - CCR - (toutes branches confondues) passe de qui marque la plus nette évolution (+220%).
8,3 milliards de dinars en 2009 à 15,3 milliards de dinars en 2012, En 2012, les acceptations nationales par branches sont structu-
en forte progression de 85%. rées comme suit :

En matière d’indemnisation et au titre de l’exercice 2012, la CCR a réglé un montant de 3,1 milliards de dinars en progression de 70%
comparativement à l’exercice 2011.

*Cadre au CNA

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 53


Analyse

Sociétés d’assurance de personnes

L’effort de recrutement
et de formation
Par Salim Benhadj*

R
endue obligatoire par la loi 06-04 du 20 février 2006 et mise départs de certaines ressources. A noter que les actions de
en œuvre officiellement depuis juillet 2011, la séparation recrutement s’inscrivent dans le long terme, puisque 86% des
entre « Assurances de Dommages » (AD) et « Assurance postes pourvus étaient en (Contrat à Durée Indéterminée. Par
de Personnes » (AP) a eu le mérite de voir le marché des ailleurs, 76,5% des recrutements se sont fait dans la tranche d’âge
assurances accueillir six nouvelles sociétés1. Ces dernières 25-45 ans, permettant ainsi de prendre option sur la jeunesse de
fraichement créées, et venues s’ajouter à la seule société AP déjà l’effectif (le noyau fondateur étant issu majoritairement des anciens
en place (Cardif El Djazaïr), ont dû faire face à un contexte bien cadres des sociétés-mère). Concernant les niveaux d’instructions,
particulier car, il leur a fallu se lancer dans une phase d’acquisition près d’une recrue sur trois à un niveau universitaire.
et de développement de nouvelles compétences à même de
hisser leur compétitivité à des niveaux appréciables dans un Formation, la qualification du potentiel interne
secteur loin d’avoir livré son plein potentiel et ou, l’activité Le rythme des dépenses en formations s’est accéléré en 2013.
assurance de personnes reste toujours comme sur une rampe de Ainsi, les sociétés d’assurance de personnes ont investi pas
lancement sans réellement décoller. Dans cette perspective, et moins de 17,12 millions de DA en progression de 137,2% par
pour une meilleure compréhension de la réalité des AP en Algérie, rapport à 2012. Le niveau de la dépense supplémentaire est de
notamment en ce qui concerne les six nouvelles sociétés, nous près de 10 Millions de DA.
allons dresser un constat quantifié de deux ans de filialisation, Le plus gros des dépenses s’est fait au profit de la tranche d’âge
sous deux angles bien spécifique : le recrutement et la formation 25-45 ans avec 80% du total des dépenses, soit une valeur de
des ressources. 13,7 millions de DA. C’est dire à quel point les sociétés AP misent,
plus que jamais, sur la montée en compétence de leurs jeunes
Recrutement, le renouveau du potentiel interne générations. Le reste des dépenses est partagé entre la tranche
Les effectifs des sociétés d’assurance de personnes ne cessent d’âge des moins de 25 ans et les plus de 45 ans qui bénéficient,
de grossir. Depuis leur création, et sur la période de 2011 à 2013, respectivement, de 7,3% et de 12,6z des montants dépensés.
elles ont au moins vu leurs rangs croitre de près de 560% (chiffres L’effectif formé représente 38,6% du total des effectifs globaux, ce
n’incluant pas Cardif El Djazaïr, créée en 2006). Avec 230 qui nous fait dire que près de 4 personnes sur 10 ont bénéficié
recrutements, toutes sociétés confondues, l’effectif des sociétés d’une formation au titre de l’année 2013.
AP s’établit, désormais, à 376 personnes dont l’écrasante majorité Concernant les dépenses par type de formation, ces dernières ont
se situe en région algéroise. Ce chiffre est infiniment mineur été dominées par la formation en cycle long qui, avec 15,2% des
comparé à l’effectif du secteur tout entier (plus d’une douzaine de effectifs formés, enregistre 6,7 millions de DA de dépenses, suivie
milliers). Mais, il reflète à bien des égards la volonté manifeste par le cycle court avec 46,9% des effectifs formés et une dépense
d’engranger de nouvelles parts de marché. De plus, les sociétés de 4,05 millions de DA. Les séminaires et les stages ont, quant à
comptent dans leurs stratégies expansionnistes sur les réseaux eux, attiré 37,9% des effectifs formés, occasionnant une dépense
de leurs sociétés mères et sur un réseau d’agents généraux de 6,4 millions de DA. Les sociétés AP ont dépensé en moyenne
(AGA) de plus en plus dense. Les recrutements se sont fait 45 534 DA par actif en progression de 72,2% par rapport à 2012.
essentiellement dans le but de renforcer l’activité, de faire face à En 2013, les dépenses en formation ont représenté 4,4% de la
de nouveaux besoins organisationnels et en remplacement des masse salariale.

