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1/Electrisation
I/ Introduction
Les accidents d’électrisation (AE) surviennent principalement à domicile ou dans des
circonstances professionnelles.
Le médecin urgentiste doit évoquer un large spectre de lésions, parfois très graves et
dont la clinique n’est pas toujours immédiatement apparente.
II/ Généralités / Définition
Accidents à basse tension <1000 Volt) : responsables d’accidents domestiques+++
Accidents à haute tension (>1000 Volt), essentiellement dans le milieu professionnel
L'intensité du courant tue, la tension brûle ;
Un trouble du rythme peut conduire à un décès tardif (8 à 12 H) après électrisation
Electrisation est l'ensemble des manifestations physiopathologiques secondaires au
passage d'un courant électrique à travers un organisme.
Une électrocution est une électrisation entraînant le décès de la personne
III/Diagnostic
A/ Interrogatoire
Accident domestique ou professionnel
Rechercher la tension du courant (volts) et de l'intensité (ampères).
Modalité du contact :
Direct : fil conducteur ;
Indirect : boitier, arc électrique ;
Victime projetée, accrochée
Évaluer la résistance au courant électrique :
Humidité
Durée du contact ; protections.
Évaluer le trajet du courant :
Long : vertical, main-pied
Court : horizontal, Main-Main ;
Perception d’un passage électrique transthoracique.
B/ Manifestations cliniques
1/ Lésions myocardiques
3/Manifestations pulmonaires
Arrêt respiratoire par tétanisation se produit pour des courant électriques de 20 à 30
mA
Toutes les autres lésions pulmonaires sont secondaires au CE de haute tension (HT)
Destruction de la paroi thoracique,
4/Manifestations rénales :
Directe = nécrose parenchymateuse ± vasculaire
Indirecte : rhabdomyolyse (IRA, acidose)
5/Manifestations digestives
L'iléus paralytique est fréquent mais au-delà de 48H, il faut rechercher une cause
profonde :
Ulcérations gastroduodénales,
Perforations intestinales, fistulisations,
Nécrose ou perforation de la vésicule biliaire
Pancréatite aiguë et nécrose hépatique.
Les lésions peuvent également succéder à un traumatisme associé
6/Manifestations neurologiques
Ont une évolution imprévisible.
Toutes les fonctions cérébrales peuvent être touchées :
• Coma, profond par anoxie ou d'un traumatisme associé.
• Atteinte médullaire (section).
7/ Manifestations traumatologiques
• Destruction osseuse secondaire à l'électrothermie ou à une dévascularisation périostée.
• Devant toute impotence fonctionnelle, il faut rechercher une fracture ou luxations du
rachis, de la tête humérale, l’articulation du poignet, tête fémorale.
C/ Examen clinique
D/ Imagerie
ECG :
Troubles du rythme, de conduction,
Spasme coronarien responsable d’une ischémie myocardique transitoire voire d’un
infarctus myocardique constitué.
.
E/Éléments de gravité et pronostic
Les éléments de sévérité sont liés au courant et à l'électrisé.
1. Courant
Haute tension.
Tétanisation des mains sur le conducteur.
Environnement mouillé ou humide.
2. Électrisé
Anomalies ECG :
Arythmie supraventriculaire ou ventriculaire, ischémie,
QT long, troubles de conduction
Troubles de conscience, convulsions, troubles de l'humeur, ralentissement intellectuel.
Fractures, luxations.
Brûlures.
Trajet long du courant ou transcardiaque.
Femme enceinte : liquide amniotique est un milieu hautement conducteur.
IV/Traitement
A/Electrisation sévère :
V/Bibliographie
1. Chaibdraa, M.S. Medjellekh, M.C. Bentakouk Ann Burns Fire Disasters. 2009 Mar 31; 22(1):
22–32. French. Publication en ligne 2009 mars 31PMCID : PMC3188206.
2. Bagou G, Coulon T. Accident électrique. In SAMU de France ed. Guide d’aide à la régulation
au SAMU Centre 15. SFEM 2009 : 356-7.
3. Société française de médecine d'urgence. Brûlure – Électrisation – Foudroiement. Dans :
Pathologies circonstancielles. Journées thématiques interactives de la SFMU.SFEM
2012 ; 9–58.
2/ Pendaison – Strangulation
A/ Pendaison
I/ Introduction
La pendaison est un acte le plus souvent suicidaire à très forte létalité.
