Diallo, UFR SANTE DE THIES QUESTION D’INTERNAT : Pathologie générale
BRULURES ETENDUES RECENTES :
I. Introduction : A. Définition : Ensemble des lésions de destruction du revêtement cutané voire du tissu cellulaire sous- cutané, intéressant plus de 20 % de la surface corporelle chez l’adulte et 10 % chez l’enfant engendrées par un agent physique (thermique, électrique, rayonnement) ou chimique et évoluant depuis moins de 24 à 48 H B. Intérêt : - Urgences médico-chirurgicales fréquentes avec étiologies dominées par les brulures thermiques - Gravité / mise en jeu : • Pronostic vital : choc hémodynamique, infections • Pronostic fonctionnel : Visuel, locomoteur Séquelles inesthétiques II. Signes : A. Type de description : Brûlure thermique de l’adulte jeune 1. Clinique : a. Interrogatoire : - Brûlure : • Date, lieu, heure • Circonstances • Délai de prise en charge • Nature de l’agent vulnérant : Liquides (eau bouillante, huile chaude…) Corps solides chauds Gaz chauds (explosion) Feu (brûlure directe ou par inflammation des vêtements) - Brûlé : • Etat civil • Signes fonctionnels : douleur, soif ± • Antécédents médico-chirurgicaux • Prise médicamenteuse, statut vaccinal antitétanique, soins déjà reçus • Heure du dernier repas b. Examen physique : - Conditions de l’examen : • Déshabillage du brûlé / découpage des vêtements aux ciseaux • Asepsie rigoureuse : draps propres, port de gants stériles • Manipulation avec douceur - Examen général : • Conscience, état général • Etat d’hydratation • Constantes : pouls, température, tension artérielle, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, diurèse, poids - Examen local : 3 paramètres : • Evaluation de la surface corporelle brûlée : règle des 9 de Wallace : la surface corporelle brûlée est exprimée en pourcentage de surface corporelle totale : Tête et cou : 9 % Face antérieure du tronc : 18 % (thorax : 9 %, abdomen : 9 %) Face postérieure du tronc : 18 % Membres supérieurs : 9 % * 2 Membres inférieurs : 18 % * 2 Organes génitaux externes : 1 % Résultat : surface corporelle brûlée > 15 % de la surface corporelle totale (affirme le caractère étendu de la brûlure)
• Siège : peut conditionner le risque vital et/ou fonctionnel :
Risque vital engagé pour : Atteinte de la face, voies aériennes : œdème de la glotte avec risque d’asphyxie (examen ORL en urgence +++) Atteinte du périnée : surinfection +++ Risque fonctionnel pour : Brûlure circulaire des membres : ischémie aigue Mains, paupières, bouche, articulations… • Appréciation de la profondeur : Brûlure du 1er degré : Atteinte superficielle de la couche cornée sans désépidermisation Traduction clinique : érythème Brûlure du 2ème degré : Superficiel : destruction épidermique (désépidermisation) respectant la couche basale de Malpighi ; traduction clinique : phlyctènes séreuses, exulcérations douloureuses (à base rouge, suintante) Profond : destruction totale de la couche basale respectant le derme ; traduction clinique : peau pâle, phlyctènes séreuses, hypoesthésie Brûlure du 3ème degré : Destruction totale de l’épiderme et du derme Traduction clinique : escarre noirâtre ± épaisse, anesthésie locale NB : Les différents degrés peuvent coexister chez le même patient aspect inhomogène de la brûlure « en mosaïque » - Examen complet : bilan des lésions associées, état neurologique, pouls distaux… 2. Paraclinique : Evaluation du retentissement : - Hémoconcentration : élévation hématocrite et protidémie - Insuffisance rénale aigue fonctionnelle : élévation urée et créatininémie - Groupage sanguin et rhésus - Ionogramme sanguin, gaz du sang artériel - Transaminases (ASAT, ALAT) - Radiographie thoracique de face ++ 3. Conduite à tenir en urgence : - Hospitalisation en unité de soin intensifs - Mise en condition : 2 voies veineuses périphériques, sonde nasogastrique, sonde urinaire - Scope cardio-tensionnel et monitoring des constantes vitales - Antalgiques palier III : morphiniques - SAT- VAT - Couverture de survie après couverture des brûlures avec pansement sec stérile - Mesures de réanimation, rééquilibration hydro électrolytique (Cf. traitement) 4. Evolution-pronostic : a. Eléments de surveillance : - Clinique - Paraclinique b. Modalités évolutives : - Généralement favorable si prise en charge adaptée et précoce - Défavorable : complications : • Immédiates : Asphyxie Etat de choc hypovolémique : Pouls petit, rapide et filant Marbrures, oligurie Troubles