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INTRODUCTION GENERALE

August Lӧsch, chercheur allemand comme Christaller a construit une


théorie générale de localisation des activités économiques. Sa plus
importante contribution est celle concernant les places centrales.
Contrairement à Christaller, lӧsch ne parle pas de cas pratique mais d’une
réflexion théorique. D’emblée, il déclare que « la véritable tâche de
l’économie n’est pas d’expliquer notre misérable réalité mais de la parfaire.
La question de la meilleure localisation est de loin plus honorable que celle
de la détermination de l’existante ». Par ailleurs sa démarche commence par
les plus petits centres de production et non pas par les métropoles et il ne
considère pas une population disposée de façon continu dans une plaine
uniforme et infinie. Il suppose un départ que la population est concentrée
sur des établissements ruraux autosuffisants fait au village agricole, ces
points de concentration de la population sont disposés en quinconce.

Notre travail consistera en premier lieu à parler de la théorie des places


centrales, en second lieu nous parlerons de la théorie de Christaller suivi de
celle de Löch. Ensuite nous toucherons les hypothèses de la théorie et pour
finir nous présenterons les limites de la théorie.
I. LA THEORIE DES PLACES CENTRALES

La théorie des places centrales élaborée dans les années 1930 par Walter
Christaller et August lӧsch s’occupe de la répartition des services, leur
hiérarchie, leur espacement et leurs aires de chalandise à travers le système
des villes qui jouent le rôle de lieux centraux a été développé par Christaller
et Lӧsch d’une manière indépendante. Christaller a élaboré sa théorie des
lieux centraux à partir d’un travail empirique sur la région Bavière en
Allemagne du sud ; une zone agricole et rurale. August Lӧsch a travaillé
plutôt sur la région industrielle de l’Iowa au centre américain en 1938 selon
une démarche plutôt déductive. Les deux ont travaillé séparément et ont
abouti en gros au même résultats.

La contrainte proxémique fait que les services de type banal suivent dans
leur répartition celle des utilisateurs dans la mesure où ces derniers
supportent directement le coût de déplacement contrairement aux produits
agricoles et industriels qui incorporent ce coût et les services anomaux qui
sont plus concentrés. Contrairement à l’industrie, considérée comme une
base motrice et un secteur exportateur ; les services banals sont plutôt
induits et de là suivent la répartition de la population et son pouvoir d’achat
à la différence des services anomaux qui concernent une proportion limitée
de la population où ont une périodicité limitée. Lӧsch confirma les résultats
de Christaller, formalisa la théorie des lieux centraux et avance l’idée de
portée limite et de seuil qui commande les aires de distribution des produits
et des services et les niveaux d’apparition de ces derniers.
La disposition des villes, la distribution de leur taille, leur équipement et
leurs relations obéit à un certain ordre que les deux auteurs ont essayé
d’expliciter. La fonction première d’une ville est de jouer le rôle d’un lieu
central, un lieu d’échange de biens et services dans un milieu agricole, où
se fait la production agricole et de plus en plus industrielle, il s’agit d’un
problème de centralité.
II. LA THEORIE DE WALTER CHRISTALLER

La hiérarchie des services conduit à la hiérarchie des places centrales et leur


zone d'influence selon un schéma hiérarchique constant qui se présente
comme suit selon les trois principes hiérarchiques que Christaller a relevé
en Bavière : le commerce, le transport et l'administration.

1. Le principe du commerce

Le principe du marché fait que la concurrence commerciale conduit à ce que


le nombre de centres soit maximum. Ils sont situés sur les sommets des
hexagones et des triangles équilatéraux, chacun dessert une aire hexagonale
partagée entre trois centres de niveau supérieur. Chaque centre d’un niveau
donné dessert sa propre aire et se partage la clientèle des centres qui lui sont
inférieurs avec deux autres centres ce qui nous donne une aire d’influence
égale à trois fois celle des centres d'ordre inférieur : le tiers des six aires
périphériques plus sa propre aire (1 + 6*1/3 = 3). Le rapport de superficie
entre deux aires successives est de 312. Le processus hiérarchique s'établit
comme suit :

- Chaque centre est l'orthocentre d'un triangle équilatère dont les sommets
sont des centres de niveau supérieur.

- Chaque centre d'hexagone est entouré de six centres de niveau inférieur


situés aux sommets de l’hexagone.
- Chaque centre rayonne sur une zone d'influence qui est l'équivalent de trois
aires d’influence de niveau inférieur : sa propre aire immédiate et le tiers
(1/3) des 6 aires environnantes, soit (1 +

6(1/3) = 1 + 2 = 3) ce qui donne un facteur hiérarchique égal à trois

(3).

- Chaque centre commande deux centres de niveau inférieur, ce qui donne


un coefficient de jonction k = 3 (k = 2 + 1 = 3).

Le centre de niveau inférieur va se placer en un point médian entre les


centres d'ordre supérieur dont chacun est entouré de six (6) centres de
niveau inférieur situés sur les sommets de l'hexagone. La hiérarchie des
centres aboutit à des aires emboîtées.

