Vous êtes sur la page 1sur 8

GPS

Le point sur les traitements


de données GNSS en réseau pour
un positionnement centimétrique
temps réel de meilleure qualité
Romain LEGROS - Frédéric MOLLE - Nicolas BALARD

Depuis les années 80 et la mise en place du système GPS, les recherches dans le domaine
du radiopositionnement par méthodes GNSS n’ont cessées de s’étendre et il est aujourd’hui possible
de se positionner en temps réel avec une précision centimétrique de manière totalement transparente
en traitant les données d’observation en réseau afin de résoudre de manière satisfaisante la majorité
des problèmes rencontrés en mode RTK. D’une manière générale,
il s’agit de modéliser les erreurs spatialement corrélées (ionosphère,
troposphère et éphémérides) sur chaque station avant de mettre en place mots-clés
des modèles de propagation en réseau (plans, polynômes ou modèles GNSS, GPS, stations permanentes,
d’interpolation plus ou moins complexes) et de diffuser les données erreurs d’éphémérides, erreurs
nécessaires aux utilisateurs (corrections et/ou observations) pour qu’ils ionosphériques, erreurs
troposphériques, multitrajets,
puissent se positionner par double différence avec la précision escomptée
ambiguïtés entières, modélisations
suivant diverses approches. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit, en réseaux, surfaces paramétrées,
au moment ou plusieurs réseaux sont en passe de couvrir le territoire continuité spatiale, continuité
(ORPHEON, TERIA, etc.), de démocratiser l’utilisation de l’information temporelle, interpolation, RTCM,
NTRIP, MAC, FKP, PRS, RRS, VRS.
géographique en favorisant son accès.

D
epuis le début des années 1980 et nous laisserons de côté les systèmes du guidage d’engins ou de la surveillance
la mise en place du système GPS ascendant de type DORIS (Doppler d’ouvrages d’arts) tout en permettant
(Global Positioning System), les Orbitography by Radiopositioning d’autre part d’en améliorer encore la pré-
techniques de positionnement par Integrated on Satellite) pour unique- cision. Dans le domaine du positionne-
satellites n’ont cessées de progresser ment nous intéresser aux systèmes ment statique et pour certaines applica-
pour obtenir la place prépondérante descendant de type GNSS (Global tions scientifiques bien particulières telles
que nous leur connaissons aujourd’hui. Navigation Satellite Systems) comme que la géodésie ou la surveillance des
Elles interviennent en effet aussi bien le GPS de l’armée armée américaine, déformations ductiles de l’écorce ter-
dans le domaine du positionnement le GLONASS (GLObal’naya Naviga- restre appliquées à la prédiction des
(navigation terrestre, maritime et tsionnaya Spunikovaya Sistema) de séismes, il est ainsi possible d’obtenir
aérienne, topographie, géodésie, l’armée russe ou encore le futur sys- une précision de quelques millimètres au
sciences de la terre, surveillance d’ou- tème civil européen GALILEO prévu prix de nombreux efforts (éphémérides
vrage d’art, guidage d’engins, agricul- pour la fin 2010. précises, modèles ionosphériques et tro-
ture de précision, etc.) que dans celui de posphériques fins, observations sur des
Durant les vingt dernières années, le per-
la météorologie ou de la synchronisa- séries temporelles longues pouvant par-
fectionnement des techniques de posi-
tion temporelle. fois atteindre plusieurs années, prise en
tionnement GNSS a permis d’une part
compte des surcharges océanogra-
Les systèmes de radiopositionnement leur ouverture à de nouvelles applica-
phique et atmosphérique, etc.).
par satellites sont en fait à décomposer tions temps réel pouvant parfois requérir
en deux grandes familles en fonction une très forte dynamique (positionne- L’apparition, au milieu des années 1990,
du caractère “ascendant” ou “descen-
dant” de la mesure, étant entendu que
ment centimétrique temps réel à des fré-
quences pouvant atteindre les 20 Hz pour
du mode de positionnement cinéma-
tique temps réel ou RTK (Real Time ...
Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005 51
GPS

