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Évaluation de La Gravité Et Recherche DES COMPLICATIONS PRéCOCES Des Brulures Et Polytrauma
Évaluation de La Gravité Et Recherche DES COMPLICATIONS PRéCOCES Des Brulures Et Polytrauma
INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
ORTHOPEDIE
Évaluation de la gravité et recherche
des complications précoces des :
– Brûlures
– Polytraumatismes
1-11-201
Dr Jean GRIMBERG
Praticien Hospitalier
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1-11-201
Évaluation de la gravité
et recherche des
complications précoces
Objectif :
– Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en char-
ge.
Brûlures
● La brûlure est une lésion du revêtement cutané produite par l’action de la chaleur, de l’élec-
tricité, des rayonnements ou des produits chimiques.
ÉTIOLOGIE
● 400 000 à 500 000 personnes par an sont victimes de brûlures en France, dont 10 % nécessi-
tent des soins à l’hôpital. Deux mille cinq cents personnes sont hospitalisées dans les centres
de soins spécialisés.
● La mortalité est d’environ 1 000 par an, dont 300 chez les enfants de moins de 15 ans, ce qui
– Brûlures thermiques = par la chaleur : le plus souvent, flamme chez l’adulte et liquide chez
l’enfant.
– Brûlures électriques = par le passage de l’électricité dans le corps.
– Brûlures chimiques = par acides ou par bases.
– Brûlures par rayonnement ionisants : exceptionnelles.
● Circonstances :
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PHYSIOPATHOLOGIE
A/ Rappel anatomique
● La peau est constituée de deux couches :
– Épiderme, cellulaire, séparée de la couche sous-jacente par les cellules de la membrane basa-
le, ou couche basale de Malpighi, à l’origine des cellules épidermiques.
– Derme : tissu conjonctif, follicules pileux, glandes sébacées.
B/ Physiopathologie
● La brûlure entraîne la libération de produits de dégradation cellulaire responsables d’une
réaction inflammatoire.
● Celle-ci est à l’origine :
– D’une augmentation de la perméabilité capillaire.
– D’une translocation hydrique en dehors du secteur vasculaire.
– D’une translocation intracellulaire du sodium.
● Ces trois phénomènes conduisent à une fuite d’eau, d’électrolytes et de protéines en dehors
du secteur vasculaire et à la constitution d’un troisième secteur à l’origine d’une hypovolé-
mie.
● L’hypovolémie déclenche une réaction adrénergique, dont le but est de garantir la vasculari-
sation cérébrale et cardiaque aux dépens de la vascularisation périphérique, digestive et cuta-
née.
● Ainsi est créé un cercle vicieux aboutissant :
– À l’aggravation de la brûlure par ischémie cutanée.
– À l’apparition de troubles digestifs : iléus, ulcérations, translocations bactériennes.
– À une insuffisance rénale fonctionnelle, parfois mixte.
– À une dénutrition par déperdition protidique.
– À une hypercoagulabilité.
● Le risque infectieux, local et général, est important, responsable de la majorité des décès chez
les grands brûlés.
A/ Interrogatoire
1. Le blessé
● Âge, sexe.
● Antécédents médico-chirurgicaux.
● Allergies connues.
● Traitements en cours.
● Côté dominant et profession (brûlure des membres supérieurs).
● Poids.
l État de la vaccination antitétanique.
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d’intoxication oxycarbonée.
B/ Examen physique
b) Cas particulier
– L’enfant : la surface de la tête est plus importante que chez l’adulte = 18 % à la naissance.
La surface des membres inférieurs est moins importante : 9 % par membre à la naissance.
– « Truc » technique : la surface de la paume de la main et des doigts représente 1 % de la sur-
face corporelle et permet d’évaluer rapidement les petites surfaces.
2. Profondeur de la brûlure
a) Premier degré
– Atteinte isolée de l’épiderme sans atteinte de la couche basale de Malpighi.
– Érythème douloureux sans phlyctènes. Il guérit sans séquelles en deux à quatre jours après
une courte desquamation.
– Il ne doit pas entrer en ligne de compte dans l’évaluation de la surface brûlée chez un grand
brûlé.
b) Deuxième degré
– Il existe une atteinte du derme.
– Deuxième degré superficiel :
* Atteinte partielle de la couche basale de Malpighi.
* Se caractérise par un décollement épidermique à l’origine de phlyctènes.
* Hyperesthésie sans hypoesthésie.