de conscience Urgence conduite à tenir : remplissage vasculaire / macromolécules, correction progressive des troubles hydroélectrolytiques Œdème aigu du poumon lésionnel : détresse respiratoire aigue Syndrome des loges : aponévrotomie de décharge en urgence Hypothermie • Secondaires : Complications infectieuses : Représentent la grande majorité des causes de décès du grand brûlé Surinfection locale état septicémique choc septique Insuffisance rénale aigue fonctionnelle Ulcère de stress Dénutrition : fonte musculaire importante dont le stade ultime est la cachexie. Importance de la prévention par une alimentation hypercalorique et hyperprotidique ++ Complications de décubitus : accidents thromboemboliques, escarres • Tardives : séquelles : Cutanées : brides cicatricielles, chéloïdes, fragilité cutanée, cancer spinocellulaire Articulaires : raideur articulaire, rétraction tendineuse, attitudes vicieuses Psychologiques : perturbation de l’image de soi, syndrome dépressif c. Pronostic : - Surface corporelle brûlée : UBS (Unité de Brûlure Standard) = pourcentage de surface corporelle brûlée + 3 * (pourcentage de surface corporelle brûlée au 3ème degré) : • UBS > 50 : brûlure sévère • UBS > 100 : brûlure grave • UBS > 150 : brûlure mortelle - Profondeur : • Brûlures du 2ème degré profond cicatrisation aléatoire • Brûlures du 3ème degré pas de cicatrisation spontanée - Siège : • Pronostic vital : brûlure de la face, atteinte du périnée… • Pronostic fonctionnel : main, paupières, bouche, articulations… - Autres : • Age (plus mauvais pronostic chez l’enfant et le vieillard • Règle de Baux : combine 2 éléments du pronostic : âge + surface corporelle brûlée : < 50 : survie à 100 % > 100 : survie < 10 % • Terrain : diabète, immunodépression • Délai de prise en charge • Lésions associées B. Formes cliniques : 1. Formes étiologiques : a. Brûlures par arc électrique : - Flamme formée entre les 2 extrémités d’un conducteur sous tension - Absence de contact entre le brûlé et le conducteur - Equivalentes à une brûlure thermique b. Brûlures électriques : - Gravité liée au voltage et la durée d’exposition - Risque de défaillance cardiaque (arythmie) et de dommages musculaires (élévation CPK, myoglobinurie) - Intérêt de rechercher le trajet exact du courant électrique : point d’entrée, point de sortie - Surveillance de l’état cardiaque / électrocardiogramme c. Brûlures ionisantes : Donnent des radiodermites aigues pouvant évoluer vers la cancérisation d. Brûlures chimiques : Acide chlorhydrique, soude caustique lésions muqueuses, souvent graves 2. Formes selon le terrain : a. Enfant : - Le plus souvent brûlures caustiques avec atteinte de la muqueuse œsophagienne : nausées, vomissements sanguinolents, dysphagie - Table de Lund-Browder plus adaptée pour estimer la surface corporelle brûlée b. Sujet âgé : - Mauvais pronostic - Décompensation des tares sous-jacentes c. Diabétique : - Risque de survenue d’un coma acidocétosique, infections - Retard de cicatrisation III. Diagnostic : A. Positif : Clinique B. Différentiel : - Syndrome de Lyell - Syndrome de nécrolyse épidermique due à une infection à staphylocoque C. Etiologique : Cf. formes étiologiques IV. Traitement : A. Buts : - Assurer une bonne cicatrisation - Lutter contre l’infection et la dénutrition - Eviter et traiter les complications B. Moyens : 1. Réanimation : - Expansion volémique par cristalloïdes +++ (protocole de Percy ou d’Evans) - Rééquilibration hydroélectrolytique : sérum salé isotonique, Ringer lactate - Oxygénothérapie pour SpO2 ≥ 95% ± intubation orotrachéale et ventilation mécanique - Réchauffement du patient - Nutrition entérale (ou parentérale) hypercalorique systématique 2. Moyens médicamenteux : - Antalgiques : morphine - Antibiotiques - SAT/VAT - Héparines de bas poids moléculaire - Inhibiteurs de la pompe à proton : prévention ulcère de stress 3. Traitement local : - Antiseptiques externes - Pansements stériles - Excision des phlyctènes - Incision de décharge en cas de brûlure circulaire des membres - Greffe de peau C. Indications : - 1er degré ou 2ème degré superficiel : traitement médical : • Détersion des plaies / excision des phlyctènes • Topiques antiseptiques • Cicatrisation dirigée : pansements stériles - 2ème degré profond ou 3ème degré : réanimation, traitement médical, traitement chirurgical : excision-greffe de peau mince - Traitement des complications V. Conclusion :