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UE PTSC

A.AGAËSSE, psychologue clinicienne CRAVS


amelie.agaesse@chu-rennes.fr

Deuxième cours avec elle au second semestre → histoire de la criminologie deuxième module

PSYCHO-CRIMINALISTIQUE
PLAN
1. Introduction
2. Définition
3. Le profilage ou apport des sciences du comportement
4. Techniques d’interrogatoire et d’audition
5. Expertises psy
6. Conclusion

I- Introduction

La criminalistique est l’étude du phénomène criminel, c’est comment chaque discipline dans son
champ de compétences va contribuer à cette étude.
C’est donc une discipline pluridisciplinaire, chaque science apporte son expertise et le tout forme la
criminalistique.
La science qui va nous intéresser aujourd’hui c’est la psychologie, la psychiatrie et les sciences du
comportement notamment.
L’objectif de la psycho-criminalistique va donc de contribuer à établir une preuve mais aussi de
concourir à la manifestation de la vérité.
En psycho-criminalistique la notion de traces, d’indices et de preuves ne sont pas transposables
dans le domaine de la psychologie.

La psycho-criminalistique intervient à différent temps du parcours judiciaire, il y a plusieurs


moments où on peut interpeller cette discipline.
Le temps de la scène de crime : avec le profilage (les sciences du comportement) qui peut
intervenir.
Le temps de l’enquête : avec de la garde à vue (interrogatoire des mis en cause) et les auditions
(témoins, victimes). Cela va donc nécessiter les techniques de recueil de la parole et également de
profilage.
Le temps de l’instruction et du procès : avec les expertises psychiatrique et psychologique, on va
être sur des expertises de victimes pour évaluer le retentissement psychologique et la crédibilité
d’une victime. Mais également des expertises de mis en causes pour des expertises de responsabilité
de discernement et de dangerosité.
On va ensuite passer dans une autre temporalité le post-sentenciel : cela va être pour définir la
nécessité de soins, là aussi les expertises vont être nécessaire pour la victime et le condamné, si ce
dernier a été incarcéré, avant sa sortie de détention on peut demander une expertise pour évaluer sa
dangerosité.
II- Définitions
Il y a différents termes qui sont utilisés, certains se chevauchent, certains sont complétement
différents on a les notions de :
- Criminologie : C’est la science du crime ou l’étude scientifique du phénomène criminel.
Elle recouvre de nombreuses sciences criminel et criminologique comme la médecine légale la
PTSC, la psychologie légale, la psychologie criminelle, le droit, la sociologie etc… En criminologie
on a 2 versants : L’agressologie et la victimologie
- Criminalistique : C’est l’ensemble des sciences et des techniques utilisé pour établir des faits
matériels
- Psycho-criminalistique : Elle va contribuer à l’analyse du fait judiciaire au sens large.
Elle permet l’identification et la compréhension de l’auteur et des victimes à travers des techniques
issues des sciences humaines. Il y a celle centrées sur l’étude du psychisme, du fonctionnement
psychique (psychiatrie, psychologie, les neurosciences et les sciences du comportement)

III- Le profilage ou apport des sciences du comportement


Le profilage c’est vraiment collaborer à l’enquête avec un regard différent : celui du psy.
C’est une construction virtuelle, ça consiste à construire un profil psychologique, typologique et
social et physique d’un auteur criminel non identifié.
Donc on a une scène de crime, un fait commis et à partir des éléments qu’on observe sur le terrain
on peut construire, se dire tel personne qui a agis qui a commis ce crime, doit fonctionner comme
ça, avoir tel profil physique et tel comportement.

C’est également une méthode permettant aux enquêteurs de déterminer le profil psychologique d’un
suspect. Cette fois-ci on a identifié le potentiel auteur du crime et une fois qu’on l’a sous la main on
va avoir besoin, dans l’intérêt de l’enquête de déterminer son profil psychologique parce que ça
peut aider à mener les interrogatoires d’une part, savoir quelles techniques utilisées pour obtenir les
informations dont on a besoin → Technique d’interrogatoire adapté

Quand on construit ce profil virtuel il faut garder en tête que cela reste une hypothèse, on fait
l’hypothèse que la personne qui a commis ce crime a tel profil grâce au récit de la victime et à la
scène de crime. Ce n’est jamais une preuve, si on arrête un suspect qui ne corresponds pas au profil,
on ne va pas se dire que non ce n’est pas lui, ce n’est que des éléments de compréhensions, des
hypothèses de travail et ce n’est en aucun cas des preuves.
On peut parler de la compatibilité de l’auteur présumé et du crime ou de la scène mais toujours pas
une preuve.