* Guérison en dix à quinze jours à partir de la couche basale.
– Deuxième degré profond :
* Destruction de la couche basale de Malpighi avec quelques enclaves épidermiques
intactes (bulbes pileux, glandes sébacées et sudoripares).
* Zone d’hypoesthésie avec peau blanche ou rouge foncé.
* Guérison en trois à six semaines à partir des enclaves épidermiques sous réserve de condi-
tions locales favorables et avec séquelles à base de rétractions cicatricielles.
c) Troisième degré
– Destruction complète de l’épiderme, du derme et d’une partie de l’hypoderme.
– Thromboses vasculaires et destruction des filets nerveux.
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3. Localisation de la brûlure
● Certaines zones sont à risque soit d’ordre vital immédiat, soit à moyen ou long terme du fait
de complications ou de séquelles possibles.
– Voies aériennes supérieures.
– Face.
– Mains.
– Plis de flexion des membres.
– Périnée.
C/ Pronostic
1. Vital.
a) Il dépend de
– La profondeur des brûlures.
– L’étendue des brûlures : le pronostic vital est en jeu dès 20 % chez l’adulte et 10 % chez l’en-
fant.
– La localisation des brûlures : voies aériennes supérieures, brûlures pulmonaires, périnée.
– L’âge : enfants en bas âge et vieillards.
– Des tares préexistantes : diabète, alcoolisme…
– De la précocité du traitement.
b) Règle de Bau
– Âge + % surface brûlée < 50 fi survie = 100 %.
– Âge + % surface brûlée > 100 fi survie < 10 %.
2. Fonctionnel
● Paupières : exposition oculaire et ulcérations chroniques.
● Bouche : microstomie, brides rétractiles.
● Cou : brides rétractiles.
3. Esthétique
● Toujours en jeu en cas de brûlure au-delà du 2e degré superficiel.
4. Psychologique
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1. Premiers gestes
● Extinction des flammes, déshabillage complet du patient, arrosage avec eau à 15 °C pendant
15 minutes à 15 cm des lésions.
● Intubation et ventilation assistée, en cas de dyspnée importante (blast pulmonaire, inhala-
tion de fumées toxiques), de brûlure des voies aériennes supérieures.
● Voie d’abord veineuse de gros calibre en zone saine si possible et début de la réanimation
hydroélectrolytique par perfusion de solution de Ringer.
● Antalgiques de classe III.
● Immobilisation du blessé.
● Couverture de survie après couverture des brûlures par pansement sec stérile.
● Transfert à l’hôpital, en milieu spécialisé en présence de facteurs de gravité.
a) Réanimation
– Intubation et ventilation assistée si nécessaire.
– Sonde urinaire.
– Sonde gastrique.
– Peser le patient si le poids initial n’est pas connu.
– Perfusions :
* Règle d’Evans :
■ Quantité à perfuser dans les 24 premières heures = 2 000 ml de sérum glusosé à 5 %
■ Règle de Boekx : perfusion de la première heure = 0,5 ml/kg par pourcentage de sur-
face brûlée.
■ Les quantités seront adaptées à la diurèse horaire : 0,5 à 1,5 ml/kg/h chez l’adulte ; 1 à
b) Séroanatoxinothérapie antitétanique
e) Gestes chirurgicaux
– Aponévrotomies de décharge : en cas de brûlure circulaire profonde d’un membre.
– Ostéosynthèse des fractures : l’enclouage centromédullaire à foyer fermé est la méthode de
choix pour les fractures des os longs ; le fixateur externe est également largement utilisé.
f) Surveillance
– Clinique :
* Conscience.
* Fréquence cardiaque, pression artérielle, au besoin pression veineuse centrale.
* Fréquence respiratoire.
* Diurèse horaire.
– Biologique : numération-formule sanguine : hématocrite.
3. Au-delà de 24 à 48 heures
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diurèse.
b) Lutte contre la dénutrition et contre l’infection : elle passe par
Polytraumatisme
Conduite à tenir sur les lieux de l’accident
1. Protéger
● Baliser les lieux de l’accident dans les deux sens de circulation.
● Aménager un couloir de dégagement pour les véhicules de secours.
2. Alerter
● Les structures adaptées : SAMU, pompiers en appelant le « 15 ».
● Préciser au médecin régulateur :
– Lieu de l’accident.
– Type de l’accident (piéton contre véhicule, motard, camion…).
