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Commission des Communautés européennes

environnement et qualité de la vie

ANALYSE DESCRIPTIVE
ET PROJET PILOTE PREPARATOIRE
A UNE STRATEGIE POUR LA CONSERVATION
DU PHOQUE MOINE EN MEDITERRANEE
(MONACH US MO NACH US)

Rapport
EUR 13448 FR

Agrandissement à partir d'un original microfiche


Commission des Communautés européennes

environnement et qualité de la vie

ANALYSE DESCRIPTIVE
ET PROJET PILOTE PREPARATOIRE
A UNE STRATEGIE POUR LA CONSERVATION
DU PHOQUE MOINE EN MEDITERRANEE
(M ONACHUS MONACH US)

A. ANSELIN, M.d.N. VAN DER ELST


R.C. BEUDELS, P. DEVILLERS
Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique
Belgique

Contrat n° 6611/28

RAPPORT FINAL - AOUT 1988


REVISE-AVRIL 1990

Direction générale
Environnement, sécurité nucléaire et protection civile PARI EUROP B.blitth.

1991 N.CEUR 13448 FR


Publié par
COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES
Direction générale
Télécommunications, Industries de l'Information et Innovation
L-2920 LUXEMBOURG

AVERTISSEMENT
Ni la Commission des Communautés européennes, ni aucune personne agissant au
nom de la Commission, n'est responsable de l'usage qui pourrait être fait des
informations ci-après

Numéro de catalogue: CD-NA-13448-FR-C

© CECA — CEE — CEEA, Bruxelles - Luxembourg, 1991


III

TABLE DES MATIERES


Page

I. INTRODUCTION 1

EVOLUTION DES POPULATIONS ET STATUT ACTUEL 5


7
1. Introduction
2. Atlantique Z
3. Méditerranée occidentale ,Q
4. Méditerranée orientale .
5. Conclusion

III. ACTIONS COMMUNAUTAIRES DANS LE CADRE DE LA CONSERVATION


DU PHOQUE MOINE
(MONACHUS MONACHUS) : PREMIERE PHASE 1985-1988. 13

1. Causes de déclin 15
2. Justification de la straégie de conservation 15
3. Présentation de la stratégie de conservation 16
A. L'établissement d'un réseau de zones de protection 16
B. Système d'information, récupération,sensibilisation 16
C. Etudes et recherches I7
17
D. Recherche de techniques appropriées de détention
E. Coordination 17
18
4. Résultats des activités
A. Etablissement d'un réseau de zones de protection 18
a. Le Parc Marin des Sporades du Nord 18
a.1. Situation et description générale 18
18
a.2. Evolution de l'idée d'un Parc Marin
a.3. Les actions communautaires *'
22
b. Les Iles Ioniennes
22
b.1. Situation et description générale
22
b.2. Evolution de l'idée de zone de protection
22
b.3. Les actions communautaires
2
c. Golfe d'Orosei 5
25
c.1. Situation et description générale
25
c.2. Evolution de l'idée de zone de protection
25
C.3. Les actions communautaires
27
d. L'archipel de Madère
27
d.1. Situation et description générale
27
d.2. Evolution de l'idée de zone de protection
d.3. Les actions communautaires 29
e. Autres 30
IV

B. Système d'information et de récupération, sensibilisation 31


a. Introduction 31
b. Système d'information 32
b.1. La Grèce 32
b.2. La Sardaigne 35
b.3. Madère 35

c. Le système de récupération/sauvetage 37
c.1. Résultats généraux 37
C.2. Le sauvetage de deux jeunes phoques 37

38
d. Sensibilisation 38
d.1. Introduction 38
d.2. Sensibilisation en Grèce ^
39
d.3. Sensibilisation en Sardaigne
d.4. Sensibilisation à Madère 39

C. Etudes sur la biologie du Phoque moine et sur les interactions 40


entre pêcheurs et phoques
a. Etudes sur la biologie du Phoque moine 40
a.1. Introduction 40
a.2. Méthodes 40
a.3. Résultats 40

b. Etudes sur les interactions phoque/pêcheurs 41


b.1. Introduction 41
b.2. Aanalyse des dégâts 41
b.3. Mise à mort délibérée de phoques 43
b.4. Morts accidentelles dans les filets 43
b.5. La surpêche et la diminution des
ressources alimentaires du phoque 43
b.6. Conclusions 44

c. Etudes sur la législation de pêche 45


c.1. Introduction 45
C.2. Rassemblement des données 45
C.3. La pêche en Grèce 45
C.4. La pêche à Kephallonia-lthaque 46
c.5. Application de la législation 48

D. Recherche de techniques appropriées de reproduction en


captivité 50
a. Introduction 50
b. Programme d'actions 50
c. Résultats 50
c.1. Mission en Tunisie 50
C.2. L'Algérie 51
51
5
C.3. Le Maroc
53
E. Contacts et coordination genérale

57
IV. STRATEGIE FUTURE

59
Bibliographie
I. INTRODUCTION
I. INTRODUCTION

Il y a quelque 2800 ans, l'Odyssée mentionnait déjà l'existence de phoques en


Méditerranée. Mais il fallut attendre longtemps pour que le Phoque moine vienne à la
connaissance du monde scientifique. Sa première description sous le nom de Phoca monacha,
est due à J. Hermann en 1779, à partir d'un exemplaire provenant de l'Adriatique. Plus tard, en
1822, ce nom fut changé en Monachus monachus (résumé dans AVELLA, 1986).

Le genre Monachus est le seul genre tropical et subtropical des Phocidae. Il ne


comprend que trois espèces, dont le statut est précaire: Monachus tropicalis, ou Phoque des
Caraïbes, récemment disparu, Monachus schauinslandi des îles Hawai et Monachus monachus,
le Phoque moine de la Méditerranée, tous deux actuellement en danger de disparition.

Le Phoque moine de la Méditerranée était autrefois largement répandu autour de la mer


Noire, dans tout le bassin méditerranéen, sur la côte atlantique de l'Afrique du nord (jusqu'au
20ième parallèle), et dans les archipels des Canaries, des Açores et de Madère. Mais il a
progressivement disparu de la plupart des côtes qu'il fréquentait en Méditerranée et en
Macaronésie. Actuellement sa population est estimée entre 500 et 1000 individus.

Les premiers efforts en faveur de la conservation du Phoque moine furent entrepris


principalement par le Professeur K. Ronald (Université de Guelph, Canada) qui, dès 1973 fonda
la "League for the conservation of the Monk Seal". La publication régulière de "Newsletters"
permit de mettre en contact les scientifiques travaillant sur cette espèce, et de collecter de
nombreuses données provenant de tous ceux qui s'intéressaient à sa sauvegarde.

En 1978, les Ministères grecs de Coordination, de l'Agriculture et de la Culture et des


Sciences, l'United Nations Environmental Programme (UNEP), l'Union Internationale pour la
Conservation de la Nature et de ses Resources (UICN) et l'Université de Guelph organisèrent la
première conférence internationale sur le Phoque moine à Rhodes (Grèce). Le but était de faire
le bilan des connaissances sur l'écologie, la distribution et la protection de l'espèce ainsi que
de mettre au point et d'adresser aux gouvenements concernés un "Plan d'Action" pour la
conservation du Phoque moine. Les recommendations prioritaires étaient l'établissement d'un
réseau de zones de protection, la mise en route de campagnes de sensibilisation destinées en
particulier aux communautés de pêcheurs, la réduction de la pollution et l'étude approfondie de
la biologie de l'espèce (voir RONALD, 1978).

Dès le début des années '80 la Commission des Communautés Européennes s'est
engagée dans la conservation du Phoque moine en initiant plusieurs projets en Méditerranée,
principalement en Grèce, où subsistent les plus importantes populations de Phoque moine de
la Communauté. Des études furent entreprises sur la distribution et l'habitat de l'espèce en
particulier dans les Sporades du Nord, en Grèce, et des investigations furent menées sur les
possibilités d'établir des zones de protection (e.a. SCHULTZE-WESTRUM, 1984;
VERRIOPOULOS, 1984; ANTIPAS et BROUSSALIS, 1984; MATSAKIS era/., 1985). Un rapport de
la Commission des Communautés Européennes publié en 1984 (HARWOOD er al., 1984)
formulant les recommandations prioritaires pour la conservation du Phoque moine dans la
Communauté européenne, fut à la base des actions futures.

En février 1984 une Résolution sur la protection des Phoques moines (Monachus
monachus) est adoptée par le Parlement, grâce aux interventions du parlementaire H.
Muntingh. Dans cette résolution, le Parlement européen demande instamment à la Commission
d'examiner quelles mesures doivent être prises pour garantir la survie du Phoque moine,
d'arrêter les mesures visées dans le cadre du programme d'actions à long terme et d'assurer à
longue échéance le financement de ce programme. En plus, elle lance un appel pressant aux
gouvernements de tous les Etats sur le territoire desquels le Phoque moine est encore présent
pour que, en étroite collaboration avec la Commission, ils accordent une haute priorité à sa
sauvegarde et qu'ils engagent des crédits suffisants à cette fin (J.O. C77/112).

L'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) fut alors chargé de préparer
pour la Commission un programme d'actions pour la protection de l'espèce. Ces actions furent
présentées par l'IRSNB lors de la Deuxième Conférence Internationale sur le Phoque moine à
La Rochelle (France), en octobre 1984. L'IRSNB a par la suite élaboré, avec l'aide d'experts
consultants, un projet de "Programme d'Actions à long terme" qui fut soumis aux services de la
Commission.
En 1985, la Commission lance un programme d'urgence pour la conservation du
Phoque moine et charge l'IRSNB de sa coordination. Ce projet, qui a duré trois ans, a impliqué
les Ministères grec, italien et français de l'Environnement, le Parque Natural de Madère, les
Universités d'Athènes, de Thessalonique et de Munich, le Sea Mammal Research Unit de
Cambridge, Le Parc National de Port-Cros, le Rijksinstituut voor Natuurbeheer à Texel, la
Société Hellénique pour la Protection de la Nature et le Zeehondencrèche de Pieterburen.

Ce rapport final présente un résumé de l'état des connaissances sur l'évolution et le


statut du Phoque moine, les actions menées pendant ces trois années de travail et leurs
résultats. Une stratégie élaborée au cours de ces trois années, qui pose les jalons des actions à
entreprendre ou à poursuivre pour la conservation du phoque moine, est également présentée
dans ce document.
II. EVOLUTION DES POPULATIONS ET STATUT ACTUEL
EVOLUTION DES POPULATIONS ET STATUT ACTUEL

1. Introduction

A l'origine, la zone de répartition du Phoque moine s'étendait de la Crimée au Sénégal et


couvrait ainsi toute la mer Méditerranée. Beaucoup de toponymies côtières témoignent encore
de la présence de l'espèce. C'est surtout au cours du XXe siècle, que les populations ont
fortement diminué (AV ELLA, 1986; SERGEANT ei al., 1978). Les causes de cette diminution
sont dues, d'une part à la persécution directe par l'homme, et d'autre part, les dernières
décennies surtout, à la perte d'habitat et aux dérangements résultant du développement
touristique et industriel (ROLAND et DUGUY, 1979; SERGEANT et al., 1978).
La distribution du Phoque moine est actuellement très fragmentée. A part quelques
grandes colonies, il ne reste plus que de petits noyaux. Dans le résumé sur l'évolution et le
statut actuel des populations, nous distinguerons trois grandes zones: l'Atlantique, la
Méditerranée occidentale et la Méditerranée orientale (voir Carte 1).
Les données provenants du système d'information (voir III, B) sont aussi incorporées dans
le résumé présenté ci-dessous.

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Carte 1 : Division en t r o i s grandes zones de l ' a i r e de d i s t r i b u t i o n du Phoque


moine: 1.= A t l a n t i q u e ; 2.= Méditerranée o c c i d e n t a l e ; 3.= Méditerranée
o r i e n t a l e ( d i s t r i b u t i o n d ' a p r è s Reijnders & De Visscher, 1987; zones
hachurées: présence de l ' e s p è c e en 1988).

2. L'Atlantique

Cette zone comprend le Portugal continental, la côte atlantique du Maroc, du Sahara


occidental et du nord de la Mauritanie, ainsi que les archipels des Açores, de Madère et des
Canaries.
Le Tableau 1 montre les effectifs estimés des populations actuelles, sinon les dernières
données connues de reproduction ou de présence.

REGION/PAYS Dernière Dernière Estimation


reproduction observation population

PORTUGAL 1797 1817 E.

MAROC, SAHARA OCC,


MAURITANIE REC. REC. min. 1 0 0 (200?)

SENEGAL - 1981 E.

ACORES ? 1680 E.

MADERE REC (1988) REC. 8-10 (20?)

CANARIES ? 1983 E.

TOTAL: min 100


(200+)?

Tableau 1: Statut du Phoque moine dans la zone Atlantique (REC=observations récentes,


E=éteint, ?=inconnu, (n?)=nombre incertain.

La seule donnée de reproduction sur la côte du Portugal continental est la capture d'un
très jeune animal en 1797. La dernière observation date de 1817 (AVELLA, 1986).

La présence du Phoque moine sur la côte du Sahara occidental est connue depuis le XVe
siècle, lorsque des navigateurs portugais ont découvert la plus importante population ayant
probablement existé. Celle-ci était évaluée à environ 5000 individus à cette époque. Elle fut
décimée en quelques voyages par les chasseurs portugais dans la partie septentrionale de la
péninsule du Cap Blanc (MONOD, 1923 in MARCHESSAUX et MULLER, 1985). L'évolution
pendant les années septante a été suivie par TROTTIGNON (1979) qui a estimé l'effectif de la
colonie à 45/50 individus entre 1976 et 1980 (MAIGRET, 1984). Actuellement, MARCHESSAUX
et MULLER (1985) estiment le nombre de phoques vivant le long de la péninsule du Cap Blanc
à une centaine au minimum (éventuellement près de 200), avec en outre une petite colonie
relativement stable d'une dizaine d'individus au Cap Blanc même (MARCHESSAUX, 1986). Plus
au nord, il existe plusieurs colonies le long des côtes du Sahara occidental, mais leurs effectifs
restent mal connus (MARCHESSAUX et AOUAB, 1988) (voir plus de détails III.D). La
modification actuelle de la situation politique dans cette zone y a facilité la pêche côtière . La
récente accessibilité de certaines zones aura très probablement un effet négatif sur la
population des phoques suite à l'augmentation des captures accidentelles dans les filets de
pêche (MARCHESSAUX et AUOAB, 1988).

Durant la dernière décennie, des observations régulières ont été faites au Sénégal. Il s'agit
probablement d'individus erratiques (DUPUY, 1983).

Le nombre de données concernant les Açores est très réduit (AVELLA, 1986); l'espèce
semble y avoir disparu depuis plusieurs siècles.

Bien que peu de données précises existent quant au nombre de phoques vivant dans
l'archipel de Madère, au cours des derniers siècles et même au début de ce siècle, la
population y était certainement importante (quelques centaines). Les recensements des dix
dernières années montrent une diminution constante des effectifs. La population actuelle est
estimée à 8-10 individus; ces chiffres sont peut-être sous-estimés, mais en tout cas le nombre
d'individus est inférieur à vingt (REINER et DOS SANTOS, 1984, VASCONCELOS, 1988,
BISCOITO et COSTA NEVES 1988). En février 1988, l'observation d'un phoque adulte avec un
jeune indique que la population se reproduit encore (comm. écrite BISCOITO, 1988).
Le Phoque moine a complètement disparu des îles Canaries en tant qu'espèce
sédentaire. Néanmoins, les îles peuvent encore être occasionellement visitées par des
phoques provenant sans doute de la côte saharienne comme l'indique l'observation d'un jeune
individu dans les îles d'Alegranza, au nord de Lanzarote, en 1983 (HERNANDEZ, 1985 in
MARCHESSAUX, 1985).

