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Deuxième cours avec elle au second semestre → histoire de la criminologie deuxième module
PSYCHO-CRIMINALISTIQUE
PLAN
1. Introduction
2. Définition
3. Le profilage ou apport des sciences du comportement
4. Techniques d’interrogatoire et d’audition
5. Expertises psy
6. Conclusion
I- Introduction
La criminalistique est l’étude du phénomène criminel, c’est comment chaque discipline dans son
champ de compétences va contribuer à cette étude.
C’est donc une discipline pluridisciplinaire, chaque science apporte son expertise et le tout forme la
criminalistique.
La science qui va nous intéresser aujourd’hui c’est la psychologie, la psychiatrie et les sciences du
comportement notamment.
L’objectif de la psycho-criminalistique va donc de contribuer à établir une preuve mais aussi de
concourir à la manifestation de la vérité.
En psycho-criminalistique la notion de traces, d’indices et de preuves ne sont pas transposables
dans le domaine de la psychologie.
C’est également une méthode permettant aux enquêteurs de déterminer le profil psychologique d’un
suspect. Cette fois-ci on a identifié le potentiel auteur du crime et une fois qu’on l’a sous la main on
va avoir besoin, dans l’intérêt de l’enquête de déterminer son profil psychologique parce que ça
peut aider à mener les interrogatoires d’une part, savoir quelles techniques utilisées pour obtenir les
informations dont on a besoin → Technique d’interrogatoire adapté
Quand on construit ce profil virtuel il faut garder en tête que cela reste une hypothèse, on fait
l’hypothèse que la personne qui a commis ce crime a tel profil grâce au récit de la victime et à la
scène de crime. Ce n’est jamais une preuve, si on arrête un suspect qui ne corresponds pas au profil,
on ne va pas se dire que non ce n’est pas lui, ce n’est que des éléments de compréhensions, des
hypothèses de travail et ce n’est en aucun cas des preuves.
On peut parler de la compatibilité de l’auteur présumé et du crime ou de la scène mais toujours pas
une preuve.
La « signature de l’auteur » il y a des particularités dans le mode opératoire selon les individus.
On a plus de chance de subir un crime par quelqu’un de sa famille que par un inconnu.
Le but de l’analyse n’est pas d’identifier un auteur mais d’établir le type psychologique probable de
l’individu qu’on recherche, et que ce profil soit compatible avec le passage à l’acte et en adéquation
avec les éléments concrets qu’on a établi.
→ Le métier de profiler n’a pas de réalité professionnelle en France (invention télévisuelle)
On préfère le terme d’analyste comportementaux « analyse comportementale »
L’analyse criminelle comportementale est une forme particulière d’analyse criminelle, on va
s’attarder aux comportements. Cela va aider l’enquête. C’est donc un psychologue qui est formé en
criminologie, l’origine de cette discipline c’était dans les Etats-Unis notamment dans les missions
du FBI, ils étaient confrontés à des tueurs en série dont on avait l’impression qu’elles agissaient
sans raisons apparentes. Ils ont donc cherché à comprendre et surtout prévoir la récidive et établir le
plus tôt possible le profil d’un tueur en série.
En France, il n’y a pas eu beaucoup de tueurs en série contrairement aux USA. On est davantage sur
les situations de crimes sexuels, c’est plutôt dans ce domaine qu’on a une sérialité.
C’est donc une étude des caractéristiques et des traits du fonctionnement des criminels, en parallèle
on fait une étude des preuves afin d’en déduire des possibles suspects impliqués dans un crime.
Tout cela n’est pas fait que pour tirer un profil général mais surtout de reconstruire un
comportement criminel. On croise toutes les données, on fait plusieurs analyses, plusieurs études,
les preuves, les traits de fonctionnement, de personnalité…
La qualité de l’interrogatoire c’est la même chose, l’interrogatoire c’est pour les mis en cause, ça va
dépendre aussi de la formation des enquêteurs et des techniques utilisées pour mener à bien les
entretiens.