– Heure approximative de l’accident.
– Nombre et état de gravité apparente des blessés.
– Conditions locales particulières nécessitant la mise en œuvre de matériel ou d’équipes spé-
cialisées (incendie, incarcération, chute dans un ravin ou dans un plan d’eau).
3. Secourir
● Avec les moyens disponibles.
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1. Fonction ventilatoire
● Désobstruction pharyngo-laryngée et mise en place d’une canule pharyngée.
● Ventilation au masque en O pur à 8 l/min.
2
● Intubation et ventilation assistée avec pression positive de fin d’expiration (PEEP) et volu-
me courant de 8 à 10 ml/kg en cas de :
– Mort apparente ou arrêt respiratoire.
– Dyspnée sévère et volet thoracique.
– SaO2 < 90 % après oxygénation nasale.
– Injury severity score > 24 (cf. infra).
– Lésions combinées du tronc et des os longs.
– Trauma cranio-encéphalique sévère.
– État de choc sévère.
– Nécessité d’une sédation antalgique importante.
● Drainage d’un pneumothorax compressif suffocant, d’un hémothorax massif, d’un pneumo-
thorax ouvert.
2. Fonction circulatoire
– Massage cardiaque externe en cas de mort apparente.
– Mise en place de deux gros cathéters de perfusion (14 ou 16G) dans deux veines périphé-
riques de gros calibre, voire d’une voie centrale jugulaire.
– Sonde urinaire en l’absence de lésion évidente de l’arc antérieur du bassin ou d’hématurie
macroscopique.
– Perfusion immédiate de 3 litres de solution de Ringer lactate : la stabilisation de l’état
hémodynamique se traduit par l’existence d’une diurèse (1 ml/kg/h) et par la stabilisation
de la pression artérielle.
– Pansement compressif d’une hémorragie extériorisée.
a) Score de Glasgow
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c) État pupillaire
4. Reste de l’examen
● Il sera rapide et ne doit pas retarder les premiers gestes.
a) Lésions faciales
– Plaies oculaires pénétrantes.
– Fracas facial.
– Écoulement de LCR.
b) Lésions rachidiennes
– Tout polytraumatisé dans le coma est suspect d’être porteur de lésions rachidiennes jusqu’à
preuve radiologique du contraire.
c) Lésions thoraciques
– On recherchera, par la percussion et l’auscultation, matité ou tympanisme pouvant faire
évoquer hémo- et/ou pneumothorax :
* Volet costal mobile.
* Lésion pénétrante.
d) Lésion abdominale
– L’examen clinique est peu fiable.
– L’absence de stabilité hémodynamique malgré le remplissage précoce doit faire évoquer une
lésion hémorragique massive, intra-abdominale dans un premier temps, puis thoracique ou
pelvienne.
e) Lésion pelvienne
– Suspectée de principe devant tout polytraumatisme.
– Cause possible d’hémorragie massive.
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g) Brûlures
a) L’instabilité respiratoire et hémodynamique du patient doit faire envisager des gestes com-
plémentaires
– Soit drainage thoracique, réalisable sur place s’il n’a pas été déjà effectué.
– Soit chirurgie rapide de ressuscitation en cas d’hémorragie massive non contrôlable ou chi-
rurgie de décompression neurologique : le transport vers une structure capable d’effectuer
ces deux types de chirurgie doit être envisagé par des moyens rapides en maintenant une
oxygénation optimale, après avoir averti la structure d’accueil du caractère extrêmement
urgent d’une intervention dès l’arrivée du patient.
À L’HÔPITAL
● L’interrogatoire de l’entourage ou de l’équipe de réanimation chargée du ramassage et du
transport permet de recueillir des renseignements sur :
– L’accident : lieu, heure, circonstances (décélération importante, incarcération, éjection).
– Le blessé : âge, antécédents médico-chirurgicaux, médications en cours, heure du dernier
repas, heure de la dernière miction.
– Le bilan lésionnel initial, le transport, les médications administrées.
● Quatre phases de prise en charge du patient sont classiquement décrites :
– Phase aiguë : première heure à troisième heure.
– Phase primaire : troisième heure au troisième jour.
– Phase secondaire : troisième jour au huitième jour.
– Phase tertiaire : au-delà du huitième jour.
A/ Phase aiguë
● Tout en poursuivant les manœuvres de réanimation.