L’analyse va donc se faire à partir de différentes choses :


-L’analyse premièrement de la scène de crime.
-Le modus operandi (=mode opératoire)
-La personnalité de la victime sera précieuse en sciences du comportement. Ce n’est pas la même
chose d’agresser une personne âgée seule chez elle qu’un homme dans la rue en plein jour …
-On va prendre en compte la totalité de la procédure d’enquête tous les éléments récoltés par tous
les enquêteurs vont être utiles pour les analystes comportementaux. Chaque détail compte.

La « signature de l’auteur » il y a des particularités dans le mode opératoire selon les individus.
On a plus de chance de subir un crime par quelqu’un de sa famille que par un inconnu.

Le but de l’analyse n’est pas d’identifier un auteur mais d’établir le type psychologique probable de
l’individu qu’on recherche, et que ce profil soit compatible avec le passage à l’acte et en adéquation
avec les éléments concrets qu’on a établi.
→ Le métier de profiler n’a pas de réalité professionnelle en France (invention télévisuelle)
On préfère le terme d’analyste comportementaux « analyse comportementale »
L’analyse criminelle comportementale est une forme particulière d’analyse criminelle, on va
s’attarder aux comportements. Cela va aider l’enquête. C’est donc un psychologue qui est formé en
criminologie, l’origine de cette discipline c’était dans les Etats-Unis notamment dans les missions
du FBI, ils étaient confrontés à des tueurs en série dont on avait l’impression qu’elles agissaient
sans raisons apparentes. Ils ont donc cherché à comprendre et surtout prévoir la récidive et établir le
plus tôt possible le profil d’un tueur en série.
En France, il n’y a pas eu beaucoup de tueurs en série contrairement aux USA. On est davantage sur
les situations de crimes sexuels, c’est plutôt dans ce domaine qu’on a une sérialité.

La gendarmerie a un département des sciences du comportement basé à Rosny sous-bois en région


Parisienne.
Il y a 4 analystes qui traitent environ 50 affaires par an.
Ils ont 3 activités principales :
 Ils établissent le profil d’un auteur connu.
 Ils assistent à la conduite d’audition en Garde à Vue (GAV)
 Ils font également une analyse comparative de crime pour rechercher une éventuelle
sérialité. Faire des regroupements dans les affaires est intéressant, mettre en lien certaines
affaires non élucidées avec un profil connu.

Ils utilisent certains outils notamment le logiciel SALVAC (Système d’Analyse et de Liens de la


Violence Associé au Crime) crée en janvier 2003.
Et le logiciel ANACRIM qui permet de rentrer une quantité importante d’informations (les
auditions de témoins, victimes, d’auteurs tous les éléments matériels etc…), et le logiciel recoupe et
fait les rapprochements sous une forme de graphique.
Un être humain n’aurait pas la capacité de faire tout ça.

On a donc plusieurs types d’analyse pour cerner la personnalité du mis en cause :


- L’examen psychiatrique de responsabilité mentale, régi par les articles 122-1 et 122-2 du
code pénal.
- Il peut y avoir l’examen médico-psychologique pour évaluer le risque de récidive.
- Et puis le profilage psycho-criminologique ou analyse criminelle comportementale pour
dresser un portrait abouti de l’individu.

C’est donc une étude des caractéristiques et des traits du fonctionnement des criminels, en parallèle
on fait une étude des preuves afin d’en déduire des possibles suspects impliqués dans un crime.
Tout cela n’est pas fait que pour tirer un profil général mais surtout de reconstruire un
comportement criminel. On croise toutes les données, on fait plusieurs analyses, plusieurs études,
les preuves, les traits de fonctionnement, de personnalité…

Il y a deux courant de pensées qui s’oppose :

La méthode inductive : elle est anglo-saxonne et utilisé au FBI. Elle consiste en la


généralisation à un individu criminel des caractéristiques comportementales partagés par d’autres
criminels déjà étudiés. Cela permet de faire et d’induire des prédictions, estimations et statistiques.
Par exemple  : on a déjà eu un tueur en série, roux, grand, niveau intellectuel normal. Il était
obsessionnel et en même temps très réservé très asocial. Donc on se dit, que quand on va
rencontrer quelqu’un près d’une scène de crime qui a le même profil (roux, grand etc…), de ça on
vient déduire que possiblement il a la capacité d’avoir commis le crime.