... Kinematic), couplé à la mise en place de


référentiels géodésiques compatibles
sation de l’information géographique
dans tous les domaines (travaux
Intérêts et concepts
généraux sous jacents
GPS (RGF93 en France), révolutionna publics, VRD, aménagement, environ- à l’utilisation de données
les méthodes de production de don- nement etc.) dans la mesure où il n’aura GNSS en réseau
nées géographiques. Cette innovation jamais été aussi simple et peu onéreux
Le mode de positionnement RTK est
permit non seulement d’ouvrir de nou- d’accéder à un jeu de coordonnées pré-
idéal pour se positionner avec une
veaux horizons en terme de précision et cises dans un référentiel homogène,
grande précision tant que la distance
d’homogénéité des levers, mais s’ac- aussi bien dans le temps (répétabilité
séparant le mobile de sa station de réfé-
compagna aussi et surtout d’une réduc- de la mesure) que dans l’espace (cohé-
rence (ligne de base) reste relativement
tion des coûts et de gains de producti- rence de levers décorrélés).
courte. Dès que la longueur des lignes
vité sans précédents relativement aux A l’heure où la France est en passe
de bases augmente, les erreurs corré-
méthodes optiques classiques préva- d’être couverte par plusieurs réseaux
lées dans l’espace liées aux perturba-
lant jusqu’alors. centimétriques temps réel (ORPHEON,
tions atmosphériques (erreurs iono-
TERIA etc.) il nous apparaît essentiel, au
Depuis ces dernières années, la princi- sphériques et troposphériques) ainsi
regard des maintenant presque deux
pale innovation en terme de positionne- qu’à l’incertitude portant sur la position
années d’expérience d’ORPHEON dans
ment temps réel consiste à traiter les des satellites au moment de l’émission
le domaine, et surtout du retour d’ex-
données GNSS en réseau pour fournir du signal (erreurs d’éphémérides) ne
périence acquis dans la trentaine de
aux utilisateurs un service centimétrique sont plus les mêmes sur la station de
pays où de tels services existent déjà,
totalement transparent, reléguant ainsi référence et sur le mobile, entraînant
de faire le point autour de ces évolu-
le RTK “classique” au second plan en des problèmes de résolution des ambi-
tions techniques afin que chacun puisse
libérant l’utilisateur des contraintes tech- guïtés entières sur le mobile.
y voir un petit peu plus clair.
niques et opérationnelles inhérentes à ce
Ces erreurs corrélées dans l’espace
mode de positionnement (mise en place, Alors évolution ou révolution?
induisent en fait, lorsqu’elles ne ren-
rattachement et surveillance d’une sta-
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous dent pas impossible la mesure (impos-
tion de référence pseudo permanente). Il
supposerons que le lecteur possède les sibilité de fixer les ambiguïtés entières),
est alors probable que cette innovation
pré-requis nécessaires sur les principes une perte de précision comprise entre 1
technologique permette de démocratiser
inhérents au radiopositionnement par et 10 ppm en fonction des conditions
plus rapidement le positionnement cen-
méthodes GNSS, étant entendu que météorologiques [Wübbena et al.,
timétrique temps réel en rendant la tech-
nous l’encourageons vivement à se réfé- 1996], la longueur des lignes de bases
nique plus accessible que jamais (sim-
rer au fascicule intitulé “Quelques brefs utilisables pour un positionnement de
plicité, réduction des coûts), lui permet-
rappels sur le positionnement de préci- précision pouvant parfois se trouver
tant par là même de prendre son plein
sion par méthodes GNSS - Application limitées à moins de 10 km durant les
essor.
au système GPS” spécialement préparé périodes d’intense activité ionosphé-
Au final, l’enjeu est énorme dans la pour l’occasion afin de compléter cet rique [Vollath et al., 2002].
mesure où ces réseaux temps réels, article et bientôt téléchargeable sur le
D’une manière générale, les réseaux de
couplés à l’augmentation du nombre site web du projet ORPHEON
stations permanentes permettent alors
de satellites (GLONASS, GALILEO), per- (http://www.orpheon.biz), rubrique
de pallier ce problème d’éloignement à
mettront sûrement de favoriser l’utili- “Téléchargements”.
la référence rencontré avec les stations
permanentes “isolées”. Les recherches
dans le domaine du traitement de la
phase des signaux GNSS en réseau
s’étant multipliées ces dernières
années, il est en effet aujourd’hui pos-
sible de se positionner n’importe où au
sein d’un réseau de stations perma-
nentes avec une précision centimé-
trique sans que l’utilisateur n’ait à se
soucier de la distance le séparant de la
© BERGERAT MONNOYEUR

station la plus proche.


© LEICA GEOSYSTEMS

Pour entrer un peu plus dans le détail, les


performances du mode RTK dépendent
en fait de l’aptitude du mobile à résoudre
les ambiguïtés entières et à modéliser les
résidus des erreurs corrélées dans l’es-
Figure 1. Exemples d’application du positionnement GPS centimétrique pace dans le calcul par doubles diffé-
temps réel au sein d’un réseau de stations permanentes. rences de la ligne de base le séparant de