II/ Definition
La pendaison est une asphyxie mécanique dans laquelle un lien passé autour du cou de
la victime est attaché à un point fixe, la striction du cou étant réalisée de manière
passive par le poids du corps.
On distingue deux types de pendaison :
Pendaison incomplète : où les pieds touchent le sol ou un appui
Pendaison complète : où la suspension du corps est totale.
Elément déterminant dans le mécanisme : Position du nœud et nature du lien
Peut être antérieur, latéral ou postérieur et va ainsi déterminer l’intensité de la
compression des axes carotidiens, jugulaires et de la trachée.
Nature du lien qui peut influer sur la gravité des lésions : corde, lacet, fil de fer,
cordon électrique, cravate, foulard, etc
B/ Strangulation
I/ Définition
On parle de strangulation lorsque l’asphyxie résulte d’une constriction du cou produite
activement par une force autre que la gravité (lien, mains).
Il en résulte une compression des voies aériennes et des vaisseaux du cou.
Conséquences
Interruption de :
L’afflux d’air vers les poumons ou
La circulation du sang vers le cerveau.
Deux grands types de strangulations :
Strangulation manuelle
Strangulation au lien ou à l’avant-bras
II/Circonstances de survenue
Strangulation, à l'aide d'un foulard, d'une corde aboutissant à l'étouffement et asphyxie
de la personne.
Etranglement par accident (jouer avec des cordages des fils ou autres objets)
Acte criminel
À suspecter en cas :
De malaise avec perte de connaissance peu claire
De chute non parée d'étiologie inconnue
De crise convulsive sans facteur déclenchant ou de troubles neurosensoriels.
V/ Examens complémentaires
1. Examens biologiques :
Ionogramme sanguin, fonction rénale, hémostase.
Dosage de toxique en fonction du contexte, alcoolémie.
2. Imagerie :
TDM systématique si le score de Glasgow est inférieur à 15 et si suspicion
d'atteinte cervicale : Sous-estimation initiale des lésions cérébrales : pronostic
péjoratif si hypertension intracrânienne et anoxie cérébrale.
Evaluation du traumatisme cervico-crânien propable à la dépendaison
Examen ORL
Bilan clinique :
Un bilan biologique standard
Une radiographie pulmonaire
Les gaz de sang, recherche de toxiques
Scanner crâne systématique, écho doppler des vaisseaux du cou
Si score de Glasgow ≤ 8
La prise en charge débute par une évaluation clinique :
o De la fonction respiratoire : auscultation pulmonaire, FR et SpO2
o Assurer la liberté et la protection des voies aériennes supérieures
o Assurer une bonne oxygénation afin de limiter l’anoxie cérébrale et l’œdème
Cérébral
o Prendre une VVP (18-16G) avec mise en place de NaCl 9 %
o Si abord veineux difficile, le choix d’un cathéter intra-osseux est posé.
o Intubation et ventilation assistée avec risque d’intubation difficile (possible
Oedème laryngé ou de lésion du larynx).
o Transfert en réanimation avec un patient coquillé et collier cervicale.
o Corticoïdes si œdème laryngé, benzodiazepam si agitation
o Remplissage vasculaire plus drogues vaso-amines au besoin.
Dans le cas de formes mineures
Hospitalisation 24 à 48 heures en unités de soins intensifs
Surveillance clinique, prise en charge des complications respiratoires et neurologiques
avec prise en charge psychiatrique.
En cas de rigidité cadavérique et de pendaison supérieure à 30 min : pas de
réanimation ; éviter la perte d'indice pour une enquête.
IV/ Bibliographie
1. Pendaison ; K. Tazarourte, E. Cesaréo, J.-P. Tourtier : Praticien hospitalier, Pôle Samu-Smur-
Urgence-Réanimation polyvalente17/07/12 ; [24-116-F-10] - Doi : 10.1016/S1241-
8234(12)62925-
2. La pendaison : sa prise en charge en préhospitalier ; Salgues 1, T. Martinez 2, DR Pradeau 3,
DR Thicoïpé 4 ; urgences 2011 ;
3. La strangulation à la main des lésions cervicales externes bénignes et internes graves ; 3029
Sfax-Tunisie 2 : J.I. M. Sfax, N°34 ; Février 20 ; 48 – 51
3/Noyade
I/ Définition
La noyade est définie comme « un processus entraînant une atteinte respiratoire
primaire par immersion ou submersion dans un milieu liquide ».