3. La Méditerranée occidentale

Cette zone comprend l'Espagne, la France et l'Italie continentale, les îles Baléares, la
Corse, la Sardaigne, la Sicile, Malte, les côtes marocaines, algériennes, tunisiennes et
lybiennes, y compris les îlots et archipels avoisinants. Parmi ces derniers, les Chafarinas et la
Galite sont les plus importants.

En Espagne l'espèce a disparu des côtes de la péninsule depuis le milieu du XXe siècle.
Néanmoins, des individus isolés ou de petits groupes (2-3) ont encore été observés
régulièrement ces dernières décennies, surtout dans la partie sud et sud-est de la côte. Il s'agit
probablement d'individus provenant des colonies nord-africaines (AVELLA, 1986; FUNDACIÓN
BLANC, 1986).

La population des îles Baléares a disparu probablement dans les années cinquante, mais
quelques observations plus récentes (années septante) ont été rapportées. Aux îles
Chaffarines, seuls quelques exemplaires subsistent (AVELLA, 1978; 1986; ICONA,
comm.or.,1987).

Les premières données du Phoque moine sur les côtes françaises de la Méditerranée
remontent au XVIe siècle. La partie la plus importante de la population y était établie sur les
côtes de Provence. En Corse, l'espèce était bien établie. Sur le continent, plusieurs colonies
ont subsisté jusqu'en 1920 (e.a. sur la presqu'île d'Hyères). On peut y situer la fin de la
reproduction vers les années 1930-1935. Les dernières observations ont été faites vers 1950
sur l'île de Port-Cros (DUGUY et CHEYLAN, 1980).

Les données principales sont résumées dans le Tableau 2.

REGION/PAYS Dernière Dernière Estimation


reproduction observation population

ESPAGNE:

Continent 1950 1984 E.


Baléares 1951 1977 E.
Chafarinas ? 1988 < 5
FRANCE:

Continent 1891 1952 E.


Corse 1947 1982 E.
ITALIE:

Continent ? 1974 E.
Sardaigne 1985 REC. 2-4
Sicile ? 1980 E.
MAROC ? REC.
110-130 ? (ou 30 ?)
ALGERIE ? REC.
TUNISIE/ 1970 ? REC. < 5
La Galite

TOTAL: 120-140 (ou 40 ?)

Tableau 2; Statut du Phoque moine dans la zone de la Méditerrannée occidentale (pour


symboles, voir Tableau 1).
10

En Corse, la population a progressivement diminué dès 1955. Les dernières mentions de


sa présence sur l'île datent du début des années septante (BOULVA, 1975 in SERGEANT ef al.,
1978), mis a part un exemplaire isolé observé en 1982.

Les colonies de Phoque moine ont disparu des côtes de la péninsule italienne
probablement vers la moitié du XXe siècle. En Sardaigne la population, estimée à une dizaine
d'exemplaires à la fin des années soixante, est maintenant réduite a 2-4 exemplaires localisés
dans la partie orientale et nord-orientale de l'île (Golfe d'Orosei, Tavolara). En Sicile, la dernière
colonie s'est éteinte en 1975, mais des individus erratiques y ont encore été observés
récemment sur des îlots avoisinants (ANONYME, 1987; BOITANI, 1979; REIJNDERS et DE
VISSCHER, 1987).

De petites populations très dispersées existent encore le long des côtes marocaines et
algériennes où la situation semble avoir été assez stable au cours des dernières décennies. La
population actuelle est estimée à 110-130 exemplaires (AVELLA GONZALEZ, 1984; comm. écr.
R. Chebab, Oran), par contre, sur la côte d'Oran l'espèce est en diminution continue
(BOUDOURESQUÉ et LEFEVRE, 1988. Les estimations données par ces auteurs ne surpassent
pas 30 individus.

En Tunisie, les phoques étaient présents "en abondance" vers la moitié du XVIIIe siècle
(DE MARMORA, 1836 in MARCHESSAUX, 1987b). Il est ensuite difficile de retracer l'évolution
des populations dans ce pays suite au manque de données disponibles. Seule la colonie de
l'archipel de La Galite a été relativement bien suivie. Elle a fortement diminué et est
maintenant réduite à 1-3 individus (MARCHESSAUX, 1987b).

4. La Méditerranée orientale

Cette dernière zone comprend les côtes et les îles des mers Adriatique, Ionienne et Egée
(Italie orientale, Yougoslavie, Albanie, Grèce, Turquie), la mer Noire et les côtes de la
Méditerranée orientale, du sud de la Turquie à la Libye. Les principales données relatives a
cette zone sont présentées dans le Tableau 3.

REGION/PAYS Dernière Dernière Estimation


reproduction observation population

Mer Adriatique:
-YOUGOSLAVIE
-ALBANIE ? REC. 20-40
-ITALIE ORIENTALE '70

Mer Ionienne:
-GRECE REC. REC. min 16
Mer Egée:
-GRECE REC. REC. 300 (?)
-TURQUIE REC. REC. 50-100 (?)
Mer Noire ? ? Eteint?
SYRIE-LIBYE ? ? 20 (?)

TOTAL: 400-500 (?)

Tableau 3: Statut du Phoque moine dans la zone de la Méditerrannée orientale (pour Ies
symboles, voir Tableau 1).
11

Le Phoque moine était abondant dans la mer Adriatique, mais il a commencé à s'y rarifier
dès la fin du XIXe siècle. Des colonies y ont subsisté sur les îles bordant les côtes
yougoslaves et albanaises, jusque dans les années septante, où une diminution rapide s'est
produite. Actuellement, la population est estimée à 20-40 exemplaires (GAMULIN-BRIDA, 1979;
RONALD, 1984; comm.orale A.ECONOMOU, Athènes).

La population des îles Ioniennes est connue en détail grâce aux études de PANOU (1987)
et de HARWOOD (1987) à Céphalonie et Ithaque. La population est estimée à un minimum de
14 phoques. L'espèce est également présente à Zakynthos et Corfou mais sans estimation
précise des effectifs.

La partie la plus importante de la population de Méditerranée orientale se trouve dans la


mer Egée. Elle est estimée actuellement à 300 exemplaires (REIJNDERS et DE VISSCHER,
1987). Les données sont parfois incomplètes pour certaines zones, en particulier pour la côte
turque. Bien qu'une diminution des effectifs soit apparente (MARCHESSAUX, 1987a), des
conclusions générales sur l'évolution du statut restent difficiles. L'espèce était jadis présente
sur toute la côte grecque et turque mais ne subsiste actuellement que dans les habitats les plus
intacts.

Les informations les plus récentes quant à la présence du Phoque moine en mer Noire
sont données dans MARCHESSEAUX (1987a). La population de la côte entre la Syrie et la
Libye est estimée à 20 individus. Il est certain, par contre, que l'espèce a disparu d'Israel et
d'Egypte depuis les années cinquante.

5. Conclusion

Le Phoque moine a disparu d'une grande partie de son aire de distribution et ne se


maintient plus que dans les endroits écologiquement les plus intacts. La diminution de l'espèce
s'est surtout manifestée lors des dernières décennies et il est à craindre que cette tendance
continue si d'importantes mesures de protection ne sont pas rapidement prises.

L'effectif actuel de la population du Phoque moine est difficile à chiffrer avec exactitude
par manque de données pour certaines régions. De nombreux endroits de l'aire de distribution
devraient encore être prospectés.

L'effectif total est estimé entre 500 et 1000 individus. La zone la plus importante de la
Communauté est la mer Egée, avec un effectif total d'environ 300 phoques, dont une colonie
importante d'environ 20-40 individus dans les îles des Sporades du Nord. Néanmoins, des
recensements plus détaillés, notamment dans certaines îles du Dodecanese peuvent encore
révéler la présence d'autres colonies importantes. En dehors de la Grèce, quelques individus
subsistent encore à Madère et en Sardaigne.

En dehors de la Communauté, la région la plus importante est la côte Saharienne. Des


noyaux dispersés subsistent sur les côtes d'Afrique du nord, en Turquie et en mer Adriatique,
mais l'information relative à ces petites populations n'est pas encore complète.
13

III. ACTIONS COMMUNAUTAIRES


15
III. ACTIONS COMMUNAUTAIRES DANS LE CADRE DE LA CONSERVATION DU PHOQUE
MOINE (Monachus monachus): PREMIERE PHASE 1985-1988.

1. Les causes de déclin.

Le chapitre précédent montre que le Phoque moine est en diminution continue dans
toute son aire de distribution. Les recherches menées sur cette espèce ont eu pour but
principal de déterminer les facteurs de ce déclin, en vue de promouvoir des actions
susceptibles de renverser les tendances.

Plusieurs facteurs ont été suggérés dans le passé (voir RONALD et DUGUY, 1978,
1984), tels que la pollution, la perte d'habitat, les perturbations anthropiques, le manque de
nourriture ou la consanguinité due à l'isolement des colonies. Les recherches les plus récentes
sur la biologie de l'espèce (HARWOOD, 1987) ont donné une vision claire de l'importance
relative de ces divers facteurs:

a) La pollution par des éléments organo-chlorés, laquelle affecte gravement la reproduction des
Phoques veau-marin (Phoca vitulina) dans la mer Baltique, est faible dans la mer Méditerranée,
pour le moment en tout cas. Ce facteur ne semble donc pas avoir d'effet négatif sur le Phoque
moine.

b) La perte d'habitat peut expliquer la disparition du Phoque moine sur les côtes françaises,
italiennes et espagnoles, mais n'explique guère leur déclin en Grèce, où il existe actuellement
plus de côtes insulaires non perturbées que dans le passé.
c) Quoique le Phoque moine soit sensible aux perturbations par l'homme, en particulier les
femelles avec jeunes, il semble peu vraisemblable que le tourisme soit le seul responsable de
leur déclin, la plupart des touristes étant partis avant le début de la reproduction. Les
perturbations dues aux scientifiques peuvent être plus dommageables, si des précautions
suffisantes ne sont prises.

d) Il y a très peu d'évidence pour supporter l'idée que les stocks de nourriture dans la
Méditerranée soient réduits au point d'entraîner le déclin des populations de Phoque moine.

e) En général, les phoques semblent être moins vulnérables aux problèmes de la


consanguinité que d'autres groupes de mammifères. Par exemple, des espèces comme
Mirounga angustirostris et Arctocephalus gazella ont pu récupérer d'un niveau de population
extrêmement bas.

Par contre, les deux facteurs qui semblent réellement importants sont:
- l'augmentation de la mortalité des jeunes
- l'augmentation de la mortalité des adultes
L'augmentation de la mortalité des jeunes a été attribuée aux perturbations qui forcent
les phoques à abandonner les plages et à se retirer dans des grottes pour la reproduction. Vu la
situation du Phoque moine en Mauritanie, où les individus se reproduisent indifféremment sur
les plages et dans des grottes, on pourrait argumenter au contraire que les phoques qui se
reproduisent dans des grottes sont peut-être mieux protégés. Ce qui reste vrai, c'est que les
jeunes phoques sont très vulnérables aux agressions dues à l'homme car il sont lents, se
laissent aisément approcher et peuvent en plus très facilement se faire prendre dans des filets
de pêche et se noyer.

La mortalité adulte élevée est, sans aucun doute, due à la mise à mort
intentionnelle.surtout par des pêcheurs. En effet, il n'est pas rare que le Phoque moine détruise
des filets ou en retire des poissons. Ceci explique I' attitude hostile des pêcheurs envers
l'espèce dans la plupart des pays.

2. Justification de la stratégie de conservation.

Le programme communautaire s'est donc articulé autour de mesures de conservation


visant à faire diminuer la mortalité des Phoques moines jeunes et adultes, facteur prépondérant
dans le déclin des populations de cette espèce. Ces mesures étaient:

a) L'établissement d'un réseau de zones de protection;

b) L'établissement d'un système d'information et de récupération d'animaux blessés ou


abandonnés, ainsi que la sensibilisation du public, la diffusion et l'échange d'information;
16

c) La réalisation d'études sur la biologie et l'écologie des populations, et les interactions entre
phoques et pêcheurs;

d) La mise au point de techniques appropriées de détention et de reproduction en captivité.

3. Présentation de la stratégie de conservation

A) L'établissement d'un réseau de zones de protection


Il était essentiel d'établir un réseau de zones de protection spéciale dans toute l'aire de
distribution de l'espèce. Ce réseau ne devait pas inclure seulement les endroits où subsiste
encore d'importantes populations mais devait également incorporer des zones où l'espèce a
été abondante et où l'habitat est encore intact.
En effet, si ce réseau doit avoir un succès à long terme, il faut assurer un nombre
suffisant de zones de protection afin de permettre la recolonisation et l'établissement des
surplus de population. Dans ces zones de protection, des réglementations spécifiques
concernant la pêche et le tourisme doivent être mises en place ainsi qu'un contrôle efficace de
leur application.

En Grèce, l'archipel des Sporades du Nord dans la mer Egée, un des habitats du
Phoque moine les mieux conservés, a été proposé comme Parc Marin. Les îles Ioniennes, c'est
à dire Céphalonie, Ithaque, Levkada et Zakynthos, sont proposées comme second centre de
protection du Phoque moine en Grèce. Cet endroit densément peuplé est particulièrement
important pour les études sur les possibilités de cohabitation entre homme (pêcheurs et
touristes) et phoque.

En Sardaigne, la région de Gennargentu a été proposée comme parc naturel. Ce parc


comprendrait le Golfe d'Orosei, probablement le meilleur site de réhabilitation potentielle de
l'espèce en Méditerranée occidentale, où l'on observe régulièrement quelques individus.

Les îles Desertas, près de Madère, sont très importantes, non seulement pour la
nidification de certains oiseaux de mer et le passage des cétacés. Ces îles ont été également
proposées comme réserve naturelle.

Le Cap de Gata, dans le sud de l'Espagne, et les îles Chafarinas ont été envisagées
comme sites de protection ou de réhabilitation possible.

B) Système d'information, récupération et sensibilisation

Parallèlement à l'établissement du réseau de zones de protection, un système


d'information, associé à un programme de récupération, devait être mis en place. Ce système
d'information a pour objectif la récolte et la diffusion de toute information concernant les
phoques, qu'il s'agisse d'observations de terrain ou d'informations concernant les dégâts
causés aux filets de pêche et aux prises de poissons.

Parallèlement, il fallait établir un système de sauvetage et de récupération pour les


animaux blessés, échoués ou pour les jeunes abandonnés. Un tel système, basé sur un réseau
d'observateurs locaux bénévoles, contribue largement à éveiller la sensibilité du public vis-à-vis
du Phoque moine et améliorer l'attitude trop souvent hostile des pêcheurs.

Le système visait principalement la Grèce (Sporades du Nord, les îles Ioniennes, la


Crète, les Cyclades et le Dodecanese), la Sardaigne avec le Golfe d'Orosei et Madère avec les
îles Desertas.