52 Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005


sa station de référence et le traitement ne faisait pas que réduire les erreurs Il est alors important de noter que la
des données en réseau permet de mais en changeait les caractéristiques latence d’un tel réseau est un élément
résoudre de manière satisfaisante la intrinsèques pour aboutir à une aug- important à prendre en compte dans la
majorité des problèmes rencontrés mentation significative des perfor- mesure où moins elle sera importante,
[Lachapelle et al., 2000]. Il est en effet pos- mances comparativement à une solu- plus les modèles d’erreurs seront à jour
sible de fixer les ambiguïtés entières sur tion RTK classique. et moins la latence finale du positionne-
chaque station du réseau puis de modé- ment côté utilisateur sera grande. Dans
A travers cet article, nous allons tenter
liser ponctuellement les retards iono- le cas de la solution GPSNet commer-
de mettre en lumière les principales
sphérique et troposphérique ainsi que les cialisée par la société TRIMBLE-TERRA-
étapes nécessaires au traitement des
erreurs d’éphémérides [Fotopoulos et al., SAT, les modèles en question sont ren-
données GNSS en réseau en illustrant
2001]. En combinant les observations sur seignés toutes les secondes et perdent
certains principes ou concepts à partir
les stations du réseau, la résultante de leur limite de validité s’ils ne sont pas
d’expérimentations effectuées sur l’îlot
ces erreurs spatialement corrélées peut alimentés de manière suffisamment
francilien du réseau ORPHEON. Pour
être modélisées sur toute la région cou- régulière pendant 30 secondes, période
rendre le discours plus parlant, nous
verte par diverses techniques de para- au-delà de laquelle les erreurs corrélées
nous arrêterons régulièrement sur les
métrisation tandis que la répétitivité de la dans l’espace à un instant donné attei-
concepts et méthodes de traitement
mesure permet de moyenner ou même gnent leur limite de validité.
repris dans les concepts VRS, FKP et
filtrer les erreurs spatialement décorré-
MAC ainsi que sur certains détails d’im- La fiabilité et la performance du réseau
lées comme les multitrajets ou les bruits
plémentation des différentes solutions de télécommunication utilisé sont donc
de mesure portant sur les stations de
commerciales associées, notre but une issue importante dans la mesure où
référence [Lachapelle et al., 2000].
n’étant pas de classer ces solutions ou une perte de données se traduira direc-
Le fait d’envoyer ces informations au de porter un quelconque jugement de tement par un manque de disponibilité
mobile lui permet alors de s’initialiser valeur, mais plutôt d’apporter des élé- du service (époques manquantes).
(résolution des ambiguïtés entières) ments constructifs aux lecteurs.
Il est donc important de bénéficier d’un
plus rapidement indépendamment de
Pour simplifier, les opérations à réaliser réseau disponible, à très faible latence
sa position [Roberts, 2000] pour fournir
pour permettre à un mobile de se posi- et relativement bon marché pour limiter
un positionnement de meilleure qualité
tionner en temps réel avec une préci- les coûts de fonctionnement. Il s’agit
au sens large. Wübbena et al. [1996] ont
sion centimétrique sont reprises dans la vraiment d’une issue importante et
ainsi montré en simulant un réseau de
figure 2 dont nous allons expliciter cha- l’émergence des réseaux de typeTCP/IP
stations permanentes par post-traite-
cune des composantes tout au long de et des nouvelles technologies associées
ment qu’il était possible de limiter les
notre exposé. sont une véritable aubaine dans ce
erreurs à moins d’un centimètre quelle
domaine même si l’Internet classique
que soit la position du mobile dans le
(ADSL) ne suffit souvent pas dans la
réseau (meilleure précision) tandis que Récupérer les données mesure où ses performances sont trop
Fotopoulos et al. [2001] ont montré que d’observation et calculer dépendantes de l’état de charge du
les traitements en réseau permettaient les erreurs ponctuellement réseau.
d’accroître l’intégrité et la disponibilité
Toutes les stations permanentes d’un
du positionnement comparativement à
réseau sont connectées par l’intermé-
un calcul ne faisant intervenir qu’une
diaire d’un réseau de télécommunica-
Fixer les ambiguïtés
seule station de référence.
tion à un centre de contrôle qui va se
entières
Vollath et al. [2002] ont enfin démontré charger de récupérer toutes les données La résolution des ambiguïtés entières est
que le positionnement RTK en réseau d’observation à une fréquence de 1 Hz. une issue fondamentale pour se posi-
tionner avec précision par méthodes
GNSS et il s’agit vraiment d’un sujet de
recherche important au regard des 300
papiers scientifiques consacrés au sujet
depuis les années 1990 [Kim et Langley,
2000]. Ce sujet est donc bien documenté
et les dernières approches se basent sur
© GEODATA DIFFUSION

la théorie des moindres carrés


[Teunissen, 1993] pour estimer les ambi-
guïtés entières en temps réel comme
paramètres dans le calcul d’une ligne de
base par double différence au même
titre que les coordonnées en elles-
Figure 2. Les différentes étapes d’un traitement GPS en réseau
modifiées d’après Euler [2005].
mêmes. Dans ces méthodes de résolu-
tion dites “OTF” pour “On the Fly”, les ...
Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005 53
GPS

... ambiguïtés sont donc estimées comme


des réels avant d’être fixées à leur valeur
entière.

