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Les villes et leurs dynamiques.

École chercheurs INRA. Janvier 2019.

David Giband, Université de Perpignan, UMR ART-DEV.


I. Les villes et leurs dynamiques.
 Dynamiques urbaines pour un public de non-spécialistes
 Montrer la diversité des villes (ou plutôt du fait urbain à l’échelle
planétaire) et leur complexité sociospatiale.

Trois entrées :
1. Les dynamiques urbaines contemporaines : la ville est morte, vive
l’urbain ?
2. Les questions sociales : la ville pour qui ?
3. Vivre en ville : l’accès aux ressources et à l’alimentation
Les dynamiques urbaines contemporaines :
Un monde tout urbain ?

• La ville est morte ville l’urbain ! Pour paraphraser F. Choay (1994) pour qui « la ville est morte,
règne l’urbain » au rythme de l’étalement urbain, de l’urbanisation planétaire, du gigantisme
urbain (mégapoles), de l’indistinction rural/urbain (continuum rural / urbain), de la banalisation
des modes de vie urbain, etc.
• Difficile définition de la ville : « l’annonce de ma mort est sans doute prématurée ».
• Une croissance urbaine ininterrompue depuis 1960’s : Métropolisation, périphérisation,
périurbanisation, globalisation des dynamiques aux effets multiples et variés selon les contextes.
De la ville à l’urbain : les formes et figures de
l’urbain contemporain.

La ville voiture La ville diffuse La ville générique L’urbain diffus :


desakota (village-
ville)
L’urbain : Une question de gradients ?
Un monde de croissance urbaine ?
• En 2018 plus de la moitié de la population mondiale est urbaine (55%)
• Une urbanisation planétaire à court terme : 60% en 2030.
• Forte croissance des mégacités comme Shanghai, Tokyo, Mexico, Sao Paolo
et leurs paysages stéréotypés dans l’imaginaire collectif : forêt de gratte-
ciels, banlieues sans fin, entremêlements de réseaux autoroutiers…
L’image trompeuse des mégacités et de la
croissance urbaine
• Les megacités ne sont pas la réalité du fait urbain contemporain, les citadins vivent majoritairement dans
des villes entre 10 000 et 300 000 habitants ; « bien que spectaculaires, les mégacités ne résument pas la
ville du XXIème siècle » (E. Dorier, 2018).
• L’urbain c’est 3% de la surface
Mégacités (plus de 10 millions d'habitants terrestre.
10% • 42% des urbains vivent dans des villes
Grandes agglomérations urbaines ( 1 à 10 millions)
14% de 10 000 à 300 000 habitants.
45%
Agglomérations moyennes (100 000 à 1 million) • Les petites villes, celles de 10 000 à
15% 100 000 (44 000 petites villes du
Petites agglomérations urbaines (10 000 à 100 000)
16%
monde,), représentent 29% des
Agllomération de moins de 10 000 hbatitants urbains et 15% de la population
mondiale.

Distribution de la population mondiale


(source Geopolis, 2018)
Derrière l’image d’un monde à l’urbanisation galopante, la réalité
d’un tassement de la croissance urbaine :

1,40

1,20
Une régionalisation marquée
1,00
de la croissance : 2,5% pays
0,80
en développement et 4% pays
0,60
émergent, 0,5% pays
0,40
développés
0,20

0,00

Le taux de croissance de la population urbaine mondiale (1950-


2050), Source ONU Habitat.
Une réalité urbaine mondiale contrastée.
• La part des très grandes villes a augmenté, celles entre 5 et 10 millions
d’habitants : 30 en 2000 et 48 en 2015
• Mais le rythme de croissance des mégacités s’est ralenti ces dernières
années : 1,5% par an.
• Un monde de… petites villes :
• 42% population urbaine mondiale vit dans des villes entre 10 000 et 300 000
habitants.
• Leur nombre tend à augmenter et des réalités diverses :
• chefs lieux, villes en périphérie/banlieue de grandes agglomérations.
• Croissance surtout dans les Suds (Afrique notamment) alimentée par exode rural, elles ont
rôle direct dans croissance mondiale,
• Rôle dans le processus de contre-métropolisation (croissance ralentie dans les grandes
métropoles avec transfert d’habitants vers villes petites et moyennes en Inde, Egypte, Chine,
Vietnam). Processus souvent lié à des politiques limitant accès et migrations vers grandes
villes (Chine et Vietnam) ou aussi difficultés et coût de la vie des grandes métropoles
La ville n’est pas que croissance !
• Décroissance et villes rétrécissantes :
La décroissance urbaine comme opportunité et alternative

 Philadelphie : 44 000 logements vacants, 10 000 terrains vagues, supports à 838


jardins communautaires et fermes urbaines, lutte contre injustice sociale et
insécurité alimentaire.
II. Villes et questions sociales

• Au Nord, une ville à trois vitesses (J. Donzelot, 2004)