Pour assurer les chances de sauvetage d'animaux blessés, il a été prévu qu'un
vétérinaire grec suive un stage d'information (manipulation et soins aux phoques jeunes ou
adultes et autopsies) au centre du Rijksinstituut voor Natuurbeheer à Texel et à la station de
récupération (Zeehondencrèche) à Pieterburen (Pays-Bas).
17

C) Etudes et recherches

Une étude des populations de Phoque moine en Grèce a été menée pour la
Commission des Communautés Européennes en 1985-1986 par le Sea Mammal Research Unit,
en collaboration avec l'IRSNB et l'Université de Munich, pour fournir des données de base
nécessaire au développement du programme approprié de conservation. Du fait qu'aucune
méthode conventioneile ne pouvait être utilisée pour étudier cet animal particulièrement difficile
à observer, ce projet, de trop courte durée pour fournir une étude approfondie de la biologie
des populations, s'est donné comme objectif principal de développer des techniques
permettant d'estimer la taille et la composition de populations de phoques. De telles données
peuvent également être utilisées pour mettre au point des modèles mathématiques qui
serviront à mettre en évidence, parmi les paramètres démographiques des populations, ceux
qui sont les meilleurs indicateurs du potentiel de survie à long terme de l'espèce.

Parallèlement, des enquêtes ont été menées essentiellement en Grèce afin d'évaluer
les interactions entre pêcheurs et phoques. L'influence des activités de pêche sur la
conservation du Phoque moine a également été étudiée. Ces interactions sont de deux types:
compétition pour une même ressource et dégâts causés aux filets. Cependant, les phoques
sont actuellement trop peu nombreux pour représenter une concurrence significative au niveau
de la quantité de poissons. Par contre, il n'est pas impossible que dans certains endroits, les
stocks de poissons, très amoindris par la pêche commerciale, représentent un facteur limitant
pour la reproduction des phoques. Une enquête détaillée a été menée dans les îles Ioniennes.

Il apparaît nettement, sur base des informations provenant de différentes régions, que le
problème principal qui se pose aux pêcheurs, pratiquant la pêche traditionnelle, est une
diminution drastique du rendement de la pêche, due probablement à la surexploitation des
stocks par des bateaux de pêche hauturière travaillant illégalement le long des côtes. De plus,
les réglementations appropriées ne sont généralement pas suffisamment appliquées. En
conséquence, les pêcheurs qui pratiquent la pêche traditionnelle ne sont plus disposés à
accepter des pertes supplémentaires et restent prêts, s'ils en ont la possibilité, à tuer certains
phoques. Dans ce cadre, les possibilités de collaboration avec les différents Départements de
Pêche devaient être examinées.

D) Recherche de techniques appropriées de détention et de reproduction en captivité.

La protection dans son milieu naturel pouvant se relever insuffisante à remédier au


déclin des populations, une station de reproduction en captivité pourrait alors s'avérer
indispensable. Le programme d'actions de l'IRSNB, en collaboration avec le Parc National de
Port-Cros/Antibes, devait prévoir le développement de techniques appropriées,
particulièrement en ce qui concerne la capture et la détention. Si la reproduction en captivité
devient un jour absolument nécessaire, une action pilote pourrait alors servir de base a un
programme complet de reproduction en captivité et de réintroduction éventuelle dans des
zones appropriées.

E) Coordination

Pour encourager l'échange d'information sur les études, les résultats et les recherches, les
observations éthologiques et l'évolution de l'attitude des communautés locales, l'IRSNB s'est
engagé à diffuser régulièrement une circulaire d'information à toutes les personnes impliquées
dans ou intéressées par les programmes de conservation du Phoque moine.
18

4. Résultats des activités.

A. ETABLISSEMENT DU RESEAU DE ZONES DE PROTECTION

a. LE PARC MARIN DES SPORADES DU NORD

a.1. Situation et description générale

L'archipel des Sporades du Nord se situe en mer Egée (Grèce centrale) et prolonge la
presqu'île de Magnésie (voir carte 2). Les distances entre les îles sont faibles. Au nord et à l'est
de l'île centrale d'Alonissos, se trouvent six îles principales: Peristera, Kyra-Panaghia, Youra,
Psathoura, Piperi et Skantzoura. A l'ouest se situent les îles de Skopelos et Skiathos. Ces deux
dernières et Alonissos sont habitées en permanence. Les activités principales des habitants
sont la pêche et le tourisme, lequel se trouve dans une phase de développement rapide,
malgré le niveau insuffisant des infrastructures. Les autres îles ne comptent que quelques
habitants saisonniers ou sont inhabitées (MATSAKIS et al. 1985).

Plusieurs études ont démontré la grande valeur écologique, biogéographique et


historique de cet archipel (SCHULTZE-WESTRUM, 1976 a,b,c,d, 1984; MATSAKIS et al., 1985). Il
y existe encore une population importante de Phoque moine (30-40 individus), qui se situe
principalemment dans la partie est de l'archipel. Sur les îles et îlots se trouvent également
plusieurs colonies d'oiseaux rares tels que: Falco eleonorae, Larus audouinii, Calonectris
diomedea, Phalacrocorax aristotelis etc.. Le milieu marin est encore très riche en espèces (e.a.
des éponges et coraux) et abrite un stock important de poissons. Sur l'île de Youra vit une
population de chèvres proche des souches sauvages (ECONOMOU et SPIROPOULOU, 1987).

a.2. Evolution de l'idée d'un Parc Marin

En 1976, le biologiste allemand Schultze-Westrum, qui visitait régulièrement les


Sporades du Nord, 'découvrit' et filma la colonie de Phoques moines à lile de Piperi. Il soumit
une proposition au National Council for Physical Planning and Environment (faisant partie du
Ministère de Coordination), pour qu'un parc marin soit établi, afin d'y protéger le Phoque moine,
la faune et la flore remarquable, ainsi que les monuments culturels et le paysage encore
largement intact de l'archipel ("Marine National Park Project Northern Sporades" et "Status
Report", 1976). Ce projet fut, dès le début, supporté par la Société hellénique pour la Protection
de la Nature.

Malheureusement, l'archipel était encore très peu connu. La Première Conférence


Internationale sur le Phoque moine tenue à Rhodes en 1978, y prêta peu d'attention et se
concentra sur la partie est de la mer Egée, le Dodecanese. Ce n'est qu'après le passage à la
télévision grecque du film sur les phoques de Piperi, que le projet des Sporades du Nord reçut
de plus en plus d'attention et de support.

Après de longues négociations avec les communautés locales de pêcheurs, Schultze-


Westrum arriva à un accord et à une certaine collaboration quant à la protection des phoques. Il
s'agit de la "Declaration of the Fishermen of Alonissos concerning the proposed Conservation
Area of the Northern Sporades", datant de janvier 1982. La même année, la "Fauna and Flora
Preservation Society" de Londres rassemble des fonds et achète une installation frigorifique
pour la coopérative d'Alonissos. Ceci fut le point de départ du changement d'attitude des
pêcheurs locaux envers le projet du parc marin (SCHULTZE WESTRUM, 1984, HARWOOD er
al., 1984).

Peu après, la Commission de Communautés européennes s'engage dans le


financement de projets de recherche dans cette région et incite les autorités grecques à mettre
en place une structure de protection officielle en apportant son soutien financier à la
préparation du plan de gestion et à la construction de l'infrastructure de base et au
développement du système d'information.
19

a.3 Les actions communautaires

- Etudes

Entre juin et décembre 1985, le programme se concentra surtout sur l'étude du milieu
naturel. Des études écologiques furent menées dans la partie est de l'archipel et permirent
d'obtenir des informations précises sur le milieu marin et terrestre. Ces études furent exécutées
par les Universités de Thessalonique, d'Athènes et de Demochtos (MATSAKIS er al., 1985;
KOUROUTOS et al., 1985; KOUKOURAS et al., 1984).

Les résultats très positifs de ces inventaires indiquent la valeur écologique très élevée
de cette zone et plaident en faveur de sa protection. L'écosystème marin est très diversifié et
les stocks d'espèces à valeur commerciale sont encore abondants. La plupart des îles, en
particulier Piperi, offrent des conditions optimales d'habitat pour le Phoque moine. L'existence
de ces conditions optimales d'habitat alliées à un écosystème marin très riche offre au Phoque
moine, dans les Sporades du Nord, un milieu de vie exceptionnel qui justifie une protection
globale.

Des études plus étendues sur la productivité (phytoplancton, zooplancton et poissons)


de l'écosystème marin des Sporades du Nord ont été menées plus récemment. L'étude sur
l'écologie et les population du Phoque moine sera poursuivie.

- Statut légal de protection

La création du parc marin est prévue en trois étapes:


- un décret préfectoral
- un décret ministériel
- un décret présidentiel

En septembre 1986, le Ministère grec de l'Environnement, en collaboration avec


l'IRSNB, a organisé un séminaire à Alonissos préparatoire à l'établissement du Parc Marin.
L'archipel des Sporades du Nord a été officiellement proposé comme Parc Marin par le
Ministère de l'Environnement. Ce séminaire fut un succès, surtout en ce qui concerne la
présence et la participation active de la majorité des pêcheurs concernés. Y participaient aussi
des représentants du Ministère de la Pêche et de l'Agriculture, des représentants des autorités
portuaires, des autorités régionales (Volos), divers instituts nationaux et universités, des ONG,
ainsi que des représentants de diverses coopératives des îles voisines. Le décret prefectoral
publié à cette date et valable pendant un an a réglementé les activités de pêche et l'accès
général à la zone.

Dans le courant de 1986 et 1987, un plan d'aménagement préliminaire a été élaboré: le


parc fut divisé en deux parties jouissant d'un statut différent (voir carte 3). Dans la partie est,
comprenant les îles de Kyra-Panaghia, Youra, Psathoura, Skantzoura et Piperi, une protection
stricte est imposée, avec des règlements spéciaux n'autorisant que la pêche côtière locale
dans une zone de 3 miles autour de chaque île, à l'exception de celle de Piperi.

Autour de Piperi, où se concentre la principale colonie de phoques, la pêche est


strictement interdite. La seconde partie du parc, comprenant Alonissos, Skopelos, Skiathos et
une partie de la côte orientale de la presqu'île de Piliou, a le statut de zone tampon. Ces zones
sont surveillées en bateau par les gardes du Parc, travaillant en collaboration avec la police
portuaire.

La carte du parc indiquant le statut légal des différentes zones a été diffusée. Elle sert
de base à la révision et à l'adoption des réglementations en vigeur.

Le décret ministériel a été signé en mai 1988. Il assure la protection de la zone pour
deux ans. Cette phase expérimentale de deux ans permettra d'élaborer le Plan de Gestion
définitif et le décret présidentiel qui doit garantir la protection de la zone à long terme. Ce plan
de gestion définitif sera alors incorporé dans la loi grecque sur l'environnment.

Actuellement, l'administration du Parc Marin est sous la responsabilité du Ministère de


l'Environnement (Section de la Gestion de la Nature).
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CARTE 3 : Le Parc Marin des Sporades du Nord.


S o u r c e : P l a n de g e s t i o n , Min. grec de l ' E n v i r o n n e m e n t
21
- Infrastructure

Une station biologique est en construction au bord de la baie de Gerakas dans le nord
de l'île d'Alonissos. Cette station deviendra le centre du parc, un centre d'accueil des visiteurs,
le centre de recherches et le point central des activités de conservation du Phoque moine
menées en Grèce.

L'achèvement des constructions et l'acquisition du matériel (matériel scientifique,


zodiacs), a été financé par le projet MEDSPA (PD/86/11/GR) de la Commission des
Communautés Européennes et par l'International Fund for Animal Welfare (IFAW). La mise en
route de la station était prévue pour la fin 1988.

En mars 1990, le bâtiment a été remis officiellement par le constructeur (préfecture de


Volos) au Ministère de l'Environnement. Le ministère en a donné officiellement la gestion à
l'Université de Volos. Deux biologistes de l'Université de Volos sont à Alonissos depuis avril.
Leur installation à Gerakas est prévue pour mai 1990.

Des bassins de sauvetage pour des phoques abandonnés ou blessés sont également
prévus à Gerakas, dans le cadre des projets a"IFAW.

- Autres activités

Ce parc marin en cours d'établissement fut, bien sûr, le point focal des activités de
sensibilisation du public et de mise en place du système d'information. Ces deux derniers
points seront traites ultérieurement dans la partie B.(c) de ce rapport.
22

b. LES ILES IONIENNES

b.1. Situation et description générale

Les îles de Céphalonie et Ithaque avec les îlots avoisinants d'Atokos, Arkoudi et
Echinades, se trouvent dans la mer Ionienne en Grèce occidentale, en face du Golfe de Patras
(voir carte 2). Seules les grandes îles de Céphalonie et Ithaque, séparées par le canal d'Ithaque,
sont habitées. Les activités principales y sont le tourisme, la pêche et l'agriculture.

Diverses études ont démontré la grande valeur écologique de ces deux îles (pour
Kefalonia, surtout la partie nord). La végétation y est en effet très riche et comprend plusieurs
espèces de plantes endémiques. L'avifaune comprend des espèces rares ou en danger
comme le Vautour fauve, Gyps fulvus, le Faucon pèlerin, Falco peregrinus, le Cormoran huppé,
Phalacrocorax ahstotelis et le Puffin yelkouan, Puffinus puffinus yelkouan (JACOBS et PANOU,
1988). La Caouanne, Caretta caretta, espèce en danger dans la communauté, est présente dans
les eaux limitrophes et vient pondre sur les plages de la partie sud de Céphalonie. Les études
préliminaires de Harwood (1984, 1986) ont montré que l'habitat est très favorable au Phoque
moine et que plusieurs grottes le long du canal d'Ithaque sont régulièrement utilisées par
l'espèce.

b.2. Evolution de l'idée de zone de protection spéciale

Déjà dans les comptes-rendus des deux conférences internationales sur le Phoque
moine (Rhodes et La Rochelle), les îles Ioniennes figurent parmi les sites les plus importants à
inclure en priorité dans le réseau de zones de protection spéciale. Les études préliminaires
financées par la Commission des Communautés Européennes en Grèce (voir introduction),
avaient confirmé l'intérêt de cette zone et l'IRSNB, en collaboration étroite avec le Ministère de
l'Environnement, prit les mesures nécessaires pour que leur soit conféré un statut légal de
protection.

b.3. Actions communautaires

- Etudes

Il était urgent d'identifier avec précision les zones côtières les plus importantes pour
l'espèce. Après la première phase d'études qu'il réalisa en 1984, le Sea Mammal Research Unit,
sous la direction du Dr. J.Harwood, en collaboration avec l'Université d'Athènes, entreprit en
1985-1986 un deuxième programme de recherches, intitulé: 'Population biology of the Monk
Seal', (voir HARWOOD 1987). Au cours de cette étude, de nombreuses grottes fréquentées
régulièrement par les Phoques furent localisées et plusieurs individus purent être identifiés.
23

Carte 4: Les îles de Kefalonia et Ithaque en Mer lonnienne

Baie d'Afales
24

L'IRSNB a alors entrepris de poursuivre ces études, dès juin 1986, dans le cadre du
programme communautaire, en consacrant une attention particulière aux îlots Ioniens et en y
poursuivant le suivi des populations, l'identification des zones côtières importantes, ainsi que
des actions de sensibilisation et des enquêtes sur les interactions entre les pêcheurs et les
phoques. Les données rassemblées dans cette étude (voir plus loin 'Etudes'), serviront de base
aux services du Ministere de l'Environnement grec pour mettre en place les zones de
protection spéciale sur les îles de Kefalonia et Ithaque.