Les moteurs de résolution des ambi-


guïtés entières en réseau peuvent alors
travailler suivant deux approches
temps réel bien différentes, pour
chaque ligne de base pour tous les

© GEODATA DIFFUSION
satellites, soit en les calculant par
double différence [Landau et al., 2001 ;
Rizos et al., 2002], soit en les estimant
après modélisation des erreurs iono-
sphériques, troposphériques, d’éphé-
mérides, voire des multitrajets, les coor-
données précises des stations étant Figure 3. Schéma de principe du concept MAC modifié d’après Euler [2005].
déjà connues avec une très bonne pré-
cision dans les deux cas. lées pour chaque station environnante celles de la station maîtresse pour
jouant le rôle de “station auxiliaire”. réduire le volume de données échan-
Si nous considérons un réseau mini-
Il s’agit du concept MAC (Master gées).
maliste de trois stations sur lequel les
Auxiliary Concept) normalisé par le
ambiguïtés portant sur l’une des lignes Du point de vue des implémentations
comité RTCM 3.0 (cf. figure 3).
de base ne pouvaient être fixées, les existantes, seule LEICA GEOSYSTEMS
observations des satellites incriminés Disposant des ces corrections de diffé- a pour l’instant retenu ce principe à tra-
pour les époques en question ne rences de phases pour chaque station vers son produit SpiderNET, plusieurs
seraient pas prises en compte dans la auxiliaire et des observations en prove- modes étant disponibles en fonction du
solution réseau. Sur le même principe, nance de la station maîtresse, le mobile type de message utilisé (RTCM 2.3 ou
et de manière très liée à la résolution est capable de régénérer les observa- 3.0) et du type de communication utilisé.
des ambiguïtés, si la fermeture du tri- tions de chaque station pour potentiel-
angle formé par ces trois lignes de base lement calculer plusieurs lignes de base
excédait les 20 mm dans la solution en temps réel. En fait, toute l’intelligence Modéliser les erreurs
GPSNet, les signaux correspondant ne du traitement se trouve du côté du en réseau
seraient pas pris en compte pour la mobile qui peut également choisir d’in-
Comme nous l’avons déjà évoqué, les
génération de la solution réseau. terpoler les corrections de différences de
sources d’erreurs affectant la précision
phases représentant la résultante de
La résolution des ambiguïtés entières du positionnement par méthodes GNSS
toutes les erreurs sur chaque station
réalisée, une première approche ont plusieurs origines et il est possible
auxiliaire relativement à la station maî-
consiste à envoyer au mobile de l’utili- de distinguer les erreurs liées aux satel-
tresse selon diverses stratégies de pon-
sateur les observations de la station de lites (erreurs d’orbites et correction
dération [Euler et al, 2001] (cf. figure 4).
référence la plus proche, appelée “sta- d’horloge du satellite), de celles liées à
tion maîtresse”, accompagnées des cor- Pour ceux qui souhaiteraient aller un la propagation du message (erreurs
rections de différences de phases calcu- petit peu plus loin, la mise en équation atmosphériques), des erreurs liées à la
et le détail de la méthode seront bientôt station en elle-même ou à son environ-
disponibles sur le site web nement immédiat (correction d’horloge
du projet ORPHEON du récepteur, variation du centre de
(www. orpheon.biz), tou- phase de l’antenne, bruit électronique
jours dans la rubrique du récepteur, multitrajets et sauts de
“Téléchargements” où cycles lors d’une perte du signal).
vous pourrez accéder à une
Une première étape va alors consister à
version plus complète de
traiter chaque ligne de base entre sta-
cet article.
tion par simples, doubles et triples diffé-
© GEODATA DIFFUSION

L’ensemble formé par les rences afin de respectivement éliminer


stations auxiliaires et la les décalages d’horloges des satellites,
station maîtresse est les décalages d’horloges des récep-
appelé “cellule”, la pro- teurs, ainsi que les sauts de cycles sur
priété d’une cellule étant chaque station. Après double différen-
d’avoir un niveau d’ambi- ciation, pourvu que les sites et matériels
Figure 4. Principe de fonctionnement du concept guïté commun (normali- utilisés soient de bonne qualité (migra-
MAC. sation des ambiguïtés à tion du centre de phase des antennes