La méthode déductive (européenne) : Il s’agit-là d’interpréter des preuves légales, des


photos, des éléments matériels… C’est-à-dire d’avoir la connaissance parfaite du dossier
d’instruction et à partir de là on en dégage un profil.
L’apport des sciences du comportement dans les crimes complexes : on compare les personnalités
suspectes avec le profil dégager par l’analyse des informations du dossier ou de l’audition.
On se sert aussi des sciences du comportement pour mener les auditions, face à un mis en cause
quand on repère un certain type de personnalité on peut orienter l’analyse comportementale. Est-ce
qu’il faut plutôt y allez brutalement, ne pas lui laisser la main… ou au contraire, il faut le mettre en
confiance, instaurer une relation sympathique avec le mis en cause…
C’est également précieux dans les prises d’otages, les enlèvements parce que ce sont les bases des
techniques de négociations avec les forcenés. Cela permet d’adapter la technique, la méthode que
l’on va utiliser.

IV- Techniques d’interrogatoire et d’auditions


La qualité d’une audition (= de l’information recueilli des témoins /victimes) est fonction de :
 La formation des enquêteurs
 Des techniques utilisées pour mener à bien les entretiens

La qualité de l’interrogatoire c’est la même chose, l’interrogatoire c’est pour les mis en cause, ça va
dépendre aussi de la formation des enquêteurs et des techniques utilisées pour mener à bien les
entretiens.

Mais il y a également d’autres facteurs qui rentrent en compte, cela va être des facteurs d’ordre
psychologique, et inhérents au statut de la personne auditionnée (mis en cause, victime…)

C’est une bonne audition quand l’information récoltée est juste, non déformée et le plus proche
possible de la vérité.

Il peut y avoir des facteurs affectifs :


 Les émotions ressenties par le témoin, la victime ou le mis en cause.
 L’ambiance qui est créé autour de l’audition.
 L’anxiété, la peur de la personne auditionnée, s’il y a des traumatismes suite au passage à
l’acte.
 Faculté adaptative à une situation anxiogène.

Un autre critère important, les facteurs cognitifs :


-Intelligence du témoin
-Le stock lexical (personne étrangère ou française, enfant ou adulte …)
-Les facultés d’analyse
-Les capacités de discernement
-La mémoire : enregistrement et restitution.

Les facteurs cognitifs sont essentiellement liés à l’âge.


Plus ils sont jeunes plus ça va questionner sur le niveau de crédibilité.
Plus ils sont vieux plus ça va détériorer la qualité de réminiscence (=se rappeler)
Il faut s’adapter à l’âge de la personne en face pour mener son interrogatoire.

Il peut y avoir des distorsions due à plusieurs facteurs :


Intentionnels : déformation de la réalité / mensonge.
Non intentionnels qui viennent distordre la réalité : fonctionnement de la mémoire /
caractéristiques de la personnalité (un pervers va par exemple se plaire à nous faire tourner en
bourrique, nous mettre mal à l’aise etc.) / conditions de l’examen
Il est donc essentiel d’évaluer et de prendre en compte l’ensemble des facteurs afin d’adapter les
conditions d’entretien et adapter la technique utilisée pour recueillir la parole des témoins /
victimes.
On a donc construit des protocoles de conduite d’entretien spécifique pour les interrogatoires de mis
en cause et également pour les auditions (témoin victimes).
Des psychologues forment les pro de la police, gendarmerie, les magistrats à ces techniques
spécifiques d’entretien.

C’est très important que cette adaptation des techniques à la personne qu’on a à interroger ou à
auditionner soit bonne car c’est de ça dont va dépendre la qualité de l’information que l’on va
obtenir.
Dans le cas d’une procédure criminelle cela est très important que la qualité de l’information qu’on
va recueillir soit correcte car c’est ce qui va contribuer à la manifestation de la vérité qui est un
enjeu majeur dans la procédure judiciaire.
Il faut aller chercher la connaissance que l’individu a en sa possession avec les meilleures
techniques pour lui pour ensuite la restituer dans les principes de l’interrogatoire.