1
Caarama, Saps (Amana), Le Mutualiste, TALA, Macir vie, Axa vie

54 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Analyse

L’effort, pour maintenir le potentiel interne d’affaires du marché des assurances de personnes. Ce qui
Les sociétés ne semblent pas tourner le dos au duo formation/ confirme ainsi que le facteur humain dans le secteur peut
recrutement. Cependant, elles doivent maintenir leur politique de réellement être un vecteur de création de valeur et non un centre
renforcement de l’effectif et l’effort de perfectionnement des de coût comme considéré jadis. C’est justement cette notion que
ressources, effort qui ne serait être fortuit, puisque, chiffres à les acteurs du marché doivent assimiler et mettre en œuvre pour
l’appui, sur les deux dernières années, ce sont les sociétés qui les années à venir.
forment et recrutent le plus qui ont contribué au plus gros du chiffre

*Cadre au CNA

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 55


Analyse

Pays producteurs et pays non producteurs de pétrole et de gaz

Quelle place pour l’assurance vie ?


Par Chakib Cherifi*

L
es hydrocarbures sont l’un des moteurs de l’économie
industrielle contemporaine. De plus, ils constituent la base de
l’écrasante majorité des consommations énergétiques
d’aujourd’hui. Compte tenu de leur importance et de la demande
sans cesse croissante de la population mondiale actuelle, les pays
producteurs de pétrole et de gaz sont devenus des pays à fort
potentiel de croissance, de développement et de richesse.

Dans le tableau accompagnant la présente lecture, nous avons


répertorié les vingt plus importants pays producteurs de pétrole et
les dix-sept derniers pays qui ne produisent qu’une quantité négli-
geable ou n’ayant aucune production de pétrole et de gaz. Par ail-
leurs, nous avons attribué à chaque pays sa part en assurances
vie, le taux de pénétration, la densité et le PIB par habitant. Ce qui
est avéré en premier lieu est que la part en assurances vie des
pays producteurs de pétrole et de gaz est modeste pour 13 d’entre
les 20 cités. Sur ce plan, nous enregistrons 3% pour le Venezuela,
4% pour le Qatar et l’Arabie Saoudite et 5% pour l’Angola. Pour 17 D’une manière générale, la densité est de l’ordre de plus de 1.000$
des 20 premiers pays producteurs de pétrole et de gaz, l’assurance pour les pays listés (producteurs ou non) qui ont un PIB par habi-
vie ne dépasse pas les 46% de parts de marché à quelques excep- tant qui dépasse les 20.000$ (voir graphe 4), exception faite pour
tions près telles que la Norvège avec 58%, la Chine et le Brésil l’Arabie Saoudite, les Emirat Arabes Unis, le Koweït, le Qatar,
avec respectivement 55% et 56%. Pour ces deux pays (Chine et Oman pour les pays producteurs ; et la Slovénie pour les non pro-
Brésil) qui ont une population importante, cela justifierait cette part ducteurs.
au vu de leur densité en assurance vie qui est respectivement de
110 $ et 246 $. Mais, cela reste incontestablement minime par rap- Les taux de pénétration viennent renforcer l’hypothèse que les
port à la densité de la Norvège, des Etats Unis et du Canada qui est pays non producteurs de pétrole et de gaz ont un potentiel impor-
respectivement de 2.756 $, 1.684 $ et 1.488 $. En second lieu, et tant en assurances vie contrairement au pays producteurs où le
inversement au premier, la part consacrée à l’assurance vie est de taux de pénétration dans le PIB de ces derniers ne dépasse pas
plus de 55% pour la majorité des pays qui ne sont pas producteurs 3,2% (enregistré par les Etats unis) ; quant à la Russie, le Koweït,
de pétrole et de gaz allant même jusqu’à 89% pour Hong Kong, le Venezuela, l’Algérie et Oman ils n’ont que 0,1%. Par ailleurs, le
87% pour le Luxembourg, 84% pour Singapour et l’Irlande. taux de pénétration est de plus de 4,3% dans 11 pays sur 17 pays
qui ne sont pas producteurs de pétrole et de gaz listés dans le ta-
La densité en assurances vie pour les pays non producteurs de bleau précédent et peut atteindre 11,7% pour Hong Kong, 12,7%
pétrole et de gaz est plus conséquente que celles des pays produc- pour l’Afrique du Sud et 14,5% à Taïwan.
teurs. En effet, nous constatons des densités importantes qui sont
de l’ordre de 4.445 $ pour Hong Kong, 4.211 $ pour la Suisse et En conclusion, nous remarquons l’importance des assurances vie
4.109 $ pour la Finlande. Quant aux pays producteurs de pétrole et pour les pays non producteurs de pétrole et de Gaz. Les pays pro-
de gaz, et mis à part les pays déjà cités (USA, Canada et Norvège), ducteurs de pétrole et de gaz semblent, pour leur part, accorder au
au mieux 246 $ pour le Brésil, les autres enregistrent des densités développement des assurances vie une moindre importance, ce
très faibles tels que l’Algérie, l’Angola et le Nigeria avec 3 $, l’Arabie qui laisse croire que les richesses pétrolières et gazières pourraient
Saoudite avec 9 $ et l’Iran avec 10 $. Même la Russie, leader de la être un facteur important de ralentissement de la croissance des
production énergétique mondiale, n’enregistre que 19 $. assurances vie.