Mais il y a également d’autres facteurs qui rentrent en compte, cela va être des facteurs d’ordre
psychologique, et inhérents au statut de la personne auditionnée (mis en cause, victime…)
C’est une bonne audition quand l’information récoltée est juste, non déformée et le plus proche
possible de la vérité.
C’est très important que cette adaptation des techniques à la personne qu’on a à interroger ou à
auditionner soit bonne car c’est de ça dont va dépendre la qualité de l’information que l’on va
obtenir.
Dans le cas d’une procédure criminelle cela est très important que la qualité de l’information qu’on
va recueillir soit correcte car c’est ce qui va contribuer à la manifestation de la vérité qui est un
enjeu majeur dans la procédure judiciaire.
Il faut aller chercher la connaissance que l’individu a en sa possession avec les meilleures
techniques pour lui pour ensuite la restituer dans les principes de l’interrogatoire.
Il est obligatoire pour un mineur de le filmer lors de l’audition. C’est aussi le cas pour un mineur
mis en cause. Tout mineur doit être enregistré et filmé lors d’une audition.
Le témoignage d’un enfant (ou d’un adulte) peut être contaminé par :
Des interrogatoires répétés, si on vous pose tout le temps la même question → on pense qu’on n’a
pas donné la bonne réponse car même question, que ce n’est pas ce qu’ils veulent entendre.
Si la personne perd confiance en l’enquêteur parce qu’on a dit que ça ne durait pas longtemps
mais ça dure 2 heures etc…
Ça va également dépendre de son niveau développemental, un enfant de 3 ans n’a pas les mêmes
capacités d’attention qu’un enfant de 12 ans ni les mêmes capacités de compréhension,
d’expression.
L’enfant peut également être sujet à des émotions d’angoisse, de peur, de dépression etc…
Il peut faire l’objet de menaces ou de pression, son état émotionnel va perturber sa capacité à nous
expliquer ce qu’il s’est passé.
Plus globalement tous les symptômes associés à un état de stress post traumatiques vont
entraver sa capacité à nous restituer les éléments d’informations du passage à l’acte.
C’est rarement utilisé pour les auteurs alors que c’est aussi fait pour eux pour éviter les faux aveux,
la vision du fait criminel dépendant de la culture.
À choix multiples :
- t’a t’il touché par-dessus ou par dessous les vêtements ?
(Cela peut être les deux, mais l’enfant va penser devoir faire un choix)
-il était habillé ou nu ? (Dilemme quand le mis en cause était en pyjama, l’enfant selon l’âge peut
ne pas savoir comment répondre)
Questions tendancieuses :
→ il t’a dit de ne pas en parler c’est bien ça ?
→ ça t’a fait mal n’est-ce pas ?
Les mauvaises questions (suggestives / tendancieuses) sont susceptibles d’apporter des fausses
informations. L’enfant se sentant obligé de répondre même s’il ne possède pas l’info plutôt que de
dire qu’il ne sait pas ou de demander une clarification
C’est ainsi qu’on récolte les informations les plus justes et proches possible de ce qu’a vécu
l’enfant. C’est le fondement du protocole et permet de limiter les biais de suggestibilité.
Ce protocole est utilisé pour les enfants mais aussi pour les personnes vulnérables (spectre
autistique, déficience intellectuelle sévère…).
V- Expertise « psy »
L’expertise va être l’activité principale de la collaboration du psy avec le judiciaire. Il en existe
plusieurs formes qu’on ne détaillera pas comme par exemple : l’expertise psychiatrique,
psychologique, la médico-psychologique, la psycho-criminologique…
Elles ont des buts et des missions professionnelles différentes, elles répondent à des questions
différentes du juge d’instruction et sont exercées par des professionnels différents.
Elles sont ordonnées par un juge d’instruction pour éclairer le magistrat sur différents points :
• personnalité de l’intéressé ++
• état psychique
• responsabilité pénale
• potentielle dangerosité psychiatrique et ou criminologique
• capacité de réadaptabilité sociale
• établir le lien victimologique qui relier l’auteur et sa victime
L’expertise psy n’apporte pas une preuve mais une information, un renseignement qui est nécessaire
pour éclairer les magistrats. C’est un avis technique, motivé et intelligible pour des non-spécialistes,
sur : la dynamique psychique d’un individu et non pas sur la réalité ou la matérialité d’un fait
reproché.