I- Techniques d’interrogatoire des suspects.


La méthode REID :
C’est une méthode nord-américaine. Elle a pour objectif d’avoir un processus d’entretien
stratégique qui vise à créer un contexte favorable à l’obtention d’un aveu.
Le but : c’est de briser les résistances du suspect pour obtenir un aveu.
La méthode : minimiser des conséquences tout en offrant la possibilité au suspect les moyens de
sauver la face (Exemple : Entre nous ça ne devrait pas mener bien loin cette histoire, c’était une
vieille dame elle n’avait pas de familles … Si tu me le dis là on va éviter plein de procédures etc…
On minimise complétement)

Les étapes de cette technique sont donc :


1. Confrontation, exemple : ta voisine a été tué je sais que c’est toi. Non ce n’est pas moi. Si j’ai
tous les éléments pour dire que c’est toi. (Droit de mentir dans cette technique)
2. Développer des thèmes, créer des analogies (je comprends que tu l’as tué etc…)
3. Surmonter les négations formulées par le mis en cause
4. Surmonter les objections
5. Garder l’attention du suspect
6. Traiter l’humeur passive : conserver son attention
7. Présenter des questions alternatives
8. Faire verbaliser le suspect
9. Convertir l’aveu en déclaration

En France on ne recherche pas forcément l’aveu. Il n’a pas plus de valeur.


Alors qu’aux USA l’aveu est synonyme de coupable.
La méthode PEACE :
C’est un modèle européen.
Le but : Faire raconter un certain nombre d’éléments pour l’accompagner dans ce qu’il a à dire, le
laisser parler, s’intéresser à ce qu’il nous dit… Cela prend du temps, mais nous on retient les
contradictions il y a des détails qui ne concordent pas dans l’histoire.
C’est donc seulement après que la personne a vidé son sac qu’on intervient et qu’on relève les
contradictions.

Les étapes sont plus « soft » dans cette méthode :


1. Préparation
2. Engagement
3. Attente
4. Clôture
5. Evaluation

→ Jusque là c’était pour les mis en causes.

Protocole NICHD : Technique d’auditions pour les victimes.


National Institute of Child Health and Human Development.

Il est obligatoire pour un mineur de le filmer lors de l’audition. C’est aussi le cas pour un mineur
mis en cause. Tout mineur doit être enregistré et filmé lors d’une audition.

Comment recueillir la parole d’un enfant ?

Le témoignage d’un enfant (ou d’un adulte) peut être contaminé par :
Des interrogatoires répétés, si on vous pose tout le temps la même question → on pense qu’on n’a
pas donné la bonne réponse car même question, que ce n’est pas ce qu’ils veulent entendre.
Si la personne perd confiance en l’enquêteur parce qu’on a dit que ça ne durait pas longtemps
mais ça dure 2 heures etc…
Ça va également dépendre de son niveau développemental, un enfant de 3 ans n’a pas les mêmes
capacités d’attention qu’un enfant de 12 ans ni les mêmes capacités de compréhension,
d’expression.
L’enfant peut également être sujet à des émotions d’angoisse, de peur, de dépression etc…
Il peut faire l’objet de menaces ou de pression, son état émotionnel va perturber sa capacité à nous
expliquer ce qu’il s’est passé.
Plus globalement tous les symptômes associés à un état de stress post traumatiques vont
entraver sa capacité à nous restituer les éléments d’informations du passage à l’acte.

C’est rarement utilisé pour les auteurs alors que c’est aussi fait pour eux pour éviter les faux aveux,
la vision du fait criminel dépendant de la culture.

Les enfants sont suggestifs, et le sont différemment selon leur âge.


Pour rappel la suggestibilité c’est la facilité avec laquelle ils acceptent les suggestions et
propositions provenant d’autres personnes. Si on leur répète plusieurs fois que par exemple c’est
Raymond qui lui a fait du mal et pas son papi alors que c’est bien son papi le problème et bien au
bout d’un moment ils vont être d’accord avec nous pour dire que c’est Raymond le problème alors
que pas du tout.
L’essentiel est de limiter ces biais de suggestibilité car ça a un impact important sur la qualité du
témoignage recueilli.
Quelques exemples de questions à ne pas poser :

Les questions suggestives ou directives :


→ est ce qu’il t’a touché les fesses ?
→ est ce qu’il t’a fait mal ?
Une agression ne fait pas toujours mal, cf. réaction chimique bloquant la douleur au moment des
faits.