56 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Les 20 premiers pays producteurs de pétrole et de Gaz en 2013
Production du
pétrole (milliers
Production de
gaz (milliard
Part des Densité
assurances assurances
Taux de pénétration
des assurances vie
Analyse
PIB par habitant
en USD***
baril/jour)* de M3 /an)* vie** vie** dans PIB**
1 Russie 10 019 604,8 9% 19 0,10% 14 612
2 Canada 9 685 154,8 42% 1 488 2,90% 51 911
3 États-Unis 7 455 687,6 42% 1 684 3,20% 53 143
4 Chine 4 164 117,1 55% 110 1,60% 6 807
Arabie
5 3 350 103 4% 9 0,00% 25 852
saoudite
6 Iran 3 200 166,6 8% 10 0,20% 4 763
7 Irak 3 054
Émirats
8 2 820 56 24% 212 0,50% 41 692
arabes unis
9 Mexique 2 652 56,6 46% 102 1,00% 10 307
10 Koweït 2 650 15,6 19% 62 0,10% 56 367
11 Nigeria 2 369 36,1 25% 3 0,20% 3 010
12 Venezuela 2 300 28,4 3% 15 0,10% 14 415
13 Brésil 2 024 21,3 56% 246 2,20% 11 208
14 Angola 1 784 5% 3 0,00% 5 668
15 Kazakhstan 1 568 18,5 22% 22 0,20% 13 172
16 Qatar 1 553 158,5 4% 30 0,00% 93 352
17 Norvège 1 530 108,7 58% 2 756 2,70% 100 819
18 Algérie 1 484 78,6 7% 3 0,10% 5 361
19 Colombie 1 003 12,6 36% 75 1,00% 7 826
20 Oman 940 30,9 9% 30 0,10% 22 181
Pays non ou peu producteurs de pétrole et de gaz en 2013
Bahreïn 42 15,8 25% 140 0,50% 7 296
Afrique du sud 4 0 82% 844 12,70% 6 618
Luxembourg 0 0 87% 2 749 2,40% 111 162
Taïwan 0 0 83% 3 204 14,50%
Hong Kong 0 0 89% 4 445 11,70% 38 124
Corée du Sud 0 0 63% 1 816 7,50% 25 977
Singapour 0 0 84% 2 388 4,40% 55 182
Suède 0 0 74% 3 215 5,60% 58 164
Belgique 0 0 58% 1 945 4,30% 45 387
Finlande 0 0 81% 4 109 8,70% 47 219
Portugal 0 0 73% 1 342 6,40% 21 029
Suisse 0 0 55% 4 211 5,30% 80 528
Jamaïque 0 0 36% 89 1,70% 5 290
Uruguay 0 0 29% 102 0,60% 16 351
Irlande 0 0 84% 2 869 6% 47 400
Slovénie 0 0 30% 389 1,70% 22 059
Jordanie 0 0 10% 10 0,20% 5 214
* Source Wikipedia (données 2013)
** Source SIGMA, SUISSE RE (données 2013)
*** Source Banque Mondiale (données 2013)