54 Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005


© GEODATA DIFFUSION

Figure 5. Comparaison entre orbites radiodiffusées et orbites ultra rapides prédites. [Molle, 2005]
GPS calibrées, peu ou pas de sources de orbites ultra rapides prédites toutes les exogènes nécessite la construction de
multitrajets, peu de biais d’électronique 6 heures échantillonnées à 15 minutes modèles géométriques de retards iono-
des appareils) il est possible de calculer dont l’étude complète sur l’ensemble de sphériques et troposphériques à partir
une ligne de base en temps réel avec la constellation GPS montre des écarts des retards déterminés sur chaque sta-
une précision centimétrique. Pour plus moyens voisins de 10 cm en lieu et place tion du réseau, le nombre de para-
de précisions, n’hésitez surtout pas à des 2 m des orbites radiodiffusées mètres de ces modèles croissant pro-
vous référer au fascicule prévu en com- contenues dans le message de naviga- portionnellement avec le nombre de
plément de cet article. tion. L’amélioration de la précision du stations. Les modèles surfaciques
positionnement est illustrée sur la figure simples, triangles par triangles donnent
Dans la littérature, les erreurs restantes
5 représentant les écarts entre lignes de déjà de très bons résultats et le fait de
après double différentiation sont en fait
bases théoriques et lignes de bases cal- les étendre à plus de trois stations en
traditionnellement séparées en deux
culées avec des éphémérides radiodif- réalisant un ajustement par moindres
catégories en fonction de leur caractère
fusées ou ultra rapides prédites pour dif- carrés permet de réduire les effets de
dispersif (variant avec la fréquence des
férentes durées d’observation et diffé- bord tout en améliorant les interpola-
signaux utilisés) ou non dispersif. Le
rentes longueurs de lignes de bases. tions hors maille, la contrepartie étant
distinguo est ainsi fait entre les erreurs
de lisser les résultats à l’intérieur du
ionosphériques, dispersives, qualifiées Le gain est en fait localisé sur les courtes
réseau [Fotopoulos, 2000] (cf. figure 6).
de non géométriques, et les erreurs tro- durées d’observation. Dès que l’obser-
posphériques, d’éphémérides et liées vation dépasse 20 minutes (1200 points Le retard ionosphérique est alors le plus
aux multitrajets dépendant unique- dans l’étude), les résultats sont simi- facilement modélisable car inversement
ment de la position des satellites à un laires. Il faut en fait 1200 points en mode proportionnel au carré de la fréquence.
instant donné, et donc qualifiées de “orbites radiodiffusées” pour obtenir
L’équilibre à rechercher se situe donc
géométriques. une précision comparable à 60 points en
entre la taille de la maille et le nombre de
mode “orbites prédites”. L’éloignement
Mise à part les multitrajets modéli- paramètres du modèle surfacique, un tri-
est lui largement moins dimensionnant
sables dans le temps comme la com- angle de stations fixes de 70 km de côté
puisque, pour des durées d’observation
posante de l’erreur géométrique se (erreurs orbitales acceptables et limite de
supérieures à 20 minutes, les écarts
répétant pour une configuration satel- décorrélation spatiale des erreurs atmo-
croissent peu en éloignement et sont
litale donnée, toutes ces erreurs possè- sphériques) avec des modèles simples à
surtout bien modélisables [Molle, 2005].
dent la propriété importante d’être cor-
rélées dans l’espace et des interpola-
tions spatiales entre stations perma-
Dans d’autres cas, l’absence de données
3 paramètres aboutissant déjà à des pré-
cisions de positionnement de l’ordre de ...
nentes permettent d’obtenir des résul-
tats plus que pertinents même si ces
corrélations diminuent lorsque la lon-
gueur de la ligne de base augmente
[Fotopoulos, 2000].
© GEODATA DIFFUSION

La multiplicité des ces erreurs nécessite


alors plusieurs approches et il est par-
fois simple de s’en affranchir, au moins
partiellement. L’IGS (International GPS
Service for Geodynamics (http://www.
igscb.jpl.nasa.gov)), propose en effet Figure 6. Modèle de correction ionosphérique plan ajusté sur 3 ou 5 stations.
gratuitement et en temps réel des [Molle, 2005]

Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005 55


GPS

... quelques centimètres [Molle, 2005].