À choix multiples :
- t’a t’il touché par-dessus ou par dessous les vêtements ?
(Cela peut être les deux, mais l’enfant va penser devoir faire un choix)
-il était habillé ou nu  ? (Dilemme quand le mis en cause était en pyjama, l’enfant selon l’âge peut
ne pas savoir comment répondre)

Questions tendancieuses :
→ il t’a dit de ne pas en parler c’est bien ça ?
→ ça t’a fait mal n’est-ce pas  ?

Les mauvaises questions (suggestives / tendancieuses) sont susceptibles d’apporter des fausses
informations. L’enfant se sentant obligé de répondre même s’il ne possède pas l’info plutôt que de
dire qu’il ne sait pas ou de demander une clarification

Les fondamentaux NICHD :


• Adapter les techniques d’audition au niveau de développement de l’enfant (questions
adaptées au niveau d’acquisition du langage et du développement cognitif de l’enfant)
◦ Bien souvent ce qui se passe c’est qu’en amont de l’audition, on propose une pré-
audition effectuée dans le service par un psychologue pour repérer :
▪ capacités à répondre à une question
▪ capacités à contredire l’adulte, lui apprendre le cas échéant
« si je te dis que mes chaussures sont rouges, qu’est ce que tu me dis ? »
« non elles sont noires »
« donc est ce que j’ai dit la vérité ? »
« non »
Les questions en « est ce que » sont à proscrire car elles influencent trop
▪ les capacités mnésiques de l’enfant, capacités à raconter et séquencer un souvenir
▪ capacités cognitives, niveau de développement du langage, état émotionnel
• Établir une relation de confiance avec l’enfant et favoriser une atmosphère bienveillante,
et non menaçante. On va lui montrer la salle d’audition, la vitre sans tain, les gens présents
dans chacune des salles, la caméra, les micros... On lui explique tout le déroulement de la
procédure. On lui présente les gendarmes/ policiers.
On ne commence pas par parler des faits mais plutôt le faire verbaliser sur ce qu’il aime
faire, manger…
• Établir des règles de communication pour fournir des explications précises sur ses attentes
envers l’enfant.
«  parle moi seulement de ce qui t’es vraiment arrivé. C’est important de me dire la vérité,
de ne rien inventer  » « tu peux me dire « je sais pas, je me souviens pas, tu te trompes »...  »
«  moi j’étais pas là, je peux pas savoir ce qui s’est passé si tu me dis pas »
On préconise les questions ouvertes :
« dis moi tout ce qui s’est passé, du début jusqu’à la fin ? » « Et après ? Et après ? »
« dis moi plus sur ça » La description doit venir de l’enfant pour ne pas l’influencer, voir lui mettre
de fausses images en tête.

C’est ainsi qu’on récolte les informations les plus justes et proches possible de ce qu’a vécu
l’enfant. C’est le fondement du protocole et permet de limiter les biais de suggestibilité.

En dessous de 6 ans : pré-audition de proposé


Selon les enfants, à cet âge, certains seront capables d’être auditionnés même 10 minutes et d’autres
pas du tout. On les réentend plusieurs mois (6) plus tard quand ils sont en capacité de parler. C’est
le cas aussi pour les enfants placés prit dans beaucoup de changements et de stress qui ne sont pas
capable de parler sur le moment.
Selon les capacités de l’enfant on aura accès à beaucoup d’informations ou seulement à des faits.
Cela reste suffisant.

Ce protocole est utilisé pour les enfants mais aussi pour les personnes vulnérables (spectre
autistique, déficience intellectuelle sévère…).

V- Expertise « psy »
L’expertise va être l’activité principale de la collaboration du psy avec le judiciaire. Il en existe
plusieurs formes qu’on ne détaillera pas comme par exemple : l’expertise psychiatrique,
psychologique, la médico-psychologique, la psycho-criminologique…
Elles ont des buts et des missions professionnelles différentes, elles répondent à des questions
différentes du juge d’instruction et sont exercées par des professionnels différents.