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 57


Analyse

58 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Analyse

*Cadre au CNA

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 59


Débat

La réforme de la profession
d’experts techniques en
assurance
Par FATMI Mohamed*

évaluer un bien à assurer ou procéder à commissaires d’avaries et actuaires au-


une visite de risque notamment en matière près des sociétés d’assurance.
de système de sécurité pour les unités in- Ce décret est le seul texte règlementaire
dustrielles et commerciales et cela avant la qui régit la profession d’Experts, toutes
souscription de l’assurance. spécialités confondues et fixe les condi-
Mais l’expert intervient le plus souvent tions d’exercice, les obligations et les mis-
après la réalisation d’un sinistre pour déter- sions des Experts.
miner les causes qui y sont à la base et Le législateur algérien définit l’expert dans
évaluer les dommages qui en résultent et l’article 269 de l’ordonnance visée ci-des-
ce en vue d’une indemnisation par l’assu- sus comme ci-après :
reur. «Est considéré comme expert, toute per-
Il en découle que l’expert joue un rôle indis- sonne prestataire de service, habilitée à
pensable dans la prestation d’assurance rechercher les causes, la nature, l’étendue
d’où la nécessité d’élaborer un dispositif des dommages et leur évaluation et à véri-
législatif adéquat pour bien encadrer la fier éventuellement la garantie d’assu-
profession d’experts, afin de lui permettre rance»
d’exercer pleinement sa mission et d’ap- Au regard de cette définition, la mission de
porter sa contribution dans le développe- l’expert est en principe fondamentale dans
ment des assurances dans notre pays. le processus de la prestation d’assurance.
Telle est la problématique de la profession L’exercice de l’activité d’expertise par une
d’experts à laquelle je m’efforcerais d’ap- personne physique ou morale est soumis à
porter les éléments de réponse. un agrément délivré par l’association des
Préambule Pour ce faire, il convient d’abord d’évaluer sociétés d’assurance et de réassurance,
L’expert en général est défini comme étant la situation de la profession d’experts dans dénommée «Union des Assureurs et Ré-
«toute personne qui, dans un domaine notre pays par rapport à celle d’autres pays assureurs (UAR)», lequel agrément pré-
déterminé, est en mesure de procéder à où l’assurance est bien développée. cise aussi la spécialité.
des examens, des constatations, des L’attribution de cet agrément précise l’ar-
appréciations en les revêtant sinon d’un ticle 4 du décret exécutif No 07-220 est
sceau de la vérité, mais tout en moins 1- La profession d’experts subordonnée à la constitution d’un dos-
d’une valeur d’une autorité supérieure en Algérie sier comprenant essentiellement :
tirée de ses connaissances techniques, de La profession d’experts est régie dans
son expérience et de sa pratique ». notre pays : 1- Pour les personnes physiques :
En matière d’assurance, l’expert exerce - Par quelques dispositions à savoir les ar- - Le ou les diplômes universitaires en rap-
une fonction d’auxiliaire de l’assureur car il ticles 269 à 273 de l’ordonnance 95-07 du port à la spécialité demandée,
peut être sollicité soit avant ou dans le 29-01-1995 relative aux assurances, - Une expérience professionnelle de 5 ans.
cadre de la souscription d’une assurance, - Par le décret exécutif No 07-220 du 17-
soit après la survenance d’un sinistre. 07-2007 fixant les conditions d’agrément, 2- Pour les personnes morales :
En effet, l’expert peut être sollicité pour d’exercice et de radiation des experts, - Les statuts de la société,