A l’inverse, un modèle unique pour un


réseau entier doit comporter un
nombre plus important de paramètres,
l’idée générale consistant à effectuer
un développement limité d’ordre 2 ou

© GEODATA DIFFUSION
3 du modèle surfacique [Fotopoulos,
2000] (cf figure 7).
La qualité des modèles repose égale-
ment sur leur stabilité dans le temps et
plus le modèle est paramétré finement,
plus sa stabilité est caractérisée. Les
résultats témoignent, pour des triangles Figure 8. Schéma de principe du concept FKP modifié d’après Euler [2005].
de 70 km de côté avec des modèles à
riques, les erreurs troposphériques ficients de pente étant véhiculés par la
3 paramètres, de durées de stabilité
étant estimées à partir d’un modèle composante 59 du message RTCM.
pouvant atteindre la minute pour les
géométrique de Hopfield modifié.
erreurs ionosphériques [Molle, 2005],
les valeurs standards de rafraîchisse- Une autre approche consiste à
ment des modèles ionosphériques et prendre en compte la variation spa-
Interpoler les erreurs
troposphériques proposées par le tiale des erreurs corrélées dans l’es-
et diffuser un jeu
comité RTCM66 (2002) étant de respec- pace par l’intermédiaire de corrections
de corrections et/ou
tivement 2 et 30 secondes [Euler, 2004]. surfaciques ou FKP pour
d’observations
Les modèles troposphériques, plus Flächenkorrekturparameter (cf. figure Les modèles de propagation des erreurs
complexes, suivent les mêmes 8). Cette méthode consiste à créer mis en place, qu’il s’agisse de correc-
logiques mais nécessitent souvent plus autour de chaque station du réseau tions de différences de phase, de plans
de données en entrée dans la mesure une surface plane correspondant à la ou encore de surfaces polynomiales
où ils dépendent des conditions météo- variation de l’erreur autour de cette prenant en considération plus ou moins
rologiques des basses couches atmo- station, les pentes de cette surface de stations, reste à calculer la position
sphériques (modèles de Hopfield, Goad étant déterminées à partir des obser- du mobile par double différence.
et Goodman ou encore Saastamoïnen vations sur les stations voisines. Pour Plusieurs stratégies sont alors envisa-
pour les plus utilisés). déterminer les corrections à appliquer geables en fonction de la nature unie ou
à sa mesure, le récepteur du mobile a bidirectionnelle du lien de communica-
Du point de vue des implémentations
seulement besoin de récupérer les tion reliant l’utilisateur au réseau.
existantes, la solution GNSMART de
coefficients de pentes pour les erreurs En effet, si le récepteur mobile est
chez GEO++ s’appuie sur la modélisa-
dispersives et non dispersives, ces capable d’envoyer sa position approchée
tion d’un vecteur d’état du système
derniers pouvant être transmis par en mode naturel via la trame GGA du
tandis que la solution GPSNet utilise
radio. Pour plus de précisions, vous message NMEA (GSM ou mieux pour
les orbites ultra rapides prédites, un
trouverez également des complé- des raisons économiques par Internet via
polynôme à 2 paramètres (latitude de
ments dans la version plus complète GPRS à travers le protocole NTRIP
l’utilisateur et angle zénithal du soleil)
de cet article librement téléchargeable (Networked Transport of RTCM via
pour modéliser les erreurs ionosphé-
sur le site www.orpheon.biz. Internet Protocol)), il est possible de
générer une station virtuelle à proximité
de l’utilisateur qui lui servira de référence
pour se positionner par double diffé-
rence, la ligne de base utilisée étant tou-
jours très courte afin de limiter les erreurs
résiduelles corrélées dans l’espace.

Le principe de ce mode VRS (Virtual


Reference Station, ©TRIMBLE) va en
fait consister à générer les données
© GEODATA DIFFUSION

d’observations qu’il serait effectivement


possible d’observer à l’endroit de l’ini-
tialisation du mobile en y plaçant une
station de référence bien réelle
(cf.figure 9). Connaissant les coordon-
nées de la station du réseau la plus
Figure 7. Modèle ionosphérique à 5 paramètres. [Molle, 2005] proche, les coordonnées des satellites

56 Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005


nées de la station du réseau la plus
proche, les coordonnées des satellites
en vue à cet instant ainsi que les coor-
données de cette station virtuelle, la
construction des observations (pseudo
distances et phases) revient à faire la
somme de deux vecteurs en prenant en

© GEODATA DIFFUSION
compte les erreurs dispersives et non
dispersives précédemment modélisées.

