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Les écoles de pensée NC

On distingue 4 écoles particulières.


1°) L'école de Cambridge (GB): avec S.Jevons (1835-1910) père du
calcul à la marge et A.Marshall (1842-1924) développant l'approche en
équilibre partiel.
2°) L'école de Vienne: C.Menger (1840-1921) fondateur de la
théorie de l'utilité marginale.
3°) Ecole de Lausanne: Léon Walras (1834-1910) développe la
théorie de l'équilibre général, et Wilfredo Pareto (1848-1923), théorie du
bien-être.
4°) Ingénieurs économistes français: A.Cournot (1801-1877),
approche en concurrence imparfaite.
S.Jevons(1835-1910)
Stanley Jevons est un économiste anglais venu à l’économie après la
lecture de l’œuvre d’Adam Smith et J.S.Mill. Une grande partie de son
travail se situe dans le champ de l’économie appliqué, avec notamment
un intérêt particulier sur la production du charbon.
Dans son ouvrage majeur, « théorie de l’économie politique » (1871),
Jevons se place dans la tradition de Bentham et affirme la nécessité
d’utiliser les mathématiques.
« J’essaie de traiter l’économie comme un calcul du plaisir et de la
douleur, et j’esquisse (..) la forme que selon moi, la science économique
doit prendre. Une longue réflexion m’a fait penser que puisque, d’un
bout à l’autre, elle s’occupe de quantités, elle devrait être
mathématique dans la substance, sinon dans le langage ».
Théorie de la valeur
Jevons met en évidence (comme Gossen sans avoir encore connaissance de ses travaux) que le
supplément d’utilité décroit lorsque la quantité consommée augmente.
Il définit ainsi comme "degré final d'utilité" le "degré d'utilité de la dernière addition possible d'une
très petite ou infiniment petite quantité au stock existant".
« La valeur d’un produit divisible, est en effet mesurée, non par son utilité totale, mais par
l’intensité du besoin que nous avons d’en avoir davantage ».

Le terme degré final d'utilité sera ensuite popularisé sous le nom d'utilité marginale par
l'économiste autrichien Von Wieser (1884), i-e utilité de la dernière unité consommée.
Ce principe de calcul à la marge, à la base de ce nouveau courant lui donnera le nom de théorie
marginaliste. Les unités supplémentaires consommées accroissent de moins en moins l'utilité totale.
Jevons rejoint ainsi la première loi de Gossen, ce principe prendra le nom de "décroissance de l'utilité
marginale".
On doit ainsi à Jevons une bonne partie du calcul du consommateur.
Carl Menger (1840-1921)
Point de départ: l’individu
Seule motivation du comportement économique: la recherche
de la satisfaction maximale
« Il ne s’agit pas, selon Menger, de prétendre que l’individu est
uniquement motivé par son intérêt personnel, mais plutôt de
considérer que l’accès à l’essence des phénomènes
économiques nécessite de partir d’une conception idéalisée de
l’individu, au sens où l’on ne prend en compte qu’une seule et
unique dimension de son comportement » (Cyril Hedoin).
Chez Menger, cela prendra la forme la forme d’une analyse
reposant sur des « types réels », qui deviendront ensuite
l’idéal type de Weber.
La valeur chez Menger
Menger est le précurseur de l’individualisme
méthodologique, même si le terme est dû à un de ses
successeurs, Von Wieser et repris par Schumpeter.
Comme Jevons, Menger réfute l’idée de valeur
travail. Chaque individu appréciera une unité d'un bien selon
l'aptitude de cette unité à satisfaire un besoin. La valeur est
subjective: elle ne réside pas dans les caractéristiques
intrinsèques des biens (comme dans la valeur travail) mais
dans le jugement que des individus particuliers portent sur le
bien. En revanche, à la différence des autres auteurs, Menger
ne se réfère pas aux mathématiques.
Léon Walras (1834-1910)
Léon Walras est un économiste français, père de la
théorie de l'équilibre général. Son principal ouvrage est les
"éléments d'économie politique pure" (1874-1877). Son
parcours est assez particulier; il est ingénieur de formation mais
n'a jamais pu obtenir le diplôme de l'école des mines où il a fait
ces études. Il dispense des idées très novatrices qui ne trouvent
pas d'écho auprès du milieu économique français dirigé par les
"libéraux", très conservateurs.
Il ne parviendra jamais a obtenir un poste
d'enseignant en France, et s'exilera pour la suisse à Lausanne où
il obtiendra une chaire d'enseignement en économie.
Méthode de Walras
Walras veut élever l'économie au statut de science au même
titre que les mathématiques. Pour cela il faut sortir des affirmations
basées sur des observations empiriques souvent partielles.
Il préconise la passage d'une économie appliquée a une économie qu'il
baptise «pure».
"Affirmer une théorie est une chose; la démontrer en est une
autre. Je sais qu'en économie politique on donne et on reçoit tous les
jours de prétendues démonstrations qui ne sont rien d'autres que des
affirmations gratuites. Mais précisément, je pense que l'économie
politique ne sera une science que le jour où elle s'astreindra à démontrer
ce qu'elle s'est à peu près bornée jusqu'ici à affirmer gratuitement".
Utilisation des
mathématiques
Walras préconise l'emploi d'une méthode rationnelle, basée sur la
construction de modèles abstrait, censés représenter un type idéal
d'économie, et concevoir à partir de là des démonstrations et des
théorèmes rigoureux, grâce à l'utilisation de la méthode
mathématique.
"Pourquoi s'obstiner à expliquer très péniblement et très
incorrectement en se servant de la langue usuelle, des choses qui, dans
la langue des mathématiques, peuvent s'énoncer en bien moins de
mots, d'une façon bien plus exacte et bien plus claire".
Quelle relation existe-t-il alors entre économie pure et
économie appliquée?
"Il y a une économie politique pure qui doit précéder
l'économie politique appliquée: exactement de la même façon que la
mécanique pure doit précéder la mécanique appliquée".
La concurrence
"L'économie politique est essentiellement la détermination des prix sous un régime hypothétique de
libre concurrence absolue".
Walras arrive donc à démontrer mathématiquement le principe logique de la loi de l'offre et de la demande.

