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Physiopathologie de

l’inflammation et de l’infection
Anne-Sophie BATALLA
Service de Maladies Infectieuses
CHU de Martinique
L’inflammation : définition
• L’inflammation est un processus de défense de
l’organisme dont le but est de neutraliser, de
combattre ou d’éliminer l’agent pathogène en
cause et de préparer la réparation des tissus.
Causes de l’inflammation
• Les agents infectieux : virus, bactéries,
champignons…
• Les agents physiques : température haute ou
basse, les irradiations, les traumatismes.
• Les agents chimiques : poisons, mercure,
acide chlorhydrique, les détersifs (eau de
Javel).
Inflammation ≠ Infection
Les signes de l’inflammation
• Douleur.
• Chaleur.
• Rougeur.
• Œdème (gonflement).
Les différentes phases locales de
l’inflammation
• Phase vasculaire
Vasoconstriction passagère.
Vasodilatation avec augmentation du débit sanguin dans la microcirculation qui irrigue
la région lésée : chaleur, rougeur.
La perméabilité vasculaire augmente et les liquides plasmiques se répandent dans les
tissus : œdème, douleur, incapacité fonctionnelle.

• Phase cellulaire
Cette perméabilité vasculaire facilite l’évacuation des leucocytes hors des vaisseaux
sanguins, c’est la diapédèse.
Les leucocytes vont donc migrer vers le siège de la lésion où ils englobent les agents
pathogènes et éliminent les débris cellulaires, c’est la phagocytose.

• Réparation des tissus


La cicatrisation débute quand les débris cellulaires ont été éliminés.
Elle se fait soit par :
Régénération : prolifération de cellules de même types que les cellules détruites.
Remplacement : remplacement par des cellules d’un autre type comme les cellules
conjonctives ce qui entraîne une cicatrice.
Les différentes phases générales de
l’inflammation
• Fièvre: libération de pyrogène. Les pyrogènes
sont des substances qui provoque de la
chaleur.
• Hyperleucocytose: activation de la production
et de la libération des neutrophiles par la
moelle osseuse
Biologie de l’inflammation
• NFS: quantification du taux de Leucocytes ou
GB. Norme 4000 à 10 000/mm³
>10 000 : hyperleucocytose

• Polynucléaires neutrophiles (PNN): N=1500 à


7 000/mm³
Biologie de l’inflammation

• Certaines infections ne s’accompagnent pas


d’une augmentation des PNN (typhoïde,
brucellose, tuberculose).
• Les infections virales n’entrainent pas de PNN
sauf surinfection.
Biologie de l’inflammation
• CRP: N<5

• Procalcitonine N<0.5

Elles augmentent lors de l’inflammation


Infection
• Résultat de l’agression de l’organisme par un micro
organisme. Il en résulte une réponse inflammatoire
liée à la présence de l’agent pathogène ou à
l’invasion du tissu.

• Les micro organismes:


1. Virus: un acide nucléique (ADN ou ARN) isolé, sans
structure cellulaire : multiplication strictement
intracellulaire
2. Bactéries: procaryotes (sans noyaux), capables de
se multiplier en milieu inerte
3. Champignon
4. Parasite
• L’infection se divise en 4 étapes
Phase d’incubation : foyer infectieux trop petit
pour donner signes cliniques
Phase d’invasion : apparition des signes
d’infection non spécifique
Phase d’état : signes à leur maximum. Evolution
stoppée par le système immunitaire
Phase de terminaison : guérison (totale ou
partielle) ou décès.
Types d’infection
• Infection aiguë : pénétration du micro-organisme à
la suite d’un contact ou d’une lésion. Multiplication
locale du micro-organisme. Ex : Staphylococcus ou
Streptococcus
• Infection chronique : survient d’emblée ou après une
infection aiguë. Persistance des microorganismes
dans l’organisme hôte et formation de granulome. Ex
: Mycobacterium, Brucella.
• Infection toxinogène : toxines produites par les
bactéries qui diffusent dans l’organisme. Ex : tétanos,
diphtérie
Contamination
• Mode de contamination :
Direct : de la personne malade à la personne réceptive : autre malade ou personnel
Indirect : en passant par un intermédiaire ex : objets souillés, oro-fécale (mains sales), personnel

• Voies de contamination
voie respiratoire : toux, crachats... ex : les rhumes, la grippe, la tuberculose ...
voie cutanée ou parentérale ex : peau lésée, plaie qui s’infecte, piqûre ou coupure par un objet
contaminé ...
voie muqueuse : ex : projection dans l’oeil de produits biologiques ou d’aérosols
voie digestive ex : en mangeant des aliments contaminés (hépatite A, listéria ...)en contaminant
les aliments par des mains sales (staphylocoques, salmonelles ...)