- Statut légal

Dans le courant de l'année 1987, suite à plusieurs consultations et discussions à


Kefalonia et Ithaque, les services du Ministère grec de l'Environnement ont préparé un plan
préliminaire à la protection de certaines zones côtières de ces îles.
25

c. LE GOLFE D'OROSEI

d . Situation et description générale

Le golfe d'Orosei, situé à l'est de la Sardaigne s'étend sur environ 40 km (voir carte 5).
La côte est en partie inhabitée, mais menacée par le tourisme qui se développe à partir de
quelques localités côtières. Il existe plusieurs communautés de pêcheurs.

Le golfe d'Orosei forme avec la montagne de Gennargentu un site de grand intérêt


biologique, notamment grâce à la présence d'une forêt de chêne vert, la dernière de cette
importance en Europe, grâce à la présence de plusieurs espèces d'oiseaux rares et à une
grande richesse en amphibiens, reptiles et invertébrés endémiques. Le milieu marin est encore
riche et diversifié (STUDIOTTANTA, 1987). Sur la côte alternent falaises rocheuses, baies avec
plages de sable et grottes. Le Phoque moine y est encore observé régulièrement. Il est
important de protéger cette zone contre un développement touristique anarchique.

C.2. Evolution de l'idée de zone de protection spéciale


Dès la Première Conférence internationale sur le Phoque moine en 1978, la côte est de
la Sardaigne apparaît comme un des seuls endroits de Méditerranée occidentale où le Phoque
moine subsiste encore (BOITANI, 1978). Dans le Plan d'Action, établi à l'issue de cette
conférence.le Golfe d'Orosei fait déjà partie des sites à protéger en priorité.

De 1977 à 1979, un projet du W.W.F. tenta dans le cadre d'un programme de


conservation du Phoque moine en Italie, d'établir trois réserves côtières, notamment dans le
Golfe d'Orosei et sur les îles de Montecristo et de Marettimo.

LTle de Montecristo a reçu le statut de réserve naturelle. L'IRSNB a incorporé le Golfe


d'Orosei dans sa stratégie, afin d'y stimuler l'établissement rapide d'une zone de protection.

C.3. Les actions communautaires

Les services du Ministère italien de l'Agriculture, en collaboration avec la Région Sarde,


ont élaboré un plan d'aménagement du parc naturel proposé de Gennargentu, parc dans lequel
est indu le golfe d'Orosei. En septembre 1986, lors de la première réunion du groupe d'experts
sur le Phoque moine, le Ministère de l'Environnement confirme son intention de créer un parc
marin dans le Golfe même, partie intégrante du parc naturel.

- Etudes et statut légal

En 1987, le Ministère de l'Environnement a mené plusieurs études et en a présenté les


résultats au Ministère de la Marine Marchande. Les études biologiques ont été menées en
collaboration avec l'Institut Tethys (Milan), l'Université de Rome, la station de Bari et l'Université
de Cagliari (Sardaigne). Ce rapport indu l'étude biologique des habitats côtiers, une étude
socio-économique, des propositions d'aménagement pour les différentes zones et une liste de
toutes les observations de Phoque moine faites en Sardaigne. Cette étude, complétée par
celles qui sont en cours, devrait servir de base à l'installation du futur parc.
26

— GOLFE D'OROSEI

Carte 5: Situation d'Orosci en Saidaignc


27

d. L'ARCHIPEL DE MADERE (LES ILES DESERTAS)

d.1. Situation et description générale

L'archipel de Madère est à environ 900 km au sud-ouest de la côte continentale du


Portugal et à 600 km de la côte Marocaine. L'île principale, Madère, a une superficie de 736000
ha. Les activités humaines principales sont l'agriculture, la pêche et le tourisme.

Les îles Desertas sont situées à environ 10 miles au sud-est de Pounta St-Lourenço, la
pointe la plus orientale de Madère. Ilhéu Chao, Deserta Grande et Bugio, d'une superficie totale
de 1338 ha, en sont les trois îles principales. Ces trois îles sont actuellement inhabitées mais
aux alentours la pêche y est intense. Les côtes sont formées de falaises et presque totalement
inaccessibles. La présence de grottes, de petites baies et de plages de cailloux est très
favorable à la présence du Phoque moine (REINER et DOS SANTOS, 1984).

La valeur écologique et biogéographique de l'archipel est connue depuis longtemps. De


plus, c'est le seul endroit de Macaronésie où subsiste encore le Phoque moine. LTle de Madère
abrite une grande variété d'animaux et de plantes endémiques, principalement associés à la
laurisylve. Deux espèces d'oiseaux y sont endémiques: il s'agit du Pigeon trocaz, Columba
trocaz et du Diablotin de Madère, Pterodroma madeira.

Les îles Desertas ont une importance majeure pour la reproduction de trois espèces de
vertébrés: le Puffin cendré, Calonectris diomedea borealis, le Diablotin du Cap Vert, Pterodroma
feae et le Phoque moine, Monachus monachus. En plus, on y trouve des colonies de
Oceanodroma castro, Bulweria bulwerii et Puffinus assimilis.

d.2. Evolution de l'idée de zone de protection spéciale


Contrairement aux Sporades du Nord, dont l'importance pour le Phoque moine n'a été
reconnue qu'assez récemment, les Iles Desertas étaient déjà mentionnées comme zone
importante dans le Plan d'Action faisant suite à la Première Conférence Internationale de
Rhodes, en 1978 (RONALD et DUGUY, 1978). Une protection absolue s'avérait déjà nécessaire
au vu des nombreuses menaces pesant sur la petite population du Phoque moine qui y
subsistait encore, mais qui était déjà en diminution constante (voir partie précédente: évolution
et statut): persécution directe par les pêcheurs, dérangement par les touristes, surexploitation
des ressources côtières causée par une pêche excessive et, enfin, utilisation illégale de
dynamite souvent fatale au phoques.

Au début des années '80, le Museu do Mar de Funchal lança une campagne pour la
protection du Phoque moine et des îles Desertas. Une proposition fut alors présentée au
Gouvernement régional de Madère pour la création d'une réserve intégrale. Cette réserve
comprendrait les îles Desertas et la zone marine périphérique de cinq miles, qui se superpose
plus ou moins avec la ligne bathimétrique des 200 mètres (REINER, 1981, BISCOITO, 1984).

Dès 1982, les deux-tiers de ITle de Madère (56700 ha), furent protégés suite à la création
d'un Parc Naturel, mais les îles Desertas restèrent sans statut de protection.

En janvier 1986, le Portugal entra dans la Communauté européenne, et la Commission


des Communautés Européennes s'engagea activement dans la protection de l'archipel.

Le 20 mars 1990, les îles Desertas ont reçu officiellement le statut de réserve naturelle.
28

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Archipel de Madère
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Iles Canaries

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1 0 Km.

CARTE 6; : Situation de l'Archipel de Madère.


29

d.3. Les actions communautaires

- Mesures d'urgences:

En consultation avec les experts locaux, l'IRSNB mit au point un plan d'actions dans le
cadre des "Mesures d'urgence pour la conservation d'espèces menacées de disparition". Le
financement de ce projet fut accordé dès 1987 par la Commission des Communautés
Européennes pour une durée de deux ans. Un des buts du projet était d'intégrer le Parc Naturel
de Madère dans la stratégie de conservation du Phoque moine. La première priorité était de
conférer un statut de protection aux îles Desertas et d'y accentuer la surveillance. Dans ce
cadre, une station d'observation a été aménagée sur Deserta Grande. Elle servira à héberger
les observateurs, qui, grâce à un roulement, seront présents en permanence sur l'île. Ils
procéderont à des observations sur les oiseaux nicheurs, noteront toutes les observations de
Phoques moines et le nombre et l'identité de tous les bateaux (voir aussi B.a., le système
d'information). Ils seront également les animateurs des actions de sensibilisation menées dans
l'archipel (voir B.c.: sensiblisation).

- Statut légal

Un comité de six personnes a été désigné par le Gouvernement Régional en 1987, pour
préparer un projet de loi visant à la désignation de la réserve naturelle des Desertas. Dans ce
comité siègent des représentants du Parc Naturel de Madère, des Pêcheries, du Parlement
Régional, des Communautés de pêcheurs et les maires des villages de pêcheurs concernés.

Le Gouvernement régional a confirmé en juillet 1988 son intention de déclarer les


Desertas comme réserve très prochainement. Ceci fut confirmé par la présentation d'un rapport
sur l'Etat de l'Environnement et la Conservation de la Nature à Madère. Un organisme régional
pour la protection de la nature devrait être mis en place (BISCOITO et COSTA NEVES, 1988).

- Divers

Des actions de sensibilisation ont été menées (voir 'Sensibilisation') et le système


d'information a été mis en place (voir 'Système d'information').
30

e. Autres

En Espagne, une partie du Cap de Gata fut déclaré 'Parque Natural' par la Junta de
Andalucía. Les îles Chafarinas, près de la côte marocaine, encore régulièrement fréquentées
par le phoque, sont territoire militaire et donc bénéficient d'une certaine protection. L'Instituto
Nacional para la Conservación de la Naturaleza (ICONA) travaille cependant à obtenir pour ces
îles un statut officiel de protection. Seule une protection légale et effective peut assurer aux
Chafarinas une place parmi les sites de recolonisation potentiels. La protection de cette zone
pourrait représenter une étape importante dans le recolonisation éventuelle du Cap de Gata.
31

B. SYSTEME D'INFORMATION ET DE RECUPERATION D'ANIMAUX


BLESSES OU ABANDONNES-SENSIBILISATION DU PUBLIC.

a. INTRODUCTION

Un des grands problèmes rencontrés lors de l'établissement du plan de conservation et


de gestion des populations du Phoque moine fut certainement le manque de données sur sa
biologie et son écologie. Pour combler cette lacune, la mise en place d'un système
d'information a été considérée, par l'IRSNB, dès le début, comme l'une des priorités du projet.
Un système similaire fonctionnait déjà avec succès pour le Phoque veau-marin, dans la mer du
Nord et la mer des Wadden, aux Pays-Bas.

Un système d'information et de récupération, adapté aux besoins spécifiques de la


conservation du Phoque moine, a été mis au point par l'IRSNB en 1986, en collaboration avec le
Rijksinstituut voor Natuurbeheer (Texel) et le Ministère grec de l'Environnement (IRSNB-
BEUDELS et al., 1986) (voir texte complet en Annexe). L'objectif de ce système est de récolter,
centraliser et diffuser toute information disponible sur l'espèce et d'augmenter ainsi
efficacement les connaissances sur sa biologie, son comportement et sa distribution.

Le système est basé sur un réseau d'équipes locales travaillant dans les zones clés.
Ces équipes sont responsables de la récolte et de l'enregistrement des données concernant la
présence de phoques et de l'identification de menaces locales pesant sur l'espèce. Les
équipes doivent aussi, le cas échéant, organiser le transport des animaux blessés ou
abandonnés vers des centres spécialisés dans les soins aux mammifères marins, où ils
recevront les soins nécessaires avant d'être relâchés dans leur habitat naturel. La présence de
ces équipes dans les zones clés a un impact considérable sur la sensibilisation du public et des
communautés locales concernées.

L'I.R.S.N.B., en collaboration avec les gouvernements concernés, a mis en place des


équipes en Grèce, en Sardaigne et à Madère.
32

b. LE SYSTEME D'INFORMATION

b.1. La Grèce

- Introduction

La priorité a été donnée à l'établissement d'un réseau étendu d'équipes locales en


Grèce, où subsiste la majeure partie de la population du Phoque moine (voir II, Statut &
Evolution). En collaboration avec le Ministère grec de l'Environnement, l'IRSNB a établi des
équipes dans cinq régions clés: les Sporades du Nord, avec Alonissos comme futur centre de
rassemblement des données, la Crète, les Iles Ioniennes, les Cyclades et Rhodes-Lesbos. Ce
système est en développement et devra couvrir toute l'aire de distribution du Phoque moine en
Grèce. Dans les îles Ioniennes, c'est l'équipe de l'Université de Munich, qui assure la récolte
des données.

Ces 5 régions ont été choisies en fonction d'une présence significative de l'espèce et
de l'existence d'institutions ou d'organismes pouvant être utilisés comme centres pour la
récolte et la diffusion de l'information.

-La mise en place des équipes

Un voyage d'étude à Texel et à Pieterburen a permis aux responsables grecs de se


familiariser avec le travail des Hollandais et de mettre en place un tel système en Grèce.
Le Ministère grec de l'Environnement a procédé à l'établissement des équipes dès juin
1986. Ceci s'est fait en deux phases: un premier contact sur place avec le Préfet, la Police des
Ports, un vétérinaire ou toute autre personne intéressée, premier contact qui permet aux
responsables du Ministère de s'informer de la situation locale et de l'intérêt des pêcheurs pour
la conservation du Phoque moine. Une deuxième réunion est ensuite organisée, destinée à
l'information du public et à la mise en place de l'équipe; c'est lors de cette seconde réunion
qu'apparaissent généralement les personnes montrant un intérêt réel pour le projet.

-Résultats

Des équipes ont été ainsi constituées à Alonissos (Sporades du Nord), à Céphalonie
(îles Ioniennes), en Crète (Iraklion) et à Samothrace. D'autres équipes sont à leur début à
Lesbos, Syros, Rhodes et Zakynthos (voir carte 7). Un contact téléphonique est maintenu entre
ces équipes et le Ministère de l'Environnement.

Au printemps 1990, vu l'évolution de la situation, et notamment les changements


d'affectation du personnel, une phase de réactivation de ces équipes a été entreprise.
ME ft NOI ft £

HSR ADRIATIQUE

Cortou

MER IONIENNE

Ciphalont«
00

MER MEDITERRANEE

tX

Cane T Système d'information et de récupération/sauvetage: equipes locales en Grece (1 - Alonissos -


' Kephalonma. 3 = Irakliou. 4 = Samothrace, 5 = Syros, 6 = Zakymhoş 7 «Rhodos. S = Lesbos, 9 -
Anrørgos. 1Ò = Astypelea, 11 = Anaphi, 12 = Tilos. 13 = Chalk., 14 = Kastellonzon).
■ = équipes établies, ▲ = en cours d'établissement, ▼ = en projet.
34

Les Sporades du Nord

La mise en place d'une équipe locale dans les Sporades du Nord s'est faite dans le cadre
de rétablissement du Parc Marin (voir Réseau des zones de Protection). Plusieurs visites ont eu
lieu et des réunions ont été organisées avec le Préfet de Magnésie, les responsables de la
communauté des pêcheurs et la Police des Ports. Actuellement, les responsables de l'équipe
sont le président de la coopérative des pêcheurs (Mr. Drossakis) et l'Officier de la Police des
Ports. Un suivi supplémentaire est assure par les gardes affectés à la surveillance dans le Parc
marin. Les données sont communiquées directement au Ministère de l'Environnement. En ce
moment, la population de Phoques aux Sporades du Nord est estimée à 25-40 individus.

Les îles Ioniennes

Un des objectifs du sous-contrat liant l'Université de Munich à l'IRSNB était la mise en


fonction du système d'information et de récupération dans cette région, en collaboration avec
le Ministère grec de l'Environnement.

Les responsables du Ministère ont contacté, au printemps 1986, le Préfet de Céphalonie


et d'Ithaque, la Police des Ports, le Superviseur des pêcheries, le vétérinaire de la Préfecture de
Céphalonie et d'Ithaque et le responsable pour l'environnement. Un premier accord de
participation a été obtenu à cette occasion.