1. Le principe du transport : K= 4

La localisation des villes se trouve régie aussi par un autre principe, celui
du transport où les centres ont tendance à se regrouper sur des axes. Le
principe du transport permet de relier le maximum de centres par les axes.
Chaque centre devient un nœud de six axes principaux qui attirent le
maximum de centres et 6 axes secondaires. Le principe de transport fait que
la tendance de réduire le coût de transport donne lieu à des carrefours de six
branches, le maximum des centres se trouve sur des axes, le rapport est de
4.
2. Le principe de l'administration k = 7

Dans le pavage administratif, il n'y pas de partage spatial et l'aire d'influence


se trouve commandée exclusivement par un seul centre. Chaque aire est
dirigée par un seul centre qui dirige six (6) centres de niveau inférieur. Le
principe administratif fait qu’il n’y pas de concurrence entre les centres et
chaque centre dessert une aire hexagonale sans partage dont l'aire est égale
à 7 fois celle des aires administratives d'ordre inférieur.
III. LA THEORIE DE LÖSCH

Contrairement à Christaller, Lösch s'est appuyé sur une démarche déductive


et du bas de l'échelle pour construire sa hiérarchie hexagonale. Il est parti
du postulat que le réseau de villages est réparti en quinconce. Il montre que
l'hexagone correspond à la forme d'équilibre à long terme. Lösch abouti à
des coefficients hiérarchiques variables contrairement à Christaller où k est
fixe. Il montre que lorsque l'aire de marché minimale est de 1-3 fois la
surface de l'hexagone de base, les biens sont placés dans un réseau de k =
3. Pour les biens qui exigent 3-4 fois cette surface, les centres sont localisés
dans un réseau à k = 4. Les biens qui exigent 4 à 7 fois l'aire de base, les
biens se trouvent dans un réseau où k = 7. Lösch aboutit ainsi, à une série
de réseaux à coefficients variables où k = 9, 12, 13, 16, 19, 21, 25. En outre,
les aires de marché sont loin d’être régulières et égales. La théorie de Lösch
permet d'expliquer la différenciation de l'espace et d'inclure l'industrie
même si elle a un effet perturbateur. Elle permet d'expliquer la
spécialisation. Le coefficient de hiérarchie est variable contrairement à celui
de Christaller qui est fixe (3, 4 ou 7) et tous les réseaux sont centrés sur la
métropole qui se trouve à la tête de réseaux à coefficient hiérarchique
différents dont les mailles varient en fonction du service considéré.
IV. LES HYPOTHESES

La théorie des plaques centrales repose sur un certain nombre d’hypothèses


qui sont les suivantes :

1- L’isotropie centrale : un espace isotrope, homogène où les


ressources sont bien reparties, une économie agricole et une
population équitablement distribuée. La densité est partout la
même, les villes sont régulièrement reparties dans l’espace et
présentent la même taille dans leur niveau le plus élémentaire.
2- La rationalité du comportement humain qui tend à minimiser les
coûts et les déplacements et maximiser la rentabilité et l’utilité. Le
consommateur fréquente le centre le plus proche de façons à
minimiser l’effort tandis que le producteur s’implante dans le lieu
le plus central pour toucher le maximum de la population.
3- Une connaissance parfaite du marché des services, des prix, des
distances et des coûts.
4- Une concurrence parfaite ce qui suppose la même taille des
producteurs et des consommateurs.
5- Les services sont hiérarchisés et la hiérarchie des lieux centraux
suit la hiérarchie des services. Un niveau hiérarchique donné
renferme tous les services du niveau inférieur ce qui donne une
hiérarchie régulière dans l’ensemble du système et évite le court-
circuitage.
V. LES LIMITES DE LA THEORIE

La théorie des lieux centraux comme la théorie économique, part d'un


certain nombre de postulats qui constituent en fin de compte ses propres
limites comme dans les autres modèles de localisation agricole, industrielle
ou urbaine :

- La rationalité de l'acteur fait que le but est de maximiser l'utilité ou le


profit et de minimiser le coût ou l'effort, ce qui fait qu'il ne se trouve pas
affronter à des buts contradictoires, sa perception n'est pas biaisée et il est
appelé à chaque fois de comparer les avantages et les coûts de chaque
alternative.

- Son comportement n'est pas influencé par les préjugés, les biais et
l'irrationalité.

- L'information est parfaite et disponible et l'acteur sait quoi faire.

- L'espace est isotopique, une plaine homogène, sans obstacle et l'effort de


déplacement est le même dans toutes les directions, les coûts sont supposés
proportionnels à la distance.

- La connaissance préalable des localisations, on connaît où sont les choses,


cette localisation est donnée.

- L'homme économique est déjà, lui-même, un modèle, ce qui implique le


filtrage et la réduction pour un but de simplification qui ne rend pas
nécessairement le modèle conçu invalide ou non réaliste. Le développement
des transports a conduit à une spécialisation poussée pour lutter contre la
concurrence, facilitée par l'extension des aires d'influence, et plusieurs
centres se placent ainsi au même niveau reflétant le modèle löschien.

Outre la simplification des comportements, la théorie ne prend pas en


compte les services spécialisés (tourisme, services aux entreprises, …) et
considère tous les services comme une activité banale. La réduction du cout
de transport et la hausse de la mobilité, les facilités de communication, la
généralisation de certains services et leur diffusion et le développement des
services aux entreprises ont modifiés la donne.
CONCLUSION

En dépit des différences qu’on peut déceler entre les deux modèles de
Christaller et Lӧsch, on ne peut que relever l’intégration dans un
cheminement vers la complexité croissante de l’économie et de
l’organisation spatiale. La théorie de Christaller s’adapte mieux à l’espace
rural de faible densité comme le sud de l’Allemagne dans les années 1930,
et la plupart des espaces des pays en voies de développement actuellement
ou l’économie est simple et se fonde sur une seule activité. Elle explique le
développement historique des réseaux de service dans plusieurs zones. Le
modèle de Lӧsch s’adapte mieux aux espaces plus peuplés, aux économies
plus complexes, en mutation économique ou l’industrie et la spécialisation
sont plus avancées et la plupart des espaces avancés de nos jours.

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