60 Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014


Débat

- Le registre commerce, En outre, il faut avoir effectué un stage d’au parties intéressées à savoir le propriétaire
- Le ou les diplômes universitaires des in- moins deux ans auprès d’un expert titulaire et le professionnel dépositaire du véhicule,
tervenants en rapport avec la spécialité et avoir suivi pendant une année des cours dès lors qu’il a connaissance d’une contes-
demandée. de perfectionnement. tation portant sur les conclusions tech-
Le décret exécutif susvisé précise égale- b) Les personnes doivent avoir obtenues niques ou sur le coût des dommages ou de
ment dans son article 8 les obligations des la reconnaissance de cette qualité réparation.
experts à savoir : d’expert.
- Exercer avec diligence leurs missions c) Nul ne peut exercer la profession 2.4. Options pour les véhicules grave-
conformément aux usages et règles de la d’expert automobile s’il ne figure pas sur ment accidentés (VGA)
profession, une liste arrêtée annuellement par une Compte tenu de la particularité de ces véhi-
- Avoir une bonne moralité. commission nationale d’agrément. cules, les experts habilités pour le contrôle
En cas de non-respect de ses obligations, des VGA sont ceux qui justifient:
les experts peuvent faire l’objet de mesure 2.2. La commission nationale - D’une formation initiale d’expert automo-
de suspension ou de radiation par I’UAR d’agrément bile,
sur rapport motivé de la société d’assu- Elle est présidée par un conseiller à la cour - Et d’une formation continue et spécifique
rance ou de l’assuré et cela entraîne systé- de cassation et est composée en nombre au contrôle des VGA dispensée dans les
matiquement le retrait d’agrément. égal de représentants : conditions définies par un arrêté.
• De l’Etat,
2. La profession d’Experts • Des professions concernées par l’exper- 3. Préjudices inhérents
tise et l’assurance à savoir quatre (04) ex-
automobile en France perts en automobile, deux (02) représen- à la situation de la profession
Cette profession est régie par le code de la tants des assurances et un (01) d’experts en Algérie
route de 2001. Ce code traite entre autres représentant des professions de la répara- L’étude comparative de la situation des
aspects, la profession d’experts automobile tion, experts dans notre pays par rapport à celle
et précisément: • Des consommateurs ou assurés. de la France, nous permet de relever que
• Les conditions d’exercice de la profession Pour l’inscription sur la liste des experts la profession d’experts en Algérie est ca-
d’experts automobile, (Ordre d’Experts), le législateur fait la dis- ractérisée notamment par :
• les prérogatives de la commission tinction entre l’acquisition de la qualité d’ex- - Une sous-règlementation et un sous-en-
nationale d’agrément, pert et l’exercice de l’activité qui est subor- cadrement flagrants,
• Les obligations réglementaires, donnée à l’inscription sur la liste. - Un accès à la profession sans diplôme
• Les cas de contrôle des véhicules Outre ces prérogatives, la commission na- professionnel,
gravement accidentés. tionale d’agrément traite également de la - Un manque de transparence dans l’attri-
2.1. Les conditions d’exercice de la procédure disciplinaire des experts. bution des agréments,
profession d’experts automobile - Un manque de spécialisation et de forma-
Le code de la route définit dans trois articles 2.3. Les obligations règlementaires tion des experts,
les conditions d’exercice qui sont: Le code de la route fixe dans cinq articles, - Une quasi absence de contrôle de la pro-
a) Les personnes ayant satisfait à un les règles professionnelles des experts en fession d’experts.
examen théorique et pratique dans les automobile à savoir que : Il en ressort que contrairement à ce qui
conditions déterminées par un texte - L’expert doit communiquer à la personne existe dans les pays occidentaux, le rôle de
réglementaire. qui envisage de faire appel à lui, le prix de la profession est réduit substantiellement
Ce texte prévoit que l’expert ne peut être sa prestation, et se trouve dans une situation de quasi
reconnu qu’après avoir passé l’examen du - L’expert ne peut se substituer au proprié- marginalisation.
Brevet professionnel d’expert en automo- taire du véhicule que s’il en a reçu mandat Cette situation est donc susceptible de fa-
bile. écrit, voriser toute sorte de déviation de la pro-
Pour cela deux voies d’accès à ce diplôme - L’expert est tenu de donner ses conclu- fession et cela a été malheureusement
professionnel sont ouvertes : sions dans la limite de sa mission, constaté sur le terrain à maintes reprises.
- Avoir exercé pendant au moins cinq ans - Le rapport d’expertise doit mentionner Il est par conséquent évident que la situa-
la pratique de la réparation automobile, notamment les conclusions de l’expert et tion actuelle est non seulement préjudi-
- Être titulaire du BTS ou diplôme d’ingé- les opérations d’expertises en précisant si ciable à la profession d’expertise elle-
nieur et avoir exercé pendant au moins elles ont été effectuées avant ou après ré- même mais aussi à ses partenaires à
douze mois une activité concernant la paration, savoir, les compagnies d’assurances et les
construction ou la réparation automobile. - L’expert doit informer dès que possible les assurés.