• Produits biologiques
sang
selles, urines, salive, sueur, lait...
sperme, sécrétions vaginales
prélèvements biologiques, pièces opératoires, liquides de ponction : céphalo-rachidien, pleural,
ascite...
Moyens de défense

• Barrière cutanéo-muqueuse: Population


microbienne physiologique qui empêche le
germe de s’implanter.
• Lutte permanente de l’organisme : Système
immunitaire: Lymphocytes T et B: synthèse
d’anticorps et lyse de la cellule infectée,
phagocytose.
La Fièvre:
Physiopathologie
Mécanisme de
défense à une
agression

Dérèglement
du thermostat:
thermogénèse
• La thermorégulation
La thermorégulation est un mécanisme physiologique
qui permet à l’homme de maintenir sa température
constante quelque soit les variations de la
température extérieure et quelque soit sa propre
production de chaleur.

Equilibre entre thermolyse (déperdition de chaleur par


l’organisme pour maintenir constante la température
interne , expl:sudation/respiration) et thermogénèse
(production de chaleur par l’organisme pour
maintenir constante la température interne , expl:
contraction musculaire, calories)
La fièvre ou pyrexie: définition
• Elévation de la température corporelle

– Le matin > 37,5°C


– Le soir > 37,8°C

• Variations selon l’heure, distance / repas,


période du cycle chez la femme
Mesure de la température
• A distance des repas, à distance d’un effort

• Précautions à prendre
Nettoyer le thermomètre après chaque utilisation : eau
froide savonneuse, alcool, désinfectant.
Avant l’emploi, vérifier que le thermomètre soit sec.
Evaluer le degré d’autonomie de la personne.
Se laver les mains avant et après la mesure.
Transmettre et inscrire sur la feuille de surveillance le
résultat de la mesure.
Les méthodes
• Axillaire: le coude au corps,
laisser 10min et ajouter 0.5°C

• Rectal: Fiable (température de


référence), mais risque d’ulcération

• Buccal: Thermomètre réservé à cet


usage à placer sous la langue, bouche
fermée. Laisser 5 minutes. Simple
mais variations importantes.
Les méthodes

• Auriculaire: avec thermomètre électronique à


infrarouge, sur conduit auditif propre (pas de cerumen
ni écoulement) Mettre une protection couvre-sonde à
usage unique sur l'extrémité de la sonde à infrarouges.
Placer l'extrémité de la sonde dans le conduit auditif en
dirigeant la sonde vers le bas du canal.
S'assurer de l'étanchéité (pas de passage d'air) entre la
sonde et le conduit auditif.
Appuyer sur le bouton afin de déclencher la mesure.
Retirer la sonde lors du signal sonore.
Jeter et changer la protection couvre-sonde à chaque
utilisation.
Caractéristique de la fièvre

• Début (aigu<5j, prolongée >21j)


•Intensité
•Évolution
•Rythme
•Tolérance
•Efficacité antipyrétiques
•Signes accompagnement: frissons, sueurs…
fièvre qui se maintient, peu d’écart
de température

Typhoïde
•Fièvre en clocher : élévation de la température brutal et irrégulière.

•Fièvre intermittente : succession d’accès fébrile avec retour à la normale entre les accès.

•Fièvre rémittente : succession rapprochée d’accès fébrile sans retour à la normale.


C’est l’accès palustre qui évolue en 3 phases : frisson – chaleur (élévation thermique)
- sueurs; il réalise soit une fièvre de type tierce (1 accès fébrile le 1er, le 3e, le 5e jour…)
(fig. 6-1) soit une fièvre de type quarte (1 accès fébrile le 1er, le 4e, le 7e jour…)
•Fièvre hectique : grandes oscillations entre le matin et le soir

•Fièvre ondulante : ascension thermique et défervescence progressive et régulière.


Signes associés à la fièvre
• Les frissons : présent généralement au début
de l’état fébrile. Sensation de froid. C’est à ce
moment qu’il faut faire une hémoculture.
• La sueur : évaluer la quantité.
• Les douleurs : céphalées, myasthénie, myalgie
(courbature) et arthralgie.
• L’asthénie ou fatigue : variable en fonction de
l’âge, de la pathologie, de la durée de la fièvre.
Signes de gravité
• L’état neurologique: trouble de la conscience.