Elles sont ordonnées par un juge d’instruction pour éclairer le magistrat sur différents points :
• personnalité de l’intéressé ++
• état psychique
• responsabilité pénale
• potentielle dangerosité psychiatrique et ou criminologique
• capacité de réadaptabilité sociale
• établir le lien victimologique qui relier l’auteur et sa victime

Il ya 3 démarches dans toutes expertises :


→ établissement d’un diagnostic actuel à l’instant t
→ reconstruction du diagnostic rétrospectif (état mental au moment des faits)
→ interprétation médico-légale du lien possible entre l’état mental au moment des fait et
l’infraction. Ce qui suppose de statué sur le rapport direct et exclusif entre l’état mental et
et cette infraction.
ex : période décompensation pour une personne schizophrènes / délire / ou stable
est ce que cet état et seulement lui explique les fait ?

L’expertise psy n’apporte pas une preuve mais une information, un renseignement qui est nécessaire
pour éclairer les magistrats. C’est un avis technique, motivé et intelligible pour des non-spécialistes,
sur : la dynamique psychique d’un individu et non pas sur la réalité ou la matérialité d’un fait
reproché.
Il faut rédiger le rapport de façon compréhensible pour toutes les autres disciplines qui liront le
rapport → expliquer les termes / car ils peuvent provoquer des réactions biaisées.
Apporter de la nuance dans son propos est très difficile, c’est un exercice auquel on est pas
forcément entraîné. La déposition est un moment difficile car il faut raccourcir sa conclusion tout en
banalisant son propos sans pour autant perdre en authenticité et en nuances.
Une expertise psy contient :
• la biographie / anamnèse :
◦ famille, ambiance, maltraitance,
◦ réussite scolaire / échec
◦ activité extra-scolaire / professionnelles
◦ sexualité
◦ atcd judiciaire / perso
• dimension cognitive
◦ déficit / retard
◦ niveau et qualité de l’intelligence
◦ faculté de compréhension
• antécédents physiques, médicaux, traumatismes
• analyse profonde de la personnalité :
◦ structure /pathologie / personnalité

Elle permet :
• d’analyser la dynamique processuelle du passage à l’acte violent
• d’écrire la nature du lien victimologique et les mécanismes éventuels d’emprise
• d’évaluer la dangerosité criminologique donc le risque de récidive
• de repérer les situations dangereuses à l’origine du risque
• d’identifier les facteurs de vulnérabilité et les facteurs de protection
• de définir un programme d’accompagnement médico-social personnalisé

Expertise du mis en cause :


Il s’agit en fait de répondre à la question de la personnalité et de la responsabilité du mis en cause.
Ici c’est essentiellement l’expertise psychiatrique qui va permettre d’identifier l’existence ou non
d’une pathologie psychiatrique et si tel est le cas de rechercher si il y a une abolition ou altération
du discernement au moment des faits.
Abolition : article 122-1 alinéa 1 du code pénal
Altération : article 122-1 alinéa 2 du code pénal
Ces articles définissent qu’une personne qui souffre de pathologie psychiatrique peut dans certains
cas amener à l’abolition du discernement est dans ce cas reconnu pénalement irresponsable.

L’enjeu est vraiment de mettre en évidence une pathologie psychiatrique parce que ça nous permet
de trancher la question de la responsabilité pénale et aussi de l’irresponsabilité pénale.
En droit français, pour être pénalement responsable il faut avoir toutes ses capacités mentales et ses
capacités de discernement.
Il est acté que la maladie mentale peut entraver les facultés de discernement d’un individu
engendrant une abolition ou altération en fonction de la forme et de la sévérité des troubles mentaux
identifiés. On considère bien ces facultés au moment des faits et non pas au moment de l’expertise.
La réinsertion dans ces cas de non responsabilité est très rare car ils restent considérés dangereux.

Expertise de la victime :
On fera la même chose, on va aussi décrire la personnalité de la victime mais la particularité sera
qu’on va s’intéresser à la question de la crédibilité et du retentissement psychologique.

On demande à l’expert son avis sur la crédibilité des propos. Il est question de savoir si la
souffrance était ou pas préexistence aux faits (concomitante, lien de cause à effet). Et si c’est le cas,
évaluer l’importance de ce retentissement psychologique. Il faudra également rapporter tout élément
utile à la manifestation de la vérité. Le retentissement sera lui aussi prit en compte lors du
jugement. Il individualise aussi la victime dans sa personnalité car les réactions suite à une
agression sont aussi nombreuses que ces agressions d’où le besoin d’une expertise.
Caractérisation des faits énoncés :
→ De la crédibilité …
S’agit il de dire qu’une personne est crédible cad si de façon générale on peut croire ce qu’elle dit ?
Ou
S’agit il de dire si ce que dit une personne est crédible cad si l’on peut croire à ce qu’elle nous dit ?