Revue de L’ASSURANCE N°6 - Août 2014 61


Débat

Préjudices à la profession d’experts Ce préjudice peut résulter joue tant en matière de prestation que de
Telle qu’elle est actuellement, la situation principalement: développement des assurances dans
est préjudiciable à la profession d’experts à - Du manque de professionnalisme des notre pays.
plus d un titre car elle est caractérisée par : experts ce qui entraîne une insuffisance Pour ce faire, la profession d’expertise
- Une absence de statut de l’expert pres- dans la qualité des prestations, doit notamment être :
tant pour l’assurance, - De la lourdeur des procédures de prise en - Suffisamment réglementée par les pou-
- Une absence d’organisation de la profes- charge des expertises et des expertises voirs publics,
sion et une quasi-inexistence d’associa- contradictoires compte-tenu notamment - Mieux valorisée par l’instauration d’un
tions professionnelles d’experts, du niveau du montant des dommages qui système d’accès à la profession moyen-
- Une inexistence d’un diplôme profession- est de 30 000 DA depuis les années 1980, nant un diplôme professionnel d’expertise
nel d’expertise pour l’accès à la profession, - De l’absence de transparence dans les en plus des autres diplômes exigés,
- Une absence de code de déontologie de relations des différents partenaires et dans - Bien encadrée et soutenue par les com-
la profession d’experts, la préservation des intérêts des assureurs pagnies d’assurance a travers leur asso-
- Une absence de formation et recyclage et des assurés. ciation I’ UAR.
au profit des experts, - De la méthode d’évaluation approxima- - Associée et être partie prenante dans
- Une inexistence d’une banque de don- tive des dommages en raison de l’inexis- l’attribution des agréments des experts au
nées techniques indispensable à l’exercice tence d’une banque de données tech- moins en qualité d’observateur,
convenable de la profession, niques d’où le préjudice financier à - Dotée d’une base de données techniques
- Une non-participation des experts à la l’assureur ou à l’assuré selon qu’il s’agisse pour faciliter et mieux exercer la profes-
commission d’agrément siégeant à I’UAR d’une sous-évaluation ou une sur évalua- sion,
qui est composée exclusivement par les tion des dommages. - Préservée dans sa neutralité par rapport
assureurs. à l’assureur et son client,
Conclusion - Contrôlée par les institutions concernées
Préjudices aux compagnies telles que I’UAR ou l’administration de
La profession d’expertise dans sa globalité contrôle des assurances,
d’assurance et aux assurés
a besoin d’être mieux prise en charge par - Présente ou associée dans les institutions
La situation de la profession telle que dé-
les parties intéressées par cette activité et telles que I’UAR, le CNA, la chambre de
crite ci-dessus est également préjudiciable
doit être mise une valeur compte tenu du commerce, etc.
aux assureurs et aux assurés.
rôle incontestablement fondamental qu’elle - Prise en charge par elle-même pour cer-
tains aspects qui lui sont propres tels que
la déontologie de la profession, l’organisa-
tion en associations professionnelles spé-
cialisées, etc.
En outre, il serait vivement recommandé
d’instituer une spécialisation des experts
en automobile, bâtiment, industrie, trans-
port, etc. car chaque catégorie possède
ses spécificités et ses propres règles de
travail.
Enfin, ce n’est que moyennant une réforme
conséquente que la profession d’expertise
pourra être réhabilitée afin qu’elle puisse
être à la hauteur de la mission qui lui est
dévolue et les retombées ne pourront
qu’être bénéfiques pour les opérateurs
d’assurance et leurs partenaires ce qui ne
manquera pas de contribuer à l’améliora-
tion de l’image de marque du secteur des
assurances en général.

*Directeur Général du Fonds de Garantie


Automobile (FGA) et ancien PDG de
I'EXAL

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