Dès juin 1986, l'équipe de l'Université de Munich, sous la responsabilité d'A. Panou, a
repris contact avec ces personnes afin de concrétiser l'accord. Il a été convenu que toute
information serait centralisée par l'équipe et que celle-ci serait responsable de l'envoi des
résultats au Ministère de l'Environnement ainsi qu'à l'IRSNB. Les responsables locaux désignés
par le Ministère sont le responsable pour l'environnement de la préfecture (Mr.Antonellou) et un
agronome, Mr.Saridou.

Le système d'information à Céphalonie et Ithaque a fontionné très vite. De très bons


contacts ont été établis avec la population locale, en particulier avec les pêcheurs. Par ce
moyen, l'équipe a pu rassembler de nombreuses informations, fournies par un nombre
croissant de collaborateurs. Des centaines de données ont pu être rassemblées durant toute la
durée du projet.

Ces informations confirment la présence du Phoque moine dans toute la partie grecque
de la mer Ionienne ainsi qu'en divers endroits le long des côtes occidentales de Grèce. Les
données les plus détaillées proviennent du canal d'Ithaque, où l'équipe travaillait à l'étude de la
biologie de l'espèce et était en contact quotidien avec les pêcheurs (voir 'Etudes'). La
population du Phoque moine autour des îles de Céphalonie et d'Ithaque est estimée à au moins
18-20 individus, parmi lesquels 8 ou 9 jeunes ont été identifiés (JACOBS et PANOU, 1988). Ces
observations seront traitées en détails dans le chapitre 'Etudes' de ce rapport.

Crète

Des contacts ont été pris avec les préfets d'Iraklion et de Lasithion (Crète orientale), la
Police des Ports, les inspecteurs de la Pêche, les inspecteurs de l'Environnement et les cadres
de l'Université. La réunion publique a été annoncée par radio et dans les écoles. Plusieurs
pêcheurs participent au système. Les personnes chargées de la coordination sont Mr. Mavrakis
(Inspecteur de l'Environnement) et Mr. Vassilakis.

Plusieurs observations ont déjà été relevées et des pêcheurs ont pu suivre les activités
des phoques à l'entrée d'une grotte aux environs d'Iraklion.

Samothrace
L'équipe de Samothrace a été mise en place après plusieurs contacts avec les autorités
(Préfet, Police des Ports). Le responsable de l'équipe est Mr. Christakis, ingénieur et membre
d'une organisation locale pour la conservation de la nature.
35

Autres
Les responsables du Ministère de l'Environnement ont organisé des réunions publiques
à Thessalonique, Kavala, Lesbos, Zakynthos et dans les îles de Paros et Syros de l'archipel des
Cyclades. En conséquence, des équipes ont été formées à Lesbos, Syros, Samos et
Zakynthos. Des visites sont encore prévues dans plusieurs îles du Dodecanese (Tilos,
Castellorizo, Chalki) et de l'archipel de Cyclades (Amorgos, Anafi, Astypalea).

b.2. La Sardaigne

Le système d'information en Sardaigne a été mis en place dans le cadre de la


proposition d'établissement de la zone de protection dans le Golfe d'Orosei.

Le système est relié au réseau national d'information sur les mammifères marins,
coordoné par le 'Centro studi cetacei' à Milan, membre de la 'Società Italiana di Scienze
Naturali'. Le responsable principal sur place est le Professeur A. Cau de l'Université de Cagliari.

Le réseau d'information est complété par des surveillances régulières effectuées par
des étudiants de l'Université de Cagliari le long de la côte orientale de l'île et à Tavolara.

D'après les informations fournies par ces étudiants et les pêcheurs, deux à quatre
phoques sont encore régulièrement observés dans le Golfe d'Orosei et à Tavolara.

b.3. Madère

Les équipes sont actives à la fois sur l'île principale et sur les Desertas. L'information est
centralisée au Musée Municipal de Funchal.

Desertas

Dans le cadre des actions de conservation des colonies menacées d'oiseaux de mer, et
de la mise en place du système d'information pour le Phoque moine, une station d'observation
a été construite sur Deserta Grande au site appelé le 'Doca'.

Les visites aux Desertas sont assurées régulièrement par l'équipe mise en place par le
Museo do Funchal. Les touristes et les communautés locales sensibilisés au problème
participent occasionellement à la récolte d'information.

Madère

Une surveillance permanente est assurée par le gardien de phare, à la Pounta San
Lourenço, dans la partie orientale de l'île.

Résultats

Jusqu'à présent, une vingtaine de données différentes ont été rassemblées, provenant
de la Pounta San Lourenço, de Deserta Grande, de Bugio et d'Ilheu Chao. Elles concernent en
majeure partie des observations de phoques adultes solitaires. Une seule fois, un groupe de
trois phoques a été signalé. En février 1988, un animal adulte accompagné d'un jeune phoque a
été vu près de Deserta Grande, ce qui prouverait que l'espèce se reproduit encore
actuellement dans l'archipel.
CAP BOJAOOR.

^"'""

Cap F a l c o n e

CAP BARBAS

P t e de Gahle

CARTE 8 : Situation de l'Archipel de la Galite (A) et


V1a Lobos V i e j o
de la côte a t l a n t i q u e marocaine (B). CAP CORBE IRQ f
P u e r t o Nuevo

GUERGUERAT

B. NOUADHIBOI
37

c. LE SYSTEME DE RECUPERATION ET DE SAUVETAGE

c l . Résultats généraux

Les équipes locales, chargées du système d'information, servent également de cadre à


la récupération et au sauvetage de phoques abandonnés ou blessés.

Il était nécessaire de former des vétérinaires compétents et de les mettre à la


disposition des équipes. L'IRSNB a organisé cette formation pour une vétérinaire grecque et l'a
envoyée, pendant un mois, au centre de recherche de Texel (RIN) et à la Zeehondencrèche de
Pieterburen, un centre spécialisé dans le sauvetage de phoques.

La construction d'une infrastructure de sauvetage minimum est prévue à Alonissos dans


le cadre du projet IFAW. Le Zeehondencrèche de Pieterburen a servi de centre d'accueil pour
les opérations de sauvetage qui ont eu lieu dans le cadre de ce premier programme. Le Parc
National de Port-Cros (France) dispose également de bassins qui peuvent être utilisés pour des
opérations de ce type.

C.2. Le sauvetage de deux jeunes phoques dans les eaux grecques.

Un des grands succès du système a été le sauvetage de deux jeunes phoques dans les
eaux grecques et leur remise en liberté après six mois de soins, dans la zone protégée du Parc
Marin des Sporades du Nord.

En octobre 1987, deux jeunes phoques ont été récupérés par des pêcheurs,
respectivement à Tilos (près de Rhodes) et à Corfou. Grâce au système d'information-
récupération, les autorités ont été alertées et le transport a pu être immédiatement organisé.
Les animaux, alors âgés de 2 semaines environ, ont été transportés directement au
Zeehondencreche à Pieterburen, où ils devaient recevoir des soins intensifs pendant près de
six mois.

Les deux phoques, baptisés Theo et Dimitri, du nom de leurs 'sauveteurs', disposaient
de deux bassins de 2 mètres sur 3 et d'un mètre de profondeur.

De commun accord avec le Ministère grec de l'Environnement, il a été décidé de


reconduire les deux phoques en Grèce fin avril. Ils étaient alors âgés de six mois et dans un
état de santé qui permettait d'envisager leur retour dans leur milieu naturel dans des conditions
optimales. L'endroit choisi, les Sporades du Nord, bénéficie d'une protection légale et est
équipé de façon à permettre une protection effective (voir Réseau). Il se prêtait donc
particulièrement bien à cette expérience pilote de réinsertion de Phoques moines dans leur
milieu naturel.

Une équipe mixte grecque, hollandaise et britannique, sous la direction du Dr. P.


Reijnders (RIN), a procédé à la remise en liberté et au suivi télémétrique des deux animaux.
Cette étude télémétrique fut financée conjointement par le Ministère grec de l'Environnement
et par l'IFAW. Le suivi s'opère à partir des bateaux et de l'avion affectés à la surveillance de la
zone du Parc Marin, par une équipe composée de chercheurs de l'Université de Thessalonique.
38
d. SENSIBILISATION DU PUBLIC

d.1. Introduction

Le travail de sensibilisation, aussi bien des communautés directement concernées,


comme celles des pêcheurs pratiquant la pêche traditionnelle, que du public en général, est
certainement un point important dans la stratégie de conservation du Phoque moine.

Pour faire connaître la problématique de la conservation d'une manière générale,


l'IRSNB a produit et distribué un millier d'affiches en grec, italien, français et néerlandais. Le
programme s'est néanmoins surtout concentré sur la sensibilisation à l'échelle locale.

d.2. Sensibilisation en Grèce

Un des éléments du sous-contrat que l'IRSNB a conclu avec le Ministère grec de


l'Environnement est une action de sensibilisation (cf. système d'information) dans le cadre de la
mise en place des équipes locales et de l'établissement du Parc Marin dans les Sporades du
Nord. En plus, un des points importants du sous-contrat conclu avec l'équipe de l'Université de
Munich, travaillant aux îles Ioniennes, couvrait la sensibilisation du public à l'échelle locale.

Les actions du Ministère grec de l'Environnment

Dans le cadre du système d'information, les affiches en grec ont été distribuées par le
Ministère avec l'aide des capitaineries de Port et lors des réunions publiques. Une exposition
éducative sur le Parc Marin a été réalisée et présentée dans les localités concernées par le
système d'information. La stratégie pour la conservation du Phoque moine a été discutée avec
des représentants de nombreuses communautés de pêcheurs (cf. système d'information) et
des propositions de coopération mutuelle ont été faites. Des présentations d'informations se
sont déroulées pendant un stage de formation à Athènes, lequel a été organisé en coopération
avec les Ministères de la Jeunesse et de la Défense.

La sensibilisation des communautés locales, lors de l'établissement du Parc Marin, a été


faite au moyen de présentations spécifiques du sujet lors des réunions publiques. Un dépliant
éducatif est en préparation. Un programme de sensibilisation dans les écoles est en cours.

La conservation du Phoque moine en Grèce a fait l'objet de nombreux articles dans la


presse et des articles spécifiques ont été rédigés par les responsables du Ministère de
l'Environnement e.a. dans des revues touristiques à grand tirage.

Les actions aux îles Ioniennes

Les résultats présentés ci-dessous sont tirés en majeure partie du rapport final de
l'Université de Munich dans le cadre de leur sous-contrat avec l'IRSNB (JACOBS et PANOU,
1988).

Le programme de sensibilisation a été mené dans les îles Ioniennes durant la période
1986-1988. Elle a été préparée pendant l'hiver 1986-1987 et lancée au printemps 1987, au
début de la saison touristique. Le but était d'informer le plus de personnes possible, en
particulier les touristes, les pêcheurs et les enfants.

Une partie du programme était consacré à la distribution de matériel éducatif. Le poster


de l'IRSNB a été affiché en permanence dans un bar au village de Fiskardo, centre touristique
dans le nord de Céphalonie, où l'équipe était basée. Au printemps de 1987, un feuillet
d'information à l'intention des touristes a été préparé en grec, italien, anglais, français, allemand
et espagnol. Il a été distribué dans plusieurs endroits tels que magasins de souvenir, poste,
bars et ferry, avec un dépliant sur le Phoque moine, édité par la Société hellénique pour la
Protection de la Nature. Le feuillet explique l'objectif du programme de conservation de
l'espèce et lance un appel aux touristes afin qu'ils ne perturbent pas les grottes et rapportent
leurs observations de l'espèce à l'équipe. Cette action a été répétée au printemps 1988.

Une exposition avec des photos de Phoque moine est présentée de façon permanente
dans un magazin photographique d'Agrostoli, la capitale de me. Des copies y sont distribuées à
toute personne intéressée.
39

Une autre partie du programme était orientée vers la sensibilisation dans les écoles. De
nombreux contacts ont été établis et l'équipe a fourni des informations et du matériel éducatif
sur le projet lui-même et sur le Phoque moine dans son milieu naturel. Dans trois écoles, des
actions spécifiques se sont déroulées. Le programme a continué en 1988.

Une action particulière a été menée pour informer et sensibiliser les touristes participant
à des régates organisées en mer, ainsi que les propriétaires et locataires de bateaux sur place.
L'effet a été très positif. Plusieurs personnes ont montré leur intérêt en communiquant ensuite
des observations du Phoque moine faites lors de courses en mer.

Dans le cadre du système d'information, de nombreux contacts ont été pris avec les
communautés de pêcheurs. Grâce à cela, un respect mutuel a été créé, très positif pour les
études à entreprendre et le programme de conservation. Des contacts avec les autorités
locales (Police des Ports, préfecture, etc.) ont été maintenus tout au long du programme et des
informations sur le projet ont été fournies selon la demande. Des articles sur le projet en
général et les actions en mer Ionienne ont été rédigés pour plusieurs journaux et revues.

d.3. Sensibilisation en Sardaigne

Dans le cadre de l'établissement de la zone de protection du Golfe d'Orosei, le


Ministère italien de l'Environnement a lancé, dès 1987, une campagne de sensibilisation sur
lile, avec la collaboration de l'Institut Tethys (Milan) et les autorités régionales de Sardaigne. Ce
programme comprend la publication d'une affiche sur la conservation du Phoque moine et
d'une brochure explicative pour les écoles, ceci en collaboration avec le Ministère de
l'Education Publique. Une campagne spécifique sera menée dans les écoles des provinces de
Nuoro et Sassari. Des concours de dessin sur le thème du Phoque et de la protection du milieu
en général sont projetés. Des journées éducatives sont organisées dans les villages côtiers les
plus concernés par l'établissement de la zone de protection.

d.4. Sensibilisation à Madère

Dans le cadre du contrat 'Mesures d'urgences' avec la Commission des Communautés


Européennes, le Musée Municipal de Funchal a entrepris plusieurs actions de sensibilisation.
Une brochure sur le Phoque moine a été imprimée et distribuée à 20000 exemplaires. Une
partie a été financée par l'association locale pour la protection de la nature à Madère, BIOS. La
brochure traite de la biologie du Phoque moine et attire l'attention sur la nécessité d'arriver à un
statut de protection pour les Hes Desertas. Elle lance un appel pour communiquer au Musée de
Funchal toute information sur le Phoque moine. Des séances spéciales sur la protection de
l'espèce et de l'habitat de 111e en général seront données dans les écoles secondaires des
villages de pêcheurs situés sur la côte sud de Madeira. Un programme de télévision concernant
les îles Desertas sera proposé à la chaîne locale.
40

C. ETUDES SUR LA BIOLOGIE DU PHOQUE MOINE ET SUR LES INTERACTIONS ENTRE


PECHEURS ET PHOQUES.

a. ETUDES SUR LA BIOLOGIE DU PHOQUE MOINE

a.1. Introduction

Le rapport 'Population Biology of the Monk Seal in Greece' (HARWOOD, 1987) a montré
qu'il reste beaucoup à apprendre en ce qui concerne la biologie de l'espèce et qu'une bonne
connaissance du comportement, du choix de l'habitat ou des déplacements est un outil
précieux pour l'établissement de la stratégie de protection. Le programme de l'IRSNB a donc
réservé une large part aux études et, entre autres, à la continuation des travaux effectués par
l'équipe du Sea Mammal Research Unit dans les îles Ioniennes. Les études ont été menées de
juillet 1986 à décembre 1986 par le SMRU, puis par l'équipe de l'Université de Munich (JACOBS
et PANOU, 1988) jusqu'en juin 1988.

a.2. Méthode

Les études menées pendant ces 3 années ont eu comme buts principaux de confirmer la
présence du Phoque moine, d'en estimer les effectifs, de répertorier les grottes habitées et de
rassembler le maximum d'information sur les moeurs et les mouvements des phoques.