Elle repose sur le contenu et non pas sur la personne. Il s’agit de savoir si les propos sont crédibles,
si on peut croire à ce que la personne nous dit. Ce qui ne veut pas dire que c’est vrai.
L’expert ne peut pas et n’a pas à évaluer la réalité des faits
Cf. affaire D’Outreau (mai 2005) avec maltraitance d’enfant et mauvais témoignage
depuis la notion de crédibilité disparaît des missions d’expertise, mais la question se pose toujours

→ ….à l’authenticité
C’est le caractère syntone de la victime, l’adéquation entre le contenu manifeste de ce que dit la
victime et la tonalité émotionnelle qui accompagne le récit. On recherche une permanence du récit
dans le temps avec une absence de détails incongrus et rocambolesques supplémentaires ou d’ajouts
systématiques. On fera aussi attention au niveau de langage utilisé pour relater les faits et à ce qu’il
corresponde à celui utilisé pour les conversations habituelles. Pourrait indiquer un récit appris par
cœur ou dicté par qqn d’autre dans le cas d’un enfant souvent. Même chose pour la précision des
faits relatés en adéquation avec les capacités mnésiques et cognitives habituelles de la victime. Une
personne en déficience cognitive sévère qui ressort énormément de détails avec des termes exacts
peut amener le doute sur son récit.

→ vers le concept de plausibilité


4 facteurs :
• normalité du fonctionnement psychique
• l’absence d’enjeux significatifs interférant dans les déclarations
• l’authenticité du récit
• la présence de symptômes psycho-traumatique

La plausibilité permet de prendre en compte la vérité du sujet dans un contexte de recherche de la


vérité judiciaire et d’administration de la preuve. Qu’est ce qui amène la personne à être convaincue
d’être victime (que ce soit le cas ou pas) ? Est ce plausible qu’elle ait bien été victime d’une
agression au vu du tableau qu’elle présente ?
Ce qui revient à l’expert c’est de ne pas adopter une position dichotomique sur la réalité des faits
(vrai ou faux) mais de considérer un continuum décrivant les états intermédiaires entre ce qui est
vrai et ce qui n’est pas vrai. On peut tout de même s’aider des faits avérés de l’enquête.

pôle vrai : nuance entre véracité, véridicité et vraisemblance. C.a.d :


Véracité : notion de vrai = vérité
Véridicité : c’est ce qui est véridique, ce qui est dit est conforme à la vérité
Vraisemblance : ce qui est dit a l’apparence de la vérité
pôle ni vrai ni faux :
Crédibilité, de croyance et de crédit accordé à, on peut croire ce qui est dit
Plausibilité : probabilité, approbation, on peut approuver ce qui est dit jusqu’à preuve du
contraire
Distorsion : témoignage erroné, c’est inexact par distorsion cognitive
pôle faux : domaine de la falsification, le faux témoignage, ce qui est dit est faux par distorsion
cognitive stratégique (active ou passive personne pédophile convaincu d’être amoureux).
pôle « au-delà du faux » : psychopathologie, trouble de la personnalité / pathologie psychiatrique,
du rapport au réel schizophrénie ce qui est dit est altérée par la perception du réel pour autant il ne
ment pas.
→ tableau à remettre*****
Expertise de dangerosité :
L’objectif est de mesurer le degré de dangerosité ce qui aura une incidence sur la sanction pénale.
Plus la personne aura un niveau de dangerosité élevé plus la peine pourra être sévère et amener à
des obligations de soin voir même des placements en rétention de sûreté après la fin de la peine.

En pré ou post sentenciel :


en pré-sentenciel, elle est nécessairement diagnostique
en post-sentencielle, elle est nécessairement pronostique

Le pronostic de dangerosité reste une inférence clinique, jamais nulle, mais jamais certaine.

Types à distinguer :
• dangerosité psychiatrique : risque de passage à l’acte lié à une maladie mentale
C’est un diagnostic médical. Schizophrénie, paranoïa
• dangerosité criminologique : phénomène psycho-social caractérisé par des indices
révélateurs d’une grande probabilité de commettre une infraction
C’est une dangerosité sociale.
Il n’existe pas de définition légale de la dangerosité, la loi ne la définit pas.