C’est un accident grave et fréquent :
La noyade est la troisième cause de décès par traumatisme non intentionnel
Soit 7% de l’ensemble des décès liés à des traumatismes.
Les hommes sont 2 fois plus exposés aux noyades que les femmes.
II/ Circonstances :
Plusieurs circonstances sont retrouvées :
Incapacité de maintenir les voies aériennes hors de l’eau : Personne qui ne sait pas
nager, ou s’épuise par la fatigue ou à cause des crampes musculaires favorisées par le
froid.
Accidents par inondations, naufrages maritimes, chutes dans l’eau accidentelles ou
dans un but suicidaire.
Affections médicales : syncope, accident vasculaire cérébral, hydrocutions,
convulsions
Les lésions traumatiques, essentiellement celles du crâne et du rachis cervical,
doivent être toujours suspectées chez les plongeurs.
L’alcool et la consommation de drogues sont des facteurs aggravants.
III/ Physiopathologie
A/Conséquences pulmonaires
Le mécanisme essentiel retenu est qu’il existe une asphyxie aigue suite à l’immersion
dans l’eau.
Il en découle 02 conséquences. Il s’agit soit d’une :
Apnée reflexe (spasme laryngé)
Inhalation d’eau survenant après la phase d’apnée par relâchement des réflexes
suite au coma
Le contact du liquide avec les alvéoles altère le surfactant, engendre des atélectasies et
un œdème lésionnel des poumons (pneumopathie d’inhalation). Le laryngospasme
limite souvent le volume de liquide aspiré.
C/Conséquences cardiovasculaires
Hypoxémie et un arrêt cardio-pulmonaire par asystolie.
La fibrillation ventriculaire (FV) est rare
On peut observer des troubles du rythme cardiaque.
D/Conséquences cérébrales et hypothermie
L’hypothermie est constante lors de la noyade. Elle joue un rôle protecteur du cerveau
contre les effets délétères de l’anoxie
IV/ Classification :
Plusieurs classifications existent. La plus classique, et celle adoptée par l’Institut national de
Veille Sanitaire (IInVS°. Elle comprend 04 stades selon le degré d’importance de
l’inhalation pulmonaire en eau. (Tableau1)
V/ Traitement
Le traitement de la noyade est symptomatique,
Reposant essentiellement sur la correction de l’hypoxie tissulaire et de ses
conséquences neurologiques.
Cette prise en charge doit démarrer le plus tôt possible (sur le lieu de l’accident.)
Les conséquences d’une réanimation initiale mal conduite ne peuvent être inversées
ultérieurement même par une thérapeutique optimale en milieu de réanimation.
Le sauvetage doit être rapide puisque l’asphyxie engendrerait un arrêt cardiaque dans
3 à 4 minutes et les lésions cérébrales seront irréversibles à la suite d’un arrêt
circulatoire non réanimé.
La radiographie thoracique
Peut être normale ou montre des signes de pneumopathie d’inhalation, d’atélectasie ou
d’œdème pulmonaire.
Vérifier toujours l’absence de traumatismes associé une intoxication alcoolique ou une
drogue illicite.
Les symptômes respiratoires pouvant apparaître secondairement ;
Tous les patients même asymptomatiques sont hospitalisés et gardés plusieurs heures en
Observation.
Stade 1 (aquastress) :
Administration d’oxygène par masque à haute concentration à 5 litres/minute,
L’objectif est une saturation en oxygène > 94%.
Surveillance clinique et biologique au moins 8 heures.
VII/ Bibliographie
1. Andrew c. schmidt : wilderness medical society clinical practice guidelines for the
treatment and prevention of drowning : 2019 updates. Wms clinical practice
guidelines, volume 30, issue 4, supplement, s70-s86, december 01, 2019.
2. P. MICHELET : Aspects épidémiologiques, physiopathologiques et thérapeutiques de
la noyade. Congrès SFAR 2013. Site : Sfar.org.
3. D. Szpilman : Dry drowning and other myths. Cleveland Clinic Journal Of Medicine,
Volume 85, Number 7 July 2018 11. D. szpilman : Near-drowning and drowning
classification, a proposal to stratify mortality based on the analysis of 1831 cases,
Chest 1997 ; 112 :660-65.
4. S. Collet & col : prise en charge d’un noyé, mt, vol. 12, n° 5-6, septembre décembre
2006.
5. E. Mathon 1, J.-C. Aymard, m. Kretly, j. Levraut. Les prises en charge spécifiques de la
noyade urgences 2011.