• Périurbanisation : La périurbanisation correspond à l’extension des surfaces


artificialisées en périphérie des agglomérations urbaines.
• Gentrification : désigne une forme particulière d’embourgeoisement qui
concerne les quartiers populaires et passe par la transformation de l’habitat,
voire de l’espace public et des commerces.
• Relégation / ségrégations.
Périurbanisation Gentrification Relégation/Ségrégation
Vivre-ensemble Entre-soi choisi, Entre-soi sélectif, Entre-soi contraint, cités d'habitat social ou
quartiers quartiers centraux quartiers anciens dégradés
pavillonnaires à valeur ajoutée

Mobilités Forte mobilité Hyper mobiltés, Faible, difficiles, enclavement spatial,


contrainte, villes réseaux desserte en TEC incomplète longue
commuting, espaces
autocentrés

Education Choix scolaire, Choix sélectif Education prioritaire, choix contraint et


évitement scolaire limité
L’étalement périurbain La gentrification de Mission,
dans la plaine du
San Francisco
Roussillon
Modes d'habiter et de habitat individuel, Habitat collectif, Habitat collectif stigmatisé, espaces publics
vivre en ville faible place espace réinvestissements de faible qualité
public quartiers centraux
anciens, espaces
publics et
commerces typés

Le grand ensemble de
Montreynaud, Saint-
Etienne
• Les Suds et la variété des dynamiques
sociospatiales :

• Pauvreté et explosion urbaine en Afrique ;


• Brésil et exclusion urbaine
• La banalisation des fermetures urbaines les gated
communities

Une gated
community en
Afrique du Sud.

Favela à Rio
Ségrégations, fragmentations et fermetures
des espaces urbains
De la fragmentation à la ségrégation urbaine :
les exemples de Marseille et…

(Source : E. Dorier ; G. Audren, 2015)


…de Los Angeles. Forme paroxysmique de la
ségrégation et de la fragmentation urbaines.

(Source : R. Legoix, 2016)


Les politiques urbaines et quelques grands enjeux de la ville (en France et
en Europe)

• Les politiques de retour au centre (des habitants, des entreprises et des emplois) : gentrification,
traitement des centres-anciens, …
• Les politiques d’attractivité : ville durable, smart city, ecocity, ville apprenante, ville créative,
etc…
• Renouvellement urbain et exclusion sociale : exemple de la recomposition des banlieues d’habitat
social , résidualisation logement social, derrière les enjeux de mixité sociale, le peuplement des
villes en question

• Les fragilités du périurbain : paupérisation, vieillissement, fragilisation des zones périurbaines


Villes et politiques de peuplement
• La question centrale du logement en ville :

• Le logement abordable : un déficit de 3 milliards de logements convenables à l’horizon 2030.


• La résorption de l’habitat insalubre, indigne, précaire et autres bidonvilles.
• 1/3 des habitants de la planète vivent dans des bidonvilles et autres quartiers informels
• Le retour des bidonvilles en Europe et des homeless en Amérique du Nord
Au Sud : les politiques de lutte contre les bidonvilles et d’habitat
abordable

• Au Brésil : le programme « Minha casa, minha vida »


• Programme « Ville sans bidonville » au Maroc

 Mais ces programmes repoussent les pauvres en périphérie lointaine et facilitent aussi la
spéculation en centre.
Au Nord : Les politiques d’abandon des
ghettos afro-américains.

East Baltimore.

Tioga, North Philadelphia


• Et les politiques de rénovation urbaine des
banlieues d’habitat social , derrière les enjeux de mixité
sociale, le peuplement des villes en question.

• Pour des effets contrastés, la contestation de la mixité sociale.


III. Vivre en ville : l’expérience urbaine en
question
• Les défis du vivre ensemble : urbanité/voisinages/quartier, solidarités, difficile
mixité sociale et conflits. La mixité sociale ne fait pas (encore) la ville.
• L’urbanité : « L'urbanité est un caractère propre de la ville dont l'espace est
organisé pour faciliter au maximum toutes les formes d'interaction. » (Levy &
Lussault, 2002). L'urbanité s'appuie sur une double mixité : mixité sociale (co-
présence dans l'espace urbain de toutes les strates de la société) et mixité
fonctionnelle (les fonctions d'habitat, de commerce, de production, de loisirs et
de circulation), provoquée par la forte densité des faits sociaux. Notion très
européocentrée.

• Dans les villes des Suds entre urbanité et


citadinité, pratiques d’anciens ruraux pris dans
la multi-localisation et multi-résidences.
La villes ou l’accès difficile aux ….
…aux services, à la mobilité et aux ressources (y compris alimentaires)

L’exemple des quartiers pauvres


de Philadelphie : déserts
alimentaires, distance à pied.
Diversité et complexité urbaine des
déserts alimentaires britanniques
Pour ne pas conclure :

• La complexité du fait urbain.


• Des enjeux sociaux et politiques renouvelés.
• Derrière l’image d’une urbanisation globale et homogénéisante des
effets de contexte et des réalités multiples.
• Ville(s), espaces urbains et systèmes alimentaires : une imbrication
sociospatiale complexe pour des enjeux multiples.

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