A partir des données d’observation de


cette station virtuelle (messages RTCM
3 et 18, 19 ou 20, 21), le récepteur
mobile est alors en mesure de calculer Figure 9. Schéma de principe du concept VRS modifié d’après Euler [2005].
sa position par double différence sans
Dans la solution SpiderNET, le RTCM 2.3 mode VRS HP) est parfaitement connue
même savoir qu’il s’agisse d’une sta-
ne permettant pas d’envoyer les correc- de tous afin que chaque constructeur de
tion virtuelle, rendant la solution parfai-
tions de différences de phases, une matériel GPS puisse lire ce message et
tement compatible avec tous les récep-
solution transitoire dénommée “i-Max” rendre son matériel compatible avec une
teurs du marché, même les plus
a été mise au point. Le mobile com- solution donnée, seul l’éditeur du logi-
anciens. Or ce qui peut s’avérer être un
mence alors par envoyer sa position au ciel connaît le détail des calculs effectués
avantage non négligeable peut égale-
système qui lui attribue une cellule de 6 et peut donc proposer une solution
ment se transformer en inconvénient
stations, la station maîtresse étant défi- cohérente à ses clients. C’est pour cette
dans certains cas dans la mesure où la
nie comme étant la plus proche de l’uti- raison que la solution MAC, seule à être
ligne de base utilisée peut parfois être
lisateur. Les erreurs dispersives et non normalisée par le comité RTCM 3.0, se
tellement courte que certains mobiles
dispersives sont alors modélisées sur la limite à résoudre les ambiguïtés entières
pourraient ne pas calculer correctement
position du mobile par interpolation des sans s’occuper de paramétrer la
les résidus des erreurs corrélées dans
corrections de différences de phases cal- moindre surface d’interpolation afin de
l’espace calculés de manière stochas-
culées pour cette cellule et les observa- laisser toute l’intelligence du traitement
tique (réduction du nombre de mesures
tions de la station maîtresse sont au mobile, et donc à la sagacité des
servant à approximer la résultante des
ensuite modifiées afin de prendre en constructeurs de matériels.
erreurs modélisée par méthodes de
compte ces erreurs dans le calcul de la
Monte Carlo, ces méthodes reposant Pour pousser la réflexion un petit peu
ligne de base la reliant à l’utilisateur.
sur la loi des grands nombres pour plus loin, le jour où les médiums de
approcher la vraie valeur d’un phéno- communication seront suffisamment
mène observé pour lequel il n’existe performants pour l’autoriser, nous
pas de formule fermée, mais unique-
Synthèse et conclusion pourrions même envisager de directe-
ment des approximations numériques.) Comme expliqué dans cet article, plu- ment transférer les données d’observa-
sieurs approches sont possibles pour tions des stations du réseau au mobile
Dans les dernières versions de la solu-
traiter la phase des signaux GNSS en pour lui laisser toute la charge du calcul,
tion GPSNet, les coordonnées de la sta-
réseau suivant que l’interface utilisa- ce qui nécessiterait d’ailleurs d’y
tion la plus proche (contexte réseau)
teur, c’est-à-dire le lien de communica- embarquer des moyens de calcul plus
sont ainsi également envoyées au
tion permettant de fournir les correc- conséquents que ce que nous trouvons
mobile via la composante 59 du mes-
tions et/ou données d’observation actuellement, ou a contrario de récupé-
sage RTCM dans un mode intitulé “VRS
d’une station virtuelle (VRS, PRS) ou rer les observations du mobile pour ne
High Precision” pour palier ce problème.
réelle (RRS), soit plus ou moins en lui renvoyer qu’une position centimé-
Dans la solution GNSMART, une station amont de la chaîne de traitement trique (augmentation de la charge de
virtuelle peut être créée sur le segment décrite figure 2 pour calculer une posi- calcul côté réseau cette fois-ci).
de droite reliant la station la plus proche tion centimétrique.
Quoi qu’il en soit, tout le monde s’ac-
à la position de l’initialisation du mobile Il s’agit vraiment d’une issue impor-
corde aujourd’hui sur le fait qu’il soit
à une distance de l’utilisateur paramé- tante, au moins en terme d’interopéra-
possible d’atteindre une précision
trable par le gestionnaire du réseau bilité, dans la mesure où plus l’interface
constante voisine de 2 cm en planimétrie
(mode PRS pour Pseudo Reference utilisateur du réseau sera en aval de
et 3 cm en altimétrie (cf. figure 10), quelle
Station), le problème se posant alors de cette chaîne de traitement, plus l’intelli-
que soit la solution utilisée et la marque
savoir quelle distance utiliser (a priori gence se situera du côté du serveur et
du récepteur pourvu que la distance
entre 5 et 10 km), étant entendu qu’il est moins la solution sera ouverte.
entre les stations du réseau ne dépasse
également possible de travailler en
En effet, si la structure du message 59 pas les 70 km (limite de corrélation spa-
mode RRS (Real Reference Station) à
partir de la station la plus proche.
RTCM servant à diffuser des informa-
tions propriétaires (paramètres FKP,
tiale des sources d’erreurs atmosphé-
riques), d’où l’intérêt manifeste pour ...
Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005 57
GPS

November 30 - December 2, 2000, Seoul,


Korea
Legros, R., (2005) – Quelques brefs rappels
sur le positionnement de précision par
méthodes GNSS - Application au système
GPS – White Paper ORPHEON, Lisses,
France.
Molle, F., (2005) – Evaluation de la
précision globale d’un positionnement GPS
en réseau – Rapport de stage de fin
© GEODATA DIFFUSION

d’études, Mastère spécialise de


Photogrammétrie, Positionnement et
Mesures de Déformations, Cycle des
Ingénieurs Géographes de l’ENSG, Champs-
sur-Marne, France.
Wübbena, G., A. Bagge (2002) – RTCM
Figure 10. 16 septembre 2004: PARIS - Point RBF “La Villette” (point A du site Message Type 59-FKP for transmission of
7505603) - mode VRS - 160 mesures indépendantes de 3 époques - Résultats FKP-Geo++ – White Paper Geo++, Garbsen,
à 1 σ : 0,8 cm en X et 1,3 cm en Y (coordonnées géographiques Lambert 93) Germany
et 2,4 cm sur l’altitude IGN69 Wübbena, G., A. Bagge (2002), M.