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1. Examens complémentaires
a) Biologiques
– Ils doivent être effectués le plus tôt possible :
* Groupage sanguin ABO et rhésus, recherche d’agglutinines irrégulières.
* Numération-formule sanguine.
b) Imagerie
– Radiographies systématiques :
* Crâne face et profil.
* Rachis cervical profil dégageant C7-T1.
* Thorax face.
* Bassin face.
– Échographie abdominale.
– Radiographies des membres fracturés ou des articulations luxées de manière évidente.
– La tomodensitométrie corps entier par scanner spiralé avec injection permet dans certains
cas d’effectuer un bilan de débrouillage plus rapide et plus précis. Elle est plus performan-
te que la radiographie pour le diagnostic des lésions pulmonaires.
2. Hémorragie massive
a) Hémothorax
– Drainage thoracique.
– Thoracotomie si :
* Drainage > 1 l d’emblée.
* Drainage > 200 cm3/heure.
c) Hémorragie pelvienne
– Fixation du bassin par fixateur externe ou clamp pelvien postérieur.
– Hémostase par tamponnement pelvien après laparotomie si l’état hémodynamique reste
instable malgré la fixation externe du squelette et la transfusion massive.
– L’embolisation artériographique reste rare, en cas d’échec des méthodes précédentes.
d) Hématurie massive
– Urétrocystographie rétrograde : rupture vésicale ou urétrale.
– Urographie intraveineuse au temps tardif du scanner spiralé avec injection : lésion rénale.
3. Saignement intracrânien
● Le scanner crânien, parfois répété devant l’aggravation ou la non-amélioration neurologique
clinique, permet le diagnostic.
● L’intervention s’impose en cas de saignement extradural ou sous-dural expansif et compressif.
B/ Phase primaire
1. Examens complémentaires
a) Biologiques
– Ils ont un but de surveillance : hémoglobine, fonction rénale, fonction d’hémostase, fonc-
tions hépatiques.
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b) Imagerie
– Radiographies du squelette au niveau des régions suspectes.
– Scanner répété pour surveillance cérébrale, abdominale.
– Échodoppler vasculaire.
2. Traitement
a) Préalables indispensables
– Séroanatoxinothérapie antitétanique et antibioprophylaxie en cas d’ouverture cutanée.
– Prévention des ulcères de stress.
– Nutrition adaptée à la glycémie.
– Anticoagulation préventive sauf en cas d’hémorragie massive ou intracrânienne.
■ Le diagnostic est difficile cliniquement et souvent réalisé par le scanner spiralé avec
injection.
* Thoraciques :
■ Rupture trachéo-bronchique, rupture de l’isthme aortique.
– Les lésions doivent être traitées si possible en un temps, avec plusieurs équipes chirurgi-
cales afin de diminuer la durée des interventions et l’agression chirurgicale.
C/ Phase secondaire
● Toute intervention chirurgicale non indispensable sera évitée avant les 5e-6e jours.
● Cette période est celle de la réaction inflammatoire qui peut parfois dépasser son but et abou-
tir à un syndrome de défaillance multiorganes (MOF : multiple organ failure) ou à un syn-
drome de détresse respiratoire aiguë. Ces syndromes, au-delà du troisième jour, sont respon-
sables de 20 % de la mortalité ; lésions cérébrales et hémorragies sont responsables avant le
troisième jour de 80 % de la mortalité hospitalière.
● Seront donc traitées au cours de cette période :
– Les lésions tissulaires périfracturaires : par lambeaux de reconstruction, localisés ou à dis-
tance, fascio-cutanés, musculaires ou musculo-cutanés.
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D/ Phase tertiaire
Bibliographie
▲ Carli P, Yates D. Polytraumatisme : évaluation de la gravité et du pronostic. In : SFAR. Conférences
d’actualisation. 35e congrès national, Masson. Paris 1993 ; pp. 437-449.
▲ De Billy B. Polytraumatisme de l’enfant. In Conférences d’enseignement de la SOFCOT 1998.
Cahiers d’Enseignements de la SOFCOT n° 66. Elsevier. Paris 1998 ; pp 153-174.
▲ Mutschler W. Le polytraumatisé. In Conférences d’Enseignement 1996. Cahiers d’Enseignements de
la SOFCOT n° 55. Elsevier. Paris 1996 ; pp 67-77.
▲ Tscherne H, Regel G. Care of the polytraumatised patient. J Bone Joint Surg [Br] 1996 ; 78-B : 840-
852.
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