"On voit clairement à présent ce qu'est le mécanisme de la concurrence sur un marché; c'est la solution
pratique, et par hausse et baisse du prix, du problème de l'échange dont nous avons fourni la solution théorique
et mathématique. On doit comprendre par ailleurs que notre intention n'est aucunement de substituer une
solution à l'autre. La solution pratique est d'une rapidité et d'une sûreté qui ne laissent rien à désirer. On peut
voir sur de grands marchés fonctionnant même sans courtiers ni crieurs le prix courant d'équilibre se déterminer
en quelques minutes, et des quantités considérables de marchandises s'échanger à ce prix en deux ou trois quart
d'heure. Au contraire, la solution théorique serait, dans presque tous les cas, absolument impraticable".
Théorie de l’équilibre général
Alfred Marshall (1842-
1924)
Marshall est un auteur anglais, de formation mathématique.
Sa femme, Mary Paley est également économiste et participe à son
premier ouvrage, « l’économie de l’industrie » en 1879.
En 1890, il publie les « principes d’économie politique » qui restera
pendant longtemps l’ouvrage de référence des économistes néo-
classique. Professeur à Cambridge (il sera d’ailleurs le professeur de
Keynes, il fonde la « school in Economics » dans cette université).
Marshall devient alors le chef de file de l’école NC en GB.
Son dernier ouvrage majeur s’appelle « industrie et commerce ».
Théorie de l’équilibre
Marshall va être le premier a formuler clairement le principe
de la loi de l’offre et de la demande. Il formula la définition
de l’équilibre en disant que « l’offre et la demande
ressemblent à deux branches d’une paire de ciseaux et il est
aussi vain de se demander si c’est l’offre si c’est l’offre ou la
demande seule qui régularisent les prix que de se demander
si c’est la branche inférieure ou supérieure du ciseau qui
coupe ».
C’est ainsi à Marshall que l’on doit l’idée de représenter
graphiquement les courbes d’offre et de demande ainsi que
la notion d’équilibre.
Approche en équilibre partiel
Les périodes
Il différencie cependant l’ajustement à l’équilibre selon la période
considérée :
- en très courte période (appelée période de marché), l’offre ne varie pas. C’est
donc la demande qui influence le marché (Marshall prend l’exemple de biens
périssables, type pêche)
- en courte période, la capacité de production est fixée. Le volume de production
peut augmenter, mais pas la capacité.
- en longue période, tous les facteurs de production peuvent varier.
- en très longue période, la technique, le niveau de la population peuvent
également évoluer.
Donc, la demande joue un rôle crucial dans la détermination de l’équilibre en
courte période, alors que l’offre joue plutôt un rôle important quand la période
est longue.
Analyse des rendements non
proportionnels
Marshall introduit donc la notion d’économies d’échelle, qui consistent en une diminution du coût
moyen lorsque le volume de production augmente et qui sont synonymes de rendements croissants

Ces économies d’échelles peuvent être de deux nature :