Les grottes ont été surveillées de 1 à 10 fois par mois durant les six premiers mois de
l'étude puis quotidiennement jusqu'en 1988, pour autant que les conditions climatiques le
permirent. L'effort s'est surtout concentré le long du canal d'Ithaque, mais d'autres parties des
îles ont également été surveillées.

Chaque grotte a été localisée sur carte. Un plan détaillé de l'accès et de l'intérieur de
chaque grotte a été établi, et des données ont été rassemblées sur les caractéristiques
environnementales. A chaque visite étaient systématiquement notés l'absence ou la présence
d'un animal (description, taille et caractéristiques individuelles), la présence de traces dans le
sable (description de la forme, mensurations), ou les changements dans la structure de la
plage. Après chaque visite, les traces trouvées étaient effacées. Toutes ces informations ont été
rassemblées sur des formulaires.

Toutes les observations de phoques en dehors des grottes ont aussi été notées de façon
systématique (localisation exacte, heure, date, nombre d'animaux et caractéristiques). Ces
renseignements étaient récoltés auprès des pêcheurs, de la population locale ou aux cours des
visites de surveillance des grottes.

a.3. Résultats

Les résultats présentés ici sont un synthèse des données de la période allant de juillet
1986 à juin 1988 (HARWOOD, 1987; JACOBS et PANOU, 1988).

a.3.1. Occupation des grottes

En un an, on a noté 199 évidences d'utilisation de grotte, pour tout l'ensemble de la zone
étudiée. Toutes les grottes du canal d'Ithaque ont été fréquentées, à une exception près. 3-4
grottes sont fréquentées très régulièrement (les grottes 43 et 45 notamment), les autres ne sont
utilisées qu'occasionnellement. L'utilisation diminue de manière significative pendant la saison
touristique, probablement à cause des dérangements fréquents.
41

a.3.2. Observations hors des grottes et estimation de la population.

Des centaines de données ont pu être rassemblées, avec mention de la date, de l'endroit
précis et de la source d'information.

Sur l'ensemble de la période, 315 observations ont été rassemblées, parmi lesquelles 239 se
rapportent au canal d'Ithaque. En hiver, le nombre d'observations est plus faible; les pêcheurs
(source principale d'informations) sont moins actifs à cause du mauvais temps et les touristes
ou les autres observateurs potentiels, peu nombreux. Pendant les visites aux grottes, 82
observations ont été notées par l'équipe. La population locale est estimée à au moins 18-20
individus dont 8-9 jeunes, mais le nombre d'adulte est propablement sous-estimé. Les phoques
se reproduisent encore dans la zone. Il semble qu'ils effectuent de grands déplacements et des
recherches plus approfondies sont nécessaires pour mieux connaître ce phénomène.

b. ETUDES SUR LES INTERACTIONS ENTRE PECHEURS ET PHOQUE MOINE.

b.1. Introduction

Le Phoque moine a toujours été pourchassé en Grèce. Jusqu'il y a 15-20 ans, on exploitait
sa peau et sa graisse. De plus, considéré comme un concurrent indésirable, il était
régulièrement abattu par les pêcheurs.

Il était donc crucial, pour la survie de l'espèce, d'évaluer l'impact réel des phoques sur la
pêche et de trouver une solution à cette cohabitation difficile.

La présence de l'équipe de l'Université de Munich, la pêche encore active à cet endroit et le


territoire peu étendu faisaient de Céphalonie un champ d'étude idéal.

b.2. Analyse des dégâts causés par le Phoque moine

b.2.1. La pêche dans le canal d'Ithaque

Les dommages causés par le Phoque moine à la pêche côtière ont été étudiés à Stavros
(Ithaque) et à Fiskardo (Céphalonie), deux villages situés le long du canal d'Ithaque. Nous
résumons ci-après les caractéristiques principales de la pêche en cet endroit. Le détail de ces
informations se trouvent dans le rapport JACOBS et PANOU, 1988, de l'Université de Munich à
l'IRSNB.

STAVROS:

- Village de pêche traditionel, 13 pêcheurs professionnels,


- Pêche toute l'année, principalement à l'ouest et au nord d'Ithaque, au nord-ouest de
Céphalonie et aux alentours des îles de Lefkada et d'Arkoudi (sur 15 km),
- Plusieurs techniques sont utilisées, souvent lors d'une même sortie,
- Les filets sont raccommodés et préparés par les pêcheurs eux-mêmes,
- Peu de pêche illégale,

FISKARDO:

- Village touristique, 1-2 pêcheurs professionnels,


- Activité de pêche fortement réduite pendant l'hiver; en été beaucoup de 'semi-professionnels',
- Rayon d'activité limité à Céphalonie et au nord d'Ithaque (sur 5-8 km),
- Méthode peu variée, jamais de combinaison de méthodes différentes.
- Les filets ne sont pas raccomodés par les pêcheurs, qui achètent des filets déjà préparés,
- Cas de pêche illégale,

La seule coopérative de pêcheurs de l'île de Céphalonie se trouve dans le sud de l'île.


42
b.2.2. Méthode

Une première évaluation des dégâts causés aux filets avait été réalisée, en 1986, le cadre
du projet 'Populations Biology of the Monk Seal in Greece' du SMRU (PANOU et al. in
HARWOOD, 1987). Cette étude s'est faite par enquête auprès des pêcheurs rentrant au port et
par observation directe, à bord de bateaux de pêche.

Une expérience préliminaire était indispensable, à ce stade, et après s'être familiarisée


avec les différents types de dégâts qui peuvent être occassionnés aux filets de pêche par des
phoques, des dauphins, des murènes ou des crabes, l'équipe a testé les différentes types de
dégâts occasionnés par le Phoque moine et étudié son type de nourriture préférentielle en
plaçant un filet trémail (voir définitions dans la partie suivante) de 63 m de long, 1,8 m de
hauteur et d'une maille de 24 mm, pendant 7 périodes de 1 à 4 jours devant une grotte
fréquentée régulièrement. Le filet était contrôlé chaque jour; le nombre et la position des trous
ainsi que les poissons présents furent notés.

De mars 87 à juin 88, l'équipe de l'Université de Munich a developé l'étude sur les dégâts
en ayant des entrevues journalières avec chaque pêcheur rentrant au port (Stavros ou Fiskardo)
et en notant systématiquement les localisation, date, méthode de pêche, prises de poissons,
dommages et observations éventuelles de Phoque moine dans les environs des filets. On
considère comme 'pêche' la prise de poissons pendant 24 heures par un pêcheur. Dans les
méthodes de pêche, les catégories suivantes ont été distinguées: filets 'maillants', filets
'trémail' près de la côte, filets 'trémail' plus loin de la côte et traînes (voir définitions partie
suivante). Une cinquième catégorie ('divers)'est utilisée dans le cas ou plusieurs méthodes
différentes ont été utilisées au cours d'une même pêche.

b.2.3. Résultats

Lors des études préliminaires (HARWOOD, 1987) des dégâts étaient observés dans 18-19
% des pêches (ce qui est un nombre très élevé).

L'expérience avec le filet 'trémail' a montré qu'un seul phoque peut causer des dégâts
importants: après le passage d'un seul individu, 18 trous ont été trouvé dans le filet.

L'étude systématique, réalisée en 1987-1988, a montré que tous les types de filets utilisés
dans la zone d'étude peuvent être endommagés par le Phoque moine. Les traînes sont moins
souvent endommagées. Pour chaque mois de la période d'investigations, les valeurs suivantes
ont été calculées:

(1) le pourcentage de 'pêches' avec des dommages aux filets ou aux prises de poissons,
(2) le pourcentage d'observations de Phoque moine près des filets endommagés,
(3) le pourcentage d'observations de Phoque moine sans dommages aux filets,
(4) le pourcentage d'observations de Phoque moine pendant les pêches avec dommages
rapportés.

Le pourcentage de pêches avec dommages fluctue entre 0% et 21,8% par mois avec
une moyenne de 7,3 % pour toute la période. Dans 3 % des cas, un Phoque moine a été
observé en même temps que des dommages. Dans 1,6% des cas, un Phoque moine a été
observé aux alentours des filets sans que des dommages soient observés.

Des corrélations entre le nombre de dommages, le nombre de phoques fréquentant les


grottes et le nombre d'observations de phoques en général (voir partie E, Biology and Ecology,
JACOBS et PANOU, 1988) montrent qu'en moyenne presque 70% des dommages peuvent être
prédits par les données d'observations générales (et dans une moindre mesure par les
évidences de présence dans les grottes).

Des dommages aux filets 'maillants' sont enregistrés dans 43% des cas, aux filets 'trémail'
près de la côte, dans 9,5%, aux les filets 'trémail' éloignés de la côte dans 13,3% des cas, et aux
traînes dans 2,9%. Le total des dégâts causés aux filets 'maillants', aux filets 'trémail' placés
près de la côte et aux combinaisons des deux, monte à 83,3%.

Les résultats ont aussi montré des différences locales. Environ 22% des dommages ont
été enregistrés dans la Baie de Poli à Ithaque et 24 % aux alentours de la grotte '43'. Rien ne
prouve, cependant, que les dégâts soient systématiquement plus nombreux aux alentours
d'une grotte fréquentée par un phoque.
43
b.2.4. Evaluation préliminaire des pertes de revenus

Comme mentionné dans le chapitre précédent, les dégâts effectués par le Phoque moine
sont assez élevés en comparaison notamment avec d'autres mammifères marins (entre 2% et
10% selon BEDDINGTON et al, 1985). Comme les chiffres fluctuent entre 0 et 21,8%, les dégâts
peuvent avoir, pendant certains mois, un effet significatif sur les revenus des pêcheurs.

L'effet sur les revenus est direct ou indirect:

a) Effet direct:

- Perte de poissons: la prise journalière dans un filet 'maillant' de 18-22 mm est généralement
de 2 à 15 kg/pêcheur/jour mais les poissons ainsi capturés sont généralement des poissons de
peu de valeur (300-400 drachmes/kg). Par contre, les poissons pris dans les filets 'maillants' de
45 mm de maille ont une grande valeur commerciale. Les prises dans un filet dit 'trémail' varient
de 2-20 kg/pêcheur/jour. Cette prise est vendue à 1800-2000 drachmes/kg. Comme ces
poissons ont une grande valeur, leur perte est très importante pour les pêcheurs, qui gagnent
entre 2000 et 15000 drachmes/jour.

- Dégâts aux filets: il est difficile de donner des chiffres puisqu'ils dépendent des filets utilisés
et de l'extension des dégâts. De plus, les prix des filets varient et les taxes d'importation
augmentent constamment. Le temps utilisé pour réparer les filets varie aussi selon l'ampleur
des dégâts. Si un filet est endommagé à plusieurs endroits ou sur toute la longueur, cela peut
prendre 1 à 3 jours de réparation.

b) Effet indirect: perte de prises potentielles et perte de temps.

b.3. Mise à mort délibérée de phoques par les pêcheurs

De 1983 à 1986, 5 cas de mise à mort ont été signalés dans la zone d'étude, dont 2 à la
dynamite. Pour la période de 1975 à 1985, 10 cas sont connus. S'y ajoutent quelques données
non vérifiées de 1985 et 1986. Il est certain que ces chiffres sont inférieurs à la réalité, puisque,
la loi inderdisant de tuer les phoques, seuls quelques cas de mises à mort sont rapportés.

La mise à mort intentionnelle reste cependant un facteur important de mortalité et


représente un danger réel pour la survie des populations.

b.4. Morts accidentelles dans les filets de pêche

Sur un total de 8 cas de phoques noyés dans du matériel de pêche, dont 5 entre 1981 et
1987, deux sont dus à des étranglements dans des filets 'maillants', 3 dans des filets 'trémails',
et un dans une longue ligne. Dans les deux autres cas, la cause n'est pas connue. Ces
données ne représentent probablement qu'une partie minime du nombre réel de noyades.

b.5. La surpêche et la diminution des ressources de nourriture du Phoque moine

Les informations du Service National Grec de Statistique indiquent que la prise totale de
poissons dans la région de Céphalonie, Zakynthos et Patras a augmenté de façon très
significative ces cinquante dernières années. Tandis que, dans les années 1928/1929, la prise
totale était de 500 tonnes, en 1983/1984 elle se chiffre à 3300 tonnes. Ces chiffres n'incluent
pas les captures faites par les amateurs.

Cependant, les vieux pêcheurs de la zone d'étude confirment tous que les stocks de
poissons côtiers ont diminué d'une manière alarmante et ne représentent qu'un dixième du
volume d'il y a 10-20 ans. Le développement des techniques de pêche par les grands chalutiers
et le développement de la pêche par les amateurs ont une influence négative sur les stocks de
poissons côtiers. Il semble également que certaines espèces de poissons réagissent aux
changements de conditions de l'environnement marin côtier en migrant vers les eaux plus
profondes, où le Phoque moine, plongeur en eau peu profonde, a des difficultés à se nourrir.

Toutes ces données ne sont que des indications et montrent que des études plus détaillées
sur les stocks de poissons côtiers et sur la stratégie de pêche, à suivre dans le futur, sont
nécessaires.
44
b.6. Conclusions

Les plus grandes menaces pour la survie du Phoque moine sont la mise à mort délibérée
par les pêcheurs et la mort accidentelle dans les filets; la diminution des stocks de nourriture
n'est peut-être pas à exclure totalement.

La noyade dans les filets, dont l'ampleur est très mal connue, nécessite une étude plus
détaillée. La surexploitation des ressources marines, problème très complexe, ne trouvera de
solution que dans des changements profonds de la politique générale de la pêche. Des
données exactes sur les stocks encore présents et le fonctionnement des écosystèmes côtiers
sont encore nécessaires.

Par contre, il est possible d'agir de façon efficace et dans un délai relativement court contre
la mise à mort délibérée. Des actions de sensiblisation et des solutions locales pour compenser
les pertes de revenus doivent être poursuivies et/ou développées le plus rapidement possible.
45

c. ETUDE DE LA LEGISLATION SUR LA PECHE ET LES PECHERIES EN GRECE ET EN


PARTICULIER DANS LES ILES IONIENNES.

d . Introduction

Malgré la stricte protection légale du Phoque moine, sa mise à mort délibérée par les
pêcheurs est considérée comme l'un des facteurs de déclin les plus importants. L'application
de la loi est souvent difficile à contrôler, en particulier en Grèce où les côtes sont très étendues
et souvent inaccessibles.

Il est irréaliste de tenter de réduire le nombre de mises à mort délibérées ou


accidentelles (par étranglement dans des filets abandonnés) en réduisant la pêche sur toute la
côte grecque. Cependant, il est possible d'améliorer la situation actuelle par des propositions
concrètes. Pour cela, il est prioritaire de pouvoir mesurer les dégâts au matériel de pêche et de
posséder une bonne connaissance de la législation et des administrations responsables.

Une étude approfondie de la législation nationale et des pratiques de pêche en vigueur


en Grèce a donc été menée par l'Université de Munich, sous la supervision de l'IRSNB. Elle est
centrée sur les Iles Ioniennes (JACOBS et PANOU, 1988).

C.2. Rassemblement des données.