• La fonction cardiaque: hémodynamique avec prise


de la PA et FC (attention si PA<90 et FC>120),
recherche marbrures, diurèse.

• La fonction respiratoire: saturation et FR (! Si >24).


LA FRÉQUENCE CARDIAQUE

• Mesure de la fréquence cardiaque


– Palpation du pouls : une pulsation correspond à une systole
• Pouls radial
• Pouls fémoral (choc septique)
– Auscultation cardiaque
– Variations Valeurs physiologiques
• Tachycardie : pouls accéléré de la fréquence
• Bradycardie : pouls ralenti cardiaque
Nouveau-né 130-150
• Arythmie : pouls irrégulier
1 an 100
• Pouls filant
5 ans 80
– Noter sur la feuille de température Adulte 70-80
• Elle s’accélère avec l’élévation de la température
– Exceptions
• Fièvre typhoïde, brucellose
• Blocs auriculoventriculaires
• Médicaments : béta-bloquants
LA FRÉQUENCE RESPIRATOIRE

• Mesure de la fréquence respiratoire


– Parfois modifiée en cas de fièvre
• Polypnée
• Normale = 15 /mn
• Surveillance de la température
– Elément sémiologique capital
– Peut passer totalement inaperçue pour le patient

Prévenir le médecin en cas de:


–Pic thermique
–Frissons
–Hypothermie
–Signes de gravité
Conduite à tenir
1. Prévenir le médecin responsable après prise
des constantes

2. Faire des Hémocultures et savoir le répéter++

Sauf indication contraire du médecin, réaliser les prélèvements


bactériologiques simples (hémocultures, ECBU, ECBC, prélèvement
cutané ou muqueux) avant la première injection d’antibiotiques
Conduite à tenir
– Faire boire
– Dévêtir et découvrir le patient
– Aérer la pièce
– Refroidissement (à discuter au cas par cas)
• Linge mouillé, vessies de glace
• Bain à 2°C en dessous de la température
– Rassurer le patient et aider le patient à exprimer d’autres
symptômes associés
– Réalisation des prescriptions médicales
– Hémocultures, prélèvements locaux (avant toute antibiothérapie+++)
– Pose d’une voie veineux
– Eventuelle administration d’antipyrétiques
• Prévention d’escarres
• Maintenir une alimentation correcte
• Assurer les soins d’hygiènes corporelles : toilette fréquente,
change, soin de bouche.
Traitements médicamenteux

– Objectif : amélioration du confort du patient


– Uniquement sur prescription médicale
– Antipyrétiques
• Efficacité transitoire
• Baisse de la température sudation change ascension thermique =
frissons …
• Toxicité +++
LES ANTIPYRÉTIQUES

Paracétamol AINS Aspirine


60 mg/kg/J en 4 ou 6
20 à 30 mg/kg/J en 3
prises, sans dépasser 80 60 mg/kg/J en 4 ou 6
Posologie ou 4 prises, sans
mg/kg chez l’enfant et 4 prises
dépasser 30 mg/kg/j
g chez l’adulte
ATCD d’allergie à un
ATCD d’allergie à un
AINS
AINS
Hypersensibilité au Insuffisance rénale,
Contre- paracétamol Insuffisance rénale,
hépatique ou
indications Insuffisance hépatique ou
cardiaque, Ulcère
cardiaque, Ulcère
hépatocellulaire gastro-intestinal,
gastro-intestinal,
maladie
Lupus
hémorragique
A éviter en cas de A éviter en cas de
varicelle, viroses,
Précaution
s Attention à la Attention à la
survenue d’une survenue d’une
insuffisance rénale insuffisance rénale
LES HÉMOCULTURES

• Mise en évidence de bactéries présentes dans le sang


• Prélèvement au moment d’un pic fébrile, d’une hypothermie ou
d’un frisson
• Réalisation de 3 hémocultures à 1 heure d’intervalle (parfois plus
rapproché en cas de choc septique)
• Avant l’administration des antibiotiques
• Peut-être réalisées en l’absence de fièvre+++
LES HÉMOCULTURES
• Hémocultures en périphérie
• Hémocultures sur cathéter
– Aide au diagnostic d’infection sur cathéter central
– A réaliser en même temps qu’en prélèvement périphérique
– Nombre de bactérie sur le KT > périphérique  infection sur cathéter
• Interprétation
– Hémocultures positives
• Plusieurs hémocultures positives au même germe = bacteriémie
• Plusieurs hémocultures positives à des germes différents = situation
particulière : immunodépression, pathologie digestives, brulures…)
• Une seule hémoculture positive : attention contamination possible
– Hémocultures négatives
• N’élimine pas une bacteriémie: A répéter
BACTERIÉMIE