Economies internes: ce sont les économies réalisées au sein même de l’entreprise du fait de la
production de masse. Elles sont liées à la substitution travail/capital, à la possibilité de mieux répartir
les coûts fixes, ou les dépenses liées aux services administratifs, à la R&D
Economies externes: ce sont des économies liées au contexte et à l’environnement de l’entreprise :
par exemple la possibilité de bénéficier d’infrastructures, d’une MO bien formée à proximité, la
présence d’autres entreprises sur un même territoire…
Il introduit par exemple la notion de « district industriel »(organisation spatiale des activités
productives permettant de bénéficier de ces économies d’échelle externes locales que Marshall
désigne également par le terme « d’ atmosphère industrielle »).
Enseignement
de l’économie
Mais l’entreprise peut également se retrouver
confrontée à des « déséconomies d’échelle » ou
rendements décroissants:la trop grande taille peut
engendrer des difficultés de coordination des
activités, la concentration spatiale peut déboucher sur
des phénomènes de congestion…).
il est le premier a organiser l’enseignement de
l’économie en filière spécifique, distincte du droit ou
autres sciences humaines. Il propose également de
remplacer le terme d’économie politique par science
économique ou « économique » (economics en
anglais).
Chapitre V:
Les
économistes
autrichiens
L’école autrichienne d’économie
Le nom d’école autrichienne a été donné à un groupe d’économistes autrichiens libéraux par les
auteurs de l’école historique allemande, avec lesquelles ils avaient des désaccords profonds.
« querelle des méthodes » entre Menger et les tenants de l’école historique allemande,
notamment Gustav von Schmoller.
Pour Menger et l’école autrichienne, il faut au contraire partir de l’analyse élémentaire de
l’individu et de ses comportements pour développer les lois de l’économies, valables en tout
temps et tout lieu : c’est une méthode dite logique à l’instar des mathématiques (et différente
des méthodes expérimentales utilisées en physique ou sciences de la nature).
Menger va donner naissance à une longue ligne d’économistes : Eugen von Böhm-Bawerk,
Friedrich von Wieser, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek et Murray Rothbard.
Différences Autrichiens/NC
Si l’école autrichienne partage un certain nombre de concepts avec
l’école NC, comme le libéralisme, l’individualisme méthodologique, la
recherche de lois d’une économie « pure », et la théorie subjective de la
valeur, elle s’en écarte sur un certain nombre de points :
- Refus de l’utilisation des mathématiques
- Un accent mis sur les processus dynamiques plutôt que les états
d’équilibre

L’école autrichienne s’est également illustrée par une critique radicale


du socialisme, notamment avec Mises et Hayek. Elle a débouché sur un
courant de pensée qu’on appelle souvent aujourd’hui « l’ultra-
libéralisme ».
La théorie du capital de
E. Böhm-Bawerk :
Dans son ouvrage, « capital et intérêt », Böhm-Bawerk développe une
analyse originale du capital, à partir du concept de « détour de
production » : idée selon laquelle pour produire plus efficacement il
faut parfois faire un « détour » passant par la fabrication de bien
capitaux (ex du porteur d’eau). L’investissement consiste alors pour
l’entrepreneur à acquérir des biens capitaux qui lui permettent
d’accroître la productivité.
Böhm-Bawerk défini ainsi le capital « technique » (ou fixe ») comme
« l'ensemble des biens indirects ou intermédiaires qui, à travers des
détours productifs féconds et moyennant une dépense de temps, ont
la vertu de rendre plus productif le travail ».
L’investissement est alors le flux qui ajoute de nouveaux moyens, de
nouveaux équipements au stock existant de capital technique.
Ludwig Von Mises
Mises, économiste autrichien d’origine juive, va être formé à l’économie à
l’université de vienne, où il se situe d’abord comme étatiste.
La lecture de Menger et le suivi d’un séminaire de Böhm-Bawerk lui font
découvrir la pensée autrichienne dont il deviendra un des plus éminent
contributeur.
Pendant l’entre-deux guerres, Mises conseille le gouvernement autrichien,
notamment au sujet des problèmes d’inflation.
En 1934, devant la montée du nazisme en Allemagne, il part pour la suisse,
puis en 1940 pour les Etats-Unis ; Mises va ainsi former une partie des plus
grands penseurs de l’école autrichienne, Hayek à Vienne et M.Rothbard
aux Etats-Unis.
Il participera avec Hayek, en 1947, à la création de la « société du Mont-
Pèlerin » association d’économistes libéraux.
L’action humaine
Mises, comme les autres autrichiens se réfère à l’individualisme méthodologique : pour
comprendre l’économie, il faut analyser l’action des hommes. Il nomme ainsi « praxéologie », la
science de l’action humaine, dont l’économie est une branche.
« Le sujet de l’économie, ce n'est pas les biens et les services, c’est les actions des hommes
vivants. Son but n’est pas de s’étendre sur des constructions imaginaires telles que l'équilibre.
Ces constructions ne sont que des outils de raisonnement. La seule tâche de l’économie, c’est
d’analyser les actions des hommes, d'analyser des processus. »
Mais à la différence des NC, il réfute l’emploi des mathématiques et le caractère omniscient de
l’individu, qui, selon lui, réalise ses choix dans un contexte d’incertitude ; malgré tout, l’action
humaine est rationnelle (au sens de Mises), car précédée par la réflexion.
Ce point de vue l’amène également à critiquer toute forme de holisme et de collectivisme.

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