Pendant la période du sous-contrat, l'équipe de l'Université de Munich a consacré une


partie importante de son temps à rassembler des informations sur la législation nationale de
pêche et sur les pratiques de pêche dans la région de Cephalonie-lthaque. Des contacts ont
été pris avec les services de la Pêche à Athènes (Ministère de l'Agriculture), avec l'organisation
locale 'Cephalonian Fisheries S.A.', avec les responsables de la Police des Ports et avec les
pêcheurs locaux. L'équipe a ainsi acquis une connaissance approfondie des pratiques et des
problèmes locaux.

Les informations présentées ci-dessous sont tirées en majeure partie du rapport final de
l'Université de Munich à l'IRSNB.

C.3. La pêche en Grèce

En Grèce, depuis les années cinquante, le nombre de personnes travaillant dans la


pêche diminue annuellement de 1,5%. En 1985, 20620 personnes vivaient de la pêche (en mer
ou en eau douce). En 1985-1986, un total de 19732 bateaux de pêche professionnels sont en
utilisation, dont 17500 pour la pêche côtière. On estime à environ 11000 le nombre de pêcheurs
'amateurs' (voir définitions dans le texte sur la législation en Annexe) (information: Bureau
National de Statistique).

Au printemps 1987, un décret ministériel a mis en place un comité spécial chargé de la


révision complète de la législation sur la pêche. Ce comité doit adapter la législation à la
situation et aux besoins actuels. Un autre comité s'occupe des critères en matière d'octroi de
licences pour les professionnels, amateurs et bateaux. Dans chaque comité, on trouve des
représentants des pêcheurs et des autorités locales concernées.

La révision de la législation devrait permettre de résoudre certains des grands


problèmes tels que la surexploitation, la pêche illégale, le nombre trop elevé d'amateurs, le
manque de protection et de gestion des ressources marines. Quelques nouveaux règlements
ont déjà été mis au point, notamment concernant la pêche à la dynamite, la pêche aux coraux et
l'aquaculture. Dès à présent, une législation spéciale permet de restreindre les droits de pêche
dans certains endroits pour y protéger les ressources marines. Cette dernière réglementation
est un outil primordial pour la protection du Phoque moine.
46
C.4. La pêche à Cephalonie-lthaque

- Description générale

Seules les pêches 'intermédiaires' et côtières y sont importantes. Deux cents bateaux
de pêche professionnels sont enregistres à la préfecture, mais ce nombre fluctue. De plus, un
nombre élevé (800-900) de pêcheurs 'amateurs' ont obtenu une licence de pêche
professionnelle et la compétition avec les vrais pêcheurs professionnels est importante.

La pêche non-locale est le fait de chalutiers en provenance de Patra et Kyllini


(Peloponèse), de pêcheurs italiens à l'espadon (Xiphias gladus), des pêcheurs d'épongé de
Kalymnos et de touristes, péchant souvent illégalement.

- La pêche 'intermédiaire' (medium fisheries^

Cette pêche est surtout pratiquée par les pêcheurs de Lefkada. Trois à quatre bateaux
travaillent au chalut et à la seine à poche (Gri-gri, purse sein) à Cephalonie.

- La pêche côtière

Cette pêche représente l'activité la plus importante de la région. Les méthodes les plus
employées sont les filets 'trémails', les filets 'maillants', les traînes et les petits chalutiers.

Filet 'Trémail'

Ces filets (manomèna en grec), ont trois poches: deux poches extérieures (mailles de 80-120
mm) d'une hauteur d'environ 1,8 m et une poche intérieure (mailles de 22-26 mm) d'une
hauteur de 2,7 m. La longueur d'un filet 'trémail' varie de 360 à 1800 mètres. Dans la plupart des
cas, ils sont placés par pièce de 360 à 720 m. dans des endroits différents. Le filet tout entier
est fixé au fond. Par cette méthode, seuls les poissons de fond sont capturés: Mulus
surmuletus, Mulus barbatus, Scorpaena sp., Labridae, Boops boops, Boops salpa etc , ainsi que
la Langouste Palinurus vulgaris, généralement entre les mois de mai et d'octobre.

Les filets sont changés de place chaque jour. La production journalière varie de 2 à 30 kilos,
selon la taille du bateau et le nombre de personnes. Les filets se déchirent souvent et sont
abandonnés au fond de la mer. Des organismes marins sont accidentellement capturés par ces
filets fantômes, ce qui contribue à détériorer l'environnement marin.

Filet 'maillant'

Le filet 'maillant' (apladia en grec) est constitué d'une seule poche, avec des mailles allant de
18 mm à 46 mm, suivant la méthode de pêche (voir ci-après). Ils sont placés
perpendiculairement à la côte. Le filet s'étend du fond à la surface de l'eau. D'une hauteur de
1,8 à 3,6 mètres près de la côte, il peut atteindre 27 m de haut lorsqu'il est placé à 200 m de
celle-ci. Avec ce type de filet, seul les bancs de poissons migrateurs sont capturés. Les filets
sont toujours placés à des endroits fixes.

Différents types de filets 'maillants' sont utilisés:

1. filet à maille de 46 mm (palamidodichta), utilisé pour les captures de Sarda mediterranea et


Gymnosarda pelamis. La capture peut aller jusqu'à 20 ex. mais dans 30 à 40% des cas, il n'y a
pas de prise.
2. filet à maille de 28-32 mm, utilisé pour la capture de plusieurs espèces de taille intermédiaire.

3. Klabano, un type de filet largement répandu dans la zone étudiée. C'est une combinaison de
filets 'trémail' et 'maillant', composée d'un filet intérieur 'maillant' à mailles de 18-20 à 20-28 mm
et de deux poches extérieures à larges mailles (filet 'trémail') qui atteignent la mi-hauteur de la
poche intérieure. Ces filets 'klabano' sont placés comme des filets 'maillants'.
47
Le filet de ce type le plus largement utilisé est le 'gododichto', avec une maille de 18-19 mm. Il
est utilisé pour les captures de Boops boops, Maena maena et d'autres poissons plus petits,
vivant généralement en bancs. Les prises sont généralement de 5 à 15 kg mais peuvent aller
jusqu'à 40 kg, suivant la saison.
D'autres types de klabano sont utilisés pour la capture de poissons de fond et pélagiques, ou
surtout par la méthode appelée 'voli', qui consiste à effrayer les poissons près de la côte en
battant, la nuit, la surface de l'eau à partir du bateau longeant les filets. Le filet est remplacé
plusieurs fois par nuit. Des bancs de Boops salpa et d'Oblada melanura sont ainsi capturés.
Les prises varient entre 25 et 60 kilos.

Traînes

Avec cette méthode, seul de grands poissons de bonne qualité sont pris, sans influence
sur le reste de la faune marine. Certains pêcheurs professionnels dans le canal d'Ithaca sont
des pêcheurs à la traîne. Les lignes sont en nylon fin muni d'hameçons en métal avec un
poisson de petite taille pour appât. Les espèces prises de cette façon sont e.a. des Serannidae
et des Spartidae. On prend de 1 à 8 ou 10 poissons par ligne. Les lignes sont utilisés tout le
long de l'année, mais les emplacements changent régulièrement. Comme il y a peu d'endroits
favorables dans la région pour la pose de ces traînes (fond de mer avec roches), les mêmes
sites sont utilisés fréquemment.

Pêche au chalut à petite échelle (hawl seine)

Dans ce type de pêche, la production journalière varie entre 2-10 ou 100 kilos. Il y a 3-4
années, les prises étaient de 150 à 300 kilos. Seuls les bancs de Boops boops, de Maena
maena et de Maena småris sont capturés, poissons fort appréciés en Grèce. Néanmoins, les
proriétaires de bateaux de pêche au chalut sont actuellement encouragés à arrêter leurs
activités, (prime nationale et fonds communautaires). Ce type de pêche a très peu d'effet
négatif sur la faune marine, car les filets ne disposent pas de râteau en métal à l'ouverture et
sont tirés très lentement sur le fond de mer. En 1988, deux de ces bateaux ont été retirés, dont
un à Stavros (Ithaque) et un à Sami (Kefalonia).

Pêche au gros (Espadon)

Ce type de pêche est assez récent en Grèce et est considéré comme faisant partie de la
pêche côtière. Cette pêche peut s'effectuer jusqu'à 15 miles de la côte et interfère fort peu avec
le Phoque moine. Les lignes utilisées pour cette pêche peuvent atteindre une longueur de 25
km, avec des grands hameçons et des appâts de Scomber scombery et Scomber japonicus,
pour capturer Xiphias gladius. La pêche est limité d'octobre à janvier par la loi de 1987.

La pêche à l'espadon a commencé dans les îles Ioniennes il y a environ six ans. Des
crédits ont été alloués aux pêcheurs pour construire des bateaux adaptés à ce type de pêche.
Depuis 1985, trois nouveaux bateaux sont opérationnels dans les eaux de la préfecture de
Kefalonia et Ithaque, mais dès le début, les stocks de poissons avaient diminués
considérablement, probablement par la surpêche effetuée par des pêcheurs italiens, travaillant
d'une manière illégale dans la région. Les prises sont actuellement très basses (5-10 kg).

L'aquaculture

L'aquaculture est un secteur récent du système de pêche en Grèce. L'élevage de


poissons (principalement de Sparus auratus et de Dicentrarchus labrax) se fait à Kefalonia par le
'Cephalonian Fisheries S.A.', situé dans la baie d'Agrostoli. Une quarantaine de personnes y
sont employées. L'entreprise florissante est considérée comme un prototype en Grèce. Une
seconde entreprise est en construction à Ithaca.

Jusqu'à présent aucune donnée relative aux interactions entre Phoques moines et
cages à poissons situées en mer n'a été rapportée.

A long terme, l'élevage des poissons peut représenter une solution aux problèmes de
surpêche en Méditerranée. Ce type de pêcherie n'est pas en compétition avec la pêche
traditionelle car seule quelques espèces sont utilisées en pisciculture et la demande pour ces
espèces est en constante augmentation.
48
La pêche en amateur

La pêche en amateurs est très répandue dans les eaux ioniennes, comme d'ailleurs
partout en Grèce. C'est une pêche côtière pratiquée avec des filets ou des longues lignes.

Ces amateurs sont en compétition sévère avec les pêcheurs professionnels: il y a


environ quatre fois plus de bateaux d'amateurs et le contrôle par les autorités compétentes (la
Police des Ports) est très faible. En général, ces amateurs n'ont pas l'expérience des
professionnels et font des dégâts à la faune marine. En été, les prises de poisson par les
amateurs peuvent être aussi importantes que celles des professionnels. Les poissons capturés
sont vendus directement à des restaurants ou à des particuliers.

La pêche illégale

Dans la zone étudiée, des pêches sous-marines, à la dynamite ou au chalut ont lieu
illégalement.
La pêche à la dynamite et au poison, réalisée par les amateurs et par les professionnels,
réduit d'une manière significative les stocks de poissons et affecte le milieu marin en général. Il
en va de même pour la pêche sous-marine. La pêche illégale est un des problèmes les plus
graves auxquels sont confrontés les pêcheurs et les autorités de Cephalonie-lthaque.

La pêche, effectuée par des chalutiers en provenance de Patra, Lefkada ou Kyllini est
malheureusement fréquente dans la région étudiée. Ce type de pêche a un effet désastreux sur
la vie marine, l'habitat marin étant entièrement détruit par les râteaux métalliques du filet et ceci
sur plusieurs kilomètres carrés. Des chalutiers péchant illégalement ont été observés
fréquemment le long de la côte nord de Cephalonie. Le contrôle y est insuffisant.

La pêche sous-marine, pratiquée par des touristes qui, généralement, ne possèdent


même pas de licence de pêche, pose un sérieux problème de compétition avec les
professionnels locaux. A Cephalonie et Ithaque il s'agit surtout de touristes italiens.

C.5. Application des réglementations de la législation sur la pêche par la Police des Ports à
Cephalonie-lthaque.

- Introduction

Le Ministère grec de la Marine marchande est chargé de la mise en application des


réglementations par les services de la Police des Ports. La pêche illégale reste la principal
problème, à cause de son impact sur les stocks de poissons et donc sur l'attitude des pêcheurs
vis-à-vis du Phoque moine.

Il serait souhaitable de renforcer le personnel et l'équipement de la Police des ports afin


d'assurer des contrôles plus efficaces.

L'organisation de la Police des Ports a été évaluée de façon à dégager les lignes
directrices de modifications futures. Cette étude a été réalisée par l'équipe de l'Université de
Munich, sous la supervision de l'IRSNB.

- Résultats de l'Analyse

Bien que les îles de Cephalonie et d'Ithaque fassent partie à la même préfecture, il
existe deux centres de la Police des Ports: l'un à Agrostoli (avec des centres régionaux à
Lixouri, Sami et Poros et un représentant à Fiskardo) chargé du contrôle de Kefalonia et l'autre
à Vathy, pour Ithaque, Arkoudi et Atokos.
49
Le personnel (P) et des détails relatifs à l'équipemment (bateau: B, voiture: V, moto: M,
VHF fixe: Vf, VHF portable: Vp) sont résumés dans le tableau ci-dessous:

localité P B V M Vf Vp

- Argostoli 13 - 1 - 2 qq
- Lixouri 4 1 - 1 1 -
- Sami 3 1 - 1 1 -
- Poros 4 - - 1 1 -
- Fiskardo 1
- Vathy 9 1 - 1 1 -

En résumé, il apparaît que le manque de personnel et de matériel adapté (certains


centres n'ont même pas de bateau) ne permet pas le contrôle de cette zone, qui connaît une
pression touristique très élevée et une pêche illégale importante. Ceci est particulièrement
crucial dans les zones bordant les eaux internationales.
50

D. RECHERCHES DE TECHNIQUES APPROPRIEES DE DETENTION ET DE REPRODUCTION


EN CAPTIVITE

a. Introduction

Dans le cadre d'un programme de sauvetage d'une espèce en danger grave, une
expertise de reproduction en captivité peut devenir nécessaire à un moment donné, si les
efforts de protection de l'espèce dans son habitat s'avèrent avoir des résultats insuffisants.
Dans le cas particulier du Phoque moine, la situation actuelle de l'espèce, si elle n'exige pas
pour le moment de programme de réintroduction, est suffisamment critique pour que des
expériences de reproduction à une échelle modeste soient entreprises.

Le Ministère français de l'Environnement s'est engagé en automne 1985 à réaliser une


expérience pilote de reproduction en captivité du Phoque moine. La conception et la mise en
oeuvre de cette expérience ont été confiées au Parc National de Port-Cros sous le contrôle
scientifique d'un Comité Scientifique International, dont les membres ont été nommés par le
Ministère.

b. Programme d'actions
Le programme d'actions comportait le repérage et la capture d'individus erratiques ou
appartenant à des groupes numériquement trop faibles pour assurer la reproduction de
l'espèce et leur transport et accueil dans une centre spécialisé. Les sites d'intervention se
situeraient sur les côtes d'Afrique du Nord.

La première étape consistait à sélectionner les zones où la réalisation de captures ne


posât pas de problèmes techniques insolubles et où l'obtention d'un permis de capture de la
part des autorités locales soit possible dans un délai raisonnable. Par ailleurs, il était nécessaire
d'envisager les conséquences biologiques du retrait d'individus d'un population de phoques
déjà très petite. La sélection d'une zone de capture dépend donc de trois paramètres, l'un
technique, l'autre politique et le dernier biologique. Dans le cadre de son sous-contrat avec le
Parc National de Port-Cros, l'IRSNB a financé des missions de reconnaissances le long des
côtes de Tunisie et du Maroc. Ces missions ont également permis d'actualiser les données sur
le statut de l'espèce dans ces régions.

c. Résultats

c.1. La mission en Tunisie


Une mission s'est déroulée en Tunisie au mois de juillet 1986 en collaboration avec le
Centre d'Activités pour les Aires Spécialement Protégées (UNEP). Elle s'est concentrée sur
l'exploration de l'Archipel de La Galite, seul endroit où le Phoque moine avait encore été
observé récemment (voir partie II, Evolution et Statut).