Il faut rédiger le rapport de façon compréhensible pour toutes les autres disciplines qui liront le
rapport → expliquer les termes / car ils peuvent provoquer des réactions biaisées.
Apporter de la nuance dans son propos est très difficile, c’est un exercice auquel on est pas
forcément entraîné. La déposition est un moment difficile car il faut raccourcir sa conclusion tout en
banalisant son propos sans pour autant perdre en authenticité et en nuances.
Une expertise psy contient :
• la biographie / anamnèse :
◦ famille, ambiance, maltraitance,
◦ réussite scolaire / échec
◦ activité extra-scolaire / professionnelles
◦ sexualité
◦ atcd judiciaire / perso
• dimension cognitive
◦ déficit / retard
◦ niveau et qualité de l’intelligence
◦ faculté de compréhension
• antécédents physiques, médicaux, traumatismes
• analyse profonde de la personnalité :
◦ structure /pathologie / personnalité
Elle permet :
• d’analyser la dynamique processuelle du passage à l’acte violent
• d’écrire la nature du lien victimologique et les mécanismes éventuels d’emprise
• d’évaluer la dangerosité criminologique donc le risque de récidive
• de repérer les situations dangereuses à l’origine du risque
• d’identifier les facteurs de vulnérabilité et les facteurs de protection
• de définir un programme d’accompagnement médico-social personnalisé
L’enjeu est vraiment de mettre en évidence une pathologie psychiatrique parce que ça nous permet
de trancher la question de la responsabilité pénale et aussi de l’irresponsabilité pénale.
En droit français, pour être pénalement responsable il faut avoir toutes ses capacités mentales et ses
capacités de discernement.
Il est acté que la maladie mentale peut entraver les facultés de discernement d’un individu
engendrant une abolition ou altération en fonction de la forme et de la sévérité des troubles mentaux
identifiés. On considère bien ces facultés au moment des faits et non pas au moment de l’expertise.
La réinsertion dans ces cas de non responsabilité est très rare car ils restent considérés dangereux.
Expertise de la victime :
On fera la même chose, on va aussi décrire la personnalité de la victime mais la particularité sera
qu’on va s’intéresser à la question de la crédibilité et du retentissement psychologique.
On demande à l’expert son avis sur la crédibilité des propos. Il est question de savoir si la
souffrance était ou pas préexistence aux faits (concomitante, lien de cause à effet). Et si c’est le cas,
évaluer l’importance de ce retentissement psychologique. Il faudra également rapporter tout élément
utile à la manifestation de la vérité. Le retentissement sera lui aussi prit en compte lors du
jugement. Il individualise aussi la victime dans sa personnalité car les réactions suite à une
agression sont aussi nombreuses que ces agressions d’où le besoin d’une expertise.
Caractérisation des faits énoncés :
→ De la crédibilité …
S’agit il de dire qu’une personne est crédible cad si de façon générale on peut croire ce qu’elle dit ?
Ou
S’agit il de dire si ce que dit une personne est crédible cad si l’on peut croire à ce qu’elle nous dit ?
Elle repose sur le contenu et non pas sur la personne. Il s’agit de savoir si les propos sont crédibles,
si on peut croire à ce que la personne nous dit. Ce qui ne veut pas dire que c’est vrai.