• Diagnostic affirmé par la positivité des hémocultures


 Avant tout traitement antibiotique
 Identification de la bactérie, antibiogramme
• Recherche d’une porte d’entrée
– Orientation diagnostique, prélèvement
– Traitement spécifique
• Localisation secondaire
– Prélèvements
– Traitement spécifique
Recherche des signes cliniques
associés
• Orientation du diagnostic
• Porte d’entrée de l’infection
• Localisation secondaire
• Parfois fugace
– Role capital de l’IDE
SIGNES CUTANÉS

• Porte d’entrée
– Furoncle
– Escarre, brûlure
– Dermatose surinfectée
– Chancre génital

• Eruption cutanée
– Rougeole, rubéole, dengue, scarlatine
– Syphilis, VIH…

• Localisation secondaire d’une septicémie


– Pustule staphylococcique, ou gonococcique
– Purpura méningococcémique = urgence +++
– Gangrène
SIGNES ORL

• Obstruction nasale
• Otalgies, écoulement purulent de l’oreille
• Sinusite
– Douleur sinusienne
– Ecoulement purulent
SIGNES RESPIRATOIRES

• Toux : sèche, grasse ou quinteuse


• Expectoration
• Dyspnée
• Cyanose : lèvres et ongles bleus
• Douleur thoracique
SIGNES DIGESTIFS

• Nausées, vomissements
– Gastro-entérites…
– Méningites

• Diarrhée
– Aqueuse, glaireuse, hémorragique
SIGNES URINAIRES

• Pollakiurie
– Miction trop fréquentes
• Brûlures mictionnelles
• Hématurie
• Aspect des urines : troubles, foncées
• Douleurs lombaires
SIGNES NEUROPSYCHIATRIQUES

• Céphalées
• Confusions
• Prostration, coma
• Signes neurologiques de localisation
– Troubles de la parole, paralysie faciale
• Syndrome méningé
– Raideur méningée : nuque raide, signe de Kernig
– Céphalées
– Vomissements (en jet)
– Photophobie (couché en chien de fusils, dos à la fenêtre)
SIGNES RHUMATOLOGIQUES

• Epanchement articulaire
– Douleur
– Augmentation du volume de l’articulation
– Douleur, chaleur
• Lombalgie
• Sciatique
Exemple d’état infectieux
• Sepsis
• Sepsis sévère
• Choc septique
Sepsis
• Association du syndrome de réponse
inflammatoire systémique (SRIS) avec une
infection (suspicion clinique ou documenté
microbiologiquement)
• SRIS si association d’au moins 2 signes parmi:
- t>38°C ou<36°C
- FC>90/min
- FR>20/min
- GB>12 000
Sepsis Sévère
• Sepsis associé à au moins une défaillance
d’organe (neurologique, cardio vasculaire,
respiratoire, cutané, rénal)
Choc septique
• Sepsis sévère avec hypotension qui persiste
malgré remplissage vasculaire et / ou
nécessité de recours à des amines.
LA FINALITÉ

• Diagnostiquer et surveiller un syndrome


infectieux .
• Etablir une courbe de température afin
d’orienter de diagnostic et d’évaluer la
clinique d’un patient.
• Suivre l’évolution d’une pathologie et
l’efficacité du traitement
L’IDE FACE A UN PATIENT ATTEINT D’UNE MALADIE
INFECTIEUSE

• Quel est le germe en cause ?


• Quel est son mode de transmission ?
• Quelles sont les mesures spécifiques à prendre ?
– Chambre seule ?
– Matériel à usage unique ?
– Matériel de soin individualisé ?
• Quelles seront les mesures à prendre pour l’évacuation du linge et des
déchets souillés ?
• Faut-il modifier la planifiaction des soins pour réduire le risque
infectieux pour les autres patients ?
• Tout soin doit débuter et se terminer par une hygiène minutieuse des
mains
Conclusion
• Inflammation: Réaction locale (œdème,
chaleur, rougeur) et générale (fièvre et sd
inflammatoire biologique)
• Infection = inflammation due à un micro
organisme (diagnostique clinique ou
microbiologique)
Fièvre  infection (inflammation
sur cancer, maladie auto immune…)
Infection  infection bactérienne

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