... tiale des sources d’erreurs atmosphé-


riques), d’où l’intérêt manifeste pour
à l’Ecole Spéciale des Travaux Publics
Schmitz (2001) – RTK Networks based on
Geo++ GNSMART - Concepts,
Implementation, Results – Presented at the
du Bâtiment et de l’Industrie (ESTP) International Technical Meeting ION GPS,
l’utilisateur (simplicité d’utilisation
accrue, limitation considérable des Bibliographie 2001, September 11-14, 2001, Salt Lake
coûts dans un rapport d’au moins deux City, Utah, USA.
Euler, H.-J., S. Seeger, O. Zelzer, F.
relativement au mode RTK “classique”)
Sites Web
Takac, B.E. Zebhauser (2004) –
http://www.igscb.jpl.nasa.gov
et donc indirectement pour une véri- Improvement of Positioning Performance
http://www.orpheon.biz
table démocratisation de l’utilisation de Using Standardized Network RTK Messages
l’information géographique dans tous – Published in proceedings of ION NTM, ABSTRACT
les domaines d’activité où la compo- January 26-28, 2004, San Diego, Since the 80’s and GPS’s emergence,
sante spatiale est importante (aména- California, USA. researches in the field of GNSS
Euler, H.-J., R. Keenan, B. Zebhauser, G.
gement, travaux publics, VRD, environ- techniques became more and more
Wübbena (2001) – Study of a Simplified
nement etc.). ● important and it’s nowadays
Approach in Utilizing Information from
Permanent Reference Station Arrays – possible to obtain very simply a set
Contacts Published in proceedings of ION GPS of coordinates with a centimeter
2001, September 11-14, 2001, Salt Lake level in real time through a network
Romain LEGROS, Ingénieur Géographe
City, Utah, USA. of reference stations to resolve RTK
ENSG, Mastère spécialisé d’Architecture
Fotopoulos, G. (2000) – Parameterization problems principally due to bad
des Systèmes d’Information of DGPS Carrier Phase Errors over a Regional modeling of space dependent errors
Géographiques (ENSG), DESS Network of Reference Stations – Thesis existing on the baseline used. In a
d’Application de l’informatique aux submitted to the faculty of graduate general approach, it consists to
Sciences de la Terre (Paris VI, ENSG) - studies in partial fulfilment of calculate ionospheric, tropospheric
Responsable du projet ORPHEON requirements for the degree of master
and ephemerid errors on each
science, Department of Geomatics
Frédéric MOLLE, Ingénieur Géographe Engineering, University of Calgary, Alberta, station before propagate those
ENSG, Mastère spécialisé de Canada errors in all the network (plan,
Photogrammétrie, Positionnement et Hong Diep Dao, T. (2005) – Performance polynomial or interpolation models)
mesures de Déformation (ENSG), Evaluation of Multiple Reference Station and broadcast necessary data to
Ingénieur Ecole de l’air. Officier de l’armée GPS RTK for a medium Scale Network – users (corrections and/or
de l’air, Directeur Technique adjoint de Thesis submitted to the faculty of observations) to obtain precise
l’Etablissement de Production des graduate studies in partial fulfilment of positioning by double difference
Données Géographiques (EPDG) - requirements for the degree of master with various methods. At this very
Stagiaire de fin d’étude sur le projet science, Department of Geomatics present time where country will be
ORPHEON Engineering, University of Calgary, Alberta, covered by those kind of networks
Canada
(ORPHEON, TERIA etc.), this issue is
Nicolas BALARD, Ingénieur ETP, Maîtrise Kim, D., R.B. Langley (2000) – GPS
Ambiguity Resolution and Validation: very important to democratize the
au Centre de Recherche en Géomatique de
Methodologies, Trends and Issues – access, and so the use, of
l’Université LAVAL (Canada) - Enseignant-
Presented at the 7th GNSS Workshop - geographical information.
chercheur au Laboratoire de Topographie
International Symposium on GPS/GNSS,

58 Revue XYZ • N° 105 – 4e trimestre 2005

Vous aimerez peut-être aussi