L'archipel est situé au large de la côte nord de Tunisie à environ 45 miles de Bizerte et
36 miles de Tabarka. L'île principale est La Galite. A 1,5 miles au sud-ouest de l'île se dressent
deux îlots escarpés: Le Galiton de l'Ouest et la Fauchelle, à 1 mile au au nord-est se trouvent
trois îlots, Les Galitons de l'Est.(voir carte 8).

Toutes les côtes ont été explorées en bateau, les grottes visitées afin d'y déceler des
traces d'occupation (excréments, poils, odeur,...) ou de juger de leurs potentialités comme
gîtes pour les Phoques moines. Une attention particulière a été portée à la détection des
grottes sous-marines.

La zone la plus intéressante pour le Phoque moine est la pointe de la Madone sur la
Galite, où sont localisées quatre grottes profondes et bien abritées et le Galiton de l'Ouest, qui
possède plusieurs grandes grottes, profondes et bien abritées également. Les Galitons de l'Est
ne présentent aucune grotte susceptible de servir de gîtes au Phoque moine.
51
Les observations les plus récentes dantent de février 86 (2 adultes au Galiton de
l'Ouest). Aucune observation n'a pu être faite et aucune trace d'occupation récente des grottes
n'a pu être observée au cours de la mission. Il est difficile dans ces conditions de donner une
estimation du nombre de phoques encore présents. La seule cerittude est l'extrême faiblesse
numérique. L'élimination, entre 1983 et 1985, de 5 individus (3 adultes et 2 jeunes) de la
colonie, déjà affaiblie, est aussi une indication dans ce sens. De 1 à 3 individus seulement
subsisteraient encore dans l'archipel.

En dehors du fait que la population est très réduite, la capture de phoques dans
l'archipel de la Galite est techniquement peu réaliste, vu les mers agitées et la structure de la
côte.

C.2. L'Algérie

Les informations disponibles montrent que des petites populations persistent sur les
côtes de l'Oranais. Une mission était prévue au mois d'août 1986 mais fut annulée peu avant la
date prévue. Les tentatives de reprise de contacts ont montré que l'établissement d'accords de
coopération en matière de conservation du Phoque moine est peu aisé.

Une mission a enfin pu être réalisée dans la région d'Oran au début d'avril 1988 (en
dehors du sous-contrat IRSNB/Port-Cros). Seuls 4 individus ont pu être recensés sur cette côte.
Pour plus de détails, nous renvoyons au rapport de BOUDOURESQUE et LEFEVRE (1988).

C.3. Le Maroc

La coopération avec le Maroc a été beaucoup plus fructueuse. Suite aux réunions, à
Casablanca, à Paris et à port Cros, entre le Parc National de Port Cros et l'Office National des
Pêches du Maroc, autorité responsable en matière d'environnement marin, un accord a été
conclu aux termes duquel le Maroc s'engage à 'prêter' 5 phoques afin de démarrer le
programme de reproduction en captivité. Ces phoques resteront propriété du Maroc. Les
captures seront effectuées par l'Office national des Pêches du Maroc avec l'assistance
d'experts envoyés sur place pour superviser les opérations.

Quant au choix du site de capture, les côtes du Sahara occidental semblaient, à priori,
rencontrer les critères de sélection.

Deux missions y ont été effectuées, en janvier et avril 1988, avec pour objectif de
recueillir toutes les informations possibles concernant la présence de l'espèce entre le cap
Bojador et la frontière mauritanienne, de localiser les portions de la côte les plus favorables à la
présence de colonies et d'évaluer les problèmes de conservation de l'espèce.
52
Résultats

- Les provinces septentrionales


Le Phoque moine a disparu du littoral Atlantique entre Tanger et le Cap Tarfaya (voir carte 8).
La région d'Essaouira a abrité une petite population au moins jusqu'au milieu des années
soixantes.

- Le Sahara occidental

Le Sahara occidental s'étend du Cap Tarfaya, au nord, à la frontière mauritanienne, au sud


(voir carte 8). Le statut et la distribution du Phoque moine le long de ce littoral étaient peu
connus jusqu'à la réalisation de ces missions. Bien que quelques observations récentes
existent entre le Cap Bojador et la péninsule de Dakhla, la mission de prospection effectuée au
mois d'avril a montré que le littoral entre ces deux sites n'abrite pas de colonies permanentes et
ne présente pas de grottes favorables à leur établissement. Ceci a été confirmé par tous les
pêcheurs interrogés.

Par contre, sur les côtes de l'Aguergueur entre le Cap Barbas, au Maroc, et le Cap Blanc, en
Mauritanie, subsiste une importante population, qui est a mettre en relation avec la présence de
grandes grottes, l'accès difficile des falaises, leur grande tranquilité et la grande activité dans
cette région de l'upwelling mauritanien. Les potentialités trophiques sont donc a priori
meilleures pour le Phoque moine.

Il serait prématuré de donner une estimation, même grossière, de la population saharienne


de Phoques moines. On peut toutefois estimer que la population totale est probablement
inférieure à 300 individus. De plus cette population n'apparaît pas être en expansion, en dépit
de la tranquilité dont elle a bénéficié, pendant le conflit du Sahara.

L'exploration de ces côtes devrait encore être affinée, afin de localiser d'une manière précise
les colonies éventuelles, leur importance et leur composition.
53

E. CONTACTS ET COORDINATION GENERALE

Pendant cette première phase d'activité, l'IRSNB a attaché une grande importance aux
contacts nationaux et internationaux. Il a collaboré avec le Conseil de l'Europe et participé
comme membre actif au groupe d'experts sur le Phoque moine créé dans le cadre de la
Convention de Berne. L'IRSNB a participé à et organisé de nombreuses et fréquentes réunions
avec les experts nationaux, les experts scientifiques et les représentants administratifs des
différents Etats Membres. Il a été en contact fréquent avec la 'League for the conservation of the
Monk Seal' basée à Guelph, au Canada, ainsi qu'avec le projet de recherche à Hawai sur
Monachus schauinslandi. Des contacts étroits ont été maintenus avec le WWF international et
l'UICN à Gland. L'IRSNB a participé à la réalisation du rapport UNEP-UICN sur 'The status of the
mediterranean Monk seal' qui a été publié en 1987.

Parallèlement aux actions communautaires exposées dans ce rapport, des organismes


internationaux et régionaux ont mené, coordonné ou financé des projets visant à la protection
du Phoque moine. La 'League for the conservation of the Monk seal', qui ,dès 1973, s'est
intéressée à la survie du Phoque moine, a organisé différentes conférences internationales sur
le sujet, dont la troisième s'est tenue en Turquie en novembre 1987. L'UICN, l'UNEP et le WWF
ont mis en place des missions de recherche et des études spécifiques notamment en Tunisie
(UICN), au Cap Blanc/Mauritanie (WWF/UICN), en Turquie (UNEP/UICN) et en Méditerranée en
général (WWF et UNEP-UICN) (MARCHESSAUX, 1986, 1987a,b,c, REIJNDERS et al., 1987).
Cette dernière étude sur la Méditerranée et leur 'Report on the status of the mediterranean
Monk seal', a servi de base à la réunion d'experts organisé conjointement par l'UICN et l'UNEP
à Athènes en janvier 1988. Cette réunion a permis de dégager les lignes directrices d'un plan
d'action général pour la conservation du Phoque moine. Le Conseil de l'Europe a créé un
groupe d'experts sur le Phoque moine, dans le cadre de la Convention de Berne. La première
réunion a eu lieu en septembre 1986, la seconde en mai 1988. De plus, des organisations
nationales ou régionales, comme la 'Société Hellénique pour la protection de la Nature'
(Grèce), le 'Fondo por la protección del Foca monje en Espagna' (Baléares) et la 'Vereinigung
Sehen und Handeln', ont mené des actions locales de sensibilisation (e.a. production et
distribution de matériel éducatif sur le Phoque moine). D'autres campagnes de sensibilisation
sont prévues comme celle récemment lancée par 'A.R.D.E.A.' (France).

L'IRSNB a été en contact fréquent avec les organisations mentionées. Pour encourager
l'échange d'information sur les études, les résultats des recherches et les actions de protection
et de sensibilisation, il a mis sur pied et diffusé une circulaire, le 'Monk Seal Bulletin', aux
différents ministères, organismes et personnes impliqués dans ou intéressés par les
programmes de conservation du Phoque moine.
55

IV. STRATEGIE FUTURE


57
IV. STRATEGIE FUTURE

LE PHOQUE MOINE : Une stratégie pour sa conservation

Quand les travaux ont commencé, il y a trois ans, la situation du Phoque moine, était
d'autant plus critique qu'hormis la certitude que l'espèce était en déclin constant tout au long
de son aire de répartition, on ne connaissait pratiquemment rien de sa biologie, de sa
distribution, de ses effectifs, ou des causes de sa disparition, et quasiment aucun effort de
sensibilisation à l'égard de cette espèce n'avait été entrepris.

Aujourd'hui, la situation est fort différente. Des études, des enquêtes et des recherches qui
ont été conduites, on a maintenant une idée plus claire de la biologie des populations de cette
espèce, et des estimations plus précises du nombre total d'individus. Dans certaines zones, de
petites populations bénéfficient maintenant d'une protection spéciale, et des réseaux
d'observateurs ont été créés, agissant tant au niveau de la récolte d'information que de la
sensibilisation, et pouvant organiser, le cas échéant, la récupération d'animaux blessés,
abandonnés ou capturés accidentellement.
Des recherches les plus récentes, on sait que pour assurer la survie des dernières populations
de Phoques moines, il faut arriver à réduire la mortalité adulte et la mortalité juvénile (Durant et
Harwood, 1987).

Par conséquent, les lignes directrices d'une stratégie de conservation apparaissent


maintenant clairement: la protection à long terme du Phoque moine devra passer en priorité par
des actions sur le plan législatif, par la multiplication des zones de protection, par la
sensibilisation des communautés les plus concernées, et par le suivi approfondi de certaines
populations.

1. Au niveau législatif:

- Une des priorités est de multiplier les zones de protection, de façon à couvrir le plus grand
nombre possible de petites populations. En plus, bien que de grands parcs marins tels que
celui des Sporades du Nord soient indispensables, il n'est pas nécessaire de reproduire ce
schéma complexe partout où le Phoque moine survit encore. Dans la plupart des cas, il sera
sans doute suffisant d'assurer l'application des législations existantes (espèces protégées et
lois sur la pêche côtière).

- La surexploitation des ressources côtières est un problème général pour l'ensemble de la


Communauté. Une des conséquences de ce problème est d'exacerber la concurrence entre
pêcheurs et phoques. La création de parcs marins et de zones protégées contribuent à
améliorer la situation. Cependant, et surtout afin de ne pas aggraver le problème d'isolement
des populations protégées, il est indispensable d'assurer la protection de l'espèce dans les
régions permettant la liaison entre les zones protégées. Une étape importante dans ce sens a
été accomplie, puisque les travaux réalisés par l'IRSNB au cours de ce programme ont conduit
la Commission des Communautés européennes à inclure dans la nouvelle directive sur la
protection des habitats une clause concernant la réglementation de la pêche côtière dans
l'optique de la protection des espèces, en particulier du Phoque moine, et de leurs habitats.

- De plus, vu la précarité du statut de l'espèce, il est nécessaire d'étendre les mesures de


protection aux pays tiers, par le biais des conventions internationales (Berne, Barcelone) ou
d'accords bilatéraux, tout en assurant une coordination générale des activités.

2. Au niveau de la sensibilisation

- La multiplication des zones protégées peut être efficacement renforcée par l'extension du
système d'information, au niveau local, mais aussi au niveau de la coordination générale. Il faut
arriver à ce que ce réseau d'observateurs devienne un instrument de base de la conservation
du Phoque moine. Il s'agit d'étendre ce réseau au plus grand nombre de localités possibles, de
prévoir les fonds nécessaires au fonctionnement de ce réseau et de maintenir un feed-back
approprié par un organisme coordinateur.

- Une sensibilisation bien menée peut remplacer efficacement des mesures réglementaires ou
législatives en dehors des zones explicitement protégées. Il convient donc que les
aménagistes et les utilisateurs des zones où vit encore le Phoque moine fassent l'objet d'une
campagne de sensibilisation bien ciblée.
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- En outre, il est impératif de prévoir maintenant des fonds destinés à mettre en oeuvre de petits
projets de développement adaptés aux besoins locaux, destinés essentiellement aux
communautés de pêcheurs et présentés comme mesure incitatrice pour l'assistance à la
protection du Phoque moine.

L'exemple d'Alonissos est suffisament probant pour convaincre de l'utilité de ce type d'actions.

3. Au niveau des études scientifiques

- Il faut identifier rapidement le plus grand nombre de zones de reproduction, prioritaires en


matière de protection.

L'identification de ces zones de reproduction permet d'orienter les mesures légales de


conservation. Par ailleurs, il est indispensable que soient étudiés de façon approfondie les
mouvements des phoques afin de créer des couloirs de protection entre les zones légalement
protégées.

- Si l'on désire pouvoir donner l'alarme avant l'extinction de telle ou telle population de Phoque
moine quand il est encore temps d'agir, il faut pouvoir assurer un certain suivi de cette
population, de façon à pouvoir déterminer chaque année le nombre de naissance, le sex-ratio
des jeunes, le nombre total d'individus et le sex-ratio de l'ensemble de la population. Il sera
alors possible de déterminer le type d'action à entreprendre pour prévenir l'extinction des
différentes populations.

Par exemple, si on relève des signes d'extinction, on pourra décider selon la situation, s'il
convient d'adopter des mesures comme la translocation ou la capture pour la reproduction en
captivité, ou si on a le temps d'investir à long terme dans des actions visant à augmenter le taux
d'accroissement des populations concernées.

Ce suivi des populations peut se faire à partir d'un programme de catalogue :


Chaque individu, identifié par marques individuelles et surtout par photos prises par des
caméras déclenchées automatiquement par l'animal lui-même.et installées préférentiellement
dans des grottes, peut être catalogué dans un système informatisé d'un emploi simple. Le Dr
Harwood a présenté cette méthode : elle permettrait d'obtenir un catalogue complet des
Phoques moines de la Communauté; par la reconnaissance individuelle et l'application des
analyses de capture/recapture. Cette méthode permettra d'estimer les paramètres des
populations et de suivre les mouvements des individus.

- En ce qui concerne l'acquisition d'expertise dans le domaine du maintien et de la


reproduction en captivité, des progrès substantiels ont été accomplis, d'une part au point de
vue de la détention , lors de l'opération de réhabilitation de deux jeunes phoques menée avec
succès à Pieterburen, d'autre part grâce aux travaux de l'équipe de Port-Cros qui permettent de
considérer les techniques de capture comme maîtrisées, tout en indiquant que la situation sur
les côtes nord-africaines n'offre pas actuellement de possibilité de capture volontaire dans des
conditions suffisantes de sécurité et de facilité de transport. Dans ces conditions, l'expérience-
pilote de reproduction en captivité peut maintenant s'articuler autour de la constitution d'un
centre de sauvetage et de réhabilitation opérationnel pour toute la Méditerranée occidentale.
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BIBLOGRAPHIE
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