L’expert ne peut pas et n’a pas à évaluer la réalité des faits
Cf. affaire D’Outreau (mai 2005) avec maltraitance d’enfant et mauvais témoignage
depuis la notion de crédibilité disparaît des missions d’expertise, mais la question se pose toujours
→ ….à l’authenticité
C’est le caractère syntone de la victime, l’adéquation entre le contenu manifeste de ce que dit la
victime et la tonalité émotionnelle qui accompagne le récit. On recherche une permanence du récit
dans le temps avec une absence de détails incongrus et rocambolesques supplémentaires ou d’ajouts
systématiques. On fera aussi attention au niveau de langage utilisé pour relater les faits et à ce qu’il
corresponde à celui utilisé pour les conversations habituelles. Pourrait indiquer un récit appris par
cœur ou dicté par qqn d’autre dans le cas d’un enfant souvent. Même chose pour la précision des
faits relatés en adéquation avec les capacités mnésiques et cognitives habituelles de la victime. Une
personne en déficience cognitive sévère qui ressort énormément de détails avec des termes exacts
peut amener le doute sur son récit.
Le pronostic de dangerosité reste une inférence clinique, jamais nulle, mais jamais certaine.
Types à distinguer :
• dangerosité psychiatrique : risque de passage à l’acte lié à une maladie mentale
C’est un diagnostic médical. Schizophrénie, paranoïa
• dangerosité criminologique : phénomène psycho-social caractérisé par des indices
révélateurs d’une grande probabilité de commettre une infraction
C’est une dangerosité sociale.
Il n’existe pas de définition légale de la dangerosité, la loi ne la définit pas.
La dangerosité reste une notion subjective et floue. Elle fait porter la responsabilité de la décision
judiciaire sur un autre corps professionnel. Il est demandé à l’expert plus qu’il ne peut on lui
demande de prédire la récidive. Mais en tant que psy, on ne peut qu’apporter des éléments, des
évaluations de dangerosité et d’un risque. On ne pourra jamais statuer avec certitude.
L’avis du psy aura un impact majeur sur la décision judiciaire ce qui rend l’exercice d’autant plus
difficile. De plus la prise en compte d’une supposée dangerosité est « injuste » dans le sens où elle
désigne une personne encore innocente, mais suspectée d’être capable de commettre une infraction
dans l’avenir, comme déjà coupable.
NB : Les personnes rentrant en rétention de sûreté sont revue tous les ans par une commission pour
voir si la personne est toujours dangereuse mais la responsabilité est alors sur eux
→ donc dans les fait très peu de libération
NBbis : il existe peu voir pas de formation pour faire une expertise pourtant elle est quand même
faite parfois même par des gens incompétents. Et même pour les quelques initiés il est nécessaire de
se mettre régulièrement à jour sur les techniques et l’avancé de la loi et des méthodes.
C’est un exercice à faire avec sérieux.
Conclusion
Le recours au psy en criminalistique ne vient pas établir la preuve ou la vérité mais il vient vraiment
contribuer à la manifestation de la vérité notamment en se centrant sur la recherche de la meilleure
qualité de l’information. Le psy apporte son regard et sa compréhension sur l’objet criminel (auteur,
victime, scène de crime, discours tenu sur le crime…).
Il serait dangereux de croire que le psy énonce la vérité ou une matérialité
L’objet des sciences humaines et donc de l’Homme est l’humain dans ce qu’il a de connu, de
déterminé mais aussi d’incertain. Ce n’est pas une science exacte, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne
sert à rien. En psychologie, on ne peut que rapporter la vérité du sujet. Ce n’est pas à l’expert
d’apprécier la véracité des propos du mis en cause (même quand il reconnaît les faits) par exemple.
La tendance actuellement est quand même de demander au psy de tout expliquer et tout expliquer
avec le transfert de la responsabilité qui y est liée. On aimerait faire dire au psy ce qu’il ne peut pas
dire pour qu’il porte la responsabilité. D’où l’importance du travail pluridisciplinaire, des regards
croisés sur l’objet criminel en totale complémentarité pour approcher le plus près possible l’objet
criminel qui les réunis.
NB : témoignage d’un enfant amenant à un classement sans suite ou à une sanction pénale
l’ajout de nouveaux éléments par ce même enfant plus tard peu amener à la réouverture du dossier
et la reclassification des faits.
Mais c’est tout de même mieux si ça arrive pendant l’enquête, d’où les enquêtes très longues quand
des enfants sont impliqués pour leur laisser le temps de grandir.