La dangerosité criminologique s’évalue sur les modes de fonctionnement de l’individu.


On va repérer :
• Les éléments d’ordre psychologique
• Les émotions et leurs gestion : profil psychologique
• La violence et l’agressivité
• Les situations criminogènes
• rôles des victimes
On vient se pencher sur la potentialité de l’auteur à commettre de nouvelles infractions. Elle
s’appuie sur la probabilité de la récidive future : elle vise donc une conduite virtuelle.
Contexte de perte d’emploi et d’instabilité émotionnelle engendrant des conduites destructrices
(alcool, jeux…) chez un individu colérique et sans notion du non → il est probable que dans les
mêmes conditions il récidive mais on ne peut pas en être sûr.

La dangerosité reste une notion subjective et floue. Elle fait porter la responsabilité de la décision
judiciaire sur un autre corps professionnel. Il est demandé à l’expert plus qu’il ne peut on lui
demande de prédire la récidive. Mais en tant que psy, on ne peut qu’apporter des éléments, des
évaluations de dangerosité et d’un risque. On ne pourra jamais statuer avec certitude.
L’avis du psy aura un impact majeur sur la décision judiciaire ce qui rend l’exercice d’autant plus
difficile. De plus la prise en compte d’une supposée dangerosité est « injuste » dans le sens où elle
désigne une personne encore innocente, mais suspectée d’être capable de commettre une infraction
dans l’avenir, comme déjà coupable.

Citation de E. Morin sociologue et philosophe français :


«  Notre société toute entière est centrée sur le principe d’assurance, de précaution, et de
prévention de tout risque.
Mais cette tentation damocléenne est elle bien raisonnable puisque le risque zéro ne saurait exister
dans une conception non déterminisme du monde ?
L’inconfort de l(incertain n’est il pas le prix à payer de la liberté humaine ?  »

On utilise aussi des outils pour évaluer la dangerosité (questionnaire).


ATTENTION : L’expertise est juste un avis du psychologue au magistrat, « elle ne vaut rien »
→ le magistrat n’est pas contraint de suivre cet avis, mais c’est souvent le cas

NB : Les personnes rentrant en rétention de sûreté sont revue tous les ans par une commission pour
voir si la personne est toujours dangereuse mais la responsabilité est alors sur eux
→ donc dans les fait très peu de libération

NBbis : il existe peu voir pas de formation pour faire une expertise pourtant elle est quand même
faite parfois même par des gens incompétents. Et même pour les quelques initiés il est nécessaire de
se mettre régulièrement à jour sur les techniques et l’avancé de la loi et des méthodes.
C’est un exercice à faire avec sérieux.

Conclusion
Le recours au psy en criminalistique ne vient pas établir la preuve ou la vérité mais il vient vraiment
contribuer à la manifestation de la vérité notamment en se centrant sur la recherche de la meilleure
qualité de l’information. Le psy apporte son regard et sa compréhension sur l’objet criminel (auteur,
victime, scène de crime, discours tenu sur le crime…).
Il serait dangereux de croire que le psy énonce la vérité ou une matérialité
L’objet des sciences humaines et donc de l’Homme est l’humain dans ce qu’il a de connu, de
déterminé mais aussi d’incertain. Ce n’est pas une science exacte, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne
sert à rien. En psychologie, on ne peut que rapporter la vérité du sujet. Ce n’est pas à l’expert
d’apprécier la véracité des propos du mis en cause (même quand il reconnaît les faits) par exemple.

La tendance actuellement est quand même de demander au psy de tout expliquer et tout expliquer
avec le transfert de la responsabilité qui y est liée. On aimerait faire dire au psy ce qu’il ne peut pas
dire pour qu’il porte la responsabilité. D’où l’importance du travail pluridisciplinaire, des regards
croisés sur l’objet criminel en totale complémentarité pour approcher le plus près possible l’objet
criminel qui les réunis.

NB : témoignage d’un enfant amenant à un classement sans suite ou à une sanction pénale
l’ajout de nouveaux éléments par ce même enfant plus tard peu amener à la réouverture du dossier
et la reclassification des faits.
Mais c’est tout de même mieux si ça arrive pendant l’enquête, d’où les enquêtes très longues quand
des enfants sont impliqués pour leur laisser le temps de grandir.

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